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Chapitre 50 : L’assaut salvateur

ShiroiRyu
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Chapitre 50 : L’assaut salvateur

Combien est-ce qu’ils étaient ? Elle avait du mal à les compter mais une chose était sûre : ils étaient trop ! Beaucoup trop pour elle ! Comment est-ce qu’ils en étaient arrivés à cette situation ? Quelque chose… non. Non ! Royan et Elise en parlaient ! Des traîtres ! Pouvoir parfaire une attaque de la sorte nécessitait des connaissances internes au campement !

Et à voir les démons qui se déplacent à gauche et à droite, autant dire que ce n’était pas très reluisant ! Foutus démons ! Elle n’arrivait pas à voir si certains étaient du campement et contre elle mais qu’importe, ce n’était pas le moment de se focaliser sur ça ! Elle allait devoir défendre sa fille et les autres aux alentours !

« Approchez-vous d’elle et vous pourrez alors aisément la… »

Hors de question de le laisser terminer sa phrase ! Et hors de question d’avoir plus de retenue ! La flèche qui s’était nichée dans le crâne du démon qui avait pris la parole avait commencé à émettre une forte lueur … avant de provoquer une explosion.

Une explosion qui secoua la zone par son souffle, assez puissante pour faire trembler les tentes mais heureusement, ces dernières étaient fortement attachées au sol. Au contraire des ennemis qui décollèrent du sol de pierre pour certains. Malheureusement, certains d’entre eux, démoniaques, avaient des ailes et arrivèrent à se stabiliser dans les airs. Pour les autres, l’atterrissage fut bien plus rude.

Et encore plus lorsque certains honoriens tentèrent de se relever. Elle n’avait pas hésité un seul instant, venant nicher une flèche dans le crâne de chacun. Oui, elle pouvait le faire ! Elle en était certaine ! Ils voulaient s’approcher ? Qu’ils viennent ! Elle allait les recevoir à sa façon ! Hors de question de se laisser faire !

« Bon sang ! Mais qu’est-ce que vous foutez ?! Éliminez-la ! Comme ce foutu roi de Traslord et cette soi-disante princesse démoniaque ! »

« C’est facile de dire ça, les démons, mais pour des types super balèzes, vous l’êtes pas vraiment ! Elle est en train de vous maîtriser comme si de rien n’était ! »

« Hey, qu’est-ce que tu crois ?! Que ça serait aussi simple ? S’ils ont survécu aussi longtemps dans cet endroit, ce n’est pas pour rien ! »

Tiens ? Ils étaient pas autant soudés qu’elle ne le pensait. C’était une bonne chose à apprendre à cet instant. Après, de ce qu’elle savait au sujet de ces honoriens, ils n’avaient pas hésité à trahir d’autres clans pour travailler avec les démons. Rien d’anormal à ce que des traîtres n’aient pas la mentalité pour collaborer correctement.

Mais ce n’était pas elle qui allait se plaindre de la situation ! Mieux encore, elle allait en tirer partie ! Enfin, du mieux qu’elle le pouvait… puisqu’elle n’avait aucun moyen de convaincre les membres de ce groupe dissident de l’abandonner.

« Bon, de toute façon, vous n’avez qu’à nous écouter. À la surface, c’est vous qui gériez mais ici, c’est notre domaine, compris ? Alors soyez sages et éliminer tous ceux et celles qui se trouvent sur votre passage dans cet endroit ! »

« Ouais, on a bien compris le message ! On va le faire ! »

Mince ! C’est pire que prévu ! Ils écoutaient parfaitement les dires des uns ou des autres suivant la situation ! En réagissant de la sorte, ils pouvaient alors éviter de se disputer plus que nécessaire ! Cela n’arrangeait pas du tout ses propres affaires !

Et quand est-ce qu’elle allait recevoir de l’aide ? Car si elle était seule dans cette section de la base, elle n’allait pas pouvoir défendre tous ceux qui n’étaient pas faits pour le combat ! Ils allaient quand même se bouger un peu, n’est-ce pas ?

Cela ne servait à rien de tergiverser et se plaindre plus longtemps. Le mieux était de s’occuper de ceux qui avaient pris la parole. Même si elle n’avait aucune preuve qu’ils étaient en quelque sorte les chefs de cette bande, savoir qu’ils étaient morts la soulagerait et lui retirerait un poids assez conséquent en un sens.

« Je vais vous faire disparaître, vous n’avez pas besoin de savoir qui va mourir en premier puisque ça sera l’un et l’autre en même temps ! »

« Elle se prend pour qui la blonde ?! J’vais me la farcir mais j’suis pas plus con qu’un autre ! Elle croit qu’on va tomber dans son piège ?! »

Un piège ? Le pire, c’est qu’elle n’en avait aucun de prévu mais s’ils avaient envie d’y croire, ce n’était pas elle qui allait se plaindre de les voir rester méfiants. C’était justement en agissant de la sorte qu’elle trouvera le moyen de les abattre plus aisément !


Bon… Quoi faire ? Comment faire ? Comment résoudre ce problème ? Le nombre n’allait pas réduire et surtout, maintenant, ils étaient concentrés à tel point qu’ils ne pouvaient plus être pris par surprise. Autant dire qu’elle n’appréciait pas du tout ce qui était en train de se passer. Hmm …

« Chargez tous en même temps ! Focalisez-vous sur elle et ensuite, ça sera bien plus simple de se débarrasser du reste ! »

Est-ce qu’ils avaient la moindre idée de ce que ça voulait dire « être discret » ? Du moins, éviter de parler de leur plan à voix haute ? Bah ! Au moins, si elle n’avait pas été convaincue auparavant qu’elle était leur cible, maintenant, il n’y avait plus aucun doute !

Alors, ce qu’elle allait faire, c’est les attirer ailleurs ! Pourquoi est-ce qu’elle n’y avait pas pensé avant ? De nouvelles flèches partirent à toute allure, ciblant chaque être sans s’arrêter sur leur chemin pour finir par trouver les épaules, estomacs ou jambes des différents démons et soldats honoriens.

Ce n’était pas grand-chose mais cela suffirait amplement à les forcer à la cibler, elle ! Et à entendre les grognements et les cris, cela fonctionnait parfaitement ! Parfait ! Maintenant, qu’est-ce qu’elle pouvait faire ? Qu’est-ce qu’elle pouvait imaginer comme solution pour régler ce problème une bonne fois pour toutes ?

« Eh bien alors, on arrive à se déconcentrer en plein combat ?! »

Même pas en rêve ! Elle fit un pas sur le côté, concentrant ses lignes magiques dans ses jambes avant de faire un bond dans les airs, utilisant la magie du vent pour en profiter pour mettre de la distance avec ses opposants et elle mais aussi avoir une meilleure vision.

Une vision dont elle se serait bien passée. Le campement était en flammes en plusieurs endroits et elle ne pouvait pas détourner son regard des nombreux combat qui avaient lieu. Elle tenta de retrouver Royan et Elise du regard mais très vite, elle dût faire quelques mouvements pour esquiver des flèches qui tentèrent de l’atteindre. Vraiment ? Ils osaient essayer ça sur elle ?!

« Je vais vous le faire payer ! »

Mais c’était comme des paroles en l’air. Elle comprenait que s’ils en venaient à utiliser des attaques à distance en plein campement ennemi, c’est qu’ils étaient assez confiants pour ne pas avoir à se préoccuper de leurs alentours. Autant dire que c’était encore plus problématique qu’elle ne le pensait.

Et ce qu’elle pensait n’était déjà pas très glorieux. Elle commençait à être sérieusement inquiète de la tournure des évènements. Elle ne pouvait plus se préoccuper de savoir comment Elise et Royan se débrouillaient. Elle devait d’abord s’occuper d’elle avant que cette histoire ne se mette à tourner très salement.

« Bon, les Honoriens et les démons, vous êtes en train de me taper sur les nerfs et ce n’est pas une bonne solution ! »

« Ohlala, qu’est-ce que tu vas nous faire exactement hein ? Tu crois vraiment que l’on va s’inquiéter d’une seule et unique personne ?! Votre foutue armée n’a pas compris à qui elle avait affaire ! »

« J’ai plutôt la sensation de l’inverse. Vous n’avez aucune idée de qui vous affrontez. »

Elle ne savait juste pas combien de temps elle allait tenir à cette allure. Ses adversaires ne diminuaient pas. Certains étaient même en train de se faire soigner, surtout les démons. Plus résistants que les honoriens qui étaient déjà des combattants aguerris et nés, voilà ce qu’ils étaient. Mais tout ça, elle le savait déjà grâce à la présence d’Elise et des autres présents qui étaient dans leur propre armée.

Rien… Elle ne pouvait rien faire à part tenter de les tuer plus rapidement qu’ils ne venaient. Mais pourquoi est-ce qu’ils étaient focalisés sur elle ? Est-ce qu’ils avaient deviné quelque chose à son sujet ? Mais ils auraient deviné quoi ?

Est-ce que ces démons avaient un intérêt quelconque à la tuer ? Autre le fait de simplement vouloir la tuer, est-ce qu’ils savaient qu’elle était la fille des deux divinités Alzar et Zélisia ? Hmm… Mais qu’est-ce que ça leur apporterait plus exactement de savoir ça ?

Elle hoqueta soudainement de douleur, baissant les yeux en remarquant la pointe d’une flèche qui venait de se nicher dans sa jambe gauche, la faisant tomber à genoux. Elle extirpa aussitôt la flèche, soignant sa blessure mais elle avait compris son erreur assez vite.

« Eh bien, on fait moins la maligne hein ? Cela va être l’heure de te régler ton compte. »

Vraiment ? Elle savait que certains honoriens n’étaient pas franchement doués pour la diplomatie mais utiliser une phrase aussi basique, digne d’un bandit de bas-étage qui s’attaquait aux caravanes, il devait plutôt avoir honte d’avoir ouvert la bouche qu’autre chose hein ? Avec un léger grognement de colère, elle tenta de se redresser, faisant un mouvement de la main droite pour créer un mur de vent, évitant juste à temps plusieurs nouvelles flèches en sa direction.

Ils n’allaient pas oser s’approcher d’elle. Ils pouvaient continuer à l’attaquer tout en sachant qu’elle était maintenant blessée. Vraiment… Ils avaient tout prévu, bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Comment faire alors quand elle était dans une telle situation ? Hors de question ! Il en était hors de question !

« JE NE VAIS PAS ME LAISSER FAIRE ! Vous ne pourrez pas m’empêcher de voir Tery après tout ce temps ! Je n’ai pas fait tout ce chemin pour que vous me stoppiez maintenant ! »

« Qu’est-ce qu’elle est en train de raconter ? »

« Sûrement en train de crier ses dernières paroles. Vous avez pas à vous en faire ! Tuez-la avant qu’il ne soit trop tard ! »

Oui, elle avait des raisons de tenir le coup. Elle n’allait pas s’arrêter ! Si on lui avait laissé une nouvelle chance dans la vie, elle devait la récupérer et tout faire pour ne pas la laisser s’échapper ! Est-ce qu’ils pouvaient comprendre ça ?! Non, ces types, qu’ils soient démons ou honoriens, ne pensaient qu’à leur petite personne, sans même se préoccuper des conséquences de leurs actes sur les autres hein ?

Mais quand même, elle reconnaissait parfaitement que les difficultés s’accumulaient à toute vitesse. Comment est-ce qu’ils avaient pu être aussi aveugles ? Cela ne ressemblait pas à Elise mais surtout Royan, de tomber dans un piège aussi grossier ! Elle, elle avouait qu’il y avait du relâchement à cause de sa fille mais à part ça, ce n’était pas normal de se faire autant avoir comme une débutante !

Ah… Ah… Ah… Mince. Le fait de devoir tenir une position ne l’aidait pas non plus. Elle ne pouvait pas trop s’éloigner de la tente et à voir les sourires de ses adversaires, elle se doutait maintenant qu’ils étaient au courant qu’elle était en train de protéger les personnes à l’intérieur. Elle aurait dû se sentir galvanisée, investie par une puissance divine issue de ses parents mais… non, l’épuisement était trop grand.

Des fois, même avec la meilleure des volontés, le corps ne pouvait pas répondre. Et elle le comprenait parfaitement. C’était… vraiment absurde… elle allait tomber ici ? Maintenant ? Et depuis cette flèche plantée en elle, elle se sentait un peu fiévreuse. Est-ce qu’elle était empoisonnée ? Ou alors, était-ce autre chose ?

« Eh bien, on diriat qu’on fatigue hein ? T’as l’airr de faire moins la fière ! »

« Mademoiselle Elen ! Je viens vous prêter main-forte ! »

« Non tu dois rester à l’intérieur de la tente pour la protéger ! Ils n’ont pas encore réussi à l’atteindre et … »

« LES GARS ! Focalisez-vous sur cette tente ! »

Elle n’avait pas eu le temps de terminer sa phrase en répondant à la démone. Leurs adversaires étaient vraiment à fond sur elle. Ils semblaient tellement se focaliser sur sa personne comme si elle était leur cible principale depuis le début. Elle n’aimait pas ça, pas ça du tout même. Ils étaient au courant de ce qu’elle était, ce n’était pas possible autrement.

Ils voulaient la faire souffrir, complètement. Pour lui faire payer quelque chose dont elle n’était pas à l’origine. Mais… non. Elle n’allait pas se laisser faire. Elle allait puiser dans ses dernières ressources et…

« C’est quoi ça ?! D’où ça vient ?! »

Elle s’était trop concentrée sur sa survie qu’elle n’avait pas remarqué tout de suite que certains démons étaient en déroute, se faisant attaqués par derrière. Oui, des soldats qu’elle ne connaissait pas, étaient visiblement en train de s’en prendre aux démons. Pendant un bref instant, elle s’était dit que cela n’avait rien d’anormal. Elle ne pouvait pas connaître tout le monde dans l’armée qui entourait Royan mais non… Ils n’avaient pas la même allure que les soldats qui étaient habituellement avec eux.

« D’où est-ce qu’ils viennent ? »

Elle se posait la question à voix haute, si étonnée et surprise qu’elle ne savait plus tellement où donner de la tête réellement. Elle pouvait réellement souffler ? Son corps approuvait cette idée mais son cerveau restait en ébullition. Si c’était un autre groupe de démons qui venait en profiter pour tous les raser, elle devait continuer à être sur ses gardes.

« Tery ! C’est bien une armée composée des différentes races ! »

« Tant mieux, ils sauront peut-être nous guider mais avant, il nous faut exterminer tous ces foutus démons et ces honoriens ! Faites leur apprendre ce qu’il en coûte de s’en prendre à des groupes venus de la surface ! »

« Ouais, enfin, on a quand même pas vérifié qu’ils ne voulaient pas notre peau non plus hein ? Peut-être qu’ils chercheront à nous tuer ensuite ! »

« Vu comment le combat se déroulait, je crois pas qu’ils tenteraient quelque chose de la sorte s’ils veulent vraiment survivre ! »

« Ouais bon, d’accord, t’as pas tort en réalité ! »

Tery ? Elle avait entendu la voix de Tery mais aussi son prénom ! Mais sa voix aussi ! Et comment ? Elle était sûre et certaine de l’avoir entendue ! Mais où ça ? Où est-ce qu’il était ? Un regard ç gauche et à droite mais elle ne trouvait rien !

« DÉGUERPISSEZ DE MON CHEMIN ! »

Galvanisée, elle avait aussitôt crée un puissant souffle. Elle n’avait pas de temps à perdre avec ces types ! Elle avait bien mieux à faire ! Tery était là ! Il était proche ! Proche d’elle !

Si proche… et elle allait tout faire pour éliminer quiconque se dresserait en travers de son chemin. L’épuisement ? Il n’était plus présent ! L’adrénaline dans son être avait pris le dessus sur tout le reste !

« TEEEEEEEERY ! TERRRRRRRRRRRRY ! »

Quitte à utiliser le vent, elle allait faire que sa voix soit portée par le vent ! Que sa voix arrive jusqu’à Tery ! Elle allait enfin le revoir ! Tout son être en tremblait, ses yeux bleus devenant rouges alors qu’elle les plaçait sur les honoriens et démons encore présents.

« Qu’est-ce qui lui arrive à elle ? Pourquoi est-ce qu’elle… »

« C’est quoi ça ? C’est une démone en réalité ?! Non mais ces yeux… ce sont ceux d’Alzar ! Hey ! On nous avait dit qu’elle ne possédait que les pouvoirs de Zélisia ! «

« Ouais ben c’est un peu tard pour… C’est quoi ça maintenant ?! »

Alors qu’elle était plongée comme dans une transe, galvanisée par la voix de Tery au loin, Elen remarqua de nombreux éclairs qui tombaient en divers endroits dans une zone à bonne distance de là où elle se trouvait.

« Manelena est là aussi, il fallait s’en douter. »

Mais ce n’était pas ça qui allait briser sa joie. Elle allait terminer cette foutue attaque et réceptionner Tery comme il se doit ! Dire qu’il avait juste suffit d’entendre sa voix pour qu’elle retrouve toutes ses forces ! Elle en deviendrait presque hystérique et… Non ! Non non ! Elle n’allait pas retomber dans ses travers !

« Maintenant, c’est nous qui sommes pris en tenaille ! Ils peuvent nous attaquer de tous les côtés ! On veut une solution ! »

« Non mais tu vas arrêter de te plaindre, bordel ?! »

C’était maintenant l’anarchie dans le groupe. Elle pouvait pousser un soupir de soulagement ou presque. Oui, elle était même en train de sourire alors que la situation ne s’y prêtait pas. Pourquoi ça ? Car elle assistait devant ses yeux à un meurtre entre alliés. Oui, l’honorien qui venait de se plaindre venait d’avoir la gorge tranchée par le démon qui lui avait hurlé dessus. Et aussitôt, cela semblait être le geste de trop.

« Hey ! C’était mon pote ! Je peux savoir ce qui t’a pris, espèce d’abruti ?! »

« Ton ami était un lâche qui allait fuir dès la première difficulté. Tu peux limite me remercier de l’avoir tué avant qu’il ne perde le peu d’honneur qui lui restait. »

« Non mais tu te fous de moi en plus ?! J’vais te buter ! »

« Tiens donc, et comment est-ce que tu comptes y arriver ? Fais-moi bien… »

« Il est pas seul, enfoiré ! On est tout un clan, tu vas le comprendre ! »

D’accord. C’était le moment où elle n’avait plus à se mêler de ce qui allait se passer, n’est-ce pas ? Elle avait toujours son arc en main mais elle ne semblait plus vraiment le danger maintenant. Oui, elle n’avait plus à s’en faire… pour l’instant.

Une ombre métallique vint atterrir à côté d’elle, soulevant un nuage de poussière à cause des éclats de roche propulsés par le soleret noir. Se redressant aussitôt de toute sa stature, l’être en armure bien plus grand qu’Elen avait une lame dans sa main droite, la tenant fermement avant de dire :

« Nous sommes un peu en retard, malheureusement. J’ai pu voir des pertes de votre côté. »

« Le plus important est que vous soyez arrivés… alors que ce n’était même pas prévu, Manelena. Je ne vais pas m’en plaindre. »

« Tu as l’air épuisée, non ? Et où es t-elle ? » demanda une nouvelle fois la personne en armure. La tête se tourna vers la tente derrière Elen.

« Elle est sous bonne garde mais… sans vous, je crois que cela… aurait été très compliqué. »

« Mais ça c’était avant. Maintenant que sommes-nous là, tu peux souffler un peu. Et puis, ce que nous avons enclenché semble enfin prendre forme. »

Malgré le casque sur le crâne, Elen pouvait entendre un petit rire en émaner. Un rire féminin, un peu mauvais pendant qu’elle restait non-loin d’Elen, cette dernière ayant les épaules qui s’affaissaient, signe de son soulagement.

« Oh, j’imagine que tu veux savoir ça en prime mais… Tery devrait arriver d’une minute à l’autre. Il est en train de faire plusieurs percées dans les troupes ennemies avec Clari. »

« Il est vraiment là alors ! ENFIN ! Je… Après tout ce temps, il… Ah ! Euh… Au cas où, est-ce qu’il… euh… veut me voir ? »

« Hmm ? Bien entendu. Même si nous ne savions pas que vous étiez dans les parages avant que Sérest et Séran ne nous préviennent. »

« Sérest ? Séran ? Qu’est-ce qu’ils font fait exactement ? »

Maintenant qu’elle y pensait, c’est vrai qu’elle n’avait pas remarqué leur présence en ces lieux alors que ça aurait été plus qu’important, surtout par rapport à cette situation. Mais bon, vu qu’ils venaient de ramener Tery à elle, elle pouvait bien les pardonner.

« Par contre, les retrouvailles, ça attendra qu’on en termine avec eux. Tu veux qu’on tente de les capturer ? »

« Vu que je compte bien les interroger pour avoir quelques informations, ça serait mieux. Bon… Au moins, avec vous présents, je sais que ma fille est en sécurité maintenant. »

Enfin… LEUR fille. Car oui, alors que Tery n’était plus qu’à quelques mètres d’elle, ils allaient enfin pouvoir se retrouver face à face… et plus encore.

Chapitre 49 : Comment réagir

ShiroiRyu
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Chapitre 49 : Comment réagir 

« Bon alors, vous vous rapprochez ou pas ? »

Décontenancés, les deux personnes ne surent comment réagir correctement. Quelques secondes plus tôt, elle essayait encore de les jeter hors de la tente.

« Dépêchez-vous avant que je ne décide de changer d’avis, d’accord ? »

« Bien… Bien entendu… Sérest, tu veux y aller en première ? »

Sans un mot, la femme ailée s’avança vers Elen et sa fille, venant s’accroupir devant elle. Comme si elle avait l’impression que l’enfant se briserait à son contact, Sérest osait à peine tendre la main vers le bébé.

« Elle ne va pas te mordre, elle n’a pas encore fait ses premières dents. »

« Oui, je sais… mais elle semble… si fragile. Elle est en bonne santé, n’est-ce pas ? »

« Elle l’est. Sa mère a eu du mal à sa naissance, chamboulée et tout le reste. Mais Manelena comme la mère de Tery étaient là pour la soutenir. »

Elen parlait avec une certaine nonchalance et fatigue. Oui, elle semblait fatiguée mais peut-être tout simplement parce qu’elle se faisait violence pour ne pas repousser ses deux parents… ou alors pour leur pardonner.

« Vous donnez l’impression de n’avoir jamais vu de bébé de votre vie. »

« La chair de notre chair ? C’est exact… Nous n’avons pas pu t’élever… à cause de nombreuses raisons dont tu en connais la plupart. »

« Hum hum… Bref, vous n’avez rien pu faire pour moi, j’ai été abandonnée à ma naissance et c’est un démon qui m’a élevé sous couvert d’un orphelinat et… »

« Nous sommes au courant de cela. Même si nous ne pouvions pas t’approcher, nous prenions de tes nouvelles par rapport à une certaine vienne dame. »

Vieille dame ? Elle s’apprêtait à se redresser mais se retint en pensant à son enfant. Pourtant, ses yeux bleus fixèrent avec intensité Séran qui avait osé parler de madame Liza.

« Vous… Qu’est-ce qu’elle… par rapport à vous ? »

« Une longue famille d’adeptes de nos formes divines. Elle n’était pas fille unique donc sa lignée n’a pas disparu mais… de son côté, malheureusement, nous avons appris la nouvelle très rapidement. Nous avons prévenu sa famille, c’était la moindre des choses. »

« J’ai toujours cru… qu’elle était orpheline comme les autres enfants. Elle est morte… à cause de ce démon. Ce démon qui prétendait être un oracle. »

« À ce sujet, il est vrai que ces démons doivent être proches de la famille royale. »

Hein ? Comment cela ? Maintenant, Elen fixait Sérest comme si elle venait d’apprendre une révélation qu’elle aurait dû connaître depuis tout ce temps. Pourquoi ? Enfin, qu’est-ce que Sérest venait de dire ? Celui-ci reprit :

« Je ne vois qu’eux pour réussir à être au courant par rapport à ta naissance. Et encore, ils savaient ce que cela impliqueraient. Quelqu’un dans la famille royale démoniaque a bien plus de détails que nous le pensions. »

« Et donc si j’ai mené cette existence, est-ce que vous voulez dire que c’est… »

« Encore de notre faute ? Cela serait un peu exagéré de vouloir nous tenir responsable de tous les malheurs du monde, tu ne trouves pas, Elen ? »

« En même temps, d’un autre côté, vous ne semblez pas nier que pas mal de choses se sont produites à cause de votre absence d’actions ou justement à cause de ces dernières hein ? Je ne viens pas de les inventer, non plus. »

« Hmm… D’accord. Bref, ces démons, tu n’as donc aucune nouvelle à leur sujet ? »

« Si j’en avais, ça serait les dernières que nous aurions. Je ne compte pas les laisser vivre, ces saletés. Je veux leur faire payer. »

« La vengeance ne mène à rien de bon, Elen. J’imagine que tu le sais déjà, non ? »

« Elle ne mène à rien mais elle permet d’être satisfait. Et ces deux êtres méritent le sort que j’ai prévu de leur faire subir. »

« Visiblement, je ne peux pas te faire changer d’avis. Mais, nous sommes heureux de te revoir, nous tenons à te la signaler. »

« Si c’était vraiment le cas, vous seriez restés, non ? Or, ce n’est pas le cas et j’ai faillit perdre mon enfant et… »

« Elen, en même temps, ce sont eux qui t’ont sauvé après ce que tu avais fait pour eux. » déclara une voix masculine, Royan finissant par rentrer dans la tente. « Désolé mais je ne pouvais pas faire comme si de rien n’était bien que… »

« Tu ne te gênais pas pour tendre une oreille indiscrète, comme si de rien n’était, c’est ça ? »

« Elen, tu peux me faire tous les reproches que tu veux mais pour le coup, tes parents t’ont sauvé la vie en réponse à ce que tu as fait de ton côté. Certains pourront dire que c’est un échange de bon procédé, rien de plus. »

« Ce n’est pas totalement faux… et ce n’est pas exactement vrai. Mais bon, d’un autre côté, nous pensions mourir pour ouvrir les portes démoniaques. Il s’avère que tes actions nous ont offert une nouvelle chance de vivre et que toi aussi, qui devait mourir, méritait la même chance. C’est pourquoi nous avons fait cela. »

« Et si j’avais décidé de ne pas vous sauver ? »

« Tu serais morte comme nous, malheureusement. »

RAAAAAAAAAH ! Ce couple qu’elle devait considérer comme ses parents arrivait à l’exaspérer plus qu’il n’en fallait ! Sincèrement, comment est-ce qu’ils faisaient pour réussir un tel prodige ? Est-ce qu’elle était devenue une boule de nerfs si facile que ça à user énerver ? La question se posait et était légitime. Pour autant, il fallait faire comme si de rien n’était… si ce n’était pas trop tard justement.

