Archives par mot-clé : Romans

Chapitre 37 : Assauts à la surface

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 37 : Assauts à la surface

« Qu’est-ce que vous me dites ?! »

« Dé… Désolé mais c’est ce que les éclaireurs viennent de dire ! Mékalarma est en train de lancer diverses attaques sur les autres royaumes. »

« Quels sont les royaumes touchés ? Ceux qui ont des frontières communes à Mékalarma ? Ou alors, ils se sont enfoncés plus profondément ? »

Mauvaise nouvelle. Et il fallait que la reine Manelena ne soit pas là. Ce n’était pas de la faute à cette dernière. Il savait parfaitement que si elle voulait retrouver Tery, ce n’était pas forcément qu’une question de sentiments mais aussi parce que ce dernier avait été vital ces dernières années et en rapport avec les évènements qui avaient parcouru le royaume.

« Bon, pour la situation actuelle, quelles sont les informations chez nous ? »

Il avait repris la parole alors que l’homme devant lui, un genou au sol, tête baissée, n’osait pas lever cette dernière. Il tremblait mais non pas à cause d’Hémurion mais des nouvelles qu’il apportait, guère bonnes.

« Nous n’avons pas eu vent de groupes de Mékalarma dans notre empire mais Claudiska est touchée de plein fouet bien qu’ils ont de quoi tenir. De même, pour Honoros, il semblerait que les armées mékalarmiennes peuvent passer dans certaines régions là-bas sans aucun souci, ce qui semble correspondre au fait que des clans travaillent avec eux. »

« Il fallait s’en douter pour Honoros. Certains clans travaillent avec des démons, donc pourquoi pas d’autres avec Mékalarma. »

« Ils doivent avoir de sacrés moyens, si je peux me permettre. Vous savez aussi bien que moi que les Mékarlarmiens ne font que rarement confiance aux espèces autres qu’eux-mêmes. »

« Oui, on parle d’une relation de confiance. Mais là, s’ils ont eu un quelconque commerce ou autre, ils n’auraient aucun souci pour cela. De même, certains Mékalarmiens peuvent aisément gérer ce point de vue. »

Mais cela restait une nouvelle vraiment déplaisante. Et comment faire pour prévenir la maréchale ? Enfin, la reine de Shunter ? Les lettres ne pouvaient être transmises dans le monde souterrain. En même temps, il n’y avait pas que ça. Continuant de fixer l’homme qui lui avait transmis ces informations, il reprit :

« Pour les Mékalarmiens, est-ce que Claudiska a donné plus de détails sur eux ? »

« Je n’ai fait que transmettre les informations que j’ai reçues mais si vous voulez plus à leur sujet, je peux peut-être me renseigner. »

« Je voudrais savoir comment les Mékalarmiens comptent se battre, la manière, les méthodes, l’armement utilisé. Toute information utile dans une guerre. »

« Ça… Ça sera fait dans les plus brefs délais ! »

Et le voilà maintenant parti, laissant Hémurion seul. Ce dernier quitta aussi bien rapidement la salle du trône, là où il prenait les messages normalement destinés à la reine. Il avait besoin de décompresser et de réfléchir un peu à la situation.


Dans une telle situation, la première consigne était d’obtenir un maximum d’informations via des éclaireurs. D’un autre côté, il devait commencer à faire une inspection de tout le royaume pour être sûr qu’il n’y avait pas des couches de traîtres ou de mékalarmiens prêts à attaquer Shunter de l’intérieur. En rajoutant aussi le fait de mettre quelques défenses aux frontières du royaume, cela devrait déjà être une bonne base.

« Il ne reste plus qu’à aller donner ces différentes consignes. »

C’était étrange comme depuis le fait qu’il n’était plus le chef des rebelles, il trouvait que donner des ordres, ce n’était plus aussi plaisant. Peut-être à cause du fait qu’il n’avait plus à se déplacer autant qu’auparavant ? Manelena avait le bon rôle quand même.

Elle lui donnait tous les devoirs et autres à faire pendant qu’elle allait se la couler douce ailleurs. Enfin, il exagérait. Il savait pertinemment qu’elle ne menait pas une partie de plaisir, loin de là. Dire qu’elle avait été enlevée par les démons… encore que Tery était parmi ces derniers. Cela devrait bien se passer normalement..

Oui. Il n’était pas aveugle et personne ne l’était dans l’entourage de la reine. Mais étrangement, cela ne dérangeait personne. Qu’elle soit amoureuse d’un roturier qui n’avait aucun titre de noblesse, c’était bien là le moindre mal de sa part. Ensuite, il était vrai que les nobles qui n’avaient pas été très « satisfaits » de la tournure des évènements n’étaient plus vraiment là pour poser problème.

Oui, lui et ses hommes s’étaient chargés d’être certains qu’ils ne chercheraient pas à préparer un coup d’état ou autre. Une simple mesure de précaution. Et puis, ils travaillaient dans le milieu, ils savaient donc comment tout ça commençait et donc comment couper le mal à la racine avant qu’il ne soit trop tard ou que le dit-mal soit trop développé.

Quelques minutes plus tard, il sortait d’une autre pièce dans les longs dédales du château. Il avait fait ce qu’il y avait à faire. Est-ce qu’il pouvait espérer se détendre un peu ? Il n’en était pas totalement certain malheureusement. Il avait encore beaucoup à accomplir et il n’y avait que peu de chance qu’on lui laisse ces minutes de répit.

« Pourquoi est-ce qu’ils attaquent maintenant ? Est-ce qu’ils veulent profiter de la confusion actuelle avec les démons pour récupérer des territoires ? »

Mais pourtant, Mékalarma n’était pas guidée par des êtres stupides. Non, c’était tout le contraire. Les Mékalarmiens étaient plutôt intelligents, ils n’agiraient pas simplement pour obtenir plus de terres.

« Quelle idée saugrenue ont-ils en tête ? »

Mais pour ça, il faudrait interroger des membres de cette espèce, quitte à les… « forcer » à parler, d’une façon ou d’une autre. Hmm… Là, il imaginait trop de choses en si peu de temps. Cela pouvait devenir une autre source d’ennuis. Patience était le maître mot.

Ailleurs, dans un autre pays, lui-même divisé en trois régions bien distinctes, d’autres personnes s’affairaient dans une salle du trône vacante de son propriétaire.

« Quelles étaient les consignes du roi Royan à ce sujet ? Il avait prévu que ça se passerait non ? Donc il doit sûrement avoir une idée ! »

« Épauler du mieux qu’on le peut la nation qui se fait agressée par Mékalarma. Dans le cas actuel, il s’agirait d’aider Claudiska. »

« Alors préparons plusieurs de nos troupes pour cela. De plus, si nous ne faisons rien, il faut savoir que nous serons les prochains sur la liste. »

« Et pour Shunter ? Nous ne plaçons personne aux frontières ? » demanda un homme après les propos prononcés par les trois autres personnes.

« Nous n’avons rien à craindre d’eux. La reine de Shunter n’est pas présente actuellement et l’homme qui se charge des affaires du royaume n’est pas belliqueux. »

« Vous êtes certain ? J’ai cru comprendre que c’était un ancien chef rebelle, non ? »

« Et si un chef rebelle s’est retrouvé à cette position alors que la reine actuelle de Shunter était connue pour ses actes militaires, c’est qu’il a certainement fait ses preuves. Bref, que l’on vienne rapatrier toutes les troupes aux frontières de Shunter, nous transmettrons un message à cet homme nommé Hémurion pour lui faire part de cette information et lui donner les explications nécessaires à la situation. »

« C’est le mieux à faire oui, dans une telle situation. »

« Nous sommes donc tous d’accord, c’est bien ça ? » demanda l’un des hommes présents, les autres venant acquiescer d’un hochement de tête positif.

Au moins, ils avaient trouvé une solution rapide à ce problème. Maintenant, un autre était à l’ordre du jour, tout aussi important et très vite, les discussions reprirent.

« Au sujet du roi Royan, est-ce que nous avons des informations sur l’endroit où il se trouve ? Est-ce qu’ils sont déjà plongés dans les souterrains démoniaques ? Il est dit que les lettres ne peuvent pas circuler librement là-bas. »

« Normalement, de ce que j’ai compris, ils prévoient d’envoyer un éclaireur à chaque fois pour qu’il retourne à la surface. Ils se font transmettre des messages les uns après les autres jusqu’à ce que le dernier soit à la surface et puisse alors envoyer une lettre. »

« C’est un système assez compliqué mais en même assez ingénieux. Enfin, je crois que c’était ainsi que les gens communiquaient à longue distance auparavant. »

« Oh, dans certains villages reculés, ils continuent d’appliquer cette méthode mais ce n’est pas là le sujet de la réunion. Donc, le roi Royan n’a pas encore envoyé de message. Hum… Ce n’est pas forcément bon signe mais en même temps, il est bien accompagné. Entre sa… future femme. »

À ce terme, les différents hommes et femmes se regardèrent comme pour confirmer ce qui venait de se dire. À leurs yeux, il n’y avait aucun doute que l’actuel roi de Traslord allait se marier avec cette démone.

« Ah… Dire qu’au départ, nous pensions qu’il était devenu fou. »

« Oh mais il l’était, n’oubliez pas lorsqu’elle n’était pas là ! C’est plutôt elle qui arrive à le calmer. Mais en même temps, après la mort de ses parents et de ses frères, nous pensions qu’il allait rester figé comme une statue de glace jusqu’à la fin de sa vie. »

« Avoir une descendance royale est une merveilleuse nouvelle et nous devons embrasser cette dernière, oui. Qu’importe qu’elle soit d’origine à moitié démone. Cette jeune femme, bien qu’elle semble avoir des origines un peu honoriennes, nous a bien montré qu’elle ne tenait guère compte des royaumes et autres. »

« Pour elle, le plus important était Royan… et c’est peut-être pour cela que notre jeune roi en est tombé amoureux. Une personne comme elle, ce n’était pas à la surface que nous l’aurions trouvée. Non, c’est elle qui a trouvé Royan. »

« Et puis, avez-vous déjà discuté avec Elise ? » demanda l’une des femmes du conseil. « Vous devriez l’écouter. Malgré les apparences, elle a bien précisé que pour elle, ce n’était pas pour son sang royal qu’elle aimait notre roi mais pour ce qu’il était. Elle a même tenu à dire qu’elle était elle-même issue de la famille royale de ce monde souterrain. Bien que nous ne pouvons pas le confirmer ou l’affirmer, il est vrai qu’il y a une certaine prestance qui émane d’elle. »

« Et elle sait se faire apprécier. Elle m’a expliqué de mon côté, qu’avant de devenir une démone, ou du moins de savoir qu’elle l’était, elle travaillait en tant que serveuse dans une auberge. Malheureusement, et elle n’a pas cherché à le cacher, quand elle a découvert ses pouvoirs, elle a tout incendié par accident et a causé la mort de l’homme qui l’élevait mais aussi des clients. »

« Oh par Zélisia, que c’est triste. » « Mais maintenant, ses pouvoirs, elle les contrôle ? » « Quel drame, elle doit terriblement s’en vouloir. »

« Elle a précisé aussi que sans Tery et ses compagnons, elle aurait sûrement perdu la tête et aurait continué à tout ravager sans même s’en rendre compte. »

« Au moins, nous pouvons dire qu’elle a le sang chaud, n’est-ce pas ? » dit l’un des hommes du conseil alors que certains rires se firent entendre, bien vite étouffés.

« Un peu de sérieux, je vous prie. Nous sommes réunis ici car la situation n’est pas à prendre à la légère. Nous ne devrions pas parler de cela. »

C’était vrai. Ils étaient dans une situation presque de crise et faire comme si de rien n’était, n’allait rien arranger à la dite situation. Il y avait sûrement des espions mékalarmiens dans Traslord. Sinon, comment expliquer que Mékalarma décide d’attaquer alors que les deux royautés de Shunter et Traslord ne sont pas présentes ? Tout cela était bien trop suspicieux pour ne pas être pris en compte. Et ils allaient devoir chacun contacter les différentes familles de Traslord des trois régions pour tirer cela au clair.

Loin, bien plus loin, dans les régions qui formaient Honoros, un clan était déjà en ébullition à cause des évènements liés à Mékalarma. Pour autant, la personne assise devant un bureau était songeuse et un peu agacée. Des cheveux auburn bien que les pointes étaient vertes, elle était aussi imposante que les membres de sa race. Ses yeux bleus fixaient divers papiers posés sur le bureau tandis que deux hommes se trouvaient de l’autre côté, semblant attendre ses consignes qui arrivèrent bien rapidement :

« Envoyez des messages le plus vite possible à nos différents alliés ! »

« Ça sera comme fait, cheffe ! Est-ce qu’on doit aussi prévoir des messagers pour être certains qu’ils soient transmis ? »

« Hmm… Deux précautions valent mieux qu’une ! Faites comme ça, oui ! Il faut absolument que nous formions une coalition ou du moins, que l’on tente de repousser les mékalarmiens ! Vérifiez aussi quel clan n’a pas été attaqué par les mékalarmiens alors que ces derniers ont passé leurs terres, cela nous permettra de savoir qui sont des traîtres ou non ! »

« Comme il sera fait, cheffe ! Nous y allons alors ! »

« Attendez quand même que j’écrive le contenu des messages ! Un excès de zèle ne nous emmènera que plus d’ennuis ! Il faut qu’ils comprennent la situation et donc qu’ils comprennent à quel point cela peut être très dangereux s’ils décident de se ne pas se réunir avec nous. Mais il ne faut pas que cela soit perçu comme une menace. »

« Cela se voit que c’est vous la cheffe, cheffe. »

« Et pas besoin de tenter de me complimenter ! Ah… Sincèrement, je trouve que tout ça est bien plus usant que le reste. Sincèrement, vous me fatiguez, rien que d’y penser. »

« C’est pas voulu, cheffe ! Promis, juré ! C’est juste que vu que ça a été décidé que ça serait vous qui irez gérer les relations diplomatiques extérieures, eh bien, on doit vous appeler ainsi. C’est ce qu’à dit le chef, cheffe ! »

« Ah… Vous êtes pas des lumières mais au moins, vous êtes serviables, hein ? Tout le monde ne peut pas forcément être aptes à ça. Aaaah ! Je me demande quand même comment se débrouille Hérik de son côté. Il me manque. »

« Est-ce que vous voulez aussi lui envoyer un message ? » demanda l’un des deux hommes alors que la femme était songeuse avant de faire un mouvement négatif de la main :

« On va éviter, je risque de mélanger travail et vie privée. Pour le moment, on va se concentrer sur nos missives d’alliance, ça sera bien mieux. »

AH ! Une alliance ! Si on lui avait dit un jour qu’elle serait à l’origine d’autres alliances à part celle avec le clan des Ragnans, elle ne l’aurait jamais cru. Mais voilà, c’était pourtant ce qui était en train de se passer devant ses yeux. On lui avait confié une tâche bien trop importante pour elle qui préférait être sur le terrain.

« Dites, vous auriez pas un texte pour m’aider ? Enfin des paroles ou un truc du genre ? »

« Un texte ? Ohlala… Vous l’avez pourtant bien dit, cheffe. C’est pas vraiment nous qui sommes faits pour cela hein ? »

« Oui mais vous êtes plutôt sincères et directs dans vos propos. Si vous deviez proposer une alliance à un autre clan alors que la situation est grave avec une armée ennemie venue de l’extérieur, qu’est-ce que vous diriez ? »

« Euh… Eh bien, qu’on va faire une bonne bagarre puis après qu’on va faire une bonne bouffe ? Ouais, j’imagine que ça va être un truc comme ça. »

« Bon, marquons qu’il est envisagé de faire un festin après nos victoires contre l’envahisseur mékalarmien. Ensuite ? Toi ? Des idées ? » demanda t-elle au second homme, celui-ci étant en train de réfléchir grandement. Malgré qu’ils n’étaient pas vraiment des plus « éclairés », les deux hommes étaient plus que concentrés à la tâche.

« Ben moi, je dirais un truc sur l’honneur que de combattre à leurs côtés pour un ennemi commun. Que ça serait merveilleux que si on doit mourir, ça soit aux côtés d’un frère de race et toutes ces choses. »

« Mince, vous êtes plus doués qu’on pourrait le croire. Merci les gars, je crois que je vais finir par avoir des idées ! Je vais continuer à écrire, merci bien ! »

« Tant mieux, cheffe ! Vous voulez que l’on reste le temps que vous écriviez ? »

« Non non, allez vous chercher un truc à boire et à manger, vous l’avez bien mérité. Dites bien que c’est en mon nom. »

« Oh, c’est vrai ? Merci cheffe ! Vraiment ! » s’exclamèrent les deux hommes en choeur avant de partir de la tente, tout guillerets. Elle poussa un soupir légèrement amusé, il en fallait vraiment peu pour plaire aux mâles hein ?

Pour autant, elle n’avait pas menti. Leurs propos lui avaient permis d’y voir plus clair dans ce qu’elle allait écrire. Avec ça, elle était certaine que les lettres passeraient bien plus facilement car écrites avec le… coeur ? Cela pouvait paraître étrange de penser de la sorte mais non.

En Honoros, les émotions et les sentiments mis dans les différentes tâches pour servir le clan étaient plus forts que chez les autres races. Oui, on se battait avec le coeur et on mettait du coeur à l’ouvrage. Autant de dires pour exprimer tout l’entrain et la motivation des Honoriens pour servir le clan.

Oui, c’était pour ça qu’elle avait demandé leurs avis. Car elle savait pertinemment qu’ils pensaient avec le coeur et que dans ces moments précis, c’était le plus important. Et voilà que sa plume dessinait divers mots sur une première lettre, puis une seconde quelques minutes plus tard et ainsi de suite.

Lorsqu’elle avait terminé, elle se massa le poignet droit, marmonnant que c’était plus épuisant que de se battre pendant des heures contre autrui. Mais voilà, c’était fait et avec ça, tout allait se mettre en marche, elle en était certaine.

« Je me demande comment ça se passe à la surface. »

« Bah, Royan, tu sais aussi bien que moi que tes conseillers sont très doués. Tu crois qu’ils faisaient comment quand tu n’étais pas là ? »

« Je sais bien mais en même temps, tout a tellement changé ces dernières années. On ne sait pas trop ce qui peut nous attendre hein ? »

« Je veux bien que tu t’inquiètes pour un rien mais quand même… »
Elise posa délicatement une main sur l’épaule de Royan, lui faisant un petit sourire. Oui, il s’en faisait beaucoup trop pour son peuple et elle avait bien vite découvert lorsqu’ils s’étaient rencontrés, qu’il était beaucoup plus empathique qu’il ne le montrait.

« Si vraiment il y a un problème, ne t’en fait pas, nous pourrons réagir en conséquence mais là, continuons notre projet, non ? »

« D’accord, d’accord, tu as parfaitement raison, je le sais bien mais… pfiou. Je ne sais pas, je suis un peu anxieux quand même. J’ai un mauvais pressentiment, c’est tout. »

« Mauvais pressentiment, mauvais pressentiment. Ah… Dès que nous serons plus ou moins bien installés, on verra pour envoyer du courrier. En plus, tu as bien saisi que nous allons commencer par créer des routes avec quelques villages isolés parmi les souterrains démoniaques, et enfin, nous pourrons envoyer du courrier pour avoir des contacts à la surface. Cela te convient, Royan ? »

« Bien sûr, Elise. Bien sûr. Hmm… Je me fais sûrement des idées, tu as raison. »

Il ne voyait que ça de toute façon pour expliquer la situation actuelle. Il prit une profonde respiration, un peu dépité. Oui, il se faisait sûrement des idées. Il valait mieux continuer les travaux même s’il savait qu’Elen préférait continuer à cherche des informations pour retrouver Tery. Il ne pouvait pas lui en vouloir.

« Heureusement que nous laissons Elen explorer les environs. »

« Oh, je ne suis pas folle. La retenir pour rien et l’inciter à rester ici, ça nous causerait plus de problèmes qu’autre chose. Tant qu’elle laisse sa fille ici, je sais à quel point les souterrains démoniaques sont traîtres et peuplés de créatures monstrueuses. Je ne voudrais pas qu’il y ait un accident par erreur. »

« Surtout que si accident il y a, je ne préfère pas être là quand Tery l’apprendrait. »

« Pour ça, il faut déjà que l’on mette le grappin sur lui mais aussi Manelena. »

Humpf ! Mais elle préférait ne pas dire à voix haute ce qu’elle pensait du fait que les deux personnes étaient seules de leur côté. Impossible d’ignorer les sentiments de l’actuelle reine de Shunter à l’encontre de Tery. Et vu qu’ils étaient seuls tous les deux, il y avait de fortes chances que Manelena cherche à mettre le grappin sur Tery si ce n’était pas déjà fait. Bah ! Ce n’était pas à elle de gérer cette relation, elle avait déjà tant à faire avec la sienne !

Chapitre 36 : Un équilibre en péril

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 36 : Un équilibre en péril

« Mon amour, tu es certaine que l’obscurité ne te dérange pas trop ? »

« Loin de là mon cher et tendre. Si c’était vraiment un souci, je te l’aurais dit sans aucune restriction. Nous n’avons aucun mensonge entre nous, non ? »

« Oui, oui, bien entendu. Enfin, je disais cela comme ça, rien de plus, hahaha. »

L’homme avait juste un grand sourire en réponse aux propos de sa femme. Celle-ci déploya doucement ses ailes blanches dans son dos comme pour s’étirer avant de murmurer :

« Hmm… Après, il est vrai que mon dos apprécierait d’avoir quelques rayons du soleil. »

« Ces cristaux créent une lumière artificielle. Ce n’est pas un véritable problème, n’est-ce pas ? Tu ne crois pas, ma tendre Sérest. »

« Une lumière ressemblant à celle du soleil. Les démons ont toujours eu d’excellentes idées même si pour celle-ci, les cristaux émettent cela naturellement. Peut-on alors vraiment dire qu’il s’agit d’une lueur artificielle, Séran ? »

Comme s’il venait d’être pris en défaut, l’imposant être aux oreilles allongées provenant d’Honoros s’arrêta dans ses mouvements. Maintenant songeur, il regardait le plafond fait de pierre avant de dire :

« En un sens, artificiel voudrait dire que c’est créé par la main des démons. Ces cristaux sont naturels mais ceux travaillés par les démons sont artificiels. Est-ce que cette réponse te convient, ma tendre moitié ? »

Sans rien dire, la femme ailée déposa ses lèvres sur celles de l’homme pour un baiser plus appuyé que la décence ne l’autorisait. Pour autant, il ne la repoussa pas, loin de là. Il posa même une main sur la hanche de sa femme pour la garder auprès de lui.

« Hmm… Tu en aurais pas un peu trop profité, par hasard ? »

« Ce n’est pas du tout mon genre, Sérest, tu devrais pourtant le savoir, non ? »

« Hmm… Bien entendu, bien entendu. Ce n’est pas du tout crédible quand tu dis ça ainsi. »

Il rigola, tout simplement, l’invitant à reprendre la route ensemble. Cela faisait bien une année qu’ils parcouraient les souterrains et ils n’avaient rencontré que très peu de villages habités par les démons. En même temps, ils ne cherchaient pas spécialement à se cacher tout en évitant en même temps de trop se familiariser avec les démons.


Ce n’était pas qu’ils craignaient ces derniers, loin de là. Simplement, il valait mieux éviter de trop se dévoiler, de peur que certains, plus doués que d’autres, ne commencent à deviner ce qu’ils étaient vraiment. En même temps, la haine qu’ils portaient aux deux divinités était fondée et… il valait mieux éviter ça.

« Que faisons-nous pour aujourd’hui, Séran ? »

« Hmm… je pensais à ce que nous continuions la marche jusqu’à trouver un coin assez discret pour nous reposer. Qu’est-ce que tu en dis ? »

« J’en dis que cela me plaît énormément ! Et puis, le fait que nous soyons ensemble ne rend que le voyage encore meilleur. »

« J’ai l’impression que tu me répètes cela depuis des mois, Sérest. Est-ce que je peux me tromper par hasard ? Ou alors, est-ce que je me fais des idées ? »

« Pas le moins du monde. Je veux rattraper tout le retard de cette époque reculée. »

L’époque reculée qu’elle évoquait était très simple. Il s’agissait simplement de ces instants où les démons pouvaient encore vivre à la surface, avec les autres races. À l’époque où Alzar était focalisé simplement sur sa propre race en ignorant celles créées par Zélisia.

« Dire que tu voulais créer la race parfaite qui n’avait pas besoin des autres. »

« Et au final, résultat, je voulais simplement t’impressionner sans réellement y arriver. Qu’est-ce que j’ai été stupide. »

« Nous étions tous les deux stupides à cette époque. Lorsque nous avons compris nos sentiments l’un envers l’autre, nous avons décidé d’ignorer complètement la situation autour de nous. Si nous avions été plus prompts à réagir et à surveiller nos races, tout cela ne serait jamais arrivé et… peut-être que nous n’aurions jamais eu à agir ainsi. »

« C’est plus compliqué que ça, Sérest, tu le sais bien, non ? Je pensais qu’il serait aisé pour différentes races de pouvoir vivre en harmonie parmi eux. Je me suis juste lourdement trompé et je dois assumer mes erreurs. »

« Nos erreurs communes, s’il te plaît. Même si ça fait plusieurs siècles et millénaires, tu continues de croire que tu es le seul fautif alors que c’est moi, en donnant naissance à cette unique race, plus forte que les autres, qui a ainsi posé bien plus de problèmes qu’autre chose. Si seulement… nous avions pensé autrement. »

Les deux amoureux soupirèrent en même temps. Cela leur revenait bien plus fréquemment en mémoire depuis qu’ils étaient ici. Ils avaient l’explication. Elle était facile à comprendre. Les souvenirs affluaient dans leurs cervelles, ravivant des souvenirs d’antan. Des souvenirs oubliés, de l’époque où ils se considéraient, à raison, comme deux divinités, car ils possédaient des pouvoirs incommensurables.

