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L’Ouverture vers l’autre monde (Digimon)

L’Ouverture vers l’autre monde (Digimon)

« Ah ! Mais c’est quoi cette machine ? »

Une créature humanoïde de couleur rouge avec quelques rayures noires observait un distributeur de boissons. A l’intérieur, de nombreuses canettes étaient présente. Il tapota de ses griffes contre la vitre avant qu’une autre créature ne se présente à côté de lui. Toute de verte, elle avait elle aussi des griffes mais en même temps des pétales sur la tête. Elle dit :

« Guilmon ! C’est une machine à boire ! Il faut appuyer sur les boutons et tu auras alors une boisson bizarre qui en sortira. Ce sont les humains qui ont inventés ça. »

« Ahhhh ! Mais Palmon, je ne sais pas comment ça marche moi ! Tu m’expliques, dis, dis ? »

La Digimon de couleur verte fit sortir quelques lianes de ses griffes avant d’appuyer sur les différents boutons. Pourtant, rien ne se passa jusqu’à ce qu’une voix ne sorte de la machine :

« Veuillez mettre un dollar puis appuyer sur les chiffres pour définir votre choix. »

« AHHHHH ! ELLE PARLE ! ELLE PARLE ! » hurla soudainement le Guilmon avant de donner un violent coup de griffe dans le distributeur, le transperçant. La machine s’écroula en arrière, plusieurs canettes tombant d’elle.

Le Digimon saurien commença à ramasser les différentes canettes, émettant un grand rire aigu alors que le Palmon poussait un soupir. Ce n’était vraiment pas fait pour lui plaire tout ça. Il récupéra aussi quelques canettes alors que le Guilmon reprenait :

« Y avait pas besoin d’appuyer sur les boutons, tu as vu ? Il fallait juste la secouer, la machine ! C’était aussi simple que ça, hahaha ! »

« Je ne crois pas que ça soit la bonne méthode quand même, Guilmon … » murmura le Palmon avec appréhension, transperçant l’une des canettes avant d’en boire le liquide à l’intérieur. Il émit un petit rictus, signalant par là que c’était piquant.

« Dis, dis, tu sais beaucoup de choses, Palmon. Pourquoi est-ce que la machine à boire se trouvait ici hein, hein ? Pourquoi ? »

« Ca doit être encore les expériences des Andromons et des HiAndromons. Ils sont toujours en train avec les autres d’essayer de nouer un contact avec le monde des humains. »

« Les humains … Dis, dis … Ce sont ceux que Babamon et Jijimon parlaient ? J’en ai déjà vu dans les livres ! Mais j’en ai jamais vu, et toi hein hein ? »

« Tu crois vraiment que j’en ai déjà vu ? Personne n’est jamais passé de l’autre côté ! Aucun Digimon n’est déjà arrivé chez le monde des humains ! Par contre, HiAndromon et les autres n’arrêtent pas avec leurs expériences et des fois, il y a des trous … Enfin, c’est compliqué, mais des fois, y a des choses qui tombent de leur monde vers le nôtre. Alors, les autres Digimons vont les étudier et on en sait mieux sur les humains mais aussi les Pokémons. »

« Grrrrr ! Les pokémons ! » grogna le Guilmon avec un peu de rage.

Palmon tapota doucement le sommet du crâne du Guilmon, lui montrant par là qu’il valait mieux pour lui qu’il se calme. Ca ne servait à rien de s’emporter, les pokémons étaient les pokémons et les digimons étaient les digimons. C’était ainsi et ça n’allait pas changer.

« On ferait mieux de s’éloigner de la machine. Elle pourrait exploser et faire un grand BOUM ! » s’écria le Palmon alors que le Guilmon l’observait avec étonnement.

« Un grand boum comme lorsqu’un Andromon lance une roquette ? Ca doit être joli à voir ! Je veux voir le boum tout de suite ! Laisse-moi le voir ! »

« Non et non ! Pas de boum pour toi ! Viens avec moi ! On s’en va tout de suite ! »

« Mais je ne veux pas ! Je veux voir les autres machines des humains ! Je veux voir les humains ! Je veux les voir, Palmon ! NANNNNNNN ! » s’écria le Digimon forcé d’accompagner son ami. Celui-ci lui dit, espérant le calmer :

« Si tu es gentil, peut-être qu’un petit humain créera un contact avec toi ! Mais ce n’est pas en te comportant comme un enfant pourri gâté que tu seras choisi ! »

« Beuh … Ce n’est même pas vrai … Je ne suis pas pourri gâté. Je ne mange pas tout. » marmonna le Guilmon en faisant une petite moue boudeuse. Il n’était pas comme ça ! Pas du tout même ! Pourtant, il suivit le Palmon, regardant une dernière fois l’étrange machine qui donnait à boire et qui provenait du monde des humains. Avec les autres digimons bien plus intelligents que lui, de plus en plus d’objets du monde des humains arrivaient jusqu’ici.

Ailleurs, dans un endroit bien plus évolué qu’une simple forêt, là où le cliquetis des machines se faisait entendre, plusieurs androïdes se mouvaient en même temps. Leurs corps n’étaient pas entièrement recouverts par le métal et même une partie de leurs visages n’étaient pas totalement couverts. Certains portaient de lourds objets, d’autres tiraient des machines.

« Andro-5X42 et toute ton équipe, diriges-toi vers le secteur 45. »

La créature qui s’était adressée à l’un des androïdes ressemblait étrangement à lui … mais comme si elle était terminée. Cette fois-ci, elle était entièrement recouverte de métal noir et semblait bien plus évoluée que les autres.

« Dépêchez-vous donc aussi un peu au cas où … On n’a pas que ça à faire malheureusement. Il faut que l’on teste une nouvelle faille bien assez tôt. » reprit le HiAndromon, ordonnant aux Andromon de continuer le reste des manœuvres.

« Des failles … Laquelle sera ouverte et à quel endroit ? » demanda l’un des Andromons qui n’avait pas encore de fonction pour le moment.

« Normalement, le secteur 17 sera là où la faille apparaîtra. Mais comme souvent, les probabilités seront fausses, c’est pourquoi nos caméras de surveillance vont essayer d’enregistrer l’endroit où cela se produira et voir quel sera le résultat. »

« Comme vous le désirez. Est-ce que le but de ces failles est toujours le même ? »

« Toujours … Nous devons capturer l’une de ces créatures que les humains apprécient tant et la disséquer pour savoir ce qui la rend si différente de nous. D’après nos premières études, elles semblent bien moins intelligentes que la majorité des espèces du Digimon. Ce n’est donc pas normal que les digimons ne servent que de faire-valoir à ces créatures inférieures. »

« Devons-nous aussi tenter de nouer le contact avec les humains pour leur signaler la présence du digimonde ? » demanda une nouvelle le même Andromon. Le HiAndromon le regarda longuement, comme pour l’étudier avant de poser une main faite de métal sur son épaule gauche. Il reprit avec un petit sourire :

« Continue comme ça et un jour, tu deviendras toi aussi un HiAndromon. Tu es en bonne voie pour l’être. Tu sembles avoir développé une conscience unique. »

« Merci beaucoup, HiAndro … » commença à répondre l’Andromon avant d’être arrêté.

« Quand tu deviendras un HiAndromon, tu possèderas ton propre nom. Comme chaque Digimon qui est attaché à un humain par ces Digigotchis bien que ça ne soit pas notre cas. Mais au lieu de parler de ça, il faut retourner à nos expériences. »

L’Andromon hocha la tête pour accepter les paroles de son supérieur. Dans cette gigantesque ville machine, chaque créature avait une intelligence supérieure à la moyenne. Et au beau milieu de cette machine, les installations étaient d’une complexité telle que même un humain plus intelligent que la moyenne peinerait à comprendre comment elles fonctionnent. Et ils n’étaient pas les seuls Digimons à tenter de telles expériences.


Ailleurs, au beau milieu du désert, une petite créature saurienne de petite taille et de couleur orange se promenait. Elle vagabondait sur le sable, l’air joyeux et heureux. Puis devant elle, une déchirure spatiale s’ouvrit De la taille de sa tête, elle pouvait voir un étrange spectacle de l’autre côté. Un objet circulaire, ressemblant à de la nourriture était posé sur un plateau métallique. Il était possible de voir que c’était un stand de beignets.

« MIAM ! Ca sent bon ! Qu’est-ce qu’un Agumon comme moi ferait dans une situation pareille ? JE SAIS ! » s’écria le Digimon.

Sans aucune crainte, il plongea sa griffe gauche dans l’ouverture, des cris se faisant entendre de l’autre côté. Des cris bien humains mais aussi issus d’un animal.

« AHHHH ! C’est quoi cette griffe ?! Fais une flamme, Salamèche ! » dit une voix féminine.

« SALAAAAAAA ! » hurla une autre voix. L’Agumon retira sa griffe qui avait agrippé le beignet. Juste au bon moment puisqu’une flamme vint traverser la faille. Une tête orange se présenta au milieu de celle-ci.

« Mais t’es qui toi ? T’as une drôle de tête ! » demanda l’Agumon mais la faille se referma aussi tôt. L’Agumon ne se posa pas plus de questions, commençant à dévorer le beignet au chocolat comme si de rien n’était. Ce genre de phénomènes arrivait de plus en plus souvent et ça ne l’inquiétait pas plus que ça. Mais quand même, c’était une étrange créature. Il venait peut-être de voir ce que l’on appelait un pokémon ?

Inexistence de l’un sans l’autre

Inexistence de l’un sans l’autre

« Mais c’est… vide. »

« Et oui, à quoi t’attendais-tu ? A ce que j’ai peur de quelque chose ? Que quelque chose soit capable de m’effrayer ? »

« Non mais… On dirait ton âme. Nous sommes dans ton Cauchemar ? Mais… »

« Arrête de parler, Cresselia. Tu ne vois donc pas dans quelle situation tu es ? »

Elle arrêtait de regarder autour d’elle alors que Darkrai sortait ses deux griffes noires. Une aura violette et malveillante émanait de ces dernières tandis qu’elle reculait. Il voulait vraiment l’attaquer, il ne blaguait pas du tout. Elle faisait apparaître une sphère violette autour d’elle, prenant la parole sur un ton qu’elle avait du mal à garder calme :

« Qu’est… ce que tu vas faire ? Je n’aime pas ton regard. »

« Je vais simplement t’éliminer et te faire disparaître. Mais sois heureuse, comme tu es capable de t’immiscer dans les rêves, ton corps restera dans ce Cauchemar. »

« Pourquoi ne veux-tu pas discuter ? »

Elle lui disait ça d’une voix presque implorante. Maintenant qu’elle connaissait la vérité à son sujet, elle savait que tout cela pouvait être réglé d’une manière pacifique. Mais après, est-ce qu’il allait l’écouter ? La réponse ne tarda pas puisqu’il envoya une sphère noire sur sa protection. Celle-ci se fissura avant d’exploser et elle recula légèrement à nouveau. Elle eut à peine le temps de s’envoler que Darkrai venait planter sa griffe droite dans le sol à l’endroit où elle s’était trouvée auparavant.

« Pourquoi dialoguer ? »

« Car nous le pouvons ! Ne commet pas cette bêtise, Darkrai ! Tu n’es pas un être maléfique comme tu prétends l’être ! »

« ASSEZ ! De quel droit te permets-tu de me juger ? Tu ne me connais pas, je ne te connais pas. Fin de l’histoire ! »

« Alors apprenons nous à nous connaître. Rien ne nous empêche. »

Elle esquivait ses coups bien qu’elle avait du mal. Lui aussi était capable de s’envoler dans les airs, une bataille aérienne unilatérale s’y déroulant. Elle faisait tout pour ne pas avoir à le combattre, elle ne l’avait pas touché depuis le début de la rencontre. En fait… Elle se demandait même comment elle aurait fait si il ne s’était pas enfui. L’aurait-elle combattu ? Rien n’était moins sûr et elle espérait encore avoir la possibilité de ne pas avoir à l’affronter. Malheureusement, Darkrai ne semblait même pas lui laisser le temps de parler.

« Arrête donc de bouger et laisse toi faire ! Je te promets de ne pas te faire trop souffrir ! »

« Mais ce n’est pas toi qui souffre ? Je suis là pour te soigner si tu le désire. »

« Je ne désire rien du tout, pauvre folle trop sensible. Tu te fais des idées ! »

Non mais pour qui elle se prenait ?! Elle était complètement arriérée, c’était obligé ! Il n’allait pas se laisser faire par Cresselia ! Elle voulait toujours s’enfuir ? Il allait régler ce problème ! Ses yeux bleus se mirent à s’illuminer prenant une teinte bien plus claire alors que Cresselia comprenait ce qui se passait. Rapidement, des runes brillantes dans le noir tournèrent autour d’elle tandis qu’elle gémissait :

« Tes yeux ne pourront pas m’affecter, Darkrai. Je te l’ai pourtant déjà dit. »

« Si ce n’est pas suffisant, on va accélérer la cadence. Je vais te faire disparaître de la surface de cette planète, Cresselia ! Je t’apprendrais à … »

« Enoncer la vérité ? Je ne prône pas la violence, Darkrai. Arrêtons nous en là et parlons tous les deux. Ces siècles à s’enfuir ont montré clairement que tu n’étais pas quelqu’un de belliqueux. Même si je ne sais rien de toi, pourquoi ne veux-tu rien me dire ? »

« Car… »

Ah ? Il tentait finalement de lui parler. C’était une bonne chose ! Il disparaissait de sa vue pour réapparaître à quelques centimètres d’elle. Sans sourire, il ouvrait en grand sa griffe noire, de l’électricité apparaissant au bout de celle-ci. Elle fit un geste en arrière mais trop tard, la griffe droite se posa sur l’une de ses pattes violettes, l’électricité parcourant son corps alors qu’elle criait :

« AHHHHH ! Ca fait mal ! CA FAIT TRES MAL !

« Tu l’auras cherché, pauvre fille ! Et ce n’est que… Quoi ? »

Il retira subitement sa griffe droite, remarquant qu’une aura bizarre venait d’émaner de Cresselia. Il se passait quelque chose de bizarre, de franchement bizarre et il n’aimait pas ce qui se déroulait. Le cygne aux plumes bleus n’était pas tombé cette fois-ci. Pire, elle n’avait même pas bougé de sa place.

« Cela… ne m’a rien fait, Darkrai. Peut-être as-tu réussi à m’électrocuter mais ton électricité est très faible. Nous sommes opposés… même dans ce domaine. »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là, Cresselia ? »

Déjà, un froid glacial commençait à l’entourer tandis qu’il attendait une réponse de Cresselia. La créature à la coiffe de croissant de lune dorée avait un petit sourire amusé aux lèvres. C’est vrai, il ne savait rien d’elle. Elle était capable de supporter des coups bien plus puissants que ça. Néanmoins, son sourire n’avait rien de mesquin et cela se sentait dans sa voix toujours aussi douce qu’auparavant :

« Tu es quelqu’un qui aime attaquer ses adversaires. Ainsi, tu es devenu très puissant, n’est-ce pas ? De mon côté, moi je ne suis pas du genre à vouloir me combattre. Je préfère m’éloigner et me prendre des coups plutôt que d’avoir à blesser quelqu’un. Ainsi, mon corps a appris à résister à toutes sortes d’assaut, même les plus forts. »

« Tu es donc une pure masochiste. Si tu aimes souffrir, tant mieux, je vais t’en donner de la douleur ! »

Si elle se laissait faire, c’était tant mieux, n’est-ce pas ? Il n’était pas en tord. Elle ne faisait que subir donc ce n’était pas comme si il s’en prenait délibérément à elle. Hum… Quelque chose en lui tentait de lui signaler qu’il se trompait lourdement. Qu’importe ! Il n’était pas là pour se poser des questions sur ses conséquences ! Il tendit sa griffe gauche devant lui, projetant un souffle de froid qui fit chavirer Cresselia en l’arrière. Elle fut recouverte après quelques secondes d’une épaisse couche de glace alors qu’il s’approchait d’elle. Tout était terminé contrairement à ce qu’elle disait. Il murmura d’une voix lente :

« Je ne te tuerais pas… mais tu resteras dans ce cocon de glace pour l’éternité. Adieu. »

Il s’était mis à disparaître légèrement dans un brouillard noir mais s’arrêta subitement en voyant une micro-fissure sur le cocon de glace. Des runes traversèrent le cocon alors que les yeux de Cresselia restaient ouverts. Elle observait Darkrai pour lui montrer que cela n’avait servit à rien. Le cocon se brisa en morceaux tandis qu’elle sortait, prenant la parole d’une voix tremblotante :

« Brrr… Il faisait un peu froid à l’intérieur. »

« Mais tu vas arrêter ce petit jeu ?! »

« Je ne m’amuse pas, Darkrai. Je ne m’amuse pas du tout. Du moins, je le voudrais mais toi, tu n’es pas du genre à sourire. »

« ASSEZ ! J’AI ETE GENTIL MAIS MAINTENANT J’EN AI MARRE ! »

Il s’emportait en voyant que toutes ses attaques étaient inefficaces. Il ne voulait pas la tuer, ce n’était pas son but mais maintenant, elle avait dépassé les bornes ! Deux boules noires étaient apparues dans ses mains alors que pour la première fois, il montrait ses émotions. Il avait crié envers elle et elle perdait son sourire.

Ce n’était pas ce qu’elle recherchait ! Elle voulait calmer Darkrai mais elle échouait à chaque fois ! Il n’y avait donc aucun moyen à part le combat ?! Elle ne voulait pas se battre, ce n’était pas dans ses habitudes et même si elle était… Une première sphère ténébreuse alla la frapper sur son ventre recouvert de plumes jaunes.

« Ce n’est pas suffisant ?! J’en étais sûr ! Prend en une autre et encore une autre et encore une autre, une autre, une autre ! »

Il n’avait de cesse de lui envoyer toute son énergie contre elle, un nuage de fumée de plus en plus épais se formant à chaque fois qu’une sphère venait exploser contre elle. Elle poussait des cris de plus en plus forts et stridents… mais mélodieux. Le chant du cygne à son apogée : Elle souffrait tellement que sa voix devenait enchanteresse, les assauts de Darkrai diminuant de vitesse au fur et à mesure que la voix s’éteignait. Il était haletant et légèrement épuisé, il n’avait pas hésité à utiliser autant d’énergie que cet instant où il s’était battu contre toute une troupe de Tyranocif. Dire qu’il avait été jusqu’à là… pour une seule personne ? Le corps de Cresselia faisait son apparition, couchée sur le sol, les yeux clos. Il s’en approcha :

« Tu l’avais cherché. Folle tu es née, folle tu es morte. Il ne fallait pas me provoquer, Cresselia. Repose en paix dans mon Cauchemar. Tu seras maintenant l’unique chose qui y héberge. Adieu. »

Cette fois-ci, il savait qu’il n’y avait pas d’autre issue. Il s’était finalement débarrassé d’elle et il ressentait un petit picotement au cœur. Maintenant, il n’avait plus à s’enfuir ou à se cacher. Plus jamais, elle n’allait le poursuivre ou lui dire de telles paroles. Il poussa un profond soupir, tournant son visage vers le ciel noir… noir comme son cœur. Il n’avait pas hésité à tuer une créature des plus pures dans ce monde. Tout était… terminé. Une forte lumière irradia de Cresselia, le forçant à cacher ses yeux bleus :

« Qu… Quoi encore ?! »

Il n’arrivait plus à voir le corps de Cresselia, qu’est-ce qui se passait avec elle ? Celui-ci se modifiait peu à peu, laissant apparaître une longue chevelure blonde et de couleur feu. Elle lui allait jusqu’au milieu du dos alors que sous les yeux de Darkrai, le cygne aux plumes bleues prenait peu à peu une forme humaine. Comme la naissance d’une créature aussi belle que cent mille diamants, l’apparition de Cresselia statufia Darkrai.

« Qu’est-ce… Tu étais une humaine ? Non… C’est différent. »

Elle n’était pas humaine, elle était unique… Unique comme lui. Elle avait défier les histoires et les âges et sa forme humaine équivalait à sa forme de pokémon : Elle était capable de choisir l’une ou l’autre quand elle le voulait. Il l’observait alors que l’éclat de lumière dont elle était l’origine dans l’obscurité s’affaiblissait.

« Darkrai… Tu m’as fait très mal cette fois. »

« Tu m’y as forcé et… je recommencerais si il le faut ! »

Il tentait de contrôler sa voix mais n’y arrivait pas. Il était troublé alors qu’il voyait la jeune femme qui se tenait devant lui. Elle devait mesurer environ un mètre quatre-vingt ce qui était légèrement plus grand que sa forme de pokémon. Elle avait une sorte de chapeau en croissant de lune sur la tête, chapeau coupé en deux. Elle avait une longue chevelure blonde et couleur de feu comme il l’avait remarqué alors qu’elle portait une magnifique robe jaune qui lui tombait au pied. Par-dessus et s’allongeant pour quitter son corps au niveau des hanches, une sorte de cape bleue se trouvait là. Elle avait les épaules mises à nue mais au niveau des bras se trouvaient de longs voiles violets qui flottaient au vent. Ils ne semblaient pas gêner la femme qui se tenait devant Darkrai. Celle-ci émit un petit sourire, ses yeux améthyste posés sur la créature aux cheveux de feu blanc.

« Es-tu disposé à m’écouter maintenant ? Je t’ai entendu… quand tu croyais que j’étais morte. Ne m’oblige pas à te blesser, je n’aime pas ça. »

« Ne t’inquiète pas, je vais régler ce problème de non-mort maintenant ! »

Il amorçait déjà sa future attaque mais elle s’avançait tranquillement vers lui, d’un pas lent mais assuré. Maintenant, il n’allait plus rien faire et elle le savait. Il s’était envolé dans le vide qui caractérisait son Cauchemar. Il n’allait pas se laisser atteindre par elle ! Sans plus attendre, il s’était mis à créer un puissant rayon entre ses mains, le projetant sur Cresselia qui fit un simple geste de la main. Une double de la jeune femme aux longs cheveux couleur de feu apparue à côté d’elle. Celle-ci se prit l’attaque de plein fouet, le laser la transperçant alors qu’elle disparaissait quelques secondes après.

« Darkrai… C’est inutile. Cette fois-ci, je ne me laisserais pas faire mais… Je ne t’attaquerais pas. Je ne veux pas te combattre. Tu veux savoir pourquoi ? »

« Je n’ai pas à t’écouter. »

« Car toi et moi… Nous nous ressemblons. J’ai l’intime conviction que c’est le cas. »

« Absurdité ! Tu racontes vraiment n’importe quoi ! »

« Je dis la vérité. Je suis sûre que tu le sais au fond de toi. Malheureusement, nos chemins ont divergé. Tu as suivi une voie qui n’est pas réellement la tienne. »

« Arrête toi avant de trop en dire. Je ne me retiendrais plus si tu continues. »

« Réfléchis un peu : Tu as les mêmes pouvoirs que moi. Tu es capable d’apaiser les rêves des personnes qui sont autour de toi. Viens avec moi… Accompagne moi. »

Elle lui ouvrait ses bras et il grogna. Qu’importe sa forme, elle restait la même. Toujours à penser à la place des autres ! Non mais pour qui elle se prenait ?! Elle croyait être capable de lire dans son cœur ?! Son cœur qu’il avait fermé depuis sa création ?! Il avait tout fait pour le cacher, ce n’était pas elle qui allait s’amuser à lui dicter sa conduite !

« Absurde… Tout ce que tu dis est complètement absurde et je vais te le montrer ! Mon pouvoir est lié aux ténèbres ! »

« Et ? Ce n’est pas parce que quelqu’un vit dans l’ombre qu’il est forcément mauvais. »

Mais c’était quoi ce raisonnement ?! Il n’arrivait plus à la supporter. Il devait l’éliminer, il n’y avait pas d’autres solutions ! A chaque fois, il s’était enfui car il ne voulait pas l’attaquer. A chaque fois, il s’était car ce n’était pas son désir de la tuer mais maintenant… Maintenant, tout était si différent !

« J’en ai marre… Prends toi ça ! »

Il posa avec rapidité ses deux griffes noires sur le sol, une onde de choc électrique parcourant la totalité du lieu complètement vide, électrocutant la jeune femme et Darkrai. Celui-ci poussa un gémissement de douleur mais gardait ses yeux fixés sur Cresselia. Il était sûr de l’avoir touché cette fois !