« Est-ce que… tu saisis un peu mieux la situation ? »

« Non. Pas du tout. Mais je vais faire comme si c’était le cas. Ma seule priorité à l’heure actuelle, c’est de retrouver Tery et pour le moment, ce n’est pas du tout le cas. »

« Tu es bien plus proche de lui que tu ne le crois. Sois rassurée. »

« Comment est-ce que vous pouvez le savoir ? » rétorqua à nouveau Elen en les regardant avec suspicion. Lorsqu’ils parlaient de la sorte, elle avait vraiment envie de …

« Que tu vas bientôt pouvoir lui faire face. Par contre, en vue de la situation actuelle, il se pourrait que tout soit très dangereux d’ici quelques temps. »

« Qu’est-ce que vous savez encore que vous me cachez ? »

Elle n’avait plus le temps de prendre des pincettes. Pas avec eux, ils ne le méritaient pas. Elle voulait une réponse franche et directe. Qu’ils arrêtent de tergiverser et qu’ils viennent lui répondre maintenant au lieu de tourner autour du pot.

« Ce n’est pas vraiment un secret, plus une prémonition, une sensation. J’imagine que c’est difficile à croire mais il y a de très fortes chances que votre fille comme les cadets d’Elise soient en danger très bientôt. Ce ne sont que des enfants dans leurs cas… »

« Et vous aimeriez qu’on vous les confie alors qu’ils ne vous connaissent pas et que vous êtes revenus comme si de rien n’était ? Ce n’est pas à moi qu’il faut demander ça mais à Elise et à Zalek comme Wandy. »

« C’est vrai. Et pour… »

« Je vais y réfléchir. Disparaissez maintenant. » coupa sèchement la jeune femme aux cheveux blonds, les invitant à partir. Ils étaient restés que trop longtemps dans sa tente. Ils avaient eu l’occasion de voir leur petite-fille, chose qu’elle n’aurait jamais permis à l’époque. Peut-être qu’elle était prête à leur laisser une chance.
Car elle avait sûrement envie d’y croire… oui, croire en eux. Croire qu’il était possible que tout cela n’avait été qu’un malheureux concours de circonstance, comme avec Tery. Elle ne se savait pas aussi niaise et ridicule et pourtant… elle était là, devant le fait accompli.

« Tery, s’il te plaît, dépêche-toi vraiment… je n’en peux plus à force. »

Après le départ du duo, elle s’était relevée, observant l’enfant endormi avec tendresse.

Elle était heureuse, très heureuse d’avoir cet enfant mais elle savait qu’en un tel endroit, le danger était permanent. Pourtant, elle l’avait emmené en son âme et conscience, connaissant parfaitement ce que cela impliquait. Oui… Elle allait… veiller sur elle.

Plongée dans le sommeil à son tour, elle rêvait. Elle rêvait doucement à ce qu’elle voudrait faire avec Tery lorsqu’ils se retrouveront. Des rêves qui se mélangeaient, qui fusionnaient, donnant l’impression de mener une nouvelle vie dans ce monde onirique.

Une vie calme, paisible, parfois parcourue par des moments plus intimes où elle espérait fonder une famille bien plus nombreuse. Oui, l’expression de leur amour devait se faire via de nombreux enfants et tout son corps ne cachait plus vraiment cette envie brûlante et dévorait qui animait et la parcourait.

« Elen ! Elen ! Réveilles-toi et vite ! On se fait attaquer ! »

Hein ?! Elle s’était redressée aussitôt, yeux grands ouverts, en position d’alerte. Que ça soit Elise elle-même et non pas un simple soldat avait aussitôt confirmé à quel point cela devait être dangereuse. Se remettant debout, elle était déjà prête mais allait nécessiter quelques informations. S’adressant à la « nourrice » chargée de surveiller son enfant, une démone ayant déjà eu plusieurs d’entre eux dans le passé, elle se mettait à côté d’Elise, demandant plus de détails sur la situation.

« Qu’est-ce qui se passe exactement ? Les monstres sont parfois stupides mais… »

« Ce ne sont pas des monstres mais des honoriens ! Et ils sont accompagnés par des démons en prime ! C’est le pire qui pouvait nous tomber dessus ! »

« Le pire ? Oui, on a connu bien pire toutes les deux. Royan est où ? »

« En train de préparer nos troupes. Je crois qu’on doit avoir un ou deux traîtres dans notre armée, ils sont tellement bien préparés en face que ça ne me donne pas l’impression que ça soit juste le fruit du hasard ! »

« Quelqu’un qui n’aurait pas hésité à nous planter une lame dans le dos ? »

Pendant un bref instant, elle pensa à Sérest et Séran mais retira très vite cette idée du crâne. Non, ils n’auraient pas osé une nouvelle fois. Pas de cette manière, pas ainsi. Une fois mais pas deux, non ? Pas de la sorte. Même si maintenant, cette idée commença à se trouver une petite place dans sa tête.

« Est-ce qu’ils ont des revendications ou autres ? »

« Non, pas du tout. Nous avons été assez doués pour éliminer les éclaireurs qui sont venus jusqu’à nous et nous avons réussi à extirper ces informations mais nous avons préféré les éliminer pour qu’ils ne posent pas de problème. »

« Donc, actuellement, c’est plus une question de temps que de réaction à vif. C’est pour ça que tu m’as réveillée aussi subitement ? Je pensais que nous étions déjà en train de nous faire attaquer, Elise ! Tu es complètement folle ou presque, tu le sais ? »

« Folle, folle, pas vraiment. Vu comment c’est important, j’ai préféré plutôt jouer la sécurité qu’autre chose. Bon… Que faisons-nous ? »

« Je vais déjà aller voir Royan. Vu que ça reste le roi de Traslord, il est quand même plus doué que moi ou toi pour tout ce qui est stratégie, hein ? »

« Je ne peux pas dire que tu as tort sur ce point. » compléta Elise avant de laisser Elen prendre les devants, la guidant néanmoins en direction de la tente où se trouvait Royan avec les hauts-gradés militaires.

« Me voilà, Royan. Désolée du retard. »

« On ne ne pouvait pas prévoir qu’ils étaient si proches de nous mais surtout qu’ils envisageaient de nous attaquer. Tu n’es pas fautive, Elen. Tant que tu es là, c’est le plus important. Pour ton enfant, est-ce que… »

« Oui, elle est en sécurité, avec sa « nourrice » donc je n’ai pas à m’en faire de mon côté. Par contre, nous étions sûrs qu’ils envisageaient de nous attaquer ? Vu qu’Elise a parlé de capture et d’interrogation, nous avons plutôt… été réactifs… qu’autre chose non ? »

« Tu t’inquiètes du fait que nous avons été trop prompts à réagir alors que peut-être ils ne nous voulaient pas de mal ? Si c’est ça qui t’inquiète, je peux te rassurer. Les éclaireurs ont bien pensé qu’ils nous étaient supérieurs et nous étions bien leurs cibles. Ils n’auraient pas hésité même à capturer l’un d’entre nous comme preuve. »

« D’accord, d’accord. Des éclaireurs purement démoniaques ? »

« Non, justement, honoriens parmi eux. Et avec un équipement démoniaque sur eux, ce qui veut dire qu’ils collaboraient, comme nous le pensions. C’est la première fois que nous avons affaire directement à ces fameux clans traîtres aux règles d’Honoros. »

Royan eut un léger grognement en même temps qu’il bougeait ses lèvres, chuchotant qu’Inna et Hérik avaient eu totalement raison. Justement, ils n’avaient jamais pensé qu’ils auraient décidé de leur mentir mais bon…

« Royan, je te conseilles d’empêcher quiconque de quitter le campement maintenant que nous devons nous préparer à les recevoir de façon assez « musclé ». »

« Déjà fait, Elen. Ainsi, ces traîtres parmi nous ne pourront pas prévenir leurs compagnons de ce que nous comptons faire. Cela leur tombera dessus sans même prévenir. »

Oui… Mais s’ils étaient bien plus nombreux que leur armée, ils auraient alors de gros problèmes. De plus, cela revenait plus ou moins à se mettre en état de siège. Mais bon, elle ne pouvait que faire confiance à Royan.

« Royan, vu que c’est nous qui subissons cette attaque, je vais… »

« Tu n’as pas à t’en faire. La priorité va à ton enfant. Il en est de même pour les blessés, il faut que nous protégions ceux qui ne sont pas aptes à se battre. Les règles ne changent pas. »

Elle hocha la tête, le remerciant de façon non-verbale avant de retourner au niveau de sa tente. Elle eut une petite mimique de colère, ne remarquant pas Sérest et Séran dans les environs. Pourquoi est-ce qu’elle y avait cru hein ? Est-ce qu’elle était aussi ridicule que ça ?

Sûrement … mais au moins, elle vint prévenir la nourrice de sa fille qu’elle allait traîner autour de la tente pour être certaine qu’il n’y avait aucun risque et que rien ne pourrait se rapprocher de celle-ci. Une mesure de précaution pour la sécurité de son enfant. De plus, elle n’était pas si éloignée que ça des autres tentes, bien plus grandes, qui servaient de dortoir aux personnes « civiles » de l’armée.

« Je pourrais surveiller les alentours. »

Ces paroles étaient plus pour elle-même que pour les autres mais cela lui permettait de se rassurer. Néanmoins, ce n’était pas pour ça qu’elle allait accepter d’être toute seule à défendre cet endroit hein ? Il fallait que les autres bossent aussi ! Pfiou…

Elle était peut-être un peu excitée ou tremblante. Elle n’était pas certaine que ça soit à cause de l’émotion, plutôt des paroles de Sérest et Séran. Ces derniers avaient évoqué le fait que Tery n’étaient pas si loin d’elle et… peut-être que dans le fond, elle voulait quand même les croire. Ils savaient où « taper » pour réussir à l’intéresser.


Maintenant, elle était assise sur un tabouret, son arc à la main, à une distance respectable de la tente où dormait sa fille. Elle l’avait encore dans son champ de vision, ce qui lui permettrait de la défendre plus aisément. De toute façon, elle était prête à tous les excès dès qu’il s’agissait de sa fille. Hmm… En pensant de la sorte, elle avait l’impression qu’elle n’avait rien appris de ses erreurs passées.

Mais en même temps… Hmm… Non, elle n’avait pas le temps d’y penser en réalité. Elle commençait à entendre les bruits de combat. Son coeur se serra un peu plus que d’habitude. Pourtant, ça ne changeait pas tant des autres fois… donc elle ne comprenait pas ce qui clochait. Elle était assez perdue en réalité.

Mais voilà, la corde son arc vrilla pendant un bref instant en même temps qu’une flèche de lumière ne partait vers les airs, pour tomber bien plus loin, an milieu de plusieurs tentes. Elle ne pouvait entendre le cri à cause de la distance mais elle savait que sa flèche avait touché sa cible. Oui… Elle en était convaincue.

Et puis, très vite, tout commença à s’enchaîner à une vitesse bien plus rapide qu’elle ne le pensait. Des nuages de fumée s’élevèrent à distance, signe que certaines tentes prenaient feu alors que les combats prenaient place tout autour d’elle.

Ne pas bouger. Elle ne devait pas bouger. Elle était sur le qui-vive, prête à réagir dès que cela sera nécessaire. Pas de geste impromptu. Elle n’était pas là pour en faire plus que nécessaire. Tout son être devait rester calme et tranquille.
Calme… et tranquille… ou presque. Mais pourquoi est-ce qu’elle avait ce sentiment néfaste qui l’envahissait ? Elle était debout, non-loin de la tente où se trouvait son enfant, venant rassurer la nourrice à l’intérieur. Enfin, celle-ci restait une démone qui avait déjà son attirail pour défendre l’enfant, munie d’une épée longue et d’un bouclier héraldique.

« Elen, vous ne préférez pas que j’aille défendre à l’extérieur tandis que vous restez auprès de votre fille ? » demanda justement la démone, se présentant à l’entrée de la tente, son regard néanmoins tourné vers l’intérieur.

« N’ayant pas vraiment les capacités de me défendre au corps à corps, si je suis attaquée par surprise alors que je suis dans la tente, je ne pourrais pas réagir correctement. Elle est plus en sécurité à tes côtés. »

« Comme vous le désirez. De plus, nous avons préparé chacune de notre côté quelques sorts pour la protéger. »

« Contre les honoriens, je n’ai pas trop de crainte mais la puissance des démons varie tellement entre deux démons que c’est difficile de savoir si ça sera suffisant ou non. »

La membre de la dite-race fit un léger sourire en hochant la tête positivement, ne pouvant que confirmer les propos d’Elen. Retournant dans la tente, munie de son armement, la démone n’était plus visible alors qu’Elen reprenait place.

Pourquoi ce mauvais pressentiment ? Pourquoi est-ce qu’elle avait l’impression que si elle ne faisait pas attention, tout allait très mal se terminer ? Qu’est-ce qui clochait réellement ? La sensation était si différente que d’habitude.

Pourtant, elle n’avait aucune raison concrète d’être plus inquiète qu’auparavant. Oui, elle allait régler le problème comme elle le faisait à chaque fois et retrouver sa petite fille adorée. Pfiou… Les tentes des non-combattants étaient au centre du campement, guère trop éloignées de celles d’Elen, Royan et Elise. Tant que les ennemis n’arrivaient pas à cet endroit, il n’y aura aucune raison de s’inquiéter et …

«MAIS ILS SONT COMBIEN ?! »

Une voix se fait entendre, plus forte et imposante que les autres, autour d’elle. Concentrée, elle pouvait entendre de nombreux cris de bataille. Les flammes, il y en avait de plus en plus mais comment… Normalement, ils ne devraient pas avoir autant de souci ?! Elle fit apparaître aussitôt une flèche en bandant son arc, tirant dans les airs pour que celle-ci explose en une dizaine de flèches qui partirent vers le sol. Entendant quelques hurlements, elle savait qu’elle venait de faire mouche et…

« C’est elle ! C’est elle qui nous attaque à distance ! »

Depuis quand est-ce que ces honoriens et ces démons sont là ?! Ils ont réussi à venir jusqu’ici ? Qu’est-ce que les autres font ? Et Royan ? Et Elise ? Pourquoi et comment est-ce qu’ils ont réussi à venir jusqu’ici ?

« Faites qu’ils soient en sécurité. »

Voeu pieu qu’elle prononçait pour elle-même tout en serrant les dents. De nouveaux cris, de nouveaux hurlements, tout était chamboulé. Normalement, ça ne devait pas se passer comme ça ! Pourquoi est-ce pour une fois, tout allait mal se finir ?! Il en était hors de question ! Elle n’allait pas laisser tout ça se faire ! Elle allait régler ce problème par elle-même !

Chapitre 48 : Au centre de tout

ShiroiRyu
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Chapitre 48 : Au centre de tout

« C’est bien étrange. »

« De quoi donc, Elise ? » demanda le jeune homme aux cheveux bleus juste à côté de la demoiselle démoniaque. Celle-ci marchait derrière Elen, qui dirigeait la petite troupe pour l’occasion.

« Les chemins qu’Elen est en train de prendre, j’ai la sensation de n’en connaître aucun. »

« Et… Est-ce que c’est une bonne chose ou non ? Si ce n’est pas le cas, il vaut mieux l’arrêter maintenant avant que nous nous mettions en danger. Surtout qu’elle porte sa fille avec elle. Déjà qu’elle voulait absolument jouer son rôle d’éclaireuse… »

« Pour le moment, j’ai justement l’impression du contraire. Les chemins pris sont complètement vierges de dangers. C’est assez perturbant. »

Finalement, qu’est-ce qu’il pouvait y faire ? Il haussa simplement les épaules aux propos de sa dulcinée. Si c’était ce qu’elle ressentait, qui était-il pour prétendre mieux savoir qu’elle ? Dans tous les cas, elle avança pour se retrouver assez vite à la hauteur d’Elen.

« Alors, Elen, qu’est-ce que tu as de bien à nous dire ? »

« Pas grand-chose, si tu veux tout savoir, Elise ! J’ai juste la sensation… que nous nous rapprochons de quelqu’un de très proche de moi. Je suis certaine que nous allons bientôt trouver Tery ! »

« C’est tout ce que j’espère pour toi. Tu as assez attendu et assez souffert. Il est vraiment temps que vous puissiez souffler tous les deux. »

« Je ne te le fais pas dire ! Ah… Par contre, quand ça arrivera, vous pourrez vous occuper de ma fille ? Enfin, après bien entendu que je l’ai présentée à Tery. »

Hum hum. Pas besoin de plus d’explications sur le pourquoi elle voulait être seule avec Tery. Il y avait de ces réponses qui étaient implicites sans même nécessiter plus de détails. Pour autant, Elise ne pût s’empêcher de rire intérieurement.

« J’ai eu les mêmes besoins en revoyant Royan après tout ce temps. »

« Entre femmes, c’est plus aisé de se comprendre, non ? »

« C’est exact. Ce n’est pas à Royan que tu pourrais parler de ça. Enfin, Royan, lui parler même d’autre chose est assez compliqué en un sens. »

« Je veux bien te croire. Même après toutes ces années, il peut garder un petit côté tête de mule. C’est assez impressionnant. Après, je suis mal placée, Tery a aussi son petit caractère et pfiou, je sais aussi que j’ai été assez… problématique. »

« Ça, je ne te le fais pas dire, ma grande. Mais bon, on a chacun nos défauts et si tout le monde était parfait, ça serait bien triste. »

« Ah… Vouloir être parfaite pour l’être aimé, je crois que de ce côté, je me suis plantée. »

« En cherchant une telle chose, tu t’es bloquée sur bien d’autres. Mais maintenant que tu as compris la leçon, tu n’as donc plus à t’inquiéter, Elen. »

« Hmm hmm. J’imagine que oui ! Voir Tery… Ah… »

Oh ? Elle était maintenant plongée dans ses pensées hein ? Elise eut un fin sourire, bien qu’elle préférait si Elen savait où elle était en train de les emmener. Ce n’était pas qu’elle n’avait pas confiance en la jeune femme aux cheveux blonds mais il fallait quand même reconnaître que c’était mieux si elle était concentrée sur sa tâche.

Mais voilà, malgré son inquiétude, il fallait reconnaître que la demoiselle aux cheveux blonds faisait le travail demandé. Encore qu’il n’y avait aucun travail à la base, simplement de l’instinct. Un instinct qui pouvait parfois se montrer assez cruel et moqueur envers elle.

Les minutes s’étaient écoulées, puis les heures, et la première pause était arrivée. L’armée était assez satisfaite de la tournure des évènements. Pour une fois, ils n’avaient pas à s’inquiéter des monstres autour d’eux. Ils se sentaient en confiance dans l’endroit où Elen avait décidé de signaler qu’ils allaient se reposer.

« Hmm… Je pensais vraiment que Tery serait dans les environs. »

« Le monde souterrain est gigantesque, Elen. Je ne peux pas prétendre savoir exactement à quel point mais dis toi que si on compte toutes les galeries sous la surface, il n’y aurait rien d’étonnant à ce que la superficie soit bien plus grande que tu ne le crois. »

La jeune demoiselle aux cheveux blonds fit une légère moue comme réponse, guère vraiment satisfaite de celle d’Elise. Il lui en fallait quand même plus que ça hein ? Ah… Enfin bon, elle allait s’occuper de sa fille en attendant qu’ils reprennent la route.

Comme à son habitude maintenant, elle poussait doucement la chansonnnette pour calmer la petite demoiselle dans ses bras, celle-ci n’étant en réalité guère agitée contrairement à ses deux parents qui tenaient rarement en place.

Oui l’enfant était si calme et adorable, étant et restant la coqueluche de l’armée présente autour d’Elen, Elise et Royan. Pour beaucoup de femmes dans l’armée, cela restait un but à atteindre même si en tant que militaires, elles ne pouvaient renier l’exaltation du combat sur le terrain directement.

« Elise ? Est-ce que tu peux la garder pour quelques instants, s’il te plaît ? »

Alors que la demoiselle aux cheveux auburn observait la mère et l’enfant, Elen s’était redressée assez vivement tandis que le bambin dormait dans ses bras. Comme mise en alerte, Elen déposa l’enfant dans les bras d’Elise avant de reprendre :

« Je crois que nous ne sommes pas seuls. Je veux aller vérifier. »

« C’est beaucoup trop dangereux d’y aller seule, Elen. Je veux que tu sois accompagnée. »

« S’il y a un souci, j’irais fuir plutôt que de chercher la confrontation. Ne t’en fait pas pour moi, d’accord ? »

« Justement, c’est bien parce que je m’en fais pour toi que je dis ça. »

« Hahaha ! Sincèrement, ça devrait aller. Nous commençons à nous y habituer et même s’il est vrai que nous n’avonns rien eu à combattre aujourd’hui, ce n’est pas pour ça que je vais baisser ma garde. J’ai juste cette sensation… qu’il est proche… et je veux être la première à confirmer ça, c’est tout ! »

« Hum. D’accord, je ne vais pas te mentir, je ne suis pas vraiment rassurée mais bon… »

Ce n’était pas comme si Elen allait vraiment écouter ce qu’elle allait dire hein ? Elise observa le bébé dans ses bras qui roupillait tout doucement avant d’hocher la tête. Elle prévint Elen de se dépêcher, celle-ci partant aussitôt, presque guillerette.

« J’espère qu’elle ne va pas être trop déçue. Espérer trouver Tery comme ça, sur un coup de tête avec de la chance… »

Cela tenait plus du miracle qu’autre chose mais il était difficile de refuser ça à Elen qui était intimement convaincue que c’était chose aisée. Mais voilà, très vite, la femme aux cheveux blonds s’était arrêtée, entendant des bruits de pas et des voix. Oui, plusieurs voix.

Et tout de suite, elle avait compris alors que cela ne pouvait être Tery. Elle aurait reconnu sa voix mais… ces voix lui disaient quelque chose aussi. Où est-ce qu’elle avait déjà entendu ces dernières ? Elle était certaine que ce nn’était pas la première fois.

Se mettant sur ses gardes, elle avait alors décidé de rester derrière un rocher, tenant fermement l’arc qu’elle avait fait apparaître dans ses mains. Des flèches dotées des capacités de Zélisia étaient parfaites pour exterminer quelques démons. Il suffisait simplement de se focaliser un petit peu sur les cibles et avant même qu’elles ne puissent ré…

« Elen ? C’est bien toi ? »

Elle sursauta sur le coup en entendant une voix féminine dans son dos, se retournant pour faire face… à deux personnnes ?! Deux personnes qu’elle reconnnaissaient aisément.

« Qu’est-ce… que vous faites ici ? »

Sérest. Séran. Deux personnes qui avaient bien dépassé la quarantaine d’années. Pourtant, malgré cela, leurs corps étaient comme parfaitement sculptés tous les deux. Mais ce n’était pas ça qui avait fait émettre un grognement chez la jeune femme.

« Nous pourrions te poser la même question, le sais-tu ? »

Et voilà qu’elle avait maintenant un rictus aux lèvres. Il valait mieux ne pas se lancer sur cette pente glissante, elle n’était clairement pas d’humeur à leur stupidité. Alors qu’elle avait fait disparaître son arc, ses mains se posèrent instinctivement sur son ventre, comme pour se protéger d’un mauvais souvenir.

« Répondez au lieu. Je ne suis pas d’humeur à plaisanter. »

« Seulement si tu nous expliques pourquoi est-ce que tu réagis de la sorte… »

« Sérest, c’est assez facile à comprendre. » déclara l’homme en donnant un petit coup de coude dans la hanche de sa femme, pointant du regard le ventre d’Elen.

« Oh… Oui. C’est une bonne raison en soi, c’est vrai. »

« Je ne vais pas me répéter une troisième fois. Qu’est-ce que vous faites ici ?! Je veux le savoir ! J’espérais ne jamais vous revoir ! »

« C’est très cruel de dire cela alors que nous ne sommes pas directement responsables de ce qui s’est passé aux portes d’Omnnosmos. »

« À d’autres. Je ne vais pas tomber dans votre piège. Exprimez-vous maintenant. Pourquoi est-ce que vous promenez dans le monde souterrain comme si de rien n’était ? Qu’est-ce que vous manigancez encore tous les deux ? »

« Rien de spécial. Nous avons simplement eu vent des mésaventures de ces derniers… »

« Oui, bien entendu, car nous savons très bien que vous n’êtes responsables en rien de tout ce qui se passe hein ? Vous vous foutez pas un peu de ma gueule ? »

Elle était en train de bouillir sur place mais ils ne semblaient pas du tout en tenir compte. Elle allait finir par exploser à cette allure s’ils ne décidaient pas de s’exprimer correctement ! Ils avaient intérêt à répondre avant qu’elle ne fasse tout dégénérer !

« Tu es devenue bien plus vulgaire et agressive depuis la dernière fois. » murmura Sérest avec calme et un peu de tristesse dans la voix.

« La faute à qui ? Je veux dire : je vois deux personnes que j’appréciais mourir devant mes yeux, j’ai une main qui me traverse le ventre de la part de l’homme que j’aime, mettant en danger de mort l’enfant que je portais et j’ai appris que tout ça était à cause de deux personnes, anciennes divinités, accessoirement mes parents. Alors, non, je suis désolée de ne pas l’être par rapport à tout ce que vous avez fait ! »

« C’est vrai. Nous avons voulu vous protéger tous autant que vous êtes mais nous ne pouvions nous empêcher de nous dire que nous devions réussir enfin à rouvrir les portes pour… »

« Au point que je sois seulement un objet entre vos mains, c’est ça ?! Car j’ai bien compris qu’il fallait votre sang et celui de votre enfant ! Qui me dit que ce n’est pas juste la raison de mon existence à vos yeux ?! »

« Ce n’est pas le cas, tu peux être rassurée. »

« Rassurée par qui ? Vous ? Vos paroles ? Comme si je pouvais vous accorder ma confiance, tss ! Dire que j’ai cru que j’allais retrouver Tery et au final, je suis tombée sur vous. Je ferais mieux de retourner voir les autres. »

Et sans un mot de plus, elle pivota sur elle-même, ne leur jetant même plus un regard avant de se mettre en route. Pour elle, la conversation était terminée. Les deux personnes la regardèrent s’éloigner, s’observant l’une à l’autre avant de soupirer.

