Archives par mot-clé : Tome 1

Chapitre 15 : Plongé dans l’incompréhension

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 15 : Plongé dans l’incompréhension

« Maintenant… Maintenant… Je vais te faire payer ce que tu as fait ! » s’écria le jeune homme aux cheveux bruns avec rage. Il … voulait … Il voulait la détruire !

Elle l’attendait, elle n’avait pas à s’inquiéter, ce n’était qu’un simple humain. Un humain un peu bizarre, certes, mais un humain. C’était bien la première fois qu’il voyait un humain avec des lignes noires. D’habitude, elles étaient vertes, rouges, bleues, brunes ou jaunes mais JAMAIS elles n’avaient été noires. Le scorpion cyclope redressa sa queue, prêt à l’abattre dès le moment où il allait être à sa portée. La queue s’abaissa subitement alors que Tery se retrouva à quelques centimètres de la créature. Une giclée de sang noire vola dans la pièce, l’appendice tombant au sol alors que des cris sortaient du scorpion cyclope.
« Ce n’est que le début de ce que je te réserve. Tu vas souffrir, souffrir longuement et atrocement. Tu vas comprendre la douleur qui t’attend ! » hurla une nouvelle fois Tery, prêt éliminer toute trace de la créature en face de lui.

Qu’est… Qu’est-ce qui s’était passé ? Elle avait mal à la tête, si mal… Et pourtant, elle sentait qu’elle n’était pas blessée à cette dernière. Un peu de sang s’écoulait de ses plaies au bras. AH ! Elle se rappelait : elle était tombée inconsciente pendant quelques minutes. Elle tenta de se remettre debout mais n’y arriva pas, elle était encore un peu sonnée. Visiblement, la magie du scorpion avait quelques effets paralysants en plus d’être liée à l’élément de la terre.
« Te… ry ? Qu’est-ce que ça … veut dire ? » murmura-t-elle faiblement, surprise.

Elle venait de prononcer le prénom du jeune homme alors qu’elle l’observait en train de se battre comme un démon. Les deux mandibules du scorpion tentèrent d’agripper Tery alors qu’il était près de lui mais elles se heurtèrent à une résistance sous la forme de ses deux griffes. D’ailleurs, une aura noire les entourait.
Qu’est-ce que c’était que cette aura malfaisante qui émanait du jeune homme. Ce n’était pas Tery, ce n’était pas possible ou alors… Etait-ce qu’elle craignait ? Est-ce que les veines noires étaient finalement apparues à nouveau ? Elle n’arrivait pas à voir les détails à cette distance mais elle s’en doutait, ce n’était pas possible autrement.
L’une des mandibules se déchira alors qu’il venait de donner un coup de pied dans l’autre. Il fit un saut sur le côté pour esquiver le coup de l’unique mandibule restante. Blesser l’Ombre voir la tuer… Il allait se venger ! Depuis longtemps, il ne s’était pas senti aussi bien. Depuis longtemps, il avait perdu la volonté de se battre, d’apprendre, de s’entraîner et l’Ombre … L’Ombre lui avait redonné ce goût perdu ! Il allait la venger !


« Ne compte pas t’enfuir maintenant ! Je ne te laisserais pas t’échapper ! La seule solution qui te reste est de mourir, sale bête! »
Il s’écriait alors que la carapace du scorpion cyclope volait peu à peu en éclats. C’en était bientôt terminé de cette foutue créature. Elle allait mourir et disparaître, ensuite… Il allait s’occuper de l’Ombre. Mais avant… Il devait évacuer toute cette rage et toute cette haine qu’il avait en lui ! Et pour ça … Il devait juste détruire cette créature pour ça !

Cet homme… Qu’est-ce qu’il était réellement ? Il ne savait pas mais plus les secondes s’écoulaient, moins il avait de chance de vivre. Il devait s’échapper de là, tenter de partir avant qu’il ne soit trop tard mais l’homme était toujours devant lui, comme si il apparaissait au mauvais moment. Ce n’était pas possible ! Autant risquer le tout pour le tout et tenter de le tuer. Le scorpion se redressa sur ses deux pattes arrière, ses autres pattes prêtes à se planter dans le corps du jeune homme. Le tuer pour ne pas être tué !
« TERY ! Il va tenter de te tuer en utilisant toutes ses pattes ou en t’écrasant ! »

Cette voix… L’Ombre était consciente ? Elle allait bien ? Zut ! Pas le temps de réfléchir plus que ça ! Un petit rire sadique sortit de ses lèvres alors que ses deux griffes noires se logèrent dans le ventre du scorpion cyclope, rare endroit où il n’y avait pas de carapace. Ses griffes tournèrent plusieurs fois à l’intérieur du ventre alors que de nombreux soubresauts parcouraient le scorpion cyclope.
Ce rire… Elle ne s’était pas trompée. Ce n’était pas le rire d’un être humain normal. Il était déjà trop tard. Sortant une fiole remplie d’un liquide vert, elle l’ouvrit pour le boire d’une traite à travers son masque blanc. Elle se redressa comme si le poison n’avait plus d’effet avant de reprendre son arc. C’était ça … qu’elle devait faire. Elle n’avait pas le choix. Elle n’avait pas d’autres solutions pour Tery ! Qu’il lui pardonne mais … C’était pour la survie de ce monde. Elle devait le faire … avant qu’il ne soit trop tard.
Rien… Il n’avait rien pu faire avec l’arrivée de ce monstre. Oui, c’était un monstre, il n’y avait qu’à regarder ses yeux rouges. Mais… Il allait emporter les deux humains avec lui, c’était une certitude. Le scorpion cyclope tomba au sol alors que Tery fit une roulade sur le côté, son visage et ses habits recouverts de sang noir. Tery poussa des petits cris tout en continuant de planter ses griffes dans le cadavre du scorpion avant de se relever, se tournant vers l’Ombre, un sourire aux lèvres. Ce n’était pas un sourire maléfique mais tout simplement un sourire chaleureux. Ses yeux rouges redevinrent verts alors qu’il prit la parole :
« Ca… Ça va, l’Ombre ? Plus de mal qu’autre chose. Tu as vu ? On a réussi à l’abattre ! Tu sais ce que je vais faire ? Lui trancher la tête et la ramener devant ce type au bureau de recrutement. Je lui balancerais cette tête et je lui dirais que je ne suis plus intéressé pour rejoindre l’armée de Midès. Attend quelques secondes, je me dépêche. Tu peux ranger ton arc aussi. Maintenant, on ne va pas te fatiguer encore plus que prévu hein ? »
Elle ne disait rien… Rien du tout. Elle n’avait pas à regretter son geste. Ses pensées et ses actions étaient volages. Pendant le combat contre la créature, elle s’était décidée à trahir l’Oracle pour Tery. Elle s’était décidée à ne pas tuer un Porteur. Maintenant qu’elle l’avait vu en action, elle avait peur… peur des conséquences et c’était normal. Il n’était encore qu’un débutant, qu’un simple débutant, alors qu’est-ce qu’il allait devenir d’ici quelques années ? Elle ne le savait pas et elle ne voulait pas le savoir. Le tuer de ses propres mains, ne pas le faire souffrir, et tout serait réglé. Le jeune homme trancha la tête du scorpion avec difficulté, un sang vert et noir émanant du mésosome en même temps qu’une légère fumée. Il regarda le sang qui s’écoulait pendant quelques secondes, ouvrant son sac avant de vérifier que ses livres étaient dans un coin pour éviter que le sang de la créature ne les touche. Refermant son sac, il se redressa en se tournant vers l’Ombre avec un sourire.
« Nous pouvons y… » dit-il avant de se voir coupé la parole.
Une flèche dont émanait une aura blanche passa juste à côté de sa joue gauche, entaillant cette dernière alors qu’il ouvrait ses yeux verts de stupéfaction. L’Ombre se tenait devant lui, faisant apparaître des nouvelles flèches sur l’arc qu’elle bandait en sa direction. La personne masquée de blanc tremblait de toutes parts. En la regardant de plus près, il n’y avait que les deux mains qui ne tremblaient pas. Il lâcha le sac sur le sol alors qu’il murmurait un :
« Pour… Pourquoi ? Pourquoi … est-ce que tu fais ça ? »
Elle ne lui répondit pas, elle n’avait pas à répondre à l’un de ses ennemis. Quelque chose s’était brisée en lui à cet instant : une nouvelle fois… Encore une fois… Il y avait cru, il y avait cru sérieusement cette fois ! Mais non, le Destin revenait toujours pour faire son travail. Sans qu’il ne puisse comprendre, sans qu’il n’arrive à se contrôler, des larmes s’écoulèrent de ses joues alors qu’il s’était mis à crier, courant en direction de l’Ombre, ses griffes en avant.

Il… Il n’y croyait pas mais il ne pouvait pas se poser des questions. C’était lui ou l’ombre mais… Mais… C’était trop difficile ! Il arrivai vers l’ombre, ses deux griffes en position sur ses mains. La personne encapuchonnée restait parfaitement immobile, comme statufiée. Elle n’avait pas à hésiter un seul instant : c’était mieux comme ça.

Une nouvelle flèche partit pour se diriger vers l’épaule droite de Tery. Elle n’y avait pas insufflé de magie, elle ne voulait pas le faire exploser. Ce n’était pas de cette façon qu’elle devait le tuer ! Sa flèche fut arrêtée en plein vol par la griffe gauche du jeune homme, celui-ci ayant donné un coup avec son arme pour faire tomber la flèche.

« Qu’est-ce que … » balbutia l’être masqué de blanc.

La tête de l’Ombre pencha sur la gauche, la griffe de Tery s’enfonçant dans le mur à l’endroit où se trouvait sa tête il y a encore quelques secondes. Il n’hésitait pas un seul instant, c’était mieux comme ça. Elle ne devait pas avoir de remords à accomplir ce qu’elle avait à faire. Elle lui donna un coup de pied dans le ventre pour le repousser en murmurant :

« Voyons si l’élève a dépassé le maître. »

Il émit un petit râle de douleur, des veines noires réapparaissant sur son visage. Mais à la grande surprise de l’Ombre, les veines noires disparurent après quelques secondes. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Il était à nouveau debout, se dirigeant vers elle. Elle bandit son arc, trois flèches se présentant sur la corde.

« Pourquoi ne parles-tu pas ? Je te l’avais pourtant dit. » murmura la personne encapuchonnée de brun en regardant le jeune homme en face d’elle.

C’est vrai… Elle l’avait prévenu mais il ne l’avait pas écouté. Il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même sur ce coup. A donner trop vite sa confiance à une personne qui n’osait pas se montrer sans son masque, Il n’avait pas à lui répondre ! Il devait la tuer avant de se faire tuer, c’était comme ça depuis le début. Il revint vers elle en courant, s’écroulant subitement à cause d’une fissure qu’il n’avait pas vue. Les trois flèches passèrent au-dessus de sa tête, percutant le mur de pierre de la grotte.
Les yeux saphir de l’Ombre regardèrent le corps du scorpion cyclope, c’était quoi cette fumée verte qui émanait du cadavre de l’insecte mort ? Cela l’intriguait… Elle poussa un léger cri en sentant ses jambes qui quittaient le sol. Tery venait de lui faucher ces dernières alors qu’elle réfléchissait à la situation. Elle s’écroula sur le sol, son corps cognant contre la roche fissurée alors que Tery était à nouveau debout. Sa griffe droite dirigée vers le cou de l’Ombre, il lui criait :

« Expliques… toi. Explique à quoi ça te servait de me garder pendant plusieurs mois si c’était pour faire ça ? Expliques toi ! »

« Je… n’ai pas à m’exprimer à ce sujet. Tu n’as pas à savoir ma mission ! Malheureusement, tu as été relevé comme potentiellement dangereux… donc… »

La main droite posée sur son arc, l’arme en bois vint frapper la tête de Tery au niveau de la joue droite pour le déstabiliser un peu. L’Ombre encapuchonnée se jeta sur lui à hauteur du ventre pour le repousser tandis qu’elle reprenait ses distances.

« Je dois te tuer, voilà tout ! Est-ce que tu as d’autres questions à me poser ? » murmura-t-elle avec calme et indifférence alors qu’il semblait complètement perdu.

Elle se moquait de lui ! Il en était sûr et certain ! Le tuer, voilà tout ! Elle avait dit ça avec une telle facilité qu’il s’énervait encore une fois. Quelques gouttes de sueur s’écoulèrent de son front. Elles n’étaient pas apparues après la fin du combat contre le scorpion cyclope alors pourquoi maintenant ? Le pire dans tout ça, c’est qu’il ne pouvait pas utiliser la magie ! Est-ce que créer des flammèches allait l’aider à combattre ? Loin de là. Il n’avait que son arme pour se battre et c’était au corps à corps qu’il devait l’affronter !

Il n’abandonnait pas… C’était tant mieux mais d’un autre point de vue, elle aurait préféré qu’il se laisse faire, cela aurait rendu moins difficile la séparation. Une flèche plus grande que celles d’auparavant apparue. Elle la pointa en direction de Tery. Elle ne devait pas le rater… quitte à utiliser la magie élémentaire du vent pour dériver la flèche et la faire toucher le jeune homme aux cheveux bruns si celui-ci tentait de s’échapper. C’était quoi ces gouttes sur le front du jeune homme ? Instinctivement, elle lui demanda d’une voix inquiète :

« Tu te sens mal maintenant ? Ça n’a pas l’air d’aller. »

« En quoi ça te concerne ? Depuis quand un assassin s’intéresse aux problèmes de santé de sa future victime ? Je te préviens… Je ne me laisserais pas faire ! » répliqua-t-il séchement.

« Ce n’est pas pour ça que tu ne dois pas me répondre ! »

La fumée verte envahissait de plus en plus la grotte et elle sentait que la chaleur augmentait autour d’eux. Est-ce qu’il y avait une chance que… Non… Ce n’était pas possible de penser une telle chose maintenant ! Tery arriva à sa hauteur alors qu’elle était en pleine réflexion. Encore une fois, elle s’était laissé distraire ! Mais maintenant, elle allait contre-attaquer avant même qu’il ne la touche.

« Tu m’excuseras, Tery mais… C’est trop tard. » termina n’elle de dire.

La grosse flèche quitta l’arc dans ses mains, se dirigeant vers le jeune homme aux yeux verts. Celui-ci leva son bras gauche comme un simple automatisme, la flèche déchirant sa tenue juste au-dessous de l’aisselle. Une ligne de sang était apparue alors que les yeux saphir de l’Ombre semblaient surpris. Elle… Elle s’était ratée ? Pourtant… Elle était sûre d’avoir bien visée ! Et sa magie… Non, ce n’était pas ça, il avait réagit instinctivement pour survivre. Qui ne l’aurait pas fait à sa place ? Elle voyait maintenant Tery qui fondait sur elle.

Ah… Ah… Il avait réussi à esquiver cette flèche tirée à bout portant ! Il n’y croyait pas lui-même mais il avait bien réussi ! Comment avait-il fait ? Est-ce qu’il pouvait reproduire ce miracle ? Il ne le savait pas mais il n’avait pas que ça à faire. Maintenant qu’il était proche de l’ombre et que celle-ci semblait désarmée et sans défense, il pouvait parler avec elle. Sa colère à cause de la trahison de l’ombre avait disparu.

« Et si je te tuais… Et si je le faisais ? Sans raison… Simplement parce que l’on me l’a demandé. Je… te pensais capable de réfléchir plus loin que ça. » murmura-t-il calmement bien qu’il tremblait encore à cause de ce qui venait de se passer.

« Je… n’ai pas à discuter les ordres. On m’a demandé de te tuer il y a de cela presque dix jours voir plus mais je ne l’ai pas fait. » répondit l’être encapuchonné.

« Alors pourquoi tu le fais maintenant ? Qu’est-ce qui a changé ? »

« Toi. Toi, tu t’es montré sous ton vrai jour. » conclut l’Ombre.

Hein ? Il ne comprenait pas. Qu’est-ce que l’Ombre voulait dire par là ? Celle-ci faisait apparaître une nouvelle flèche sur son arc mais il donna un violent coup de griffe dans l’arc, l’envoyant au loin. Il était furieux car l’Ombre venait de se renfermer comme une huître, elle ne voulait plus lui parler mais il allait la forcer. Il s’essuya le front avec son bras, montrant un visage trempé par la sueur. Cela n’avait pas échappé à l’Ombre qui lui dit :

« Tu sembles vraiment mal en point. Très mal même. »

« Je t’ai pourtant dit que cela ne te concernait pas ! Tu veux me tuer alors à quoi ça te sert de savoir si je vais mal ou non ? Hein ? Dis-le-moi au lieu de tourner en rond ! »

« Je… Je ne sais pas. Simplement… Je me faisais un peu de souci. » murmura avec franchise la personne masquée, le jeune homme s’esclaffant de rire.