« Pourquoi te faire souffrir inutilement ? »

« Qu… Quoi ?! Tu es donc invincible ?! »

Il n’arrivait pas à le croire : Elle n’avait rien subit ?! Il y avait quand même des limites à la résistance ! Il avait l’impression que ses coups étaient inutiles contre elle ! Pourtant, il était sûr de l’avoir blessée ! Il voulait comprendre mais n’y arrivait pas. Qu’est-ce qui lui donnait cette force capable de lui résister ?! Il n’avait pas remarqué que la jeune femme s’était approchée de lui, un sourire timide aux lèvres :

« Je… Non. Simplement, je n’aime pas montrer que je suis capable de résister aux assauts même les plus puissants. Seule l’énergie des ténèbres et des morts arriverait à me faire du mal. Mais… Je ne veux plus souffrir… C’est pour ça que je me suis endurcie physiquement. »

« Je ne sais pas de quoi tu parles et je m’en fiches royalement. Ainsi, l’énergie des ténèbres est celle capable de t’abattre ? Merci pour cette information ! »

« Tu sais… Je n’aime pas me montrer aux autres. Je préfère rester discrète, un peu comme toi. Je n’ose pas dire aux personnes que c’est moi qui m’occupe d’eux pour leurs rêves. Je me satisfais uniquement de leurs sourires sur leurs lèvres. »

« Ta vie ne m’intéresse guère ! »

Elle venait de lui dire sa faiblesse. Il n’allait pas se gêner pour en profiter ! Rapidement, deux sphères noires apparaissaient dans ses mains mais au lieu de viser Cresselia, il se visa lui-même. Une puissante aura ténébreuse se forma autour de lui : Une aura basée sur sa propre puissance. Vu sa force, il était sûr de l’affecter !

« Darkrai… C’est inutile. »

« Pas avant d’avoir essayé ! PRENDS TOI CA ! »

L’aura se développa, le décor prenant maintenant des teintes violettes en plus du noir omniprésent. Cresselia restait immobile, les yeux fermés. Elle avait quelques larmes aux yeux et il les voyait. C’était quoi son problème ?! Elle espérait l’apitoyer pour qu’il la laisse en vie ?! JAMAIS ! C’était la pire des ennemis qu’il n’avait jamais rencontrés !

« Darkrai… Viens dans mes bras. Tu verras que la bataille est inutile. Nous n’avons à nous combattre, nous devons simplement nous allier… et nous réunir. »

« Pauvre idiote ! Tu m’exaspères ! J’en ai par-dessus la tête de toi ! »

Les ténèbres n’avaient pas réussies à la toucher ou quoi ?! Elle ne semblait même pas ressentir ces dernières ! Qu’est-ce qui se passait ici ?! L’aura disparaissait peu à peu alors qu’elle souriait en gardant ses larmes. Avait-il enfin compris ce qu’elle voulait dire ? Malgré sa timidité, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir s’approcher de lui.

« Si tu voulais vraiment me tuer… Tu l’aurais fait la première fois que nous nous sommes rencontrés… Mais ce n’est pas le cas. Tu n’es qu’un pauvre animal apeuré… mais je suis là pour toi maintenant. »

« ASSEZ ! Je ne voulais pas en arriver là mais tu m’y obliges ! Tu vas voir mon autre forme et dorénavant, je n’aurais plus de pitié pour toi ! »

« Ton autre forme ? Tu vois … Tu peux aussi prendre une forme humaine, preuve que tu n’es pas si différent de moi. Quelqu’un en ce monde nous a confié ces pouvoirs, ne les gâchons pas, Darkrai.  Montre moi ta forme humaine. »

Elle parlait toujours de sa voix douce et exaspérante. Il en avait marre, il n’arrivait plus à la supporter ! Son corps s’était mis à fondre pour devenir un liquide entremêlé de noir et de blanc. Elle voulait donc voir sa forme humaine ?! Elle allait la lui montrer ! Une longue chevelure blanche fit son apparition, le visage d’un jeune homme l’accompagnant. Puis vint une sorte d’écharpe rouge sang sur une tenue entièrement noire qui recouvrait entièrement le corps du jeune homme. Lentement, les yeux de Darkrai s’ouvraient, laissant montrer ses deux yeux saphir. Voilà… Elle le voyait enfin sous la même apparence qu’elle.

Oh mon dieu… Elle s’était mise à rougir en le voyant apparaître devant elle. Déjà qu’il était… Non, elle ne devait pas penser à ça. Elle baissa la tête, le rouge aux joues. Voilà que la timidité la reprenait mais c’était chose normale quand on voyait Darkrai sous cette forme d’humain. Il était vraiment très…

« Mignon. »

« Qu’est-ce que tu racontes ?! »

Zut ! Elle avait pensé à voix haute le dernier mot et elle posa ses deux mains devant sa bouche. Elle était gênée, très gênée, encore plus que d’habitude. Mais bon, comment réagir autrement devant le jeune homme qui se tenait devant elle ? Elle ne savait pas et une sphère fit son apparition devant son visage :

« Au revoir, Cresselia. »

« Mais Darkrai… »

Elle ne termina pas sa phrase, étant projetée par la puissance ténébreuse du jeune homme aux longs cheveux blancs. Il ne lui avait même pas laissé le temps de parler ! Elle se retrouva allongée sur le sol, se relevant avec une légère difficulté. Leurs corps ne pouvaient pas être blessés de cette façon. Les blessures étaient internes.

« Darkrai ! ECOUTE MOI ! »

« Je n’en vois pas l’intérêt ! Si tu n’as rien d’autre à dire, alors je vais en terminer dès maintenant ! »

Il n’y avait pas d’autre solution, elle devait se faire une raison. Elle ferma les yeux, se disant qu’il y avait toujours une première fois à tout. Malheureusement, elle aurait aimé que ce jour n’arrive jamais. Sans prévenir, elle s’était mise à se déplacer avec rapidité pour arriver à la hauteur de Darkrai. Celui-ci fut surpris : Qu’est-ce qu’elle venait de faire ?!

« Désolée… Darkrai mais si je dois… te combattre pour que tu souffres… »

Elle lui donna une violente claque sur la joue droite, une claque tranchante puisqu’elle laissa une entaille après le coup. Du sang noir s’en écoulait et elle poussa un cri de stupeur. Rapidement, elle passa sa main sur la blessure, se concentrant pour la soigner :

« Pardon ! Pardon Darkrai ! Je… Je ne voulais pas ! »

« Hé… Héhéhé… Enfin, tu t’es décidée. Tant mieux. J’aurais moins de remords à t’éliminer maintenant ! »

« NON ! JE NE VEUX PAS ME BATTRE ! »

Il fut projeté en arrière par une puissante force psychique. Il n’avait pas compris ce qui venait de se passer mais il savait qu’elle en était responsable. Depuis quand était-elle aussi forte ?! Jamais, il n’aurait cru se retrouver à terre et encore moins sous sa forme humaine. Elle était dangereuse… Trop dangereuse pour qu’il la laisse vivre. Si un jour, elle décidait de le tuer, il y avait une chance qu’il ne s’en sorte pas. Il fallait s’en débarrasser maintenant. Elle s’approchait de lui, se mettant à genoux alors qu’il ne s’était pas encore relevé.

« Darkrai ! Tu… Tu vas bien ? »

« Arrête tes idioties, tu es complètement atteinte ! Nous sommes deux ennemis ! Nous sommes deux êtres opposés ! »

« Je… ne te considères plus comme mon ennemi. Tu n’es pas mon ennemi. »

« Et je suis quoi alors ?! »

« Tu es… Darkrai ? Quelqu’un dont je veux tout connaître. »

« Imbécile imbécile imbécile ! »

Elle lui tapait sur le système. Il commençait à ne plus avoir envie de se battre contre elle. Comment pouvait-il la frapper ?! Elle le regardait de ses yeux améthyste si purs et tendres… Sa douce main droite s’était posée sur la sienne et il se demandait si elle ne lui mentait pas. Il l’observa pendant quelques instants avant de détourner le regard.

« Désolé… Mais je ne peux pas. Nous sommes si différents. »

« Ce n’est pas vrai… Je suis sûre et certaine que tu le sais bien. »

« Dis moi… Est-ce que tu me pardonneras tout ? »

« Je t’ai déjà pardonné depuis l’instant où j’ai su que tu n’étais pas un être maléfique. Chacun a sa part de ténèbres en soi. Simplement… Chez certains, elle devient une force et peut envahir le cœur. »

« Alors pardonne moi ce que je vais te faire. »

« Hein ? De quoi ? »

Sa main qui était libre alla se placer sur le front de Cresselia. Il valait mieux… éviter de continuer. La jeune femme s’était mise à fermer les yeux, s’endormant peu à peu alors qu’il la retenait pour éviter qu’elle ne tombe, face contre terre.

« Je vais dévorer ton âme et te tuer dans ton Cauchemar. Cela vaut mieux que ça soit moi… que quelqu’un d’autre. Ainsi… Ta pureté ne sera pas ternie par le sang. »

Lentement, le décor dans lequel ils se trouvaient disparu. Ils étaient de retour dans cette plaine où elle avait décidé de lui parler. Couchée sur le sol, Cresselia s’était endormie. Il avait profité de sa pureté et de sa gentillesse pour la toucher et utiliser ses pouvoirs. Maintenant… Il était temps… Il ferma les yeux, posant une main sur son front à nouveau. Il s’engouffra peu à peu dans le monde de Cresselia… Celui de son rêve. Quand il ouvrit ses yeux, il fut surpris par le décor.
Ici… Il n’y avait nulle grotte ou peuple… Seulement une immense forêt tout autour de lui. Il se trouvait où ? Dans une clairière ? Un œuf d’une cinquantaine de centimètres se trouvait devant lui : Un œuf jaune et bleu. Qu’est-ce qui s’était passé ? Où était Cresselia ? Plus vite il la tuait dans son rêve, plus vite elle pouvait dormir pour l’éternité. Il sursauta légèrement en entendant le craquement. L’œuf était en train d’éclore ! Rapidement, il alla se cacher derrière un arbre, observant le spectacle merveilleux d’une nouvelle naissance.

« Cre…Cresselia. »

Une petite voix féminine comme celle d’une enfant se fit entendre. Cresselia se trouvait devant lui bien qu’elle était trois fois plus petite que celle qu’il connaissait. Comment… Non… Cresselia faisait partie de ces personnes qui rêvaient de leur passé ? Ici, il n’y avait pas de place à la personne qui dormait… Elle retombait en enfance et se comportait comme tel. Si il se présentait à elle, il n’y avait aucune chance qu’elle le reconnaisse.

« Cre ? Cresselia ? »

Les petits yeux améthyste de la créature regardaient autour d’elle. Elle semblait rechercher quelqu’un mais ne voyait personne. Tsss… Il ne pouvait pas s’en prendre à un bébé quand même ! Il devait s’en aller pendant quelques années pour attendre qu’elle grandisse un peu. Pour l’instant, il pouvait bien visiter les lieux. A sa grande surprise, il remarqua qu’il se trouvait sur une île… Une île abandonnée de tous et de toutes. Il n’y avait pas de trace d’humanité ou de pokémons. Seuls des arbres fruitiers étaient présents. Tout autour de cette île, il n’y avait que de l’eau à l’horizon et un rapide coup d’œil lui montra que les humains se trouvaient à plusieurs centaines de kilomètres de là.

« Elle est seule… »

C’était le constat qu’il venait d’établir alors qu’il retournait pour observer Cresselia. Il était parti seulement quelques minutes mais elle avait déjà vieilli de plusieurs années. Maintenant, le cygne aux plumes bleues et jaunes mesurait environ quatre-vingt centimètres. Elle se déplaçait avec une certaine maladresse et il remarqua qu’elle tentait de s’envoler pour attraper quelques pommes. Malheureusement pour elle, cela se finissait toujours par son front qui rencontrait l’arbre, le secouant légèrement en faisant tomber quelques pommes. Elle prit l’une des pommes entre ses deux petites pattes violettes avant de la manger.

Elle… était seule… Seule et isolée de tous. Il se rappelait maintenant ce qu’elle lui disait : Elle était comme lui. Comment le savait-elle ? Cette île… Cela lui remémorait la sienne. Lui aussi était né sur une île mais dans un cratère localisé sur cette dernière. Lui aussi… avait été dut se débrouiller tout seul pendant toutes ces années. Il entendit quelques sanglots, se retournant pour observer Cresselia. Encore un bond dans le temps ?! Elle devait mesurer maintenant un mètre de hauteur. Elle avait une voix encore infantile mais s’exprimait maintenant convenablement :

« Pour… Pourquoi il n’y a personne ? »

C’était faux… Il était là mais il ne se montrait pas. De ses petites pattes, elle essuya ses larmes avant de léviter légèrement au-dessus du sol. Qu’est-ce qu’elle allait faire ? Il s’était mis à la suivre, remarquant qu’elle se dirigeait vers le bord de l’île. Sans même réfléchir, Cresselia s’était mise à léviter au-dessus de l’eau, s’éloignant peu à peu. Mais il remarqua que quelque chose clochait : La hauteur entre elle et l’eau diminuait et puis finalement, elle tomba dans l’eau. Elle tenta de se débattre comme si elle était en train de se noyer.

« Mais quelle imbé… »

Il allait la secourir mais il remarqua qu’elle utilisait ses faibles pouvoirs psychiques pour se ramener près de l’île pour finalement y revenir. Le cygne jaune et violet toussa plusieurs fois, crachant de l’eau avant de dire d’une voix sanglotante :

« Pas encore… Mais j’ai été plus loin qu’hier ! »

Qu’hier ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Elle faisait ça quotidiennement ? Elle était folle ou quoi ?! A quoi cela lui servait de se noyer ?! Il était temps de mettre un terme à son existence… même si ce n’était que dans un rêve. Alors qu’elle était revenue dans la clairière où elle avait décidé de se reposer depuis toutes ces années, il fit son apparition :

« Cresselia… »

« HIIIII ! »

Elle poussa un cri strident en voyant l’humain qui se tenait devant elle. Il était capable de voler ? Depuis quand était-il là ? Elle se cacha derrière un arbre, gênée par cette apparition. Elle prit la parole d’une voix intimidée :

« Qui… Qui êtes vous ? »

« Darkrai… Je suis là pour toi. »

« C’est… C’est vrai ? Je… »

Elle ne termina pas sa phrase, sortant peu à peu de sa cachette en baissant la tête. Elle s’approcha de lui lentement alors qu’il restait immobile. Avait-elle mal compris ses paroles ? C’était sûrement le cas puisqu’elle continuait de s’avancer vers lui.

« Vous êtes vraiment là… pour moi ? Vous ne mentez pas ? »

« Je ne suis pas du genre à mentir. Je dois te… »

« Mouinnnnnnnnnnnnnnnn ! Je pensais être tout seul ici ! Je suis si contente ! »

Il y avait erreur sur la personne, c’était obligé. Cresselia s’était enfoncée dans les bras de Darkrai, pleurant toutes les larmes de son corps alors qu’il restait interdit. Oui, il était bien là pour elle… pour la tuer. D’un geste lent, il levait la main droite, transformant celle-ci en une griffe noire. Il devait l’abattre avant qu’il ne soit trop tard.

« Snif… Tu veux bien jouer avec moi ? S’il te plaît. »
Qu’est-ce qu’il devait lui répondre ? Il ne savait pas vraiment. Il n’avait pas envisagé ça… Cresselia n’avait pas eut une vie facile non plus bien que contrairement à lui, elle avait choisi une voie plus honorable. Il retira la créature de ses bras, disant d’une voix neutre :

« Je dois partir. »

« Mais mais mais… Tu viens à peine d’arriver. Je ne veux plus être toute seule ! »

Elle s’était remise à pleurer alors qu’il disparaissait peu à peu. C’en était trop pour lui. Il ne pouvait pas faire ça… Oui, il arriverait à tuer n’importe qui dans n’importe quel cauchemar mais elle… C’était impossible, il n’y arriverait pas.

« Tu ne seras jamais seule… Tu n’as pas à t’en faire pour cela. »

Elle arrêta de pleurer, hochant la tête d’un air positif tandis qu’il s’évaporait. Il quittait ce rêve qu’il n’aurait jamais dut pénétrer. Il en avait assez vu pour aujourd’hui. Il se retrouva à côté de la jeune femme aux cheveux blonds et couleur de feu. Celle-ci ouvrit les yeux, posant une main sur sa bouche comme si elle venait de se réveiller. Il se leva et s’éloigna sans aucun mot. Elle remarqua le jeune homme et s’écria :

« Darkrai ! Tu… Tu m’as en… »

« J’ai décidé de te laisser la vie sauve. Dorénavant, ne t’attarde pas à me poursuivre. Je vais disparaître de ce monde ou me réfugier dans un endroit que seul moi connais. »

« Attends ! Ne t’en va pas ! »

Elle se releva, courant en sa direction alors qu’il ne bougeait plus. Elle le retourna, prenant ses deux mains dans les siennes, le regardant dans les yeux. Il la laissait faire, ne disant rien du tout. Qu’est-ce qu’il aurait put dire de toute façon ? Qu’il s’était trompé sur toute la ligne depuis le début ? Elle murmura d’une voix douce :

« Tu… étais dans mon rêve. Je le sais… Je t’ai vu à l’intérieur. Tu m’as dit que je ne serais jamais seule. Tu sais… Pendant plusieurs décennies, j’ai dut vivre sur cette île et… »

« Cela ne m’intéresse pas, Cresselia. »

« Oui, je suis désolée de t’embêter avec ça. J’aurais dut en venir à ce que je voulais depuis le début. J’aimerais que toi et moi… nous fassions comme les humains. »

« De quoi est-ce que tu parles ? »

Elle lui murmurait un verbe qu’il ne comprit pas tout de suite : S’aimer. C’était quoi ? Il avait déjà entendu ce mot sans pour autant savoir sa signification. Elle lui disait que cela consistait à rester avec une personne qu’on appréciait. Apprécier ? Cela voulait dire… ne pas détester ? Maintenant qu’il savait pour Cresselia, peut-être qu’il… ne la détestait plus. Il déposa sa main droite dans les cheveux de Cresselia, celle-ci la regardant avec tendresse. Sa main gauche alla se mettre sur la hanche gauche alors qu’il ne disait aucun mot. La jeune femme posa ses deux mains au niveau du dos des épaules de Darkrai, fermant les yeux.

Qu’est-ce qu’il devait faire après ça ? Faire comme les humains ? Il ferma les yeux à son tour, rapprochant ses lèvres de celles de Cresselia. Ils se joignirent, un flot d’émotions et de pensée envahissant les deux personnes à ce moment. Finalement, toutes les questions qu’il se posait venaient d’obtenir leurs réponses. Pourquoi avait-il fait cela ? Car c’était ce qu’il devait faire pour Cresselia. Etait-ce prémédité ? Nullement, comment aurait-il put le préméditer ? Est-ce qu’il le voulait réellement ? Bien sûr ! Sinon, il ne continuerait pas de l’embrasser. Comment en était-il arrivé là et pourquoi était-ce comme cela ? Il venait simplement de comprendre qui était réellement Cresselia. Combien de temps avait-il attendu ? Beaucoup trop à son goût. Il aurait put régler ce problème tout de suite. Mais elle… Pourquoi gardait-elle ses lèvres sur les siennes ? Cette question… Il se forgeait sa propre idée. Peut-être que c’était cela qu’elle appelait « s’aimer ».


Pourquoi avait-elle réagit ainsi ? Car elle connaissait le vrai Darkrai. Elle savait que rien n’était perdu et cela depuis le début de leur discussion. Etait-ce réel ? N’était-ce pas un rêve ? Si c’était un rêve alors qu’elle ne soit jamais réveillée, c’était le plus doux de ses rêves. Comment trouvait-il cet instant ? Elle ne lisait pas dans ses pensées mais elle sentait que le jeune homme la serrait avec plus de tendresse donc… elle pensait qu’il appréciait ce moment. Pourquoi avoir attendu tellement de temps ? Car elle n’était pas encore prête… Car elle ne connaissait pas la vérité à son sujet. Combien d’années gâchées ? Elle n’arriverait pas à les compter mais autant de temps perdu devait être rattrapé. Et lui dans tout ça… Qu’est-ce qu’il en pensait ? D’après son étreinte, il y avait de fortes chances qu’il aime autant cet instant qu’elle ce qui était loin de lui déplaire.

« Cresselia ? »

« Oui ? Que y a-t-il Darkrai ? »

Ils s’étaient finalement arrêtés de s’embrasser alors qu’il la regardait dans ses yeux violets. Ils étaient aussi grands l’un que l’autre mais il semblait légèrement confus. Il tenta de contrôler les battements de cœur mais n’y arrivait pas. Surtout que vu ce qu’il allait lui demander, il avait toutes les raisons d’être dans cet état. Il prit une profonde respiration, cherchant les mots dans sa tête pour lui dire :

« Est-ce que… nous pourrons continuer… à… s’aimer ? »

« Bien… sûr. Mais pour ça, il faudra que tu fasses des efforts. Je vais tout t’apprendre. »

Elle poussa un rire amusé alors qu’il détournait le regard. Lentement, il alla chercher la main de Cresselia dans la sienne. Lentement, leurs deux corps se modifiaient. Un fantôme avec sa griffe noire tenait la patte violette d’un cygne mesurant sa taille. C’était un spectacle irréel et pourtant il existait… Les deux créatures parcoururent le monde, côte à côte, berçant les rêves des êtres vivants. Ils avaient du temps à récupérer pour créer les leurs.

 

La Lumière

La Lumière

Je suis la Lumière. Oh… Je ne suis pas n’importe quelle lumière. On pourrait s’imaginer que je suis relié à cette étoile brillante dans le ciel mais ce n’est pas le cas. Le satellite qui gravite autour de cette planète est ma source de pouvoirs. Je suis donc la Lumière Lunaire. Je préfère vagabonder dans la nuit plutôt que de rester au soleil. Je suis une créature de la Nuit mais je ne suis pas maléfique pour autant. Mon existence réside à soigner les pauvres êtres vivants qui sont plongés dans leurs cauchemars.

*Pourquoi avais-je réagit de la sorte ?*

C’était bizarre mais… Je ne le regrettais pas. Je n’avais aucune gêne à accomplir cet acte. J’étais l’unique créature de mon espèce mais je ne me sentais pas triste pour autant. Voir un sourire sur les lèvres des pokémons ou des êtres humains me mettait de la joie au cœur. Ils n’étaient pas capables de combattre leurs cauchemars mais j’étais là pour eux. M’envolant dans le ciel tel un cygne, je parcourais les terres pour arrêter toute cette folie dans le pays des songes. Néanmoins, malgré le fait que je n’étais pas triste, il fallait reconnaître que j’étais seule… seule et très timide. Dès que j’accomplissais mon œuvre, je m’éloignais presque aussitôt, observant au lointain la réaction des parents de l’enfant qui se réveillait.

*Etait-ce réel ? N’était-ce pas un rêve ?*

Et pourtant, ce n’était pas le cas, je le savais bien. Jamais, je n’aurais imaginé une telle chose ou… peut-être que si ? A force d’être isolée de tous et de toutes, de ne jamais me montrer, je m’étais mise à vouloir ces choses que les autres obtenaient si facilement. Je rendais heureux toutes ces personnes autour de moi… mais l’étais-je vraiment ? C’est ce que je me demandais au fil des années qui s’écoulaient. Mon existence n’était pas si jolie au final. Oh… Elle ne me déplaisait pas mais à cause de mon caractère et du fait que j’étais une nocturne, je n’avais guère de personne avec qui je devais discuter. Au départ, cela ne me gênait pas mais plus le temps passait et plus je me demandais pourquoi j’étais là.

*Comment est-ce que tu trouves cet instant ? Pourquoi a-t-il fallut attendre tout ce temps ?*

C’est vrai, c’était loin d’être déplaisant et intérieurement, je me disais que j’aurais dut faire ceci depuis le départ. Ces siècles perdus ne pouvaient être retrouvés mais maintenant, j’avais toute la vie devant moi. Quand je voguais dans les rêves, je remarquais que la mentalité des personnes changeait mais aussi que certaines d’entre elles n’avaient guère de bonnes intentions. Néanmoins, mon rôle n’était pas de juger ces personnes mais simplement de retirer leurs cauchemars et de faire qu’ils ne meurent pas à cause de ces derniers.

*Combien d’années gâchées car je n’avais pas pris mon courage à deux mains ?*

Je ne le savais pas exactement mais je me disais bien que cela ne se comptait pas avec les doigts de la main des humains. Un jour, moi aussi, j’aurais aimé m’endormir et rêver comme les êtres vivants de ce monde mais je savais que c’était impossible. Je ne pouvais pas m’endormir sinon qui s’occuperait d’eux ? Personne… J’étais la seule créature capable de mettre un terme à toute cette folie des cauchemars. Je ne pouvais pas m’arrêter avant d’en avoir terminé définitivement avec cette histoire.

*Et lui ? Qu’est-ce qu’il pensait de tout ça ? Etait-ce son désir ?*

Peut-être que oui… Peut-être que non. Je ne le savais pas. Sur cette planète, je n’avais pas de jumelle me ressemblant, j’avais néanmoins un être opposé à moi. Que cela soit au niveau du caractère, de la forme physique ou alors même des couleurs primaires de ma peau, tout l’opposait à moi. J’étais d’une couleur violette brillante, un visage jaune éclatant alors que lui… Il avait une coiffure enflammée blanche et une peau noire ondulante… Une absence de réelles couleurs. A part ses yeux bleus et un col rouge, il n’y avait rien d’autre sur lui. Cet être était responsable des nombreux cauchemars dans ce monde. Je voulais le stopper pour que ces cauchemars disparaissent à tout jamais.