« De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités. Dis moi, Séran, pourquoi est-ce que je n’ai pas écouté mon conseiller ce jour là ? »

« Car nous pensions simplement qu’ils voulaient juste nous faire plaisir car nous étions leurs divinités alors que non, nous n’étions pas si différents d’eux. »

« Quelle grave erreur de ma part. Car nous pensions savoir ce qui était bon ou mauvais pour eux. Mais nous ne connaissions pas la vérité. Ils avaient leurs idéaux, leurs ambitions, nos races étaient aptes à se débrouiller seules. »

Et pourtant… Et pourtant… Ce n’était qu’une petite partie de la vérité, de CETTE vérité. Tout avait été bien plus complexe qu’ils ne l’avaient pensé. Le fait que les races aient des visions différentes, même quand il s’agissait de toutes celles créées par Zélisia. Pas uniquement physiquement mais mentalement. Elle avait décidé de leur laisser de l’autonomie et pareil pour Alzar.

« Ah… Est-ce que tu penses qu’ils vont réussir à régler toute cette histoire ? »

« De base, nous n’avions pas prévu de survivre, ni même d’avoir Elen survivre elle aussi. Nous sommes cruels, tu le sais ? »

« Je le sais parfaitement… et c’est bien pour cela que je m’interroge. En restant en vie, est-ce que nous devons quand même nous mêler de tout cela ou non ? »

« C’est un choix difficile. Mais je pense que la clé est dans notre fille et sa relation avec SON enfant. Ce sont eux qui décideront de l’avenir de la surface et des souterrains. »

« À ce point ? N’est-ce pas un peu trop exagéré, Sérest ? » demanda Séran avec le plus grand des sérieux alors que la femme ailée posait un doigt sur son menton, songeuse.

« Je dirais que non. Nous savons aussi bien l’un que l’autre de qui est Tery est l’enfant, non ? Nous avons juste évité d’aborder le sujet. »

« Mais son odeur est impossible à ignorer, on ne peut pas mettre ça de côté et faire comme si de rien n’était. Mais donc… Tu crois vraiment qu’ils… seraient la voie ? »

« Pas uniquement, Séran. Pas uniquement. Si tu as remarqué, ils sont entouré par des personnes toutes aussi merveilleuses qu’eux, non ? Un jeune prince qui s’est ouvert aux sentiments, une reine qui s’est débarrassée de la carapace d’acier qu’elle avait autour d’elle, une jeune demi-démone dont l’odeur me rappelle celle de la royauté souterraine. Beaucoup de personnalités issues des hautes sphères et qui pourtant, ont vécu des choses peu communes. »

« Bien loin de la salle du trône, des banquets et autres commémorations. »

Encore une fois, les deux personnes étaient d’accord sur quelque points qu’ils mettaient en commun. Cela ne voulait pas dire que l’un pensait que l’autre avait forcément raison dès qu’il parlait mais ils arrivaient à correspondre leurs points de vue.

« Hmm… Mais quand même, je me dis que j’aimerais bien voir un peu plus de créatures dans les environs. Nous les faisons fuir naturellement mais c’est bien dommage. »

« On ne peut rien y faire. Ils ressentent notre puissance et c’est donc de l’instinct. Il s’est sûrement développé ces derniers siècles. »

« Si les démons et les créatures plus puissantes les chassent en permanence, ils doivent alors comprendre ce que cela veut dire exactement que de se retrouver face à nous. »

« Mais cela ne change pas que c’est vraiment dommage de ne pas pouvoir les étudier un peu plus. Je me demande à quoi point ces créatures sont d’anciens démons ou non. »

« D’anciens démons. C’est vrai que les démons pouvaient se dévorer entre eux et finir par avoir d’étranges formes. Tu es intéressée sur l’idée qu’ils aient pu produite une descendance ? C’est ça que tu voudrais savoir ? »

« Plus ou moins, oui. S’ils sont capables d’avoir des enfants, cela voudrait dire que les… monstres du monde souterrain ont une part d’humanité en eux. »

« Et donc qu’agir comme s’il ne s’agissait que de vulgaires animaux serait un véritable crime, proche de l’esclavage, oui, je vois. »

« C’est exact… et ça serait donc un vrai souci. Enfin, pour nous deux car nous serions au courant mais je ne suis pas certaine qu’ils accepteraient de telles nouvelles. » finit de dire Sérest après cette courte conversation avec Séran. Séran qui était à nouveau plongé dans ses pensées. Même à l’époque où il s’appelait Zélisia, il avait toujours eu ce regard si concentré.

« Je pense que ça serait possible… mais pour cela, il faudrait alors que ces descendants soient dotés d’un intellect conséquent, ou du moins qui les rapprocherait des autres races. »

« Qu’est-ce qui te fait dire ça exactement ? Enfin, comment est-ce que tu en es venu à cette conclusion, Séran ? »

« Simplement car même les gnomolds se sont ouverts à eux en partie. Les gnomolds qui doivent nous en vouloir autant que les démons. »

« Ah ça… Il est vrai qu’ils sont très revanchards et qu’ils ont de nombreuses raisons de nous détester, il faut l’avouer. »

« La plus importante est aussi la plus problématique. Tout simplement car nous avons mis beaucoup trop de temps à réagir. »

« Et nos formes actuelles sont les conséquences de nos actes, non ? Nous avons déjà été punis pour avoir trop tardé. Nous ne pouvons pas vivre continuellement nous reprochant nos actes passés, tu sais, Séran. »

Il le savait. Il le savait parfaitement. Mais cela lui était impossible de tirer un trait sur tout cette histoire et pour une raison très simple : encore « récemment », ils avaient commis un acte stupide qui concernait leur propre enfant : Elen.

Ils s’étaient préparés à mourir pour l’ouverture des portes démoniaques et à permettre aux démons de revenir à la surface. Mais voilà qu’Elen, leur propre enfant, sans le savoir réellement, avait réussi à les sauver. En contrepartie, elle avait failli perdre son propre enfant et depuis, tout avait changé.

« Dire que nous avions prévu tout cela pendant des années et des années… pour un tel résultat. Comme si là-haut, quelqu’un d’encore plus puissant que nous avait décidé de se moquer de nos actes depuis le début. Ah… Quelqu’un qui doit sûrement beaucoup s’amuser à nos dépens. »

« Quelqu’un de plus puissant et qui a un sens de l’humour ? Hmm… »

Il était assez étrange de s’imaginer une telle chose et pourtant… et pourtant… C’était plus ou moins ce qu’IL était devenu, ce qui faisait alors penser que oui, ce n’était pas impossible. Et que cette idée n’était pas à prendre à la légère.

Une petite partie d’elle commença à s’inquiéter. Et si… par hasard, même s’il n’y avait qu’une infime chance, est-ce que cela serait possible que… Non. Elle ne voulait pas penser à cela. Elle ne devait pas penser à cela. Ce n’était pas une bonne chose. Elle sentit subitement une main se poser sur son front, lui faisant lever les yeux vers Séran qui s’était rapproché.

« Qu’est-ce qui se passe ? Tu es presque en sueur. »

« Oh… Rien… Rien du tout. Ce sont tes dernières paroles. J’étais en train d’y réfléchir, c’est tout. Tu vois, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, hein ? »

« Je ne m’inquiète pas sauf pour toi, voilà tout. Tu le sais, n’est-ce pas ? »

Bien sûr qu’elle le savait. Mais elle ne pouvait pas lui dire ça comme ça. Pas de la sorte. Elle risquerait de l’inquiéter pour pas grand-chose. Ce n’était qu’une idiotie, rien de plus. Elle allait cesser d’y penser et dès demain, ça sera derrière eux, comme d’habitude.

Même s’ils n’étaient pas insouciants, ils venaient encore de dire il y a quelques minutes que cela ne servait à rien de s’accrocher au passé. Et pourtant, une partie d’elle était comme terrorisée à l’idée qu’IL revienne ou qu’IL soit responsable de tout ce qui se passait. Est-ce que SES pouvoirs pouvaient vraiment arriver à les atteindre ?
Si tel était le cas, sa crainte était alors réelle. Si tel était le cas, comment est-ce qu’ils pourraient réagir alors ? Comment est-ce qu’ils pourraient se défendre ? Surtout, est-ce qu’IL leur en voudrait ? Avec tout ce qui s’était passé, ça ne serait as anormal. Cela serait même logique et sinistre. Hmm… Il valait peut-être mieux ne pas trop en penser.

Et c’était pourtant ce qu’elle n’arrêtait pas de faire malheureusement. Oui, elle ne pouvait pas se détourner de cette pensée absurde. C’était triste… mais c’était bel et bien parce qu’elle savait parfaitement ce dont IL était capable. Réussir à atteindre leur puissance voire peut-être même à la dépasser, brrr.

« On va peut-être s’arrêter là pour aujourd’hui, Sérest. Tu as vraiment une mauvaise mine. »

« Ah oui ? Tu trouves ? Si tu le dis… même si je pense que tu exagères un petit peu la situation, je ne suis pas dans un tel état quand même. »

« Hmm, si si. Je peux te confirmer ce que je te dis. Tu es presque au bord de l’évanouissement. Mais je veux que tu me dises ce qui te tracasse réellement. Nous nous sommes promis de ne plus avoir de secret l’un envers l’autre, tu t’en rappelles, non ? »

« Oui, bien entendu que je m’en rappelle. C’est juste que je considère que c’est une idée un peu stupide. Je ne suis pas certaine que ça soit vraiment utile d’y repenser, voilà tout. »

« Et moi, je peux simplement t’affirmer le contraire, compris ? Cela me rappelle l’époque où tu continuais encore et encore de vouloir ne rien me dire malgré notre relation. »

« Pardon… Ce n’est pas que je veux te mentir mais… »

« Je n’ai pas évoqué le fait que tu me mentes mais le fait que tu ne me dises rien. Ce sont deux choses différentes, Sérest. C’est là toute la nuance, est-ce que tu comprends ? »

Les paroles très douces de l’homme aux longues oreilles étaient autant plus efficaces que la femme ailée baissait les yeux, comme prise en défaut par les propos. Oui, même dans le passé, quand il était Alzar et elle Zélisia, il avait tellement fait pour l’impressionner sans pour autant forcément y arriver.

Oui, il était si souvent comme un enfant à ses yeux, il le comprenait bien hein ? Il n’était pas aveugle. Il savait parfaitement qu’il… était ridicule depuis toutes ces années. Tout cela par pure envie de lui montrer ce dont il était capable, ce qui n’était pas réellement efficace en fin de compte. Il allait le lui dire. Sous cette forme, en tant que Sérest, oui.

« Je pensais encore au Dévoreur, Séran. C’est tout. Je me demandais si par malheur, ce n’était pas lui qui jouait avec nos émotions et nos sentiments… pour nous emmener à le délivrer. Si ce n’était pas lui qui gérait tout ça depuis le début. »

« Ah oui, quand même. Hmm… Ah… J’imagine que tu dois aussi penser à Tery, c’est bien ça ? Avec le fait qu’il y a une petite chance qu’il tente aussi de le manipuler. Je commence à bien comprendre le problème en fin de compte. Du moins, à voir où est-ce que tout cela va nous mener. Nous avons déjà tant accompli pour tenter de réunir les démons avec le reste des races à la surface. Nous ne pouvons pas vraiment arrêter maintenant, tu t’en doutes hein ? »

« Je n’ai jamais cherché à arrêter tout ça. Cela reviendrait tout simplement à bafouer tout ce pour quoi on se bat depuis si longtemps. Mais voilà, je t’ai dit ce qui me tracassait. C’est vraiment ridicule. C’est normalement moi qui devrait me montrer rassurant, pas l’inverse. »

« Tu as toujours eu cette mentalité, Sérest. Et si tu t’écoutes, tu devrais même entendre le fait que tu reparles de toi comme si tu étais Alzar. »

Ah oui ? Sur le moment, elle ne l’avait pas remarqué même si il était vrai que ses pensées étaient tournées vers le passé à l’heure actuelle. Un passé assez sinistre et sombre, elle le concevait parfaitement et pourtant… c’était ce dernier qui la marquait plus que tout le reste.

Elle ne pouvait pas faire comme si de rien n’était. Prétendre que tout ira pour le mieux et ensuite, balayer tout ça d’un revers de la main. Non… Elle était vraiment perdue et elle sentait alors les bras de Séran venir l’enlacer tendrement.

« Nous nous protégerons mutuellement, comme toujours. »

« Tant que tu es là, avec moi, c’est tout ce qui m’importe, Séran. Je me demande pourquoi je suis né homme à cette époque… alors que je me sens si bien sous cette forme dans tes bras. »

Séran ne répondit pas, un sourire se dessinant simplement sur ses lèvres alors qu’il serrait avec un peu plus de force la femme dans ses bras. S’il suffisait uniquement de cela pour la rassurer, il allait alors continuer encore et encore, jusqu’à ce qu’elle finisse par être apaisée. Les minutes s’écoulèrent sans même qu’ils ne se préoccupent des alentours.

« Hmm… Sérest, est-ce que tu penses rester ainsi pendant encore longtemps ? »

Aucune réponse de la femme ailée. Il baissa les yeux, un nouveau sourire apparaissant sur son visage. Oui… Elle avait tenté de montrer qu’elle était encore forte… mais cela n’avait été qu’une illusion. Déjà dans le passé, il avait compris à quel point Alzar pensait que la force faisait tout… et que la perfection permettrait alors de tout résoudre.


C’était pourquoi il avait crée plusieurs races différentes, avec des aptitudes propres à chacune, des qualités et des défauts comme on pouvait en voir un peu partout. Oui. Il souleva doucement Sérest, la gardant bien contre lui, dans ses bras, alors qu’elle marmonnait.

« Je vais nous mettre dans un endroit plus sûr pour passer la nuit. »

Un endroit à l’abri des cristaux mais pas uniquement. De toute façon, aucune créature ne tenterait cette folie que de chercher à s’en prendre à eux. Contrairement à ce qu’il pensait, il mit un peu plus de temps que prévu mais tout était bon.

« Voilà… J’imagine qu’ici, ça sera parfait. Sérest, Sérest ? Il est l’heure de se réveiller. »

« Hmm… Non… Il est tard. Il fait sombre. J’ai juste envie de dormir. »

C’était bien ce qu’il avait compris, hahaha. Il voulait juste vérifier à quel point elle pouvait être comme les races qu’ils avaient créées. En réagissant de la sorte, elle faisait alors preuve d’une humanité comme les autres. Oui, ce simple petite geste, cette petite phrase, cette petite réaction, tout cela permettait de l’aimer encore plus.

Bon… Il la déposa délicatement contre un rocher avant de préparer la tente pour la nuit. Pas besoin d’un feu, ils allaient se coucher tout de suite. Ce n’était pas comme s’ils avaient vraiment besoin de se nourrir pour le moment. Ah… Maintenant qu’ils étaient seuls, il devait avouer parfois que cela lui manquait.

« Clari et les autres étaient si pleins de vie… »

Oui. C’était vrai. Il y avait des discussions, des rigolades et autres. Dans les faits, c’était le premier groupe qu’ils avaient rejoint tous les deux. Oh, des connaissances, au fil des siècles, ils en avaient eu. Mais cela n’avait été que des relations distantes. Comme ils ne pouvaient pas vieillir réellement bien qu’ils pouvaient mourir, il ne fallait pas lever plus les suspicions sur eux.

« Hmm… Vraiment, je me demande si un jour, nous irons les retrouver. »

Oui. C’était une simple demande, rien de plus. En se forçant, ils pouvaient aisément retourner voir Manelena et ceux de la surface… mais pour Tery qui devait être dans le monde souterrain, cela sera beaucoup plus compliqués.

Qu’ils aient été considérés comme des divinités à une époque, soit… mais les millénaires jouaient sur leurs mémoires et avec le monde souterrain inaccessible, autant dire qu’ils ne se rappelaient plus vraiment des zones précises de ce dernier. Enfin, pour le moment, il allait plutôt se concentrer sur Sérest et veiller sur elle jusqu’à son réveil.

Chapitre 35 : Étrange coalition

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 35 : Étrange coalition

« Hihihi ! Vous voilà donc, mes jolis petits rats ! »

« Gniii ?! T’es qui toi ?! Qu’est-ce que tu fous ici ?! Je peux le savoir ! »

« On peut la buter, hein ?! Avec son air de piaf, je suis certain qu’elle pourrait nous rapporter beaucoup si on la dép… »

L’un des petits êtres bossus n’avait pas terminé sa phrase que sa tête avait quitté le tronc sur laquelle elle était posée, une gerbe de sang émanant de ce dernier alors que le corps tombait au sol, sans vie. La femme aux longs cheveux noirs, très longs cheveux noirs avait fait un simple battement d’ailes pour faire tomber la tête du gnomold.

« Hihihi ! Est-ce que l’on peut discuter maintenant ? Je ne voulais pas me montrer violente… sauf si c’est comme ça que cela marche chez les gnomolds, non ? Vous n’êtes pas de ceux qui proviennent d’Omnosmos ou des tribus principales de Shunter, n’est-ce pas ? »

« Non mais toi, t’es qui ?! Et tu nous veux quoi ? T’as osé nous attaquer ! T’as envie de crever, c’est ça ?! »

« Tu veux rejoindre ton ami, c’est ça ? C’est ça ? C’est ça ? Hein hein ? Ah… Non. Je ne vais pas te tuer car sinon, on va vraiment croire que je veux juste vous éliminer, hihihi ! Alors que j’ai juste besoin de vous comme vous avez besoin de moi ! »

« Besoin d’une claudiskienne ?! Tu te fous de notre gueule ? Tu crois vraiment qu’on va écouter ce que tu as à dire ?! »

« Eh bien, ça serait quand même mieux pour de futures conversations non ? Et pour trouver un terrain d’entente ! Vous voulez éliminer des démons, je veux aller dans le monde souterrain retrouver quelqu’un. Je peux vous y aider, hahaha ! Mais pour ça, il me faut plutôt parler au rat qui gère toute votre bande. »

« NOUS NE SOMMES PAS DES RATS, NOUS … »

Il ne termina pas sa phrase à son tour, sa tête se décrochant du corps comme pour le précédent gnomold. Elle poussa un petit soupir désespéré alors que d’autres gnomolds arrivaient déjà après les cris du nouveau mort.

« Qu’est-ce qui se passe ? C’est quoi ça ?! HEY ! T’as fait quoi, toi ! »

« Vous pouvez pas ramener votre chef ? Je crois que sinon, je vais décimer votre tribu et sincèrement, ça serait la troisième en quelques semaines. »

« Gniiii ?! C’EST TOI ! T’ES LA RESPONSABLE ! TUEZ LA ! ELLE DOIT PAS S’EN SORTIR ! FAUT LA BUTER ! »

« Ah… Visiblement, ça sera donc un troisième clan éliminé. C’est dommage, je suis pour la possibilité que toutes les races perdurent dans le monde mais si vous voulez vous mettre en travers de mon chemin envers Tery, vous ne me laissez pas le choix ! »

Et elle n’allait même pas sortir son arme pour s’occuper d’eux. D’un grand sourire resplendissant bien qu’il avait des allures démoniaques, voilà que ses ailes s’étendaient en largeur derrière elle.

Cela n’avait duré que quelques minutes, peut-être une heure mais lorsqu’elle s’éloigna du campement des gnomolds, elle était maintenant recouverte de sang, jusqu’à ses propres plumes. Retirant un morceau de chair de sa bouche, elle marmonna :

« Même en cherchant à les cuire, ils n’ont aucun goût. AH ! »

C’était dommage pour elle… ou pour eux. Cela dépendait du point de vue mais elle n’en avait que faire. Elle avait juste envie de retrouver Tery, comme depuis tant de mois, même peut-être des années ? Elle avait vu dan son regard. Son regard triste et solitaire, son regard qui montrait à quel point il était seul en réalité, à cause de ce qu’il était.

« Entre oiseaux de malheur, je suis la seule à pouvoir réellement le comprendre. Je peux le comprendre, je peux l’aimer à sa juste valeur. »

Ouiiiiiiiiii ! Sa juste valeur ! Non pas celle d’un homme, d’un citoyen de shunter ou d’un membre de cette race cornue qu’est un démon. Non, la valeur de son existence, une existence comme la sienne. Une existence mal-aimée de ce monde, de ce souterrain. Une existence damnée, rejetée par tout le monde.

« HAHAHAHA ! Oui… Oui… Oui… Oui ! Nous sommes pareils ! Toi et moi ! »

Elle venait de poser ses mains sur son visage, ses ongles éraflant sa propre peau. Elle allait devoir trouver une nouvelle tribu de gnomolds, la communication était parfois siiiiii difficile avec ces êtres primaires !

Ailleurs, plusieurs gnomolds discutaient entre eux. Tous un peu plus grands que la moyenne, et portant quelques atours et gris-gris qui montraient qu’ils avaient une haute position dans la hiérarchie de leurs espèces,

« Le clan Kinor a été décimé ! Bon d’accord, ils étaient juste un petit village et c’est à peine s’ils existaient mais quand même ! »

« Qui sont les responsables ? Les démons ? Les shunteriens ? Ils venaient bien de Shunter hein ? Pas que je m’intéressais pas à leur sort mais c’est tout comme ! »

« Non et non. Ce ne sont pas eux. Y a eu la confirmation que des plumes ont été trouvées… comme dans les zones des autres clans. C’est la même personne qui est responsable de tout ça. Le problème, c’est qu’à part le fait qu’il s’agisse d’une femme de Claudiska, on ne sait rien de plus. Ah ! Et aussi le fait qu’elle possède une aile de corbeau et une aile de chauve-souris. Mais ça, vous étiez tous au courant, non ? »

« Euh, ouais, je crois bien ? J’en suis pas vraiment sûr, moi. Cela vous dit quelque chose vous autres ? Hein ? Dites pas oui si c’est pas le cas ! Je veux pas paraître pour un con ! »

« Tu peux pas l’être plus que tu ne l’es déjà ! » s’exclama un autre gnomold, hilare.

« C’EST PAS DRÔLE, BORDEL ! On a une claudiskienne psychopathe qui décide de zigouiller un maximum de gnomolds ! »

« Ouais, ben faut la buter, c’est aussi simple que ça ! »

« Si c’était aussi simple que ça, gros malin, tu crois que j’aurais demandé à ce qu’on se retrouve tous ici ou quoi ?! »

« Tu viens de dire quoi ? Que je suis gros, c’est ça ? Tu veux que je t’explose ? »

Et déjà très vite, les esprits s’échauffaient. En même temps, rien n’était fait pour tenter de calmer le jeu et les seuls gnomolds qui restaient calmes ne faisaient rien pour empêcher les autres de se taper sur la tronche.

Lorsque tout s’était terminé, avec du sang sur les visages et des morsures, aucun ne tentant de prendre une arme, le but n’étant pas de tuer l’autre, ce fût finalement l’un des gnomolds bien calmes et sages qui reprit la parole :

« Maintenant que vous avez fini, il va falloir que l’on prenne nos dispositions. Pour cela, nous n’avons pas tellement le choix. Nous allons devoir envoyer un messager à chaque clan des environs. Du moins, une personne apte à accueillir cette… monstruosité. Si elle s’en prend à nous, c’est qu’il y a une bonne raison. Il nous faut donc quelqu’un de diplomate mais aussi très agile pour éviter de se faire tuer par cette chose ailée si la discussion n’est pas possible. Au moins, nous pourrons alors tenter quelque chose pour la contrecarrer. »

« Heureusement que t’es là pour les bonnes idées hein ? On voit bien que t’es de la famille d’Ernold ! Y a bien que dans sa lignée qu’ils réfléchissent avant de frapper. »

« Ma lignée n’a rien à voir avec ça. Mais la survie des gnomolds m’importe bien plus que le reste. Je ne peux pas tolérer la présence de ces êtres cornus qui sont responsables de ce que nous sommes devenus, il y a de cela des millénaires. »

« Ouais, on a toujours eu la rancune assez tenace, héhéhé. C’est pour ça qu’on aime bien leur faire payer à ces types ! »

« Ne parlons plus de tout ça, cela vaut mieux, c’est… irritant. »

Et il était vrai que déjà, plusieurs d’entre eux émettaient de nombreux grognements. Maintenant, ils avaient fini de discuter de cette femme. Ils allaient mettre leur plan en action et ils allaient obtenir des résultats.

« Bon alors, on peut dire que la réunion est terminée ? Je veux dire, c’est pas tout ça mais dans les faits, moi, j’ai quand même vachement soif ! »

« Et moi, j’ai faim ! Bon alors, on va bouffer, les gars ! »

Et maintenant, comme si le sérieux de la situation n’existait plus, voilà que les gnomolds de cette réunion allaient rejoindre les autres pour se sustenter, sans même se soucier réellement de ce que l’avenir pourrait leur apporter, que ça soit pour le meilleur ou le pire.

Des jours passèrent et voilà qu’une paire d’aile de chauve-souris et de corbeau vint atterrir devant ce qui semblait être une tribu de gnomolds. Aussitôt, les gnomolds commencèrent à se mettre en garde, regardant la femme en face d’eux.

« C’est elle. C’est elle ! Faut les prévenir, et vite ! Je vais la retenir ! »

« Ouais… ouais ! Ouais ouais ouais ! Je vais le faire tout de suite ! » s’exclama le second gnomold après les propos du premier.

« Oh ? On dirait bien que vous êtes mieux préparés que les autres, non ? »

« Ouais, ouais. On sait surtout ce que tu comptes faire, plutôt ! Mais on va pas tomber dans le piège ! On a des types pour toi ! »

« Oooh ! Mais vous savez, je ne suis la femme que d’un seul homme. Et sincèrement, entre nous, les gnomolds, ce n’est clairement pas mon pêché mignon. »

Elle avait toujours ce petit sourire aux lèvres, signe qu’elle était déjà prête à recommencer ce pour quoi elle avait été si souvent nommée aux différentes réunions des gnomolds. Pour autant, elle restait tranquille, reprenant la parole :

« Quand même. Les précédents n’hésitaient pas à m’attaquer ou à me menacer sans crier gare. Est-ce que je serais enfin tombé sur des gnomolds plus intelligents que la moyenne ? Cela serait tout simplement merveilleux à apprendre ! »

« C’est pas ça que ça nous démange pas de te défoncer la tronche mais on a des ordres et on doit les respecter. T’as plus qu’à patienter, la dinde. »

« Hmm… Vous êtes certains que m’insulter alors que je peux vous éliminer en un claquement de doigt est vraiment judicieux ? Hmm ? HMMMMM ?! »

Et pendant qu’elle disait cela, elle avait simplement fait un pas en avant, déployant ses ailes avant de pousser un petit croassement, les gnomolds reculant sur le coup. Puis elle éclata de rire avant de faire un pas elle aussi en arrière.

