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Chapitre 20 : Grandir trop rapidement

ShiroiRyu
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Chapitre 20 : Grandir trop rapidement

« Fais un petit areuh, Icare… Fais un petit areuh… »

L’adolescent aux cheveux bleus venait jouer avec les lèvres de son petit frère, posant un doigt dessus alors que le bébé émettait des petits rires. Cela faisait déjà deux semaines que Pete n’avait plus donné signe de vie et au fond de lui, il ne voulait plus y penser. Il ne préférait ne pas y penser… Il y avait une chance que son ancien serviteur soit… mort et rien que l’idée même d’y réfléchir le mettait mal à l’aise et lui donnait la nausée.

« Arnaud ? Il est temps de notre petite réunion quotidienne. » murmura d’une voix douce l’adolescente aux cheveux bruns en s’approchant de lui.

« J’arrive, j’arrive… Ne t’en fait pas, Lily. Je finis juste de distraire Icare et de le faire dormir puis je viens. Ca ne prendra pas trop de temps, ne t’en fait donc pas. »

« Je ne m’en fais pas pour lui mais plutôt pour toi, Arnaud… Comme tu le sais très bien. » murmura t-elle d’une voix lente et calme en le regardant longuement.

Elle soupirait tout en l’observant, croisant ses bras au niveau de sa poitrine inexistante. C’était dommage… Vraiment dommage… Il s’enfonçait dans son désir de faire que son petit frère soit heureux… Il ne pensait qu’à ça pour ne pas souffrir… Et pour ne pas lui montrer la souffrance qu’il avait au fond de son cœur. Elle s’approcha de l’adolescent après qu’il ait déposé Icare dans le berceau, venant le serrer longuement dans ses bras.

« Qu’est-ce… Qu’est-ce que tu fais, Lily ? »

« Ca t’embête vraiment d’être ainsi ? Pendant quelques secondes ? »

Il ne lui répondit pas alors qu’elle était contre lui, dans son dos, ses deux mains posées sur son ventre. Il se retourna, se laissant faire avant de venir subitement la coller tout contre lui, la serrant avec insistance et un peu de force alors qu’elle poussait un petit cri de surprise.

« Qu’est-ce que tu fais, Arnaud ?! Qu’est-ce que tu fais ?! Calme-toi ! »

« On reste comme ça pendant cinq minutes… Pendant dix… S’il faut… Pendant je ne sais combien de temps mais on reste comme ça, s’il te plaît… S’il te plaît… Lily. »

« Et la réunion ? Oh et puis zut, je pense qu’ils peuvent attendre dix minutes de leurs vies. »

Oui ! Pour une fois qu’elle pouvait en profiter avec Arnaud, elle n’allait pas se priver. Elle vint l’embrasser sur la joue puis sur le cou, l’adolescent ne réagissant pas. Est-ce qu’elle pouvait aller un peu plus loin ? Elle était plus grande que lui, légèrement mais bon… Elle commença à rapprocher ses lèvres de celle d’Arnaud mais au dernier moment, il dévia son visage sur la gauche, l’adolescente venant l’embrasser sur la joue.

« Pardon Lily… Mais je ne veux pas d’une relation comme ça… Je suis vraiment désolé. »

« Tu n’as pas à l’être… Je savais à quoi m’attendre avec toi. » dit-elle tout en posant sa tête sur son épaule, fermant les yeux pour les quelques minutes où ils allaient rester ainsi.

Cela avait duré plus d’une demi-heure en fin de compte mais ils étaient serrés l’un contre l’autre… Et puis lorsque vint la réunion, elle lui tenait sa main tandis qu’ils se présentaient devant les autres… Des généraux et les parents de Lily.

« Vous en avez mis du temps ? Vous vous êtes perdus ? » demanda la mère en émettant un petit rire alors que Lily détournait le regard sans répondre.

« Non… Non… Nous nous réconfortions l’un par rapport à l’autre. J’en avais un peu besoin, je le reconnais… Je suis désolé d’être arrivé en retard. »

Lily vint rougir violemment après les paroles d’Arnaud, celui-ci essayant de rester imperturbable bien qu’il venait de prononcer de tels mots. L’un des généraux toussa :

« Bon… Tant que vous allez bien tout les deux, nous allons pouvoir commencer le reste. Je vais vous expliquer la situation si vous le voulez bien. Actuellement, nous avons été surpris par la résistance à laquelle nous avons été confrontés il y a quelques jours. »

« Au sujet des Altarias ? Ce sont les soldats d’élite de mon royaume… Enfin… Mon ancien royaume devrais-je dire plutôt. »

« C’est exact… Enfin, bien que plus résistants que les autres, ils ne sont néanmoins pas invincibles et impossibles à battre. Nous avons quitté les plages et notre propre armée d’élite est maintenant sur place… Nous sommes largement au-dessus d’eux. »

« Vous en êtes convaincus ? Ce sont de véritables dragons contrairement à ce que l’on croit… Ils sont donc bien plus puissants qu’il n’y parait. »

« Oh… Ce n’est pas un problème… Qui dit qu’ils sont des dragons signifient qu’ils ont leurs faiblesses aussi… Et nous allons en profiter… »

Leurs faiblesses ? L’eau ? Le froid ? Le froid ! C’était ça qui était horrible pour les dragons et pour toute créature capable de voler ! Car leurs ailes engourdies par le froid risquaient alors de ne plus battre… Et cela serait la chute…

« Et nous sommes plus que doués pour cela. Nombreux sont les soldats ennemis à être tombés en morceaux, se brisant comme des statues de glace. A cette allure, nous… »

« Comment est-ce que votre peuple réagit à cette guerre ? Je ne sors pas du palais et puis… »

Oh… Il posait une question relativement intéressante… Et un peu surprenante. Il s’inquiétait aussi du peuple des Barpau ? Avant le sien ? C’était plutôt inattendu. Le général qui parlait depuis le début reprit la parole aussitôt :

« Notre peuple accepte notre guerre… et est prêt à nous aider… Mais nous avons déjà fait trop de dégâts et de morts pour que NOUS, nous acceptions qu’il vienne nous aider. Après la mort de plusieurs personnes proches de la famille royale et surtout avec une telle cruauté de la part de votre peuple, prince Arnaud. »

« Je le sais très bien… Et je le reconnais parfaitement. » murmura t-il d’une voix lente. Il reprit après quelques instants : « Et est-ce que vous avez des nouvelles de mon peuple ? Comment est-ce qu’il réagit au coup d’état ? »

« Assez mal pour la majeure partie… D’après ce que nous savons, le général enferme tous ceux qui ne se plient pas à son coup d’état. De l’autre côté, son armée s’agrandie et c’est un problème puisque peut-être que nous serons surpassés par le nombre. »

« Ne vous en faites pas, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de Tyltons qui voudront suivre véritablement le général. Ils iront dans cette armée mais s’enfuirons avec leur famille dès qu’ils le peuvent. C’est un faux problème. »

« Si vous le dites, prince Arnaud. Est-ce que vous envisagez de reprendre le trône si le général abdique ou non ? » demanda l’un des généraux Milobellus en le regardant.

« Je ne me suis pas posé la question et je n’ai que quatorze ans, je trouve que c’est bien trop jeune pour gouverner. Je réfléchirais à toute cette histoire dans les années à venir… Lorsque nous aurons éliminé le général et son fils… »

Il disait cela avec un peu de monotonie, ne semblant pas réellement se préoccuper de son royaume. Non… Ce qui l’inquiétait le plus actuellement, c’était son petit frère, Pete, Lily, Phoebe, enfin… Beaucoup de personnes proches à lui. Il reprit la parole d’une voix calme :

« De toute façon, la guerre n’est pas encore terminée alors envisager une telle chose est absurde, sauf votre respect bien entendu. »

« Vous avez entièrement raison… Mais nous tenons à vous signaler que même si nous tuons vos semblables, nous n’appliquerons pas leurs procédés : Nous n’irons pas les torturer ou les… tuer de cette manière… Je pense que vous voyez très bien de quelle manière je veux parler, n’est-ce pas ? »

Il hocha la tête d’un air positif pour dire qu’il avait parfaitement compris avant de se lever de son siège. Pour lui, tout était terminé actuellement… Du moins, la réunion à la base. Lily se releva aussitôt, signalant qu’elle allait le rejoindre alors qu’ils quittaient la salle. Lorsqu’ils furent partis, l’un des généraux se tourna vers le roi et la reine tout en demandant :

« Pour quand sont les fiançailles ? »

« Les fiançailles ? Oh… Je ne sais pas… Ce n’est pas à nous de décider à ce sujet. Je pense qu’il vaut mieux attendre plutôt que de tout précipiter. »

« Pourtant, d’après le regard de votre fille, il n’y a aucun doute sur ses sentiments, n’est-ce pas ? » reprit le général en s’adressant à la mère qui lui avait répondu.

« La question qui se pose est par rapport aux sentiments d’Arnaud… Nous ne savons pas ce qu’il pense réellement de notre fille… Mais bon… Les années passeront et je pense qu’avec cela, une certaine alchimie s’installera entre vous. »

« Nous ne pouvons qu’espérer ceci. Cela reflètera bien l’idée que nous n’avons jamais voulu cette guerre entre les Tyltons et les Barpau. » termina le général tout en concluant la réunion.

« Arnaud ? Tu es encore là ? … Tu devrais rentrer… »

« J’avais envie de prendre un peu l’air… Alia… Rosa… Peter… Mes parents… Ca ne s’arrêtera jamais… Ca ne voudra jamais s’arrêter… »

« Mais si… Il le faut bien, ne sois pas aussi défaitiste, Arnaud. »

Ils étaient sur la plage où ils avaient trouvé le corps de Rosa il y a quelques semaines. Ah… Il ne devait pas… Il en avait vraiment assez de pleurer… Vraiment plus qu’assez… Pourtant, il recommençait à pleurer légèrement, reniflant assez bruyamment alors que Lily venait le serrer dans ses bras une nouvelle fois. Elle ne pouvait pas s’en empêcher quand elle le voyait ainsi. Elle l’embrassa sur le cou tendrement tout en disant :

« Arnaud, deviens donc le prince des Barpau ! »

« Hein ?! Qu’est-ce que tu racontes, Lily ? Qu’est-ce qui te prends de dire une telle chose ? »

« Sois notre prince ! Tu pourras respirer sous l’eau indéfiniment ! Ne t’en préoccupes plus de ça ! Elève ton petit frère dans notre royaume ! Ne te préoccupe plus du reste ! Tu es ici avec nous… Pour l’éternité si tu le désires… Je ne veux pas que tu souffres plus longtemps. »

« Pfff… Si tu veux, si tu veux Lily… Mais je ne suis pas prêt à être un prince… Plus maintenant, comme je te l’ai dit. Ma seule préoccupation est mon petit frère. »

« Tu veux le voir grandir et s’épanouir, je le sais très bien… Mais je vais te forcer à penser un peu à toi… C’est tout ce que je veux moi… »

Hum… Tout ce qu’elle voulait, c’était assez amusant quand on l’entendait parler ainsi. Mais bon, ce n’était rien du tout et ce n’était pas le plus préoccupant actuellement.

« On ne peut pas revenir en arrière, hein ? Lily ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Pour… Pourquoi est-ce que tu poses cette question ? »

« Car j’en avais envie… J’en ai terriblement envie… J’ai envie de revenir il y a six ans… Lorsque Pete et moi, nous vous avons rencontrées… J’ai envie de tout recommencer, de ne pas être méchant avec toi, de vous défendre contre Loïc et ses imbéciles de copains… J’ai envie d’empêcher cette guerre de s’être commencée… J’ai tellement envie… que tout change… Que tout change complètement… Lily… »

Voilà qu’il recommençait à sangloter de toutes ses forces alors qu’elle tendait ses bras Qu’il revienne par là… Il se sentait fautif de tout ce qui s’était passé, n’est-ce pas ? Mais il n’était pas responsable de tout ça… Non… Ce n’était pas de sa faute…

« Tu es tout simplement un Tylton… Tu deviendras un magnifique Altaria… Et moi, une Milobellus si tu le désires… Mais à côté… Ah… Bon… Restons encore ainsi, tu sembles t’y habituer de plus en plus. » dit-elle avec un petit sourire triste alors qu’il ne lui répondait pas, fermant ses yeux tandis qu’il pleurait à nouveau. Ah… Qu’il continue de pleurer… Qu’il continue… Il s’était retenu pendant trop de temps… Et il fallait que ça sorte… encore une fois.

« Ah… Ah… Ah… Ah…. Ne vous approchez pas de moi ! »

« Nous voulons tout simplement t’aider…. Tu n’es pas un soldat, n’est-ce pas ? »

« Je vous ai dit de ne pas vous approcher ! »

Impossible de s’enfuir… Et zut ! Il n’allait pas mourir avant d’avoir emporté Loïc dans la tombe… Mais là… Ils étaient beaucoup trop nombreux… Et bien qu’il était salement blessé par les nombreux combats qu’il menait depuis des jours, il était encore capable de se battre si cela s’avérait nécessaire ! Ah… ah…

« Qu’est-ce que vous me voulez ? Si vous essayez de me tuer, je vous promets de vous en faire baver jusqu’au… Jusqu’à la fin… »

« Nous voulons simplement discuter avec toi. Nous connaissons ton nom… Pete. »

Pete ? Ils connaissaient son nom ? Pourtant, il n’était pas forcément… Si… Depuis des années, il s’était forgé une certaine réputation… Qui pourrait croire qu’un gamin de son âge soit capable de telles choses ? Personne… Et c’était ça qui faisait sa particularité. Une main posée sur son torse ensanglanté, il murmura :

« Discuter avec moi ? Vous n’êtes pas des soldats… n’est-ce pas ? »

« Certains d’entre nous l’étions… D’autres sont simplement des mercenaires ou des personnes qui ont perdu leurs familles pendant cette guerre stupide. »

« Je suis désolé pour vous… Je n’ai pas de famille moi-même alors je ne peux pas réellement vous pleurer, j’espère que vous comprendrez… Héhéhé… »

« Ne t’en fais donc pas pour nous… Nous voulons simplement que tu nous prêtes ta force… Nous avons besoin de personnes comme toi… »

« Désolé mais je ne suis pas intéressé par votre proposition… »

« Tu veux bien y réfléchir, s’il te plaît ? » murmura une voix féminine alors qu’il haussait un sourcil, étonné par la personne en face de lui.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu ne devrais pas…. »

« Réfléchis-y s’il te plaît… Moi aussi, j’ai perdu quelque chose d’important. » dit la voix féminine une nouvelle alors qu’il commençait à peser le pour et le contre.

Pendant plusieurs minutes, il semblait réfléchir à tout ceci, se demandant ce qu’il devait faire. Il n’était… Avoir des amis et des alliés… Cela semblait tellement bizarre… Surtout de la part de Tyltons et Altarias… Alors bon… Peut-être qu’il pouvait donner une chance à tout ceci ?

« J’aimerais simplement vous signaler que je ne suis pas contre les Barpau… Non… Même si je ne veux plus les voir à cause de ce qui s’est passé car je me sens responsable de tout ceci… Je tiens à vous dire que je ne le ferais pas de mal… Vous êtes prévenus. »

« Les Barpau ne sont pas nos ennemis sauf si ils se mettent en travers de notre chemin… Nous ne les attaquerons pas… La seule chose qui nous préoccupe est la tête du général. »

« Alors je vous aiderais à la faire tomber. Moi-même, la seule tête est celle de son fils. Si vous le trouvez, je veux en terminer avec lui, est-ce bien clair ? »

« Alors un marché est conclu, n’est-ce pas ? »

Oui… Un marché était conclu. Il restait sur ses gardes alors que la personne qui semblait être le chef de cette petite troupe tendait sa main. Il la serra avec méfiance avant que deux personnes ne s’approchent de lui, reprenant la parole :

« Maintenant que tu es des nôtres, il va falloir nous suivre pour que l’on t’emmène à notre base. Tu es dans un triste état, combien de soldats te sont tombés dessus ? »

« Six ou sept… J’arrête de les compter… Ils veulent me tuer mais ils ne m’auront pas… Je ne me laisserais pas faire par ces chiens… »

Non, il en était hors de question. Plusieurs murmures se firent entendre, plus des cris de surprise en écoutant le nombre alors qu’il reprenait :

« Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que vous me regardez tous avec ces têtes d’ahuris ? On peut me dire ce que j’ai de spécial ? »

« Etaient-ce des Altarias ou non ? Les soldats que tu affrontes quotidiennement ? »

« C’en était… Mais je me fiche royalement si ce sont des Tyltons ou Altarias, j’utilise la pire des attaques envers eux… Je préfère les anéantir avec nos pouvoirs de dragon… C’est la seule chose qu’ils méritent à mes yeux. »

Le pouvoir des dragons ? Les personnes se regardèrent entre elles. Il était capable de l’utiliser ? Peut-être qu’en fin de compte, il était bien plus impressionnant qu’il n’y paraissait.

« Tu deviendras sûrement un grand Altaria, Pete. »

« Je me fiche pas mal de ce que je deviendrais… Je veux simplement éliminer le général et son fils… Le reste ne m’intéresse pas du tout. »

Oui, oui… Il se répétait mais bon… Les personnes commencèrent à le guider tandis qu’ils s’éloignaient de cet endroit. Il était temps pour eux de lui montrer le nouvel endroit où il allait loger. Intérieurement, il se disait que cela ne lui ferait pas de mal de dormir sur un véritable lit au lieu d’a même le sol… Car cela faisait depuis plusieurs années… qu’il n’avait pas réellement dormi aussi bien.

Mais bon… Il ne devait pas penser à cela… Mais plutôt au fruit de sa vengeance… Rosa était morte… et ça, il se ne le pardonnerait jamais. Il ne se pardonnerait jamais de ne pas avoir été assez puissant pour la protéger ! Mais maintenant, une autre question se posait : Pourquoi est-ce qu’elle était là ? Dans ce groupe ? Ce n’était pas normal… Il allait devoir demander quelques explications dans le futur… Car elle aussi semblait avoir ses raisons.

« HYAAAA ! » s’écria une voix avant qu’un rocher n’explose sous un coup donné par un trident, une adolescente aux cheveux verts faisant quelques mouvements avec l’arme.

« Je me disais bien aussi que la plage avait légèrement changé… même après leur départ. »

Il avait réussi à… abandonner son petit frère pour une heure. Il avait besoin de respirer et de souffler… d’essayer d’oublier… Et là, il se retrouvait en face de Phoebe, celle-ci portant une armure de cuir bleu pour masquer ses formes tandis qu’il reprenait d’une voix lente :

« Tu t’entraînes ? Tu as l’air assez fatiguée et exténuée, Phoebe. »

« Je préfère faire cela plutôt que de ne rien faire justement. Comment ça va avec la princesse ? Certaines rumeurs parlent de fiançailles. Toutes mes félicitations. »

« Il n’y a pas de fiançailles prévues et je ne crois pas que cela soit à prévoir. Je n’ai pas la tête à penser aux relations amoureuses actuellement comme tu peux le voir. »

« Je n’y ai jamais pensé personnellement. Je joue l’adolescente amusée mais je ne pense pas à ce genre de choses. Encore moins après les trop nombreuses morts… Dis-moi… Si tu n’avais pas connu Lily, les autres… et moi… Est-ce que tu penses que… »

Qu’il pense que ? Elle semblait avoir du mal à terminer sa phrase, plantant son trident dans le sable avant de se mettre assis à côté. Elle l’observa quelques instants tandis qu’il faisait de même, s’installant en face d’elle.

« Est-ce que tu penses que tu serais devenu comme les personnes de ton peuple ? »

« Sincèrement… Je ne sais pas du tout… Mais j’avais Pete à côté de moi et il m’aurait remis sur le droit chemin donc je ne pense pas que j’aurais causé des problèmes. Vous connaître a été la meilleure chose qui me soit arrivée depuis le début. »

« Tu essayes de me flatter ? Ca ne marche pas ainsi, Arnaud. »

« Héhéhé… Non… Non… Je ne mens pas, je te le promets. Je crois que sans vous, je ne serais jamais devenu ainsi… Et au fond de moi, je m’en veux de vous avoir connues… toutes les quatre… Et aussi le peuple des Barpau. »

« Hein ? Pourquoi est-ce que tu dis cela ? Tu as une explication ? » demanda t-elle, légèrement surprise par les paroles de l’adolescent aux cheveux bleus.

« Car sans moi et sans vous avoir connues, vous n’auriez jamais eut tout ces problèmes… »

« Ah… C’est donc pour ça… Tu t’en veux, n’est-ce pas ? »

Il hocha la tête d’un air positif alors qu’elle émettait un petit soupir, se relevant pour tapoter doucement son pantalon protégé par une petite armure de cuir bleu lui aussi. Elle s’approcha de l’adolescent, lui caressant le sommet du crâne avant de rigoler légèrement.

« Qu’est-ce qui te fait rire, Phoebe ? Il y a quelque chose de drôle ? »

« Ah… Pas forcément… C’est simplement que j’ai l’impression qu’en fait, nos natures ne changent pas… Même si tu ne nous avais pas connues, je ne pense pas que tu serais différent d’aujourd’hui. Il suffit de voir que tu es encore qu’un gros bébé actuellement. »

« Hein ?! Mais je ne pleure pas ! Et j’ai arrêté de me compor… »

Elle émit un nouveau rire avant de l’enlacer. Sa tête observant la plage derrière lui, elle resta ainsi pendant plusieurs secondes avant de reprendre d’une voix lente :

« Personne ne change radicalement, qu’importe les évènements autour de soi… Peut-être physiquement, peut-être dans le monde qui l’entoure… Mais au fond de nous, nous restons les mêmes, qu’importe les évènements… Oui… Moi, je voulais protéger mes amies… Devenir forte car je sais très bien que Lily ne voulait jamais utiliser ses pouvoirs. »

« C’est vrai que des fois, j’oublie qu’elle est horriblement forte… »

« Mais tu vois ce que ça a donné, Arnaud ? Tu as le résultat… Alia est morte… Et Rosa aussi… Je n’ai pas réussi à les protéger… »

« Ne t’en veux pas, Phoebe, ce n’est pas de ta faute. Déjà, pour Alia, c’était la mienne. Je n’avais pas prévu que le général fasse cela… Et pour… Rosa… Nous ne savons rien… Rien du tout… Pete ne nous a pas laissé un seul message. »

« Oui mais ce n’est pas tout, Arnaud… Tu sais très bien que ce n’est pas ça qui consolera nos cœurs. Pas du tout même… Nous voulons revenir en arrière tout les deux… Mais nous voulons devenir adultes, n’est-ce pas ? »

« Pour que nous ayons la force de nos envies… »

« C’est exact… Pour que nous puissions la force de nos désirs, que nous soyons capables de faire ce que nous désirons et que nous accomplissions ce que l’on veut… »

« Comment est-ce que tu sais ça ? » demanda t-il sur un ton neutre alors qu’elle ne retirait pas sa tête, ses mains ne l’enlaçant pas réellement.

« Car en fin de compte, nous sommes pareils, Arnaud… Nous sommes tous les deux pareils. La seule chose que nous désirons au fond de nous, c’est de grandir… »

C’était exactement cela… Ca l’effrayait un peu de savoir que Phoebe pensait la même chose que lui tandis qu’il se demandait… si… si… Peut-être que…

« Phoebe ? Au sujet de cette guerre… Est-ce que je peux te confier quelque chose de secret ? Qu’il ne faudra absolument pas répéter aux autres ? »

« Tu le peux… Je resterais définitivement muette, je te le promets. »

Il lui faisait entièrement confiance. Avec lenteur, il vint lui murmurer quelques paroles dans l’oreille, l’adolescente aux cheveux verts écarquillant les yeux de surprise. C’était… C’était… inconcevable de penser ainsi ! Mais… Mais… Il semblait des plus sérieux à ce sujet.

« Arnaud… Réfléchis sérieusement à ce que tu fais… »

« J’y ai parfaitement réfléchis… Je sais que cela peut paraître fou mais… »

« Non, ce n’est pas de la réflexion. » dit l’adolescente aux cheveux verts alors qu’ils étaient en train de nager tout les deux dans l’eau.

« Alors qu’est-ce que cela est pour toi ? Je tiens à te signaler que c’est tout simplement une hypothèse. Je me prépare à tout avec ce qui nous arrive… »

« Je ne sais pas mais tu m’as l’air plus résigné que combattant… Donc je n’aime pas ça. Si je vois que tu fais exprès, je ne m’occuperais plus des soldats Altarias mais de toi, c’est clair ? On en a déjà assez à mes yeux… Je n’en ai pas besoin de plus. »

« Si tu le dis… Mais tu vas continuer à te battre ? »

« On ne dirait pas mais je suis une soldate ! Je tiens à te le signaler au cas où ! »

« Les adolescentes de quatorze ans ne devraient jamais se battre ! »

Elle émit un petit rire tandis qu’ils continuaient de nager. Les adolescentes de son âge ne devaient pas se battre ? C’est sûr que cela était une belle phrase mais après… La réalité était toute autre… Pour que ça soit les adolescents qui se battent au côté de soldats…

« De toute façon, mon choix est fait… Je rentrerais réellement dans l’armée dès que j’aurais seize ans. Même si ce n’est pas aux adolescents de se battre, ce n’est pas aux adultes non plus. Non ! On ne devrait même pas envisager l’idée de se battre, Arnaud ! »

« Je suis tout à fait d’accord avec toi… même si la réalité est bien différente malheureusement. » murmura t-il d’une voix lente.

« On ne s’attends jamais à l’imprévu… C’est pour ça que ça s’appelle ainsi. »

« Zut… Une soldate philosophe, je crois que je suis mal tombé. »

Elle éclata de rire alors qu’il faisait de même. Ils avaient besoin de rire tout les deux… Même si les paroles de l’adolescent restaient dans la mémoire de Phoebe. Elle ne devait pas en parler… A personne… A personne ici…

« Arnaud… Tu devrais quand même en discuter avec Lily, tu sais. »

« Non… Je ne veux pas l’inquiéter plus qu’elle ne l’est. C’est bien suffisant. »

« Tu y tiens quand même un peu à Lily, n’est-ce pas ? Malgré tout ce que tu dis… »

Il hocha la tête d’un air positif. Il ne se voilait pas la face, simplement, il avait d’autres préoccupations et c’est pour cela qu’il préférait ne pas que les autres s’en mêlent… Ou plutôt qu’il ne voulait pas… qu’elle se fasse du souci pour lui. Il savait parfaitement ce que Lily ressentait pour lui… Oui… Il le savait… Et cela faisait mal…

« Tu étais où, Arnaud ? Ton petit frère… dormait… »

Il était rentré dans sa chambre, surpris de voir l’adolescente aux cheveux bruns en nuisette mais surtout dans son lit… Elle s’était réveillée aussitôt qu’il était rentré, le regardant avec des yeux à moitié endormis.

« Oui… Je vois ça… Mais toi… Tu faisais quoi ? »

« Ah… Moi… Je pensais te voir mais tu n’étais pas là. Et puis, ton petit frère pleurait légèrement alors je suis venue pour le faire dormir… Je n’aurais pas dû ? »

« … … … … Si bien sûr… Je te remercie vraiment pour tout ce que tu as fait. Tu es à moitié endormie. Tu es sûre que tu … »

« J’ai essayé de rester éveillée… Mais je n’y suis pas arrivée alors en t’attendant, je me suis infiltrée dans ton lit, voilà tout, Arnaud. »

« Tu es complètement dans les étoiles. »

Elle était si fatiguée… Vraiment si fatiguée… Elle se faisait un sang d’encre pour l’adolescent avec ces dernières semaines et puis… Et puis… Elle poussa un petit soupir de surprise en bâillant légèrement alors qu’il venait lui caresser les cheveux, s’asseyant sur le lit. Il l’incita à retourner se coucher dans le lit tandis qu’il reprenait :

« Dors Lily… Tu peux dormir dans mon lit pour ce soir. Je ne vais pas t’obliger à bouger et à te balader dans les couloirs à cette heure-ci. »

« Mais… Mais… Mais toi, tu vas dormir où ? Tu ne va pas quitter ton petit frère non ? »

« … … … … … Tu veux bien… aller tout au bout ? »

Hein ? Bien entendu. Elle se mut peu à peu jusqu’au bout du lit, le regardant en écarquillant les yeux alors qu’il venait se coucher de l’autre côté. Elle émit un petit rire tout en disant :

« Tu aurais pût me prévenir, Arnaud… Enfin… Ca ne me gêne pas, moi… »

« Moi non plus… Mais bon… Au moins, comme ça, chacun peut dormir… Bonne nuit, Lily. Dors bien et fais de beaux rêves. »

« Je crois que je vais en faire de très beaux, Arnaud. »

Il sentit qu’elle avançait peu à peu vers lui alors qu’il lui tournait le dos. Lorsqu’il se retourna, elle l’embrassa sur les deux joues tout en rougissant. Elle revint aussitôt de son côté du lit, l’adolescente lui souhaitant de bien dormir tandis qu’il fermait ses yeux.
Bien dormir… Ah… Il aurait bien aimé… ce genre de choses… Si tout ne s’était pas passé ainsi… Il n’était plus un enfant dorénavant et il ne devait plus être un adolescent. Ce n’était pas un adolescent qui allait régler ce conflit mais un adulte. Il allait mûrir encore et trouver la force pour arrêter cette guerre. Il devait grandir… Devenir un homme.

Chapitre 19 : Désespérés

ShiroiRyu
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Chapitre 19 : Désespérés

« … … … Comment est-ce que ça a put… se produire ? »

Adieu les prairies verdoyantes… Dorénavant… Des flammes violettes et éternelles consumaient une bonne partie du terrain qu’il avait en face de lui. Dans ses bras, il tenait son petit frère endormi. Il avait décidé de sortir un peu avec lui au cas où… Une simple envie… Pour qu’il puisse prendre l’air… Ils ne pouvaient pas rester dans l’eau indéfiniment… malgré le fait que grâce aux Barpau, ils pouvaient respirer pour toujours.

« Lily… Ce sont les Barpau qui ont fait ça ? C’est complètement… »

« Ravagé, n’est-ce pas ? C’est le cas… Ils n’ont pas hésité un instant à ravager cet endroit. Quoi de plus normal, Arnaud… Et ce n’est que le début. Tu n’as pas remarqué que la plage était presque déserte maintenant ? »

« Si… Qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Que nous avançons… Ca ne sera qu’une question de mois avant que tout soit terminé. »

« Et c’est ça que vous voulez ? Tout détruire et ravager ? Vous voulez devenir comme les Tyltons ? C’est ça ? Combattre le feu par le feu ? »

« Ils n’avaient pas à accomplir cette chose… Ils pourront regretter… dans le futur… mais… »

« Et lorsqu’ils sortiront l’armée royale, vous ne pourrez rien faire ! Tu crois que vous êtes les seuls à avoir une armée normale ?! »

« Qu’est-ce que tu veux… raconter par là ? »

Elle était maintenant légèrement inquiète alors que l’adolescent reprenait d’une voix lente :

« Je pensais que tu t’en doutais… Nous sommes qu’à un stade… de base… Certains de notre race, le summum des Tyltons… peuvent devenir des Altarias… Et ils sont bien plus puissants, magnifiques et superbes que les Tyltons. Ce que vous avez affronté n’était que des Tyltons… depuis le début… En clair, ils n’étaient que des soldats de base. Vous le verrez bien d’ici quelques jours mais cette guerre ne s’arrêtera pas en quelques mois. »

« Et pourquoi est-ce que tu en as jamais parlé ? Est-ce qu’au final, tu… »

« Et toi ? Je ne crois pas être au courant… de votre armée spéciale… A quoi est-ce qu’elle ressemble ? » demanda t-il d’une voix calme tandis qu’elle poussait un profond soupir :

« Que tu le crois ou non… Nous sommes des êtres… parfaits au niveau de la beauté… Et nous sommes pacifistes… Mais nous sommes aussi des dragons… Et en tant que tel… Nos pouvoirs relèvent des cieux… »

Des cieux ? Il avait vraiment du mal à le croire… Et la perfection de la beauté… Il était vrai que certaines adolescentes étaient assez jolies chez eux mais rien de bien transcendants… Et la majorité des soldats, qu’ils soient masculins ou féminins n’étaient pas des prix de beauté.

Il lui fit un petit sourire pour lui dire qu’il ne croyait pas un traître mot de ce qu’elle disait. Pfff… Il ne pouvait pas comprendre. Peut-être qu’avec un exemple, cela passerait mieux aux yeux de l’adolescent aux cheveux bleus ? Elle le regarda légèrement avant de dire :

« Tu as déjà vu mes deux parents, n’est-ce pas ? Enfin… Ils se sont montrés très brièvement mais tu les connais bien… non ? Le roi et la reine de… »

« Oui, oui… Je les connais très bien, je ne suis pas stupide non plus, Lily, tu sais. »

« Et bien… Tu les trouves comment mes parents ? Attention à ce que tu vas dire au sujet de ma mère, je te rappelle que je suis là… » murmura t-elle en le dévisageant, l’adolescent rougissant légèrement en se rappelant des deux parents de Lily.

« Et bien… Ils sont plutôt beaux… Enfin, ils égalent voir surpassent la majorité des personnes que je connais dans le royaume des Tyltons mais après ? »

« Et bien, imagines qu’il y a plusieurs milliers de personnes qui sont comme ça chez nous, tu ne crois pas que c’est un véritable défilé ? Ce que tu vois, ce n’est que l’apparence que certains peuvent avoir… Mais dans le fond, nous sommes vraiment très beaux comparé à vous. Et des fois… Notre beauté intérieure ressort et jaillit de notre corps… Généralement, cela se passe lorsque nous devenons adultes mais des fois, chez certaines personnes, ça ne marche pas. Mais contrairement à vous, nous ne les rejetons pas ou nous ne les mettons pas dans un coin. Non ! Notre peuple travaille toujours ensembles ! »

« Alors pourquoi est-ce que vous n’avez pas appelé vos fameux soldats plus tôt ? »

« Car… Ils sont bien plus puissants… que vous… Et nous ne voulions pas causer de morts inutiles… Nous œuvrions pour la paix ! Mais voilà ce que ça a donné ! »

« Et toi… Tu penses que tu deviendras plus jolie avec le temps ? »


Hein ?! Il venait de lui demander avec neutralité alors qu’il posait son regard saphir sur elle. Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Devenir… comme ses parents et les soldats d’élite ? Il attendait visiblement une réponse mais là, elle était plutôt étonnée de la question. Elle poussa un petit soupir avant de lui demander avec un peu de tendresse :

« Et pourquoi cette question, Arnaud ? Cela me rendrait plus belle à tes yeux ? Tu te contenterais simplement de mon apparence physique et non pas de l’intérieur de ma personne ? C’est ça que je dois comprendre ? »

« Je… Je n’ai jamais dit ça ! Je ne le pensais pas ainsi ! C’est juste que comme tu as des parents qui sont comme ça… Je pensais qu’alors… C’était possible pour toi aussi. »

« Je ne sais pas si je le deviendrais… Comme je te l’ai dit, il faut que notre cœur soit beau… pour que nous espérions passer la cérémonie de Mila… C’était elle la première reine parmi les Milobellus… Elle avait été rejetée dans le passé à cause de sa laideur… Mais un jour, quelqu’un a reconnu sa véritable beauté… Et comme une pierre précieuse qu’on polie, tout le monde a réussi à voir sa magnifique… splendeur. Moi, en ces temps de guerre, je ne suis pas belle… Que ça soit à l’intérieur ou l’extérieur, Arnaud. J’en suis vraiment désolée. »

« Ce n’est pas du tout vrai ! Je sais parfaitement que tu es très… belle… Mais c’est simplement qu’avec les derniers évènements, tu ne peux pas le montrer ! »

« Hihihi… On dirait un compliment sorti de ta bouche… C’en est un ? »

« Oui… C’en est un… Et toi, tu en penses quoi Icare ? » demanda t-il à son petit frère dans ses bras, le bébé poussant des petits cris de joie et heureux.

« Je pense qu’il est d’accord avec toi à ce sujet… Mais je verrais si je passe la cérémonie ou non… Un jour… Peut-être… Si je dois la faire pour quelqu’un d’important à mes yeux. »

Tout en parlant, elle jeta un bref regard à Arnaud, celui-ci détournant les yeux tandis qu’il demandait à ce qu’ils rentrent dans le palais royal. Oui… Il préférait mieux pas… regarder ce désastre encore plus longtemps. Ah… Pourquoi cette guerre était-elle là ?!

« Fais Ahhhh, Icare ! » dit l’adolescente aux cheveux bruns alors que le bébé obéissait pour recevoir la tétine du biberon qu’elle tenait dans sa main.

Lui ? Il était assis sur un fauteuil, exténué pour une raison inconnue de tous et de toutes. Il était si las… et fatigué… Mais pourtant, il observait Lily qui s’occupait de son petit frère… Il se surprit même à rougir légèrement tandis qu’elle s’amusait avec le chérubin… Ah… Peut-être qu’en fin de compte, il… Non… Il ne valait mieux pas penser à cela.

« Arnaud… Je vais aller prendre un bain avec Icare, tu es d’accord ? »

« Hein ? Euh… Un bain ? Mais on est dans l’océan ! »

« Et alors ? Tu crois qu’on ne peut pas se laver parce qu’on est dans l’eau ? Et de l’eau dans de l’eau ? Tu ne connais pas ça ? Plus sérieusement, c’est simple une eau plus condensée et pure que les autres… Donc au final, elle est différente de celle de l’océan. »

« J’aimerais bien voir ça… » murmura t-il sur un ton légèrement ironique.

