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Chapitre 32 : Des liens qui existent

ShiroiRyu
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Chapitre 32 : Des liens qui existent

« Tu es sûre que c’était la meilleure chose à faire, Manelena ? »

« Hum ? ‘L’idée de ne pas continuer à se rapprocher de l’armée de Mékalarma ? Tu tiens donc tant que ça à mourir ? Si c’est le cas, tu peux y retourner, je ne t’oblige pas à rester auprès de moi. » répondit-elle sèchement alors qu’il murmurait :

« Je ne sais pas … Je trouve que l’on a fait tout cela pour pas grand-chose. On manque d’informations … Je crois que je vais y aller. »
Elle s’immobilisa aussitôt après les paroles de Tery. Avant même qu’il ne fasse un mouvement, elle lui empoigna le bras, la forçant à rester auprès d’elle avant de dire sur un ton énervé :

« Tu arrêtes tes conneries et tu ne bouges pas d’ici. Si je te vois à plus de cinq mètres de moi, je n’hésite pas à te planter mon épée dans la gorge. Tu as bien compris, Tery Vanian ? Ou il faut que je me répète ? Fais attention à ce que tu vas dire. »

« Je … Je crois que j’ai compris le message, Manelena. Je ne voulais pas t’énerver. »

« Oh … Mais il faut dire qu’elle est plutôt inquiète pour toi, Tery. Si elle annonce que c’est bien trop dangereux pour nous quatre, ce n’est pas pour que tu y ailles seul non plus hein ? » murmura Sérest en lui faisant un petit sourire discret.
Ah oui … Peut-être … Sûrement. M’enfin, Manelena n’était pas du genre à craindre pour la vie des autres. Ou encore, parce que c’était la maréchale, la vie de chaque soldat était importante à ses yeux … Oh, c’était peut-être ça dans le fond. Il ne savait pas et il n’avait pas envie de lui poser la question. Il voulait éviter les problèmes, pas les engendrer.

Mais bon … Ca ne serait pas si mal si la maréchale se préoccupait un peu de lui. Mais bon, il ne fallait pas fantasmer aussi ! M’enfin, s’il pouvait aussi se retirer de la tête qu’il parlait à la maréchale lorsqu’il s’adressait à Manelena, ça serait bien mieux. C’était quand même un sacré voyage qui s’était déroulé depuis tout ce temps non ?

« Il nous faudra plusieurs jours pour retourner à Midès. Je ne pense pas que l’armée mékalarmienne fera une grande avancée entre temps. Elle semblait attendre quelque chose. Ca n’annonce rien de bon. » dit Manelena après une bonne heure de marche.

« On va pouvoir souffler alors … Est-ce que l’on tente de trouver une ville pour dormir aujourd’hui ? Enfin … Un endroit où se reposer … »

Hum ? C’était quoi cette … Ah … C’était correct. Ils étaient en pleine nuit et bien que chacun évitait de le montrer, tous étaient fatigués et exténués. Maintenant que Tery en avait fait la remarque, Sérest passa une main devant sa bouche, son mari faisant de même. Manelena leur jeta un regard en biais avant d’annoncer :

« Bon … Trouvons un coin tranquille, installons vite fait les tentes et allons-nous coucher. »

Tout le monde acquiesça d’un hochement de tête, le quatuor étant maintenant bien loin du bruit du tonnerre et des éclairs même s’il était encore possible de les voir à distance.

Les tentes furent rapidement mises côte à côte et les deux « couples » se séparèrent pour pénétrer à l’intérieur. Tery se coucha aussitôt sur son côté, fermant les yeux avant de chercher le sommeil. Pourtant, une forme vint se coller contre lui mais bizarrement, il ne chercha pas à savoir pourquoi Manelena faisait ça. Il murmura doucement :

« Bonne nuit, Manelena. Dors bien … J’ai eu ma dose aujourd’hui. »

« Bonne nuit, Tery. De même pour ton sommeil. » répondit la jeune femme. Pendant deux bonnes minutes, le silence plana entre eux deux jusqu’à ce qu’elle reprenne : « Si je fais cela, c’est pour éviter les mauvaises surprises le lendemain. »

« Je n’ai rien dit et je ne dirai rien. »

« Tant mieux alors … J’ai sommeil et je suis fatiguée. » termina-t-elle de dire bien que cela sonnait comme une évidence. Le jeune homme ne lui répondit pas, sentant la tête de Manelena contre son dos. Il devait se comporter comme un soldat … enfin, comme un homme avec Manelena. Il ne pouvait pas être aussi … simplet qu’avec Elen. S’il commençait à penser à Elen alors qu’il dormait avec une autre femme, ce n’était pas forcément la meilleure des idées qu’il avait eu. Enfin bon … Demain était un autre jour. Et comme il ne voyait pas encore Elen et surtout qu’il n’y avait rien entre eux deux, il n’avait pas à s’en faire.
Le lendemain matin, il fut le premier à se réveiller, tentant de reculer un peu sur sa position avant de remarquer quelque chose derrière lui. Ah ! Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour se souvenir que Manelena était auprès de lui. La maréchale hein ? Il s’apprêtait à partir mais il remarqua les mains autour de son torse, comme pour l’enlacer. Cette femme … dans le fond … C’était quoi ce qu’elle désirait réellement ?

« Bon … De toute façon, je peux rester comme ça pendant quelques minutes, ce n’est pas vraiment un problème … et ce n’est pas du tout dérangeant. »

Ah non, il ne se plaignait pas du tout de sa position ! Il garda les yeux ouverts, observant la toile de la tente en face de lui. La maréchale … Qu’est-ce qu’elle était réellement ? Il se posait la question pour essayer de la comprendre. Elle n’était pas méchante, simplement un peu violente. Elle ne tuait pas … « inutilement » ? Oui, il pouvait dire ça en quelque sorte … Car bon, elle tuait quand même beaucoup.

« Mais bon … C’est pour le royaume et simplement ceux qui nous attaquent. Elle ne tuerait pas pour des raisons aussi futiles. Elle n’est pas comme ça … »

Pas du tout même. Il le savait parfaitement … Mais bon … Hum … Et lui à côté ? Il était un soldat, il avait même perdu du grade dans le fond. La maréchale était une jeune femme, enfin, un peu plus vieille de deux ou trois ans, il ne lui avait pas demandé son âge en même temps hein ? Mais qu’importe …

« Hmmm … » marmonna la jeune femme aux cheveux argentés derrière lui. Il n’avait pas à se retourner car sinon, elle pourrait encore croire qu’il avait commis une bêtise. Il attendit qu’elle se réveille, chose qu’il remarqua lorsque le corps de Manelena se retira de son dos.

« Bonjour, Manelena. Tu as bien dormi, j’espère ? »

« Peut mieux faire … J’étais bien trop fatiguée pour réfléchir à si j’avais bien dormi ou non. »

« Hahahaha … Moi, ça peut aller aussi. J’étais exténué donc … Je me suis endormi rapidement. » répondit-il en rigolant un peu.

« Tant mieux alors. Bon, ne perdons pas de temps. Je ne pense pas qu’ils soient réveillés puisqu’hier, ils furent les premiers à aller dans la tente. »

Elle quitta la tente, rapidement rejointe par Tery. Comme elle l’avait annoncé, le couple n’était toujours pas réveillé. Rien de bien surprenant comme ce qu’il avait annoncé. La jeune femme ralluma le feu avec facilité, Tery venant s’asseoir près de celui-ci. Il n’avait pas vraiment faim … Et en même temps, il était pressé de retourner à Midès. De l’autre côté … Il devait s’avouer qu’il attendait la lettre d’Elen.

Ah … L’autre couple ne tarda pas à se lever, moins d’un quart d’heure après eux. Pendant ce délai, il parla un peu à Manelena bien qu’il n’avait aucun sujet de conversation. Mais bon, ça suffisait amplement et lorsque tout le monde fut correctement réveillé, il fut décidé qu’ils allaient accélérer le rythme pour toute la journée. Le plus tôt, ils arrivaient à Midès, le mieux cela serait pour lui et Manelena.

La journée se déroula rapidement, très rapidement même. Rien de bien nouveau à se mettre sous la dent, aucune lettre. De même, il ne s’était rien passé de bien transcendant. D’après un rapide calcul néanmoins, Manelena avait annoncé que d’ici deux journées au grand maximum, ils seraient alors de retour à Midès. Ce qui était une excellente nouvelle bien entendu. Il ne manquait plus qu’il reçoive une lettre pendant qu’ils allaient là-bas.

Mais bon … Une nouvelle journée se passa sans aucun problème bien qu’ils ne furent pas arriver comme il en était convenu. Et bien entendu, aucune lettre non plus. Ce n’était pas si grave ou si important. Enfin … Il se demandait comment elle allait prendre ce qu’il avait dit car il n’était pas forcément doué avec les femmes. Bien qu’avec Manelena, ça se passait de mieux en mieux au fil des journées. Ah … Oui … Il devait reconnaître qu’il n’était pas mécontent du déroulement des évènements entre elle et lui.

Finalement, au bout d’une nouvelle demi-journée qui se déroula, ils s’arrêtèrent pour manger un morceau. Oh, ils n’avaient pas dormi dans un village pendant ces derniers jours et c’était à peine s’ils étaient passés chez un marchand pour se ravitailler. Au moins, ils avaient eu de quoi manger. Mais là … Pour aujourd’hui, d’après ce que Manelena avait dit, c’était tout bon, n’est-ce pas ? Du moins, ils étaient proches de Midès.

« Il va être l’heure de nous séparer. » annonça Sérest calmement alors qu’ils mangeaient.

« Hum … Nous allons nous rendre à Midès donc à partir de là, nos chemins divergent. » continua Manelena, nullement attristée par cette nouvelle.

« C’est dommage. Au final, je ne sais même pas si vous êtes forts ou non. » demanda Tery, un grand sourire se dessinant sur les lèvres de Séran.

« Tu le sauras un jour … Si nous nous reverrons, voilà tout ! » dit l’homme avec amusement tout en engloutissant sa nourriture.

S’ils se reverraient ? Bien entendu … Il y avait peu de chances, il le savait parfaitement. Il suffisait de voir avec Elen. Ce que la distance avait fait entre eux deux … Ils ne se voyaient guère plus … Et ça l’attristait … Oui, il était triste. Mais en même temps, il n’était pas seul actuellement donc bon, il n’avait pas à se plaindre.

Puis finalement, ils arrivèrent … à Midès. Du moins, la capitale n’était plus si loin. Et puis, une autre « preuve » était arrivée droit sur lui. Sous la forme d’une lettre qu’il reconnut facilement comme celle qu’Elen lui envoyait. Hum … Mais il n’allait pas la lire maintenant. C’était bizarre mais c’était la meilleure chose à faire pour lui.

« Bon … Les enfants … Nous allons devoir vous laisser. Nous n’avons pas à nous rendre à Midès tout de suite. » annonça calmement Sérest.

« Vous partez déjà ? » demanda Tery, un peu étonné et en même temps triste de cette nouvelle bien qu’il s’était préparé ces derniers jours à cela.

« Mais cela ne veut pas dire que nous ne prendrons pas des nouvelles des uns et des autres, n’est-ce pas ? Si tu le veux bien, bien entendu. »

« Comme vous le voulez. Ce n’est pas la première lettre que j’écrirai. » murmura le jeune homme en montrant la lettre bien que le couple ne connaissait pas qui en était à l’origine.

« Et ça ne sera pas la dernière … Bon … On vous accompagne encore jusqu’aux portes de Midès, on se fait la bise et on se sépare, d’accord ? »

« Ca serait mieux … Oui. Je vous remercie déjà pour tout. »

« Oh ? Pour tout ? Mais qu’avons-nous donc fait pour toi ? » questionna la femme aux ailes blanches, lui souriant avec amusement.

« Oh … Si vous saviez tout ce que vous avez fait. Je me sens bien mieux maintenant. »

Hum ? Elle voulut reprendre la parole mais elle n’avait rien à dire par rapport à ce que le jeune homme venait de souffler. Celui-ci avait maintenant aussi un sourire aux lèvres, signe de sa joie et de bonne humeur. Il n’avait pas oublié l’attaque des mékalarmiens qui était très proche … ni même leur armée mais qu’importe.

Pour les derniers instants où ils allaient être tous les quatre, il fut impossible à arrêter au niveau verbal. Il continuait de discuter de tout et de rien avec Sérest et Séran, essayant d’avoir une conversation normale avec eux. Manelena ne disait rien, elle remarquait le petit manège u jeune homme. Visiblement, il n’avait guère envie de se séparer des deux personnes.

Pourtant, c’était bien ce qu’ils allaient faire. Ils n’avaient pas le choix. Le jeune homme allait devoir des adieux « déchirants » à Sérest et Séran. Elle, de son côté, elle n’y accordait aucune importance. C’était même tout le contraire … Elle se désintéressait complètement d’eux deux … ou presque. Elle allait juste se renseigner sur Omnosmos et aussi sur les envoyés des médaillons. Car … C’était un peu … Hum … Elle restait quand même méfiante, malgré tout ce que ces deux personnes faisaient pour empêcher cela. Elles avaient une raison … Et surtout, qu’un tel couple soit possible relevait de l’impossible.

Oui … Elle n’y croyait pas le moins du monde à ce genre d’amour. Surtout de la part d’un porteur des lignes d’Alzar … et d’une porteuse des lignes de Zélisia. Tsss … C’était un peu comme avec Tery et cette … Elen. Ce n’était qu’un feu de paille. Une illusion pathétique. Une chimère inconcevable. Quand on avait ce genre de pouvoirs, on ne pouvait pas penser de la sorte. Loin de là même. Mais bon … Tery était encore bien innocent.

Bien trop innocent sur ce domaine. Oh … Elle ne disait pas qu’elle s’y connaissait particulièrement elle aussi hein ? Loin de là même. C’était juste que … Ce fût une simple question de bon sens, du moins, à ses yeux. Mais bon … Entre ce qu’elle pensait et ce qu’elle disait, tout était bien différent, très différent même.
Puis finalement, ils arrivèrent aux portes de Midès. Du moins, les portes ouest. Sans même s’en soucier, elle ne fit que saluer brièvement Sérest et Séran avant de rentrer dans Midès. Elle savait que Tery allait faire des adieux déchirants ou quelque chose du genre. Elle n’avait pas envie de le voir dans un état pitoyable.

« Euh … Et bien voilà, c’est l’heure … Sérest, Séran. »

« Hum ? Tu ne vas quand même pas te mettre à pleurer, n’est-ce pas ? Je ne crois pas que la maréchale Nali aimerait te voir ainsi. » annonça Sérest dans un grand sourire.

« Que, que, quoi ? » balbutia le jeune homme, reculant un peu sous l’étonnement.

« Oh ? Tu ne penses pas que parce nous provenions d’Omnosmos, nous n’étions pas au courant ? Nous jouions le jeu mais il faut avouer que c’était très divertissant. »

Oui, mais mais … Comment … Dire … Gloups … Il se sentait très mal sur le coup. Ils savaient que Manelena était la maréchale depuis le début ? Alors, alors, euh … Mais pourquoi est-ce qu’ils avaient fait ça ? Séran s’approcha de lui, posant une main sur son épaule avant de dire dans un sourire :

« Bon … D’après nos informations, elle était quand même un peu plus petite à l’époque. Il faut dire qu’au bout de quelques années, elle a changé. Mais bon, en vue de son importance et de son physique un peu spécial, je parle de sa chevelure et de ses yeux, elle n’est pas facile à ignorer. Bien que d’habitude, elle porte une armure noire, n’est-ce pas ? »

« … … Oui … C’est bien la maréchale de Shunter. Je ne savais pas à quoi elle ressemblait il y a encore quelques mois donc savoir que d’autres l’ont déjà vue … sans cette armure. »

« Cela te rend un peu moins spécial, n’est-ce pas ? »

« Non non ! Je ne suis pas spécial ou autre ! Loin de là, il y a d’autres personnes qui l’ont déjà vue … comme ça … Enfin bon … Euh … Désolé. » marmonna Tery en baissant la tête.

« Tu n’as pas à être désolé et si tu veux tout savoir, c’est bien la première fois que d’après nos informateurs, elle se « promène » avec un homme pendant plusieurs journées. Je pense que nous allons te laisser sur ces belles paroles, n’est-ce pas ? Tu sais à quoi nous ressemblons, si tu as besoin de parler, tu nous écris et nous te répondrons. » termina de dire Sérest, venant l’embrasser sur les deux joues. Séran lui serra la main tandis qu’il les regardait partir.

Il n’avait pas … forcément tout compris. Mais il savait qu’ils venaient de dire quelque chose de plutôt important. Enfin, Sérest était bien plus bavarde que son mari mais les deux étaient un couple plus que spécial à ses yeux. Rah ! Pourquoi est-ce qu’il s’attachait aussi facilement aux autres ? Pourquoi ? Ca lui avait joué des tours dans le passé !

Enfin bon … Où est-ce que Manelena était passé ? Il était rentré dans la ville, se sentant un peu vide bien qu’il tenait la lettre d’Elen dans ses mains. Il y avait au moins une chose positive dans tout cela … n’est-ce pas ? C’est qu’il y avait toujours quelqu’un pour « penser » à lui. Ah … Pourquoi est-ce qu’il commençait à penser de la sorte ?

« Bouh. » murmura une voix à côté de lui, le faisant moyennement sursauté. Il se tourna vers la gauche, remarquant Manelena qui s’était adossée à un mur, les bras croisés.

« Je … Je croyais que vous … étiez déjà … »

« Jusqu’à preuve du contraire, je suis avec toi jusqu’à ce nous retournions exactement à cet endroit. De quoi est-ce que tu as parlé avec Sérest et Séran avant qu’ils ne partent ? »

« Rien du tout. Je vous le … Je te le promets, Manelena. Du moins, ce n’était pas important. »

« J’espère que tu ne t’es pas mis à pleurer comme une madeleine. Bon … Dès que nous serons proches du château et des casernes, on se sépare. Je dois … »

« Ne continuez pas, j’ai parfaitement compris, mademoiselle. »

Hum ? Il avait quand même un ton un peu triste. Qu’importe … Ce n’était pas son problème, loin de là même. Elle n’avait pas à se préoccuper des pensées du jeune homme. Ils avancèrent tous les deux, côte à côte, dans les ruelles de Midès. Plusieurs têtes se tournèrent vers eux, Tery évitant d’être gêné par ce regard qui était surtout porté sur Manelena.

« Si les gens savaient … la vérité, ils seraient stupéfaits. »

« Si la vérité éclatait au grand jour, je t’éclaterai en morceaux, Tery. »

« Euh … Si elle éclate, ça ne viendra pas de moi. Ça, je peux vous le confirmer. »

« Je le sais parfaitement … Tu es peut-être stupide, faible, chétif et un parfait imbécile … Mais au moins, il y a une chose dont je suis sûre te concernant : tu ne me trahiras pas … que cela soit physiquement ou verbalement. »

Ah … Euh … Il voulut lui demander si elle croyait vraiment ce qu’elle disait mais il préféra se taire. Oui, oui, il valait mieux se taire. Manelena venait de dire clairement qu’elle lui faisait confiance. Ah … C’était donc … pas si mal que ça en fin de compte.

« Par contre, tu n’as pas à t’imaginer des choses. Je préfère te prévenir tout de suite. Tu vaux simplement un peu mieux que la majorité des soldats … mais cela, tu le savais déjà grâce à tes lignes d’Alzar. Bon … Accélérons le rythme. »

Comme elle le désirait. C’était elle qui était aux commandes. Ils prirent de la vitesse, la marche étant plus rapide maintenant qu’elle avait terminé de parler. Finalement, en moins d’une demi-heure, ils arrivèrent à l’endroit où ils devaient se séparer. Il se tourna vers elle, la regardant pendant quelques instants avant d’hocher la tête.

« Au revoir, mademoiselle. Nous nous reverrons plus tard. »

C’était bizarre. Elle était toujours étonnée de le voir réagir de la sorte. Disons que le voir parler … comme ça … Elle avait toujours cette impression qu’il essayait d’être le plus neutre et distant possible. Un peu comme elle avec tout le monde. Enfin bon … Elle le regarda partir avant de faire de même de son côté. Rapidement, au détour d’un coin, une femme en armure de plaque noire fit son apparition, les gardes semblant étonnés de la voir.

« Mar… Maréchale Nali ! Vous êtes de retour ? »

« C’est exact. Je dois voir le roi le plus vite possible. J’ai un message important à lui transmettre. Ne me faites pas perdre mon temps. »

« Oui … Oui ! Bien entendu ! Le roi est avec ses généraux ! Vous le trouverez dans la salle des opérations, maréchale Nali ! Sans indiscrétion, où étiez-vous depuis tout ce temps ? »

« C’est justement très indiscret de votre part. Cela ne concerne que moi et le royaume de Shunter. Merci bien de me laisser passer maintenant. »

« Ah ! Oui ! Bien sûr ! Pardonnez mes paroles ! » répondit le soldat alors qu’ils la laissèrent passer. Oui … En quoi est-ce que tout cela les concernait ?

De toute façon … Elle était sûre qu’elle avait été suivie … Du moins, que tout ce qu’elle avait fait avait été écrit … ou référencé … C’était ainsi lorsque l’on était la maréchale. Et qu’importe ce que l’on essayait, tout … était jugé.

« Hum … Je suis sûre d’avoir des questions à répondre et des comptes à rendre. »

Sauf qu’il y avait peu de chances que cela soit en rapport avec sa mission … mais plus du côté personnel. Pourquoi être parti avec une unique personne, hum ? C’était pourtant facile … à expliquer, n’est-ce pas ? Pourtant, avant de rejoindre le roi et ses généraux, elle s’arrêta. Simple ? Maintenant, elle n’en était plus aussi sûre.

« Je n’ai pas de raisons … correctes ? Quelle idée stupide ! »

Oui, elle avait une raison … mais laquelle ? Elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Peut-être que lorsque le moment serait venu … ou alors, s’ils ne posaient guère de question, ça serait encore mieux. Elle n’avait pas à s’exprimer sur tout.

« Est-ce que j’ai au moins le droit à ma vie privée ? Mais de quoi est-ce que je parle … Avoir une vie privée ? Moi ? Quelle blague. Je n’ai pas à penser à ça. »

Pas du tout même. Pourquoi est-ce qu’elle envisagerait une vie privée ? De la sorte ? C’était tout simplement ridicule. Elle n’avait rien à cacher, surtout pas à son peuple et à son roi. Finalement, elle rejoint celui-ci ainsi que les généraux. L’heure était à la parole.

Chapitre 31 : Une armée préoccupante

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Chapitre 31 : Une armée préoccupante

« Et bien … Je ne veux pas dire mais il semble avoir la joie aux lèvres. Puis-je savoir ce que tu lui as dit pour qu’il soit dans cet état ? » demanda Sérest alors que la nuit était tombée depuis déjà quelques heures. Les deux femmes étaient autour du feu, Manelena murmurant :

« Je ne sais pas du tout. Il doit s’imaginer des choses qui ne me plaisent guère. »

« Il a l’air … si simplet quand il réagit comme ça. Tu ne le trouves pas mignon ? Si je n’étais pas mariée, je pense que je n’aurai pas d’hésitations à le courtiser un peu. »

« Le courtiser ? De tels mots … Est-ce que vous êtes de la noblesse tous les deux ? » questionna la femme aux yeux rubis, Sérest répondant aussitôt :

« C’est exact ! Enfin, deux familles nobles bien entendu … Mais comme nous l’avons annoncé, nous venons d’Omnosmos et là-bas, il n’y a peu que de personnes qui ne soient pas réellement … nobles. Les moins titrées travaillent pour celles qui en ont plus que les autres mais à la base, chacun et chacune a au moins quelques gouttes de sang noble en soit. »

Hum … Donc elle avait quand même affaire à quelqu’un de la haute noblesse, qu’importe ce qu’elle pouvait dire. D’après ce qu’elle connaissait d’Omnosmos, les personnes qui provenaient de cet endroit étaient d’un tout autre « monde ». Rien à voir avec ce qu’elle était ou ce qu’était Tery, loin de là même. Mais bon …

« Par contre, ça ne réponds pas à ma question. Tu ne le trouves pas mignon ? »

« Si l’imbécilité avait son charme, il y a des chance qu’il soit mignon mais ce n’est pas le cas. Alors non … Je ne le trouve pas mignon. »

« Des fois … Je me demande si ce n’est qu’un jeu entre vous deux ou plus que ça. »

« Ce qui se passe entre moi et Tery ne concernent que nous deux. Je ne parlerai pas de notre vie privée … en public. » répondit sèchement Manelena bien qu’elle savait que c’était trop tard pour essayer de corriger ce qu’elle venait de dire.

« Oh … Je vois. J’arrêterai alors de te poser des questions sur cette vie privée. »

Elle voyait au sourire de Sérest que celle-ci était bien heureuse d’avoir pu dire une telle chose. Tsss ! Elle ne perdait rien pour attendre ! Et qu’est-ce que Tery foutait ?! Le jeune homme revient avec Séran et dès qu’il déposa du bois, elle cria :

« Non mais tu en as mis du temps ? Je peux savoir pourquoi ?! »

« Hein ? Mais mais … J’étais avec Séran et la collecte du bois … Enfin … On voulait éviter une nouvelle maladie de ma part à cause d’une branche. » balbutia le jeune homme, surpris par la réaction de Manelena alors que Sérest pouffait de rire derrière elle.

« Oui … D’accord. Bon … Cette excuse est valide. » marmonna Manelena avant de s’accroupir à côté de lui, prenant quelques morceaux de bois pour les jeter dans le feu. Vivement qu’ils aillent se coucher pour une nouvelle journée.

Lorsque la soirée se termina, elle fut la dernière à aller se coucher. Elle observait le feu longuement, regardant les flammes pendant plusieurs minutes. Jetant un morceau de bois, elle se murmurait à elle-même :

« Si c’était aussi simple que cela … Je ne serai pas une maréchale. Ce genre de garçon stupide … Apprécier Tery est une chose … mais cela me semble si … normal. »

Si normal que ça en état déplaisant. Depuis le début, le jeune homme était un problème. Un problème pour l’armée de Midès dont elle était aux commandes. Oui … Nul homme dans l’armée ne pouvait lui donner des ordres. Nulle personne n’était au-dessus d’elle à part le roi lui-même. Et elle ? Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle n’arrêtait pas de s’occuper de lui … depuis le début … C’était un constat … Affligeant mais c’était bien le cas.

« Au départ, sans faire le fanfaron, il montrait parfaitement qu’il ne savait pas ce qu’il faisait … Dire que je l’ai nommé lieutenant après qu’il m’ait montré ses marques … Tout simplement pour qu’il ait plus confiance en lui. »

Plus confiance, c’était ça le souci. Tery manquait clairement de confiance en soi. Et c’était cela qui l’énervait chez lui. Bon sang ! Il avait les lignes d’Alzar en lui ! Sans être un élu, il était quand même quelqu’un de bien spécial ! Ou alors … Ou alors … C’était comme elle ? Lui aussi haïssait ses lignes ? Non, elle, elle vivait maintenant avec ces dernières sans que cela ne la dérange. Il y avait tellement de choses.

« Haïr son père au point de se focaliser uniquement dessus. Et dire que je me suis renseignée à ce sujet. Son père était le chef de la milice de son village. Et d’après ce que j’ai appris, il était plutôt apprécié et respecté. Ca ne peut quand même pas être de la jalousie à son égard ? Mais il est mort pendant l’assaut de ce chef gnomold … »

Mais pourquoi est-ce qu’elle se prenait la tête pour un tel type ? Pourquoi est-ce qu’elle s’était renseignée à son sujet ? Pourquoi ? Elle n’arrivait pas à comprendre ce qui se passait avec elle ! Elle se leva finalement, observant le feu qui allait pouvoir tenir une bonne demi-heure voir une heure sans rajouter de bois. Pourtant, c’est ce qu’elle fit avant de pénétrer à l’intérieur de la tente. Le jeune homme dormait déjà puis pas mal de temps, Manelena venant s’asseoir à côté de lui sans rien dire.
… … … Ce n’était qu’un homme insouciant, inconsistant, incapable d’avoir une consistance … comportementale. Il était si faible psychologiquement. Il n’avait aucune qualité, loin de là. Enfin, c’est ainsi qu’elle aurait aimé le penser. Mais … Ce n’était pas la vérité. Elle alla se coucher de l’autre côté de la tente, fermant les yeux pour ne plus réfléchir à tout cela. Elle devait dormir … vraiment dormir pour ne plus penser au jeune homme. Elle trouvait cela absurde de se focaliser sur lui alors qu’il ne méritait en rien ses pensées.