« Bon, je suis là, je suis là. Elle est où ? AH ! La voilà ! »

Les yeux dorés de Krawnia se posèrent sur le nouvel arrivant. Un gnomold qui ne payait pas de mine, pas aussi musclé que ses comparses. Pas aussi grand non plus. Mais il portait des lunettes et ses habits n’étaient pas parcourus par les trous. Il semblait presque intellectuel à le regarder de la sorte.

« Tout d’abord, vous z’êtes qui exactement ? » demanda le dit gnomold. Malgré les apparences, il restait quand même un membre de sa race, avec le langage communément parlé parmi eux.

« Krawnia. C’est vrai qu’avec aucun survivant, personne ne pouvait transmettre le message. Oups ! La prochaine fois, j’imagine que je laisserai un survivant pour qu’il puisse raconter ce qui s’est passé aux autres. Je suis là pour les démons. »

« Les démons ? Comment ça ? Et donc, ouais, Krawnia. Je veux pas dire mais vous avez foutu un sacré foutoir quand même ! Vous avez éliminé plusieurs tribus ! Mineures peut-être mais tribus quand même quoi ! »

« Oui, oui, je suis désolée, tout ça. Bon, et si on parlait des choses vraiment importantes, plutôt non ? Genre, vous voulez aussi aller vous rendre dans les souterrains ? Y a pas besoin de me mentir, je déteste le mensonge de toute façon. Je suis parfaitement au courant, et oui. »

« Ouais, tu peux prétendre que t’es au courant de tout mais ça va rien changer ! AH ! Comment qu’on pourrait te faire confiance ? Tu crois vraiment qu’on va t’emmener chez nos chefs alors que tu zigouilles nos gars ? »

« Je pensais que derrière ces lunettes, il y avait une lueur d’intelligence. Est-ce que je me suis trompée lourdement ? J’en ai rien à faire de votre espèce. Simplement, si je signale que je veux traverser les mondes souterrains pour aller le retrouver, on ne va pas me laisser faire. Et je n’aime pas ça, pas du tout. »

« C’est qui ce type que tu veux trouver ? Il est pas à la surface ? C’est un démon ? »

« Oh que oui… C’est un démon. Mais c’est surtout un être unique en soi ! Il n’y a pas deux existences comme la sienne ! »

« T’es complètement cinglée, tu le sais hein ? Je veux dire, t’as déjà envisagé de te faire soigner ou un truc du genre ? Car ça devient grave dans ces moments ! Et qu’est-ce que tu nous veux exactement ? Enfin, t’as besoin de nous pour quelle raison ? »

« Oh, je sais que vous n’êtes pas vraiment partisans du « Soyons amis avec les démons ! » et donc, j’ai besoin de vous pour aller me frayer un chemin dans les mondes souterrains. Ce que vous cherchez, c’est bien une entrée permanente gérée par les gnomolds non ? Qui vous permettrait de vous y rendre quand vous le voulez et donc d’éliminer les démons qui tenteraient d’en sortir. Une place gardée spécialement gérée par vous. »

« Ohla, tu me parles d’un truc que je sais pas, moi. Enfin moi, j’ai été envoyé pour chercher à dialoguer avec la cinglée meurtrière. Ou alors à me barrer si elle veut pas discuter. »

« Ah ben voilà, tu devrais être content, tu auras la vie sauve vu que je veux dialoguer. Bon allez, zou ! On va se mette en route, j’ai des types à rencontrer ! »

« Ces types sont nos chefs, un peu de respect pour eux ! » s’exclama le gnomold alors qu’elle pouffait de rire, visiblement amusée par la réaction du petit être.

« Le respect, ça se mérite. Et tout ce qui tente d’avoir du pouvoir sur autrui, je ne m’en préoccupe pas le moins du monde. Si tes chefs ont besoin de ça pour se sentir supérieurs, c’est qu’ils doivent être encore plus petits que toi. Bon allez ! On y va ! »

Et elle ne lui laissait pas la possibilité d’ouvrir la bouche. Maintenant qu’elle avait une piste, ou du moins des « gens » pour la guider vers les mondes souterrains, elle n’allait pas s’en priver du tout. Elle ne pouvait pas s’y rendre toute seule. Elle pouvait être puissante, « problématique » et exceptionnelle, elle ne pouvait pas lutter contre un groupe équipé.

Mais la voilà qui se déplaçait une nouvelle fois… mais avec une direction précise en tête. Des heures plus tard, alors que la nuit était tombée, la demoiselle ailée vint atterrir aux abords d’un campement de gnomolds bien plus grand que les précédents.

« Eh bien, on dirait qu’ici, on se fait plaisir ou c’est moi ? »

« Hey… T’es qui, toi ? » demanda l’un des gardes gnomolds à l’entrée du campement. Il était bien mieux équipé que les précédents mais Krawnia soupira avant de dire :

« Quand même, on peut éviter le comique de répétition ? Prétendre que vous ne me connaissez pas, c’est un peu lassant à force. Vous avez sûrement reçu des informations via une lettre non ? Que j’allais arriver. Ne tentez pas de me mentir. »

« AH ! Mais t’es la folle en fait ! Fallait le dire plutôt ! Ouais, on a bien reçu le courrier et le fait qu’on devait te guider ! »

Ils ne paraissaient guère effrayés par les propos de Krawnia. En même temps, celle-ci remarquait parfaitement qu’ils étaient bien plus expérimentés que les précédents. BAH ! Cela ne changerait pas grand-chose s’ils la mettaient en colère inutilement.


Traversant le campement, elle se désintéressa des gnomolds qui l’observaient, certains avec intérêt, d’autres en se demandant si c’était vraiment elle. Oui, elle pouvait entendre un peu les conversations mais elle n’y portait pas plus que ça en terme d’attention.

Finalement, la courte balade se termina face à une maisonnette plus grande que les autres. Oh, toujours aussi rustique et rudimentaire, laissant plus paraître un bâtiment issu d’un village paumé et reculé que d’une solide bâtisse en ville.

« Et j’imagine que votre chef va pas vouloir se présenter à moi, je dois rentrer à l’intérieur ? »

« Oui oui mais… HEY ! Vous faites quoi ! Faut que l’on vous annonce ! »

Sauf qu’elle n’avait pas que ça à faire de son côté hein ? Elle commença à se mouvoir, étudiant les gardes qui se présentaient entre elle et l’entrée. D’un mouvement des ailes qu’elle déploya, les gardes furent balayés sur les côtés alors qu’elle disait :

« Zou du balai ! J’ai quelqu’un à rencontrer, moi ! »

Et même si elle sentait très bien que les gnomolds allaient réagir, elle pénétra dans la demeure faite de bois, pierre et paille. À l’intérieur, un petit feu était déjà en train de brûler tandis que les yeux de Krawnia se plissèrent.

« Ah oui… C’est plus un comité d’accueil que juste le chef du village ? »

« Nous t’attendions, femme des cieux, Krawnia. »

« Désolée mais je ne connais pas vraiment vos prénoms et disons que je vous attendais pas vraiment même si je vous recherchais. Bon, on va pouvoir enfin arrêter de faire n’importe quoi et se mettre directement au travail. »

« Tsss ! Ouais, plus vite c’est fait, mieux ça sera ! Tu es là car tu dis que tu veux absolument te rendre dans les souterrains. Nous, on ne veut pas pardonner aux démons ce qu’ils ont fait à nos peuples il y a de cela plusieurs millénaires. »

« Oh, je veux juste exterminer tous ceux et celles qui se mettront en travers de mon chemin pour le retrouver, hahaha ! Ah… Vraiment… C’est aussi simple que ça. »

« Les exterminer ? Et cette personne que vous recherchez, c’est bien le dénommé Tery ? Celui qu’est responsable de tout ce boucan ? »

« Oui, oui, c’est bien lui ! Ce Tery là ! Il n’en existe pas deux dans ce monde et heureusement, sinon, il perdait de sa saveur si unique. C’est lui que je veux retrouver. Depuis le jour où je l’ai vu à la base de cette tour, je savais que lui et moi, nous étions destinés tous les deux ! »

« AH ! Le destin ! Si on devait croire au destin, on aurait arrêté de se préparer en attendant le jour où les démons sortiraient des entrailles de la terre ! Résultat ? On n’y a pas cru une seule seconde à cette destinée et on a bien fait ! »

« Ne vous moquez donc pas de la destinée. Enfin de celle qui est en train de me relier à Tery. Je n’accepterais aucune moquerie. »

« Bah ! Fais comme tu veux ! Tant que tu nous permets de nous installer dans les souterrains démoniaques, nous bosserons avec toi. Suffira juste que tu fasses le ménage dans les alentours et ensuite, dès que ça sera assez fortifié, tu pourras aller chercher ce type. »

« Ce type s’appelle Tery. Ce n’est pas une personne lambda, comme vous autres, c’est bien compris ? Vous pouvez saisir ça ? »

Elle se montrait menaçante malgré l’air joyeux qui parcourait son visage. Oui, les gnomolds restaient sur leurs gardes, méfiants, mais n’osaient pas pour autant réagir. En même temps, malgré la méfiance, ils ne semblaient pas plus inquiets que ça.

« Ouais, ouais, on peut le saisir. Tout ce que l’on veut, c’est s’occuper des démons. Le reste, on s’en fout. Si t’es prête, tu peux rester dans les environs pour qu’on vienne te chercher. »

« Hmm… Je ne pensais pas que ça serait aussi rapide et que vous accepteriez aussi facilement. Où est donc le piège, vous pouvez me le dire ? »

« Y en a aucun. On est juste plutôt las de compter nos morts à cause de vos actions. Autant vous avoir de notre côté que l’inverse. »

Elle émit un petit rire, à nouveau amusée par les propos des gnomolds. Qu’ils pensaient ainsi, c’était parfait pour elle. Elle quitta alors la modeste masure avant de déployer ses ailes une nouvelle fois pour s’envoler. Ils lui avaient dit de revenir, cela ne voulait pas insinuer qu’elle devait rester avec eux non ? Et puis, ça restait des gnomolds.
Dans la petite demeure, les gnomolds se regardèrent, un sourire entendu les uns envers les autres. Oui, ils avaient bien prévu d’éliminer tous les démons. Et dans cette liste, les demi-démons étaient inclus eux aussi.

Chapitre 34 : Des preuves de son passage

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 34 : Des preuves de son passage

« Hmm… Comment tu as trouvé cette première soirée ailleurs que dans un lit, Tery ? »

« Je n’ai pas vraiment réussi à dormir. Je n’arrivais pas à trouver le sommeil en me disant que tout le monde pouvait tenter de rentrer dans la tente alors que tu dormais avec moi. »

« Hmm ? Et donc ? Où est alors le problème ? Je veux tenter de le savoir. Je veux dire, je suis ton esclave, c’est donc normal que je dorme à tes côtés si tu as des « pulsions », non ? »

« Arrête donc tes blagues, Manelena. Tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas le cas. »

« Oh, on doit donc arrêter la comédie ? Dire que je trouvais cela plutôt plaisant. Maintenant, je dois avouer que je suis un peu déçue en fin de compte. »

Comme si elle l’était vraiment. Dire qu’ils dormaient dans la même tente, sans que ça ne la dérange. Il avait surtout la sensation qu’il avait ouvert une boîte qui aurait dû rester scellée. Pas qu’il regrettait ces moments avec Manelena, du moins pas ce genre de regret mais…

« Tu sais, Tery. Maintenant que ce qui est fait est fait, je n’ai plus vraiment à le cacher. Oh, l’excuse de l’esclave ne pourra plus durer très longtemps mais bon, je pense qu’il me faudra m’y faire hein ? Cela est vraiment dommage mais j’ai eu quelque chose de ta part et ça, Tery, tu ne pourras jamais me le retirer. »

« C’est… vrai. Je reconnais amplement ce que tu dis par là. Mais bon, je ne veux pas que tu penses que ça peut se reproduire et faire comme si je n’avais rien à côté. »

« Mais si nous retrouvons Elen ? Qu’est-ce que tu vas lui dire ? » demanda Manelena alors qu’elle se relevait comme lui.

Se rhabillant correctement, il ne répondit pas tout de suite à la question de Manelena. Est-ce qu’il y réfléchissait ? Pas vraiment car il connaissait déjà la réponse. Oui, il n’y en avait qu’une seule qui importait :

« Je pensais l’avoir déjà dit mais bon, je vais peut-être me répéter : je compte lui expliquer ce qui s’est passé. Les nombreuses fois où… nous avons fait tout ça. »

« Et les raisons de ces différentes fois ? Car bon, il n’y a pas qu’une ou deux fois hein ? Je crois que je ne peux plus vraiment les compter maintenant. »

« Le but n’est pas de les compter. Il n’y a aucun record à battre ou autre. Simplement… Ah… On ne va pas ravoir cette discussion. Je vais aller prendre l’air et manger un morceau. »

Oui, se mettre quelque chose dans l’estomac lui fera le plus grand bien. Puis surtout, au moins, il n’aura pas à discuter avec Manelena. Ce sujet n’était pas tabou mais elle le remettait souvent sur la table, comme un trophée. Il comprenait bien qu’elle était « heureuse » de cette situation où elle était « libre » de l’aimer et inversement mais lui.. mais lui… C’était lui le véritable fautif dans cette histoire.

« Et en tant que tel, je ne devrais pas me réjouir, loin de là. »

C’était pourquoi il gardait une mine un peu sombre par rapport à tout ça. Il ne voulait pas fanfaronner. Peut-être que certains appréciaient l’idée d’être courtisé par la reine de Shunter tout en étant marié à une magnifique femme mais lui ? Hmm… Non. Il n’aimait pas l’idée d’être content. Mais en n’étant pas content, cela donnait l’impression qu’il n’appréciait pas ce qu’il faisait avec Manelena.

Oui, il appréciait grandement leur petit jeu à deux, le fait de dormir ensemble et tout le reste. Ce n’était pas du tout pareil qu’avec Elise car il la considérait comme sa petite sœur. Mais Manelena ? C’était une femme, une vraie femme. Une femme comme il n’en existait pas d’autres. Il pouvait considérer tout ce qu’il voulait, penser tout ce qu’il avait en tête, Manelena était une femme qui lui avait mis le grappin dessus.


Ce qui s’était passé à la capitale n’était que la suite et la concrétisation de cette scène dans la bibliothèque, cet instant où elle l’avait embrassé. Il ne pouvait pas ignorer que cela semblait logique à emmener tout ça hein ?


Manelena. Hmm… Il aimait penser à elle. La femme aux cheveux argentés était toute aussi importante qu’Elen, peut-être pas pour les mêmes raisons mais elle l’était. Il devait s’empêcher de sourire car il appréciait les moments avec Manelena.

« Bonjour, chef. Vous avez bien dormi ? »

« Hmm ? Moi ? Ah oui, chef, j’oubliais parfois que c’est ce terme. Je suis tellement pas habitué. Disons que oui, j’ai bien dormi. Vous êtes là depuis longtemps ? Je veux dire, votre garde a commencé depuis combien de temps ? »

« Oh deux ou trois heures au grand maximum, vous inquiétez pas pour le sommeil ! »

« Vous vous reposerez pendant les déplacements. Vu que nous avons des véhicules avec nous, vous pourrez alors faire une partie du chemin dans l’un d’entre eux. »

« Oh merci beaucoup, chef ! »

Il fit un geste pour dire que ce n’était pas bien important. Il allait avoir une petite discussion avec Héraisty. Même si Manelena restait très proche, Héraisty était plus ou moins celle à qui il confiait différentes directives qu’il avait en tête. Il retrouva très vite la démone à lunettes qui était visiblement déjà réveillée depuis pas mal de temps.

« Eh bien, que tu viennes me voir, j’imagine que ce n’est pas pour prendre de mes nouvelles, n’est-ce pas, Tery ? »

« Faux… Comment vas-tu ? Et vrai… Oui, j’avais besoin de tes conseils et des avis sur plusieurs petites choses qui me tracassent. »

« Hmmm ? Alors, je vais bien, merci. Cela reste toujours un peu perturbant de ne plus dormir sur un matelas mais bon, à force, disons que je commence à m’y habituer. Tu peux dire sinon ce qui te perturbe, Tery. J’espère juste que ce n’est pas la même chose qu’hier. »

« Pas exactement… Enfin si… Mais juste un peu, bon en fait. Parlons. »

Maintenant qu’il avait besoin de converser, c’était juste difficile. Comment lui expliquer exactement ? Hmm… Bon, elle allait sûrement lui en vouloir mais il fallait bien lui dire et lui expliquer tout ça hein ?

« Bon. C’est par rapport aux nouvelles recrues. Je sais bien que tu m’as dit qu’elles sont toutes prêtes à tout comme les autres mais… »

« Tu voudrais que je vois pour suivre leurs faits et gestes. Tery, qu’est-ce que j’ai déjà dit au sujet de la paranoïa ? »

« Je ne peux pas m’en empêcher. J’ai déjà eu tellement de coups dans le dos que ce dernier est un vrai gruyère ! Est-ce que tu es certaine qu’elles sont de confiance ? Qu’elles viennent de toi ? Du roi ? Car si nous allons dans un village et qu’elles posent des problèmes, il ne faudra pas hésiter à avoir une conversation avec elles. »

« Une conversation, pas une mise à mort, Tery. Certains peuvent se tromper, c’est aux autres de leur montrer comment faire. Et puis, je te rappelle que nous sommes mixtes en terme de races. Nous avons un peu de tout. »

« Sauf des Mékalarmiens, mais eux, je ne suis pas certain qu’ils auraient accepté cela. »

Et il avait haussé les épaules à ses propres paroles. Oui, cela lui faisait ni chaud, ni froid. Il s’en fichait complètement des Mékalarmiens. Des gnomolds sympathiques comme Ernold, il en avait rencontrés mais des Mékalarmiens ? Pas du tout.


Pourtant, il était certain que cela devait exister. Oui, que quelque part, des Mékalarmiens sympathiques devaient exister mais non, même à Midès, il se rappelait que même s’ils n’étaient pas agressifs, les Mékalarmiens rencontrés étaient du genre très virulents dans eurs propos. Il finit par marmonner :

« Désolé d’être revenu sur ce sujet. C’était juste par instinct de protection. »

« De toute façon, s’il n’arrive ne serait-ce que des rumeurs à ce sujet, ne t’en fait pas que je tiendrais au courant, Tery. Je ne vais pas laisser briser ce projet par quelques personnes mal-intentionnées. Il en est hors de question. »

« Si tu as de telles convictions, je n’ai plus donc plus qu’à me plier à tes dires, Héraisty. »

« Héhéhé, ce n’est pas si mal d’être en position de force pour une fois, hahaha. J’aime bien cette sensation ! »

« Hey, tu ne vas pas commencer à t’y habituer non plus hein ? On va finir par croire que tu risques de prendre la grosse tête. »

« Surtout moi, n’est-ce pas ? Cela ne serait pas très crédible de ma part même si je dois te remercier pour tout ça. Avant de vous connaître, toi et Elise, je ne pensais pas à un tel avenir. En fait, je n’avais même pas idée que cela serait possible. Vous avez vraiment changé ma vision du monde souterrain mais aussi de la surface. Et pour cela, je ne pourrais jamais assez vous remercier tous les deux. »

« Rah… C’est un peu gênant ce que tu es en train de dire. Enfin, je vais juste accepter tes paroles, voilà tout. Je n’ai aucune raison de les refuser. »

Mais il était vrai qu’il avait le rouge aux oreilles avec tout ça. Ahem…. Bon, ce n’était pas forcément bien important. Il allait retrouver une certaine contenance et zou. Rapidement, le petit déjeuner avait été consommé et la route reprise.

Ils n’allaient pas prendre trop de temps non plus. Sans savoir exactement ce qu’ils allaient prendre comme destination, cela pouvait être dangereux. Même si sur la fin, il était vrai qu’ils n’avaient plus été attaqués par les monstres, ça ne voulait rien dire.

D’ailleurs, sur le chemin, il cherchait à faire un peu de conversation avec tout le monde, reprendre des nouvelles et tout. Savoir comment cela s’était passé pour eux au sujet de leur cohabitation entre surfaciens et démons. Oui, ça ne coûtait rien du tout de demander et surtout, cela permettrait de voir s’ils avaient eu quelques soucis ou non.

Heureusement, de ce qu’il semblait entendre, tout allait pour le mieux ou presque. Oui, les différentes familles démoniaques avaient accepté l’arrivée d’une nouvelle personne, quitte à la faire passer pour « esclave » comme lui avec la reine de Shunter. Il préférait ne pas donner plus d’informations de son côté mais il semblerait qu’ils aient gagné aussi quelques faveurs et places dans les dites-familles.

Et pour les rivalités ? Eh bien, il y en avait mais très rapidement, les familles qui « possédaient » ces surfaciens avaient décidé de collaborer dans l’ombre pour éviter les ennuis et surtout que d’autres familles tentent de les agresser ou commettre d’autres crimes pour espérer mettre la main sur les surfaciens.

À les écouter, il avait l’impression que les démons considéraient les surfaciens comme des objets et il y avait sûrement une part de vérité dans tout ça. Mais à côté, ils avaient réagit en conséquence de cette mort horrible qui était arrivée, dès les premiers jours dans la capitale.

Oui… Il s’en rappelait lui aussi. Cela était bon d’en savoir plus à ce sujet. Cela permettait alors de se préparer, parfois pour le pire. Mais là, sur le coup, ils étaient au courant et tous liés. Quand il avait le dos tourné, il semblerait que les démons collaboraient entre eux et c’était une excellente nouvelle.

« Alors, un peu rassuré, Tery ? »

« Plus que je ne le pensais, Héraisty. En même temps, tu as bien fait de me répondre, hier. J’ai appris au sujet des démons et de leurs familles, je ne savais pas que ça se passait ainsi. Par contre, vu que tu connais des noms, est-ce que… »

« Oui, il y a bien des démons qui sont issus de certaines familles présentes auparavant. Il semblerait que même si les démons précédents ne sont plus là et que certains surfaciens aussi, les familles ont décidé de nous envoyer d’autres membres et surtout plus puissants que les précédents. Comme quoi, ils y voient aussi un intérêt. »

« Même si je ne pense pas que ça soit juste pour la beauté du geste, n’est-ce pas, Héraisty ? Pas besoin de me mentir sur le coup, je m’en doute, hein ? »

« Pas vraiment. Ils considèrent qu’avoir un surfacien à leurs côtés permettra de gagner du galion dans l’échelle de la noblesse. Avec les connaissances de la surface, ils pensent pouvoir profiter d’une avance confortable sur d’autres. »

« Et c’est donc en partie à cause de moi qu’une nouvelle « faction » vient de voir le jour ? »

« On peut pas dire que c’est de ta faute, plutôt que c’est grâce à toi ? Tout cela va dépendre de comment ils vont utiliser ces informations. Si c’est pour se mettre au même rang que les autres familles, bien plus puissantes, pourquoi pas ? Si c’est pour en abuser, cela ne va pas donner de jolis résultats, loin de là. »

Il haussa simplement les épaules aux propos de la demoiselle. Il n’allait pas lui donner tort alors qu’elle expliquait clairement ce qu’il comprenait plus ou moins. Cela voulait juste dire qu’il ne fallait pas croire que tout allait être rose bonbon quand même.


Bon ! Au moins, il était en meilleure forme qu’auparavant et le moral était retrouvé ! Manelena à ses côtés, avec son épaisse armure noire, il pouvait alors avoir un rythme plus normal qu’auparavant. Ouais, il sentait déjà les bienfaits de ne pas avoir à prétendre que Manelena était son esclave !

« Hmm… Des fois, je crois que j’aimerais bien lire ce qui se passe dans ton crâne, Tery. »

« Tu serais vraiment très déçue, Manelena, je tiens à te le dire. »

« Hmm… J’imagine que ça doit dépendre de tes pensées. Est-ce qu’il y en a qui me concernent ? Peut-être le fait que je suis à nouveau ta reine et non ton esclave ? »

Humpf ! Il pouffa juste un peu, ayant un léger sourire aux propos de la femme aux cheveux argentés, cheveux comme visage cachés par son casque. Celle-ci s’arrêta pendant quelques instants avant de très vite retrouver son rythme dans ses pas.

« Hmm ? Je ne pense pas avoir dit quelque chose d’amusant, Tery. »

« Non, non. Disons juste que tu n’es pas mon esclave mais tu n’es pas ma reine non plus. »

« Alors qu’est-ce que je suis, petit malin ? Comme tu sembles avoir de la suite dans les idées, j’ai bien envie maintenant de voir comment tu me considères ? »

« Comme l’une des personnes les plus proches et importantes à mes yeux, autant que ma mère, mes grands-parents ou Elen. »

« Je trouve que c’est une position plutôt pas mal. Je suis donc au même rang que la famille, c’est ça ? Et même à un certain autre stade, hein ? »

Et là, il n’allait pas lui confirmer ses propos, loin de là. Et non, ce n’était pas parce qu’il était gêné, mais plus parce qu’il voulait s’amuser des réactions de Manelena. Sur le coup, il allait juste signaler qu’il devait voir un peu le reste des troupes et la laisser seule. Oui, il avait juste envie de l’embêter, même si ça ne serait que juste un tout petit peu. Pas besoin de beaucoup plus, il en était certain ! Et cela lui permettrait de se venger un petit peu.

Oh, c’était quand même assez puéril de sa part mais sur le coup, il trouvait que ça serait une bien bonne façon d’embêter Manelena sans que cela ne soit dangereux ou stupide. De toute façon, cela lui permettrait de continuer à décompresser.