Elle se moquait de lui, l’Ombre se moquait de lui au dernier moment ! Comment devait-il le prendre ? Il éclata de rire une nouvelle foistout en restant concentré sur la personne devant ses yeux. Elle semblait pourtant sérieuse à travers ses yeux saphir. Il toussa légèrement… puis de plus en plus. Il commençait à avoir des difficultés à respirer normalement.

« Dis-moi… Ah… Tu veux me tuer ou non ? Toi ? Tu le veux ? »

Il lui posa finalement la question qui le taraudait depuis plusieurs minutes. Il n’avait pas remarqué la fumée verte qui s’était dispersée dans la grotte mais elle… Elle le savait bien et elle savait ce que cela voulait dire. Ses deux mains posées sur ses bras, l’Ombre lui répondit d’une voix triste alors qu’elle le regardait :

« Je… ne veux pas mais… J’y suis obligé et j’accomplirais ma mission coûte que coûte. Désolé, Tery, je ne voulais pas en arriver là, je ne voulais pas utiliser ma magie… »

Elle n’avait pas d’autre choix. Ses yeux saphir se fermèrent sous le masque blanc alors qu’elle se concentrait. Elle allait lui montrer la différence de pouvoir entre elle et lui. Une pierre se forma dans sa main droite puis la pierre s’allongea sous sa puissance. La création d’un pic de roche était une idée comme une autre mais c’était ce qui lui convenait le mieux.

« Et mer… J’ai la tête qui tourne. »

Il disait ça alors qu’il ne comprenait pas les paroles de l’Ombre. Il n’avait même pas remarqué la pierre qui s’était formée dans la main droite de la personne encapuchonnée. Il avait le regard fiévreux, les yeux à moitié clos. Il dandinait son corps sur place comme si il n’arrivait plus à le contrôler.

Ne pas réfléchir aux conséquences, ne pas se poser de questions. Les ordres de l’Oracle étaient absolus et il n’y avait pas de questions à se poser pour savoir s’ils étaient bons ou mauvais. Le regard assombri, l’Ombre ferma subitement les yeux, allongeant le pic de terre qu’elle avait crée dans sa main droite. Plusieurs secondes s’écoulèrent avant qu’elle n’ouvre pas les yeux, aucun bruit… puis un corps qui tomba sur le sol. Elle… Elle l’avait fait. Elle avait tué Tery, c’était sûr et certain. Elle rouvrit les yeux, voyant le corps du jeune homme sur le sol. Sa première réaction ne fut pas la bonne.

« Mais… Pourquoi ? Pourquoi… n’y a-t-il pas de sang ? » balbutia-t-elle.

Si elle avait visé le jeune homme en plein cœur, du sang devrait être visible ! Tery était couché sur le ventre, la tête penchée sur le côté. Elle ne le voyait pas mais elle le retourna pour l’avoir en face d’elle. De la sueur continuait de s’écouler de son front mais en quantité bien plus abondante. Il toussa de plus en plus et elle comprit ce qui s’était passé : le jeune homme s’était écroulé à cause de la fumée verte provoquée par le scorpion cyclope !

« Toxique ! Son cadavre… Tery ! Attend un peu ! Attend un peu s’il te plaît ! »

Voilà que ses sentiments s’inversaient : encore une fois, elle ne pensait plus à sa mission pour l’Oracle. Tery était dans un sale état et elle sortit une nouvelle fiole remplie de liquide vert de son sac. Elle fit avaler le contenu de la fiole à Tery, celui-ci se remettant à tousser mais avec un sourire apaisé. L’être masqué s’écria, presque pris de sanglots :

« Je n’y… Je n’y arrive pas ! C’est trop dur, Oracle ! Vous me forcez à accomplir quelque chose que je ne peux accepter ! »
C’est vrai… Elle n’y arrivait pas. C’était beaucoup trop dur pour elle. A chaque fois… A chaque fois, elle avait essayé de le tuer mais elle n’avait pas réussi ! Là, elle pouvait essayer… de le tuer. Il était seul et désarmé, plongé dans une demie-inconscience. Rien ne l’en empêchait sauf… Qu’elle ne le voulait pas et elle ne le pouvait pas. Il était si faible, elle avait l’impression d’abattre un nouveau-né et d’être une personne des plus cruelles !

Un nouveau toussotement et elle remarqua que l’antidote était inefficace… Du moins, il semblait avoir moins d’effet que prévu sur Tery. Pourquoi ? C’était pourtant le même liquide que celui qu’elle avait bu ! Est-ce que… Non… Non… Quand même pas ! Ce n’était pas ça ! Et pourtant, plus les secondes s’écoulaient, plus elle en était convaincue. Son masque… Son masque blanc filtrait l’air en plus de l’antidote. Elle n’avait pas le choix… Vraiment pas le choix. Malgré son mensonge au sujet de ce masque, elle devait le faire.

« Fais attention à ce masque, il est très précieux. » murmura-t-elle faiblement.

Elle avait une meilleure constitution que lui donc plus de chances de résister à ce poison. Lentement, elle passa deux doigts sur son masque blanc, le retirant en tremblant légèrement. C’était bien la première fois que quelqu’un pouvait voir son visage mais comme Tery était évanoui… Et puis, seul l’Oracle était au courant de qui elle était réellement, enfin presque. Les autres… Il ne savait rien au sujet d’elle. C’était aussi simple que ça. A part l’Oracle, personne ne connaissait son existence ou du moins ne savait ce qui se cachait sous ce masque et cette cape, ou presque. Vivre sans se montrer, voilà ce qu’elle avait fait depuis dix-huit ans.

« Attention à ne pas le faire tomber. » chuchota la personne démasquée à Tery.

Il murmura quelque chose qu’elle ne comprenait pas. L’Ombre déposa le masque blanc sur le visage de Tery, écoutant le souffle devenu régulier du jeune homme. Avec agilité, elle attacha les différents sacs sur le dos de Tery avant de se mettre à le soulever. Des lignes blanches apparurent sur elle. Maintenant, une course contre la montre commençait et elle devait se dépêcher ! Le nuage de fumée disparate envahissait complètement la grotte et elle s’était mise à tousser à son tour. Elle avait raison, elle avait compris… Ce poison était bien plus puissant que l’antidote qu’avait fourni le petit homme. Plus elle marchait, plus elle mettait de temps à avancer dans la grotte mais… elle n’abandonnerait pas ! Elle avait fait son choix ! Mentir à l’Oracle en lui disant que Tery s’était enfui et lui demander des explications à ce sujet.

« Tery… Je m’excuse… Je m’excuse vraiment de ce que je t’ai fait subir dans cette grotte. J’avais… prévu de te laisser mourir par le scorpion cyclope mais je n’y suis pas arrivé. J’avais… prévu de te tuer avec l’une de mes flèches sans utiliser la magie mais je n’ai pas réussi. J’avais… prévu tellement de choses et pourtant, aucune ne marchait. Je ne peux pas tuer la seule personne avec qui je me suis rapproché depuis toutes ces années ! »

Elle savait qu’il ne l’entendait pas… Elle le savait plus que bien sinon… Il aurait compris qui elle était. Tery était de plus en plus lourd, les pas de l’Ombre de plus en plus lents. C’était normal… Elle n’était pas surhumaine, son propre corps s’affaiblissait sous la fumée novice du poison provoqué par le scorpion cyclope après sa mort mais … Elle n’abandonnait pas.

Ah… Il se faisait transporté… Il était à peine conscient mais il n’entendait rien, il ne voyait rien mais il sentait qu’il était en train de se déplacer. Par qui ? Par quoi ? Où est-ce qu’on l’emmenait ? Il n’avait pas la force de se mouvoir et puis… Il avait du mal à respirer… comme si quelque chose se trouvait sur son visage. Il arrêta de réfléchir à tout ça, il devait se reposer mais… Il ne savait pas qui s’occupait de lui ? L’Ombre ? Ce n’était pas possible… Pas après ce qui s’était passé mais… Une part de lui-même lui disait de croire en ça, de croire en l’Ombre. Ce n’était pas elle qui était mauvaise mais cette personne dont elle avait parlé et qui lui avait donné cette mission. Le tuer ? Et pourquoi… Il retomba subitement dans sa quasi-inconscience. Trop de réflexions au final.

Non, c’était trop difficile, vraiment trop… Son dos s’était courbé alors qu’elle approchait de la sortie de la grotte. Rester lucide devenait une véritable épreuve de force mentale et elle sentait que d’ici quelques instants, elle allait lâcher prise. Enfin, elle retrouvait la lueur du soleil devant ses yeux saphir. Elle avait encore du chemin à faire, beaucoup de chemin mais… Ca serait sans elle. Son corps tomba sur le sol, Tery s’écroulant à côté d’elle alors qu’elle avait la tête enfoncée contre la pierre. C’en était trop… pour elle.

Chapitre 14 : La grotte de Litan Deseria

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 14 : La grotte de Litan Deseria

« Restons groupés, d’accord ? » murmura l’être masqué, cachant sa nervosité avec difficultés. Ce n’était qu’un mauvais moment … Ce n’était pas la première fois.

« Je ne peux pas dire le contraire. Je n’ai pas envie de me perdre dans cet endroit. Tu connais les lieux ou non ? » demanda-t-il calmement alors qu’elle poussait un soupir.
« Je t’ai signalé que ce n’était pas le cas. Tu ne m’écoutes pas, Tery ? »
« Si, si… Juste que je me sens un peu perdu. Je peux te prendre la main, l’Ombre ? Je n’aimerais pas me perdre ici. Et puis … Au moins, je serai un peu rassuré. » dit le jeune homme, quand même un peu gêné à cette idée. Heureusement que depuis des années, il ne n’avait pas réellement appris des notions aussi simples que le simple fait de tenir la main d’une personne inconnue … ou proche. Il nageait un peu dans la confusion.
« Mieux vaut éviter ça. Si nous nous faisons attaquer, nous ne pourrons pas riposter. » annonça la personne encapuchonnée alors qu’il était un peu décontenancé.
Tery hocha la tête pour dire qu’il avait compris le message. De toute façon, avec ses deux griffes, il aurait eu du mal à prendre la main de l’Ombre dans la sienne. Il observa les alentours rien de spécial visiblement. Il se mit à marcher d’un pas lent à travers le paysage alors que l’Ombre le suivait, visage sous le masque baissé en direction du sol.
Le tuer maintenant ? Ne pas le tuer ? Qu’est-ce qu’elle devait faire pour être enfin en paix ? Non… Elle ne devait pas le tuer ! Le scorpion allait s’en occuper tout seul et ainsi, elle n’aurait aucun remord. A qui voulait-elle faire croire ça ? Si c’était à sa propre personne, elle venait de se louper lourdement. Elle se rappelait de sa rencontre avec Tery, du sauvetage de ce dernier grâce à elle et de … et de … tellement de choses.
« AH ! J’ai oublié ! » s’écria t-elle subitement comme si elle venait de se rappeler quelque chose de plus qu’important. Le jeune homme se tourna vers elle, lui demandant :
« Oublié quoi, l’Ombre ? Il y a un souci ? On a oublié des vivres ? »
« J’ai oublié de te faire apprendre l’un des sorts neutres. Enfin … Tellement … »
« C’est pour ça que tu es si étonnée ? Ca pourra attendre demain ou après-demain lorsque l’on rentrera. » dit-il en haussant les épaules, amusé par la réaction de l’être encapuchonné.
« Oui mais non ! Ca ne pourra pas ! Ca ne sera pas possible ! »
« Et pourquoi ça ? » questionna le jeune homme, un peu surpris par cette affirmation.
Il s’arrêta, se tournant vers la personne sous cette cape brune. Il observa le masque blanc et les deux yeux bleus qu’il pouvait apercevoir sous ce dernier. L’Ombre était vraiment bizarre depuis ce matin. Il y avait un problème mais où ? Il attendait une réponse de la part de l’Ombre, réponse qui n’arriva pas.
« Si tu veux garder tes secrets, libre à toi. C’est quand même dommage que tu ne veuilles rien me dire. Si encore, c’était quelque chose d’important en rapport avec ta mission, j’aurais compris mais là… Tu ne veux vraiment rien me dire ? Je n’aime pas savoir que tu vas mal. J’ai l’habitude de t’entendre rigoler. » reprit le jeune homme avec un peu de tristesse.
« Je ne peux pas Tery ! Je ne peux pas ! Tu ne comprends pas ou quoi ? »

Elle venait de lui crier dessus ? Il s’immobilisa, stupéfait d’entendre une voix colérique de la part de l’ombre. Oh… Il l’avait déjà entendu lorsqu’il était convalescent mais cette voix dirigée vers lui, il avait la désagréable sensation d’avoir commis une faute irréversible. Ses yeux émeraude se posèrent sur le masque, un petit sourire triste se dessinant sur les lèvres de Tery. Il se remit en route en murmurant :
« D’accord, d’accord. Tu ne veux rien dire, j’ai compris. Je te laisse prendre les devants. »
Il s’arrêta au milieu de la plaine, attendant que l’Ombre passe devant lui pour le guider. Elle tremblait légèrement, comme prise de rage ou d’un sentiment qu’elle n’arrivait pas à contrôler : pourquoi devait-elle tout compliquer à la fin ? Il lui suffisait de lui décocher une flèche en plein cœur, de le tuer sans se soucier de tout ça.
« A… Allons-y. On va éviter à tout prix de se faire repérer par les créatures qui vivent ici. J’utiliserais une magie de vent pour transporter notre odeur à d’autres endroits et les mener en bateau. Ils ne sauront pas notre position. »
Il ne répondit pas aux phrases de l’ombre. Cette fois-ci, il évitait clairement de prendre la parole. Il valait mieux ne rien dire et se taire. Ne pas lui donner sa confiance absolue, voilà ce qu’il devait faire puisqu’il était ainsi. La marche se poursuivie pendant une trentaine de minutes, le jeune homme sentant un léger vent qui le frappait au visage.
Ne rien dire, ne rien dire, revenir à ses anciennes habitudes. C’était plus facile à penser qu’à faire ! Il avait tant envie de discuter avec l’Ombre, parler pour rompre la monotonie et le mutisme de ce moment. Des cris d’animaux, des croassements et toutes sortes de bruits bizarres les entouraient mais elle ne semblait pas s’en soucier, comme plongée dans sa mission… mais quelle mission ? Car il avait maintenant la nette impression qu’il y avait encore plus qu’il ne le pensait derrière cette mission … Oh que oui.
Ils n’étaient plus très loin, elle le sentait grâce aux effluves magiques dans cet endroit. La majorité des créatures de Litan Deseria étaient monstrueuses mais inaptes à la magie mais elle sentait une légère puissance magique dans une direction au nord-est de leurs positions. Ce scorpion… était doué de pouvoirs magiques donc il était capable d’utiliser un élément. Il restait à savoir lequel.


Sentir ? Ah ! C’est vrai : Il ne portait pas de masque alors que c’était son cas. Ce dernier était très utile, bien plus utile qu’un simple objet que l’on mettait sur le visage. Mais cela, Tery ne le savait pas et il n’allait jamais le savoir. Celui-ci posa subitement une main sur son épaule, l’ombre sursautant sur le coup en préparant un début de sort. Elle arrêta son sort, lui demandant ce qui se passait. Il lui désigna d’un doigt ce qu’il avait remarqué … Une grotte ? Comment est-ce qu’elle ne l’avait pas vu ? A cause de sa perturb… AH !

Il la retourna pour l’avoir en face de lui. Il rapprocha son visage à quelques centimètres du masque blanc de l’Ombre, celle-ci ouvrant en grand ses yeux bleus de stupéfaction. Si elle n’aurait pas eu le masque, elle savait qu’elle aurait senti le souffle de Tery sur son visage. Elle tremblait de toutes parts, ne comprenant pas ce que voulait le jeune homme par rapport à elle. Il lui demanda avec un peu de colère ce qui se passait. Il voulait savoir mais elle lui répondit qu’elle ne pouvait pas. Pourquoi est-ce qu’il ne comprenait pas ? Il empoigna le bras de l’Ombre, celle-ci poussant un léger cri de douleur en essayant de retirer ce dernier. Depuis quand Tery était-il aussi fort ? Ou alors, était-ce simplement autre chose qui la rendait si vulnérable ? Lentement, elle se mit à murmurer :
« Dans ce monde, certaines personnes pensent d’abord aux autres avant elles-mêmes. Je fais partie de ces personnes. Si je ne devais penser qu’à mes états d’âme, je ne serais pas ici. Lâche-moi maintenant. Nous allons dans cette grotte. »
Un léger mouvement et elle retira son bras comme si de rien n’était. Il l’empoigna à nouveau, le regard froncé. Il n’était pas satisfait des dernières paroles de l’Ombre : Comment pouvait-il être satisfait ? Elle n’était pas un sacrifice humain quand même !
« Tery, si tu ne me lâches pas d’ici quelques secondes, je serais forcé de te briser la main droite. S’il te plaît … Retire ta main alors, d’accord ? »
« Je n’ai pas envie de te quitter, d’accord ? Tu es mon maître, que tu le veuilles ou non. Le disciple se doit de savoir ce qui préoccupe son maître. Il lui est dévoué corps et âme. Enfin … Dis comme ça … Ça parait quand même bizarre. »
« Un maître a environ quarante ans minimum. Je n’en ai que dix-huit comme toi. Ne lâche pas mon bras si tu veux mais je te traînerais avec moi. »

Voilà de quoi refroidir leurs relations : il s’était mis à se rebeller légèrement. A force de lui cacher trop de choses, l’Ombre n’avait réussi qu’à se le mettre sur le dos. Ce n’était pas ses problèmes, seulement les siens. Il n’avait pas à savoir sa mission : de plus, qu’est-ce qu’il aurait pensé si elle lui avait dit qu’elle comptait bien la remplir ? Il se serait enfui ou il se serait défendu. La grotte n’était plus qu’à une dizaine de mètres et déjà une odeur insoutenable se faisait sentir. Tery posa une main sur son nez, lâchant l’Ombre.