« Cresselia, encore toi ? Arrête donc avec cette futile poursuite. »

« Je n’aurais de cesse de mettre un terme à cette chasse tant que tu n’arrêteras pas tes méfaits. »

Ce n’était pas la première fois que nous avions cette discussion. Il avait une voix qui pouvait paraître effrayante aux premiers abords mais je me disais que ce n’était pas le cas. C’était là l’unique façon pour lui de s’exprimer. Ses yeux saphir ne montraient aucune émotion, n’était-il donc pas capable d’avoir des sentiments ? A cause de ses nombreux méfaits, je me mettais souvent en colère bien que je ne le montrais pas. Seuls mes yeux violets étaient là pour exprimer ma colère. C’est vrai : Pourquoi devait-il commettre ces choses affreuses ? S’approprier le rêve d’un humain, c’était plus qu’odieux ! Le rêve était la création d’une imagination libre et sans contrainte, un endroit privé pour la personne qui dormait.

« Ne te fatigue pas inutilement. Qu’importe ce que tu accompliras, tu ne pourras réussir à m’arrêter. Tu es faible et tu le sais. »

« Ma faiblesse est une force. Je suis porteuse d’espoir pour ces êtres vivants. Tu sais de qui je parle… Ceux qui sont privés de leurs rêves qui leur permettent d’obtenir un répit pour reposer leurs corps. Je suis là pour eux, telle est la raison de mon existence, Darkrai. »

« Stupide Cresselia, tu ne veux donc pas comprendre de ne pas te mettre en travers de ma route. Je vais te montrer ce qu’il en coûte de vouloir me gêner. »

« Qu’est-ce que tu veux faire, Darkrai ? »

« Ceci… Un concentré de pures ténèbres. Je vais te donner un aperçu de ce que ces êtres subissent pendant mon message. »

« Cela ne sert à rien, tu ne peux m’affecter. »

J’étais plutôt confiante, du moins, je donnais cette impression. Je ne pouvais pas m’endormir si je décidais d’utiliser mes runes pour me protéger, chose que je fis. Je ne faisais que me protéger pour cette fois, ensuite, je réagirais pour le combattre même si cela ne me plaisait pas. Du moins, c’était dans cette optique que je voyais le futur mais il en avait décidé tout autrement. Ce qu’il envoya avait été d’une puissance remarquable que je n’avais rien vu venir. Mon corps fut percuté par cette sphère noire, étant projeté en arrière. J’avais mal… très mal et je l’exprimais. Je ne pensais pas qu’il était aussi fort mais en y réfléchissant, c’était normal. Tout m’opposait à lui, j’étais son Némésis et inversement. Il s’était approché de moi et je me demandais un court instant si il ne s’inquiétait pas pour moi. J’étais folle.

« Dorénavant, ne t’approche plus de moi. La prochaine fois, je ne serais pas aussi gentil. »

Je le regardais s’éloigner, affligée par cette phrase. Je ne lui répondais pas, je n’en avais pas la force. Je ne savais pas pourquoi mais j’étais si triste de le voir partir… Mes yeux s’étaient remplis de larmes alors que je m’étais levée difficilement. La mort dans l’âme, je m’étais dirigée vers un endroit que moi seule connaissais, un endroit où je pouvais panser mes plaies et mon cœur. Cela m’avait fait bien plus mal qu’il n’y paraissait.

Réfugiée sur cette île où nul ne se trouvait, je m’étais mis à réfléchir sur Darkrai. Pourquoi m’avoir laissé en vie ? J’étais son ennemie jurée, il avait toutes les raisons de me tuer mais pourtant, il ne l’avait pas fait. Intérieurement, j’espérais qu’il y avait une part de bonté en lui mais peut-être que je me voilais tout simplement la face. Je ne voulais pas voir cette vérité absurde. Mes blessures physiques disparaissaient mais celles de mon âme restaient là.

J’avais laissé s’écouler toute une année avant de me remettre en chasse. Darkrai continuait ses méfaits. PIRE ! Il osait apparaître dans les rêves des êtres vivants. Comment je le savais ? A chaque fois que je les apaisais, ils tremblaient de peur, donnant son nom comme une signature qu’il laissait sur son passage. Les cauchemars devenaient de plus en plus mortels et je décidais de me présenter à nouveau devant lui malgré ce qu’il m’avait dit.

« De retour ? Tu n’as donc pas compris la leçon. »

« Pourquoi ? Pourquoi commets-tu toutes ces choses affreuses ? »

« Car c’est la raison de mon existence, celle qui donne un sens à ma vie. Si je ne commettais pas ces choses, qui s’en chargeraient ? Il faut bien un être maléfique dans cette histoire, je suis cet être maléfique. N’as-tu donc point remarqué mon corps ? Je ne suis pas fait de chair et de sang comme toi. »

« Ne masque pas ton apparence sous ces paroles, tu n’es pas un fantôme. Tu devrais arrêter avant qu’il ne soit trop tard. Un jour, tu franchiras les limites interdites et nul ne pourra t’accorder son pardon. »

« Quelles belles paroles que voilà. Penses-tu sincèrement que je vais les croire ? Qui pourrait se mettre en travers de mon chemin ? Toi ? Tu as remarqué ton manque de puissance. Tu ne te risquerais pas à recommencer une seconde fois sauf si tu es folle… »

« Je recommencerais autant de fois que possible. Ne comprends-tu pas que tu fais souffrir des familles par tes gestes ? En quoi cela te satisfait de faire cauchemarder des jeunes enfants qui n’ont rien demandé ? A cet âge, il faut les laisser vivre leurs rêves. Le pire est que tu te sers de tes pouvoirs pour manipuler les hommes et les pokémons… les liguer les uns contre les autres. Je dois t’arrêter. »

« Pas aujourd’hui. Je suis fatigué de ce petit jeu. »

Il s’était enfui… Il ne voulait pas se battre ? C’était bizarre en un sens et je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire. Il cachait quelque chose, j’en étais sûre. Maintenant, c’était à moi de le découvrir et j’allais tout faire pour ça ! C’était ma mission : Découvrir qui était réellement ce Darkrai. Je n’étais pas d’un naturel optimiste mais je n’affectionnais pas les combats, c’est pourquoi je préférais m’enfuir si le combat n’était pas nécessaire.
Et ce que je vis changea toute ma réflexion sur lui, du moins la partie qui pensait qu’il était quelqu’un de fondamentalement mauvais. Il avait décidé de s’en prendre à une colonie de Tyranocif, ces monstres agressifs et sans pitié pour quiconque, qu’importent si ils étaient des ennemis ou neutres. Il avait réussi à les endormir et leur donner de violents cauchemars mais en contrepartie, il avait été sévèrement blessé. J’avais décidé pour la première fois de ne me pas sauver ces êtres vivants. Je retirais simplement l’aspect mortel du cauchemar alors que je suivais Darkrai pour l’observer. Ce fut à ce moment là que je compris qui était réellement cet être. Si je ne l’avais pas vu, je n’y aurais jamais cru.

Malgré son allure effrayante, une humaine s’était approchée de lui pour le soigner. D’abord réticent, il s’était laissé faire et je continuais de l’observer. Si un pokémon tentait d’agresser la jeune femme, il n’hésitait pas à instant à la défendre tout en restant dans son ombre. Darkrai était-il donc un grand timide qui n’osait pas se montrer ? Quand on le regardait, c’était la question que l’on pouvait se poser.

Malgré les siècles qui défilaient, il continuait néanmoins de faire son travail cauchemardesque. Mais je voyais la différence par rapport à ses anciens assauts : Ces cauchemars n’étaient plus meurtriers, il se permettait même de faire mon propre travail. Si un jeune enfant avait un cauchemar un peu trop vif orchestré seulement par ses pensées, il s’occupait de le soigner. J’étais ébahie et étonnée de voir une telle chose : Darkrai était devenu quelqu’un d’autre ! Je devais lui parler maintenant !

« Darkrai. »

Alors qu’il était seul, je m’étais rapprochée de lui, énonçant son nom alors qu’il se tournait vers moi. J’étais si contente de le savoir capable de œuvrer pour le bien et non d’emmener seulement la tristesse et la mort autour de lui. Mes deux pattes violettes en avant comme pour lui demander de venir vers moi, je lui parlais d’une voix délicate :

« Tu n’es pas foncièrement mauvais. Je sais… Je t’ai observé pendant ces décennies. Ne cache pas la nature profonde de ton être. »

« Ha… Tu étais donc bel et bien là ? Tu n’as donc vraiment pas peur de ma réaction. Tant mieux, cela sera évitera de perdre du temps. »

Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Avais-je dit quelque chose de mauvais ? Je ne pensais pas mais peut-être que je me trompais. Darkrai ne semblait pas apprécier que j’aie remarqué son autre caractère. Je posais mes yeux améthyste autour de moi, quelque chose changeait mais je ne savais pas quoi. Le décor ? Ah oui ! La plaine sur laquelle nous nous trouvions était en train de se modifier. Finalement, j’étais plongée dans l’obscurité avec lui mais je n’aimais pas ça. J’avais peur et cela se voyait. Mon corps s’était mis à trembler alors que je reprenais la parole mais cette fois-ci d’une voix inquiète :

« Où… Où est-ce que l’on est ? »

« Tu veux vraiment le savoir ? Je vais te le dire… »

Pour la première fois depuis que je le connaissais, Darkrai me souriait mais ce n’était pas un sourire que j’aurais aimé voir. C’était le sourire d’un prédateur, le sourire d’un être qui allait s’abattre sur vous pour vous éliminer. Finalement, il m’annonça :

« Bienvenue dans mon Cauchemar. »

L’Ombre

L’Ombre

Je suis L’Ombre. Si tel était mon réel nom, je serais bien ridicule mais je ne suis pas à prendre à la légère. Créateur de cauchemars, manipulateur de rêves, envahisseur de l’obscurité, tous mes actes se déroulent dans les nuits. Je n’aime pas le jour, je hais ce monde de lumière où tous ces êtres vivants prennent plaisir à y régner. Je suis détesté et rejeté de tous.

*Pourquoi ai-je fait ça ?*

Ce fut l’unique question que je me posais à cet instant. L’un des rares pokémons à pouvoir prendre une forme humaine. Je suis unique en ce monde, nul ne me ressemble et nul ne peut tenter de m’imiter sans prendre d’immenses risques. Nombreux sont ceux capables de dévorer les rêves de leurs adversaires, moi seul suis capable de transformer ces rêves si paisibles en d’horribles cauchemars. Moi seul suis capable de tuer quiconque dans ses rêves. Je vais et je viens dans ce monde à la recherche d’une nouvelle proie. Humain, Pokémon, qu’importe la nature vivante de ce qui se trouve en face de moi, je ne lui laisse aucune chance.

*Etait-ce prémédité ? Etait-ce que je voulais réellement ?*

Plus le temps s’écoulait et plus je me demandais si je n’avais pas commis une bêtise. Intérieurement, je ne regrettais pas ce que je venais d’accomplir. Je ne savais pas pourquoi mais peut-être que celui qui était à l’origine de mon existence avait décidé dès le départ toute cette histoire. C’était vrai…A quoi se résumait mon existence ? A des mensonges, des tromperies, des manipulations. Je créais des rivalités entre des frères, je fomentais des assassinats dans les rêves d’hommes influents, j’étais à l’origine de nombreux conflits destructeurs et meurtriers.

*Comment en suis-je arrivé là ? Pourquoi est-ce… comme cela ?*

Jamais je n’aurais dut réagir de la sorte. Jamais je n’aurais pensé en arriver là un jour. Ce jour… Le Soleil… Cet astre brûlant que je hais. Un pokémon en était responsable et je n’avais pas hésité à aller l’affronter un jour. Quelle cuisante déculottée je m’étais pris. Condamné à vivre dans un océan de ténèbres, à l’ombre des arbres. Ces pauvres enfants humains qui pensaient voir leurs propres ombres qui prenaient vie. Tsss… Ces enfants humains… C’était ceux que je préférais envahir. Ils étaient si malléables, si faciles à pénétrer.

*Combien de temps avait-je attendu une telle chose ?*

Trop d’années, trop de décennies, trop de siècles… Je ne pouvais pas compter cette période. Le temps de mes cauchemars ? Je pouvais les faire durer pour l’éternité… Un cauchemar éternel et impossible à soigner, un cauchemar que nul n’aimerait connaître. Pourtant, tout le monde savait mon existence, l’engeance du Malheur et du Désespoir. Voilà ce que j’étais et sous quel nom j’apparaissais. Encore, fallait-il qu’ils me voient. Rares étaient les êtres vivants ayant déjà vu l’une de mes apparences.

*Et sa raison ? Pourquoi avoir accepté ça ? Etait-ce son choix ?*

C’est vrai… Dans ce monde, il existait toujours une personne qui vous ressemble… Un jumeau qui était votre copie exacte. Néanmoins, dans d’autres cas, il y avait ce qu’on pouvait appeler un opposé : Un être qui était l’extrême contraire de votre personne, jusqu’à votre existence primaire. Moi-même, je n’ai pas de jumeau… simplement un être opposé à moi, un être dont je me serais passé volontiers. Cet être était capable de contrecarrer mes cauchemars et mes manipulations. Cet être était toujours à ma poursuite, telle mon Ombre. Que c’était spirituel de penser une chose de ce genre : Le manipulateur des Ombres ayant peur de sa propre Ombre. Oui, j’avais peur… Non pas de la puissance de mon opposé mais d’autre chose… de ce qu’il était capable de faire. Chaque nuit était une perpétuelle fuite pour lui échapper, chaque nuit était une perpétuelle bataille pour savoir si j’allais réussir à disparaître avant qu’elle ne m’attrape.

« Cresselia, encore toi ? Arrête donc cette futile poursuite. »

« Je n’aurais de cesse de mettre un terme à cette chasse tant que tu n’arrêteras pas tes méfaits. »

Combien de fois avait-je répété ces paroles ? Combien de fois avait-je écouté les siennes ? Cette voix féminine qui provenait de cette créature avec un croissant de lune sur la tête. Quel être ridicule. Toujours à vouloir le bonheur et la joie pour les êtres vivants peuplant ce monde. Et ses yeux améthyste qui m’observaient avec colère à chaque fois qu’elle me voyait, une colère qu’elle dissimulait dans ses paroles. Encore une fois, j’avais commis le crime de m’approprier le rêve d’un humain pour le transformer en un cauchemar. Encore une fois, elle s’était mise en travers de ma route. Elle se tenait devant moi, comme un geste que l’on accomplissait au quotidien :

« Ne te fatigue pas inutilement. Qu’importe ce que tu accompliras, tu ne pourras réussir à m’arrêter. Tu es faible et tu le sais. »

« Ma faiblesse est une force. Je suis porteuse d’espoir pour ces êtres vivants. Tu sais de qui je parle… Ceux qui sont privés de leurs rêves qui leur permettent d’obtenir un répit pour reposer leurs corps. Je suis là pour eux, telle est la raison de mon existence, Darkrai. »

« Stupide Cresselia, tu ne veux donc pas comprendre de ne pas te mettre en travers de ma route. Je vais te montrer ce qu’il en coûte de vouloir me gêner. »

« Qu’est-ce que tu veux faire, Darkrai ? »

« Ceci… Un concentré de pures ténèbres. Je vais te donner un aperçu de ce que ces êtres subissent pendant mon message. »

« Cela ne sert à rien, tu ne peux m’affecter. »

C’était ce qu’elle avait dit alors qu’une sphère était apparue entre mes deux mains griffues de noir. Elle pensait vraiment que j’allais l’emporter dans un cauchemar ? Non… Ce n’était pas ce que je voulais, j’avais une autre idée en tête. L’anéantir ne me servirait à rien, ce n’était pas là mon but. Des runes étaient apparues autour d’elle : Elle s’était mise à penser que j’allais l’endormir mais ce n’était pas le cas. Ma sphère noire l’avait frappé de plein fouet, la faisant tomber au sol alors qu’elle gémissait de douleur. Je m’étais approché d’elle, sans sourire, sans changer de timbre de voix, je ne suis pas apte à montrer mes sentiments facilement.

« Dorénavant, ne t’approche plus de moi. La prochaine fois, je ne serais pas aussi gentil. »

Elle ne m’avait pas répondu, affaiblie par l’attaque je venais de lui lancer. Elle était frêle, si chétive… et si fragile. Ses yeux améthyste et larmoyants s’étaient tournés vers moi. Des yeux exprimant une tristesse que je ne lui connaissais pas. Je m’étais éloigné sans un mot, disparaissant dans le sol, l’un de mes nombreux moyens pour me mouvoir. Ce fut la première et unique fois où j’avais osé levé la main sur elle…Cette créature nommée Cresselia.


Plusieurs semaines s’étaient écoulées et je n’avais plus de traces d’elle. Je surveillais mes victimes pendant de nombreuses heures, attendant de voir une pokémon aux anneaux violets autour d’elle. Elle n’était pas venue… Avait-je été trop fort dans cette attaque ? Je m’étais posé la question et j’avais annulé les cauchemars que j’avais établis sur les quelques humains de cette ville isolée. Où était-elle passée ?

Je ne le savais pas et je l’oubliais au fur et à mesure des mois qui passaient. J’accomplissais mes noirs desseins sans que nul ne me gêne. Je ne me cachais plus, apparaissant complètement dans les rêves de mes victimes. Cette fois-ci, je marquais mon passage, devenant de plus en plus dangereux au fil du temps. Si elle ne se dépêchait pas de réapparaître le plus tôt possible, tout allait très mal se terminer. Finalement, elle était revenue après plus d’une année, elle était en pleine forme et se tenait devant moi.

« De retour ? Tu n’as donc pas compris la leçon. »

« Pourquoi ? Pourquoi commets-tu toutes ces choses affreuses ? »

« Car c’est la raison de mon existence, celle qui donne un sens à ma vie. Si je ne commettais pas ces choses, qui s’en chargeraient ? Il faut bien un être maléfique dans cette histoire, je suis cet être maléfique. N’as-tu donc point remarqué mon corps ? Je ne suis pas fait de chair et de sang comme toi. »

« Ne masque pas ton apparence sous ces paroles, tu n’es pas un fantôme. Tu devrais arrêter avant qu’il ne soit trop tard. Un jour, tu franchiras les limites interdites et nul ne pourra t’accorder son pardon. »

« Quelles belles paroles que voilà. Penses-tu sincèrement que je vais les croire ? Qui pourrait se mettre en travers de mon chemin ? Toi ? Tu as remarqué ton manque de puissance. Tu ne te risquerais pas à recommencer une seconde fois sauf si tu es folle… »

« Je recommencerais autant de fois que possible. Ne comprends-tu pas que tu fais souffrir des familles par tes gestes ? En quoi cela te satisfait de faire cauchemarder des jeunes enfants qui n’ont rien demandé ? A cet âge, il faut les laisser vivre leurs rêves. Le pire est que tu te sers de tes pouvoirs pour manipuler les hommes et les pokémons… les liguer les uns contre les autres. Je dois t’arrêter. »

« Pas aujourd’hui. Je suis fatigué de ce petit jeu. »

J’avais décidé de disparaître dans le sol, un endroit qu’elle ne pouvait rejoindre. Je n’étais pas un spectre, ce n’était pas pour ça que j’étais pour autant quelque chose de continuellement physique. Elle se trouvait toujours dans mes pattes, n’arrivait-elle pas à saisir la portée de mes paroles ? Je me demandais ce qui la poussait à toujours me suivre. Voulait-elle vraiment m’arrêter ? Se croyait-elle capable de me battre ?

Et ce qui devait arriver arriva… Moi-même, je ne savais pas pourquoi j’avais commis cet acte, pourquoi je m’étais décidé à accomplir cette chose… et pourtant… J’avais agit d’une façon plus que bizarre. Peut-être était-ce en remerciement de ce que cette humaine avait accompli pour moi ? Une mauvaise trouvaille sous la forme d’une colonie de Tyranocif et j’avais été blessé assez gravement malgré ma force. Je n’arrivais pas à le savoir mais je lui étais redevable et c’était si rare de l’être envers quelqu’un. Je l’avais déjà été…mais cela datait.
Je me chargeais de la protéger, elle et ses descendants tout en accomplissant mes vils actes sans qu’ils ne s’en aperçoivent. Je n’avais pas abandonné cette idée mais je savais que mes pouvoirs n’étaient pas forcément pour le mal. Comme je pouvais créer des cauchemars, j’étais capable de donner aux êtres vivants de formidables rêves en les berçant. AH ! Si cette Cresselia me voyait, qu’est-ce qu’elle aurait dit ? Je ne tenais pas à le savoir.
Finalement, après plusieurs siècles, je décidais de quitter cette famille, ils n’avaient plus besoin de moi et je me trouvais un peu mollasson. Je m’étais laissé aller à une vie tranquille et paisible, installé la majorité du temps sous l’ombre d’un arbre sans pour autant me montrer à ceux que je protégeais. Je devrais paraître bien ridicule à ce moment. Je n’avais utilisé qu’en de rares moments mes pouvoirs pour apaiser les rêves des personnes troublées et je n’aimais pas cela. Ce n’était pas moi.

« Darkrai. »

Tiens… Elle était encore là. Toujours dans mon dos, toujours derrière moi. Elle ne s’arrêtait donc pas ? Je me retournais pour l’observer… Elle… Ses petits yeux améthyste qui ne cessaient de se diriger vers moi. Elle tendait vers moi ses deux ridicules pattes violettes tout en disant d’une voix douce :

« Tu n’es pas foncièrement mauvais. Je sais… Je t’ai observé pendant ces décennies. Ne cache pas la nature profonde de ton être. »

« Ha… Tu étais donc bel et bien là ? Tu n’as donc vraiment pas peur de ma réaction. Tant mieux, cela sera évitera de perdre du temps. »

Ainsi, elle avait tout vu depuis le départ… Ce visage que nuls ne pouvaient connaître sauf quelques rares humains et pokémons, cette personnalité que je cachais à la majorité des êtres vivants. Et elle l’avait vu. J’aurais dut m’en douter mais je pouvais corriger tout ça. J’allais l’emmener dans un endroit qu’elle ne connaissait pas. Tout autour de moi et elle, le décor s’était mis à changer, prenant une tournure noire et vide. Il n’y avait rien… rien à part moi et elle. Elle s’était mise à légèrement trembler, regardant autour pour savoir où elle se trouvait, prenant la parole d’une voix inquiète.

« Où… Où est-ce que l’on est ? »

« Tu veux vraiment le savoir ? Je vais te le dire… »

Nul besoin de cacher la vérité, j’allais tout lui dévoiler. Je n’hésiterais pas un instant à l’engloutir dans cet endroit dont nul n’était revenu. Cet endroit était celui que je gardais précieusement en moi…Je lui souriais avant de dire :

« Bienvenue dans mon Cauchemar. »

Chapitre 87 : Un être fait pour tuer

Chapitre 87 : Un être fait pour tuer

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Elen ? Je vais aller voir à mon tour ! Fais attention ! Ils ont besoin de ton assistance ici ! Soignes-les ! »

« Ne me donne pas d’ordres, Manelena ! Mais … bon … d’accord. »

La femme aux cheveux blonds émit un grognement tandis qu’elle voyait Manelena qui passait à côté d’elle. Elle n’avait pas envie de le montrer mais elle était anxieuse, terriblement anxieuse. Qu’est-ce qui s’était passé au loin ? Qu’est-ce qui s’était passé ?

« Clari … Clari … Clari … Clari. »

Inlassablement, il répétait ce nom alors qu’il se relevait, le corps de la jeune femme aux couettes blondes tombant sur le côté. Il n’eut pas un seul geste vers elle, regardant avec fureur l’imposant homme en face de lui.

« Capitaine Olin ! Nous sommes venus dès que nous avons … »


Le soldat n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Tery était déjà en face de lui, sa main posée sur son crâne. D’un geste nonchalant, il l’arracha du reste du corps avant de le jeter sur le côté. Il se retourna vers Olin, murmurant :

« Clari … Clari … Clari .. Vous l’avez tuée. »

« Elle est la seule responsable de sa mort. Elle n’avait pas qu’à interférer sur notre combat. De toute façon, elle serait quand même morte et … »

« Attention, capitaine ! » hurla deux autres soldats, arrivant en renfort pour stopper Tery. Celui-ci les regarda, observant les êtres dans leurs armures. De belles armures, bien lourdes et bien solides. Il cligna de ses yeux entièrement rouges avant de lever une main en l’air :

« Comme ça, si je crois bien … Clari … Pourquoi ? »

Un pieu de glace, trois fois plus imposant que celui d’Olin fit son apparition devant le regard estomaqué de ce dernier. Tery fit un simple mouvement de la main pour qu’il descende vers les deux soldats. Le jeune homme tendit les bras sur les côtés, le pieu se séparant en deux avant de s’abattre sur les deux hommes, pénétrant dans leurs corps pour qu’ils se plantent dans le sol. Tery murmura :

« On continue encore … et encore, n’est-ce pas ? Où sont les autres ? Où ils sont ? Clari ? »

Il se retourna vers la jeune femme aux cheveux blonds, ignorant complètement Olin qui tentait de retrouver une certaine contenance. Mais rien à faire, la puissance effarante et effrayante de Tery était bien visible.