« Dire que Tery n’est plus si loin d’elle. Nous aurions pu … la prévenir, Séran. »

« Sérest, je suis certain qu’elle va le trouver par elle-même. Nous savons où est l’enfant du Dévoreur, c’est une bonne chose mais… pour ce dernier… »

« Rentrer dans la capitale démoniaque serait tout simplement nous conduire à la mort. »

« Oui, nous n’avons plus… vraiment les capacités d’antan, c’est bien triste. »

« La faute à nos corps affaiblis par le temps. Mais il en est ainsi et pas autrement. Tu penses que nous devrions aller les revoir ? » demanda une nouvelle fois Sérest, les joues rougies. « Je voudrais bien… regarder notre petite-fille. »

« Je ne suis pas certain que nous y serons autorisés bien que nous serons acceptés parmi leurs troupes. Allons-y alors. »

Les deux personnes étaient à peine convaincues par leurs propres paroles. Même si elles cherchaient à ne pas trop le montrer, les paroles assez dures et froides d’Elen avaient réussi à les affecter. En même temps, il était difficile de prétendre qu’elle avait tort. La démarche lente, les voilà qui suivaient les traces laissées par Elen.

Lorsqu’ils se présentèrent devant l’armée composée des différentes races, aussitôt, plusieurs armes se levèrent avant de très vite se rabaisser, deux personnes se présentant face à eux. Deux personnes aux allures si différentes et pourtant qui allaient si bien ensemble.

« Royan… Elise, cela faisait très longtemps. Heureux de voir que vous allez bien. »

« Difficile de dire que c’est réciproque mais bon… Qu’est-ce que l’on peut faire pour vous ? »

« Vous n’êtes sûrement pas venus simplement pour prendre de nos nouvelles, non ? »

Elise avait complété les propos de Royan, se mettant face à Sérest, Séran étant de même par rapport au jeune homme aux cheveux bleus. Les deux anciennes divinités les regardèrent pendant quelques instants avant de pousser un léger soupir, montrant bien par là qu’ils étaient fatigués mentalement par tout ceci.

« Nous sommes venus explorer le monde souterrain après ces derniers siècles voire millénaires. Tout cela a tant changé que nous ne pouvons à peine nous rappeler où nous nous trouvons réellement. »

« Juste ça ? Vous êtes de quel côté réellement ? Vous comprendrez que l’on ne sait pas vraiment comment vous considérer, n’est-ce pas ? »

« C’est normal. Nous sommes du côté du monde. Du monde entier. Nous ne faisons pas de différence entre les démons et les races de la surface… comme vous, n’est-ce pas ? »

« Vos paroles sonnent creuses à mes oreilles. Néanmoins, je veux bien vous accorder le bénéfice du doute à ce sujet. Donc… bon… Pourquoi étiez-vous ici exactement ? »

« Le Dévoreur. Est-ce que ce nom vous dit quelque chose ? »

Les deux personnes hochèrent négativement la tête bien qu’Elise était maintenant songeuse, réfléchissant plus longuement à leurs propos. Avec Tery, il n’y avait pas quelque chose du genre ? Ou alors, peut-être qu’elle se trompait ?

« Non mais j’imagine que vous allez nous dire de quoi il s’agit, n’est-ce pas ? »

« C’est demandé de façon si agréable, il serait difficile de refuser d’y répondre. Alors pour tout vous dire, le Dévoreur est en partie responsable de la création des portes qui ont séparés les différentes races de notre de monde. »

« Vous voulez plutôt dire la séparation des démons et des autres races hein ? Puisque les démons ont été reclus pendant des siècles par tout cela. Et puis, heureusement que vous avez bien prévenu que le Dévoreur était en partie … responsable … l’autre partie, c’est vous, n’est-ce pas ? Autant l’avouer tout de suite. »

« Il n’y a pas besoin d’aveu, Elise. Puisque nous ne sommes pas des accusés mais des coupables. Il est vrai que c’est par notre faute, indirectement, que le Dévoreur a réagi ainsi et est devenu cette abomination. »

« Ne traitez pas d’abomination l’engeance a laquelle vous avez donné vie. »

Ils étaient vraiment tous très colériques, non ? Sérest et Séran s’observèrent. Au moins, cela prouvait que les liens unissant Tery, Elen et les autres n’étaient pas factices. Pour autant, il fallait accuser le coup à leurs propos.

« Le Dévoreur était un être démoniaque avant de porter ce nom. Mais vous raconter son histoire risque de prendre beaucoup de temps. »

« Et nous aimerions beaucoup voir notre petite-fille si possible. »

« Ça, ce n’est pas à nous de le décider. Il faut voir avec Elen et autant vous dire qu’elle n’est pas vraiment ravie de vous voir dans les parages. »

« Nous l’avions malheureusement remarqué, Sérest et moi mais… pouvez-vous nous guider jusqu’à sa tente ? Là-bas, nous tenterons de communiquer avec elle. »

« Humpf. Royan, je vais m’en charger, je dois leur parler sur le chemin. J’imagine que ça ne te dérange pas, hein ? »

Le jeune homme aux cheveux bleus haussa les épaules, comme si de rien n’était, incitant par là à ce qu’Elise fasse ce qu’elle estimait être bon. La femme aux cheveux auburn regarda les deux autres personnes, faisant un mouvement de la tête pour qu’ils se mettent à la suivre.

« Merci beaucoup, Elise. Sans toi, je ne sais pas ce que nous aurions fait. »

« Pas grand-chose. Et ne considérez pas cela comme un service. Je veux simplement le bonheur de cet enfant. Le plus tôt tout ira pour le mieux, mieux ce sera. »

Oui, cette phrase sonnait étrange maintenant qu’elle était en train de la prononcer mais elle n’était plus à ça près. Elle emmena les deux personnes jusqu’à une tente, la voix d’Elen se faisant aussitôt entendre :

« Je préfère éviter qu’ils ne rentrent. Ils ne méritent pas de voir l’enfant qu’ils ont tenté de tuer, Elise. »

« Laisse-leur une chance, Elen. Je sais à quel point la famille que l’on ne savait pas que l’on possédait peut être… problématique. »

« Je ne veux pas. Elle est en train de dormir et… »

« Elen, c’est justement le bon moment. Le fait qu’elle dorme, cela permet d’éviter qu’elle ne soit effrayée instinctivement par eux. »

L’argument était des plus saugrenus et malavisés vu que les deux personnes ciblées étaient juste à côté d’Elise et pourtant, celle-ci n’en n’avait cure. Si elle s’exprimait de la sorte, c’était bien parce qu’elle considérait les deux êtres d’un air dédaigneux. Néanmoins, après quelques secondes, la voix d’Elen se fit entendre à nouveau :

« Qu’ils rentrent. Je ne préfère pas bouger pendant qu’elle dort. »

« Ne me remerciez pas. » chuchota à peine Elise en tournant le dos à Sérest et Séran, s’éloignant de la tente pendant qu’ils rentraient dans cette dernière.

Doucement mais sûrement, ils retrouvèrent Elen, couchée dans son lit, le bébé à quelques centimètres d’elle dans un lit spécialement fait pour lui. Endormi, le corps du bébé se soulevait à peine, Séran posant ses mains sur sa bouche comme pour se terre.

Elen haussa un sourcil avant de se rappeler que de ce qu’elle savait ,Sérest était la réincarnation d’Alzar tandis que Séran était celle de Zélisia. Ce qui voulait dire que visiblement, certaines émotions plus propres aux femmes qu’aux hommes étaient encore ancrées en Séran.

« Elle est magnifique, Elen. Comme ses parents. »

« Vos compliments… ne valent rien. Si vos propos étaient sincères, vous n’auriez… jamais fait cela et vous le savez. »

« Ce n’est pas aussi simple que ça. Toi et Tery… vous êtes tout ce que l’on désirait dans ce monde. Vous êtes… ce que nous voulions il y a de cela plusieurs siècles et millénaires. »

Qu’est-ce qu’ils voulaient par là ? Pourquoi est-ce qu’elle ne pouvait pas les croire ? Pourquoi est-ce qu’à ses yeux, tout cela n’était que du vent. Une petite partie d’elle… voulait les croire mais elle n’y arrivait pas. C’était encore trop difficile.

Chapitre 47 : Trop pour un seul homme

ShiroiRyu
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Chapitre 47  : Trop pour un seul homme

Il avait réussi à trouver le sommeil et cela était devenu récurent en fin de compte. Il avait du mal à le reconnaître mais en réalité, il dormait maintenant assez mal sans Manelena. Une fois, deux fois, puis après, elle avait décidé de venir tous les soirs avec plus ou moins de discrétion. De toute façon, ce n’était plus comme s’ils avaient besoin de se cacher.

Cela ne voulait pas dire que lui et Manelena en profitaient pour faire des choses que la décence ne pouvait décrire, même si cela arrivait de temps en temps. Non, il se servait de Manelena pour décompresser. Oui, il en avait fortement besoin. Besoin de quoi ? Besoin de sa présence à ses côtés.

Il deviendrait moins fou. Avec le Dévoreur, les Gnomolds, Krawnia, tout ce qui se passait, il avait la sensation que tout se cumulait sans qu’il ne puisse souffler. Il allait manquer d’air et finir par ne plus pouvoir se retenir. Sauf qu’en arrêtant de se retenir, il n’avait alors aucune idée des conséquences qui allaient se produire.

Et en vue de ce qu’il avait fait subir à Manelena, il voulait absolument éviter que tout cela se reproduise. Hmm… Et Manelena qui le regardait avec attention alors qu’ils étaient tous les deux allongés dans sa couche. Elle ne disait pas un seul mot,, sachant qu’il était plongé dans ses pensées. Depuis quelques temps, ce n’était pas comme s’il ignorait la présence de Clari mais il faisait moins attention à sa présence.

« Tery, ce n’est pas que j’ai quelque chose contre notre position mais… »

« Oui, Manelena. Nous allons nous lever. Nous nous rapprochons de plus en plus de la surface. J’imagine que nous devrions y arriver dans la semaine qui arrive. »

Et après cette dernière phrase, il avait fini par se relever, comme si de rien n’était. Assis sur sa couche, il regarda Manelena faire de même puis se leva correctement pour enfiler une tenue décente pour le voyage.

« Lorsque nous serons à la surface, qu’est-ce que tu vas faire exactement, Tery ? »

« Reprendre le contact avec Elen, Elise et Royan. Mais aussi ma mère et tant d’autres personnes que je n’ai pas pu voir depuis combien de temps maintenant ? Ici, ils ne calculent pas forcément les jours de la même façon que nous, je crois. »

« Bien sûr que si. C’est plus difficile de deviner l’heure à cause des cristaux mais sinon, les démons calculent de la même façon que nous le nombre de journée dans la semaine. Et pareil pour le nombre d’heure. Simplement, ils ne se basent pas sur le soleil pour ça. »

« C’est vrai. Pfiou… Est-ce que la surface te manque, Manelena ? »

« Pas vraiment. Même si je pense au royaume de Shunter, je sais qu’il est entre de bonnes mains malgré mon absence donc bon… Et à part ça, mes relations n’existent pas vraiment. »

« Tu as quand même Royan, Elen, ma mère ou mes grands-parents. Il y a aussi Ernold, non ? Tu ne l’as pas oublié, lui, non ? »

« Ce n’est pas une question d’oubli. Simplement, une connaissance ne veut pas dire que c’est une relation. Tes grands-parents, cela reste ta famille à toi. Je les connais, je les apprécie mais ça ne veut pas dire qu’ils me manquent réellement. »

« Alors, qu’est-ce qui te manque à la surface ? »

« Rien du tout, je viens de te le dire. J’ai déjà ce que je veux sous la surface. Je ne vois pas pourquoi je m’inquiéterais alors de ce qui se trouve en haut. Mais bon, j’imagine que ne pas voir le soleil, au bout d’un moment, doit paraître très lassant. Il faudra faire attention à ne pas finir aveuglé hein ? Surtout après tout ce temps. »

Il alla lui répliquer que ce n’était pas grave du tout, loin de là puisqu’en même temps, ce n’était pas la première fois qu’il était remonté à la surface. Par contre, il était vrai qu’il avait fallu plusieurs minutes pour que sa vue s’adapte à nouveau à la lumière naturelle du soleil.

Hors de la tente, aucun regard moqueur de la part des soldats. C’était maintenant de notoriété presque publique cette histoire avec Manelena. En plus, ce n’était pas comme s’il se pavanaient. Il y avait quelques traits d’humour de Manelena envers lui et inversement, mais sinon, ils étaient très professionnels.

Même Héraisty, qui était considérée comme la plus proche du duo parmi l’armée, ne semblait pas dérangée par leur comportement. C’était vrai. Il se rendait anxieux et malade comme à son habitude. Mais comment pouvait-il faire comme si de rien n’était ? Il ne s’était jamais considéré comme un héros… mais en même temps, c’était lui qui était derrière de nombreux problèmes dans le monde. En fait, il était même plutôt l’antagoniste dans ce monde.

L’ennemi qui avait tellement de tort que tous et toutes voulaient sa mort. Oui, dit comme ça, ça sonnait presque plus correct que tout le reste. Ah… Bah… Même s’il était devenu un démon, enfin, il l’était déjà à la base. Bref, avec tout ça, il ne lui restait plus qu’à accomplir ce qu’il désirait. Peut-être qu’en se mettant un peu de plomb dans la cervelle, cela changerait ? Il avait la sensation d’être toujours ennuyé par les mêmes choses..

« À quoi est-ce que tu peux penser dans cette petite caboche, Tery ? »

« Hmm… Si tu le savais, je pense sincèrement que tu serais très effrayée, Manelenea. »

« Ah oui ? Tiens donc, en voilà une surprise à entendre. Qu’est-ce qui pourrait me faire aussi peur que ça, venant de ta part ? »

« Les pensées sinistres et obscures sont vraiment très intéressantes, tu sais ? »

« Et mon poing dans ta figure ne cherche qu’à attendre de s’y nicher, Tery. C’est quoi d’autre qui vient te déranger maintenant ? »

« Les gnomolds, même si ça fait déjà quelques temps. Je cherche à essayer d’imaginer la situation à la surface par rapport à eux. À quel point est-ce que tout cela a dégénéré ? Qu’est-ce qui s’est passé exactement ? »

« Tu ne peux pas être partout et omniscient, Tery. Ce qui se passe hors de ton rayon d’action, ce n’est pas à toi de le gérer. »

« Facile à dire, Manelena mais en tant que reine de Shunter, tu te dois de pourtant réagir si quelque chose arrive dans ton royaume, non ? »

« Tu devrais pourtant te foutre dans le crâne la différence de position entre toi et moi hein ? Je suis peut-être reine de Shunter mais toi, quelle est ta position dans ce monde ? »

Sa… position dans le monde ? Il la regarda en écarquillant les yeux, pas vraiment certain de comprendre.. Mais en voyant les yeux rouges qui l’étudiaient avec une certaine furie, il déglutit légèrement, préférant attendre qu’elle reprenne la parole :

« Tu n’es rien du tout.. Peut-être que tes grands-parents sont des nobles d’Omnosmos mais ta mère a abandonné son titre en partant au village de Leskar. Tu n’es donc qu’un simple paysan comme tant d’autres dans d’innombrables villages de toutes les races d’Omnosmos. »

« Au moins, comme ça, je suis au courant de ma propre incapacité. »

« C’est comme ça que tu es perçu par la quasi-totalité de ce monde alors non, tu n’as pas à t’en faire de ce qu’un tel pense ou non. Tu n’as pas à les satisfaire ou à les rendre heureux. Tu n’as pas à te prétendre pour ce que tu n’es pas. De toute façon, il faut être honnête, tu n’es pas taillé pour être un héros. »

Encore et toujours quelque chose de plaisant à entendre. Il se recroquevillait bien sur place. Qu’est-ce qu’il faisait ici ? D’après les dires de Manelena, il n’avait clairement pas sa place en ces lieux… et pourtant, il faisait comme si c’était le cas.

« Mais voilà, pour les personnes qui te connaisses, avoir de tes nouvelles est une bonne chose. Nous sommes peut-être peu nombreux mais la qualité dépasse la quantité. Il vaut mieux avoir une personne en qui tu as entièrement confiance que mille étrangers prêts à t’abandonner dès le moindre désagrément. »

« Oui… .Enfin, cela ne change rien au fait que selon toi, je ne suis pas vraiment un héros non plus ? J’ai bien compris que.. »

« Tu n’es pas un héros pour ce monde. Tu l’es aux yeux de quelques personnes. Les gens qui t’idolâtrent et t’apprécient seulement pour ce que tu as fait ne mérite pas ton attention et ton inquiétude, loin de là. Raaaah ! Je te hais de forcer à me le dire ! Pour la peine… »

Elle rapprocha sa bouche de son oreille gauche, faisant frémir légèrement le jeune homme aux cheveux bruns. Celui-ci hoqueta doucement de surprise alors qu’elle murmurait :

« À mes yeux, tu es mon héros. Tu m’as permis de me libérer de ces chaînes qui me reliaient à mon père et pour ça… tu es bien plus important quiconque dans ce monde à mes yeux. »

« Vraiment ? Je… Je le sais bien mais… À chaque fois, j’ai l’impression que mes actions plongent un peu plus le monde dans le pétrin. »

« Oh, il y a des chances que ça soit le cas mais est-ce vraiment le but que tu recherchais ? Est-ce que c’est cela que tu désirais ? Bien entendu, tu pourrais tout arrêter mais est-ce que tu le veux vraiment ? Est-ce que tu penses que c’est la solution ? »

« Des fois, je voudrais bien me dire que ça serait la meilleure chose à faire mais… »

« Tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas le cas. Il faut juste que tu décides d’un but final au lieu de te laisser porter par les évènements. Que tu te dises : « Après ça,, je raccroche et je vais mener une vie tranquille. »

« Hahaha, cela ne sera pas possible pour toi. Tu es reine de Shunter. À partir de là, je ne crois pas qu’il y ait une possibilité pour toi, n’est-ce pas ? Enfin que tu te reposes. »

« Hmm ? Je dirais que ce que je vis actuellement est ma session de repos. Donc bon, rien ne m’empêchera de recommencer plus tard. »

Mais lui ? Maintenant qu’elle le disait, il pouvait peut-être voir son but final. La dernière chose qu’il ferait avant d’arrêter tout ça ? De raccrocher ? Est-ce qu’il en serait vraiment capable ? Maintenant qu’elle avait lancé le sujet, il était concentré sur tout ça.

« Eh bien ? Tu as l’air vraiment absorbé dans tes pensées, Tery. »

« Je suis en train d’imaginer ce que je dois faire ou non maintenant… Qu’est-ce qui serait le mieux comme but ? »

« Je peux te donner une première piste : Elen. La retrouver, ça me semble déjà être un excellent but à atteindre, n’est-ce pas ? »

« Bien entendu, mais ce n’est pas que ça. Je ne peux pas partir en laissant toute derrière moi non plus. Je ne peux pas faire comme si le royaume démoniaque n’existait pas, comme si les Gnomolds ne voulaient pas ma mort, comme si avec le Dé… »

Il s’arrêta dans sers propos. Sans en avoir trop dit, il valait peut-être mieux ne pas le crier sur tous les toits. En même temps, tout le monde n’était pas forcément au courant par rapport à ce dernier. Cette partie assez sombre de l’histoire de ce monde était un secret trop important pour qu’il ne se mette à le hurler à tout-va.

« Bref, y a aussi la famille d’Elise dont il… »

« Ce n’est pas à toi de gérer ça. Pareil pour les gnomolds. En fait, le souci, c’est que tu t’attribues les problèmes des autres car tu es indirectement lié de loin. Je ne t’ai jamais demandé de t’occuper de mes soucis mais tu t’en mêles quand même.. »

« C’est vraiment la journée des reproches, aujourd’hui, n’est-ce pas ? »

« Il le faut bien puisque sinon tu risques encore de vouloir t’occuper du monde entier si je ne t’arrête pas. Et sincèrement, on a bien mieux à faire. Un but après l’autre. Puis un but final, il faut que tu te retiennes ça dans la tête. »

Elle se répétait mais lui-même avait la sensation que ça ne voulait pas rentrer dans son crâne. Pourquoi ça ? Pourquoi est-ce que ça ne voulait pas . Pourtant, ce n’était pas comme si c’était une chose impossible hein ? Qu’est-ce qui clochait avec lui pour qu’il soit incapable de raisonner comme le voudrait Manelena ?

« Heureusement que tu es là, Manelena. »

« Je le sais très bien, je me doute que tu aurais du mal à te débrouiller seul, sans moi. Mais que veux-tu que je te dise ? C’en est ainsi et pas autrement. »

Aucun ton supérieur, aucun ton fatigué. Elle considérait tout cela comme une certaine évidence indéniable, qu’elle ne cachait guère aux yeux de Tery. Celui-ci avait une légère moue mais ne reprit pas la parole.

« Tu devrais essayer de voir une chose positive dans tout ça, Tery. »

« Hein ? Euh… Donc, quelque chose de positif par rapport à ce qui m’entoure ? Hmm, je ne sais pas pourquoi mais j’ai la sensation ou l’impression que nous sommes de plus en plus proches d’Elen. Ce n’est peut-être qu’une question de jours en fin de compte. ; »

« Voilà, tu vois ? Une pensée positive et tout de suite, tu auras un sourire aux lèvres. »

« Je ne savais pas que tu étais apte à communiquer de la sorte, Manelena. C’est surprenant mais dans le bon sens. »

« Hmm ? Tu crois que je suis juste bonne à filer des roustes, c’est ça ? Tu n’as pas totalement tort sur le coup mais tu pourrais avoir de mauvaises surprises si tu ne fais pas attention, tu es maintenant prévenu. »

« Je le suis depuis déjà bien longtemps, ne t’en fait pas. »

Lui aussi ne changeait pas son ton par rapport à d’habitude. Il était juste là, en train de la regarder, avec juste le petit sourire au coin. Il était plutôt satisfait maintenant ! Avoir dit à voix haute qu’il pensait vraiment qu’ils allaient retrouver Elen lui avait mis un peu de baume au coeur. Dire qu’il suffisait juste de cela pour lui faire plaisir, hahaha.

« Tu es si pressé que ça de retrouver Elen, Tery ? »

« Bien sûr que oui, et surtout ma fille. Tu m’as souvent répété qu’Elen n’avait pas encore choisi son prénom. J’aurai accepté qu’importe ce qu’elle aurait choisi. Elle n’avait pas besoin d’attendre aussi longtemps, hein ? »

« C’est votre premier enfant, même pas annoncé ou prévu, j’imagine qu’elle n’a pas voulu gâcher vos retrouvailles avec un nom qui aurait pu ne pas te plaire. »

« Oui mais bon, c’est assez important qu’un enfant soit nommé rapidement. Et puis, si je n’étais jamais revenu, elle ne lui aurait jamais donné un prénom ? »

« Oh, de ce côté, tu n’as pas à t’en faire, je crois que je l’aurais forcée au cas où. Un enfant se doit porter un nom. Que ça soit pour lui ou pour son entourage. »

« Alors pourquoi tu n’as pas tenté de la convaincre de le faire tout de suite ? »

« Oh, pour une raison très simple. J’étais certaine que j’allais te ramener à elle. »

Et cela qu’importe la méthode utilisée, hein ? Elle n’avait pas dit cela explicitement mais il suffisait de voir son regard pour comprendre que c’était exactement ça.

Ah… Malgré tout ce qui s’était passé, Manelena cherchait quand même à rendre Elen heureuse et cela même en prenant en compte ce qu’ils avaient fait tous les deux dans la capitale mais aussi dans la tente.

Il avait beaucoup du mal à saisir comment marchait le comportement féminin mais peut-être que c’était mieux de ne pas se poser plus de questions à ce sujet. Ouais… Il n’y avait aucune chance de toute façon que Manelena lui réponde.

Mais… Savoir que Manelena n’avait pas pour but de faire souffrir Elen était une bonne chose. Oui, car en se rappelant, cela n’avait pas toujours été tout rose entre les deux femmes, on pouvait même considérer que cela était souvent explosif.

« Et je compte bien tenir ma promesse, Tery. »

« J’imagine que oui, quitte à m’attacher et à me prendre sur ton dos, c’est bien ça ? »

« Exactement. Encore que te porter sur mon dos serait fatigant. Je pense plus que j’irais te traîner derrière moi comme un vulgaire sac. »

« Ce n’est pas très sympathique mais en vue de la situation, j’imagine que tu ne peux pas mettre de gants lors de ces moments-là. »

« Oh que si. Des gants de métal qui peuvent aisément briser quelques membres pour être certain que tu ne puisses pas t’enfuir. Mais tu ne voudrais pas essayer hein ? »

« Je suis au regret de refuser cette proposition ma foi forte intéressante. »

Et il avait fait juste une petite inclinaison légèrement exagérée du corps pour bien confirmer ses propos. Dans tous les cas, le jeune homme aux cheveux bruns avait de bien plus belles idées en tête Rien que le fait de repenser à Elen et de savoir que Manelena l’épaulerait dans sa tâche, il était heureux d’apprendre cela.

Et vraiment, maintenant qu’il s’était fixé sur cette idée, il se sentait mieux. Il sentait qu’il allait finir par arriver à la retrouver. Avec le soutien de Manelena, ce n’était plus qu’une question de temps. Ils allaient retourner à la surface et ensuite, ça ne sera plus que des jours à compter pour trouver Elen.

Enfin… Il disait cela mais il espérait que ce n’était pas trop compliqué. RAH ! Non, il allait recommencer encore à se morfondre inutilement. Il en était hors de question ! Cela n’allait pas se passer de la sorte !

Au moins, pour l’occasion, Krawnia l’avait un peu lâché, ce qui était une bonne chose. Il pouvait souffler et ça lui faisait plutôt du bien toute cette histoire. Oh, il ne pensait pas que Krawnia avait peur de Manelena, non, il pensait plus qu’elle était en train de préparer une quelconque magouille du genre. Ouais, il allait quand même la surveiller par simple mesure de précaution. Il n’y avait pas de mal à faire ça.