« C’est quoi ça ? C’est horrible ! Ça me donne envie de pleurer ! » dit-il avec dégoût.
« Des corps en putréfaction ou si tu préfères, ce sont des cadavres. »
Elle annonçait ça sur un ton neutre mais elle n’en était pas moins choquée. Heureusement qu’elle portait le masque, elle ne pensait même pas à ce que devait subir Tery. Elle jeta un regard vers ce dernier, le voyant en train de sangloter. C’était assez… bizarre de le voir dans cet état. Peut-être dans une autre situation, elle aurait trouvé cela touchant mais ici, il n’en était pas question. Elle ne devait pas faire dans le sentimental.
Des corps dont il manquait des morceaux de peau ou des muscles, d’autres n’ayant plus que les os sous leurs vêtement. Les vêtements semblaient pourtant récents. La peau était verte, entièrement verte et il s’accroupit devant l’un pour l’étudier :
« C’est bizarre cette couleur. Tu en penses quoi, l’Om… »

Il s’arrêta au beau milieu de sa phrase, un haut le coeur venant de lui arriver. Une main sur la bouche, il se mit à courir en arrière pour ne pas montrer le spectacle affligeant où ses entrailles se vidaient peu à peu sur le sol à ses pieds. Visiblement, l’odeur était vraiment insupportable. L’Ombre le regarda, ses yeux saphir montrant l’inquiétude qu’elle lui portait : une inquiétude contraire à sa mission. Rapidement, elle déchira un morceau de sa cape brune avec ses deux mains avant de s’approcher de lui.
« Ne bouge pas, Tery. Je vais te faire un « masque » de second ordre mais au moins, tu pourras mieux tenir le coup. » murmura l’être masqué avec douceur.
Ca s’était arrêté et heureusement. Il se laissa faire en fermant les yeux, l’Ombre passant dans son dos avant de lui faire une sorte de foulard très serré, créant une légère ouverture pour la bouche. Elle semblait prendre son temps, réfléchissant à la situation : il était de dos, il lui suffisait simplement de planter une flèche dans son coeur et de le laisser mourir aux côtés des autres. C’était aussi simple que ça… Alors pourquoi n’y arrivait-elle pas ?

Il toussa violemment, bougeant ses mains alors qu’il lui disait qu’elle l’étranglait. Elle retira subitement ses mains du nœud qu’elle finissait de lui faire. Le foulard tomba du visage de Tery mais elle le reprit, recommençant une seconde fois. Elle y arriva avec brio alors que le jeune homme rigolait faiblement :

« J’ai vraiment cru que tu voulais me tuer sur ce coup. Mais bon, je sais bien que tu n’es pas comme ça. Si tu voulais vraiment me tuer, tu l’aurais fait depuis pas mal de temps. »

De la candeur ? De l’imbécillité ? Quel était le motif qui permettait à Tery de dire de tels mots ? Elle ne comprenait pas, non. Elle n’y arrivait pas, ça ne servait à rien ! Sans rien dire, elle se dirigea vers l’un des cadavres, récupérant le morceau de bois qu’il tenait dans une main. Rapidement, elle fit apparaître une flamme au bout de ce dernier : c’était simplement une torche comme il en existait tant d’autres.
« A compter de maintenant, ne me quitte pas de plus de cinquante centimètres. Nous ne pouvons pas risquer de nous perdre de vue. »
« Aucun souci, je te suivrais comme ton ombre. » répondit-il en rigolant à moitié.
Elle s’immobilisa alors qu’ils pénétraient à peine dans la grotte. Comme son ombre ? Comme son ombre ? Elle devait se calmer, ne rien dire sous peine de s’énerver à nouveau pour une chose inutile. Qu’il se taise au lieu de dire de telles âneries, qu’il se taise. Elle ne pouvait pas … supporter ça. Elle lui demanda de ne plus parler pour éviter de se faire repérer. Elle se tourna vers lui pour voir s’il avait compris le message : il mima avec sa bouche un mot Da-Kor. En clair, il allait se taire et intérieurement, elle était heureuse. Au moins, il n’allait pas lui donner plus de remords sur la conscience. Le pauvre homme, il était si jeune, autant qu’elle mais pourtant, il ne savait rien contrairement à elle. Si seulement ils s’étaient connus bien plus tôt. Ah non ! Quelle idée stupide que de penser ça, jamais ils ne seraient connus auparavant. Et pour quelle raison ? Tout simplement car …
« C’était quoi ça ? Qu’est-ce que … ça veut dire ? »
Tery venait de prendre la parole en s’écriant brièvement. Elle l’observa tout en tendant l’oreille. Des cliquetis et des bruits de pas qui résonnaient dans la grotte. Ce n’était pas vraiment des pas vu la vitesse à laquelle on entendait les bruits… plutôt des pattes.

Elle lui demanda de lui prendre la main. D’abord réticent sans savoir exactement ce qui se passait, elle lui cria et ordonna de la prendre. Il s’exécuta, passant sa main dans la sienne. Les cliquetis étaient de plus en plus proches au fur et à mesure qu’ils avançaient. Elle le savait qu’ils se rapprochaient : l’émanation de magie était si forte et présente en ce lieu qu’elle ne pouvait pas faire autrement que de le sentir !
« Il y a de la lumière et… une drôle d’odeur. » murmura le jeune homme.
Cette odeur, ils savaient tous les deux quel en était l’origine : des nouveaux cadavres se montraient, tous ayant leurs troncs retirés alors qu’ils arrivaient dans une dernière pièce. La première chose qu’il remarqua fut que le plafond était parsemé de nombreux trous dans lesquels la lumière pénétrait à l’intérieur de cette salle. L’émanation… L’émanation magique se rapprochait peu à peu mais où ? Elle était si puissante comparée à ses sens. Des cliquetis se firent entendre sur la droite alors qu’elle cria à Tery de faire attention. Elle le poussa avec violence, tombant sur lui au moment où un dard se planta dans le sol à l’endroit où il s’était trouvé il y a encore quelques minutes. Le jeune homme aux cheveux bruns tourna son visage vers la personne à côté de lui, remarquant qu’elle n’avait plus rien sur la peau… En fait, il ne restait plus que les os et le crâne l’observait de ses orbites vides.

Il poussa un petit cri avant de se redresser subitement. Il avait porté l’Ombre avec lui pour la remettre debout. Celle-ci sembla surprise par le geste de Tery mais ne prononça aucune parole. Le moment n’était pas venu de parler de toute façon. Quelque chose s’était rapproché d’eux mais quoi ? L’aiguillon de plusieurs mètres se retira du sol alors qu’il se présentait aux deux humains. Claquant ses deux mandibules en direction de Tery et de l’Ombre, celle-ci murmura avec calme bien qu’elle avait du mal à ne pas trembler :
« Un scorpion cyclope. Cette créature, elle vit ici depuis quand ? »

Pour un tel nom ? C’était fort simple. Un unique œil mesurant quatre à cinq fois la taille d’un œil humain se trouvait au-dessus de sa gueule. L’œil globuleux observa les deux humains alors que ses mandibules claquèrent à nouveau pour signaler que le scorpion considérait la présence de Tery et de l’Ombre comme une intrusion. Mesurant dans les un mètre de hauteur pour une queue qui semblait pouvoir aller jusqu’à deux ou trois mètres de hauteur, sa peau brillait d’une belle clarté onyx alors que ses deux mandibules semblaient pouvoir trancher tout ce qui était à leurs portées.
« Attention à sa queue, ne te fais SURTOUT pas toucher par cette dernière. » s’écria l’être masqué de blanc tandis que Tery lui répondait un peu nerveusement :

« Je ne suis pas stupide, l’Ombre. Je sais quand même que les scorpions injectent leurs venins grâce à leurs queues. Tu penses que c’est quelle sorte de venin ? »
« Si ce n’était qu’un venin neurotoxique, ça serait plus facile pour nous mais je n’ai pas envie de tester personnellement. Alors bon … Il est l’heure de se battre. »
Il lui signala qu’il allait la suivre mais elle lui répliqua de rester là où il était. Elle fît apparaître un magnifique arc couleur azur. Il était fait de bois mais sa couleur était quand même assez bizarre pour quelqu’un qui n’avait vu que très rarement des arcs. Elle fit apparaître une flèche, visant directement la liaison entre la queue du scorpion et le reste de son corps. A son grand désarroi, la flèche percuta la carapace de la créature sans la blesser.
« Sa carapace est trop solide pour que tes flèches puissent passer ! » annonça Tery.
Sans attendre de réponses de la part de l’Ombre encapuchonnée, celle-ci lui hurlant de ne pas faire ça. Les griffes dirigées en avant, il s’était élancé vers elle. La créature arachnide s’était retournée vers l’Ombre, prête à venir planter ses mandibules en elle.
« Dis-moi ce que tu penses de ça, sale bête ! » s’écria le jeune homme.
Il vint griffer la carapace de la créature qui lui tournait le dos, remarquant que ses deux armes n’arrivaient qu’à peine à laisser quelques marques sur la protection de l’insecte. Vraiment, elle était très solide, trop solide pour ses armes alors comment faire ? Elle lui hurla de faire attention. La voix de l’Ombre résonna dans la grotte alors qu’il sauta en arrière pour échapper de justesse aux deux mandibules du scorpion cyclope. L’unique œil de ce dernier l’étudia pendant quelques instants avant de se fermer à moitié, signe qu’il n’appréciait guère la tentative du jeune homme.
« Je t’ai pourtant dit de reculer et de me laisser faire ! Je peux me charger de ce monstre ! »
« C’est un travail d’EQUIPE ! Tu comprends ce mot ? Ça veut dire que l’on doit prendre autant de risques l’un que l’autre. » répondit avec véhémence Tery.

MAIS IL ETAIT FAIBLE ! ZUT ! Voilà qu’il prenait des initiatives sans attendre ses paroles. Etait-elle en colère contre lui sur le fait qu’il prenait des risques inconsidérés… ou alors parce qu’il volait peu à peu de ses propres ailes. Visiblement, les paroles de l’ombre encapuchonnée avaient réussi à énerver le jeune homme qui posa son regard émeraude sur elle. Il était faible ? Il était faible ? Alors qu’est-ce qu’ils avaient foutu pendant trois mois ? Ils s’étaient tourné les pouces ? Il hurla en sa direction :
« J’en ai marre ! Je ne suis pas un gamin ! Si tu n’arrives pas à te mettre ça dans la tête, tu n’as qu’à partir ! Je n’ai pas besoin de toi si c’est pour toujours me rabaisser ! C’est compris ? »
Des paroles qui la frappèrent en plein cœur : elle rabaissait Tery ? Ce n’était pas vrai ! Elle était simplement inquiète de le savoir et ne voulait pas qu’il soit en danger inutilement, voilà tout ! Un petit cri la ramena à la réalité : Tery était couché au sol, bloquant le dard du scorpion unicorne avec ses deux griffes. Il ne faisait pas le poids, elle le savait bien !
« Je n’ai pas à hésiter, de toute façon…Cela pourra bien attendre. Pardonnez-moi Oracle, je n’obéirais pas à votre mission pour le moment. » se murmura-t-elle.
Voilà, elle était enfin en paix avec elle-même et déjà cinq flèches apparurent sur son arc. Des veines blanches firent de même sur ses bras alors qu’elle bandait l’arc en murmurant quelques paroles. Il fallait passer outre cette carapace !
« Tery, recule-toi ! Je vais tirer ! » dit l’Ombre en s’adressant au jeune homme.

« C’est malin, je fais comment moi ? Il ne me laisse pas bouger ! »
Elle n’avait pas le choix : elle espérait seulement éviter de trop blesser Tery avec ses flèches. Quatre d’entre elles s’étaient mis à briller d’une petite lueur brune au bout de leurs pointes alors qu’une autre s’était enflammée. Les cinq flèches quittèrent l’arc pour venir frapper la carapace du scorpion. Encore une fois, ce fut sans succès mais dès l’instant où les pointes touchèrent la carapace, quatre explosions de faible ampleur se produisirent, des morceaux de carapace tombant au sol alors que le jeune homme toussait en se redressant. Il saignait légèrement au front, un éclat de carapace l’ayant frappé après l’explosion. Il se positionna à côté de l’Ombre encapuchonnée avant de dire :
« Sacrément efficaces tes flèches ! Tu peux en utiliser d’autres ? »
« J’aimerais bien mais… Utiliser une telle quantité de magie me fatigue beaucoup. »
Alors … C’était à lui de rentrer en piste ! Elle lui cria de ne pas commettre de bêtises, ils avaient sûrement rendu le scorpion furieux. Et c’était le cas. A cause des multiples explosions, le scorpion s’était retiré, libérant ainsi Tery de son étreinte. Quand il se redressa sur ses multiples pattes, il claqua ses deux mandibules avec énergie. Il leva son dard dans les airs d’un air menaçant alors que le jeune homme observait le sol d’un air intrigué.
« Dis l’Ombre, tu n’as pas remarqué quelque chose de bizarre ? Il y a beaucoup trop de fissures au sol. » murmura le jeune homme, un peu surpris.
Comment ça ? Elle baissa son regard saphir vers l’emplacement qu’il lui désignait. C’était vrai, ils ne s’étaient pas trop préoccupés du décor sous les cadavres. Il y avait de nombreuses fissures qui zébraient le sol et soudainement, elle comprit : L’élément de cette créature, c’était le même que celui de Tery !
« TERY ! Fais attention ! » s’écria-t-elle en tendant une main vers lui.
Le petit cœur de pierre brune qu’il avait autour du cou se mit à briller alors que la queue du scorpion vint frapper le sol. Des nombreux tremblements se produisirent, certaines fissures se refermant alors que d’autres s’ouvraient sous leurs pieds. Il fut percuté de plein fouet par l’ombre qui le fit tomber au sol alors que ce dernier se soulevait à certains endroits, l’Ombre étant envoyé contre un mur. De nombreux morceaux de pierre allèrent la frapper au niveau des mains et des bras, la faisant lâcher son arc. BON SANG ! L’Ombre ! Qu’est-ce qu’elle avait fait ? Il se releva avec rapidité alors que le scorpion cyclope semblait surpris : Cet humain était en parfait état malgré son attaque ? Généralement, la majorité des humains étaient dans le même état que l’autre, celui avec sa cape. Mais lui… Il était capable de courir comme si il n’avait rien subit comme blessures. Le jeune homme aux cheveux bruns se pencha vers la personne qui était assise contre un mur, lui tapotant les épaules :
« Tu vas me répondre ? Tu fais encore semblant, n’est-ce pas ? Ce n’est pas drôle cette fois ! Tu vas me répondre, l’Ombre ? Je ne peux pas le battre tout seul, moi ! »

Aucune réaction, cette fois-ci, il en était sûr, elle ne blaguait pas. Etait-elle morte ? Ou alors simplement inconsciente ? Il ne se posait même plus ces questions. Cette créature, il allait la tuer et la réduire en cendres. Il se redressa pour se retourner vers le scorpion. Ses deux bras comme son visage laissèrent paraitre des lignes noires. Ses yeux verts se fermèrent pendant quelques secondes avant de s’ouvrir, la couleur de ses yeux étant devenue entièrement rouge.

« Tu vas le regretter … amèrement … oui … »

Chapitre 13 : En route vers la grotte

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 13 : En route vers la grotte

Maintenant, ils marchaient côte à côte dans les rues de Midès, regardant autour d’eux tandis qu’ils avaient fini d’acheter tout ce qu’il fallait pour la grotte. Il espérait que tout se passerait très bien même si il était un peu chamboulé avec toute cette histoire. Il ne voulait pas le dire à l’Ombre mais bon … Et puis, il était quand même un peu secoué avec tout ce qui se passait. Pourquoi est-ce qu’il ne se sentait pas rassuré le moins du monde ? Il observa l’être masqué de blanc, celui-ci prenant la parole en s’adressant à lui :

« Alors, tu as décidé ? Tu veux encore … Hey ! »
Il enlaça subitement l’ombre encapuchonnée qui ferma les yeux. Ils étaient en public ! Des nombreuses têtes se retournèrent vers eux. Qu’est-ce qui lui prenait de réagir comme ça ? Elle se laissa faire, un peu perturbée par tout cela. Le jeune homme était un peu perturbé ou quoi aujourd’hui ? Est-ce qu’il se doutait de quelque chose ? Elle espérait que non.