« Tu veux prendre un bain avec ton petit frère et moi ? »

« Ben pourquoi pas ? Il le faudra bien un jour et puis je… »

Elle eut un grand sourire alors que l’adolescent comprenait finalement ce qu’il venait de dire. Quel… Quel idiot ! Il commença à rougir violemment avant de s’écrier :

« Je ne pensais pas à ça du tout, Lily ! Je te le promets ! »

« Ca ne fait rien… On va dire que c’est ton subconscient qui parlait… Et je crois que je le préfère à ce que tu me dis habituellement. »

« Ne te fait pas de fausses idées, d’accord ?! »

Oh non ! Elle n’était pas de ce genre ! Pas du tout ! Elle prit le bébé dans ses bras, s’éloignant avec lui alors que l’adolescent ne savait plus du tout où se mettre.

Ah… Ah… Ah… C’était vraiment devenu trop dangereux de retourner dans le royaume des Tyltons actuellement. Il était recouvert de blessures et cette fois-ci, elles étaient bien plus importantes qu’auparavant. Lorsqu’il revint sur la plage, ce fut pour voir… personne… Ils étaient passé où ? Une petite voix douce se fit entendre :

« Je savais que tu serais là… C’est pourquoi je suis restée en attendant que tu reviennes… »

« Rosa ? Il s’est passé quoi ici ? Je ne m’attendais pas à ce que tout le monde soit parti aussi rapidement… Ca m’étonne un peu quand même et ça me fait un peu peur. »

« Ne t’en fait pas… Approche-toi plutôt… Tu es blessé… Je vais essayer de te soigner. »

Ah… Il n’avait aucune crainte à avoir. Il s’approcha d’elle, l’adolescente le prenant dans ses bras avant de le serrer tendrement. Ah… Il souffrait un peu mais il appréciait ce contact… Jamais il n’aurait crû… être capable d’aimer une personne… Surtout une Barpau… En fait, d’aimer tout court… Il avait toujours pensé au prince pendant toutes ces années mais maintenant, aujourd’hui, c’était différent… Oui…

« Ils sont partis pour prendre un peu d’avance… Les attaques vont être bien plus violentes maintenant, Pete. Il faut que tu restes avec nous… Regarde dans quel état tu es… »

« Ce sont des soldats… qui m’ont attaqué… Et ils étaient clairement différents des précédents… Je ne sais pas avez quoi ils combattaient mais ils ont réussi à me blesser d’une façon assez importante. »

« Raison de plus pour que tu restes avec moi, Pete. Je ne veux pas que tu sois blessé. »

« Et moi non plus, Rosa. Comment est-ce qu’Arnaud va ? »

« Il va plutôt bien… Lily s’occupe très bien de lui et de son petit frère. Je pense qu’Icare va leur permettre de se rapprocher. »

Il l’espérait tout autant qu’elle. Il embrassa l’adolescente longuement, caressant ses cheveux alors qu’elle se laissait faire avant de le repousser légèrement. Il était blessé ! Elle devait le lui rappeler pour qu’il comprenne ou quoi ?

« Je t’aime énormément, Rosa Tu es la meilleure chose qui me sois arrivée dans toute ma vie. » dit-il dans un souffle alors qu’elle rigolait légèrement.

« Ne parle pas ainsi, c’est plus effrayant qu’autre chose. Nous n’allons pas nous séparer ou autre chose, d’accord ? Et je compte bien continuer à te voir pendant toutes ces années… Si tu ne risques pas ta vie inutilement en prenant de trop grands risques ! »

« Ne t’en fait pas pour ça… C’est juste que… »

« Tu n’oses pas venir sous le premier plafond, je sais… Mais ne t’en fait pas, j’ai déjà parlé à mes parents et ils accepteront de te voir et de te garder avec nous… »

« Merci… Car je ne peux plus rester dans ma cachette dorénavant. »

« Alors, c’est décidé ! Je te présente à mes parents dans la journée. »

« D’accord, d’accord… Je te fais confiance, entièrement confiance va. »

Héhéhé ! Elle éclata de rire alors qu’il faisait de même, l’adolescente commençant à lui dire de se soutenir à elle alors qu’ils allaient quitter la plage. Un petit rire se fit entendre, plusieurs battements d’ailes accompagnant ce rire :

« Et bien… Maintenant que les rats ont quitté la plage, visiblement, il en reste des derniers ! »

Cette voix… Il ne l’avait plus entendue depuis des années mais il la reconnut très rapidement ! Et Rosa aussi visiblement ! L’adolescente au lieu de se mettre derrière lui vint se positionner juste à côté, l’eau des vagues semblant se mouvoir différemment alors qu’apparaissait devant eux… Loïc… Et quatre soldats bizarrement armurés.

« Ca faisait longtemps non ? Tu veux que je fasse les présentations ? »

« J’en ai pas besoin… Loïc… Tu veux que je te demande pourquoi tu es là ? »

« Je pense que tu n’en pas vraiment besoin, n’est-ce pas ? Ca faisait longtemps… Mais aujourd’hui, tu ne peux plus vraiment t’échapper, dommage. »

« M’échapper ? M’enfuir ? Je ne suis pas un lâche comme toi, Loïc ! Surtout qu’encore une fois, tu as besoin d’autres personnes pour te battre ! »

« Pete… Allons nous en… Tu es déjà blessé… » murmura Rosa en essayant de le tirer en arrière mais tout de suite, deux des soldats s’envolèrent, arrivant dans leur dos. Co… Comment est-ce qu’ils s’étaient déplacés aussi rapidement ?

« Ah oui… Tu ne sais pas ? Ce n’est plus l’armée pathétique maintenant… »

C’était cette fameuse armée d’Altaria, c’était ça ? Tsss ! Et qu’est-ce qu’ils allaient pouvoir faire maintenant ? Il serra avec plus d’insistance Rosa contre lui alors que l’adolescent aux cheveux verts semblait exalté de joie.

« Vraiment toujours aussi pourri gâté par ton père… Vous crèverez comme des chiens, toi et lui… Ca, je vous le promets… Surtout pour la mort du roi et de la reine. »

« Tiens donc… Le roi et la reine… C’est vrai que depuis plusieurs années, tu n’as pas pût les voir… Mon père t’a signalé que tu n’avais plus ta place dans notre royaume ! »

« Votre royaume ?! Tu ne mérites même pas de vivre parmi les Tyltons et Altaria ! Ton père non plus d’ailleurs ! Ce sale porc mériterait plutôt de crever comme l’animal sanguinaire qu’il est ! » s’écria l’adolescent tandis que Loïc semblait perdre patience.

« J’en ai marre de voir ta sale tête ! Que ça soit toi ou l’ancien prince, vous allez tout les deux crever bien assez tôt ! Tu vas voir ça ! TUEZ-LES MAINTENANT ! »

« Je vous attends ! Vous ne me faites pas peur ! »

Il disait cela tout en fanfaronnant mais il savait parfaitement ses limites. Déjà, les quatre soldats se jetaient sur lui avec une rapidité bien plus fulgurante que les soldats habituels alors qu’il demandait à Rosa de se coucher au sol. Tout de suite, il vint frapper le premier soldat de son poing gauche, ouvrant la gueule pour cracher des flammes violettes en direction d’un second tandis que des serres apparaissaient au bout de son pied droit pour en frapper un troisième. Le quatrième recula aussitôt, étonné tout en s’écriant :

« C’est quoi cet adolescent ?! Nous n’étions pas au courant qu’il était capable de produire les flammes des Altarias ?! »

« Comment est-ce que je suis sensé le savoir ?! » dit Loïc en serrant les dents.

Hors… Hors de question que ce type soit à nouveau devant lui ! HORS DE QUESTION ! Il faisait apparaître ses propres serres au bout de ses pieds et de ses mains mais il se retrouva projeté en arrière par un puissant jet d’eau.

« Désolée mais déjà qu’ils sont à quatre contre lui, il est hors de question qu’un cinquième s’y mêle… Surtout un insecte aussi laid te correspondant ! »

« PRINCE LOÏC ?! » s’écria l’un des soldats avant de se retrouver violemment envoyé au sol, Pete semblant comme enragé par ce qu’il venait d’entendre.

« P… Prince ? Prince Loïc ? C’est ça ? Tu es le prince ? Il n’y a qu’un seul prince dans le royaume des Tyltons et des Altarias ! ET TU SAIS QUOI ?! CE N’EST PAS UN RAPACE DE TON GENRE ! » hurla t-il avec énervement.

Il était dos contre dos avec Rosa, le soldat se relevant avec un peu de difficultés tandis que Loïc semblait avoir du mal de son côté. Lui aussi semblait plus qu’en colère alors que Rosa murmurait avec lenteur tout en jetant un œil à Pete :

« N’en fait pas trop… s’il te plaît… Même si je ne sais pas me battre contrairement à Phoebe… Je peux tenter de te soigner légèrement… Bien que… Malheureusement… Je n’ai pas fait la cérémonie qui me permettrait de te soigner réellement. »

« La cérémonie… Tu m’en avais déjà parlé, n’est-ce pas ? En prétextant que tu voulais vraiment être bien plus belle pour moi… »

« C’est exactement ça… Mais bon… Peut-être qu’il faut en parler après, n’est-ce pas ? »

« Je veux juste te dire qu’importe ce que tu es, tu n’as pas besoin d’être plus belle pour que je t’aime, Rosa… Ce que tu es actuellement me plaît énormément. »

« Arrête de me flatter… Je veux juste être l’égale de ce que tu es… C’est tout… Tu es brave, généreux et courageux… Je veux juste ne pas être seulement ton ombre… Mais celle qui est à côté de toi… Et soit à ta hauteur… Je veux te mériter. »

Ah… Elle n’avait pas besoin de le mériter… Ou alors, qu’elle reste elle-même, cela lui suffisait plus qu’amplement. Il l’aurait bien embrassée sur le moment mais là, ils avaient un souci de taille… Et visiblement, cela n’allait pas s’arranger au fil des secondes qui défilaient.

« Si vous avez terminé de parler entre vous… Vous pouvez tout simplement mourir. On vous fera subir le même traitement qu’avec l’autre adolescente… Dire que c’était mon idée… »

Son… idée ? C’était son idée ?! IL AVAIT QUOI DANS SON FOUTU CRÂNE POUR AVOIR DES IDEES DE CE GENRE ?! Il allait le payer ! Et salement cette fois ! Rosa semblait complètement enragée, des vagues sortant de l’océan pour venir s’abattre plusieurs fois de suite sur les Altarias et Loïc bien que ces derniers s’étaient mis à voler. Néanmoins, l’adolescent aux cheveux violets semblait s’en douter et malgré ses blessures, les attendaient en hauteur où il frappait de toutes ses forces contre eux pour les renvoyer au sol.

« Dommage pour vous mais vous ne pouvez rien contre moi et Rosa ! Même si vous êtes des Altarias, c’en est finit de vous cinq ! Et je vais me faire un malin plaisir à te tuer Loïc ! »

« Tu ne devrais pas plutôt te soucier de ta petite copine ? Elle est toute seule avec quatre Altarias… Tu te trouves malin hein ? Mais tu ne l’es pas ! ESPECE D’IDIOT ! »

Qu’est-ce… L’adolescent aux cheveux verts venait de sortir une petite dague, tentant de le poignarder avec celle-ci alors qu’il esquivait le coup avec rapidité. Rosa avait besoin d’aide ?! ZUT ! Il devait se dépêcher de retourner au sol avant qu’elle ne soit blessée ! Pourtant, ce fut deux Altarias qui lui bloquèrent le chemin, un sourire aux lèvres.

« Désolé mais tu ne peux pas passer ! Et ce n’est pas un gamin comme toi qui nous empêchera de nous occuper de cette sale fille ! »

« Je vous conseille de vous pousser avant que je m’énerve ! »

« Ohhh ! Et tu vas faire quoi ? Tu n’es même pas de notre élite, sale petit rat ! »

ILS VOULAIENT LE PROVOQUER ?! Ils avaient réussi ! Il s’élança en leur direction, tentant de les frapper de toutes ses forces sans y arriver pour autant. Pour… Pourquoi ? Comment est-ce qu’ils étaient aussi forts ?

« Tu n’as pas l’air de comprendre ce qui s’est passé… Nous voulions te faire croire que tu étais à notre hauteur… Pete… C’est cela ? »

« Mais en fait, nous ne faisions que nous amuser avec toi… Pour jauger ton niveau. Malheureusement, tu es bien plus pathétique que nous l’a dit le prince Loïc. »

« Arrêtez de parler avec lui et éliminez-le avant qu’il ne soit trop tard. » répondit l’adolescent aux cheveux verts, assez exaspéré par les propos des deux soldats.

« Aucun souci mais on va juste attendre un petit peu … C’est toujours plus appréciable de voir la haine sur le visage de quelqu’un qui perd sa chère et tendre. »

« Suffit juste qu’ils en terminent avec elle, ça ne devrait pas être forcément très long de toute façon, héhéhé ! » répondit le second soldat.

ROSA ! Il devait aller aider Rosa ! Il n’arrivait pas à voir comment se débrouillait l’adolescente mais il était sûr d’une chose, il devait aller l’aider maintenant !

Mais comment faire pour passer à travers ces deux types ?! Ils étaient plus collants que du chewing-gum et c’était plus qu’exaspérant ! Il devait se débrouiller ! Cracher des flammes draconiennes ! Ils détestaient ça ! Il le savait puisqu’ils étaient des dragons ! Il ouvrit la bouche, des flammes violettes sortant de cette dernière alors que les Altarias les évitaient.

« Tu veux vraiment voir ce que c’est une attaque liée à notre race ? Je vais te la montrer ! »

C’était… quoi… cette aura… qui sortait du corps du soldat ? Il n’eut pas le temps d’y réfléchir qu’il se retrouva violemment projeté dans le sable, crachant du sang alors qu’il sentait presque comme si son dos venait de se briser. Ce n’était pas le cas mais il était plus secoué qu’autre chose. Ah… Ah…

« PETE ! NONNNNNNN ! »

La voix de Rosa ? Il voulut se relever pour lui dire que ce n’était rien alors qu’il arrivait à voir quelques vagues qui vinrent s’abattre autour de lui… Ah… Rosa… Il voyait son visage penché vers lui… Elle était morte d’inquiétude…

« Ce n’est rien Rosa, ce n’est rien du tout. Juste une petite blessure… Ca ira mieux… Mais mets-toi à l’abri. Ils ne pourront pas te suivre dans l’eau. »

« Hors de question ! Je ne partirais pas sans toi, Pete ! C’est compris ?! Pas sans toi ! »

Pfff ! Pourquoi est-ce qu’elle ne voulait pas comprendre ? Et pourquoi est-ce que les filles rendaient toujours la vie aussi compliquée ? Elle lui fit un petit sourire qui s’ensanglanta peu à peu, les yeux exorbités de l’adolescente se posant sur ceux de Pete qui s’ouvrirent en grand.

« Rosa ? Qu’est-ce qui… Rosa ? »

« Hahaha… Hahaha… Je ne pourrais même pas… Je ne pourrais même pas… devenir belle un jour… C’est cela ? On ne me laissera pas… Mais… Mais… Il est hors de question que toi aussi… Que toi aussi… Tu disparaisses, Pete. »

De l’eau verte… Elle faisait apparaître de l’eau verte d’une main tremblante avant de l’insinuer dans le corps de l’adolescent. Quelques secondes plus tard, elle s’écroula, Pete posant une main sur son dos avant de s’écrier. Du… Du sang était sur sa main ?! Elle avait été transpercée dans le dos par quoi ?! PAR QUOI ?!

« Oh… Que c’est mignon tout plein… Mourir dans les bras de celui qu’elle aime… »

« On en fait quoi ? On le termine le temps qu’il est secoué ? »

« Pas encore… Je veux entendre son cri de rage quand il comprendra ce qui se passe. »

Quand il comprendra ce qui venait de se passer ? Quand il… Il n’avait pas besoin de comprendre ! IL LE VOYAIT PARFAITEMENT ! Un puissant vent vint se soulever autour de Pete et du corps de Rosa alors qu’une brume apparaissait peu à peu autour d’eux… et des quatre Altarias et Loïc. Celui-ci semblait faire tout de suite moins le fier tandis que l’adolescent aux cheveux violets déposait Rosa à côté de lui avant de se relever.

Tout de suite, il chargea l’un des soldats, le frappant une seule fois au ventre avant que plusieurs craquements se fassent entendre. Le soldat cracha du sang tout en s’écroulant au sol, son corps ressemblant maintenant à un simple pantin décortiqué.

« Rosa… Pourquoi elle ? Pourquoi vous avez … fait ça ? »

« Il ne tiendra pas longtemps au lieu ! Tuez-le maintenant avant qu’il ne soit trop tard ! »

« On s’en occupe, prince Loïc ! Reculez un peu ! »

Oh que oui ! Il allait reculer… même s’enfuir ! Pendant que les trois soldats s’élançaient vers Pete, lui-même était en train de partir. L’un des soldats se tourna vers Loïc en s’écriant :

« Mais qu’est-ce que vous faites ?! On ne vous a pas dit de vous enfuir ! »

« Tu ferais mieux de te préoccuper de ta propre personne. »

Pete était tout de suite arrivé à sa hauteur, prenant sa tête entre ses deux mains avant de lui faire faire un demi-tour, le second soldat s’écroulant au sol à son tour. Les deux derniers soldats se regardèrent, légèrement apeurés alors que l’un d’entre eux disait :

« Mais… Mais… Mais… Qu’est-ce que tu es au final, toi ? T’es pas un Tylton ?! »

« Je suis un Tylton… comme vous… Mais je m’appelle Pete… Mais je ne suis pas du même genre que vous, je ne suis pas comme vous… Ne me comparez pas à vous. »

« Pete… Pete… C’est bien le gamin d’il y a six ans … Tes parents qui étaient des roturiers sont morts tout les deux par le général, c’est ça ? Enfin, le petit serviteur de l’ancien prince… Paraît que tu n’as pas cessé de t’entraîner, de t’instruire et toutes ces choses pendant ces quelques années pour montrer que tu pouvais être mieux que les nobles ! Enfin, c’est des on-dit… Un pauvre roturier restera toujours qu’un Tylton, jamais un Altaria ! »

« Je vous ai demandé de ne pas me comparer à votre noblesse pourrie… »

« Et tu sais quoi ? Je crois qu’on ferait mieux de t’éliminer dès maintenant et que tu te laisses faire. Comme ça, tu iras rejoindre le laideron qui te servait de petite copine. »

ASSEZZZZZZZZ ! Tout son corps s’illumina fortement alors qu’il battait des ailes de coton. Celles-ci s’étaient allongées avant qu’il ne vienne en direction des deux soldats, disparaissant de leurs vues pour arriver derrière eux à quelques mètres… Une partie de leurs hanches vint manquer alors qu’ils se tournaient avec lenteur vers lui :

« Qu’est… ce que… Comment est-ce que tu es capable de … »

« Vous l’avez voulu… bande d’êtres insipides… Disparaissez à jamais… Je ne suis pas un Tylton comme vous… Je ne suis pas un Altaria comme vous… J’osais espérer que moi… »

Que lui avait le droit d’être heureux… Les deux soldats tombèrent au sol, morts sur ce coup alors que l’adolescent aux cheveux violets venait s’approcher de Rosa, se mettant à pleurer.

Une heure plus tard, il n’y avait plus de traces de Pete, seul le corps de Rosa était recouvert d’une épaisse couverture de coton ensanglanté… Qu’est-ce que Pete avait fait ? Pendant plusieurs jours, ils avaient essayé de retrouver la trace de Pete mais rien de rien… L’adolescent était introuvable tandis que les soldats Altarias servaient de preuves comme quoi il y avait eut une lutte en ce lieu…

« … … … … … Arnaud, tu comprends pourquoi je veux que nous attaquions ? »

« Lily, je n’aime pas cette solution, pas du tout. Ca va faire plus de mal que de bien… »

« Sur le moment, oui… Mais est-ce que tu veux voir d’autres personnes mourir ? D’abord Alia, maintenant Rosa… A cette allure, tous ceux que nous aimons vont mourir. »

« Ne dit pas ça ! Tu sais très bien que… »

« S’il vous… S’il vous plaît… Ne vous disputez pas… Elle n’aurait pas voulut que… »

« Pardon, Phoebe… Viens… »

Il vint enlacer l’adolescente dans ses bras, Lily faisant de même alors qu’ils étaient à l’enterrement de Rosa. Ses parents étaient là, le roi et la reine aussi comme une preuve que la famille royale était proche du peuple mais aussi des amies de leur fille. Ah… Ah… Et Pete qui n’était pas revenu. Où est-ce qu’il se trouvait ?

« Je veux retrouver Pete… Mais je n’ai aucune indication sur l’endroit où il se trouve. »

« Arnaud, ça ne sert à rien… Il ne se présentera pas à nous, pas maintenant… C’était son coton, n’est-ce pas ? Autour d’elle ? »

« C’était le sien… Il se l’est arraché de force. Il faut être complètement fou, ça va remettre du temps pour repousser et il ne pourra plus voler pendant plusieurs semaines. Lui qui était si doué pour ça… Comme pour se battre… »

« Laisse-le tranquille… Il reviendra quand il sentira que c’est le moment. »

Quand il sentira que c’était le moment ? Mais quand est-ce que cela allait être le moment ? L’adolescent aux cheveux violets venait de perdre celle qu’il aimait… Ils n’avaient pas réussi à le prévenir sur l’avancement des troupes… Et ces soldats Altarias en avaient profité !

« Arnaud… On reste ensembles dorénavant… Je ne veux pas qu’il t’arrive la même chose. »

« Ne t’en fait pas… Il ne m’arrivera rien de mal, je peux te le promettre… Oui… Je peux te le promettre… Je dois élever Icare pour qu’il devienne le futur roi des Tyltons. »

« Le futur roi des Tyltons ? Mais et… »

Il lui demanda de se taire d’un petit doigt sur la bouche alors qu’elle baissait la tête. Qu’est-ce qu’il avait en tête ? Qu’est-ce qu’il allait préparer ? Car… Sa dernière phrase était des plus inquiétantes… Oui… Bien plus inquiétante que les précédentes…

Chapitre 18 : Plongé dans la folie

ShiroiRyu
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Chapitre 18 : Plongé dans la folie

« Arnaud, réveille-toi, il est l’heure. Tu ferais mieux de ne pas… »

Elle s’arrêta alors qu’elle pénétrait dans la chambre royale qui avait été donnée à l’adolescent aux cheveux bleus. Sauf qu’elle… était vide… Complètement vide.

« Est-ce que vous pourriez vous dépêcher s’il vous plaît ? »

AH ! Elle entendait sa voix alors qu’elle parcourait les couloirs pour le rechercher. Cela provenait de la cuisine ? Elle pénétra à l’intérieur, entendant des petits pleurs de bébé alors qu’elle voyait l’adolescent aux cheveux bleus, tenant son petit frère dans ses bras.

« Voilà, c’est tout ce que l’on a put faire à l’heure actuelle. La prochaine fois, nous serons prêts. » vint dire l’un des cuisiniers en lui tendant ce qui ressemblait vaguement à un biberon remplit de lait. L’adolescent les remercia, passant à côté de Lily alors qu’elle disait :

« Arnaud ? Tu peux m’attendre aussi hein ? »

Comme si il l’ignorait, il continua son chemin, n’ayant même pas remarqué que l’adolescente était dans une nuisette bleue. Ah… Mais qu’est-ce qui lui prenait ?! Elle revint rapidement à la charge, marchant à côté de lui alors qu’il donnait le biberon à son petit frère. Celui-ci venait téter le lait alors qu’il s’arrêtait, disant d’une voix calme :

« Bonjour Lily. Désolé, je ne t’avais pas vu. »

« Pourtant, j’étais à côté de toi. Comment vas t-il ? Tu as demandé à ce qu’il dorme avec toi… Mais il ne te gêne pas pour dormir ? Car il doit pleurer toutes les heures. »

« Ce n’est pas un problème… même si il me gêne pour dormir. Je suis la seule famille qui lui reste et il est la seule famille qui me reste… Je ne peux pas me plaindre… »

« Je n’ai jamais dit que tu devais te plaindre, Arnaud… Ce n’est pas du tout ça… Si tu veux, je peux t’aider… J’ai quand même gardé des enfants pendant plusieurs années… Enfin, celles où nous nous étions disputés. Enfin, tu vois de quoi je veux parler. »

« Merci bien, Lily… mais je préfère m’en occuper tout seul. C’est un problème de famille. »

« Et c’est comme ça que tu me remercies ? Alors que je t’ai donné un toit ? »

Il allait repartir mais préféra s’immobiliser une nouvelle fois. Non… Il n’avait jamais dit cela… Ni même penser cela… C’était complètement différent. Il se retourna pour être en face de Lily, la regardant longuement avant de murmurer d’une voix calme et lente :

« Merci pour tout ce que tu as fait, Lily. Je ne pourrais te rembourser la dette que j’ai contractée à ton égard. Si un jour, je peux te… »

Qu’il arrête ses bêtises ! Elle poussa un profond soupir, lui répétant encore une fois que s’il avait besoin d’aide, il savait où la trouver. Ce n’était pas si difficile à savoir de toute façon. Elle s’éloigna pour retourner dans sa chambre, l’adolescent faisant de même de son côté.

Pourtant, moins d’une heure plus tard, il toqua à la porte de l’adolescente aux cheveux bruns, celle-ci lui demandant de rentrer alors qu’il tenait son petit frère dans les bras. Avec un peu de gêne et de confusion, il murmura :

« J’ai besoin de toi, Lily… J’ai un gros problème… Et je ne sais pas du tout comment ça se passe… de ce côté-là… Est-ce que tu peux m’aider, s’il te plaît, Lily ? »

« Hum… Ca a été plus rapide que prévu… Cela m’étonne un peu mais bon… Qu’est-ce qu’il y a Arnaud ? Ah… J’ai la réponse à ma question. » dit-elle en se levant alors qu’elle faisait une petite moue dégoûtée. Bonjour l’odeur… Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de sourire en imaginant l’adolescent faire ça… Ah… Bon… Elle avait de la chance… Même si les enfants dont elle s’était occupé étaient un peu plus grands que ça, elle connaissait quand même comment faire pour s’occuper d’un bébé correctement. Elle demanda à Arnaud de bien vouloir la suivre alors qu’ils quittaient la chambre.

Quelques minutes plus tard, elle lui expliquait les consignes pour… changer des couches alors qu’il l’écoutait avec attention mais surtout un peu de honte. Ah… Vraiment, il était stupide de ne pas savoir s’occuper d’un enfant. Non… Il n’était pas stupide à ses yeux… Juste normal… Car il était bien trop rare que les hommes savent s’occuper des enfants… et encore plus des bébés. Ah… Mais bon… Au moins…

« Voilà. Il a une couche toute propre, Arnaud. Tu peux le reprendre dans tes bras si tu veux. »

« Merci beaucoup et énormément pour tout ce que tu fais, Lily… Je… Je ne sais pas quoi dire. Je suis vraiment désolé de t’embêter avec tout ça. » dit-il alors qu’il la regardait.

« Tu ne m’embêtes pas le moins du monde… mais n’aie pas peur de me demander un coup de main… Je suis là pour toi, Arnaud… Oui… »

Elle ne lui avait pas caché le fait qu’elle l’aimait et depuis, elle avait senti comme une libération en elle… Et elle ne lui cachait plus ses sentiments… Mais avec ce qui s’était passé, il y avait peu de chances que le jeune homme s’ouvre à elle.

« Je vais bien l’élever… et l’éduquer… Pour ne pas refaire les mêmes erreurs… que… »

Que ? Il ne finissait pas sa phrase mais elle comprenait parfaitement de qui il parlait. Ce n’était pas difficile à deviner de toute façon. Elle lui fit un léger sourire, allant avec lui dans la chambre où un berceau avait été mis. Oui… Ils avaient déjà une chambre pour eux… Et puis… Et puis… Ah… Ils pouvaient respirer sous l’eau… grâce à eux.

« Voilà… Il va pouvoir reposer tranquillement… C’est tant mieux alors. Laisse-le dormir un peu, Arnaud, ça lui fera le plus grand bien. »

« C’est moi qui a besoin de dormir… Je suis exténué mais… Je ne peux pas… On peut retourner à la surface s’il te plaît ? »

Hum ? Pourquoi ? Avait-il quelque chose à faire ? Il ne lui répondit pas, signalant seulement qu’il préférait rentrer à la surface… Il avait aussi quelque chose à faire… Même si cela ne faisait qu’un jour au final… que ses parents… étaient morts… Ah… Il devait…

« Arnaud ? Arnaud ? Est-ce… que ça va mieux ? »

« Oui Rosa, ça va mieux… Et toi ? » murmura t-il alors que deux adolescentes s’approchaient de lui, le regardant avec un peu de tristesse.

« Arnaud… Je suis vraiment… »

« Tu n’as pas besoin de l’être. Ce n’est pas de votre faute… mais de la mienne… J’ai été beaucoup trop exalté par tout ça… et maintenant… Maintenant… Alia est… »

Il commençait à sangloter mais Lily venait lui tapoter le dos. Même si elle n’était pas du tout convaincue, Phoebe murmura d’une voix calme :

« Peut-être qu’elle n’est pas morte… et que l’on t’a menti, Arnaud. Tu ne l’as pas vue, non ? Alors peut-être que… Voilà quoi. »

Ah… C’était gentil de sa part mais vraiment… Il ne se faisait pas d’illusions… Et les filles non plus… Il se tourna vers Lily, la regardant légèrement avant de dire d’une voix douce :

« J’aimerais bien retourner à mon palais… mais maintenant, c’est impossible. Enfin bon, ce n’est pas dramatique d’un autre côté, ça ne fait rien. J’aimerais juste savoir comment ça s’est passé ce coup d’état… Il faudrait que des gens nous préviennent à ce sujet. »

« En parlant de personnes, il y en a une qui peut nous mettre au courant. »

Ah ? De qui est-ce que Rosa parlait ? La réponse ne tarda pas à apparaître sous l’apparence d’un adolescent aux cheveux violets plus apeuré qu’autre chose… Du moins, apeuré puis soudainement soulagé alors qu’il venait de voir Arnaud. Celui-ci lui fit un petit salut timide tandis que Pete s’approchait de lui tout en disant :

« Vous allez bien ?! Les rumeurs ont amplifié de minute en minute ! Je ne pensais pas que cela arriverait un jour mais… Mais… Je suis désolé, prince Arnaud. »

« Je ne suis plus le prince… Je ne suis plus rien, Pete, mais merci quand même… »

« Si ! Vous êtes toujours notre prince ! Bon nombre de personnes ne supportent pas l’idée que le général prenne le pouvoir et surtout la mort de vos deux parents… »

« Il fallait s’en douter, un coup d’état ne plaît à personne. »

« Non ! Ce n’est pas ça ! Le roi et la reine n’étaient en rien responsables de cette guerre ! C’est le général qui était derrière tout ça ! Vos parents étaient tout simplement… du genre à ne pas se soucier de cela… Alors pendant tout ce temps, le général menait cette guerre… Foutu type orgueilleux ! Ils se fichent pas mal des morts, tout ce qui l’importe, c’était tout simplement venger son honneur bafoué ! »

« Merci, Pete… Je le savais mais… Alia… était avec moi… Je ne crois pas que tu étais au courant mais mes parents voulaient arrêter cette guerre à cause de moi et de la naissance d’Icare… Donc au final… Tout ce que j’ai voulu faire s’est mal terminé. »

« Ce n’est pas de votre faute, prince Arnaud ! Vous n’êtes pas responsable de ça ! »

« En quelque sorte, si… Car je ne pense pas que le général aurait réagit ainsi si je n’avais pas décidé de faire la paix entre nos deux royaumes. »

« Ne dit pas ça, Arnaud ! C’était une excellente idée et tout le monde était d’accord ! »

« Tout le monde, oui… Mais tout… tout s’est chamboulé en un instant ! »

« ARRÊTE DE TORTURER L’ESPRIT AVEC CA ! »

Lily venait de s’écrier avec un peu de colère tandis que l’adolescent sursautait. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle lui crie dessus et qu’il le voulait ou non, ça restait assez impressionnant quand elle s’énervait. Elle reprit aussitôt avec un peu de colère :

« Ce qui est fait est fait ! Tu ne peux pas revenir en arrière et personne ne le pourra ! »

« Oui mais bon… Je… Je ne sais pas quoi… dire… »

« RAHHHH ! Suis-moi ! On va se balader un peu et ça ira parfaitement bien ! »

Elle lui prit la main, le forçant à la suivre alors que l’adolescent devait courir avec elle. Il n’avait pas envie de jouer ou de s’amuser… Pfff… Pete observa Lily longuement avant de demander du doigt si c’était bien elle qui…

« Oui, oui, il n’y a pas eu d’échange ou autres… Elle est revenue comme auparavant. »

« Tant mieux alors… Car le prince Arnaud en aura bien besoin… »

« Ne t’en fais pas pour lui, il est bien plus costaud qu’il n’y parait. C’est simplement que perdre ses parents, ce n’est pas simple du tout. »

« Je ne sais même pas le visage des miens… Donc bon… J’ai été élevé par les serviteurs du palais et puis, j’ai été au service du prince depuis toutes ces années alors bon… »

« Héhéhé… Tu veux bien me raconter tout ça ailleurs ? » murmura Rosa d’une voix tendre alors qu’elle lui prenait la main pour l’emmener se balader.

« Et moi, je tiens la chandelle, c’est ça Rosa ? »

« A peu de choses près, tu ne dois pas être loin de la réalité, Phoebe. »

« Je vais vous laisser tranquilles, va… Vous pouvez profiter un peu du bonheur que vous avez. Faudrait que je me trouve un petit copain d’ailleurs, moi. »

Elle émit un petit rire alors que le couple s’éloignait à leur tour. Ah… Oui, elle devait s’en trouver un. Ils semblaient si heureux tout les deux. Oui… Enfin bon ! Elle allait devoir s’occuper toute seule maintenant ! Peut-être qu’elle pouvait s’entraîner au trident ? Ce n’était franchement pas une mauvaise idée en fin de compte !

« Arnaud… Tu as l’air encore plus perturbé qu’auparavant… Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Je… J’ai pensé à quelque chose… qui me met très mal à l’aise… »

« Quoi donc ? Tu peux tout me dire maintenant, Arnaud. » murmura l’adolescente aux cheveux bruns alors qu’elle lui serrait la main avec délicatesse.

« Elizabeth… J’espère qu’elle va bien… Si elle devait mourir alors je… Je… »

Ah… Elizabeth… Elle retira sa main avec lenteur, baissant la tête pour éviter de montrer son regard assombri par la tristesse. Il pensait encore à elle en fin de compte ?

« Tu l’aimes n’est-ce pas ? Pourquoi est-ce que tu ne lui as pas dit que tu l’aimais, Arnaud ? » dit-elle dans un souffle alors que l’adolescent reprenait aussitôt :

« Non ! Non ! Ce n’est pas ce que je l’aime, c’est simplement que… Je l’apprécie énormément et que je ne veux pas qu’elle soit en danger. Je dois retourner au palais, Lily. »

« Au palais ?! Mais tu es complètement dingue ou quoi ?! »

« Je dois aller la sauver ! Et mademoiselle Sanga aussi ! AH ! Elles… Elles… »

Il commençait légèrement à dérailler, l’adolescente le serrant de toutes ses forces dans ses bras tandis qu’il se mettait à sangloter. Qu’il arrête ! C’était bon ! Il ne voulait pas stopper ?! ZUT ! Il lui prenait la tête là ! Pourquoi il ne voulait pas s’arrêter de pleurer ?!

ZUT ! Au grand maux, les grands remèdes ! Elle vint l’embrasser, l’adolescent ouvrant les yeux en grand, stupéfait par ce qu’elle venait de faire. Elle se penchait en avant, l’emportant avec elle alors qu’ils tombaient dans le sable. Elle continuait de l’embrasser longuement, l’adolescent cherchant à l’arrêter bien qu’elle était plus forte que lui.
STOP ! STOP ! Il ne voulait pas de ça ! Il ne voulait pas qu’elle l’embrasse ! Qu’elle arrête tout de suite !
Ah… Ah… Ah… Qu’elle arrête… C’était tout… Il se laissait faire, ne bougeant plus alors qu’elle l’embrassait pendant plusieurs secondes. Finalement, elle retira ses lèvres, lui faisant un léger sourire ému avant de dire d’une voix douce :

« Arnaud… C’est bon… Ne fait pas cette bêtise… Je suis là alors arrête de te torturer l’esprit, d’accord ? Tu es en sécurité ici… Et je serais là pour te protéger. »

« Lily… Je veux… Je veux retourner au palais… Je veux arrêter ça… Et je veux sauver Fanny et Elizabeth… Ce sont les deux seules… femmes qui m’ont aidé… pendant toutes ces années… Je ne veux pas qu’elles soient en danger, s’il te plaît… Lily… »

« … … … … … Je viens avec toi alors. Tu n’es pas assez fort et tu n’as pas le choix. »

« Mais… C’est beaucoup trop dangereux, Lily ! Je ne veux pas que tu… »

Elle l’arrêta aussitôt, l’embrassant rapidement sur les lèvres. C’était parce que c’était trop dangereux qu’elle voulait l’aider et surtout être avec lui ! Car il ne s’en sortirait pas une seconde fois et aussi facilement ! C’était une simple mesure de précaution !