Ailleurs, plus en hauteur bien que cela restait dans le monde souterrain, un autre groupe avançait peu à peu. Elen, accompagné d’Elise et Royan, gardait son enfant dans ses bras tout en marchant à pas rapide.

« Tu as l’air montée sur ressort, Elen. Qu’est-ce qui se passe ? »

« Je ne sais pas ! J’ai l’impression que Tery n’est plus trop loin. Je ne pourrais pas l’expliquer concrètement, hahaha ! Mais je sens qu’il est vraiment proche. »

« Proche à quel point aussi ? Car bon, ce n’est pas comme si nous étions proches d’un village, tu sais ? Il ne faut pas non plus trop rêver. »

« Hmm… Je ne pourrais pas le dire. Je crois que c’est l’instinct ! »

L’instinct ? La femme aux cheveux auburn haussa un sourcil, comme si elle ne s’était pas attendue à une telle réponse. Enfin bon… ce n’était pas la première fois qu’Elen avait quelques paroles qui pouvaient la rendre « spéciale ». Enfin bon, on n’allait pas pouvoir remplacer Elen, surtout que celle-ci avait retrouvé des couleurs au fur et à mesure.

« Si ce n’est que ça, peut-être que nous pourrons avoir des informations à son sujet dans le prochain village. Hâtons-nous alors. »

Calme et stoïque, comme à son habitude, Royan avait alors donné une unique consigne aux gens proches de sa personne, l’ordre se transmettant très vite au reste de l’armée qui accéléré le pas suite à cette consigne.

« Encore ? Mais comment… »

« J’espérais vraiment ne pas tomber sur ça. Qu’est-ce qui leur prend à ces gnomolds ?! »

Un rapide constat avait plus ou moins permis de faire savoir que les décombres devant eux étaient dans cet état depuis déjà plusieurs jours. La réplique d’Elise en disait long : ce n’était pas le premier village qu’ils voyaient ainsi et il n’y avait aucun survivant. Les poils avaient très vite permis de deviner que les gnomolds étaient derrière tout ça.

« Les gnomolds ne nous facilitent vraiment pas la vie. »

« Ce n’est pas ceux que nous côtoyons mais des groupes qui descendent dans le monde souterrain pour attaquer les démons. Si nous les retrouvons, nous n’aurons aucune pitié envers eux. » répondit Elise après la petite remarque d’Elen.

« J’aurais préféré ne pas perdre de temps avec eux mais des fois, on ne nous laisse pas vraiment le choix. Essayons se faire un enterrement décent, n’est-ce pas, Elise ? »

Elle ne fit qu’un hochement de tête positif aux propos de Royan. Avec les capacités des démons, il suffisait de quelques charognards qui profitent de ce massacre pour créer de nouvelles sources de problèmes. Enterrer ce qui… restait du village, ce n’était qu’une solution éphémère mais cela était la meilleure chose qu’ils puissent faire à l’heure actuelle. Ah… Vraiment, rien de tout cela n’était bon.

Chapitre 46 : Un homme marié

ShiroiRyu
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Quatrième axe : L’Engeance du Dévoreur

Chapitre 46 : Un homme marié

Combien de temps cela faisait-il qu’il n’avait pas vu son enfant ? Dans les faits, il ne l’avait jamais vue en vrai. S’il avait revu Elen sur le champ de bataille, c’était déjà quelque chose mais ce n’était pas suffisant. Elle lui manquait mais surtout, il voulait voir enfin sa fille. Pouvoir la prendre dans ses bras et la bercer.


Il ne prétendait pas être le meilleur des pères, en fait, il valait mieux même ne pas commencer à juger ses qualités sur ce point mais… il ne pouvait pas être comme ce déchet qui lui qui avait servi de paternel dans le passé. Un père qui abandonnerait son enfant, voire même qui irait sacrifier ce dernier pour sa propre vie.

« Je devrais arrêter de penser à des choses aussi saugrenues. »

Il avait fini par ouvrir les yeux, étudiant la toile de la tente dans laquelle il se trouvait. Manelena n’était pas à côté de lui. Il ne pouvait pas se permettre de laisser se faire ça tout le temps. Même si les jugements d’autrui, pour le coup, il s’en fichait, surtout dans une nation où visiblement la polygamie était autorisée et…

Il ne s’était jamais posé la question par rapport à la monarchie de Shunter mais aussi des autres nations. Mais pourquoi est-ce qu’il s’intéressait maintenant à ça ? Ah… Peut-être à cause de Krawnia. Cette femme ailée et délurée était… vraiment trop excentrique et un peu trop insistante aussi. Il ne voyait pas comment se débarrasser de son côté « pot de colle ».

« Oooooh ! Tery ! Vous voilà donc enfin ! »

En parlant de cette personne, il en voyait maintenant les plumes. Du moins, les plumes d’un seul côté puisqu’elle possédait une aile comme celle des chauve-souris d’un autre côté. S’il elle n’était pas aussi… excentrique, elle pourrait être vraiment appréciable.

Mais autant ne pas se faire vraiment trop d’illusions à ce sujet. Bon, il vint lui demander ce qu’elle voulait… car elle avait sûrement ses raisons, n’est-ce pas ? Du moins, il espérait qu’elle en avait une bonne plutôt que de…

« Eh bien, tout d’abord, est-ce que vous avez remarqué que je cherche à vous vouvoyer ? J’ai compris que vous étiez quelqu’un d’important aussi dans ce groupe. D’ailleurs, qu’ils soient démons, de Shunter, Claudiska ou autres, on dirait que vous avez l’âme d’un leader-né, n’est-ce pas hein ? C’est génial ! »

« Hmm ? C’est juste pour me prévenir de ça ? Et me faire cette remarque ? Vraiment ? »

« Ooooh que non ! Pas du tout ! Hahaha ! J’avais aussi envie de vous voir ! Que je puisse graver dans ma mémoire chaque parcelle de votre visage ! »

« Est-ce que vous avez au moins la moindre idée de ce que vous êtes en train de dire ? »

« Bien sûr que oui. N’est-ce pas normal que de vouloir se rappeler du moindre détail de la personne que l’on admire et idolâtre ? Et plus encore ? »

« Il vaut mieux terminer cette conversation dès maintenant. »

« Mais pourquoi cela ? Vous n’aimez pas que je vous vouvoie ? Est-ce que tu préfères le tutoiement ? Nous sommes pareils, toi et moi ! »

Maintenant qu’il avait décidé de l’écouter, il voyait très bien à quel point cette femme était… tordue. Et pas dans le bon sens. Elle était effrayante et dangereuse. Rester trop longtemps auprès d’elle risquait d’emmener de sérieux problèmes dans le futur. Mais à côté, sa puissance rivalisait voire dépassait celle des démons. Pour réussir à cela, qu’est-ce qu’elle avait subi ? Qu’est-ce qui s’était passé ?

« On va rester sur le tutoiement puisque nous nous connaissons d’avant que je ne sois nommé à ce poste militaire. Mais sinon, nous sommes différents et il va falloir que tu comprennes cela. Nous ne sommes pas pareils. »

« Mais si mais si, je suis certaine que si. Simplement, vous ne voulez pas le voir et c’est normal puisque ceux autour de nous ne peuvent pas nous comprendre. »

Qu’est-ce qu’elle fait ? Elle s’était rapprochée de lui, le regardant avec cette petite lueur de démence dans les yeux. Est-ce qu’elle comptait faire quelque chose de tordu ou sinistre ? Si tel était le cas, elle aurait une mauvaise surprise et…

Hein ? Une caresse sur les joues. Étrangement douce de la part de cette femme. Il cligna plusieurs fois pour comprendre réellement ce qui était en train de se passer. Il ne s’attendait pas à un tel geste, surtout de la part de Krawnia.

« Je pense que tu le comprendras le moment venu, hahaha ! Bon ! Il faut accomplir ce pour quoi nous sommes ici, n’est-ce pas ? »

Il s’apprêtait à lui répondre mais elle s’était déjà éloignée sans même attendre à ce qu’il n’ouvre la bouche pour ça. D’accord… Pfiou ! Elle n’avait rien fait de dangereux même si vraiment, le coup de cette caresse sur sa joue, ce n’était pas à quoi il s’attendait de sa part.

Pfiou. Il était peut-être plus exténué qu’il ne le pensait. Et pourtant, c’était encore la « matinée » si on pouvait dire ça comme ça. Avec ces cristaux illuminant le monde souterrain, ce n’était pas comme s’il était possible de réduite leurs éclats à l’état naturel.

« Qu’est-ce qu’elle te voulait, Tery ? T’as l’air chamboulé. »

« Oh… Manelena. Ce qu’elle me voulait ? Je crois que j’aimerais bien le savoir mais au final, j’en ai strictement aucune idée. »

« Si elle te pose un problème, tu n’as qu’à me le dire. Elle reste dangereuse puisqu’elle n’est pas vraiment contrôlable. Qu’est-ce qu’on a fait pour tomber sur une telle personne. »

« Je ne sais pas du tout. Disons que je ne m’attendais pas à ce qu’après tout ce temps, elle revienne vers moi. Et je peux juste te promettre qu’il ne s’est rien passé avec elle. »

« Tu n’as même pas besoin de me promettre une telle chose, c’est évident en te connaissant. »

« Est-ce que tu insinuerais un peu que je n’ai pas assez de cran pour ça ? »

« Plutôt que tu es ce qu’on appelle un herbivore. J’ai entendu ça à force d’être dans l’armée. C’est ce qu’on dit des hommes qui se laissent diriger par les femmes sans chercher à s’imposer face à elles. »

« Ce n’est pas totalement vrai et tu le sais très bien. Avec ce qui s’est passé quand nous étions dans la capitale, tu as très bien remarqué ce dont j’étais capable non ? »

« Tu restes un gentil petit mouton, Tery. Ce n’est pas parce que tu as décidé de mordre une seule fois que ça fait de toi un carnivore, désolée de ne pas être désolée à ce sujet. »

Il fait juste un petit rictus de dépit en l’écoutant. C’était exactement ça… mais il devait répliquer quelque chose quand même, non ? Ne pas se laisser faire !

« Si je suis un mouton, cela veut dire que tu es une renarde ? »

« Les renards attaquent les poules. Ce sont les loups qui s’attaquent aux moutons, petit Tery. »

Elle s’était placée à lui, accentuant sur le terme désignant sa taille. Par rapport à elle, il était vrai qu’il avait bien vingt centimètres de moins qu’elle mais ça ne voulait rien dire ! Il fit une légère moue avant de lui dire :

« Mais tu ne te plaignais pas du mouton, de ce que j’ai cru entendre hein ? »

C’était sa seule façon à lui de répliquer quand elle parlait ainsi. Pour autant, elle était comme amusée par ses propos tandis que lui-même cherchait à voir comment se sortir de là.. Malheureusement, rien d’autre ne lui arrivait au cerveau, l’incitant tout simplement à dire :

« Ah ben euh… Je t’ai cloué le bec, non ? »

« Hum, hum. Si tu as encore la volonté de parler de la sorte, c’est que tout va bien, non ? »

« Bien sûr, Manelena. » répondit-il sans vraiment saisir le sens de sa phrase.

Heureusement, pour le reste de la matinée, il n’avait pas été dérangé par Krawnia et à part les attaques de monstre, rien de plus n’avait été à noter. D’ailleurs, il avait oublié ce petit détail qui consistait au fait que plus ils remontaient vers la surface, « moins » les monstres étaient dangereux.

Comme une partie d’entre eux était des démons qui en avaient dévorés d’autres mais que ces démons n’étaient pas parmi les plus puissants à la base, alors la version monstrueuse et difforme n’était pas exceptionnellement fort. Du moins… plus à ses yeux maintenant. Il n’avait aucune idée si c’était à cause de son temps passé dans le monde souterrain ou alors parce qu’il connaissait ses origines ou alors parce qu’il avait Manelena à ses côtés. Il y avait tellement de raison mais aucune ne pouvait être confirmée.. Bon, un seul point était parfaitement visible : le massacre de monstre produit par Krawnia. Celle-ci n’avait aucune réticence à exterminer quiconque cherchait à le blesser, lui. Comme s’il avait un garde du corps un peu trop zélé. Qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter ça ?

Bon, néanmoins, dans toute cette histoire, ce n’était que tout noir aussi. Malgré son comportement des plus singuliers, Krawnia restait une femme qui avait une certaine expérience dans le combat et cela, il ne fallait pas l’oublier.

Elle était plus qu’apte à se défendre et surtout à attaquer. Combien d’années avait-elle passé dans cette tour pour en arriver à ce stade ? Si elle avait été aimée normalement, dans une famille… hmm. En y pensant, il ne savait rien de la famille de Krawnia. Mais il avait la sensation que s’il posait la question, il n’allait pas obtenir la réponse qu’il désirait.

Alors, il valait mieux faire comme si de rien n’était et ignorer tout simplement ce qui se passait. Humpf… Par contre, il allait devoir expliquer certaines choses si Krawnia se montrait trop collante et insistante. Autant que le message soit bien clair.

Et il ne s’attendait pas à ce que cela arrive aussi vite en fin de compte. Quelques jours plus tard, alors qu’il allait se coucher dans sa tente, l’un des soldats qui gardait l’entrée de cette dernière lui signala que Krawnia voulait lui parler d’une chose urgente. Il avait été assez surpris par le ton mais avait accepté de la voir.

Pénétrant dans la tente, la femme de Claudiska était comme captivée par l’intérieur de celle-ci. Pourtant, il n’y avait pas de décoration ou autre. Non, c’était juste une tente un peu plus grande que les autres, avec plusieurs « pièces » puisque celle principale permettait alors d’avoir les différentes réunions avec les gradés de l’armée.

« Alors, Krawnia, qu’est-ce que je peux faire pour toi ? Qu’est-ce qu’il y avait de si urgent pour que tu viennes me voir alors qu’il est temps de dormir ? »

« Je n’en peux plus, Tery ! Je n’en peux plus ! »

« Hmm ? Mais de quoi est-ce que tu parles ? Tu es tremblante. Il y a un souci ? »

Ce n’était pas parce qu’elle était folle… qu’il allait ignorer la détresse de cette femme-ailée. Lui-même, qu’est-ce qu’il serait devenu si personne ne s’était occupé de lui ? Avec une pensée envers Manelena, il attendit que Krawnia prenne la parole à nouveau.

« Laissez-moi couver votre portée ! Vous méritez la plus grande des descendances ! »

« Hein que de quoi ? Attends un peu, j’ai l’impression d’avoir très mal entendu. »

« Je vais alors me répéter si ça ne vous dérange pas. Je veux que vous inséminiez mes œufs pour qu’ils puissent être fécondés et… »

« En fait, j’avais très bien entendu alors je vais t’arrêter tout de suite avant qu’il ne soit trop tard. Je ne vais pas faire ça et tu le sais très bien. »

« Si c’est au sujet de votre femme, vous n’avez pas à vous inquiéter. Nous parlons bien d’Elen, n’est-ce pas ? Si je ne me trompe pas de nom. »

« Tu ne vas pas mêler Elen à tout ça, compris ? C’est quoi cette idiotie maintenant ? Je peux savoir ce qui te prend de parler de ça ? »

« Je suis plus que sérieuse ! Je l’ai compris dès la première fois que je vous ai vu. »

« Ah oui ? Bref… Il vaut mieux que tu retournes te coucher. Je ne vais pas tromper ma femme avec une inconnue et surtout encore moins faire des enfants avec autrui. »

« Cela ne semble pas tellement vous déranger avec Manelena, n’est-ce pas ? »

Il eut un léger rictus, émettant un grognement de mécontentement. Si c’était une façon de tenter de la manipuler, il n’allait vraiment se mettre en colère. Il valait mieux qu’elle parte maintenant qu’il ne s’emporte.

« Vous savez, cela ne me dérange pas du tout d’être simplement une maîtresse. Mon seul désir est que vos descendants paraissent dans ce monde. »

« Et mon seul désir est que tu quittes la tente maintenant. Si tu continues ainsi, cela risque de dégénérer et il vaut mieux éviter que ça n’arrive, d’accord ? »

« Je vais alors vous souhaiter bonne nuit. Mais n’oubliez pas ma proposition, elle tiendra toujours ! Et mème si je ne suis pas aussi douée que Manelena, je veux quand mème tenter diverses choses. J’ai soif d’apprendre ! »

« Du balai… et dors bien. Par contre, ne t’avise plus de parler de ça. »

Et la voilà qui quittait enfin sa tente. Poussant un profond soupir, il se dirigea vers la pièce où il allait dormir. Le tissu était plus couvrant qu’ailleurs dans la tente, pour laisser place à plus d’intimité. D’ailleurs, il ne s’attendait pas à voir une femme aux cheveux argentés installée sur sa couche, léger sourire aux lèvres.

« Eh bien, tu en as mis du temps, Tery. »

« Manelena, pas toi quand mème ? Je vais t’avouer que je ne suis pas d’humeur. Tu es venue de quelle façon ? »

« Allons, allons. Tu ne penses pas que j’ai pris mes précautions par rapport à ta tente quand tu avais le dos tourné ? Je peux partir et venir quand je le désire, Tery. Bon… Qu’est-ce que tu attends pour venir prendre place à mes côtés ? »

Il était trop fatigué mentalement pour refuser ça. Venant s’asseoir non-loin de Manelena, celle-ci se redressa de la couche du jeune homme, lui disant :

« Je crois qu’elle est pas récupérable, Tery. Il y a des risques qu’elle pose de gros problèmes dans le futur si on ne l’arrête pas. »

« Mais qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Elle est puissante et je ne suis pas apte à vouloir tuer quelqu’un simplement car elle a un coup de folie. »

« Mème si toi, tu n’y arrives pas, si tu me le dis, je pourrais… »

« Je veux lui laisser une chance. Pas sur ce « point » mais sur le reste… »

Une chance de quoi ? Elle attendit qu’il continue sa phrase mais le jeune homme ferma les yeux, s’écroulant à côté d’elle. Elle ne bougea pas de sa position, sa main venant se placer sur le bras droit de Tery, reprenant la parole :

« Tu n’as vraiment pas très l’air loquace ce soir, Tery. »

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise exactement ? Je… Enfin… Je ne veux pas m’imaginer faire à Krawnia ce que je ne voudrais pas que l’on me fasse alors que j’ai eu mes moments de folie, moi aussi. »

« Je vois maintenant pour quelle raison tu dis ça. Hmm… D’accord, Tery. Tu me laisses quand même un peu de place pour ce soir ? »

Ce n’était pas comme s’il avait vraiment le choix, n’est-ce pas ? Elle était juste en train de lui sourire alors qu’il se recroquevillait sur une partie de la couche. Néanmoins, elle ne semblait pas vouloir lui laisser vraiment la possibilité de s’en sortir aussi aisément.

Un bras passa autour de sa hanche et il se demandait si elle n’était pas en train d’inverser les choses entre eux. Ce n’était pas à lui de réagir de la sorte ? Car bon, sincèrement, ça ne se faisait pas, n’est-ce pas ? Du moins… pas de cette manière.

« Manelena, peut-être que dans le fond, il vaudrait mieux que… »

« Tu as besoin de souffler un peu, Tery. Tu es troublé et je suis certaine que les paroles de Krawnia t’ont troublé plus qu’il n’en faut. »

« Elle a quand même raison. Je suis vraiment faux-cul par rapport à Elen et il suffit de voir ce qui se passe en ce moment même entre nous deux. »

Pour toute réponse, elle rigola comme si elle n’était pas du tout dérangée par la situation. Pourtant, est-ce qu’elle se rendait compte qu’elle était une princesse ? Non, une reine ! Et qu’elle ne se comportait pas réellement comme il fallait ?

Mais d’un autre côté, Manelena n’était pas n’importe quelle reine. Maréchale donc ayant déjà dirigée une armée d’hommes et de femmes fidèles à ses ordres, elle savait comment se faire respecter. Ses décisions comme ses actes étaient reconnues de telle façon qu’elle n’avait aucune crainte à avoir ou presque.

Oui, si elle décidait qu’elle le voulait comme concubin et donc futur roi de Shunter, elle le pouvait, le peuple l’applaudirait. Surtout que maintenant, elle avait mis en place un régime qui correspondait plus comme celui de Traslord, avec un groupe politique pouvant prendre des décisions au nom de la reine sans qu’elle soit forcément derrière tout ça.

C’était plus ou moins l’idée première derrière la nomination d’Hémurion à ce poste si spécial mais surtout à être la « voix de la reine » pendant qu’elle n’était pas là. Ce n’était pas rien du tout ce qui était en train de se passer actuellement. D’ailleurs, il espérait qu’à la surface, tout était plus ou moins résolu de ce côté.

« Alors, qu’est-ce que tu comptes faire ? Me laisser poireauter et ne pas dormir ? »

« Si tu retires ta main, je peux mettre la mienne et on peut dormir. »

« Hmm, adjugé, vendu ! Fais attention à ne pas croire que tu peux m’avoir ! »

Ce n’était pas vraiment un jeu, hein ? Est-ce qu’elle s’en rendait compte ? Il la regarda juste avec un petit sourire alors qu’elle enlevait sa main de sa hanche. Comme promis, ce fût lui qui place la sienne au niveau de la hanche de la femme aux cheveux argentés. Il la regarda longuement, les yeux rubis de Manelena faisant de même, plongés dans les siens.

« Tery, tu sais qu’il est trop tard, de toute façon. Ce qui est fait… est fait. Mais si par malheur, Elen ne veut plus de toi… »

« Je le sais bien, Manelena. Tu seras là, pour moi. Comme tu l’as toujours été depuis que je t’ai « capturée ». Merci de ta présence à mes côtés. »

« Il y a pas de quoi. Je ne le fais pas pour n’importe qui, tu t’en doutes hein ? »

Il rigola à la dernière remarque de Manelena, rapprochant ses lèvres de celles de la reine de Shunter. Elle avait gardé les yeux ouverts alors qu’il l’embrassait brièvement. Elle se laissa faire quand il retira ses lèvres, le regardant avec tendresse.

« Eh bien, y a t-il une raison à un tel acte, Tery ? »

« Je crois que j’en avais simplement envie, est-ce que c’est suffisant comme condition ? »

« Je vais accepter cette raison. Elle me semble assez crédible. Dors bien. »

Marcher, combattre, dormir. Marcher, combattre, dormir. Cette vie était devenue assez monotone et pourtant, c’était bien celle qu’il avait acceptée. Encore qu’il était possible de se poser la question de la monotonie. Une vie comme la sienne était pourtant à mille lieux de celle d’un simple villageois de Leskar. S’il n’avait pas décidé de quitter un jour son village, il n’aurait sûrement jamais connu Elen, Manelena, Clari, tout le monde.

« Manelena, est-ce que tu crois… que si je ne m’étais pas engagé dans l’armée, nous nous serions rencontrés, toi et moi ? »

« Avec des si, on refait le monde, Tery. Cela ne sert à rien de regretter ce qui s’est déroulé dans le passé. Tu peux juste aller de l’avant. C’est grâce à toi que j’ai réussi. Allez, tu dois dormir. En tentant de discuter de la sorte, tu n’arriveras pas à trouver le sommeil. »

Et comme pour l’inciter à sombrer avec elle, elle se nicha contre son torse. Pourquoi pensait-il autant à ça dans ces moments-là ? Il avait l’impression de refaire toujours et encore la même chose, sans même chercher à se confronter à combattre cette lassitude. Est-ce qu’il avait tellement soif d’aller plus loin, de dépasser les limites ?
Dans le fond, est-ce que retrouver Elen était vraiment la finalité de toute son histoire ? Et ensuite ? Il y avait son… lien avec le Dévoreur. Il y avait aussi la noblesse démoniaque souterrain. Il y avait aussi les soucis liés à la surface. Est-ce que c’était… vraiment à lui de gérer ça ? Plongé dans ses pensées, il finit par enfin trouver le sommeil.

Chapitre 45 : Des lettres pour l’Empereur

ShiroiRyu
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Chapitre 45 : Des lettres pour l’Empereur

Les jours passèrent et il allait mieux au fur et à mesure. Bon, Krawnia était à nouveau collée à lui, cela n’avait malheureusement pas trop duré cet instant de paix mais… au moins, elle ne semblait pas trop vouloir tenter des approches un peu trop… insistantes.

Avec tout ça, il avait décidé définitivement de mettre de côté l’histoire des Gnomolds. De toute façon, tant qu’il n’avait pas de possibilités de discuter avec des gnomolds qui en connaissaient autant voire plus que celui qu’il avait rencontré, autant dire que ça ne servirait à rien de continuer à y réfléchir.

Mais ces détails, il avait décidé d’envoyer une lettre à l’empereur Malark. Malheureusement, contrairement au système d’envoi à la surface, il fallait juste reconnaître que celui des démons était encore à « l’ancienne ». Un messager, que ça soit sur une monture ou non, allait emmener la lettre.

« Il ne sera pas de retour avant une ou deux semaines. »


Cela avait été la remarque d’Héraisty lorsque le messager était parti. Il avait donc évoqué l’histoire des gnomolds et cherchait à savoir si l’empereur en connaissait plus à ce sujet. Même s’il ne s’attendait pas à grand-chose, il espérait quand même obtenir un tout petit plus d’informations à ce sujet.

Néanmoins, pour s’occuper, il avait prévu quelques chasses des créatures dans les alentours. Comme toujours, dès qu’il s’agissait de chasser, il préférait demander aux démons de l’armée si la créature qu’ils venaient d’abattre était un ancien démon ou non. Pour éviter ce souci de chair démoniaque et autre car même lui avait encore beaucoup de mal à comprendre exactement comment ça marchait. Cela parlait de brûler la chair du démon pour que ses pouvoirs disparaissent. Mais était-ce confirmé que cela fonctionnait de la sorte ? Mais si la chair était touchée mais pas le muscle, est-ce que ça marchait quand même ?


Beaucoup de questions, avec des points de vue théoriques, car en les posant à Héraisty, elle lui avait dit qu’elle ne connaissait pas la réponse. Par contre, écrire des lettres pour l’Empereur lui rappelait quelques petits souvenirs liés à Elen. Ah… Vraiment, il avait plus qu’envie de la revoir et de l’étreindre.