« Tu ne … Ah ! » commença-t-elle avant de s’arrêter aussitôt..
Il avait stoppé l’étreinte en poussant un cri, rouge de gêne avant de se mettre à courir à toute allure dans la ville. L’ombre encapuchonnée ne comprit pas la réaction du jeune homme. Qu’est-ce qui venait de se passer à l’instant ? Une brève étreinte de la part de Tery puis il s’enfuyait comme un voleur.
« C’est vrai. Je l’oublie mais moi aussi… »
Elle ne termina pas sa phrase avant de se mettre à courir à la poursuite de Tery. Au final, ils étaient de parfaits inconnus l’un pour l’autre. Il ne connaissait pas son prénom, son visage. Elle ne connaissait pas son passé, son histoire. Ils s’étaient rapprochés pendant plus de deux mois, il s’était ouvert à elle, elle s’était sentie enfin heureuse. L’entendre rire il y a quelques semaines avait été une chose magnifique à ses yeux. Sa propre vie n’avait pas été simple et joyeuse. Peut-être en était-il de même pour lui ? A force de croire qu’ils s’étaient liés, n’étaient-ils pas au final de parfaits inconnus puisqu’elle ne savait rien de lui ?
« Hey vous ! STOP ! » s’écria une voix masculine.
Tery s’arrêta alors que quatre gardes bloquaient la sortie de la porte Est. Combien de temps avait-il courut ? Il ne savait pas mais simplement, il était essoufflé. Il tenta de reprendre une respiration normale tandis que l’un des gardes s’avançait vers lui.
« Pourrais-t-on savoir ce qui vous prend ? Montrez-moi donc vos poches ? Hum… Non, vous n’avez rien. Vous n’avez que ça à courir à cette allure ? Vous n’avez pourtant pas la tête d’un voleur. » dit le soldat après l’avoir fouillé, le jeune homme reprenant son souffle.
« Par… Pardonnez-moi. Je suis un peu pressé, c’est pour … ça que je courais. »
« Humpf. D’accord mais quand même, calmez-vous. »
Le garde revint vers les autres, signalant qu’il n’y avait aucun problème. Il se mit à marcher maintenant sans se retourner, une main posée sur son œil droit. Qu’est-ce qui lui avait pris de réagir comme ça ? Il ne comprenait pas sa propre réaction ! Il se remettait à idéaliser quelqu’un comme la dernière fois. Et … Il n’était plus un enfant, n’est-ce pas ? Il devait arrêter de croire que la vie était belle, ce n’était jamais le cas.
« Non, non et NON ! Je ne ferais pas deux fois la même bêtise ! Je me l’interdis ! » s’écria-t-il tandis qu’il se trouvait dehors, à une centaine de mètres de Midès.

« Tu t’interdis quoi, Tery ? » demanda la voix de l’Ombre bien plus proche qu’il n’y croyait.
Elle l’avait vite retrouvé, ce n’était pas difficile vu qu’il se déplaçait assez lentement. Néanmoins, le regard émeraude qu’il venait de lui donner était éloquent. Les yeux à moitié clos, le regard baissé vers le sol, il semblait si triste mais aucun mot ne sortait de sa bouche. Ce fût elle qui brisa le silence après quelques instants :
« Rendons-nous au désert. Si tu veux bien me suivre, il va être temps d’y aller. »
Il ne répondit pas aux paroles de l’ombre encapuchonnée alors qu’elle se mettait en route. Elle passa à côté de lui tandis qu’il mettait déjà ses deux griffes sur ses mains. Celle de droite était plus grande et tranchante que l’autre, le nouvel achat de l’ombre encapuchonnée pour lui. Il ne restait plus qu’à les utiliser pour une première fois.
« Au bout d’une ou deux heures, je pense que nous y serons. Le relief est assez bizarre, tu comprendras ce que je veux dire, Tery. »
« D’accord. Je te fais confiance. De toute façon, à qui d’autre pourrais-je la donner ? »

Elle ne releva pas les dernières paroles du jeune homme : ce n’était pas une plainte mais un constat. Elle le savait : Il regrettait de s’être laissé emporter par ses émotions. Il avait simplement voulu montrer de l’affection. Une simple affection qu’elle aurait aimé avoir il y a plusieurs années … Enfin … C’était le passé … mais aussi son présent.
Côte à côte, les griffes pendantes chez Tery, les mains gantées de rouge chez l’Ombre, ni l’un, ni l’autre n’osait lancer une discussion sur tout et rien. Ce n’était pas comme si ils étaient en froid l’un par rapport à l’autre mais ils ne savaient pas quoi dire. Après un début de journée qui s’était annoncée comme resplendissante, il sentait que tout s’était brisé comme un simple objet de verre. Pourtant, il fallait quand même lancer une conversation entre eux deux, un sujet de discussion, n’importe quoi !

« Sinon … Il fait plutôt beau aujourd’hui non ? » dit le jeune homme, pensant aussitôt que ses paroles étaient particulièrement stupides.

« Ça peut aller … Dis-moi … Tu n’es pas en colère contre moi hein ? » demanda-t-elle sur un ton un peu inquiet, son masque blanc fixant le jeune homme.

« Non non ! Pas du tout ! Je ne suis pas en colère contre toi. J’ai juste un peu l’impression … que c’est triste … Je ne sais pas pourquoi … Je me sens un peu triste. Mais bon, ça me passera sûrement, héhéhé ! »

« Si tu as un problème, tu peux me le dire hein ? »

Phrase complètement idiote de sa part. Il ne pouvait pas lui demander de faire une telle chose … Surtout avec ce qu’il allait accomplir dans la grotte. AHHHH ! La grotte ! Il ne voulait vraiment pas y penser ! Il hocha la tête plusieurs fois de suite pour se retirer cette idée mais il n’y arrivait pas. Les ordres de l’Oracle étaient formels … et il devait les accomplir. Rien que cette idée … Rien que cette … idée lui faisait terriblement mal au cœur.

« Et si tu en as un, tu peux m’en parler hein ? Ça va dans un sens comme dans l’autre. » annonça le jeune homme avec un petit sourire aux lèvres.

« Bien entendu … Merci quand même pour tout. On va y aller, d’accord ? »

« Je n’attendais que ça de ta part, l’Ombre. » répondit-il calmement.

Mais combien de temps allaient-ils mettre pour y arriver ? Il ne lui demanda pas, commençant à marcher à ses côtés. Pourtant, au bout d’une dizaine de minutes, tandis que ni l’un, ni l’autre ne prenait la parole, il ne put s’empêcher de chercher à faire la conversation.

« L’Ombre … Ce scorpion … Je me demandais … Est-ce que tu crois qu’il y a des chances qu’il ait aussi des pouvoirs comme le gnomold que j’ai combattu ? Je me posais la question … Car je ne sais pas du tout ce que l’on va faire exactement là-bas. »

« Il y a des chances qu’il soit assez spécial, oui. Je me dis même que cela risque de ne pas être très simple … C’est pour cela que l’on a pris cette mission. »

« Mais ce n’est pas pour rejoindre l’armée de Shunter ! Héhéhé ! »

Il émit un petit rire pour bien montrer qu’il avait pris cette décision et qu’il ne comptait pas revenir dessus. Oui … Il ne voulait plus aller dans l’armée. Maintenant qu’il avait fait la paix avec l’Ombre et qu’il savait que ce n’était peut-être pas la meilleure décision d’aller rejoindre l’armée … Il se sentait mieux.

« Je l’espère bien … Tu n’es pas fait pour obéir aux ordres. Tu es un peu trop indiscipliné des fois. Je te vois très mal dans l’armée de Shunter ou dans une milice … Tu serais plus quelqu’un de solitaire ou alors quelques personnes qui t’accompagnent. Bien entendu, sans avoir à subir des ordres ! Bref … Quelqu’un de … seul. »

Sur le dernier mot, il remarqua une petite pointe de tristesse dans la voix de l’être masqué de blanc. Ça ne devait pas être toujours la joie pour lui, n’est-ce pas ? Il lui tapote doucement le dos avant de reprendre la parole sur un ton enjoué :

« Maintenant, je suis avec toi, l’Ombre donc bon … Je ne suis plus seul. »

« C’est vrai ! Tu m’accompagneras alors dans toutes mes folles aventures dans le monde, si j’ai bien compris ce que tu veux me dire, c’est ça ? »

« Bien entendu ! Plus on est de fous, plus on rit, n’est-ce pas ? » dit-il en rigolant une nouvelle fois, espérant que cela servirait à faire sourire la personne derrière le masque blanc.

« Sûrement … Ça serait une bonne chose que ça continue ainsi indéfiniment … Je me plais bien avec ce que j’ai actuellement … »

Hum ? Pourquoi est-ce qu’il continuait à parler sur ce ton triste ? Il le regarda, encapuchonné de brun … Pfff …Qu’importe ce qu’il disait, l’Ombre ne semblait pas des plus motivées. Peut-être qu’il valait mieux … rentrer avant qu’il ne soit trop tard non ? Cela pouvait bien attendre un autre jour.

« L’Ombre … Je pense que c’est mieux pour toi que nous retournions à Midès. »

« Hein ? Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que je ferai une telle chose ? » dit la personne masquée, s’arrêtant sur le chemin alors qu’il lui faisait face.

« Ca n’a vraiment pas l’air d’aller. Nous n’en sommes plus à une journée près … Et je me sentirai bien mieux si je savais que tu allais mieux. »

« Arrête avec ce mieux, mieux, mieux, je vais très bien, je te le promets. Tu te fais du souci inutilement, ça en devient un peu exaspérant. Qu’est-ce que je peux te dire pour te rassurer, Tery hein ? Nous allons régler cette histoire une bonne fois pour toutes. »

Cette histoire ? Ce n’était qu’une « chasse » tout simple, rien de plus. Il n’aimait pas vraiment le ton employé par l’Ombre à ce sujet. Mais voilà … Qu’est-ce qu’il pouvait dire pour qu’elle le rassure ? Hum … Quelque chose de drôle ou de gênant …

« Est-ce que tu peux me montrer ce que tu as sous ton masque ? »

« Hein ? C’est … C’est quoi cette demande saugrenue de ta part, Tery ? Je pensais que nous nous étions mis d’accord à ce sujet non ? Ce n’est pas possible. » dit l’être masqué de blanc avant de recommencer à avancer.

« Et bien … Au moins, je serai sûr que tu ne me caches rien de grave. Et puis … C’est surtout pour te faire rire un peu … J’ai l’air de m’être loupé visiblement. »

« Pas forcément … Mais si tu veux savoir ce qu’il y a sous mon masque, il y a alors un visage, deux yeux bleus comme tu peux le remarquer, une bouche, un nez, des sourcils, une dentition, toutes ces choses que tu as aussi. »

« Bla bla bla. Petite maline l’Ombre. Mais ce n’était pas ça que je demandais réellement, tu le sais aussi bien que moi, n’est-ce pas ? »

« Oui mais ce n’est pas aussi simple que ça ! Peut-être qu’un jour … dans un temps très très lointain, tu verras ce qu’il y a sous mon masque mais pour l’heure, il ne faut pas rêver. »

« Oui … Je m’en doutais hein ? Mais bon … Si tu veux me montrer que tu n’as pas de problèmes, le mieux va être de discuter longtemps, très longtemps avec moi. » annonça le jeune homme avec calme et sérieux.

« Si ce n’est que cela … Je pense que je peux bien subir cette torture de ta part. » répondit l’être encapuchonné de brun avant de rigoler un peu.

Oui … C’était mieux comme ça. Pour pallier à l’ennui, il n’y avait qu’une méthode bien efficace la majorité du temps : s’occuper à autre chose. Dans ce cas précis, cela allait consister à rire et parler entre eux. Dommage qu’il n’ait pas plus de connaissances, cela aurait pu donner quelques débats plus ou moins intéressants. Mais pour l’heure, la seule chose qu’il avait en tête, c’était de lui poser des questions sur elle … ou alors sur les cours qu’elle lui avait donnés depuis déjà … quelques mois ?

Les minutes s’écoulèrent plus paisiblement et calmement qu’auparavant. Maintenant qu’il avait un sujet de conversation, l’anxiété qui l’avait envahi disparaissait peu à peu pour laisser place à un peu de joie. Oui … Il se sentait bien mieux maintenant et il le montrait. Muni de sa griffe gauche, son autre main serrait celle de l’Ombre alors qu’ils marchaient tranquillement en direction du fameux désert où ils devaient se rendre.

« Hum … Au sujet de ce désert, est-ce que tu peux m’en dire plus ? Tu sembles avoir bien voyagé, est-ce que tu le connais ? » demanda le jeune homme.

« Je ne le connais que de nom … Mais il semblerait que ça ne soit pas un désert réellement … Il n’a de désert que le nom … C’est plus une plaine abandonnée par les hommes qui porte le nom de désert, rien de plus. »

« Hum … Je vois, je vois … Ce n’est donc au final qu’une image. J’avais peur que la température augmente subitement et nous rende la marche invivable. »

« J’ai pris quand même quelques boissons au cas où … Ce n’est pas grand-chose car je ne pense pas que nous allons prendre la journée … Mais cela devrait être plus que suffisant pour pouvoir éviter d’avoir soif. »

« Merci bien … Heureusement que tu penses un peu à tout, sans toi, ça pourrait toujours très mal se terminer héhéhé. »

Oui … Surement … Il fallait dire que cette histoire, cette mission avait très mal débuté aussi. Mais cela, il ne le savait pas. L’être au masque blanc posa ses yeux saphir sur le jeune homme. Il semblait si … insouciant maintenant. C’était radical comme changement mais … Il ne s’en plaignait pas. Voir le jeune homme heureux après ce qui s’était passé mettait du baume sur son cœur meurtri par cette lettre détestable.

Enfin … Cette lettre était aussi celle à laquelle elle devait obéir. L’Oracle savait ce qu’il faisait … L’Oracle savait faire le bon choix … Sinon, il ne l’aurait pas envoyé pour cette mission … Mais voilà … Elle avait pensé un instant que rencontrer Tery était lié au destin mais pas uniquement … Qu’il y avait encore plus que cela …

Mais voilà … Peut-être qu’il s’était trompé en fin de compte ? Ca ne serait pas la première fois, ni la dernière fois. Il observa Tery, celui-ci tournant son visage vers lui avec l’air de lui demander s’il y avait quelque chose sur sa face. Il hocha la tête négativement, voulant éviter de plus y penser bien que c’était trop difficile.

« Et bien … Tu ne vas pas me dire que tu recommences à bouder hein ? Ça ne va pas aller comme ça, l’Ombre ! Tu vas tout me dire si tu continues … »

« Je ne te dirai rien car je ne boude pas. Je pensais simplement au fait que nous étions bientôt arrivés au désert, voilà tout. »

« Ah … Oui … Je vois … Mais de toute façon, tu as une idée du chemin à prendre lorsque nous serons dans le désert ? » demanda le jeune homme avec interrogation.

« Je ne pense pas … Mais il ne doit pas y avoir une dizaine de grottes. De même … Bien que ça ne soit pas forcément très rassurant, il y a de fortes chances que si on découvre des corps ou des ossements non-loin … Ca soit le bon endroit. »

« Ah … Je vois pourquoi tu as dit que ça ne serait pas forcément très rassurant, oui. »

« Je te dis simplement ce que j’en pense … Désolé. » termina d’annoncer l’être masqué de blanc tandis que le jeune homme poussait un léger soupir.

« Ce n’est pas de ta faute. Tu n’as pas à t’excuser hein ? C’est simplement que ça me tente de moins en moins cette excursion dans le désert. Mais bon … Maintenant que nous avons fait tout le chemin ou presque, on ne va quand même pas rebrousser chemin hein ? »

« Je ne crois pas que ça soit une bonne idée, oui. De toute façon, nous verrons lorsque nous serons sur le terrain, ça résoudra tous les soucis. »

Il acquiesça tandis qu’ils recommençaient à marcher. A force de parler et de discuter, il commençait à avoir mal à la bouche et à la gorge. Peut-être que trop parler n’avait pas été forcément la meilleure des idées, non ?

Enfin, ils arrivèrent jusqu’au fameux désert. Un désert bien spécial puisqu’ici, il n’y avait pas que du sable, des dunes et quelques pierres. Loin de là même, c’était tout le contraire … Oh, il y avait bien quelques étendues sableuses mais ce n’était pas grand-chose. Non, le terrain consistait plus à de la pierre, quelques rochers mais aussi de petites étendues parcourues par les herbes. C’était assez … spécial mais en même temps bien différent de ce que l’on pouvait imaginer. Il regarda les environs, passant une main sur son front avant de dire à l’Ombre :

« Bon … Et bien maintenant que nous sommes ici … »

« Il nous faut trouver le plus tôt possible ce scorpion. Ensuite, nous pouvons le tuer et enfin, je pense que tout sera terminé. » annonça l’Ombre bien qu’elle appuyait sur le « terminé ».