« Une troupe de soldats de ton royaume demande à te voir, Arnaud ! Ramène-toi vite ! Je… »

Oups… Elle venait de déranger visiblement. Les deux adolescents étaient l’un sur l’autre, Lily faisant un petit sourire alors qu’Arnaud était rouge de gêne. Lily se releva en aidant Arnaud, regardant Phoebe tandis que celle-ci sifflotait tout en disant :

« Depuis quand est-ce que vous êtes ainsi ? Je vous aurais bien laissé seuls mais… »

« Où est-ce qu’ils sont ?! Emmènes-moi là-bas ! »

Il venait de s’écrier en se relevant, regardant les deux filles alors qu’il faisait apparaître ses ailes. Tant pis ! Pas de temps à perdre ! Il s’envola en les laissant en plan, regardant dans le ciel l’endroit où pouvait se trouver les soldats Tyltons… AH ! Ils étaient là ! Et déjà les Barpau étaient sur le pied de guerre, prêts à réagir dans le cas échéant.

« STOP ! Ne vous tuez pas ! Ils ne sont pas là pour… »

« Prince Arnaud ? Nous sommes envoyés par le nouveau souverain de votre royaume… Enfin… De ton ancien royaume devrait-on dire… »

L’un des soldats venait de lui adresser la parole, un sourire aux lèvres alors qu’il atterrissait devant les Barpau. Pourtant, quelques instants plus tard, certains se positionnèrent autour de lui comme pour le protéger tandis que le soldat reprenait :

« Néanmoins, nous ne sommes pas seulement là pour te prévenir que tu n’es plus le bienvenue… Mais pour signaler que ton projet est tombé à l’eau, désolé. »

« Vous ne voulez pas de cette paix… Vous êtes des meurtriers et des assassins ! »

« Tout de suite les grands mots… Tu devrais attendre la petite surprise que l’on a pour toi… Et pour les Barpau… Je suis sûr que cela te fera grandement plaisir quand tu la verras. »

De quoi est-ce qu’ils parlaient ? Où est-ce qu’ils voulaient en venir ? L’un des soldats s’approcha de celui qui parlait, lui tendant un sac en cuir qui semblait plutôt lourd d’après ce qu’il avait cru remarqué. Mais qu’est-ce qu’il contenait ?

« Qu’est-ce que vous avez encore fait… comme absurdités ? »

« Oh… Tu vas très vite le savoir ! Nous allons te laisser l’ouvrir ! Reculez vous autres, nous devons voir quelle tête il va faire quand il verra le magnifique cadeau qu’on vient de lui faire. » vint annoncer le soldat en lui lançant le sac en cuir pour qu’il l’attrape.

Lily et Phoebe venaient d’arriver à leur tour, se positionnant près d’Arnaud alors que celui-ci récupérait le sac. Il était vraiment lourd… Qu’est-ce qu’il y avait dedans ? Peu à peu, il venait dénouer le lien qui serrait et fermait le sac de cuir avant de l’ouvrir et d’y jeter un œil. Soudainement, il jeta le sac au sol, de grands éclats de rire se faisant entendre de la part des soldats alors qu’il mettait une main devant sa bouche.


Du sac de cuir, une tête roula le long du sol, des cheveux orange camouflant une partie du visage de celle qui avait été Alia. Co… Comment est-ce… Comment osaient-ils… Comment est-ce qu’ils avaient put faire…

« On te l’avait dit que cela te ferait plaisir comme cadeau ! Tu as apprécié ?! »

« Comment… Comment est-ce que vous … avez put faire ça ? Pourquoi ?! »

Pourquoi ? Oh, c’était très simple pourtant ! Ils éclataient de rire, sortant leurs ailes et prêts à partir avant que des murs de glace ne sortent du sol, les empêchant de s’en aller.

« On peut savoir où vous comptiez partir ? » murmura d’une voix lente l’adolescente aux cheveux bruns alors qu’elle avait le visage baissé.

C’était elle qui venait de faire ça ? Non… C’était la totalité des Barpau. Avec effarement, Arnaud tournait son visage vers les soldats armés de tridents et de lances tandis que Pete se contrôlait difficilement pour ne pas foncer vers les soldats des Tyltons.

« Pardonnez-nous prince Arnaud… Nous avons quelque chose à faire. Vous pouvez vous retirer. » souffla l’un des soldats des Barpau.

Hein ? Qu’est-ce qu’ils allaient faire ? Il n’était clairement pas convaincu mais Pete le prit par le bras, s’envolant avec lui pour quitter ce qui allait ressembler à un véritable champ de bataille… Ou plutôt à une boucherie. Ils étaient en sous-effectifs par rapport à l’armée des Barpau. Ils avaient voulut jouer aux plus durs… Ils allaient souffrir alors.

Deux heures plus tard, la majorité des soldats était recouvert de sang bien que ce fut leurs larmes qui s’écoulaient le long de leur visage. Lily tenait la tête d’Alia dans ses mains, Phoebe et Rosa pleurant à côté d’elle tandis qu’elle tentait de garder son calme. Arnaud et Pete étaient restés assis dans le sable, chacun essayant de ne pas penser à ce qui s’était passé. Ce fut un véritable carnage qui avait été fait par les Barpau… Pour la première fois, il avait peur de la puissance des soldats du royaume de Lily… Ils les avaient toujours pensé doux et gentils, toujours avec un sourire aux lèvres mais là…

« Il y a des choses… qu’on ne peut pas pardonner… Jouer avec la vie, la mort, le cœur des personnes… Je ne savais pas que tu étais issu d’un royaume aussi détestable que ça, Arnaud. » vint dire Lily en se positionnant devant lui, l’adolescent se relevant aussitôt.

« Tout le monde n’est pas comme ça ! Tu as tout simplement vu la pire engeance de notre royaume ! Nous ne sommes pas comme ça ! Le peuple des Tyltons n’est pas… »

« Pourtant… Ils n’étaient que de simples soldats, Arnaud… Qu’est-ce que tu as à dire à ce sujet ? Les soldats sont quand même issus… du peuple… non ? »

« Oui mais… Lily… Je… Je… Comment je peux te le dire, ce n’est pas ce que tu crois. Je… Je… Pete et moi, nous ne sommes pas comme ça ! Tu le sais très bien ! » s’écria t-il alors que Pete hochait la tête, Lily murmurant qu’elle le savait parfaitement… Oui mais là… ça…


C’était trop dur de ne pas pleurer. Ce n’était même plus un combat ou une guerre mais du barbarisme… Comment est-ce qu’ils avaient été capables de faire ça ? Les adolescentes avaient plongé dans l’océan, Arnaud et Pete les ayant rejointes tandis qu’ils se dirigeaient tous vers… l’endroit où habitaient les parents d’Alia ?

Pendant plusieurs minutes, ils restèrent muets bien qu’ils pleuraient, Lily jurant que ce crime ne restera pas impuni tout en leur tendant la tête de leur fille. Cela avait quelque chose d’horrible… Vraiment horrible… Surtout qu’ils ne savaient pas où le reste se trouvait… Mais ils ne pouvaient pas faire autre chose…

Après… Ils se trouvaient tous dans le palais royal… Lily avait signalé qu’elle allait parler avec son père tandis que les deux autres adolescentes restaient avec Arnaud et Pete. Personne n’osait parler, rien… Le silence régnait complètement tandis que chacun pensait à ce qu’Alia avait fait durant ces dernières années…

« Voilà… C’est fait… J’en ai assez… »

Lily venait de pénétrer dans la pièce, les regardant longuement alors que chacun s’interrogeait sur ses paroles. Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Elle reprit d’une voix lente alors qu’elle posait ses yeux sur Arnaud.

« Mes parents sont d’accord… Nous allons passer véritablement à la guerre cette fois-ci. »

Passer véritablement à la guerre ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle vint s’asseoir à côté d’Arnaud, celui-ci ne comprenant toujours pas ce que cela voulait dire.

« Nous avons été trop gentils avec les vôtres, Arnaud et Pete… »

« Ne tourne pas autour du pot, Lily ! Qu’est-ce que tu veux dire par là ?! »

« Nous allons utiliser nos véritables soldats dorénavant. »

« LILY ! Alia n’aurait jamais voulu ça ! Ce n’est pas une chose à faire ! » s’écria Phoebe avec colère en se relevant de son siège.

« LES TYLTONS NE VEULENT PAS DE LA PAIX ALORS ILS AURONT LA GUERRE ! » s’écria aussitôt à son tour Lily avant de frapper du poing, reprenant : « On… On a été trop gentils avec eux… On leur a tendu la main… Mais ils ne l’ont pas acceptée… Pire… Ils ont rejeté notre proposition de paix… C’est pourquoi nos réels soldats iront se battre dorénavant… Et cette fois-ci, ils payeront pour ce qu’ils ont fait. »

« Lily… Je… Les citoyens sont innocents pour la majorité ! Vous ne pouvez pas déclarer la guerre et les tuer sans penser à eux ! » annonça Arnaud en se relevant lui aussi.

« Il fallait y penser avant ! Est-ce qu’ils se sont posé la question lorsqu’ils tuent nos soldats ?! Est-ce qu’ils se posent la question de savoir s’ils tuent des innocents ou non ?! S’ils tuent des personnes qui ont une famille ?! NON ! Ton peuple est un peuple complètement belliqueux ! On n’en a assez de rester là à ne rien faire ! Est-ce que tu as vu un avancement de nos troupes toutes ces années ?! Non ! Nous ne faisions que nous défendre contre eux ! »

Elle marquait un point… car elle avait totalement raison. Il poussa un profond soupir, observant les différentes personnes avant de dire d’une voix lente :

« Je vais aller voir mon petit frère… Il doit surement être triste. »

« Ton petit frère ! On doit aller le voir ! On ne l’a pas encore vu réellement… »

« Je crois que j’aimerais bien voir aussi le petit prince Icare. » murmura Pete en se levant à son tour, signe que tous préféraient passer à autre chose.

« Faites comme vous le v… Oh et puis zut… Je viens aussi. » marmonna l’adolescente aux cheveux bruns, prenant la main d’Arnaud.

Tous quittèrent la salle où ils se trouvaient, se dirigeant vers la chambre où Arnaud dormait en compagnie de son petit frère. Quelques minutes plus tard, Pete s’extasiait :

« Il ressemble vraiment à son grand frère ! Surtout au niveau des yeux ! Par contre les cheveux… C’est assez spécial mais il a les marques de son père. »

« Oui… Il est mignon n’est-ce pas ? J’ai jamais vu de bébé réellement avant il y a quelques jours… Et puis, c’est mon petit frère ! »

« Qu’il est adorable… Il est vraiment joli. »

Tous étaient en émoi devant le jeune bébé, celui-ci observant de ses yeux bleus les adolescents autour de lui. Oh… Il n’osait pas crier même si il était un peu apeuré par tout ce monde… Mais il y avait aussi son grand frère… Alors bon… Il restait calme et sage.

« Oh… Mais comment fait-il pour respirer sous l’eau ? Est-ce que… »

« Oui, ce sont les Barpau qui s’occupent de cela. On n’a pas à s’en faire pour respirer dans l’eau. C’est comme prendre des médicaments quotidiennement, ça deviendra une habitude. »

« Oui… Enfin bon… Une habitude, une habitude… Faut faire attention à ne pas en avoir de mauvaises… des habitudes. » murmura Phoebe en souriant à Arnaud et Lily.

« Qu’est-ce que tu veux dire par là, Phoebe ? » demanda l’adolescent en la regardant.

« Oh ! Je ne sais pas… Mais maintenant que tu dors dans le palais royal de Lily, il se peut qu’elle aille te rendre visite quelques fois pendant la nuit. »

« Ce n’est pas comme ça que ça se passe ! Il n’y a rien du tout entre moi et Lily ! Combien de fois est-ce que je vais devoir le répéter ?! »

Phoebe arrêta de sourire, Pete toussant légèrement alors que Rosa détournait le regard. Il avait été si direct dans ses paroles… et violent… Icare commença à pleurer, l’adolescent s’approchant de lui avant de s’arrêter. Ah… Lily aussi avait quelques larmes aux yeux… Quel idiot ! Il en avait marre de faire pleurer les personnes autour de lui ! Pourtant, l’adolescente passa vite une main devant ses yeux avant de murmurer d’une voix douce :

« Je crois que je vais vous laisser seuls pendant quelques minutes. J’ai quelque chose à faire. »

« Attends un peu, Lily ! Tu sais très bien ce que je veux… »

Elle ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase qu’elle partait déjà, l’adolescent poussant un profond soupir alors que Phoebe et Rosa signalaient qu’elles allaient lui parler. Seul Pete restait avec lui, lui tapotant le dos tout en disant d’une voix calme :

« Ca avance toujours aussi rapidement votre relation, n’est-ce pas ? »

« Pete… Je n’ai pas de temps… à perdre avec ces sentiments… Je dois aussi aller chercher Elizabeth… Et puis… J’aime bien Lily mais je ne peux pas penser à aller plus loin comme elle le voudrait. J’ai l’impression que je vais commettre une grosse bêtise si je faisais cela. »

« Il faut arrêter de réfléchir, prince Arnaud… Vous devriez vraiment laisser faire ce que votre cœur désire un jour… »

« Si je te disais ce que je désire actuellement, tu ne me verrais plus de la même manière… Déjà que je t’avais demandé quelque chose au sujet du prince… Je ne suis plus le prince Arnaud… Plus du tout… Alors bon… »

« Héhéhé… Pardonnez… Pardonne-moi, la force de l’habitude malgré toutes ces années. »

« Ca ne fait rien… Alors bon… Ce dont j’ai envie actuellement, c’est de tuer de mes propres mains ce foutu général… Pour ce qu’il a fait à mes parents, à mon peuple… et à celui des Barpau… Et aussi à Alia… Ca… Je ne peux pas pardonner… »

« Personne ne peut le pardonner ! Par contre… Arnaud… Tu sais ce que c’est que cette armée… spéciale dont parlait Lily? Je ne suis pas au courant à ce sujet… »

« Pas du tout et pourtant, ça fait des années que je suis avec eux. »

« Je ne sais pas pourquoi mais cela m’inquiète quand même un peu. » murmura l’adolescent aux cheveux violets tandis qu’Arnaud reprenait aussitôt :

« On va éviter de s’en faire… Mais est-ce que tu peux m’aider pour Lily ? »

« A faire quoi, Arnaud ? Je ne vois pas de quoi tu veux parler… »

« A essayer de me faire pardonner par elle… J’ai l’impression de toujours gaffer avec elle et ça m’énerve… Enfin, ça m’énerve contre moi-même… »

« Hahaha ! Pour ça, je ne peux pas t’aider ! Mais essaies de penser un peu à elle… Et en tant que femme… et non en tant qu’amie… Je suis sûr que si tu fais un gros effort de ce côté au niveau sentimental, tu sauras parfaitement trouver comment te faire pardonner. »

Chapitre 17 : Trahison

ShiroiRyu
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Chapitre 17 : Trahison

« Ah… Tu as vu ? C’est une Barpau… Qu’est-ce qui a pris au Roi et à la Reine d’accepter une telle personne parmi nous ? »

« Dieu qu’elle est laide… Rien à voir avec notre espèce… Elle devrait avoir honte d’exister… Elle est affreuse. » murmura une seconde femme aussi douée pour les commérages que la première tandis qu’Arnaud se tournait vers Alia, lui faisant un petit sourire :

« Ne t’en fais pas… Tant que tu es avec moi, tu ne risques rien Alia… Ils n’oseront pas te toucher et je leur interdit… Tu es mon ambassadrice et je suis content que tu sois là. »

« Je vais donc voir les fameux parents d’Arnaud… Ouhhhh ! Est-ce que je suis bien habillée ou correctement habillée pour me présenter à eux ? »

« Ca peut aller… Je te donne douze sur vingt pour l’effort. » dit-il en rigolant, Alia faisant de même alors qu’Elizabeth était repartie pour aller voir sa grande sœur.

« C’est petit et mesquin de ta part, Arnaud… Je suis quand même attristée de savoir que tu penses cela de moi… Et dire que je pensais profiter que l’on soit tout les deux pour te dévoiler mes sentiments… Visiblement, cela attendra. »

« Arrêtes tes plaisanteries douteuses, Alia… Pfff… Vraiment… Je me demande dans quoi je suis tombé… Enfin bon… C’est simplement parce que tu es avec moi que tu pourras voir mes parents… voir même mon petit frère… Mais tu te tais hein ? Je préfère te prévenir… »

« Je sais très bien ce qu’est un bébé… Mais quand même… Grand frère Arnaud… C’est à se demander si c’est crédible ou non… Héhéhé. »

« Pfff ! Tais-toi ! Mieux vaut que tu te taises plutôt que je t’écoute raconter des bêtises. » dit-il sous un faux ton énervé alors qu’elle rigolait légèrement.

« J’aime bien te titiller… Comme je l’ai fait pour Lily… Mais c’est moi ou elle semblait plus… ouverte avant que nous partions ? »

« Je ne sais pas pourquoi… mais j’ai eu aussi cette impression… Mais c’est donc une bonne nouvelle non ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

Elle haussa les épaules tout en gardant son sourire. Oui… C’était une très bonne nouvelle grâce à lui. Il lui demanda de bien la suivre et d’encore une fois, de ne plus se préoccuper des paroles des Tyltons alors qu’ils arrivaient dans le palais royal. Il lui fit visiter les environs et l’intérieur tandis qu’il reprenait :

« Essayes juste d’être poli envers mes parents s’il te plaît… Je ne veux vraiment pas gâcher cette chance que nous soyons en paix… inutilement… »

« Arnaud… Moi aussi… Je veux que l’on puisse tous se réunir comme auparavant… Je te promets qu’avec moi, la paix arrivera bien assez tôt. »

Hum… Bizarrement, il ne savait pas pourquoi… mais il lui faisait complètement confiance Il avait l’impression réelle qu’avec elle… Tout allait s’arranger… Hahaha ! C’était donc une très bonne nouvelle ! Il lui fit un léger sourire alors qu’ils continuaient la visite.

Finalement, après une bonne heure, ils se retrouvèrent dans la salle du trône, Alia ayant un genou au sol tandis que l’adolescent s’était installé à côté de ses deux parents. Ces derniers observaient l’adolescente avec une légère appréhension.

« C’est donc cela une Barpau ? Ce n’est pas très différent de nous… »

« Papa… Maman… Pendant que vous faisiez la fête… Vous n’avez jamais pensé à essayer de voir à quoi ressemblaient ceux à qui nous livrions une guerre ? »

« Cela est bien de notre faute, nous le reconnaissons parfaitement… Comment vous appelez-vous mademoiselle ? » demanda son père en restant immobile sur son trône.

« Alia… Je suis une amie proche de la princesse Lily qui malheureusement n’a pas pu venir me rejoindre pour se présenter à vous, j’en suis réellement désolée. » murmura Alia tout en restant au sol. Hum ? Arnaud observait le général aux cheveux verts, d’autres personnalités militaires étant présentes. A part le général et deux trois personnes qui semblaient furieuses, le reste était aussi surpris que les deux parents d’Arnaud par rapport à Alia. Celle-ci se redressa quand le roi lui demanda tandis qu’elle restait immobile, attendant que soit Arnaud, soit ses parents reprennent la parole.

« Bon… Papa… Maman… Qu’est-ce que vous diriez de créer une sorte de zone neutre où tout le monde pourrait cohabiter ? Je veux dire… En y réfléchissant bien… Prenons un endroit dans les plaines et assez proche de l’océan… Là… On pourra essayer d’inviter plusieurs personnes de chaque nation… C’est assez spécial comme idée mais on ne peut pas juger un peuple sur une personne ! »

« Hum… Tu marques un point, mon fils… Il est vrai que cela serait assez difficile en y réfléchissant bien… Il faut que j’y réfléchisse et… »

« Prenons pas exemple notre général bouffi d’orgueil ! Est-ce que tu veux que l’on soit représenté par lui ? Je suis désolé mais je préfère éviter que les Barpau nous imaginent ainsi… Ca serait vraiment une grosse honte ! »

« Arnaud… Modère tes paroles et ton langage… Nous avons une ambassadrice et… »

Le général avait du mal à se contrôler, quittant la pièce avec fureur alors que l’adolescent émettait un petit sourire de vainqueur. VLAN ! Dans les dents à cet imbécile ! Il était hors de question qu’il ne profite pas de cela pour le ridiculiser encore plus. Bon… Il y avait les murmures et toutes ces choses mais il ne s’en préoccupait pas le moins du monde !

« Enfin bon… Nous allons réfléchir à ta proposition. Quand à vous, mademoiselle Alia, nous allons demander à vous allouer une chambre pour les prochaines soirées. »

« Merci beaucoup pour votre accueil, en espérant que nous parviendrons à un accord entre nos deux royaumes. Je ne suis que l’ambassadrice mais je serais ravie d’annoncer à mon peuple qu’une réunion puisse se faire et conclure à un traité de paix. »

« Arnaud… Je ne sais pas où tu as trouvé cette jeune demoiselle mais tu as très bien choisi. »

« Merci bien… Je dois vous avouer que c’est une amie à laquelle je tiens énormément… Comme bon nombre de Barpau que je connais depuis mon enfance… Vous comprendrez que je ne peux pas m’empêcher de vouloir la paix entre nos deux peuples. »

Il se retira avec Alia, lui demandant de bien vouloir le suivre alors que dès l’instant où ils quittèrent la place, les haut-gradés militaires et quelques nobles de la plus haute classe se positionnaient devant le roi et la reine.

« Roi ! Vous n’allez quand même pas essayer de résoudre ce conflit par la paix ! Vous avez bien vu à quel point cette adolescente était laide ?! »

« Assez ! Elle semblait très sincère et bien éduquée ! On doit leur donner une chance ! Je suis pour l’idée du prince Arnaud ! Dieu qu’il a bien grandi ! »

« Mais vous êtes complètement irresponsables ?! Les laisser faire ceci, c’est courir à notre perte ! Nous ne pouvons pas accepter une telle chose ! »

« Assez… Mon fils, le prince Arnaud semble vouloir la paix et c’est à cela que nous accéderons ! Depuis quand sommes-nous un peuple belliqueux ?! Nous sommes les représentants majestueux des airs ! Nos chants transcendent les environs et nous glorifient ! Nous ne sommes pas là pour faire couler le sang et nous ne le serons jamais ! »

Plusieurs applaudissements se firent entendre de la part d’une majorité de personnes alors qu’il s’était levé. Peu à peu, même les plus réticents acceptaient cette idée et applaudissaient à leur tour. Oui… Ils étaient tous pour la paix !

« Alors nous allons préparer une véritable délégation qui sera chargée de communiquer avec les Barpau… Et nous amorcerons le processus de paix. Que les plus motivés aillent se préparer avec mes conseillers, une cinquantaine à centaine d’hommes et femmes partiront dans la semaine qui suit ! »

« Vive le roi ! Vive la reine ! Vive le prince ! »

« Mon amour… Est-ce que tu penses que notre fils… est fier de nous ? » murmura la reine en s’adressant à son mari, celui-ci hochant la tête d’un air positif.

« Il a réussi à me convaincre… et je pense que c’est à nous d’être fiers de lui. »

« Je le suis… Je ne pensais pas qu’il grandirait aussi vite… et qu’il prendrait ses responsabilités… de la sorte… Oui… Je suis heureuse qu’Arnaud soit ainsi… Icare a de la chance d’avoir un grand frère comme lui. »

« En parlant d’Icare, n’est-ce pas l’heure de lui donner… »

Si… C’était le cas. Elle salua les différentes personnes devant elle avant de signaler qu’elle devait partir pour ses obligations de mère. Tous s’inclinèrent respectueusement devant elle alors qu’elle quittait la pièce pour se rendre dans la chambre conjugale où Icare dormait.

« Alors ? Tu en penses quoi de ma prestation ? Suffisante à tes yeux ou alors, je vais devoir faire encore bien mieux pour tenter de t’impressionner ? »

« C’était parfait, Alia… Je ne savais pas que tu avais un tel… niveau de langage. »

« J’essayais d’impressionner notre roi et notre reine… Il faut dire que je suis la meilleure amie de Lily et donc que je me devais d’avoir un niveau assez élevé. »

« Mouais… L’explication est plus que douteuse… Mais on va dire que tu as quand même de bonnes chances d’arriver à ce que je désire… »

« En parlant de niveau… Je ne savais pas que messire Arnaud avait lui-même une certaine stature et prestance… Diantre, je dois avouer que cela m’a beaucoup étonnée et que je ne peux réfuter l’idée même d’avoir été impressionnée par votre discours devant vos deux parents, prince Arnaud. » dit-elle alors qu’il lui donnait un petit coup sur le sommet du crâne, un grand sourire aux lèvres tout en reprenant aussitôt :

« Arrêtes tes bêtises et de parler n’importe comment. Tu impressionnes personnes, Alia. Mais pour ce soir et les prochains jours, tu es mon invitée ! Tu seras la première à visiter notre palais… enfin… Du côté des Barpau. »

« Oh… Même Lily n’aura pas ce privilège alors ? Je devrais me garder d’accepter cette proposition… Je n’aimerais pas marcher sur ses platebandes. »

« Ah… Quand est-ce que vous allez comprendre qu’il n’y a rien entre Lily et moi ? »

« Hum… Quand vous accepterez chacun l’idée que vous vous aimez tendrement et que vous avez vraiment envie de vous embrasser. »

« Lily m’aime… mais ce n’est pas réciproque. Je l’apprécie énormément comme Elizabeth mais ça s’arrête là. Je préfère réparer mes erreurs avant de penser à aimer quelqu’un. »

« Espèce d’idiot borné… T’es comme Lily… Faut vraiment que je m’occupe de vous deux. Attends-toi à avoir quelques accidents dans les prochains jours… Du genre, comme par hasard, tu rencontres Lily et vous êtes tout seuls… Ou alors, le sable est glissant et tu t’effondres sur elle pour l’embrasser… Tu verras… Je suis très douée pour ça. »

« Je n’en doute pas le moins du monde, Alia… Pas le moins du monde… Pfff… T’es vraiment pénible quand tu t’y mets non ? Allez… Suis-moi au lieu de dire des bêtises. Je vais te montrer ta chambre, je suis sûr qu’elle va te plaire. »

« Une véritable chambre de princesse ! Diantre ! Qu’ai-je donc fait pour mériter un tel honneur de la part du prince Arnaud ? Serait-ce une déclaration d’amour flamboyante ? »

« Toi… Faut vraiment que t’apprennes à te taire… mais merci. »

Héhéhé ! Il n’y avait pas de quoi ! Elle adorait rendre service ! C’était même pour ça qu’elle était venue… Pour que Lily et lui puissent se voir quotidiennement sans risquer leurs vies si précieuses… Ah… Bon… Il était temps alors… que tout cela se termine !

« Je suis un peu… gênée… Je dois l’avouer… »

« Vous n’avez pas à vous en faire, mademoiselle Alia… Si notre fils nous a demandé de vous inviter à notre table, c’est qu’il pense que cela est une bonne idée pour que nous puissions continuer de discuter entre nous au sujet de cette paix. »

« Oui… Arnaud pense à beaucoup de choses. On ne dirait pas mais il tient énormément à son peuple et à celui des Barpau. C’est ça qui le rend si remarquable. Il est bien différent d’il y a six ans. » murmura l‘adolescente aux cheveux oranges.

« Alia ! Ne commence pas à raconter ma vie s’il te plaît ! Ils n’ont pas besoin de savoir ! »

« Oh… Arnaud… Visiblement, cette jeune demoiselle en connait beaucoup plus à ton sujet qu’il n’y parait… Voulez-vous bien nous en dire plus ? »

« MAMAN ! S’il te plaît ! Ne lui demande rien de gênant ! C’est largement suffisant ! »

« Hum… Par quoi pourrais-je commencer Arnaud ? Ah ! Par le fait que tu n’arrêtais pas de pleurer ? Ou alors qu’avec la princesse Lily, tu as appris à voler pendant qu’elle te poursuivait ? Tu préférais t’enfuir de peur plutôt que d’avoir à l’affronter. »

« C’était le passé ! Je n’ai jamais fait ça ! Enfin si… Mais c’était quand j’étais jeune… »

« Hum… C’est donc grâce à cette princesse… que tu as réussi à voler plus de cent mètres ? »

Il hocha la tête d’un air positif, rougissant légèrement alors que le roi se tournait vers sa femme avec un léger sourire. Celle-ci vint dire :

« Et bien… Il faudra nous la présenter, Arnaud… Je suis sûre qu’elle doit être très sympathique… Surtout que je viens de remarquer que votre royaume est comme le nôtre… Une monarchie… Nous aurions dût éviter cette guerre… »

« Mais nous allons rectifier cela d’ici les prochaines semaines et mois… Peu à peu, nous essayerons de nous faire pardonner pour nos actes… »

« Je suis sûre que tout les Barpau seront ravis d’apprendre cela ! » s’écria avec joie Alia alors qu’ils mangeaient maintenant en silence.
Plusieurs heures plus tard, l’adolescente aux cheveux orange se trouvait en face d’Arnaud, croisant les bras à hauteur de sa poitrine. Elle portait une robe de chambre prêtée par la reine tandis qu’elle disait :

« Ca a été une chouette soirée… Tes parents sont loin d’être aussi méchants que tu me le disais, Arnaud… Ils sont même très sympathiques. J’ai l’impression que tu t’étais trompé à leurs égards… Est-ce que j’ai tout faux ? Ou alors j’ai un peu raison ? »

« Tu as raison… Mais cela est sûrement dût au fait qu’Icare est né… Je pense que c’est ça qui a tout changé chez nous… Et seulement en bien… Je suis pressé de montrer Lily à mes parents… Je suis sûr qu’elle sera ravie ! »

Oui… C’était ainsi qu’ils s’étaient séparés, l’adolescent retournant dans sa chambre voisine à celle de ses parents. Pendant la nuit, alors qu’il dormait à moitié, il entendit de nombreux bruits de pas dans les couloirs… Surement les servants…

Pourtant, quelques secondes plus tard, les pleurs d’Icare résonnèrent dans la pièce à côté, l’adolescent se relevant aussitôt. Oui… Il n’avait pas encore l’habitude d’entendre son petit frère pleurer… Alors bon… Il allait peut-être le voir ?

« Et puis… Comme ça… Je verrais sa petite bouille… Et Papa ainsi que Maman pourront dormir… Ca va me faire… bizarre… de m’occuper d’Icare. »

Héhéhé ! Il quitta sa chambre, se dirigeant vers celle de ses parents avant de remarquer qu’elle était ouverte. Il s’arrêta de sourire, pénétrant lentement à l’intérieur au cas où et avec discrétion. Les cris de son petit frère continuaient de raisonner dans la pièce tandis qu’il apercevait un être camouflé devant ses parents… C’était… une dague ? Une dague dans sa main droite ? Et le liquide qui s’en écoulait… Atten… Attendez… Un peu ? Ce n’était pas…

… … Il s’était presque fait repéré… Ah… Ah… Il tremblait de tout son corps… Du sang… C’était du sang… Et les plaies qu’il voyait sur les corps de ses parents… C’était… Ah… Ah… Il devait…. Il devait se retenir de vomir sous le malaise qui l’envahissait… Ce n’était pas… Ah… Ses parents… Ah… L’être s’approchait maintenant du berceau dans lequel Icare continuait de pleurer, une voix lente murmurant :

« Dommage… Tu vois le jour pour finalement l’achever quelques temps après. »

« NE TOUCHEZ PAS A MON FRERE ! » hurla avec violence Arnaud alors qu’il projetait de violentes décharges de vent en direction de l’être, celui-ci percutant le mur en s’écriant de douleur. Le berceau tomba en morceaux, le bébé ayant décollé dans les airs pour être réceptionné par Arnaud. L’adolescent aux cheveux bleus avait les larmes aux yeux, tournant son visage vers ses deux parents… Ils semblaient dormir paisiblement sauf qu’au niveau de leur cœur, une plaie béante s’y trouvait, signe qu’une arme blanche s’était plantée dedans… Ah… Ses parents… Ah…

« Maman… Papa… Maman ! Papa ! Mais mais mais… »

« Voilà le fiston qui se ramène. C’est la plus grosse des plaies ! Désolé mais je dois me débarrasser de toi ! Ordre du général ! »

« Général ?! Vous osez tuer mes parents ?! Mais alors, c’est… »

« Un coup d’état mon petit ! Un coup d’état ! Certains ne veulent pas que cette guerre se termine ! Dommage pour toi mais tes plans tombent à l’eau ! Et la gamine que tu as ramenée avec toi doit déjà être morte ! Je pense qu’on va l’offrir aux Barpau pour leur donner une récompense ! »

« ALIA ! NON ! Je… Je… Je… »

Ah ! Comment c’était possible ?! Comment est-ce que tout ça s’était produit ?! Il voulait une explication, il en voulait une… Maintenant ! Alia… Ses parents… étaient morts ? Il continuait de trembler, l’être s’approchant au fur et à mesure de lui alors qu’Arnaud avait une main qui gardait Icare contre lui. Il devait faire quoi maintenant ? Mourir ? Hors de question !

« Dégagez de là ! » hurla t-il de toutes ses forces en repoussant à nouveau la personne grâce à ces ailes, courant en direction de la fenêtre pour passer à travers. Bien entendu, il couvrait son petit frère avec son corps, disparaissant dans les airs sous la lumière de la lune.


Rapidement, il jeta un regard derrière lui, voyant plusieurs soldats qui crachaient plusieurs souffles… Certains étaient de glace, d’autre de feu… Ou alors encore des flammes violettes… Les plus dangereuses… AH ! Il devait les éviter ! Heureusement que ses progrès pendant les cours de vol étaient présents !

« Lâchez-moi au lieu ! Je n’ai rien à vous dire ! Comment est-ce que vous avez osé ?! »

« Ne le laissez pas s’enfuir ! Toute la famille doit mourir ! Le général ne peut pas accepter que l’un survive alors deux… »

« VOUS ME FAITES CHIER ! »

Il s’écriait en se retournant, continuant de pleurer alors qu’il fonçait en direction des soldats, les percutant de tout les côtés et les ayant pris par surprise. Ils ne s’étaient pas attendus à ce qu’il arrête de s’enfuir. Pourquoi est-ce que ça devait arriver maintenant ?! Alia ? Maman ? Papa ? Ah… Ah… Qu’est-ce que ce foutu général avait fait ?! AH ! Il poussa un cri de douleur, une entaille se faisant voir à son ventre alors que l’un des soldats avait sorti une épée. Ils utilisaient leurs armes maintenant ?!

« Nous ne voulions pas en arriver là mais si c’est nécessaire… »

« Enfin si… C’était un peu ce que l’on désirait… Il faut nous comprendre… On attendait depuis des années que le roi et la reine disparaissent… Notre peuple est un peuple fier et guerrier ! Nous sommes des dragons ! Les danses, les fêtes, les banquets… En plus d’en avoir rien à faire avec les Tyltons qui n’ont rien, tes parents n’avaient même pas de mérite à être les souverains de ce royaume. »

« Et c’est pour ça que vous les avez tués ?! »

Il ne devait pas leur répondre, ça ne mènerait à rien… Rien du tout… Ah ! Il devait s’enfuir le plus rapidement possible ! Son petit frère s’était arrêté de pleurer, les yeux grands ouverts alors qu’Arnaud le serrait contre lui. Il comprenait… qu’il y avait une chance qu’il… Ah ! Non ! Il ne devait même pas penser à laisser son petit frère mourir !

« Je me barres d’ici ! Vous ne pourrez pas m’attei… »

Il avait déjà pris plusieurs mètres de distance à toute allure avant qu’une des lames ne vienne se planter dans son dos, rentrant légèrement à l’intérieur. Il se mit à cracher du sang, gémissant alors que son vol se faisait moins sûr. Me… Merde !


Il… Il devait retourner chez les Barpau… C’était le seul endroit où ils seraient en sécurité… Et les soldats étaient toujours en train de les poursuivre. Ah… Et avec sa blessure et son sang qui coulait… Il était certain qu’il était impossible de leur faire perdre sa trace.

Combien de temps cela faisait-il qu’il volait ? Il ne le savait pas mais ses belles ailes de coton étaient maintenant amaigries, signe qu’une partie avait été retirée de force… Ah… Ah… C’était affreux… Il avait mal… Si mal… Ah… Mais… Mais… Il ralentissait peu à peu alors que les soldats se rapprochaient…

« C’est pour bientôt ! Purée ! On s’est éloignés énormément ! »

« Mais il ne va plus pouvoir voler très longtemps ! Heureusement qu’il n’était pas un adulte, qu’est-ce que ça aurait donné sinon ?! »

« Oh parles pas de malheur ! Je ne veux même pas m’imaginer ça ! »

« Bon… Au lieu de parler les gars, si on ne veut pas qu’il prenne la tangente, on ferait mieux de se dépêcher d’en finir ! » répondit l’un des soldats avec une légère véhémence.

Pas besoin de s’exciter pour aussi peu ! De toute façon, il suffisait de voir dans quel état était le prince ! Couvert de blessures principalement dans le dos, ses ailes ne ressemblant plus à grand-chose et des filets de sang s’écoulant de sa bouche, Arnaud était méconnaissable par rapport à habitude. C’était à peine s’il était conscient de ce qu’il faisait…

« T’en fais pas… Icare… T’en fais pas… Grand frère… est là… Ton grand frère… viendra te sauver… quand il le faut… A chaque fois… »

Ah… Ah… Il avait perdu un peu trop de sang pour que ses yeux se brouillent ? Zut… Il y était presque… Il sentait qu’il y était presque… Ah… Vraiment… Oui… Il voyait… cet endroit… Il y arrivait… presque… Ah…

« Hey… Y a un problème les gars… » signala un soldat.