Et comme il en était convenu, ils allaient tout faire pour remonter le plus rapidement au niveau de la surface sans pour autant y retourner. Oui, ils allaient voir des villages proches de la surface en espérant que la communication et la collaboration seront possibles.

« Oh d’ailleurs, je voulais te dire, Tery, maintenant que tu as lâché un peu Manelena, est-ce que tu étais au courant au sujet de la surface ? »

« Qu’est-ce qu’il y a avec la surface ? Ne me dit pas qu’il y a des problèmes ! »

« Je ne peux pas répondre à cette affirmation car je n’en sais rien du tout, malheureusement. Ce que je peux juste te dire, par contre, c’est que c’est devenu assez fréquent que des groupes de la surface viennent explorer le monde souterrain. Il semblerait que certaines zones laissent leurs portes ouvertes, tant qu’ils ont quelque chose au bout en contrepartie. »

« En un sens, cela est assez bénéfique, tu ne crois pas ? Même si les démons se font achetés, cela veut dire qu’ils ont une petite parcelle de confiance envers les autres races. »

« Après, cela peut dépendre d’autre chose, Tery. Si ce sont des démons à la solde d’Haiktos ou Halyza, il y a de fortes chances qu’ils les laissent pas pour emmener plus de forces extérieures sous la surface. »

« Et ce n’est pas toi qui me disait d’arrêter de psychoter ? »

« Entre psychoter sur tout et émettre plusieurs hypothèses plausibles, c’est différent, Tery. »

« Je le sais bien mais ça reste un tout petit peu vexant, tu sais ? Enfin, je ne vais pas me vexer pour ça mais tu dois reconnaître que ce n’est pas super plaisant. Enfin… Le plus important, c’est de garder la tête sur les épaules. Nous avons pas mal de marche à faire. Par contre, si nous trouvons une ville ou un village sur notre chemin, nous sommes d’accord que l’on va quand même s’y rendre hein ? On évite d’ignorer ça. »

« Je pense, oui. Même si nous ferons encore une fois attention, qu’est-ce que tu en dis ? »

« Tu parles du fait que certains démons dans les villes ou villages pourraient nous causer du tort en travaillant pour eux ? C’est raisonnable comme remarque. Oui, on va la prendre en compte et on verra ensuite. »

C’était le mieux qu’ils pouvaient faire. Donner leur confiance mais pas trop. Dans le fond, il comprenait qu’Héraisty gardait la tête sur les épaules malgré le fait qu’il pensait qu’elle était trop candide. Il oubliait parfois qu’elle était une démone, une démone de la capitale plus précisément. Et qu’elle avait eu un chef plutôt problématique.

Ainsi, oui, elle avait de l’expérience. Par contre, en parlant de ce fameux chef, il ne se rappelait plus de son nom mais il avait été vraiment exaspérant. Puisqu’ils en étaient à marcher tranquillement, côte à côte, il pouvait lui demander.

« Dis moi… Le démon qui était un peu ton supérieur chez les renifleurs, il est devenu quoi ? Je me dis maintenant que j’ai aucune nouvelle de lui. »

« Jyanos ? Hmm… Eh bien, il a disparu du jour au lendemain quand l’empereur Malark a commencé à faire une petite purge. »

« Ah ? C’est vrai ? Et euh… Donc rien d’autre à son sujet ? »

« Bof, de ce que j’ai cru comprendre en tendant l’oreille au travail, il semblerait qu’il avait peur pour sa vie car il cachait bien difficilement le fait qu’il était au service d’Halyza. Comme quoi, en faire trop ne veut pas forcément dire que tout se termine bien. »

« Je dirais bien que c’est bien fait pour lui mais bon… »

« Pourquoi est-ce que tu t’intéresses à ça maintenant ? Je veux dire, pourquoi tu cherches à en savoir à son sujet après tout ce temps ? » demanda Héraisty alors qu’il lui répondait presqu’aussitôt de manière honnête :

« Je voulais éviter que l’on tombe dessus par accident et qu’on lui fasse mal, beaucoup trop de mal. Je n’avais pas beaucoup apprécié ton traitement, personnellement. Et je sais qu’Elise n’aurait aucun problème à laisser s’échapper une flamme ou deux sur son corps « par inadvertance » si tu vois ce que je veux dire exactement. »

« Oui, oui, ne t’en fait pas, je n’ai pas besoin de plus de détails, hahaha. Ah… C’est gentil de votre part mais je pense que je peux gérer ce cas précis par moi-même. »

Elle avait rigolé légèrement mais il comprenait bien que le cas Jyanos lui tenait à coeur et pas forcément pour de bonnes raisons. Même si elle n’était pas spécialement violente ou revancharde, il sentait bien que s’il arrivait quelque chose à Jyanos, elle n’irait pas pleurer sur le cadavre de ce dernier.

Ah… Maintenant, avec cette marche et les retrouvailles, il devait quand même avouer quelque chose : il se sentait bien mieux dès l’instant où il ne devait pas rester en place. À force de voyager avec Elen et les autres, il avait pris goût au fait de se déplacer en continu. Oh, il n’était pas stupide, il ne devait pas se leurrer. Il savait bien qu’un jour ou l’autre, il lui faudra s’installer et ne plus réellement bouger de là… mais ce jour n’était pas encore arrivé. Il était jeune, il avait tellement de projets et avec les nombreux soucis qui pesaient sur ses épaules, faire comme si de rien n’était et les ignorer, cela ne mènerait à rien de bon.

Il se demandait juste ce qu’Elise et les autres étaient en train de faire. Envoyer du courrier aurait été une grosse erreur, surtout que beaucoup de démons seraient capables d’intercepter les lettres, c’est pourquoi il n’avait jamais envisagé cette possibilité. Oui, il fallait garder les idées claires dans sa tête.

« Je me demande seulement si Elise et les autres sont parmi ces groupes qui descendent dans les souterrains. »

Il se posait réellement la question. Si tel était le cas, il y avait peut-être une infime chance qu’il retrouve tout le monde. Oui… surtout Elen.

Chapitre 33 : Entre souterrain et surface

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 33 : Entre souterrain et surface

« Bon, j’ai eu les dernières recommandations de l’empereur. »

« Et qu’est-ce qu’il nous recommande alors, Tery ? »


Il était dans sa chambre avec Manelena. Maintenant qu’ils étaient certains de pouvoir repartir, le jeune homme semblait beaucoup mieux et ne s’en cachait pas. Grand sourire, il répondit sur un ton plus enjoué :

« Nous allons devoir tout simplement nous rendre aux différents étages sous la surface. Enfin, nous allons remonter et tenter de rencontrer un maximum de villages sur notre route. »

« Si nous ne pouvons pas avoir les nobles de notre côté, il vaut mieux alors tenter d’avoir d’abord le bas peuple, ceux qui composent la majorité du royaume. Oui, c’est une bonne idée. Même face à un soulèvement de foule, les nobles, qu’importe leurs races, sont bien obligés de se plier au peuple, même si cela finit souvent dans le sang. »

« Oui, enfin, si on peut éviter à ce stade, j’aimerais quand même. »

« Cela ne semble assez compromis. Mais d’abord, réussir à avoir un maximum de soutien de la part des citoyens des différentes villes mais aussi des plus petits villages, ce n’est pas une idée absurde. Simplement, avec une armée composée de démons de la capitale mais aussi de gens de la surface, il y a de fortes chances qu’ils aient peur de nous. »

« C’est pour cela qu’il faudra se montrer assez rassurant. Tu penses que c’est réalisable ? »

« Hmmm, si tu passes devant nous autres, j’imagine que oui. Tu as une tête qui aide naturellement à être sympathique envers toi. »

« Je ne sais pas comment je dois prendre ça. Comme un compliment ou non ? »

Il avait cligné des yeux tout en soupirant un petit peu. Ce n’était pas que ce n’était pas plaisant, loin de là. Mais pourtant, il avait la sensation qu’elle se moquait de lui, oh avec gentillesse mais quand même. Elle colla son front contre le sien avant de dire :

« Dis toi que tu as réussi à te mettre l’ex-maréchale de Shunter mais aussi l’actuelle reine de ce royaume dans ta poche. Puis aussi le roi de Traslord, la future princière héritière des démons et… diverses autres personnes. »

Hmm. Elle marquait un point. Enfin, c’était vrai qu’il avait été souvent bien entouré et que même pour les gnomolds, il avait aussi réussi à communiquer avec eux. Peut-être que sans « ses » crises, il était du genre à avoir des personnes auprès de lui aisément ?

« Bon… Ah… Manelena, est-ce que tu peux enfiler ta tenue d’avant ? Enfin, tu vois de laquelle je veux parler et non celle « d’avant » genre ce matin. »

Elle ne pouvait s’empêcher de sourire et de rire à la remarque de Tery. S’il était obligé de préciser une telle chose, c’est qu’elle connaissait parfaitement la raison. Il fallait dire qu’il était aisé de l’embarrasser au réveil.

« Je vois, je vois. Tu parles de ça, non ? »

Comme s’il n’avait fallut qu’un instant, la jeune femme se retrouva subitement recouverte d’une épaisse couche de métal noir. Cela faisait longtemps, vraiment très longtemps qu’il n’avait plus cette armure et il ne pouvait s’empêcher de dire :

« Je dois avouer que cela me manquait quand même un peu, sur le coup. »

« De te faire martyriser par une femme en armure ? Je note que tu as des fantasmes assez saugrenus, Tery. Je ne crois pas être capable de les apprécier à leur juste valeur. »

« Ce n’est pas une question de ça ! Pourquoi est-ce que tu rapportes toujours le tout à la chose ? C’est vraiment embarrassant à force ! »

« Eh bien, car je sais que c’est ainsi que je peux te faire mien ? »

HEIN ?! Il ne marchait pas de la sorte ! Enfin, non ! Pas qu’elle pense qu’il était juste ainsi et pas autrement ! C’était pas du tout le cas ! Il valait bien mieux que ça ! Pourquoi est-ce qu’elle s’imaginait des choses de la sorte !

« Eh bien, Tery. Allons-y maintenant, non ? Donnons à ces démons une raison de me craindre. Qu’ils voient ce que je suis réellement en fin de compte. »

« J’ai presque l’impression que tu es en colère, Manelena. »

« En colère ? Oh non, non, pas du tout. Simplement, ils vont avoir une mauvaise surprise s’ils décident de chercher à savoir qui est sous cette armure. »

« S’il te plaît, je ne veux pas que tu cherches à les tuer, d’accord ? »

« Oh, vu ce qu’ils ont tenté de me faire et ce qu’ils ont fait à d’autre, cela serait pourtant normal, non ? Tu ne crois pas ? »

« Non, s’il te plaît. Tu sais très bien que la vengeance n’emmène à rien de bon. J’en sais quelque chose moi aussi… et personne n’en ressortira gagnant. S’il te plaît. »

« Tu peux te répéter… et pff… tu sais très bien que je ne serais pas capable d’une telle chose. Mon but n’est pas de tout ravager. Disons simplement qu’ils ont laissé passer leur chance de régler ça calmement et posément. Ils sont les seuls responsables de cette situation et ça, ils vont devoir se l’inscrire dans le crâne pour plus tard. »

Le jeune homme aux cheveux bruns passa une main dans ces derniers, visiblement bien embêté. Mais bon, il n’était pas l’heure de trop tarder sur tout ça. Il prit simplement une profonde respiration avant de se mettre en route.

Ils avaient décidé de se réunir à l’extérieur de la Cité. Normalement, il avait indiqué une heure précise, même si malgré tout le temps passé, il avait beaucoup de mal à se dire s’il était en avance ou en retard. Heureusement, lorsqu’ils arrivèrent tous les deux, il n’y avait bien qu’Héraisty et Sigéla qui étaient présentes. Oui, il avait retenu son nom à force.

« Vous n’avez pas de soucis de votre côté ? »

« Pas vraiment, les gardes nous laissent passer assez souvent. Ils ont l’habitude que je fasse quelques excursions dans les alentours, hahaha ! »

« Tant mieux alors si tu n’as pas de soucis, je voudrais éviter que ça finisse mal ou autre. »

« Hmm ? Comment ça ? Je viens de te dire que tout allait bien, Tery. » vint reprendre Héraisty alors qu’il répondait presqu’aussitôt :

« Simplement que je n’ai pas confiance en grand monde dans la capitale et… »

« Les gardes sont plutôt sympathiques, tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet. Ils sont plus de notre côté que l’inverse si c’est vraiment ça qui t’inquiète. »

« Hmm ? Et qu’est-ce qui te fait dire ça exactement, Héraisty ? »

« Oh tout simplement ce que j’en sais hein ? Ou alors, juste qu’avec le temps, j’ai appris que les soldats étaient issus des castes des nobles des plus petites familles de la capitale, ce qui fait qu’ils n’ont pas la grosse tête ou autre. »

« Oui mais ça ne change pas qu’il y a un risque que pour avoir juste un peu plus de pouvoir, ils puissent prévenir des personnes mal-intentionnées de notre présence. »

« Je sais très bien que beaucoup sont quand même très problématiques mais là, Tery, faut quand même avouer que ça frôle la psychose. »

« Je sais parfaitement que j’ai un souci ! Pas besoin de me le dire ! C’est juste que… Enfin, c’est comme ça ! Je n’ai pas d’autres choix ! Je suis juste un peu fatigué ! »

« Espérons que ça ira mieux quand les autres seront là. »

La démone à lunettes avait juste soupiré légèrement. Sans être agacée par les propos de Tery, elle devait avouer que l’entendre se préoccuper de tout ce qui l’entourait, cela pouvait être épuisant mentalement. Heureusement, Manelena fit la conversation avec elle et Sigéla tandis que peu à peu, d’autres démons et surfaciens arrivaient.

« Est-ce que c’est moi ou alors, nous sommes un peu moins nombreux qu’auparavant ? »

« Certains ont eu des « soucis » comme… tu t’en rappelles. D’autres ont décidé de ne pas venir car ils ont obtenu une place plus importante dans leurs familles. Néanmoins, j’ai vérifié pour de nouveaux arrivants dans notre groupe. »

« Bon, avec ce que tu m’as dit, j’imagine que je dois te faire confiance donc je ne vais pas te demander d’où est-ce qu’ils viennent. Si tu es certaine qu’ils et elles sont sûrs, alors tant mieux. Mais maintenant, est-ce qu’ils sont au courant de notre mission ? Sans rentrer dans les détails, bien entendu. »

« Disons qu’ils sont au courant des grandes lignes, cela devrait être suffisant, non ? »

« Oui, enfin, pour ceux qui n’étaient pas là au tout début, oui, j’imagine que c’est suffisant. Mais maintenant, pour le reste, je ne suis pas vraiment certain, je dois avouer. »

« Ce n’est pas une question de certitude, Tery. Enfin bon, j’imagine que tout ça va revenir à la normale dans les prochaines heures ou jours. »

Manelena avait simplement haussé les épaules, comme pour signaler que maintenant, cela ne la concernait plus vraiment. Tery la regarda, baissant un peu les yeux ensuite. Il était content de reprendre l’aventure mais… est-ce que ça allait être suffisant ?

Peut-être tout simplement qu’il se faisait des illusions ? Pourquoi est-ce que maintenant, il ne se sentait plus assez rassuré ? Manelena se rapprocha de lui, posant une main gantelée de métal noir sur son crâne.

« Il faut que tu arrêtes de te malmener la cervelle, Tery, vraiment. »

« Je voudrais bien mais ce n’est pas aussi simple que ça et tu le sais parfaitement. »

« Oui, je le sais parfaitement et c’est pour ça que je te dis justement de ne pas t’en faire plus que nécessaire. On réglera ça comme il faut. »

Régler ça comme il le faut. À l’entendre, on pourrait croire qu’elle l’invitait à se battre dans un futur proche. Ce qui n’était pas du tout son intention, loin de là. Il eut une petite moue, pas vraiment boudeuse, en direction de Manelena mais hocha la tête quand même une nouvelle fois. Ils pouvaient se mettre en route après les dernières vérifications.


Oui, il observait les différentes personnes qui étaient présentes. Il reconnaissait les forgerons, les cuisiniers, les soldats, les éclaireurs, et tout le reste. Oui, il faisait juste un petit tour des environs pour être certain tandis qu’Héraisty marchait à ses côtés, bloc-notes dans ses mains. Tout sourire, elle disait :

« Je me doutais que tu voudrais en savoir plus, c’est pourquoi je suis là avec ce qu’il faut. TU veux donc un aperçu ou des détails de tout le monde ? »

« Un maximum si possible même si bon, je ne dois pas trop rêver, c’est ça ? »

« Tu fais bien de rêver et d’espérer car c’est pourtant le cas, Tery. J’ai déjà pas mal d’informations à ce sujet et plus de détails encore car je me doutais que tu aimerais en connaître bien plus sur les personnes qui t’entourent, hahaha ! »

« Qu’est-ce qui a de si drôle ? Tu peux me le dire ? »

« Rien du tout… mais le fait que tu t’emportes pour aussi peu, Tery, montre que ça n’a pas été une partie de plaisir, n’est-ce pas ? Ces dernières semaines. C’est ça. Je veux tenter de te faire sourire et rire, que tu ressembles plus au Tery que j’ai rencontré la première fois. Tu as remarqué que ça fait déjà pas mal de temps que tu es arrivé ici ? Est-ce que tu t’en es rendu compte ou pas ? «

« Oui, oui. Je me demande si je n’ai pas dépassé l’année depuis que je suis sous la surface. »

Et il voyait bien ce qu’elle tentait de faire. Oui, c’était très sympathique de sa part et… il devait aussi avouer que ça lui faisait du bien de voir tout le monde réuni à nouveau ou presque. Même si cela n’avait duré quelques semaines, certains étaient morts, d’autres avaient décidé de rester dans leurs familles respectives. C’était plus que compréhensible. Mais de nouvelles personnes, cela voulait dire de nouvelles rencontres, non ?

Oui, ça ne sera pas une mauvaise chose. Il en est certain. Il devait penser de la sorte et tout ira pour le mieux ensuite. Un petit sourire vint enfin se dessiner sur ses lèvres avant qu’il ne passe une main sur les cheveux d’Héraisty, lui disant :

« J’aurai le temps de faire bien plus connaissance pendant les repas et autres. »

« Tu vois ? Ça va mieux non ? Quand tu te mets à positiver, tu ne crois pas ? »

« Je ne sais pas si ça sera aussi simple que de « positiver » mais on va essayer, hein ? Qu’est-ce que j’ai réellement à perdre à ce sujet ? »

« Pas grand-chose si tu veux tout savoir, hahaha ! »

Et elle rigolait à nouveau, lui-même faisant juste une petite moue amusée. Oui, c’était ainsi et pas autrement, n’est-ce pas ? Il avait juste un léger sourire aux lèvres, comme elle tandis qu’ils étaient l’heure de s’éloigner de la capitale. Aussitôt, Manelena se plaça à côté de lui, dans son armure complète qui cachait même sa tête via le casque.

« Manelena, qu’est-ce que tu en penses ? On tente tout de suite de faire ami-ami avec les premiers villages que nous trouverons ? Ou alors, on monte et on tentera une communication avec ceux proches de la surface ? »

« Si on veut des résultats immédiats, le plus tôt serait le mieux. Mais je penche plus pour le second point, cela me semble meilleur pour nos troupes. »

« C’est aussi ce que j’envisageais. Tant mieux alors, au moins, je ne vais pas faire n’importe quoi. J’ai l’impression d’avoir perdu la main. »

« Ou plutôt la confiance en soi, non ? Car de ce que j’en pense, tu te débrouilles plutôt bien pour le moment. Il n’y a rien à te reprocher, loin de là. »

Ah ! Elle pouvait le complimenter elle aussi, il allait prendre ces compliments avec le sourire. Oui, il était content de voir que les gens appréciaient quand même son travail, dans tous les cas. Oui… C’était comme ça qu’il devait voir les choses.

Le plus important, c’est qu’il n’avait aucune voix dans sa tête qui lui disait s’il commettait une erreur ou non. Ou alors de tout simplement tout ravager. Vraiment… Dire qu’il était issu du Dévoreur. Comment est-ce que… sa mère allait prendre cette nouvelle ? Non, peut-être ne rien lui dire. Parfois, ne pas savoir est la meilleure chose qui peut arriver.

Oui… Il allait garder cela secret. Déjà le fait qu’il soit un démon avait sûrement perturbé plus que nécessaire sa mère, si on rajoutait le fait que son père était un vrai lâche qui avait abandonné son enfant, mais aussi que c’était aussi un démon, comme lui…

« Ça en fait beaucoup pour une femme de son âge. » dit-il à voix basse mais pas assez faiblement pour que Manelena ne puisse pas l’entendre.

« De quelle femme est-ce que tu parles, Tery ? Fais quand même très attention à ce que tu risques de dire, je ne voudrais pas que tu le regrettes plus tard. »

« Je pensais à ma mère et ça m’apprendra à parler à voix haute. Je me disais simplement qu’entre le fait que je sois un démon, que mon père a été un traître, un lâche, un démon et tout plein de choses mais aussi le fait que je sois le fruit d’une expérience souterrain douteuse et qu’en réalité, je suis issu de « lui », cela ferait beaucoup pour elle. C’est pour ça que je me dis qu’il vaudrait mieux pour moi que j’évite de lui en parler. »

« Ta mère n’est pas si vieille que ça. Elle ne doit même pas avoir la cinquantaine. Peut-être la quarantaine bien avancée, non ? Mais tu aimes bien la titiller, non ? »

« C’est ma mère et disons qu’elle n’a pas été des plus tendres avec moi. Mais bon, en même temps, je sais parfaitement qu’elle faisait tout cela pour moi. Je ne peux pas lui en vouloir non plus… et elle manque énormément. »

« C’est une sacrée femme quand même. Je veux dire, entre son tempérament mais aussi son histoire, j’en connais pas tellement qui seraient capables d’agir comme elle et d’oublier complètement son titre de noblesse en faisant comme si de rien n’était. »

« Elle me fait quand même penser à toi, en un sens. Tu en as rien à faire de ton titre de reine de Shunter et du reste. »

« Hmm ? Est-ce que tu insinues donc qu’en un sens, je suis déjà de ta famille, Tery ? »

« Je n’ai jamais dit ça ! Enfin, pas de la sorte ! Simplement que je peux comprendre pourquoi est-ce que tu t’entends si bien avec elle, c’est tout. »

Elle s’empêcha de lui signaler qu’il fallait bien être une forte tête avec un type comme lui. Puis bon, il ne pouvait pas voir le sourire qu’elle arborait sous son casque. Oui, elle allait juste rester discrète sur le coup même si elle trépignait presque de continuer la conversation.

Elle le sentait : il y avait beaucoup de changements en elle depuis qu’ils avaient vécu ensemble dans la capitale démoniaque. Elle ne pouvait pas ignorer tout cela, que ça soit son propre comportement, sa relation avec Tery, ce qui s’était passé, les changements et autres.

« Tery, au cas où, si tu as une crise, je veux que tu viennes me chercher, d’accord ? »

« Normalement, si nous nous éloignons de la capitale, c’est justement pour éviter que ça n’arrive, non ? Ou alors, j’ai mal compris la raison cachée de tout ça. »

« Non, non, c’est exact. Simplement, je veux que tu me préviennes le plus rapidement possible même si ce n’est que le moindre petit message mental, compris ? »

« D’accord, d’accord, Manelena. Je ne savais pas que tu te préoccupais autant de ma… AIE ! Là, ça fait mal, Manelena ! » s’exclama t-il en ayant pris un coup sur le dos du crâne.

« C’est pour t’apprendre à dire une aussi grosse stupidité. Tu ne devrais même pas mettre en doute le fait que je veux veiller sur toi. »

Peut-être que c’était tout simplement parce qu’il voulait éviter de se dire qu’ils s’étaient rapprochés plus que la moyenne. Oui, il y avait eu des scènes assez violentes mais charnelles aussi. Et c’était ces dernières qui revenaient souvent dans sa mémoire.

En même temps, comment pouvait-il ignorer le corps somptueux de la femme dans cette épaisse armure noire ? Combien de fois l’avait-il vu sans aucun habit pour le recouvrir ? Combien de fois s’était-il imaginé des choses plus que perverses entre Manelena et lui ? Avant même que tout cela ne se produise ? Lorsqu’ils voyageaient dans le monde souterrain ? Mais aussi bien avant, alors même qu’il était avec Elen.

Le fait qu’il soit un homme et que ça soit « normal » de penser ça, ça ne pardonnait pas sa conduite. Lorsqu’il allait retrouver Elen, il allait devoir s’expliquer à ce sujet. Lui faire face et lui dire. Il y avait peut-être des raisons à sa conduite mais ce qui avait été fait avait été fait. Et si elle ne voulait plus de lui, il comprendrait amplement sa réaction.


Oui, il devait envisager le pire en vue de la situation actuelle. Mais en même temps, ils étaient encore loin de retrouver Elen et les autres. D’un autre côté, il avait aussi un enfant avec elle bien qu’il n’avait pas réellement pu en profiter.

Et voilà. Dès qu’il ne parlait pas avec quelqu’un, ses pensées l’envahissaient trop rapidement et de telle façon qu’il avait alors l’impression que sa tête allait exploser. Il savait bien que ce n’était pas le cas mais quand même, il devait trouver un sujet de conversation.

« Manelena, dis-moi, qu’est-ce que tu comptes faire quand nous allons retrouver les autres ? Si du moins, nous les retrouvons. Je suis en train de me dire : tu as été absente pendant si longtemps à ton poste de reine de Shunter. Tu ne crois pas que cela risque de te porter préjudice ? Ou même que ton pouvoir risque de s’amoindrir ? »

« Hmm ? Non, ça ne m trotte pas plus que ça en tête. Hémurion fait du très bon travail et a souvent montré qu’il pouvait me remplacer. Dans les faits, je crois que je pars peu à peu vers un système comme celui de Traslord. Quand nous retrouverons Royan et les autres, je crois que je vais avoir une petite discussion avec lui. »

« Tu penses que c’est le meilleur choix à faire ? »

« Hmm, le meilleur, je ne sais pas mais je sais au moins que ça serait une bonne solution pour éviter que les erreurs du passé ne se reproduisent. »

Les erreurs du passé. Oui, elle aussi avait eu un père pas forcément formidable. Si des gens s’étaient opposés à ses idées et avaient surtout eu les capacités pour cela, toute cette histoire ne se serait jamais produite.