« Vivement que ça soit le cas … Mais quand même … Je n’ai même pas eu le temps de voir ce qu’était réellement ce livre … Et aussi ce pendentif. J’aurai bien aimé l’essayer. »

« Tu ne perds rien pour attendre. On va vite s’occuper de ce scorpion. »

Oui, c’était vrai. Et maintenant ? Qu’est-ce qu’ils allaient faire ? Allaient-ils se lancer tout de suite à la conquête de ce désert ? Il se tourna vers l’être masqué de blanc, celui-ci sortant de quoi se nourrir et boire. Il lui dit avec calme :

« Je pense qu’il vaut mieux avoir le ventre plein avant de partir, non ? »

« C’est une très bonne idée. » répondit Tery avant de chercher un endroit où ils pourraient s’asseoir. Il désigna des rochers de faible taille mais assez volumineux. Chacun vint s’installer en face de l’autre avant de commencer à manger pour se remplir l’estomac. Ainsi, lors du combat qui allait les opposer à ce monstre dont ils ne savaient pas grand-chose, ils seraient alors en pleine forme contre lui.

« Est-ce que tu crois qu’il y a autre chose comme créature ? Enfin des bêtes aussi grosses que ce scorpion géant, l’Ombre ? » demanda t-il après deux minutes de silence.

« Il y a des chances, oui … Mais on va éviter de les rencontrer hein ? Ça ne serait pas vraiment … la meilleure idée que d’aller affronter une créature que Shunter veut éliminer. »

« C’est exact … Mais bon, si on n’a pas le choix, on ne sera pas vraiment aidé hein ? »

« Je confirme … Enfin … Il vaut mieux ne pas penser au pire sinon, je t’avoue que je serai vite dépressif si on commençait ainsi. » répondit l’Ombre en rigolant bien qu’il sentit que ce n’était pas un véritable rire. Elle semblait sérieuse … plus que sérieuse.
Quel était son problème ? Il avait envie de le savoir … mais elle restait impénétrable. Il aimerait tellement en savoir plus à son sujet … Mais elle ne lui disait rien sur elle. Pourquoi d’ailleurs ? Est-ce qu’elle avait un secret bien gardé ? Visiblement, son regard posé sur elle semblait la déranger puisqu’elle reprit :

« Il y a un souci, Tery ? J’ai une tache sur mon vis… euh mon masque ? »

« Hein ? Euh … Non, non. Ne t’en fait pas pour ça, tu n’as rien du tout. Je regardais juste … quelque chose … Sans plus. Tu n’as pas à t’en faire, tu n’as rien du tout. »

« Hum … D’accord … Dès que tu as terminé, nous pouvons repartir. »

Il hocha la tête, ne perdant guère de temps avec son repas. Il aurait les réponses à ses questions plus tard … lorsque le moment serait venu. Pour l’heure, le plus important restait la défaite du scorpion mais aussi la protection de l’Ombre. Comme elle savait se battre et que lui … n’était qu’un débutant, il devait alors faire plus qu’attention.

« Terminé ! » dit-il après cinq minutes, l’être masqué de blanc se relevant aussitôt.

« Alors … Faisons disparaître toutes ces saletés et allons-nous occuper du scorpion. Ensuite … Ensuite … Et bien … Nous verrons ce que nous ferons … »

« Facile, l’Ombre. Il suffit de rentrer avec une preuve de la mort du scorpion. »

« Oui … C’est ça, Tery … C’est exactement ça. » murmura la personne encapuchonnée sur un ton plus que distant. Il suffisait … de rentrer après le combat. Le jeune homme partit devant elle, la laissant seule alors qu’elle se mettait à marcher avec lenteur à sa suite.

« Tu te dépêches quand même un peu hein ? »

Elle hocha la tête positivement tandis qu’elle réfléchissait à tout cela. Le tuer … Le tuer … Elle devait tuer le jeune homme … après ce combat. Peut-être que le scorpion pouvait s’en occuper à sa place ? NON ! C’était juste … horrible de désirer la mort de quelqu’un d’innocent … qui n’avait rien fait. Qui n’avait encore rien fait … Est-ce qu’elle pouvait le considérer coupable avant même qu’il n’agisse ? Cette question la torturait.

Chapitre 12 : Avant le départ

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 12 : Avant le départ

« L’Ombre ? Tu es réveillé ? Je suis prêt ! » s’écria une voix de l’autre côté de la porte.
Bien entendu qu’elle était réveillée. Elle n’avait pas réussi à fermer l’oeil de la nuit, trop malmenée par ses sentiments et ses réflexions. Qu’est-ce qu’elle devait faire ? Le laisser s’enfuir ? Le laisser partir ? Ou alors… Exécuter sa mission ? Mais non ! On parlait de tuer un homme innocent ! Qu’est-ce que Tery avait fait de mal pour mériter ça ? Elle ne comprenait pas la réaction de l’Oracle. Elle murmura :

« Attends quelques minutes … s’il te plaît. »
Lentement, son corps s’étira alors qu’elle remettait le masque blanc sur son visage. Un masque blanc qui souriait, un masque blanc qui cachait parfaitement ses sentiments. Elle se regarda pendant quelques instants dans le miroir, observant les deux lettres posées sur son bureau. Elle posa une main dessus avant de les brûler. Elle ne devait plus y penser, plus du tout. Un seul mot d’ordre : Tuer. Il allait toquer une seconde fois à sa porte avant que celle-ci ne s’ouvre. Le jeune homme se tenait là, un sourire aux lèvres :


« Ah ! Tu en as mis du temps ! Dépêchons nous ! »
Elle poussa un léger cri d’étonnement tout en se faisant prendre sa main droite gantée de rouge. Il s’était mis à courir à toute allure dans le couloir, excité comme le serait une puce. L’aubergiste les salua d’un petit geste de la main alors qu’elle se faisait sortir de l’auberge sans comprendre ce qui se passait. Il s’arrêta à quelques mètres de l’auberge, libérant sa main de la sienne avant de se tourner vers elle :
« Que faisons-nous ? Je veux dire : Je ne sais pas où me rendre moi. »
« Ah… Euh… Oui ! Les objets ! Allons-y mais calmement, d’accord ? Rien ne presse et nous devons acheter quelques vivres au cas où. »
« On va faire un pique-nique dans le désert ? Tu as vraiment des goûts bizarres l’Ombre ? »
Mais quel idiot. Il rigola faiblement, l’Ombre faisant de même avant de prendre sa main dans la sienne. Qu’au moins, elle puisse profiter de ces dernières heures de tranquillité avec lui. Le jeune homme semblait s’être ouvert au fil de ces dernières semaines, elle avait réussi à briser la carapace qu’il s’était forgé durant toutes ces années.
La marche qui s’en suivit était paisible et tranquille : main dans la main, ils observaient les personnes tout autour d’eux. Des enfants, des adolescents, des adultes, tous semblaient excités par quelqu’un ou quelque chose. Quelques murmures arrivèrent aux oreilles de Tery :
« Encore une guerre ? Mais qu »est-ce que le roi a en tête ? Nous n’avons pas besoin de nouveaux territoires ! »
« Mais tais-toi au lieu, tu sais bien que parler de ça en public, c’est risqué. Tu veux finir en prison ou quoi ? Viens … On va plutôt travailler avant que le chef nous gueule dessus. »
« Une guerre ? Il y a une guerre, l’Ombre ? » demanda le jeune homme, intrigué.

Elle hocha la tête positivement tandis que sa main droite serrait avec un peu plus de force le jeune homme qui était plus grand qu’elle. Marchant côte à côte, il ne semblait pas très gêné d’avoir la main dans la sienne. Que ça soit un homme ou une femme sous ce masque, il trouvait ça « normal » de prendre sa main : Il n’y connaissait rien à cette ville. Ils marchèrent tranquillement, quelques têtes se tournant vers eux, un peu étonnées par l’Ombre.


La ville était forte simple : Les routes étaient pavées de pierre tandis que d’autres étaient complètement plates. Ces dernières étaient principalement utilisées par les nombreux véhicules de transport, certains marchant à la magie, d’autres utilisant des animaux assez bizarres comme des chevaux à deux têtes et à la crinière de feu.
Au niveau des bâtiments dans la partie Sud de la ville, ils semblaient être assez modernes et riches au niveau des fondations. Un tailleur, quelques tavernes toutes assez éloignées entre elles, des bouchers, des boulangers, des vendeurs de légumes, tout cela pouvait se trouver dans n’importe quelle ville de moyenne importance mais pour une capitale, il devait s’avouer qu’il était relativement déçu car il s’attendait à beaucoup plus de la part de Midès.
Son impression changea alors que l’ombre encapuchonnée l’emmenait après une quinzaine de minutes dans la partie Est de Midès. Il regardait émerveillé les personnes qui se trouvaient maintenant devant lui : Des hommes en robe de différentes couleurs. Un constat s’imposait : suivant l’élément qu’il dominait, l’homme portait la couleur fétiche de l’élément. Ils discutaient entre eux, certains avec véhémence, d’autres plus calmement. Les nombreuses théories sur les éléments, leurs rapports, les créatures capables de les utiliser, et toutes ces choses… C’était véritablement un domaine énorme et impossible à parcourir dans sa globalité même si on y passait une vie entière à y travailler.


Le regard de Tery se tourna vers une librairie, un livre mis en avant sur un piédestal : Sur la couverture était écrite : « De L’Ombre à la Lumière. » La couverture représentait un masque coupé en deux. Sur le côté gauche, une face blanche ainsi qu’un demi-sourire qui rappelait étrangement le masque que portait l’ombre encapuchonnée. Sur le côté droit, une face noire ainsi qu’un demi-sourire mauvais et maléfique. Rien qu’à le regarder, il en tremblait légèrement. C’était bizarre … Très bizarre cette impresion.
« Qu’est-ce que tu regardes Tery ? Tiens, montre-moi… NON ! Ne regardes pas ça ! »
Il fût repoussé légèrement sur le côté alors que la main de l’ombre encapuchonnée quittait la sienne. Qu’est-ce qui venait de se passer ? Il ne comprenait pas la réaction de l’être sous la cape brune mais cela semblait l’avoir choqué. Il respira très rapidement sous le masque comme si il venait de courir plusieurs kilomètres à toute allure.
Il ne devait pas voir ce livre ! Il ne devait pas ! Rien qu’à la couverture, elle savait de quoi il parlait ! Si le jeune homme le lisait même sans comprendre ce qui était marqué dessus, il allait changer à tout jamais ! Elle devait tout faire pour garder la légère candeur qu’il avait encore dans ses yeux vert pomme. Quelques magiciens s’étaient tournés vers eux, certains se mettant à les étudier avant de froncer les sourcils. Le masque blanc de l’ombre encapuchonnée semblait les intriguer.
« Désolé, je suis désolé ! Je ne voulais pas te pousser. » dit-elle en s’excusant.
« Haha ! Ca ne fait rien, l’Ombre. Tu me fais encore visiter ? Est-ce ici que se trouve la guilde des magiciens de l’Ordre de Barkan ? J’aimerais bien voir à l’intérieur à quoi ça ressemble. »
« Allons-y alors. Je vais te faire visiter la guilde. Ils seront assez étonnés de voir qui est à l’origine de la mort de Parkan, chef de la tribu des Goris. »
Elle rigola très faiblement alors qu’elle reprenait sa main. C’était tout ce qu’elle pouvait faire pour l’instant. Elle n’en avait pas envie, pas maintenant ! Retarder l’inévitable, retarder le moment où elle allait devoir passer à l’acte. Ils arrivèrent tout les deux devant un magnifique bâtiment à cinq étages. Le premier étage était de couleur orange avec un magnifique phénix gravé dessus. Le second étage était de couleur bleu avec un dessin gravé représentant un majestueux serpent de mer. Le troisième étage était de couleur jaune et la créature dessinée dessus ressemblait à un monstre humanoïde à tête de chien et portant un magnifique maul dans ses deux mains. Le quatrième étage était quand à lui de couleur brun et la gravure au milieu de ce dernier était une sorte de taupe avec deux griffes qui semblaient tranchantes. Enfin le cinquième et dernier étage était entièrement vert : Sur son milieu, un aigle tricéphale était dessiné dessus. Il semblait bien plus imposant et puissant que les quatre autres et Tery regardait le bâtiment avec émerveillement.
« C’est superbe ! C’est quoi ces créatures ? » demanda t-il avec étonnement.
« Les gardiens protecteurs des éléments. De bas en haut, nous avons Kalan, le Phénix ardent. Ensuite, c’est Lavon, le Leviathan des abysses. En troisième, c’est Wexila, la femme porteuse de l’arme légendaire Park. Elle est devenue l’un des gardiens grâce à cette arme. Pour l’élément de la terre, il vaut mieux se méfier d’Onyr, on ne dirait pas à cause de son allure mais il est très dangereux d’après les histoires écrites sur lui. Enfin, au-dessus de tous, il y a Trozeral, l’aigle dominateur du vent. Bien entendu, comme tu peux t’en douter, ils sont beaucoup plus gros que les animaux de base. »
Il hocha la tête pour signaler qu’il avait bien compris. Elle prit sa main avant de pénétrer à l’intérieur du bâtiment. Au rez-de-chaussée, de nombreuses personnes étaient en file indienne, certaines avec des sacs qui semblaient relativement lourds. D’autres personnes, surtout des hommes en robe de magicien montaient les escaliers tandis qu’une porte close se trouvait à côté de ces derniers. Il y avait quelques tables et dans le coin droit, quelques consommations étaient vendues à des prix relativement bas.
Tery demanda ce qu’ils attendaient, l’Ombre lui disant simplement de patienter car elle avait une petite surprise pour lui. Il tourna son visage vers le masque blanc, un petit sourire invisible se trouvant derrière celui-ci. Une surprise ? Quelle surprise ? Il ne semblait plus inquiet, sachant pertinemment que l’Ombre n’était pas mauvaise. Il l’observa alors qu’ils avançaient peu à peu dans la file. Visiblement, c’était là que se trouvait la fameuse guilde des magiciens hein ? Quelques minutes plus tard, ils se retrouvaient enfin devant un comptoir où un homme au crâne chauve mais à la longue barbe blanche était présent. Celui-ci releva ses yeux azur vers le jeune homme et l’ombre encapuchonnée, un bref regard posé sur les deux mains qui se tenaient l’une dans l’autre.
« Oui… Vous êtes ? Hum, attendez un peu. Vous n’êtes pas la personne qui m’a ramené ces pattes séchées de Gnomold il y a quelques temps ? » demanda le vieil homme.
« C’est le cas. Nous avions parlé d’autre chose aussi. » répondit l’être masqué de blanc.

De quoi est-ce qu’ils parlaient ? De présenter son tueur ? L’Ombre lui dit de prononcer le nom du chef gnomold qu’il avait tué. Il regarda respectivement le vieil homme et l’ombre encapuchonnée tandis que les quelques personnes derrière eux tendaient l’oreille. Il ne savait pas vraiment quoi dire et il tenta de se rappeler le nom du Gnomold.
« Parkan… Chef de la tribu des… Goros. Non, je crois que c’était Goris. »
Quelques murmures, des petites phrases derrière Tery et l’ombre tandis qu’il s’arrêta de parler. Qu’est-ce qu’il avait dit de mal ? Ils parlaient des pouvoirs de Parkan mais aussi de lui. Les murmures continuèrent alors qu’il baissait la tête, trop honteux d’avoir ouvert la bouche. L’Ombre avait-elle voulut le ridiculiser de cette façon ? Il ne comprenait pas son geste. Son regard se releva pour voir les yeux saphir à travers le masque blanc. Pourquoi avait-elle fait une telle chose ?