« Quoi comme problème ? Qu’est-ce que tu racontes encore ? » dit un second alors que le premier reprenait aussitôt en désignant tout autour d’eux :

« On est mal barrés… On va avoir des… »

Il ne termina pas sa phrase, un trident se plantant en plein dans son torse, le traversant complètement tandis que le second soldat vit subitement ses ailes se geler ainsi que tout son corps. Celui-ci tomba au sol, se brisant en mille morceaux. Tout de suite, les autres soldats commencèrent à s’enfuir alors que lui-même voyait ce qui se passait. Il se trouvait près de l’une des plages… gardées par les Barpau… Avec lenteur, il vint atterrir sur le sable, émettant un petit sourire en remarquant que son petit frère dormait paisiblement :

« Qu’est-ce… que… Prince Arnaud ?! Qu’est-ce que ça veut dire ?! »

« Arnaud est blessé ! Ramenez tout de suite les soigneuses ! Dépêchez-vous ! On va devoir utiliser notre eau car là, c’est… »

Il tendit son petit frère alors que déjà, ses oreilles ne répondaient plus à l’appel. Ah… Dès l’instant où quelqu’un récupéra le bébé, il s’écroula à genoux sur le sable, ses yeux dirigés vers ce dernier alors qu’il sombrait dans l’inconscience.

« Comment est-ce qu’il va ? » demanda une voix alors qu’il avait ses yeux fermés.

« Disons qu’il est blessé de partout mais qu’avec nos soins, il va s’en sortir et aisément… sans séquelles même… C’est donc une bonne chose. Mais qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Je ne sais pas, il nous expliquera lorsqu’il sera réveillé. Et le bébé qu’il tenait dans ses bras ? A qui appartiens t-il ? Est-ce qu’il y a une chance que… »

« C’est le petit frère d’Arnaud ! Il n’a pas arrêté d’en parler ! Mais pourquoi ?! »

Ah… Il avait mal au crâne avec leurs cris et leurs voix. Ne pouvaient-ils pas se taire ? Ah… Ah… Attendez un peu ! Pourquoi est-ce qu’il se trouvait près des Barpau ?! Et on parlait de son petit frère ! Tout de suite, des souvenirs revinrent dans sa mémoire à toute allure. Il se redressa dans ce qui semblait être un lit en s’écriant :

« PAPA ! MAMAN ! »

« Ah ! Il est réveillé ! Venez-vite ! On doit vérifier que tout va bien ! »

Déjà, il regardait où il était, se voyant dans une tente en toile. Ah ! Il était bien chez les Barpau ! Il en reconnaissait même plusieurs… Surtout les médecins d’ailleurs. Mais… Ah… Ah… Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il avait si mal au crâne…

« Je… Je… Je suis sur quelle plage ? »

« Celle où tu as l’habitude de te rendre, Arnaud… Mais ne fais pas de mouvements trop brusques, tu es encore assez fatigué… Tu veux tout nous raconter ? Ou tu préfères attendre ? Libre à toi de choisir… »

« Où est-il ?! Comment est-ce qu’il va ?! »

Tout de suite et avec rapidité, Lily apparaissait à l’intérieur de la tente, plus inquiète qu’autre chose. Les médecins se poussèrent, l’un d’entre eux disant :

« Faites attention, princesse Lily. Il est encore un peu sous le choc. »

« Je sais très bien comment il va ! Arnaud ! Qu’est-ce qui s’est passé ?! Raconte-moi tout ! Vous pouvez nous laisser seuls ? Merci ! »

Elle disait cela avec un peu d’énervement, les médecins préférant obéir à la princesse. Quand ils furent partis, elle vint le prendre dans ses bras, murmurant :

« Je suis tout de suite venue lorsqu’un garde m’a signalé que tu étais apparu, ensanglanté et avec ton petit frère dans les bras. Qu’est-ce qui… Raconte-moi tout, Arnaud ! »

« Ah… Je… Je ne sais pas… quoi te dire… Ca s’est passé vraiment si rapidement… Et puis… D’abord… Il y a… Il y a eu les cris d’Icare… Et puis ensuite… Je me suis levé et finalement… Lorsque j’ai été dans la chambre de mes parents, j’ai… J’ai… J’ai… LILY ! LILY ! Mes parents sont morts ! MORTS ! Mes parents sont… »

Il n’arrivait pas à le croire, ses parents… Ses parents étaient morts… Il explosa en sanglots, Lily venant le garder dans ses bras en lui tapotant le dos. Elle ne comprenait pas tout et elle allait devoir attendre qu’il se calme pour avoir plus d’explications.

Chapitre 16 : Rivalité exacerbée

ShiroiRyu
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Chapitre 16 : Rivalité exacerbée

« Elizabeth ? Est-ce que tu es prête ou non ? »

« Oui ! Oui ! Attends encore deux secondes s’il te plaît, Arnaud ! »

« Oh… Une petite promenade dès le matin ? On dirait que ta relation avance avec lui, petite sœur. » répondit d’une voix amusée Fanny alors que l’adolescente rougissait.

« C’est pas ça du tout, Fanny ! C’est pour le travail ! Arnaud veut que je vienne avec lui pour faire le rôle… euh… d’émissaire pour les Barpau que l’on va voir là-bas ! »

« Je le sais très bien. Je te taquinais. Vas-y et fais attention à toi… et à lui aussi hein ? »

Oui ! C’était ça qu’elle allait faire ! Elle sortit de la modeste demeure, portant un pantalon de toile et un haut du même genre alors qu’Arnaud était habillé comme à son habitude. Bon… Si elle était prête, alors ils pourraient partir dès maintenant ! Ils déployèrent leurs ailes, s’envolant alors qu’il prenait les commandes du duo.
Tiens… C’était bizarre… Mais elle remarquait qu’il semblait savoir exactement où se rendre. Comment c’était possible ? Est-ce qu’il y avait une chance que… Non ! Arnaud n’oserait pas faire ça ! Il n’était pas du tout comme ça ! Et ce n’était pas son style en plus… Non… L’adolescent était quelqu’un de peut-être assez excité… mais pas du genre à trahir son peuple même si… Il n’aimait pas ses parents… avant ses derniers jours. Pourtant, elle avait un peu de mal à rester calme et tranquille… Elle murmura :

« Arnaud… Est-ce que tu connais beaucoup de Barpau ? Je ne sais pas, je te demande car tu as l’air vraiment content de te rendre là-bas… Comme si on t’attendait. »

« Tu comprendras tout quand tu seras là-bas, Elizabeth. Mais tu sais, je préfère que ça soit toi qui m’accompagne. Au moins, je sais que je n’ai pas à m’inquiéter sur ce qui se passera. Merci d’avoir accepté ma demande, Elizabeth. »

« Oui… Enfin bon… Je ne sais pas… J’ai un peu peur quand même de ce qui nous attends. Moi, je n’ai jamais rencontré de Barpau contrairement à toi. A quoi est-ce qu’ils ressemblent exactement ? Je n’en ai jamais vu… Je ne veux pas voir des prisonniers de guerre. »

« Tu vas les voir, tu vas les voir, ne sois pas pressée, petite demoiselle aux cheveux blonds. » dit-il avec un peu d’amusement alors qu’elle rougissait violemment. C’était… C’était quoi ce surnom de la part de l’adolescent ?

« Je… Euh… Arnaud… Pour hier… Enfin tu sais… Ce n’était pas une erreur… »

« Je le sais très bien, Elizabeth… Et je ne vais pas ignorer… Mais je ne veux pas y penser non plus… Pas avant d’avoir réglé ce problème. »

D’accord, elle n’en parlerait plus alors. Mais est-ce qu’elle pouvait lui prendre la main ? Il lui répondit par l’affirmative alors qu’elle détournait le regard, légèrement gênée. Oui… Arnaud était le même… Elle aussi… Ils grandissaient et avec ça…Elle avait ses premiers émois amoureux… Mais elle ne savait pas ce que le prince ressentait pour elle au final.

« Hum ? Arnaud vient d’arriver ! Il va encore… Attendez un peu… Qu’est-ce que… » dit l’un des soldats des Barpau alors qu’il désignait la seconde personne dans les airs.

Dès l’instant où l’adolescent posa un pied au sol, Elizabeth se cacha rapidement derrière lui, des levées de trident se présentant devant eux alors qu’un soldat reprenait :

« Arnaud… On peut savoir qui est l’adolescente qui t’accompagne ? On a clairement besoin d’une explication… Cela fait des années mais la méfiance est toujours présente… »

« Tu peux la considérer comme l’émissaire des Tylton. J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer mais pour cela, il faudrait éviter de pointer ces armes en notre direction. Est-ce que c’est possible ou non ? » demanda t-il d’une voix calme alors qu’Elizabeth restait muette.

« Une émissaire ? Une ambassadrice ? Mais pourquoi faire ? Qu’est-ce que tu… »

« Si je peux en parler à tout le monde au lieu d’une poignée, ça sera bien mieux. C’est possible ou non ? » demanda t-il une nouvelle fois alors qu’il espérait une réponse positive.

« Mouais… De toute façon, elle n’a pas l’air bien dangereuse… Même un peu trop fragile… Et d’après ce que l’on voit, elle a l’air de te connaître pour te coller à ce point. »

Le soldat émit un petit rire railleur alors qu’Elizabeth rougissait violemment. Ils se connaissaient… Ce n’était pas la première fois… n’est-ce pas ? L’adolescent s’avançait à travers les installations, se faisant saluer à droite et à gauche tandis qu’elle murmurait :

« Arnaud… Tu connais toutes ces personnes hein ? C’est ça ? Depuis quand ? »

« Le soldat t’a répondu mais au cas où… Oui… Depuis plusieurs années… Je suis avec elles depuis longtemps… Je n’aime pas tuer nos soldats donc j’évite de me mêler de tout ça… Mais je veux montrer aux Barpau que ce n’est pas tous les Tyltons qui sont contre eux. »

« Mais… Mais… Mais… Je… J’ai un peu peur… Ils ne sont pas… vraiment beaux… »

« Ne te fies pas à leurs apparences… Par rapport au général ou à certains de chez nous, ils sont bien plus magnifiques qu’eux. »

« Je veux bien te croire… Enfin… J’ai quand même un peu peur… Tu veux bien me garder près de toi ? Ne pas me lâcher ? S’il te plaît, Arnaud… Je… Je… »

« Qui est-ce, Arnaud ? » demanda d’une voix calme Lily alors qu’elle se présentait en face de lui, croisant ses bras au niveau de sa poitrine inexistante.

« Oups… Ah… Lily… Je te présente Elizabeth… La jeune demoiselle qui va nous aider à résoudre le conflit entre nos deux peuples ! Elizabeth, je te présente Lily, la princesse des Barpau. Comme tu peux le voir, elle est assez radieuse comme demoiselle. »

« Arnaud… Tu peux éviter l’ironie devant ton amie ? Ou alors peut-être que c’est plus qu’une amie… » murmura l’adolescente au regard toujours aussi vide bien que perçant en direction d’Elizabeth, celle-ci rougissant et souriant légèrement d’un air béat. Elle aimait bien… la réflexion de cette princesse… Elle espérait qu’un jour, elle soit véridique.

« Elizabeth est une grande amie… Oui… Elle est celle qui m’a permis de tenir bon pendant toutes ces années. » dit-il aussitôt alors que Lily restait muette, son regard plongé dans celui d’Arnaud. L’adolescent détourna ses yeux, un peu gêné alors qu’Elizabeth murmurait :

« Peut-être que nous devrions nous préparer pour ce qu’il faut faire non ? Enfin… Si vous êtes la princesse… C’est à vous que nous devrions discuter pour la paix ? »

« Hum… Pas forcément… Mais bon… Nous allons voir mes parents, cela sera plus simple. »

« Lily… Je tiens à te rappeler que moi-même et Elizabeth, nous ne savons pas respirer sous l’eau… Donc ça va être un peu difficile. »

« Ah… Il faut vraiment que je t’explique tout. Bon… »

Elle s’approcha de lui, venant l’embrasser pendant cinq secondes alors qu’Elizabeth poussait un cri de surprise. Elle retira ses lèvres sans rien dire avant de murmurer :

« Maintenant, tu pourras respirer environ une journée dans l’eau. »

Pour lui en donner une preuve, elle créa une sphère aqueuse, celle-ci venant entourer l’adolescent alors qu’il commençait déjà à se débattre. NON ! Pas encore ça ! Il ne… Il… Il… n’avait aucun problème pour respirer ? Comment c’était possible ? C’était de la magie ? Ah… Non… C’était elle… Il commença à nager avec amusement jusqu’à ce que la sphère disparaisse et qu’il se retrouve au sol.

« Aie ! Ca fait mal ça ! C’était franchement pas malin, Lily sur ce coup ! »

« Hum ? Je n’ai pas dit que tu devais nager dans une sphère… »

« Euh… Et pour moi… Comment est-ce que… ça se passe ? »

Hum ? Pour elle ? Elle lui demanda d’ouvrir la bouche, chose qu’Elizabeth fit sans s’inquiéter. L’adolescente aux cheveux bruns s’approcha d’elle, Elizabeth se mettant à trembler. Elle n’allait quand même pas… hein ? Ses lèvres étaient pour… Elle toussa violemment alors que Lily venait de lui envoyer un jet d’eau dans la bouche qu’elle fut forcée d’avaler. Qu’est-ce… Qu’est-ce… Qu’est-ce qui venait de se passer ? Elle la regarda avec surprise, toussant et crachant un peu d’eau alors que Lily disait :

« Maintenant, toi aussi, tu pourras respirer dans l’eau pour environ une journée. »

« Ah ? Bon et bien… Allons-y alors avant de perdre plus de temps. »
Hein ? Il fallait juste faire cela pour qu’ils puissent respirer dans l’eau ? Alors… Pourquoi est-ce que Lily avait embrassé Arnaud ? Si ce n’était pas nécessaire non ? Elle observait l’adolescente à la poitrine inexistante, celle-ci la regardant brièvement avec une petite lueur… de défi ? Qu… Quoi ? Qu’est-ce que ça voulait dire ce regard ? Elle cherchait les ennuis ou quoi ? Attendez un peu… Est-ce qu’elle… et Arnaud ? Non ! Ce n’était pas possible ! Pas avec elle ! Elle était loin d’être belle !

Ils plongèrent tous dans l’eau, Lily les guidant alors qu’Elizabeth restait près d’Arnaud. Pfff… Elle n’aimait plus vraiment cette princesse. C’était une déclaration de guerre sentimentale ? Elle allait devoir en parler avec Arnaud… maintenant.

« Arnaud ? Dis… C’est quoi ta relation avec la princesse des Barpau ? »

« Je ne peux franchement pas te la dire en détails. Elle est vraiment bizarre comme tu l’as remarqué… Je ne sais pas quoi te dire avec elle… et ce que je dois en penser malheureusement… Enfin bon… Merci d’être là. »

« Et pourquoi… est-ce qu’elle t’a embrassé ? On aurait dit… que… que ce n’était pas la première fois… Arnaud… » murmura t-elle en évitant de laisser paraître sa légère jalousie.

« Hum… Je ne sais pas quoi dire exactement… Mais bon, dans le passé, on s’est embrassés par inadvertance… Vraiment ! Je te le jure ! Mais je ne crois pas que nous nous aimons. »

Il ne croyait pas ? Il n’en était pas convaincu lui-même ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? C’était une blague ou quoi ? Elle le regarda avec lenteur, posant une nouvelle question :

« Est-ce que tu l’aimes ou non ? S’il te plaît… Tu peux me répondre ? »
Gloups… Ce n’était clairement pas le moment d’en parler. Il vint rougir légèrement, jetant un regard à Lily qui continuait de nager dans l’eau, ayant fait apparaître sa queue de poisson. De l’autre côté, il se rappelait des paroles d’Elizabeth… Pourquoi est-ce qu’elle demandait ça maintenant ? Il balbutia avec un peu de tremblement :

« Je ne sais pas trop… Je ne crois pas… l’aimer… Je ne suis pas prêt pour ça… Je suis trop jeune… et puis…Je t’aime aussi beaucoup… Vous êtes deux filles importantes. »

« Tu es un lâche Arnaud… au niveau des sentiments… Je n’aurais pas dût te demander ça visiblement… Bon… De toute façon… Nous ne sommes pas là pour ça… Mais pour le travail, on doit faire la paix avec Lily et les Barpau. Elle n’a pas l’air méchante. »

Non… Elle ne l’était pas… Elle était juste un peu spéciale comme demoiselle. Enfin bon… Nageant pendant plusieurs une bonne heure sous les eaux, ils arrivèrent à ce qui ressemblait à une magnifique cité sous-marine… faite de coraux et de nombreuses pierres se trouvant sous les eaux. Ah… C’était vraiment spécial… comme ville mais de l’autre côté, elle avait un certain charme. Elle continua de nager sans se préoccuper longtemps de tout ça, guidant les deux adolescents jusqu’à ce qui ressemblait à un splendide palais issu de l’océan. En regardant de plus près, les pierres le constituant semblaient briller grâce à l’eau. Et eux-mêmes, en jetant un regard aux habitants. Euh… Certains n’étaient pas spécialement laids… D’autres, c’était même le contraire mais tout autour d’eux… Ils ressentaient un certain calme… et un apaisement qu’ils n’arrivaient pas à cacher.

« Nous voilà chez moi… Continuez de me suivre, je vais vous emmener vois mes parents. » dit l’adolescente au regard vide tandis qu’ils ne la perdaient pas de vue, se disant que si c’était le cas, cela ne risquerait pas d’être une bonne chose.

Ils arrivèrent devant le palais royal, pénétrant à l’intérieur alors qu’Arnaud et Elizabeth remarquaient qu’il n’y avait aucun soldat pour les protéger. Enfin… Pas autant que prévu… C’était quand même assez inquiétant non ? Ils s’arrêtèrent devant une magnifique double porte que Lily ouvrit comme si de rien n’était.

« Maman… Papa… Je vous présente Elizabeth et Arnaud, des envoyés du royaume des Tyltons. » murmura t-elle alors que les deux adolescents voyaient deux personnes cachées par d’imposantes robes blanches.

« Bien le bonjour… Je ne m’attendais pas à avoir de la visite de la part des Tyltons. Néanmoins, le fait que cela soit ma propre fille qui vous emmène ici signale qu’elle vous fait confiance. » murmura la voix d’un homme qu’Arnaud reconnu comme celle du père de Lily.

« Oh ! Attends un peu mon amour… J’ai cru entendre le nom d’Arnaud. N’est-ce pas là celui du jeune garçon que notre fille connaît depuis des années ? Ainsi… C’est donc toi le jeune prince des Tyltons ? Tes actions sont arrivées jusqu’à nous. Nous devons te remercier pour toute l’aide que tu nous as donnée depuis tout ce temps. »

« Ce… Ce n’était rien… Je… Je ne faisais que ce que je pensais être bon. »

« Tant mieux alors que tu sois présent. Nous pourrons donc… »

« Ma mie… Je ne pense pas qu’ils soient venus pour que nous parlions de cela. J’ai cru entendre que vous vous considériez comme des ambassadeurs de votre race ? »

« C’est exact, c’est pour cela que nous sommes ici. » répondit Arnaud en s’inclinant.

« Soit… Alors installez-vous ici devant nous. Nous allons alors commencer. »

Hein ? Devant eux ? Ah ! Les sièges ! Il indiqua à Elizabeth de s’asseoir tandis qu’il faisait de même. Rapidement, Lily vint s’asseoir à côté du jeune homme alors qu’il la regardait faire. Un souci ? Elle allait rester elle aussi ? Comme elle désirait mais bon…

« Donc… De quoi voulez-vous parler ? »

« D’un traité de paix entre nos deux races. Mes parents sont prêts à m’écouter et à ce que vous envoyez un ambassadeur chez nous pour que l’on puisse discuter par rapport à une plausible paix entre nos deux royaumes. Acceptez s’il vous plaît ! »

« Hahahaha ! Lily, ton ami est quelqu’un d’assez spécial n’est-ce pas ? Ce n’est pas aussi simple malheureusement, Arnaud… Il faut que l’on en discute avec nos propres généraux bien que nous ne sommes pas un peuple guerrier, nous devons nous défendre. Néanmoins, pour que tu puisses éviter de trop t’en faire, je vais te signaler qu’il y a de fortes chances que nous acceptions l’envoi d’un ambassadeur dans votre royaume. Je vais même vous laisser décider cela par vous-même. »

Hein ? Aussi simplement que ça ? Les deux adolescents se regardèrent avec un peu d’étonnement avant qu’Arnaud ne pousse un cri de joie ! Elizabeth se leva, serrant Arnaud contre elle alors que l’adolescent aux cheveux bleus faisait de même. C’était une bonne nouvelle ça ! Une très bonne nouvelle même !

« Merci beaucoup ! Vous ne savez pas à quel point je vous suis reconnaissant ! Mon petit frère va enfin pouvoir vivre tranquillement et en paix ! Ahhh ! »

« Oh… Un petit frère ? Toutes nos félicitations à vos parents. »

« Je ferais passer le message héhéhé. Et bien ! Elizabeth… On va essayer de voir qui pourra nous suivre comme ambassadeur pour les Barpau ! »

Oui… Elle était si étonnée de voir l’adolescent plein de vie… Mais c’était une véritable joie que de le voir heureux ! Elle prit sa main alors qu’il courait, Lily restant assise sur son siège.

« Maman… Est-ce que je… Est-ce que je peux… »

« Tu peux venir ma fille… Viens donc… »

L’adolescente aux cheveux bruns se leva avec lenteur, s’approchant de sa mère qui se levait à son tour. Elle lui tendit ses bras, Lily s’enfonçant dedans avant d’éclater en pleurs.

« Mais qu’est-ce… Qu’est-ce qui se passe ? » demanda le père sans réellement comprendre.

« Notre fille a simplement un gros chagrin… Allez… Calme-toi Lily, calme-toi… »

« Je peux pas, Maman… Je peux pas ! Je peux pas ! Je peux pas ! Je peux pas, je… Je peux pas… Pourquoi ? Qu’est-ce… Qu’est-ce qu’elle… a que… que… »

« Ce n’est pas une question d’avoir ou de ne pas avoir, Lily… Ce n’est pas ça… »

Ah… C’était une histoire de femmes. Il se leva, signalant à la reine qu’il quittait la salle pour les laisser seules. Sa femme le remercia d’un hochement de tête tandis qu’il partait. Voilà… Elle devait se calmer… Mais c’était plus difficile à faire qu’à dire.

« Lily, c’est aussi de ta faute non ? Pourquoi est-ce que tu fais semblant de ne pas réagir ? »

« Car je pensais qu’il… Je pensais qu’il… allait faire… le premier… pas… Et puis… Et puis… De toute façon… Ils sont de la même espèce… Et puis, je n’ai rien du tout… à lui offrir… moi … contrairement à elle. »

« Ne dit pas cette bêtise… Ca fait depuis combien de temps au final ? »

« Six… Six ans… Et puis… J’ai essayé de ne plus penser… Mais quand je l’ai revu… Je ne pensais pas que… que… Lui… De son côté, il m’avait oublié… »

« Ah… Tu exagères, ma fille… Tu exagères. Il ne t’a pas oublié… C’est simplement que la place que tu pensais réservée… ne l’est plus. A toi de la reprendre. »

C’était bien les jeunes filles ça… Leurs premiers émois… Ah… Au moins, elle n’était pas aussi insensible qu’elle le montrait. Et cela… était une bonne chose. Oui… Une très bonne chose même… La jeune fille devait simplement s’épanouir pour devenir une belle et future reine… Oui… C’était cela qu’elle devait devenir pour lui faire plaisir.

« Dire que je n’ai même pas vu les parents de Lily réellement. Je me demande à quoi ils ressemblent. » murmura t-il avec lenteur alors qu’une voix se fit entendre derrière lui :

« En quoi cela t’intéresse t-il, Arnaud ? »

Il se retourna pour voir l’homme qui était le roi de son peuple. Ah… Des cheveux blonds… Et surtout ce visage… Il était vraiment magnifique… Ah… Même Elizabeth reconnaissait amplement qu’elle n’avait rarement vu plus bel homme.

« Ah… Euh… Pour rien… Pour rien… Monsieur le Roi ? »

« Tu peux m’appeler aussi père de Lily si tu le désires… Mais qu’importe… Est-ce que je peux te demander une petite chose ? »

Hein ? Euh… Bien sûr… Il regardait avec un peu d’étonnement le roi, demandant à Elizabeth de bien vouloir l’attendre ici. Il se dirigea vers l’homme à la moustache blonde, celui-ci lui murmurant quelques paroles dans l’oreille. Hein ?! Comment c’était possible ! Elle était bien plus forte que tout ! Il se tourna vers Elizabeth, disant rapidement :

« Elizabeth ! Je dois faire quelque chose de très important ! Tu veux bien m’attendre un petit peu s’il te plaît ? Du genre une vingtaine, trentaine de minutes ? »

« Hein… Bien sûr… Mais qu’est-ce qui se passe, Arnaud ? Il y a un souci ? »

« Oh… Une affaire personnelle que je vais vite régler ! »

Il courut dans les couloirs, laissant seuls l’adolescente et le père de Lily. Ah ?! Mais qu’est-ce que ça voulait dire ?! Il pouvait attendre un petit peu ! HEY ! Bon… Pfff… Qu’est-ce que ça voulait… Puis zut ! Elle le regarda partir, haussant les épaules alors que le roi lui demandait si elle voulait qu’il lui fasse visiter.

Toc, toc, toc… Plusieurs coups se firent entendre alors que la mère de Lily se levait du lit sur lequel elle s’était assise. Elle ouvrit la porte, voyant Arnaud en haussant un petit sourcil de surprise. Est-ce qu’il voulait… L’adolescent posait un regard derrière la mère, ne semblant même pas se soucier de la majestueuse beauté qu’il avait en face de lui. Lily était couchée sur son lit, lui tournant le dos ?

« Est-ce que je peux parler à Lily s’il vous plaît ? »

« Je ne sais pas si elle veut t’adresser la parole mais… »

« Laisse-le maman… C’est bon… Je vais lui parler… »

Oh ? Elle voulait lui parler alors… Tant mieux… Qu’ils mettent les choses au point. La mère quitta la chambre, laissant seuls les deux adolescents alors que Lily continuait de tourner le dos à Arnaud. Celui-ci vint s’asseoir sur le lit, posant une main sur l’épaule de la demoiselle. Elle trembla sur le moment avant de se laisser faire, Arnaud murmurant :

« Alors… Il parait que tu as pleuré… Je crois… que j’avais dit… que je ne voulais plus que tu pleures… à cause de moi… C’est de ma faute, n’est-ce pas, Lily ? »

« C’est de ta faute… mais aussi de la mienne… Snif… Pourquoi est-ce que tu es revenu ? »

« Car ton père m’a signalé que tu pleurais et puis je… »

« Non ! Pourquoi est-ce que tu es revenu dans ma vie ?! Je m’étais débarrassé de toi ! »

« Ah… Je ferais mieux de partir alors… Désolé… Lily. »

« NON ! Reste ici ! Je t’aime, Arnaud ! Pourquoi est-ce que tu ne le comprends pas ?! »

Il s’apprêtait à se relever mais s’arrêta aussitôt avant de se coucher sur le lit, passant ses mains sur le ventre de Lily tout en la gardant contre lui. Il murmura :

« Je comprend parfaitement… Mais c’est compliqué aussi, Lily… J’ai l’impression de faire une faute… en t’aimant… Et Elizabeth aussi… Je ne veux pas blesser l’une d’entre vous pour aimer l’autre… C’est de la couardise… mais… »

« Tu n’es qu’un lâche… Tu n’es même pas capable de faire de l’ordre dans tes sentiments. »

« Je sais je sais… Je suis désolé, Lily… Si tu ne me pardonnes pas, je comprendrais. » murmura t-il une nouvelle fois, l’adolescente se retournant pour bien se coller contre Arnaud.

« Je m’en fiche… Maintenant, je te l’ai dit … Tu m’as fait pleurer… C’est de ta faute. A force de parler comme ça avec cette adolescente… J’ai l’impression que tu l’aimes plus que moi. »

« Non… Ce n’est pas ça du tout… Elle est comme toi… Je ne sais pas mettre mes sentiments en valeur pour elle… Même si je trouve que je l’aime énormément… comme toi… »

« Mon œil… Ca ne se dit pas ce genre de choses… Il ne faut pas avoir de courage pour dire de telles choses… Snif… Snif… »

Qu’elle arrête de pleurer… Rah… Il vint l’embrasser sur les deux joues, lui faisant un petit sourire délicat et tendre. Il ne voulait plus la voir pleurer… Comme il ne voulait jamais voir pleurer Elizabeth… Ces deux femmes étaient plus qu’importantes à ses yeux… Mais là… Actuellement, Lily était bien plus importante que n’importe qui d’autre. Il avait l’impression d’enfin la voir réellement… Et c’était tout ce qui lui suffisait.

« Je t’aime aussi, Lily… Je t’aime énormément… »

« Pas comme je le voudrais… Je voulais la rendre jalouse… et au final… C’est moi qui suis jalouse d’elle… Elle peut te voir tout les jours, danser avec toi… Ah… Elle… Elle… »

Elle ne voulait plus rien dire ou faire. Elle baissa un peu son visage : Oui, il était toujours plus petit qu’elle mais… Mais… Mais… Elle tendait ses lèvres avec lenteur. Elle voulait un baiser… de sa part… Une simple preuve qu’il l’aimait quand même plus qu’Elizabeth. Elle attendait avec anxiété, l’adolescent ne disant plus rien du tout.

Ce qui s’était passé resterait entre eux… Même si cela n’avait pas forcément arrangé ou désagrégé les choses. Ils sortirent ensembles de la chambre de Lily, l’adolescent ayant fait son choix, maintenant, c’était à voir avec Alia si elle acceptait d’être l’ambassadrice.

« Bien entendu ! Ca me plaît complètement ! »

« Tant mieux alors… Préviens tes parents… Et on peut repartir dès ce soir ! Tu auras même le droit à une chambre royale, offerte par la maison ! »

Il avait de la chance, l’adolescente avait parfaitement accepté… Ah… Au moins, ils seraient tranquilles de ce côté… Enfin… C’est-ce qu’il espérait hein ? Il regarda Elizabeth et puis Lily, les deux adolescentes semblant ne guère s’apprécier maintenant.

« Enfin… Bon… En y réfléchissant bien… On peut y aller maintenant… Enfin… Non… On va se préparer quand même un peu. Merci pour tout, Lily. »

« De rien, Arnaud. Ca m’a fait plaisir. » vint répondre Lily avec un sourire aux lèvres, l’adolescent se mettant à rougir avant de détourner le regard.

Hein ? C’était elle ou alors Lily avait un caractère différent d’il y a quelques heures ? Enfin bon… Elle n’était pas là pour se poser des questions à ce sujet… Mais quand même… Elle était étonnante et bizarre cette adolescente. Elle serra la main d’Arnaud, lui murmurant :

« On peut retourner à la surface ? J’ai un peu peur de ne plus pouvoir respirer subitement sous l’eau… Déjà que… Je trouve ça bizarre pour nous deux… »

« Ne fait pas apparaître tes ailes dans l’eau sinon on ne pourra pas voler. »

D’accord, elle allait l’écouter puisque de toute façon, elle n’avait pas vraiment le choix. Plusieurs minutes après, les trois adolescents étaient sorties, Lily les ayant suivis au grand désespoir d’Elizabeth tandis qu’elle disait :

« Vous partez quand ? Dans quelques heures ? On peut toujours faire visiter les alentours à Elizabeth puisqu’elle ne connait pas le campement où tu as l’habitude de venir, Arnaud. »

« Oui… Ca peut être une bonne idée, surtout si elle fait son rôle d’ambassadrice… Donc, tu viens Elizabeth ? » dit-il en tendant ses deux mains pour prendre celles des deux filles.
Il valait mieux calmer le jeu… et pour cela… Ne pas montrer que l’une ou l’autre avait ses préférences… C’était un peu voir très lâche de sa part… Et même si il s’était promis de ne plus reculer devant l’adversité… On parlait de ses sentiments personnels à l’heure actuelle.

« J’espère simplement que tout va très bien se terminer… Je veux que cette guerre se stoppe. » murmura t-il avec lenteur alors qu’il observait les environs.

« Je le veux aussi, Arnaud… Après ce que tu as fait au bal, ne pas hésiter à en parler devant tes parents… J’ai envie que ce que tu désires se réalise… C’est tout ce que je veux… Que tu sois heureux… et qu’enfin, toi et tes parents, vous formiez une famille… Tu le mérites vraiment, Arnaud. » vint dire l’adolescente aux cheveux blonds.

« Merci pour tes paroles, Elizabeth… Elles me font chaud au cœur. »

« Si il faut, je peux venir avec vous et Alia en tant qu’ambassadrice ? Qu’est-ce que tu en penses, Arnaud ? Ce n’est pas une bonne chose ? »

« Hein ? Bien entendu ! Mais pourquoi maintenant, Lily ? Et c’est quand même assez dangereux… Je n’aimerais pas te mettre en danger… C’est une question de prudence. »

« Tu n’aimerais pas me mettre en danger alors que toi-même, tu vas te rendre à l’ennemi tout en mettant en danger ton amie ? C’est… plutôt spécial… Mais dois-je prendre cela comme une marque d’affection de ta part pour me protéger ? »

Il préféra ne pas répondre, entendant le petit grognement de la part d’Elizabeth après les paroles de Lily. C’était comme une déclaration de guerre ! Une demi-heure passa, Arnaud et Lily faisant visiter les tentes et le campement des Barpau à Elizabeth.

« Ils ne sont pas si différents de nous en fin de compte… »

« Et non ! Ils mangent, ils boivent, ils dorment, ils ont des enfants et des familles… Ce sont des personnes comme nous… Pas de la même espèce… Mais pas différentes… »

Cela sonne comme une légère remontrance de la part d’Arnaud et elle baissa la tête. Il vint l’embrasser légèrement sur la joue pour lui dire de ne pas s’en faire tandis que Lily grognait à son tour. RAHHHH ! C’était compliqué tout ça ! Heureusement pour lui, Alia se présenta finalement à eux, un grand sourire aux lèvres :

« Mes parents sont d’accord ! Ils sont même fiers que ça soit moi qui sois choisie ! On peut y aller quand tu le désires ! »

« Alors… On ne va pas perdre plus de temps en fin de compte. Lily… Merci de nous avoir fait visiter ton royaume sous-marin et voir tes parents. Ce sont des personnes très sympathiques… Elizabeth, tu as quelque chose à dire ? »

« Oui… Merci pour tout ce que vous avez fait… Nous allons résoudre cette guerre grâce à vous… Et pour Lily… Désolée mais je ne m’avoue pas vaincue. »

Ah ? Ah bon ? Tiens donc… Elle voulait quand même lutter ? Cela risquait d’être drôle. L’adolescente aux cheveux blonds demanda à Arnaud de la suivre alors qu’il réfléchissait à comment faire… Bon… Cela risquait d’être du sport mais…

« Alia… Grimpe donc sur mon dos pour le vol… Ca sera plus rapide que si on marchait à pied, qu’est-ce que tu en penses ? »

« Pas grand-chose… Mais bon… Je te fais confiance… Et tu as intérêt à ne pas faire de loopings ou je ne sais quoi d’accord ?! »

Il émit un petit rire en faisant apparaître ses ailes, s’inclinant pour la laisser monter. Voilà… Ils allaient pouvoir partir en direction de son royaume… et commencer les négociations… C’était le début de la paix qui allait débuter ! Son petit frère allait vivre dans ce monde !

Chapitre 15 : Un cœur divisé en deux

ShiroiRyu
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Chapitre 15 : Un cœur divisé en deux

« Tu m’as l’air extrêmement joyeux, n’est-ce pas, Arnaud ? »

« C’est exact, Lily ! Et je ne reste pas trop longtemps aujourd’hui ! Je vais retourner voir mon petit frère ! Il est né hier ! Tu as entendu ?! »

« Je ne suis pas sourde… et je suis heureuse pour toi, Arnaud. Très heureuse que tu sois heureux. » murmura l’adolescente alors qu’il venait la serrer dans ses bras.

Ah ! Elle resta parfaitement muette alors que l’adolescent la gardait tout contre lui, posant sa tête contre son épaule. Dommage qu’elle soit aussi grande… Oui… Elle était tellement grande… Mais ce n’était pas un problème… au final… Non… Il se contredisait mais qu’importe ! Il était content de savoir Lily à côté de lui.

« Lily… Tu sais… Sans toi, ça serait bien moins drôle… la vie. »

« La vie ? Bien moins drôle ? Car je t’amuse ? C’est ça que je dois penser ? » demanda t-elle en redressant le visage, Arnaud venant l’embrasser sur les deux joues en rougissant.

« Pas du tout… Mais je ne sais pas… J’ai l’impression que sans toi, je n’aurai jamais réussi à faire une telle chose… Merci d’être là… tout simplement… »

« Hum… D’accord… Si tu le dis, je t’écoute. » répondit-elle en venant l’embrasser à son tour sur les deux joues, l’adolescent rougissant violemment en la serrant plus fortement contre lui. Ah… Il aimait bien les baisers de Lily… même si ils étaient assez froids quand on y réfléchissait bien. Et au niveau de la laideur, elle n’était pas un prix de beauté mais elle était loin d’être aussi moche qu’il y a six ans.