« C’est donc ça la force d’un démon ? J’en étais sûr ! Tu n’es qu’un monstre, Tery ! Tu l’as toujours été dans le fond ! Tu n’as eut aucune hésitation à tuer ces soldats et … »

« Aucune hésitation pour tuer Clari … n’est-ce pas ? Hein ? »

Il marquait un point mais qu’importe, ce n’était pas ça le plus important. Il devait plutôt trouver un moyen de l’éliminer. S’il y arrivait, autant dire que les problèmes d’argent seront résolus définitivement. Ses parents seraient si fiers de lui.

« Tery ? Mais … Clari ? »

La voix féminine laissa place à une importante surprise de la part de Manelena. Celle-ci était arrivée sur le lieu du combat, remarquant les cadavres non-loin de Tery mais surtout celui qui était allongé sur le sol. Elle vient déglutir, clignant des yeux plusieurs fois.

« Clari … je vois … c’est donc ça … TERY ! »

« Manelena. Clari. Manelena. Clari. »

Tsss ! C’est bien ce qu’elle pensait. Tery avait complètement disjoncté. Tout ça à cause de cet homme, n’est-ce pas ? S’il suffisait de le tuer pour … Elle avait amorcé un mouvement mais des fissures apparurent sur le mur à sa droite.

« Pas touche … Olin. Pas touche. Clari … elle est … »

« Tery, il faut absolument que tu te calmes. Clari n’aurait pas voulu que tu agisses de la sorte. Tu le sais parfaitement, non ? Alors pourquoi est-ce que tu agis comme ça ? »

« Pour … quoi ? Clari ? Pourquoi Clari ? Pourquoi elle ? POURQUOI ?! »

Oui. Pourquoi cette jeune femme qui n’aurait jamais dût se retrouver sur un champ de bataille mais dans un orphelinat, à s’occuper d’enfants ? Pourquoi elle et pas une autre ? Un soldat adorant les combats, la mort et le sang.

« Tsss, c’est vraiment du gâchis. C’est … pathétique. »

Elle disait cela non pas pour se moquer de Clari, c’était tout simplement interdit de penser de la sorte à ce moment précis … mais tout simplement parce qu’elle était dépitée. Elle devait stopper Tery avant qu’il ne soit trop tard. Elle hurla :

« TERY VANIAN ! Écoutes ma voix au lieu de continuer à te battre comme ça ! »

« Clari … est morte … cette voix … avait raison. Je dois tout ravager … pour elle ! »

Pour la voix ! Pour Clari ! Pour les deux personnes ! Pour toutes ces personnes autour de lui ! Non, pas pour elles … juste pour Clari. Clari qui était encore allongée au sol. Elle n’allait plus se relever par la faute de cet homme. Mais il n’y avait pas qu’Olin qui était responsable de tout ça. Il y avait les rebelles ! Ces rebelles étaient eux aussi responsables ! C’était eux qui avait fait ça ! A cause d’eux qu’ils étaient là ! A cause des soldats de Shunter ! A cause de cette foutue armée de Midès ! DE TOUS !

« Clari … Clari … Je vais les éliminer … OUI ! »

« TERY VANIAN ! EST-CE QUE TU ENTENDS CE QUE JE TE DIS OU QUOI ?! »

Rien à faire, Tery était imperméable à ses paroles. Pire ! Il avait ignoré complètement la femme aux cheveux argentés, plantant ses griffes dans un mur pour commencer à grimper le long de ce dernier et se retrouver sur un toit.

« TOI ! TOI ! TOI ! TOI ! ET TOI ! Disparaissez tous ! Clari … CLARI ! »

Qu’importe l’élément qu’il utilisait, le jeune homme aux cornes démons n’hésitait pas un instant sur la déferlante de pouvoirs qu’il faisait s’abattre sur ses adversaires … mais aussi ses alliés. Il n’avait aucune réticence. Il ciblait quiconque se trouvait sur son chemin.

« Tery ? Mais ses cornes … Et c’est quoi ? Où est Clari ? »

Elen s’était mise à l’abri, des cris fusant tout autour d’elle alors qu’elle regardait le jeune homme faire un véritable massacre autour de lui. Pourquoi est-ce qu’il s’en prenait aussi aux rebelles ? Ils étaient de leur côté ! Est-ce qu’il l’avait oublié ? Ou alors, il ne pouvait pas s’en rappeler sur le moment ? C’était … sûrement ça.

Mais d’abord, il fallait retrouver Manelena et Clari. Les deux femmes étaient parties à la recherche de Tery. Si elle revoyait Tery, cela voulait dire que son adversaire était mort, n’est-ce pas ? Non, même pas. L’homme imposant était encore en vie. Est-ce qu’elle pouvait avoir des explications ou non ? Car elle était complètement déboussolée et perdue avec toute cette histoire ! Elle pouvait avoir des explications ou non ? Ah … ne pas s’énerver, ça ne mènerait à rien de bien. Mais elle avait le sentiment qu’il ne fallait pas … non. Elle commençait à saisir. Tery criait le nom de Clari sans cesse. Est-ce que par malheur, elle … Non. Non. Pas Clari. Elle était bien trop forte pour ça.

C’était tout simplement impossible que Clari soit morte. Mais … Tery était dans un tel état émotionnel. Ce n’était pas que de la colère mais du deséspoir dans sa voix, cela voulait dire que quelque chose de grave s’était passé mais quoi ? Elle ne voulait pas croire que Clari était morte, elle s’empêchait d’y penser. C’était tout simplement impossible pour elle. Clari était le genre de femmes qui pouvait braver toutes les tempêtes et s’en sortir indemne. Elle avait tellement de temps à passer avec Tery. C’était tout simplement … impossible. Impossible d’y croire. Si cela devait arriver, comment elle réagirait ? Comme Tery ?

Non, le cas de Tery était bien différent. La relation qu’il avait avec Clari était d’un tout autre niveau que celle qu’elle avait avec la jeune femme aux cheveux de même couleur qu’elle. Tout était totalement différent maintenant … totalement différent, oui. Mais pour ça, il fallait aider Tery avant qu’il ne soit trop tard.
Mais n’était-ce pas déjà le cas ? Tery semblait être une cause perdue, vouée à tout détruire. NON ! Elle ne devait pas penser comme ça … Vite, trouver où était Manelena et lui demaner des réponses. Il suffisait de ressentir les porteurs des lignes d’Alzar, ils n’étaient pas … AH ! AAAAAAAAH ! Rien qu’en essayant ça, elle avait subit une violente migraine. Tery … C’était Tery qui lui donnait cette migraine atroce.

C’était lui qui laissait déferler une telle haine, rage et colère. C’était lui … ah … elle avait encore du mal à saisir ce que cela représentait mais pourtant, ça ne faisait aucun doute. Tery abusait de ses pouvoirs à l’heure actuelle et elle ne pouvait rien faire pour l’arrêter. Manelena, elle devait retrouver Manelena pour avoir la confirmation au sujet de Clari.

« Où est-ce que Tery se trouve ? Bon sang ! Comment j’ai put le perdre aussi facilement de vue ? C’est presque comme s’il … »

« Manelena, te voilà ! J’aimerai avoir quelques explictions au sujet de tout cette histoire. Il ‘est passé quoi avec Tery ? Il est en train de tuer tout le monde ! »

Hein ? Qui … Ah zut … Elen. Elle n’avait vraiment pas envie de lui répondre maintenant. Est-ce qu’elle s’en rendait compte ? Mais pourtant, elle lui devait bien ça. Elle se rapprocha de la jeune femme aux cheveux blonds, soupirant avant de dire :

« Clari est morte. J’ai mis son corps dans un coin pour qu’on puisse le retrouver. Le responsable semble être l’ancien camarade de Tery. »

« L’ancien camarade ? Je … Attends … Clari ? Clari … Clari est morte ?! »

« Définitivement. J’ai vérifié au cas où … mais il semblerait qu’elle soit morte sur le coup. Elle n’a pas souffert mais … l’état de Tery est devenu pire que prévu. »

Pire que prévu ? Ce n’était pas peu de choses que de dire ça. Mais elles devaient pourtant communiquer avec lui pour tenter de l’arrêter. Mais comment faire ? Tery ? Comment faire pour calmer son cœur et lui faire retrouver la raison alors. C’était tout simplement impossible pour l’heure. Où est-ce qu’il se trouvait d’ailleurs ?

« Tery … Tery Vanian. Ta folie est en plus sans limites. Combien de temps est-ce que tu comptes continuer ainsi ? Tu ne comprends pas ? De toute façon, je dois t’éliminer. »

« M’éliminer ? M’éliminer ? Comme … Clari ? »

Le jeune homme aux cheveux bruns s’était retourné vers Olin. Celui-ci n’avait pût que constater les dégâts que Tery avait fait. Il fallait le stopper avant qu’il ne soit trop tard. Il avait déjà présenté son épée à Tery, la pointant vers lui.

« Comme Clari … et tous ceux qui s’opposent au royaume de Shunter. Le roi lui-même est prêt au combat dans le château. Mais vous ne l’atteindrez jamais. Pas tant que je serais … »

Il fût stoppé dans ses paroles, remarquant que la main tenant son arme n’était plus présente. Il n’y avait plus qu’un simple moignon ensanglanté. VI… VITE ! Réagir vite ! Sa main encore valide vint geler le moignon, stoppant net le sang qui allait s’en écouler alors que sa vue se brouillait. La douleur avait été t-elle qu’il avait l’impression de perdre conscience.

« TERY ! Il te faudra faire plus pour … »

« Clari est morte. Par ta faute. Par votre faute. Par la faute de tout le monde. »

Il n’avait pas laissé sa phrase se terminer une nouvelle fois. Un morceau de l’épaule gauche d’Olin fût arraché par une griffe de Tery, celui-ci s’en servant ensuite pour projeter Olin contre un mur avec force et violence.

« Contrairement à elle, cela … sera long et douloureux. »

« TERY VANIAN ! JE T’ORDONNE D’ARRÊTER CA TOUT DE SUITE ! »

Manelena s’était mise à hurler de toutes ses forces, le visage du jeune homme se tournant vers elle. Avec ses cornes sur le crâne et ses yeux complètement rouges, il avait tout l’air d’un être possédé par la rage et la colère. Mais pourtant, son visage laissait exprimer une profonde tristesse alors que la griffe de terre sur sa main gauche quitta son poing, venant se séparer en cinq morceaux qui allèrent se planter dans les deux épaules d’Olin, ses deux cuisses ainsi que son torse, bien que cela ne semblait pas mortel pour ce dernier.

« M’arrêter ? C’est toi … qui va être stoppé … c’est toi … et personne d’autre. Pour la mort de Clari. Ça sera … douloureux … très douloureux, oui. »

Il avançait, pas à pas, en direction d’Olin. Quelques rares soldats cherchèrent à l’arrêter mais ils furent aussitôt découpés en morceaux, Tery ne donnant qu’un coup de griffe. Sa posture était d’ailleurs un peu spéciale, penchée en avant, comme un animal alors qu’il haletait, comme s’il avait du mal à respirer.

« Que … personne ne s’interpose … sinon … »

« Tery, si tu fais ça, tu … » commença à dire Manelena avant de s’arrêter.


Non, c’était idiot de s’en mêler. C’était complètement idiot car elle n’avait pas son mot à dire. C’était elle qui avait emmené Tery dans cet endroit alors qu’il était contre. Avec toutes ces notions de trahison et autres, elle était la première à l’origine de tout ça.

« Ne t’évanouis pas … ne t’évanouis pas … je refuses que tu t’évanouisses ! »

Il était finalement à la hauteur d’Olin, celui-ci n’étant pas pour autant effrayé malgré le visage de l’être qui se trouvait en face de lui. Bien que difficilement, il chercha à mouvoir sa main encore valide, préparant de quoi transpercer Tery avec sa glace. Celui-ci ne bougea pas, la glace venant se briser contre son torse.

« Non … Non … Non … Pas nécessaire, pas besoin que ça soit moi … qui en termine … mais si … il le faut … mais ça sera pas moi qui fera ça. »

Le jeune homme aux cheveux bruns planta une main dans le sol, plusieurs petits êtres miniatures faits de pierre apparaissant à ses pieds. Ils devaient à peine faire une dizaine de centimètres, semblant particulièrement risibles et ridicules.

« Qu’est-ce que tu comptes faire, Tery ? Ils ne … »

« Te faire souffrir … Olin. Te faire souffrir … Tu m’as retiré ma grande sœur. Tu m’as retiré Clari, je vais te retirer toute dignité avant de te tuer. Il ne restera plus rien de toi. Plus rien du tout, que des pleurs et des sanglots … mais non, je peux te promettre une chose : tu n’en sortiras pas vivant. Seulement, les dernières minutes de ton existence seront les pires. »

« Qui est-ce que tu comptes impres … AAAH ! Mais qu’est-ce qu’ils … »

« La torture commence dès maintenant. » déclara Tery, se tournant vers les femmes.


D’un geste nonchalant, un mur de pierre vint se dresser entre elles et lui, les empêchant complètement de voir ce qu’il comptait faire. Les petits êtres de terre grimpaient sur Olin, ayant pour certains des griffes à la place des mains. D’ailleurs, ceux qui avaient des mains les utilisaient à mauvais escient, retirant chaque ongle de la main valide d’Olin avant de faire de même avec ses pieds, ayant retiré ses solerets de métal auparavant.

« Ce n’est que le début … que le début, Olin. Ce n’est que le début . Hahaha. »

Finalement, il avait commencé à rire. Un rire mauvais, un rire sinistre qui montrait par là que quelque chose s’était définitivement brisé en Tery. Le jeune homme ordonna qu’on commence à lacérer chaque parcelle du torse d’Olin, jusqu’à la possibilité d’y voir les muscles si nécessaire. Il en serait de même pour …

« Encore en train de lutter hein ? Lutter après tout ce que tu as fait ? »

« Elle … n’était … pas … ta sœur, Tery. Tu ne peux … pas être un humain. Aucun … être humain ne peut se comporter comme ça. »

« Je suis un démon. Mais … Clari me considérait comme son petit frère. C’est toi qui me l’a retiré. C’est toi … Jusqu’au bout hein ? Tu n’auras aucun regret, Olin. Alors, je ne devrais en avoir aucun … aucun … oui … Rien du tout. Tu ne vaux même pas la peine que je m’attarde sur ton corps. Il est juste bon … à nourrir les vers. »

Mais il attendait sagement, il écoutait les cris d’Olin alors que chaque seconde qui s’écoulait était une seconde qui le rapprochait inexorablement de la mort. Enfin, il voulait voir cette terreur et cette peur dans le regard d’Olin. Il voulait le voir le supplier de le laisser vivre.

« Tu as de la famille, n’est-ce pas ? Tes parents qui doivent être si fiers de toi, n’est-ce pas ? Tu me l’avais dit, je n’oublie pas. Tu fais cela pour les aider. C’est dommage, tu n’auras plus rien à leur envoyer, Olin. Clari n’avait pas cette chance, elle est morte alors qu’elle était en froid avec sa famille depuis si longtemps. Sa vie n’a jamais été très facile … mais cela, tu ne te posais pas la question hein ? Mais qu’importe … c’est fini. Je vais te montrer ce qu’est un Démon puisque tu me considères comme tel. »

Un avant-goût du Cauchemar pour ceux qui oseraient le faire encore souffrir ainsi. Le jeune homme aux cheveux bruns s’avança vers Olin, ses yeux se refermant alors que ses mains étaient parcourues par des soubresauts. Un cri strident se fit entendre dans les ruelles avant que le mur ne s’écroule, permettant alors aux autres de voir le spectacle effarant.

« Tery ? Comment … est-ce que … tu … »

« Pas besoin de parler. C’est fini … tout simplement fini … oui … Ca ne va pas … mieux … pas mieux du tout. Pas mieux … mais … ça devrait se calmer. »

Il avait dit cela tout en regardant Elen et Manelena. Ses yeux étaient toujours rouge vif tandis que les cornes restaient plaisantes. Des bruits de mastication se faisaient entendre derrière lui, les êtres de terre semblant dévorer la dépouille d’Olin.

« Ne vous … approchez pas d’eux. Ils ne font … pas la différence maintenant. »

« Et tu préfères que l’on reste là à ne rien faire, Tery Vanian ? »

« Non … Il faut continuer … ce pour quoi nous sommes venus. Vous pouvez partir devant, moi-même, je vais aller la voir. »

Il n’avait pas cherché à entendre les réflexions de Manelena ou les paroles d’Elen. Il était reparti vers l’endroit où il avait laissé le corps de Clari. Le reste, il n’en avait vraiment rien à faire pour le moment. Il reviendrait … plus tard.

« BORDEL ! » hurla Manelena avant de frapper avec violence contre un mur, comme enragée. « Comment ça a put dégénérer autant ?! »

« Manelena, la faute … enfin … on est pas là … pour la faute. Mais Tery … On fait quoi ? On fait comment avec lui ? J’ai peur … de m’approcher de lui maintenant. »

« Tu n’as pas à avoir peur, il ne va pas te mordre, je ne penses pas. Mais … m’énerve. Qu’est-ce que ça m’énerve toute cette histoire ! Ah … Tery … »

La femme aux cheveux argentés continuait de prononcer le nom du jeune homme. Celui-ci n’était plus visible. Elle serrait les poings, Elen bafouillant :

« On devrait continuer, je crois. On devrait … il nous rejoindra, n’est-ce pas ? Nous avons un objectif à atteindre, n’est-ce pas ? »

« C’est le cas. Nous allons prendre … un petit raccourci par rapport aux rebelles. Je n’ai pas révélé tous les secrets à ces derniers. Je veux rencontrer mon père avant les autres. »

« Qu’est-ce que tu comptes faire là-bas ? Il ne doit pas … vraiment apprécier ce qui s’est passé depuis cet évènement non ? Et surtout, il doit savoir … »

« Cela ne te regarde pas, Elen. » coupa sèchement Manelena, peu motivée à parler d’une telle chose à une personne qu’elle pourrait presque qualifier d’inconnue.

« D’accord, je ne donnerais pas mon avis sur le sujet. Mais … Tery … »

« Ca ne veut pas dire que tu n’as pas à venir. J’aurais besoin de toi pour couvrir mes arrières. Tery pourra nous rejoindre aisément. » coupa une nouvelle fois Manelena.

« D’accord, d’accord. Je te crois. Allons-y alors. »

Ce ne fut pas Elen qui jeta un regard derrière elle mais Manelena. Oui, Tery saurait où les trouver. De toute façon, elle comptait lui laisser un petit message discret sur son chemin pour être sûr qu’il puisse les retrouver.

« Il faudra … que je fasses ça après que tout soit réglé. »

Hein ? Elen lui demanda si elle avait demandé quelque chose mais Manelena ne fit qu’un hochement négatif de la tête avant de se remettre en route dans les ruelles. Il ne restait que peu de rebelles de leur côté, c’était alors parfait pour les projets de la princesse.

Chapitre 86 : Un cœur qui se brise

Chapitre 86 : Un cœur qui se brise

« Olin. Je te mettrais juste hors d’état de te combattre. Je ne veux pas te nuire personnellement. » murmura Tery alors qu’il cherchait à s’éloigner du reste de la zone de combat. Déjà Elen s’approchait en courant mais il hurla : « NON ! Je veux être seul contre lui, Elen ! Occupes-toi des autres ! »

« Tery, mais tu n’es pas en état de te battre ! Il faut que tu arrêtes ça et vite ! »

« Laisses-moi faire, j’ai dit, ce n’est pas difficile à comprendre pourtant ? » déclara le jeune homme aux cheveux bruns, voulant éviter d’être insultant envers la jeune femme qui ne cherchait qu’à l’aider dans le fond.

« Si tu as le temps de te préoccuper des autres, préoccupes-toi plutôt de ton propre sort, Tery. » s’exclama Olin avec colère avant de donner un coup d’épée.


Aussitôt, une lame aqueuse continua sa route, cherchant tout simplement à trancher Tery, celui-ci l’esquivant en venant s’abaisser. Elle laissa une vilaine trace sur le mur derrière lui, Tery prenant une rapide respiration. Pfiou, il n’y allait pas de main-morte. Il voulait vraiment le tuer ou quoi ? Oui, c’était ça. Il avait la ferme intention de le tuer.

« Tu me hais à ce point, Olin ? Alors qu’au tout début, nous étions tous les deux des débutants ? C’est quoi ce qui te dérange ? »

« Tout … tout ce que tu es devenu. Un démon, un rebelle, un traître. »

« JE NE SUIS PAS UN DEMON PARCE QUE JE LE VEUX ! »

Pourtant, c’était bel et bien le cas. Avec rage, des cornes commencèrent à apparaître sur le sommet de son crâne alors qu’il haletait. Zu … ZUT ! Ne pas s’emporter ! Ne pas s’énerver contre des personnes comme Olin ! Ca n’en valait pas la peine, il ne voulait pas le blesser, il ne voulait pas que ça se passe ainsi.

« Alors pourquoi est-ce que ces cornes sont là ? POURQUOI est-ce que tu les utilises ? »

« Ce … Ce n’est pas de ma faute ! Je n’ai pas décidé de faire ça, j’ai du mal à les contrôler ! »

Et il était complètement perdu à cause de toute cette histoire. Ses cornes lui arrachèrent un cri de douleur, une griffe posée sur son front. Juste au bon moment pour parer un pieu de glace qui s’était dirigé vers son crâne.
Aucune hésitation. Il n’hésitait pas un instant … à vouloir … l’agresser. Il voulait le tuer alors que lui-même hésitait à chaque attaque. Il devait répliquer ! Ses coups de griffe furent parés aisément par la lame d’Olin, celui-ci disant :

« Depuis ton départ, je me suis entraîné, encore et encore. J’ai tout fait pour que ce nom ne soit pas bafoué. Je suivais même ton avancée auprès de la maréchale Nali, la princesse Manelena ! J’étais si content de voir que quelqu’un que je connaissais était aussi proche de l’entité militaire la plus puissante dans Shunter. Et toi, tu as tout gâché en un instant ! Tout cela pour quelle raison ? C’est quoi cette raison ?! »

« Tu l’as dit toi-même : Manelena. C’est elle la raison de ma trahison. C’est pour elle que je fais tout ça depuis des mois. Que je me bats sans cesse, sans relâche, que je l’accompagne sans avoir une once d’hésitation. C’est pour ça … »

Une once d’hésitation. Si. Il en avait depuis son retour à Shunter, depuis cette communication avec les rebelles. Il hésitait, il hésitait complètement, ne sachant pas quoi dire mais ce fut Olin qui s’égosilla, s’écriant :

« Me dit pas que toi et elle, vous êtes … »

« N… NON ! Pas du tout ! Ce n’est pas comme ça entre elle et moi ! Ca ne le sera jamais. Nous ne sommes pas ainsi, il n’y a aucune relation de la sorte mais … c’est … »

« Prêt à gâcher complètement ta vie pour elle. C’est même plus de la dévotion ou du fanatisme à ce niveau.Je vais t’éliminer Tery, avant qu’il ne soit trop tard. Je vais te purger de ce fléau. Cette femme est une traîtresse à son royaume, qui n’a pas hésité à abandonner son rôle, mettant en danger tout Shunter par … »

« LA FERME ! C’est moi qui ait décidé de la sauver ! Elle était prête à mourir ! »

Il n’allait pas lui permettre d’insulter Manelena. Il pouvait le haïr, LUI ! Mais pas s’en prendre aux autres ! Il amorça différents mouvements irréguliers en direction d’Olin, cherchant à l’atteindre mais chaque coup était paré avec une aisance telle que le jeune homme aux cheveux bruns perdit pied, tombant sur le sol. Il fit une roulade sur le côté, évitant la lame d’Olin avant de se redresser.

« Ah … Ah … Ah … Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à te combattre ? »

« Car tu sais parfaitement que tu es dans le tort ! »

Dans le tort ? Qu’il est fautif ? Qu’il se trompe ? Quelle idiotie ! Ce n’est pas comme ça ! Il avait ses pouvoirs démoniaques avec lui. Il pouvait facilement gagner contre Olin s’il le désirait. C’est juste qu’il n’en avait pas la motivation ou l’envie.

« Je ne peux pas laisser Tery se battre comme ça. Il a besoin de moi, il a besoin de nous. »

« Non, Elen. Ne t’en fait pas, je le surveilles de loin. » déclara Manelena, plantant sa lame dans le bras d’un soldat de Shunter, de la foudre parcourant le corps de son adversaire avec une certaine aisance, brûlant sa chair. Lorsqu’elle extirpa son arme, le corps encore fumant tomba à la renverse. Elle avait jeté un bref regard vers Tery qui combattait au loin avant d’émettre un simple grognement de mécontentement.