« J’ai bien essayé de lui donner la récompense mais elle ne l’a pas accepté. Elle me l’a dit plusieurs fois que ce n’était pas elle qui avait tué ce Gnomold mais vous. Qu’importe qui l’a tué, si elle vous connait et comme c’est elle qui a ramené les deux pattes de ce dernier ainsi que les pattes séchées, je devrais normalement lui donner la récompense. Mais vous avez vraiment tué ce Gnomold ? Vous ne semblez pas très « fort » pourtant, sans vouloir vous vexer. » demanda l’homme en face de lui.
« Ah… En fait, j’ai tué son fils et il s’est énervé rapidement. Ca a peut-être joué en ma faveur. Je sais qu’il utilisait le feu quand j’ai vu l’anneau de flammes autour de nous. Mais oui, c’est bien moi qui l’ai tué. » dit le jeune homme calmement.
« Hum… Impressionnant, impressionnant. Vous utilisez quel élément ? »

Il allait répondre mais l’ombre lui écrasa faiblement le pied gauche pour lui dire de se taire au sujet de la possibilité d’utiliser tous les éléments. Il poussa un faible cri de douleur avant de regarder l’ombre. Quel élément savait-il utiliser le mieux ? Il ouvrit finalement la bouche :
« J’utilise l’élément de la terre. Je ne suis pas encore très développé dedans mais bon, je fais tout pour m’améliorer ! Enfin … J’essaie bien entendu. »
« Que c’est beau de voir une jeunesse aussi motivée. Attendez donc quelques minutes à côté, je vais de ce pas contacté le quatrième étage pour votre récompense. »
L’Ombre encapuchonnée remercia le vieil homme tandis que Tery se laissa prendre sa main. Il se fit emmener à une table alors qu’elle se dirigeait vers le comptoir pour demander deux verres d’eau avec un zeste de citron. L’être masqué lui dit :
« Je ne crois pas que tu aimes l’alcool, non ? Alors je t’ai pris ça. »
« Tu es pareil que moi on dirait. La même consommation. Mais comment tu vas boire ? »
Elle posa un doigt sur les lèvres de Tery pour le faire taire. Quelques secondes après, une partie du liquide quitta le verre de l’ombre encapuchonnée pour s’infiltrer dans le sourire gravé sur le masque blanc. Bien entendu ! Quel imbécile ! S’il n’y avait pas un trou au niveau de la bouche, comment l’ombre aurait fait pour respirer ? Il se tapa le front devant une telle évidence alors qu’elle se mettait à rire, lui disant :
« Est-ce que tout cela répond à ta question, Tery ? »
« Oui. Mais quand même, pourquoi je n’y ai pas pensé, je suis trop stupide des fois. »
« Non, tu n’es pas stupide mais ignorant, ce sont deux choses différentes. »
« Merci pour tout. Je ne le répète pas assez à mon goût mais sans toi, je serais déjà mort depuis longtemps. Sans toi, je n’aurais jamais appris à me battre, ni à utiliser mes sorts. Même si… On ne se connait pas plus que ça, j’estime que tu es quelqu’un de très important pour moi, l’Ombre. » reprit le jeune homme aux cheveux bruns calmement.
Soudainement, il prenait les deux mains gantées de rouge dans les siennes avant de les serrer avec une certaine délicatesse. L’Ombre resta imperturbable tandis qu’elle l’observait de ses yeux bleus. Pourquoi disait-il une telle chose avant ce qu’elle comptait faire ? Pourquoi gâchait-il cet instant ? Non… Ce n’était pas de la faute de Tery. Il ne savait rien, rien du tout.
« Tery… Ne t’attache pas trop à moi, tu me le promets ? » chuchota-t-elle calmement.

Hein ? Pourquoi l’Ombre disait une telle chose ? S’attacher à elle ? Dans quel sens ? Comme à un membre de sa famille ? Ou à une amie ? C’est vrai que depuis plus de deux mois, ils étaient toujours ensembles mais de là à s’attacher… Pourquoi se voiler la face ? Oui il était déjà attaché à l’Ombre même si il n’arrivait pas à l’exprimer correctement. Cette personne était responsable de son changement : un changement qu’il savait positif et bon bien qu’il n’aurait jamais pensé que cela soit possible. Surtout en sachant ce qui s’était passé auparavant … dans le passé. Qu’importe les actions que l’ombre pouvait faire, il savait qu’elles étaient toujours bonnes et fondées. Etait-ce une sorte d’idéalisme envers elle ?
« Je le suis déjà. Désolé. Enfin … Pas autant que tu ne le crois mais tu es importante. »
Il baissa la tête en retirant ses deux mains, remarquant un homme qui descendait des escaliers. Les cheveux noirs et bruns légèrement en bataille, il avait deux yeux noirs tandis qu’il devait avoir la trentaine, voir la quarantaine au maximum. Il avait dans sa main droite une sorte de petit livre relié à la couverture brune et épaisse tandis que dans sa main gauche se trouvait un collier dont il ne pouvait pas discerner les contours exacts. Il s’approcha de Tery, le toisant du regard avant d’émettre un léger sourire :
« Vous êtes Tery ? Celui qui a éliminé Parkan ? Je suis là pour vous donner votre récompense. Vous êtes lié à l’élément de la terre, n’est-ce pas ? »
« Heu… Oui, oui ! » dit le jeune homme, un peu intrigué par cette question. D’ailleurs … Pourquoi est-ce que l’Ombre n’avait-elle pas voulu qu’il signale qu’il pouvait utiliser tous les éléments. D’ailleurs … A ce sujet, pourquoi y arrivait-il ?
« Soit, voilà un petit livre qui vous sera fort utile. C’est une petite rareté qui n’existe qu’en un millier d’exemplaires dans le monde. A l’intérieur de ce livre, il y a une lettre qui vous expliquera comment fonctionne exactement ce livre mais faites attention à ne pas le perdre. » annonça l’homme calmement alors que Tery l’écoutait.

Il déposa le livre sur la table devant le regard étonné de Tery. L’Ombre encapuchonnée observa le livre du coin de l’oeil tandis que l’homme ouvrit sa main, montrant un magnifique collier se présentant sous la forme d’une chaîne en or avec un… coeur fait d’une pierre brillante et brune ? Le jeune homme aux cheveux bruns observa d’un air incrédule la pierre.
« Et c’est ? » demanda le jeune homme avec interrogation.
« Simplement une amulette de liaison de terre. Plus vous développerez vos pouvoirs dans l’élément de la terre, plus ces derniers deviendront bien plus puissants. Sinon, il vous permettra de vous lier plus facilement aux créatures issues de la terre ou alors aux personnes dominant cet élément. Vous avez d’autres questions ? Désolé d’être aussi pressé mais j’ai un travail assez important en rapport avec notre royaume. Un sujet assez délicat en soi. »
« Heu… D’accord, nous allons donc vous laisser. »

Tery se releva en même temps que l’ombre encapuchonnée. Il prit le livre et le collier, mettant le premier dans son sac alors qu’il demandait à l’Ombre de lui attacher le second autour du cou. Le jeune homme aux yeux verts s’inclina devant celui qui venait de lui donner ces deux objets. Ce dernier se dirigea vers les escaliers, le remontant alors que Tery prenait la parole :
« Merci beaucoup l’Ombre. Nous devrions quitter le bâtiment maintenant, non ? »
« Oui, nous allons faire encore quelques boutiques et ensuite, nous irons nous mettre en route pour le désert. » répondit l’être masqué de blanc.

Il prit les devants, ouvrant la porte de la guilde pour sortir à l’extérieur tandis que l’ombre encapuchonnée le suivait. Il ne savait pas où se rendre et déjà, instinctivement, il prenait la main gauche de l’Ombre encapuchonnée pour se laisser guider.
« Que ferais-tu sans moi ? » chuchota la personne masquée, amusée.
« Pas grand-chose, l’Ombre. Pas grand-chose. »

Ils rigolèrent en choeur alors qu’elle le traînait maintenant dans des nouvelles rues. Certains marchands vendaient quelques animaux de petite ou moyenne taille derrière des vitrines, Tery les observant du coin de l’oeil sans plus s’attarder. Il n’était même pas capable de s’occuper de lui-même, alors prendre un animal de compagnie… Hors de question.
Ils arrivèrent devant une boutique de petite taille : entièrement peinte en verte, une enseigne basique et banale se trouvait au-dessus avec écrit en lettres argentées : Apothicaire Moran. Ils pénétrèrent à l’intérieur de la boutique, Tery mettant subitement une main sur sa bouche devant l’odeur singulière de l’endroit.
« Je peux vous aider ? » murmura une voix sur le côté.
Le jeune homme poussa un cri en sursautant, lâchant la main de l’ombre encapuchonnée. Celle-ci éclata de rire alors qu’un petit homme d’un mètre cinquante était apparu devant eux. Il… Il ne l’avait pas vu ! Mais saleté ! Il avait réussi à lui faire peur ! Une paire de lunettes sur les yeux, un petit sourire hagard sur le visage, des cheveux gris sur le crâne, il avait tout de la personne assez louche aux premiers abords.

« Je répète, je peux vous aider ou non ? Même si j’ai peu de clients, si vous n’êtes pas là pour une affaire, veuillez partir. » signala le marchand avec calme.

« Nous avons besoin de ces objets sur cette liste. »

L’Ombre tendit une lettre que l’apothicaire prit d’une main. Il mit ses lunettes en face de ses yeux verts avant d’étudier la liste. Ah… Ce n’était que ça : Ca n’allait pas lui donner son pain quotidien mais au moins, un peu d’argent en plus faisait toujours plaisir. Tery regarda autour de lui, lisant les quelques indications sur les flacons, potions, herbes et autres objets se trouvant dans le magasin.
« Qu’est-ce que tu as mis sur cette liste ? » demanda le jeune homme.
« Juste des petites potions pour soigner nos blessures, rendre nos corps plus légers et toutes ces choses. Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet, ce n’est pas bien important. »
« Rendre nos corps plus légers ? Pourquoi ça ? » questionna-t-il une nouvelle fois.
« Si nous découvrons un trésor, tu penses vraiment pouvoir le porter tout seul ? Surtout sous la chaleur du désert ? Enfin bon… Désert, désert. C’est juste une immense étendue de sable mais la chaleur n’est pas si écrasante que ça. »
« Mais tu es là pour tout porter ? Je veux dire : Tu me portes si souvent que j’ai pris l’habitude de penser que tu étais très musclé sous ta cape. »
« Méfie-toi des apparences. Elles sont souvent trompeuses Tery. Plus que tu ne le crois. »
Le ton sonna comme un message de prévention, allant bien au-delà de ce qu’il pensait à cet instant. Il l’observa, intrigué alors que l’apothicaire revenait avec une petite boîte qu’il ouvrit devant l’ombre encapuchonnée. Celle-ci hocha la tête après une trentaine de secondes pour signaler que tout était bon. Déposant trois pièces d’or dans la main de l’apothicaire, celui-ci remercia les deux clients avant de retourner dans l’arrière-boutique.
« Nous n’avons plus rien à faire ici, Tery. Tu veux encore visiter un peu ou c’est bon ? »
« J’ai une mauvaise sensation, l’Ombre. » murmura le jeune homme avec lenteur.
« Tu es souffrant ? Tu veux reporter la marche dans le désert à un autre jour ? »
« Non, ce n’est pas ça. Ce n’est… rien. Pardonnes-moi de t’embêter avec ça. »
Il sortait le premier, prenant une longue inspiration avant de regarder le ciel bleu et sans nuages. Il n’avait pas à embêter l’ombre encapuchonnée avec ses problèmes personnels. Pourquoi avait-il cette impression qu’il passait la dernière journée avec l’ombre encapuchonnée. Se sentir abandonné et trahi, il ne voulait plus revivre ça une seconde fois. Loin de là … Mais bon … Il observa la personne masquée de blanc. Elle n’était pas comme ça hein ? Ce n’était … pas son genre. Il savait que ce n’était pas le cas.

Chapitre 11 : Fin de l’entraînement

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 11 : Fin de l’entraînement

« Prépares toi Tery, nous allons te retirer les bandages et tu vas me dire si tu arrives à bien voir ou non. » annonça la personne masquée en posant ses mains gantées sur le visage du jeune homme. Celui-ci lui répondit, un sourire aux lèvres :
« Je suis prêt. J’ai presque l’impression d’être un aveugle à qui on aurait rendu la vue. »
« Ne dis pas de sottises comme ça. Aller … Tu es prêt ? Et pas de bêtises hein ? »

Ils rigolèrent ensemble tandis que lentement, elle défit les bandages. Au bout d’une trentaine de secondes, il tenta d’ouvrir ses yeux verts. D’abord, sa vue était légèrement brouillée puis de plus en plus nette jusqu’à ce qu’il arrive à apercevoir le masque blanc devant son visage. Un masque blanc avec un sourire dessiné sur les lèvres, un sourire qui devait aussi se trouver sous le masque. Les yeux saphir de l’Ombre l’observèrent avec attention.
« J’y vois ! J’y vois bien ! J’y vois même très bien ! » s’écria t-il.

Il avait pris un petit ton d’enfant miraculé tandis que la main droite gantée de rouge vint lui donner une petite claque sur le front. Il sourit alors qu’elle prit la parole :
« Bien entendu que tu vois ! Tu n’étais pas blessé à tes yeux, néanmoins, je ne pouvais pas faire autrement. Donnes moi la main, on va voir si tu es capable de marcher. Lentement, très lentement…Voilà. On va y aller tout doucement d’abord, d’accord ? »
Elle lui donnait quelques ordres simples alors qu’il posait sa main gauche dans sa main droite gantée de rouge. Il tenta de se lever lentement, ses deux pieds tremblants. C’est vrai qu’il était resté couché pendant une semaine. Et lorsqu’il avait eu … des petits besoins … Il devait appeler l’aubergiste qui l’aidait et devait le porter jusqu’à l’endroit où il pourrait les faire. Enfin bon … Maintenant, c’était du passé et il ne voulait plus se le remémorer !


« Ohla. Doucement, évite de trop forcer dès le départ. » murmura l’être masqué de blanc.

« Tu veux bien m’aider et m’emmener vers la fenêtre ? J’ai besoin de prendre un peu d’air. »
« Aucun problème Tery, aucun problème. Ça ne peut te faire que du bien. »

Ils se dirigèrent vers la fenêtre tandis qu’elle le maintenait par l’épaule gauche au cas où il s’écroulait. Elle ouvrit la fenêtre alors qu’il mettait sa tête dehors, respirant un bon bol d’air frais en poussant un long soupir d’apaisement. Tout était si calme et tranquille.
« Combien de temps tu penses qu’il me faudra ? Je veux dire : je pourrais marcher correctement dans combien de jours ? Et aussi, nous pourrons reprendre l’entraînement dans combien de jours ? Car … Il vaut mieux ne pas trop traîner non plus hein ?
« Je dirais que d’ici deux ou trois jours, tu seras capable de gambader dans la forêt comme un petit animal qui fait ses premiers pas. Cela te convient comme réponse ? »
« Youpi ! Bon et bien… Il va falloir m’emmener dans ma chambre maintenant. Je ne peux pas dormir tout le temps avec toi et puis bon… Ça ne se fait pas. Tu as ta vie privée, j’ai la mienne. Qu’est-ce que tu en penses ? C’est normal non ? » »
« Je confirme. Tu veux bien attendre ici ? » termina de dire la personne masquée.
L’ombre encapuchonnée se retira de la chambre alors qu’il acquiesçait d’un hochement de tête positif. Tout allait si bien maintenant et il savait qu’il restait encore pas mal de pièces d’or pour l’auberge. De toute façon, si il fallait, ils pouvaient toujours dormir ailleurs, ce n’était pas nécessairement un problème de ce côté-là. Il fallait juste … quand même surveiller … l’argent car il se méfiait. Et en même temps … Tout était si paisible, ça l’étonnait de ne plus trop se préoccuper de tout ce qui l’entourait, enfin pas de cette façon. Quand même … En quelques mois, tout avait changé dans son existence et il l’acceptait … maintenant ?
Une nouvelle semaine s’écoula, le cours du temps étant revenu à la normal. Il restait encore une quinzaine de pièces d’or et une nouvelle griffe avait été achetée pour Tery. L’autre ayant fondue dans les flammes et préférant le combat avec deux griffes au lieu d’une, il avait remercié l’ombre encapuchonnée pour ce cadeau. Maintenant qu’il avait appris que même les monstres pouvaient utiliser la magie, il mettait encore plus d’ardeur à apprendre les sorts élémentaires de base. Enfin … Venait d’apprendre … C’était un bien grand mot … Il venait tout simplement de se le rappeler. Il fallait dire qu’auparavant … Il ne sortait que très peu de chez lui et ça n’avait visiblement pas été une bonne chose.
« Bien ! Tery, montre-moi maintenant que tu sais utiliser tous les éléments du cycle de base. » annonça l’être encapuchonné de brun alors que le jeune homme acquiesçait. Ils se trouvaient à nouveau au pied de l’arbre, les sacs déposés juste à côté.
« Aucun problème ! Je vais commencer par celui de la Terre. C’est plus facile pour moi de les faire dans l’ordre. » répondit le jeune homme avant de se préparer.
Elle sourit derrière son masque blanc tandis qu’il faisait de même. Maintenant qu’ils étaient ici, ils étaient isolés du monde et c’était bien mieux pour réussir à travailler et à s’entraîner. Chose dans laquelle le jeune homme mettait une ardeur indéniable. Lentement, il se mit à se concentrer, des veines noires apparaissant le long de son bras droit jusqu’à sa main. Quelques instants plus tard, une pierre deux fois plus grande que celle de la première fois apparue dans la paume de sa main droite.
Quelques applaudissements arrivèrent de la part de l’ombre encapuchonnée qui l’observait de ses yeux bleus. Il déposa la pierre sur le sol avant de lui signaler qu’il allait maintenant s’attarder sur l’élément du feu. Il se concentra à nouveau pendant quelques secondes tandis qu’il levait la paume de sa main droite vers le ciel. Quelques secondes plus tard, trois petites flammèches apparurent au bout de ses doigts tandis que des applaudissements plus nourris se firent entendre. C’était bien … Il avait l’impression quand même de faire un spectacle avec un unique spectateur … Enfin bon … Ce n’était pas un problème personnellement, ça lui plaisait bien, héhéhé. Mais bon, si c’était un spectacle, autant saluer son public.
Il s’inclina devant l’ombre tout en faisant disparaître les trois flammèches. Il était déjà un peu fatigué car il n’avait pas l’habitude de changer d’élément aussi rapidement mais puisque c’était un « test », il devait donner son maximum. Il indiqua qu’il allait maintenant créer un léger souffle de vent et il se rapprocha de l’ombre encapuchonnée. Elle ferma ses yeux saphir pour ne pas voir de plus près les veines noires sur le bras droit de Tery bien qu’il ne comprit pas sa réaction. Il ouvrit lentement la bouche en murmurant :
« Attention à toi l’Ombre. Tu risques d’être étonné sur ce coup. »
Un souffle vint la frapper sur tout le corps caché derrière la cape, la faisant reculer de quelques centimètres. Surprise, elle ouvrit ses yeux bleus derrière son masque blanc. Ce souffle était plus puissant que celui de base sans pour autant être exceptionnel. Avait-il une prédisposition à l’élément du vent malgré sa capacité à pouvoir utiliser tous les éléments ? Il recula légèrement, passant une main sur son front : ça devenait de plus en plus difficile mais il restait encore deux éléments. Il mit ses deux mains en coupole avant de se concentrer une nouvelle fois. Aller … Maintenant, c’était au tour de l’eau !
Les lignes noires apparurent sur ses deux mains tandis qu’un liquide se formait dans la coupole. L’ombre encapuchonnée posa un doigt ganté dans le liquide avant de le tendre à Tery pour qu’il puisse le sucer. Il cracha subitement sur le côté avant de faire tomber le liquide sur le sol. C’était horrible ! C’était … C’était :
« C’est salé ! Un peu trop même ! Peuh ! ARGL ! Je déteste ça ! »
« Ce n’est pas terminé, il te reste un dernier élément et tu auras terminé le début de ton apprentissage. Pose ta main sur mon bras. » dit l’être masqué de blanc.
Elle releva l’une de ses manches, laissant apparaître un bras assez fin. Il se demandait comment l’ombre encapuchonnée avait fait pour le porter avec des bras aussi maigres mais bon… Il posa sa main gauche sur le bras droit de l’ombre, remarquant qu’il était assez doux au toucher. Il retira subitement sa main, comme gêné par ce contact.
« Que se passe-t-il ? Tu ne veux pas me montrer l’élément de la foudre ? » demanda la personne encapuchonnée alors qu’il répondait aussitôt :