« Tu sais que tu es très jolie comme fille en fin de compte, Lily ? »

« Hum… Et moi, je me demande ce qui se passe avec toi pour que tu te comportes comme ça ? On dirait que tu es bien trop heureux… pour que cela soit normal… Cette nouvelle t’a fait si plaisir que ça ? Je ne sais pas… Tu m’inquiètes un peu quand même. »

Ah… Ce n’était que ça ? Pourtant, il n’était pas bien méchant et il ne faisait pas peur. Oui… Il était loin de tout ça en fin de compte ! Bon… Ce n’était pas que cela le dérangeait… Mais il n’arrivait pas à le dire clairement. Oh et puis zut ! Il reprit :

« Je suis si heureux… de savoir que mon petit frère va bien ! Je… Ah oui… Je suis bête… Je ne t’ai pas expliqué… Mon petit frère a faillit… mourir à la naissance… Avec le cordon ombilical autour du cou… Mais les médecins ont réussi à le sauver ! »

« Ah… Maintenant… Je comprends… Viens donc au lieu… »

Elle tendait ses bras pour venir le serrer contre elle, Arnaud s’enfouissant dans ses bras en rigolant longuement. Depuis quand est-ce qu’elle ne l’avait pas vu rire et sourire aussi bien ? Elle ne savait pas… Depuis très longtemps… Ah… Elle esquissa un petit sourire discret, espérant que l’adolescent ne le remarquerait pas… Oui… Elle ne voulait pas qu’il sache qu’elle pouvait encore sourire… grâce à lui.

« AH ! Je sais que tu es en train de sourire même si je suis contre toi ! Ca se sent dans tes gestes ! Ils sont encore plus doux qu’auparavant ! Lily… Je… »

Je… Je… Qu’est-ce qu’il voulait lui dire ? Il retira son visage contre le corps de Lily, la regardant longuement tout en étant toujours rouge de gêne. Il ne savait pas quoi dire… Il avait son cœur qui battait rapidement quand il la voyait… Même si elle n’était plus aussi expressive qu’auparavant. Elle le regardait longuement, attendant qu’il termine sa phrase.

« Je… Enfin bon… Voilà… Tout est dit en fait… Je préfère ne pas parler comme ça, au moins, je suis sûr que je ne dirais pas une bêtise. »

« Hum ? Et moi, je préfère que tu termines les phrases que tu commences. Alors dis-moi ce que tu penses, s’il te plaît… Comme ça, je verrais bien ce qui se passe dans ta tête. »

« Mes parents m’ont invité à une fête … Et je dois inviter une fille… »

Hum ? Est-ce qu’il pensait à elle ? Elle écarquilla les yeux de surprise, se demandant si elle avait bien entendu ça… ou non ? Est-ce qu’elle rêvait ? Elle ne savait plus où se mettre, ses joues rougissant légèrement alors qu’il reprenait :

« Je ne sais pas quoi faire… Si je pouvais… Je t’aurais bien invité… Mais… Cela serait risqué non ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Si tu ne veux pas m’inviter, ce n’est pas un problème. Tu es libre de tes actes. »

« J’ai vraiment envie de t’inviter ! Je suis sûr que tu serais super belle mais… Mais… »

« Mais tu ne peux pas car je ne suis pas une Tylton… Je le sais très bien, Arnaud. »

Pfff… Il sentait qu’elle était un peu déçue… Mais bon… Il n’avait pas le choix non ? Et puis… Si Elizabeth le voyait avec Lily, qu’est-ce qu’elle ferait comme tête ? Mais… L’adolescente aux cheveux bruns semblait vraiment déçue… Ah… Hum… Qu’est-ce qu’il pouvait faire pour régler ce problème ?

« Peut-être que si tu te déguisais… Ou quelque chose du genre… »

« Arrêtons les frais maintenant, Arnaud. Ca ne fait rien… du tout. »

« Si ! Ca fait quelque chose ! Ca se voit très bien que tu voulais venir ! Tu sais quoi ?! Même si je ne peux pas venir avec toi, tu veux peut-être m’apprendre à danser ? »

Elle fit un petit rictus de surprise, se demandant s’il plaisantait ou non. Elle ? Danser ? Est-ce que lui ne savait pas danser plutôt ? Il était de la haute société… Enfin, elle aussi… Mais danser… Et puis… Il y avait quand même la guerre à côté ! Il ne fallait pas l’oublier ! Mais bon… Vu l’enthousiasme qu’il mettait… à vouloir ça… Elle baissa la tête, fermant les yeux tout en tendant sa main droite. Voilà… Ils allaient danser… Mais ils allaient devoir trouver un coin tranquille… et vraiment isolé… Peut-être même une autre plage… Bon… Est-ce qu’ils allaient danser oui ou non ?! Elle regardait l’adolescent, celui-ci prenant sa main avant de courir avec elle sous le regard amusé des soldats. Oui ! Ils allaient danser !

« Et un… Et deux… Et trois… Et un… Et deux… Et trois… »

« Je croyais que c’était moi qui devait t’apprendre à danser… et nullement l’inverse. » murmura l’adolescente alors qu’il souriait en rougissant légèrement. Oui… C’était lui qui la guidait… et non pas l’inverse… Il savait danser depuis le début, n’est-ce pas ?

« Tu vas voir… Je suis sûr que je vais t’écraser les pieds par inadvertance. »

« Bien entendu… Je n’en doute pas un instant. »

Elle disait cela avec une légère ironie alors qu’il dansait admirablement bien, la dirigeant avec grâce. Oui… Il n’avait clairement pas besoin de son aide. Tout cela avait été une pathétique tentative pour qu’elle puisse danser avec lui. Il reprit :

« Tu sais, Lily… Tu es la première fille avec qui je danse réellement en-dehors des cours. »

« Hum ? Je ne sais pas pourquoi… Mais je pense que je dois prendre cela comme un compliment de ta part donc je t’en remercie sincèrement, Arnaud. »

Héhéhé ! Il rigola légèrement, continuant de danser alors qu’elle venait poser sa tête contre son épaule. Oui… Elle savait parfaitement ce que cela voulait dire… d’être une Barpau… et lui un Tylton… Elle ne se faisait pas d’illusions… et l’adolescent non plus.

« On peut continuer à danser pendant une heure, Arnaud ? Si cela ne te dérange pas ? »

« Il n’y a aucun problème à cela… Je ne serais pas en retard… Et depuis quelques jours, la guerre semble s’être calmée et arrêtée… Tu n’as pas l’impression ? »

« Il est vrai que d’après ce que j’ai cru voir… Les blessés affluent moins… Certains parents sont même retournés… dans leurs familles. »

« C’est donc une bonne chose… Si cette guerre se termine, je t’inviterai dans mon palais. »

« C’est vrai ce mensonge ? Tu es un piètre dragueur. » souffla t-elle alors qu’elle relevait sa tête, lui faisant un petit sourire.

Ah… Ce sourire… C’était vraiment un sourire qui le faisait craquer quand on y réfléchissait bien. Il la regarda longuement, arrêtant de danser tout en la serrant longuement dans ses bras. Il murmura dans le creux de son oreille :

« Je vais tout faire pour que mes parents arrêtent cette guerre. Je vais tout leur expliquer… Tout leur dire… Mes parents m’écouteront… »

« Tu es sûr de cela ? » demanda t-elle avec lenteur en le regardant.

Il hocha la tête d’un air positif. Il ferait pression sur eux ! Il leur expliquerait à quel point ce général était complètement stupide ! Comme son fils ! Il était temps qu’il utilise son statut de prince pour autre chose que sa propre personne ! Il y avait d’autres priorités dans la vie ! Il arrêta de serrer Lily dans ses bras, reprenant la parole :

« J’en suis sûr et certain ! Je leur demanderai au beau milieu de la fête si cela s’avère nécessaire ! Tu verras ! Je t’apporterai des bonnes nouvelles ! J’apporterai des bonnes nouvelles à tous et à toutes ! Je suis sûr que tu seras plus qu’heureuse ! »

« … … … Tu as vraiment changé … Arnaud … » murmura t-elle en caressant sa joue lentement, rapprochant ses lèvres des siennes bien qu’elles ne vinrent pas se joindre. Non… Elles n’étaient qu’à quelques centimètres des siennes mais elle ne venait pas l’embrasser. Elle était rouge de gêne, Arnaud étant dans un état encore pire qu’elle. Ah… Ah… Non… Ce n’était pas le moment de penser à une telle chose avec Arnaud. Elle le repoussa légèrement, se retournant alors qu’elle disait d’une voix un peu amusée :

« Retourne dans ton palais… Et ne reviens que lorsque tu auras de bonnes nouvelles à nous annoncer. De même, maintenant que j’ai eu la première danse, tu peux inviter une autre fille. Mais dès que cela sera terminé, tu m’inviteras à danser dans ton palais. »

« Je t’en fais la promesse ! Qu’importe le temps que cela prendra, tu seras celle avec qui je danserais au palais ! Je dois y aller maintenant… Il vaut mieux ne pas perdre de temps. »

« Vas-y… Tu peux te retirer… Mais avant… Soigne ton départ en ma présence. »

Hum ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Elle tendait sa main droite vers lui comme pour lui dire de la baiser. Il émit un sourire, prenant sa main droite avant de rapprocher rapidement son visage d’elle, embrassant ses deux joues. Ses deux ailes de coton apparurent dans son dos, l’adolescent s’envolant tout en s’éloignant d’elle. Voilà ! Il était parti !

Pendant son vol, il observa les alentours comme à son habitude pour éviter d’être repéré tandis que de l’autre côté, il se dirigeait non pas vers le palais mais vers la demeure de la future fille qu’il allait inviter à danser. Oui… Il pensait énormément à Lily… Il ne se le cachait pas… Mais il devait penser à autre chose. Il toqua plusieurs fois, une petite voix féminine se faisant entendre avant que la porte ne s’ouvre :

« … Arnaud ! Prince Arnaud ! Qu’est-ce que vous… Tu fais là ?! Rentre donc ! »

« Hum… Je ne serais pas forcément très long donc je ne sais pas… »

« Mais rentre plutôt ! T’as l’air d’avoir quelque chose à me dire ! »

Oh oui… Bien sûr… Oui… Il appréciait grandement la présence de l’adolescente à la frange blonde. Elle aussi… était importante à ses yeux. Il pénétra dans la modeste demeure, se faisant guider par l’adolescente jusqu’à ce qu’il se retrouve assis sur un canapé.

« Tu veux à boire ? Je te sers quelque chose, Arnaud ? Si tu en as besoin… »

« Elizabeth, il va y avoir une fête en l’honneur de mon petit frère et donc… Il y aura aussi un bal… Enfin un endroit pour danser… Et je me demandais si… Tu veux bien être ma cavalière ? Bien entendu, tu peux prendre ton temps. »

Il s’était attendu à ce qu’elle saute de joie et lui réponde aussitôt qu’elle voulait mais elle lui fit un petit sourire gêné avant de rougir. Elle murmura :

« Ca aurait été vraiment avec un grand plaisir, Arnaud mais… »

« Tu as déjà quelqu’un ? C’est normal… Car y aura des garçons et des filles de notre âge aussi… Et donc si tu as été invitée, je comprendrais… Je suis désolé de t’avoir dérangé. En plus, tu es vraiment jolie comme fille alors ça ne serait pas stupide. Ce n’est pas parce … »

Il s’était arrêté dans ses paroles, baissant la tête. Il n’arrivait pas à croire qu’il avait aussi mal au cœur. Elizabeth était peut-être même amoureuse d’une autre personne ? C’est vrai qu’elle était plutôt jolie comme adolescente… Vraiment très jolie même… Avec sa frange blonde… Et il remarquait maintenant qu’il était… plus intéressé par Elizabeth que par sa grande sœur. La logique amoureuse et adolescente sûrement… Il poussa un profond soupir, se dirigeant vers la sortie tout en disant :

« Bon alors, je dois m’en aller. Je suis désolé du dérangement, Elizabeth. »

« Je… Je n’ai personne… C’est juste que… Je ne veux pas te faire honte… »

« Me faire honte ?! Mais qu’est-ce que tu racontes ? »

« Et bien… Tu sais… Ma sœur et moi, nous n’avons pas de sang noble… en nous. Et c’est grâce à ces qualités et à son travail exemplaire et aussi… à sa voix… que ma sœur est devenue notre professeur de chant… et celle qui dirige la chorale. Mais à côté, nous… »

Une violente claque se fit entendre mais ce fut celle de la main d’Arnaud sur son propre front. Oh bordel ! Elle abusait réellement sur ce coup ! Il prit rapidement l’adolescente aux cheveux blonds dans ses bras, la serrant contre lui :

« J’en ai vraiment rien à faire de tout ça ! Tu viens avec moi et je vais demander à ce que les servantes du palais te trouvent une magnifique robe qui t’ira parfaitement ! »

« … … … Tu es vraiment sûr, Arnaud ? Car je ne suis pas à ma… »

« J’en suis sûr et certain alors maintenant, tu veux bien te taire ? »

Elle hocha la tête d’un air positif, restant dans ses bras alors qu’ils faisaient apparaître leurs ailes dans leur dos. Ils quittèrent la maison de l’adolescente aux cheveux blonds, celle-ci étant bien logée contre lui alors qu’il rougissait.

« Tu sais… Arnaud… Enfin prince Arnaud… Loïc a tenté de m’inviter pour ça… »

« Ah ? Je n’étais même pas au courant… Et tu lui as dit quoi ? »

« Qu’il en était hors de question. Il est encore plus prétentieux qu’auparavant, tout ça parce que son père l’a entraîné à l’épée. Peut-être que certaines lui trouvent quelque chose mais moi, il n’est clairement pas mon genre ! Et il peut-être beau et fort et avoir déjà tué plein de Barpau… ça ne change rien que je ne l’apprécie pas ! »

Ah… Les Barpau… Oui… Il était temps… Pendant la fête, il ne devait pas oublier ce qu’il allait demander… Il devait convaincre ses parents… et aussi la majorité des personnes présentes en ce lieu ! Oui… C’était là son unique chance ! Mais avant, il devait faire quelque chose pour Elizabeth… comme lui trouver une magnifique robe pour danser ! Une robe qui la mettrait en valeur… Oui… Et aussi ses formes qui apparaissaient… Elle le vit rougir sans réellement comprendre alors qu’ils se dirigeaient vers le palais.


Voilà… Dire qu’il s’observait dans le miroir, des servants l’habillant pour qu’il soit parfait pour cette soirée. Ah… Ce costume bleu assez chic… C’était vraiment comme ça qu’il devait s’habiller ? Et la queue-de-pie était nécessaire aussi ? Enfin, de l’autre côté, on lui tendait même une petite canne dans un bois resplendissant. Hein ? Il devait l’utiliser pour se déplacer ? Est-ce qu’ils se moquaient de lui ?

« Nous n’oserions jamais, prince Arnaud ! » répondit les serviteurs en souriant.


D’accord… Il prenait ça pour un oui en fin de compte. Il haussa les épaules en soupirant. Autant jouer le jeu… Il avait laissé Elizabeth avec les servantes. Oui… Même si l’adolescente avait été presque frigorifiée de savoir que la reine elle-même avait accepté que l’on retouche ses robes pour elle… Ah… Il éclata de rire subitement.

« Qu’est-ce qu’il y a prince Arnaud ? Vous semblez avoir entendu une blague. »

« Non… Non… Ce n’est pas exactement ça… Pas du tout même… Disons que je réfléchissais à quelque chose et qu’au final, je trouvais ça assez drôle… Je ne peux pas vous l’expliquer car cela est assez personnel en fin de compte. »

Soit… Mais cela faisait plaisir de voir le prince d’aussi bonne humeur, surtout depuis ces dernières années. L’arrivée du second prince avait été une excellente chose. Voilà ! Il était fin prêt maintenant ! Ils le regardèrent avec émotion, l’un des serviteurs disant :

« Vous pouvez aller chercher votre cavalière. Je pense que vous savez où elle se trouve. »

« La chambre voisine… J’ai demandé quelques changements au cas où Icare aurait quelques soucis pendant la nuit et que mes parents ne sont pas là. »

« C’est exact… Enfin… Nous vous souhaitons une bonne soirée. »

« Nous nous reverrons de toute façon dans la salle de bal. »

Oui, c’était exact. Ils allaient servir les convives et leur permettre donc de s’abreuver ou de se nourrir avec les amuse-gueules. De l’autre côté, ils devaient aussi terminer de préparer la salle avant que les premiers invités ne pénètrent à l’intérieur. Tous quittèrent la chambre du prince, celui-ci se séparant néanmoins des autres pour se diriger vers la chambre à la droite de la sienne, toquant plusieurs fois :

« Bonsoir ! Je viens chercher mademoiselle Elizabeth, la plus ravissante des demoiselles ici présente. Se trouve t-elle avec vous ? »

« Attendez encore quelques minutes, s’il vous plaît, elle sera bientôt prête. »

Ah… Ces femmes… Il poussa un profond soupir amusé, se mettant dos contre le mur alors qu’il entendait des petits bruits qui signalaient qu’elles s’affairaient rapidement.

Puis vint le moment où la porte s’ouvrit, l’adolescent préférant ne rien dire, la bouche fermée alors qu’Elizabeth était rouge de gêne. Deux ficelles au niveau des épaules pour maintenir la robe rouge qui ressemblait à celles faites pour les princesses, une petite fleur dorée se trouvant au niveau du ventre alors qu’elle détournait le regard.

« … … … … … Et bien ? Tu ne veux pas venir, Elizabeth ? » demanda t-il en tendant sa main alors qu’elle la prenait en ne disant rien du tout.

Ils s’éloignèrent de la chambre, marchant dans les couloirs alors qu’ils se dirigeaient vers la salle de bal. Sur le chemin, elle restait complètement muette et gênée alors qu’il tentait de la mettre en confiance, reprenant la parole :

« Tu sais… Je n’ai jamais vu ma mère prendre ce genre de robes… Et je… dois dire qu’elle te va très bien. Tu es vraiment parfaite dedans, Elizabeth… »

« Merci beaucoup… Je ne sais pas comment… le dire… Mais je ne me sens pas à ma place. »

« Si ma mère est d’accord pour que tu prennes l’une de ces anciennes robes, tu ne penses pas que cela veut dire que pour mes parents, le roi et la reine de notre royaume, tu as vraiment ta place parmi nous ? Et ta sœur aussi ? C’est vous… qui vous fixez ce genre d’idées. »

« Désolée… C’est juste que… Que… Je ne suis vraiment pas habituée à ça de ta part. J’ai parfois l’impression que tu es bien plus distant que tu ne veuilles le faire croire. »

« Hein ? Comment ça ? Comment est-ce que je pourrais être plus distant que ce que je veux faire croire ? J’avoue que j’ai du mal à comprendre ce que tu veux dire par là. »

« … … Je … … Arnaud … … Tu vois quelqu’un d’autre non ? Tu aimes quelqu’un d’autre non ? C’est ça n’est-ce pas ? Je ne sais pas pourquoi … mais j’ai cette impression. »

AH ! Zut ! Elle recommençait avec ça ! Il devait l’arrêter avant même qu’elle ne continue ! Il la prit dans ses bras, la serrant longuement tout en caressant ses cheveux blonds. Ah bon ! Pendant plusieurs minutes, ils restèrent ainsi alors qu’il levait les yeux en l’air.

« Tu n’es jamais sérieux quand tu fais ça… Tu peux exprimer de la tendresse… Mais tu sais très bien que ce n’est pas vrai quand tu fais ça, Arnaud. »

« Hum… Tu racontes des bêtises, Elizabeth. Et tu veux que je te le prouve comment ? »

« C’est mesquin… de ma part… et tu vas croire que je suis une arriviste… »

« Je n’ai jamais pensé ça de toi… Alors bon… Ca fait depuis plusieurs années que tu es à mes côtés et ne croit pas que c’est un remerciement de ma part alors, tu peux… »

Elle avait relevé son visage, fermant ses yeux tout en tendant légèrement ses lèvres. Lui-même s’était arrêté de parler, cherchant à balbutier quelques mots qui ne vinrent pas sortir. Elle… Elle… Elle voulait vraiment que… Il savait très bien que ce qu’elle ressentait pour lui était des plus purs et sincères mais mais… Gloups… Peut-être qu’il devait prendre ses responsabilités pour une fois ? Il rapprocha ses lèvres des siennes avant de l’embrasser rapidement à côté de ses lèvres, murmurant un :

« Je suis vraiment désolé… Mais… Ca… Ce n’est pas possible. Je… »

« Allons-y Arnaud. Moi… Je prendrais tout le temps qu’il me faut. »

Ah… Il en était heureux… Elle l’embrassa subitement sur les deux joues, faisant un petit sourire alors qu’ils arrivaient maintenant dans la salle de bal. Ah… Vraiment… C’était une salle gigantesque… qui n’avait pas changée pendant toutes ces années. Toujours cette superbe impression de magnificence… Ah…

« Oh… Regardez donc… Le prince Arnaud… »

« Qui est la jeune demoiselle avec lui ? Elle porte une robe somptueuse. »

« Je crois qu’il s’agit de la petite sœur du professeur Sanga, celle qui dirige les cours de chant et de chorale dans le palais. Une place amplement méritée si vous voulez mon avis. »

« Tu vois… Elizabeth… Tout le monde sait que vous êtes les bienvenues ici… et qu’importe le statut social… Enfin si… Car vous êtes quand même à un statut élevé… Mais même si tu n’en avais pas… Je suis content que tu sois avec moi… et cela ne m’aurait pas empêché de… » dit-il avant de s’arrêter dans ses mots.

Si cela avait été vrai… Il n’aurait pas eut de problèmes à inviter Lily… Or… Ce n’était pas le cas. Il évitait de voiler son visage de tristesse mais celle-ci était si facilement peinte sur lui. Ah… Mais non ! Non et non ! Lily était une amie… Une grande amie… Et Elizabeth… aussi… Il ne voulait rendre aucune des deux filles tristes.

Il tourna son visage pour voir celui de Loïc au loin, lui faisant un grand sourire narquois et ironique alors que l’adolescent aux cheveux verts serrait les poings. Oui… Pas de chance pour lui… mais… Bon ! C’était la vie ! Et plus que le fait de le voir enrager, c’était surtout… qu’il avait toutes les têtes dirigées vers eux. Ah… C’était vraiment une adolescente superbe… Peut-être qu’en fin de compte… Et avec ce qui se passait… Et ses sentiments…
Enfin bon… Il remarqua ses deux parents, eux aussi élégamment habillés et se dirigea vers eux tout en serrant la main de l’adolescent aux cheveux blonds. Oui… Il sentait qu’elle avait peur… mais c’était une étape importante à ses yeux… Il devait leur parler… mais aussi montrer Elizabeth… Elle devait leur parler… Comme si elle allait se recroqueviller sur elle-même, Elizabeth restait en retrait par rapport à l’adolescent.

« Et bien mon fils… Je vois que la robe de ta mère va à ravir à ta jeune amie. »

« Merci beaucoup Papa… Moi aussi, je trouve qu’elle lui… Enfin non… non… Si ! Ah… »

« On dirait que nous gênons notre fils, mon cher et tendre. » dit la mère de l’adolescent alors que celui-ci détournait le regard. Pfff ! Il avait quand même l’impression de présenter sa petite copine à ses parents. Sa petite amie… Elizabeth ? Il posa ses yeux sur elle, s’imaginant avec elle pendant quelques questions avant de rougir violemment. C’était… C’était vrai que… Que l’avoir comme petite amie… ne serait pas une mauvaise chose.

« Maman… Papa… Est-ce que je peux vous parler de quelque chose… de vraiment important ? Et j’espère… qui vous satisfera… Car je trouve que cela est nécessaire… »

Hum ? Leur fils venait de s’adresser à eux d’un air des plus polis mais aussi inquiet et triste… Qu’est-ce que cela voulait dire ? Elizabeth ne comprit pas de quoi il en retournait mais vint tout de suite prendre sa main… Cela semblait vraiment… important aux yeux de l’adolescent. Il demanda à ses parents de pouvoir leur parler dans un coin plus tranquille.

« Papa… Maman… C’est au sujet de la guerre contre les Barpau… Je… »

« D’après nos généraux, tu n’as pas à t’en faire, bien que cela semble se bloquer, nous commençons à prendre de plus en plus de terrain. »

« Il faut l’arrêter, papa… Il faut l’arrêter car elle ne sert à rien… »

« Pourquoi est-ce que tu prononces de telles choses, Arnaud ?! » vint s’écrier légèrement le père, quelques têtes se tournant vers eux.

« Papa… Réfléchis un peu… Pourquoi est-ce que notre royaume a déclaré la guerre ? A cause du général… Car d’après ses dires, son fils a été attaqué par les Barpau… Mais ce n’est pas vrai. J’y étais… et tu le sais très bien… Mais je n’ai jamais… réussi à t’en parler. »

« Hum… Tu es assez grand donc je ne vais pas te dire que cela ne te concerne pas, Arnaud. Néanmoins, tu sembles avoir des pensées qui vont bien plus loin que cela… C’est pourquoi j’aimerai que tu continues et dises le fond de tes pensées. »

Ah… Son père allait l’écouter ? Il le regardait avec un peu d’étonnement. Pourtant, Elizabeth lui faisait un petit sourire comme pour lui dire de s’armer de courage et de déclarer ce qu’il avait à dire. Oui… Elizabeth… Elle était là… Oui… Ah ! Heureusement… qu’elle l’était.

« Je pense qu’il faut arrêter cette guerre… Car les Barpau ne sont pas belliqueux. Pendant quelques temps, j’ai joué avec eux quand j’étais un enfant… Mais maintenant, il est sûr et certain que ce n’est pas pareil lorsque l’on parle d’adultes. »

« Et que conseilles-tu ? Car je ne suis pas un roi mauvais dans le fond… »

« Juste un peu trop fêtard… Mais je sais très bien que ce n’est pas ce vous voulez tout les deux… Quel roi aimerait voir ses sujets mourir ? Envoie une délégation là-bas ! Et inversement ! Je peux y aller… Ils n’oseront pas s’en prendre au prince. »

« C’est trop dangereux, Arnaud ! Tu ne peux pas ! » s’écria l’adolescente aux cheveux blonds, inquiète de la proposition du prince alors que son père et sa mère étaient aussi surpris.

« Je ne sais pas… C’est bien trop dangereux mais… »

« Papa ! Ca ne sera pas la même chose si c’est une autre personne. Néanmoins, je suis le seul à avoir une relation amicale avec eux ! Laisse venir Elizabeth avec moi, ainsi, d’un point de vue extérieur, elle pourra donner son avis à ce sujet. Bien entendu, je leur proposerais d’envoyer aussi une délégation. Et je me chargerais de l’emmener ici. Acceptez ! »

Hum… C’était quand même la première fois que leur garçon demandait une telle chose… Surtout que ce n’était pas pour un intérêt personnel… n’est-ce pas ? Mais bon… Prendre ce genre de décisions reviendrait à anéantir les efforts de leur armée.

« Je vais aller prévenir les généraux… Quand à toi, Arnaud… J’espère que tu sais ce que tu fais… C’est vraiment très risqué comme entreprises… Mais tu m’as l’air sûr de toi. »

« Et je préfère que ton petit frère naisse dans un monde calme et en paix. Je suis d’accord avec toi, mon fils… Et je pense que je peux convaincre ton père si cela s’avère vraiment nécessaire… » vint dire sa mère à Arnaud alors qu’elle tournait son visage vers le roi. Il émit un petit rictus de dégoût en voyant l’étincelle dans les yeux de ses parents.

« Si c’est bon, alors tant mieux… Je crois qu’on va vous laisser tranquilles tous les deux. Nous sommes ici pour danser à la base. »

« Mes félicitations pour votre fils Icare, madame la reine. »

« Merci bien, Elizabeth. Et tu es très jolie dans ma robe. Si tu le désires, tu pourras la garder avec toi. » répondit la reine alors qu’Arnaud tirait Elizabeth vers lui pour l’emmener au milieu des autres couples.

« Notre fils a bien grandi… Tu ne trouves pas ? »

« C’est exact… Dire que pendant ces années, nous pensions qu’il… »

« Roi ! Roi ! Est-ce que je peux vous parler ? »

Hum ? Le général aux cheveux verts s’était aussitôt approché d’eux dès que le prince était parti. Celui-ci l’observait du coin de l’œil tout en commençant à danser avec l’adolescente aux cheveux blonds. Héhéhé ! Il remarqua la surprise, l’énervement puis la colère dans les yeux du général. Tant mieux ! Tout cela allait tomber à l’eau ! Cela lui apprendra !

« Arnaud… Tu veux vraiment faire ça pour les Barpau ? Je sais très bien… ce que tu fais… Je ne suis pas stupide… Je sais que… »

« Je vais le faire… Et au moins, tout le monde sera en paix. »

« Arnaud… Je t’aime… » souffla t-elle alors que des murmures se firent entendre, l’adolescente rougissant violemment avant de reprendre d’un air gêné : « Je… Je… Je… Je comment dire… J’aime les efforts… que que… que… que tu fais. »

« Je… préfère… ne rien dire… Tu ne veux pas plutôt que l’on danse… maintenant ? »

« Ce n’est pas déjà ce que l’on fait… non ? »

Ni l’un, ni l’autre ne savait où se mettre, les deux personnes étant aussi gênées l’une que l’autre. Il… n’avait pas rêvé… Il venait de recevoir une déclaration d’amour de la part de l’une des plus jolies filles qu’il connaissait… Et il ne savait pas quoi dire… Ah… Quel idiot… Il emmena la tête d’Elizabeth contre sa poitrine, continuant de danser avec elle.

Chapitre 14 : Un nouveau venu

ShiroiRyu
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Chapitre 14 : Un nouveau venu

« Prince Arnaud… Le roi et la reine voudraient vous parler. »

« Hum ? Et pourquoi cela ? Depuis quand se rappellent-ils que j’existe ? »

« S’il vous plaît… Si vous voulez bien me suivre, je vais vous guider jusqu’à leurs appartements. » dit la servante en s’inclinant respectueusement devant l’adolescent aux cheveux bleus, celui-ci soupirant aussitôt en murmurant :

« De toute façon, je ne le veux pas… Mais j’y suis presque obligé… Alors allons-y et débarrassons nous de cette corvée avant qu’il ne soit trop tard. Ca me fatigue clairement ce petit jeu stupide avec mes parents. »

« Prince Arnaud… S’il vous plaît, ne parlez pas ainsi de vos parents. Ils ont une grande nouvelle à vous annoncer. » reprit la servante alors qu’il haussait les épaules. Une grande nouvelle ? AH ! Il ne s’en souciait pas le moins du monde ! Depuis toutes ces années, il avait été parfaitement ignoré, c’était la même chose à faire de son côté.

Néanmoins, il était un peu intéressé… Car pour que ses parents lui disent de venir directement… C’est que cela était relativement important… Mais qu’est-ce qu’ils avaient à lui dire ? Il n’avait rien fait de spécial… Est-ce que… Ohla ! Si c’était ça ! Il allait avoir de sacrés ennuis ! Il espérait vraiment que ce n’était pas à cause du général ! Non pas qu’il craignait la colère de son père, non… Pas du tout même !

« Si vous voulez bien rentrer… Messire, Madame ! Votre fils est là ! »

« Qu’il rentre donc… Nous n’en pouvons plus d’attendre ! » vint dire une voix assez enjouée alors qu’il était de plus en plus surpris. C’était vraiment ses parents ?

Il pénétra à l’intérieur de la pièce, remarquant au final qu’il était dans la chambre de ses parents. Oh… Aussi coquette voir même bien plus que la sienne… Un lit à baldaquins avec des draps dans la soie la plus pure et belle qui existe. De l’autre côté… Il voyait sa mère couchée dans le lit, les draps remontés sur elle alors qu’il n’y avait que sa tête visible. Elle avait des cheveux bleus assez longs, lui allant jusqu’au milieu du dos et ils étaient détachés. Ses yeux saphir montraient d’où provenaient ceux de l’adolescent alors qu’elle lui souriait. Sa mère était jolie… très jolie… Mais il ne la voyait que trop rarement… Et pourquoi est-ce qu’elle lui souriait ? Il commençait à être relativement inquiet…

« Mère… Est-ce que vous allez bien ? Vous êtes souffrante ? Je n’ai pas l’habitude de vous voir dans votre lit… » murmura t-il en s’approchant d’elle.

Il détestait ses parents… Il leur en voulait tant pour ce qui s’était passé pendant son enfance… Mais là… Quand même… Et où était son père ? C’était pourtant lui qui lui avait dit de rentrer dans la pièce non ? Il passa son regard à gauche et à droite, remarquant finalement son père qui était assis sur un fauteuil en bois avec du tissu. Il avait lui aussi un léger sourire. Ah… Mais qu’est-ce que ça voulait dire ?! Ce n’était pas ses parents ça !

« Père… Vous allez bien vous aussi ? Pourrais-je savoir pourquoi je me retrouve dans votre chambre commune ? Et pourquoi vous vouliez me parler ? »

« Et bien… Je pense qu’il vaut mieux que cela soit ta mère qui te le dise. Nous avons voulu te cacher cela pendant plusieurs mois… Et bien que ces derniers temps, nous n’avons pas pu te parler très souvent… »

« Ces derniers temps ? Ces dernières années plutôt… Je ne vous ai pas revu pendant plusieurs mois, je tiens à vous le signaler, père. »

Celui-ci ne semblait même pas se soucier de ce que son fils venait de dire, l’invitant à se rapprocher de sa mère. Qu’est-ce qu’il y avait avec elle ? Cela était une bonne nouvelle non ? Sinon, ils n’iraient pas sourire. Hein ? Attendez un peu… Il observait sa mère… Puis aussi la bosse sous les draps… Elle était plutôt imposante non ?

« Mère… Qu’est-ce donc que cela ? »

« Oh… Tu veux parler de mon ventre, mon fils ? Et bien… Je voulais te laisser deviner mais… Je pense que je ne vais pas perdre plus de temps. Tu vas être bientôt grand frère. »

Il accusa le coup, restant bouche bée alors qu’il observait sa mère puis son père. Celui-ci se triturait la moustache et une petite barbe de couleur rouge. Ah… Attendez un peu… Il avait cru très mal comprendre ce qu’il venait d’entendre.

« Est-ce que tu peux répéter, maman ? »

Oups… Il oubliait les marques de politesse mais sur le coup, il n’en avait vraiment rien à faire de ces marques ! Il voulait plutôt tout savoir à ce sujet ! Il avait l’impression d’avoir très mal compris ce qu’il venait d’entendre. Pourtant, sa mère ne semblait pas s’en soucier et reprit doucement et délicatement :

« Tu vas être grand frère… C’est un garçon. Je pensais le cacher encore… mais visiblement… Il ne va plus tarder à venir. »

« Mais… Mais… Mais… Depuis quand ? Où ? Enfin ? Je… Vous êtes au courant depuis quand ? Et moi alors ? Enfin ! »

« Quand ? Il y a déjà plusieurs mois. Où ? Cela ne te concerne pas, mon fils. Nous sommes au courant depuis deux à trois mois… Ta mère nous a fait un petit évanouissement en public. »

« Mais mais mais… Pourquoi est-ce que je n’ai pas été au courant ? Et seulement maintenant ? » demanda t-il, éberlué par cette nouvelle.

« Nous avons essayé plusieurs fois de te prévenir mais tu n’étais jamais présent à ce moment-là. Nous sommes un peu inquiets… Il parait que tu causes des soucis à notre armée… »

« Inquiets ?! Pour moi ?! Et depuis quand ?! Ne vous foutez pas de ma gueule ! »

Il venait de crier, quittant la chambre en courant alors que les deux parents se regardaient longuement, la tristesse peinte sur son visage. C’était une blague ! Ses parents inquiets pour lui ! Et puis quoi encore ?! Et voilà que sa mère était enceinte et cela sans même qu’il ne le remarque ! C’était quoi cette chose ?! On se moquait de lui ! C’était impossible autrement !

« Comment ça va avec ton nouvel amoureux ? » demanda Alia à l’adolescente qui se présentait devant elle, un livre à la main.

« Je ne vois pas de quoi tu parles et avant même que tu n’ouvres la bouche, je te conseille de tourner sept fois ta langue à l’intérieur. »

« Hum… J’en ai clairement pas envie… Et puis, tu peux dire ce que tu veux, ce n’est pas moi qui manque aux enfants car je ne viens plus leur raconter des histoires »

Grrr… Elle était aussi un peu fautive sur ce coup, elle le reconnaissait… Ce n’était pas obligé de le lui rappeler de cette façon ! L’adolescente aux cheveux bruns reprit aussitôt :

« J’irai leur raconter des histoires à nouveau dès que tu auras disparue de ma vue. Je n’ai pas que ça à faire de t’adresser la parole, surtout si tu es là pour tenter de m’énerver. »

« Tu sais très bien que ce n’est pas mon genre… Je ne veux pas t’énerver… Juste te révéler… tes sentiments… Ce n’est pas dur non ? Rosa m’a tout raconté au sujet de Pete et elle. »

« Hum ? De quoi est-ce que tu parles encore ? Qu’est-ce que tu racontes ? » demanda t-elle, visiblement un peu intéressée par tout ce qu’elle venait d’entendre. Alia haussa un petit sourcil de surprise, se disant qu’elle avait visé juste avant de reprendre :

« Et bien… Lui et elle se sont embrassés pendant qu’elle le soignait. Contrairement à toi, elle n’hésite pas à prendre les devants et inversement ! »

« Où est-ce que tu veux en venir ? «  demanda t-elle une nouvelle fois, faisant face à Alia.