« De toute façon, ni une, ni deux, si ça dégénère, nous serons là pour lui. »

« Je m’en doute, Clari. Je m’en doute mais bon, ce n’est pas pour autant que je suis rassurée. »

« Qui t’a dit de l’être ? Ca n’empêche pas que nous serons prêtes si nécessaire hein ? Mais bon, pour le moment, plus vite on élimine ces soldats, mieux c’est. Mais je dois avouer que je les trouve sacrément résistants, c’est étonnant. »

Etonnant ? Même elle avec ses flèches, avait du mal à réussir à les tuer. Et pourtant, aucune hésitation par rapport aux lignes de Zélisia, elle ne se privait pas pour les utiliser. Le jeune homme aux cheveux bruns luttait du mieux qu’il le pouvait de son côté, recommençant ses frappes sourdes sur Olin.

« Ca ne sert à rien, Tery. Tu es peut-être l’un de ces fichus démons mais tu ne peux pas gagner contre nous. Toi-même, tu as déjà accepté la défaite. »

« Je n’accepte rien du tout car je ne suis pas ainsi ! JE N’ACCEPTE PAS LA DEFAITE ! »

Il avait crié de rage devant sa propre impuissance. Olin n’était qu’un humain ! Un humain sans même les lignes d’Alzar ou Zélisia ! C’était très simple pourtant de le battre. Il suffirait d’un revers de la main pour réussir à l’abattre alors pourquoi ? POURQUOI EST-CE QU’IL N’Y ARRIVAIT PAS ?!

« Ton mental est trop faible. Ta main est confuse. Tu possèdes trop de pensées inutiles. Effaces tout ce qui fût un rapport avec ton ennemi dans le passé. »

Cette voix ? Elle était revenue ? NON ! HORS DE QUESTION ! Il n’allait pas se laisser faire par cette voix ! Il n’allait pas se soumettre à cette voix ! Ce n’était pas le moment de flancher. Même si elle avait raison. Olin n’avait aucune réticence à vouloir le tuer alors que lui-même faisait tout pour ne pas le blesser. La différence de conviction était flagrante.

« Tout ça car j’estime … que ces moments passés ensemble valent encore quelque chose. »

« Qu’est-ce que tu dis dans ta barbe, Tery ? Tu ne veux pas plutôt te laisser faire ? Tu es comme moi, tu sais parfaitement qu’il n’y a aucune issue à ce combat. »

« Il y en a … mais elles ne sont pas droit devant nous. Tu pourrais tout simplement quitter l’armée de Shunter. Surtout que tu n’es pas un mauvais garçon. »

« Tu essaies de me corrompre, c’est ça ? Vraiment ? Alors que tu sais parfaitement que je fais ça pour ma famille ? Que j’ai gravi les échelons dans l’armée car il n’y a avait que des défections tout autour de moi ? Je n’abandonnerais pas le royaume de Shunter contrairement à toi ! Je n’abandonnerais pas ces personnes qui ont eut confiance en moi ! »

« Et moi de même ! Les personnes qui me sont proches savent qu’elles peuvent me faire confiance. Elles savent que je n’irais pas les trahir. Elen, Clari, Manelena, Royan, Elise, et même Sérest et Séran. Tous savent que je me bats pour eux et avec eux ! »

« Que des êtres qui ont abandonné leur nation. Quel sacré groupe. Il n’y a plus rien à sauver chez toi, Tery. Mais bon … Ce n’est pas grave … ce n’est plus grave. Nous allons tout simplement te sauver, oui, te sauver de cette misère. »

Le sauver ? Ils ? Qui donc ? Olin et les soldats ? Ils étaient juste tous les deux en train de se battre. Du moins, c’est ce qu’il croyait avant qu’une flèche ne vienne se plante dans son bras, lui arrachant un cri de douleur. Il se retourna pour voir un soldat, arc à la main, prêt déjà à utiliser une seconde flèche. Sa … SAL… SALOPARDS ! Il n’y avait donc plus de combat en un contre un ? C’était comme ça qu’ils voulaient se battre ?!

Il poussa un grognement de rage avant de tendre sa main en arrière. Celle-ci chercha à atteindre le soldat, la griffe quittant son poing pour venir agripper l’archer, le plaquant contre un mur et éclatant sa tête contre ce dernier.

« C’est comme ça hein ? C’est toujours comme ça ? Alors que je pensais … ah … »

Ah … AH … AH ! Aie ! Il avait mal au crâne ! Ca recommençait. Il recommençait à entendre cette foutue voix qui venait lui adresser la parole ! NON NON ET NON ! Il n’allait pas l’écouter ! Il ne devait pas l’écouter sinon …

Ca allait mal se finir, très mal se finir. Le soldat était mort mais où est-ce que les autres se trouvaient ? Le problème n’était pas là … Olin ! Il devait écraser Olin une bonne fois pour toutes ! NON ! Ne pas le tuer, il avait ncore toute une vite devant lui.

« Non, non et non, je ne dois pas, je ne peux pas, je ne sais pas, je ne dois pas, je ne peux pas, je ne peux pas, je dois le refuser, ah … ah … ah … »

« Qu’est-ce qui te prend, Tery ? C’est la fatigue ? Je n’aurais aucune réticence. La seule solution pour mon pardon est de te tuer. »

Qu’il s’en fout de ça ! Il en a rien à faire ! Il n’allait pas mourir … alors pourquoi est-ce qu’il avait autant de mal à prendre l’ascendant sur Olin ? L’homme était peut-être plus imposant que lui mais ça ne restait qu’un simple soldat. Enfin, un soldat haut gradé mais rien à voir avec Manelena, Royan, un porteur des lignes des dieux voire même un démon.

Ce n’est pas normal ! Il ne devrait pas être aussi faible face à un adversaire comme Olin. Mais quelque chose clochait mais quoi ? Qu’est-ce qui n’allait pas avec lui ? Qu’est-ce qui … non ? C’était parce qu’il continuait de respecter Olin ? Et de l’apprécier ? Est-ce qu’il en serait de même pour Manelena et les autres ?

Stupide, stupide, stupide, c’était juste ridicule. Ce n’était pas une raison logique ! Il allait le prouver en tuant Olin ! Avec vivacité, ce qui choqua Olin, il se plaça à quelques centimètres de lui, des pics de pierre apparaissant sur ses bras et dans ses paumes.

« Comment … cette vitesse ? Mais qu’est-ce que … »

« Pardon, Olin mais tu l’as dit toi-même. On doit s’entretuer. Il faut que l’un d’entre nous survive, n’est-ce pas ? Je n’ai pas d’autre choix. »

Lui enfoncer ce pieu dans le cœur et ensuite, ça sera parfait. Il en serait débarrassé et il allait pouvoir penser à autre chose. Ah … si c’était vraiment aussi simple que ça. Mais pourtant, il s’arrêta dans son mouvement, Olin étant déjà prêt à succomber.

« Zut, zut et ZUT ! Je ne peux pas le faire, j’y arrive pas ! »

Cette impression de trahir définitivement tous ses idéaux. De les bafouer au plus profond de son être, il n’y arrivait pas. C’était tout simplement impossible pour lui.

« Cette hésitation te coûtera la vie, Tery. Sur le champ de bataille, tu es une cible. »

Une cible ? Une victime ? Il eut à peine le temps de bouger avant que la lame d’Olin se plante dans sa hanche. Il cracha du sang, écarquillant les yeux. S’il n’avait pas réagit, il serait mort à l’heure actuelle. Il voulait vraiment l’éliminer. Il voulait vraiment sa mort.

« Aucune hésitation hein ? Tu n’aurais aucune hésitation pour me tuer. »

« Aucune. Si je commence à avoir la main qui tremble, je ne suis plus bon à rien alors. »

« Peut-être que c’est mieux ainsi alors … oui. Je devrais me préparer mentalement de la même façon. Garder en main ce que je dois faire, ne plus avoir peur. Oui. Mais je n’y arrive pas. »

Malgré la douleur persistante à sa hanche, il arrivait à parler normalement ou du moins, à peu près ainsi. Olin était là, en train de le regarder alors que des lignes bleues parcouraient son visage. C’est vrai qu’il maniait l’élément aqueux et depuis tout ce temps, il s’était bien amélioré. S’il n’y avait que ça … sur quoi le juger. Mais non, il était devenu tellement différent e ce qu’il avait connu. Il ne pouvait pas croire qu’il s’agissait de la même personne.

« Je ne vais pas prendre mon temps pour te tuer … mais par mesure de précaution … »

Olin faisait apparaître plusieurs pieux de glace alors que Tery était maintenant en train de courir, lui tournant le dos pour mettre un maximum de distance avec lui. Inutile ! C’était inutile ! Il ne pouvait pas le combattre comme ça ! Il en était convaincu, c’était impossible pour lui que d’espérer blesser Olin. Mentalement, il ne pouvait pas lutter contre de tels souvenirs. Il était conscient de l’imbécillité de sa réaction. Mais tout cela était causé … depuis le début. Depuis qu’ils avaient rencontré les rebelles, tout avait été perturbé et il était à la merci de quiconque. Le fait d’avoir massacré les soldats la dernière fois n’avait été possible que grâce à cette voix dans sa tête, cette voix qui avait réussi à le rendre complètement fou. Cette voix qui tentait encore de prendre le dessus maintenant.

« Tu cherches à t’enfuir, Tery ? Jusqu’où vas-tu pousser le ridicule ? ADMETS TA DEFAITE ET MEURES ! Jusqu’où vas-tu bafouer cette image ?! »

Olin était en rage contre lui alors que Tery avait mis un maximum de distance avec les autres affrontements. Il ne savait pas s’il était en train de pleurer ou si c’était de la sueur qui parcourait son visage mais il n’aurait pas le temps d’y réfléchir à cette allure. La seule chose qui lui importait, c’était de partir le plus loin possible.

« Mais qu’est-ce que Tery fait ? Je vais aller m’en mêler et … »

« Restes plutôt en aide à distance, Elen ! Je vais me charger d’épauler Tery, qu’il le veuille ou non ! » répondit la femme aux couettes blondes avant de se mettre à déplacer avec vélocité grâce aux pouvoirs élémentaires du vent.

Elle passait à côté de chacun des soldats ennemis, laissant une belle entaille sur les hanches pour épauler les rebelles dans leurs combats. Où est-ce que Tery avait réussi à se rendre ? Elle n’arrivait pas à le retrouver. Avait-il emprunté une ruelle ou une autre rue où les combats et les conflits n’avaient pas encore lieu ?

« Je vais peut-être devoir aussi m’en mêler. » murmura Manelena tout en tuant un soldat.

Mais pour l’heure, elle devait se concentrer. Autant Tery avait un certain mal dernièrement, autant elle, elle ne pouvait pas se le permettre. Pfiou … Qu’est-ce qui clochait avec Tery ? Cet homme nommé Olin, elle ne s’en rappelait pas. Etait-ce l’un de ces soldats qui avaient débuté avec Tery dans l’armée de Shunter ? Elle ne se rappelait pas de toutes les faces.


Mais pour Tery, c’était sûrement le cas. Il devait être l’un des rares à ne pas le considérer comme un déchet au moment où … il fut un simple soldat. Ah … Ces instants où les nobles avaient profité de leur lignée pour le rabaisser. Elle s’en rappelait parfaitement et encore aujourd’hui, cela arrivait à l’énerver. Mais elle devait passer outre.

« Tery, arrêtes donc de t’enfuir comme un lâche ! Pour une dernière fois, assumes ce que tu as fait et ce que tu es ! Acceptes ta mort ! »

« Tu … Tu ne m’auras jamais, Olin ! JAMAIS ! TU ENTENDS ET … »

Il eut à peine le temps de regarder le sol qui se gelait sous ses pieds. Un mauvais mouvement de sa part et le voilà qui était en train de glisser. Il … non … NON ! NON NON ET NON ! HORS DE QUESTION DE MOURIR AUJOURD’HUI ! HORS DE QUESTION !

« Je ne me laisserais pas tuer … JE NE SERAIS PAS MORT ! »


Il voulait vivre. Il voulait vivre ! Alors qu’il était tombé, il se retourna pour se retrouver sur le dos. Olin était déjà en train de lever sa main en l’air pour créer une pluie de dards verglacés en direction du jeune homme aux cheveux bruns. S’il se faisait toucher, il était fichu !

Il avait placé ses deux mains devant son corps, ses lignes noires se mettant à briller fortement avant que les griffes de terre ne commencèrent à tripler de volume, formant une lourde carapace de terre tout autour de lui.

« Ça ne suffira pas, Tery. Tu devrais t’en douter pourtant, n’est-ce pas ? »

L’imposant homme abaissa le bras, la pluie de glace finissant par s’abattre sur Tery. Les premiers pics ricochèrent contre la terre durcie autour de Tery, puis la suite finit par se loger dans la terre, commençant à provoquer quelques micros-fissures.


Inutile, c’était inutile. Il ne faisait que retarder l’inévitable. Pourquoi ? Pourquoi ? POURQUOI maintenant alors qu’il n’y avait aucun problème auparavant ? Pourquoi ? Non … Cette voix, elle recommençait à lui parler. Il ferma les yeux, il devait l’accepter. Il devait accepter l’inévitable alors que la voix lui murmurait :

« Abandonne tous les liens qui te relient à ces êtres inférieurs. Abandonne tout ce pour quoi tu t’es battu ces dernières années. Leurs existences n’en valent pas la peine. »

« J’imagine que malgré tout, tu te raccroches à la vie, Tery. Il n’y a aucune raison valide à cela mais ne t’en fait pas, tout sera bientôt fini. »

Olin avait levé une nouvelle fois la main, ses lignes bleues brillant encore plus fortement qu’auparavant. Mais Tery ne pouvait les voir, ayant toujours les yeux fermés, plongé dans une demie-inconscience en entendant cette voix qui continuait de lui parler.

« Observe ceux que tu considérais comme tes amis. Imagine ceux qui t’ont abandonné sans aucune réticence. Ta place n’est pas dans ce monde. Ces sentiments qui t’animent te conduiront à ta perte. Ravage et élimine ceux … »

« Ah .. C’est le rôle de la grande sœur que de protéger son petit frère, n’est-ce pas, Tery ? »

Hein ? La voix de Clari ? Pourquoi est-ce qu’il l’entendait maintenant ? Il rouvrit ses yeux, regardant le visage de la jeune femme aux couettes blondes au-dessus du sien. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elle avait du sang qui coulait de ses lèvres.

« Clari … c’est mon … combat … »

« Un jour, les oisillons doivent s’envoler et quitter le nid. Désolée, Tery. C’est ici que tout s’arrête pour moi … mais j’ai réussi à te protéger, c’est tout ce qui compte. »

Qu’est-ce qu’elle racontait ? Ses yeux se refermaient avant que son corps ne s’affaisse sur le sien. Aie ! C’était quoi cette pointe qui lui faisait mal ? Il releva le corps de Clari, écarquillant les yeux plusieurs fois pour être sûr de bien saisir ce qui se passait. Mal … Mal … Mal … Mal … Pourquoi est-ce qu’il y avait un pieu de glace qui lui traversait le corps ? Pourquoi est-ce qu’elle se soignait pas ? Ses lignes de Zélisia en étaient capables non ?

« Allez, s’il te plaît, Clari, tu vas pas laisser une petite blessure te stopper hein ? »

« Comment est-ce qu’elle a réussi à se déplacer aussi rapidement ? Comme une bourrasque. Elle n’était même pas à ma portée normalement … Enfin bon, elle n’a fait que retarder l’inévitable. C’est dommage mais de toute façon, elle devait mourir elle aussi. C’est une traîtresse comme la princesse de Shunter. »

« Clari … Clari … Clari … »

Le jeune homme aux cheveux bruns continuait de murmurer le prénom de la jeune femme avec insistance. Aucune réaction, il n’y avait aucune réaction. Aucun mouvement ou autre, la jeune femme ne répondait plus. Il ne se souciait plus le moins du monde de ce qui se trouvait autour de lui. Ni même de l’autre pieu glacé qu’Olin préparait.

« Tu vas aller la rejoindre, Tery. Vous serez heureux tous les deux dans l’autre monde. »

Le pieu de glace prit sa route vers le corps de Tery, celui-ci étant toujours couché au sol. Mais au moment de l’atteindre, une griffe faite de pierre noire le stoppa dans sa course, le serrant avec force avant de le briser avec aisance.


« Clari … Clari … Clari … Clari … Clari .. Clari … Clari … Clari … Clari … CLARI ! »

Il avait finalement hurlé son prénom en même temps que les cornes sur son crâne s’allongeaient de plus en plus, faisant maintenant une trentaine de centimètres. La vague magique qui s’échappa de son corps fit fissurer les bâtiments, projetant Olin en arrière alors les yeux de Tery étaient complètement rouges, du sang s’en écoulant.

« Parfait, mon fils. Laisses-toi submerger par ce sentiment. » chuchota une voix en lui.

Chapitre 30 : Sarine

Chapitre 30 : Sarine

«  Sois gentille et je te tuerai avec facilité mais rapidement. »

« Me tuer ? Mais nous sommes déjà morts, n’est-ce pas ? N’est-ce pas paradoxal ? » dit la jeune fille, continuant de balancer ses pieds dans le vide avec insouciance.

« Humpf, ne fais donc pas trop la fière. Tu ne sais pas à qui tu as affaire. »

« Au chevalier d’argent du Diamat, Molno. Plutôt, à l’entité qui dirige l’armure du Diamat. Une entité qui semble exister depuis déjà bon nombre de décennies d’après la puissance qui émane d’elle. Pour un esprit, tu sembles doué. » répond doucement Sarine, ayant un petit rire cristallin bien qu’il résonne dans le temple tel un écho sinistre.

L’homme perd son sourire, les flammes s’éteignant subitement autour de lui. Il n’y a plus rien, seulement l’obscurité puis une flamme réapparait, se mouvant autour de lui. Une seconde, une troisième puis une quatrième. Elles commençaient à danser.

« La vie est comme une flamme. Il suffit d’un simple souffle du destin pour l’éteindre. »

« Ne joue donc pas à la poète. Tu crois vraiment qu’utiliser les ténèbres pour te camoufler est la meilleure idée qui soit lorsque tu veux m’affronter ? »

« Qui … a dit que je me cachais ? » murmura Sarine, son visage réapparaissant en face de Molno, celui-ci ayant un geste de recul au niveau de la tête.

« Tu vas vite voir à quel point je ne plaisante pas avec ça ! JE VAIS TE FAIRE DISPARAITRE, FILLETTE ! »

La main droite de Molno se modifia en griffe, l’homme venant trancher le visage qui se dissipa dans une volute de fumée, un nouveau rire se faisant entendre dans le temple. Où est-ce qu’elle était passée ?! Il n’avait pourtant pas échoué ! Ça aurait dû être plus simple !

« Comment est-ce qu’une enfant comme toi peut faire ça ?! »

« L’esprit est bien plus fort que la chair … tu ne trouves pas ? »

Qu’est-ce qu’elle racontait ? Il écoutait encore sa voix et il se retourna vivement sur la droite, préparant une flamme avant de se mettre à crier : une main décharnée, aux ongles pointus venait de foncer vers son visage, s’arrêtant à quelques centimètres de son visage. Les pointes des ongles se plantèrent légèrement dans la face de Molno, laissant couler quelques gouttes de sang alors que de la sueur froide s’écoulait de son visage.

« NE … TE FOUS PAS DE MOI ! »

« Pourquoi se moquer ? Ces instants sont sérieux. Une âme dépend de l’issue de ce combat. Qui ira rejoindre l’autre monde définitivement ? » souffle Sarine, son visage réapparaissant devant Molno, à quelques mètres de lui. Néanmoins, la tête était maintenant à l’envers bien que les yeux restaient invisibles. Molno poussa un hurlement, courant vers le visage, produisant plusieurs flammes qui vinrent se faire absorber par celles environnantes.

« Les dragons sont éternels et immortels. Du moins, leur puissance est telle qu’ils en donnent l’impression. Mais sais-tu une chose ? Les impressions sont souvent trompeuses, tu ne trouves pas ? N’est-ce pas … Molno ? »

Le visage disparu, une main se posant sur l’épaule de Molno, celui-ci prenant une profonde respiration avant de se retourner pour donner un coup de poing. Encore une fois, la main se dissipa alors qu’il commençait à respirer bruyamment.
Ce n’était pas normal. Cette fillette se jouait de lui depuis le début, car ils étaient dans l’esprit de cette dernière ! Il savait quoi faire alors ! Il éclata d’un rire tonitruant, claquant des doigts alors que le décor se modifiait :

« Soit, je reconnais que dans ton esprit, le combat pourrait poser problème. Mais pourquoi ne pas aller dans le mien ? Que tu vois toutes les horreurs que j’ai subies ? Cela me permettra facilement de te repérer sans que tu puisses te cacher cette fois. »

Les flammes se dissipèrent ainsi que l’obscurité, laissant place à des ruines avec de nombreux cadavres, que cela soit de militaires ou alors de citoyens. Il y avait aussi quelques véhicules, des bâtiments ravagés, des flammes, la parfaite description d’une zone apocalyptique.

« Tu vois ? C’est là, c’est ce genre d’endroits que j’adorai ! OUI ! Qu’est-ce que tu en penses ?! Une bonne vieille guerre où on viole les femmes, tuent les enfants, abat les citoyens, tout simplement pour montrer sa supériorité ! Tu ne pourras pas te cacher longtemps, tu ne le peux plus ! MONTRE-TOI MAINTENANT ! »

Des gravats roulèrent sur le sol, une petite forme se déplaçant sur l’un des petits monts constitués de débris. La jeune fille était là, marchant lentement vers Molno, le visage baissé, le sourire complètement disparu :

« Montrer sa supériorité ? Cela veut donc dire que tu étais non-pas une victime ? »

« Victime ? Des dizaines, des centaines ! Peut-être même un millier ! J’ai été le meilleur d’entre eux ! Le meilleur de ces soldats ! Mais il a fallu que des traîtres décident de m’attaquer dans le dos et de me faire mourir à petit feu. Je me suis juré de me venger et de leur faire regretter ça. Ils l’ont très vite payé. »

« Regretter ? Tu regrettes tes actions ? » chuchota doucement Sarine.

« De ne pas en avoir tué plus quand j’étais encore vivant ? Bien sûr ! Parfaitement ! Rejoindre l’Antre de la Terre, c’était avoir un permis de tuer ! Le monde est une jungle et j’en étais le prédateur absolu ! Le roi ! Celui qui était au sommet de la chaîne alimentaire ! »

« D’accord. C’est tout ce que je voulais savoir. »

« Apeurée ? Tu n’oses plus bouger ? Ne t’en fait pas, je vais arranger ça une bonne fois pour toutes ! TU VAS TRES VITE COMPRENDRE QUI EST SUPERIEUR A L’AUTRE ! » hurla Molno, ses deux mains devenant des griffes avant qu’il ne fonce vers la jeune fille aux cheveux noirs, les griffes traversant son corps comme auparavant, s’enfonçant dans les débris. Elle refit son apparition derrière lui, tournant son dos.

« Le poids des morts t’entraînera dans des abysses sans fond. »

Qu’est-ce qu’elle racontait encore ? Il tenta de retirer son bras droit mais quelques râles se firent entendre. Parmi les décombres, des mains décharnées dont la peau partait en lambeaux venaient planter leurs doigts dans son bras.

« C’est quoi ça ?! QU’EST-CE QUE TU VIENS DE FAIRE ?! C’est mon esprit ! »

« Des âmes désirent communiquer avec toi après tout ce temps. Pourquoi ne pas accepter leurs plaintes ? Cela me semble justifié. »

La jeune fille alla tout simplement s’asseoir sur un monticule de gravats, regardant Molno qui cherchait à extirper son bras des décombres. De son autre main, il frappa avec violence sur celles qui continuaient de l’agripper, arrivant à les déchiqueter mais déjà d’autres venaient les remplacer, les râles se faisant de plus en plus fort.

« BORDEL ! CA FAIT MAL ! CA FAIT … » hurla l’homme considéré comme l’esprit du Diamat avant que son bras ne se déchire du reste de son corps. Des giclées de sang volèrent autour de lui, stationnant dans les airs alors que les mains s’enfouirent dans les gravats, disparaissant avec le bras qu’elles avaient capturé. A genoux, criant sa douleur, l’homme se tourna avec fureur vers Sarine :

« Aucune pitié ! Je n’aurai aucune pitié pour toi ! JE VAIS TE … AH ! »

Sans hésitation, il créa une flamme de sa main encore valide, allant calciner la plaie béante à la place de son bras. Celle-ci se cicatrisa aussitôt. De toute façon, s’il arrivait à dominer l’esprit de cet enfant, il n’y aura plus aucune question à se poser. Elle voulait qu’il se batte sérieusement ? Il allait se battre sérieusement ! PLUS QUE SERIEUSEMENT MÊME ! Il allait tout simplement la briser !

Une aura ténébreuse se forma autour de lui, en même temps qu’il ouvrait et fermait sa main à toute vitesse, un claquement sonore comme celui d’une mâchoire se faisant entendre. S’il arrivait à empoigner la jeune fille, c’en était fini d’elle !