« Imbécile de Tery. C’est à cause de ta stupidité que je suis ici. »

C’était à cause de lui, uniquement de lui qu’elle accomplissait ce genre de missions et qu’elle n’envoyait pas d’autres personnes. Tout ça pour qu’il change un peu ! Mais voilà le résultat ! Elle était partie en mission quasiment suicidaire car elle voulait le voir s’améliorer ! Pfff … Chercher à améliorer un soldat en particulier au lieu de l’armée complètement. Est-ce que ce n’était pas du … favoritisme ? Elle s’endormit après cette réflexion.

Lorsqu’elle se réveilla, ce fut pour avoir la mauvaise surprise de voir Tery à quelques centimètres d’elle … Et surtout la tête proche d’un niveau qui devait être sûrement agréable pour lui mais pas forcément pour elle. BON SANG … Il avait encore bougé pendant la nuit ! Cette fois-ci, hors de question de … de …
« De ne rien faire … » murmura-t-elle en regardant la tente.

C’était encore de sa faute ? MAIS POURQUOI ? Elle n’était pas du genre à bouger dans son lit habituellement ! Et là, quotidiennement, elle n’arrêtait pas de se retrouver près du jeune homme ! Ce n’était pas la première fois, ni la seconde fois … Non … C’était même tout le contraire … Ça commençait à devenir trop récurent. Puisqu’il en était ainsi, puisque visiblement, c’était une frustration qu’elle ne pouvait pas expliquer, elle allait résoudre cette histoire dès maintenant ! Elle prit la tête de Tery des deux côtés pendant qu’il dormait avant de la tirer contre elle. Bien qu’elle rougit faiblement à cette manipulation, elle pressa la tête de Tery contre sa poitrine pendant deux bonnes minutes, jusqu’à ce qu’il y ait un peu de mouvement de la part de Tery. Elle le relâcha, le jeune homme ayant les yeux grands ouverts, cherchant à reprendre sa respiration.

« Qu’est-ce qui se passe ? Mais qu’est-ce qui se passe ? AH … AH … J’arrivais plus … à respirer ! Respirer du tout ! Mane … Manelena ? »

« Je t’ai collé contre moi et c’est tout ce que t’as te fait ? Je n’aurai jamais dû ! » s’écria la jeune femme avant de se relever, folle de rage pour une raison qu’elle ne comprenait pas elle-même. Tery la regarda partir de la tente, hébété.

Elle avait fait … QUOI ? La maréchale ? Cette femme si forte ? Lui ? Euh … Euh … Euh … Il devait, il devait le prendre comment ? Bon, ne pas faire de bêtises. Il devait se comporter comme un homme sur ce coup. Manelena avait fait quelque chose de vraiment spécial. Alors … Il devait essayer de faire de même. Il ne savait pas quoi penser de toute cette histoire mais peut-être que … Non, quand même pas ! Mais bon, Manelena n’était pas aussi distante que prévue ! Allez ! Un peu de courage et de témérité ! Si elle avait fait une telle chose, ce n’était pas pour rien non plus hein ? Il sortit de la tente.

« Oh bonjour Tery, comment est-ce que tu … »

Sérest s’était adressé à lui mais il s’était aussitôt dirigé vers Manelena. Celle-ci ne le regarda pas, semblant énervée. Pourtant, alors qu’il sentait son cœur battre à deux cents à l’heure, il posa ses mains sur les épaules de la jeune femme aux cheveux argentés, celle-ci se tournant vers lui. Et le seul bruit qui se fit entendre fut celui d’un baiser sonore sur les joues de Manelena. Il n’avait pas quand même pas essayé de l’embrasser tout court, il était téméraire, pas fou ! Manelena ouvrit en grand ses yeux rubis, plus que surprise tandis qu’un petit cri d’étonnement se fit entendre de la part de Sérest.

« Bonjour Manelena ! J’espère que tu as très bien dormi. »

« Hein ? Euh … Oui. Bien entendu. Je pense que toi aussi. » dit-elle, un peu sous le choc alors qu’elle posait une main sur sa joue. Elle avait du mal à être consciente de ce qui venait de se passer. Tery venait de faire quoi à l’instant ? Pour quelle raison ? Etait-ce à cause de son petit énervement d’auparavant ? C’était Tery qui venait de l’embrasser ? Celui qui était toujours trop hésitant ? Toujours exaspérant à cause de ses réactions dignes d’un enfant de dix ans ? Elle retira sa main de sa joue alors qu’elle entendait Sérest dire à Séran :

« Et bien … On dirait qu’une jeune demoiselle ne s’y attendait pas. »

« Comme c’est mignon et tendre. Tery, tu viens de m’épater, hahaha. »

« Euh … Ce n’est quand même pas si étonnant que ça non ? » bafouilla le jeune homme après Séran, redevenant ce qu’il semblait avoir toujours été. Ça n’avait qu’un instant bref et déjà, Tery semblait être plus qu’inquiet par ce qu’il venait de faire.

Manelena ne disait plus rien, restant muette bien que son regard froncé était dirigé vers le jeune homme. Celui-ci se recroquevilla légèrement sur lui-même, n’osant plus prendre la parole. Le temps devait s’écouler et vite ! VITE car sinon, il avait plus que peur pour sa vie ! Gloups ! Pendant le reste de la matinée, il plongea dans son mutisme, quitte à ne pas répondre aux autres. Ah … Ah …

Et pour la journée ? Et bien, ils avancèrent sans même prendre ne serait-ce qu’une pause. Comme ni lui, ni Manelena se plaignaient de la marche, ils se dirigeaient de plus en plus vers l’ouest du royaume de Shunter. Ils étaient proches, très proches de l’endroit où Manelena voulait les emmener normalement. Et il se sentait relativement inquiet. Une armée surdéveloppée … était en train d’arriver vers le royaume. D’ailleurs …

« Dites …Sérest et Séran … C’est bien plus dangereux que vous ne le croyez … »

« Hum ? Quoi donc ? » demanda Sérest calmement, légèrement souriante que le jeune homme ait repris la parole pour s’adresser à eux.

« Et bien … Sincèrement, ça ne me plaît pas du tout ce que l’on va faire … par rapport à vous. S’ils nous voient avec vous, il y a des chances qu’ils vous considèrent comme des ennemis. »

« Oh ? Cela ? Et bien, si ce n’était pas voulu, nous n’aurions alors jamais décidé de vous rejoindre, n’est-ce pas ? Alors, tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet. »

Mouais … Ce n’était pas qu’il était vraiment convaincu par tout ça mais voilà quoi. Il était plus que réticent à cette idée. Il ne voulait pas avoir de problèmes dans le futur … Mais pour ça, il fallait éviter d’aller les chercher aussi hein ? Pfff … Vraiment … Dans quelle embrouille il s’était mis, mais dans quelle embrouille ! Il poussa un profond soupir désabusé, tournant son visage vers Manelena. Il avait envie de lui parler, de lui demander à ce qu’ils repartent dès maintenant. Ce n’était pas vraiment de l’inquiétude pour elle mais … Ils en avaient assez fait, n’est-ce pas ? Ils avaient assez voyagé tous les deux non ? Ils ne pouvaient pas retourner à Midès ? Et en plus, Elen ne lui pas envoyé de lettre depuis pas mal de temps.

Bon … Il devait prendre sur lui-même plutôt que de chercher des solutions. Ils allaient continuer de voyager jusqu’à ce qu’ils soient près de … Hein ? Comment ça ? Il entendait le tonnerre qui grondait au loin, très loin même. Et pas uniquement une fois ou deux, mais en continue … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Que la fin du monde était proche ? Hahaha … Non, bien entendu. Il émit un petit rire qui surprit les trois personnes à côté de lui.

« Nous sommes proches, n’es-ce pas, Manelena ? » murmura-t-il faiblement.

« C’est exact … Ce que tu entends ne veut pas forcément dire que nous sommes proches de Mékalarma … mais au moins de ses machines. »

Donc les problèmes étaient proches, très proches même. Il ne fait qu’acquiescer à ses paroles, ne pouvant se permettre de faire autre chose. Donc … Ils allaient faire quoi maintenant ? Il attendit que la jeune femme prenne les devant mais elle ne bougea guère. Pendant une bonne minute, elle sembla songeuse, réfléchissant à quelque chose dont il ne savait rien. Finalement, elle se tourna vers Sérest :

« Vous pouvez partir si vous le désirez. Dorénavant, ce que nous faisons est lié à l’armée de Shunter. Vous n’avez plus à vous mêler de cette histoire. Surtout que vous êtes sans relation avec notre armée. C’est un conseil pour votre survie. »

« Un conseil que nous ne sommes pas obligés de respecter, n’est-ce pas Séran ? »

« C’est exact … Nous continuons à vous accompagner jusqu’à ce nos chemins soient obligés de se séparer. Pour l’heure, ce n’est pas encore le cas visiblement. »

« Humpf ! Faites comme vous le désirez ! Vous n’avez pas intérêt à vous plaindre s’il vous arrive quelque chose de malheureux ! » répliqua la jeune femme aux yeux rubis.

« Hahaha ! Merci de s’inquiéter pour nous mais nous nous débrouillerons. Ne dit-on pas que posséder les lignes d’Alzar ou de Zélisia équivaut à posséder la force de mille hommes ou mille femmes ? » murmura Sérest, souriant chaleureusement.

Tssss … Si c’était vraiment le cas, cela reviendrait à dire qu’avec eux quatre, ils pourraient mettre à mal plus de quatre mille hommes … Ce qui était une vaste blague rien à l’idée d’y penser. Pfff ! Bon … Elle restait quand même sur ses gardes et même avec les paroles de Sérest et Séran, elle n’était guère vraiment enjouée à cette idée.

Mais l’heure n’était pas vraiment aux plaintes. Maintenant qu’ils étaient proches de l’endroit où les éclairs frappaient, tout n’était plus qu’une question d’heures. Car dire qu’ils étaient proches, c’était plutôt … relatif. Mais ça ne voulait pas dire qu’ils ne devaient pas faire attention, loin de là même. Elle se tourna finalement vers Tery, disant calmement :

« Nous sommes proches de la fin de notre mission. Ensuite … »

« On rentre à Midès, c’est cela ? Enfin une bonne nouvelle ! Je suis un peu pressé de retourner voir les autres. Je suis sûr que Clari est à moitié hystérique maintenant. »

« Il n’y a que peu de doutes à ce sujet, je confirme. » murmura la jeune femme calmement.

« Hahaha … Bon … Il faut absolument que l’on y aille. J’aimerai que ça soit terminé avant la fin de la journée, Manelena. C’est possible ? » demanda-t-il tandis qu’elle haussait les épaules. Elle lui répondit avec neutralité :

« Si on se dépêche, qu’on trouve rapidement où ils sont installé avec le plus d’informations précises à ce sujet. Ensuite, nous partirons mais si nous nous faisons repérés, il va falloir courir très vite. Je pense que l’oiseau humanoïde et le grand dadais pourront se débrouiller seuls s’il y a ce genre de problèmes, n’est-ce pas ? »

« Surnommés de la sorte, cela ne donne pas une trop grande motivation si tu veux tout savoir. Je m’appelle Sérest, il s’appelle Séran. »

« Oui … Bien entendu. » marmonna la jeune femme avec sa mauvaise humeur habituelle tandis que Tery accélérait la cadence. Il en avait vraiment assez de cette mission ou quoi ? Avec ses pensées quotidiennes, elle se demandait si c’était à cause d’elle. Mais bon … Ce qui s’était passé ce matin était une chose qu’elle ne voulait plus reproduire. Ca lui rappelait les moments où elle s’était forcée à jouer un jeu qui ne lui plaisait guère. En même temps … En même temps … Quand même … Elle …
Elle n’avait jamais fait ça à quiconque. Du moins, elle n’avait jamais essayé de se montrer sans son armure, de faire croire que Manelena était une autre personne. C’était bien la première fois lors des séances à Mékalarma qu’elle avait fait un tel acte. Un acte qu’elle regrettait … Enfin, qu’elle tentait de regretter. Car elle n’y arrivait pas. Ca avait été … distrayant et cela lui avait permis de passer à autre chose. En même temps, elle avait annoncé à l’époque qu’elle partait en une mission solitaire et qu’elle confiait le commandement des troupes à divers généraux bien trop heureux de pouvoir montrer ce qu’ils valaient pour ainsi convoiter la place qu’elle possédait.

« Manelena ? Tu restes sur place depuis déjà deux bonnes minutes. » murmura la voix de Tery qui était revenu vers elle, prenant sa main sans aucune gêne.

« Hum ? Oui … Je réfléchissais au fait que l’on devrait s’arrêter là pour aujourd’hui. » annonça-t-elle sans honte malgré le mensonge qu’elle proférait.

« Ah … Oui … C’est vrai … Mais maintenant que nous avons avancé bien trop loin, il vaudrait mieux continuer sans plus tarder, Manelena. Tu sais pourquoi ? Car en pleine nuit, ils ne pourront pas nous repérer aussi facilement. Ici, c’est notre royaume et nous le connaissons bien mieux qu’eux. Il faut continuer. »

« … Tu … Hum … Bon, d’accord, tu as parfaitement raison, je dois l’admettre. Sérest, Séran, si tu vous voulez vous reposer, vous pouvez. Moi et Tery, nous continuons notre route. »

« Oh ? Tu veux que nous te laissions seule avec lui ? » chuchota Sérest, une main posée devant sa bouche, comme amusée par la situation. Pour toute réponse, Manelena fit simplement un geste de la main pour dire qu’elle n’avait même pas à répondre à cela.

« Malgré les dires de ma femme, nous restons inquiets par rapport à ce que vous comptez faire. Nous vous accompagnons et je trouve que l’idée de Tery est plutôt bonne. »

« Oui … Ca me surprend de lui. » annonça Manelena.

« Ca fait toujours plaisir à entendre de ta part. Mais bon, j’ai l’habitude non ? »

Et voilà qu’il recommençait avec son ironie. Combien de fois allait-elle lui dire d’arrêter ça ? Enfin, elle le provoquait aussi, c’était normal qu’il réagisse de la sorte … si elle était une amie ou l’un de ses proches … Or, elle était sa maréchale ! Qu’il ne l’oublie pas !

Mais bon … Ils allaient suivre son idée. Maintenant qu’ils avaient bien marché, le temps de se rendre non loin de l’endroit où se trouvait l’origine des éclairs, la nuit serait sûrement tombée. Avec leurs capacités, ils seraient sûrement capable de se repérer dans le noir. Oh ça … Elle en avait même aucun doute à ce sujet. Mais après … Est-ce que tout ça serait suffisant ? Elle n’en était pas si sûre. Ils recommencèrent à avancer, marchant pendant encore plusieurs heures alors que maintenant, Séran avait fait apparaître une petite flamme au-dessus de sa main droite, s’en servant pour éclairer les horizons. Tery avait de même, chaque femme étant à côté d’un homme bien qu’il y avait cinq à dix mètres de distance.

« Ah … Quand même … Mademoiselle Manelena … On a bien progressé en deux ans non ? Enfin, ça doit être proche de cela …Ou alors plus d’un an. Tu te rappelles de ce qui s’était passé la première fois ? J’avais osé lever la voix contre toi. »

« Hum ? Et tu crois que maintenant, si tu tentes de me parler comme … »

« Non non ! Je n’oserai plus maintenant … Je sais à quoi m’en tenir mais … Est-ce que je peux te considérer comme une amie, Manelena ? Bien entendu, ce que tu es sous ton armure restera un secret car tu n’aimes pas te montrer sans celle-ci. Enfin … »

« Oh tais-toi s’il te plaît, Tery. On verra si on s’en sort. »

Hein ? Ca ne voulait pas dire non alors ! Il fit un petit sourire. Qu’elle voulait ou non, au moins, la maréchale n’était plus une inconnue pour lui et inversement. Il avait l’impression de se comporter comme un enfant de dix ans qui venait d’avoir sa première amie de sexe opposé. Enfin bon, rien n’était sûr pour autant. Elle pouvait toujours refuser ensuite mais comme elle lui demandait, il était resté muet.

Finalement, ils n’eurent guère réellement besoin de lumières, les éclairs leur servant bien souvent d’éclairage. Sur le coup, il n’y avait pas pensé … mais leur fameuse tactique pour se camoufler et espionner pendant la nuit n’était plus aussi bonne maintenant. Oh que oui … Ils allaient finir par se faire repérer. Ils allaient finir par … NON ! Il en était hors de question ! Peut-être qu’en … Pfff … Il ne pouvait pas penser à créer un golem tout de suite. De plus, c’était tout simplement ne pas être protégé pendant qu’il le créait, le gros problème.

« Bon … Cela suffit, nous pouvons rentrer. »

Hein ? Comment ça ? Il se tourna vers Manelena qui venait de prendre la parole. Elle avait un air soucieux au visage mais aussi un peu contrarié. Il voulut ouvrir la bouche mais elle reprit sur un ton sec mais dont on ne pouvait la contredire :

« Je ne vais pas mener l’un de mes soldats à la mort juste pour gagner quelques mètres. Nous savons où ils se trouvent … Et rien qu’à distance, on peut remarquer qu’ils possèdent des machines de guerre. Nous en avons assez vu, Tery. Nous rentrons tous les deux. Sérest, Séran, vous faites comme vous le voulez. »

« Nous allons vous accompagner jusqu’à Midès. » répondit tout simplement Sérest.
Alors qu’il en soit ainsi. Le quatuor fit demi-tour, Manelena guidant les trois autres. Tout ce temps « perdu » pour ça. Mais ils avaient au moins des détails sur l’armée ennemie.

Chapitre 30 : Aux petits soins

ShiroiRyu
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Chapitre 30 : Aux petits soins

Il fronça les sourcils, poussant un petit gémissement avant d’ouvrir les yeux. Où est-ce qu’il se trouvait ? Qu’est-ce qui s’était passé ? La dernière chose dont il se rappelait était … la collecte de branches puis une bien plus grosse qui l’avait frappé en plein sur le front. Le front … Il posa une main sur celui-ci, s’apprêtant à gémir avant de remarquer qu’il avait un bandage. Tiens ? Et d’ailleurs, où est-ce qu’il se trouvait ?
Un rapide coup d’œil autour de lui lui permit de deviner la réponse à sa question. Il se trouvait dans une tente … Sûrement celle où il dormait avec Manelena. D’ailleurs, la jeune femme n’était pas là ? Et surtout, qu’est-ce qui s’était passé entre le moment où il s’était évanoui et celui actuel ? Il poussa un petit soupir, encore à moitié endormi. Il se leva, se dirigeant vers la sortie de la tente avant de remarquer qu’il titubait et avait plus que mal au crâne, comme une violente migraine. A peine il fit un pas au-dehors de la tente et voilà que sa vue se brouilla et qu’il s’écroula sur le sol.

« Qu’est-ce que … Tery ? » demanda une voix féminine alors qu’il entendait des bruits de pas qui se dirigeaient vers lui. Difficile de savoir qui était en train de le relever, il avait beaucoup de mal à apercevoir cette personne à cause de sa vue brouillée.

Il fut ramené dans la tandis qu’il respirait bruyamment et rapidement. C’était quoi ce qui se passait avec son corps ? Il était brûlant ! Il avait beaucoup trop de mal à raisonner correctement ! Il ne savait même plus ce qui se passait. Ah … Ah … Ce coup sur la tête qu’il avait reçu, qu’est-ce qu’il lui avait fait ? Il ne savait pas, pas du tout même. Il tenta de balbutier quelque chose, plongeant à nouveau dans l’inconscience.

Mal … Il souffrait … Ca lui rappelait tellement de souvenirs … lorsqu’il était enfant … Lorsqu’il était malade. Est-ce qu’il était malade ? C’était stupide … Comment pouvait-il être malade alors qu’il ne l’avait jamais été depuis quelques années ? Depuis qu’il avait quitté le village. Ah … Ah … Il avait du mal à raisonner, tellement de mal. Ah … Ah … Tiens ? Il entendait des voix ? Il devait … essayer de les comprendre. Il devait faire un effort. Il tenta de se relever, poussant un gémissement plaintif avant de s’écrouler à nouveau au sol, restant couché. Aussitôt après son gémissement, une tête se fit voir à l’intérieur de la tente.

« Fausse alerte. Il est toujours en train de dormir. » murmura une voix qu’il reconnut comme féminine. C’était … la maréchale ? Ou … Sérest ? Ah … Il ne savait pas du tout.
Tout ce qu’il savait, c’est qu’il était en train de brûler dans ses vêtements, il était en train de se consumer sans possibilité de s’arrêter. Il devait éviter de rester là. Il devait bouger de là ! Il poussa un long râle, gesticulant sous la couverture alors que maintenant, plusieurs personnes pénétraient dans la tente. Qu’on le libère de cette chaleur ! Il était en train de se consumer ! De se consumer ! Il devait prendre l’air !

« Mais qu’est-ce qui lui arrive, bon sang ?! »

« Avec toutes ses couvertures, il est normal qu’il réagisse ainsi. Il faut les lui retirer et retirer son haut. Il aussi éponger sa sueur. Je ne pensais pas avoir affaire à une telle infection. Est-ce que tu peux m’aider Séran ? Manelena, est-ce que tu peux aller chercher de l’eau ? Normalement, ça ne devrait pas être trop difficile. »

Séran ? Manelena ? Alors … La seconde voix … Celle qui venait de parler, c’était bien Sérest ?Ah … Ah… Mais malgré tout ce qu’elle disait, il continuait d’avoir si chaud. Pourquoi est-ce qu’il avait aussi chaud ? POURQUOI ? Il sentit qu’on relevait son corps, retirant son haut alors que quelque chose de froid se posait sur son torse, puis ses bras … et son dos … C’était froid, très froid, il tremblait même mais était-ce à cause du froid ou alors de sa maladie ? Malade … Comment pouvait-il être malade ?

« Tu as ramené ce que je t’ai demandé, Manelena ? Merci bien … Bon, par contre, il faut que je fasse autre chose. Je vais voir dans les alentours s’il y a quelques herbes qui peuvent être utilisées pour atténuer la fièvre. Séran, est-ce que tu peux venir avec moi ? »

« Hum ? Et vous avez le laisser comme ça ? Il continue de dégouliner de sueur. » annonça la voix de Manelena, facilement reconnaissable. Elle ne semblait pas être heureuse d’être là. Ah … Il comprenait. Vraiment …

« Tu peux t’en occuper pendant ce temps, non ? Séran, nous y allons. »

« HEY ! Mais attendez, je n’ai pas que ça à faire ! » s’écria Manelena. Il entendit les bruits de pas qui s’éloignaient à toute vitesse de la tente avant que le silence résonne dans la tente. Puis finalement, au bout de deux minutes, la voix de Manelena reprit : « Je vous jure … Vraiment. Comme si une maréchale allait s’occuper d’un simple soldat. Un soldat qui tombe fiévreux dès la première petite infection de pacotille. »

Il aurait bien aimé dire que ce n’était pas de sa faute mais il était le seul responsable de son propre corps. Il ne pouvait même pas lui parler, incapable de proférer quelques paroles. Une main se posa sur son front pendant quelques secondes avant de se retirer.

« Qu’est-ce que tu veux que l’on vérifie avec une main ? Tsss … Vraiment, si tu étais malade, il n’y a qu’une solution pour voir si tu as réellement de la fièvre. »

Elle lui parlait ? Mais est-ce qu’elle savait qu’il était réveillé ? Ou du moins, à moitié conscient ? C’était une question qu’il se posait avant que ses pensées ne soient complètement brouillées par autre chose. Qu’est-ce que … Qu’est-ce que Manelena venait de poser sur son front ? Et puis, il sentait un léger souffle qui venait caresser ses lèvres.

« Pfff … Ca m’a l’air quand même assez réaliste. Ce n’est pas de la comédie. » reprit la femme aux cheveux argentés bien qu’il sentait qu’elle ne bougeait pas cette chose sur son front. « Tsss … Tu as l’air si faible, encore plus vulnérable que d’habitude, Tery Vanian. Il serait si facile de se débarrasser de toi … après tout ce que tu m’as fait subir, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que tu en penses ? Ah mais tu n’es pas conscient … Ça serait si simple … Tery. Je pourrais enfin être tranquille. Tu me pourris l’existence depuis que tu es là. Je me demande même pourquoi est-ce que tu n’as pas encore décidé de partir et de me laisser tranquille ? Hum ? Pourquoi est-ce que tu n’arrêtes pas de me coller depuis le début ? Tu crois que je veux devenir ton amie ? Que j’ai besoin d’une personne comme toi à mes côtés ? Regarde dans quel état tu es … Tu ne sais rien du tout, pauvre idiot. »

Pourquoi est-ce qu’elle parlait autant ? Il pouvait quand même l’entendre même s’il ne pouvait pas bouger. Ah … Peut-être qu’en faisant un petit mouvement, un petit mouvement de rien du tout. Peut-être qu’ouvrir les yeux ? Il poussa un faible gémissement, ouvrant les yeux pour apercevoir … le visage de Manelena juste en face du sien ? Elle avait collé son front contre le sien et ce qu’il avait senti sur ses lèvres était le souffle chaud qui sortait de celles de la jeune femme ? Celle-ci le fixa pendant quelques secondes de ses yeux rubis avant de retirer son front avec calme. Il referma avec lenteur ses yeux, chuchotant faiblement :

« Pardon … Manelena. Je suis … désolé. »

« Hum ? Pardon pour quelle raison ? T’es réveillé visiblement ? Bon, donc, tu n’as pas besoin de moi pour te nettoyer. Débrouille-toi seul. »

« Pardon … de te causer … autant de problèmes. »

Comment est-ce qu’elle pouvait le laisser dire ça ? Alors que c’était elle la responsable de cette branche qui lui était tombée sur le crâne ! Tsss ! Pourquoi est-ce qu’il disait ça ? POURQUOI ? POURQUOI ? Ca l’énervait encore plus que tout le reste ! ENCORE PLUS !

« Tais-toi et repose-toi au lieu ! Tu crois vraiment que tu es en état de pouvoir parler ? C’est mieux que tu la mettes en veilleuse car je risquerai de ne plus te supporter ! »

« Par … » commença t-il à dire alors qu’elle s’écriait :

« Je t’ai dit de la fermer ! C’est pourtant clair ? LA FERME, TERY ! »

D’accord. D’accord. Il était vraiment désolé … Mais il ne pouvait pas le dire alors. Les yeux clos, il chercha tout simplement le sommeil alors qu’il sentait que la femme aux cheveux argentés restait près de lui. Assise, elle veillait sur son sommeil qu’il ne tarda pas à retrouver plus que rapidement. Ce qui se passa après, il ne le saurait jamais.


Le lendemain matin, lorsqu’il ouvrit les yeux, la fatigue semblait avoir complètement disparu. Il se sentit bien mieux et décida de se lever, s’arrêtant au beau milieu de son geste. Manelena était en train de dormir elle aussi, assise contre la toile de la tente. Ses deux mains étaient posées de part et d’autre de son corps alors qu’elle semblait réellement exténuée. Elle avait fait beaucoup d’efforts ou … Il n’eut pas vraiment le temps de penser à tout cela, la jeune femme se réveillant quelques secondes après lui, ses yeux rubis à moitié ouverts.

« Finalement debout ? Ça a l’air d’aller mieux … on dirait … »

« Bien mieux ! Je me sens même en pleine forme. J’ai aussi l’impression d’avoir maigri de plusieurs kilogrammes. Mais … Je n’arrive pas à savoir ce qui s’est passé. »

« Il ne s’est rien passé du tout ! Tu étais tout simplement malade ! » éructa t-elle en se redressant, marchant à toute allure hors de la tente.

« Hein ? Mais qu’est-ce que j’ai dit cette fois ? » bafouilla le jeune homme avec incompréhension. Il était malade … Et il se rappelait un peu de ce qui s’était passé avant qu’il ne soit inconscient. Enfin … La maréchale n’avait été pas trop loin de lui. Lorsqu’il sortit de la tente à son tour, Sérest lui fit un grand sourire.

« Et bien … On dirait que la fièvre est passé, n’est-ce pas ? C’est une bonne chose. Je ne pensais pas que cela prendrait toute une journée. »

« Je suis resté couché pendant une journée ? Mais mais mais … Et comment vous avez-fait ? On n’a pas avancé ? Je suis vraiment désolé, Manelena. »

« Tsss … Il vaudrait mieux pour toi que tu te taises. » murmura la femme dans sa robe de métal blanc alors qu’il se demandait si ses paroles lui étaient destinées … ou alors à quelqu’un d’autre. Il avait un peu cette impression en l’écoutant.