« Pourquoi est-ce que tu n’embrasses pas Arnaud ?! Il t’aime et tu l’aimes non ?! »

« Hum ? Tu racontes n’importe quoi. Nous ne nous aimons pas. Il en a déjà une autre. »

… … … … … HEIN ?! Là, elle était complètement statufiée de surprise. Arnaud en aimait une autre ?! Quand ça ?! Depuis quand ?! L’adolescente reprit aussitôt la parole :

« Depuis quand ? Et comment est-ce que tu sais ça ? Il te l’a dit ? »

« Il ne m’a rien dit du tout… Je le devine facilement… Et il n’a pas nié cela. »

« Hum… Mon œil ! Je lui poserais moi-même la question puisqu’il en est ainsi ! Je ne sais pas ce que tu me racontes comme bobard et je demande clairement si tu ne me mens pas ! Car là, je ne crois pas que ça soit possible ce que tu me dis… J’en ai même bien peur que ce n’est pas du tout la vérité ! Tu vas arrêter de mentir pour rien ! »

« Je ne mens pas… Il en aime une autre et il faut accepter la réalité. Si tu n’as rien d’autre à me dire, Alia… Alors, je vais me retirer. »

Comme si elle n’avait rien d’autre à dire ! Là ! Elle lui tapait réellement sur les nerfs ! En un sens, elle n’avait pas nié qu’elle aimait encore Arnaud ! Non ! Elle avait simplement dit qu’Arnaud en aimait une autre ! Et ça… Ce n’était même pas confirmé !

« TU RESTES ICI, LILY ! Faut qu’on parle ! »

« La discussion est maintenant terminée… Si tu as besoin de moi, tu attendras demain. »

Elle attendra demain ? AH ! Oh que oui, elle allait attendre ! Elle s’éloigna de Lily avec fureur, serrant les deux poings avant de reprendre sa forme de poisson au niveau de ses jambes. Ce genre de choses, l’absence de sentiments, tout… Ca commençait à lui porter sur les nerfs ! Lily était sa meilleure amie et elle ne comprenait pas qu’en niant tout ça, elle se détruisait le moral peu à peu ?!

… … … La nuit était passée et dès l’aurore, elle s’était présentée à la sortie du palais royal, attendant Lily. Oh… Il était assez difficile de voir le soleil à travers le premier plafond mais qu’importe… Elle savait parfaitement qu’elle s’était levée bien assez tôt pour ça !

« Qui est-ce que tu attends ? » demanda une voix derrière elle, la forçant à se retourner pour apercevoir Lily qui avait deux livres dans les mains.

« TOI ! Tu m’accompagnes tout de suite sur la plage ! »

« Malheureusement, ça ne sert à rien. Tout le monde dort ou presque. Arnaud ne vient jamais à cette heure-ci et je n’ai pas envie de le voir. Je vais raconter une histoire aux enfants… Le temps que j’arrive, ils seront réveillés. »

« … … … Vas leur raconter une histoire mais d’ici deux heures, je te traîne de force là-bas. »

« Fais comme tu veux… Tu vas t’épuiser inutilement mais qu’importe… »

Qu’importe… Grrr ! Elle lui prenait sérieusement la tête quand elle parlait comme ça ! Ca commençait franchement à l’exaspérer de rester autant de marbre. Elle s’éloigna une nouvelle fois, oh… Dans deux heures… Oui dans deux heures…
Les minutes s’étaient écoulées rapidement, l’adolescente avec ses deux livres se retrouvant entourée par les jeunes filles et garçons des soldats partis à la guerre. Ah… Elle semblait plus émotive, racontant les histoires avec une envie plus grande… Même si elle ne le remarquait pas elle-même. Puis peu à peu… Une heure passa… Puis une seconde.

« La princesse Lily doit partir les enfants… Je suis désolée mais elle doit aller voir son amoureux. J’espère que vous comprendrez qu’elle ne peut pas rester. »

« Mademoiselle Lily a un amoureux ? C’est qui ? C’est qui ?! Elle peut nous le montrer ? Dites, mademoiselle Lily ! Vous voulez bien nous le montrer ! »

« Je n’ai pas de personnes que j’aime… Alia raconte des sottises, les enfants. »

Pfff… Ils étaient sûrs que ce n’était pas la vérité ! Cela se voyait sur le visage de l’adolescente ! Celle-ci referma ses livres, suivant maintenant Alia sans même être forcée. Autant se débarrasser de ça tout de suite… Qu’elle comprenne enfin qu’il n’y avait rien à faire entre elle et Arnaud. Elles se dirigèrent à la surface, revenant sur la fameuse plage des monstres tandis que le soleil était maintenant bien levé dans le ciel.

« Il ne nous reste plus qu’à attendre l’arrivée d’Arnaud. Et tu restes à côté de moi. »

« Je ne comptais pas m’enfuir de toute façon… Ce n’est pas mon genre et je ne suis pas ainsi, tu devrais pourtant le savoir, Alia… Mais bon… Les années ont passé et tu préfères ignorer ce que je suis devenue en te rattachant à ce que j’ai été. »

« Arrêtes tes belles paroles, je te préviens tout de suite : ça ne marche pas avec moi. »

« Ah… Bonjour ? Lily… Alia… »

L’adolescent aux cheveux bleus était arrivé, le visage sérieux et tiré par quelques rides de sommeil. Il n’avait pas réussi à s’endormir cette nuit à cause de tout ce qu’il venait d’apprendre. Il se présenta devant les deux adolescentes, embrassant leurs mains :

« Vous allez bien toutes les deux ? Bien dormies ? Je viens à peine d’arriver alors… »

« Je vais vous laisser… Ah non ! Arnaud ! J’ai quelque chose à te dire de la part de Lily. Elle est un peu timide et n’ose pas te le dire en face alors je vais… »

« Je ne suis pas timide et je n’ai pas peur de lui dire en face. Il n’y a pas s’en faire à ce sujet. »

« De quoi est-ce que vous voulez parler les filles ? »

« Et bien, Lily t’aime, c’est tout ! Elle veut savoir ce que tu ressens pour elle ! »

Hein ? Il haussa les épaules comme pour signaler sa surprise alors qu’Alia écarquillait les yeux. Lily s’était déjà retournée pour repartir alors qu’Alia reprenait :

« C’est quoi ça ? Tu pourrais quand même réagir un peu plus ! »

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise, Alia ? Je ne sais pas quoi répondre moi… »

« Est-ce que tu l’aimes ou non ?! C’est pas dur à répondre pourtant ! Oui ou non ! Si c’est non, pourquoi est-ce que c’est non ?! Et si c’est oui… Embrassez-vous ! »

« Je ne sais pas trop… J’ai autre chose en tête. » souffla t-il alors qu’il passait une main sur son front, Alia ne semblant guère apprécier tout ça.

« TU PEUX ME DIRE CE QUI EST PLUS IMPORTANT QUE CA ?! »

« Ma mère et mon père vont avoir un enfant… Je vais être grand frère, voilà tout. » souffla t-il en haussant les épaules, reprenant aussitôt : « Donc tu peux remarquer que j’ai autre chose dans la tête que ça et… »

« Normalement, tu ne devrais pas détester tes parents ? Alors pourquoi est-ce que tu es au courant de tout ça, Arnaud ? » demanda aussitôt l’adolescente aux cheveux bruns en se retournant à nouveau vers lui pour lui faire face.

« Merci de mettre les pieds dans le plat de cette manière aussi délicate qui te caractérise tant maintenant, Lily. » souffla t-il en serrant les dents.

« Vous me fatiguez tout les deux… Débrouillez-vous sans moi ! »
Elle en avait plus qu’assez ! Elle salua Lily et Arnaud, les laissant seuls alors qu’elle quittait la zone. Elle en avait marre de ces deux personnes. L’un comme l’autre n’arrivait clairement pas à dire ce qu’il ressentait exactement. Arnaud la regarda partir avant de demander :

« Tu sais ce qui lui prend ? Elle n’avait pas l’air dans son assiette. »

« Je crois qu’elle n’a pas accepté le fait que tu aimes quelqu’un d’autre que moi. »

« Ah ? C’est juste ça ? Ce n’est rien de bien dramatique alors puisque je n’aime personne. »

« Ah ? Je pensais que tu aimais une autre fille. »

Elle se positionnait correctement en face de lui, l’adolescent étant quand même plus petit qu’elle. Ah… C’était ça les Barpau… Au fur et à mesure, ils grandissaient et peu à peu… Non… Rien que l’idée d’y penser n’était pas une bonne chose.

« J’ai déjà dit que je n’aime pas réellement pas quelqu’un, je vous apprécie. Qu’est-ce que vous avez toutes à vouloir que je sois amoureux ? C’est si important que ça ? »

« Cela ne m’importe pas du tout. Je n’ai que faire de tout ça. »

« D’accord ! Merci de me soutenir pfff ! J’en ai vraiment ras la tête de tout ça ! »

« Et alors… Comme ça… Tu vas être grand frère ? »

Hein ? Ah… Oui… Elle venait de s’adresser sur un ton presque doux. Il poussa un profond soupir, la jeune demoiselle l’invitant à s’asseoir à même le sable et à cet endroit alors qu’il cherchait les mots pour prendre la parole correctement :

« Oui… Mon père et ma mère… Enfin non… Ma mère est enceinte et c’est pour bientôt. »

« Pourquoi est-ce que tu n’es pas heureux ? Tu devrais l’être non ? »

« Pourquoi je le serais ? Sincèrement… C’est peut-être la première fois… depuis plus de dix ans… que j’ai vu un sourire sur les lèvres de mon père… Et ma mère qui me parlait gentiment… Nous ne sommes plus une famille ! Nous ne le sommes plus ! »

« C’est ta vision des choses… Je ne sais pas quoi de te dire exactement mais je pense que tu te trompes lourdement sur tes parents. Vous devriez prendre cette naissance pour vous rapprocher tous ensembles. Tu devrais être content non ? Même pas un peu ? »

« Je suis vraiment… content d’avoir un petit frère… Oui… Vraiment… Je vais pouvoir m’occuper de lui car mes parents n’auront jamais de temps pour ça. Je vais peut-être même demander à ce que l’on déplace ma chambre pour qu’elle soit proche de mes parents. Comme ça, s’il y a un problème, je serais là très rapidement. »

« Hum… Tant mieux alors… Je dois signaler que je suis contente pour toi, n’est-ce pas ? »

« Si tu pouvais déjà sourire un peu, ça serait plus crédible que ton regard froid et glacial. »

Sourire ? Elle pouvait se forcer pour lui… Elle ouvrit la bouche, émettant un petit sourire légèrement triste alors qu’il soupirait une nouvelle fois.

« Je crois que je t’en ai trop demandé, Lily. Laisse tomber en fin de compte. »

« Je n’arrive pas à me forcer… à sourire. J’en suis désolée. »

Désolée de quoi ? Pfff… Il valait mieux ne rien dire pour ne pas être déçu. Il vint prendre sa main, lui disant de le suivre pour qu’ils puissent se balader un peu. Au moins, ils allaient discuter de son futur petit frère, cela ne serait pas une mauvaise chose. Marchant sur la plage, il reprit la parole après quelques secondes :

« Je n’ai jamais eu de petit frère ou de petite sœur. Je ne sais même pas comment je dois m’en occuper, comment je dois l’amuser et toutes ces choses… »

« Est-ce que tu penses que j’ai de la famille à part mes parents ? Ce n’est pas le cas… »

« Mais il paraît que tu t’occupes d’enfants ! Comment est-ce que tu fais ?! Comment est-ce que tu les calmes ?! Comment est-ce que tu les amuses ? Les berces ? Les distraits ? »

« Wowowow… Arnaud… C’est bon, calme-toi… Pas besoin de s’emporter non plus. »

Oups… Il avait fait un peu de zèle, il l’avouait… Et elle remarquait parfaitement que l’adolescent était plus que ravi par l’arrivée de son petit frère. Hum… Bon… Qu’est-ce qu’elle pouvait dire en fin de compte ?

« Leur raconter des histoires provenant de différents livres. Les enfants aiment écouter mais ne va pas leur donner des livres compliqués. Ils veulent des contes et des histoires qui finissent bien. Je ne sais pas… Celle de la Barpau si laide mais qui finalement fut aimée malgré sa laideur au point qu’elle en devint belle. »

« Oui… Je vois… Ce genre d’histoires à l’eau de rose et super gnangnan. Enfin bon… Et après ? Pour les nourrir ? Les bercer ? »

« Ce ne sont pas des bébés mais de jeunes enfants. Ils doivent avoir quatre à cinq ans. »

Ah… D’accord… Il n’avait pas compris ça comme ça à la base… Enfin bon… Et ensuite ? Et après ? Qu’est-ce qu’ils devaient faire ? Elle reprit la parole, un peu étonnée de l’écoute que l’adolescent avait envers elle. Il était vraiment fasciné…

« Ensuite… Hum… Pour les repas… Il faut éviter de leur préparer des choses trop lourdes et aussi les emmener aux toilettes quand ils doivent faire leurs besoins. »

« D’accord… Euh… Ca… Je laisserai peut-être les servantes le faire à ma place… Car là, je ne me sens pas du tout qualifié pour ce genre de choses. Pfiou… »

« Hum… Là… Je suis plutôt déçue de ce que tu viens de dire… Tu ne veux pas t’occuper complètement de ton petit frère ? »

« Je suis son grand frère, pas sa nourrice… Enfin bon… Je reste dans mon rôle de grand frère, pas de père… Hého… Je suis trop jeune pour avoir un enfant. »

« Qui a parlé d’avoir un enfant ? Tu as des idées vraiment saugrenues, Arnaud… Il faut se l’avouer. Enfin bon… Ce n’est pas cela le problème. »

« Et c’est quoi alors le problème, mademoiselle Lily ? » dit-il en lui souriant. L’adolescente détourna le regard, le dirigeant vers l’océan avant de s’accroupir. Elle prit un peu de sable, reprenant d’une voix lente et calme :

« Si tu veux… Un jour… Je peux t’emmener sous l’océan… »

« Et je respire comment ? Car je te rappelle que je ne sais pas vraiment nager… et surtout respirer sous l’eau… Donc c’est un peu difficile en fin de compte… »

« Hum… Et tu ne t’es pas demandé ou dit que je pouvais te faire respirer sous l’eau si je le désirais ? Ou alors mes parents pourraient faire cela ? »

Ses parents ? AH ! C’est vrai qu’il n’avait jamais vu les parents de Lily… et inversement. Enfin bon… Pourquoi il devrait présenter ses parents ? Ils étaient très bien ensembles et ils étaient heureux, tout ça quoi… Ils ne se connaissaient pas plus que ça. Ah ! Il compliquait tout dans sa tête ! Il s’écria légèrement :

« Ca va ! Ca va ! J’ai compris ! Je ferais des efforts ! Je n’ai pas besoin de venir voir tes parents ! Et puis de toute façon, pourquoi est-ce que je voudrais aller dans l’océan ?! »

« Je… pensais que cela te ferait plaisir… Mais visiblement, je me suis trompée. Désolée. »

« Hein ? Attends… Un petit peu… Lily… »

Il venait de commettre une grosse bêtise et il le sentait parfaitement. Il vint serrer l’adolescente dans ses bras, celle-ci restant contre lui alors qu’il lui caressait le dos. Oh punaise… Il ne savait même pas pourquoi il faisait cela… Il n’avait pas l’habitude. A croire qu’il était juste capable de serrer des personnes pour les réconforter.

« Si tu n’as pas besoin de moi… Et de toute façon, tu n’es pas pardonné. »

« Je sais parfaitement que je ne suis pas pardonné… Mais bon… Ne t’en fait pas… »

« C’est à toi de t’en faire, nullement à ma personne. » répondit-elle bien qu’elle ne bougeait pas de ses bras. Il savait parfaitement ce qu’elle voulait à ce moment.

Maintenant qu’il savait quoi faire de son côté avec ses parents, il allait devoir retourner auprès d’eux et attendre le bon moment… Celui de la naissance de son petit frère. Et tout ce qu’il savait, c’est que cela était pour bientôt, héhéhé ! Il embrassa l’adolescente sur les joues, disant qu’il devait partir pour épauler les soldats des Barpau avant de repartir chez lui.

Ah… Dès l’instant où il posa un pied dans le château, plusieurs serviteurs arrivèrent vers lui, complètement affolés. L’un d’entre eux s’écria :

« Prince Arnaud ! Prince Arnaud ! C’est pour aujourd’hui ! »

« Hein ?! Mais je croyais que cela devait prendre quand même un peu de temps ! Où est ma mère et mon père ?! Dans la chambre ?! »

« Nous allons vous guider là-bas, nous avons déjà appelé les médecins pour qu’ils viennent s’occuper de ça ! »

« Tant mieux ! » dit-il avec un peu de stress. Vraiment… Cela ne pouvait pas attendre un peu ?! Le bébé allait venir aujourd’hui ?! AH ! Il devait se trouver avec sa mère et son père pour la naissance ! Enfin non… Après la naissance…

Il se retrouva devant la double porte de la chambre de ses parents, plusieurs soldats bloquant l’entrée alors qu’il s’approchait d’eux. Ils se positionnèrent de telle sorte pour l’empêcher de pénétrer dans la pièce, disant calmement :

« Nous sommes désolés… Mais cela est très dur… pour le roi… et la reine… »

« Comment ça ? Très dur ? Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?! »

« Je ne peux rien vous dire, j’en suis désolé mais il semblerait que l’accouchement se soit mal passé… Ou plutôt est en train de très mal se passer… »

« Pardon, pardon, veuillez nous laisser passer ! Pardon ! »

Plusieurs personnes aux ailes cotonneuses rentrèrent dans la chambre, ayant différents sacs en main alors qu’il restait immobile. Comment ça… Qu’est-ce que ça voulait dire ?

« Vous allez me laisser passer ? Ou alors, je vais devoir vous forcer la main ? »

« Pardonnez-nous, prince Arnaud mais les ordres sont les ordres et… »

« J’en ai STRICTEMENT RIEN A FAIRE DES ORDRES ! » hurla t-il alors qu’il faisait apparaître ses ailes dans le dos, les soldats semblant plus qu’inquiets par cela.

« Pardonnez-nous d’insister… Prince Arnaud… Cela ne prendra que quelques minutes ou heures… Soyez patient, je vous en prie. »

« C’est bon… Vous avez réussi à me prendre la tête. DEGAGEZ MAINTENANT ! »

Il venait de créer un puissant vent, repoussant les soldats sur les côtés avant de pénétrer avec violence dans la chambre, regardant à l’intérieur. Ah… Ah… Ses parents… avaient besoin de lui… Et là… Qu’importe ce qui s’était passé pendant ces dernières années, il devait être là ! C’est tout ! C’était presque comme une obligation ! Ah… Des petits cris… Des petits pleurs… Il entendait les cris d’un bébé… Avec lenteur, il s’avançait vers sa mère couchée dans le lit, son père étant à genoux à côté du lit du lit tandis que les médecins vérifiaient une dernière fois que tout se passait pour le mieux. Puis après… Ils partirent… tout simplement…

« Tu peux venir, Arnaud… Il ne va pas te manger… »

« Maman… Qu’est-ce qui s’est passé ? J’ai entendu… que c’était dangereux… que… Qu’il avait des problèmes et que… »

« Le cordon ombilical s’était entouré autour de ton petit frère… Mais maintenant, c’est bon… Tu veux le voir ou non ? » demanda sa mère alors qu’il ne savait pas quoi faire.
S’approcher ? Ne pas s’approcher ? Il regardait son père, puis sa mère, un peu surpris et apeuré. Apeuré de quoi ? Qu’est-ce qui lui faisait si peur que ça ?

« Est-ce que tu as déjà un nom… à lui donner, Maman ? »

Il ne savait pas où se mettre, il ne savait pas quoi dire. Il était complètement perdu et déboussolé, ah… ah… Le petit enfant… aux yeux bleus comme lui mais il avait aussi des cheveux rouges. Un curieux mélange… mais il était vraiment mignon.

« Tu veux qu’on te laisse décider ? Tu peux choisir si tu le désires… »
« Je… Maman… C’est quand même… important… Et si je disais un nom… stupide ? »
« Nous te faisons confiance à ce sujet, mon fis… ton. » murmura l’homme alors qu’Arnaud retenait ses larmes. Non… Il ne devait pas pleurer, bordel ! Pourquoi maintenant ?
« … … Icare ? » souffla Arnaud tandis que ses parents le regardaient assez stupéfaits.
« C’est un nom assez spécial… n’est-ce pas ? Mais sa sonorité ne me déplait pas. Tu en penses quoi, mon amour ? » demanda l’homme en s’adressant à la mère d’Arnaud.
« Personnellement, je trouve que c’est un très joli nom. Il a quelque chose d’assez mystique. »
Alors, c’était bon ! Dorénavant, le bébé allait s’appeler ainsi ! Le père tapa dans ses deux mains, se levant finalement tout en disant :
« Nous attendrons quelques temps mais nous organiserons une fête pour la naissance de ton petit frère, Arnaud. Nous en avons fait une pour toi, il est normal que ton petit frère en reçoit une aussi. »
Ah… Une fête… Bien entendu… L’adolescent arrêta de sourire mais son père reprit aussitôt :
« Bien entendu… Il faut que tu sois présent, Arnaud. Il est même grand temps que tu nous accompagnes pour les festivités que nous organisons. Tu pourras même inviter la jeune demoiselle avec qui tu parles un peu trop souvent à notre goût. »
Hein ? Ils… Ils parlaient d’Elizabeth ? Ah… Oui… Peut-être… Pfiou… Comment est-ce qu’ils étaient au courant ? Il vint rougir légèrement, ses parents souriant. Au final… Il n’avait pas été si inexistant que ça… à leurs yeux… Il se sentait fautif… Mais maintenant qu’Icare était né… Il était temps de reformer une véritable famille.

Chapitre 13 : Toujours à son service

ShiroiRyu
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Chapitre 13 : Toujours à son service

« … … … Lily … … … »

Il n’arrivait pas à croire qu’elle se retrouvait en face de lui… Comme ça… Alors qu’il avait atterri sur le sable. Instinctivement, il fit un petit pas en arrière, se rappelant du cauchemar de la veille alors qu’elle murmurait d’une voix calme :

« Oui… C’est moi. Il y a un problème à ce que j’apparaisse devant toi, c’est ça ? »

« Non… Non… Pas du tout… Il n’y a aucun… problème… Ca ne me dérange pas du tout… Enfin… Je suis plus… étonné qu’autre chose… Je dois te l’avouer… Je ne pensais pas te revoir… devant moi… C’est plutôt une agréable surprise ! »

« Hum ? Si tu le dis. Tu veux bien m’expliquer ce que tu fais ici ? Pendant que nous marchons ? J’ai cru comprendre que tu dirigeais parfois les opérations. »

Hein ? Mais non ? Non ! Ce n’était pas du tout ça… Et puis… Hein ? Elle venait de quoi ? De lui proposer de marcher ensemble ? Bien entendu ! Il en serait ravi ! Elle s’éloignait déjà dans le sable, l’adolescent venant la rejoindre avec entrain alors qu’un petit sifflement se faisait entendre au loin.

« Je l’avais dit qu’elle reviendrait… Je l’avais dit… Il suffit maintenant d’attendre qu’ils reparlent un peu tous les deux. » vint murmurer une voix amusée, Alia apparaissant derrière une tente plantée dans le sable.

« Hum… D’accord, d’accord… Je le reconnais : tu avais complètement raison. Elle est à nouveau folle de lui ! Ca ne se voit pas mais ça se sent… Ah… Pfff… » souffla Phoebe en haussant les épaules, Alia reprenant aussitôt :

« Et puis ? Pourquoi est-ce que tu soupires ? Tu n’es pas contente pour elle ? »

« Si si… Bien plus contente que tu ne le crois… Mais c’est dommage… J’aurai bien voulu tenter ma chance avec lui… C’est vraiment triste… et dommage… Ah bon… Ca ne fait rien ! C’est la vie, n’est-ce pas ? J’irai me chercher un gentil petit copain ailleurs… » termina Phoebe alors qu’Alia rigolait avec amusement.

« Hum ? Au passage ? Où est Rosa ? »

« Ah ? Elle doit être avec Pete… Elle n’arrête pas de toute faire pour qu’il soit propre et qu’il se lave… Ah… Vraiment… Pourquoi est-ce qu’il ne reste pas avec les autres ? »

« Il a l’habitude de s’occuper de lui-même tout seul… Je ne pense pas qu’il veuille que d’autres prennent soin de lui… C’est dommage… Il y a toujours des jolis garçons… »

« Ah ? Toi… On croirait presque que tu fais plus que l’apprécier. »

Alia fit un sourire à Phoebe, hochant la tête d’un air négatif. Non… Ce n’était pas du tout ça au final. C’était juste qu’elle était… amusée… par ce qui se passait… Oui… C’était plutôt ça… Elle trouvait cela amusant… de voir ce que les personnes autour d’elle devenaient.

« Euh… Et bien… Comment est-ce que je peux te le dire… Je ne sais pas trop… »

« Hum ? Je t’ai pourtant demandé une chose très simple, non ? »

« Oui mais… Je ne sais pas comment la formuler… Je ne m’attendais pas à ce que tu reviennes devant moi… Lily… Tu hantes toutes mes nuits… »

Bon au moins, ça, c’était fait. Elle le regardait avec un petit haussement de sourcil. Elle hantait toutes ses nuits ? Comment ça ? Ce n’était pas le genre de choses que l’on disait à la légère… Mais le jeune homme semblait vraiment sérieux… Il reprit aussitôt :

« Je… Je… Depuis que je t’ai vue… dans le sable… puis ta noyade… Tu me fais peur… Et je me fais peur… Je … Je ne veux pas que ça se passe comme ça ! Est-ce que tu exprimes de la pitié envers moi ?! Pour que tu reviennes ainsi ?! »

« De quoi est-ce que tu parles… Tu es complètement malade, n’est-ce pas ? Je suis venue simplement car je voulais savoir ce que toi… Tu es devenu… Mais visiblement… Tu n’as pas l’air très bien dans ta tête… Auparavant, tu semblais avoir des soucis de courage… Maintenant, ce sont des soucis mentaux…. Ca ne s’arrange pas ton cas… »

Elle faisait demi-tour, s’apprêtant à partir mais il la retint par le bras, la tirant à lui alors qu’elle lisait autant de surprise dans ses yeux que dans les siens. Il murmura :

« Ta peau… Elle ne mue plus ? Tu ne la perds plus ? Depuis quand ? »

« Lâche-moi… Si tu ne comprends pas que pour nous… Le stade de l’enfance est celui de la laideur… Je ne peux rien pour toi… »

« Tu n’es pas laide ! Tu ne l’as jamais été ! Je… J’étais un imbécile quand j’étais enfant ! »

« Tu es resté alors un gamin… Lâche mon bras… s’il te plaît. »

« Il en est hors de question, Lily ! Je ne le lâcherai pas ! Je… Je suis si content de te revoir… Je… Ne t’en fait pas ! Ce foutu général et son fiston adoré payent très cher ce qu’ils t’ont fait… Depuis des années, leurs vies sont un enfer… »

« Ah bon ? Et à cause de qui ? De toi ? Raconte-moi ce que tu leur fait… »

Ah… Ce n’était pas très difficile ! Il la relâcha alors qu’il se mettait à raconter tous les petits pièges qu’il mettait en place pour rendre de plus en plus ridicule Loïc. Oh ! Ce n’était pas très difficile mais terriblement exaltant ! Et puis, il n’osait pas le frapper ! Il était le prince… Ah et oui… Le général… Celui-ci ne pouvait rien dire ou faire… Il ne pouvait que… tenter de dire qu’il le ferait tomber… Mais bon… Pas de chance ! C’était souvent lui qui finissait souvent sur les rotules… Héhéhéhé ! C’était particulièrement intéressant… Au fur et à mesure de son récit, l’adolescente restait près de lui, se rapprochant même. Il ne le remarquait pas, complètement plongé dans son histoire mais elle savait qu’il ne mentait pas… Il était trop exalté dans ses paroles pour mentir… Non… C’était la pure vérité… Il avait vraiment fait tout ça… pour elle… non ? Il avait pris trop de risques… et qu’importe si il était le prince ou non… Ah… Oui… Il était encore un parfait imbécile.

« Tu prends donc autant de risques… pour ça ? D’après ce que je crois comprendre… »

« Prendre des risques… AH ! Ne t’en fait donc pas ! Depuis le temps, je serai normalement en prison si je n’avais pas été le prince. »

« Fais attention car un jour, ton rôle de prince ne voudra plus dire grand-chose. »

Hein ? Pourquoi est-ce qu’elle disait ça ? Il s’était tourné vers elle, un peu surpris avant de comprendre… Ah… Quel idiot… C’était vrai… que certains ne s’étaient pas gênés pour la frapper alors qu’elle était une princesse. Alors qu’elle le regardait avec neutralité, il se positionna en face d’elle, reprenant d’une voix lente :

« Ne t’inquiètes plus… Maintenant… Je te promets qu’il n’arrivera plus rien du tout… »

« Ne refait plus jamais de promesses… Tu n’es pas capable de les tenir, Arnaud. »

« Je t’ai dit que tu ne souffriras plus ! Et je tiendrai parole ! D’accord ?! »

Elle émit un petit rictus en écoutant les mots de l’adolescent, fronçant les sourcils alors qu’il venait subitement l’enlacer la prenant dans ses bras : Tout de suite, elle commença à trembler. Arnaud ne voulait pas la lâcher, la gardant contre lui tout en disant :

« Je te fais une promesse et celle-là, je ne la briserai pas ! »

« A… Arrête ça… Tu sais… Très bien que… Ce n’est pas possible, Arnaud. »

« Tu commences enfin… à parler comme avant. »

Ce n’était pas vrai ! Elle ne redevenait pas comme avant ! Elle ne le redeviendrait jamais ! Cette blessure n’allait jamais se refermer ! JAMAIS ! Elle… Elle… Elle… Elle poussa un profond soupir, fermant les yeux alors qu’Arnaud faisait de même.

« Je ne serais plus jamais… comme ça… C’est fini… Je ne suis plus une enfant… »

« Et moi non plus… Ca va un peu mieux ? »

Elle ne hocha pas la tête, ne lui répondant pas alors qu’elle baissait légèrement sa main le long de son corps. Avec un peu de peur, elle glissa ses doigts entre ceux de l’adolescent, celui-ci rougissant violemment alors qu’elle posait sa tête de côté contre son torse.

« Non… Ca ne va pas mieux… Tu es revenu… »

« Tu disais que j’étais très chiant… Je ne fais que confirmer tes dires hein ? »

« Tais-toi… C’est bon… Ca me suffit… »

Elle poussa un profond soupir, l’adolescent s’immobilisant ainsi qu’elle dans le sable. Ils étaient dans un lieu tranquille, les laissant en toute intimité. Ah… Ils avaient besoin d’être seuls et isolés du monde… pour une heure. Elle ne lui en voudrait plus.

« … … … Pete ?! Tu es blessé ?! »

Rosa venait de s’écrier, alors que l’adolescent aux cheveux verts avait le bras gauche ensanglanté, plusieurs entailles étant visibles sur celui-ci. Elle s’approcha de lui rapidement tandis qu’il détournait la tête sans répondre. Elle s’écria avec colère une nouvelle fois :

«  Tu me réponds ou je te donne directement une baffe dans la figure ?! »

« … … … Des soldats m’attendaient dans les airs… Heureusement que je suis plus doué qu’eux pour le combat aérien… J’ai réussi à leur échapper… »

« Mais tu es tellement stupide que tu es blessé ! Viens par là, il faut que je te soigne ! »

Elle lui prenait le bras droit, le forçant à la suivre alors qu’ils passaient à travers les tentes et les soldats. Plusieurs têtes se tournaient vers eux, certains tentant d’avoir des réponses au sujet des questions concernant Pete. Qui avait réussi à le blesser ? Comment est-ce qu’il s’était fait ça ? Est-ce que c’était grave ?

« Hein ? Attends un peu… C’est moi ou… » demanda Pete avant de poser son regard au loin.

« Hum ? Qu’est-ce qu’il y a ? AH ! Non mais je rêve ! » dit-elle avant de prendre rapidement la main de Pete, la tirant avec lui pour qu’ils se cachent derrière une tente.

« C’était bien… le prince… non ? Et il était avec… »

« Oui… Il était avec Lily… Tu as remarqué leurs mains ? »

Il hocha la tête d’un air négatif, jetant un petit d’œil avant de se cacher aussitôt. C’était bon ! Il avait vu les deux mains ! Et c’était largement suffisant ! Il ne pouvait s’empêcher de sourire.

« Je n’arrive pas à y croire… Je suis si content pour lui… Il le méritait après tout ce qu’il a fait pour se faire pardonner… Je… Tu crois qu’il vaut aller leur parler ? »

« Tu n’y connais vraiment rien ! On va les laisser tranquilles et lorsqu’ils auront envie d’en parler, on sera les premiers à le savoir. Bon… En attendant… Ramènes-toi là ! »

« Hein ?! Hey ! Lâches-moi ! AHHHH ! Ne me tire pas dans cette tente ! »

« Fais pas l’enfant, Pete ! Je dois te soigner ton bras droit ! Pfff… »

D’accord, d’accord ! Il se laissait parfaitement faire ! De toute façon, elle ne lui laisserait pas le choix s’il en avait eut la possibilité. Ils s’enfoncèrent dans la tente derrière laquelle ils s’étaient cachés, Rosa sortant une trousse de secours avant de cracher sur les bandages qu’elle récupéra à l’intérieur.

« J’arrive toujours pas à croire que vos crachats soignent les plaies… Il faudrait vraiment que je m’y habitue un jour… Même si c’est dégueulasse à regarder. »

« Roh… Arrête de te plaindre, c’est bon ! Sinon, je serre le bandage au point de rendre ton bras complètement bleu par impossibilité d’irriguer le sang. Tu en penses quoi ? »

« Oui… Madame Rosa… » souffla t-il en baissant la tête, un petite sourire aux lèvres auquel elle répondait aussitôt en soignant ses entailles. C’était mieux quand il était bien sage.

Il ne disait plus rien, restant immobile alors qu’elle vérifiait que tout était bien placé chez l’adolescent. Voilà… Plusieurs minutes s’étaient écoulées alors qu’il murmurait enfin :

« Merci pour ces bandages… Je suis sûr que je pourrais retourner au combat très bientôt. »

« N’en fait pas trop, tu n’es pas immortel… Tu es peut-être un dragon, ce n’est pas pour ça que tu es capable de faire des miracles. »

« Je n’ai jamais dit cela, Rosa… Ne t’en fait pas… Je ne veux pas te faire pleurer. » répondit-il en lui tapotant la tête tendrement, l’adolescente rougissant légèrement.

« D’accord… Si tu me le jures… Alors je veux bien te laisser combattre… Mais fais vraiment attention à toi… Tu n’es pas… »


Rah ! Elle s’inquiétait pour un rien ! Il vint tapoter ses jambes, invitant l’adolescente à s’asseoir dessus alors qu’il lui souriait. Qu’elle arrête de s’en faire, ça ne servait à rien de se compliquer la vie pour ça. Loin de là même ! Elle hocha la tête d’un air positif, déposant la trousse de secours avant de venir sur ses jambes. Elle posa sa tête sur son épaule, l’adolescent la gardant contre lui en faisant un petit sourire.

« Immortel… Je sais très bien… Tu te répètes. Il est hors de question que je mette dans un sale état surtout si c’est pour que tu sanglotes… Donc je vais tout faire pour éviter cela. »

Elle ne lui répondit pas, fermant ses yeux alors qu’il lui caressait le dos avec tendresse. Depuis des années… Malgré ce qui s’était passé… Elle était venue pour s’occuper de lui… Lorsqu’elle… l’avait découvert… échoué sur une plage… Recouvert de blessures… C’était là qu’elle avait compris ce qu’elle avait à faire.

« Pete… Tu sais… que… Tu sais que… Tu sais que… Je voulais te dire que… »

« Chut… Tais-toi… Je sais très bien… »

C’était la moindre des choses au final… Oui… C’était celle qui le soignait depuis toutes ces années… C’était donc normal… qu’il… fasse ça ? Il souleva son menton, embrassant tendrement l’adolescente aux cheveux rouges alors que celle-ci se laissait faire. Après quelques instants, ils arrêtèrent de s’embrasser, l’adolescente pleurant légèrement de joie tandis qu’il rougissait. Il n’avait pas l’habitude… de tout ça.

« Bon… Je crois qu’il vaut mieux que je m’en aille maintenant. Je ne peux pas rester ici. »

« Non ! Tu peux rester ici ! Tout le monde t’accepte ! Tu es l’un des nôtres, Pete ! Tu n’as pas à aller dans un coin où tu seras tout seul et où tu risquerais de mourir bêtement ! S’il te plaît ! Ne fait pas cette bêtise ! » s’écria Rosa alors qu’il la remettait debout, un petit sourire aux lèvres. Hey… C’était comme ça… et pas autrement malheureusement.