Pour autant, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que si tel avait été le cas, elle n’aurait alors jamais connu Tery et vécu toutes ces choses. Alors oui, elle était satisfaite de la tournure actuellement des évènements et ne regrettait rien du tout. Oui, si elle devait faire se reproduire cela, ça serait sans aucune hésitation.

Chapitre 32 : Une nouvelle chance

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 32 : Une nouvelle chance

« Manelena ? Est-ce que… J’ai dormi correctement cette nuit ? »

Il s’était réveillé après elle et clairement, il était plus que soucieux. Oh, elle avait encore dormi avec lui, poitrine nue, sans aucune vergogne maintenant. Et lui-même s’était niché contre ses seins, comme pour se sentir apaisé. Cette nuit, il avait normalement dormi comme si de rien n’était mais vu que ce rien n’était… était justement plus problématique que prévu, il préférait se renseigner auprès de la jeune femme.

« C’est le cas, Tery. Tu n’as causé aucun problème ou dégâts. Est-ce que tu te sens un peu soulagé quand même ou non ? »

« Je ne suis pas certain de réellement l’être, je dois avouer mais… Merci, Manelena. Mais pourquoi tu es dans cette tenue ? Normalement, tu te couvres tout le temps en haut. »

« Hmm ? Oh… J’ai l’impression que cela te permet de mieux dormir. Tu n’aimes pas ? »

Encore une voix, elle employait un ton légèrement mutin, comme pour l’inviter à se laisser aller même si elle savait qu’il ne ferait rien. D’ailleurs, elle ne faisait que parler mais elle avait déjà tendu sa main pour enfiler à nouveau ses « guenilles » d’esclave.

« Est-ce que ma tenue est convenable pour le sieur Tery, maintenant ? »

« Merci bien, mademoiselle Manelena, des efforts que vous produisez à mon encontre. Ils sont notés et nous respectons vos choix. »

Puisqu’elle jouait à ça, ils pouvaient être alors deux, non ? Il avait simplement fait un petit sourire à son tour. Il se sentait mieux par rapport à hier, il devait l’avouer, beaucoup mieux même. Hmm… Il espérait que ça allait durer car sinon, il allait replonger dans la morosité et il savait bien que ça ne donnerait que du mauvais.

Heureusement le petit-déjeuner était plus tranquille qu’il ne le pensait et il appréciait le fait de manger sans avoir à se soucier de ce qui l’entourait. Dans tous les cas, la matinée se passa plus agréablement qu’il ne le pensait et il se sentait enfin un peu soulagé de voir qu’il avait déjà plus ou moins tiré un trait sur ce qui s’était passé hier.

Mais non, il savait tout aussi bien que ça ne serait pas aussi facile, surtout que le monarque avait encore demandé à les voir, lui et Manelena. Est-ce qu’ils allaient reparler du projet d’hier ? De retourner à la surface ? Il n’allait pas tarder à le connaître, Manelena aussi.

« Empereur Malark. Vous désiriez me voir aujourd’hui encore ? »

« C’est exact, Tery. Cette nuit a été bien plus tranquille, de ce que les gardes et servants ont pu me signaler. C’est une bonne chose. Est-ce que cela veut dire que ça ne va plus te reprendre ? Ou est-ce que tu entends encore sa voix ? »

« Pour le moment, ce sont plus quelques murmures et ils sont très rares. C’est à peine si ce sont des souffles incompréhensibles et dans tous les cas, je ne vais pas m’en plaindre. Mais voilà, vous savez tout à mon sujet, encore une fois. »

Il ne tentait même pas de cacher un peu son animosité. Il avait la sensation d’être pris pour un idiot de la part du monarque même s’il tentait de le cacher. Pour l’occasion, il continuait de le regarder avec ses yeux verts, attendant de voir ce qu’il allait dire.

« Bien… Donc prendre le large te permettra d’éviter que cela ne recommence. »

« Et donc, est-ce que cela a un rapport avec ce que vous voulez que l’on fasse ? Enfin, retourner à la surface et tout le reste ? Car bon… Ces dernières tentatives… »

« Je sais parfaitement ce qu’elles ont donné mais pourtant, je veux vous laisser la possibilité de vous rattraper, encore une fois et encore une fois. »

Il venait de se répéter exprès pour souligner le léger agacement qui l’animait quand il entendait la discussion. Pour autant, comme c’était lui qui avait lancé les hostilités et il repit la parole sur un ton assez came :

« Cela n’a pas changé ce pour quoi je veux vous envoyer à la surface. »

« Nous retrouverons Elise, Wandy et Zalek, soyez en certain. »

« Je veux être plus que certain par rapport aux évènements, vous comprenez que je commence à être lassé, non ? Si vous comprenez cela alors nous pouvons envisager que tout se passe pour le mieux, n’est-ce pas ? »

« Oui, oui, ne vous inquiétez donc pas à ce sujet. » répéta le jeune homme d’un air machinal. Peut-être que dans le fond, il était vraiment lassé de tout ça ? Et qu’il ne cherchait même plus à s’en cacher ? Oui, c’était sûrement ça.

Pour autant, il n’allait pas chercher la confrontation directe avec le monarque car ce n’était pas contre lui qu’il en avait sur le coeur mais simplement les règles démoniaques. Et aussi en bonne partie contre lui-même… à cause de ce qui s’était passé.

« Quand est-ce que nous devons partir ? » demanda une nouvelle fois Tery alors qu’il attendait la réponse de l’empereur qui fût plus rapide qu’il ne le pensait.

« Le plus tôt sera le mieux. D’ici une semaine au grand maximum, vous devez être à nouveau hors de la capitale. Cela te semble possible ? »

« Je ne dis pas que je ne vais pas y arriver mais comme je ne connais pas le nom de toutes les personnes qui étaient avec moi, je vais devoir d’abord me renseigner à ce sujet. Est-ce que je suis autorisé à utiliser les registres et autres pour me faciliter la tâche ? »

« Tu le peux mais… Tery Vanian, je veux que tu comprennes parfaitement la situation : Elise est vitale pour l’avenir des démons. Le reste de sa fratrie est bien moindre et… »

« Wandy et Zalex ne sont encore que des enfants. Ils n’ont pas été souillé par les idées absurdes de leurs aînés. Ne les mettez pas dans le même panier que les autres… s’il vous plaît, empereur Malark. » demanda Tery alors qu’il savait pertinemment qu’il venait de couper la parole au monarque et cela sans aucune réticence.

Il sentit une main se placer discrètement sur son dos, Manelena ayant fait cela malgré ses difficultés à se mouvoir correctement avec ses chaînes aux pieds. Pour autant, elle avait juste un petit sourire alors qu’il tentait de garder ses yeux posés sur l’empereur qui ne s’était pas attendu à se voir coupé la parole par Tery.

« C’est vrai. Ces deux enfants… sont issus de la même mère, une mère qui comme les autres, pensait ensuite qu’il serait aisé pour elle de me manipuler. Une mère maintenant morte car on ne tente pas de jouer avec ma personne. »

« Ce que leur mère a fait ne doit pas se reporter sur eux. Est-ce qu’ils sont au courant de ce qui est arrivé à leur mère ? »

« Bien entendu. Comme Halyza et Haiktos. Ils sont au courant des petites manigances des nobles et des personnes qui me sont proches. Ils sont au courant du devenir de ces êtres lorsque le piège se referme sur leurs corps. Ils sont au courant de ce qui est arrivé à Lylé. Dis-moi, Tery, est-ce que tu me trouves cruel envers mes enfants ? »

Le jeune homme cornu cligna des yeux pendant quelques secondes, se demandant s’il avait rêvé ou non. L’Empereur Malark venait de lui poser une question, non ? Mais surtout, une des plus étranges. Pourquoi ? Puis ses yeux regardèrent brièvement Manelena comme s’il savait que ce qu’il allait dire risquerait de la brusquer un peu.

« Pas plus que d’autres monarques ou chef de famille noble. Tout cela pour atteindre simplement la perfection ou alors leurs objectifs, certains n’hésitent pas à éliminer ceux qu’ils considèrent comme dissidents ou problématiques. »

« Hum. C’est une réponse étrange venant de toi mais il semblerait qu’elle soit biaisée à cause de certaines relations et histoires passées. Qu’importe… Tout cela pour te dire qu’Elise est spéciale à mes yeux car elle n’a pas été élevée comme une démone tout en étant pour autant la moitié de l’un. »

« Oui… Et vous considérez qu’avec elle, il serait possible pour les démons de partir vers une nouvelle ère où ils seront en paix avec les surfaciens. »

« Dans les faits, cela ressemble plus ou moins à l’idée que j’avais en tête, c’est exact. »

« Je pense vraiment qu’Elise n’est pas intéressée par cette idée. Du moins, pour maintenant. Peut-être que si vous attendez quelques années, et surtout que les Démons se retrouvent plus enclins à accepter la présence des surfaciens… »

« Pour cela, il faudrait qu’elle revienne et qu’elle soit présente en ces lieux. Comme son jeune frère et sa jeune sœur même… »

« Même si nous savons parfaitement qu’avec le fait qu’elle risque sa vie chaque jour et à chaque tournant dans une ruelle, ce n’est pas vraiment le lieu propice pour lui permettre d’apprécier les démons. Il faut combattre le mal à la racine et malheureusement, cela ne peut pas se faire en quelques jours. » coupa à son tour Manelena, sans aucune inquiétude dans sa voix malgré le fait qu’elle soit enchaînée aux pieds et qu’elle s’adressait au monarque comme s’il s’agissait simplement d’un être comme les autres.

« C’est ce à quoi je travaille actuellement. Pendant que vous serez partis, il se peut que je garde quelques surfaciens avec moi dans les environs. Je vais « parader » dans les rues de la capitale avec ces derniers pour que les gens de cet endroit comprennent l’importance de la présence des surfaciens pour nous autres. »

« Parader donne plus l’impression que vous voulez les afficher comme de vulgaires bêtes de foire. Je ne suis pas certaine que ça soit la bonne méthode. »

« Non, je veux qu’ils se présentent aux démons et expliquent ce qu’ils font à la surface, quelles sont leurs idées, projets, inventions, sujets de discussion, leurs histoires et autres. C’est d’ailleurs pour cela qu’il serait intéressant que tu restes ici bas, jeune reine de Shunter. Tu as toutes les qualités nécessaires et requises pour cette tâche. »

« … … … Hein ? » déclara Manelena, prise à défaut par la remarque de l’empereur, Tery ayant la bouche ouverte en se demandant plus ou moins exactement ce qui venait de se passer. Est-ce qu’il avait bien entendu le monarque ou… ?

« Tes connaissances, ton arrogance, ta force personnelle, toutes ces choses seraient autant d’atouts dans mes manches que d’idées qui pourraient s’inscrire dans le coeur des démons. »

« Non merci. » répondit aussitôt la femme aux cheveux argentés après avoir attendu que l’empereur termine de parler. « Je ne suis pas intéressée par la proposition. Il y en aura d’autres, sûrement pas aussi bien que moi, mais qui pourraient avoir envie d’une telle chose. Ce n’est pas mon cas, hey. »

Et elle disait cela sans aucune arrogance ou hésitation. Elle était maintenant droite et fière, bien loin des guenilles qu’elle portait comme habits et surtout de « son rôle » ici bas.

« De toute façon, que vous me posiez la question montrait par là que vous saviez parfaitement quelle serait ma réponse, non ? »

« Si on n’essaie pas, on ne peut pas obtenir de résultats. » répliqua alors l’empereur en poussant un petit soupir bien qu’il semblait dissimuler un sourire dessous.

« Attention quand même aux différents tests. Des fois, même essayer n’est pas forcément une bonne chose. Les jeunes fous qui tentent de sauter d’un pont en pensant que c’est une bonne idée, ils peuvent être assez nombreux, ce n’est pas pour ça qu’il faut approuver leurs actes. Enfin bon, c’est dommage mais je préfère repartir à la surface et… »

« Rester un maximum avec Tery Vanian. » coupa doucement alors l’empereur Malark.

« Cela va de soi. La question ne devrait même plus se poser à force. »

Oui, s’il avait pensé réussir à la gêner, il se trompait lourdement. Elle était plus que préparée à réagir ainsi et même, elle osait lui tenir tête pour bien montrer que ça n’allait pas marcher comme méthode avec elle. Il se trompait salement et lourdement à son sujet. Il allait au devant de grosses déceptions d’ailleurs !

« Tery Vanian, je vais te laisser préparer ce qu’il faut pour ton voyage. »

« Bien, empereur Malark, pouvons-nous nous retirer ? »

« Vous le pouvez. Ne vous présentez plus à moi sans la présence de mes enfants dorénavant. Je ne peux que vous souhaiter de réussir dans cette entreprise alors. »

Tery s’inclina respectueusement devant le monarque, Manelena attendant quelques secondes avant de finalement faire de même de son côté. Sans vouloir lui tenir tête, c’était simplement une habitude qu’elle ne possédait pas encore et surtout qui n’était pas réellement relié à son rôle à la surface.

Et maintenant ? Ils étaient retourné dans la chambre, Tery préparant déjà quelques affaires, comme s’il s’apprêtait à partir le plus vite possible du château mais aussi de la capitale démoniaque. Manelena, assise sur le lit, le regardait faire, tout sourire.

« Tu es si pressé que ça de quitter cet endroit, Tery ? »

« Disons que le plus tôt sera le mieux non ? On a une raison officielle de quitter cet endroit, il vaut mieux alors ne pas trop tarder. On va aller retrouver Héraisty et lui dire de se préparer elle aussi. Et puis, je dois aussi voir la liste des personnes qui étaient avec nous et tout le reste. Cela va prendre pas mal de temps. »

« Tu es donc bien pressé. Ah… C’est presque dommage que tu veuilles tant quitter cet endroit. Je trouve cela assez désolant. »

« Je ne sais même pas si tu tentes de plaisanter ou si tu te moques de moi ou non. Mais dans tous les cas, tu ferais mieux de te préparer aussi vu que tu vas m’accompagner. »

« J’imagine que je n’ai pas mon mot à dire. Je suis à tes ordres, oh mon seigneur et maître. »
Franchement, il ne trouvait pas cela très drôle et ça ne serait pas la première fois qu’il lui ferait une telle remarque à ce sujet. Mais qu’importe ! Concentré sur sa tâche actuelle, il préférait faire comme si de rien n’était, se focalisant juste sur le fait de bientôt partir.

Cela lui avait pris ensuite toute la journée mais en parlant avec Héraisty, il en avait été presque à embrasser ses joues maintes fois car la jeune femme, grâce à son travail et surtout ses habitudes, avait déjà une bonne idée de la liste des membres de la précédente expédition. Ainsi, il n’avait rien à craindre et il pouvait alors compter sur elle.

Manelena semblait alors assez boudeuse mais qu’il n’expliquait pas son comportement. Trop concentré à cela, il s’était alors retrouvé assis devant son bureau avec de nombreux papiers disposés devant lui, des écrits de la part d’Héraisty, contenant de nombreux noms mais aussi leurs capacités et autres.

« Vraiment, quelle femme formidable. C’est pour ça qu’il faut absolument que les surfaciens et les démons puissent s’entendre. On loupe des choses vraiment très importantes si on décide de les ignorer ou même de les combattre. »

« Hmm, hmm… Et j’imagine que tu vas continuer à parler d’elle sans t’interrompre, c’est bien ça ? Tu me dis quand tu en seras lassé hein ? »

« Qu’est-ce que tu racontes donc par là ? Je peux savoir ce qui te prend exactement ? »

« Rien, rien. Juste que tu es en train de baver ou presque devant elle juste parce qu’elle a une bonne mémoire, rien de plus. »

« Ce n’est pas une question de baver ou autre. Simplement de reconnaître les efforts qu’elle a commis pour arriver à tout ça. »

Et voilà que Manelena émettait juste un léger grognement. Vraiment ? Il n’était pas stupide. Il savait qu’elle était jalouse… sauf que c’était de la jalousie pour des stupidités. Elle valait bien mieux que ça non ? Pourquoi alors perdre son temps à se comporter de la sorte ?

« Manelena, tu sais très bien qu’il n’y a rien entre moi et Héraisty. Te comporter comme une enfant est indigne de ton rang. »

« La dignité de mon rang, elle a bon dos, ma dignité, hein ? Enfin bref, ouais, je le sais très bien même si cela m’embête pas mal. »

Au moins, elle confirmait qu’elle avait aussi des accès de jalousie complètement ridicules. Mais il n’allait pas la juger et pour une seule et bonne raison : Elen n’avait pas fait mieux auparavant. Enfin, il pensait cela… mais Elen lui manquait terriblement. Et pourtant, à côté, il couchait avec une autre femme, pas n’importe laquelle, pas une simple connaissance mais… une véritable amie commune.

« Hmm ? C’est quoi ce visage torturé par les remords ? »

« Rien du tout, Manelena. Pendant que tu exprimais ta jalousie, je me suis simplement rappelé qu’Elen faisait de même de son côté, ce qui expliquait pourquoi je voulais éviter… de me sentir beaucoup trop proche d’elle. »

« Avec une gosse entre vous deux, on va dire que la « distance » s’est grandement réduite hein ? Donc bon, le truc des remords, j’ai du mal à y croire à force. »

« Ce n’est pas une question d’y croire ou non, loin de là.  Mais bon, avec tout ça, les préparations vont prendre beaucoup de moins de temps que ça. »

Et c’était pour ça qu’il se concentrait à fond sur son objectif. D’ailleurs, il avait presque totalement ignoré Malenela pour le reste de la soirée et lorsqu’il avait enfin levé le nez des feuilles, il était maintenant vraiment tard, non ?

« Pfiou… Je n’arrive pas à le croire que j’ai bossé toute la soirée. »

Ce n’était pas dans ses habitudes de « travailler » de la sorte mais il n’exprimait pas vraiment de fatigue. Non, il avait la sensation que si un jour, il devait retourner à la surface et travailler dans la bibliothèque de ses grands parents, cela serait son lot quotidien.

« Hmm… Et Manelena qui doit me tirer la tronche. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? »

Il rigolait, il rigolait mais… s’il n’arrivait pas à retourner à la surface, est-ce qu’elle…

« Qu’est-ce que je vais m’imaginer ? »

C’était tout simplement ridicule. Il valait mieux qu’il aille se coucher. Envisager une vie sous la surface, avec Manelena à son service, ce n’était pas sain, pas du tout. C’était même assez sinistre que de chercher à espérer que Manelena reste ainsi et se soumette à lui de la sorte.

Allant se placer à côté de la jeune femme, il ne pouvait s’empêcher de sourire. Elle était si belle et si magnifique, c’était une aberration que de la considérer comme une simple esclave par une bande de démons arrogants.

Il vint alors tout simplement placer ses bras autour d’elle, l’invitant à se rapprocher de lui. Il n’était pas certain qu’elle puisse vraiment réagir mais qu’importe, il allait la garder contre son coeur pour aller trouver le sommeil.

Un sommeil qui ne tarda pas du tout à se montrer, contrairement à ce qu’il pensait. Lorsqu’il avait finit par s’endormir, il avait senti que Manelena bougeait légèrement, comme si elle s’était réveillée depuis déjà quelques instants.

Le lendemain matin, il avait peut-être dormi plus que nécessaire, sûrement à cause de la fatigue car il n’avait pas réussi à bouger du lit. C’est en ouvrant les yeux sur le corps de Manelena, à peine recouvert de tissu, qu’il comprenait qu’il avait encore une fois dormi dans ses bras. Grâce à elle, il reconnaissait amplement qu’il dormait beaucoup mieux maintenant.

Il serait de toute façon assez stupide que de prétendre qu’elle n’était en rien responsable de son état actuel. Oui, elle était responsable de ses nuits paisibles et ça, il n’allait pas l’oublier. Cherchant à se débattre pour quitter ses bras, il avait alors la surprise de voir qu’elle le tenait contre elle plus que la normale.

« Manelena, est-ce que par hasard, tu serais réveillée ? »

« Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler exactement. »

« Bon, je viens d’avoir la réponse à ma question, il semblerait que tu le sois. Ah… Est-ce que tu veux bien me relâcher ? Nous avons du travial, toi et moi. »

« Je ne sais pas de quoi tu veux parler, Tery mais bon… C’est si mauvais dans mes bras ? »

« Ce n’est pas du tout le sujet, loin de là et tu le sais très bien. Ah… Est-ce que tu vas bien, Manelena ? Tu as bien dormi ? »

« Comme un loir. Par contre, pour la fenêtre, j’espère vraiment que le sort d’invisibilité est présent ici. Pour le son, on avait fait encore quelques tests donc ça devrait aller. »

« Je pense pouvoir faire confiance à l’empereur. Si cela n’avait pas été le cas, nous aurions eu de nouveaux assassins sur le dos. »

Oui. Il préférait être franc. Mais en même temps, ce n’était peut-être plus l’heure de s’inquiéter non ? Surtout en vue de ce qui s’était passé. Il imaginait que personne n’osait s’approcher de la chambre… depuis l’incident qu’il avait causé.

Chapitre 31 : Une mauvaise nuit

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Troisième axe : Des êtres maudits

Chapitre 31 : Une mauvaise nuit

« Qu’est-ce qui s’est passé ici ? »

C’était la première remarque qu’il se fit en voyant le lit et la chambre dans laquelle lui et Manelena dormaient. Le lit avait été ravagé, des déchirures étaient visibles sur les draps, des coups de griffe dans le bois des meubles et que dire des pierres ! Même ces dernières arboraient des fissures, signe d’un combat dantesque.

Et parmi tout ça, dans le lit, il y avait une femme aux cheveux argentés. Nue comme le jour de sa naissance, sa longue chevelure cachait sa poitrine généreuse. Elle avait quelques marques sur les bras et le ventre. Il ne voyait pas les cuisses mais il se disait aisément que ça devait être le même résultat.

Il n’osait pas la réveiller. Il essayait de se rappeler d’hier soir. Il n’avait pas bu. Il en était certain. Et même en buvant, il ne se serait jamais comporté de la sorte. Il y avait sûrement une autre explication. Plus raisonnable, plus logique, plus… normale, hein ? Mais est-ce qu’il allait la trouver ? Il se tourna enfin vers Manelena, posant doucement une main sur son bras avant de sentir qu’elle était collante.

Comme si de la sueur avait perlé sur son être après une série d’incroyables efforts. Mais… qu’est-ce qui s’était vraiment passé ? Il attendait qu’elle se réveille mais elle ne bougeait pas. Par contre, il pouvait voir qu’elle respirait et intérieurement, il était soulagé. Non pas que ça soit étrange mais… s’il était arrivé quelque chose de dramatique ?

« Manelena ? Manelena ? Est-ce que tu veux bien te réveiller s’il te plaît ? »

Il allait devoir obtenir quelques réponses mais Manelena semblait heureuse d’après le sourire qu’elle avait aux lèvres. Vraiment ? Elle appréciait cet instant ? Pas lui de son côté ! Il eut un léger haut le coeur, espérant qu’elle allait finir par ouvrir les yeux.

« Enfin… Pfiou… J’ai eu peur, Manelena. Dis-moi, qu’est-ce qui… »

« Hmm ? Tu sais, tu n’es pas obligé de me réveiller, Tery. Avec ce que tu m’as fait hier, je crois bien avoir le droit de me reposer, non ? Et tu pourrais me dire bonjour, d’ailleurs. »

« Bonjour Manelena. Et qu’est-ce que tu veux dire parce que je t’ai fait ? »

Il avait peur de connaître la réponse. Il n’y avait pas cinquante mille réponses à sa question, surtout avec deux corps nus dans un lit… mais il avait l’impression que des sauvages étaient venus dans la chambre pour la mettre sans dessus-dessous.

« C’est vrai que tu en as aucune idée, hein ? »

« Est-ce que… tu veux dire que j’ai… comme la dernière fois ? » demanda t-il en baissant les yeux mais elle hocha la tête négativement, se mettant assis, ramenant la couverture à hauteur de sa poitrine pour se couvrir. Il déglutit, n’osant pas vraiment la regarder alors qu’elle était dans une tenue des plus aguicheuses alias aucune.

« Pas vraiment. La dernière fois, tu faisais plus ou moins… enfin, tu vois ce que je veux dire. Là, je crois que tu as commencé à vraiment perdre les pédales. »

Il la regardait avec effarement, cherchant à voir si elle plaisantait ou non. Mais d’après le petit sourire triste qu’elle lui lançait, elle n’était pas d’humeur à lui mentir. Il cligna des yeux avant de bredouiller :

« Perdre les pédales… à quel point ? »

« Disons que tu peux le voir de tes propres yeux mais… ne t’en fait pas. J’ai réussi à te faire te focaliser sur moi pour que tu… décharges tout ce que tu avais comme ressentiment. »

« Est-ce que toi… et moi… nous avons… » demanda t-il encore une fois alors qu’elle se débarrassait de la couverture, laissant paraître les résultats de cette nuit sans équivoque.

« J’imagine que cela répond à ta question. Tu sais, j’avoue que je suis un peu… rustre avec toi mais des fois, la douceur ne me ferait pas de mal aussi hein ? »

« AAAAAH ! S’il te plaît, ce n’était pas ainsi ! Tu sais parfaitement que… enfin, je ne voulais pas… enfin que je ne ferais jamais… enfin, tu sais ! »

« Enfin, s’il fallait encore une preuve pour ces idiots de démons, je crois que tu viens de leur en donner une. Bon, j’avoue que je me demande comment tu vas expliquer ça. Car dans les faits, ça fait deux chambres ravagées en quelques semaines. »

« Je ne sais pas ce que je vais réussir à leur dire mais je vais finir par trouver. Dis moi, est-ce que je t’ai blessée ou… »

« En fait, c’est assez compliqué. Tu peux t’asseoir à côté de moi hein ? Tu vas attraper froid. Tu portes autant de vêtements que moi. »

Mais elle n’en… AH ! Lui non plus, oui ! Il ramena bien vite la couverture déchirée en de nombreux endroits sur eux. Quel idiot quand même. Mais… Elle ne semblait pas mal le prendre. Est-ce qu’elle allait bien donc ?