« Pardon, pardon … Mais ce n’est pas l’endroit où nous étions d’après ce que je me rappelle ? Où nous trouvons-nous ? Vous n’avez pas eu de mal à vous déplacer avec moi ? »

« Loin de là, Tery. Loin de là … Quelqu’un t’a porté pendant tout le trajet. » annonça Sérest, Manelena tournant aussitôt son visage vers elle.

« Merci beaucoup, Séran. Je devais être quand même bien lourd à force. » répondit le jeune homme d’un air un peu confus, Sérest s’apprêtant à ouvrir la bouche avant de s’arrêter. Ah … Bon … Il était un peu stupide … ou alors le faisait-il exprès ? En observant brièvement le jeune homme, elle le vit regarder Manelena du coin de l’œil. Non … Il n’était pas aussi idiot que ça. Il comprenait parfaitement ce qui s’était passé. Elle fit un petit geste à Séran pour lui dire de ne pas compliquer la chose, l’homme hochant la tête positivement.

« Tu ne vas quand même pas remercier un type qui n’a rien fait. » annonça Manelena séchement, Tery penchant la tête sur le côté, la regardant avec interrogation. « C’est moi qui t’ai porté pendant tout le trajet et oui, tu étais sacrément lourd. Heureusement que tu ne portes pas une armure en plus, tu … Qu’est-ce qu’il y a encore ? Tu arrêtes de me regarder d’un air bête ? TERY ! Arrête ça, j’ai dit ! » s’écria t-elle à la fin.

« Ah ! Non … Merci … Enfin, merci beaucoup. J’ai un peu honte que ça soit toi qui ait dû me porter pendant tout le trajet, Manelena, c’est tout. »

« Mais ne t’en fait donc pas, Tery. Manelena a aussi veillé sur toi pendant toute la nuit. Elle était à ton chevet et n’arrêtait pas de t’observer pour voir si tu allais bien. De même, elle a serré ta main toute la journée pour voir s’il y avait un quelconque mouvement de ta part. C’était très attendrissant comme spectacle. »

« Je ne crois pas qu’il ait besoin d’avoir ce genre de détails alors abstiens-toi, Sérest. » annonça la jeune femme aux cheveux gris sèchement.
Puis plus rien ne fut prononcé. Il fallait dire que Tery était toujours un peu confus, continuant de regarder Manelena alors qu’il marchait à ses côtés. C’était vrai tout ça ? Il se serait douté pour le fait qu’elle l’ait porté sur son dos. Mais pas pour le reste … Enfin, ce n’était pas vraiment ce que Manelena ferait d’après ce qu’il savait d’elle. Mais peut-être qu’il se trompait lourdement à son sujet depuis le début ? Non. Ce n’était pas possible.

« Quelle chance d’avoir été inconscient pendant une journée, Tery. Tu ne t’es pas ennuyé pendant que nous marchions sans nous arrêter. D’après ce que Manelena a dit, nous devrions être proches des frontières de l’ouest voir nord-ouest de Shunter … Donc aux abords de Mékalarma. » annonça calmement Sérest.

Que … Que … Quoi ? Ils allaient retourner à Mékalarma ? Mais mais mais … Il n’avait vraiment pas envie avec tout ça ! Le golem géant ne lui laissait guère un bon souvenir. D’ailleurs, les éclairs non plus au passage. Bref … C’était quoi ça ? Cette nouvelle ? Aie, aie, aie … Ca ne lui plaisait pas du tout ! Pourtant, il ne répondit pas à Sérest, voulant éviter de se mettre Manelena à dos une nouvelle fois. Et puis, avec tout ce qui avait été dit, c’était vraiment pas son intention. Mais Manelena … faire ça ? Si encore, elle avait rougit aux paroles de Sérest ou alors, avait montré un peu de gêne, il aurait pu y croire … Mais la jeune femme restait imperméable ou presque au niveau émotionnel. Comment savoir si c’était la vérité ou alors tout simplement une boutade de la part de Sérest ? Difficile à deviner.

« Pendant que … j’étais convalescent … Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? » demanda-t-il finalement bien qu’il n’osait pas regarder Manelena.

« Rien du tout. Quand tu t’adresses à une personne, aie au moins la décence de l’observer. C’est impoli, Tery Vanian. » murmura la jeune femme aux yeux rubis.

« Ah … Pardon, pardon, Manelena. C’est juste que … Enfin bon … Merci de m’avoir répondu. Et aussi un peu pour tout ce que tu as fait. »

« Tu me remercies un peu pour ce que j’ai fait ? UN PEU ?! » s’écria t-elle, s’énervant subitement alors qu’il se confondait en excuses aussitôt.

« Je ne pensais pas à mal ! JE TE LE PROMETS ! »

« Ca va alors … Mais évite de te choper une nouvelle maladie, la prochaine fois. Vraiment … C’est quoi ce corps que tu possèdes ? Dès que tu as une maladie, c’est limite un drame national. Tu ne veux pas aussi que la prochaine fois, j’appelle les soigneurs royaux ? »

« Hein ? Quoi ? Les soigneurs royaux ? Euh … C’est juste que des fois, je suis malade, enfin, ça m’arrive très rarement. Pour te dire, je ne l’ai jamais été depuis que je suis dans l’armée de Shunter. J’ai été blessé, mais jamais malade. » dit-il avec neutralité.

« Et qu’est-ce que tu veux que ça me fasse hein ? »

Mais c’était elle qui lui parlait de tout ça ! Avec ses soigneurs royaux ! Il voulut lui répondre mais il préféra s’abstenir. Il n’avait vraiment pas envie de se battre avec la maréchale maintenant. Il s’était excusé, il l’avait remerciée et voilà, ça s’arrêtait là. Il poussa tout simplement un léger soupir désabusé alors qu’il accélérait le pas. En plus, avec ce qu’il venait d’apprendre, ça ne lui plaisait guère de se rendre à la frontière avec Mékalarma, loin de là même. Dire qu’il y avait été pour ces médaillons … ces fichus médaillons. Plus il en entendait parler, moins il les appréciait.

« Tery ? Coucou. » murmura une voix à côté de lui, le faisant sursauter mais surtout quitter ses rêveries ? C’était la femme ailée ?

« Euh … Coucou ? Qu’est-ce que je peux … faire pour toi, Sérest ? »

« Oh pas grand-chose. Tu t’es éloigné un peu du reste du groupe et je me demandais pourquoi. Peut-être que tu as envie de parler un peu ? De tout et de n’importe quoi bien entendu. »

« Je ne sais pas vraiment, je dois te l’avouer … Je n’ai pas forcément envie de parler. Je n’ai aucun sujet en tête et en plus, on doit essayer d’accélérer le rythme. Pourquoi est-ce que j’ai été envoyé en mission d’éclaireur ? Je ne suis clairement pas doué pour ça. »

« Il ne faut pas dire que l’on n’y arrivera pas avant d’avoir essayé, Tery. C’est aussi simple que cela pourtant, non ? Alors, tu fais des petits efforts et tu y arriveras, j’en suis sûre. »

Hum … Est-ce qu’elle pouvait lui pardonner de ne pas être convaincu par ses paroles ? Car bon … Avec tout ce qui se passait, malgré tout le temps écoulé avec les missions, ses entraînements dans l’armée, ses combats, il ne se sentait jamais réellement à sa place, loin de là même. C’était souvent le contraire. Il poussa un léger soupir, murmurant :

« Ce n’est pas … vraiment ce que je voulais de toute façon … »

« Hum ? Être dans l’armée de ton royaume ? Tu regrettes d’être l’un des protecteurs de ton royaume ? C’est plutôt … stupéfiant comme point de vue. »

« Non non ! Je ne regretterai jamais ça ! Pas du tout même ! C’est autre chose … Enfin, c’est plutôt compliqué, je dois l’avouer. Je suis assez … perturbé. »

« A cause de Manelena, n’est-ce pas ? Ne t’en fait donc pas. Tu veux un conseil de ma part concernant Manelena ? » chuchota Sérest en se rapprochant de lui, prête à lui dire quelque chose dans l’oreille avant qu’il ne la repousse faiblement.

« Je crois qu’il vaut mieux que je la laisse tranquille, c’est la meilleure chose à faire. »

« Ah … Tu ne comprendras donc jamais le cœur d’une femme. Surtout celui de Manelena qui est plus que facile à lire. » répondit Sérest en émettant un petit rire. Elle s’éloigna en le laissant seul, le jeune homme la regardant partir en haussant un sourcil. Manelena était facile à comprendre ? Personnellement, il avait besoin du manuel d’utilisation car c’était tout le contraire ce qu’il ressentait envers elle. Elle restait des plus compliqués et il n’avait jamais connu une femme comme ça … à part Elen. Mais Elen encore, c’était un joli comportement, bien appréciable, il devait le reconnaître. Il ne remarqua pas que Manelena s’avançait vers lui. Elle posa une main sur son épaule, murmurant :

« Qu’est-ce qu’elle t’a encore raconté cette femme ? »

« Manelena, cette femme s’appelle Sérest. Tu pourrais quand même évoquer son nom même si tu ne l’apprécies pas. » marmonna le jeune homme.

« Et depuis quand tu me fais un reproche hein ? Exprime-toi clairement ! »

« Ce n’était pas un reproche mais une remarque, Manelena. C’est tout. »

Il semblait plutôt las et fatigué … Encore une fois, il allait se disputer avec elle. C’était devenu une habitude, une très mauvaise habitude à ses yeux. Enfin bon … Il ne pouvait rien y faire. Il baissa la tête, continuant de marcher sans même savoir où se rendre. Pourtant, après une minute, une main se posa sur son front, le faisant crier de surprise.

« Non … Ca a l’air d’aller. Je pensais que la fièvre était revenue. »

Ma … Manelena ? La jeune femme qui avait continué de marcher à côté de lui … Elle … Elle venait de mettre sa main sur son front ?

« Manelena ! » s’égosilla-t-il, un peu apeuré et surtout étonné.

« Quoi donc ? Qu’est-ce qu’il y a ? C’est quoi encore ton problème ? »

« Je vais … encore dire une bêtise, je crois. » marmonna le jeune homme, Manelena soupirant aussitôt comme si elle s’y attendait. Elle lui demanda :

« Et bien, tu ne veux pas plutôt me la dire au lieu de tourner autour du pot ? »

« Euh … Et bien, merci de te préoccuper de moi ? » osa-t-il lui répondre.

Que … Que … QUOI ? Sa main toujours posée sur son front, elle le repoussa avec violence en arrière, le jeune homme s’apprêtant à tomber mais il fut aussitôt rattrapé par Manelena. Elle le tira contre elle, le soulevant un peu par le col avant de le fixer de ses yeux rubis.

« Arrête sérieusement ce petit jeu avec moi, Tery. »

« Mais … De quel jeu est-ce que tu parles, Manelena ? Je ne me moque pas de toi. Je le pense sincèrement. Enfin, c’est peut-être gênant d’en parler à voix haute … »

« Ah et bien ! Bravo, Tery ! Tu viens enfin de le comprendre ! Un peu de décence ne te ferait pas de mal en plus ! Pfff … Des fois, je me demande si tu ne te forces pas à ce que je te déteste … C’est l’impression que tu me donnes … »

« Hein ? Que … Enfin, non, je ne veux pas faire une telle chose ! C’est stupide ! Et puis, si tu ne détestes pas, ça veut dire que … »

Devant le regard rubis qui se fixa ardemment sur lui, il se tut aussitôt, baissant la tête. Qui ne disait mot consent … La jeune femme aux cheveux argentés n’avait pas réellement contesté ce qu’il pensait et pourtant, c’était assez facile à deviner non ? Enfin, il ne devait quand même pas se faire d’illusions. Elle ne le détestait pas, ça ne voulait pas dire qu’elle était folle de lui. Hahaha ! Une femme folle de lui … comme si c’était possible. Surtout pas Manelena. Il murmura faiblement pour lui-même :

« Comme si Manelena m’appréciait réellement dans le fond. Je ne lui cause que des problèmes depuis le début. Pfff … Je suis juste complètement stupide. »

« Tu es un parfait idiot si tu te rabaisser à penser de telles choses. Surtout à voix haute, Tery Vanian. Alors arrête tes bêtises et avance. »

« Ah ! Pardon, pardon encore une fois, Manelena. »

« Et dis-toi bien une chose : si vraiment, je ne pouvais pas te supporter, tu ne serais pas avec moi pour cette mission. Et ne me force pas à le dire une nouvelle fois. » annonça-t-elle en faisant un geste de la main pour qu’il se taise. Qu’il la mette définitivement en veilleuse. Elle lui avait dit indirectement que sa présence ne la dérangeait pas.

Chapitre 29 : A la recherche de preuves

ShiroiRyu
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Chapitre 29 : A la recherche de preuves

« Tu attends quoi pour te lever, Tery ? » demanda Manelena, déjà débout depuis une vingtaine de minutes. Ils se trouvaient dans une chambre commune tous les deux. Oh même s’ils ne jouaient plus réellement avec cette histoire de fiancés, ils continuaient de dormir ensembles bien que pas dans le même lit bien entendu.

« Hum … Juste cinq minutes, Manelena. S’il te plaît. » marmonna le jeune homme.

« J’ai l’impression que tu oublies qui je suis réellement, n’est-ce pas ? »

Tout en s’adressant à lui, elle venait de placer son pied sous la couverture et sous le jeune homme. Des fois, il valait mieux lui rappeler à qui il avait affaire. D’un geste nonchalant, elle le poussa hors du lit, Tery s’écroulant au sol avant de crier de douleur. Les yeux grands ouverts, se massant le visage, il s’aida du lit pour se redresser, gémissant :

« Ca faisait vraiment mal … Manelena. Tu aurais pu être un peu plus douce quand même. »

« Bien entendu. Je te laisse cinq minutes pour te lever, te laver ou sinon je ne te promets pas que le reste de ta journée se passera très bien. »

Gloups. Il valait mieux accepter tout de suite ce qu’elle proposait … ou plutôt lui intimait de faire. En moins de temps qu’il n’en faut, il s’était préparé, se présentant à Manelena qui hocha la tête pour lui dire que cela pouvait aller. Ils descendirent tous les deux au rez-de-chaussée, regardant une table où se trouvait ce couple si particulier qu’ils côtoyaient.

Ils s’installèrent côte à côte, les deux personnes les saluant avant de leur signaler de commander de quoi manger ce matin. Sans un mot, Manelena attendit son petit-déjeuner tandis que Tery discutait avec le couple. Ils parlèrent de tout et de rien pendant plusieurs longues minutes, des minutes qui semblèrent être des heures pour Manelena.

« Sérest ? Je me demandais … Qu’est-ce que vous allez faire maintenant ? Vous n’avez pas à nous suivre. Nous avons notre propre chemin. » demanda Tery.

« Hum ? Tant que nous n’avons pas à nous séparer, pourquoi le faire, n’est-ce pas ? »

« C’est vrai … C’est simplement que lorsque le moment arrivera, qu’est-ce que vous allez faire ? Car je ne sais pas où vous comptez vous rendre. M’enfin, ce n’est sûrement pas mes oignons non plus. Vous pouvez faire ce que vous voulez … C’est juste comme ça, pour avoir quelques renseignements. Si vous voulez nous en dire plus ? »

« Hm … Et bien, sans vouloir trop en dévoiler, comme je te l’ai signalé, nous avons quitté Omnosmos pour notre propre mission personnelle. Nous devons nous préparer au cas où les démons seraient parmi nous. Pour l’heure, comme nous apprécions votre compagnie, on préfère rester avec vous jusqu’à ce que l’on soit obligé de se séparer. »

« Hahaha … Je vois, je vois. » termina de dire Tery, un peu gêné par les paroles de Sérest.

C’était une bonne explication … Enfin pour lui, ça lui convenait. Mais bon, peut-être que pour Manelena, ce n’était pas le cas ? Il la regarda brièvement, la jeune femme terminant son petit-déjeuner. Elle n’avait pas pris la parole depuis le début de la discussion. Il fallait dire qu’elle n’appréciait guère réellement de monde. C’était vraiment dommage … Il aurait bien aimé qu’en tant que femme, elle soit un peu plus ouverte. Mais bon, il avait déjà beaucoup de travail avec Elen alors … pour Manelena … Il valait mieux attendre un peu ? Mais il allait faire quelques efforts pour la ramener du bon côté. Enfin … Quand il pensait du bon côté, c’était quand même bien plus compliqué que ça.

Le jeune homme termina son petit-déjeuner, demandant à Manelena ce qu’ils allaient faire aujourd’hui. Elle lui signala qu’ils allaient maintenant quitter cette ville pour continuer leurs explorations en se rendant plus vers l’ouest. Si des éclaireurs mékalarmiens étaient présents, ils devaient alors trouver où se trouvait le plus gros des troupes. Ca n’allait pas être simple, loin de là et il valait mieux se préparer le plus vite possible.

« Bon … Si tu as terminé de manger, nous pouvons alors nous préparer. » annonça Manelena en se levant de sa chaise. Il fit de même quelques secondes après, Sérest et Séran les accompagnant après avoir récupéré leurs affaires.

Ils quittèrent l’auberge, se dirigeant hors de la ville après quelques brefs achats. Qu’est-ce qu’ils allaient pouvoir faire ? Car trouver l’endroit où l’armée ennemie logeait … Ce n’était pas forcément la meilleure des idées à faire, n’est-ce pas ? La femme aux cheveux argentés hocha simplement la tête sans lui répondre tandis qu’ils se retrouvaient maintenant en pleine campagne. Quand il regardait ces endroits, il ne pouvait que confirmer ses préférences.
« Vraiment … Shunter est le plus bel endroit que je connaisse. »

« Hum ? Ce n’était pas forcément très intelligent de ta part de dire cela. On croirait que tu n’as jamais voyagé, Tery. » murmura Manelena calmement.

« Non … Ce n’est pas ça, Manelena. Sincèrement, de tous les royaumes que j’ai visités, sauf celui de Traslord, je préfère le mien. Ce n’est pas par vanité ou parce qu’à la base, je suis originaire de Shunter … C’est juste que … Je trouve que la nature est belle. »

« Mais je crois rêver. Ne me dit pas que tu te prends maintenant pour un poète non plus ? »

Il s’arrêta de parler tandis que Manelena venait de répondre à ses propos. Oh … Il ne se considérait pas comme un ménestrel. C’était juste que … Sincèrement, ne préférait-elle pas des contrées parcourues par l’herbe, les arbres, les fleurs … plutôt qu’un monde de nuage à la végétation rare et factice ? Ou alors tout simplement un monde parcouru par le foudre ? Elle soupira, haussant les épaules avant de dire :

« Je ne m’intéresse pas à ce que ce monde a à m’offrir, voilà tout. Si tu as le temps de penser à ce genre d’imbécilités, alors prépare-toi plutôt à marcher pendant plusieurs heures. »

« D’accord, d’accord … Je n’ai rien dit … Sérest, Séran, pardon. »

« Hum ? Et de quoi ? » demanda l’imposant homme. « Nous vous accompagnons, nous n’allons guère nous plaindre de la marche, n’est-ce pas Sérest ? »

« C’est exact mon amour. Nous n’avons guère à dire que cela ne nous plaît pas. Si nous vous suivons, nous devons accepter ce que vous voulez faire. »

Hum. Des fois, quand ils parlaient de la sorte, il avait du mal à comprendre. Néanmoins, il comprit qu’ils étaient d’accord pour continuer la marche sans même se plaindre. Bon, au moins, c’était une bonne nouvelle, n’est-ce pas ? Maintenant qu’ils avaient quitté la ville, le monde autour d’eux était muet ou presque. Le couple parlait entre eux tandis que Manelena et lui ne discutaient de rien. Pourtant, devant le flux constant de paroles entre Sérest et Séran, il tenta d’amorcer une conversation avec Manelena.

« Manelena ? Euh … Au sujet des mékalarmiens, si on les retrouve … On ne va pas devoir les combattre, n’est-ce pas ? Enfin, j’espère que non. »

« Tu es stupide ou tu le fais particulièrement exprès ? Ce n’est pas parce qu’on a éliminé une petite troupe d’éclaireurs qu’on est capable d’annihiler toute une armée ! »

« Je ne cherchais pas à recevoir des insultes, Manelena. Je voulais juste être sûr … qu’on ne fasse pas de bêtises. Je ne vois pas où cela va nous mener de nous rendre dans la gueule du loup. Je trouve ça pas forcément très malin. »

« Ce sont des données plus qu’importantes pour le royaume. Si nous localisons l’endroit où se trouve l’armée mékalarmienne, cela permettra à Shunter de se préparer à la recevoir. » répliqua la femme aux yeux rubis, légèrement irritée.

« Si on ne se fait pas repérés. Car si c’est le cas, ils changeront surement de position. » dit-il après les paroles de Manelena, la femme se tournant vers lui.

« C’est pour cela que l’on va éviter de se faire repérer, n’est-ce pas ? »

Euh … D’accord. C’est vrai que dit comme ça, c’était mieux mais il n’était pas franchement convaincu que ça allait marcher. D’ailleurs, il n’avait jamais voulu tourner la conversation vers cela. Enfin bref, il s’était grandement loupé. C’était de sa faute s’ils avaient commencé à discuter de la sorte. Peut-être qu’en cherchant un autre sujet …

« Manelena ? Dis … J’aimerai bien savoir quelque chose. Je peux te poser une question ? »

« Non. De toute façon, qu’importe ce que je dis, tu me poseras ta question. Alors qu’est-ce que tu veux savoir de si important pour que tu viennes me déranger ? »

« Euh … Qu’est-ce que tu aimes dans la vie ? » dit-il rapidement.


Elle s’arrêta subitement, interloquée alors que des petits rires se firent entendre derrière eux. Sérest passa à côté d’eux, accompagnée de Séran tandis qu’elle adressait un sourire à Tery. Manelena se tourna vers le jeune homme, clignant de ses yeux rubis plusieurs fois de suite. Est-ce qu’elle avait mal entendu ? Et surtout … Surtout …

« Mais en quoi est-ce que ça te concerne, Tery ? Explique-moi donc. »

« C’était simplement une question comme ça. Si tu ne veux pas y répondre, je comprendrai … Mais je me demandais ce qu’une femme comme toi pouvait aimer. »

« Une femme comme moi ? Qu’est-ce que tu insinues par-là ? » dit-elle aussitôt, se plaçant en face de lui, le regard froncé. Il avait dit une bêtise ou quoi ? Elle semblait en colère, il devait vite se rattraper. D’ailleurs, Sérest et Séran avaient pris un peu d’avance, jetant un bref regard vers eux, comme amusés par la situation.

« Euh … Euh … Euh … J’ai le droit de retirer ce que je viens de dire ? »

« Que j’y réfléchisse … Non. Maintenant que tu as commis une effroyable erreur, je vais plutôt écouter ce que tu as à dire pour tenter de te faire pardonner. »

« C’est juste que je ne te vois pas avec des robes que les femmes nobles portent. En fait, je te verrai plutôt travailler le fer dans une forge. »

Pourquoi est-ce qu’il avait l’impression de s’enfoncer de minute en minute ? Il ne savait pas … C’était sûrement car il venait de dire clairement qu’il pensait que … Manelena n’était pas féminine ? Celle-ci s’approcha de lui, craquant ses deux mains calmement en reprenant :

« Et bien … Et bien … Quel membre tu veux que je te brise en premier, Tery ? Je suis quand même quelqu’un de sympathique, je te laisse le choix. »

« Manelena … Disons que … Je ne te vois pas faire quelque chose de forcément féminin … comme cueillir des fleurs, faire la … mijaurée ? Ca se dit comme ça ? Enfin bref, je ne te vois pas faire la femme niaise ! C’est tout ! Je ne pensais à rien de mal ! » balbutia Tery.

« Donc … Si j’ai bien compris, tu tentes de me complimenter en annonçant que je ne suis pas une femme creuse et dénuée d’intérêt ? »

« Je dis simplement que tu es quelqu’un de plutôt exceptionnel, et cela depuis le début. C’est pourquoi je me demandais quel était tes goûts, à quoi tu … t’amusais et toutes ces choses. C’est juste des renseignements basiques ! Rien de bien spécial ! »

Et à quoi est-ce que cela allait lui servir ? Elle lui posa la question, le jeune homme lui indiquant que c’était simplement pour mieux la connaître, rien de plus. Elle lui répondit :

« Cela ne te concerne pas le moins du monde. Nous ne sommes pas proches et nous ne le serons jamais. Comme ils sont assez éloignés, ils ne nous entendront pas mais je te rappelle que tu n’es qu’un simple soldat de Shunter et je suis la maréchale, est-ce bien compris ? »

« C’est compris … Pardon du dérangement, maréchale Nali. » marmonna le jeune homme avant d’accélérer le pas. Dès qu’il essayait de se montrer sympathique, c’était toujours ainsi avec elle. Il valait mieux alors garder un visage neutre.

Et ce visage neutre, il allait le porter jusqu’à leur séparation. S’il voulait discuter avec une femme, il n’avait pas vraiment le choix. Il fallait juste … qu’il retrouve Elen. Ah … Si il la voyait, il savait ce qu’il allait faire avec elle. Tout simplement l’enlacer pendant de longues minutes. A cette idée, il commença à rougit violemment, chose qui ne passa pas inaperçue.

« A quoi est-ce que tu es encore en train de penser ? » demanda Manelena.

« Je pensais à Elen … Voilà tout. » annonça-t-il sans honte alors qu’ils retournaient auprès de Sérest et Séran, le couple ne disant rien en les apercevant.

« Je t’ai déjà annoncé d’arrêter cela. Surtout lorsque nous sommes … »

« Je ne peux pas m’en empêcher, c’est tout. Elle occupe mes pensées quand je dois éviter de penser à toi, Manelena. Puisque je n’ai guère le droit de m’imaginer ne serait-ce n’importe quoi en rapport avec ta personne, je préfère alors penser à Elen. »

« Si tu n’arrêtes pas, je risquerai d’être très violente … Alors un conseil, stoppe en-là. »

« … … Vous ne seriez quand même pas jalouse, hein ? » demanda-t-il en rigolant de cette stupidité qu’il venait de prononcer. Maintenant, il y avait deux choix qui confirmeraient ce qu’il pensait. Soit elle l’ignorait en détournant le regard, soit elle allait se montrer plus que violente et lui hurler dessus.

« N’oublie pas ta position … et arrête tout simplement de te faire des illusions. » murmura-t-elle en plaçant violemment son pied dans l’entrejambe du jeune homme, lui arrachant un cri de douleur. « Je ne suis pas intéressé par toi et je ne le serais jamais. Simplement, toi et moi avons un rôle à jouer et c’est pour cela qu’il faut que nous continuions … »

« A le jouer ? Sérest et Séran sont au courant depuis le début. Ce que l’on fait n’est pas crédible pour les personnes qui nous côtoient. Manelena, tu veux juste te voiler … »

« Si tel est le cas … Tu n’as donc aucune raison de t’opposer à moi, n’est-ce pas ? Puisque tu connais ta position par rapport à la mienne. » murmura la femme aux cheveux d’argent alors qu’il s’était accroupi après son coup bien placé. Le pied de Manelena se posa sur le sommet de son crâne avant de lui faire enfoncer sa tête dans le sol. Il poussa un nouveau cri tandis que Sérest et Séran revenaient vers eux. L’homme aux caractères d’Honoros dit :

« Allons, allons … Il vaut mieux ne pas se disputer, n’est-ce pas ? »

« Vous êtes parfaitement au courant de notre situation, n’est-ce pas ? » annonça Manelena, gardant son pied posé sur le crâne de Tery comme si de rien n’était.

« Que vous vous disputiez fréquemment ? » murmura Sérest en rigolant. « N’est-ce pas normal pour un couple ? Vous semblez être deux personnes très actives et je ne vois pas guère de soucis lorsque vous agissez de la sorte. Vous n’avez pas à vous inquiéter à ce sujet, loin de là même. Quand deux personnes comme vous sont ensembles, il est normal qu’un tel couple fasse des étincelles, non ? »

« … Je vais éviter d’être insultante à votre sujet. » annonça Manelena, retirant son pied de Tery. Le jeune homme se releva, gémissant :

« Si on pouvait éviter de me frapper à chaque fois, ça serait sympathique, oui. »

Qu’il se taise, ça serait le plus important. Lorsqu’il fut debout, elle coinça son bras entre les siens. Comme visiblement, ce couple était particulièrement stupide, ils devaient continuer à jouer le jeu. Vraiment, qu’elle était lasse de cette blague. Cette histoire lui plaisait de moins en moins, elle espérait qu’elle se terminerait bientôt … mais il ne fallait pas compter dessus.