Lorsqu’il arriva à sa hauteur, sa main vint étrangler Sarine, se refermant sur son cou, un sourire carnassier aux lèvres. REUSSI ! Il avait réussi ! Il était le grand vainqueur ! Il était maintenant sûr de gagner et ….

Qu’est-ce … qu’est-ce que ?! Sa main s’enflamma subitement, le forçant à lâcher prise alors qu’il recommençait à hurler. Sa main était en train de se réduire en cendres ?! ELLE SE REDUISAIT EN CENDRES ! Et … c’était quoi ce bruit de verre brisé ?! Il tourna son visage, affolé, regardant à gauche et à droite.

« Ca veut dire quoi ?! POURQUOI EST-CE … »

« Des fois, l’âme part rejoindre un autre monde. D’autres fois … elle se fait dévorée. Certains ne méritent pas de seconde chance. C’est ton cas. Adieu. » souffla la jeune fille alors que le décor commençait à se faire ronger par l’obscurité en même temps que le corps de Molno. Celui-ci, désemparé, tenta de bouger et de s’enfuir mais c’était complètement inutile.

« Comment tu peux faire ça ?! Tu n’es qu’une vulgaire armure-pokémon de bronze ! »

« Tu as voulu lancer un combat d’esprit. Tu as tout simplement perdu. »

« Je n’accepterai pas ça ! JE NE L’ACCEPTERAI PAS ! »

Il ne lui restait plus que le haut du torse, accompagné de son visage bien que celui-ci disparaissait peu à peu dans une brume comme le décor. L’obscurité revenait de plus en plus dans la place alors que le corps de Molno, lévitant au-dessus des gravats, fonçait à toute allure vers Sarine, prenant une forme à moitié animale, comme celle de l’armure qu’il possédait depuis des décennies. La gueule ouverte, de l’écume sortant de celle-ci, les yeux rouges rongés par la folie.

« Penses-tu avoir le choix ? Tu ne l’as pas offert à ceux que tu as tués. »

« Même si je dois disparaître, je t’emporterai avec moi ! »

« C’est vraiment triste … mais en un sens, avec ta mort, je délivrerai des milliers d‘âmes. »

Il était à nouveau arrivé jusqu’à la jeune fille, celle-ci n’ayant pas bougé de sa position. Un unique mouvement, celui de son visage qui se relevait pour fixer longuement celui de Molno, seule chose encore visible en lui. Il ouvrit la bouche, poussant un cri alors que des mains et des dents venaient mordre et déchiqueter sa face, le tirant en arrière pour disparaître à jamais dans les ténèbres. C’en était fini de lui.

« Oh ? Le résultat vient d’arriver. » déclara l’homme aux cheveux blancs-gris alors que l’aura autour de l’armure du Diamat se dissipa. Celle qui planait autour de l’armure du Solochi commençait à grandir, allant jusqu’à envelopper l’armure du Diamat avant de finalement disparaître du côté de l’armure du Solochi.
Celle-ci s’illumina avant de tout simplement s’envoler dans les cieux, brillant dans les astres célestes alors que Waram clignait des yeux, comme chacun et chacune. Ce fut l’homme, chevalier de Démétéros qui dit à nouveau :

« Je ne pensais pas cela possible mais en un sens, il semblerait que Molno ait perdu son combat. Mais qu’importe, tout est fait visiblement. Nous nous reverrons, Waram. Sache que l’intérêt que l’on te porte ne vient que de grandir par rapport à toi-même mais aussi à l’esprit qui est dans ton armure. Sur ce… je dois me retirer. »

Une tempête de sable se souleva subitement, aveuglant Waram et ses compagnons puis plus rien. Plus rien du tout. Lorsqu’ils purent rouvrir les yeux, il n’y avait plus aucune trace de cet homme, celui-ci ayant emporté les deux adolescents avec lui.

« Où … Où est mon armure ? Où est Sarine ? »

Il avait balbutié cela, cherchant à comprendre exactement ce qui venait de se passer. Avec une extrême lenteur, il s’approcha du Diamat de métal, tendant une main vers ce dernier. Son corps lâcha finalement prise, l’adolescent se retrouvant à genoux, épuisé par le combat qui s’était déroulé avant celui des deux êtres dans les armures de métal.

« Sarine ? Sarine ? C’est toi ? Sarine ? »

Il continuait de murmurer le nom de l’armure du Solochi bien qu’il n’obtenait aucune réponse de celle du Diamat. Où était Sarine ? Où elle était ? Il n’avait plus d’armure, plus du tout. Il n’y avait que celle du cadavre sans tête. Sans crier gare, les deux têtes de l’armure du Diamat vinrent se placer autour du cou de Waram, le faisant crier de stupeur.

« AAAAAAAAAH ! Qu’est-ce qui se passe ?! »

« C’est moi, Waram. Je suis de retour. »

Une voix simple et tranquille, rien de plus, rien de moins. Une voix qui se voulait présente pour le calmer. Sauf qu’elle provenait des deux têtes de l’armure. Celles-ci arrêtèrent « d’enlacer » l’adolescent avant que Waram ne demande :

« Sarine, c’est … vraiment toi ? Tu me le jures ? »

« Hum, je pourrai raconter quelques anecdotes de ton enfance aux autres si tu veux vraiment vérifier que c’est moi. Tu veux prendre le risque ? »

« Non ! Non ! C’est bon ! J’ai parfaitement compris le message … parfaitement. »

« Tant mieux alors. Bon … D’après ce qui a été dit, nous pouvons alors aller à l’aéroport dans cette ville et rentrer à l’école. Qu’est-ce que vous en pensez ? Cela me semble être une bonne idée, n’est-ce pas ? Il ne faudra pas oublier de préciser que Waram n’est pas responsable de la mort d’Itarès, ce n’est pas lui le coupable. »

« Attends … Attends un peu, Sarine ! Comment est-ce que tu as réussi à battre Molno ? » demanda Waram, l’armure du Diamat s’immobilisant.

« Tout simplement en ayant un esprit plus fort que le sien, rien de plus, Waram. Allons-y maintenant. » dit Sarine avec lenteur, empêchant Waram de continuer avec ses questions. Il savait qu’il y avait bien plus que ça, beaucoup plus même.

« Je suis d’accord, Sarine a parfaitement raison ! Waram, tu viens par-là ? Je sais que tu ne peux pas te relever, laisse-moi t’aider. »

« Sanphinoa, tu tiens à peine debout. Je m’occupe de lui. » prononça doucement Xalex malgré les petits gémissements plaintifs de l’adolescent. Dommage pour elle mais il valait mieux faire attention à chacun et chacune. Pourtant, lorsqu’elle mit debout Waram, celui-ci la repoussa avec peu de force, sans méchanceté.

« Je peux rester … debout seul. Merci quand même au cas où … »

« Il n’y a pas de quoi mais vu ton état, il vaut mieux alors que Sanphinoa te soutienne … enfin que vous vous souteniez tous les deux. »

Qu’est-ce qu’il venait de dire ? Elle n’avait pas compris ? Pourtant, il s’exprimait correctement non ? Il tenta de se mouvoir mais l’adolescente aux cheveux bleus fut la plus rapide, arrivant aussitôt vers Waram pour que chacun place son bras autour de l’autre.

Quelques heures plus tard, les quatre adolescents étaient dans l’avion, les armures-pokémon étant auprès d’eux, par délégation spéciale, comme cela fut lorsqu’ils étaient arrivé. Maintenant, ils avaient chacun pris place, Sanphinoa à côté de Waram, Xalex à côté de Raon, séparés par le couloir central qui laissait passer les hôtesses.

« Hum ? Ils dorment déjà tous les deux, Raon. »

« Je peux remarquer ça, hahaha. Tant mieux, ils l’ont bien mérité. »

« Je ne peux pas prétendre le contraire. Nous sommes surtout arrivés à temps la première fois. Quand même, la principale et ses pouvoirs psychiques, cela reste toujours aussi surprenant à les voir en œuvre. Dire qu’elle avait prévu qu’ils auraient des problèmes … mais je me demande si elle était au courant que cela se passerait ainsi pour … Sarine. »

Pour toute réponse, Raon haussa tout simplement les épaules, jetant un dernier regard en souriant à Waram et Sanphinoa. Dommage qu’il n’avait pas d’appareil photo sous les mains. Peut-être qu’il pouvait en demander parmi les passagers ?

« Attends un peu, Xalex. Je reviens. »

« Qu’est-ce que tu manigances donc ? »

« Héhéhé, tout simplement la petite surprise du chef si je peux me permettre. » répondit calmement Raon avant de se lever, commençant à questionner les personnes pour savoir qui avait un appareil photo instantané. Il en trouva un, remerciant la personne tout en demandant comment régler le flash pour éviter cela.
« Raon ! Sincèrement, tu n’as pas honte ? »

« Pas le moins du monde. Ca me servira de preuve contre Waram s’il décide de se montrer un peu trop mauvais envers Sanphinoa. Puis bon, avoue quand même que ça vaut le coup d’être immortalisé non ? Tu ne trouves pas ? » dit Raon alors qu’elle soupirait, murmurant que oui.

Assis à côte à côte, Karry et Sarine à leurs pieds, les deux adolescents avaient les mains posées sur le même accoudoir, leurs doigts entrecroisés. Les têtes penchées sur le côté, les deux adolescents dormaient paisiblement, une tête contre l’autre alors que Raon commençait déjà à choisir le meilleur angle pour la photo.

« Parfait, parfait, parfait. En plus, je suis sûr que ça servira d’argument à la principale pour montrer que tout dans ce voyage n’était pas perdu, hahaha. »

« La principale risque de demander une photocopie de ça. Tu devrais plutôt en prendre une seconde au cas où pour elle. »

Hahaha ! Il en était sûr. Il savait pertinemment qu’elle avait décidé de jouer le jeu. En plus, elle avait totalement raison. La principale adorait ce genre de choses. Appuyant sur l’appareil une seconde fois, il reprit sa place après avoir récupéré les deux photographies et redonné l’appareil photo. Héhéhé … Il cacha les deux objets de convoitise, plongeant à son tour dans le sommeil en attendant que l’avion les ramène. Oui, tout était loin d’être fini.

« Je vous écoute, faites-moi donc votre rapport. »

« Tout d’abord, nous tenons à signaler simplement que Waram et Sanphinoa sont à l’infirmerie. Ils se reposent après ce qui s’est passé dernièrement. Malgré le voyage et les jours passés, leurs corps sont assez exténués. »

Contrairement à celui de Raon qui s’exprimait devant la principale et Xalex qui l’écoutait attentivement. La principale hocha la tête, invitant l’adolescent à continuer tout en faisant les cent pas dans la pièce. Cela avait été dangereux, très dangereux, n’est-ce pas ?

« Pourquoi vos pensées sont-elles troublées ? »

« Euh … Ah. Vous devriez éviter de les lire, principale. Enfin, si vous l’avez déjà fait, ça ne sert à rien de vous le cacher plus longtemps. Je pense que cette image pourrait vous faire plaisir. Comme nous savons que vous vous sentiez un peu concernée par Waram et Sanphinoa, comme pour chaque élève de l’école de Gliros. »

Raon s’approche, tendant une photo que la principale aux cheveux verts récupère avec lenteur. Son visage masqué se positionne face à la photographie avant qu’elle ne vienne s’asseoir. Sans un mot, elle fait apparaître un cadre d’une taille parfaite pour la photographie. Raon reprit la parole doucement :

« Nous étions sûrs qu’elle allait vous plaire. »

« Il faut dire que le sujet a quelque chose de vraiment … captivant. Vous semblez l’avoir prise sur le trajet du retour. Sont-ils au courant ? »

« Nullement, c’est ça qui est encore mieux ! Ca sera une grande surprise ! » s’exclama Raon, Xalex ayant visiblement décidé de ne pas parler du tout.

« Oh cela pour une surprise, je pense qu’ils risquent de l’être fortement. Mais maintenant, racontez-moi donc le reste mais merci … pour cette photographie. »

Elle remit correctement le cadre sur son bureau, tourné vers elle alors que l’adolescent du Ouisticram commençait maintenant à expliquer ce qui s’était passé, l’arrivée d’un puissant chevalier à la force colossale, la nouvelle armure pour Waram ainsi que le reste.

« Vous me confirmez que Waram n’a pas cherché à tuer le chevalier d’argent du Diamat ? »

« Pas du tout. Par contre, c’était vraiment étrange le combat entre deux armures. »

« Normalement, vous n’auriez pas dût connaitre ce principe avant quelques années, lorsque vous seriez sortis définitivement de l’école. Mais parfois, il s’avère que nous n’avons pas vraiment d’autres choix que de vous en parler. Ne vous préoccupez plus de cela. Je vais aller voir comment se portent Waram et Sanphinoa. Vous pouvez disposer. »

« Est-ce que l’on peut vous accompagner ? » demanda finalement Xalex alors que la principale aux cheveux verts la regardait, hochant la tête avant de murmurer que oui. Elle n’allait pas les empêcher de calmer leurs inquiétudes quand même.

Quelques minutes plus tard, ils étaient dans l’infirmerie, autour de deux lits voisins. Sanphinoa comme Waram étaient réveillés, la première cherchant à discuter avec le second qui lui-même tentait de l’ignorer sans y arriver.

« Je peux partir quand de l’infirmerie ? Sanphinoa me fatigue. »

« Mais … mais euh … je tente juste de parler un peu avec toi, Waram, c’est tout ! C’est méchant ce que tu dis quand même ! Pourquoi tu dis ça comme ça ? »

« Car tu n’as pas arrêté de me parler depuis une heure. J’ai la tête qui va exploser à force de t’entendre, Sanphinoa. Bon sang, je peux partir quand de l’école au final ? Y a pas une autre mission à me donner ? Et seul cette fois ? Dites ! »

« Hum ? Je pense pourtant que tu es assez doué avec Sanphinoa à tes côtés. » déclara la principale avant d’émettre un rire tendre.

« Qu’est-ce que … Qu’est-ce que vous racontez là ? Et pourquoi est-ce que vous rigolez ? Y a rien de drôle hein ? Je suis plus que sérieux à ce sujet ! Hey ! Je suis sérieux ! »

« Mais moi aussi. Moi aussi. Attends un peu, Waram. » murmura ensuite la principale, plaçant une main sur le crâne de l’adolescent, celui-ci rougissant faiblement en se laissant faire. Il se sentait soudainement apaisé et calmé.

« Qu’est-ce que vous me faites ? Pas de trucs bizarres hein ? » dit-il avec inquiétude. Il avait eu sa dose, plus que tout. Et même si Sarine n’était pas avec lui, il était soucieux pour elle.

« Sarine va bien, ne te fait pas d’inquiétudes pour elle. »

« Facile à dire hein ? Ce n’est pas vous qui avait failli la perdre. On n’a jamais vu votre armure en plus. Donc bon, me dire ça … »

« Bien sûr que tu la vois souvent mon armure. Elle est d’ailleurs professeur dans cette école. Mais je ne te dirai pas de qui il s’agit, loin de là. »

Hein quoi ? Comment ça ? Une armure qui est prof ? Et il n’est même pas au courant. Il se tourne vers Raon et les autres mais ils semblent tous aussi surpris que lui par cette nouvelle. La proviseure reprend d’une voix calme :

« Vous n’avez pas à vous inquiéter. Elle n’est pas dangereuse et ne crée pas de tort mais maintenant, il me faut aller voir Sarine et … »

« NON NON ET NON ! Vous laissez Sarine tranquille ! Elle a besoin de se reposer ! Surtout après tout ce qui s’est passé ! Elle a eu du mal à gagner contre Molno ! »

Molno ? Une rapide lecture des pensées et elle comprit qu’il s’agissait de l’esprit dans l’armure du Diamat avant le transfert. Elle comprenait aussi que contrairement aux paroles de Waram, Sarine avait réussi à battre Molno avec une extrême facilité … sans expliquer comment elle y était arrivée. Néanmoins, le moment n’était pas de se préoccuper de cela, loin de là. Elle répondit sur le même ton qu’auparavant :

« D’accord, d’accord, je n’irai pas la voir. Quant à toi et Sanphinoa, vous allez vous reposer. Vous pourrez sortir demain après quelques tests pour être sûrs que vous alliez bien. »

« Grmbl, je dois encore la supporter, c’est ça ? Ca m’énerve et … AAAAAAH ! »

Il se retrouva soudainement téléporté dans le lit de Sanphinoa, des ceinturons venant l’attacher à ce dernier niveau des bras et des jambes alors que la principale soupirait :

« Pour la peine puisque tu parles beaucoup trop, Waram. Tu vas devoir la supporter encore une journée mais à tes côtés. Sanphinoa, tu peux lui faire toutes les misères que tu veux. »

« Merci beaucoup pour ce beau cadeau ! Waram ! On va parler tous les deux pendant des heures alors ! » s’exclama l’adolescente, Waram criant :

« RELÂCHEZ-MOI TOUT DE SUITE ! JE NE VEUX PAS ET … »

« J’allais oublier une chose fondamentale, quelle idiote je suis. » dit la femme aux cheveux verts, un rouleau de scotch épais apparaissant devant elle, découpant un morceau dedans avant de la coller sur la bouche de Waram. « Cela te calmera, je pense. Je retourne à mon bureau alors. Bonne soirée à vous deux. »

Elle ne se préoccupa pas de l’adolescent qui cherchait à se débattre, le laissant seul avec Sanphinoa qui restait assise dans le lit, amusée par la situation. Xalex et Raon quittèrent la pièce après quelques instants, laissant Waram qui avait fini par s’épuiser.

« Ne t’en fait pas, Waram, je te libère dans une heure. Juste le temps que l’on se repose tous les deux, d’accord ? Ca ne te dérange pas trop ? »

Il ne pouvait pas vraiment répondre mais il hocha tout simplement la tête positivement, étant la seule chose qu’il pouvait mouvoir. Sans un mot, elle lui tourna le dos, bougeant un peu son masque. Il ne comprit pas ce qu’elle était en train de faire mais il ne pouvait pas voir son visage. Elle murmura finalement :

« Quand même, ces derniers jours ont été vraiment … vraiment … vraiment … très épuisants, tu ne trouves pas ? Pas une minute à nous ou presque. Dis-moi, tu voudras juste te promener avec moi dans l’école ? Demain ? Au clair de lune ? Puis aussi un peu après. »

Elle retira en fait le scotch malgré que la principale l’avait mise il n’y avait qu’à peine quelques minutes, Waram gémissant sur le coup avant de dire :

« Ouais, ouais … on fera ça surement … au moins, on sera sûrs de ne pas se faire agresser stupidement. Et oui, c’était une sacrée semaine. J’en ai mal rien qu’en y repensant. »

« Attends, je te libère les pieds mais pas les mains … comme ça tu ne t’enfuis pas tout de suite, d’accord ? Sois juste tranquille pendant que je fais ça. »

Elle ne lui laissait pas le choix de toute façon. Il devait bien obéir, tout simplement. Mais bref, il allait se reposer comme elle, ça ne pourra lui faire que du bien. Et puis, il était … soulagé de ne pas être renvoyé de l’école après ce qui venait de se passer. Oui, soulagé.

« Le contact a été finalement pris. »

« Oh ? Enfin ? Après toutes ces années ? Et alors ? Qu’est-ce que cela devient exactement en ce qui le concerne ? Quelles sont les nouvelles à ce sujet ? »

« Elles sont bonnes. Il semblerait que l’armure du Solochi soit maintenant celle du Diamat. L’esprit s’est parfaitement intégré visiblement. »

« Bien bien bien … et par rapport à l’adolescent, comment deviens-t-il ? J’espère qu’il est à la hauteur de nos espérances, n’est-ce pas ? »

« Il l’est … Deux fois déjà, une pendant ce tournoi et une en Afrique, il a montré qu’il semblait être le candidat idéal pour votre projet. Nous trouverons enfin un remplaçant. »

« Le précédent fut trop … vivant. Je ne permettrai pas une nouvelle trahison. Tout a été préparé et fait pour ce jour ? Il faut que vous continuiez à l’observer. »

« Nous ferons selon vos désirs et vos ordres. Nous avons envoyé comme souvent des personnes dans chaque organisation au cas où. »

Bien, c’était parfait, vraiment parfait. La personne fit un geste de la main pour dire que l’autre pouvait s’en aller, se retrouvant seule après quelques secondes. Le silence plana longuement, jusqu’à ce que des bruits de pas se fassent entendre.

« L’armure attend son propriétaire … qu’importe le nombre d’années qu’il faudra. »

« Il faut briser sa volonté. Depuis des siècles, elle a toujours exprimé sa contrariété, sa haine. Cela est normal … Elle n’apprécie pas le traitement subie. »

« Quelle bonne idée que d’avoir brisé son esprit de telle sorte. Elle est si faible, incapable de se débattre ou de s’enfuir maintenant. »

« C’était le but recherché depuis le début. Briser son esprit, sa volonté, pour la rendre plus docile. Mais elle est ancrée maintenant. Une partie d’entre elle. Elle attend de retrouver sa place légitime. C’est parfait … parfait, oui. »

« Soit. Je repars donc. Que les onze chevaliers restent vigilants néanmoins. Les mauvaises surprises ont l’habitude d’en être, ce qui peut être déplaisant. »

« Ne vous en faites guère, tous sont sous surveillance. Nul ne pourra vouloir s’opposer à nous, cela serait particulièrement stupide de leurs parts. »

« Les hommes sont de nature stupide. C’est pour cela que ce sont des hommes. Ils sont capables des pires absurdités pour arriver à leurs fins. »

C’était le propre des humains que de ne pas tenir compte des êtres qui se trouvaient en face d’eux, qu’importe leur puissance. A nouveau, le silence s’installa, régnant dans le domaine où une brève discussion avait eu lieu, parlant d’une personne en particulier : Waram, nouveau chevalier d’argent du Diamat, armure possédée par un esprit du nom de Sarine.

Chapitre 29 : Changement

Chapitre 29 : Changement

«  Je suis le chevalier de Demeteros. »

« De Demeteros ? Pas du ? » demanda Sanphinoa, suspicieuse et inquiète. Elle n’avait jamais entendu un tel nom de chevalier-pokémon avant maintenant.


« De … car je suis unique. Un peu comme toutes les armures-pokémon, il est vrai … mais totalement différent en même temps. »

Qu’est-ce qu’il racontait exactement ? C’était bizarre comment il parlait. Unique mais en même temps, il ne l’était pas ? Son armure-pokémon, d’ailleurs, personne ne la voyait. Il ne l’avait surement pas prise avec lui. Ca ne changeait pas qu’il était un adversaire qui était plus que terrifiant à première vue.

« Qu’est-ce que vous voulez à Waram ? Vous auriez pu le prendre très facilement si vous vous en étiez occupé tout seul, non ? » dit Xalex à la suite de Sanphinoa.

« Ce que nous voulons ? Oh, je voulais juste juger de sa force en tant que chevalier du Solochi. Il semblerait qu’il soit bien plus que cela, oh oui. »

Bien plus que cela ? En vue de son comportement, ce n’était pas bien difficile de le remarquer … mais ça ne changeait pas que cet homme était énervant et inquiétant en un sens. Qu’est-ce qu’ils pouvaient contre lui ? Même à trois, cela était tout simplement impossible qu’ils n’arrivent, ne serait-ce qu’à l’égratigner. La différence était … trop grande.

« On ne vous laisser jamais Waram ! »

« Qui a dit que je ne pouvais pas récupérer ce dont j’ai besoin ? Vous comptez m’arrêter dans votre état ? Vous êtes tous les trois exténués et fatigués. »

L’homme murmurait cela dans un sourire presque carnassier alors que Waram avait fini par se calmer. Il était maintenant assis dans la cage faite de pierre, les yeux fermés alors qu’il restait parfaitement immobile, sans rien dire.

« Ca ne fait rien ! Je continuerai de protéger Waram jusqu’au bout ! » s’exalta Sanphinoa, déjà prête à se battre malgré que son corps criait sa douleur.

« Sanphinoa, ça ne sert à rien. Si tu te bats comme ça, tu vas juste mourir. » dit Karry, plus neutre qu’elle sur la situation, Sanphinoa criant :

« Je ne les laisserai pas toucher à Waram ! C’est tout ! NON ET NON ! »

« S’il veut le récupérer, on n’a pas trop le choix et on doit lui laisser Waram. »

NON NON ET NON ! Elle se répétait inlassablement ça, criant de toutes ses forces avant de faire apparaître de l’eau autour d’elle. Elle visa le chevalier de Demeteros avec ça mais l’eau vint tout simplement le toucher sans même l’égratigner.

« C’est bon, Sanphinoa. Laissez-les tranquille. »

La voix ne provenait pas de l’un des deux groupes face à face mais de la personne enfermée dans la cage. Waram avait rouvert les yeux, regardant autour de lui avec lenteur avant de reprendre d’un ton neutre et las :

« J’aimerai bien savoir exactement ce qui s’est passé. Mon corps fait atrocement mal et je ne sais pas du tout ce qui se passe. Et qui est ce type ? »

« Wa … Waram ! Attends, je viens te délivrer ! »

Elle semblait maintenant si heureuse de revoir Waram en bonne santé qu’elle ne se préoccupait plus de cet homme. Elle chercha à libérer Waram de la cage mais celle-ci explosa tout simplement en morceaux, arrêtant de l’emprisonner.