« Petite question, Tery. Nous montons de plus en plus. Nous devrions être proches de la surface, non ? Même si ce n’est pas toi qui nous conduit directement, tu as sûrement une petite idée à ce sujet, non ? »

« Hmm… Euh… Plus ou moins, je dirais. Je ne dis pas que nous serons arrivés dans un laps de temps assez court mais… dans les jours qui suivent, peut-être deux semaines au grand maximum. Mais pourquoi cette question ? »

« Car nous avons quand même un peu dérivé de notre chemin initial avec tout ce qui s’est passé. Et comme nous prenons bien plus de précautions maintenant, je voulais simplement me renseigner à ce sujet, rien de plus. »

« J’espère donc que mes réponses te sont satisfaisantes, Manelena. Je ne suis pas certain de pouvoir t’aider plus. Je ne suis pas celui qui connaît plus ou moins le chemin. »

« Je m’en doute mais ce n’est pas la première fois que tu montes et descends donc à force, tu dois quand même avoir un peu l’habitude. C’est bien toi qui a appris d’Héraisty au sujet des cristaux qui changent de couleur suivant la hauteur dans les souterrains. »

« C’est vrai. Mais en même temps, je ne peux pas confirmer si tout cela est vrai ou non. »

« Héraisty n’a aucune raison de te mentir. Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’elle ne peut pas se tromper, loin de là. »

Il hocha la tête aux propos de Manelena, montrant par là qu’il comprenait ce qu’elle voulait dire. En même temps, Héraisty n’était pas la seule à les guider ceux qui indiquaient la marche à suivre parmi les démons, utilisaient aussi les cristaux comme repères.


Mais personne n’était parfait et il y avait sûrement une possibilité de prendre des chemins moins compliqués. Pour autant, le jeune homme aux cheveux bruns ne fit aucune remarque à ce sujet. Il était maintenant concentré sur la lettre qu’il avait envoyée au monarque. Comme ils allaient devoir attendre plusieurs voire semaines, il n’était pas certain qu’ils seront encore sous la surface lorsqu’il aura une réponse de sa part.

« Et si ça doit arriver… Ah… J’imagine qu’il va falloir me débrouiller seul. »

« Te débrouiller seul ? De quoi est-ce que tu parles à voix haute, Tery ? »

« Juste par rapport à ce que l’on va devoir faire en attendant la lettre de l’empereur Malark. »

« Hmm ? Mais justement, nous avions dit qu’on allait tout simplement gérer tout cela calmement, non ? En continuant de progresser. Qu’est-ce que je dois faire pour que tu penses à autre chose ? Et non, je te préviens, pas en public. »

« Qu’est-ce que … De quoi est-ce que tu parles ?! »

Aucune réponse de la part de l’intéressée. Seul un sourire était présent sur ses lèvres puisqu’elle ne portait pas son casque sur le moment. Brrr, il n’était pas vraiment certain de vouloir vraiment comprendre ce qui se passait.

Mais avec tout ça, pour quelques heures, il allait avoir l’esprit ailleurs. Ignorant bien le regard mauvais que Krawnia lançait à Manelena, il restait quand même sur ses gardes par rapport à la femme ailée. Si elle s’en prenait à Manelena, il allait pas vraiment le supporter… car il n’avait aucune possibilité de savoir si Manelena arriverait à tenir face à Krawnia. Manelena avait beaucoup d’expérience en combat mais Krawnia….

Non. Manelena possédait les lignes d’Alzar, il ne fallait pas l’oublier. C’est vrai que c’était devenu très commun, vu que tous les démons se basaient sur ça dans le monde souterrain mais à la surface, les lignes d’Alzar sur les différentes races restait quand même un phénomène assez rare. Il ne fallait pas l’oublier.

« Bon… Dans tous les cas maintenant, avec tout ça, nous avons encore de quoi faire. »

« Comme tu dis, Manelena. Ah… J’espère qu’elles vont bien. »

Oui, en se focalisant un peu sur Elen et Elise, cela sera plus facile. En se disant qu’il allait bientôt les revoir, il ne savait pas quand exactement, peut-être qu’il pourrait alors se concentrer pour arriver le plus rapidement à la surface.

Et même en étant à la surface, cela prendra un peu de temps pour envoyer du courrier et obtenir une réponse. Car oui, même avec les enveloppes volantes, il restait une chance qu’elles ne soient pas à la surface. Il pourra toujours écrire à sa mère, elle avait des nouvelles à lui donner aussi de son côté.

Avec tout ça, il se sentait un peu ragaillardi et en pensant aussi à ses grands-parents, il se disait qu’il y avait au final beaucoup de monde qu’il aimerait revoir à la surface. Enfin, sa priorité restait quand même Elen. D’ailleurs, comment expliquer concrètement au sujet de Clari ? La femme-golem était toujours aussi discrète, malgré son apparence. D’un autre côté, maintenant qu’ils étaient sortis de la capitale démoniaque et que lui-même avait Manelena à ses côtés, elle se faisait moins présente.
Elle avait été là, contre les gnomolds, en utilisant ses capacités et son corps fait de cette pierre de couleur noire, l’onyx. Sa résistance était telle qu’elle n’avait tout simplement reçu aucune « blessure » sur son corps. C’était un terme un peu étrange à décrire puisqu’elle ne pouvait plus être blessée par des moyens conventionnels.

Mais c’était réellement Clari et ça il ne pouvait pas se le retirer de la tête. Même si elle n’était pas exactement comme avant… c’était celle qu’il avait connue. Celle qu’il pouvait ouvertement appelé grande sœur sans aucune honte.

De quoi devrait-il avoir honte de toute façon ? Elle lui avait sauvé la vie à l’époque. Oui, cela commençait à remonter à plusieurs années mais le souvenir était encore frais dans sa mémoire. Hmm… Peut-être qu’un jour, il fera son deuil et…

À qui il ferait croire ça ? Il suffisait de voir qu’il avait donné vie à un golem ressemblant exactement à Clari pou comprendre qu’il ne le fera jamais. Pas de cette façon… Il n’avait toujours aucune idée de comment il avait réussi ce tour de force.

Oui… car cela tenait du domaine du miracle. Un miracle auquel il avait donné « vie ». Même si le terme pouvait paraître déplacé dans une telle utilisation. Enfin, dans tous les cas, le jeune homme aux cheveux bruns était satisfait de la tournure des évènements et il n’allait pas s’en plaindre.

Oui… S’en plaindre. C’était le bon terme encore une fois. Même s’il pouvait être pris pour un fou, il comprenait un peu le Dévoreur sur le coup. Avoir perdu un être que l’on aimait profondément et… Tiens, pourquoi est-ce qu’il pensait à lui maintenant ?

Non, non, il devait tout de suite arrêter. Cela allait très mal se finir s’il ne faisait pas attention. Il ne pouvait pas retomber dans ces travers, loin de là. Brrr ! Vivement qu’il retrouve celle qui était la plus chère à son coeur et il ne se posera alors plus de questions de la sorte. Il espérait vraiment avoir Elen en face de lui très bientôt. Il allait devoir s’excuser sur de nombreux points et aussi parler pendant longtemps, très longtemps. Il n’avait pas eu la possibilité de s’expliquer la dernière fois … comme tant de fois d’ailleurs. S’il avait pu, peut-être que tout cela ne serait jamais arrivé.

« Eh bien, si on m’avait dit que ce projet irait aussi vie, je ne suis pas certaine que je l’aurais cru. Et même maintenant, j’ai encore du mal. »

« Et pourtant, Elen, c’est bien ce qui est en train de se produire devant nos yeux. Tout le monde met la main à la pâte et c’est vraiment une chose merveilleuse. Je suis certaine que cette idée est excellente. Comme ça sera un tunnel non connu de la surface mais aussi des démons, nous avons donc un chemin secret. Pour combien de temps ? Cela sera difficile à savoir, il faudra sûrement le camoufler. Mais néanmoins, pas de poste de garde au service d’un membre de la noblesse ou de la famille royale, hahaha. »

« Elise, je tiens à te rappeler que tu es membre de la famille royale donc indirectement, ce nouveau tunnel sera plus ou moins géré par toi ou les personnes qui te suivent. »

« Merci de me briser mes petits rêves, Elen. C’est très sympathique de ta part. Plus sérieusement, ils ne doivent pas se douter un seul instant de ce que l’on fait exactement et c’est ça qui est vraiment une excellente chose. »

« Nous sommes assez discrets de notre côté ce qui est mieux, oui. Mais pendant combien de temps ? Je ne voudrais pas être pessimiste mais… »

« Tu n’as pas à l’être. Nous avons plus ou moins camouflés nos travaux. Il faudrait vraiment se concentrer sur la zone pour les trouver. »

« Et ce n’est pas ce qu’ils risquent de faire justement ? C’est plutôt problématique. »

« Oui et non, Elen. Encore une fois, j’ai pris mes précautions. Je ne veux pas qu’ils le repèrent donc pour cela, ils devront faire pas mal d’efforts pour y arriver. »

Elise était vraiment convaincue par son projet et Elen poussa un léger soupir. Peut-être que c’était elle le souci pour l’occasion. Elle s’en faisait plus que nécessaire… et ce n’était pas bon, loin de là. Elle prit une respiration plus forte que les autres avant de lui sourire :

« Si tu es certaine de ton coup, tant mieux alors. S’il le faut, de toute façon, tu sais où me trouver, d’accord ? Je vais aller voir ma fille. »

« Nous pouvons être deux pour l’occasion. Royan est en train de superviser le tout. Il doit quand même montrer qu’il est le roi de Traslord même si là, il est plus en train de jouer les apprentis chefs de chantier. »

« Peut-être une reconversion future, Elise ? Qui sait ce que l’avenir lui réserve ? »

« Ne va pas lui dire ça, il serait capable de le prendre au sérieux. Je sens qu’il a envie de faire comme Manelena : avoir une vie en-dehors de la royauté. C’est d’ailleurs pour ça qu’il est avec moi, hahaha ! Non pas à cause de mon sang royal ! »

Elen ne répondit pas à Elise. Elle ne pouvait pas lui donner tort sur le coup. Que ça soit Manelena ou Royan, l’un comme l’autre, leur sang royal n’avait pas autant d’importance que pour beaucoup d’autres monarques. Oui, contrairement à la majorité des nobles, ils voyaient tout cela d’une bien autre façon. Une façon bien plus plaisante.

« Je vais aller retrouver mon prince royal à moi, enfin roi maintenant. »

« Fais donc Elise. Fais donc. » déclara Elen d’un petit mouvement de la main comme pour l’inciter à y aller dès maintenant alors qu’elle-même, tout sourire, était juste en train de prendre le chemin qui la mènerait à sa fille.

Ah… Sa fille… ou plutôt leur fille… à elle et Tery. Sauf que Tery ne pouvait même pas la prendre dans ses bras. Même si ce n’était pas vraiment un secret, le fait qu’elle ne puisse pas avoir le jeune homme auprès d’elle après tout ce temps commençait vraiment à lui travailler le mental. Elle espérait que tout soit résolu rapidement.

Mais l’espoir faisait peut-être vivre mais ce n’était pas ça qui allait ramener Tery plus rapidement à ses côtés. Elle le savait bien et ça lui dévorait le crâne. Elle n’allait pas devenir folle, loin de là. Depuis le jour où il l’avait plantée… à cause de ses sombres pensées et de cette manipulation par cette voix étrange, elle avait compris.

Elle avait compris que même en aimant autant Tery, elle ne pouvait pas réagir de la sorte. Mais elle n’était pas stupide. Elle avait parfaitement compris ce qui risquait de se passer avec Manelena auprès de Tery mais… elle ne pouvait pas y faire grand-chose. Qu’importe ce qu’elle tentait, tant qu’elle n’avait pas Tery à ses côtés, elle ne pouvait qu’être spectatrice.

Et si ça devait arriver ? Et si c’était déjà arrivé ? Comment devait-elle réagir ? Hurler dessus comme une damnée ? Une démone ? Qu’est-ce que cela changerait puisque la situation s’était déjà produite ? Comment ? Est-ce qu’elle devait lui pardonner alors qu’elle-même n’avait jamais eu d’écart ? Et s’il y avait eu un écart, combien de fois ?

Et s’il trouvait une excuse ? Et ensuite ? Comment faire ? Faire comme si de rien n’était ? Regarder Manelena continuer à tourner autour de Tery ? Et s’ils retombaient dans ses travers ? Que dans son dos, ils continuaient à se voir ? Voilà toutes les questions qui lui traversaient l’esprit à cet instant précis.

Elle était sûrement irrécupérable, elle s’en doutait mais… ce n’était pas non plus tout de sa faute hein ? Ah … Pourquoi est-ce qu’il n’était pas possible de s’envoyer de courriers ici ? Pourquoi est-ce que les lettres volantes ne fonctionnaient pas ici ? Avec elles, tout aurait été bien plus simple. Elle se rappelait de l’époque où encore, elle n’avait pas compris la portée de ses sentiments envers Tery.

Oui. Elle se rappelait de cette image qu’elle avait envoyé au jeune homme avec ce fameux miroir. Son premier moment où elle s’était considérée comme coquette. Elle en avait encore un peu le rouge aux joues rien qu’en y repensant, hahaha. Voilà, elle se sentait un peu mieux. Les souvenirs d’antan lui faisaient du bien.

Et elle savait qu’elle allait le retrouver un jour. En continuant de se fixer cela comme objectif, elle était convaincue qu’ils pourront un jour tout simplement couler des jours heureux. Pas d’aventure à l’horizon, pas de créature monstrueuse à affronter, pas de royaume à combattre. Tout cela sera derrière eux. Et derrière eux, il n’y aura alors pas besoin d’y jeter un œil.

« Qu’il me tarde de te la montrer pour qu’on lui donne un nom. »

Oui, elle le savait parfaitement. C’était plus qu’absurde de ne pas avoir donner de nom à cet enfant qui avait déjà dépassé sa première année. Sa fille comprenait déjà quelques mots, elle poussait des petits cris mais elle était heureuse et silencieuse pendant la nuit. Ce qui pouvait être étrange pour un enfant de cet âge.

Est-ce qu’elle en faisait trop pour elle ? Ou pas assez ? Cela dépendait sûrement du point de vue, elle en était certaine mais… en un sens, il y avait vraiment un souci. C’était le fait qu’elle se comporte de la sorte alors qu’il valait mieux pour l’enfant qu’il ait de l’amour et de l’affection tout autour de lui.

Pensée absurde. Sa fille était aimée et choyée. La question ne se posait même pas en fin de compte. Que ça soit par elle ou par sa grand-mère. D’ailleurs, les grands-parents de Tery seront sûrement ravis de la voir dès qu’elle pourra la leur montrer.

Elle ne savait pas pourquoi mais elle avait la sensation qu’une certaine vieille dame serait complètement folle de joie de voir son arrière petite-fille. Oui, elle lui avait fait une bonne impression à chaque fois qu’elle l’avait vue et elle avait d’ailleurs compris que dans la famille Vanian, les femmes étaient très souvent fortes en terme de caractère.

D’ailleurs, c’était aussi en partie pour ça qu’elle devait redoubler d’efforts. Pour être à la hauteur de toutes les femmes de cette famille. En montrant ce dont elle était capable, elle serait alors plus qu’apte à représenter la famille Vanian. Le rouge vint parcourir ses joues. Dans les faits, c’était vrai que Tery et elle n’étaient pas mariés mais cela sera très vite réglé lorsque la situation sera stabilisée, héhéhé.

« Tu es vraiment si mignonne, tu le sais ? »

Peu à peu, sur le sommet du crâne de l’enfant, il était possible de voir quelques reflets blonds, comme sa mère. Si ce n’était pas la preuve la plus concrète qu’elle était bien sa fille, elle ne voyait pas ce qui pouvait le prouver alors. Enfin bon, la mère, c’était certaine. Le père ? La question ne se posait même pas. Elle n’avait fait la chose qu’avec lui, maintes fois, encore et encore.

D’ailleurs, c’était peut-être pour cela qu’elle avait porté son enfant aussi rapidement. Ils s’étaient plus ou moins comportés comme des bêtes, non pas sauvages mais disons… qu’il n’y avait jamais eu de retenue ou presque. Hmm … Ah … Elle plaça doucement un doigt sur la joue de sa fille endormie.

« Vraiment si mignonne. Tu es à croquer, mon amour. »

Un amour de petit bout de chou. Elle déposa brièvement un baiser sur la joue du bambin. Ils n’étaient qu’en début d’après-midi mais elle allait éviter de faire une sieste. Depuis la naissance de l’enfant, ça lui arrivait un peu plus souvent car il fallait bien qu’elle récupère des nuits où l’enfant se réveillait.

Heureusement, à l’époque, elle avait eu la mère de Tery avec elle mais elle ne pouvait pas toujours compter sur elle non plus. Cela ne pouvait pas être aussi simple que ça hein ? Du moins, pas de cette manière non plus. Mais là, l’enfant était au calme et bien sage. De toute façon, il y avait toujours quelqu’un pour la surveiller.

Car oui, même si c’était assez étrange, les femmes des différentes races dans leur groupe semblaient adorer la petite demoiselle. Peut-être était-ce l’instinct maternel qui primait ou alors autre chose qu’elle n’arrivait pas à expliquer mais elle avait la sensation que toutes considéraient l’enfant comme un trésor sacré.

C’était assez saugrenu à bien y réfléchir mais elle n’allait pas s’attarder sur ça, hahaha. En fait, elle préférait même ne pas trop y penser. Elle allait juste se contenter de se dire que chacune était heureuse de pouvoir lui rendre ce service. Oh, bien entendu, elle avait quand même pris des précautions pour éviter des gestes malheureux.

Il s’agissait de quelques mesures de sécurité pour être certaine que son enfant était entre de bonnes mains. Est-ce qu’elle faisait une erreur ? Oui et non. Elise avait voulu la rassurer en lui disant que tout le monde dans ce groupe voulait oeuvrer pour un but commun. De même, elle aussi comprenait parfaitement le fait que le bébé de Tery et Elen avait quelque chose d’assez exceptionnel sans forcément réussir à expliquer quoi exactement.

« Je me demande si c’est à cause de ses origines ou non. » chuchota doucement la femme aux cheveux blonds, songeuse à cette idée.

Tery était un être à moitié démoniaque. Elle-même était issue… de deux divinités. Enfin, deux êtres aux capacités exceptionnelles. Cela devait sûrement influencer d’une manière ou d’une autre, non ? Même si elle ne savait pas trop comment et de quelle façon.

C’était le genre de choses qui ne pouvait sûrement pas être étudiée d’un claquement de doigts. Enfin, avec tout ça, elle devait aller retourner voir Elise et Royan. Même si elle n’était pas totalement rassurée par l’avancée du projet, ça ne voulait pas dire qu’elle ne pouvait pas soutenir ce dernier.

Revenant auprès du couple royal, puisqu’on pouvait les considérer tous les deux ainsi, elle vint apporter sa pierre à l’édifice, commençant à user de ses capacités magiques pour épauler ceux qui travaillaient. Dans ces moments-là, elle regrettait doublement Tery. Déjà par son absence de présence mais aussi par le fait qu’avec sa capacité à créer des golems, il serait d’une utilité bien plus grande qu’elle. Autant dire qu’elle regrettait la main d’oeuvre que Tery pouvait emmener avec lui. Une main d’oeuvre plutôt importante et utile.

« Enfin, il me manque surtout et pas qu’un peu. »

« Hmm ? De qui donc ? Votre homme, c’est bien ça, non ? Enfin, Tery, si je me suis pas trompé de personne. » répondit calmement un démon à côté d’elle alors qu’elle tenait dans ses mains une lourde pierre, ses propres mains devenues des griffes de roche.

« Oui, oui, c’est bien Tery. Et oui, il me manque. »

« Ah ouais, je peux voir ça. Vous utilisez les mêmes griffes que lui. »

« Une simple coïncidence, hahaha. » dit-elle en rigolant légèrement. Elle-même ne croyait pas en son mensonge mais qu’est-ce qu’elle pouvait y faire, hein ? Dans tous les cas, elle allait se concentrer à la tâche et peut-être que par de petites actions comme ça, l’attente pour retrouver Tery sera moins difficile.

Chapitre 42 : Sacrifice

ShiroiRyu
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Chapitre 42 : Sacrifice

« De quoi vous parlez ? Leurs ancêtres ? »

« Les ancêtres ? Qu’est-ce que vous baragouinez ? » demanda calmement Manelena après les propos du gnomold. « Vous prétendez être nos ancêtres ? Vous avez la même espérance de vie que nous, peut-être un peu plus au grand maximum. De là à prétendre et à raconter n’importe quoi, il n’y a qu’un pas hein ? »

Elle avait dit cela avec une petite pointe d’ironie, ne cachant guère dans son ton le fait qu’elle avait beaucoup de mal à croire les paroles de ce gnomold. Il manquait encore un peu trop de détails pour qu’il soit crédible dans ses dires.

« Notre race est votre ancêtre ! Vous avez préféré complètement ignorer et abandonner tout un pan de l’histoire juste pour vous valoriser ! Vous n’y connaissez rien ! Rien du tout ! »

« Et si vous en disiez un peu plus ? Car j’ai la sensation que même les démons ne sont pas forcément au courant de ce que vous racontez. »

Et comme preuve de sa bonne foi, il avait décidé de faire disparaître ses griffes de pierre. Oui, il ne pouvait pas faire plus mais en même temps, ce gnomold était presque comme traumatisé. Mais est-ce que ces gnomolds allaient arrêter ce combat eux aussi ?

« Pourquoi… est-ce que l’on ferait la même chose que vous ? » demanda le gnomold, en comprenant bien où voulait en venir le jeune homme dans sa démarche.

« C’est à vous de voir. Vous semblez en avoir sur la conscience et… J’ai aussi besoin de savoir. Je préfère mourir en sachant ce qui se passe plutôt qu’en étant idiot. »

« Tu es vraiment comme les rumeurs en parlent hein ? Toujours prêt à discuter avant le reste hein ? Tsss… Et qui nous dit qu’après, tu vas pas chercher à tous nous tuer ? »

« Et c’est la même pour vous, non ? Vous êtes ici pour éliminer chaque démon présent dans le monde souterrain. Vous savez aussi bien que moi que vous avez commencé une mission suicide puisqu’elle n’aura de fin que lorsque vous serez tous morts, est-ce que je peux me tromper ? Ou alors, est-ce que j’ai raison ? »

« Tsss… Tu me fais chier ! POURQUOI TU ES LÀ ?! »

Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il était ici ? Car c’était sa place. C’était une question vraiment étrange de la part du gnomold et les autres avaient toujours ce côté belliqueux. Un combat, est-ce qu’un combat pouvait vraiment s’arrêter comme ça ? Car juste deux personnes avaient décidé de le stopper pour parler ? Après, ils n’étaient pas une gigantesque armée, de chaque côté.

« Je suis là parce que vous vous êtes trouvés sur mon chemin, rien de plus. À la base, je ne pensais même pas vous avoir en face de moi, loin de là même. »

« Tsss, tu peux faire autant le fanfaron que tu le veux, ça ne changera rien aux faits ! Pas du tout même ! Tu ne peux pas tenter d’arranger des millénaires comme ça ! »

« Je n’ai pas dit ça et je ne compte pas le faire. Je n’ai pas à réparer des trucs qui se sont produits lorsque je n’étais pas né. Ce n’est pas à moi de faire tout ce travail. Mais si je peux tenter de faire quelque chose pour éviter que ça ne se reproduise, je ne vais pas me priver. Mais pour ça, il faudrait me dire exactement ce qui s’est passé. »

« AH ! Qu’est-ce que tu sais exactement des portes démoniaques hein ? Sais-tu pourquoi elles ont été crées ?! Pourquoi Zélisia et Alzar ont agi de la sorte ? »

« Pour empêcher le Dévoreur de ravager ce monde non ? Car de ce que j’ai cru comprendre, il n’était pas vraiment prévu que les démons se retrouvent bloqués sous la surface. On peut dire que cela ressemble à des dommages collatéraux. »

« DOMMAGES COLLATÉRAUX ! HAHAHAHA ! BORDEL ! »

Hmm ? Le gnomold était maintenant complètement hilare mais pourtant, lui-même avait la sensation qu’il se moquait de lui. Est-ce qu’il y avait une raison à ça ? Il ne savait pas trop mais il n’appréciait que moyennement tout ça. Pourtant, il attendait de voir à ce que le gnomold se calme, les autres membres de sa race le regardant avec autant de surprise que l’armée en face d’eux.

« Dommages collatéraux. Ces pauvres petits démons ! Ces démons qui continuaient de vouloir se battre sans cesse contre les races de la surface simplement pour que leur dieu Alzar s’envoie en l’air avec Zélisia discrètement ! »

« Je ne peux pas te donner tort sur le coup. Et je leur ai déjà fait la remarqué à ce sujet. Enfin, je crois… Je ne suis plus sûr. »

Le gnomold le regarda un peu, interloqué, en cherchant à voir s’il était devenu fou ou s’il pensait vraiment ce qu’il disait. Mais il y avait des chances qu’à l’époque, il ait parlé de cela avec eux quand il avait appris diverses choses. Cela remontait maintenant à pas mal de mois… voire même une année.

« Mais de toute façon, que ça soit les démons ou les races de la surface, les deux camps étaient fautifs. Zélisia n’était pas une sainte, loin de là. Elle avait crée plusieurs races avec chacune ayant ses propres caractéristiques tout en les laissant s’entretuer. »

« Nierk. C’est exactement ça. C’est ça de posséder trop de pouvoirs ! On commence à créer des aberrations mais ces saletés… ces deux saletés qui se prétendaient être des dieux ! Ils n’ont eu aucune hésitation ! Ils n’ont pas demander leurs avis aux races de la surface ! »

« Qu’est-ce que cela allait changer ? Les races de la surface n’auraient plus de raison de se battre avec les démons. Elles étaient gagnantes. Même s’il resterait les querelles liées aux différentes races et nations mais ça, c’est un autre souci. »

« Les démons étaient un ennemi commun mais ça, qu’est-ce qu’on s’en fout. Ce n’était pas ça le plus important ! Pas du tout ! Le plus important, c’est de nous avoir utilisé comme des pions pour créer ces foutues portes partout dans le monde ! »

« Utiliser… comme des pions ? » répéta Tery aux propos du gnomold.