Elle accéléra le pas, voulant arriver à la prochaine ville sans même chercher à dialoguer avec eux. Elle avait peur que cette stupidité risque de l’infecter. Elle ne savait pas comment la combattre mais elle savait comment l’éviter. Si elle ne s’adressait ni à Tery, ni à ce couple, elle pouvait espérer ne pas se faire … atteindre.

« Manelena ? Est-ce que tu m’en veux pour ce que je t’ai demandé ? »

Le jeune homme n’avait pourtant pas perdu de temps à tenter de renouer le contact avec elle. Elle ne chercha guère à lui répondre, évitant son regard interrogatif. Elle ne voulait rien savoir à son sujet, c’était aussi simple que ça ! Tant qu’elle ne l’observait pas, elle n’avait pas à s’inquiéter de sa santé mentale. Enfin … Elle aimerait bien mais elle savait que ce n’était pas possible. Elle le repoussa de sa main gauche, lui disant :

« Arrête de me coller, Tery. Va voir tes deux amis. »

« Hum ? Et pourquoi est-ce que je ferais ça ? Je ne vois pas du tout de raison. Ou alors, tu peux m’en donner une bonne s’il te plaît ? »

« … … Tu me fatigues ? Ca ne te suffit pas comme raison ? Ou tu as besoin que je te mette mes poings sur ton i ? » dit-elle, n’ayant pas honte de ce qu’elle venait de prononcer.

« Euh … Je veux pas … faire celui qui t’embête mais tu n’aurais pas … Ok ! C’est bon, j’ai parfaitement compris ! » s’écria le jeune homme en voyant le regard furieux de Manelena qui était tourné vers lui. Qu’est-ce qui lui prenait ?

« Lâche-moi un peu ! Tu es vraiment lourd des fois, Tery Vanian. »

« … Et si je ne veux pas ? Enfin, je pose la question hein ? »

« Alors, tu peux te préparer à numéroter tes abattis car je ne me gênerai pas pour te briser les membres un par un. Tu es toujours tenté de converser avec moi ? Ou tu préfères abandonner cette bataille perdue d’avance ? »

« Non … Je laisse tomber, c’est tout. » marmonna Tery en reculant.


Hum ? Il abandonnait déjà ? Oh … Surprenant de sa part. Elle le savait quand même assez têtu mais il avait peut-être finalement cerné ce qu’elle voulait. Ah … Un peu de calme … Beaucoup trop de calme même. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il abandonne réellement. Elle jeta un bref regard derrière elle, remarquant que Tery discutait avec le couple, rigolant gaiement avec les deux autres personnes. Hum … Ce n’était pas son problème.

… … … Et il attendait quoi hein ? Qu’est-ce qu’il attendait pour tenter une nouvelle fois de lui parler ? C’était quoi son problème au final hein ? Ou alors … Plutôt son problème à elle. Si elle voulait discuter avec lui, elle n’avait qu’à aller … et voilà tout ! Mais bon … Pourquoi est-ce qu’elle ferait ça si elle n’en avait pas envie hein ? Pfff … Qu’est-ce qui clochait avec elle depuis plusieurs jours ? Vraiment …
Malgré leur longue marche, ils n’arrivèrent guère à une ville et il fut décidé d’installer un petit campement pour la soirée. Comme Sérest préparait le repas, Séran et Tery s’apprêtaient à aller chercher du bois. Néanmoins, Manelena se leva subitement, annonçant :

« Je vais chercher du bois avec Tery. Aucune remarque ? »

« Aucune … Aucune … » répéta Sérest en souriant tout en la regardant.

Humpf ! Alors, qu’ils partaient dès maintenant ! Elle intima à Tery de la suivre, le jeune homme acquiesçant avant de l’accompagner. Les deux personnes s’éloignèrent ensembles du petit feu de camp qu’ils avaient monté avec les quelques brindilles qu’ils avaient déjà trouvées. La femme aux cheveux d’argent utilisait ses lignes noires pour créer un vent des plus tranchants, des branches tombant les unes après les autres. Lui ? Il réceptionnait les branches, servant simplement de porteur.

« … Tu n’as rien à dire ? On dirait que je me trouve dans un cimetière. »

« Euh … Je ne sais pas trop quoi dire alors que je préfère passer mon tour, Manelena. Récupérons ces branches et il vaut mieux revenir le plus vite possible. »

« Tsss … Ils ne vont pas mourir de froid, ils n’auront qu’à se coller l’un par rapport à l’autre si le feu est éteint entre temps. » annonça Manelena avec ironie.

« C’est pas vraiment sympathique de ta part. Enfin bon … Rien de bien étonnant. »

« C’est quoi ce … rien de bien étonnant ? Exprime-toi clairement ! » s’écria Manelena.

« Si on peut accélérer le rythme, s’il vous plaît, Manelena ? »

Tssss ! Et dire qu’elle avait essayé d’avoir un dialogue avec cet imbécile ! Voilà le résultat ! Il lui mordait la main qu’elle lui tendait ! Ah ! Il voulait jouer à ça ? Ils allaient être deux alors ! Elle observa l’arbre dont elle retirait les branches. Hum …

« Celle-là sera parfaite. Tery, réceptionne cette branche. »

Bien entendu, qu’est-ce qu’elle croyait ? Il se positionna sous l’arbre, prêt à attendre la branche qui allait tomber sauf que … C’ETAIT QUOI CA ?! Cette branche était immense ! Il jeta les branches déjà récupérées sur le sol, cherchant à éviter celle qui tombait mais c’était déjà trop tard. Le morceau de bois percuta son crâne, le faisant s’écrouler en arrière, le front ensanglanté par la branche. Pour la première fois, Manelena poussa un cri d’inquiétude.

« TERY ! Bon sang ! Mais quel idiot ! »

Aussitôt, elle était à côté du jeune homme, posant une main sur son crâne. Les lignes noires apparurent sur sa main, la blessure se refermant aussitôt bien qu’elle poussait un petit gémissement de douleur. AIE ! C’était normal … que ça lui fasse mal. Dire qu’elle utilisait une telle chose … pour lui. BON !

« Je n’ai pas d’autres choix visiblement. » marmonna-t-elle, venant s’accroupir.

Elle prit le plus grand nombre de branches, les posant sur Tery avant de soulever le jeune homme avec une extrême facilité. Vraiment ! Si Sérest et Séran décidaient de l’ouvrir, elle allait faire un malheur ! Mais quel imbécile, ce Tery !

Chapitre 28 : Perdue

ShiroiRyu
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Chapitre 28 : Perdue

« Des cornes … Des cornes ?! » s’écria la jeune femme masquée en remarquant ce détail sur Elise. L’adolescent à ses côtés n’en pensait pas moins mais ne disait rien.

« Oh … Ne faites donc pas semblant d’être surpris, cela ne prendra pas avec moi. »

Maintenant qu’elle avait montré sa véritable apparence, il était temps pour elle d’en terminer avec ses deux adversaires. D’un geste nonchalant, elle pointa sa main droite en direction d’Elen et Royan. Alors qu’ils s’attendaient à ce que cela soit du feu qui en sorte, ce fut de nombreux éclairs qui foncèrent vers eux avant de plonger dans le sol.

« Vous pensiez que j’allais vous attaquer ? Ce n’est que le début … Je ne fais que m’amuser avec vous deux. Vous ne m’inquiétez pas … Je n’ai pas de temps à perdre avec ces inepties. Je suis à sa recherche. Je pensais le retrouver ici … C’est ce que j’ai reçu comme consigne lorsque j’ai découvert mes véritables pouvoirs. »

Ses véritables pouvoirs … Plutôt sa source d’ennuis. Elle avait envie de croire que comme pour Tery, il y avait une possibilité de rédemption … mais cette femme était différente. Cette jeune femme était comme tous les possesseurs des lignes d’Alzar : une monstruosité. Elle n’avait pas à chercher le pardon pour elle. Puisqu’elle ne voulait pas être sérieuse … Alors, elle, elle allait l’être. Des lignes blanches apparurent sur la globalité de son corps bien que cela n’était pas réellement visible à cause de sa tenue.

« Je vais te faire disparaître de la surface de ce monde, Elise. » annonça Elen avec calme.

« Encore une histoire d’éradication … Tu penses vraiment y arriver ? »

Bien entendu ! Maintenant qu’il n’y avait plus aucune surprise, elle allait … AH ! Des flammes étaient arrivées sur sa cape avant même qu’elle ne puisse réagir. Aussitôt, de l’eau vint l’asperger, Royan ne bougeant pas de sa position.
« Je pense que je suis plus apte à la combattre que vous, mademoiselle l’Ombre. » annonça t-il avec calme, Elen répliquant avec un peu de colère :

« Ne raconte pas de bêtises, Royan ! Tu penses sincèrement réussir à battre une femme avec les lignes d’Alzar en elle ? Et avec des cornes que je n’ai jamais vues ? »

« Laissez-moi essayer … Je suis le prince de Traslord … Le dernier survivant de la famille royale. Reculer devant le combat n’est pas dans nos principes. »

« Et survivre pour perdurer la lignée ne l’est pas non plus ? » rétorqua Elena, posant une main sur le torse de Royan pour le repousser un peu en arrière.


Néanmoins, l’adolescent ne se laissa pas faire, tirant sur les capes pour les retirer. Elen poussa un cri de surprise, s’agenouillant aussitôt avant de recouvrir sa tenue avec ses capes. Elise sembla étonnée, ayant vu pendant un bref instant ce qu’Elen portait. Elle demanda :

« Tu es sûre de ne pas avoir froid avec ça ? Je ne pensais pas que tu étais habillée de la sorte. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences. Hahaha ! »

« Qu’est-ce … Qu’est-ce que tu veux dire par là, Elise ? Et ROYAN ! Je peux savoir pourquoi tu as fait ça ? » s’égosilla la jeune femme masquée.

« Simplement que vous me laissiez faire. De toute façon, ce qu’Elise a vu n’est à la base réservée que pour une seule et unique personne, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas ça du tout je t’ai déjà dit ! Et arrête avec ça, ce n’est pas le moment ! Nous ne devons pas parler de cela ! C’est n’importe quoi ! »

« Vous êtes amusants tous les deux … J’ai l’impression que vous ne me prenez pas au sérieux. » murmura Elise calmement en observant les deux personnes qui se disputaient.

« Je suis désolé mais elle est parfois assez … tête de mule quand elle le désire. Je serai votre adversaire, mademoiselle Elise. » murmura sur le même ton qu’elle Royan.


Soit ! Comme il le désirait ! Elle se plaça en face de lui, un sourire aux lèvres tandis que l’adolescent faisait déjà paraître deux geysers aqueux à ses côtés. Elen était plus que suspicieuse, n’appréciant guère l’idée de Royan. Elle allait le laisser faire … pour l’instant. Mais quel idiot quand même ! Elle avait tellement confiance en lui, enfin en son comportement, qu’elle ne s’était pas attendu à ce qu’il fasse une telle chose !
Vraiment … Quel idiot … Il suffisait d’imaginer qu’il fasse ça en pleine ville. Et puis, c’était quoi le souci avec sa tenue ? Elle la portait habituellement, ça n’avait rien … de trop … Enfin, non … Ce n’était pas vulgaire quand même ? Elle n’y avait pas pensé, enfin, jamais de la sorte et puis, elle trouvait sa tenue normale. Enfin, elle n’avait jamais posé la question à Tery. Peut-être que dans la prochaine lettre, elle pouvait ?


Enfin, ce n’était pas le moment de penser à une autre question. Elle devait plutôt surveiller le combat avant qu’il ne soit trop tard. Le combat venait de commencer et elle remarqua que c’était Royan qui lançait l’offensive. La jeune femme en face ne semblait pas vouloir bouger de sa position, étant immobile, les bras croisés.
Tsss … L’abus de confiance allait l’emmener à sa perte si elle ne faisait pas plus attention. Royan avait quand même quelques pouvoirs plutôt significatifs et loin d’être faibles.
Elle devait simplement lui faire confiance. Pourtant, Elise décroisa les bras lorsqu’une vague tenta de s’abattre sur elle. Pointant sa main vers la vague, de la vapeur se forma lorsqu’elle rentra en contact. Néanmoins, à travers la vapeur, un javelot de glace passa à côté de la joue d’Elise, entaillant faiblement sa peau. Elle passa un doigt sur le sang, se le léchant avant de sourire. Impressionnant … Cette manipulation aqueuse.

« Comme quoi, il faut vraiment ne pas croire ce que l’on voit au départ. » dit-elle avec entrain. Puisqu’il voulait utiliser une vague d’eau, elle allait faire de même … avec une vague de lave.

« Ça devient vraiment très dangereux … et elle est plus que sérieuse. » murmura l’adolescent aux cheveux bleus en voyant ce qui allait lui arriver dessus. Peut-être n’avait-il pas pris la menace au sérieux justement ? Il était le dernier prince de Traslord. Il devait montrer que ce titre n’était pas là simplement pour le nom. Une sphère entoura complètement son corps, la lave passant des deux côtés … sans même le toucher ? Il écarquilla les yeux, Elise poussant un profond soupir avant de murmurer :

« Ce n’est pas drôle si tu disparais tout de suite. Je pourrais facilement t’éliminer. »

« Ne prend pas ma menace à la légère. » dit Royan, légèrement irrité.

« Tu n’es encore qu’un enfant, cela se voit dans tes réactions. Ne t’inquiète donc pas à ce sujet … Essaye plutôt de me distraire. »


Pour qui se prenait-elle ? Elle se croyait vraiment supérieure ? Il était vrai que sa puissance était surprenante mais ce n’était pas une raison pour l’insulter de la sorte. Néanmoins, il fallait reconnaître qu’il n’y avait que peu de chances de réussir à la battre.

« Mademoiselle l’Ombre ? Est-ce que vous pouvez vous préparer ? » dit-il avec calme et sérénité. Il n’avait pas le choix de toute façon.

« Me préparer à quoi ? Qu’est-ce que tu risques de manigancer, Royan ? » demanda la femme masquée, un peu inquiète par la tournure des évènements.

« L’eau existe en trois stades … J’utilise souvent deux d’entre eux : la forme liquide et la forme solide. Néanmoins, la troisième forme n’a pas pour vocation de blesser l’adversaire. Du moins … Sauf si on arrive à empoisonner l’air. »

Troisième stade … Il ne voulait quand même pas parler de ça ? Elle le regarda avec appréhension alors qu’il pointait ses deux mains vers Elise. Celle-ci gardait son sourire aux lèvres, nullement inquiète ou effrayée par la situation.

Un puissant jet aqueux fonça vers la jeune femme aux cheveux aux pointes auburn avant de se geler subitement. L’eau ainsi solide se brisa en morceaux avant de se mettre à fondre, créant un mur de fumée. L’adolescent se tourna vers Elen, criant :

« Nous devons nous enfuir maintenant, mademoiselle l’Ombre ! Nous ne pouvons pas la vaincre ! Suivez-moi dans la forêt et vite ! »

« Mais nous avons déjà essayé cela, ça ne marchera pas. » rétorqua la jeune femme au masque blanc souriant bien que ce n’était pas son émotion du moment.

« Il faut essayer à nouveau ! Nous n’avons pas le choix ! Nous ne pouvons pas l’affronter avec nos pouvoirs actuels. On ne doit pas mener une lutte perdue d’avance. C’est bien cela que tu m’as dit hein ? »

« Oui … Enfin bon … De ne pas mourir stupidement. C’est mieux que de dire qu’il n’y a aucun espoir. » marmonna Elen avant de courir à son tour, un petit toussotement se faisant entendre derrière eux. Visiblement, Elise ne s’était pas attendue à cette vapeur.

« Je ne dis pas qu’il n’y a aucun espoir mais actuellement, on n’a que peu de chances de réussir à la battre ! Dépêche-toi s’il te plaît ! »

Depuis quand était-il aussi pressé ? Ce n’était pas dans ses habitudes de s’emporter de la sorte. Il était peut-être vraiment plus inquiet qu’elle ne le croyait. Bon … C’était à elle de tout faire pour qu’il soit en sécurité alors. C’était elle qui devait veiller sur lui, non ?

« Vous ne vous échapperez pas … Je vous l’ai déjà dit, non ? » murmura une voix en hauteur tandis que Royan ne semblait pas l’écouter.

Pourtant, des colonnes de flamme se dessinèrent devant lui et Elen, la forçant à ralentir la cadence pour les éviter. C’était une course d’obstacles ou quoi ? L’adolescent s’arrêta, tournant son visage vers le ciel. Elle était toujours là … avec son fouet constitué de flamme à la main. Elle était vraiment dingue cette femme, n’est-ce pas ?

« Mademoiselle l’Ombre, je ne crois pas que cela soit possible de la battre … et de nous enfuir. Est-ce que vous savez ce que cela veut dire ? »

« Ne t’inquiète donc pas. Je vais tout faire pour la ralentir. Pendant ce temps, tu pourras t’enfuir. Il faut que la monarchie du royaume de Traslord perdure. Si tu devais mourir, les conséquences seraient dramatiques, Royan. »

« Et si vous deviez mourir ? Avez-vous pensé à cela ? N’oubliez pas que vous avez quelqu’un qui vous attend aussi, mademoiselle l’Ombre. » annonça l’adolescent aux cheveux bleus.

« Hein ? Qui donc ? Madame Liza ? » demanda-t-elle avec un peu de surprise alors qu’Elise redescendait, ses yeux rubis dirigés vers eux.

« Arrêtez de jouer les innocentes. Quelqu’un d’autre est tout aussi important que madame Liza pour vous, non ? » répondit Royan calmement. Il s’attendait à ce qu’Elen réplique violemment et surtout en annonçant que ce n’est pas du tout ça mais à la place, la jeune femme masquée fut gênée, murmurant :

« Je ne peux pas respecter la totalité de mes paroles, voilà tout. Si c’était le cas, je ne serai pas ici … C’est embêtant … Je ne peux même pas les laisser pousser. »

« Vous devriez éviter de discuter entre vous deux alors que je me trouve en face de vous. » dit Elise, claquant son fouet au sol, laissant une marque de brûlure sur l’herbe.

« … … Ca n’aurait pas poussé en aussi peu de temps de toute façon, mademoiselle l’Ombre. Il aurait fallu attendre deux ou trois mois que ça soit quand même bien visible. »

«  C’est dommage … Bon … Je ne pensais quand même pas me résoudre à utiliser ceci. »

Utiliser ceci ? De quoi est-ce que parlait la jeune femme masquée. Elle pointa son arc vers le ciel, les lignes blanches déjà présentes sur son corps apparaissant de plus en plus. Elise sembla suspicieuse et un peu inquiète, se doutant que quelque chose se tramait du côté d’Elen. Finalement, une flèche faite de lumière blanche quitta l’arc de la femme masquée, s’enfonçant dans les cieux sans que rien ne se passe. Elen commença à trembler, comme épuisée avant de bafouiller :

« Je … Je me disais bien que … je louperai. Je ne l’utilise … jamais. »

« Que … C’est quoi cela ? » demanda Elise avant qu’une forte lueur ne provienne du ciel. Comme un rayon de soleil, la lueur vient s’abattre à l’endroit où elle se trouvait deux secondes auparavant, ayant fait un saut en arrière. Heureusement pour elle, elle avait réagi au bon moment car un instant trop tard … et elle n’aurait pas été sûre que cela soit sans effet. Oh … Il se pourrait même qu’elle soit morte. Elle reprit : « Vous commencez sérieusement à devenir agaçant … Plus le temps passe, plus vous devenez des plaies. »

« Royan … Je ne crois pas … que je pourrai recommencer cette attaque … Elle me demande beaucoup trop de puissance. Je peux la … »

« Mademoiselle l’Ombre, je pensais vous avoir déjà dit que je ne partirai pas. »

« Comme tu veux … Mais elle peut facilement nous tuer quand elle le désire. » murmura la femme masquée en regardant Elise.

Celle-ci ne bougeait plus, semblant attendre la suite des évènements. Elle pouvait se débarrasser d’eux quand elle le désirait. Mais … Elle ne le faisait pas. C’est qu’il y avait bien une raison, n’est-ce pas ? D’ailleurs, une question la taraudait.

« Tu n’es pas hors de contrôle ? Malgré tes lignes d’Alzar ? Je vais finir par croire que les porteurs des lignes … ne sont pas tous fous. » demanda t-elle en s’adressant à Elise.

« Il semblerait que non, j’arrive à utiliser mes lignes d’Alzar sans aucun problème. Je suis parfaitement au courant qu’à la base, ça ne devrait pas être possible. Tu ne serais pas en train de vouloir gagner du temps ? »

« Disons que je tente tout simplement de faire vivre un peu plus longtemps Royan, voilà tout. Il n’est pas destiné à mourir tout de suite. A la base, il aurait mieux valu qu’il ne m’accompagne jamais. Cela aurait été beaucoup mieux pour tout le monde. » murmura Elen avec calme tandis qu’elle regardait son adversaire.

« Vous êtes lassants … et amusants en même temps. Je pense que je ne vais pas gâcher mon temps en vous tuant. Je vais plutôt m’occuper d’aller chercher cet homme. »

D’aller chercher cet homme ? De qui est-ce qu’elle parlait ? Instinctivement, elle s’était dit que cela devait être Tery mais pourquoi Elise ferait une telle chose ? Cela semblait presque être de la paranoïa mais bon … Elle devait donc se calmer quoi. Peut-être qu’en la questionnant un peu plus, elle pouvait en savoir au sujet de cette personne qu’elle recherchait ? Déjà, c’était un homme … mais ensuite ?

« Et à quoi ressemble l’homme que tu recherches ? » dit Elen alors qu’Elise s’était déjà mise à voler dans les airs, prête à partir.

« Est-ce un interrogatoire de ta part ? Je ne suis pas obligée de te répondre. De toute façon, je ne sais guère qui je recherche réellement puisque tu veux tout savoir. La seule chose que je sais, c’est que cette personne est importante pour moi. Qu’est-ce que tu penses ? Que je me suis éveillée avec la connaissance suprême ? Toutes les réponses aux questions que je me pose ? Je ne sais même pas qui je suis réellement. Vous me fatiguez tous les deux. Vous avez de la chance, je vous laisse en vie pour l’instant. »

« Tu as l’air un peu perdue. » murmura tout simplement Royan avec neutralité.

« J’ai affaire à un petit génie. » répliqua Elise avant de disparaître dans les airs.


Elle était partie. La jeune femme masquée et l’adolescent regardèrent le ciel puis le terrain autour d’eux. Ils s’en étaient sortis vivants de cette histoire. Néanmoins, cela ne voulait pas dire qu’ils étaient tirés d’affaire définitivement. Non … Cette femme allait revenir un jour ou l’autre et pour cela, ils allaient devoir plus fort. Du moins, de son côté à elle, c’était ce qu’elle comptait faire. Elle ne pouvait pas … rester comme ça. Dans l’état actuel des choses, elle était faible, tellement faible que c’en était risible !

« Mademoiselle l’Ombre … Merci quand même pour tout. »

« Royan ? » murmura la jeune femme masquée, tournant son regard saphir vers lui.

« Je dois quand même dire cela, non ? Car plusieurs fois, vous avez essayé de faire que je m’en sorte indemne … Ca me semble logique de vous remercier. »

« Ah. Pour ça ? Ne t’inquiète donc pas, ça me parait normal. »

« Comme vous le désirez … Vous êtes blessée ou non ? Contrairement à ce que je pensais, je ne le suis pas. Elise, cette femme, n’a pas été aussi violente que je le pensais. »

Il marquait un point. Contrairement aux apparences et surtout aux dires, Elise n’avait guère fait plus de mal que ça. Pourtant, à côté, elle avait quand même détruit l’auberge dans laquelle elle travaillait depuis des années. Et elle avait aussi tué son père adoptif. D’ailleurs, elle restait inquiète par rapport aux cornes qu’elle avait pu voir.

« Royan ? Je pense que tu n’es pas au courant mais je pose quand même la question : tu sais d’où viennent ces deux cornes ? Je ne connais pas cette race de personnes. »

« Aucune idée … Mais il est facile d’admettre que ce n’est pas une race connue à ce jour, du moins à l’heure actuelle. Elle n’est pas originaire de Traslord ou Claudiska. Quant à son élément de prédilection qui semble être le feu, on ne peut pas en déduire qu’elle provient d’Honoros. Pour l’heure, nous nageons en eaux troubles, mademoiselle l’Ombre. »

« Il faut que j’envoie une lettre à l’Oracle. Peut-être aura-t-il plus d’informations à son sujet. Je pense que nous avons trouvé la personne que je dois abattre. Malheureusement, le résultat est peu concluant … » marmonna Elen avec un peu de dépit.

« Vous n’avez pas à vous en vouloir de ne pas avoir réussi à accomplir votre mission. On ne peut pas être bon à tout. Nous devrions rentrer avant qu’il ne se fasse trop tard. »

« Tu as raison, Royan. Allons-y sans perdre plus de temps. » termina de dire la jeune femme aux cheveux blonds. Pourtant, lorsqu’elle passa à côté de lui, ce fut pour lui décocher un méchant coup de poing sur l’arrière du crâne, l’adolescent poussant un cri de douleur.

« AIE ! Mais qu’est-ce qui vous prend de faire une telle chose ? Êtes-vous devenue folle, mademoiselle l’Ombre ? Ca fait plutôt mal ! »

« Tu ne croyais quand même pas que j’avais oublié ce que tu as fait ? C’était quoi ça ? Maintenant qu’on est seuls, j’espère que tu as une TRES bonne explication ! Car ça ne m’a pas du tout plu ce que tu as fait pendant le combat ! »

« Vous voulez parler … du moment où j’ai relevé vos capes ? »

Elle émit un petit rire à glacer le sang de l’adolescent. Oui, bien entendu, elle parlait de ça. Il avait besoin d’en dire plus ? De donner plus de détails ? Elle devait lui rafraîchir sa mémoire qui semblait bien courte sur le moment ?

« On dirait que tu vois parfaitement ce que j’évoque … J’espère pour toi que tu as une très bonne explication, Royan. Sinon, il pourrait s’avérer que je devienne … méchante. »

« Vous ? Méchante ? Cela est bien difficile à croire. » annonça l’adolescent, ne semblant nullement inquiet malgré les propos d’Elen. Oh … Il y avait aussi le rire mais il n’en avait guère réellement à faire quelque chose.
« Hum ? Tu veux essayer, Royan ? Il y a des choses que je n’apprécie pas vraiment, je dois l’avouer. La preuve, j’ai assommé Tery quand il a essayé de retirer mon masque la première fois que nous nous sommes rencontrées. »

Elle éclata de rire une nouvelle fois, mais sur un ton amusé. Elle s’en rappelait parfaitement de cette petite scène. Mais bon … Ce n’était peut-être pas le moment d’y penser n’est-ce pas ? Il y avait des choses plus importantes. Dix minutes auparavant, ils avaient presque risqué leurs vies contre Elise et là, elle passait déjà à autre chose. Sans le remarquer pendant quelques instants, Royan s’était éloigné, se rendant en catimini vers Midès. Pourtant, la main gantée de rouge d’Elen se posa sur son épaule.

« Est-ce que je peux savoir où tu comptes te rendre, Royan ? Nous n’en avons pas terminé. Je n’ai pas entendu tes excuses par rapport à ce que tu as fait. »

« Hum ? Et bien, ce n’est pas vraiment des excuses que je dois vous donner. Je dirai simplement que j’ai fait cela pour que vous me laissiez me débrouiller seul. Néanmoins, vous savez pertinemment que vous devez faire des efforts. »

« La seule personne qui peut me voir sans mes capes à l’heure actuelle n’est pas là. Et j’ai l’impression que tu ne veux pas t’excuser. » reprit la jeune femme masquée.

« Ce n’est pas une impression. Je n’ai pas à m’excuser de ce geste qui avait une bonne raison d’être faite. Je ne viendr … »


Elle ne lui laissa pas le temps de finir. Des lignes blanches étaient apparues sur la main droite de la jeune femme. Un coup bien placé sur la nuque et l’adolescent balbutia :

« Que … Qu’est-ce que … Ah … Je … »

« La délicatesse, ça n’a jamais été ton fort, Royan. Je te rappelle que je suis une femme et que j’ai quand même … un peu de pudeur. Si je ne veux pas me montrer aux autres personnes, on n’a pas à me forcer. Bonne nuit. » annonça la jeune femme en le réceptionnant.
Evanoui à cause de la puissance du coup, Royan était maintenant dans les bras d’Elen. Elle devait maintenant retourner à Midès puis écrire une lettre à l’Oracle. Cette femme … Elise, elle devait avoir plus d’informations sur ces deux cornes.