« C’était étrange. Tu avais envie de tout détruire mais en même temps de me protéger. Tu disais que j’étais la personne la plus importante à tes yeux mais en même temps, tu étais dans un tel état de rage et de colère que tu me faisais mal. Mais dès que tu voyais que tu me blessais, tu étais capable de me soigner et cela malgré le fait que tu ne possèdes pas les lignes de Zélisia. C’était assez perturbant. »

« D’a… D’accord. Donc, tu es certaine que tu n’as rien ? »

« Tu peux venir vérifier, si tu le veux. » répliqua Manelena avant de descendre à nouveau la couverture. Mais elle ne s’attendait pas à ce que le jeune homme se mette en action et se rapproche d’elle, l’auscultant de haut en bas, de bras en bras, son visage, ses joues, sa… poitrine. Prise en défaut, elle remonta bien vite la couverture avant de dire : « On va éviter le reste. Tu devras juste me croire sur parole, compris ? »

« Je pense que c’est la seule chose que je peux faire à l’heure actuelle. Il faut te laver. Enfin, c’est ce qu’il faut faire, et vite fait. »

« C’est vrai que je dois encore continuer à jouer ce rôle. Bon, eh bien, comment vas t-on faire ? S’habiller normalement et on demandera des bains spécifiques ? »

« Héhéhé, c’est à toi de voir ! Ce n’est pas moi qui a fait tout ça hein, »

Elle en rigolait mais lui-même était très sérieux dans sa démarche. Il voulait vraiment éviter qu’il y ait de gros problèmes à l’avenir. C’est pourquoi il… enfin… déjà, il aurait préféré que tout ce qui venait de se passer ne se produise pas. Auparavant, il avait agit ainsi pour « prétendre » être mauvais mais là… avec ce qui venait de se passer, il l’était vraiment.

Mais bon, ils allaient s’habiller et prendre un bain. Pour le bain, il allait expliquer qu’elle allait lui laver le corps, en tant que servante et que personne ne vienne les déranger. Oui, ça serait une très bonne explication et raison.

Et heureusement pour lui, lorsqu’ils quittèrent la chambre, il désigna à la servante que quelqu’un s’occupe de ça ou qu’on lui en prépare une nouvelle. Dans tous les cas, il avait encore une fois crée la surprise en agissant de la sorte… mais juste, il ne savait pas ce qu’il avait véritablement accompli.

Mais heureusement, les bains étaient disponibles et ils n’avaient aucun mal à s’y rendre. Là-bas, il évita de trop traîner avec Manelena mais celle-ci lui déclara qu’il devait rester non-loin d’elle. Si elle, une servante, était seule, cela risquait d’emmener de gros ennuis et ils voulaient juste éviter ça.

Heureusement, encore une fois, il ne chercha pas trop à s’attarder sur ça et le bain fut très vite expédié, chacun finissant bien plus propre maintenant. De nouveaux habits avaient été déposés pour eux, même si ceux de Manelena laissaient à désirer. Elle ne s’en plaignait pas, acceptant pleinement sa condition, comme il en était convenu.

Oui… Des habits plus que corrects et finalement, il demanda où ils allaient dormir dorénavant. On les emmena dans une chambre, pas si éloignée de la précédente mais qui y ressemblait fortement. C’était à se demander s’ils avaient prévu le coup.

« L’empereur Malark aimerait vous parler dans les plus brefs délais. »

Alors qu’ils venaient de quitter la nouvelle chambre, un serviteur s’était rapproché d’eux deux, leur transmettant le message du monarque. Hmm… Est-ce qu’il voulait encore parler du Dévoreur ? Il n’en avait pas eu assez auparavant ?

« Donc, cela correspond à maintenant, c’est bien ça ? »

« J’imagine qu’il vaut mieux, oui. Si vous voulez bien m’accompagner, alors, je vais vous guider jusqu’à lui bien que vous connaissez le chemin. »

Il haussa les épaules, Manelena rentrant presque sa tête dans les siennes, jouant parfaitement son rôle d’esclave bien soumise. Sincèrement, ça ne lui plaisait pas le moins du monde que tout cela continue comme si de rien n’était.

Quelques minutes plus tard, ils étaient maintenant dans la salle du trône. Comme d’habitude, ils n’étaient que tous les trois dans la pièce, signe que la conversation se devait d’être secrète. L’Empereur semblait visiblement un peu irrité, finissant par dire pour briser le silence qui s’était installé depuis qu’ils étaient rentrés :

« Vous avez encore saccagé l’une des chambres du château. Y a t-il une raison à cela ? Outre le fait que vous aimez réduire le mobilier en morceaux ? »

« Empereur Malark, c’est euh… de ma faute. » commença à dire Tery, gêné et confus. Comment est-ce qu’il allait expliquer ça ?

« Il a perdu les pédales, comme auparavant. Mais cette fois-ci, c’était assez compliqué. »

Et voilà qu’elle commençait à expliquer plus ou moins exactement ce qui s’était passé. Sans rentrer dans les détails scabreux, elle évoquait les paroles dont il ne se rappelait guère. Elle parlait aussi des actes, que ça soit sa protection personnelle ou la destruction du mobilier.

« Je pense que vous avez une explication à ce sujet, empereur, n’est-ce pas ? »

« Hmm… Tu peux me regarder comme tu le veux, jeune reine de Shunter, cela ne changera rien à mes dires. Et oui, j’ai bien une explication. La voix du Dévoreur dans la tête de Tery. »

« Vous pensez que c’est lui ? Mais jusqu’à maintenant, cela ne se finissait jamais de cette manière ? Même Clari n’a pas réagit. »

« Car indirectement tu lui avais ordonné de ne rien faire, il y a de fortes chances que ça soit ainsi. Néanmoins, avoir évoqué le Dévoreur, son histoire, et ta relation avec lui, semble avoir provoqué bien plus de dégâts que je ne le pensais. »

« Vous étiez donc parfaitement au courant de ce qui risquait de se passer et vous n’avez donc rien faire pour arrêter ça ou me prévenir. »

« Pourquoi devrais-je prévenir une simple servante ? Néanmoins, cela correspond plus ou moins à ce que nous pensions. Il va falloir que tu t’éloignes de la capitale, Tery Vanian. »

« Je ne demandais que ça depuis le début ou presque… mais je n’étais pas certain que ça allait être accepté. Au moins que vous me disiez ça maintenant, ça me soulage. Est-ce que je peux partir avec d’autres personnes ? Quelle est votre mission ? »

« Nous verrons cela en temps et en heure. Pour le moment, tu peux aller « parader » avec ton trophée surfacien. Avec ce qui s’est passé, les rumeurs sont même venues jusqu’à moi. »

Parader ? Quand même, cela reviendrait à considérer que Manelena n’était qu’un vulgaire objet. Déjà que beaucoup pensaient ça de sa personne et des autres surfaciens, il avait prétendu qu’il pensait ça lui aussi mais là… Avec ce qui s’était passé, il voulait éviter. Non, ils allaient juste se rendre en ville, comme ça, elle aura les pieds attachés, rien de plus, rien de moins. Elle pouvait marcher vu qu’il y aura juste une petite chaîne entre ses deux jambes mais il n’allait rien faire de plus. C’en était déjà bien trop en vue de la situation. Plus, cela serait la ridiculiser et il ne voulait pas de ça.

Peut-être était-ce aussi à cause du fait que la soirée lui avait fait bien plus de mal mentalement qu’il ne le pensait ? Oui, c’était sûrement l’explication principale à son caractère actuel. Ah… C’était désolant..

Il s’en voulait à un tel point… et en voyant le regard d’Héraisty posé sur lui, interrogateur, comme si elle cherchait à décerner la vérité, il ne faisait que baisser le sien, lorsqu’ils vinrent lui rendre visite. À l’intérieur, Manelena s’était mise plus à l’aise, déclarant :

« Ne vous en faites pas, Tery ne m’a rien fait de mal. Il ne m’a pas traumatisée ou autre. Il n’a rien à craindre, c’est juste… sa façon à lui de s’exprimer. »

« Vous me permettez d’en douter un petit peu quand même ? En vue de vos blessures, je ne suis que moyennement convaincue, je tiens à le signaler. »

« Des blessures ? Oh, elles sont juste mineures. Disons simplement que Tery ne fait que jouer son jeu. Nous avons même eu l’autorisation de nous préparer à quitter la capitale à nouveau. »

« Je vais… emporter tous ceux qui étaient partis avec moi auparavant. Ce n’est pas… une existence pour eux à l’heure actuelle. Les démons ne sont pas encore tous prêts à accepter la présence des surfaciens parmi eux. »

Il avait finalement pris la parole, lentement mais sûrement alors qu’il regardait les trois personnes. Oui, il ne fallait pas oublier la surfacienne qui était chez Héraisty, un peu en mode « garde du corps ».

« Je vois, et tu venais voir si nous étions intéressées, c’est ça ? Car j’imagine que tu vas laisser chacun décider, n’est-ce pas ? »

Pourquoi est-ce qu’elle lui posait la question si elle connaissait la réponse ? Il hocha la tête en silence. Même s’il n’était pas pris en défaut, c’était simplement que ce n’était pas son moment, ni son lieu et qu’avec cette nuit, sincèrement, il n’osait pas trop l’ouvrir.

« On dirait que ça ne va vraiment pas, Tery. Tu es malade ? »

« Ne t’en fait pas pour lui. Ce n’est pas une maladie, c’est simplement quelque chose que je suis certaine, il va régler en deux coups de cuillère à pot. Cela ne devrait pas être trop dur. »

« Ce n’est pas très drôle, Manelena, je tiens à le préciser. Pas du tout. »

« Je n’ai jamais prétendu que ça l’était, Tery. Simplement, si tu étais vraiment en danger ou s’il y avait vraiment un problème, Clari serait intervenue, non ? »

« C’est vrai mais… RAAAAAH ! Tu le fais exprès ! Je vais aller prendre un peu l’air avec Clari ! Tu n’as qu’à rester ici ! »

Et il était maintenant en train de quitter la pièce, sans aucune hésitation. La femme-golem l’accompagnait, sans un regard en arrière, le suivant comme si elle n’était que son ombre et rien d’autre. Le jeune homme aux cheveux bruns s’était alors mis à se déplacer à vive allure à travers les rues de la capitale, ignorant complètement les gens sur son chemin.

« Elle prend cela trop à la légère. J’ai pourtant fait des choses vraiment horribles et elle fait comme si rien ne s’était passé. Pourquoi ? »

Auparavant, cela n’avait été qu’une façade mais hier, comme il ne s’en rappelait pas, c’était quelque chose qui s’était vraiment produit. Il n’y avait eu aucune manipulation, aucune tentative de faire ça « pour de semblant ».

Non… Déjà qu’il se sentait mal à l’idée de ce qu’il accomplissait, alors se dire qu’il répétait tout cela sans même s’en rendre compte… est-ce que Manelena acceptait ce qu’il faisait à cause… de ses sentiments ?

Il avait du mal à savoir si elle jouait avec ses émotions ou non. Si elle était vraiment sérieuse par rapport à lui ou si pour elle, tout cela n’était qu’une grande et vaste blague. Oui, il voulait vraiment connaître la vérité sur les sentiments de la reine de Shunter mais est-ce qu’elle allait vraiment lui répondre ?

« Clari, qu’est-ce que je dois faire réellement de mon côté ? Est-ce que tu peux me guider ? »

La femme-golem le regardait avec neutralité, comme si elle cherchait à lire dans ses pensées. Puis elle restait immobile, complètement immobile. Il soupira une nouvelle fois, regardant Clari avant de se remettre en route.

Il avait passé sûrement une demie-heure voire une bonne heure dans les rues. Clari marchait à nouveau à côté de lui et il avait fini par retrouver Héraisty. Elle avait un peu de rouge aux joues, la surfacienne aussi alors que Manelena était comme à son habitude.

« Est-ce que ça va mieux, Tery ? »

« Disons que cela m’a fait du bien de me balader. Et vous ? De quoi est-ce que vous avez discuté ? C’est pour se décider si tu décides de nous suivre ou non ? »

« Oh pas le moins du monde, Tery. J’ai simplement expliqué à Héraisty ce qui s’est passé hier, pour qu’elle comprenne qu’il n’y avait pas à s’en faire. »

« Euh, tu as expliqué à quel point dans les détails ? » demanda une nouvelle fois Tery en regardant Manelena, celle-ci ayant un grand sourire aux lèvres, sans rien répondre.

« Disons qu’elle a préféré n’épargner aucun détail pour être certaine que nous comprenions tout. Mais euh… C’est donc vrai que tu ne te souviens de rien ? »

« Rien du tout et le chambre était dévastée et… Manelena ne m’a rien dit de plus. Enfin, des choses qui pourraient réellement être intéressantes. »

« Oh, elles l’étaient, du moins, pour Héraisty. N’est-ce pas, Héraisty ? »

La démone à lunettes vint tousser en fermant les yeux, ne cherchant pas à répondre à la petite provocation de Manelena. Celle-ci gardait son sourire, visiblement fière de ses propos. Elle n’en faisait vraiment qu’à sa tête, n’est-ce pas ?

« Nous devons retourner au château, Manelena. Si nous prenons trop de temps, je pense qu’ils vont s’interroger et je ne suis pas certain de vouloir les entendre. »

« Désolée, mesdemoiselles. Il semblerait que Tery soit un peu fatigué et lassé. Sûrement à cause de cette courte nuit que nous avons eu. »

« Manelena, tu veux bien remettre tes menottes ? »

Elle présenta simplement ses poings, Tery soupirant et grognant légèrement. Aujourd’hui n’était vraiment pas le jour où il fallait le provoquer et pourtant, Manelena faisait tout pour que ça arrive, n’est-ce pas ? Elle était en train de prendre un malin plaisir dans tout ça mais il n’arrivait pas à savoir ce qu’elle avait à y gagner en se comportant de la sorte. Ce n’était pas dans ses habitudes.

Devant son malaise et avant qu’ils ne quittent la demeure d’Héraisty, elle se plaça face à lui, tournant le dos à la propriétaire des lieux qui s’apprêtait à ouvrir la porte et en barrant le passage à Tery. Elle le fixa de ses yeux rubis, un sourire espiègle aux lèvres avant de dire :

« Tery Vanian, malgré la situation qui peut te laisser perplexe, je peux juste t’avouer une chose : je me sens l’âme d’une gagnante. »

« L’âme d’une gagnante ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? »

« Oh, je suis certaine qu’elles comprennent de quoi je parle. Les femmes ont leurs petits secrets, Tery Vanian. »

Pour aujourd’hui, il n’avait pas envie de lutter et de se battre. Sincèrement, c’était une mauvaise journée. Il vint juste saluer les deux femmes, disant à Manelena de le suivre en se mettant derrière lui avant de quitter la demeure.

Dans tous les cas, il en avait assez. La coupe était pleine ou presque. Retournant au château, il déclara simplement qu’il se présenterait juste à l’heure du repas et que pour le reste de la journée, il allait juste simplement se rendre dans sa chambre et ne pas en sortirez

Dans celle-ci, il vint juste se coucher, délaissant complètement Manelena alors qu’il enfouissait son tête dans l’oreiller. Elle ne prenait pas au sérieux le fait qu’il avait ravagé la chambre. Elle pensait simplement à un truc comme la « victoire » qu’il ne comprenait pas.

Où est-ce qu’elle avait gagné ? À part des ecchymoses qui ne pouvaient que laisser de bien vilaines traces sur sa magnifique peau. Mais ça, ce n’était pas le genre de choses dont on cherchait à se vanter… et donc, il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas du tout.

« Tery ? Est-ce que tu as envie que je te laisse tranquille ? Je t’ai peut-être un peu trop taquiné aujourd’hui, non ? »

« Ce n’est pas un jeu. C’est dangereux, très dangereux, Manelena. Et ça, tu me donnes l’impression de te comporter comme Elen. »

« Oh… Peut-être parce que j’ai obtenu quelque chose de précieux, comme elle. » chuchota la femme aux cheveux argentés dans un sourire. Elle n’allait rien lui dire de plus.

Chapitre 30 : Haine permanente

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 30 : Haine permanente

« Désolé, je ne suis pas d’humeur à parler. »

Le jeune homme aux cheveux bruns avait tout simplement placé sa main entre lui et une démone qui avait l’air d’une servante, continuant son chemin comme si de rien n’était. Même si le ton était poli, il ne laissait pas place à une réplique. Derrière lui, Manelena était présente, les bras menottés, comme à son habitude depuis maintenant quelques temps.

« Maître Tery, que se passe t-il ? Vous semblez énervé, non ? »

« Je ne suis pas énervé, ni rien du tout. Je ne suis rien du tout ! Pas besoin de m’interroger, je viens déjà de répondre à cette question ! »

« Hmm… D’accord, maître Tery. Si vous ne voulez pas en dire plus, cela est parfaitement compréhensible de votre part. »

« Oui, oui, bien entendu, j’en suis certain. »

Malgré les dires de Manelena, celle-ci fixait longuement le dos de Tery. Elle émit un léger grognement étouffé, ne voulant visiblement pas en dire plus pour le moment. Elle s’expliquera avec lui dans la soirée. Ce n’était pas le moment de ressasser de telles choses. Ils avaient à discuter, lui et elle, mais en privé.

Mais surtout, elle avait bien compris que quelque chose n’allait pas. Malgré tous ses efforts commis pour tenter de le rassurer, il avait été affecté grandement par la découverte sur ses origines. Dire qu’elle pensait qu’il avait réussi à tirer un trait… mais maintenant, elle comprenait qu’il avait gardé tout cela au fond de lui pour ne pas l’inquiéter, elle.

C’était… peut-être adorable mais pas pour elle. En n’arrivant pas à canaliser ses soucis, il aurait alors du mal à les extérioriser et elle en connaissait quelque chose ! Mais pour l’heure, elle n’avait pas la tête à ça et vraiment, ce n’était ni l’instant, ni l’endroit pour discuter de tout ceci.

« Je dois quitter le château maintenant. »

« Pas de soucis, messire Tery ! Faites attention à vous et passez une bonne journée. »

« Bonne ? Je ne suis pas certain. Il va encore avoir des couillons qui vont me chercher. Mais vu qu’ils ne comprendront jamais… »

Il avait marmonné cela dans sa barbe, un grognement sortant de ses lèvres alors que le voilà sorti du palais impérial avant que Manelena ne le suive en silence. Elle aussi rongeait son frein, très mécontente de ce qu’elle venait d’entendre.

Elle ne pouvait pas vraiment lui donner tort. Il avait même raison, ses dires étaient exactes. Des imbéciles de démon continuaient à le provoquer et cela allait vraiment mal finir… mais qu’il soit aussi médisant avec eux alors qu’il cherchait la majorité du temps à ce que ça se passe bien mieux, c’était tout aussi énervant pour elle que pour lui. Surtout qu’elle ressentait comme quelque chose de mauvais en lui, qu’elle n’arrivait pas à exprimer concrètement.

Quelque chose qu’elle avait déjà connu dans le passé mais dont elle n’était plus certaine. Et surtout, elle avait la sensation que c’était assez récent. Mais là, actuellement, elle n’avait pas le temps de chercher ce qu’était cette sensation.

Depuis que Tery la présentait à l’extérieur, quelques démons le respectaient plus mais d’autres le jalousaient. Et beaucoup de regards envieux et mauvais étaient tournés vers lui alors que le jeune homme semblait les ignorer.

Ou presque… Car oui, c’était totalement le contraire. Son visage se tourna lentement vers un duo de deux démons qui parlaient entre eux, en catimini tout en l’observant ainsi qu’elle. Un rictus mauvais se dessina sur les lèvres de Tery, celui-ci murmurant :

« Un souci, vous deux ? »


Et alors que l’un d’entre eux allait ouvrir la bouche pour répliquer, il s’arrêta dans son geste, déglutissant alors que son compagnon lui tirait le bras. Elle-même s’arrêta de bouger, Clari finissant par paraître à côté d’elle.

« Ah te voilà, toi ! J’imagine que tu n’as aucune idée qui pousserait Tery à réagir de la sorte hein ? N’est-ce-pas ou alors, est-ce que je me trompe ? »

« … … … Tête. » murmura faiblement une voix, provenant des lèvres pourtant scellées de la gemme de pierre. Manelena sursauta presque, étonnée.

Ce n’était pas la première fois que Clari faisait le coup mais ça ne changeait rien au fait que c’était si rare qu’elle ne pouvait qu’être surprise. La voix de Clari résonna une nouvelle fois, comme si elle avait toujours été présente à leurs côtés.

« Tery… Mal… Crâne. »

Mal de crâne ! Si Tery avait vraiment mal au crâne, cela correspondait à ce dont elle se rappelait ! Cela voulait dire une chose ! Alors que les deux démons avaient commencé à fuir, Manelena chercha à faire un mouvement en sa direction mais s’arrêta dans son geste. Non, elle ne devait pas briser l’îmage d’esclave qu’elle avait forgée depuis tout ce temps.

« Qu’est-ce qu’il y a, esclave ? Tu ressens le besoin de t’exprimer ? »

« Pas en ce moment même, maître Tery. Néanmoins, est-ce que je peux vous demander si vous entendez quelque chose ou non ? »

« Quelque chose ? Comme quoi donc ? Que cherches-tu exactement à savoir ? »

« Je ne sais pas, juste une voix, rien de plus ? »

« Cela ne te concerne pas, esclave. » déclara t-il lentement mais sûrement. Qu’il lui parle de la sorte pouvait paraître normal mais non, le vrai problème ne résidait pas dans ses paroles mais dans son regard. Rouge comme le sang, ses yeux étaient propres à la race des démons et pourtant, il semblait faire preuve de calme et sérénité. Seulement, elle connaissait parfaitement ce statut puisqu’elle l’avait porté pendant des années. Une rage muette.

Ce regard rubis. Elle l’avait porté pendant des années, plus d’une décennie même. L’homme à l’origine de celui-ci n’était plus de ce monde depuis déjà maintenant quelques années mais elle ne l’avait pas oublié. Comment en serait-elle capable ?

Cela avait été gravé dans son être et maintenant, elle comprenait que pour Tery, son propre père avait été remplacé par une personnalité bien plus présente et aberrante. Une personnalité qui avait bien trop souvent été présente.

Mais elle ne pouvait pas le lui dire maintenant. Elle l’observait, elle étudiait ses mouvements, ses réactions. Elle voulait être convaincue, certaine de ce qu’elle voyait. Elle ne voulait pas se tromper car sinon, Tery risquait de se braquer. Mais une chose dont elle était certaine, c’est que les autres démons le craignaient bien plus.

Il n’avait guère réussi à instaurer autre chose que de la peur dans le coeur de ces démons devenus bien trop faibles dorénavant. Et il semblait avoir réussi, via ce climat de terreur, à préserver la sécurité des autres membres du groupe. Eux aussi n’avaient plus rien à craindre… mais à quel prix ? Les yeux de Tery n’exprimaient plus aucune douceur et tendresse. Comme s’il était sous tension depuis son réveil jusqu’à ce qu’il se couche. Et encore lorsqu’il se couchait, il ne dormait pas tout de suite.

Elle n’avait rien tenté dans ces moments-là. Elle laissait le temps passer et elle s’endormait, ne cherchant pas à espérer que tout se soit arrangé à son réveil. Elle n’était pas si niaise que ça pour imaginer une telle chose. C’était pourquoi elle ne feignait pas l’ignorance mais elle ne cherchait pas à arranger les choses. Pas de cette manière.

Elle allait bien trouver une solution à ce problème mais pour cela, il fallait être patiente et attendre le bon moment pour « attaquer » Tery. Un bon coup l) où il ne s’y attendrait pas et ça serait tout simplement parfait.

« Maître Tery, qu’allons nous faire aujourd’hui ? »

« Rendre visite à Héraisty, cela fait longtemps. »

Hmm ? Qu’est-ce qu’il allait faire chez cette démone ? Pas qu’elle n’avait pas confiance en Héraisty, loin de là mais avec son comportement actuel, elle ne se sentait guère rassurée. Mais pour autant, en allant chez Héraisty qui semblait comme savoir que Tery allait lui rendre visite, étant en congé ce jour là, elle comprit qu’elle s’inquiétait pour rien.

Héraisty ne faisait aucune remarque sur le comportement de Tery comme s’il n’y avait rien qui changeait. Et quant à la soldate qui vivait avec elle sous sa garde, elle ne cherchait même pas à s’y intéresser, ignorant complètement Tery pour vaguer à ses occupations comme entretenir la lame de son arme.

Pourtant, alors qu’ils allaient partir après avoir discuté pendant deux bonnes heures, Héraisty demanda à Manelena de bien rester avec elle quelques minutes, devant parler de « trucs de femmes » que Tery ne pouvait pas entendre, surtout pas. Il haussa simplement les épaules avant de marmonner :

« Ne prenez pas trop de temps non plus. Il s’agit de mon esclave. »

Et si elle n’était pas là alors qu’il était venu avec elle, cela allait encore commencer à balancer des racontars qu’il aimerait éviter. Manelena avait remarqué que les yeux de Tery avaient varié entre le rouge en permanence et quelques instants où ils retrouvaient leur vert habituel. Cela dépendait du sujet de la conversation avec Héraisty.

« Est-ce que vous pouvez veiller sur lui, mademoiselle Manelena ? »

« C’est ce que je compte faire, oui. Mais pourquoi se préoccuper de lui ? »

« Eh bien, ça me semble normal. Il s’agit d’un ami. Je n’ai pas été très appréciée en tant que renifleuse royale, vous savez. Et pourtant, lui comme la princesse Elise ne se sont jamais privés de venir m’adresser la parole. »

« C’est bien leur genre à tous les deux. Et donc j’imagine que tu es inquiète à son sujet. »

« Qui ne le serait pas ? Ce changement de comportement me fait plus peur qu’autre chose. Je ne sais pas comment vous faites pour résister à son aura. Moi-même, j’ai du mal à ne pas m’évanouir car je sais qui il est réellement. »

Une aura ? Elle jeta un bref regard vers la porte où de l’autre côté, Tery l’attendait. C’était peut-être ça le petit côté malsain qu’elle avait ressenti alors ? Hmm, elle n’avait aucune pensée concrète qui pourrait lui affirmer cela mais si Héraisty le lui disait.