« Je… Euh… Non je suis désolé. Bon je vais me concentrer. »
Chose qu’il avait du mal à faire, il devait se l’avouer. Il posa sa main droite sur le bras de l’ombre encapuchonnée avant de fermer les yeux. Lentement, les lignes noires apparurent sur sa main droite avant qu’une petite décharge électrique se fasse sentir. Sous la forme d’une étincelle, elle apparue dans sa main droite, parcourant le corps de l’ombre encapuchonnée qui retira son bras avec délicatesse. Elle reprit en murmurant :
« C’était très bien Tery bien qu’un peu disparate. Tu semblais bien moins concentré qu’auparavant. Néanmoins, toutes mes félicitations, c’était presque parfait. Tu n’as pas réussi à faire cinq flammèches, ton eau n’était pas potable et ton étincelle était assez diffuse. Je n’ai presque rien ressenti, même pas un petit picotement. »
« Désolé mais… Je ne voulais pas te blesser. » bafouilla t-il, cherchant une excuse bien que tout cela paraissait peu crédible quand il parlait ainsi.

« Tu n’as pas à t’en faire pour moi. Bon, c’est tout pour aujourd’hui, je pense que nous en avons assez fait. » termina de dire l’être masqué de blanc.

Il haussa les épaules, rangeant ses cinq livres dans le sac qu’il mit sur son épaule gauche. L’Ombre encapuchonnée prit les devants, le duo se dirigeant vers la ville de Midès. Saluant les quatre gardes qui surveillaient la porte Sud, ils ne restèrent pas longtemps à discuter avec eux. L’ombre lui signala qu’elle allait se rendre à l’auberge tout de suite.
« Hey Tery, je ne veux pas dire mais fais quand même gaffe à ton ami. Il nous aurait presque tués la dernière fois. » annonça l’un des gardes lorsque l’Ombre ne fut plus là.
« Hein ? Comment ça ? Je ne vois pas ce que vous voulez dire. Vous pouvez être plus explicites ? » demanda le jeune homme, surpris par ces paroles.
« Ben disons que ton compagnon était sur le point de nous tuer si nous ne vous laissions pas passer. Maintenant, tout est terminé mais je te promets que c’était effrayant. » reprit le même garde tandis que Tery haussa un sourcil. L’Ombre avait fait ça ?

« Ah bon ? Peut-être qu’il était simplement inquiet pour moi. » répondit Tery en haussant les épaules, espérant quand même que l’Ombre n’avait pas commis trop de bêtises.

« Peut-être, je pense que c’est ça mais quand même, se mettre dans cet état… Enfin bon, tu devrais le retrouver. Salut mon petit ! »
Mon petit ? C’est vrai qu’il était de taille plutôt faible pour un homme mais bon, quand même… Il soupira, les saluant avant de partir vers l’intérieur de la ville. Dans l’auberge, l’ombre encapuchonnée remarqua l’aubergiste qui s’approchait d’elle avec une enveloppe à la main. Le même sceau que la dernière fois : Pourquoi ? Pourquoi avait-elle encore l’enveloppe ? Sans rien dire, elle emporta l’enveloppe avant de monter dans sa chambre.
« Ah ! Te voilà Tery ! Elle est déjà remontée dans sa chambre. Souvenez-vous que le repas sera prêt d’ici une trentaine de minutes. » annonça l’aubergiste alors que le jeune homme venait de pénétrer dans le bâtiment.

« Je mangerais dans ma chambre pour pas changer, je vais envisager d’apprendre des nouveaux sorts avec mes livres ! » annonça Tery avec un petit sourire, étant amusé en repensant à ce que les soldats avaient dit. L’Ombre … Quand même … Elle était capable de se mettre en colère, il ne s’y attendait pas.
« Ohla. Fais attention hein ? Tu viens de sortir de ton lit, ce n’est pas pour y retourner. Je n’aimerai pas avoir à m’occuper de toi encore une fois. » termina de dire l’aubergiste.
Les deux hommes éclatèrent de rire tandis qu’il montait les escaliers. Tout allait si bien maintenant mais il savait que cela n’allait pas durer. Il avait toujours cette impression. Il toqua plusieurs fois à la porte de l’ombre encapuchonnée avant de prendre la parole :
« L’Ombre ? L’Ombre ? Tu es là ? Enfin bon, si tu es là, saches que je serais dans ma chambre si tu veux qu’on discute de tout et de rien après le repas ! »
Aucune réponse de la part de l’Ombre. Il haussa les épaules, prêt à se retirer dans sa chambre avant que la voix de l’Ombre se fasse entendre alors que la porte s’ouvrit à la volée :
« Attends un peu Tery ! J’ai quelque chose à te dire ! Demain… Tu… Tu veux bien aller avec moi à la grotte de Litan Deseria ? Ca sera notre dernier test. »
« Hein ? Que quoi ? Mais je croyais que… Mais tu disais… » commença à prononcer le jeune homme, étonné par les propos de la personne masquée de blanc.

« Je retire tout ce que j’ai dit. Demain, nous irons faire quelques achats et nous partirons. » reprit aussitôt l’être encapuchonné.
« Heu et bien, d’accord. Si tu estimes que je peux t’aider, je le ferais mais bon… »
Il ne savait pas quoi dire aux propos de l’ombre encapuchonnée qui referma la porte quelques secondes après. Il se dirigea vers sa propre chambre avec son sac sur l’épaule gauche. A l’intérieur de la chambre de l’ombre encapuchonnée, celle-ci observa les deux lettres qu’elle avait reçues. Sur la dernière, il était possible de lire :
« Cela fait une semaine que j’attendais une réponse confirmant que vous avez bien exécuté ma demande. Une longue semaine porteuse d’espoir et pourtant j’ai l’impression que vous avez oublié votre nouvelle mission. Je ne vous laisserais plus le choix, sachez-le. Veuillez exécuter ma demande dans les plus brefs délais, je vous laisse une semaine au maximum pour accomplir cette dernière. »
Sur la première lettre, celle qu’elle avait reçu il y a de cela plus de dix jours, seuls trois mots étaient écrits dessus :
« Tuez le Porteur. »

L’Ombre encapuchonnée regarda les deux lettres avant de les déposer sur le bureau, se couchant ensuite sur son lit en sanglotant. Bien entendu qu’elle allait le faire, elle y était obligée ! C’était sa mission, mais quand même… Pourquoi lui avoir dit d’aller trouver quelqu’un qu’elle appréciait maintenant, pour simplement le tuer quelques mois après ?
Cruel… L’Oracle était si cruel mais elle ne pouvait rien faire contre sa volonté. Rien du tout ! Elle connaissait sa mission et savait que la sauvegarde du monde en dépendait… Et pour ça… Elle devait se préparer à tous les sacrifices, même les pires. Cette nuit fut la pire de son existence, une nuit où elle n’arriva pas à trouver le sommeil alors qu’elle avait retiré son masque blanc. Sa cape l’enroulant complètement, elle s’était mise en boule en tremblant. Demain… Demain tout allait se terminer entre eux deux.

« Ce n’est pas normal … Elle ne réagissait pas normalement … » murmura le jeune homme dans sa chambre, regardant les livres déposés sur son lit.

C’est vrai … Il avait cette impression qui se renforçait de minute en minute … Mais qu’est-ce qui s’était passé ? Et puis … Avec ce qu’il avait appris aussi … Peut-être qu’il devrait aller la voir ? Hum … Ou alors la laisser seule … ou le laisser seul … Ca le perturbait un peu … Mais bon … Même si c’était un homme, ça restait un grand ami hein ? Et surtout, ça serait bien plus gênant si cela avait été une femme, oui.

« Enfin bon … Ce n’est pas à moi de penser de la sorte. » se dit-il en poussant un léger soupir, commençant à lire. Bon … Qu’est-ce que ça racontait de beau ? Il fallait aussi qu’il se concentre beaucoup mieux. Et ensuite … Enfin, c’était quand même plus difficile que prévu, la cause principale était facilement explicable … Elle lui avait parlé d’aller dans la grotte ? Il se sentait peu rassuré mais en même temps, elle était avec lui donc il n’avait pas grand-chose à craindre hein ? Hum … ZUT ! Il ne se concentrait pas !

Mais quand même … Dans le fond, ça le perturbait et pas qu’un peu. Il ferait mieux d’aller voir l’être masqué de blanc avant que ça ne pose encore plus de soucis. Il poussa un léger soupir avant de refermer le livre qu’il était en train de lire. Il se releva de son lit sur lequel il s’était couché pour lire avant de se dire à lui-même :
« Je vais aller voir si tout va bien ! »

Il quitta sa chambre, se dirigeant vers celle de l’être masqué avant de toquer deux coups. Aucune réponse … Bon … Ce n’était pas normal. Il toqua une nouvelle fois avant de prendre la parole, espérant obtenir une phrase en retour :

« L’Ombre ? L’Ombre ? Tu es là ? Tu peux me répondre s’il te plaît ? Ne m’inquiète pas. Ne fait pas la même bêtise qu’avec moi. »

Aucune réponse … encore une fois. Peut-être qu’elle se reposait ? Après tout ce qui s’était passé, c’était parfaitement compréhensible. Mais bon … L’inquiéter de la sorte … Il n’aimait pas le moins du monde. Bon … Il allait revenir dans une ou deux heures … Après le repas … Hum … Il s’éloigna, retournant dans sa chambre avant de se replonger dans la lecture.

« Pfff … Le moral n’y est pas maintenant … » marmonna-t-il, observant le plafond. C’était désolant en un sens … plus que désolant même. Bon … Il devait se concentrer mais comment faire ? Il n’avait pas d’idées en tête … pas du tout même …
Une demi-heure plus tard, l’aubergiste lui signala qu’il avait son repas, le jeune homme ouvrant la porte. Depuis qu’il s’était évanoui, l’aubergiste évitait qu’il ne fasse trop d’efforts. C’était sympathique mais il n’était pas en sucre non plus. Bon … Il ne fallait pas rêver … On ne laisserait pas tranquille. Il remercia l’aubergiste, celui-ci repartant servir les personnes en bas avec ses quelques autres employés.
Il mangea tranquillement, lisant en même temps tout en évitant de salir ses bouquins. Ca passait un peu mieux de la sorte … Après manger, il allait tout simplement voir l’Ombre et essayer de discuter avec elle. Il n’avait pas du tout oublié cela ! Oh que non ! Il termina son repas, poussant un profond soupir avant de se relever.
Une nouvelle fois, il quitta la chambre mais les couverts dans ses mains. Il descendit les escaliers jusqu’à retrouver l’aubergiste qui était occupé. Il attendit que ce dernier ait terminé avant de lui tendre ses couverts, prenant la parole :

« Vous savez … Au passage, vous n’êtes pas obligé de faire tout cela ? »

« Après l’état dans lequel s’est mis ton ami, c’est la moindre des choses. J’aimerai éviter de nouveaux débordements de sa part. »

« Ah … Bien sûr … Mais quand même … Ne vous inquiétez pas à ce point pour moi, je peux quand même descendre manger avec les autres quand c’est l’heure. »

« Hum … D’ailleurs, à ce sujet, ton ami n’a pas répondu quand je lui ait emmené son repas. »

Hein ? Quoi ? C’est bien ce qu’il pensait ! PFFFFF ! Bon ! Cette ci, il était hors de question de la laisser seule ! Il demanda calmement bien qu’il ne l’était pas :

« Est-ce que vous avez encore son repas ? Je vais lui emmener … »

« Bien entendu … Enfin, ce n’est pas celui qu’il aurait normalement … Attends environ cinq minutes et ça devrait être prêt. » répondit l’aubergiste avant de prévenir l’une des serveuses.


D’accord. Il allait attendre … mais il était un peu en colère. Pourquoi est-ce que l’Ombre ne lui répondait pas ? Et aussi à l’aubergiste ! Il y avait un souci ! Quelques minutes plus tard, avec de quoi nourrir une personne, il remonta les escaliers, arrivant devant la porte de la personne masquée. Il toqua plusieurs fois mais assez fortement.

« L’Ombre ! Je t’ordonne de m’ouvrir maintenant ! Tu m’entends ? L’OMBRE ! Ouvre-moi maintenant sinon, je défonce la porte ! L’OMBRE ! »

« Mais … Mais qu’est-ce qui te prend ? » cria une voix de l’autre côté de la porte, celle-ci s’ouvrant pour laisser paraître l’être encapuchonné. Son masque blanc était un peu de travers mais il n’arrivait quand même pas à voir ce qui se cachait dessous.

« Et bien, tu ne réponds pas depuis plusieurs heures ! Tu veux me rendre fou d’inquiétude ? » demanda t-il alors qu’il voulait poser ses mains sur ses épaules, remarquant qu’il avait encore son repas dans les mains.

« Ce … Ce n’était pas voulu, Tery … Je dormais, tout simplement … »

« Tu dormais … Bien entendu … Est-ce que je peux rentrer dans ta chambre, du genre cinq minutes ? Je me sentirai quand même plus rassuré … »

Plus rassuré ? Lui ? Par rapport à qui ? Elle ? C’était … Une blague, n’est-ce pas ? En quelques mois, il avait tellement changé … Tellement changé … Elle prit son repas des mains de Tery, lui disant calmement :

« Il vaut mieux … que tu me laisses tranquille pour la soirée, Tery … »

« Cinq petites minutes. Sauf si bien entendu, tu as des choses à cacher … Je comprendrai hein ? » annonça le jeune homme alors qu’elle lui répondait aussitôt :

« J’ai des choses à cacher … Tery … Mais plus pour très longtemps. Merci pour le repas … Cela me fera du bien et bonne nuit. »

« Attends un peu, l’Ombre. Je voulais te dire … Si bien entendu, tu as des problèmes, j’aimerai que tu m’en parles, d’accord ? »

« Tery … Je … C’est vraiment trop compliqué mais merci du fond du cœur. » annonça l’être masqué avant de refermer la porte derrière lui.


Les remerciements n’allaient pas arranger les choses hein ? Mais quand même … Bon, il devait retourner dans sa chambre. Demain, il allait tout faire pour l’aider.