Chapitre 27 : Faiblesse apparente

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Chapitre 27 : Faiblesse apparente

« Que se passe-t-il mademoiselle l’Ombre ? » demanda Royan, remarquant qu’elle s’était arrêté mais surtout que son regard n’était pas celui habituel.

« J’ai eu … une impression des plus malsaines. Je crois que nous venons de dépasser une personne qui pourrait être celle que l’on recherche. »

Alors, qu’est-ce qu’ils attendaient ? Il demanda par où elle était partie, Elen lui signalant du doigt la ruelle que la jeune femme avait empruntée. Aussitôt, les deux personnes partirent à sa recherche, traversant la ruelle pour se retrouver dans une nouvelle rue marchande. AH ! Maintenant, qu’est-ce qu’ils allaient faire ? C’était loin d’être facile de se rappeler d’à quoi elle ressemblait. Royan reprit la parole :

« Des détails ? Peut-être de simples choses qui nous permettent de la différencier ? »

« Le plus gros détail que je connaisse … est celui de ses cheveux. C’est un mélange de cheveux bruns … Mais une partie des cheveux était de couleur auburn. »

« Auburn … Hum, c’est quand même assez important comme détail. Cela nous permettrait alors de la différencier facilement puisque une telle coiffure doit être très rare. »

« Je confirme cela, Royan. Enfin … Maintenant, ne perdons pas de temps. » conclut la jeune femme masquée de blanc avant de se mettre en route.

Ce n’était pas réellement une course poursuite. Mais une surveillance des plus rapprochées. Ils devaient se séparer mais elle refusa l’idée de Royan, la raison était simple. Il ne pouvait pas se protéger aussi bien qu’elle … et se séparer leur donnait une chance de se faire piéger chacun de leur côté. Non, non et non !

Mais … Comment faire ? Est-ce qu’elle était partie à gauche ou à droite ? Ils avaient une chance sur deux … Mais à côté, il fallait aussi se dire qu’elle pouvait emprunter une nouvelle ruelle pour les faire se perdre. C’était compliqué … beaucoup plus compliqué que ça ! Pourquoi n’avait-elle pas réagit aussitôt ?

« Mademoiselle l’Ombre ? Cette personne, ne ressemble-t-elle pas exactement à cela ? »

Ressembler à qui ? Elle regarda vers la direction pointée par Royan avant de reculer un peu le visage. Qu’est-ce que cette femme était en train de faire ? Cette femme les observait … Celle qu’elle avait remarquée auparavant ! Mais à quoi cela lui servait-il ? Quel était son but ? Un sourire se dessina sur les lèvres de la femme qui s’éloigna peu à peu, disparaissant à travers la foule sans même lui laisser le temps de dire quelque chose.

« Elle veut nous échapper. On doit la poursuivre maintenant, Royan. »

« C’est un piège, mademoiselle l’Ombre. Ne tombons pas dedans. » répondit l’adolescent aux cheveux bleus alors qu’elle lui disait aussitôt :

« Avons-nous le choix ? Je ne crois pas. Le mieux à faire est d’être plus rusé qu’elle. »

« Plus rusé qu’elle ? Je ne suis pas sûr que ça soit la meilleure chose à faire … Ou plutôt celle qui est possible à faire mais bon … Nous verrons sur le moment. Allons-y maintenant. »

Hum … Il valait mieux qu’il ne donne pas d’ordre car il n’en était pas capable … Du moins, ça ne marchait pas avec elle. Elle ne fit qu’acquiescer avant de partir à la poursuite de la jeune femme aux cheveux mi-bruns, mi-auburns. Elle courut à toute vitesse parmi la foule, espérant mettre le moins de distance avec cette personne.
Malgré ce qu’elle pensait, elle n’eut aucun mal bien qu’à chaque fois qu’elle pensait l’atteindre, la femme accélérait le pas, s’éloignant de plusieurs mètres. Et ainsi de suite sans même qu’elle ne puisse poser la main sur elle. Un bref regard en arrière et elle vit Royan qui lui faisait quelques gestes pour lui annoncer de ne pas s’occuper de lui. Brave garçon … Elle savait parfaitement que c’était un piège, elle n’était pas stupide mais qu’importe, elle devait tout simplement faire son travail.
Mais où est-ce que cette femme l’emmenait ? Car oui, elle la guidait à travers les rues de Midès sans même s’arrêter. Elle savait parfaitement qu’elle était poursuivie. Si c’était trop dangereux, de toute façon, elle n’hésiterait pas à reculer et à attendre Royan. Pourquoi est-ce que Tery n’était pas là ? Elle se serait sentie encore plus rassurée avec lui à ses côtés mais … Il n’était pas là … Et elle devait se faire une raison.

Hum ? Qu’est-ce que … La jeune femme venait tout simplement de quitter Midès sans même se faire repérer par les gardes ? Comment est-ce qu’elle était passée au-dessus des murs ? Comment était-ce tout simplement possible ? Ce genre de magie … Elle ne connaissait pas … Alzar ne pouvait pas faire une telle chose ! Ce n’était pas normal … Elle commençait à comprendre ce que l’Oracle voulait dire par là.

« Ah … Ah … Ah … Mademoiselle … l’Ombre. »

Royan apparut derrière elle, à bout de souffle, cherchant sa respiration alors qu’elle se tournait vers lui. Et bien ? Visiblement, l’adolescent ne semblait pas s’être attendu à une telle course poursuite hein ? Elle ne put s’empêcher de sourire en regardant le prince de Traslord.

« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? Un petit souci de respiration ? » demanda t-elle.

« Ne vous … Ne vous moquez pas de moi ! Attendez que je reprenne … mon souffle. »

« De toute façon, elle est sortie de la capitale donc je préfère que l’on soit tous les deux conscients de ce que l’on va faire. C’est bien un piège qui nous attends puisque personne ne pourra venir nous aider. Dès que tu es prêt, nous y allons. »

« Se jeter dans la gueule du loup … Jamais idée n’aura été plus stupide. »

« Est-ce que nous avons le choix ? Enfin, toi, de ton côté, tu peux décider à tout moment de partir. Je ne t’ai jamais retenu … Tu es libre de tes actes. »

« … … … Est-ce une blague ? Vous pensez que je vais vous abandonner, mademoiselle l’Ombre ? En tant que prince de Traslord, je pense avoir plus de fierté et d’honneur que vous. Je ne compte pas partir bien que cela risque d’être dangereux, très dangereux … voir même trop dangereux pour moi. Mon royaume passe avant tout … mais je ne reculerai pas. »

Ah. C’était ce qu’elle voulait entendre de la part de l’adolescent. Ils attendirent deux minutes avant de sortir de la capitale sous le regard des gardes. Ils ne firent aucun geste suspect, restant parfaitement normaux et simples alors qu’ils continuaient d’avancer. Ils ne regardèrent qu’à gauche et à droite, se demandant où était passé cette femme.

« Encore disparue … Mais vous êtes sûre qu’elle est passée par-dessus un mur ? C’est quand même une sacrée hauteur … Cela m’étonne. »

« Et moi donc alors ? Tu ne crois pas que je suis étonnée ? Je ne m’attendais pas à ce qu’une personne fasse une telle hauteur … Même pour quelqu’un qui possède les lignes d’Alzar. » répondit la jeune femme masquée.

« Il faut sûrement se séparer encore une fois … mais je ne pense pas que ça soit une bonne idée. » murmura Royan avec calme avant qu’Elen ne lui dise :

« Reste juste près de moi au cas où … Une simple mesure de précaution. »

Oui … Une simple mesure au cas où. Elle regarda vers l’horizon, apercevant une forme à travers les rares arbres présents au lointain. Elle désigna les arbres du doigt, Royan hochant la tête pour dire qu’il comprenait. Ils partirent vers cette direction, une voix féminine se faisant entendre, résonnant au loin :

« Et bien … Et bien … On dirait que j’attire des personnes bien spéciales, n’est-ce-pas ? Une demoiselle aux lignes de Zélisia … Et un adolescent aux lignes aqueuses plus que puissantes et nobles … Surement un être hors du commun, aux origines puissantes. »

D’où provenait-elle ? Elen tourna sur elle-même pour arriver face à l’endroit d’où elle avait entendu la voix. Elle accéléra le pas, annonçant à Royan de se préparer tandis qu’ils continuaient à s’éloigner de Midès. Un piège, c’était un piège des plus grossiers mais elle n’allait pas se laisser faire. Ce piège allait se retourner contre cette femme !

« Assez perdu de temps ! Il est temps de s’amuser ! »

La voix venait de crier alors qu’ils se retrouvaient maintenant à un bon kilomètre de la capitale. De cette distance, il était quand même possible de voir la ville … Mais bon, si ils étaient attaqués, il ne fallait pas compter sur de l’aide. Mais d’où provenait cette voix ? Elle savait qu’elle était ici … mais elle ne la voyait pas.

« Mademoiselle Elen ! Dans les airs ! » hurla Royan, la jeune femme masquée plus que surprise par l’écoute de son nom. Elle regarda en hauteur, faisant un saut en arrière avant de voir une femme qui tombait du ciel. Le sol se fissura à son atterrissage, une main plantée dans le sol. Cette chevelure brune et rouge …

« Oh … Voilà donc un adolescent plus qu’intelligent … Généralement, rares sont ceux qui regardant dans le ciel … et surtout qui arrive à m’apercevoir à cette hauteur. » murmura la femme aux cheveux bruns et rouges.

« Ton visage … me dit quelque chose. » chuchota Elen tout en observant la femme à travers son masque blanc. C’était bizarre … Cette femme … Elle lui donnait l’impression de la connaître mais c’était tout simplement impossible.

« Hum ? Mon visage ? Je ne crois pas avoir l’impression de te connaître. » annonça la femme en face d’eux avec calme et tranquillité. « De toute façon, je ne vois pas de raisons de parler plus longtemps de cela. Vous me suivez, vous disparaissez. »

Aussitôt, Elen fit apparaître son arc. Cette femme … Dans sa tenue composée uniquement d’une robe de couleur rubis aux nombreux traits verticaux bleus, elle n’avait aucune arme. Mais elle se méfiait … Elle se méfiait grandement car ceux et celles qui possédaient des lignes d’Alzar ou de Zélisia pouvaient faire apparaître des armes. Elle en était le parfait exemple. Oh, bien entendu, il y avait aussi le cas où la femme était une magicienne aguerrie. Cela ne l’aiderait clairement pas. Elle allait devoir se méfier.

« Peut-on au moins savoir le nom de la personne en face de nous ? » demanda calmement Royan alors que la femme aux cheveux bruns et auburn le regardait, un peu surprise.

« Je vais finir par croire que tu es vraiment poli … Mais je me moque bien de cela. Je m’appelle Elise, c’est bien la dernière chose que tu sauras avant de mourir. » annonça la jeune femme avec calme avant qu’elle ne ferme ses yeux.

Elise … Elise … Où est-ce qu’elle avait déjà entendu un tel prénom ? Elle devait faire un rapprochement … Ce n’était pas impossible ce qu’elle cherchait. Non … Il y avait autre chose … mais quoi ? Mais quoi ? Est-ce que … Non, c’était juste impossible. Une telle coïncidence était tout simplement impossible.

« Elise … Est-ce que tu serais la jeune femme … qui était serveuse dans l’auberge qui a été détruite y a quelques temps de cela ? » demanda Elen.

« Hum ? Bien entendu. Cela me parait évident. Les pauvres … Ils sont morts, tous morts … dans leur grande majorité. Il fallait dire que cela correspondait à mon éveil. Je ne pouvais pas laisser d’autres personnes voir ce que je suis réellement non ? »

« Je ne pense pas que tu te rappelles de … »

Elen s’arrêta de parler, remarquant les larmes qui coulaient des yeux d’Elise. Celle-ci avait pourtant le visage stoïque et neutre, comme si ça ne l’affectait pas le moins du monde. Elle passa une main sur ses yeux, les essuyant avec calme.

« De toi ? Tes cheveux blonds ne me disent rien … Mais comme ces personnes avec des masques blancs sont très rares, je me rappelle de toi. Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse hein ? Ta vie ne m’intéresse guère. Je me suis réveillée avec ces pouvoirs le jour où j’ai eu mes dix-huit ans et voilà, depuis … »

« Qu … Quoi ? Tu n’as que dix-huit ans ? » demanda Elen avec surprise.

« Oui et alors ? L’aubergiste m’a élevée depuis que j’étais qu’une gamine. C’est normal que je travaille pour lui en échange de son hébergement. Il était comme un père pour moi … Il est normal que sa fille l’aide en contrepartie. » annonça Elise, ses yeux se rouvrant pour laisser place à deux iris couleur rubis. Elen se positionna devant Royan pour le protéger.

« Et je ne connais pas de fille qui soit prête à tuer son père pour le remercier de l’avoir élevée pendant toutes ces années. » ironisa la jeune femme masquée de blanc.

« Mes nouveaux pouvoirs se sont montrés sans même que je ne comprenne comment les utiliser, c’est bête, n’est-ce pas ? Je ne sais pas ce que sont … ces cornes qui me poussent sur le crâne. J’ai l’impression de devenir un monstre. Et un monstre ne fait jamais le bonheur d’autrui, n’est-ce pas ? Les lignes d’Alzar sont démoniaques mais c’est bizarre. J’avais entendu dire que les lignes d’Alzar rendaient impossible tout contrôle de son corps. Et je ne suis pas haineuse, loin de là. Je ne ressens aucune haine envers autrui … C’est tout simplement envie de tuer les personnes autour de moi. »

Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elen prit le bras de Royan, le poussant sur le côté pour rouler avec lui. Là où ils se trouvaient, un petit halo de flammes fit son apparition, Elise venant de claquer des doigts au même instant. Elle observa Elen et Royan de ses yeux rubis, passant une main sa frange cachant l’un de ses yeux.

« Est-ce que vous pourrez me distraire ? Ou non ? Je me le demande … Je m’ennuie … Et je sais juste que je dois retrouver une personne dorénavant. Un jour, je me suis réveillée avec ces pouvoirs … Le jour où j’ai eu mes pouvoirs. » répéta la jeune femme avec nonchalance.

Elle ne pouvait pas la laisser en vie, cela serait beaucoup trop dangereux pour le monde. Ça ne lui plaisait pas … Ca ne lui plaisait pas du tout ! C’était bête … mais cette jeune femme … Elle ne la connaissait que pour un seul moment mais elle était réticente à la tuer. Pourtant, elle avait des lignes d’Alzar ! Mais son cas … Son cas ressemblait à celui de Tery ! Elle ne semblait pas savoir comment utiliser ses pouvoirs ! Du moins, pourquoi les possédait-elle ! Alors comment faire ? Comment faire pour éviter un tel drame ? Elle se releva, murmurant :

« Royan … Est-ce que ça va ? Est-ce que tu n’as pas eu de blessures ? »

« Outre le fait d’avoir été secoué à cause de vous, mademoiselle l’Ombre, je vais bien. »

« Tant mieux … Pfiou, j’avais peur, je l’avoue. Alors … Il va falloir que tu te mettes à l’abri. Je crois qu’Elise est un peu perturbée par la découverte de ses nouveaux pouvoirs. »

« Ce n’est pas vraiment le mot que j’aurai utilisé mais qu’importe. Néanmoins, mademoiselle l’Ombre, vous connaissez franchement des personnes … surprenantes. » rétorqua l’adolescent avant de se lever à son tour. Elen ne tarda pas à lui dire :

« Je ne la connais pas plus que cela, je tiens à te le signaler. Simplement, elle me semble un peu perdue … et désorientée. C’est pourquoi nous devons l’aider à trouver le bon chemin. »

« Le bon chemin ? Celui qui l’emmène à la mort ? Je suis un peu réticent à cela. Je ne dirai pas qu’elle ne mérite pas un tel … traitement mais il faut peut-être lui donner une chance. » murmura Royan avec lenteur, tournant son visage vers Elise. Lui ? C’était bien lui qui venait de dire ça ? Elen avait un peu de mal à le croire mais pourtant …

« Evitez donc de parler derrière le dos des personnes. Veuillez aussi disparaître. » annonça Elise, deux petites bosses présentes sur le sommet de son crâne.

Elle ouvrit la bouche, un léger souffle de feu en sortant bien qu’elle semblait parfaitement le manipuler. Le feu continua de paraître tandis qu’elle refermait la bouche. Du doigt, elle fit tournoyer le feu sur lui-même, créant une petite sphère enflammée avant de la projeter en direction d’Elen et Royan. L’adolescent ne tarda pas à présenter ses propres lignes bleues, une main aqueuse sortant du sol avant d’étouffer la boule de feu avec facilité. Elise haussa un sourcil avant d’émettre un grand sourire.

« Le feu qui est éteint par l’eau. Nous sommes donc opposés, n’est-ce pas ? Mais réussir à éteindre mes flammes, tu es vraiment la preuve que tes lignes sont pures. Enfin, je dis cela mais je ne sais guère réellement de quoi je parle. »

« Alors … évitez donc de parler ? » demanda avec neutralité l’adolescent. Une flèche passa à côté de lui, chargée d’électricité. Aussitôt, un mur de lave se forma devant Elise, faisant fondre la flèche avant qu’elle n’atteigne sa cible.

« De la lave ? Mais ce genre d’éléments … On ne peut pas l’apprendre ainsi … Seuls des personnes expérimentées peuvent donner la forme du magma aux flammes. » bafouilla la voix d’Elen, plus qu’étonnée par ce qu’elle venait de voir.

Manipuler le feu à haut niveau … Etait-ce parce que la jeune femme connaissait déjà l’élément du feu avant de posséder ces lignes d’Alzar ? Ou alors, dès le départ, elle en était déjà capable ? Car avoir ces pouvoirs était une chose … Réussir à les utiliser de cette manière, c’en était une autre. Mais sinon … Lorsqu’elle avait été à l’auberge, elle n’avait rien remarqué chez elle. D’ailleurs, n’avait-elle pas précisé qu’elle avait obtenu ses lignes le jour de ses dix-huit ans ? C’était étonnant et assez suspicieux.

« Pourquoi est-ce que tu nous attaques ? Qu’est-ce que tu veux au départ ? »

« Hum ? Qui a commencé à attaquer l’autre ? Je ne m’en rappelle plus mais dans le fond, la seule chose que je sais, c’est le fait que vous m’avez suivie pour essayer de me tuer. »

« Elle marque un point, mademoiselle l’Ombre. » annonça Royan calmement tandis qu’Elen ne répondait pas. Elle semblait réfléchir à ce qu’il fallait faire. Avec cette distance, ils n’allaient pas alarmer les gardes … sauf si cela devenait trop violent.

« Ca ne répond quand même pas à ma question. Qu’est-ce qu’elle désire ? C’est quoi maintenant son objectif ? » murmura la jeune femme masquée.

« Ce que je compte faire ? Je me suis réveillée avec une mission ancrée dans ma tête. Je ne sais pas pourquoi … Je ne sais pas quelle est la raison d’une telle chose … mais je sais ce que je dois faire. Je ne vois pas pourquoi je vous en parlerai ? Maintenant, on a assez parlé. »

Sa main droite bougea faiblement avant qu’un claquement sonore se fasse entendre. Royan baissa les yeux, remarquant les traces d’une entaille enflammée dans le sol. Lorsqu’il releva son regard, Elise tenait un fouet enflammé dans ses mains, les deux bosses sur le sommet de son crâne étant de plus en plus grosses. C’était quoi cela ? Il ne connaissait pas une telle race de personnes, qu’est-ce que cela voulait dire ?

« Peut-on savoir d’où proviens-tu ? » demanda avec neutralité Royan.

« Je pensais avoir dit qu’il suffisait … Nous avons assez parlé, n’est-ce pas ? Alors … Maintenant, il vaut mieux s’arrêter là. Je proviens de Shunter, c’est le plus important. Tu es déjà un homme, n’est-ce pas ? Du moins, un adolescent qui a le comportement d’un homme. Il y a des choses que l’on ne demande pas à une demoiselle, tu vas devoir l’apprendre … de manière un peu brutale. »

Un peu brutale ? Hors de question ! Elen fit apparaître de nouvelles flèches, n’hésitant plus à les tirer en direction d’Elise. Celle-ci ne chercha pas à les esquiver, des petites sphères de feu liquide se présentant autour d’elle, faisant fondre les flèches. Néanmoins, l’une des flèches produisit une explosion, Elen prenant le bras de Royan avant de lui crier :

« On part d’ici, Royan ! On n’a pas le choix ! »

« Et pour la tuer ? Ce n’est pas ce que vous vouliez faire ? Je commence à ne plus comprendre. Il faut sincèrement m’expliquer, mademoiselle l’Ombre. »

« Je sens que l’on ne va pas y arriver, c’est tout ! Il faut une nouvelle stratégie, voilà tout ! »

Une nouvelle stratégie ? C’était un mot un peu spécial à entendre de la part d’Elen. Néanmoins, il acquiesça d’un hochement de tête pour dire qu’il était d’accord avec elle. Il valait mieux ne pas prendre de risque inutile. C’était juste qu’il ne s’était quand même pas attendu à ce que ça soit elle qui propose une telle chose.

« Que faisons-nous exactement, mademoiselle l’Ombre ? » demanda-t-il alors qu’ils couraient tous les deux pour s’éloigner de Midès.

« Que faisons-nous ? On tente de lui échapper d’abord et en… »

« Ce n’était vraiment pas très sympathique de votre part … d’espérer me tuer de la sorte pendant que je vous parle. » murmura une voix dans le ciel.
ZUT ! Elle avait complètement oublié qu’Elise savait voler ! Elle leva son regard, apercevant la jeune femme dans les airs. Celle-ci avait des ailes dans le dos et elle se demandait si c’était cela … son pouvoir lié aux lignes d’Alzar ? Une telle capacité pour des combats, cela pouvait être plus qu’utile si on savait l’utiliser.

« Sortez d’ici … Je ne veux pas détruire la forêt à cause de vous. » chuchota Elise, s’arrêtant dans les airs. C’était le bon moment pour tirer une fl…

« Nous nous montrons, nous nous montrons. » cria la voix de Royan, Elen le regardant d’un air stupéfait. Qu’est-ce qu’il venait de faire ? BON SANG ! Et l’effet de surprise ?!

Elle regarda l’adolescent qui se dirigeait vers une clairière, pointant la main dans les airs avant de créer un javelot de glace. Il projeta le javelot dans le ciel, Elise descendant aussitôt vers lui, un sourire aux lèvres. Maintenant, elle avait changé … Du moins, les bosses avaient la forme de deux cornes en spirales. Elen était encore cachée derrière un arbre, tremblant un peu. Cette femme … Cette femme venait d’où exactement ?

Chapitre 26 : La traque débute

ShiroiRyu
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Chapitre 26 : La traque débute

Elle avait fini par envoyer sa lettre avec un petit soulagement au cœur. Elle devait le reconnaître, ça lui plaisait énormément … ce qu’elle avait lu à l’intérieur. Les écrits de Tery lui avaient réchauffé le cœur à un tel point qu’elle s’était demandé si elle n’avait pas rêvé. Résultat ? C’était pourtant bel et bien la réalité ! Une très belle réalité qui s’offrait à ses yeux et qu’elle reconnaissait complètement. Elle aimait cela !
Mais bon … Maintenant, elle ne devait pas oublier la raison de sa présence à Midès. Oh … En partie, c’était Tery mais comme il n’était pas là … Elle devait donc faire sa « seconde » mission, celle avec Royan. Peut-être qu’ici, elle allait trouver des informations sur la personne qu’elle recherchait ? Pourquoi avait-elle choisi la capitale ? Oh, pas seulement parce que Tery avait de fortes chances de s’y trouver. Non, il y avait autre chose qui rentrait aussi en compte dans toute cette histoire. Les personnes capables de créer autant de problèmes venaient souvent dans les capitales des royaumes, c’était un bon endroit pour se cacher ou chercher des informations. Assez paradoxal d’ailleurs … le fait d’aller dans un endroit des mieux gardés pour pouvoir échapper aux soldats.

« Hum … Qu’est-ce que Royan fait d’ailleurs ? Il en met du temps … » murmura-t-elle, passant une main dans ses cheveux blonds. OUPS ! Elle oubliait complètement maintenant qu’elle avait ses cheveux à l’air libre. C’était bizarre … Mais elle l’avait signalé dans sa lettre … qu’elle se préparait mentalement à cela.

Mentalement … Et le jour où elle allait pouvoir se présenter au monde entier sans même avoir peur du regard des autres ? Et bien … Elle allait pouvoir alors se promener avec Tery dans le monde qui l’entourait. Hum … Se présenter à l’air libre, son visage à découvert, ses cheveux blonds recevant la caresser du vent. Si on avait pu voir son visage à ce moment-là, elle était sûre qu’elle était en train de rougir. Rah … Vraiment, elle ne savait toujours pas contrôler ses émotions depuis tout ce temps.

« L’Ombre ? » murmura une voix qui lui fit redresser son visage masqué de blanc. Sur le coup, elle avait cru entendre Tery mais ce n’était que Royan. Un petit soupir désabusé sortit de ses lèvres, soupir qu’elle regretta aussitôt puisque l’adolescent lui dit en s’asseyant :

« Je sais bien que je ne suis pas celui que vous attendiez mais quand même … »

« Ah ! Euh … Pardon, Royan. Ce n’était vraiment pas voulu. »

« Ce n’est pas grave, n’essayez pas de vous faire pardonner … Je ne vous en veux guère. »

« Oui mais quand même … Dire de telles choses n’est pas sympathique à entendre de la part de celui ou celle qui les reçoit. Je peux quand même m’excuser non ? » bafouilla-t-elle, gênée par les propos qu’elle avait proféré à l’encontre de Royan.

« Faites comme vous le voulez … Sinon, j’ai visité un peu cette capitale … Plutôt spéciale non ? Mais remarquable en même temps … Je ne comprends pas que vous puissiez être si en retard au niveau des sciences et de la technologie … Vous avez pourtant tous les moyens pour y arriver … pour donner quelque chose de bien ? »

« Je ne suis pas originaire de Shunter … Enfin, je ne sais pas d’où je viens exactement. J’ai toujours vécu dans l’orphelinat dont je parle quelques fois. Celui où nous nous sommes rendus. Avec madame Liza … Je ne connais personne d’autre. »

« C’est mieux d’avoir au moins un toit. Certains enfants n’ont pas eu cette chance dans leur passé … n’est-ce pas ? Que faisons-nous dès demain ? »

« Nous partirons à la recherche d’indices. Une telle personne laisse sûrement des traces, qu’elle le désire ou non. Il y a de fortes chances que puisque nous sommes dans la capitale, nous pourrions trouver ce qu’elle a fait, ses prochains objectifs et diverses autres choses. »

« D’accord … Donc nous nous mettrons en quête dès demain. Pour l’heure, nous mangeons et ensuite, direction dans nos chambres. D’ailleurs … Vous vous êtes occupée de cette lettre ? »

« J’y ai répondu si c’est cela que tu veux dire … Maintenant, je n’ai plus qu’à attendre sa réponse encore une fois. Je me demande si Tery reviendra pendant que nous resterons à Midès … Hum … C’est un peu perturbant. »

« Perturbant pour qui ? Vous ou moi ? Difficile à dire … Mais au moins, vous semblez avoir tenu votre promesse. Ce n’était guère une promesse mais plutôt un avis. » murmura l’adolescent aux cheveux bleus tandis qu’elle clignait des yeux.

Hum ? Hein ? De quoi est-ce qu’il parlait ? AH ! De ses cheveux blonds ? Même si elle était vivement gênée, elle ne trouvait pas cela … si déplaisant quand même. Enfin … Elle aurait aimé que ça soit Tery qui lui donne cette idée. Mais il ne fallait pas rêver. Tery n’était pas là … Et si elle avait les cheveux à l’air libre, c’était bien parce qu’elle voulait le surprendre lorsqu’ils se reverraient. Et pour ça, elle devait refuser de se montrer avant que ses cheveux blonds ne poussent un peu plus vite. Oh … Elle ne demandait pas tant que ça … Mais plus elle attendrait, plus ils pousseraient. En même temps … Elle ne voulait pas trop attendre.