« Ils ont usé de nos corps jusqu’à la moelle ! Alors qu’ils étaient occupés à fonder les deux portes démoniaques d’Omnosmos, les portes principales qui serviraient de fermeture totale par rapport au monde souterrain, vous pensez que les autres portes se sont formées comment hein ?! Vous en avez une simple idée ?! »

« Pas le moins du monde. Expliquez donc. Vous êtes en train d’insinuer que … ce sont les races de l’époque qui ont réussi à créer les portes démoniaques. Du moins, celles qui retenaient les différentes grottes et autres endroits scellés complètement. »

« C’est exact ! Les races de l’époque ont été sacrifiées pour les imbécilités de deux êtres trop puissants et incapables de contrôler leurs hormones ! Deux êtres trop stupides qui sont incapables d’arrêter leur création devenue trop puissante même pour eux ! Deux êtres qui ont rendu ces races difformes et bossues ! »

… … … Il venait de marquer un temps d’arrêt, comme pour laisser au groupe de Tery d’assimiler l’information. D’après le regard des gnomolds derrière celui qui s’exprimait, il semblerait que même eux n’étaient pas totalement au courant de tout.

« Les races sont devenues… des gnomolds ? C’est ça que vous voulez dire ? »

Un rictus se dessina sur les lèvres du dit-gnomold, comme pour confirmer les dires de Tery. Les gnomolds… actuels… étaient les descendants des races d’autrefois. Des races comme celles actuelles. C’était tout simplement impossible ! Il n’y avait aucune ressemblance et…

« Il y a quelque chose qui cloche dans ce que vous dites. Comment est-ce que c’est possible que vous soyez nos… ancêtres alors que nous sommes la preuve vivante que nous sommes totalement différents de vous. » déclara Manelena avant même que Tery ne puisse parler.

« Vous savez aussi bien que moi que les enfants ne naissent pas directement avec leurs magies inscrites en eux. Les lignes élémentaires n’apparaissent qu’après quelques années. C’est ça qui a permis à ces enfants de ne pas devenir comme nous. Nous avons été vidés de notre magie jusqu’au plus profond de nos corps, les modifiant pour devenir ce que nous sommes actuellement. Nos enfants, ont eu la chance de rester normaux. »

« Et il n’y avait aucune possibilité de revenir en arrière, c’est ça ? Vous étiez sans magie ? Comment avez-vous fait pour avoir alors des descendants qui sont aptes à avoir de la magie ? Et comment… il manque trop d’informations ! »

« J’en ai trop dit ! Je devrais plutôt vous exterminer maintenant ! Comme ça, vous… »

« Et pourquoi cela serait si grave que nous soyons au courant ? Qu’est-ce qui vous empêcherait de raconter tout cela autour de vous ? »

« Imbécile… Comme si des gens allaient croire des gnomolds ! Tu as vu nos trognes et tu veux prétendre que vous allez nous écouter ?! »

« Pourtant, Ernold est bien le plus grand archimage respecté de tout Omnosmos ! Pourtant, c’est un gnomold ! Lui n’a pas hésité à s’ouvrir aux autres races et tout le monde le respecte ! Même parmi vos pairs, j’en suis certain ! »

Et même si… Ernold avait bien caché son jeu par rapport aux portes démoniaques et autres vérités qu’il s’était gardé de dévoiler, il savait que le vieil archimage ne pensait qu’à la même chose que Zélisia et Alzar, enfin Séran et Sérest.

« Les gnomolds sont comme vous autres. Chaque gnomold est différent. Ce n’est pas parce qu’une poignée de gnomolds a décidé d’abandonner leur passé et leur histoire que tout le monde pense pareil ! » éructa le gnomold, plus qu’enragé par les dires de Tery.

Et pourtant, il ne faisait rien pour améliorer la situation. Malgré qu’il tentait de communiquer avec ce gnomold, ayant enfin appris quelque chose dont il ne se serait jamais douté, il voulait vraiment… trouver une solution pacifique. Une solution aberrante en vue du massacre commis par les gnomolds.

« Tery, ces gnomolds ne nous apporteront rien de plus. Il vaut mieux les exterminer. » murmura Manelena alors que Tery hochait la tête négativement.

« Si je peux éviter, je veux éviter… »

« Eux ne te laisseront pas réellement le choix, Tery. Tu le sais aussi bien que moi. Il faut te montrer raisonnable, non ? »

« Je vais me montrer raisonnable mais je veux le fin mot de cette histoire. Il me manque des détails que je n’ai pas encore obtenus ! »

En entendant le soupir fatigué de Manelena, il comprenait parfaitement qu’elle en avait assez du côté bon samaritain qui pouvait paraître chez lui sans même prévenir. Mais voilà, ce côté bon samaritain avait une raison d’être là. La raison était simple, il voulait TOUT savoir, tout depuis le début. Les moindres détails. Il reprit la parole :

« Les enfants et autres, vous ne voulez pas nous en dire plus à leur sujet ? »

« Qu’est-ce que tu veux que je te raconte de plus hein ? Ces enfants irrespectueux, pensant que nous étions des monstres alors que nous étions leurs parents ! C’est comme ça et pas autrement ! Nous étions différents d’eux alors que nos corps ont été sacrifiés pour eux ! »

« Vous n’avez pas tenté d’expliquer à vos enfants ce qui s’était passé ? Du moins, les gnomolds de l’époque à leurs enfants ? »

« Bien sûr que si, espèce d’imbécile ! Même si nous ne comprenions pas tous exactement ce qui s’était produit, certains d’entre eux, adeptes de la magie, avaient compris la situation. Et ils étaient heureux de voir qu’ils avaient mis un terme à l’existence du Dévoreur ! »

« Alors pourquoi les enfants n’ont pas accepté ça ? Ce n’est pas normal ! Les enfants devraient être heureux de voir que leurs parents s’étaient sacrifiés pour eux ! »

« Car ils n’étaient que des gamins. Des gamins aux cervelles malléables et éponges ! Des gamins incapables de réfléchir par eux-mêmes ! Si facilement manipulables entre eux ! Ils étaient différents des gnomolds et ce qui est différent est dangereux et mauvais ! Cela a toujours été le cas avec les races de ce monde ! »

Il avait vraiment la sensation d’avoir un cours d’histoire de la part du gnomold mais en même temps, c’était lui qui le demandait. Il ne pouvait en vouloir qu’à lui-même hein ? Il prit une profonde respiration avant de se mettre à réfléchir plus longuement à la situation. Avec tout cela, il allait finir par obtenir ce qu’il désirait ? C’est que peu à peu, il finissait par obtenir des informations importantes.

« Peu à peu, ceux qui étaient restés « normaux » se sont mis à grandir, devenant des adultes mais le mal était déjà fait. Au bout de deux siècles, nous autres étions répudiés et avons été chassés de là où nous vivions ! »

« Pourtant, je suis certain qu’il y avait des endroits où… »

« NON ! Et tu le sais aussi bien que moi, espèce de petit con ! Tu as très bien vu à quoi ça ressemble de nos jours ! Fais pas semblant d’être un putain d’aveugle ! Y a bien qu’à Omnosmos que les gnomolds sont tolérés et encore seulement certains qui seraient proches du grand archimage ! »

« Et je suis certain que vous prenez votre cas pour une généralité. Certains gnomolds ont fait une alliance avec Mékalarma pour éliminer les démons. Ce qui veut dire que tous ne sont pas réfractaires aux gnomolds. »

Peut-être que la discussion n’avait plus aucune raison de durer. Dans les faits, il avait visiblement plus ou moins eu tout ce qu’il recherchait. Il n’avait rien besoin de plus. Mais maintenant ? Quoi faire ? Attaquer les gnomolds et confirmer leurs dires ? Les laisser vivre alors qu’ils avaient commis des crimes sur des innocents ?

« Des millénaires se sont écoulés et au final, l’existence des démons n’était connue que de certains gnomolds. Les races de la surface, elles avaient totalement oublié que les démons existaient auparavant. »

Encore une fois, difficile de nier. Lui-même avait appris que « récemment » l’existence des démons et il était certain que c’était le cas de tous les membres du groupe armé, du moins en prenant en compte seulement ceux issus des races de la surface.

« Mais maintenant que les portes démoniaques sont ouvertes, il est possible de voir que les démons ne sont pas aussi mauvais que les gnomolds le pensaient ! Pareil pour les autres races ! Il est possible d’arrêter tout ça mais il faut le vouloir ! »

« On ne le veut pas. C’est bien trop tard pour chercher des excuses ! Il ne faut… »

« Est-ce que les gnomolds qui ne sont pas au courant de cette histoire pensent comme vous ?! Ou tentent au moins d’arranger les choses ?! Car oui, bizarrement, des fois, l’ignorance peut aider à réconcilier des races ! »

« Et quand elles apprennent la vérité alors hein ?! Tu crois que c’est aussi simple ?! »

« Oui, ça l’est ! Car c’est du passé ! Et que le passé, c’est bien de s’y accrocher pour connaître ses origines mais ça ne veut pas dire que ça doit être lui qui doit définir notre route ! Sinon, ça reviendrait à dire que je suis destiné à n’être que Tery ! »

« Tery ? Genre Tery ? » demanda le gnomold, comme un peu étonné. Ben quoi ? Ils ne savaient même pas à qui ils avaient affaire depuis le début ou quoi ?

« Oui, je suis Tery. Tery Vanian plus précisément. Pourquoi ? C’est si surprenant que ça ? De base, vous m’en voulez et plus encore à cause de tout ça donc bon… »

« Tery Vanian ! Celui dont Rokar n’arrêtait pas de parler ! AH ! C’est donc toi ! C’est toi le fichu démon qui est à la base de tous nos ennuis ! C’est TOI ! »

« Je ne compte pas m’enfuir ou autre. Vous pouvez criez autant que vous le voulez mais il va falloir quand même que vous vous expliquiez un peu. Qu’est-ce qui vous étonne ? »

« C’est toi ! C’est toi dont parlait Rokar ! C’est toi ! C’est toi qui a ouvert les portes démoniaques ! On avait aucun détail sur à quoi tu ressemblais mais c’était toi ! Rokar nous a dit de ne rien te faire ! Que tu es au service d’Ernold et d’autres stupidités ! »

« Rokar aurait vraiment fait ça ? Lui ? J’imagine que vous êtes en train de dire une bien mauvaise blague sur le coup. Ce n’est pas crédible du tout. »

Oui. Pourquoi est-ce que Rokar ferait ça ? Oh, dans les faits, s’il commençait à s’y attarder, de nombreuses fois, Rokar aurait put le tuer mais il ne l’avait jamais fait. Même si depuis le temps, le rapport de force s’était inversé, ça ne changeait pas qu’il aurait moins de scrupule à l’éliminer. Mais pourquoi Rokar dirait du bien des démons ?

« Rokar est au service d’Ernold depuis des lustres, tsss ! C’était lui qui était chargé de surveiller un village où se trouvait une engeance démoniaque. C’était toi ! Il a osé nous mentir en disant qu’il l’avait éliminée rapidement ! »

« Non, je ne pense pas qu’il ait menti. Ce qu’il vous a dit est véridique même s’il n’a pas donné toutes les informations. Il devait sûrement parler du démon qui s’est considéré comme mon père bien que ça sonne totalement faux et creux. »

« Faux et creux ! Tu avoues donc que Rokar a… »

« Non, je parlais du démon, pas de Rokar. Je pense qu’il avait compris que mon… père était un démon pur contrairement à moi qui a eu une mère humaine. C’est pourquoi il l’a éliminé mais pas moi. Du moins, c’est la seule raison plausible. »

Pourquoi est-ce qu’il était en train de raconter tout ça à des gnomolds ? Surtout que maintenant, il voyait bien que ces derniers avaient repris leurs souffles mais aussi… avaient soigné leurs blessures. Rien d’anormal puisqu’il en était de même de leur côté.

« Mais pas toi ? Car tu es juste à moitié démoniaque ? Rokar n’aurait jamais fait ça ! Sauf… Sauf si… Sauf si… Il était au service d’Ernold depuis le début ! »

« Et vous alors ? Vous ne semblez pas être n’importe quel gnomold. J’ai bien remarqué que ceux qui vous accompagnent n’étaient pas plus au courant que nous autres. Ce qui veut dire que vous devez être assez spécial aussi, n’est-ce pas ? »

« Tsss. Pour une fois que nous avions la possibilité de nous rendre dans le monde souterrain, ils ont préféré assurer la sécurité des gnomolds. Surtout avec cette folle qui est devenue une traîtresse ! On avait bien fait ! »

« C’est vrai que Krawnia n’est pas vraiment celle en qui j’aurais le plus confiance. »

« Hihihi ! Tu devais Tery, tu devrais. Il n’y a que toi à mes yeux, tu sais ? »

Non mais même ainsi, malgré tout ce qu’elle disait, il restait plus ou moins imperméable à ses propos. Ce n’était pas qu’il ne lui faisait pas confiance mais… en fait si. Elle n’était pas digne de confiance, c’était tout.

« Bref, il vaut mieux l’ignorer. Dans tous les cas, je n’ai plus envie de continuer à vous affronter. Et non, avant même que vous ne disiez quelque chose, ce n’est pas de la pitié. »

« Alors pourquoi tu veux éviter ça hein ? On veut vous faire la peau. On veut tous vous crever, vous, les démons, les traîtres, tous ceux qui ont osé nous abandonner ! »

« Oui mais sur le coup, ça ne servirait à rien. Avec ce qui vient de passer ici, vous allez attirer l’attention d’un groupe bien plus dangereux que le nôtre et je n’ai clairement pas envie de leur tomber dessus. Si vous êtes suicidaires, vous n’aurez qu’à les affronter mais je tiens à la sécurité de mes membres. Vous pouvez haïr le monde autant que vous le désirez mais ça ne doit pas vous inciter à un massacre gratuit de votre propre groupe. »

« Tu te prends pour qui pour nous faire la morale hein ? Tu crois qu’on va t’écouter juste parce que tu as décidé d’ouvrir ta bouche comme ça ? »

« Ce n’est pas une question de vous faire la morale. Vous avez réussi à arriver jusqu’ici avec pas mal de chance. »

Est-ce qu’il cherchait à les énerver ? Pas le moins du monde. Il voulait juste que ça soit bien clair à leurs yeux qu’ils n’étaient pas tombés sur l’armée la plus inquiétante du monde souterrain. Ce combat ne mènerait à rien mais surtout, le gagnant de cet affrontement serait dans un bien triste état et ferait une cible plus que facile pour les créatures souterraines.

« Tu me fatigues… Tu peux toujours rêver pour que notre espèce apprécie ce que tu viens de faire. Pire ! Tu as une odeur encore plus horrible que celle des démons. Je ne sais pas d’où elle vient précisément on va se retirer pour le moment. T’as juste intérêt à bien noter que la prochaine fois, on ne sera pas aussi sympas. BON ! On se retire les gars ! »

Même si la plupart des gnomolds étaient mécontents de la situation, tous acquiescèrent aux propos de celui qui avait tant discuté avec Tery. Manelena, à côté du jeune homme, plaça une main sur son épaule, lui disant pendant que les gnomolds s’éloignaient :

« Ce n’est peut-être pas une victoire qui provient d’un combat glorieux mais… C’était le bon choix, Tery. Nous ne pouvions pas nous permettre de perdre trop d’hommes. »

Il avait bien fait et elle voulait qu’il le reconnaisse. Accepter cette reconnaissance lui permettrait d’avoir plus confiance en lui. Oui, ils avaient obtenu bien plus que la simple « sécurité » des membres du groupe. Ils avaient appris une nouvelle vérité.

Chapitre 40 : Jeu de piste

ShiroiRyu
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Chapitre 40 : Jeu de piste

« Vous êtes certains de ce que vous avancez ? »

« Sûrs et certains. Il peut pas y avoir d’erreurs à ce sujet ! »

« D’accord, d’accord. Merci pour ces réponses. Nous allons vous laisser. Moi et mes troupes n’allons pas déranger plus longtemps la tranquillité de votre village. »

« Bah ! Ne vous en faites pas, vous nous avez rendu un fier service en éliminant les monstres des alentours et en nous offrant une partie d’entre eux. Je pense que notre village sera paisible pour un petit moment. »

« Tant mieux alors, je suis content pour vous. » répondit doucement Tery avec un léger sourire. Ce qu’ils faisaient dans ce village ? La même chose que les autres villages depuis maintenant pas mal de jours.

Depuis la présence de l’armée d’Haiktos, il préférait jouer la carte de la sécurité. Il ne pouvait pas se permettre d’avoir à nouveau affaire à eux. Et en même temps, il obtenait des informations d’une autre importance capitale.

Lorsqu’ils s’éloignèrent du village qu’ils venaient de traverser, tout en ayant débarrassé ce dernier des monstres qui l’avoisinaient, il posa ses yeux sur Manelena avant de dire :

« Je ne m’attendais pas à avoir une telle information. Est-ce que tu penses que… »

« Je ne connais pas beaucoup d’autres groupes qui seraient composés de démons et de races provenant de la surface, tu sais ? »

« Oui mais bon… en même temps, on ne sait jamais… Dommage que ça soit juste une rumeur provenant d’un marchand qui se promène de village en village. Et peut-être qu’il parlait de nous ? C’est tout à fait possible non ? »

« C’est exact mais maintenant, intérieurement, est-ce que tu préfères penser que c’est le groupe d’Elise ou alors le nôtre qu’ils évoquaient ? »

« Tu marques un point. Imaginons le meilleur avant le pire ! »

Et s’ils avaient une chance de retrouver Elise et les autres… enfin surtout Elen dans son cas, alors, il devait s’accrocher à cette idée ! Au lieu de considérer que c’était tout simplement un coup du sort. Pfiou ! Maintenant, clairement, il était en forme et sur motivé par cette nouvelle. C’était sûrement pour cette raisons qu’ils avançaient à une allure plus rapide que les précédents jours.

En plus, ça ne pouvait pas être que du hasard le fait que les derniers villages traversés disaient la même chose concernant ce groupe hétéroclite. Un groupe comme le sien quoi ! Pfiou… Il avait la sensation que c’était peut-être la première fois depuis longtemps qu’ils étaient aussi proches de retrouver les autres. Il remarquait à peine la mine soucieuse de Manelena. Celle-ci n’était peut-être pas autant ravie que lui de retrouver Elise et les autres bien que cela soit pour une raison futile et ridicule.

Plusieurs espèces différentes, jamais le même chemin… et ils avaient une étrange idée en tête puisque visiblement, d’après les villages visités, ils étaient en train de chercher des outils et autres pour travailler la terre. Après une discussion avec Manelena et Héraisty ainsi que les chefs des différentes escouades de leur petite armée, ils en étaient venus à cette conclusion : ils étaient en train de créer de nouveaux chemins.

Des chemins vers où ? Sûrement la surface, ce n’était pas comme si c’était vraiment une bonne idée que de chercher à vouloir tracer d’autres voies vers la capitale. Par contre, cela voulait dire qu’Elise ne désirait d’ailleurs pas retrouver son père. C’était quoi alors son but réel dans toute cette histoire ?

« Si nous continuons à fouiner dans les environs et à nous renseigner… »

« Oui Tery, nous finirons bien par tomber sur eux, c’est exact. »

« Quelle super nouvelle ! Enfin, si c’est bien Elen et les autres qui nous attendent. Dommage que nous ne pouvons pas leur laisser de message. »

« Beaucoup trop dangereux, Tery. Tu le sais très bien qu’il y aurait une chance que ces informations données puissent être utilisées contre nous. »

Il s’en plaignait un peu mais ça ne changeait rien. Elle avait totalement raison sur le fait que ça serait de l’imbécilité que de permettre aux ennemis des deux autres armées que de savoir où ils se trouvaient.

Pour autant, s’il avait pu laisser un simple petit mot, comme pour signaler juste qu’ils étaient passés par ici, sans indiquer plus de détails, cela lui aurait bien plu. Mais bon, il ne pouvait pas tout faire non plus, surtout sans aucune précaution.

Enfin bon… Il allait juste attendre que ça se passe et qui sait, peut-être qu’à la toute fin, il aura alors la surprise de les retrouver. Pour l’heure, maintenant, l’armée d’Haiktos était loin derrière eux et il avait justement chercher à avoir quelques informations dans les différents villages. Juste en envoyant les démons de la propre armée qu’il dirigeait.

Ainsi, sans même attirer plus l’attention sur eux, ça permettrait d’éviter de prendre les mêmes voies qu’eux. Et surtout, ils arrivaient à créer l’illusion qu’ils n’étaient pas passés par ces chemins pour éviter que des éclaireurs ennemis ne tombent par mégarde sur eux. Car oui, ils ne pouvaient être certains que l’armée d’Haiktos ignore la disparition de quelques éclaireurs car ils auraient décidé de les éliminer. C’était pourquoi il avait préféré envisager cette méthode plutôt qu’une autre… plus violente.

Oui, des combats inutiles, ça ne les aiderait guère. C’était pourquoi il voyait cela de la sorte. Mais maintenant, est-ce que ça serait suffisant pour contenter tout le monde ? Certains dans l’armée avaient soif de batailles. Et c’était souvent eux qu’il envoyait lutter contre les monstres environnants pour les chasser et s’en servir comme nourriture.

« Héraisty, je voulais te demander puisque Tery ne peut pas vraiment répondre sur ce sujet. Mais comment est-ce que vous faites pour savoir si le monstre chassé n’est pas un ancien démon ? Et donc qu’il n’y a pas un risque que vous deveniez fous ou comme eux ? »

« Oh non, ne vous inquiétez pas. Même si c’était le cas, tant que nous cuisons la viande, cela suffit à détruire une bonne partie de ce qui nous permet de profiter de la puissance des autres démons. C’est d’ailleurs pour cela que certains n’hésitent pas à se consumer avant de mourir, tout simplement pour éviter que leur puissance ne puisse pas être utilisée contre leurs partenaires et autres. »

« Et c’est aussi pour ça que j’imagine que la décapitation a si souvent lieu parmi vous. »

Pour toute réponse à la réplique de Manelena, Héraisty ne fit qu’un petit sourire presque désolé. C’était exact. Ils décapitaient les démons pour une seule et bonne raison : les empêcher de se faire flamber ou de rendre impossible la consommation pour obtenir leurs pouvoirs. Cela ne fonctionnait pas tout le temps et il y avait bien d’autres façons de pourrir l’existence d’autrui.

Comme le fait de posséder un corps empoisonné qui emmènera le démon qui tentera de le dévorer à la mort. S’ils brûlaient le corps pour le cuire et donc empêcher que le poison ne les affecte, il y avait alors de très fortes chances que les pouvoirs ne soient plus transmissibles. C’était bien plus compliqué qu’il n’y paraissait.

« Ah oui… J’imagine que ce sont donc beaucoup de faibles démons qui se dévorent entre eux et qui finissent par devenir des monstres, c’est ça ? »

« Oui, comme ils sont incapables de se protéger entre eux, il faut bien que certains finissent par dépasser les autres. Malheureusement, d’un autre côté, ils sont trop faibles d’esprit qu’ils sont alors incapables de se contenir et de se retenir. »

« Ce qui donne les créatures monstrueuses que l’on affronte. Tiens, petite question : ces monstres sont… incapables de communiquer entre eux ou avec nous. Aucun ne ressemble à un autre ou presque mais… est-ce qu’ils peuvent se reproduire ? »

« C’est assez rare et les résultats sont aussi horribles que tu peux l’imaginer et le penser. Mais bon, il n’y a bien que les nobles démoniaques tordus qui s’amusent à faire ça. »

« Vous avez vraiment certains cas parmi vous… enfin, je dis ça mais dans chaque royaume et nation, il y a toujours des éléments « problématiques. ». »

« Je le sais bien et c’est pour ça que je ne m’en fais plus que nécessaire. C’est dommage mais c’est ainsi que le monde tourne et bouge. »

C’était assez … neutre comme réaction mais Manelena ne s’interrogea pas plus à ce sujet. Héraisty avait bien montré qu’elle avait bien plus la tête sur les épaules qu’elle ne le montrait en apparence. De ce qu’elle avait saisi de la démone, elle avait sûrement mûri grâce à Tery et Elise.

« Jamais tu n’as été intéressée à l’idée de dévorer d’autres démons ? »

« Non, car j’ai très vite appris ce que cela faisait de perdre son humanité. En tant que renifleuse royale, les tests… étaient vraiment assez ardus et pas du tout plaisants. Sincèrement, personne ne mériterait de faire de tels tests. »

« D’accord, d’accord, ne t’en fait pas, je ne vais pas demander plus de détails à ce sujet. Je crois que ça reste quelque chose d’assez sensible. »

« Disons que ce n’était pas tout rose et que bon, c’est derrière moi. D’un autre côté, cela devrait te rassurer de savoir que je ne veux pas me transformer en l’une de ces créatures juste pour avoir plus de puissance. »

« Même si j’imagine que les vrais monstres sont les démons qui arrivent à garder leur forme originale malgré qu’ils dévorent autrui, c’est ça ? »

« Ils sont très rares, ils font souvent partie de la très haute noblesse et même de la monarchie ou des proches de cette dernière. Mais oui, certains démons sont capables de cela. Mais ils ne peuvent dévorer qu’un démon en de très rares occasions. »

« Ah bon ? Et pourquoi cela ? Qu’est-ce qui les empêche d’en dévorer autant qu’ils désirent ? Il y a une raison à ça ? »

« Tout simplement le contrôle de soi. Déjà réussir à garder leur forme actuelle tout en dévorant un autre démon pour obtenir ses pouvoirs, cela demande une concentration de tous les instants. Ensuite, ils doivent réussir à contenir cette nouvelle source de puissance durant un certain laps de temps. Pour beaucoup de démons, cela peut prendre des années voire même une ou deux décennies. »

« Hmm… C’est un sujet que je ne connaissais pas du tout. Merci bien pour ces informations. C’est toujours intéressant à savoir. »

« Si tu veux, je pourrais t’en parler à d’autres moments car ce n’est pas vraiment le bon lieu pour ça. Mais je ne savais pas que tu t’intéressais à ça ? »

« Disons que j’aime bien en savoir plus sur mes ennemis. Vous êtes une race qui n’était pas connue il y a de cela quelques années, ou du moins, complètement oubliée. »

« Ce n’est pas très plaisant de s’entendre dire que l’on est considéré comme un ennemi, Manelena, mais bon, j’imagine que c’est parce que tu cibles plus particulièrement certains démons dans cette affirmation, non ? »

C’était exact. La femme en armure noire voulait connaître plus de détails. Ainsi, certains démons arrivaient à garder une apparence… normale. Cela voulait dire qu’il y avait une forte chance qu’Haiktos et Halyza aient déjà dévoré un ou deux démons. Peut-être même plus ? Bien entendu, elle ne se leurrait pas : Il lui manquait trop d’informations et peut-être qu’Héraisty aurait justement ces dernières.