« Qu’est-ce que c’est que cette aura dont tu parles, Héraisty ? »

« Oh, une aura, c’est quelque chose comme… »

« Je sais plus ou moins ce qu’est une aura mais pourquoi spécifiquement sur Tery ? »

« Oh, il n’y a pas que Tery qui possède une telle aura. L’empereur Malark aussi, quelques rares haut-gradés militaires. Peut-être des nobles, oh le reste de la royauté. »

« Hmm ? Pourtant, je ne crois pas qu’Elise ou l’empereur Malark aient ça. Du moins, je n’ai jamais ressenti cela en les observant. »

« C’est normal puisqu’il faut une certaine « condition » mentale pour cela. »

« Et laquelle donc ? Enfin, j’ai ma petite idée sur celle-ci mais je préfère l’entendre de vive voix pour être sûre de ne pas me tromper. »

« La colère, la rage, la hargne, beaucoup de sentiments puissants mais surtout qui peuvent être négatifs. Et je crois que Tery est en plein dedans. »

« D’accord, d’accord, j’ai eu exactement les informations que je voulais. Merci beaucoup Héraisty et ne t’en fait pas, je vais le remettre comme avant. »

« Sans utiliser la violence, bien entendu ? Vous me le promettez ? »

« AH ! Je préfère ne pas promettre des choses dont je ne suis pas certaine ! »

Elle n’avait même pas chercher à dire cela sur un ton autre que neutre. Elle ne voulait pas rire de la situation. Tery avait un comportement déplaisant mais elle salua Héraisty avant de retourner auprès de lui. Il ne demanda rien au sujet de ce qu’elle avait discuté avec Héraisty et c’était tant mieux. Pas que ça soit personnel, mais si elle pouvait éviter d’en parler, ça serait bien mieux.


Et de toute façon, de ce qu’elle voyait avec Tery, il ne semblait même pas intéressé par la conversation. Il marchait droit devant lui et elle se demandait même pourquoi est-ce qu’ils étaient partis voir Héraisty. Heureusement qu’elle avait compris qu’il avait évoqué le fameux départ de leur troupe très bientôt, départ organisé par l’empereur lui-même.

« Nous irons dîner tous les deux dans la chambre, Manelena. »

« Comme vous le désirez, maître Tery. Avez-vous un autre ordre à me donner ? »

« Que les préparations commencent par rapport à ce que tu sais. »

« Notre départ, c’est bien ça ? » dit-elle en chuchotant par rapport à auparavant.

« C’est exact. Nous ne tarderons plus trop. On va s’occuper de ces soucis très bientôt. »

Mais est-ce qu’il pensait réellement qu’elle allait le laisser faire ? Car là, elle bouillonnait de l’intérieur. Cela commençait à l’agacer plus que tout et si ça continuait, il allait s’en prendre une bien bonne dans la figure lorsqu’ils seront seuls.

D’ailleurs, cela ne tarda pas. Lors du repas emmené dans la chambre commune, elle n’avait de cesse de le fixer du regard, continuant d’observer ses yeux rubis avec intensité. Aucune fois, ils ne changeaient de couleur.

« Tery Vanian. Pouvons-nous parler, toi et moi ? Maintenant que nous sommes seuls tous les deux ? Et ne t’avise même pas de me dire que tu me donnes l’autorisation. »

« Alors veux-tu me poser la question, Manelena ? Vu que tu n’espère pas une réponse négative de ma part, c’est qu’elle est inutile non ? »

« Oh, car je vais te briser en morceaux si tu continues à me parler sur ce ton là. Tu veux voir comment je vais y arriver ? Car ça va être très simple hein. »

« Nullement, je n’ai pas besoin de cela. Mais pourquoi est-ce que tu te sens tant en colère, Manelena ? Y a t-il un problème dont tu ne peux pas parler ? »

« Oh que si, je peux clairement en parler ! Je vais même le faire ! Tout d’abord, est-ce que tu t’es regardé dans un miroir dernièrement ?! »

Mouvement négatif de la tête de la part de Tery. C’est bien ce qu’elle pensait ! Elle le souleva par le col, Tery s’apprêtant à réagir mais elle l’avait emmené aussitôt devant un miroir assez grand pour qu’ils puissent se regarder l’un et l’autre, côte à côte.

« Dis-moi si c’est normal ! Dis moi si c’est normal la tête que tu affiches ! »

Et elle le tirait maintenant presque par les cheveux pour lui coller la face contre le miroir, le forçant à regarder les yeux rouges qu’il affichait. Des yeux rouges comme les siens mais elle… elle était née ainsi. Peut-être était-elle un concentré de dépit et de rage ? Mais aussi de haine et de colère ?

« Pourquoi mes yeux sont comme ça ? Je n’ai pas… mes cornes ? Ah si. »

Il avait parlé avec neutralité, continuant de s’observer dans le miroir. Il semblait guère perdu, nullement étonné, simplement, il posait cette question.

« Tery. Est-ce que tu vas réellement bien ? Dis-le moi, en toute honnêteté. »

« Je ne sais pas, Manelena. Je… Je… Je crois que non ? J’en sais rien. Je… Enfin… Je… »

Et maintenant, elle remarquait bien qu’il était perturbé et absent. Il était comme ailleurs et elle voulait garder sa propre colère pour le punir mais… c’était difficile. Cet endroit le façonnait d’une telle façon que si elle cherchait à l’enfoncer, il risquait de ne jamais sortir des abysses dans lesquelles il était en train de plonger. Elle chuchota :

« Tery, cette voix est de retour… n’est-ce pas ? »

Il sursauta sur le coup, comme pris en défaut ou par surprise. Il tourna son visage vers elle, la fixant comme s’il était étonné qu’elle ait compris cela aussi facilement.

« Tery… Vanian. Je te connais depuis plusieurs années. Peut-être plus que le voudrait la décence et la conduite d’une reine envers un « simple sujet » de son royaume. »

« Il est de retour. Et maintenant, il le dit ouvertement. Il dit… que c’est mon père. Que je suis sa chair, même pas son enfant. Il dit simplement que je suis sa chair. Il dit que je vais pouvoir terminer ce qu’il a commencé, que l’engeance que je suis mettra un terme à ces races qui ont décidé de le forcer à maudire leurs existences et… et… je veux pas l’écouter ! J’étais très bien comme j’étais ! Mais maintenant que l’empereur m’en a parlé, maintenant qu’il m’a dit qu’il était encore.. vivant ! Que j’étais sa création ! Que j’étais toutes ces choses ! Puis y a aussi les attaques sur mes amis, la situation autour et… et… »

Il tentait de terminer sa phrase mais déjà, il se tenait la tête entre les mains, poussant un petit sanglot de rage alors qu’elle venait le serrer dans ses bras. Voilà. Il valait mieux qu’il vide son sac, qu’il puisse ensuite repartir sur des bases bien plus saines maintenant. Enfin, ce n’était qu’une question de point de vue.

« Tery, tu as besoin de te reposer. Et surtout de penser à autre chose. J’ai une solution. »

« La…quelle, Manelena ? » demanda faiblement Tery alors qu’elle l’emmenait sur le lit, tombant en arrière pour l’emporter avec elle. Elle le lova contre sa personne, lui caressant le dos avec tendresse tout en disant :

« Tu ne vas plus bouger et reste ainsi jusqu’à ce que tu dormes. Bon, il ne faut pas compter sur moi pour que j’aille te chanter une comptine mais… disons que tu peux rester rassuré, je vais veiller sur ta personne. C’est compris ? »

Aucune réponse de la part de Tery. Le jeune homme, avachi sur sa personne avait déjà fermé les yeux, ne semblant avoir attendu que ça depuis plusieurs minutes. Elle poussa un soupir, levant les yeux au ciel en se demandant ce qu’elle avait pour mériter une telle chose. Mais voilà, elle n’allait pas s’en plaindre, c’était elle qui l’avait proposé.

« Bon… J’imagine que l’on va sauter le repas du soir de toute façon. »

Heureusement qu’elle lui avait de préciser qu’ils mangeraient dans la chambre et qu’il préviendrait lorsqu’ils iront manger. Donc pour l’occasion, cela voulait alors dire qu’ils étaient seuls tous les deux.

« Hmm… Mais comment je vais régler ce problème en réalité, moi ? »

Car elle avait beau retourner le problème de toutes les façons, les faits étaient que le jeune homme n’allait pas bien du tout et qu’elle n’avait rien pour arranger tout ça. Comment améliorer la condition de Tery ?

Demander de l’aide à l’empereur Malark ? AH ! Il était en partie responsable de la situation ! Elle en était même à se demander s’il n’avait pas fait exprès que tout dégénère de la sorte car il devait être sûrement au courant de l’état dans lequel Tery se retrouvait après avoir appris au sujet du Dévoreur.

Elle n’aimait pas l’Empereur. Elle n’arrivait pas à savoir exactement ce qu’il voulait. De ce que Tery lui avait dit, il cherchait à mettre en avant Elise, son unique fille à moitié-démone. Mais en même temps, en faisant apprendre à Tery qu’il était le fils du Dévoreur, qu’est-ce qu’il aurait à gagner sur le fait que l’humanité toute entière, que ça soit à la surface ou dans les souterrains soit décimée ?

« Il y a plusieurs zones d’ombre qu’il me faudrait éclaircir. »

Mais là, elle n’allait bientôt plus avoir le temps vu que malheureusement, elle avait compris qu’ils allaient bientôt tous partir pour une nouvelle expédition à la surface. Encore une. Combien de fois est-ce que Tery avait essayé de revenir ? L’une avait été empêchée par sa propre personne mais les autres ?

Hmm… Actuellement, elle sentait que les échecs cumulés de la part du jeune homme n’avaient rien arrangé en la situation actuelle. S’ils ne faisaient pas attention, cela pouvait très vite dégénérer et pas forcément pour un bon résultat.

Hmm… Bon ? Qu’est-ce qu’elle allait faire de Tery endormi contre elle ? Dans cette position des plus plaisantes pour le jeune homme, elle aurait du mal à se déplacer. La réponse n’allait pas être bien difficile. D’un mouvement de la main droite, celle de gauche retenant Tery contre elle, elle avait tiré la couverture sur leurs corps, qu’importe qu’ils soient encore habillés. Tery allait juste dormir au maximum.

Et dès demain, elle verra si cette nuit de sommeil lui avait permis d’évacuer un peu tout ça. Mais pourquoi est-ce qu’elle se mettait si souvent en colère contre lui alors que dans le fond, elle voulait tout simplement l’aider ? Était-ce parce qu’elle se sentait redevable par rapport à lui ? De l’avoir extirpé de cette haine qu’elle subissait dans le passé ?

Chapitre 29 : Une existence au service de tous

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 29 : Une existence au service de tous

« Hmm… Royan ? On est déjà le soir ? »

Elle s’était finalement réveillée, attendrie de voir que Royan dormait à côté d’elle. Elle se sentait en pleine forme mais elle pensait que Royan l’aurait réveillée pour ce qu’ils avaient prévu. Bah, ce n’était pas bien grave. Elle se leva de leur lit partagé, juste deux lits collés l’un à l’autre et quitta la tente.

Eh bien, pour une soirée, il n’y avait pas grand monde. Pour autant, lorsque certains soldats se tournèrent vers elle pour lui dire « Bonjour, princesse Elise », elle cligna des yeux. Bonjour ? Vraiment ? Depuis quand ? Est-ce qu’elle aurait dormi un peu plus que prévu ?

« Euh bonjour à vous. Mais nous sommes déjà le matin ? »

« Oh, le roi Royan nous a dit que vous dormiez comme une souche et qu’il fallait absolument éviter de vous réveiller. C’est pourquoi tout le monde a évité du bruit. Vous avez bien dormi ? Vous allez bien ? »

« Oui oui, pas de soucis de sommeil. J’ai dormi comme un bébé. Mais vous ? Rien à signaler ? Enfin, vous n’étiez sûrement pas les soldats de garde, non ? »

« Oh si si ! Mais aucun problème. On a quand même fait une double surveillance avec deux qui sont partis en éclaireurs et revenus. On voulait éviter qu’il n’y ait un autre groupe sur notre dos, mesure de précaution. »

« Vous avez très bien fait, je tiens à vous remercier. Hmmm … Mais vous avez un peu une idée de l’heure ? Par rapport à la surface ? »

« Oh, si nous jugeons sur les cristaux lumineux, depuis le temps, je crois que nous sommes encore à l’aube, hahaha. »

« Oh… J’ai vraiment dormi toute la nuit. Je devais être fatiguée. Bon ben, puisqu’il en est ainsi, cela veut dire que je vais pouvoir m’atteler à la tâche et cuisiner un peu pour tout le monde. Du moins, aider les cuisiniers, je vais pas m’estimer être aussi douée qu’eux. »

Elle se montrait quand même assez raisonnable quoi. Mais pour le moment, cela allait l’occuper pour attendre le réveil d’un peu tout le monde. Retroussant ses manches, elle se dirigea vers la tente principale là où devant celle-ci, déjà plusieurs démons et surfaciens s’attelaient à la tâche.

« Bonjour, bonjour ! Je viens vous demander si vous n’auriez pas une petite tâche pour moi ? Toute simple puisque je me suis réveillée il y a peu. »

« Alors, votre première tâche, princesse Elise, ça va être d’avoir quelque chose de consistant dans le ventre. Travailler le ventre vide n’emmènera que des problèmes. »

Oh ! Euh… Oui ! Ils marquaient un point sur le coup. Elle cligna des yeux avant d’hocher la tête. Elle allait les écouter et manger un bout avant de les épauler. Cela serait beaucoup mieux pour elle comme pour eux.

« Bonjour Elen. Bonjour Royan. Bonjour tout le monde. »

« Hmmm ? Elise ? Que fais-tu avec les cuisiniers ? » demanda le jeune homme en se frottant un peu les yeux, encore légèrement endormi.

« Eh bien, comme j’étais réveillée depuis pas mal de temps, je voulais faire quelque chose de mon temps libre donc je me suis proposée pour les aider, voilà tout ! »

« Bien, bien, bravo alors. Tu sembles aller bien mieux. Hier, tu t’es endormie comme une souche. Je ne voulais pas te réveiller. »

« Tu n’as pas à t’excuser, Royan. Je suis fautive. Il semblerait que j’étais bien plus fatiguée qu’il n’y paraissait. Tu ne peux pas t’en vouloir pour quelque chose qui ne concerne que moi hein ? Si c’était vraiment un souci, je te le dirais ! »

Elle avait toujours ce sourire si ravissant aux lèvres. Cela semblait aller bien mieux qu’hier, signe qu’elle avait repris du poil de la bête. Car hier, il fallait avouer que ses sentiments alternaient entre la joie et la tristesse et que cela avait été sacrément perturbant.

« Eh bien, qu’est-ce que les cuisiniers nous ont préparé de bon ? »

« Oh Royan, toi, tu n’as pas la même chose que les autres. »

Il haussa un sourcil, étonné par les propos de la jeune demoiselle. Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas la même chose ? Oh… En la regardant, il voyait qu’elle semblait attendre beaucoup de lui. Son regard brillait d’une certaine lueur qu’il avait du mal à décrire. Et lorsqu’elle lui servit sa portion, elle restait immobile devant lui, les mains sur le ventre.

« Euh… Elise ? Est-ce que je peux ou… ? »

« Oui, oui, tu peux déjà te mettre à manger. Ne t’en fait pas pour moi, j’ai déjà mangé, hahaha. Je suis en pleine forme ! »

Ce n’était pas le fait de savoir si elle s’était nourrie. Plutôt le fait qu’elle reste plantée devant lui comme pour l’observer manger. Ce n’était pas malicieux mais vraiment un peu perturbant. Heureusement, il arrivait à passer outre son regard et…

« Hmmm, mais, ce n’est pas… »

« Si si, tu sais, c’est difficile d’oublier pour une ancienne serveuse ce que les gens aiment et réclament. Donc chaque petite parole de ta part est gravée dans mon esprit, Royan. »

« Et donc, tu as demandé aux cuisiniers de… »

« C’est exact ! Tu peux continuer à manger et me dire ce que tu en penses ? »

« C’est juste excellent ! Mais tu as bien fait de demander aux cuisiniers de préparer ça ! »

« Oh, non, j’ai juste demandé les ingrédients. Ce repas est de moi, Royan. »

Toute sourire, elle le regardait avec un petit air amusé en le voyant encore plus surpris que prévu. Elen aussi avait observé cela avec un certain intérêt, évitant de soupirer de tendresse mais aussi de dépit. Elle pensait brièvement à Tery et se disait que ça serait parfait pour quand elle allait le retrouver.

« Alors, alors, Royan ? »

« C’est très bon, Elise. Mes félicitations. Je ne te savais pas aussi bonne cuisinière. Tu me caches encore beaucoup de secrets du genre ? »

« Je ne me savais pas cuisinière non plus ! C’est juste que ce matin, en me levant, je me disais que j’aimerais te faire plaisir et j’ai pensé que ça serait une bonne façon de te le montrer. »

« Eh bien, je suis le plus heureux des hommes à cet instant précis. »

« Dites les deux amoureux, évitez de trop fanfaronner hein ? » déclara finalement Elen bien qu’elle disait ça en souriant. « Je vais finir par être jalouse. »

« Oh, mais tu n’as pas à t’en faire, Elen. Je suis certaine que tu te rattraperas amplement lorsque Tery sera de retour, n’est-ce pas ? »

Pour toute réponse, Elen rigola légèrement avant de retourner à son repas. Après les évènements d’hier, aujourd’hui, ils allaient principalement se reposer et faire avancer le travail sur le tunnel. Ils allaient devoir positionner quelques soldats pour éviter que des créatures ne viennent déranger les travailleurs.

« Je trouve que ça avance bien en une journée. Est-ce que l’on a mesuré la distance traversée par nos travailleurs en un jour ? »

« Si nous arrivons à atteindre quelques kilomètres, nous pourrions déjà être heureux. Nous n’avons pas l’habitude de travailler de la sorte donc il y a encore beaucoup de lacunes à combler et de nombreuses précautions. Mais cela devrait aller au fur et à mesure, je pense que nous aurons une bonne accélération d’ici deux semaines à un mois environ. »

Elise et Royan parlaient avec le démon qui semblait diriger les opérations. Ce n’était pas quelqu’un du village mais l’un des membres de leur groupe. Et son efficacité n’était plus à prouver avec le temps. C’était lui qui avait aussi aidé par rapport aux tentes et autres constructions pour rendre la vie du groupe plus aisée.

« Par contre, qu’est-ce que vous avez fait de l’équipement trouvé sur les cadavres de cette troupe d’éclaireurs qui vous ont attaqué hier ? »

« Hmm ? Nous avons tout récupéré. Là où ils sont, ils en auront plus besoin de toute façon. On ne sait jamais, cela peut être utile. Par contre, les honoriens de notre groupe sont clairement agacés que nous envisagions d’utiliser de l’équipement issu d’un clan conspué par d’autres. Donc il y a des chances que l’on aille faire fondre tout ce qui est métallique pour récupérer les matériaux. Pourquoi cela ? »

« Si nous arrivons à fabriquer d’autres outils, peut-être nous pourrions mieux travailler. »

Cela serait aussi simple que ça ? Elise avait déclaré cette idée comme une évidence alors que les artisans la regardaient, un peu interloqués. Ceux d’Honoros clignèrent des yeux avant de s’observer, un grand sourire aux lèvres :

« Quoi de mieux que bafouer l’armement d’un autre clan en utilisant ce dernier pour obtenir des outils en fondant ses métaux ? »

« Ouais, ça me semble excellent ! C’était une bonne idée, princesse ! On va s’y mettre tout de suite ! Pourquoi nous y avons pas pensé auparavant ! »

Hahaha… Euh … C’était pas vraiment comme ça qu’elle voyait les choses mais elle n’allait pas vraiment les contrarier, loin de là. Et puis, maintenant qu’ils sont plus que motivés, autant dire que ça serait une bonne chose. Ils étaient gagnants sur tous les points.

« Pendant ce temps, je vais aller discuter avec nos deux mékarlarmiens. »

Oui, elle se parlait à elle-même mais elle savait que Royan l’avait entendu. Elen ? Elle était occupée ailleurs, avec sa fille. On ne pouvait donc pas lui en vouloir de se focaliser plus sur elle que sur l’histoire des mékarlmiens. De toute façon, il lui suffira juste de lui raconter ce qui s’était dit, voilà tout.

« Bonjour, je ne vous dérange pas trop ? »

« Oh ! Princesse Elise, bien sûr que non, loin de là ! Vous êtes toujours la bienvenue parmi nous ! Seulement, nous ne vous attendions pas de si tôt dans la matinée ! »

« Oh n’exagérez donc pas ! Si on commence comme ça, on va ensuite dire que même l’air que je respire est béni par Zélisia. Déjà que ça serait saugrenu vu que je suis une démone, mais en plus, je ne veux pas prendre la grosse tête ! »

« Hahaha ! Nous voyons, nous voyons mais nous ne pensions pas en arriver à une telle extrêmité, ne vous inquiétez donc pas à ce sujet. »

« Pfiou, tant mieux ! Alors donc, je peux vous écouter. Enfin, je veux vous écouter ! Et Royan aussi, si ça ne vous dérange pas d’avoir plus d’une personne. Nous voudrions en connaître plus sur l’origine des mékalarmiens, leur histoire et tout. Vous n’êtes pas obligés de tout nous révéler, c’est juste que votre race reste si mystérieuse. »

« Oh mais vous savez, ça n’a rien de si extraordinaire, malgré les apparences. »

« Je suis certaine que si ! Donc je vous laisse commencer. Car je ne sais pas du tout vers quoi vous voulez vraiment débuter. »

« Euh… Nous pourrions parler du statut particulier des adeptes de Zélisia et Alzar dans notre culture. Tu en dis quoi, toi ? »

« Ça me semble être une bonne idée. Tout d’abord, je pense qu’il n’y a pas besoin de vous rappeler que pour un mékarlarmien, il est aisé de savoir quel élément il maîtrise puisque cela se répercuter sur nos écailles en particulier. »

« Oui oui, même si vous êtes les premiers mékarlarmiens à écailles blanches que je rencontre, pour ma part. Et toi, Royan ? »

« Il en est de même de mon côté. Mon statut royal ne m’offre pas de relation privilégiée avec les mékarlarmiens, loin de là. »

« Oh ! Avant que vous continuiez, si vous êtes en blanc pour les adeptes de Zélisia, il existe donc des… mékalarmiens aux écailles noires ? »

« Exactement mais nous préférons ne pas parler d’eux. En plus d’être terrifiants et cruels, pire que les gnomolds et les démons, ils sont d’une puissance sans pareil parmi les mékarlarmiens. Même pour nous, nous cherchons à éviter ou alors à les isoler. Certaines missions consistent même à les éliminer. »

« Très sympathique… mais ce n’est pas si rare malheureusement. C’est la même un peu partout d’ailleurs. Dès que tu es « gênant » ou une « plaie », certains n’hésitent pas à utiliser les grands moyens pour se débarrasser de toi. »

« Nous le savons parfaitement mais l’adage : « Moins nous en savons, mieux nous nous portons » n’a jamais été mieux appliqué que chez nous. »

« Je ne suis pas certaine que ça soit quelque chose dont il faut se vanter, nous sommes d’accord, n’est-ce pas ? »

« Il n’y a aucune raison de se vanter d’agir de la sorte. C’est pourquoi nous nous attarderons pas plus longtemps à ce sujet. »

Et c’était une excellente chose ! Maintenant, elle attendait qu’ils reprennent et cela ne tarda pas à se faire rapidement entende. Tout d’abord, le système politique, cela parlait d’un dirigeant et elle se rappelait que Tery en avait parlé y a bien longtemps, avec le fait qu’il en avait tué deux alors que ce n’était pas ce qu’il désirait à la base.

Mais surtout, il apprenait que chaque « type » de Mékalarmien s’affrontait pour savoir qui sera le dirigeant. C’est pourquoi les meilleurs éléments de chaque élément étaient justement prêts à se battre jusqu’à la mort pour obtenir le droit de diriger.

Après avoir obtenu ce droit, pendant une année, tous devaient lui obéir bien que cela n’empêchait pas les tentatives de meurtre et autres. Et après cela ? Eh bien, dans les faits, Royan se dit que ça expliquait pourquoi il y avait eu aussi rapidement un second dirigeant après le premier et que cela ne semblait pas avoir choqué la populace.

« Que pourrions-nous vous raconter d’autre ? Si nous voulons quand même vous apprendre des choses que vous ne connaissiez pas. »

« Sans rentrer dans les détails, peut-être nous parler de ce que vous avez subi ? Enfin de vos sciences et technologies ? Enfin, ces choses qui ont fait que vous étiez considérés comme du bétail pour votre propre espèce. Pourquoi et comment est-ce que les Mékalarmiens en sont arrivés là ? Qu’est-ce qui as poussé votre race à agir de la sorte envers ses propres citoyens ? Car c’est de la barbarie ! »

« Oh… Tout cela est uniquement pour une recherche de puissance. Le meilleur moyen d’écraser les adversaires. Vous savez, en y regardant ça de plus près, les démons réagissent de la même façon. »

« Maintenant que vous le dites, eux se dévorent, vous vous… comment ça marche en fait ? »

« Les parties de nos corps sont utilisées comme matériaux. Principalement, nos écailles ont de la magie en elles, ce qui permet alors de les utiliser aisément. Sinon, nos os et notre chair sont aussi très utiles. Du cuir, et tout le reste. »

« Mais comment vous faites pour tout ce qui est en acier et autre ? »

« Eh bien, on fait fondre le tout avec nos parties et voilà le résultat. Enfin bon, je dois vous avouer que ces derniers mois ont été assez rudes. Les Mékalarmiens ont appris que les armes faites à partir de Mékalarmiens porteurs des lignes de Zélisia faisaient des blessures horribles sur les démons, au point que certains d’entre eux ne pouvaient se soigner, qu’importe la méthode utilisée. Mais pour fabriquer de tels objets, il fallait tout « utiliser » chez un Mékalarmien, tout en le gardant en vie. »

Royan et Elise déglutirent, comprenant ce qu’il voulait dire par là. Il n’y avait pas cinquante mille solutions dans de tels dires. Cela devait être effroyable d’être gardé en vie, de manière artificielle pour juste permettre aux autres de produire leurs équipements.