« Plus de raison de te garder ainsi si tu as retrouvé la tienne, n’est-ce pas ? »

« Je ne t’aime pas … si tu n’as pas encore compris. »

« Je m’en doutais mais bon, cela fait toujours plaisir de l’entendre de vive voix. »

Cet homme avait quoi ? La quarantaine ? Des cheveux-gris blancs attachés en une queue-de-cheval mais surtout des habits simples. Un pantalon de tissu brun et un marcel noir. Par contre, il était immense mais dans le sens vraiment immense : il devait faire deux mètres voire les dépasser un peu. Et aussi, qu’est-ce qu’il était musclé. Qu’est-ce qu’une montagne comme lui faisait ici exactement ? Et surtout, c’était vraiment un chevalier-pokémon ?

« Mon allure semble t’impressionner. »

« Après les cinq premières secondes, tu n’es qu’un individu comme un autre pour moi. »

« Hahaha ! Voilà ce que j’apprécie. Un tel langage venant de ta part. C’est ça qui te rend si intéressant, si différent des autres … et si on rajoute bien entendu ta petite particularité que tes compagnons ont pu voir de leurs propres yeux. »

« Quelle particularité ? Qu’est-ce qu’il raconte ? Sarine ? Sarine ? »

« J … Je suis là, Waram. Je suis là, ne t’en fait pas. »

Pourquoi est-ce qu’elle semblait si fatiguée quand il entendait sa voix ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il n’aimait pas ça, il n’aimait pas ça du tout. Il voulait avoir une réponse ! Mais mais … son corps lui répondait à peine pour le moment. Il devait faire autre chose.

« Qu’est-ce qui t’arrive, Sarine ? T’as l’air épuisé. Ce n’est pas normal pour une armure-pokémon. Ca veut dire quoi ça ? »

« Ce n’est rien … ce n’est pas bien grave, Waram. »

« Si ! Ça l’est ! Qu’est-ce que ça veut dire ?! Et il se passe quoi ?! Pourquoi est-ce qu’ils sont au sol ces deux-là ?! Je veux savoir ce qui se passe exactement ! Vous ne moquez pas de moi ! Je commence à en avoir marre d’être pris pour un imbécile ! »

« Tu peux tout simplement considérer que tu es le vainqueur. »

« Vainqueur de quoi ? Du combat contre ce type du Diamat ? Je ne savais même pas que j’avais réussi à le battre. On peut m’expliquer ce que ça veut dire ?! »

Puis il tourna son visage vers Sanphinoa. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Son masque … il était fissuré ? Elle était proche de lui, n’osant pas s’avancer vers lui mais il la prit par le bras, le tirant à lui avant de dire d’une voix qui aurait pu paraître énervée s’il n’y avait pas quelques tremblements à l’intérieur :

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Sanphinoa ? Qui t’a frappé aussi violemment au point de te faire fissurer ce masque ? Dis-moi tout. »

« Ce … ce n’est pas bien important, Waram. Pas important du tout et … »

« C’est toi qui est responsable de ça, Waram. C’est toi qui lui a fait ça. » déclara Karry sans même se soucier de la surprise qui se dessina sur le visage de l’adolescent aux cheveux noirs. Comment ça ? Co … Comment ça ? Ce n’était pas possible.

« Pourquoi est-ce que j’aurai fait ça ? Je n’aurai pas réellement blessé Sanphinoa. Pas au point de la blesser comme ça, pas du tout hein ? Hein ? »

Non, non et non. Il n’acceptait pas ça. Pourquoi il blesserait Sanphinoa ? Il la gardait contre lui, tremblant de tout son corps. Autant, il n’était pas très sociable, autant avec Sanphinoa, c’était bien la réelle dernière personne qu’il voulait blesser.

« Sanphinoa … je … suis désolé ? Sanphinoa, j’en suis sûr que je suis désolé. »

« Mais ce n’est pas grave, pas grave du tout. Ce n’était pas de ta faute, tu n’étais pas réellement conscient de ce que tu faisais. Ce n’était pas ta faute. Ne t’inquiète et ne te préoccupe pas vraiment de ça, je te le promets hein ? Regarde-moi, Waram. »

Qu’est-ce que ça voulait dire ? Enfin, elle caressait sa joue pour le rassurer et il se sentait … un peu plus soulagé. Mais il allait avoir besoin d’une sérieuse explication. Pour le moment, il y avait encore beaucoup à terminer là.

« Explications … Je veux des explications ! OU JE VEUX RENTRER A L’ECOLE ! »

« Ce n’est pas vraiment le bon moment pour cela, j’en suis désolée, Waram. »

Xalex tentait de le calmer mais ça ne servait pas vraiment à grand-chose. L’adolescent avait toujours son armure sur son corps mais rapidement, une main faite de pierre sortit du sol, les empoignant, lui et Sanphinoa alors que l’homme aux cheveux gris-blanc les regardait :

« Je ne pense pas que tu sois en position pour avoir ton opinion. »

« Qu’est-ce que … LÂCHE MOI OU JE T’ECARTELE ! » hurla l’adolescent avec rage, commençant à gesticuler dans tous les sens, énervé pour tenter de s’enfuir sans vraiment y arriver. QU’ILS LE LÂCHENT SINON ! Sinon … sinon …

« Et pendant ce temps, je ferai mieux d’en terminer. Itarès, sais-tu quel est le problème dans ce que tu as fait exactement ? »

L’homme s’adressait maintenant au chevalier-pokémon du Diamat, celui-ci semblant très mal à l’aise tout en disant d’une voix qui se voulait rassurée :

« Euh … Le fait que j’ai perdu contre le chevalier-pokémon du Solochi ? »

« Non, non et non. Cela peut arriver à chacun. Non, le problème, c’est que tu as préféré abandonner plutôt que de te battre jusqu’au bout. C’est désagréable. Très désagréable. Sais-tu les premières règles de l’Antre de la Terre ? »

« Cela ne me dit rien exactement. Je … ne crois pas m’en rappeler. Je suis déso … » commença à répondre Itarès avant que sa tête ne quitte le tronc : « lé. »

Un simple coup de poing de la part du chevalier-pokémon du Demeteros et il venait d’abattre l’un des membres de son organisation ? Il reprit la parole :

« Le simple fait que tu abandonnes le combat au lieu de te donner jusqu’au bout. C’est reconnaître que tu es faible, très faible, incapable de te battre correctement. Ce n’est pas ainsi que nous fonctionnons dans l’Antre de la Terre. Enfin, maintenant, tu n’as plus à te poser de questions à ce sujet, là où tu es. »

« Il … il l’a tué … d’un seul … d’un seul coup. »

Et même si Itarès ne portait pas d’armure, cet homme non plus ! Comment est-ce qu’il avait pu faire ça sans aucun problème ? Com … comment ? Hein ? Non, non. Il n’était pas d’accord avec ça, pas d’accord du tout même. Ca ne lui convenait pas. Enfin, ça ne convenait à personne ce qui venait de se passer … sauf une. Un grand éclat de rire se fit entendre de la part de l’armure du Diamat avant qu’elle ne s’écrie :

« Libre ! Je suis libre donc ! Chouette ! C’est parfait ! On fait comme prévu alors ?! »

« Essaye donc si tu en es capable. Mais peut-être que tu devrais expliquer comment cela risque se produire ? Pour qu’il comprenne la situation ? Enfin, ils ? »

« Oh, ça, je veux bien, de toute façon, il comprendra où est son avantage. »

Où est son avantage ? De qui est-ce qu’il parlait ? De lui ? Il n’était pas sûr réellement de trouver un avantage dans ce qu’il allait dire. Pas du tout même. Vraiment pas … En fait, ça ne lui plaisait carrément pas même ! Surtout que l’armure du Diamat avait quelque chose de vraiment glauque, sa bouche s’ouvrant et se refermant plusieurs fois :

« Disons que certains chevaliers peuvent porter des armures qui évoluent au fur et à mesure. Des fois, les armures n’ont pas de propriétaire donc cela est bien plus facile. Des fois, elles en ont un et alors, il faut que le propriétaire abandonne complètement son combat et donc l’armure peut se libérer … ou alors soit mort. »

« Mais cet homme avait alors abandonné le combat ! Il aurait pu être autre chose qu’un chevalier-pokémon ! Un simple humain ! » s’écria Raon, comprenant mieux ce qui venait de se passer ici. Ce … c’était monstrueux !

« Hum ? Quand on rejoint une organisation, il faut alors obéir aux règles. Il n’a pas respecté la plus vitale d’entre toutes. Nous ne sommes pas de bons samaritains, loin de là. »

« Et alors ?! Ca ne nous donne pas droit de vie ou de mort sur autrui ! »

« Quelle candeur. Êtes-vous réellement des chevaliers-pokémon ? Que pensez-vous qui vous attends dans ce monde ? Autour de vous ? Soyez donc un peu réalistes. Molno … Tu peux continuer maintenant alors. Expliques-leur. »

« Hahaha ! Bien entendu, bien entendu ! » s’exclama l’armure du Diamat après la courte discussion entre le chevalier du Demeteros et Raon. « Alors, maintenant, tu dois te dire : mais je ne peux pas porter deux armures ! Et tu as tout à fait raison ! C’est pourquoi il va te falloir faire un choix, hahaha. Car quand un porteur abandonne son armure complètement, celle-ci peut complètement disparaître … du moins l’être à l’intérieur de l’armure. »

« L’être ? Sarine ? Vous voulez que j’abandonne Sarine ? »

« Oh, soit tu l’abandonnes pour obtenir alors une armure à la hauteur de ta puissance, soit alors tu la laisses m’affronter, hahaha. HAHAHAHA ! M’affronter ! Je vais la dévorer toute crue la fille qui est dans ton armure ! »

« Et si je refuse de changer d’armure ? » rétorqua l’adolescent aux cheveux noirs, Molno perdant son rire aussitôt, reprenant :

« Tu te moques de moi hein ? Après la démonstration de force que tu as fait, tu crois VRAIMENT que tu pourras être tranquille et paisible comme si de rien n’était ? Tu crois vraiment que tu peux avoir une petite vie pépère sans aucun problème ? Il ne te faut pas une armure de fillette ! Tu sais parfaitement que tu ne peux faire qu’un seul choix : MOI ! Ou alors … tu crois que cette gamine dans l’armure du Solochi peut me battre ? »

« Waram, est-ce que … tu préfères aller avec lui ? »

La voix de Solochi lui transperça le cerveau. Elle … lui demandait son avis sur le sujet ? Elle ne pensait pas à elle en un sens ? C’était quoi cette question stupide ?

« Et toi ? Tu en penses quoi, Sarine ? Que je sache, tu es libre de tes choix. »

« Je te laisserai décider pour moi, Waram. Je ne ferai que suivre ce que tu désires. Est-ce que tu veux tellement cette nouvelle armure ou non ? »

« Bah … être toujours plus fort, c’est bien. Ca me plait bien quand même, je dois le reconnaître. Puis bon, chevalier d’argent du Diamat, ça en impose non ? »

« Alors, tu as … décidé d’aller avec lui, Waram ? »

« Bah si je vais avec lui, ça veut dire que je n’entendrai plus tes réflexions stupides. Ça ne me plait pas vraiment si je peux me permettre. Je préfère que tu sois avec moi. »

« Alors, d’accord. Je vais le combattre, Waram. Rien que pour toi. »

« Hein ? C’est une blague ? Elle veut se battre contre moi ? HAHAHA ! D’accord, d’accord, la plaisanterie a assez duré, oui. Si tu veux vraiment me combattre, reprend ta forme d’armure et vient donc te poser en face de moi. »

Elle s’exécuta, quittant le corps de Waram pour reprendre sa forme de Solochi de métal alors qu’elle se plaçait peu à peu en face du Diamat métallisé. Il était plus grand qu’elle et plus imposant, chose logique et normale à bien y réfléchir.

« Et là, nous rentrons tous les deux en osmose. Nos deux esprits vont se rencontrer et s’affronter. Celui qui aura l’esprit le plus fort obtiendra alors les faveurs de la meilleure armure. L’autre armure disparaîtra alors pour se réfugier quelque part dans le monde, attendant un nouvel esprit et un nouveau porteur. Tu as compris ? »

« Parfaitement, cela me semble plutôt simple. »

« Simple ? Ca sera avant de me rencontrer. » rétorqua l’armure du Diamat.

« SARINE ! FAIS ATTENTION ! » s’égosilla Waram, peu rassuré par la tournure des évènements alors que les deux armures se rapprochaient … puis plus aucun mouvement. Sauf une sombre aura violette et ténébreuse qui se formait autour d’eux.

Ailleurs, les deux esprits se rencontraient finalement. Plutôt, l’esprit de Molno s’insinua dans celui de Sarine, ayant trouvé l’accès avec une certaine facilité. A l’intérieur, une personne humanoïde regardait autour d’elle, disant avec lenteur :

« Je m’attendais à quelque chose de plus coloré pour une gamine. »

C’était vraiment assez sinistre. Cela ressemblait à un temple abandonné depuis des siècles ou alors celui de rites sataniques et obscurs. Les rares flammes sur les chandeliers étaient de diverses couleurs, éclairant faiblement la pièce alors que l’humanoïde marchait toujours tout droit, ne pouvant détacher ses yeux du décor :

« Bienvenue. Vous êtes Molno, n’est-ce pas ? »

« Hum ? Tu es en train de te cacher, n’est-ce pas ? Montre-toi ! Je te promets que ça ne sera pas du tout douloureux ! Je ferai ça rapidement. »

« Je ne me cache pas. Je suis juste assise, devant vous. Vous devriez mieux ouvrir vos yeux. Je vais vous éclairer, ça sera mieux. »

Deux chandeliers, quatre, six, huit, dix. Des lignes de chandeliers de diverses couleurs s’allumaient subitement, traçant une ligne jusqu’à un imposant cercueil fait de marbre. Assise dessus tout en balançant ses pieds nus dans le vide, une jeune fille à la robe de chambre noire s’y trouvait. Elle ne devait avoir qu’environ six ans, des cheveux noirs cachant ses deux yeux tout en lui allant jusqu’au dos. Seul son sourire était visible sur son visage.

Chapitre 28 : Reddition

Chapitre 28 : Reddition

« Il me plait tellement bien ce petit. »

L’armure du Diamat exultait de son côté, semblant ignorer à moitié son propriétaire alors que celui-ci émettait un petit grognement bien qu’il gardait son calme.

« Au cas où, s’il te plaît, tais-toi, ça sera bien mieux. »

Il avait beaucoup à faire s’il devait s’occuper de ce gamin ! Bon, il fallait voir avec quelques coups d’abord, pour le temps de réaction de ce dernier. Un coup de pied en plein ventre et voilà que Waram tombait à la renverse, se relevant après quelques secondes.

« Tous … Tous … Ils sont tous tués de toute façon. Il ne reste plus personne … même plus elle. Il ne reste plus du tout quelqu’un. Il n’y a plus personne. Hahaha … Plus personne. »

Qu’est-ce qu’il racontait encore ? Qu’est-ce qu’il baragouinait ? Mais ce n’était pas cela qui posait problème, pas du tout même. C’était plutôt le fait que l’armure du Diamat mettait une certaine mauvaise volonté par rapport à tout ça.

« Et ben alors ? Je croyais qu’on devait en terminer avec lui. Tu n’as pas l’air de faire de sacrés efforts hein ? Si je peux me permettre ! »

Il était assez agaçant, contrairement à d’habitude. Agaçant et irritant, ce n’était pourtant pas commun chez lui. Quelque chose l’avait « éveillé » par rapport à l’adolescent ? Tsss.

Ailleurs, le combat continuait de faire rage. Du moins, les deux combats. Pourtant, peu à peu, malgré la soi-disante inutilité de Sanphinoa, les deux chevaliers-pokémon liés au sol reculaient inexorablement, fatigués et exténués.

« Bon sang ! Elle m’épuise cette femme-chevalier du Barpau ! Tu es sûr de pas vouloir que l’on s’entraide tous les deux ?! Ca sera beaucoup plus simple ! » cria le chevalier du Sabelette, faisant quelques pas en arrière, reprenant son souffle.

« Je crois que j’ai pas trop le choix de toute façon. Viens, on va aller les enterrer, ça sera plus marrant à deux ! On va faire s’effondrer le sable sous leurs pieds ! » répondit le chevalier du Kraknoix, cherchant à rire avant de se mettre à tousser, crachant un peu de sang.

« Et merde, ils ont réussi à t’avoir plus que prévu ? »

« A peu de choses près, ouais … C’est moche pour nous. Vas pas falloir se louper hein ? On se concentre et on les enterre tous ! »

« Qu’est-ce qu’ils magouillent tous les deux ? » marmonna Raon, un peu fatigué aussi de son côté. Grâce à l’eau de Sanphinoa, il pouvait supporter la chaleur. Et puis, avec son armure, déjà à la base, ce n’était pas un véritable problème.

Mais bon, du côté de Xalex, c’était tant mieux qu’elle puisse souffler un peu aussi. Le combat allait bientôt se terminer pour tous. Pour l’heure, il fallait surtout supporter leur attaque combinée qui allait arriver d’une minute à l’autre. Cela risquait d’être très dangereux.

Trop dangereux ! Le sol commença à trembler fortement alors que les deux chevaliers-pokémon avaient disparu de leur champ de vision. Ils étaient dans le sol ! S’ils arrivaient à faire ce qu’ils désiraient, ils allaient avoir de …

« Je … Euh … Je ne suis pas sûre de pouvoir me battre après mais si vous voulez bien reculer, je vais les faire sortir de là … »

Sanphinoa avait pris la parole à son tour, se mettant à genoux dans le sable avant de placer ses deux mains dans le sol. Soudainement, deux puissants geysers en sortirent, faisant évacuer les deux chevaliers-pokémon qui poussèrent à l’unisson :

« QU’EST-CE QUI SE PASSE ?! HEYYYYYYYYY ! »

« Finissez-les maintenant ! Je ne pourrai pas tenir très longtemps, je le crois ! Je suis vraiment désolée … mais s’il vous plaît … vite … »

« Xalex ! On ne doit pas gâcher cette chance ! On y va ensemble ! Sanphinoa, tu peux arrêter tes geysers ! On les termine ! » cria Raon avant de commencer à faire une roulade enflammée devant lui. « QUE LA ROUE DU OUISTICRAM T’EMPORTE ! »

« Je ne pense pas que j’irai crier, je suis désolée, Raon. Mais disons que mes dards-venins font te tuer peu à peu ! »

Ce n’était pas grand-chose et elle trouvait cela un peu ridicule de crier le nom de son attaque en même temps mais pourquoi pas ? Waram avait bien fait cela, n’est-ce pas ? Et ça semblait être une généralité à l’extérieur.

Alors que les geysers disparaissaient, le chevalier du Ouisticram percuta violemment de son corps enflammé le chevalier du Sabelette, l’envoyant au loin alors que de nombreux dards forçaient le chevalier du Kraknoix à rester dans les airs pendant quelques secondes. Xalex acheva son attaque d’un coup de pied circulaire dans la tête, l’envoyant auprès de son comparse avant de regarder Sanphinoa.

« Je crois qu’ils ont eu leurs doses. Sanphinoa ? »

« Ca … ça peut aller. Je suis un peu exténuée. Je ne pensais pas arriver à soulever deux corps en même temps. Snif, c’était la première fois que j’essayais. »

« C’est superbe. Mes félicitations, c’est vraiment fort de ta part. Tu vois que tu es puissante quand tu le veux, Sanphinoa ? » dit Xalex en l’aidant à se remettre correctement bien sur ses jambes même si ces dernières tremblaient.

« Il faut que l’on aille aider Waram ! On n’a pas le temps de se préoccuper de moi ! »

Pas le temps du tout même ? C’est vrai. Elle n’avait pas tort. Pas du tout tort. Il fallait se rendre vers le combat de Waram. Xalex regarda une dernière fois les deux adolescents couchés sur le sol, dans leurs armures. Ils respiraient encore à première vue. Tant mieux, ils n’avaient pas eu pour principe de les tuer, ce n’était pas leurs genres. Il fallait retrouver Waram maintenant ! C’était le plus important à l’heure actuelle.

« WARAM ! »

Un seul cri, de la part de Sanphinoa alors que l’adolescent était allongé sur le sol, un sourire aux lèvres, baignant dans son sang alors que l’armure du Solochi laissait voir de nombreuses fissures à cause de trop nombreux coups reçus.

« Pourquoi ? Pourquoi j’ai l’impression que tous mes coups sont inefficaces ?! »

Même s’il avait retrouvé son calme devant un tel adversaire, ce n’était pas logique qu’un simple adolescent, chevalier du Solochi, soit capable de rester debout après tout ce qu’il venait de lui faire subir. Pourquoi ? Pourquoi ?

« C’est pas logique. C’est illogique. Ce n’est pas normal, ce n’est pas naturel. »

« Roh ? Me dit pas que t’as les chocottes qu’il se la joue façon mort-vivant ? » rétorqua l’armure du Diamat dans un petit rire.

« Ca n’a rien de drôle ! Regarde-moi ça ! On ne dirait plus qu’une loque ! »

« Tuer … ou être tué … n’est-ce pas ? Tuer … ou être tué. Chaque pas me rapproche inexorablement de la mort. Chaque pas m’emmène de plus en plus vers eux. Tuer … Ou te tuer … Tuer ou te tuer … Tuer … Tuer … Tuer … » répéta Waram à chaque instant, s’étant remis debout, le corps en sang. Il devait le tuer s’il ne voulait pas être tué.

« Waram ! Waram ! Attends ! Nous sommes là ! On vient t’aider ! »

Sanphinoa avait retrouvé quelques forces, courant vers l’adolescent aux cheveux noirs. Celui-ci tourna ses yeux rouges vers elle, lui donnant une puissante baffe avant de crier :

« Si tu ne veux pas être tuée, DISPARAIS ! »

« Waram ! Qu’est-ce que tu fais ?! Sanphinoa veut juste que l’on t’épaule ! » s’écria Xalex alors que Raon aidait Sanphinoa à se remettre debout.

« Berserker ? La colère ? La haine ? C’est peut-être ça en fin de compte. Mais pourquoi est-ce qu’un adolescent comme lui en est capable ? Ce n’est pas normal. »

« Hahaha ! Parfait ! Vraiment parfait ! Superbe ! Je l’adore ce gamin ! »

L’armure du Diamat exultait de joie en voyant Waram, une aura violette se formant autour de lui, un souffle de vent commençant à paraître. Le sable fut soulevé, provoquant un léger halo autour de Waram alors que celui-ci reprenait :

« Tuer … quiconque peut tuer … tuer … sans être tué … TUER ! TUER ! TUER ! »

« On doit aider … Waram. Il n’est plus lui-même. » commença à sangloter Sanphinoa alors que Xalex et Raon la retenaient pour l’empêcher d’aller rejoindre Waram. Celui-ci était plongé dans son combat, c’était inquiétant, très inquiétant … mais ils ne pouvaient pas se mêler de cela, pas du tout même. Gloups … Et cette puissance, rien à voir avec celle qu’il avait dans le colisée. C’était totalement différent.

« TUER TUER TUER TUER ! »

« IL ATTAQUE CETTE FOIS ! PREPARE-TOI ! » cria l’armure du Diamat.
Comment ça, il attaque ?! Ca faisait depuis quinze minutes qu’il prenait des coups sans répliquer et maintenant, il avait décidé de réagir ?! Une blague ! Ce n’était qu’une vaste blague qu’il n’appréciait pas du tout !

Il tenta de parer le coup de poing mais lorsque son bras vint le stopper, un hurlement strident le paralysa sur place. Juste le souffle du coup avait été tellement puissant … qu’il avait cru entendre un dragon en face de lui. D’ailleurs, cette impression ne le quittait pas alors qu’il croyait apercevoir la gueule de cette monstrueuse créature en face de lui, bouche grande ouverte, parcourue de dents, de la salive s’écoulant sur son armure.

« C’est … c’est juste une illusion hein ? Hein ? Ce n’est pas possible là. »

« Qu’est-ce qu’il raconte ? Une illusion ? Waram est juste devant lui, en train de charger son attaque. Il ne fait rien d’autre. » dit Raon en observant le combat, les deux femmes-chevaliers hochant la tête positivement bien que chacun était soucieux.

« Tuer … ou être tué … tuer ou être tué … je te tuerai, tout simplement. Il n’y a rien d’autre qui t’attends à part la mort. Rien que ça. Je te tuerai … je te dévorerai tout cru. »

« Waram, c’est juste une expression hein ? » bredouilla Sarine alors qu’elle entendait les halètements de l’adolescent aux cheveux noirs.

Un coup de poing … et l’armure du Diamat fut grandement fissurée au niveau du torse. Des flammes violettes sortirent du dos d’Itarès, ayant traversé l’intégralité de son corps alors que celui-ci avait un soubresaut, restant sur place.