« S’il faut, je viendrais discuter avec toi sous ta tente ce soir, Héraisty. »

« Tery ne risque t-il pas d’être jaloux de ne pas t’avoir à ses côtés ? » demanda la démone aux yeux verts avec un petit air malicieux.

« Oh, j’imagine qu’une nuit sans moi ne devrait pas trop le déranger. Ce n’est pas comme… ah, non. Rien du tout. Mais toi, aucun souci à ce que je vienne ? »

« Pas le moins du monde. Tu peux remarquer que malgré que nous soyons très nombreux, je ne discute pas vraiment avec beaucoup de personnes. La force de l’habitude, dira t-on. Alors si quelqu’un vient me voir pour justement vouloir discuter avec moi, qui suis-je pour m’en plaindre ? Une bien piètre personne. »

« Ne tombons pas dans le mélodrame, non plus. Je suis certaine que si tu faisais aussi le premier pas, ça passerait. »

Mais ce n’était ni le lieu, ni le moment pour parler d’un tel sujet. Autant garder cela pour ce soir avec le reste. D’ailleurs, juste pour aller titiller un peu le jeune homme aux cheveux bruns, Manelena était retournée auprès de lui, expliquant ce qui allait se passer ce soir.

Héraisty pouvait remarquer qu’il paraissait un peu dépité d’après l’expression sur son visage mais qu’il hochait la tête comme pour dire qu’il comprenait. Manelena lui donnait un petit coup de coude dans la hanche, semblant dire une plaisanterie qui fit sourire Tery bien qu’il rougissait aussi. Qu’est-ce qu’elle avait bien pu dire ?

Lorsqu’elle revint auprès d’elle, Manelena lui déclara que c’était résolu et que ce soir, elles allaient pouvoir discuter de tout leur soûl sans même avoir à s’inquiéter. Elle ira rejoindre Tery si vraiment la conversation ne prendrait pas toute la nuit.

« Et c’est le fait que tu lui aies dit ça qui l’a fait rougir ? »

« Oh non, pas du tout. C’est plutôt la méthode pour le réveiller et lui signale ma présence. Rien de bien saugrenu… mais sur ces petites choses, il peut paraître encore un peu candide. »

« Je ne sais trop rien à ce sujet. J’ai eu quelques histoires quand j’étais plus jeune mais j’ai très vite compris ça ne m’intéressait pas vraiment. »

« Ne t’en fait pas. Un jour, ça te tombera dessus sans même que tu t’en rendes compte. »

« Comme toi avec Tery, c’est bien ça ? »

« Exactement. Même si j’ai refusé ces sentiments pendant de longues années. Et que j’ai tout fait pour les étouffer. En même temps, avant certains évènements, ce n’était juste que de l’intérêt relatif envers sa personne. Puis peu à peu… »

« Oh non ! Je ne veux pas que tu en dises plus maintenant ! Il me faut en garder un peu pour ce soir ! Cela serait dommage de perdre quelques sujets de discussion. »

« Tu es vraiment diabolique quand tu veux t’y mettre. » soupira Manelena bien qu’elle était visiblement plus amusée qu’autre chose.

« Disons que je sais simplement comment obtenir quelques informations quand cela s’avère nécessaire. Et je crois que ça sera du donnant-donnant, non ? »

« Des informations contre des informations. Mais de là à comparer ce qu’elles valent, si tu es vraiment certaine que ça te paraît être une bonne monnaie d’échange. Mais il t’en faut vraiment peut, tu le sais ? »

Elle le savait parfaitement mais c’était ça qui rendait le tout plus intéressant. De plus, il fallait bien se divertir tant qu’ils ne trouvaient pas les informations qu’ils désiraient hein ? Enfin, surtout Tery puisque c’était lui qui voulait absolument cela.

Dans tous les cas, ils continuaient leur session d’exploration et Tery n’avait aucune idée de ce qui se tramait dans son dos entre les deux femmes. Pour l’occasion, le jeune homme repassait les troupes en revue pendant qu’ils avançaient.

Il allait à gauche, à droite, sans même réellement se soucier des monstres. Comme l’armée d’Haiktos était passée dans les environs, ils n’avaient pas trop à craindre et même si cela était le cas, ils étaient assez nombreux pour les combattre. Pour l’occasion, ils avaient toujours quelques blessés mais aucun mort n’avait été à signaler depuis leur départ.

Ce qui était vraiment la meilleure nouvelle ces derniers jours. Par contre, ce qui était une moins bonne nouvelle, cela avait été le village dévasté qu’ils avaient en face d’eux après une longue marche. Comment et pourquoi ? Qu’est-ce qui… s’était passé ?

« Essayez de trouver des survivants ! Si vous voyez un ennemi, n’hésitez pas à l’abattre ! Ou au moins à le blesser gravement ! La priorité reste aux soins ! »

Des consignes simples et claires. Il ne pouvait rien faire ou dire de plus. Oh bien sûr, il aidait quand même aux recherches mais à leur grand désarroi, c’était à peine s’ils trouvaient des cadavres et quand c’était le cas, ils n’étaient pas du tout en bon état. Même pour un soldat endurci, il y avait de quoi vouloir vider ses entrailles.

Pour autant, aucun ne se sentit mal car tous savaient que ce n’était pas le moment de flancher. À regarder ce village dévasté, il y avait une sinistre impression que les créatures étaient peut-être encore dans les environs. D’ailleurs, comme d’habitude, Manelena et Héraisty n’étaient jamais trop loin de lui. Cela malgré le fait que Clari était toujours présente à ses côtés. Comme la femme-golem ne s’exprimait jamais, il avait parfois tendance à penser qu’elle n’existait pas.

« J’ai une bonne ou une mauvaise nouvelle, Tery. Cela dépend du point de vue que l’on prend par rapport au sujet. Est-ce que tu veux le savoir ou pas ? »

« Tu peux toujours le dire. Dans le fond, qu’est-ce qui pourrait être pire que ça, Manelena ? »

« Eh bien… Disons qu’en vue des ruines et du sang, l’attaque est assez récente. »

Et pour sa petite remarque, elle déclarait juste par là que ça voulait dire qu’il y avait de fortes chances que les responsables de cette soient toujours dans les environs. Et donc qu’ainsi, ils devaient préparer au cas où une défense et une riposte.

« Vous, allez prévenir ceux qui sont dispersés de se réunir en groupes et de faire attention à leurs alentours. Vous resterez avec eux. »

C’était l’unique message qu’ils devaient transmettre. En même temps, il préférait que les messagers ne tentent pas de revenir vers eux, de risque de se faire agresser par surprise sur le chemin du retour. Déjà qu’à l’aller, il y avait aussi de fortes chances que ça soit le cas.

Et puis vinrent les premiers cris, les premières flammes en direction du plafond et aussitôt, il avait ordonné à tout le monde de l’accompagner alors qu’il se mettait à courir en direction des cris et des flammes.

« YERK YERK YERK ! Encore eux ?! Ils ont jamais leurs comptes ? »

« Ils ont des armures, ils vont peut-être offrir un peu plus de résistance en fin de compte, gnéhéhéhé ! Toute façon, ils ne peuvent rien contre nous ! »

« Hmmm ? Ce n’est pas ici qu’il se trouve, ah… Bon ben éliminons-les encore et encore, je vais aller voir ailleurs si je le trouve ! »

Des voix aisées à reconnaître pour leurs petits ricanements mais… Il ne s’était pas vraiment attendu à les rencontrer dans le monde souterrain. Arrivant au niveau des voix, il s’écria :

« Qu’est-ce que des gnomolds font par ici ?! »

Et on ne parlait pas de deux ou trois gnomolds perdus, loin de là. Non, il y en avait vraiment tout un groupe, peut-être autant que le leur. Comment est-ce qu’ils avaient réussi à se déplacer jusqu’ici ?

« Qu’est-ce que vous foutez ici ?! » répéta le jeune homme avec énervement. Il voyait déjà plusieurs de ses soldats dans un triste état et certains étaient même au sol, ne bougeant plus.

« Nierk ?! On dirait bien qu’il nous connaît, lui. T’es qui, toi ? »

« C’est moi qui pose les questions, vous avez compris ?! » s’égosilla t-il avant de prendre une profonde respiration. Non, il n’allait pas perdre son calme maintenant. Cela serait tout simplement ridicule et stupide.

« Héhéhé… On n’a pas besoin de te répondre. Vous allez rejoindre les autres. On va juste se débarrasser de votre race une bonne fois pour toutes. Vous n’auriez jamais dû tenter de remonter à la surface, saleté de démons ! »

« Je proviens déjà de la surface et visiblement, il y a encore des groupes d’imbéciles parmi les gnomolds pour ne pas comprendre ce que les différentes races tentent de faire ! »

Et puis, ça ne servait à rien de discuter avec ces gnomolds. Leurs armes étaient déjà tâchées de sang frais et ils n’avaient eu aucune hésitation à attaquer des démons innocents. Alors, à partir de là, il n’y avait aucune raison de se retenir face à ces être stupides.

« Éliminez les jusqu’au dernier. Puisqu’ils veulent jouer à cela, autant qu’ils comprennent ce que cela fait de passer de l’autre côté. »

« Fais attention, Tery, tu pourrais presque me ressembler en disant cela… mais ainsi sont tes ordres. On va commencer l’extermination. » murmura Manelena en passant à côté de lui, son épée commençant déjà à être parcourue par de l’électricité. Ces gnomolds avaient besoin d’une bonne leçon… et il était alors temps de la leur lui donner ! Peut-être qu’elle allait en garder un ou deux en vie… pour une interrogation, malgré les paroles de Tery.

Chapitre 39 : Passés inaperçus

ShiroiRyu
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Chapitre 39 : Passés inaperçus

« Gauche, droite, haut, bas. »

« Tery, tu n’es pas obligé non plus de prendre toutes mes consignes au pied de la lettre non plus hein ? Mais oui, c’est la bonne méthode. »

« Je veux être certain de bien saisir tout ce que tu m’as dit hier. Je suis en train de vérifier si les cristaux changent « rapidement » de couleur ou s’il faut quand même une bonne distance en terme de hauteur pour que ça soit vérifié. »

Hahaha. Elle se retint de sourire en le regardant. Il avait parfaitement raison de se poser la question. Même si elle n’avait pas tout précisé, à dessein, hier, en agissant de la sorte, il pouvait alors commencer à calculer la hauteur des cristaux et autres. Grâce à cette donnée, il serait alors possible de vérifier la dite hauteur mais aussi de voir à quelle profondeur ils étaient plongés depuis le début. Enfin, depuis le début, il sera difficile de le calculer exactement puisqu’ils n’avaient pas pris cette donnée en compte lors de leur arrivée sous la surface il y avait maintenant plusieurs semaines… ou mois ?

Une autre donnée qu’elle n’avait pas pris en compte là aussi. Elle n’avait pas penser à calculer le nombre de jours depuis qu’ils étaient arrivés. Il fallait dire en même temps que les journées dans cette capitale n’avaient pas été des plus reluisantes et que malgré tout, elle avait sûrement chercher à effacer en partie celles-ci de sa mémoire. Bien que d’un autre côté, il y avait certains évènements qui la poussaient à apprécier la capitale. Des évènements bien plus plaisants à se rappeler. D’ailleurs, elle remarquait que malgré le fait qu’ils dormaient ensemble, Tery et elle ne faisaient rien de plus.

Pas que ça la dérangeait, elle n’était pas comme ses femmes qui se sentaient obligées sur l’homme qu’elles désiraient mais c’était vrai que maintenant qu’elle et Tery l’avaient fait, elle avait comme un feu qui la dévorait de l’intérieur. Ce n’était pas comme une sensation de manque, non, elle avait assez de contrôle de soi pour éviter que ça ne se termine ainsi mais… Peut-être avoir cette sensation de rattraper le temps perdu. Et en même temps, de vérifier toutes les façons que Tery avait de l’aimer.

En fait, elle comprenait aisément pourquoi et comment Elen pouvait le désirer, et pas seulement pour le comportement. Oh, elle n’avait aucune idée de comparaison et clairement, ce n’était pas son objectif mais ces instants avec Tery étaient gravés dans sa mémoire. Oui, elle avait la sensation qu’il pensait à elle et pas sa propre personne dans ces moments.

Était-il le meilleur des amants ? Elle n’en savait clairement rien. Par contre, ce dont elle était certaine, c’est qu’il était attentionné et pour une femme comme elle qui avait toujours vécu avec dureté et froideur, cela lui procurait un certain bien. Plongée dans ses pensées, elle ne remarquait qu’à peine qu’ils continuaient d’avancer et surtout écoutait peu les propos de Tery alors qu’elle ne faisait qu’hocher la tête positivement.

Pour une fois, elle pouvait bien se permettre de ne pas être sur ses gardes et de lui faire confiance, non ? Dans tous les cas, sa main qui était jointe à la sienne l’avait été de façon discrète et cela malgré qu’elle portait de son côté un gantelet noir métallique.

« Je me dis quand même que nous devrions trouver une sorte de petite montagne, Manelena. »

« Hum ? Hein ? Oh, oui, bien entendu, Tery. »

« Je me dis que si on utilise une montagne comme repère et si nous avons un peu de chance, nous pourrons trouver plusieurs cristaux de couleurs différentes. Maintenant, le gros souci, c’est de savoir si c’est régulier. Genre, si c’est tous les dix mètres de hauteur, ou alors cent, et si ça recommence en boucle et tout ça. »

« Cette histoire de cristaux te passionne vraiment, Tery. Tu sais qu’il n’y a pas que ça, hein ? Il faut aussi te concentrer sur le reste. »

« Je le sais bien mais bon… Ce qui est plaisant, c’est qu’Héraisty peut m’aider. »

« Hum, hein ? Comment ça ? » demanda Manelena perdant ses rêveries et son sourire sous son casque. « Comment peut-elle t’aider ? »

« Eh bien, en tant que renifleuse, cela reste une démone un peu intellectuelle et elle m’a confirmé tout simplement qu’elle est plus qu’apte à me renseigner sur les cristaux même si elle m’a signalé qu’elle préfère l’idée que je découvre par moi-même. »

« Tu n’étais pas non plus obligé de tout lui raconter, Tery Vanian. Il y a des choses qui ne se partagent pas avec autrui hein ? »

Hmm. Au revoir la bonne humeur et les rêveries. Merci le retour au monde réel par Tery. Des fois, elle se demande s’il ne le ferait pas un petit peu exprès pour l’embêter ? Si tel était le cas, elle se fera une joie de lui tirer les oreilles.

Enfin bon, au moins, ça occupait le jeune homme pendant l’ascension vers la surface. Une ascension un peu retardée par quelques monstres vu que finalement, certains démons avaient proposé de les attirer via quelques parfums et autres phéromones. Visiblement, certains avaient de la suite sur les idées. Par contre, aucun n’allait chercher à les dévorer, non. Ils étaient exterminés pour pouvoir ensuite chasser plus tranquillement quelques animaux souterrains comme ces imposants lézards rocailleux.

D’ailleurs, certains de ces lézards, plus gros que les autres, possédaient des cristaux sur leurs dos. Mais même s’ils étaient plus aisément repérables, Héraisty avait signalé à Tery qu’ils étaient aussi bien plus dangereux, ce qui expliquait qu’aucun prédateur ne venait les attaquer. Enfin, aucun ou presque. Ceux qui désiraient vraiment s’en prendre à eux ne s’inquiétaient pas pour cela.

Tant de petites choses à apprendre et pourtant, il fallait les retenir. Et maintenant qu’il en avait parlé avec Héraisty, celle-ci ne semblait pas se priver de lui donner des cours directement sur le terrain. Il avait aussi très bien compris que dans le fond, il aurait dû commencer par ça bien plus tôt.

« Chef, chef, chef ! Y a les éclaireurs qui veulent vous voir ! C’est urgent ! »

Hein ? Il avait été coupé dans ses pensées par la venue d’un soldat. Celui-ci était visiblement honorien en vue de sa taille et de ses oreilles. Tery lui laissa le temps de reprendre sa respiration, le soldat étant visiblement essoufflé par la course.

« Où sont les éclaireurs ? Comme je ne peux pas avoir une vision d’ensemble, je ne peux pas vraiment savoir d’où ils proviennent. On leur avait demandé un tour des environs. »

« Ils arrivent vers vous, c’est juste qu’ils sont un peu épuisés et que comme nous ne sommes pas tous ensemble, ils doivent encore faire un peu de chemin. »

Hmm, non pas qu’il trouvait ça étrange mais il était vrai qu’en se séparant en petits groupes, avec peu de distance entre chacun d’entre eux. L’être en face de lui était tout simplement un messager, aussi apte et rapide que les éclaireurs, nécessaire pour se déplacer à toute allure et faire les transmissions entre les différents groupes.

« Dès qu’ils se seront assez reposés, qu’ils viennent… même si le plus tôt sera le mieux si c’est vraiment urgent. Oh et puis non, je vais faire mieux. Je vais me déplacer. Manelena, Héraisty, vous pouvez gérer le groupe ? »

« Je voudrais plus être à tes côtés à cet instant précis mais non, je serais bien trop lente. On va donc éviter. Tu peux y aller. »

Cela ressemblait presque à une autorisation de sa part et il avait juste un petit sourire amusé aux propos de Manelena. Néanmoins, il avait décidé de suivre le messager, commençant à courir à toute allure sur la pierre. D’ailleurs, il utilisait cette dernière pour glisser le plus rapidement possible jusqu’à arriver aux éclaireurs.

Pfiou ! Premier constat et soulagement : ils n’étaient pas blessés. Ils étaient principalement fatigués et usés jusqu’à la moelle. Second point : Ils étaient presque comme effrayés de quelque chose mais quoi ? Il n’allait pas tarder à le savoir.

« Chef… Chef vous vous êtes déplacés pour nous ? »

« Il le faut bien, non ? Surtout si c’est si urgent. Et vu que vous semblez être au bord de l’évanouissement, je ne vais pas prendre le risque. Dites-moi en une phrase les grandes lignes. Qu’est- ce qui s’est passé ? »

« Nous… Nous avons trouvé toute une escouade. D’après les armoiries visibles sur leurs armures, drapeaux et autres, il s’agit d’une escouade au service d’Haiktos. »

Armoiries et autres ? En y réfléchissant plus longuement, c’est vrai qu’Elise et lui, quand ils étaient accompagnés, n’avaient rien qui prouvait qu’Elise était une descendante légitime du roi. Oh, à part bien entendu la renifleuse dénommée Héraisty qui avait confirmé cela.

« Et est-ce qu’ils vous ont repéré ? Car si c’est le cas, vous venez de les emmener directement sur nous, mais je ne pense pas que vous ayez fait ceci, non ? »

« Non, non ! Pas du tout mais … En vue de leur nombre, l’un de nos groupes risque de tomber sur eux et il faudra réagir ! »

« Hmm… Merci beaucoup. Reposez-vous. Je vais sûrement prendre le messager de votre groupe en plus du mien. Comme ça, avec la décision prise, nous pourrons vous la transmettre le plus rapidement possible. Je vais retourner dans mon groupe, reposez-vous. »

Il s’était répété mais c’était bien parce qu’il voyait que les éclaireurs étaient vraiment épuisés. Maintenant, il avait repris la route pour retourner auprès de Manalena et Héraisty. C’était logique de leur demander des conseils.

« Si nous devons nous confronter à eux, les pertes seraient trop grandes de notre côté et je crois même que l’on risquerait de perdre. »

« Je le sais très bien, Manelena. Et vu que nous ne pouvons éviter la confrontation, autant dire que cela s’annonce très mal pour nous. Je ne suis pas certain que nous pourrons nous en sortir. Qu’est-ce qu’on va faire exactement ? »

« Et si… vous demandiez aux troupes non-démones de se mettre de côté, voire de se cacher pendant que nous autres, démons, nous parlerions avec eux. » déclara Héraisty alors que Tery clignait des yeux, s’exclamant :

« Mais c’est bien trop dangereux ! Héraisty ! S’ils savent qui tu es, tu es morte ! »

« Même s’ils savent qui je suis, je reste une renifleuse royale et je pense m’en sortir. Et puis, si je dois être condamnée, c’est mieux que nous tous, non ? Fais-moi confiance, tout va bien se passer, j’en suis sûre et certaine. »

Comment est-ce qu’elle pouvait être aussi confiante à cet instant précis ? Il n’en savait rien et ça ne le rassurait pas. D’ailleurs, il en tremblait un peu mais Manelena posa une main sur son épaule, regardant fixement Héraisty avant de dire :

« Tu es certaine de ce que tu fais, Héraisty ? Si tu en est convaincue, alors, il n’y a aucune raison de t’arrêter. Mais il faut que tu sois sûre à cent pour cent. »

« J’en suis sûre et certaine. Je sais ce que je dois dire et ce que je dois faire. »

Et lui dans tout ça ? Il ne pouvait pas dire ce qu’il pensait ? Est-ce qu’il devait juste attendre que ça se passe ? Et juste souffrir en silence ? Il eut un petit soupir de tristesse avant de murmurer à son tour :

« Fais simplement attention à toi, Héraisty. Je ne veux pas perdre une amie précieuse. »

« Ne t’en fait pas, tout va bien se passer. Si cela peut te rassurer, je sais exactement ce que je veux faire, hahaha. »

Ce qu’elle veut faire ? Comment est-ce qu’il pouvait vraiment croire ce qu’elle disait ? Mais pourtant, c’était ce qu’il devait faire. Il prit une profonde respiration une nouvelle fois avant de la laisser s’éloigner. Lui de son côté, il allait préparer les troupes.

Et rapidement, plusieurs minutes après, l’armée s’était divisée en deux. Il n’y avait pas autant de démons que de soldats de la surface et peut-être qu’elle allait s’en tirer ? Dans tous les cas, toute sa troupe était éparpillée de telle façon qu’il serait difficile de les repérer. Et lui ? Malgré tout ce qu’il avait dit, il avait voulu absolument voir au loin ce qui se passait.

« Ils sont tellement nombreux… »

Ce fut le premier constat qu’il avait remarqué en observant tout ça de sa « cachette ». Ils étaient tellement nombreux… tellement nombreux. Il se répétait cela alors qu’il déglutissait. Il arrivait à voir Héraisty qui avait « pris les commandes » du groupe en train de marcher vers un démon qui semblait être celui qui dirigeait l’armée d’Haiktos.

Impossible de les entendre, il était beaucoup trop loin. Il aurait pu venir avec elle mais… cela aurait été tout simplement une mauvaise idée. Il était connu comme le chevalier de la princesse Elise. Mais en même temps, Héraisty, elle n’avait pas de souci ? Elle ne risquait pas d’être reliée à eux ?

Pour le reste des démons du groupe, aucune crainte de ce côté mais ça ne changeait rien du tout vu qu’il suffisait juste que l’un soit reconnu pour que ça dégénère. Et ça, vraiment, ce n’était pas du tout ce qu’il espérait.

Combien de minutes s’étaient écoulées ? Car il avait l’impression que le temps venait de se stopper. Déglutissant, il voyait bien les soldats de l’armée d’Haiktos qui passaient parmi les membres du groupe dirigé par Héraisty.

Oui, ils étaient clairement en train de faire une inspection pour être certains qu’Héraisty ne mentait pas. Mais mentir sur quoi ? Sur le fait qu’ils n’y avaient que des démons ? Héraisty n’avait pas voulu parler de ce qu’elle comptait faire exactement..

Encore d’autres minutes, cela devait bien faire une demie-heure. Il en était sûr et certain maintenant. Pourquoi est-ce que ça prenait autant de temps ? Est-ce que les soldats d’Haiktos se doutaient de quelque chose ? Si c’était le cas, ils allaient vraiment tous mourir !

Il devait réagir ! Mais le temps qu’il arrive pour prévenir le reste de l’armée, ils allaient tous se faire tuer ! Pourquoi est-ce qu’il avait accepté la proposition d’Héraisty ? Il le regrettait totalement maintenant ! Elle allait mourir et les autres soldats aussi ! Pire encore, si parmi les démons du groupe d’Héraisty, il y avait des traîtres à la solde d’Haiktos ? Ou Halyza ?

Ils étaient alors au courant de toute l’histoire ! Ils allaient … Non. Vraiment. VRAIMENT ! Il ne devait pas y penser ! Cela n’allait pas se passer ainsi et… Pourquoi est-ce qu’il voyait certains soldats d’Haiktos qui semblaient rire avec d’autres démons dans le groupe ?

« Il y a des traîtres ! IL Y A DES TRAÎTRES ! »

Il veut hurler, c’est même presque le cas avec sa bouche qui s’ouvre mais il vient de forcer son poing dans sa bouche avant de cligner des yeux. Et il est vraiment en train de le mordre jusqu’au sang avant de finalement remarquer que l’armée d’Haiktos est en train de continuer son chemin, comme si de rien n’était.

« Terminé ? Ils s’en sont sortis ? Vraiment ? »

Il avait encore du mal à le croire. Il était incrédule par rapport à tout ça. C’était n’importe quoi. Il détestait être aussi peu confiant par rapport à la situation. Mais il devait attendre, encore une trentaine de minutes, surtout qu’Héraisty et son groupe avaient repris la route, l’air de rien. Normal d’agir de la sorte. Ils ne pouvaient pas les attendre. Cela serait beaucoup trop dangereux et stupide.