« Encore une fois, vous êtes plongée dans vos pensées sans vous préoccuper du monde qui vous entoure, l’Ombre. » murmura la voix de Royan.

« Hein quoi ? Je ne comprends pas … Zut ! J’ai encore … »

« Oui, vous avez encore eut une légère absence. Il faudrait peut-être réfléchir à un soigneur … ou à aller voir quelqu’un capable de régler ce petit problème. »

« Je ne suis pas sûr que ça soit un problème … Mais bon … Si ça continue, peut-être que j’irai voir, oui … Nous commandons ? »

Il hocha la tête pour dire que oui. Quelques minutes plus tard, ils mangèrent en silence, Royant observant toujours la jeune femme masquée qui arrivait à avaler à travers la petite ouverture de son masque au niveau de la bouche. C’était assez impressionnant. Néanmoins, il ne dit rien du tout, restant parfaitement muet, mangeant en silence. Lorsque le repas fut terminé, il demanda d’une voix neutre :

« Est-ce que vous avez déjà commandé les chambres ? »

« Non. Je vais le faire tout de suite. A cause des relations avec les autres royaumes, tu serais peut-être pas si bien vu que ça si tu en demandais une. »

Il ne répondit pas, ne faisant qu’hocher la tête une nouvelle fois. Quand elle le voulait, elle était capable de réfléchir vite et bien. Il la vit se lever de sa chaise, se dirigeant vers le comptoir une nouvelle fois. L’aubergiste hocha la tête en réponse à sa demande, lui donnant deux clés alors qu’elle payait. Elle revint, lui tendant une clé tout en murmurant faiblement :

« Fais attention à toi quand tu vas dormir cette nuit. On ne sait quand même pas ce qui pourrait se passer … Tu fermes derrière toi à clé et tu gardes celle-ci avec toi. »

« C’est bizarre de vous voir aussi préoccupée par moi … » répondit tout simplement l’adolescent en récupérant la clé, Elen répliquant :

« Je te rappelle que lorsque j’ai décidé de te laisser seul dans ton « palais », tu en avais rien à faire de mourir de la main de tes assassins. C’est juste une mesure de précaution. »

L’adolescent fronça les sourcils, détournant le regard. Elle le jugea de ses yeux saphir, il était en train de bouder ? Il fallait dire qu’elle avait sûrement vexé le prince avec de telles paroles mais elles étaient sincères … et surtout véridiques.

« Pour la peine, je pense que je vais aller directement dans ma chambre. Demain matin, le premier réveillé attendra l’autre en bas. »

« Aucun problème … Tu ne m’en veux quand même pas pour ce que j’ai dit, j’espère ? »

« Pas le moins du monde … Je vaux bien mieux que ça. » annonça l’adolescent bien qu’il partait aussitôt vers les escaliers pour les monter.

Hum … Elle n’était pas vraiment convaincue par les paroles de l’adolescent mais … en même temps … Voilà comment elle lui avait parlé. Elle le regarda disparaître à l’étage, faisant de même quelques minutes plus tard. S’enfermant dans sa chambre, la jeune femme retira son masque en poussant un soupir d’apaisement.
« Je me demande vraiment si ils vont pousser … » murmura t-elle d’une voix faible avant de sortir le petit miroir de poche. Elle le fit grandir jusqu’à ce qu’il soit d’une taille plus grande qu’elle, s’observant dans celui-ci.
Elle ne prenait pas d’images d’elle, ce n’était pas l’endroit, ni le moment pour ça. Mais … Elle s’observait de haut en bas. Elle avait toujours les cuisses à l’air à cause de sa tenue. D’ailleurs … Cette tenue était quand même assez révélatrice non ? Elle avait les bras et les jambes à l’air. Maintenant qu’elle y pensait … Elle rougit violemment, s’écroulant au sol, reprenant les capes pour cacher le bas de son corps.

« Quand même … De … Depuis quand est-ce que Tery me voit comme ça ? Je … Je suis presque nue. Enfin … J’ai quand même mon armure en partie mais mais mais … »

Elle posa ses mains sur ses joues, ne sachant plus du tout où se mettre. Ca la gênait terriblement d’être comme ça … d’être mise de la sorte. Elle n’était pas faite … pour ça. Mais elle devait faire un effort pour Tery. Elle alla se coucher, ayant déposé ses capes et son masque sur le côté. Elle avait un petit sourire aux lèvres, pressée de le revoir.

Le lendemain, ses yeux s’ouvrirent pour observer le plafond. Aujourd’hui, elle allait trouver des informations sur cette personne qu’elle devait rechercher. A partir de là, tout allait se lancer très rapidement. Elle se leva du lit, se passant rapidement de l’eau sur le visage avant de mettre son masque puis sa capuche sur ses cheveux blonds. Pourtant, elle retira la capuche quelques secondes plus tard, un petit rire sortant de ses lèvres.

« Je ne devrai pas la remettre … plus maintenant … Elen, motive-toi un petit peu non ? C’est pour une bonne cause. La mienne bien entendu. » se dit-elle à elle-même.

Elle quitta sa chambre, descendant les escaliers en se demandant si Royan était déjà réveillé ou non. Vu qu’il était présent à la table et qu’il avait l’air lassé, cela semblait déjà faire un certain temps. Elle se dirigea vers la table, s’asseyant en face de lui avant de dire :

« Bonjour Royan, tu m’attendais depuis longtemps ? »

« Quelques heures. » répondit avec lenteur l’adolescent comme si de rien n’était. Elle haussa un sourcil, surprise par les propos de Royan tout en lui disant :

« Euh … Tu ne blagues pas là ? Car la matinée ne doit pas avoir commencée depuis si longtemps quand même … C’est un peu exagéré tes propos. »

« Hum ? Qui a dit que j’exagérai ? Je ne fais qu’énoncer la vérité, mademoiselle l’Ombre. Je me suis réveillé en pleine nuit et je n’arrivais plus à dormir, voilà tout. »

« … … Des soucis ? » posa-t-elle comme question, étant réellement un peu inquiète pour lui.

« Rien de bien grave, ce n’est pas dramatique d’avoir un peu de mal à dormir de temps à autre. Chaque homme et chaque femme ont leurs petits problèmes. »

« Hum … D’accord. Mais tu as déjà mangé alors ? Car plusieurs heures sans rien avaler, ce n’est pas bon pour le corps. Il faut que l’on se mette en route tout de suite et pour cela, il faut que tu sois en pleine forme, c’est compris ? »

« Nul besoin de me sermonner de la sorte, je n’ai rien fait de mal que je sache à l’heure actuelle. J’ai mangé un petit peu, voilà tout. »

Hum. Elle n’avait pas à continuer cette discussion. Elle commanda son propre petit-déjeuner, forçant l’adolescent à faire de même bien que ce fut moins qu’elle. Elle mangea tranquillement, sa calant l’estomac avant de se redresser. Elle se leva de sa chaise, regardant Royan avant de lui dire de se lever car ils partaient dès maintenant. L’adolescent s’exécuta, se dirigeant aussitôt vers la sortie de l’auberge.
Elle remonta rapidement vers la chambre, espérant qu’elle n’avait rien oublié. Pourtant, ce fut le cas puisqu’elle avait laissé le miroir de poche dans la pièce. Néanmoins, elle le récupéra, soupirant un peu d’apaisement. Il valait mieux … que cela reste personnel. Si quelqu’un mettait la main dessus, elle risquait d’avoir des petits problèmes personnels. C’était l’objet le plus précieux … qu’elle avait ou presque. Sa main se posa sur le pendentif ressemblant à un cœur de cristal brun. C’était celui-là qui avait la plus grande importance à ses yeux mais il y avait une raison bien particulière. Une raison qu’elle seule pouvait connaître puisqu’elle n’en avait jamais parlé à autrui.

Elle quitta l’auberge alors que Royan l’attendait, adossé à un mur. Elle se dirigea vers lui, s’excusant brièvement du retard. Elle lui dit qu’elle avait oublié quelque chose dans sa chambre et elle avait décidé de remonter le récupérer. L’adolescent posa son regard saphir sur Elen, lui disant calmement :

« Ce n’est pas un problème. Mais maintenant … Nous devrions commencer alors nos recherches. Avez-vous une idée de l’endroit où se rendre ? »

« Les plus grandes rues commerçantes ? C’est quand même difficile de se repérer là-bas mais au moins, nous trouverons sûrement plus d’informations à cet endroit … Enfin, c’est ce que je pense. Nous recherchons quelqu’un qui possède des lignes d’Alzar. »

« Des lignes d’Alzar … Comme Tery … Mais autant Tery est quelqu’un d’assez enjoué mais en même temps assez discret, autant trouver quelqu’un qui possède ses lignes, ça sera bien plus compliqué que l’on ne le croit n’est-ce pas ? »

C’était exact. Personne ne criait sur les toits qu’elle possédait les lignes d’Alzar, sauf les personnes bien trop sûres d’elles. En même temps, si une personne faisait une telle action, cela voulait dire qu’elle possédait de grands pouvoirs pour avoir une aussi grande confiance en soi. Et si c’était le cas … Brrr, elle ne voulait pas y penser.

« De toute façon, cela nous prendra du temps, Royan. Alors, autant commencer dès maintenant, d’accord ? Car ce n’est pas en restant là qu’on avancera. »

« Oui, même si il ne faut pas s’attendre à des résultats dans la journée, sinon ce n’est pas du hasard mais une chance insolente. »

Elle n’espérait pas y arriver du premier jour non plus hein ? Elle rigola un petit peu aux paroles de Royan, se mettant en marche. Accompagnée de l’adolescent, ils commencèrent alors la chasse de cette personne. Elle n’avait aucun indice … Rien du tout … Oh si, bien entendu, deux indices assez importants.

« Royan, nous recherchons une femme d’une vingtaine d’années. C’est le maximum de détails que je connais à son sujet. Tu penses que ça peut t’être utile ? »

« Cela coupe une bonne partie de la population, c’est donc un indice très important. »

« Ah ? Autant que ça ? Je ne pensais pas que ça pouvait prendre une aussi grosse importance. » répondit-elle avec sincérité. Elle n’y avait pas pensé … Mais il était vrai qu’en y réfléchissant un peu, des femmes d’une vingtaine d’années, ce n’était pas forcément la masse la plus grande de la population.

« Hum … Donc, nous devrions surveiller les femmes d’une vingtaine d’années qui paraissent suspectes. Comme elle a déjà tué, il y a des chances que … »

« Ah ! Il avait été dit aussi qu’elle possédait des ailes … Enfin, j’ai peut-être dit une bêtise. »

« Vous parlez de la personne qui provient de l’auberge, n’est-ce pas ? C’est peut-être une seule et unique personne, il y a des chances, oui. »

« Ca serait un peu trop facile mais bon … On ne peut pas savoir … Qu’est-ce qui nous empêcherait de penser de la sorte hein ? On ne sait rien à l’avance. » répondit la jeune femme masquée de blanc alors qu’ils se dirigeaient vers les fameuses ruelles marchandes, là où des petits commerces s’installaient à gauche et à droite.

L’adolescent regardait chaque magasin, semblant s’intéresser à la culture de Shunter. Même si ce qu’il avait dit avait été assez violent par rapport au royaume de Shunter, il semblait reconnaître que le peuple savait faire de belles choses. Oh … Si il savait ce qu’elle possédait de la part de la guilde des magiciens de Midès … Il ne dirait pas ça. Instinctivement, elle posa une main sur sa poitrine, serrant avec délicatesse l’objet qui se trouvait sous les capes.

C’était un objet qu’elle voulait garder éternellement et le reste, elle s’en fichait complètement. Ca n’avait aucune importance à ses eux. Elle tourna son visage vers Royan, l’adolescent s’étant arrêté devant une échoppe qui mettait en vente plusieurs flacons de parfum ? Il aimait se parfumer ou quoi ? Enfin, elle … Ce n’était pas son genre. Elle n’était pas vraiment … ce que l’on pouvait appeler, un exemple de féminité.

« Alors ? Tu as vu quelque chose de bien, Royan ? » demanda t-elle, oubliant pour quelques instants sa mission. L’adolescent se tourna vers elle, lui répondant :

« Pas forcément … Je ne faisais que regarder et juger. J’ai vu ce que je voulais voir, nous pouvons continuer notre exploration. Merci bien. »

Exploration ? C’était quand même un terme un peu fort. Ils n’étaient pas partis à l’aventure dans la capitale. C’était simplement une recherche … d’une personne assez jeune et de sexe féminin, voilà tout. Rien de bien étonnant ou surprenant, n’est-ce pas ? Bon … Par contre, si elle avait pu avoir un indice comme une description physique plus poussée, ça n’aurait pas été du luxe. Mais comment faire ?

Et bien … Elle ne pouvait rien faire, voilà tout. C’était triste mais c’était ainsi. Elle allait devoir compter sur sa chance mais aussi sur Royan pour espérer mettre la main sur cette femme qui commettait des crimes … et possédait des lignes d’Alzar. Le problème, c’est que depuis qu’elle connaissait Tery, elle n’avait plus la motivation et surtout le zèle nécessaire à éradiquer toute personne possédant les lignes noires.

Oui … Elle n’avait plus la fougue d’antan. Elle n’était pas vieille non plus hein ? Il ne faisait pas exagérer quand même. C’était juste … qu’elle ne pensait plus en deux oppositions : le bien et le mal. Si Tery était capable d’utiliser ses lignes noires sans devenir fou … que cette femme nommée Manelena aussi … Cela voulait dire que d’autres aussi pouvaient y arriver. Ce n’était qu’une question d’entraînement et de volonté.
Il suffisait … alors simplement d’avoir la volonté d’y arriver. Ils pouvaient le faire ! Mais pour ça … Il fallait avoir un sacré mental. Et … Tery y était arrivé. Tery avait tellement de haine … mais envers une seule et même personne dont elle ne connaissait rien. Elle aimerait tant en savoir plus à son sujet. Mais bon … Ils n’étaient pas si proches que ça dans le fond et ça désolait un peu. Elle … voulait se rapprocher de Tery.


C’était un peu indécent quand on y réfléchissait bien. Ce n’était pas du tout son mode de pensée mais voilà, elle était ainsi et elle ne voulait pas changer. Pendant qu’ils marchaient en évitant les citoyens, elle continuait de penser à cela. D’ailleurs, cette fin de lettre de la part de Tery, qu’est-ce que ça voulait dire ? Hum … Elle ne savait pas vraiment mais à force, elle allait oublier sa mission qui était quand même très important.

« Qu’est-ce que cela donne, Royan ? »

« Pour l’instant, j’ai dû repérer cinq à six personnes qui correspondaient à ce que l’on recherche … Mais comme elles étaient accompagnées, je ne pense pas que cela corresponde à ce que l’on veut. Normalement, une telle personne … devrait être isolée et seule, non ? »

« Rien n’est sûr … Masi je pense pareil que toi à ce sujet donc, je dirai oui. » répondit-elle avec calme avant de regarder à gauche et à droite.

Rien de rien … Hum … Mais il fallait s’en douter que ça n’allait pas marcher de la sorte, n’est-ce pas ? C’était dommage mais c’était la réalité. C’était dommage … mais c’était ainsi que ça se passait. Elle ne pouvait rien y faire. Peut-être qu’en discutant avec Royan, cela allait leur permettre de mieux se coordonner.

« Royan ? Est-ce que tu as une idée … pour que l’on progresse ? »

« Si il existait un détecteur qui permettait de découvrir qui possède de telles lignes … »

« Je ne serai pas d’accord et je le détruirai. » répondit-elle aussitôt assez sèchement. « Cela ressemblerait à une chasse aux sorcières et ça ne me plairait plus … Enfin, ça ne me plairait pas … Car ça voudrait diaboliser ces personnes et … »

« D’après ce que j’ai cru comprendre, auparavant, c’est ce que tu faisais non ? »

« Ce n’est plus … comme ça depuis que je connais Tery. » dit la jeune femme masquée avant même qu’il ne puisse continue à parler.

« Hum … Je ne dirais rien sur ce qui vous emmène à cette conclusion. J’ai l’impression que cela serait dans le domaine du privé. »

« Et ça l’est … Donc il vaut mieux se taire, Royan. »
C’est bien ce qu’il comptait faire. Il n’avait pas à se mêler des pensées de la jeune femme masquée mais tout simplement à s’occuper de cette histoire … puisque maintenant, il était mêlé à celle-ci. Comment faire ? Pour trouver un indice ? C’était bien plus difficile que prévu. Mais peut-être qu’en vagabondant pendant des heures, ils trouveraient finalement un indice … même si ça ne serait pas forcément la bonne personne ?

Marchant côte à côte, la jeune femme masquée et l’adolescent royal passèrent à côté de nombreuses personnes. Jusqu’à ce qu’Elen s’immobilise. Cette froideur … Une femme venait de passer à côté d’elle, poussant un petit rire au même moment. Des cheveux bruns mais dont la moitié partant de la pointe avait une tournure rouge. Elen se retourna rapidement, la jeune femme disparaissant dans une ruelle. Elle ? C’était peut-être … sa cible ?

Chapitre 25 : Un lieu où je me souviens

ShiroiRyu
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Troisième axe : Des buts bien différents

Chapitre 25 : Un lieu où je me souviens

Cela faisait maintenant plusieurs journées qu’ils marchaient sans même savoir réellement par où ils devaient commencer. Oh bien entendu, ils suivaient un chemin bien précis mais ils n’avaient guère réellement d’indices sur la personne à chercher et à trouver. Ils devaient alors se rendre à Midès mais le chemin était encore bien long.

« Toujours pas reçu de nouvelles de Tery ? » demanda l’adolescent aux cheveux bleus.

« Royan … Il est peut-être … occupé non ? Tu n’y as pas pensé ? Et puis … Bon … Peut-être que les lettres mettent du temps à venir aussi. Je ne sais pas, moi ! » répondit Elen, anxieuse malgré le sourire affiché par son masque blanc.

« Ou peut-être alors qu’il est tout simplement mort et que vous n’aurez aucune réponse. »

« HEIN ? Je t’arrête tout de suite ! Ne continue pas à raconter des bêtises de la sorte, c’est compris ? Ce n’est pas très drôle, Royan ! » s’écria-t-elle avec un peu de colère.

« Qui a dit que je disais cela avec amusement ? Je suis plus que sérieux à ce sujet. Il est dans l’armée de Shunter … L’armée de Shunter qui combat sur plusieurs fronts. »

« Arrête de dire ça ou je vais alors m’énerver ! » annonça l’être masqué de blanc alors que Royan ne faisait qu’hausser les épaules. Il disait simplement la vérité, même si cela ne plaisait guère à la personne encapuchonnée. Hum … De toute façon …

« La seule chose que vous pouvez espérer, c’est le rencontrer … Ce pendentif que vous avez habituellement … Il semble être assez précieux, n’est-ce pas ? »

« Ce pendentif a des pouvoirs liés à l’élément de la terre. Lorsqu’une personne a des pouvoirs assez importants, le pendentif me le signale … Mais il n’y a pas que cela … C’est un cadeau de la part de Tery alors je le garde précieusement. »

« Que c’est mignon. » ironisa un peu le prince bien qu’en même temps, il semblait apprécier les réactions de la jeune femme cachée sous toute cette parure.

« Arrête de parler de la sorte, Royan ! Je ne suis pas une gamine, c’est compris ? »

« Oui, bien entendu, bien entendu. » dit-il en haussant les épaules alors qu’elle s’arrêtait. Pfff … Vraiment … Pourquoi est-ce que Tery ne lui répondait pas ? Peut-être que … Que … Il lui en voulait car elle avait été sincère dans ses paroles ? A cause du refus … Enfin … Du fait qu’elle ne voulait plus lui envoyer d’images d’elle ? Mais bon …

« Dis … Royan … Est-ce que mes cheveux poussent assez ? » demanda-t-elle subitement, l’adolescent s’arrêtant à son tour à quelques mètres d’elle.

« Comment suis-je sensé le savoir ? Je ne crois pas que ça soit possible de voir des cheveux sous une capuche non ? Et en quoi … Est-ce que cela vous intéresse ? » dit l’adolescent aux yeux bleus tandis qu’elle balbutiait un peu en se tournant :

« Et bien … Je … Je pensais que Tery me préférait avec les cheveux un peu plus longs. »

« … … … Bon … Vous êtes de dos, montrez-moi donc vos cheveux. » murmura l’adolescent en poussant un profond soupir. Elle retira sa capuche, laissant paraître ses cheveux blonds tandis que Royan s’approchait d’elle.

« Alors ? Qu’est-ce que ça donne ? Madame Liza m’a dit de les laisser pousser … Enfin, que c’était une bonne idée pour que Tery puisse les voir plus tard. C’est bien pour cela que j’ai décidé de ne pas lui envoyer de nouvelles images. »

« Et bien … Cela commence à faire combien de temps que nous sommes partis ? Même pas un mois, n’est-ce pas ? » dit Royan avec neutralité.

« Oui … Pourquoi ? Ça n’a pas poussé du tout ? » demanda Elen avec un peu d’inquiétude.

« Bien sûr que si … Vous semblez même avoir une belle et bonne chevelure. Je pense que si vous vous en occupez correctement mais surtout que vous les laissez prendre l’air, cela sera très bon. Si vous revoyez Tery d’ici une demi-année, vous devriez y avoir une dizaine voir quinzaine de centimètres en plus. »

« Une dizaine à une quinzaine de plus ? Comment … Comment est-ce que tu sais ça ? Tu en sais beaucoup plus que je ne le … »

« Je fais attention à ma propre coiffure. Pour nous, les citoyens de Traslord, la chevelure est très importante. C’est pourquoi je m’y connais. S’il le faut, nous pourrons alors vous occuper de vos cheveux en temps et en heures. Néanmoins, pour cela … Il faudrait déjà accepter de retirer cette capuche et de les laisser vos cheveux vivre. »

Laisser ses cheveux vivre ? Est-ce que cela voulait dire … de les laisser ainsi ? Elle passa une main dans ses cheveux blonds, l’autre sur son masque blanc. Honte … Honte … Elle avait tellement honte et elle était tellement gênée ! Elle bafouilla :

« Mais les gens vont savoir que … que … »

« Vous êtes une femme ? Je pense que très peu de personnes s’en doutaient hein ? Cela marche peut-être avec les enfants ou alors les gens qui ne réfléchissent guère mais … »

« Avec Tery, il ne le savait pas … avant que le masque ne se brise. » coupa t-elle avec lenteur.

« C’est bien ce que je disais mais qu’importe … Bref, c’est un secret de polichinelle. Vous êtes une femme, la majorité peut le deviner et le savoir. Si vous ne voulez pas montrer votre visage, libre à vous … mais ne tuez pas vos cheveux par souci de timidité ! »

Il s’était exclamé sur la fin, semblant s’emporté presque par rapport à la situation. Elle ? Elle était juste toujours trop intimidée par la chose. Elle n’osait guère plus en parler. Peut-être que … Laisser ses cheveux sortir … Ça serait une bonne chose, non ? Bon … Elle pouvait toujours faire un test … pour voir tout ça.

« Je crois que … Lorsque je ne serai pas en ville, je les laisserai sortir un peu. »

« Non ! Vous les laissez maintenant comme ça ! Sinon, pendant la nuit, vous aurez une mauvaise surprise … Du genre, vos capes qui disparaissent subitement. »

« Hein ? ROYAN ! Si tu fais ça, je risque de me mettre en colère ! » s’écria-t-elle, surprise du ton de l’adolescent alors qu’elle tremblait un peu.

« Et moi donc. Faites ce que je vous demande car ça sera mieux pour vous. »

« … … … J’ai honte … très honte même. » balbutia Elen, posant sa main sur son masque blanc pour être sûr qu’il soit ancré sur son visage. Elle ne voulait surtout pas qu’il tombe.

« Et je ne vois pas pourquoi vous devriez l’être … C’est bien ce que vous voudriez faire pour Tery non ? Alors pensez à lui comme d’habitude et ça passera très bien. »

Penser à lui ? Dit avec cette intonation, ça sonnait un peu … niais … mais bon … Quand même … C’était ce qu’elle voulait au fond d’elle. Elle le savait parfaitement. Et elle avait aussi écrit à l’Oracle d’ailleurs. Celui-ci lui avait répondu de continuer ses investigations car il sentait qu’elle était sur une bonne piste.

Alors … Elle continuait … Elle continuait de se mouvoir dans Shunter tout en espérant intérieurement revoir Tery. Mais à cause des paroles de Royan, elle avait quand même de plus en plus peur pour lui. Mais ça … Elle devait éviter de le montrer car sinon, l’adolescent risquerait de se moquer une nouvelle fois d’elle. Et ça, elle n’aimait pas vraiment … Alors bon, elle allait éviter de s’inquiéter. De toute façon, ça ne serait pas bon pour son moral.

Shunter … Midès … Ca lui rappelait de bonnes choses, de très bonnes choses … et des mauvaises bien entendu. Mais les mauvaises … Dans le fond, elles étaient beaucoup moins nombreuses maintenant qu’elle y pensait. A part deux ou trois choses … comme la lettre de l’Oracle, la flèche qui aurait pu tuer Tery ou alors tout simplement … Tery lorsqu’il avait essayé de rentrer dans l’armée de Midès avec ce chef de clan gnomold.

Mais bon … Dans l’ensemble, c’était aussi la découverte de Tery, les premiers moments où elle l’entraînait puis aussi … Quand elle s’occupait de lui quand il était alité. OH ! Elle eut une soudaine bouffée de chaleur, rougissant violemment sous son masque, remerciant ce dernier d’être présent sur son visage. Elle … Auparavant, ça ne l’avait que peu dérangé mais maintenant, quand elle y repensait … Elle était … Elle était plus que gênée.

« Quand je vous disais de penser à Tery … Cela ne voulait pas dire tout le temps, mademoiselle l’Ombre. » murmura Royan dans son dos alors qu’elle s’était immobilisée.

« Ne raconte pas n’importe quoi. Je pensais à … Shunter et à Midès. Cela fait longtemps que je ne suis plus revenue ici, voilà tout ! »

« Oh … Et une vague de souvenirs vous envahit … Bien entendu, la majorité de ses souvenirs sont en relation avec Tery ou alors je me trompe ? »

« … … … C’est exact. C’est à Shunter que j’ai vu pour la première fois Tery. Enfin … Près du village de Leskar. Mais ce n’est pas le plus important ! On doit arriver à Midès avant ce soir alors si on peut accélérer un peu le rythme … au lieu de tergiverser ! »

« Tergiverser … Où donc avez-vous entendu ce mot, mademoiselle l’Ombre ? »

« Je sais ce qu’il veut dire si c’est pour se moquer de moi, Royan, c’est bien compris ? » dit-elle aussitôt avec neutralité tandis qu’il lui répondait :

« Ce n’était pas mon but de me moquer de vous. »

Mouais … Quand même, bizarrement, elle n’était pas très convaincue par ses paroles. Mais pour l’heure, elle préférait se rendre à Midès. Ah … Midès … C’était quand même la capitale de Shunter. Ce n’était pas n’importe quel endroit. Elle accéléra le pas comme elle l’avait demandé à l’adolescent, celui-ci faisant de même de son côté.
Pour le reste du trajet, elle avait décidé de faire comme lui avait suggéré Royan. Maintenant, elle ne portait plus sa capuche, laissant paraître ses cheveux blonds à l’air libre. Ah … Elle était quand même très gênée. Si cela avait été avec Tery … Peut-être que ça ne l’aurait pas dérangé du tout … Car ils s’étaient promis de faire des avancées … Enfin, des avancées sur ce côté hein ? Mais bon … Comme Tery n’était pas du tout là.

Quand est-ce qu’elle allait recevoir sa lettre ? Ça commençait à faire beaucoup de jours … Trop de jours même … Dire qu’elle avait réussi à tenir plusieurs mois auparavant … Mais maintenant, c’était presque comme si elle n’arrivait plus à s’en passer. C’était un peu risible, n’est-ce pas ? Elle était quand même … un peu attachée au jeune homme non ?

Enfin … C’était un peu plus que de l’attachement … C’était de l’affection, elle en était certaine. Elle posa une main contre son cœur, prenant une profonde respiration. Ce n’était pas le moment de se laisser submerger par l’émotion. Tant que Tery continuait d’être dans l’armée, accompagné par cette folle de maréchale de l’armée. Oh … Il y avait aussi cette Clari. C’était elle ou elle traînait quand même un peu trop autour de Tery ? Qu’est-ce qui lui prenait de penser de la sorte ? Ce n’était pas dans ses habitudes, Tery pouvait avoir la vie qu’il désirait, n’est-ce pas ? Il était libre.