Ils étaient ressortis de la tente, chacun n’osant prendre la main de l’autre alors que Pete observait l’océan puis le ciel. Lentement, ses deux ailes apparaissaient dans son dos, majestueuses et magnifiques alors qu’il commençait déjà à les battre.

« … … … … … Je reviendrai demain. Passe une bonne journée, Rosa. »

« Ca ne sera pas pareil… Mais merci… Passe une bonne journée et prends bien soin de toi. »

Elle lui disait cela alors qu’il s’éloignait dans les airs, remarquant Arnaud et Lily. Les deux adolescents parlaient entre eux, marchants dans le sable. Pourtant, ils levèrent la tête pour l’apercevoir et il accéléra aussitôt sa vitesse, subitement gêné par le fait que le prince l’avait remarqué. Le prince… Il ne voulait plus lui parler… Chacun avait fait sa vie…

« C’était Pete… Il ne m’a toujours pas parlé… Je crois qu’il m’en veut encore… »

« Qui ne t’en voudrait pas, Arnaud ? Est-ce que je dois te rappeler ce que les Tyltons m’ont fait ? Et ce que le prince m’a fait ? »

Non… Il n’avait pas besoin de le savoir… puisqu’il connaissait la réponse. Il baissa la tête, murmurant quelques mots intangibles alors qu’elle restait là, le regard neutre. Elle ne voulait pas parler de tout ça… même si… Elle était un peu… inquiète au sujet de Pete.

« Qu’est-ce qui s’est passé exactement avec Pete ? J’ai cru comprendre qu’il avait des problèmes ou des soucis, non ? »

« Ah… Oui… Ah ! Pardon ! Lily ! Je dois m’en aller absolument ! »

Il venait de faire apparaître ses deux ailes dans son dos, retirant sa main de celle de l’adolescente aux cheveux bruns alors qu’elle ne comprenait pas ce qui se passait. Il semblait relativement inquiet par tout ça.

« Je vais lui parler ! Je dois m’en aller maintenant, Lily ! Je suis vraiment désolé ! »

« Pourquoi maintenant et pas auparavant ? Qu’est-ce qu’il y a de si spécial aujourd’hui ? »

« Je ne peux pas te le dire… mais… Bon… Si… Juste que le général avec son fils à papa en a clairement marre de mes agissements et de ceux de Pete ! Je dois le mettre en garde ! »

« Vas-y alors… Je te laisse partir… Et sinon… Arnaud… Sincèrement… »

« Oui ? Lily ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu veux me dire quelque chose ? » demanda t-il.

« Tu as changé… et en bien… » souffla t-elle alors qu’il souriait en décollant à son tour.

Ah ? Il avait bien changé ? Tant mieux alors, c’était une bonne chose. Il n’y avait pas de soucis. Enfin non ! Il était plutôt très content d’apprendre ça de la part de Lily ! Très heureux même ! Bien qu’elle ne lui souriait pas, qu’elle restait relativement distante, il était si content de la revoir et de pouvoir lui reparler ! Mais maintenant, d’abord une chose puis ensuite une autre ! Et là… Il fallait absolument qu’il retrouve Pete avant qu’il ne soit trop tard !

Il accéléra le rythme de ses battements d’ailes, se disant qu’il était temps d’avoir une petite discussion entre lui et Pete ! Cela avait que trop duré ! Ils étaient assez grands pour tout mettre sur la table ! Oui ! Il voulait redevenir son ami, et pas son maître ! C’était différent ! Il n’était pas fait pour être son maître ! Mais… son ami… C’est ça qu’il voulait !

« Où est-ce qu’il se trouve maintenant ? J’espère qu’il n’est pas parti trop loin ! Pfff ! Bon, on va réfléchir à comment accélérer le rythme. »

Il s’imaginait Lily qui voulait lui cracher de l’eau, s’étant servi de cette image pendant de longs mois pour devenir ce qu’il était aujourd’hui. Sauf qu’aujourd’hui, ce n’était plus la petite fille mais l’adolescente qu’il voyait… Et celle-ci lui projetait une sphère aqueuse en sa direction ? AH ! NON ! Ce n’était pas bon d’imaginer ça !

« Trop de trucs tordus ! Je suis complètement dingue ! »

Hein ?! Il s’arrêta de parler tout seul, remarquant des traces de sang dans l’herbe qu’il survolait alors qu’il se demandait quoi faire… C’était peut-être celui d’un soldat blessé… Ou alors ? Non ! Ce n’était pas bon de penser ainsi mais comme il n’était pas sûr…

« Si c’est Pete… Alors… Je… Je dois accélérer ! ACCELERER ! »

Il continuait de s’écrier alors qu’il prenait une pointe de vitesse, fendant l’air à toute allure. Il devait suivre les traces de sang… et remarqua peu à peu trois formes dans le ciel… Deux soldats et Pete ? Celui-ci avait maintenant le bras gauche en complètement ensanglanté, ne pouvant plus utiliser ce dernier. Déjà qu’avec son bras droit bandé, il était mal parti… Alors là… Ce n’était guère mieux… Et les deux autres personnes ? Des soldats de son royaume… Ils ne l’avaient pas remarqué…

« … … … … … Je ne vais pas dire que je n’aime pas faire ça… Mais bon… S’il n’y a pas le choix… Je vais m’y résoudre. »

Il ouvrit la gueule, de puissantes flammes violettes sortant de celle-ci. Les deux soldats ne se retournèrent pas à temps, n’ayant que la possibilité de voir les flammes violettes les entourer et les consumer avant que les deux corps ne s’écroulent dans l’herbe, complètement calcinés.

« Arn… Prince… » murmura l’adolescent aux cheveux violets en le regardant avec étonnement, faisant déjà un demi-tour pour se préparer à partir.

« ATTENDS UN PEU, PETE ! C’est bon ! Ca suffit ! Tu ne peux pas rester dans cet état avec ton bras gauche ! Tu vas trop vite te faire repérer ! Tu veux te faire tuer ou quoi ?! »

« Si… Je me fais tuer… Rosa sera vraiment triste… »

« Alors retourne au camp des Barpau et vas te faire soigner ! Je t’accompagne même si il se fait tard. Ils peuvent bien se passer de moi de toute façon… Ca a toujours été comme ça. »

L’adolescent aux cheveux violets ne savait plus quoi dire, restant muet avant de se retourner à nouveau vers Arnaud après quelques secondes de réflexion. Il s’approcha de lui, battant des ailes faiblement alors qu’ils se dirigeaient vers le camp. Là-bas, il le laisserait entre de bonnes mains visiblement… Car il avait compris que dès l’instant où Pete avait prononcé le nom de Rosa, cela avait tout changé… Sans ça, son ancien domestique n’aurait jamais été se faire soigner. Bon… Maintenant que tout s’était calmé…

« Prince Arnaud… Je… Je voulais vous dire… »

« Je ne suis le prince de personne… Je ne suis même pas sûr que mes parents me considèrent encore comme leur fils depuis le temps. Ca doit bien faire trois à quatre mois que je n’ai plus vu leur visage… Donc bon… »

« Non… Ce n’est pas ça que je voulais vous dire… Enfin… Vous savez… Il y a six ans… »

Hum ? Il y a six ans ? Il voulait parler de quoi par rapport à ça ? Où est-ce qu’il voulait en venir ? Il ne pouvait pas s’arrêter de voler avec lui, l’aidant à se maintenir dans le ciel…

« Il vaut mieux que tu te taises, Pete… Je n’ai pas envie de t’écouter. »

« Ha… Hahaha… Que j’ai l’air complètement stupide… Vraiment stupide… Depuis le temps… Je ne pensais jamais qu’à la fin… Ca soit moi qui aie besoin de vous… »

« Arrête de me vouvoyer ou je te lâche de cette hauteur… Et je suis sûr que ça risque de faire très mal… alors, tu as parfaitement compris ? »

« Oui… Oui… Désolé de vous… de t’embêter avec ça. »

AH ! Bien ! Il l’avait échappé belle, héhéhé ! Néanmoins, maintenant, ils pouvaient retourner à la base. Après une vingtaine de minutes où ils ne furent pas repérés, il déposa l’adolescent auprès des médecins, ces derniers signalant que Rosa n’était pas là.

« Ce n’est pas grave… Le mieux serait que Rosa ne le remarque pas… Merci… prince. »

« Arnaud… Sinon, ça ne sera pas les soldats qui auront ta peau mais moi… Tu n’as plus besoin de m’appeler prince… comme tu n’as jamais eu besoin de m’appeler maître. »

« Même si c’est un peu tard… Et que je sais que c’est moi qui a… »

« Je refuse de te reprendre comme serviteur. »

Hein ? Il ne lui avait même pas laissé le temps de parler ! Désemparé, l’adolescent aux cheveux violets regardait avec appréhension Arnaud, celui-ci reprenant :

« Par contre… En tant qu’ami… Hum… Faut que j’y réfléchisse. Va pour ça ! »

« Prince… Je… Je… Non… Je… Arnaud… »

BIEN ! Il comprenait enfin ce qu’il voulait de lui ! Ce n’était pas si difficile non ? Voilà que tout se passait parfaitement ! C’était tout ce qu’il désirait ! Il tendit sa main en direction de Pete, celui-ci la regardant avec un peu d’étonnement avant de sourire. Il prit la main, la serrant longuement alors qu’enfin, ils étaient en paix. Tout se passait parfaitement ces derniers jours… En paix avec Lily… En paix avec Pete… Oui… C’était une bonne semaine.

« Bon… Je crois que j’ai fait une bonne action aujourd’hui. »

« Laquelle, Arnaud ? » murmura une voix derrière lui alors qu’il se retournait subitement, étonné et surpris de voir l’adolescente aux cheveux bruns devant lui.

« Euh… Par mesure de précaution… Je préfère ne pas le dire, Lily. Mais… Tu n’es pas partie ? Il se fait tard quand même… La nuit est déjà tombée. »

« Je décide de l’heure où je veux rentrer… d’accord ? » dit-elle avec neutralité alors que l’adolescent haussait les épaules, reprenant aussitôt :

« Tu es assez grande oui… Enfin non… Tu n’as que quatorze ans… »

« Et tu en as autant, je tiens à te le rappeler. »

AH ! Elle marquait un point ! Il lui fit un léger sourire auquel l’adolescente ne répondit pas, s’approchant de lui peu à peu. Elle le regarda longuement, désignant des yeux un petit endroit où ils seraient plus tranquilles. Il hocha la tête pour accepter, suivant Lily tout en soufflant avec un peu de tremblement :

« J’ai revu Pete… Il se faisait attaqué… J’ai été obligé de tuer les deux soldats… »

« Hum ? Et est-ce que tu as eu du remord ? De la peine pour eux ? »
« Un peu… Je dois te l’avouer… Je ne suis pas fait pour être violent… Donc je me suis senti un peu mal… Mais à côté… Je n’étais pas sûr… de pouvoir sauver Pete sinon. Et s’ils n’étaient pas morts, ils auraient facilement remarqué qui était là. »
« Est-ce vrai ? Que tu as vraiment sauvé Pete ? Toi ? Tu as des élans de courage maintenant ? » dit-elle lentement alors qu’ils étaient maintenant assis l’un à côté de l’autre sur la plage. L’adolescent se tourna vers elle :
« … … … Merci pour ta confiance, ça me fait extrêmement plaisir, Lily. »
« Je… te… taquine ? C’est ça ? Ce que tu as fait n’est pas une chose que nous apprécions, Arnaud… Nous n’aimons pas faire la guerre, nous préférons vivre en paix et calmer les mœurs de tous et de toutes… »
Hum… Il ne savait pas quoi dire maintenant… Avec lenteur, il prit la main de Lily mais ce fut elle la plus rapide. Il se retrouva rapidement enlacé par l’adolescente, rougissant violemment alors qu’elle reprenait sur le même ton :
« Mais tu as sauvé Pete… Et c’est une bonne chose… Tu n’as pas oublié tes amis… Tu n’as pas oublié… ceux qui étaient importants pour toi… Et personnellement ? Est-ce que je le suis ? Est-ce que je suis importante ou non pour ta personne ? »
Il tremblait de partout, se laissant enlacer tout en caressant le dos de l’adolescente aux cheveux bruns, fermant les yeux. Il avait l’impression… d’avoir déjà eu cette conversation auparavant… Mais il ne savait pas quand… et où… Il bafouilla :
« Si tu n’étais pas dans mes bras… Ah… Peut-être que oui… Ou non… Enfin si… Tu l’es… Tu es vraiment… très importante pour moi… »
« Ah bon ? Est-ce vrai ? » demanda t-elle une nouvelle fois pour confirmer.
« Ce que je dis est vrai… Tu n’as pas à t’en faire à ce sujet… Pourquoi est-ce que je mentirais maintenant ? Alors que tu es là ? »
« Car tu aimes déjà quelqu’un d’autre… n’est-ce pas ? Cela se voit dans ton regard fuyant… »
Hein ?! Il était complètement rouge de gêne alors qu’elle le poussait légèrement, le mettant quasiment couché dans le sable. Il n’avait que le haut du corps maintenu par ses coudes dans le sable tandis que Lily se mettait à quatre pattes au-dessus de lui :
« Je… Je ne comprends pas vraiment où tu veux en venir… Lily… Et cette position est vraiment gênante en un sens… Sincèrement… On devrait plutôt penser à autre chose. »
« Hum ? Est-ce que je suis féminine, Arnaud ? »
Elle disait cela alors qu’elle fronçait légèrement les sourcils, ses deux mains posées de chaque côté du visage d’Arnaud. Celui-ci restait parfaitement muet, ne répondant pas. Etait-ce par peur de la blesser ? Ou alors surtout à cause de ses émotions ?
« Je… Je préfère ne pas y répondre… S’il te plaît… Lily… Tu es… Tu es très féminine ! »
« Menteur… Tu es un vil menteur… Je n’ai pas de poitrine comme les autres Barpau… Ou alors les Tylton… Mon caractère fait que je fais peur à quiconque… Mes habits comme mon allure sont laids… Tu ne devrais pas mentir… »
« Je… Je suis désolé… Mais je ne voulais pas te vexer… et puis bon… »
« … … … … … Est-ce que tu penses que je suis jolie alors ? »
« Largement, Lily ! LARGEMENT ! Tu es encore plus belle que dans mes souvenirs ! Et tu sais quoi ? Y a pas besoin de ne pas avoir la peau qui se barre pour être jolie. Moi, j’aime bien comme tu es actuellement ! Et je le pense vraiment… »
Elle… Elle ne savait pas si elle devait rire ou pleurer… Il était pourtant sincère quand il disait cela… Elle se coucha subitement sur lui, soufflant longuement :
« On reste ainsi pendant une dizaine de minutes… En aimer une autre… n’empêche par ces élans d’affection, je pense. »
« Je… Je ne crois pas non… Je ne pense pas que ça… soit non-autorisé. »
Pfff… Il ne savait plus du tout où se mettre maintenant. Il était intimidé, bafouillant quelques paroles à nouveau alors qu’il posait ses mains sur le dos quasiment nu de l’adolescente. Ah… Si il s’était attendu à une telle chose de sa part… Il n’y aurait jamais cru… et pourtant… Et pourtant… Comme quoi… Les journées n’étaient pas forcément mauvaises.

Chapitre 12 : Tenir tête

ShiroiRyu
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Chapitre 12 : Tenir tête

« Disparaissez de ma vue… Je ne veux plus voir aucune d’entre vous. »

« Pardon… Lily… Mais c’était l’unique solution… pour que tu le vois… » murmura Alia alors que l’adolescente au regard vide ne semblait même pas s’intéresser aux paroles.

« J’ai déjà annoncé clairement que je ne voulais pas le voir. »

« Pourtant, tu étais contente de le revoir, non ? Hier… Même si je ne sais pas ce que tu lui as fait pour qu’il se retrouve allongé sur le sol… » annonça Phoebe alors que Lily se retournait subitement, faisant apparaître une sphère dans ses mains.

« Redit voir ça ? Que je te montre ce que je pense de cette idée stupide provenant de toi ? »

« J’ai dit clairement que tu étais contente de le revoir même si tu ne le montrais pas. Surtout qu’il a tout fait pour se faire pardonner. Tu lui as pardonné, j’espère hein ?! » s’écria Phoebe en croisant les bras à hauteur de sa poitrine.

« Ca ne te concerne pas d’accord ?! Je fais ce que je veux de ma vie, c’est clair ?! Tu n’as pas à me donner d’ordres ! Je ne lui pardonnerai pas ! Et je ne lui ai pas pardonné ! » hurla Lily à son tour alors qu’elle s’était mise à rougir très légèrement.

« Ce n’est pas ce que devrait dire une princesse. Une princesse incapable de pardonner une personne qui fait tout pour lui faire plaisir… C’est plutôt stupide. » souffla Rosa.

« Je ne vous permets pas de juger, espèce d’idiotes ! Laissez-moi tranquilles ! »

Elle en avait marre de ces filles ! Elle fit disparaître la sphère avant de s’en aller, Alia la regardant partir. Après quelques secondes, elle murmura aux deux autres filles :

« Je ne crois pas que ça soit irrécupérable… Vous avez remarqué, vous aussi ? »

« Hum… Qu’elle rougissait ? J’ai remarqué, oui… Je pense que si on la force encore un peu, elle va craquer… Elle a envie de le revoir… Surtout que maintenant… Il est plutôt devenu très sympathique non ? » dit Rosa alors que Phoebe reprenait aussitôt :

« Plus que sympathique ! Je pense que si Lily ne veut vraiment plus le voir, je tenterai ma chance. Et puis… C’est un prince aussi non ? »

« C’est exact… Et donc… Il a du sang royal… Mais surtout… Vu ce qu’il prend comme risque… Je pense sincèrement qu’il est bien différent… »

« Oh que oui… Très différent… Enfin bon… Retournons à la surface. »

Oui… Elles avaient du travail sur la planche… Et ce travail n’allait pas pouvoir se faire tout seul ! Les trois filles firent apparaître leur queue de Barpau, commençant à s’éloigner à toute allure pour remonter au-dessus de l’océan. En fait… Maintenant que le temps s’était écoulé, il n’y avait plus de réelles difficultés à aller sur la terre… Oui… Il suffisait simplement de s’arroser de temps en temps ! C’était aussi simple que cela au final quand on y pensait.

« Le général veut vous parler, prince Arnaud. »

Il haussa un sourcil désapprobateur, limite insultant comme si il ne se préoccupait pas du tout de ce que venait de dire l’un des serviteurs. Le général voulait lui parler ? Tant mieux… Il voulait… rien d’autre. Pas de chance pour lui.

« Dites lui que je suis occupé avec des affaires bien plus importantes que celles concernant son fils. Ce dernier n’a toujours pas réussi à mettre ses pieds l’un devant l’autre. »

« Cela ne concerne pas son fils… Mais la guerre… Vous êtes réclamés d’urgence. »

Pfff ! Vraiment, qu’il était lourd ce type ! Il pouvait pas le laisser respirer quelques minutes, bordel ?! Bon ! C’était pas tout mais il n’avait pas que ça à faire ! Il vint suivre le servant, poussant un profond soupir alors qu’il arrivait devant une double porte. Le serviteur se mit de côté, signalant par ce geste qu’il ne pouvait pas rentrer. L’adolescent ouvrit la double porte avec les mains, poussant un profond soupir avant de dire :

« Ah… Général… Que me voulez-vous ? »

L’adolescent n’avait pas été impoli mais la façon dont il s’asseoir en face du général en face de lui avait tout pourtant de l’impertinence. Sans un regard vers les autres personnes assises à la gigantesque longue table, il reprit :

« Voyez-vous… Je suis assez occupé malheureusement… Et donc, j’aimerai que tout ça soit éclairci le plus rapidement si vous le voulez bien. »

« Oh… Cela sera assez rapide justement… Nous aimerions savoir quelque chose. »

« Ah ? Et laquelle ? Si cela concerne votre fils, je suis au regret de vous annoncer que ce n’est pas le sujet de conversation qui se porte autour d’une table militaire. »

Plusieurs toussotements gênés se firent entendre, Arnaud venant de lancer la première attaque de son côté alors que le général aux cheveux verts eut un léger tic. Non… Ce n’était pas le moment de s’emporter. Triturant sa moustache, il prit la parole :

« Non… Cela concerne plutôt deux vols suspects que l’on a pu remarquer dans le ciel ces derniers temps… et qui allaient se poser aux alentours des endroits où les Barpau siègent. »

« Ah ? Et qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? »

« Et bien… Il semblerait que l’un des vols soit… »

« Pete ? Mon ancien serviteur qui a été renvoyé il y a six ans ? Et qu’à cause de vos agissements stupides d’il y a autant d’années ont fait qu’il a été renvoyé du royaume ? Vous vouliez qu’il aille où ? Que je sache, je ne trouve même pas cela suspect qu’il soit avec eux et travaille pour eux. Être un Tylton ne veut pas forcément dire être un ennemi des Barpau. Que je sache, c’est vous qui avez tout fait pour que mes parents déclarent la guerre aux Barpau. Il est donc normal qu’en fin de compte, Pete aille voir de ce côté. Besoin d’une autre explication ou je peux partir, général ? Ce genre de discussions ne mènera à rien au final. »

Il savait parfaitement qui était l’autre personne suspecte dans les cieux… car c’était lui-même… Mais il ne laisserait même pas le général en parler. Toutes ces années durant, il avait tout fait pour ridiculiser cet homme et son fils… Ces deux personnes responsables d’une guerre qu’il ne voulait pas ! Il se releva de sa chaise, s’apprêtant à partir :

« Le problème n’est pas seulement là, cher prince… Il y a un autre souci… La seconde personne ressemblait étrangement à vous. » dit le général alors qu’il s’arrêtait.

« Hum ? Et ? Que pensez-vous que cela veut dire ? Que je vais copiner avec les Barpau ? »

« D’après les dires de mon fils, il y a de cela six ans, vous étiez très proches de l’une d’entre elles. Pourquoi cela aurait-il changé entre temps ? »

Ouille… Là… C’était un point sensible à ne pas toucher. Bien qu’il se contrôlait difficilement, il se repositionna en face du général, lui faisant un grand sourire avant de dire :

« Qui a dit que cela avait changé ? Néanmoins, je suis le prince et ce n’est pas parce qu’un adulte mal-dégrossi et un gamin pourri gâté ont décidé de déclarer la guerre à un autre peuple que moi-même, je dois accepter d’y participer. Si cela ne tenait qu’à moi, je ne ferai même pas de guerre et je serai déjà en train de tout faire pour rétablir la paix. Néanmoins, cher général, je vous conseille de modérer vos propos. Ce que vous venez de dire est passible d’un crime de lèse-majesté : Annoncer que je travaille pour les Barpau, cela risque de très mal se terminer si je décide de vous punir pour de telles paroles. »

« Et pourquoi ne le faites-vous donc pas ? »

« Car je trouve ça amusant de vous voir vous décarcasser pour protéger votre petit fils adoré. Bon… Sur ce… Visiblement, à part cette petite guéguerre personnelle et complètement risible, il n’y a rien d’autre à annoncer sur la table. Je vais donc me retirer. »

Il salua les différentes personnes avant de se retirer, le général bouillonnant de rage alors que lui-même avait un petit sourire de vainqueur. Néanmoins, lorsqu’il fut sortit de la salle, son sourire disparu, l’adolescent poussant un profond soupir :

« Je devrais vraiment faire plus attention… Vraiment… »

Oui… car il ne voulait pas causer de problèmes… Oh si… Mais pas aux Barpau… Quitte à perdre la couronne… De toute façon, jamais il n’avait voulut l’avoir !

« Bon… Je ferais mieux de me reposer pour le reste de la journée… Demain… Je vais devoir aller me rendre au chant avant que le professeur Sanga me crie dessus. »

Hahaha ! Le professeur Sanga ! Rien que le fait d’y penser, il en était tout émoustillé… Mais de l’autre côté, sa petite sœur… était devenue très jolie aussi… Une future Altaria… Il en était certain… Comme sa sœur en fin de compte ! Il vint se coucher sur son lit, fermant ses yeux avant de s’endormir.

Aujourd’hui… De toute façon… Il avait pu revoir une autre personne… Une personne dont il ne se serait jamais douté… Et ça… Ca valait tout l’or du monde à ses yeux. Oh que oui…

… … … … … Elle n’aimait pas la tournure actuelle des évènements. Si elle retournait à la surface, elle revoit Arnaud… Si elle revoit Arnaud… Tout allait très mal se passer… Même si… Il avait quand même bien changé… Il était le même à l’intérieur… Elle était couchée sur son lit, réfléchissant à la situation alors qu’elle cherchait le sommeil.

« Je n’ai rien à me reprocher de toute façon… Ce n’est pas moi qui est responsable de tout ça à la base… De toute façon… Oui… Je n’ai rien à voir avec ça. »

Oui… Mais… Mais… Pfff… Arnaud avait bien changé… Oui… Mais au fond d’elle… Est-ce qu’elle aussi avait changé ou non ? Ou alors… Au fond d’elle… Elle restait la même ? Elle aimait… quand même un peu… raconter des histoires aux enfants… dont les parents partaient en guerre… Pfff…

« Je n’arrive pas à dormir maintenant… SALETE D’ARNAUD ! »

Elle s’écria alors qu’elle jetait un oreiller au sol. Non non et non ! Elle ne devait plus penser à lui ! Plus du tout ! Elle ne lui pardonnerait pas ! Malgré tout ce qui s’était passé… Malgré ce qui s’était passé aujourd’hui…

« AHHH ! Qu’est-ce que Daisy fait ici ?! Tu ne devrais pas être… »

« Fiston ?! Mais pourquoi est-ce que tu es sur le terrain ? »

« C’est la princesse ! Elle nous a dit qu’on pouvait venir vous voir aujourd’hui ! »

L’adolescente était présente, les yeux baissés vers le sable. Elle était quand même venue… Pfff… C’était une véritable idiote… Elle s’en voulait tellement d’être venue… Vraiment… Qu’elle était stupide… MERDE ! Elle s’en voulait quoi !

« Tiens donc… Lily… Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda une voix qu’elle n’eut aucun mal à reconnaître puisqu’Alia s’avançait vers elle.

« Cela ne se voit pas ? Je ramène les enfants à leurs parents… Qu’ils les voient un peu… Ce n’est pourtant pas compliqué quand on remarque bien. »

« Hum… Je suis désolée mais Arnaud n’est pas encore arrivé aujourd’hui. Il y a des jours où il ne se présente pas à nous. »

« Et… alors ? Qu’est-ce que c’est sensé me faire ? » demanda Lily en la regardant.

« Oh… Rien… Rien du tout même… Rien du tout… Bon je te laisse… »

« Oui, oui, tu ferais mieux de partir avant que je m’énerve. »

Alia éclata de rire alors que l’adolescente gardait les yeux baissés. GRRRR ! Ce n’était pas drôle du tout ce qu’elle venait de dire ! Elle allait vraiment l’écraser ! Bon… Elle devait surveiller les enfants… et ne pas regarder autour d’elle pour éviter d’apercevoir Arnaud… C’était mieux… que ça… Enfin non… C’était compliqué… Pfff… Elle ne savait plus où donner de la tête dans toute cette histoire quand elle y réfléchissait bien !

« Princesse ? Princesse Lily ! Dites… Nos parents ont de drôles d’objet sur eux, c’est quoi ? »

« Des armures et des armes… Cela permet de se défendre… »

« Et nous ? On ne peut pas y aller pour les aider aussi ? » demanda un autre garçon, sûr de lui.

« Vous êtes trop jeunes pour faire part à ces absurdités… Vos parents ne veulent pas que vous participiez à ce genre de choses car nous sommes un peuple pacifique… et non pas un peuple guerrier malgré le fait que nous puissions être très puissants. »

« Ah… Mais je veux aider papa et maman, moi ! »

« Dites… Princesse… Vous êtes une adulte aussi non ? Pourquoi est-ce que vous n’y participez pas vous ? Pourquoi vous nous défendez pas ? »

Hum ? Elle n’était pas une adulte… Elle n’était qu’une simple adolescente… Mais de l’autre côté… Ce n’était pas pour ça qu’elle pouvait être pardonnée pour son inaction dans cette guerre complètement stupide et puérile. Elle se tourna vers la jeune fille, se mettant à genoux devant elle avant de dire d’une voix calme :

« Je ne suis pas là pour me battre… Certaines personnes doivent rester en arrière… car sinon… Qui vous surveille ? Car on sait très bien qu’étant des enfants, vous allez commettre des bêtises… Il faut bien quelqu’un qui vous garde… non ? »

« Mais non ! On ne fait pas de bêtises ! On n’est pas comme ça nous ! » répliqua aussi la jeune fille alors que Lily se mettait à soupirer.

Ah oui ? Ils n’étaient pas comme ça ? Bien entendu… C’était ce qu’ils disaient… Mais ce n’est pas pour ça qu’ils n’allaient pas commettre de bêtises. Elle se mit à genoux devant la jeune fille, reprenant la parole :

« Ce n’est pas parce que tu dis une chose que tu ne le feras pas… Même si ce n’est simplement qu’un accident… Ce que tu fais n’est pas forcément une bonne chose… Je tiens à te le dire… Je suis désolée de te gâcher tes espérances… jeune fille… Mais il vaut mieux pour toi que tu arrêtes de croire aux contes de fée. »

« Hein ? Que quoi ? Pourquoi est-ce que vous dites ça, princesse Lily ? »

« Pour éviter tes désillusions dans le futur… C’est une simple mesure de précaution. »

« Princesse… Vous êtes gentille… ou non ? Je ne sais pas quoi croire, moi… »

« Je ne suis rien de tout ça… Je me sens simplement complètement vide des fois… »

Oui complètement vide… Et ce n’était pas une bonne chose quand elle y réfléchissait bien. Elle passa une main sur son front, invitant les filles et les garçons à revenir vers elle. Il valait mieux retourner dans l’eau dès maintenant… Elle ne savait pas ce qui risquait d’attendre les enfants s’ils restaient là… De toute façon… Arnaud n’était pas venu… Hum… Non ! Elle s’en fichait royalement qu’Arnaud ne soit pas là !

Le chant se termina finalement, les rares élèves encore présents dans la chorale finissant leurs vocalises tandis qu’Arnaud passa une main sur son front, un sourire aux lèvres.

« Cela sera tout pour la journée. Vous pouvez vous en aller. »

« Tant mieux car je ne comptais pas rester ici une minute de plus ! » s’écria l’adolescent aux cheveux bleus, se dirigeant vers la sortie avant d’être arrêté par la femme aux cheveux blonds.

« Hum… non… Toi… Tu vas rester ici, Arnaud. »

« Hey ! Professeur Sanga ! J’ai fait ce que vous vouliez ! Je suis venu à la chorale aujourd’hui ! » s’écria t-il une seconde fois en la regardant.

« Le mieux serait de me promettre que tu vas venir aux chants un peu plus souvent surtout. »

« Hum… Je ne sais pas trop… Sincèrement… Ce n’est plus pour moi les cours de chant… »

« Cela ferait extrêmement plaisir à ma petite sœur. » murmura le professeur Sanga alors qu’il se mettait à rougir légèrement, ne sachant comment expliquer cela.

« FANNY ! Non ! Professeur Sanga ! Arrêtez de l’embêter ! » hurla rapidement Elizabeth alors qu’elle prenait le bras d’Arnaud, le tirant hors de la salle. Elle était rouge de gêne, ne sachant plus où se mettre alors que lui-même était dans un état assez spécial.

« N’écoute pas ce que ma grande sœur a dit, Arnaud… Ce n’est pas grave si tu ne viens plus… Toute façon, on peut se voir ailleurs, non ? »

« Bien entendu… Mais je ne vois pas trop où… Et puis bon… »

Il ne savait pas quoi dire maintenant… La main de l’adolescente entourait la sienne. Pfff… Ce n’était rien de bon… d’envisager tout ça à la base. Il se retint de soupirer, faisant un léger sourire envers l’adolescente. Elle murmura :

« Au final… Pas besoin que tu sois dans la chorale pour qu’on se voie… Dis… Je suis quoi pour toi, Arnaud ? »

« Hein ? Que quoi ? C’est quoi cette question, Elisabeth ? » s’insurgea t-il alors que l’adolescente se trouvait en face de lui, attendant sa réponse avec une certaine impatience.

« Euh… Je suis obligé de répondre, Elisabeth ? »

« S’il te plaît… Arnaud… Enfin… Prince… Arnaud… »

« Aie, aie, aie, aie… Sincèrement, j’aimerai ne pas y répondre si ça ne te gêne pas… » souffla t-il alors qu’elle continuait de le regarder longuement et avec attention.

Il était dans de sacrés draps… Il ne pensait pas à mal… Il ne voulait pas s’enfuir… Mais de l’autre côté… Il avait peur qu’elle se fasse des idées… Et ce n’était pas bon… que ça soit pour lui… ou pour elle… Il retira sa main de la sienne, les posant sur ses épaules avant de dire d’une voix un peu lente et tremblante :

« Elisabeth… Tu es une jolie fille, une très jolie fille même… mais bon… Sincèrement, ce n’est pas le fait que je sois prince qui me pose problème… Ce n’est pas toi… non plus… C’est juste que… Je n’ai pas la tête à ça. »

« Ah… Oui… Je comprends parfaitement, Arnaud ! Ca ne fait rien, ce n’est pas grave du tout à mes yeux, je trouve. » dit-elle alors qu’on sentait une pointe de tristesse dans sa voix.

« Mais rien ne nous empêche de rester des amis, Elisabeth, hein ? »

« Je sais que tu aimes beaucoup ma grande sœur… Mais elle est plus vieille que toi… Mais moi… J’ai ton âge… Alors je deviendrais comme Fanny… Je lui ressemblerai au fil des années… Et comme ça, tu tomberas amoureux de moi… C’est aussi simple que ça. »

« Ce n’est pas aussi simple… Elisabeth… pas du tout même… Je ne peux pas tomber amoureux sur commande, tu le sais aussi bien que moi… Ne pense pas à tout ça. »

« Je fais ce que je veux, prince Arnaud… J’en suis désolée… » souffla t-elle alors qu’elle commençait à s’éloigner. Elle n’avait pas envie de pleurer… Elle n’était pas comme ça… Elle allait simplement tout faire pour que ça se produise… Même si Fanny…

« Elisabeth… Avant que tu t’en ailles… Je crois que… Je dois te rappeler quelque chose concernant notre peuple… »

« Ah bon ? Et c’est quoi, Arnaud ? Je… veux savoir… » dit-elle en s’arrêtant. Elle se retournait vers lui, ses deux mains dans son dos en lui faisant un léger sourire bien qu’elle fermait les yeux pour éviter de pleurer.

« Notre peuple… est celui des dragons… Nous ne vieillissons pas naturellement… Lorsque nous devenons des adultes… Il nous faut plusieurs dizaines voir centaines d’années pour que notre corps vieillisse ensuite… Ainsi… Fanny… Euh, le professeur Sanga restera toujours la même et cela pendant des dizaines d’années… »

« Et tu veux me dire que… Je n’ai aucune chance avec toi ? Car tu auras toujours la tête de ma sœur en toi ? C’est ça… que je dois penser ? »

« NON ! NON ET NON ! Juste que ça ne sert à rien de te laisser pousser les cheveux ou de ressembler exactement au professeur Sanga ! Pfff ! Je ne sais pas comment t’expliquer ça… moi… Je suis pas doué pour les relations ! »

Il s’approchait d’elle avec lenteur, l’adolescente aux cheveux blonds s’immobilisant avant de se faire enlacer par le prince. Celui-ci lui caressait le dos tendrement alors qu’il reprenait :

« Essaye d’être toi-même… non ? Tu ne pense pas que ça soit une bonne idée ? Je suis sûr… que tu en es capable… Ne prend pas la même personnalité que ta grande sœur… En un sens… Essaie d’être une personne unique… et non un clone ! Je ne sais pas… Pour moi, tu n’as pas besoin de tout ça…  C’est tout ! Tu comprends ? »

Oui… Elle comprenait… Ah… En y réfléchissant bien… C’était la première fois qu’elle était dans ses bras. Elle s’était mise à rougir violemment, avant de poser ses yeux dans ceux d’Arnaud. Très rapidement, elle l’embrassa sur les deux joues, un sourire aux lèvres avant de se retirer de ses bras, disant à son tour :

« Je vais faire de mon mieux ! Comme ça… Toi et moi… Enfin… »

« Oui, je vois parfaitement, Elisabeth… Mais si un jour, je dois tomber amoureux de quelqu’un d’autre… Est-ce que tu m’en voudras ? »

« Hein ? Pour… Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Tu as déjà quelqu’un que tu aimes ? » dit-elle avec surprise alors qu’il hochait la tête d’un air négatif.

« Non ! Non ! Mais si un jour… Je dois être amoureux… Tu seras la première au courant ! Je ne veux pas que tu te compliques la vie et toutes ces choses alors… »

« Tu es trop gentil… Arnaud… Tu sais… J’aime bien le nouveau Arnaud… Celui qui sait parler et prendre des décisions… Tu as tellement grandi… Mais moi, j’aime Arnaud tout court… Même celui qui était enfant… »

Pffff ! Il toussa violemment, étant complètement rouge de gêne alors que l’adolescente rigolait de l’effet qu’elle faisait au prince. Elle revint l’embrasser sur les deux joues alors qu’il ne savait plus ce qu’il devait dire. Oh… Il n’était pas amoureux… Il en était sûr… et certain… Mais quand même… A côté…

« On rentre, Elisabeth ? Je t’invite dans le palais ! »

« Une proposition ma foi forte intéressante de la part du prince. Je ne peux pas la refuser, cela serait un crime de lèse-majesté. » dit-elle avant de rigoler avec amusement.