Finalement, il était retourné auprès de Manelena et les autres. Elle ne posa aucune question sur les traces de morsure sur le poing droit de Tery, demandant simplement si tout s’était bien passé. Il rétorqua :

« Je n’en sais rien ! Rien du tout ! Mais ils sont encore vivants. »

« C’est donc que tout s’est bien passé. Allons-y. Nous n’allons pas la faire attendre plus longtemps. Je ne pensais pas qu’elle y arriverait sans aucun souci mais excellente nouvelle. »

HEIN QUOI ?! Elle venait de dire ouvertement qu’elle n’avait pas confiance en Héraisty ou alors il venait de très mal entendre ?! Il la regarda, un peu interloqué, cherchant à voir si elle plaisantait ou non. Mais ce n’était pas possible hein ?
Après avoir réuni le groupe à nouveau, ils se remirent en marche pendant deux bonnes heures. Oui, il avait fallut deux heures complètes pour qu’un message démoniaque n’arrive à leur hauteur et déclare :

« Chef Tery ! Dame Héraisty m’a chargé de vous emmener jusqu’à notre point de ralliement. Bien que nous n’en n’avions guère, elle l’a appelé ainsi. »

« D’accord, d’accord. Ne perdons pas une minute de plus. Si nous attendons trop longtemps, qui sait ce qui pourrait se passer ? On va vous accompagner. »

Il voulait surtout parler avec Héraisty, se rassurer sur tout ça et être certain que tout allait se passer pour le mieux. Tant qu’il n’avait rien pour se convaincre qu’elle était en parfaite santé, son stress n’allait pas diminuer.

« Oh ? Vous voilà enfin ! Désolée, j’ai préféré m’éloigner et… HEY ! Eh bien ?! »

Elle s’était exclamée en sentant que Tery venait de se jeter sur elle pour l’enlacer. Pfiou. Elle ne s’était pas attendue à une telle accolade de la part du jeune homme, mais en voyant Manelena qui soupirait, elle comprenait que ça n’avait rien d’anormal.

« Qu’est-ce qui se passe donc ? On dirait que tu as presque vu un fantôme. »

« Ce n’est pas ça ! Tu es indemne… et les autres aussi ! Je vous observais de loin. J’ai vu que ça traînait et j’ai cru… que… enfin… »

« Que ça se passait mal ? Disons qu’ils se pensaient plus malins que nous et qu’on a juste joué le jeu, n’est-ce pas ? » dit Héraisty avant de se tourner vers trois soldats démoniaques qui se rapprochèrent d’eux en souriant.

« Ah ça… Comment est-ce qu’on s’appelle quand on trompe un groupe avec un autre ? »

« Double jeu ? » dit le second soldat au premier qui avait posé la question.

« Et quand on trompe le second groupe avec le premier groupe en lui faisant croire que l’on est du second groupe qui trompe le premier ? »

« Je sais juste que j’ai mal au crâne. » déclara le troisième démon en souriant, se massant les tempes alors que Manelena répondait :

« Agent triple, tout simplement. Vous êtes au service de l’empereur Malark, c’est bien ça ? »

« De base, on va dire qu’officiellement, nous sommes au service d’Haiktos. Mais en réalité, ce n’est pas trop ça. Mais pour un simple chef de troupe comme celui que nous avons rencontré, il ne peut pas vraiment deviner la tromperie. »

Pfiou… Pfiou… Le jeune homme aux cheveux bruns poussa plusieurs soupirs comme s’il venait enfin d’être soulagé d’un poids sur la conscience, regardant les démons.

« Et j’imagine que vous aviez interdiction de nous le dire, c’est ça ? Héraisty, tu étais au courant ou alors… tu l’as découvert ? »

« Je l’ai tout simplement découvert ces derniers jours. Certains soldats avaient une petite « aura » ou odeur un peu différente des autres. J’avais la sensation qu’ils étaient plus que de simples soldats. Et puis, en même temps, ils faisaient partie des nouveaux arrivants pour deux d’entre eux, n’est-ce pas ? »

« Oui, nous sommes venus apporter de l’aide à notre premier envoyé. Mais bon, maintenant que vous le savez, cela sera plus difficile de… »

« Je vais juste faire comme si je n’en savais rien. Me connaissant, il se pourrait que j’oublie ce genre de détails très rapidement si j’estime que ce n’est pas un danger pour moi-même et les personnes qui m’accompagnent. Je vous fais confiance. »

« Et si tu veux bien me relâcher, Tery ? C’est que tu me fais un peu mal, je dois avouer, hahaha. Même si c’est mignon de ta part. »

« AH ! Euh … Désolé … Ce n’était pas voulu ! Enfin, pas comme ça, je voulais dire. Je suis vraiment confus, pardon. »

Il tentait encore de s’excuser, une fois de plus, toujours une fois de plus… en espérant que cela conviendrait à la jeune femme cornue. Celle-ci avait le regard rieur derrière des lunettes alors qu’il avait enfin décidé de se détacher d’elle.

« Pardon.. .Vraiment. Et je suis désolé, j’étais vraiment inquiet. J’avais peur qu’ils vous encerclent tous pour vous exterminer. »

« Tu t’en fais beaucoup trop pour nous, Tery. Nous avons décidé de jouer le jeu et nous étions prêts aux conséquences. Cela aurait rendu votre tâche plus difficile mais nous étions conscients de ce que nous faisions. C’est pourquoi tu n’avais pas à t’en faire. Ah… Ils n’osent pas toucher aux renifleurs royaux et j’ai toujours mon badge avec moi et quelques armoiries liées à ma famille. S’ils se sont renseignés, ils savent alors ce que j’étais. »

Cela faisait beaucoup à apprendre sur le coup. Pour autant, il allait faire comme s’il avait tout compris. Il regarda Héraisty, souriant juste un peu. Elle cachait bien son jeu. Elle n’avait pas survécu dans ce monde hostile juste à cause de son métier. Il devait… vraiment faire plus confiance à de nouvelles personnes qui lui étaient proches.

Chapitre 38 : Des informations capitales

ShiroiRyu
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Chapitre 38 : Des informations capitales

« Bon… Je tiens juste à terminer par un rappel de notre objectif premier : retrouver l’un des groupes de la surface qui se balade dans les souterrains. »

Et voilà. Il avait terminé un petit discours comme il le faisait chaque jour. Ce n’était pas qu’il en avait rien à faire, loin de là. Simplement, il voulait juste que leur mission principale soit bien ancrée dans le cerveau de chacun : il n’était pas question d’envisager de retourner à la surface. Du moins, ils allaient monter peu à peu mais ils allaient prendre leur temps pour y arriver, du temps qui allait être nécessaire pour explorer les environs.

« Même discours à la même heure au même endroit, Tery. Tu ne te lasses pas ? »

« Pas le moins du monde, Manelena. Il faut bien cela pour être certain que tout se passe bien. Ah… Nous y allons si lentement, nous n’avons pas encore rencontré de villes ou villages bien que ça fait déjà une semaine que nous sommes partis. »

« En même temps, nous évitons ces derniers, c’est donc normal de pas les trouver, non ? »

« Hin hin hin. Oui, je sais bien que j’ai dit ça de la sorte mais… ce que je veux dire, c’est que nous avons trouvé surtout des monstres et aucun démon. Je pensais vraiment que nous aurions quelques ennuis en partant mais il semblerait que non. »

« Ils ne veulent pas prendre plus de risque que cela. C’est compréhensible. Ils savent pertinemment que cela serait très ennuyeux pour eux que de se confronter à nous. Par contre, d’un autre côté, si nous tombons sur un contingent des deux autres membres de la famille royale, il risque d’y avoir du grabuge. »

« Je pensais plus ou moins à eux, oui. Mais bon… Est-ce que tu as déjà mangé ? »

Un petit sourire suffit à lui répondre que non et il l’invitait alors à prendre un morceau avant de marcher tout en dégustant leurs plats. Oui, cela ne serait pas très copieux et en même temps, il fallait éviter de manger trop lourd pour la marche.

La dite-marche ne tarda pas, dès qu’ils avaient fini de démonter les tentes et le reste et les voilà tous repartis pour plusieurs heures à monter et descendre des chemins de pierre, passant rarement par des coins boisés et parsemés par les herbes.

D’ailleurs, Tery était même un peu étonné de voir des arbres pousser dans un tel endroit mais avec les explications des démons, il avait fini par comprendre que même si c’était très rare, la végétation arrivait à se développer grâce aux cristaux qui parcouraient les zones. Ces cristaux lumineux et qui produisaient de la chaleur, utilisés aussi dans les villes, étaient vraiment très utiles.

Alzar avait vraiment eu une bonne idée en venant créer ce monde souterrain. Il avait prévu beaucoup de choses malgré le défaut principal de ne pas être à la surface pour voir fleurir les vertes prairies. Oui, dans sa jalousie, il était quand même assez intelligent. Alors vraiment, comment est-ce qu’ils en étaient arrivés à ce que ça dégénère autant ?

« Il faudra vraiment qu’on remette la main sur eux, Manelena. »

« Qui donc ? Si tu ne donnes pas de nom, je ne peux pas savoir, tu te doutes ? »

« Sérest et Séran. Ils en connaissent bien plus qu’ils ne le prétendaient et je veux des explications sur beaucoup de choses, dont le Dévoreur. »

« Je vois, je vois… enfin, je ne pense pas qu’ils te répondront ou alors de façon évasive. Enfin, je veux dire, tu étais pas conscient réellement à ce moment précis mais ils n’ont quand même pas eu vraiment d’hésitation à se sacrifier et à envisager la mort de leur fille non plus hein ? Je ne sais pas trop ce qui se passe dans leurs têtes, je dois avouer. »

« Ouais, je m’en doute. Je ne peux pas espérer grand-chose de plus de leur part de toute façon. » marmonna Tery.

Il avait juste chercher un sujet de conversation mais au final, le résultat était le fait qu’il s’énervait plus qu’autre chose. Et pour une raison vraiment stupide en plus. Car il ne fallait pas espérer mettre la main sur eux avant un bon bout de temps. Et de toute façon, il espérait plutôt retrouver Elen et les autres avant Sérest et Séran.


Pas qu’il n’appréciait pas Sérest et Séran mais le reste du groupe avait plus d’importance qu’eux. Oui, il n’avait même pas vu ne serait-ce que l’ombre du couple divin pendant ces dernières années donc bon…

Pendant qu’il était plongé dans ses pensées, il jetait quand même un œil autour d’eux. De toute façon, il avait aussi envoyé quelques éclaireurs et autres pour être sûr de ne pas tomber dans un piège sordide ou quelque chose du genre..

Oui, il touchait vraiment du bois car même s’il semblait se plaindre que de ne pas avoir rencontré d’autres personnes démoniaques. Ouais, franchement, il avait beaucoup de mal à accorder sa confiance à autrui s’ils rencontraient des démons qu’ils ne reconnaissaient pas.

« Tu as l’air assez tendu, Tery. Est-ce que tu veux en parler ? »

Avec ses réflexions internes, il n’avait pas remarqué que Manelena avait laissé sa place à Héraisty et que celle-ci s’était rapprochée pour se mettre à sa hauteur. Elle avait vraiment de jolis yeux derrière ses lunettes, hein ?

« Je ne vois pas tellement ce que je pourrais te dire de toute façon. Donc je pourrais t’en parler mais vu que je ne sais pas ce que je veux dire exactement, je ne crois pas que cela nous mènerait à quelque chose de toute façon. »

« Ou peut-être que cela pourrait te soulager un peu ? Même si c’est de tout et de rien, qu’est-ce que tu en dis ? »

« J’en dis que je n’en sais rien mais bon… Au point où j’en suis, hein ? Pourquoi ne pas essayer ? Bon… Qu’est-ce que je peux te raconter ? Simplement, que je pensais à des personnes que je connaissais avant d’arriver dans le monde souterrain ? »

« Tu peux dire leurs noms. Nous en avons si souvent parlé que je pourrais presque prétendre les connaître aussi bien que toi, hein ? » lui déclara Héraisty tout en souriant.

« Sérest et Séran. Ils en connaissaient bien plus qu’il n’y paraissait et au final, toute cette histoire avec le monde souterrain est en partie de leur faute. »

« De leur faute… ou grâce à eux, non ? Cela doit dépendre du point de vue, tu ne crois pas ? Cela reviendrait presque à dire que tu es triste de m’avoir rencontrée. »

« Ce n’est pas du tout ça ! Et disons que… L’objectif était bon, la méthode l’était beaucoup moins, c’est tout. Je suis plus dépité qu’autre chose. »

« Hahaha, c’est normal mais… Au moins, je ne peux qu’apprécier cette idée de leur part. Grâce à cela, j’ai pu enfin aller à la surface, ce n’était pas qu’une chimère inventée dans les livres. J’ai aussi rencontré les différentes espèces de la surface, et aussi la princesse demi-démone et un charmant jeune homme aussi. »

« Tiens, pour ce dernier, faudra me le présenter, je ne suis pas certain de le connaître. » dit-il dans un petit sourire qui se voulait amusé.

« Oh… Il a quand même son caractère. Difficile de savoir s’il est sociable ou non mais je pourrais en parler pendant des heures car c’est vraiment un sujet très intéressant. »

« Un simple sujet d’étude ? C’est assez triste pour lui, non ? Vous n’auriez pas de parole plus tendre envers sa personne ? »

« Oh… Il ne va pas s’en offusquer car il sait que c’est bien plus que ça. Comme il est provenu de l’extérieur, il en avait rien à faire de mes origines, de ma place dans la hiérarchie et toutes ces choses. C’est devenu mon ami naturellement. »

« Ohla, on va peut-être arrêter là, Héraisty. Je crois que je vais être gêné à force. »

Elle rigola doucement, lui murmurant ensuite qu’elle préférait qu’il soit gêné par ses paroles plutôt que maussade par les pensées qui l’habitaient. Grâce à cela, il était plus d’entrain pour discuter de ses projets avec Manelena, attendant qu’elle soit à nouveau dans son champ de vision pour se rapprocher d’elle.

« Manelena ? On peut converser, toi et moi ? »

« C’est déjà ce que nous faisons actuellement non ? Mais oui, on le peut. Tu me sembles d’un peu meilleure humeur. Je vais être un peu jalouse des capacités d’Héraisty à pouvoir réussir ceci alors que j’en suis incapable. »

« Ce n’est pas ça. Tu es très bien dans ce que tu fais, Manelena. Je voulais justement te parler d’une chose importante. Tu sais que j’ai dit que l’on devait éviter de rencontrer des villages et des démons sur notre route, non ? »

« Si c’est pour me dire que tu as changé d’avis, je serais plus que déçue. »

« Ce n’est pas vraiment ça. Simplement, je veux te parler du projet plus en détails. »

« Eh bien, comme je te l’ai dit, je t’écoute donc tu peux tout me dire, Tery. »

Ce n’était pourtant pas difficile et pourtant, il mettait plusieurs secondes avant de trouver les premiers mots. C’était juste une idée un peu folle mais par rapport à tout ce qu’il avait proposé, c’était pourtant si commun et banal.

« Alors… Pfiou… Tu sais, j’ai dit de ne pas aller chercher des démons mais en même temps de ne pas aller à la surface. Pourtant, j’ai déjà réfléchis à bien plus tard et je me dis que j’aimerais bien que l’on creuse des galeries vers la surface. »

« C’est quoi cette idée saugrenue ? Une galerie vers la surface ? Et pour quoi faire ? »

« Non non. Je veux dire, si on y réfléchis bien. Les grottes qui mènent à la surface, ce sont sûrement des grottes naturelles car si tu observes bien, lorsque nous en sortons, on se retrouve bien trop souvent dans la campagne ou en plaine forêt ou même dans une prairie quoi. »

« Mais c’est pourtant facile à expliquer, ça, Tery. Dis-toi que ces grottes sont là depuis des millénaires, non ? Ce qui veut dire qu’à cette époque, ces grottes devaient sûrement être bien plus utiles et surtout non-éloignées de plusieurs villes. »

« Oui mais maintenant, ce n’est plus le cas puisque le monde à la surface a évolué non ? Je n’y avais pas pensé sur le coup mais tu as parfaitement raison. Mais voilà, je voulais surtout me dire… si on se rapproche des démons, on pourrait envisager de créer des entrées vers le monde souterrain non-loin de quelques villes de Shunter. »

« Tu es beaucoup trop gentil, stupide et candide. Et oui, tu es tout ça à la fois. Tu as vraiment une vision de ce monde totalement différente des autres. »

« Je ne le fais pas exprès. Et pourtant, en vue de ce qui s’est passé, je sais parfaitement que ça pourrait donner un résultat des plus horribles mais… »

« Tu ne peux pas t’empêcher de le proposer. C’est dans ta nature la plus profonde, je le sais très bien, Tery. C’est pour cela que tu es vraiment adorable. »

« Adorable… Je ne sais pas si c’est flatteur. Mais bon, j’imagine que pour un tel compliment, il me faut mettre ma virilité de côté, c’est ça ? »

« Exactement. Ce n’est pas comme si je ne l’avais pas vue fréquemment ces derniers temps hein ? Mais bon, par rapport à ton idée, elle mérite d’être creuser et prise en réflexion mais tu sais, ça ne se fera pas comme ça. Peut-être déjà qu’il vaudrait mieux travailler sur une route partant d’une grotte démoniaque pour guider jusqu’à un village. Cela sera déjà une première étape. On ne peut pas brûler ces dernières. »

« Donc cela reste quand même une idée intéressante ? »

« Bien entendu. Pourquoi je prétendrais le contraire ? C’est quand même une belle chimère mais si personne ne s’accroche à ces dernières, bon nombre d’inventions n’auraient jamais vu le jour. Donc oui… Même si on prétend que tu n’es qu’un rêveur, tu dois t’accrocher à tout ça pour qu’un jour, ça se réalise. »

« Quand tu parles ainsi, je crois ne pas être le seul à rêver, Manelena. »

« Disons que j’ai rencontré quelqu’un qui m’a offert un avenir alors qu’auparavant, je n’avais jamais envisagé la possibilité que cela me soit possible. »

C’était aussi simple que ça. Le jeune homme était cette personne mais ça, il devait s’en douter. Par contre, elle n’allait pas être trop sentimentale non plus. Bien qu’elle arborait un sourire, elle était déjà en train de réfléchir plus longuement à la proposition de Tery.

Bien entendu, tout cela était dans sa tête et méritait d’être travaillé. Déjà, cela serait difficile d’envisager une telle chose tant qu’il y aura encore les deux factions des enfants de l’empereur Malark. Haiktos et Halyza, si elle ne se trompait pas dans les noms.

Oui, il ne fallait pas se mentir. S’ils tentaient quelque chose, ces deux-là allaient leur mettre des bâtons dans les roues et autant dire qu’ils n’allaient pas vraiment avancer. Même si on mettait ce problème de côté, d’autres restaient présents. Il suffisait de voir comment elle avait été obligée de vivre en arrivant dans la capitale.

Les démons… étaient effrayants sur bien des plans. Ils vivaient d’une façon bien différente de la leur par rapport aux différentes classes sociales. Encore que non, elle ne devait pas se leurrer. Si à la surface, les nobles avaient la possibilité de dévorer autrui pour posséder plus de force, ils n’hésiteraient pas une seule seconde.

C’était ancré dans l’histoire des puissants, le fait d’assouvir encore plus ceux qui étaient sous leurs jougs. C’était pourquoi il y avait tant de précautions à prendre. Elle-même, en position de force, elle pouvait aisément briser ceux qu’elle désirait mais… ce n’était pas ce qu Tery voudrait, n’est-ce pas ? Oui… Si elle se retenait autant, c’était bien parce que Tery était à ses côtés, qu’elle avait changé grâce à lui.
Mais dans le fond, elle n’oubliait pas sa place dans le monde… et en même temps, elle savait parfaitement que son rôle n’était pas de montrer ne serait-ce que la moindre faiblesse face aux nobles et aux citoyens de base. Certains être, dans ce monde, avaient besoin d’être dirigés. Sans cela, ils étaient complètement perdus et incapables de survivre.


Tout était une question d’équilibre et elle était certaine que Tery n’était pas apte à cela. Non, il aspirait à une vie tranquille, comme à ses débuts, lorsqu’il avait voulu quitter le village de Leskar. Mais avec la force des éléments et du destin, le voici encore maintenant au centre de tout. Était-ce par ce qu’elle savait qu’il n’était pas à sa place qu’elle voulait le protéger ?

À cause de son caractère si particulier ? Elle… allait l’aider dans ses objectifs, dans ses rêves. Bien qu’il n’était pas réellement candide, une partie de Tery gardait cette innocence. Elle pouvait trouver tellement d’explications à tout ça mais ce n’était pas le moment de penser à ça.

Car oui, à force de marcher, marcher, marcher, tout en pensant à l’idée de Tery, ils avaient fini par devoir une pause et elle ne comprit cela que lorsque Tery posa une main sur son épaule pour la secouer doucement et lui dire :

« Manelena ? Je sais bien que tu serais capable de marcher toute la journée sans interruption mais tout le monde n’a pas forcément notre endurance non plus. Ils ont besoin de souffler un petit peu, d’accord ? Tu as l’air un peu ailleurs. »

« Pour une fois que c’est moi et pas l’inverse, n’est-ce pas ? »

Il pouffa un peu à la réflexion de Manelena. Sur le coup, il l’avait franchement bien mérité mais bon… il ne le prenait pas mal du tout, loin de là. Puis bon, le repos, c’était pour les braves et des braves, il en avait tout autour de lui.

Heureusement que les sessions actuelles ne posaient aucun problème. Ils ne se plaignaient pas et se déplaçaient sans qu’il n’y ait de soucis. Dans tous les cas, ils étaient maintenant tous assis, en train de boire un petit coup et de manger un morceau. Installé à côté de Manelena, c’était assez tranquille et paisible, pas de quoi se prendre la tête.

Au moins, il avait parlé de ce qu’il pensait à Manelena donc il était plutôt soulagé. Oh, pas trop d’illusions non plus. Avec les paroles de l’ancienne maréchale, il savait pertinemment qu’elle avait voulu lui mettre de l’eau dans son vin pour qu’il ne s’imagine pas déjà avoir accompli son idée comme si de rien n’était.

« Dans tous les cas, j’ai quand même la sensation étrange que nous avançons plutôt bien, non ? Tu ne trouve pas, Manelena ? »

« Même si nous faisons quelques détours, j’ai remarqué des petites nuances dans les cristaux suivant le nombre de mètres que nous descendons ou montons. »

« Ah oui ? Comment ça ? Je n’ai jamais vraiment remarqué autre chose qu’un changement de coloration mais à part ça… »

« C’est déjà pas mal que tu aies vu ceci, je dois t’avouer. D’habitude, c’est à peine si tu t’intéresses à ce qui t’entoure, à part les personnes. Oui, il y a une différence de couleurs. Sans être une femme de science, tu sais les couleurs de l’arc-en-ciel, non ? »

« Bien sûr que oui. Rouge, orange, jaune, bleu, vert, indigo et violet. Si c’est bien ça. »

« Et dans l’ordre en plus, tu m’épates vraiment sur le coup, Tery. »

Il ne savait pas du tout si elle était en train de se moquer de lui ou non. Dans tous les cas, il n’allait pas s’en plaindre et allait considérer que c’était un compliment de sa part.

« Mais bref, j’ai vu que suivant si nous montons ou nous descendons, les cristaux ne sont pas de même couleur. Cela permet alors de définir des hauteurs différentes et donc de localiser où nous sommes. Savoir si nous sommes plus descendus que montés ou l’inverse. »

« Je pense que les démons sont déjà au courant à ce sujet, non ? »

« Je ne suis pas certaine. J’imagine que certains, qui travaillent dans la cartographie, doivent travailler dessus mais à part ça, je pense que la majorité considère simplement que ce sont de jolis cristaux de couleur. »

« Comment est-ce que tu peux en arriver à cette conclusion, Manelena ? »

« Sur le fait que personne parmi les démons avec nous nous en a parlé. »

Ah ? Oui… C’est vrai. Maintenant qu’elle le disait, aucun démon n’avait évoqué le fait que les cristaux pouvaient servir de repères. Enfin, pas juste de repère visuelle par rapport à leur lueur mais aussi la coloration.

« Quand même… Manelena, qu’on le veuille ou non, c’est vraiment surprenant ce que tu me dis. Comment est-ce que tu as pu deviner ça ? »

« Simplement en réfléchissant, je t’ai déjà dit. Quand tu dois te méfier de tout ton entourage, tu es obligée d’avoir l’oeil sur tout. »

« C’est un peu triste, dis comme ça. Tu aurais d’autres choses à m’apprendre ? »

« Mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ? Que tu me proposes de t’apprendre des petits choses élémentaires pour survivre dans ce monde hostile, c’est appréciable. »

« Hey… C’est bon hein ? Pas besoin de me ridiculiser non plus. Je ne voulais pas… »

« Je ne peux pas prétendre le contraire. C’était plaisant de m’amuser à tes dépends mais soyons donc un peu plus sérieux. Je vais te dire ce que j’ai remarqué d’autre durant notre voyage, d’accord ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Tant qu’il n’y a pas d’autres piques du genre, je pense que je peux m’en remettre. »

Il avait terminé de dire ça en soupirant. Pas que ça soit lassant mais voilà. Ah… Elle allait lui expliquer des petites choses pourtant vitales et importantes. Enfin, surtout le lui rappeler car oui, elle n’hésitait pas à lui dire que s’il avait écouté à l’époque où il était dans l’armée de Shunter, elle n’aurait pas eu à répéter ça plus tard.

« Y a péremption à ce sujet. Comme si je pouvais me rappeler de tout… »

« Tery Vanian. » murmura t-elle d’une voix qui lui faisait bien rappeler celle autoritaire d’il y avait maintenant plusieurs années. « Je n’aime pas vraiment que l’on plaisante sur cela. Ces connaissances sont très importantes, je tiens à te prévenir. »

« Je le sais bien, pardon, Manelena. Je t’écoute maintenant. »

Et c’était mieux pour lui qu’il l’écoute, oui ! Dans tous les cas, ils allaient pouvoir retourner, non pas en enfance, mais à une époque où ils n’étaient pas égaux, où elle était la cheffe et lui le simple soldat. Une époque qu’elle appréciait visiblement.

De bons petits souvenirs pour elle et lui. Mais là, vu qu’il lui fallait un professeur, elle n’allait pas s’amuser. Vu qu’il voulait avoir quelques piqûres de rappel, elle allait exécuter cette tâche avec appréciation.

« Peut-être que tu veux t’installer sur mes genoux pour écouter, Tery ? »

Bah ! C’est si gentiment proposé ! Il plaça sa tête sur les genoux de Manelena, comme si de rien n’était. Elle ouvrit la bouche, interloquée… avant de ne rien dire, du moins par rapport à ce geste. Elle l’avait cherché. Elle allait commencer le cours.