« Vous me dites d’avancer mais c’est bien vous qui traînait la patte, mademoiselle l’Ombre. »

« Je réfléchissais ! Je me disais par quoi commencer lorsque nous serons à Midès. »

Elle venait de mentir honteusement à Royan, celui-ci la fixant dans les yeux malgré le masque blanc qu’elle portait sur son visage. Qu … Quoi encore ? Elle avait juste quelques pensées qu’il n’avait pas à connaître, voilà tout.

« Hum … Et bien, si tel est le cas …. Nous verrons là-bas, ce n’est pourtant pas si compliqué que ça. » répondit l’adolescent en prenant une profonde respiration.

« Ah ! Bien entendu, ça me parait normal et logique, oui ! » s’écria-t-elle pour suivre les paroles de Royan. S’il avait accepté ce mensonge, autant continué dans ce sens.
Pourtant, pourquoi elle se disait que ce n’était pas possible ? Royan était loin d’être un idiot d’après ce qu’elle avait remarqué au fil du temps. C’était juste qu’il aille dans son sens pour éviter une nouvelle dispute, n’est-ce pas ? Elle ne savait pas si elle devait le remercier ou alors éviter de parler pour ne pas paraître ridicule.
Ridicule par rapport à un adolescent … Elle se demandait des fois si ce n‘était pas elle qui était encore une enfant. Enfin bon … Vivement la lettre de Tery pour avoir de ses nouvelles et surtout savoir s’il était en colère ou non. Mais pour cela … Elle devait patienter … Sauf que la patience n’était pas sa qualité la plus facilement reconnue.
Enfin … Après plusieurs heures de marche, ils arrivèrent à la capitale du royaume de Shunter : Midès. Elle observa les murs, les allers et retours de plusieurs personnes. C’était toujours aussi vivant, n’est-ce pas ? Mais bon … C’était même encore plus vivant qu’auparavant d’après ce qu’elle remarquait. Elle voulut pénétrer dans la capitale mais des soldats lui barrèrent la route, des soldats qu’elle n’avait pas vus depuis … combien de temps ? L’un d’entre eux prit la parole :

« Nom, prénom et raisons de votre présence dans la capitale. »

« Hein ? Euh … Bien sûr. Je … Nous sommes là simplement en visite en attendant que Tery revienne de l’armée de Shunter. » dit-elle avec honnêteté alors que l’adolescent restait muet. Elle pensait vraiment pouvoir rentrer de la sorte ? Un second garde s’exclama :

« Tery ? Comme le petit Tery ? Ca faisait sacrément longtemps que j’avais plus entendu ce prénom ! Ah ! Hé ! T’as entendu ? »

« Je ne suis pas sourd non plus hein ? Paraitrait qu’il est dans l’armée maintenant. Mais donc … Si tu attends Tery, tu ne serais pas … l’Ombre ? La petite demoiselle qui n’arrêtait pas de l’accompagner à chaque fois ? » demanda à nouveau le premier garde.

« Petite … demoiselle ? Vous saviez … que j’étais une femme ? » dit-elle avec un peu de surprise, ayant remarqué qu’elle avait laissé ses cheveux blonds paraître au grand jour.

« Bien entendu, qui ne le savait pas ici ? Rien que le ton utilisé dans ta voix nous a mis la puce à l’oreille. Mais comment ça se fait que tu n’es pas avec Tery ? Je pensais que vous étiez tous les deux toujours ensembles. » questionna le second garde alors que les autres restaient muets. Visiblement, ils connaissaient cette personne masquée de blanc.

« Et bien … Je … Je l’attendais justement … Comme je ne suis pas dans l’armée de Midès … Et lui si … Donc, j’essaye de l’attendre le plus souvent possible. »

« Ah, je vois, je vois … Mais bon … Si tu le revois, tu le salueras de notre part ? »

Elle hocha la tête pour dire que oui alors que les deux gardes signalaient aux autres qu’ils pouvaient les laisser passer. L’adolescent haussa un sourcil, surpris que ça se passe aussi bien que ça. Elle … Elle avait vraiment réussi à rentrer dans une ville avec lui ? En sachant qu’on parlait de la capitale … C’était bizarre. Lorsqu’ils furent à l’intérieur, il lui dit :

« Quand même … Vous avez quelques relations plutôt bien placées. Dire qu’il suffirait que vous soyez en fait une ennemie de Shunter pour réussir à mettre à mal la capitale. »

« Ce n’est pas mon cas ! Et je n’ai pas de relations. C’est juste que … Lorsque j’étais avec Tery … Lorsqu’il ne savait pas se battre et utiliser la magie correctement … Enfin … C’était une bonne époque … C’était assez drôle en fait. » répondit la jeune femme masquée.

« Drôle ? Etait-ce vraiment ce que j’avais compris au départ ? » murmura Royan, semblant songeur. Elle lui dit avec un peu de gêne :

« Ce n’est pas exactement ça … Disons que c’est assez compliqué … Il y a eu de mauvaises choses, de très mauvaises choses même … mais en même temps, il y avait tellement de bons côtés que ça effaçait les mauvais comme ça ! »

« Ah … Je vois, je vois … Cela devait être spécial alors … Et donc, c’est ici ? »

« Oui, oui ! Je pourrais même te retrouver l’auberge où nous dormions tous les deux, mais aussi le magasin où j’ai acheté quelques objets, la guilde des magiciens, enfin bref … Tellement de choses, je me demande si… »

Elle s’arrêta de parler alors qu’elle apercevait au loin dans le ciel, une petite lettre qui arrivait droit vers elle. Si elle ne portait pas déjà un masque pour faire paraître un sourire, il n’aurait été nullement difficile d’en voir un se dessiner à ce moment-là. Elle réceptionna la lettre, l’ouvrant avec fébrilité tandis que Royan disait :

« Dites-moi le nom de l’auberge, que nous nous retrouvions dans quelques heures. »

« Hein ? Euh … Pourquoi cela ? » demanda-t-elle un peu surprise.
Il lui expliqua qu’il avait envie de se promener seul et elle sentit qu’il mentait délibérément. Avait-elle fait quelque chose d’embêtant ? Enfin bon, elle lui répondit tandis qu’elle le voyait partir de son côté. Cet adolescent était quand même bizarre des fois …

Mais bon … Il était libre de ses décisions ! Elle devait juste quand même éviter qu’il n’en fasse de mauvaises puisqu’il était quand même sous sa protection. Mais pour l’heure … Elle observait la lettre qu’elle avait dans les mains. Tery … C’était Tery et non l’Oracle ! Elle écrirait à l’Oracle plus tard si cela s’avérait utile mais là … Là …
Hum ? Il était alors toujours avec … cette Manelena. Vraiment, elle n’avait pas du tout confiance … Puis quand elle l’avait regardé, elle avait été un peu étonnée. Tery semblait quand même bien apprécier cette femme … Il en était de même pour l’autre femme assez jalouse … Clari. Bref, Tery était très bien accompagné et ce n’était pas pour lui plaire personnellement mais bon … Qu’est-ce qu’elle pouvait y faire ? Lui dire de quitter l’armée ? Elle l’aurait fait si c’était aussi simple que ça.
Mais là, ce qu’elle apprenait, c’est qu’il était en compagnie d’un couple de possesseurs de ligne d’Alzar et Zélisia ? Elle allait finir par croire qu’il les attirait comme des mouches, ce n’était pas possible autrement ? Quand même … Elle poussa un léger soupir amusé. Et quoi d’autre ? Hum ? Elle rougit violemment en lisant les autres mots. Qu’est-ce que ce couple lui mettait dans la tête ? Une petite amie ? Des sentiments ? AH ! Il lui signalait aussi qu’il se faisait passer pour un couple avec Manelena. Mais pourquoi avec elle ? VRAIMENT ! Elle se le demandait ! C’était particulièrement stupide ! Il ne comprenait rien du tout n’est-ce pas ?

« Qu’est-ce que … HEIN ! Ça veut dire quoi ? »

Elle venait de crier au beau milieu d’une ruelle en terminant la lettre, plusieurs personnes se tournant vers elle alors qu’elle les remarquait. Zut ! Mais quand même … Elle se dirigea à toute allure vers l’auberge, pénétrant à l’intérieur. Elle demanda une carafe d’eau avant de s’installer sur une chaise, lisant à nouveau ce qui était marqué sur la lettre.

Terriblement envie de la revoir ? Elle ? De la part de lui ? Il était sérieux, très sérieux … Mais de quoi est-ce qu’il voulait parler ? Surtout qu’il voulait lui parler de choses sérieuses, très sérieuses même. Ah … Elle avait maintenant chaud au cœur, elle ne savait pas pourquoi mais sa respiration s’était un peu accélérée comme les battements de son cœur. Elle tremblait légèrement, cherchant à se calmer jusqu’à ce qu’une serveuse dépose devant elle un verre ainsi que la carafe d’eau qu’elle avait commandé.

« Mer … Merci beaucoup. » murmura Elen, un peu perturbée par toute cette histoire. Se calmer … Elle devait simplement se calmer car elle n’arrivait pas à se contrôler.

Lui répondre ? Mais lui répondre quoi ? Elle n’en avait aucune idée ! Elle ne savait pas quoi lui dire ! Surtout pas en de pareilles circonstances ! Être sincère ? Plus que sincère même ? Elle prit une nouvelle feuille, commençant à écrire. Avec ce qu’il venait de lui dire, elle devait lui répondre elle aussi. Même si elle ne savait pas ce qu’elle pouvait marquer.

« Sincère … Être sincère … C’est tout ce qui compte quand on écrit une lettre hein ? Hein ? D’ailleurs … Il avait l’air un peu déçu dans celle-ci. »

Enfin, elle se parlait toute seule mais à voix basse … Et elle parlait du début de la lettre. Il écrivait que ce n’était pas grave qu’elle ne lui envoie plus d’images. Elle avait envie de lui dire que c’était simplement pour leurs retrouvailles mais elle se rétracta.

Ce n’était pas ça qu’elle devait lui écrire … Elle devait être sincère … plus que sincère même dans ses écrits. Mais elle ne pouvait pas tout lui dire non plus. Peut-être qu’après ce qu’il venait d’écrire, elle devait lui répondre de la même façon ? Sur les mêmes points ? Quant à ce couple, elle ne s’en préoccupait pas plus que ça … même si … Dans le fond … Cela voulait dire qu’il était possible à deux personnes opposées par les lignes de s’aimer.

« Cela doit être bien … comme choses. » se murmura-t-elle à elle-même.
C’était peut-être un amour contre-nature, au plus profond même de l’existence même de ces deux personnes … mais elles s’en fichaient complètement. C’était beau … très beau même. Si elle devait être sincère avec ce qu’avait écrit Tery alors, elle devait lui répondre cela. Même si dans le fond, ils ne s’étaient vu que peu de temps en … plus de deux ans ? Enfin non, ce n’était pas la durée de leurs rencontres qui était le plus important mais simplement … La rencontre en elle-même.

« Tery, tu me manques énormément toi aussi. J’espère te revoir bien assez tôt. Ne fait pas de bêtises et évite le danger, promet-le moi. Lorsque nous nous reverrons, je serai très heureuse de pouvoir discuter avec toi de ces choses si importantes. »

Voilà ! Elle avait terminé sa lettre, l’engouffrant dans l’enveloppe ailée avant de la laisser s’envoler à travers une fenêtre de l’auberge. Elle avait un peu chaud au cœur … Mais au moins, si Tery était sincère, il n’y avait aucune raison pour qu’elle ne le soit pas de son propre côté. Mais … Elle n’allait pas oublier sa mission pour autant.

Chapitre 24 : Le commencement de la guerre

ShiroiRyu
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Chapitre 24 : Le commencement de la guerre

« Tu as parfaitement compris, Tery Vanian, n’est-ce pas ? »

« J’ai … J’ai parfaitement compris, Manelena. Je dors avec toi mais éloigné. On va éviter … la même erreur que la dernière fois. » murmura-t-il avec un tremblement dans la voix, signe de son appréhension. Il était couché dans la tente, tournant le dos à Manelena tandis qu’elle était elle-même couchée sur le dos. Il faisait maintenant nuit, complètement nuit et le couple dormait dans la seconde tente.

« Il y a intérêt. Vivement que l’on en termine avec toute cette histoire. Je suis particulièrement fatiguée de jouer les femmes timides qui s’accrochent à un homme qui n’en vaut pas la peine. » annonça la jeune femme aux cheveux argentés.

« Merci … C’est toujours aussi sympathique. Néanmoins, je tiens à signaler que si tu tentais de jouer la jeune femme timide et réservée, tu t’es complètement trompée Manelena. C’était un échec complet … surtout après toutes tes menaces et autres. »

« … Tais-toi, je n’aime pas faire ce genre de choses, c’est bien compris ? Je ne suis pas comme ça et je ne l’ai jamais été. »

« J’ai remarqué cela … Oui … Enfin bon, ne te force pas à être différente spécialement parce que tu n’as pas … ton apparence habituelle, ce n’est pas bon du tout, je trouve. Ça me donne l’impression d’avoir affaire à deux personnes complètement opposées. »

« Je suis ce que je suis, que cela te plaise ou non. Maintenant, je vais dormir. » grogna Manelena avant de se mettre de côté pour ne plus avoir à regarder le jeune homme.

Quelle tête de mule … Enfin, c’était sa supérieure … Et en même temps … Il se demandait un peu ce que cela faisait … D’avoir une sorte de double personnalité … Deux faces complètement différentes. D’ailleurs, à ce sujet, il avait une question à lui poser. Mais est-ce qu’il pouvait lui demander ça ? Avec son comportement … Il avait un peu peur de sa réaction. Pourtant, ça lui trottait dans la tête depuis déjà pas mal de temps.

« Manelena … Est-ce qu’il y a beaucoup de personnes qui savent qui tu es réellement ? Enfin … Qui t’ont déjà vue sans cette armure ? »

« En quoi est-ce que cela te concerne ? Tu te crois privilégier ? Parce que tu peux me voir sans mon armure ? Ne t’avise même pas de penser une telle chose. Vous êtes très nombreux à me voir de la sorte, qu’est-ce que … »

« Et sans mentir, s’il te plaît ? C’est juste comme ça. » demanda-t-il avec lenteur, ayant remarqué le changement de ton dans la voix de la maréchale pendant qu’elle s’adressait à lui.

« Qu’est-ce que tu racontes encore ? Ah … Je vois, je vois … Sache que si tu continues avec ce genre de questions, je serai obligée de te tuer. Tu n’es pas la première personne à être morte parce que tu connaissais la vérité. La vérité fait toujours très mal … Très mal oui … Tu devrais pourtant le savoir … Alors, je te conseille de te taire. »

« Je suis quand même bien content de savoir qui vous êtes réellement, Manelena. »

« La ferme, Tery. Dernier avertissement. Estime-toi chanceux que je ne vous ai pas tué, toi, Clari et les autres, c’est bien compris ? Maintenant, bonne nuit … Et tu n’as pas intérêt à venir à te frotter à moi pendant la nuit. »

« Hors de question, je tiens à la vie. Bonne nuit, Manelena. » termina le jeune homme avant de fermer ses yeux. Ce n’était pas dans ses habitudes et de toute façon … Auparavant, ça n’avait été qu’une simple erreur, rien de plus.

Il s’endormit assez rapidement, au contraire de Manelena. Celle-ci observait la toile de la tente en face de lui, semblant songeuse. Des lignes noires se présentèrent sur son visage alors qu’elle murmurait pour elle-même :

« Imbécile … Tout simplement un imbécile … Aucune délicatesse dans mes gestes, aucune appréciation dans mes actions … Il vaudrait mieux qu’il disparaisse … Ça sera bien moins problématique pour mon futur et surtout le sien … Mais lui … Lui … »

Elle se retourna pour observer le jeune homme qui dormait déjà depuis quelques minutes. Insouciant et inconscient … Mais maintenant … Elle était intriguée par lui. Ses pouvoirs … Qu’on le veuille ou non, même un membre d’Alzar … ne devrait pas pouvoir se débrouiller de la sorte … ainsi. Pas avec aussi peu d’entraînement … et de connaissances.

« Toi … Toi … Toi … Tu me caches des choses, Tery. Tu m’en caches beaucoup trop pour que je te laisse tranquille. Dès que nous serons retournés à Midès, tu vas tout me révéler à ton sujet. Tu jouais … aussi un jeu, n’est-ce pas ? »

C’était particulièrement risible de parler à une personne endormie mais, elle ne le remarquait pas. Elle était tout simplement là, fixant le visage du jeune homme qui semblait comme apaisé et soulagé. Tssss … A qui est-ce qu’elle voulait faire croire ça ? Que le jeune homme était capable de faire une telle chose ? Pfff … Elle s’endormit à son tour, tournée du côté de Tery. Elle se compliquait l’existence pour une personne dont elle se fichait pas mal.

Le lendemain matin, elle fut la première à se réveiller … pour avoir une certaine surprise dont elle se serait bien passée. Le jeune homme avait encore gesticulé durant la nuit … Bon, c’en était assez ! Elle avait quand même une certaine décence ! Peut-être qu’elle n’était pas très féminine dans ses paroles et ses actes mais elle l’était quand même de cœur ! Elle souleva le poing droit, prêt à l’abattre sur le crâne de Tery pour le réveiller d’une manière plus que douloureuse. Pourtant, elle s’arrêta au dernier moment avant de dire :

« Qu’est-ce que ça veut dire … Il n’a pas bougé de sa position ? Il est toujours proche de la toile. Ce n’est quand même pas possible que … »

Que c’était elle ? Elle tourna sa tête pour voir derrière elle. SI ! Bon sang ! C’était quoi l’explication pour une telle action ? POURQUOI est-ce qu’elle avait bougé pendant la nuit ? Elle ne se connaissait pas une telle chose ! Son poing vint frapper le crâne de Tery mais bien moins fortement que prévu. Le jeune homme se réveilla aussitôt, poussant un cri de douleur à moitié endormi. Ses yeux s’ouvrirent et se fermèrent rapidement avant qu’il ne dise :

« Qu’est-ce qui se passe ici ? Que … Ah ? Maré… Euh … Manelena … Qu’est-ce qui … AH ! NON ! Je n’ai pas recommencé ! PROMIS ! »

Il s’était reculé aussitôt, touchant la toile de la tente derrière lui alors qu’il semblait être maintenant parfaitement réveillé. Il posa une main sur sa bouche, une petite nausée l’envahissant à cause de l’action trop soudaine. Qu’est-ce qui lui avait pris ? Il allait vraiment se faire tuer avec ses bêtises !

« C’est bon … Je suis trop fatiguée pour essayer de te briser la nuque. Tu as de la chance, Tery. Maintenant, quitte la tente avant que je ne décide de changer d’avis. »

Hein ? Quoi ? Il allait s’en sortir sans « problème » ? Il valait mieux ne pas lui demander pourquoi et surtout profiter de cette chance. Il sortit de la tente, remarquant que Sérest et Séran étaient déjà réveillés. Il les salua avant de s’asseoir en face d’eux.

« Alors ? Un bon réveil ou non ? » demanda Sérest avec un petit sourire. Pour toute réponse, le jeune homme rougit, détournant le regard avant de lui dire :

« Disons que je crois … Que j’ai bien dormi … Enfin … Je pense, oui. Je ne sais pas vraiment ce qui se passe quand je dors. Je me demande si je ne suis pas somnambule. »

« Oh … Ce n’est pas vraiment cela. Est-ce que je peux te dire un secret, Tery ? » demanda la femme aux ailes blanches tandis qu’il hochait la tête.

Elle se releva avant de s’approcher de lui, commençant à lui chuchoter quelques paroles. Leurs visages se tournèrent vers la tente où se trouvait Manelena, le jeune homme disant :

« Hein ? Mais depuis quand est-ce que … »

« Chut … Ne dit plus rien … Du moins, pas aussi fort. Pendant que vous dormiez hier, nous avons parfaitement remarqué vos emplacements durant la nuit. Vous étiez de chaque côté de la tente, n’est-ce pas ? » chuchota la femme aux cheveux noirs en émettant un petit rire.

« C’est bien ça mais … Où est-ce que vous voulez en venir ? »

« Est-ce que tu as eu l’impression d’avoir bougé de ta place pendant la nuit ? Je pense qu’à partir de là, tu peux tirer tes conclusions. Je vais préparer de quoi déjeuner. Ensuite, je te parlerai encore plus d’Omnosmos. »

Elle arrêta de s’adresser à lui, le laissant vaguer à ses pensées. Qu’est-ce qu’il devait comprendre ? Juste qu’il avait encore la tête plongée à un endroit bien spécifique du corps de Manelena au réveil … Mais sinon … Dans la tente, il n’avait pas quitté son endroit non ? Mais s’il était somnambule … Il se serait avancé non ?


« Alors … Alors … Si je n’ai pas bougé de ma position, ça veut dire que je n’étais pas somnambule … Si je n’étais pas somnambule … Ca veut dire que ce n’est pas moi qui … »

« Qui a quoi ? » demanda une voix derrière lui, le faisant hurler de surprise en apercevant Manelena. Celle-ci avait le regard mauvais posé sur lui, comme prête à l’écarteler à la moindre incartade. Gloups … Il ne devait pas continuer sa phrase à voix haute.

« Je … Rien du tout … Manelena … Est-ce que tu veux manger ? »

« Je n’ai pas très faim … Mais je vais me forcer. Ensuite, on parlera tous les deux. »

Comme elle le désirait. Pourtant, il n’arrêta pas de la regarder. C’était elle … hein ? Pendant la nuit qui s’était avancée. Il n’arrivait pas à croire que c’était la maréchale … La maréchale qui avait fait une telle chose. Peut-être qu’elle … Non, qu’il arrête de croire ça … Qu’elle était plus gentille que ça malgré les apparences.
Ils déjeunèrent tous ensembles tranquillement. La jeune femme aux cheveux argentés jetait parfois quelques regards en sa direction avant de détourner la tête sans pour autant être gênée. Elle semblait suspicieuse … ou se posait quelques questions dont il ignorait surement les réponses. Enfin, lorsque tout fut terminé, elle se leva, faisant un geste du doigt pour lui dire de venir et de l’accompagner. Ils marchèrent pendant deux bonnes minutes jusqu’à ce qu’elle s’installe contre un arbre, adossée.

« Nous n’allons pas rentrer tout de suite à Midès. Je te préviens dès maintenant. »

« Hein ? Mais pourquoi cela, Manelena ? Il y a encore des choses à faire ici ? » demanda le jeune homme, intrigué par ses paroles.

« Si il y a des éclaireurs de Mékalarma, cela veut dire que l’armée n’est plus très loin. C’est à nous de devenir des éclaireurs … même si ce n’est que pour quelques jours. Il faut que nous ayons le maximum d’informations à ce sujet avant de retourner à Midès. Est-ce que je me suis fait bien comprendre, Tery ? »

« Tant que je suis avec vous … Moi, ça me convient. » dit-il en haussant les épaules.

« Et tu vas aussi arrêter ces phrases toutes faites. Je commence à ne plus les supporter. »

Hum ? Pourquoi ça ? Il ne disait rien de méchant qu’il sache. Néanmoins, il acquiesça car il ne voulait pas la mettre en colère. La jeune femme aux cheveux d’argent lui annonça qu’il valait mieux retourner là-bas avant que ces deux … personnes ne commencent à parler dans son dos. Malheureusement pour elle, dès qu’ils revinrent, Sérest murmura :

« Oh … Vous saviez … Même si vous êtes un peu pudiques, il n’y a aucune raison de vous éloigner pour vous embrasser. C’est ce que chaque couple normal fait. »

« Taisez-vous. Je ne crois pas vous avoir vu embrasser votre … compagnon que je sache. » répliqua aussitôt la jeune femme aux yeux rubis.

« Oh ? C’est vrai que … Malgré que nous soyons en couple, nous ne l’avons jamais montré. Il faut dire que cela serait peut-être assez indécent … mais qu’importe, puisque vous le demandez, je vais donc embrasser l’être que j’aime. »

« Hum ? Hein ! Vous n’avez pas besoin de faire ça ! » dit rapidement Manelena, surprise et un peu embarrassée par les paroles de Sérest, la femme ailée allant embrasser l’imposant homme aux caractéristiques des honoriens.

Manelena passa une main sur son front, émettant un petit grognement en se cachant les yeux. Elle n’avait pas du tout besoin de ce spectacle ! Mais elle reconnaissait que c’était de sa faute, elle avait demandé une telle chose. Elle tourna son visage vers Tery, celui-ci regardant en rougissant les deux personnes qui s’embrassaient.

« Ne me dit pas que tu n’as jamais vu deux personne qui s’embrassent de ta vie ? Si c’est le cas, tu es vraiment pathétique. » murmura t-elle pour éviter que le couple ne les entende.

« Oui mais non … Pas d’aussi près quand même. Et puis toi, tu as déjà vu deux personnes comme ça ? Enfin … Et tu as déjà embrassé ? »

« Ma vie privée ne te concerne pas le moins du monde, Tery. » annonça Manelena avant de lui donner un coup de poing derrière le crâne.

« AIE ! Je faisais que demander. Que je sache, tu m’as posé aussi une question embarrassante. » gémit le jeune homme en la regardant. De toute façon, qui pouvait embrasser une telle femme ? Ça devait juste être … horrible … Ah … Il ne voulait même pas y penser rien qu’en y réfléchissant. Enfin … Non, il exagérait aussi. Ca devait être pas si mal avec elle non ? La jeune femme était belle, très belle, au moins autant qu’Elen si ce n’est encore plus d’après ce qu’il voyait.

« Qu’est-ce que tu regardes encore ? Ne … N’y … N’y pense même pas ! » dit-elle en haussant un peu le ton de sa voix.

« Je n’y pensais pas du tout ! Bon ! Puisque c’est comme ça, je préfère m’en aller ! » annonça le jeune homme en s’éloignant du couple qui arrêta de s’embrasser, Manelena le regardant partir en haussant un sourcil. C’était quoi cette réaction de fille prude et intimidée ?

La mission, seulement la mission et rien d’autre ! Puis bon … C’était pas de sa faute … Si … Il avait un peu chaud au cœur en voyant Sérest et Séran qui s’embrassaient. Lui aussi … Enfin … Sans faire la personne mijaurée … Pfff … A quoi est-ce qu’il pensait ? Il n’avait pas à y … réfléchir car ça n’allait jamais arriver.

« Je ne suis pas fait pour ça … Surtout pas en étant dans l’armée de Shunter. Bon … Retournons là-bas sinon elle va encore croire que je m’enfuis. »

« Je ne crois rien du tout, Tery Vanian. » annonça Manelena qui se trouvait devant lui après qu’il ait décidé de retourner vers les trois personnes.

« Manelena … Je n’ai pas du tout envie de me battre … s’il te plaît. »

« J’ai peut-être un peu exagérée de mon côté. La prochaine fois que je lance un défi complètement stupide à ces deux idiots, je retournerai ma langue sept fois dans ma bouche. On retourne là-bas … Et tu as compris ce que nous allions faire ou non ? »

« J’ai parfaitement compris … Et je pense que c’est une bonne idée. » annonça-t-il en passant à côté d’elle, retournant vers le couple qui avait terminé leur petit cinéma depuis quelques minutes. Il voyait les rougeurs sur leurs joues et il baissa la tête, un peu triste.

Il ne devait pas y penser mais c’était quand même assez dur en soi. C’était … spécial … Il se demandait si il allait pouvoir trouver une femme un jour. Enfin, pas forcément jolie ou autre … Mais une personne … Enfin bref … Non … Il ne devait pas y penser ! Il s’installa en face d’eux, Manelena faisant de même sans un mot. Ils se regardèrent tous les quatre pendant de longues secondes jusqu’à ce que Sérest prenne la parole avec calme :

« Pardonnez-nous. Comme … nous le disions … Lorsque nous commençons à nous embrasser, il y a peu de chances que nous nous arrêtions. Nous nous aimons tellement … que des fois, nous manquons de pudeur. »

« J’ai cru voir cela … » marmonna la jeune femme aux cheveux argentés.