« C’est .. quoi … ces flammes ? »

Il n’en avait jamais vu de pareilles auparavant. Il fit quelques pas en arrière, son armure commençant à briller avant de reprendre la forme d’un Diamat de métal, petit dragon bicéphal. Waram restait sur place, soufflant :

« Tuer ? Tu n’es pas encore mort. Pas du tout. Il faut … arranger ça. »

« C’est bon, j’ai parfaitement compris. J’ai perdu le combat. Tsss … Je n’arrive pas à le croire. J’arrive vraiment pas à le croire que j’ai perdu face à un jeunot. »

« Ah ça, faut pas se leurrer, t’as été nul, carrément nul ! » s’exclama le Diamat avec entrain, malgré les fissures sur son corps.

« Merci d’en rajouter, ça fait toujours plaisir de savoir que je suis soutenu par toi. »

« Hey, hey, hey, Itarès, tu pensais quoi ? Que j’étais un bon samaritain ? »

Tss, il savait parfaitement que ce n’était pas le cas, que c’était tout le contraire. Mais maintenant ? L’adolescent aux cheveux noirs ne semblait pas retrouver ses esprits. Il continuait de ricaner, se mettant soudainement à quatre pattes.

« Je vais dévorer ton âme … ta chair sera la première à mourir. Ton âme viendra après. JE VAIS TE TUER ! TE TUER ! »

Sans crier gare, il commença à galoper vers Itarès, comme un animal fou, sans même regarder en arrière. Il ne semblait guère conscient de ce qu’il était en train d’accomplir ou faire, Itarès, poussant un grognement, lui donnant un coup de pied qui le stoppa dans son mouvement … sans pour autant le renvoyer en arrière. Il était juste immobile, le pied enfoncé dans sa joue, sa tête penchant sur le côté.

« Mais tu es quoi ?! UN MONSTRE ?! »

« La mort nous entoure. Je t’emmènerai dans l’autre monde ! »

« WARAM ! ASSEZ ! WARAM ! »

Elle criait de toutes ses forces, cherchant à concentrer le peu d’énergie qui lui restait dans sa voix. Mais Waram était comme sourd et imperméable aux suppliques de l’adolescente. Il agrippa violemment le pied d’Itarès, ricanant avant de reprendre :

« Alors, en haut … » dit-il tout en soulevant le corps de l’homme avec aisance vers les cieux. « Puis en bas ! ET ON RECOMMENCE ! HAHAHAHA ! »

Le corps s’affaissa violemment sur le sol, recommençant trois fois jusqu’à ce que l’homme arrive à s’extraire de la main de Waram, se remettant debout. Néanmoins, il chancela, son front s’étant ouvert sous les attaques de l’adolescent.

« C’est quoi cette force ? Comment est-ce qu’il peut encore être aussi fort après tout ça ? »

« Je sais pas mais je trouve ça bien plaisant. Et dire que sans moi, tu risques d’y laisser ta peau ! Sauf s’il se décide enfin à intervenir au lieu de nous regarder ! »

« J’aimerai bien qu’il intervienne maintenant sinon je donne pas cher de ma peau. »

« Hahaha ! Ca fait quoi de ressentir la crainte et la peur ? C’est quelque chose que chacun vit au quotidien. La peur de mourir … Hahaha ! »

L’adolescent continuait de s’exclamer, se remettant à quatre pattes alors que l’armure semblait maintenant incapable de s’exprimer. L’homme tenta de se mettre en position de défense mais son corps ne vint pas lui obéir.

« Je … JE NE PEUX PLUS BOUGER ! »

« Ah ça, ça veut donc dire adieu, si j’ai compris ? HAHAHA ! Bon ben, salut ! » s’exclama Molno tout en faisant quelques mouvements avec les pattes, signe de son amusement par rapport à la situation. Il n’avait jamais eu de fidélité par rapport à Itarès.

Pourtant, lorsque l’adolescent se jeta sur Itarès, il fut violemment repoussé en arrière, une cage faite de pierre se formant tout autour de lui, comme on le ferait à un animal sauvage. Une voix masculine poussa un profond soupir :

« C’est donc ça la puissance du chevalier d’argent du Diamat ? »

« Vous … vous êtes là donc ? Vous ne m’aviez pas dit qu’il était à ce point différent ! »

« Différent, différent. Tu es pourtant d’une caste de chevaliers supérieure à la sienne. »

Un homme sortit du sol à côté d’Itarès, tenant les deux adolescents-chevaliers dans ses bras. Il devait avoir environ une quarantaine d’années par rapport aux traits de son visage. Il reprit calmement, disant à Itarès :

« Ils se sont battus jusqu’au bout pour tenter d’obtenir la victoire. Ils ne se sont pas inquiétés, ne serait-ce qu’un instant, de ce qui pourrait leur advenir. Ils ont mérités d’être dans notre organisation. Quant à toi, Waram, tu es bien plus surprenant que tu ne le parais. »

L’adolescent cherchait à briser les barreaux de pierre mais étrangement, il n’y arrivait pas. Il commença à tourner dans la cage faite de pierre, jusqu’à ce que Sanphinoa, Raon et Xalex arrivent à sa hauteur, la femme-chevalier du Nidoran femelle demandant :

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Vous êtes un ennemi, n’est-ce pas ? C’est vous qui avez envoyé ces adolescents et qui est responsable de cette tempête ! »

« Il est vrai que je suis capable de manipuler les éléments terrestres à un élément bien plus impressionnant et grand que les petits tours de magie des apprentis de mon organisation. »

« Pourquoi est-ce que vous voulez capturer Waram ?! » s’écria Sanphinoa, plus hargneuse que d’habitude, malgré la fatigue qui l’habitait.

« Oh ? Cela ne te concerne pas, jeune fille. Ce n’est qu’une méthode comme une autre pour s’accaparer une force nouvelle et potentiellement puissante. »

« Ca ne répond pas du tout à ma question ! PAS DU TOUT ! »

Elle n’en pouvait plus. Aujourd’hui, ce n’était vraiment pas le bon jour ! Même elle, qui, d’habitude était calme et réservée, elle commençait à bouillir. Qu’est-ce qu’ils avaient tous avec Waram ?! Et cet homme, c’était qui ?!

« Votre nom aussi ! Dites-le nous ! Vous êtes un chevalier-pokémon ?! »

« Pourquoi est-ce que tu ne jugerais pas de ma force ? Si vous êtes des chevaliers-pokémon, vous devriez en être capable, n’est-ce pas ? Ne me décevez pas maintenant. »

Evaluer son niveau de puissance ? Oui, ils en étaient capables mais il se vantait un peu trop. Derrière son masque, elle commença à jauger l’homme avant de de s’arrêter immédiatement. Mal, elle se sentait mal, elle était mal à l’aise. Elle avait la nausée. C’était … c’était quoi ça ? Il … Il était quoi ? Cet homme ? Cet … Cet homme était qui exactement ?

Chapitre 27 : Sans retour

Chapitre 27 : Sans retour

« Je ne comprends pas exactement ce qu’ils ont à vouloir de lui alors qu’il est beaucoup plus faible que moi. Ce n’est qu’un gamin qui ne porte qu’une armure-pokémon de bronze. Il n’y a vraiment pas grand-chose à craindre. »

« Méfies-toi quand même. Si l’un des trois est présent et t’a demandé ça, c’est qu’il y a quand même une petite importance de son côté. »


L’homme haussa les épaules, visiblement peu impressionné par les dires de son armure-pokémon tout en fixant Waram. Qu’est-ce qu’il avait de spécial ? Qu’est-ce qu’il avait qui le rendait si spécial hein ? Rien du tout ! Rien du tout ! Il ne devait pas le montrer mais il était vraiment agacé par le fait qu’ils s’intéressent à la version inférieure de son armure-pokémon.

« Ca peut être un simple accident si je le tue non ? Molno ? »

« Pas vraiment, Itarès. Je ne crois pas que la théorie de « l’accident » soit acceptée. »

Tss ! L’adulte fit un petit grognement à son tour, remarquant que Waram avait le même tic. Visiblement, ceux qui portaient des armures-pokémon « liées » entre elles avaient un petit trait de caractère qui les rassemblait.

« Je vais te montrer de véritables flammes issues des dragons. NON ! Je vais te montrer la puissance véritable des dragons ! Tu ne seras plus qu’une loque après mon passage ! Que la rage du Diamat t’emporte sous ses flammes ! »

Les deux visages issus du masque poussèrent un cri sonore avant que des flammes n’en sortant, de couleur violette, Waram se plaçant en position de défense. Elles semblaient tellement plus dangereuses que les siennes. Il comprenait aussi une chose : s’il n’évitait pas ces flammes, il allait avoir de sérieux problèmes. Il sentait que se faire toucher par des flammes issus de la même force que la sienne, c’était dangereux, très dangereux même. Beaucoup trop pour qu’il puisse ignorer ça ! IL DEVAIT ENCORE COMBATTRE ! Ou alors réagir le plus tôt possible ! Crier à son tour ?!

« La morsure du Solochi brisera ta colonne vertébrale ! »

« Pour ça, il faudra réussir à traverser mes flammes ! AH ! VIENS DONC ! »

C’était demandé si gentiment qu’il n’allait pas refuser une telle proposition de ce type. Mais avant, il devait réagir et faire quelque chose pour éviter les flammes ! AH ! Pourquoi pas ? Son poing s’enfonça dans le sable, créant une vague qui vient s’abattre devant Itarès.

« Il n’aurait quand même pas osé faire ça ?! IL CROIT QUE JE VAIS TOMBER DANS LE PANNEAU ?! IL VA VOIR ! »

Il avait un sacré tempérament, comme Waram. Les deux flammes issues de son masque à double face volèrent vers les côtés alors qu’il préparait déjà ses poings pour attendre Waram en face de lui. Néanmoins, l’adolescent n’était ni devant lui, ni sur les côtés. Il se retourna vivement pour préparer une contre-attaque … mais il n’était pas là non plus ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Où est-ce qu’il était passé ?!

« AU-DESSUS DE TOI ! »

Hein ? Comment ça ? Il leva la tête vers le ciel mais il n’y avait rien ! AH ! Il ne s’était pas retourné ! Il devait se remettre comme auparavant s’il voulait voir Waram ! Mais c’était déjà trop tard et l’adolescent était en train d’atterrir sur lui, pied en avant, prêt à le lui enfoncer dans le visage. Pourtant, avec agacement, Itarès attrapa le pied de Waram avant qu’il ne l’atteigne, lui disant sur un ton énervé :

« N’OUBLIE PAS TA PLACE ! L’AVORTON ! »

Il le souleva avant de le plaquer dans le sable, recommençant plusieurs fois par finir pour le jeter sur le côté. L’adolescent chercha à se remettre bien mais Itarès se retrouvait déjà auprès de lui, collant son genou dans le ventre du chevalier-pokémon du Solochi.

« Je crois bien que tu mérites une petite leçon ! Tu pensais faire quoi hein ? Me blesser ? Ce n’est pas un avorton comme toi, un simple chevalier-pokémon de bronze, qui pourrait m’atteindre ! N’oublie pas ta place dans la hiérarchie ! »

Un coup de poing, puis un autre, puis un troisième. Il retenait Waram par une main tandis que l’autre le frappait avec force et violence. L’adolescent tenta de répliquer mais des flammes violettes vinrent stopper son propre poing.

« PAS TOUCHE ! Tu ne comprends pas ?! Il faut que je te fasse rentrer ça comment ?! Pour quoi est-ce que tu crois te prendre HEIN ?! POUR QUI ? »

« Ohla, il y va pas de main morte. »

Ce fut le chevalier de bronze du Sabelette qui avait prononcé ces mots en regardant comment Waram se faisait maltraité par son adversaire. Bon, de son côté, il avait aussi du travail ! Et comment est-ce qu’il se débrouillait à côté ? Ca semblait pas si mal se passer que ça quand même. Ils avaient normalement de quoi …

« RAON ! Je viens t’aider ! »

Tss ! Voilà que la femme-chevalier du Barpau se mêlait de ce qui ne le regardait pas. Il remarquait aussi qu’elle passait d’un ami à un autre. Elle savait parfaitement qu’elle était inutile hein ? Avec ses projections aqueuses et ses petites tentatives désespérées pour tenter de les aider. Elle était tellement ridicule, tellement ridicule ! TSSS !

« Qu’est-ce qu’elle fait exactement, celle-là ? »

« Je sais pas mais elle me parasite mon combat ! J’arrive pas à me concentrer ! Essaye de t’en occuper pour qu’elle ne bouge plus ! Définitivement s’il le faut ! » cria le chevalier-pokémon du Kraknoix face à Xalex.

Il avait déjà assez de préoccupation avec son adversaire ! C’était une bonne femme, il le savait ! Enfin, une adolescente comme lui ! Mais qu’est-ce qu’elle était douée ! Le chevalier du Ouisticram semblait aussi pas mal. Par contre, la femme-chevalier du Barpau, c’était différent. Elle était nulle, mais vraiment nulle dans le fond quoi ! Il n’y avait rien à faire.

« Hey ! J’ai une idée, on va travailler ensemble ! »

Voilà que Rayan s’écriait à Barno, le chevalier du Sabelette se tournant vers son compère du Kraknoix. Travailler ensemble ? Ca veut dire quoi ça ? Travailler en équipe ? Tous les deux ? Pourquoi pas ? Même si c’était quand même pas si dramatique que ça entre eux !

« Bof, ça me tente pas trop, Rayan. On tente quand même d’y arriver seuls quoi ! »

C’est comme il voulait, c’était juste une proposition. Mais faut dire que Sanphinoa était agaçante. Elle n’était pas du tout puissante maintenant qu’ils savaient à quoi s’attendre mais ça ne changeait rien du tout ou presque ! Elle était agaçante et ça empêchait d’être pleinement concentré face à eux, voilà tout ! C’est ça le gros problème !

« PUIS ZUT ! Je vais la crever ! L’autre, je me le ferai après en avoir terminé avec elle ! » hurla Rayan. Comme Barno ne voulait pas qu’ils s’entraident, il allait buter Sanphinoa, ensuite, il s’occuperai du second ! Ça lui fera plus de prestige pour l’organisation !

Pour l’heure, il avait du ménage à faire avec Sanphinoa. Celle-ci ne s’attendait pas à ce que le chevalier du Kranoix ne fonce vers elle, commençant à faire quelques pas avant de tomber en arrière, tentant de mettre ses bras pour se protéger.

« HEY ! Ne change donc pas de cible en cours de route ! » cria une voix féminine, Xalex donnant un coup de pied à Barno pour le stopper dans sa course. Rapidement, la femme-chevalier du Nidoran femelle était déjà en position devant Sanphinoa : « Relèves-toi, je te protège en attendant. Sincèrement, Sanphinoa, tomber comme ça en plein combat … »

« Par … Pardon … je ne l’ai pas fait exprès. »

« Je le sais bien mais parle-moi et relève-toi vite ! Le temps qu’il comprenne ce qu’il vient de se prendre dans la tête. Pendant ce temps, je dois préparer quelques dards empoisonnés pour bien l’accueillir. Je vais lui montrer comment on combat ensemble. »

« Oui ! Je suis debout, Xalex ! Regarde donc ! » s’écria l’adolescente aux cheveux bleus, entendant un petit rire de la part de Xalex. Il n’y avait rien de drôle.

« Même avec ton masque, on sait que tu es en train de faire la moue, Sanphinoa. Je ne pensais pas à mal, ne t’en fait donc pas, loin de là. »

« Je sais bien mais ça change pas que c’est quand même embêtant. En plus, je regarde tout le temps comment Waram se débrouille et euh … voilà, je suis très inquiète. J’aimerai vraiment pouvoir l’aider mais il ne veut pas de moi. »

« Sois juste patiente. En attendant, accompagne-moi contre ce chevalier-pokémon. »

Elles étaient deux femmes-chevaliers. Elles devaient alors se serrer les coudes non ? C’était comme ça entre elles ? Surtout depuis que Sanphinoa savait qu’elle était une femme-chevalier comme elle. D’ailleurs, il allait peut-être nécessaire de retirer cette capuche pour se battre contre cet adversaire. Elle commençait à étouffer sous cette chaleur. Si on rajoutait en plus le fait qu’elle combattait, autant dire que ce n’était pas vraiment la joie sous tout ça.

« Tu as ta dose ? Ou tu veux en veux encore ? »

« Tuer … ou être tué. Tuer … ou être tué. »

Il était couché dans le sable, le visage sur le côté, regardant à peine le chevalier d’argent du Diamat en face de lui, qui s’avançait peu à peu. Tuer ou être … tué. Tuer … ou être tué. C’était comme ça et pas autrement. C’était comme ça … et pas autrement.

« Waram, Waram ! Waram ! Réponds-moi ! WARAM ! »

« Il faut juste … que je le tue … avant qu’il ne me tue, n’est-ce pas ? C’est juste comme ça hein ? Et pas autrement ? N’est-ce pas ? Sarine ? C’est juste comme ça ? »

« Qu’est-ce que tu racontes, Waram ? Remets-toi debout plutôt. »

« Je vais juste le tuer en premier. Ca sera alors beaucoup plus simple pour après. Oui, ça sera beaucoup plus simple, j’en suis certain même. »

« Waram, tu m’inquiètes. Relèves-toi maintenant. » répéta encore une fois l’armure du Solochi alors qu’il tremblait, tout son corps parcouru par des spasmes nerveux.

« Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Sarine, je ne veux pas mourir. Je ne veux pas mourir. Sanphinoa ne doit pas mourir. Non, non, non, elle ne doit pas mourir elle aussi. Je ne la laisserai pas mourir. »

« Sanphinoa ? Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Elle n’est pas à nos côtés, Waram. »

Quelque chose clochait chez l’adolescent. Il s’était relevé après une bonne minute, son corps semblant comme désarticulé. Le chevalier d’argent du Diamat s’arrêta dans ses mouvements de marche en direction de l’adolescent, disant avec ironie :

« Alors, tu es encore capable de te battre ? Quelle blague. »

« Fais gaffe, y a un truc qui est différent là. C’est pas forcément bon signe. »

« Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse, Molno hein ? Me dit pas que t’as peur de ce gamin ? Toi, le grand méchant Diamat ! AH ! Je vais te montrer comment je m’en occupe. »

Il n’allait pas perdre plus de temps à palabrer avec un trouillard ! Ce gamin était au seuil de la mort ! Ca se voyait parfaitement ! Il s’en foutait complètement qu’il ne devait pas le tuer ! S’il le blessait gravement, ça serait pareil ! Il suffisait juste de l’emmener de telle façon qu’il trépasse, il pouvait facilement une raison pour ça ! AH ! Oui !

« Même pas besoin de t’attaquer réellement, un simple coup suffira à t’emmener au tapis ! »

Le poing gauche d’Itarès se logea bien dans la face de Waram bien que celui-ci ne bougea pas, seul son visage penchant sur le côté à cause du coup. Ah oui ? Encore debout après ça ? Et qu’est-ce qu’il pensait d’un second ?! Et puis d’un troisième ? Même si ce n’était qu’un gamin, il n’aura aucune réticence à utiliser toute sa force s’il le fallait !

« Alors ?! On ne bronche même plus ? Tu as eu ta dose ? »

« Tuer ou … être tué.  Tuer … ou être tué. »

« WARAM ! S’il te plaît ! Dis-moi quelque chose au lieu de te laisser faire ! Sinon, je serai obligée alors de quitter ton corps pour te défendre ! »

C’était une solution de dernier recours. Une ultime solution si elle devait accéder à ça mais … elle ne voulait pas arriver à ça. Elle ne voulait pas tomber jusqu’à faire ça. C’était trop … dangereux ensuite. Elle sentait que ça serait totalement différent si elle faisait ça et … hein ? Elle ne pouvait même pas quitter le corps de Waram. Pourquoi ? Ca lui rappelait quelque chose. Pourquoi ? Le tournoi ! LE TOURNOI ! C’était en train de faire la même chose qu’au tournoi ! Elle ne devait pas laisser faire ça !

« Waram ! Ecoute ma voix ! WARAM ! JE TE PARLE ! ECOUTE-MOI WARAM ! »

« Bon, il commence à être fatiguant de rester debout. Je vais juste le tuer une bonne fois pour toutes. Ca sera aussi simple que ça. »

Le chevalier d’argent du Diamat chargea son poing droit, prenant appui sur ses jambes. Waram ne bougeait même plus, ça serait le dernier coup à donner et ça serai fini ! Qu’il crève ! Il s’expliquera ensuite au chef ! Le coup traversa le corps de Waram mais dans le premier sens du terme. Itarès s’écroula dans le sable, se relevant aussitôt avant de se retourner vers Waram. Il était pour sûr d’avoir réussi à le toucher !

« Ca veut dire quoi ça ?! »

« Je ne sais pas, recommence pour voir. Au cas où et … »

La tête de Waram se pencha en arrière, un sourire mauvais aux lèvres avant que le reste du corps ne fasse un salto, son pied gauche percutant le sommet du crâne d’Itarès, lui enfonçant ce dernier dans le sable. Un petit rire se fit entendre de la part de Waram alors qu’une aura ténébreuse se formait autour d’Itarès, celui-ci agrippant le pied de Waram pour le projeter dans les airs. Néanmoins, cette fois-ci, l’adolescent arriva à se réceptionner alors qu’Itarès semblait au bord de la folie, enragé.

« Il s’est foutu de ma gueule depuis le début ! IL EST EN PARFAITE SANTE ! »

« Ce n’est pas ça. Regarde bien, son corps est blessé, toujours blessé. »

« Ah ouais ? C’est vrai. Mais ça veut dire quoi alors ? C’est quoi ça ? »

« Qu’est-ce que je suis censé en savoir au final ? Sauf que maintenant, ça veut tout juste dire qu’on va avoir sacrément du mal à accomplir notre mission. » termina de dire l’armure du Diamat sur le corps de l’homme.

« Du mal à la réussir ? Tu te fous de moi ? Je n’abandonnerai pas ! Pas contre un avorton ! »

« Je t’ai juste prévenu. Si tu veux faire le fou, libre à toi. »

« Faire le fou ? Mais c’est comme ça que sont les chevaliers ténébreux ! Mais maintenant, je crois que j’ai juste besoin … »

L’homme prit une profonde respiration, l’aura ténébreuse s’amplifiant autour de lui alors qu’il venait s’accroupir pour faire quelques mouvements. Lorsqu’il se releva, il semblait presque comme un autre homme, disant :

« Voilà. Il fallait juste que je me calme un peu. »

« Tant mieux. Maintenant, tu peux aller lui exploser le crâne. »

« Quoi ? Tu rigoles, j’espère. On doit le ramener en vie. Je vais juste lui briser les deux bras et les deux jambes. Comme ça, il ne bougera plus quand je devrai le livrer. »

« Fais comme tu veux, je t’ai juste conseillé hein ? Après, tu te débrouilles comme il faut, moi, je t’avoue que ça m’en touche sans faire bouger l’autre. » répondit Molno en sa qualité d’armure, l’homme soupirant longuement.

« Sois pas vulgaire quoi. Le chef devait se douter qu’il serait plus résistant que prévu. Si ça n’avait pas été le cas, je l’aurai tué sans aucune difficulté mais là, maintenant … »

« Tsss, quel sale type quand même. Se foutre de notre gueule ouvertement. Enfin bon, maintenant que tu es « calmé », tu peux juste t’amuser avec l’adolescent. Brises-le mais ne le tues pas hein ? Je te le rappelle encore une fois s’il faut. »

« Oui, oui … On ne brise pas un jouet. »

Du moins pas au point de ne plus pouvoir l’utiliser. Il devait montrer ce qu’il valait réellement aux yeux de l’organisation. Il ne devait pas reculer, ne serait-ce qu’une seule fois. S’il ne faisait qu’un mauvais faux pas, l’organisation ne lui laisserait aucune chance de revenir en arrière, aucune possibilité de …

« Tuer … ou être tué … »

« Hum ? Encore ? » demanda Itarès, remarquant que Waram répétait toujours la même phrase, inlassablement, comme un automatisme. D’ailleurs, les mouvements de l’adolescent étaient étranges. On aurait pu croire réellement à une marionnette.« Je ne sais pas ce qu’il est réellement mais il commence à m’inquiéter ce gamin. »

« Tuer ou être tué … Si je te tue … tu ne me tues pas. Si tu me tues, je ne peux pas te tuer. C’est aussi simple que ça. C’est la loi naturelle … du chasseur et du chassé. Mais si le chassé tue le chasseur, il devient alors ce dernier non ? »

« Qu’est-ce que tu racontes là ? »

Plus aucune réponse. L’adolescent avait tout simplement baissé la tête, émettant un petit ricanement. Ca devenait saugrenu mais maintenant qu’il allait bien mieux de son côté et qu’il avait les idées parfaitement au clair, mettre cet adolescent chevalier du Solochi à terre ne sera plus qu’une formalité. Il n’y avait pas de retour en arrière.