« Ne me dit pas que ça s’est déjà infiltré partout… Oh bordel… Sincèrement… »

« Tu devrais être bien plus discret, Arnaud à ce sujet… Et aussi, être un peu plus calme… »

« Pourquoi ça ? Je ne vois pas ce qu’il y a de mal à remettre à sa place ce général bouffi par l’orgueil et les préjugés sur les Barpau. »

« Car il est quand même influent… et puissant… Je ne veux pas qu’il t’arrive du mal… »

« Oh… Plus jamais… Quelqu’un que j’aime ou j’apprécie ne souffrira… Plus jamais… Ca… Je te le promets… réellement… Elisabeth. »

« Je te fais confiance… Arnaud… Tu vas me présenter ta chambre alors ? » dit-elle alors qu’elle lui prenait la main droite.

« Allons-y avant qu’il ne soit trop tard… Ca vaudra mieux. »

Il s’était laissé prendre la main… Ah… Ce n’était rien… Mais il avait été clair dans ses sentiments… C’était comme ça qu’il voyait les choses. Oui… Bon… Ils devaient retourner au palais maintenant ! Ce n’était pas trop tard en y réfléchissant bien !

« Il n’est pas venu… Il n’a pas compris ça ? Ou alors… Il a trop bien compris ? »

Couchée sur son lit… Elle se laissait aller à ses préoccupations… Elle ne voulait pas y réfléchir mais au final… C’était peut-être ça… A cause de ce qu’elle avait fait, le jeune homme ne voulait plus lui parler… Ah… C’était sûrement ça…

« Je ne suis pas responsable de mes actes… Non… Non et non… Ce n’est pas de ma faute si c’est seulement un imbécile… »

Pfff… Elle avait mal au crâne à force de trop y réfléchir. Elle n’osait pas s’avouer qu’elle aurait voulu revoir Arnaud cet après-midi… Que c’était pour ça qu’elle était sortie de l’eau… Que c’était pour ça que… Non…

« Je ne les laisserai pas avoir raison ! Ce n’est pas pour lui que j’ai fait ça de toute façon ! »

Comme ça, c’était clair… Et c’était certain… Mais bon… Elle n’arrêtait pas de penser à l’adolescent… Il avait bien grandi au final, non ? Et puis… Il était devenu plus… Mature d’après ce qu’elle avait cru voir… Oui…

« Il est même plutôt devenu… encore plus beau… avec ses mèches bleues partant un peu dans tout les sens… Oui… Si seulement, ce n’était pas une illusion. »

Mais il ne fallait pas se leurrer : C’était une illusion… et rien d’autre… Il n’y avait aucune qu’Arnaud soit vraiment devenu quelqu’un de courageux et de bien.

« Même si d’après… Ce que j’ai cru comprendre… Il vient aider les Barpau… Il veut se racheter mais à mes yeux… Ca ne sera jamais suffisant… Il va falloir faire plus… Bien plus…. Que de vouloir aider les Barpau… »

Qu’est-ce qu’elle voulait au final ? Elle ne savait pas… Sa tête enfoncée dans son coussin, elle réfléchissait à la situation, fermant les yeux peu à peu.

« Je pensais l’avoir complètement oublié et effacé de ma mémoire pendant toutes ces années… Et voilà que… Maintenant… Il est revenu… »

Oui… Elle l’avait revu… à cause de ces idiotes de copines… Copines pas si idiotes… Elles avaient réussi à tout faire pour qu’elle se retrouve en face de lui. Mais elle le regretterait amèrement… Elle le regrettait de tout son être…

« C’est stupide de penser comme ça… Complètement stupide… Je devrais… accepter son pardon… J’ai quand même essayé de le noyer… au final… »

Hahaha ! En y réfléchissant, cela avait été particulièrement stupide… Elle n’était pas devenue bête et méchante… Elle s’était simplement entourée d’une carapace… pour ne plus ressentir cette gêne et ce qu’elle avait comme sentiments pour lui…

« Au final… Il a fait quand même l’imbécile… Je ne sais pas si je dois lui pardonner… Mais je peux lui donner sa chance… Il ne faut pas refuser… avant d’avoir essayé… Demain… Je lui dirais qu’il peut me parler à nouveau… Voilà tout… C’est ainsi que je ferai. »

Bonne nuit… C’était ça… Elle l’avait embrassé sur la joue alors qu’il la regardait partir avec un petit sourire. C’était quoi sa relation avec Elisabeth en fin de compte ? Il ne savait pas comment la définir correctement… Mais… Il ne savait pas quoi penser en fin de compte. Il ne l’aimait pas d’amour non ? Comme une petite sœur ? C’était impossible… Elle devenait vraiment très belle… et le fait de rougir en sa présence n’était pas une bonne chose si il l’envisageait comme une petite sœur.

« Mais elle est quand même sacrément jolie… Quand on y réfléchit bien… Oui… Elle est plus que jolie… Elle deviendra une belle femme… Et elle était toujours là pour moi après cet incident… Sans elle… Je serais resté le même… »

Oui… Il n’aurait pas eu le courage d’aller plus loin que ses propres paroles… Lorsque Pete était parti… Il s’était senti si seul et abandonné… Mais elle était venue auprès de lui… Et malgré son insistance à vouloir rester seul, il avait finalement accepté… Elle était une amie… Mais pas n’importe laquelle… Elle avait comblé le vide qui était apparu quand Pete était parti… Ah… Le vide… Le vide…

« Est-ce que… J’envisage de croire qu’Elisabeth est ma meilleure amie ? Ce n’est pas possible… Une relation de ce genre n’existe pas… Ce n’est que dans les histoires à l’eau de rose… qu’une fille et un garçon sont meilleurs amis… »

Oui… C’était impossible… Et il allait la faire souffrir… Ah… Souffrir… Souffrir… Rien que l’idée même de faire souffrir Elisabeth le mettait mal à l’aise… Voilà qu’il commençait à respirer bruyamment, cherchant de l’air tandis que de la sueur s’écoulait de son front.

« Non… C’est pas le moment… Je n’ai pas envie de m’en rappeler… Ah… Ah… »

Non… Non… Mais voilà que ça revenait… Chaque nuit… Chaque soir… Lorsqu’il dormait… Il revoyait le visage de la jeune fille… couvert de sang… L’implorant presque de lui venir en aide… Ce cauchemar l’envahissait à chaque fois…

« Je l’ai revue… C’est bon ! J’ai revue Lily ! Je n’ai plus besoin de cauchemarder ! »

NON ! Ce n’était plus nécessaire mais… AH ! AH ! Non… Voilà qu’il commençait à manquer d’air… Alors que le visage implorant de Lily enfant disparaissait, il se retrouvait face à celui froid et sec de la Lily adolescente… Celle-ci le regardait alors qu’il se retrouvait à nouveau dans cette sphère aqueuse.

« LILY ! LILY ! Attends un peu ! LILY ! Je… »

Ah… Ah… Il se redressa subitement dans son lit, à nouveau en sueur… Il s’était endormi ? Sans même le remarquer ? Sans même savoir… ça ? Il bafouilla :

« Ca ne peut plus durer ça… Ca ne peut plus durer… J’en ai marre… »

Il s’était mis à sangloter, remontant la couverture sur lui. Il n’était pas fait pour jouer les fortes têtes… Il n’était pas comme ça. Tout ce qu’il voulait… C’était que Lily lui pardonne… Mais ça… C’était peine perdue… L’adolescente lui en voudrait toute sa vie… Qu’importe ce qu’il ferait pour elle. Il referma les yeux, cherchant ce sommeil qui le troublait tant.

Chapitre 11 : Chacun pour soi

ShiroiRyu
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Seconde partie : Adolescence

Chapitre 11 : Chacun pour soi

« Et bien alors… Loïc ? On a des petits problèmes pour mettre un pied devant l’autre ? Tu veux que je t’aide à apprendre à marcher ? D’abord tu lèves le pied gauche puis tu le mets en avant… Ensuite, tu fais de même avec le pied droit… »

« Ar… Arnaud ! Si je te mets la main dessus, tu vas… »

« Voir ? C’est ça ? Te fout pas de moi, reste à ton rôle de gamin pourri gâté, fils de général dégénérescent. Dès l’instant où tu oses me toucher, je te fous dans un cachot et tu y resteras jusqu’à la fin de ton existence. »

C’était bizarre mais c’était bien le prince qui venait de s’exprimer comme ça envers un adolescent aux cheveux verts qui était allongé au sol. Un fil tendu à quelques centimètres de hauteur était responsable de sa chute, fil posé par Arnaud.

« Et bien alors ? On a décidé de plus l’ouvrir ? On se retrouve demain… Fais attention où tu mets les pieds. Je te l’ai pourtant expliqué depuis tout ce temps. »

L’adolescent restait muet, serrant les poings tandis que le prince s’éloignait, un sourire aux lèvres. Oh… En six années, il avait finalement bien grandit… et pris de l’assurance… ou plutôt de l’ingéniosité… Il mesurait dans les environ d’un mètre soixante et ses cheveux partaient un peu dans tout les sens. Il avait même maintenant une longue écharpe autour du cou ainsi qu’un bandana sur le front. Ses cheveux avaient bien poussé depuis le temps tandis que sa tenue ne ressemblait en rien à celle d’un prince ou d’un noble.

Hum… Maintenant… Il allait être tranquille pour la journée. Du moins, c’est ce qu’il aurait pu se dire si déjà, il n’y avait pas eu quelques personnes en face de lui. Quelques adultes qu’il reconnaissait très facilement. Tout de suite, il s’était mis à soupirer alors que certains d’entre eux prenaient la parole à la suite, disant d’une voix inquiète :

« Prince Arnaud ! Vous ne devriez pas marcher tout seul ! Vous n’êtes pas en sécurité ! »

« Peut-être que des espions ou des traîtres à la couronne veulent attenter à votre vie ! Vous devriez sincèrement faire plus attention ! »

« Oui… Oui… Je sais que l’on est en guerre contre les Barpau… Mais je m’en fiche royalement. C’est mes parents et les généraux qui font ça, pas moi. Merci de me laisser tranquille avec vos guerres stupides qui n’amusent que vos personnes. »

« Mais… Mais… Mais… Prince Arnaud ! Nous ne pouvons pas ! »

« Vous me fatiguez. Au revoir. » murmura t-il en faisant apparaître ses deux ailes, décollant dans les airs pour ne plus avoir à les écouter.

Qu’on le laisse tranquille avec ça, ce n’était pourtant pas si difficile en y réfléchissant bien. Voilà… Il passa une main dans la poche de son pantalon de toile, serrant l’objet à l’intérieur. C’était tant mieux… Il ne l’avait pas perdu… Oui… Elle était toujours là.

« … … … Fini pour aujourd’hui, les enfants. »

« NANNNNNNNNNN ! Princesse ! Vous ne pouvez pas nous laisser comme ça ! »

« Hum ? Et que voulez-vous donc savoir d’autre ? » demanda l’adolescente d’une voix neutre, la coloration de ses cheveux ayant changé au fil des années pour devenir complètement brune. De l’autre côté, elle avait une petite barrette bleue dans les cheveux et ses deux yeux semblaient presque vides en les regardant de plus près.

« Pourquoi est-ce que nos papas, nos mamans, nos grands frères et grandes sœurs partent à chaque fois ? Et qu’il n’y a plus personne ou presque ? »

« Car ils vont à la guerre… Et la guerre n’est pas celle à laquelle vous jouez entre vous. Je suis désolée… Mais il est temps pour moi de retourner à mes propres lectures. Demain, nous continuerons à lire la suite de l’histoire. »

« Merci princesse Lily ! Vous êtes trop gentille ! Heureusement que vous êtes là, vous ! »

Oui… Oui… Elle était gentille… Elle passa une main dans les cheveux des enfants qui venaient l’enlacer ou plutôt enlacer ses jambes, les regardant partir les uns après les autres alors qu’elle récupérait le livre dans ses mains.

Elle se dirigeait vers la sortie, s’observant dans une vitre. Toujours le même regard froid, le même regard sombre et triste… Elle portait un bikini qui cachait ses formes inexistantes ou presque. De l’autre côté, elle avait une sorte de jupe avec des morceaux de tissu rectangulaire mais ce n’était rien de bien spécial… Non…

« Et bien… Lily… Tu as encore donné des cours à ce que je vois. »

« Alia… Tu n’étais pas partie t’entraîner avec les autres ? Maintenant… que la guerre est déclarée… à cause de nos agissements… et de ce qui s’est passé il y a six ans… »

« On n’est pas responsables de tout ça, Lily… Arrête de te tracasser pour ça… Mais même si maintenant, on ne peut plus vraiment aller sur les plages sauf si il s’agit d’un entraînement… » murmura la jeune adolescente aux cheveux bleus coiffés en deux tresses.

« Si tu le dis… Même si je n’y crois pas un traître mot personnellement. »

« Tu fais comme tu veux… Mais réagir ainsi, ce n’est pas la bonne solution. »

« Tu me le répètes inlassablement. Je n’ai plus rien à faire de tout ce qui se passe autour de moi. Si cela ne te dérange pas, je vais retourner à mes lectures. »

« Les livres t’emporteront dans la tombe, Lily ! C’est moi qui te le dis ! »

« Bien sûr, bien sûr… Au revoir, Alia. On se revoit demain. »

Oui… Oui… Elle faisait un petit geste de la main pour la saluer, marchant et s’éloignant de cet endroit alors qu’Alia faisait la moue. Tellement de temps… avait transformé l’adolescente.

« … … … … … Ah … … … … … Ils n’ont que ça à faire réellement, n’est-ce pas ? »

Il était en train de voler dans les airs, passant au-dessus des nombreuses plages alors que plusieurs personnes tournaient leurs têtes vers sa direction. Néanmoins, ils ne semblaient pas plus inquiétés que ça. Il vint atterrir au beau milieu des hommes et des femmes, certains étant recouvertes d’armures en écailles alors qu’il les saluait d’un hochement de tête :

« Comment allez-vous aujourd’hui vous tous ? »

« Cela pourrait aller mieux… Nous n’avançons guère dès l’instant où il n’y a plus d’eau aux alentours… Cela est assez contraignant mais à côté, ils ne peuvent pas nous faire partir de là. Ah… Mais et vous ? De votre côté ? »

« Ca peut aller… J’ai remis en place le fiston du général. »

« C’est une bonne chose… Mais n’avez-vous pas peur d’avoir des soucis ? Vous êtes quand même le prince de votre peuple et… »

« Ici, je ne suis le prince de personne et je préfère que l’on m’appelle Arnaud, c’est pas plus compliqué que ça. Et pas besoin de me vouvoyer, je ne le mérite pas. »

Il se retira aussitôt, laissant les hommes et les femmes en train de discuter entre eux. Il ne voulait pas parler de tout ça… Surtout pas de ces points… C’était quelque chose qui l’énervait en un sens… Et ça… Il n’appréciait pas… Une adolescente aux cheveux orange s’approcha de lui, ses cheveux étant assez courts alors qu’elle portait une longue robe. Il voulut ouvrir la bouche mais se prit une violente claque au visage, ne bronchant pas le moins du monde. Il poussa un profond soupir tout en disant :

« Ca fait toujours aussi mal ça… On ne pourrait pas arrêter ce petit jeu ? »

« Non… Pas tant que tu ne te seras pas excusé envers Lily. »

« Faudrait déjà que je la revoie… Et puis bon… De toute façon, on peut me claquer, ça ne changera rien à la situation. Que ça soit, Phoebe ou alors Alia, je me prends une claque à chaque fois que je vous vois de toute façon alors bon… »

« Et devine pourquoi ? C’est à cause de toi qu’elle a complètement changé… »

« Merci bien… Je le sais parfaitement… Ah… Je préfère m’en aller. »

« Et pourquoi ça ? Qu’est-ce qu’il y a qui te force à partir maintenant ? »

« Tu le sais très bien, Rosa… Je me retire. »

Hum ? Elle tourna son visage pour apercevoir une autre personne. Ah… C’était elle… C’était normal qu’il ne veuille pas la voir. Ils ne se parlaient plus depuis des années d’après ce qu’elle avait cru comprendre. Voilà… l’autre Tylton qui était de leur côté. Un Tylton à l’allure remarquable… bien que différente de celle d’Arnaud. Oui… Cela faisait déjà plusieurs années… Rosa s’approcha de l’adolescent aux cheveux violets tout en disant :

« Bonjour… Pete… Tu as loupé de peu le prince Arnaud. »

« Ca ne fait rien, ce n’est pas grave du tout. Quelles sont les nouvelles ? »

Elle lui expliqua tout ce qui s’était passé, Pete passant une main sur ses cheveux violets. Rosa le regarda avant de faire apparaître un filet d’eau, lui envoyant ce dernier en plein sur le visage alors qu’il écarquillait les yeux de surprise.

« Qu’est… Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?! »

« Car tu pues et tu sens mauvais ! Depuis quand est-ce que tu ne t’es pas lavé ?! »

« Et bien… Euh… Ca doit faire une bonne semaine… Mais je ne vois pas où… »

« Je m’en fous. Vas te baigner dans l’eau et lave-toi au lieu ! C’est vraiment crade là ! Ce n’est pas parce que tu n’as plus de… Enfin… … … S’il te plaît… »

Elle n’avait pas préféré terminer sa phrase, sachant pertinemment que cela ferait plus de mal que de bien de s’adresser à lui de cette façon. Il n’avait pas eut de chance… Mais c’était là l’unique solution qu’il avait trouvé. Elle s’approcha de lui, le prenant par le bras pour l’emmener dans un coin isolé où il pourrait se laver et se rincer. Même si il était reconnu comme un allié, il n’aimait pas se présenter sur les plages sauf quand cela s’avérait nécessaire. C’était bête de penser ainsi mais bon… Depuis cet incident… Tout avait été radicalement différent… Ils n’étaient plus les mêmes.

« Rosa ? Comment est-ce que vont les autres filles ? Phoebe, Alia, et… puis Lily ? »

« Phoebe et Alia vont bien… Elles sont sur d’autres plages actuellement… Quand à Lily… Et bien… A part demander à Alia, je ne peux rien te dire à son sujet. »

« Ca ne fait rien… Ne la dérange pas pour ça. Sinon… Est-ce que tu crois que… je devrais… parler au prince ? Pour qu’on fasse enfin la paix ? »

« Hey ! Ce n’est pas mon histoire ça, c’est à toi de voir ce que tu veux faire, je n’ai pas à te conseiller là-dessus, mon grand ! T’es assez intelligent pour savoir ce que tu veux. »

Ah… Le franc-parler de Rosa… C’était un peu comme pour toutes les autres filles… Les Barpau… étaient tous très gentils et agréables… Mais parfois, ils pouvaient bien montrer les dents… Il poussa un profond soupir, plongeant la tête dans l’eau avant de la ressortir quelques instants plus tard. Il reprit :

« Ca ne fait rien… Le prince vit très bien le fait de ne plus m’avoir à ses côtés. La preuve… Depuis que je ne suis plus là, il a tellement… grandit… J’étais celui qui l’empêchait de s’exprimer véritablement. C’est une bonne chose que je ne sois plus avec lui. »

« Hum… Si tu es sûr de ça… Alors libre à toi… Après, chacun a sa vision des choses. » murmura Rosa en s’éloignant, lui laissant terminer sa toilette. C’était à lui de décider ce qu’il voulait faire ou ne pas faire… C’était dommage de ne pas avoir le courage… quand il s’agissait des relations. Personne n’était réellement doué en cela.

Maintenant que tout était passé en revue, il n’avait plus à s’en faire… Et il était reparti en volant. Ce n’était plus le plus important à ses yeux quand il y réfléchissait bien… Ah… Vraiment des fois… Il revint atterrir à un kilomètre de son palais, une petite voix se faisant entendre derrière lui, féminine et un peu intimidée :

« Bonjour Arnaud… Tu as encore… été là-bas, n’est-ce pas ? »

« Hum ? Elizabeth ? Tu m’attendais ? Ah… Je t’ai pourtant déjà dit que je n’aimais pas que tu viennes là… Si un jour, on te remarque, tu vas avoir de gros problèmes. »

L’adolescente aux longs cheveux blonds avec une frange sur le côté droit s’approcha de lui, vêtue d’une robe assez légère et blanche. Elle était aussi belle et radieuse que sa grande sœur, Arnaud émettant un petit sourire en la regardant.

« Ca ne fait rien… Moi, ça ne me gêne pas d’avoir des problèmes et puis, je suis ta protégée, non ? » dit-elle en lui souriant à son tour bien qu’elle rougissait.

« C’est exact. Si quiconque tente de te toucher, il risquerait d’avoir très mal… Et je ne parle pas que physiquement. On ne te touchera pas, je te le promets. »

« Merci beaucoup, Arnaud ! Est-ce que tu veux venir chez nous ? Ma grande sœur a quelque chose à te dire… Mais ne t’en fait pas, je resterai avec toi ! »

« Ah… Si tu me dis ça, ça veut tout simplement annoncer que je vais en prendre pour mon grade. Je suis sûr que c’est à cause de mon absentéisme à la chorale depuis quelques temps. »

« Oui… Fanny est très en colère à cause de ça, hihi ! »

Ah… Vraiment… Vraiment… Vraiment… Il poussa un profond soupir, haussant les épaules alors qu’ils repartaient en direction de la modeste demeure de son professeur préféré et de sa petite sœur qui n’était plus si petite maintenant.

« Ah… Voilà donc le fameux Arnaud… »

« Bonjour… mademoiselle Sanga… Euh… Professeur Sanga… Vous allez bien ? Ca fait quand même beaucoup de temps que l’on ne s’est pas vu non ? »

« … … … … … … … … …. … Un peu trop à mon goût, Arnaud. »

Aie… Elle avait mis du temps à lui parler… Et même si six années s’étaient écoulées, elle était restée la même… Et il rougissait toujours quand il la voyait… Le professeur Sanga était toujours aussi belle… Ah… Vraiment… Gloups… Elle s’approcha de lui, lui tirant légèrement l’oreille alors qu’il gémissait de douleur :

« Est-ce que je peux savoir pourquoi tu ne viens plus aux cours de chant ? Et ne me dit pas que tu es occupé. Tu vagabondes un peu trop à mon goût. Heureusement qu’Elizabeth sait où te trouver car sinon, il est difficile de te mettre la main dessus. »

Aie, aie, aie ! Ca faisait mal ! Oui… Oui… Il se faisait toujours gronder par elle.

Voilà encore une nouvelle journée qui s’était écoulée… Encore une fois… Elle n’avait fait que lire des histoires aux enfants de bas âge… Oui… Pendant que certains partaient à la guerre, elle-même remplaçait les professeurs absents…

« Lily ! Lily ! J’ai une surprise pour toi ! J’ai une surprise… Je suis sûre que tu vas être ravie ! » s’écria soudainement une voix derrière elle qu’elle reconnue facilement.

Alia semblait folle de joie et elle ne put s’empêcher d’hausser un sourcil. Qu’est-ce qui la mettait dans cet état ? Elle n’était pas du genre à être très calme mais quand même… On aurait pu croire qu’elle avait vu quelque chose de vraiment important. Elle reprit la parole, disant d’une voix calme et lente alors qu’Alia arrivait à sa hauteur :

« Hum ? Et qu’est-ce que donc que cette surprise… »

« HAHAHA ! Je suis sûre que ça va te plaire ! Mais pour ça… Il va falloir que tu me suives… Phoebe ! Rosa ! Venez m’aider ! On va lui bander les yeux ! »

« Je n’ai pas de temps à perdre… les filles… Je ne veux pas m’amuser… Je tiens à vous le signaler. Je n’ai pas que ça à faire. »

« Hahaha ! Je suis sûre que tu vas adorer… C’est tout ! »

Hum… Elle n’avait pas le choix… Plus vite elles allaient faire ça… Plus vite… Elle… Hey ! Ce n’était pas prévu ça ! Elle se faisait bander les yeux, oui… Mais pourquoi est-ce qu’elle n’entendait plus rien ? Elle avait même ses deux mains et ses deux pieds qui étaient liés ? Là… Ca ne devenait plus drôle du tout. Les trois adolescentes se regardèrent longuement, un sourire aux lèvres alors que celle aux cheveux verts et courts ne vienne dire :

« On peut m’expliquer pourquoi on n’a jamais pensé à ça auparavant ? »

« Car on est comme Arnaud… On est trop bêtes… Pourtant, c’était évident. »

« Mais quand même… Ligoter Lily… Heureusement qu’elle s’est laissée faire… Car sinon, même à trois, on n’aurait rien pu faire. »

« Héhéhéhé… Et Pete de son côté ? »

« Hum… Non… Je lui ai demandé mais il m’a dit qu’il ne préférait pas… On va devoir se débrouiller pour qu’il vienne à nous tout seul. »

« Je m’en occupe les filles, surveillez Lily pendant ce temps. »

Les trois filles parlaient les unes après les autres, manigançant quelque chose chacune de leur côté. Alia partit en première, s’éloignant des trois autres. Au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient, Lily se faisait un peu plus vivace, n’appréciant guère cette position et surtout cette situation. Elle poussa subitement un cri de surprise alors que les trois filles venaient… d’arriver sur la plage ? Elles déligotèrent les bras et les jambes de Lily, celle-ci s’écriant avec un peu de colère dans la voix :

« Je peux savoir ce que vous faites les filles ?! Ce n’est pas drôle du tout ! Je ne vois pas ce qui va me plaire ! Et où est Alia ?! J’ai deux mots à… »

« … Lily ? » annonça une voix bien différente de celle qu’elle avait connue il y a de cela plusieurs années. Elle tourna son visage avec lenteur vers l’origine de la voix.

« … … … … … Je replonge dans l’eau. » murmura t-elle en se rapprochant déjà de l’eau alors qu’elle avait déjà eut assez de cette fameuse surprise.

« ATTENDS ! Lily ! C’est bien toi ?! J’ai quelque chose ! J’ai tes lunettes ! »

Elle s’arrêta dans son mouvement. Ses lunettes ? Ses lunettes ? Le jeune garçon aux cheveux bleus rentra sa main dans sa poche, sortant la paire de lunettes. Elle se retourna avec lenteur, lui faisant face en croisant les bras au niveau de sa poitrine menue.

« Tu ne l’as peut-être pas remarqué mais je n’ai plus besoin de mes lunettes, espèce d’idiot. »

« Ah… Oui… C’est vrai… Ca se voit bien… Enfin, tu as bien changé… T’as l’air même plus grande que moi quand on regarde bien… »

« … … … … … … … … … … Est-ce que tu te fous de moi ? Ou tu veux peut-être que je te fasse rétrécir encore plus, Arnaud ? »

Les trois autres filles s’éloignèrent en sifflotant mais des murs d’eau vinrent les empêcher, Lily tournant à moitié son visage vers elles. Elle reprit :

« Je peux savoir où est-ce que vous comptez aller les filles ? »

« Oh… Vous semblez avoir tellement de choses à vous dire… On pensait vous laisser seuls… » murmura Alia en émettant un petit sourire.

« Bande d’idiotes… Je peux savoir ce qui vous est passé par la tête ? »

« On en avait marre que tu fasses la tête justement ! Alors, on a décidé qu’il fallait que tu te bouges un peu ! Ca fait tellement d’années que tu ne l’as plus vu ! » s’écria Rosa.

« Et je ne voulais plus le revoir, imbéciles ! Plus après ce qu’il m’a fait ! »

« Tu as drôlement changé… même au niveau du caractère, Lily. » murmura l’adolescent aux cheveux bleus, remarquant qu’elle était quand même plus grande que lui… De bien… dix centimètres… En fait… En regardant de plus près… Elles étaient toutes plus grandes que lui.

« Et tu oses encore me parler, Arnaud ? Ne te moque pas de moi ! Ce n’était même pas prévu que je revois ton visage un jour ! Ce que tu m’as fait, moi, je ne l’oublie pas ! Toi, tu as peut-être oublié mais moi, c’est bien ancré ! »

« Si c’est au sujet de Loïc… Ne t’en fait pas… Il a une vie d’enfer maintenant… Et son père aussi n’en mène pas large… Je m’occupe de tout ça. »

« Et c’est sensé me faire quoi ? Je dois t’applaudir ? »

… … … Non… C’était bon… Il tendit la paire de lunettes, faisant apparaître ses ailes dans son dos alors qu’un léger vent faisait léviter la paire au-dessus du sol. Il vint la déposer dans les mains de l’adolescente aux cheveux bruns.

« Fais comme tu veux, Lily… mais ça m’a fait assez plaisir… de te revoir… Je dois l’avouer… Je ne peux même pas me faire pardonner pour ce que j’ai fait… »

« Ah… C’est bien… Tu commences à t’améliorer. Et qu’est-ce que tu veux que cela me fasse ? » murmura t-elle avant que trois violents jet d’eau ne viennent la frapper en plein visage, Alia, Phoebe et Rosa s’écriant :

« T’ARRÊTES TES BÊTISES, OUI ?! »

Ses bêtises ? C’était elle qui se faisait arrosée… Et c’est elle qui commettait des bêtises ? De qui est-ce que ces personnes se moquaient elles ? Elle se releva, ses cheveux et son corps complètement trempés alors qu’elle observait les trois filles.

« Vous voulez réellement le regretter ? Je n’ai pas que ça à faire de m’occuper de vous. »

« Vous n’allez quand même pas vous battre… Vous êtes amies, les filles ! » dit l’adolescent aux cheveux bleus alors qu’Alia reprenait aussitôt la parole :

« Désolée mais cette fille n’est pas notre amie… Elle n’a plus rien à voir avec une véritable princesse des Barpau ! Elle a tout oublié de ses origines pour nous ! »

« Je n’ai rien oublié… Je les ai simplement mises de côté ! »

Puisque les murs d’eau ne les avaient pas empêchés de faire cette bêtise, alors… Elle allait leur montrer ce qu’était un véritable jet d’eau ! Elle ouvrait déjà la bouche, les trois filles s’étant réunies comme pour se préparer à subir le coup. Néanmoins, Arnaud disparu rapidement, arrivant dans le dos de l’adolescente aux cheveux bruns avant de placer ses deux mains au niveau du ventre. Il la souleva au même moment où elle s’était mise à cracher de l’eau, la projection étant telle qu’ils se retrouvèrent violemment allongés sur le sol, les crachats traversant le ciel avant qu’elle ne s’arrête.

« On ne va pas se frapper entre amies ! Bordel ! C’est quoi ce délire ?! »

« Lâche-moi, ARNAUD ! Lâche-moi avant que je m’énerve ! TU VAS ME LÂCHER ?! »

« Même pas en rêve, Lily ! Tant que tu ne te seras pas calmée, tu peux toujours rêver ! »

« Si tu ne me lâches pas… Je risque de te faire très mal… Bien plus mal que ce que tu m’as fait… Alors tu me lâches ou… »

« J’attends que ça… Que tu viennes me frapper… Frappe-moi de toutes tes forces ! »

AH ! Quel cinglé ! Elle n’arrivait pas se mouvoir mais simplement à lever la tête. Il voulait ça comme ça ?! D’accord ! Elle souleva la tête, se mettant à cracher subitement de l’eau. La propulsion causée vint faire que sa tête percuta le crâne d’Arnaud, le faisant hurler de douleur. Elle put se libérer, se redressant alors qu’elle reprenait :

« Toujours aussi pleurnichard. Toi, tu n’as pas changé. »

« Pas de ma faute si t’as le crâne complètement dur ! »

« Retourne donc pleurer dans les jupes de ta mère. Moi, je … »

Elle se retrouva allongée sur le sol, Arnaud s’étant jeté sur elle sans même crier gare alors qu’elle observait avec étonnement le ciel. L’adolescent était sur elle, semblant aussi surpris qu’elle alors qu’il avait ses deux mains sur ses épaules.

« Tu ne perds plus ta peau ? C’est bizarre quand même… »

« Les adolescents Barpau ne perdent pas de peau… C’est ainsi… Seuls les enfants ont ceci… Ou alors plus rarement les adultes… Mais tu es un idiot qui ne comprend rien à notre peuple. Tu vires de moi ou alors je te force à dégager. »

« T’es vraiment devenue malpolie. Tu vas devoir faire bien mieux que ça. »

« Tu as choisi de souffrir… Libre à toi. Tu en payeras le prix. »

Les trois filles s’étaient reculées, ne préférant clairement pas s’occuper de tout ça. C’était leur affaire… Peut-être fallait-il quand même prévenir Pete au cas où ? Oui… Il valait mieux disparaître avant qu’elles ne subissent la colère de l’adolescente aux cheveux bruns.

Arnaud se retrouva projeté en arrière, un puissant jet d’eau venant le frapper dans le ventre alors qu’elle se redressait avec énervement. Il ne comprenait pas qu’elle ne voulait plus lui parler et le voir ?! C’était trop difficile à saisir pour un idiot comme lui ?! Pourtant, il haletait, se redressant à son tour avant de s’approcher d’elle à nouveau.

« Si tu fais un seul pas, je te promets même plus de te laisser en vie… Après ça… Tu… »

« Alors fais-le… Je m’en fiche… Je m’en fiche complètement. »

Ah ?! Il s’en fichait complètement ?! Alors elle allait lui donner ce qu’il désirait ! Maintenant qu’ils étaient sur la plage, il était nullement difficile pour elle d’utiliser son élément ! Une magnifique vague se forma derrière elle alors qu’elle tendait un doigt vers Arnaud.

La vague vint s’abattre sur lui, l’adolescent se retrouvant emporté par l’eau sans pouvoir y faire grand-chose. Néanmoins, ses ailes de coton étaient apparues alors qu’il tentait de s’envoler sans y arriver. Lorsque la vague disparut, l’adolescent était allongé sur le sable mais avait un grand sourire. Il se releva avec lenteur, murmurant :

« C’est bon ? Tu as déjà fini ? Si ce n’est pas le cas… Tu peux continuer… »

« T’aimes souffrir ? Ce n’est pas mon cas… Je n’aime pas du tout souffrir… Mais c’est toi qui m’a fait souffrir le plus, Arnaud… C’est toi qui m’a fait le plus mal… En m’abandonnant ce jour là… C’est pour ça que je vais te faire souffrir… tant que tu seras devant moi. »

« Alors… Continue de me frapper… Héhéhé… »

Elle s’apprêtait déjà à créer une sphère composée d’eau pour la projeter en direction d’Arnaud L’adolescent… Il avait une idée en tête… n’est-ce pas ? Elle n’était pas stupide… Il ne devait pas l’oublier… Elle était intelligente… Plus qu’intelligente même… C’était ça la différence entre elle et lui… On ne pouvait pas essayer de la berner.

« Tu peux me dire ce que tu tentes de faire en subissant mes coups ? Tu penses que je n’ai pas compris, Arnaud ? Tu me penses stupide ? »

« Non… Mais j’avais clairement envie… de me faire pardonner… C’est pas dur. »

« Et tu crois que c’est en te prenant des coups que tu vas te faire pardonner ?! En pensant que c’est parce que je te frappe que je vais te faire pardonner ?! »

« C’est une tentative… Je suis loin d’être… doué… Mais c’est l’une des solutions que j’ai trouvée… sur le moment… quand je t’ai vue dans cet état, Lily… »

« IDIOT ! JE NE TE PARDONNERAI JAMAIS ! » hurla t-elle alors que sa sphère grandissait, étant projetée en plein sur Arnaud.

Celui-ci ne chercha pas à l’esquiver, lui souriant pendant quelques secondes avant que son sourire se fige. Cette sphère grandissait… et… venait l’envelopper complètement ?! Il se retrouvait en plein dans une sphère aqueuse, n’arrivant plus à respirer. Elle reprit :

« Je vais te noyer, Arnaud… Je vais te noyer… Et cette fois-ci… Je ne viendrai pas t’aider… Je ne viendrai pas… Je ne pardonne pas aussi facilement… »

Il restait immobile puis commençait à bouger dans la sphère, cherchant à s’en échapper sans y arriver. Dès qu’il faisait un mouvement, la sphère le suivait, l’entourant à chaque fois. Il s’approchait de Lily, l’adolescente aux cheveux bruns le regardant sans aucune lueur d’émotions dans les yeux.

« Alors… Est-ce que tu as peur ? Est-ce que tu crains pour ta vie ? C’est ça… La méchanceté gratuite… Tu ne m’as rien fait… Physiquement… Mais… J’avais envie de te faire souffrir… malgré que tu veuilles simplement te faire pardonner… »

… … … … … Il voulait dire quelque chose mais sa bouche s’ouvrit, laissant échapper des bulles alors qu’il se débattait de plus en plus. Puis vint le moment où ses yeux se fermaient peu à peu. Pourtant… Elle ne retirait pas sa bulle… Puis celle-ci éclata, l’adolescent se retrouvant allongé sur le sable alors qu’elle murmurait :

« … … … … … Je ne cherche pas à te tuer … … … … … Je ne suis pas comme ceux de ton espèce … … … … … Je ne veux pas devenir comme eux. Au revoir, Arnaud. Evite de te représenter devant moi. Nous ne sommes pas de la même espèce. »

Elle se dirigea vers l’océan, plongeant à l’intérieur alors que sa queue apparaissait… Oui sa vilaine queue bleue… Elle n’était pas comme lui… Et elle ne voulait pas le revoir… Ses soi-disant amies n’étaient que des filles stupides en fin de compte.