« Enfin bon … Ce n’est pas le plus important non plus. Vous allez nous parler un peu plus d’Omnosmos. Pour ma part, je sais tout ce que j’ai à savoir à ce sujet mais Tery n’y connait pas grand-chose. Ca ne peut lui faire que du bien d’en savoir plus. Vous pourriez lui parler des cinq archimages non ? Car vous ne l’avez pas signalé. »

« Hum ? C’est vrai, Manelena. » répondit Séran avant de reprendre : « Tery … Même si il n’y a pas réellement de juridiction dans Omnosmos, il faut savoir que les cinq archimages sont les cinq personnes les plus puissantes dans ce monde. Il est dit qu’elles peuvent tenir tête aux personnes possédant des lignes d’Alzar ou de Zélisia. Comme tu peux t’en douter, cinq archimages pour cinq éléments mais aussi cinq royaumes. Ainsi, chaque royaume a son élément mais aussi son archimage. Nous pouvons alors éviter qu’un royaume ait plus de pouvoirs qu’un autre dans Omnosmos. »

« C’est assez … normal d’un côté. On a bien vu ce que cela donne lorsqu’un royaume possède plus de pouvoirs qu’un autre … La guerre est déclarée … »

Il poussa un profond soupir assez désabusé alors que Manelena émettait un grognement. Ca ne lui plaisait pas d’être dans l’armée de Shunter ? Car il était clairement en train de parler de sa place dans celle-ci mais aussi d’insulter son royaume ! Il n’avait aucune décence ou quoi ? En rentrant, il allait sérieusement en baver.

« Oh … Peut-être que je devrais vous en parler un peu plus … Mais c’est aussi à Omnosmos que se trouve la porte emmenant au royaume souterrain des démons. »

Royaume souterrain des démons ? Le jeune homme parut surpris mais intéressé, attendant que Sérest continue de parler. Elle venait de titiller sa curiosité. Le jeune homme s’approcha du couple, espérant en entendant plus encore. Sérest émit un grand sourire en reprenant :

« Et bien … Et bien … On dirait que je viens d’avoir un admirateur ou quoi ? Tu sembles particulièrement intéressé par les démons, n’est-ce pas ? »

« C’est surtout que je n’en ai jamais entendu parler avant aujourd’hui. »

« Et bien … Disons que cette porte démoniaque est scellée par des forces supérieures … Et qu’elle n’a jamais été ouverte … ou presque … Contrairement à ce que l’on croit, il semblerait que quelques démons arrivent à en sortir, parmi les plus faibles possible. »

« Parmi les plus faibles possibles … » murmura le jeune homme, semblant réfléchir à la situation. Donc au final, il y avait un ordre de puissance parmi les démons. Mais sinon … A quoi est-ce qu’ils ressemblaient ? Il n’avait pas encore d’informations à ce sujet … et il se demandait s’il allait en avoir ou non. Enfin bon … Ce n’était pas grave non plus.

« Est-ce que tu as d’autres questions encore ou non ? »

« Je … Je ne sais pas trop, Sérest. A quoi ressemblent-ils ? Tu as déjà vu ces quelques démons ? Enfin … Ces faibles démons ? » demanda t-il calmement.

« Et bien … A toi ou à moi. Peut-être que tu es en train de parler à deux d’entre eux ? »

Hein ? Quoi ? Il fit un petit pas pour reculer tandis que Manelena se retrouvait derrière lui, l’empêchant de partir. Elle posa son regard sur Sérest puis Séran avant de de dire :

« Si vous pouvez éviter les traits d’humour douteux … et lui répondre. Il est encore un peu trop naïf … Ca ne peut pas lui faire de mal. »

« HEY ! Manelena ! Si tu peux éviter de m’insulter à chacune de tes répliques. »

« Je ne fais que dire la vérité, Tery. Bon … Visiblement, elle ne veut pas te l’annoncer, je… »

« Les démons possèdent des cornes de bouc en spirales sur le sommet du crâne. C’est à cela que l’on les reconnaît. Néanmoins, il faut aussi savoir qu’elles n’apparaissent que lorsque cela est nécessaire … Lors de l’utilisation des pouvoirs. »

Ah bon … Donc au final, les rares démons mineurs se cachaient et lorsqu’ils utilisaient leurs pouvoirs, il était possible de les voir. Mais de son côté … Il n’en avait jamais vu. Est-ce que Sérest et Séran en connaissaient ? Ou du moins, en avaient combattus ? Il posa la question au couple en face de lui, Séran lui disant :

« Et bien … Nullement, mais c’est pour cela que nous voyageons aussi … car ils existent bel et bien. Il ne faut surtout pas en douter, cela serait mortel ou presque. »

« Oui … Je vois, je vois … Enfin bon … Merci pour toutes ces informations. » répondit le jeune homme avec calme. Il avait peut-être voyagé dans la majorité des royaumes sauf celui de Traslord mais … Il ne connaissait rien de ce monde. Est-ce qu’il était possible justement de tout connaître ? Il se posait la question.
Maintenant qu’il en avait fini avec les questions, ils allaient pouvoir se remettre en marche. Mais pour aller où ? D’après ce que Manelena avait dit, leur mission n’était pas encore terminée. Il avait été … surpris … d’ailleurs… Mais bon, passer un peu plus de temps avec elle n’était pas forcément un souci. Il commençait à s’habituer à sa présence mais il n’était pas sûr que ça soit vraiment réciproque. Oh pas du tout même, hahaha.

« Je peux savoir pourquoi tu rigoles tout seul en me regardant, Tery ? Je te préviens que si tu te moques de moi, tu risques de ne pas le faire très longtemps. »

« Manelena … Je ne me moque pas de toi … mais je suis content d’être avec toi. » dit-il en haussant les épaules en gardant son sourire.

Il y avait quelque chose qui clochait chez lui, ce n’était pas possible. Malgré tout ce qu’elle faisait, il n’arrêtait pas de la coller. Elle devait en terminer avec cette mission avant qu’il ne soit trop tard car elle allait commencer … à vaciller.

Chapitre 23 : Les sauveurs du monde

ShiroiRyu
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Chapitre 23 : Les sauveurs du monde

« Alors ? Parlez maintenant que nous sommes installés ! » s’écria la jeune femme aux cheveux argentés, le couple se retrouvant en face d’elle, Tery à côté d’elle.

« Nullement … Ce n’est pas encore le moment … Nous avions dit que Tery devait vous bander, pour l’instant, ça n’a pas l’air d’être le cas, n’est-ce pas ? »

« Qu … Quoi ? BON SANG ! Tery ! Fais ce qu’ils disent ! » répondit Manelena après les paroles de Sérest, celle-ci gardant son éternel sourire aux lèvres. Le jeune homme s’exécuta aussitôt, allant chercher quelques bandages pour s’occuper de Manelena. Celle-ci fixait ardemment le couple en face d’elle, reprenant : « Qu’est-ce que vous manigancez tous les deux à son sujet ? Je vous préviens que si vous lui faites du mal … »

« Qu’allez-vous donc nous faire ? Nous aimerions bien le savoir … » répondit l’homme aux origines d’Honoros alors qu’elle se taisait aussitôt.
Elle allait presque tomber dans leur piège mais elle avait fait attention. Ce qu’elle comptait faire ? Ils n’avaient pas besoin de le savoir. Pas le moins du monde ! Mais de toute façon, elle n’avait pas besoin d’attendre qu’ils fassent souffrir Tery pour ça … Si ils étaient une trop grosse plaie, elle n’allait pas se priver de les éliminer.

« AIE ! Mais qu’est-ce que … Tery ! Fais plus attention quand même ! » s’écria-t-elle subitement alors que le jeune homme était revenu, la retirant de ses pensées.

« Par … Pardon, Manelena. Est-ce que tu … peux … relever un peu ton haut ? Pour que je puisse voir tes blessures … » murmura le jeune homme, rouge de gêne.

Pfff … D’accord … Elle releva sa tenue, laissant paraître le bas de son ventre jusqu’au-dessous de sa poitrine. Cette blessure … Elle n’avait même pas essayé de la laver hein ? Une tache rougeâtre avec une entaille assez profonde. Il poussa un petit soupir, prenant un peau d’alcool et de coton avant de dire calmement :

« Ca va piquer un petit peu, Manelena. S’il te plaît, ne me frappe pas. »

« Comme si j’allais frapper la personne qui me soigne, tu me prends pour quoi ? Une demeurée qui ne fait que frapper ? Fais attention à ce que tu vas … Tsss. » s’arrêta t-elle de dire, tremblant un peu sous le contact du coton sur sa peau.


Bi … Bizarre … Elle ne ressentait plus rien du tout. Sans même parler au couple, elle jeta discrètement un coup d’œil à Tery. Celui-ci semblait s’appliquer à ne pas la faire souffrir, nettoyant le sang autour de la plaie tout en l’étudiant longuement. Il semblait un peu attristé, murmurant d’une voix inaudible qu’il aurait préféré avoir des lignes de Zélisia pour la soigner, ainsi, il aurait été sûr de ne pas se louper. Il prit les bandages, la jeune femme tremblant une nouvelle fois alors qu’il évitait soigneusement de serrer trop fort. Pourtant, il avait encore mis un peu de coton au niveau de la blessure, la jeune femme s’écriant :

« BON SANG ! Tu ne sais rien faire de tes dix doigts ! Tu crois qu’il va tenir comment ? Comme par magie ? ON SERRE COMME CA ! »

Elle lui prit les deux parties du bandage, serrant avec force alors qu’elle poussa un petit gémissement de douleur. Elle respira rapidement pendant plusieurs secondes alors que le jeune homme ne lui répondit pas, allant ranger le reste au cas où cela serait nécessaire. Il revint s’asseoir quelques secondes plus tard.

« C… Ça va, Manelena ? Tu n’aurais pas dû faire aussi fort. Ce n’est pas bon du tout. Regarde-moi ce bandage … Il est déjà rouge en partie. » murmura-t-il.

« Préoccupe-toi de tes blessures, je m’occupe des miennes, c’est bien compris ? Maintenant … Vous deux … Vous allez tout me dire, c’est bien compris ? »

« Oh bien entendu, c’était le marché, n’est-ce pas ? » répondit Sérest, un sourire aux lèvres alors qu’elle invitait Tery à bien s’installer contre Manelena. La jeune femme aux cheveux argentés ne le repoussa pas, sûrement trop fatiguée pour cela.

« Alors … Par quoi voulez-vous que l’on commence ? » dit Séran calmement, attendant que la femme aux yeux rubis prenne la parole. Pourtant, ce fut Tery qui vient dire :

« J’aimerai savoir d’où vous venez … Car vous m’avez dit je crois que vous n’étiez pas d’Honoros et de Claudiska si je ne me trompe pas. »

« C’est exact … Bien que nous ayons les traits communs à ces deux peuples, nous ne venons pas de là. Il se peut que vous ne connaissiez pas cet endroit. » annonça Sérest avec calme, Manelena haussant un sourcil. Elle ? Ne pas connaître ? Pour qui est-ce que cette femme la prenait ? Séran continua les paroles de sa femme :

« Nous venons de la capitale du monde Omnosmos. »

« Capitale du monde ? » demanda le jeune homme, intrigué. Il regarda Manelena, celle-ci paraissant surprise voir même étonnée avant de se reprendre. Omnosmos … Comment cela se faisait-il … que des personnes provenant de cet endroit se trouvent ici ?

« Que faites-vous à cet endroit ? Normalement … Les personnes qui rentrent dans Omnosmos … en ressortent que très rarement. Non pas parce que c’est un endroit dangereux … mais bien parce que c’est un endroit tellement plaisant que les personnes ne veulent plus en sortir. »

« Ça existe réellement un tel endroit ? » demanda le jeune homme, intrigué par les paroles de Manelena. Personnellement, il n’avait jamais entendu parler de cette … capitale avant aujourd’hui. Alors bon … C’était quand même assez étonnant.

« Ca existe … Même si je n’y ai jamais mis les pieds et que je ne compte pas les mettre de sitôt … J’ai autre chose à faire de mes journées. Par contre, vous deux, ce n’est clairement pas suffisant, ce n’est pas ce que je voulais entendre … J’ai besoin d’en savoir encore plus à ce sujet, c’est bien compris ? » reprit la maréchale bien que Tery était le seul à connaître son grade dans l’armée de Shunter. Enfin, il l’espérait car sinon, là, il aurait de gros problèmes.

« Oh … Je pensais que cela te serait suffisant comme explications … de savoir que nous venons d’un endroit que peu de gens ont pu voir. Néanmoins … Néanmoins, pour l’heure, nous avons assez parlé ! Et ne vous inquiétez pas au sujet des mékalarmiens, nous comprenons votre mission et nous ne dirons rien à ce sujet. » conclut Sérest.

« QUOI ? NON ! Vous allez tout me dire ou alors je vous égorge tous les deux ! » cria Manelena, s’apprêtant à se relever avant que le jeune homme ne la tire vers lui.

« Tu vas arrêter de bouger ? Tu es blessée, Manelena ! Ils n’ont pas dit qu’ils ne diront plus rien ! Ils ont simplement dit que c’était suffisant pour aujourd’hui ! Calme-toi un peu ! »

« Je te conseille vraiment de me lâcher. Grrr … J’en ai assez de ce jeu ridicule ! »

Plus qu’assez même ! Elle retira son bras de Tery, s’enfonçant dans leur tente alors qu’il poussait un profond soupir. Ce n’était clairement pas la joie. Mais bon … Qu’est-ce qu’il pouvait faire d’autre ? Il n’allait quand même pas utiliser la violence contre Sérest et Séran. Surtout que bon … Ils semblaient en connaître beaucoup plus.

« Après manger, nous continuerons à discuter, Tery. Qu’est-ce que tu en penses ? » dit Séran, lui adressant un sourire amical comme à son habitude.

« Je pense que c’est une bonne idée … Mais je ne suis pas sûr que cela plaise à Manelena. Je vais aller discuter avec elle pour la raisonner. »

Qu’il fasse donc. Le jeune homme se dirigea vers la tente, remarquant que Manelena était assise, une main posée sur sa hanche et son bandage. Celui-ci était ensanglanté. Elle semblait essayer de se débrouiller pour se soigner toute seule. Ca n’avait pas duré longtemps avant qu’elle ne soit forcée de changer de bandage hein ? Il s’approcha d’elle, la jeune femme l’ayant remarqué bien qu’elle ne dit rien.

« Laisse-moi m’occuper de ça, Manelena. Tu vois qu’il ne fallait pas serrer comme une folle ? S’il te plaît … Je peux me charger de ça ? Ça s’est rouvert ? »

« Laisse-moi tranquille, Tery. Je suis lasse de ce petit jeu. Dès demain, nous retournons à Midès. Ce soir, je vais les interroger et … »

« Attention, Manelena. Je retire le bandage. » répondit le jeune homme sans même chercher à réellement l’écouter. Il reprit de l’alcool avant d’en mettre sur le coton, le collant sur la blessure de la jeune femme. « Manelena … Est-ce que tu me fais confiance ? Tu peux me répondre sincèrement ? »

« Pourquoi … est-ce que je devrais répondre à cela hein ? Donne-moi une bonne raison. »

« Car j’aimerai … que tu me laisses leur poser des questions. Tu es trop violente … dans tes paroles et tes actes. Il est normal qu’ils ne veuillent rien nous dire. S’il te plaît ? » murmura Tery alors qu’il terminait son bandage sur la hanche de la jeune femme.

« Fais ce que tu veux … Tu me fatigues … Mais tu as intérêt à avoir des résultats car sinon, tu risques de ne pas apprécier ma punition. »

« Merci beaucoup, Manelena. Tu verras, tu ne le regretteras pas. Merci de me faire confiance. » répondit le jeune homme en lui souriant.

« Je ne te fais pas confiance, Tery. » termina-t-elle bien que ce n’était pas crédible.

Pour toute réponse, il prit une profonde respiration, rougissant violemment avant de prendre sa main. Il l’embrassa rapidement, la jeune femme retirant sa main aussitôt. Qu’est-ce que ça voulait dire ? QU’EST-CE QUE CA VOULAIT DIRE ? Il sortit de la tente avec rapidité, ne la laissant pas lui poser la question.
Pourtant, elle ne tarda pas à quitter la tente à son tour, prête à avoir quelques explications avec le jeune homme. C’était quoi … ce geste ? Il se prenait pour quoi ? Un damoiseau de la noblesse ? TSSSS ! Ca ne lui allait pas du tout ! Bien qu’elle … devait remarquer quand même, que ça pouvait en fait lui convenir … Enfin, il avait des fois une allure assez noble … Et même pour un possesseur de lignes d’Alzar … Il était plutôt remarquable. Hum … En rentrant, elle allait peut-être devoir faire une étude plus poussée sur le jeune homme. HUM ! Qu’elle arrête de s’intéresser à lui ! Qu’est-ce qui se passait avec elle ?

« Manelena ? Nous mangeons … Et après, Sérest répondra à mes questions. Tu vois ? »

« Hum … Si tu le dis … On va faire comme si je te croyais. » dit la jeune femme aux cheveux argentés en venant s’asseoir à ses côtés.

Ils mangèrent paisiblement, Manelena semblant plus que calme. Elle répondit même aux questions de Sérest tandis que Séran et Tery discutaient entre eux. L’homme provenant d’Honoros ou plutôt d’Omnosmos racontait quelques anecdotes qui firent rire le jeune homme. Manelena haussait simplement un sourcil en sa direction, lui demandant simplement d’éviter de rire trop fort car elle se trouvait à côté de lui. Il contrôla ses émotions, le repas se déroulant plus que rapidement jusqu’au moment des questions et des réponses.

« J’aimerai bien savoir … pourquoi vous avez alors quitté cette capitale … du monde ? »

« Oh … La même question que la jeune demoiselle à tes côtés. Et bien … Et bien … Et bien … Cela risque de vous surprendre mais nous sommes là à cause des médaillons. Nul besoin de vous l’expliquer puisque vous semblez être au courant à ce sujet, n’est-ce pas ? »

« C’est le cas … Abrégez vos paroles …. » murmura Manelena calmement. Assez perdu de temps, elle voulait des réponses dès maintenant.

« Et bien … Saviez-vous que dès l’instant où les quinze médaillons sont récupérés par des humains issus de n’importe quel royaume, les incarnations élémentaires se réveillent alors ? »

« Les … incarnations élémentaires ? » demanda Tery, un peu surpris par ce qu’il venait d’entendre. Ça voulait … Ça voulait dire quoi ? C’était quoi déjà à la base ?

« Oh ? C’est vrai que peut-être, dans les royaumes extérieurs, ce n’est guère forcément très connu mais je veux parler de Kalan, le Phénix ardent, Lavon, le Leviathan des Abysses et aussi de … » commença à dire Sérest avant que le jeune homme ne s’exclame :

« AH ! Ce sont eux ? Ce sont les cinq gardiens protecteurs des éléments ! »
Oh … Oh ! Ca faisait plus que longtemps qu’il n’avait plus entendu ces noms. En fait, en y repensant bien … C’était même avant qu’il ne rentre dans l’armée de Shunter. Et là … Brrr. En y réfléchissant … Il n’avait entendu ses noms qu’une seule fois. Manelena haussa un sourcil, un peu étonnée d’entendre Tery parler de ça, le jeune homme reprenant :

« Il y a aussi Wexila … Onyr … et Trozeral. Je crois que Wexila était la seule … créature humanoïde si je ne me trompe pas. J’ai entendu leurs noms une fois. J’espère que c’est ça, ça fait bien longtemps que je n’ai plus entendu ces noms, je me demande si … »

« C’est parfaitement exact. Impressionnant pour quelqu’un qui ne les a entendu qu’une fois. »

Héhéhé. Il émit un petit rire alors qu’on venait de le complimenter. C’était sûr que ça faisait plaisir d’entendre une telle chose, surtout quand il était concerné. Mais qu’est-ce que ça voulait dire alors ? Il voulait aussi entendre la suite surtout que … HEY !

« Vous avez dit que les cinq incarnations élémentaires se réveilleront ? Qu’est-ce … Qu’est-ce que ça veut dire ? Comment ? Pourquoi ? A cause des médaillons ? »

« C’est exact … Nous devons reprendre les médaillons pour éveiller les incarnations élémentaires. Maintenant qu’ils sont … »

« Je croyais que les incarnations élémentaires étaient déjà réveillées ? » demanda le jeune homme, encore plus embrouillé qu’auparavant par tout ce qui se passait.

« Oh … Elles sont sorties de leurs léthargies mais elles ne sont pas encore pleinement conscientes et opérationnelles. Mais oui, elles sont déjà réveillées … mais à moitié endormies si tu préfères. » répondit Sérest avec calme alors qu’il se demandait si il avait tout compris.

« Et où est-ce que vous voulez en venir ? En quoi est-ce que cela est intéressant ? » dit Manelena, un peu étonnée d’apprendre cela bien qu’elle évitait de le montrer.

« Vous vouliez savoir la raison de notre présence en Shunter, non si cela était intéressant … Néanmoins, il faut savoir pourquoi nous sommes ici … en plus des médaillons. Les incarnations élémentaires ne sont pas là pour simplement pour faire jolies. Non, elles sont là pour nous permettre de combattre les démons. »

Démons ? Il écarquilla les yeux. Il avait cru très mal entendre. Des démons ? Où ça ? Pourquoi ? Quand ? Même si il n’était pas forcément très cultivé, il connaissait quand même les légendes de son village … ou du moins, celles que sa mère lui racontait lorsqu’il était enfant. Mais quand même … Manelena paru surprise elle aussi mais une véritable surprise, comme si elle n’attendait pas à une telle chose.

« Combattre les démons ? Vous croyez vraiment à ces légendes ? » dit-elle calmement.

« Oh bien entendu. Et la magie n’existe pas ? Alzar et Zélisia sont simplement des fruits de notre imagination. Les démons existent … Ils ont des cornes en spirale sur le sommet du crâne comme les béliers. » annonça Sérest, ayant utilisé un peu d’ironie dans ses premières paroles pour bien montrer qu’elle prenait très au sérieux ce qu’elle disait.

La jeune femme aux yeux rubis tiqua, émettant un petit grognement auquel Tery tenta aussitôt de réagir. Il posa sa main sur la sienne, lui murmurant de se calmer. Le ton utilisé par Manelena n’avait été guère mieux et visiblement, Sérest prenait à cœur cette histoire. Séran, de son côté, était resté muet, laissant parler sa femme. Il ne faisait qu’hocher sa tête lorsqu’il était d’accord avec Sérest sur plusieurs points. Et en vue de ce qui se passait, il valait mieux ne pas rentrer dans la conversation puisqu’il y avait une chance qu’elle dégénère.

« Bon … Si je peux reprendre finalement … Nous devons nous adresser aux incarnations élémentaires pour leur demander de l’aide. Les médaillons sont là pour annuler une partie de leurs pouvoirs ou alors les renforcer. Néanmoins, ils pourraient être alors belliqueux. Mais ils seraient d’une grande aide contre les démons si ces derniers devaient réapparaître. »

« Et pourquoi faites- vous cela ? Est-ce que vous aussi, vous avez un être supérieur qui vous guide ? » dit-il avec ironie bien que celle-ci ne visait personne parmi les personnes présentes. Non … La personne visée … n’était pas celle que l’on croyait. Il parlait tout simplement de l’Oracle, n’aimant toujours pas ce sinistre personnage. C’était à cause de lui qu’Elen semblait souffrir en silence et cela … Il ne l’acceptait pas le moins du monde !

« Hum ? Non … Pas réellement, c’est bien différent en fait… Mais cela, on ne peut pas réellement vous le dire car c’est secret. »

« Euh … Alors, est-ce que vous pouvez parler d’Omnosmos s’il vous plaît ? Enfin … A quoi ressemble cet endroit, son importance et toutes ces choses ? »

Il devait avouer qu’il était particulièrement intéressé par cet endroit. Il n’en avait jamais entendu réellement parler mais maintenant … Il voulait savoir à quoi ça ressemblait, les magasins à l’intérieur, toutes ces choses. Sérest le regarda, un sourire aux lèvres. Elle semblait amusée par ses paroles, pourtant, il n’avait rien dit de bien spécial non ?

« Oh … Donc au sujet de cette ville … Et bien, elle se situe réellement au centre du monde … On peut dire qu’elle est à égale distance de chaque royaume. Pourtant, elle n’est rattachée à aucun d’entre eux. Qu’est-ce que je peux te dire d’autre à ce sujet ? »

« Euh … Et bien … Il y a une caractéristique spéciale des personnes venant d’Omnosmos ? Je ne sais pas … Du genre, vous … Enfin … Les claudiskiens ont des ailes non ? Et pour Séran, il a quant à lui ses oreilles. D’ailleurs, je me demandais … Est-ce qu’il n’y a que les shunteriens qui ont l’air parfaitement « normaux » ? »

« Oh … Normaux ? Normaux ? Je ne suis pas si sûre de cela. » répondit Sérest avec un petit rire, Manelena prenant une profonde inspiration avant de dire calmement :

« Les citoyens de Shunter ont les plus grandes dispositions à utiliser la magie correctement … mais aussi à avoir un taux anormal de personnes capables d’utiliser les lignes d’Alzar et de Zélisia. Cela compense le fait que le royaume soit en retard sur plusieurs points comme les sciences ou la technologie. Il suffit de voir la différence entre nos équipements et ceux de Mekalarma. Je n’ai pas besoin de te faire un dessin non ? »

« Je crois que j’ai compris. Je ne suis pas si exceptionnel en fin de compte. » dit le jeune homme en rigolant à son tour, Manelena se donnant une claque sur le front. Ce n’était pas censé être drôle ce qu’elle venait de dire !

« Bon … Et bien … Je reprends la parole alors ? Pour te répondre, Tery, non, normalement, il n’y a pas de personnes « spéciales » qui proviennent d’Omnosmos. Du moins, il n’y a pas de caractéristiques raciales spécialement pour ceux qui sont nés à Omnosmos. Est-ce que cette réponse te satisfait ? Ou tu veux toujours en savoir plus ? »

« Toujours plus. » dit-il calmement alors que Manelena posa une main sur sa bouche. Elle n’allait rien apprendre de nouveau à ce sujet.

« Hum … Qu’est-ce que je pourrais te dire à ce sujet ? Et bien … J’ai une petite idée. Tu devras attendre demain pour en savoir plus. Pour aujourd’hui, c’est bien assez. Et le temps que vous retournez à vos occupations, nous aurons un bout de chemin à faire, n’est-ce pas ? Alors, autant ne pas précipiter les choses. »

« Je ne sais pas trop … Enfin … Je pense que c’est bon. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns tandis que Manelena se levait.

« Si c’est terminé, je vais alors me promener un peu dans les environs. J’ai besoin de bouger … au lieu de rester immobile à ne rien faire. »

« Je t’accompagne ! Je m’inquiète un peu pour tes blessures. »

Il s’était levé aussitôt après les paroles de la jeune femme aux cheveux argentés. Celle-ci poussa un profond soupir. N’avait-il pas compris qu’elle voulait être seule ? Elle fit un petit geste de la main pour lui dire de venir puisqu’il en était ainsi. Ils quittèrent le couple, les deux personnes se regardant en souriant entre elles.

« Et bien … Au final, qu’est-ce que tu penses de ces deux personnes, mon amour ? » demanda Sérest avec douceur en s’adressant à son mari.

« Je pense que ces deux personnes sont très proches … Mais tu sais parfaitement que ce n’est pas possible qu’elles soient celles que l’on cherche. »

« C’est exact … Mais ce jeune homme … Il est quand même très appréciable. Tu as remarqué à son sujet ? Et pareil pour cette jeune femme … Oh, je ne parle pas de sa colère habituelle … Mais lorsqu’elle combat, il semblerait qu’elle arrive à garder les lignes d’Alzar sous contrôle. Il en est de même pour Tery. »

« Surprenant, n’est-ce pas ? C’est vraiment très rare … Peut-être est-ce parce que c’est une femme qu’elle a réussi une telle chose. Mais le fait que Tery y arrive aussi … »

« Normalement, cela ne s’apprend pas … Elle a sûrement eut beaucoup de patience. » reprit Sérest tandis que son homme hochait la tête plusieurs fois de façon positive.

« Hum … Elle semble nier à son sujet mais cela crève assez les yeux. Si elle était autant en colère que cela contre lui, ses lignes seraient bien plus présentes que la normale. Ah … Cela me rappelle notre jeunesse, Sérest. » murmura l’homme aux traits caractéristiques d’Honoros alors que sa femme lui disait calmement :

« Mais voilà … C’est ainsi que ça se passe. Ne disons rien pour l’instant. Les personnes que nous recherchons ne sont certainement pas elles »

Elle avait entièrement raison. Deux porteurs d’Alzar … Ils n’étaient pas ces personnes.