« Pfiou… Et le mode de vie ? Comment ça se passe en famille ? En communauté ? Toutes ces choses au sein d’une même famille ? »

« Ne tentez pas trop d’avoir l’affection et l’amour des membres de votre famille. Oh, cela existe mais dès qu’il s’agit de vouloir montrer que l’on est celui qui aura le plus d’honneur dans le futur, les combats sont déjà très rudes. »

« D’accord… Pfiou.. Bon, à vous écouter, ce n’est définitivement pas réjouissant. Je pense que sur le coup, je préfère encore quand vous soyez heureux et joyeux. Enfin, plutôt, considérez que vous êtes les bienvenus ici et que c’est votre nouveau foyer. Enfin, un foyer qui se déplace et tout le reste. Sans être considérés comme des mercenaires, on va dire. »

Car oui, les mercenaires, c’était encore autre chose. Des soldats payés pour agir et qui se déplaçaient de royaume en royaume. Eux, c’était simplement parce que pour l’heure, ils n’avaient pas le choix. Ils avaient chacun un toit du moins pour la majorité d’entre eux.

« Merci pour toutes ces informations. Je pense que je vous poserais des petites questions comme ci, comme ça. »

« Il n’y a aucun souci, princesse Elise. Vous venez quand vous le désirez ! Nous serons toujours là ! Encore une fois, nous vous remercions de nous garder parmi vous malgré nos petites particularités. »

« Ooooh ! Vous savez, en y réfléchissant, il n’y avait bien que Royan et Clari qui étaient « normaux » dans notre groupe donc ne vous inquiétez pas, je suis habituée à ces petites choses qui nous rendent différents. »

Et elle s’en alla, accompagnée de Royan. Même si elle savait que Royan ne le montrait pas, il semblait assez surpris du fait qu’elle soit vraiment capable de se comporter comme une membre de la royauté alors qu’elle ne savait ses origines que depuis quelques mois. Lorsqu’il avait fini par lui poser la question, elle avait signalé qu’elle avait juste cherché à imiter les nobles qui passaient quelques fois dans l’auberge où elle avait travaillé.

« Royan ? Tu penses qu’ils enverront une nouvelle patrouille quand ? Tu crois que nous devrions préparer quelques pièges et autres ? »

« Cela me semble nécessaire. De même, il faudrait voir si nous ne pouvons pas utiliser de la magie pour être sûrs que ces pièges soient vraiment efficaces ou alors créer des illusions pour qu’ils tombent dans ces pièges. Plus vite nous arriverons alors à éviter qu’ils ne sachent où nous sommes, mieux ce sera pour notre sécurité. »

« Cela sera difficile vu que les démons sont normalement habitués à la magie. Et les monstres pourraient se risquer à nous trouver. »

« Et en créant différentes voies, Elise ? Qu’est-ce que tu en dis ? S’ils se perdent dans un semblant de labyrinthe, peut-être que nous gagnerons du temps encore ? »

« C’est une chose à étudier mais ils peuvent très bien détruire les murs du labyrinthe et aller tout droit et ensuite, nous… »

« Il suffira alors de piéger ce chemin aussi. Dès qu’ils tomberont sur plusieurs pièges à la suite, ils arrêteront de réagir de la sorte. »

Elle avait l’impression que Royan était parfois aussi étonnant que Manelena. Enfin, étonnant dans le fait que ce genre de tactiques, elle les voyait plus provenir de la part de la reine de Shunter que de Royan. Vraiment, chacun avait subi l’influence de ceux qui n’étaient plus à leur côté pour le moment.

« Qui sait… Royan ? Tu crois qu’il y a une minuscule chance que Tery et Manelena entendent parler via des rumeurs de cet endroit ? »

« Si nous restons dans les environs et que nos continuons notre travail, ce n’est pas impossible, oui. Loin de là, je dirais. »

« Alors, je pense que pour Elen, il faut que nous restions ici. Si par chance, Manelena et Tery viennent, je suis certaine qu’elle sera plus qu’heureuse. »

« Cela ne va pas nous faciliter la tâche mais la raison me semble légitime et honorable. Donc, je suis d’accord avec toi, Elise. Mais gardons cette raison secrète. Même si je suis certain qu’Elen apprécierait que l’on fasse tout ça pour elle, tu as remarqué qu’elle a changé, non ? Elle ne pense plus uniquement à sa personne et Tery. Elle risquerais de s’en vouloir si elle considérait que nous ralentissions le groupe juste pour elle. »

C’est pourquoi elle acceptait ce qu’il disait. Garder le silence sur ces petites choses « sans importance » était le meilleur moyen pour que tout se déroule pour le mieux. Mais il fallait obtenir des résultats et c’était cela qu’elle espérait.

Chapitre 28 : Éradication nécessaire

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 28 : Éradication nécessaire

« Ne laissez aucun d’entre eux s’échapper ! Bloquez toutes les issues ! »

Elise criait encore même si elle se trompait à moitié dans ses paroles. Des issues ? Alors qu’ils n’étaient pas dans un bâtiment mais à l’extérieur ? Pour autant, les soldats comprenaient où elle voulait en venir, se plaçant autour des soldats démoniaques restants.

« Réduisez leur nombre au maximum ! N’en gardez que quelques uns vivants, pas besoin de tous ! Qu’ils comprennent où est leur place ! »

Elen s’était arrêté d’attaquer. Leur armée avait maintenant un avantage définitif. Cela ne serait plus qu’une fraction de minutes avant que le combat ne soit conclu. Mais bon, elle n’avait pas ranger son arc pour autant.

« Vous semblez vraiment exténués, vous deux ? Cela va aller ? »

« Hein ? Euh.. .Vous vous préoccupez vraiment de nous ? » demanda l’un des deux mékalarmiens après la question d’Elen à leur encontre.

« Y a quoi de si étrange ? En vue de l’aide que vous avez apportée, ça me semble logique non ? Donc bon, si au moins, vous êtes capables de parler, c’est que ça va. Ne bougez pas d’ici, vous en avez assez fait pour nous. »

« Euh, nous allons bien, merci de votre préoccupation, c’est très gentil de votre part, nous tenions à ce que vous le sachiez. »

« Hahaha ! Y a pas de quoi ! Vous êtes bizarres pour des mékalarmiens, mais sachez juste que ce n’est pas un mal. »

Elle aussi avait décidé quelques ronds de jambe en les écoutant. Ils la regardèrent, un peu perplexes jusqu’à ce que des cris se fassent entendre, le commandant ennemi commençant à éliminer ses propres soldats, prêt à en dévorer un morceau.

« OH QUE NON ! On ne va pas te laisser faire ! »

Avant même qu’un morceau n’aille dans sa bouche, le commandant avait perdu son bras, des gerbes de sang volant dans tous les sens alors qu’il hurlait à la mort, s’écroulant à genoux. Aussitôt, plusieurs mains le forcèrent à rester au sol, lui retirant toute possibilité d’attaquer et de se défendre.

« Lâchez-moi, bande de chiens galeux ! Lèche-bottes au service d’une traînée à moitié démone ! Vous devriez avoir honte de suivre une créature comme elle ! »

« Oups… J’ai cru très mal entendre, n’est-ce pas ? J’ai l’impression que l’on vient de me comparer à une dame de plaisir, non ? » murmura Elise, se ramenant au niveau du commandant, sourire mauvais aux lèvres. Celui-ci avait été relevé à peine pour qu’elle puisse le regarder de haut. « Mais ne t’en fait pas, je ne vais pas te tuer puisque j’ai besoin d’en savoir un peu plus sur ce que font mon frère et ma sœur. Et ne t’en fait pas, je saurais te faire parler, Manelena m’a donné quelques petites astuces au cas où. »

Royan déglutit à côté d’elle. Même sans avoir pris la parole, il était aisé de voir à quel point il était peiné pour le commandant. Bien que les soldats ne comprenaient pas ce que cela impliquait, il jeta un petit regard en arrière, vers Elen.


Il était certain qu’Elen avait aussi appris quelques diverses choses de la part de Manelena bien qu’elle ne voulait pas le montrer. S’il s’agissait vraiment de torture, comme Elise le proclamait, il avait déjà mal pour le commandant.

« Bon, si nous sommes certains qu’il n’y a aucun démon qui a réussi à s’enfuir, récupérez les cadavres de tout le monde. Nous irons nous occuper de faire un charnier pour les leurs tandis que nous ferons une sépulture décente pour nos combattants. »

Comme auparavant, elle reprenait un peu les rênes de la troupe même si elle tournait parfois son visage vers Royan pour être certaine qu’elle agissait comme il le fallait. Il lui répondait alors juste par un sourire et une main qui chercha la sienne.

Un peu plus tard, ils étaient à nouveau dans le campement à l’entrée du tunnel qu’ils avaient commencé à creuser. Comme elle l’avait demandé, les cadavres avaient été tous ramenés, Elise demandant à ce qu’on fasse le tri.

« Je ne veux pas que l’un de ces démons soit mélangé avec nos vaillants combattants. Quant à toi… Hmm … Oh, c’est vrai que tu continues de saigner, n’est-ce pas ? En même temps, perdre un bras, ça doit être horrible. Je ne voudrais pas que tu succombes avant d’avoir parlé. Je vais donc t’offrir un petit aperçu de ce qui t’attend. »

Elle avait observé le bandage de fortune sur le moignon ensanglanté du commandant démoniaque. Imbibé de sang, le bandage était à peine efficace mais elle posa une main sur celui-ci avant d’avoir un grand sourire.

« Pas besoin de lui donner un morceau de bois. Il est plus aisé pour nous d’entendre nous supplier de lui laisser la vive sauve. »

Et son corps s’enflamma subitement, de courtes flammes qui ne risquaient pas de toucher une autre personne sauf si elle était au contact ce qui était le cas pour le commandant ennemi. Celui-ci poussa un hurlement, incapable de mouvoir alors sa chair sanguinolente se faisait cautérisée de force.

Quelques instants suffirent pour que le démon se mette à haleter, les larmes, le moignon ayant laissé place à de la chair brûlée mais dont le sang ne s’écoulait plus. Cela avait été drôlement efficace, plus qu’elle ne l’avait imaginé.

« Leçon apprise ou tu comptes encore faire le fanfaron ? »

« Tu peux toujours courir, sale… »

« Je ne vais pas être ton ennemie. Je veux simplement avoir une confirmation que ce sont bien des démons au service d’Haiktos et d’Halyza qui ont décidé de venir nous attaquer en pensant qu’ils seraient capables de nous battre. »

« HAHAHA ! Haiktos ? Vraiment ? Comme si nous allions nous cacher en nous faisant passer pour des démons à son service ! »

« Donc une petite confirmation comme quoi vous êtes bien au service d’Halyza, ma sœur aînée. C’est déjà bon à savoir. Mais on dirait que vous avez une sacrée dent contre Haiktos. Il faut se dire qu’il doit sûrement mettre à mal bon nombre d’entre vous d’après mes souvenirs. Même Tery n’arrivait pas à le battre lors de cette séance d’entraînement. »

« HAHAHA ! Haiktos… Ouais, juste bon à faire la guerre et aller sur le terrain pour se battre, il n’a pas les compétences d’un chef, contrairement à dame Halyza. »

« Dame Halyza, dame Halyza, je vais finir par croire qu’elle aurait presque plus de classe que Lyzé mais si elle est comme cette dernière, elle a sûrement juste tenté et réussi de vous séduire. Ah… Mes sœurs qui se sentent obligées d’utiliser leurs charmes pour… »

Un crachat ensanglanté vint atteindre sa joue, le démon n’ayant pas cherché à se retenir. Déjà un soldat s’apprêtait à en terminer avec le malandrin mais Elise l’arrêta dans son mouvement, son sourire s’accentuant.

« Oh ? Il semblerait que vous n’appréciez pas vraiment que l’on insulte votre petite déesse personnifiée, hein ? C’est un peu comme si elle était votre… Zélisia hein ? »

Et puis, comme si elle se doutait de ce qu’il allai faire, elle lui donna un coup de genou dans le menton, le second crachat qu’avait préparé le démon lui retombant sur le visage en même temps que quelques dents fissurées se présentaient dans sa bouche.

« Tu n’aimes pas que l’on parle de Zélisia ? Et pourtant, c’est un peu ce que vous pensez d’elle non ? Votre dévotion presque religieuse, elle y ressemble tellement. »

« NE COMPARE PAS CETTE SALOPE DE DIVINITÉ À NOTRE DAME HALYZA ! »

« C’est triste, et pourtant, je peux continuer longtemps. Sincèrement ,de ce que j’ai vu, Halyza est juste le genre de démone qui ne sait rien faire par elle-même. Au moins, Haiktos avait une certaine prestance. Il faut dire ce qu’il est. »

« Haiktos ne sera plus qu’un lointain souvenir ! Hahaha ! Il sera mort comme les autres ! »

« Ah oui ? Et si c’est par des types comme vous, je suis pas certaine qu’il ait quelque chose à craindre. Vous êtes si faibles. »

« Comme nous ? Héhéhé. Nous ne sommes que des éclaireurs. Non ! Dame Halyza a forgé des alliances avec de nombreux peuples à la surface. Vos armes et armures sont d’une qualité différente des nôtres mais nos meilleurs hommes sont capables de les améliorer et de nous donner encore plus l’avantage sur les autres démons ! D’ici quelques mois, vous serez tous morts et soumis à notre dame ! »

« Ah… Vraiment. Pour quelqu’un qui avait décidé de ne pas l’ouvrir beaucoup, tu parles bien plus que je ne le pensais. Enfin bon, j’ai plus ou moins obtenu tout ce que je pouvais avoir d’une personne comme toi ? Tu as bien dit que tu provenais d’un simple groupe d’éclaireurs, non ? Est-ce que je me trompe ? »

« Tsss ! En plus, t’es complètement bouchée. Je viens de te le… AAAAAAAAAH ! »

« Bon alors, je n’ai plus besoin de toi. Tu peux mourir. »

Elle l’avait empêché de terminer sa phrase, plaçant sa main sur le visage du démon, commençant à produire une flamme qui consuma l’intégralité de son corps. Quelques secondes suffirent à le réduire en cendres, faisant un petit geste de la main pour les balayer hors de la tente dans laquelle elle se trouvait.

« J’espère que je n’ai pas été trop violente pour vous ? »

Elle s’adressait aux soldats qui l’entouraient, mais aussi à Royan et Elen. Ces deux derniers ne répondirent pas, les soldats hochant la tête négativement.

« Il était prévu qu’il meure après l’interrogatoire. Je ne pouvais pas laisser un tel être vivre trop longtemps parmi nous. Il aurait été capable de manipuler quelqu’un pour se délivrer. Il n’en restait pas moins un puissant démon. »

Mais plus assez puissant pour elle. Elle commençait à ressentir les effets d’être la fille du monarque du monde démoniaque. Elle l’avait déjà compris auparavant, depuis cette révélation mais elle acceptait sa condition, son sang acceptait d’être cette fille.

« Bon au moins, cela finira de convaincre tout le monde que tu n’es pas là pour plaisanter, Elise quand cela s’avère nécessaire. »

« Les évènements sont plus qu’importants. Je ne peux pas me permettre de faire comme si de rien n’était, Royan. Et puis surtout… »

Elle baissa les yeux, silencieuse pendant quelques secondes, ne semblant pas vouloir terminer sa phraser avant de pourtant le faire peu de temps après :

« Je suis l’unique responsable de ces morts, aujourd’hui. Si je n’avais pas ouvert ma grande bouche, tout cela ne serait jamais arrivé. »

« Il te faut tirer un trait sur le passé, Elise. Si tu continues de t’accrocher à tout ça, tu ne pourras plus jamais avancer. Ils ne t’en veulent pas pour les morts, ils sont heureux d’être tous ressortis en vie. Et puis bon, il s’agissait de soldats, ils savaient ce qui allaient les attendre en venant nous rejoindre. »

« Oui mais tu vois, je ne suis pas plus heureuse comme ça, Royan, désolée. »

« Tu n’as pas à t’excuser. De toute façon, nous avons appris des choses importantes aujourd’hui. Tes deux aînés ne collaborent pas ensemble. »

« C’est ce que nous pourrions croire mais ce démon était trop zélé et fanatique qu’il aurait été aisé de le manipuler, non ? »

« Ce n’est pas faux mais donc, gardons quand même une part de réalisme. Il y a quand même de bonnes chances qu’ils ne soient pas alliés. Il faudra obtenir plus d’informations. »

Mais surtout, il avait réussi à lui faire changer un peu les idées. Il était assez satisfait d’y être arrivé. Maintenant qu’ils en avaient fini avec les démons, peut-être était-il temps d’interroger les deux mékalarmiens ? Lui-même devait avouer qu’il n’avait pas pensé à parler avec eux, n’ignorant pas leurs présences mais à part ça… ils avaient évité jusqu’à aujourd’hui de se retrouver au combat.


Il proposa donc d’aller voir les deux mékalarmiens, et surtout savoir s’ils étaient en état de discuter. Comme Elen et Elise avaient accepté, la première ayant récupéré sa fille. Le plus surprenant avait été les réactions des mékarlarmiens. Dès l’instant où Elise allait ouvrir la bouche, ils vinrent s’inclinent devant elle, s’exclamant :

« Pardonnez-nous, princesse Elise, pour avoir utilisé nos pouvoirs sans votre accord ! »

« Euh… Je voudrais bien vous pardonner mais vous avez fait quoi de mal ? Et depuis il faut que je vous donne votre accord pour cela ? »

« Nous sommes de mauvais citoyens de Mékalarma. Nos pouvoirs liés à Zélisia sont puissants, très puissants mais nous n’avons presque aucune endurance. Nous nous sommes enfuis il y a longtemps car notre race voulait nous tuer, vu que nous étions inutiles, même en tant qu’armes et armures. Nous vous laissons imaginer ce que nous aurions donné en tant que tels. Des armes et armures parmi les plus fragiles existantes. »

Trop d’informations, beaucoup trop d’informations ! Elle tentait de comprendre le tout, espérant que ses deux compagnons y arriveraient mais eux aussi semblaient autant perplexes qu’elle. Ah… Cela n’allait vraiment pas les aider.

« Mais pourquoi est-ce que vous nous dites ça ? »

« Nous ne voulons pas être rejetés ici aussi ! Pendant des semaines, nous avons passé beaucoup de temps à regarder les démons et les surfaciens s’entendre comme s’ils étaient tous unis ! Pareil avec votre discours ! Vous ne semblez pas faire de différences entre les races ! Nous ne voulons plus être des mékalarmiens ! Nous voulons être des personnes comme toutes les autres ! Nous ne voulons pas être sacrifiés à cause de nos pouvoirs ! Nous voulons pas être transformés en armes ou armures ! Nous avons vu tellement de… »

« Allons, allons. Calmez-vous donc tous les deux. Ici, il n’y a rien de tout cela. Tout d’abord car nous n’en avons pas les capacités. Ensuite, tout simplement car ce n’est pas notre but, loin de là. On veut simplement retrouver nos compagnons et aussi retrouver mon père. »

« Votre père, l’empereur des démons. Nous avons entendu cela comme les autres. Et vos compagnons, il s’agit du démon l’origine des portes démoniaques, enfin de leurs ouvertures, c’est bien ça ? Et l’autre personne, c’est la reine de Shunter. »

« Vous êtes quand même bien au courant pour des déserteurs, non ? »

« Les Mékalarmiens sont vaniteux et vantards par nature. Donc s’ils peuvent déclarer des choses qui ridiculisent les autres nations, ils ne vont pas se priver. Ainsi, le fait que ce démon nommé Tery, proche de la reine Manelena, soit la cause de tout ceci, est connu de tout Mélakarma. Nous sommes désolé si nous vous avons insulté. »

« Oh non, vous en faites pas, j’ai eu ma dose d’insultes pour la journée et ça ne venait pas de votre part. Mais bon, grâce à vous, nous avons réussi à nous en sortir et surtout, vous nous permettrez de montrer que comme les gnomolds, les mékalarmiens ne veulent pas forcément que tout se finisse dans le sang et la guerre. »

Et pour cela, elle leur adressa un petit sourire franc et sincère, montrant par là qu’elle était très sérieuse dans ses dires concernant les deux mékalarmiens. Néanmoins, elle ne comptait pas en terminer là, déclarant :

« Mais si vous avez envie de parler à nouveau de Mékalarma, je suis certaine que cela intéressera beaucoup de gens par ici. Votre peuple reste très secret vu qu’il ne veut pas se rendre accessible à beaucoup de monde. »

« Euh, si cela vous intéresse vraiment, ça ne nous dérange pas. »

« En même temps, c’est vrai que peu de gens connaissent les mékalarmiens à part les mékalarmiens eux-mêmes. »

Et la raison à cela ? La peur que l’on leur vole leur technologie ? Ils n’en savaient trop rien, ils devaient avouer. Mais si c’était le prix à payer pour rester vivre parmi eux et être plus ou moins en sécurité, cela leur semblait peu.

« Comptez sur nous alors, princesse Elise. Vous pouvez considérer que votre demande sera donc satisfaite ! »

« Oh mais je n’ai aucun doute à ce sujet, j’en suis certaine, hahaha ! Bon, je vais sûrement aller me reposer un peu, je suis fatiguée. Que chacun fasse de même. »

Elle avait donné quelques consignes. Chacun pouvait faire ce qu’il désirait, ce n’était pas un ordre précisément. Elle sentait juste qu’avec tout ce qu’ils avaient eu comme émotions aujourd’hui, cela serait pour le mieux.

Retrouvant Royan dans leur propre tente, le jeune homme aux cheveux bleus était légèrement songeur avant de dire calmement :

« Je ne pensais pas que les mékalarmiens se confieraient aussi facilement à nous. Tu dois sûrement faire une très bonne impression. »

« Hey ! Tu dis ça comme ça… comme si c’était si étrange ! C’est un peu vexant que tu ne penses pas que ta chère femme soit capable d’une telle chose ! »

« Oh, je n’ai pas dit ça, pas du tout. Enfin non… c’est juste que les Mékarlarmiens sont encore moins approchables que les gnomolds et donc, savoir que deux d’entre eux sont prêts à se révéler à nous, c’est surprenant. »

« Eh oui, que veux-tu, ta chère petite femme arrive à charmer même les plus récalcitrants de mékalarmiens. Tu devrais faire attention. »

« Est-ce que cela veut dire que tu comptes te mettre en avant pour obtenir ce que tu veux ? »

Il avait demandé cela avec le plus grand des sérieux, fixant du regard Elise qui se sentit soudainement gênée en bredouillant :

« Mais qu’est-ce que tu es en train de t’imaginer, je peux savoir ? Ce n’est pas comme ça, tu sais hein ? Je ne ferais pas ça ! Je ne suis pas comme Lylé, moi ! »

« Lylé ? Ah oui, l’une de tes sœurs aînées. Tu m’en avais parlé, non ? Mais dis-moi, tu es vraiment rouge aux joues ou c’est moi ? »

« Fais pas l’innocent ! Tu sais pourquoi je suis rouge comme une tomate ! Tout ça, c’est de ta faute et personne d’autre ! »

Elle lui avait presque crié dessus mais il l’attrapa doucement par la hanche avant de la ramener contre lui, plaçant son front contre le sien avant de lui chuchoter :

« Cela, c’est pour t’apprendre à jouer avec mes sentiments. Espérons que tu le regretteras assez longtemps pour t’en souvenir, n’est-ce pas ? »

Elle commença à déglutir un peu, comprenant qu’elle était tombée dans son piège. Dire qu’elle voulait juste s’amuser tout doucement. Mais elle était si peu habituée aux réactions de la sorte de la part de Royan, elle en était encore troublée.

« Royan, tu ne veux pas me montrer que je suis juste à toi et uniquement à toi ? Je ne sais pas trop ce que j’ai mais ces derniers jours, je ne suis jamais rassasiée. »

« Hum… Euh, attendons plutôt la nuit pour cela, si tu veux bien ? »

Attendre la nuit, c’est long mais elle comprenait. Elle allait devoir faire attention à ne pas porter sa voix trop haute. Mais de toute façon même quand c’était ainsi, il arrivait à la faire taire via de multiples baisers qui l’étouffaient.

Elle posa ses mains sur son propre ventre, comme une jeune femme sage. C’est vrai, les fois après la première, ils avaient été assez expressifs mais maintenant, ils préféraient quand même prendre quelques précautions pour ne pas déranger les autres.

« Je vais rester un peu ici, Royan. Si tu veux parler avec les autres, tu le peux, d’accord ? »

Il hocha la tête, lui demandant juste si ça allait par mesure de précaution. Elle déclara que oui, il n’avait pas à s’en faire. Lorsqu’elle se retrouva seule, elle s’observa. Elle avait vraiment du mal à se contrôler ces derniers jours.

« J’espère que je ne suis pas en train de tomber malade. Il ne manquerait plus que ça se passe alors que nous sommes en pleins travaux. Je dois être forte. »

C’était juste qu’elle avait le ventre qui se retournait parfois. Oh, pas au point de vomir non plus mais disons qu’avec le combat et autre, elle avait eu du mal à ne pas se retenir de redécorer le sol de sa bile. Mais heureusement, rien de tout cela n’était arrivé. Elle ne voulait pas en parler à Royan, ne voulant pas l’effrayer. Elle s’installa simplement sur le lit de camp, sombrant rapidement dans le sommeil, oubliant la petite soirée prévue avec son homme.