Chapitre 10 : Faire la paix

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 10 : Faire la paix

Il tenta d’ouvrir ses yeux mais n’y arrivait pas. Ses paupières étaient lourdes, bien trop lourdes et il tentait de « sentir » où il était. Déjà, ce n’était pas la forêt d’après le brouhaha qu’il entendait autour de lui. Du moins, c’était assez lointain donc il se trouvait dans une pièce mais après … Hein ? Qu’est-ce que …
« Comment va-t-il ? » murmura une voix masculine.
« Je croyais avoir dit que je ne voulais pas vous voir ici ? » répondit aussitôt une voix qu’il reconnut comme celle de la personne masquée.

« Je suis quand même l’aubergiste, sachez-le ! Il est de mon devoir de savoir comment vont mes clients ! Surtout quand je suis en partie responsable de leur état. »
« Mais surtout un sacré imbécile ! Il ne s’est toujours pas réveillé depuis plus de quatre jours et je veille sur lui ! Merci, au revoir, et retournez faire votre travail ! Je fais le mien, voilà tout ! » s’exclama l’être encapuchonné après la voix de l’aubergiste.
Ces deux voix, elles discutaient de lui. Cela voulait-il dire qu’il … Ah oui ! Il était de retour à l’auberge ! Pourquoi n’arrivait-il pas à bouger ? Et qu’est-ce qui s’était passé depuis l’épisode de la forêt ? Il entendit une porte qui se claqua avec violence puis des bruits de pas qui se dirigeaient vers lui :
« Je ne ferais rien en attendant. Qu’importe ce que l’Oracle a dit. Voyons comment vas notre blessé depuis plus de quatre jours. Quand même … Autant de temps … Il veut me rendre fou ou quoi ? J’espère qu’il va bientôt se réveiller. »
L’ombre encapuchonnée se rapprocha de lui, une bassine d’eau dans ses mains tandis qu’il restait immobile. Peut-être qu’il pouvait se permettre de ne pas signaler qu’il était déjà réveillé. Elle retira sa couverture avant de passer la compresse sur le corps pour nettoyer son torse en sueur, le jeune homme tentant de contrôler ses tremblements.
« Tu es réveillé, n’est-ce pas ? » murmura la personne masquée de blanc.
« Je ne suis pas doué pour la discrétion… AIE ! » s’écria t-il en gémissant de douleur.
« Hihihi, reste donc tranquille pendant que je m’occupe de toi. Tu ne pourras pas bouger pendant toute une semaine alors le mieux est que tu te laisses faire. Enfin … Maintenant, il ne te reste plus que trois jours à patienter. »
« Aucun souci, si tu veux bien me raconter ce qui s’est passé ici et pourquoi j’ai les yeux bandés ? » murmura-t-il, ayant finalement compris ce que cela voulait dire.
« Pour t’éviter toute fatigue. Je t’ai déjà répété que les soins ne sont pas toujours optimaux. Tu n’as plus de blessures mais ton corps est affaibli. »

Elle le retourna avec délicatesse tandis qu’il ne répondait pas : Ainsi, il avait été soigné et elle s’était occupée de lui pendant plusieurs jours. D’après ses dires, il en avait encore pour une demi-semaine. Enfin … Bref … Il n’avait pas grand-chose à faire pour les prochains jours. Pourtant, plusieurs questions le taraudaient et pas des moindres.
« Et la récompense ? Et les pattes des Gnomolds ? Et le loyer pour payer les chambres. » demanda t-il à la suite, cherchant à obtenir les réponses le plus rapidement possible.
« Tu es dans ma chambre, on en paye qu’une seule pour cette semaine. Tu devrais éviter de te soucier de tout pour une fois. » répondit la personne masquée.

« Mais je suis avec toi non ? Je dois m’occuper de l’argent aussi ! »
« Mais pourtant… Tu voulais rentrer dans l’armée de Midès n’est-ce pas ? »

Aie… Elle était au courant. Il resta muet pendant qu’elle finissait de lui nettoyer le dos. Elle remit la couverture sur son corps avant qu’il n’entende le bruit d’une chaise que l’on déplaçait. Est-ce qu’elle lui en voulait ? Allait-elle lui dire ses quatre vérités ? Le ton à travers le masque blanc n’avait rien d’agressif, il était même doux tandis qu’il se mit à tressaillir. C’était encore pire que prévu.
« Tu ne veux pas répondre, je comprends. Tu sais, je ne peux pas te forcer à faire ce que tu n’aimes pas. Si tu ne veux pas rester avec moi, ce n’est pas un souci, je pourrais me retirer et partir d’ici. » chuchota l’être camouflé par sa cape brune.
Encore une fois, il n’ouvrit pas la bouche. Il écoutait les paroles de l’ombre encapuchonnée pour les graver dans sa mémoire. Au départ, il voulait rentrer dans l’armée car il s’était émerveillé comme un gamin devant les deux personnes qui avaient réussi à le protéger. Il avait même oublié la raison première de son refus de s’entraîner à la magie et au combat. Mais la seconde fois, lorsqu’il s’était présenté devant le recruteur, pourquoi avait-il fait ça ? La réponse se trouvait assise sur une chaise, juste à côté de lui.


« J’ai perdu presque deux mois à t’apprendre à combattre et à utiliser des sorts de base. Nous n’avons même pas terminé ces derniers et j’espère que tu voudras bien continuer à apprendre. Enfin … Personnellement, je ne trouve pas que cela est une perte mais bon. Et si tu veux, quand tu iras bien mieux, ah non… Désolé, rien du tout. »
Il se tut, c’était l’unique chose à faire depuis qu’il était couché dans ce lit. Le monologue de l’ombre encapuchonnée l’étonnait tout en lui faisant légèrement mal au coeur. Elle semblait si triste et troublée comme si elle ne savait pas où elle devait se rendre. Sur une note un peu plus joyeuse, elle reprit en s’adressant à lui d’une voix tendre :
« Pour les pattes des Gnomolds, disons que… Grâce à toi, la guilde des magiciens a été forte contente d’avoir ses petites pattes de Gnomolds séchées. Elle les a reprises pour vingt-cinq pièces d’or les dix ainsi que deux pièces d’or pour les autres. Elles sont très rares ces petites pattes séchées tu sais ? Ils n’ont pas besoin de les transformer comparé aux pattes « naturelles », c’est pourquoi elles valent plus chères que les autres. Bien entendu, seuls les Gnomolds savent créer ces pattes séchées aussi bien. »
« Nous devrions faire d’autres chasses aux Gnomolds alors. Qu’en penses-tu ? Si nous arrivons à trouver d’autres chefs Gnomolds, alors … »
« NON ! TU NE FAIS PLUS RIEN JUSQU’A NOUVEL ORDRE ! » s’écria aussitôt la personne masquée, le faisant sursauter sur le coup.

La chaise tomba au sol alors que l’être encapuchonné s’était relevé. Un second objet résonna après la chaise, quelque chose d’autre était tombé mais quoi ? Il ne savait pas ce que c’était mais le fait que l’ombre encapuchonnée poussa un petit cri de surprise lui signala que c’était assez important. Mais ce cri… Il semblait si différent de sa voix habituelle, était-ce vraiment la même personne à côté de lui ?

« Qu’est-ce qui est tombé ? » demanda-t-il avec lenteur, espérant avoir une réponse.
« Rien du tout ! Et je t’interdis de partir à la chasse aux Gnomolds dorénavant ! »
« Et de quel droit tu te permets ça ? Tu n’es pas mon père ou ma mère que je sache. Si je veux t’aider à gagner de l’argent, tu dois me laisser t’aider. Ce n’est pas si difficile à comprendre. » répliqua aussitôt, un peu en colère à cause de tout cela.
« Mais je ne veux pas que tu sois en danger ! Tu es encore si peu expérimenté ! » dit la personne masquée de blanc, le jeune homme semblant le prendre très mal de son côté. Il s’écria aussitôt avec un peu de colère dans la voix :
« Et ce n’est pas en restant couché dans un lit que je pourrais m’améliorer ! Pourquoi tu ne veux pas comprendre ? ! Je ne suis pas un gamin ! »
« Je ne veux pas que tu meures voilà tout ! C’est si stupide de penser ça ? Contrairement à toi, je sais me battre, je pourrais faire rentrer de l’argent alors que toi, tu as encore tant de choses à rattraper ! Tu ne crois pas devenir un soldat en quelques mois ? Tu penses vraiment que tu as pu accumuler plusieurs années de cours avec moi ? Je ne suis pas un professeur ! Ne l’oublie pas hein ? D’accord ! C’est compris ? NE L’OUBLIE PAS ! »
« La conversation est terminée. » conclut-il en commençant à se remettre correctement dans le lit, l’être au masque blanc s’exprimant :
« NON ! Elle n’est pas terminée ! Pas du tout ! Tu vas m’écouter maintenant ! »
Elle avait remis son masque blanc sur son visage alors qu’elle approchait ce dernier vers Tery. Le jeune homme senti le souffle chaud de la personne sur son visage. Les yeux saphir observaient avec énervement le bandage qui recouvrait les yeux du jeune homme. Ah … Ce n’était pas difficile de cerner cette personne. Il murmura :


« Tu es énervé. Ca s’entend à mille lieux. Je veux continuer à m’améliorer que tu le veuilles ou non et un jour, alors, je pense que je ferai ça, oui. Un jour … »
« Tu iras rejoindre l’armée de Midès comme tu le désires tant et donc tu ne pourras plus me voir. C’est bien ça ou alors je me trompe ? » chuchota la personne en face de lui.
« C’est quoi ce que tu me fais là ? On dirait presque une plainte. Pourquoi tu n’irais pas rejoindre l’armée avec moi ? Ce n’est pas une mauvaise idée non ?
« J’ai des choses plus importantes à faire moi ! Normalement, je ne devais pas rester plus d’un mois dans ce royaume et partir à la recherche des médaillons ! Je ne pense pas qu’à moi ! Tu m’appelleras si tu as besoin de moi, je m’en vais ! » termina de dire la personne encapuchonnée alors qu’il se demandait ce qui se passait avec elle.

Elle se releva à nouveau de sa chaise, visiblement furieuse d’entendre ce genre de propos de la part de Tery. Elle se dirigea vers la porte mais fut soudainement prise par le bras droit. La main gauche de Tery tira l’ombre encapuchonnée vers lui, celle-ci posant ses deux mains sur son torse recouvert par la couverture pour ne pas tomber sur lui.
« Mais qu’est-ce que tu fais ? Est-ce que je peux avoir une explication ? » demanda l’être masqué de blanc, cherchant à se retirer de cette position.

« J’ai besoin de toi, c’est tout ! Je peux t’avouer quelque chose ? J’ai du mal à me dire que je devrais me passer de toi un jour. Dit comme ça, ça semble parfaitement bizarre voir même un peu … saugrenu mais j’en suis peu à peu sûr de ce que je dis. Tu es quelqu’un d’exceptionnel et qu’importe si tu es un garçon ou une fille mais depuis que tu es là, il ne m’arrive que des choses vraiment … étonnantes je dirais. »
« Ne dis pas de bêtises et lâches moi ! Tu ne devrais pas t’attacher à un inconnu d’accord ? Qui te dit que je ne te manipule pas depuis le début ? J’ai peut-être besoin d’un futur pantin non ? Voir même … Je suis encore plus inquiétant que tu ne le crois. »
Il retira sa main du bras de l’ombre encapuchonnée qui se redressa pour marcher en direction de la fenêtre, l’ouvrant pour jeter un oeil sur les personnes qui marchaient dans la rue. Qu’est-ce qui lui avait pris de dire ça ? Mais c’était vrai ! Il ne savait rien de sa mission à part l’histoire des médaillons. Oui … Il ne savait rien de sa personne.
Qu’est-ce qui lui prenait de s’énerver comme ça ? Pourtant, il disait la vérité à son sujet : Il aurait du mal à se séparer de l’ombre encapuchonnée actuellement. Son maître d’armes et son professeur de magie, c’était ce dont il avait le plus besoin en ce moment. Il poussa un léger soupir amusé avant de prendre la parole :
« Tu n’es pas comme ça. Ca serait à moi de m’excuser. Tu sais pourquoi j’aie voulu m’entraîner ? Pour rejoindre l’armée de Midès AVANT même que je sache pour les problèmes d’argent. Voilà tout. Mais ce n’est pas tout, je vais tout te raconter comme ça tu comprendras ce que je veux dire par là, d’accord ? »
Hein ? Il se moquait d’elle ? L’être masqué se retourna vers lui avant de s’approcher tandis qu’il restait immobile dans le lit. Autant tout lui dire maintenant avant qu’il ne soit trop tard. L’armée de Midès pouvait bien attendre … pour l’instant.
« J’ai été sauvé par deux soldats il y a quelques temps. Tu sais, quand je me suis emporté, que je t’ai donné un coup de pied et que j’ai quitté l’auberge. J’ai été agressé dans la rue par des voleurs et deux soldats m’ont sauvé. A partir de là, j’aie voulu devenir comme eux. Tu sais, comme les enfants qui veulent devenir comme les héros dans les livres. Ou du moins ceux qui ont sauvé leurs vies après un terrible incendie ou autre évènement catastrophe. »
« Tu n’es qu’un gamin. » murmura avec lenteur la personne en face de lui.

« Exactement héhéhé ! Dire que je voulais rejoindre l’armée pour ça. Mais j’étais beaucoup trop faible, or, je savais que tu m’aiderais volontiers donc j’ai un peu abusé de ta personne et je tiens à m’en excuser. Tu es vraiment trop gentille l’Ombre. » dit-il en rigolant un peu bien qu’il ne semblait pas vraiment comprendre ce qui se passait.
Trop gentille et trop stupide surtout ! Elle fit apparaître son arc dans ses mains, créant une flèche de couleur jaune dorée. Elle banda l’arc en le dirigeant vers Tery : Jouer avec ses sentiments, elle détestait ça. Elle n’aurait jamais dut perdre son temps à le soigner et à s’occuper de lui ! Au final, il méritait bel et bien la mort ! Le jeune homme reprit :
« Mais… Tu sais, ça va paraître risible quand on le dit de cette façon mais bon… J’ai changé d’avis et je me disais que rentrer dans l’armée de Midès n’était pas une aussi bonne idée que ça. En quoi une armée pouvait-elle m’apporter toute l’aide dont j’avais besoin ? Je préfère me lier à une personne et avoir toute sa confiance plutôt que de subir les railleries des autres soldats sur ma faiblesse.
Je veux dire : Tu es avec moi depuis deux mois mais JAMAIS tu ne t’es moqué de moi d’une façon insultante sur mon impuissance. Tu me l’as souvent répété mais ce n’était pas comme si tu voulais me rabaisser. Non, à chaque fois, tu voulais me protéger et tu sais… J’ai bien aimé. Je me suis dit : Au moins, je suis sûr de pouvoir lui faire confiance et si elle ne veut rien me dire à son sujet, alors je m’en fiche royalement. Je ne la suivrais pas aveuglément mais je sais que ses paroles sont souvent justes et bonnes. Enfin … La majorité du temps quand elle n’est pas irritante à force de parler bien sûr.
Alors, tu sais…Si tu veux bien, j’aimerais bien continuer à m’entraîner avec toi et à m’améliorer. Je n’ai qu’un simple E sur le corps et donc, je suis pathétique et faible comparé à toi qui doit sûrement avoir un D ou un C. Mais bon… Enfin, c’est à toi de voir. Mais après ce que je t’ai dit, tu dois sûrement m’en vouloir. Je m’excuse l’Ombre. Je m’excuse sincèrement pour tout ce que j’ai pensé auparavant. Il y a des choses … qui font que … depuis longtemps, j’ai été réticent à apprendre que ça soit le combat ou la magie. »
S’excuser ? C’était peut-être un peu tard non ? Des veines blanches étaient apparues alors qu’elle avait l’arc pointé vers Tery. Celui-ci ne pouvait pas remarquer la pointe de la flèche dirigé vers sa gorge. Il était « aveugle » à cause de son bandage mais ce n’était pas normal, il aurait déjà dû réagir un peu. Un léger sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme, se demandant ce qu’allait penser l’Ombre encapuchonnée après son monologue.
L’Ombre ? C’est vrai qu’il l’appelait toujours comme ça. Elle ne lui avait jamais dit son nom et elle n’était plus aussi sûre de le lui donner après les derniers évènements et les paroles de Tery à son encontre. De toute façon … Quant à son nom … C’était bien trop compliqué pour qu’elle puisse l’exprimer un jour chez lui. Lentement, l’arc se mit à disparaître tandis qu’elle poussait un léger soupir : Il semblait sincère, si sincère cette fois encore. Elle s’approcha de lui, soufflant légèrement à travers son masque blanc :
« Ne me trompes plus jamais. Si tu as quelque chose à me dire, dis le moi franchement et en face au lieu de me le faire dans le dos. Je déteste les menteurs et les arrivistes, d’accord ? »
« Je te le promets l’Ombre. Je suis plutôt heureux de savoir que tu veux bien me laisser encore venir avec toi malgré ce que j’ai fais. J’avais totalement raison, tu es vraiment une personne admirable. Je ferais tout pour t’aider, tu… » dit-il avec entrain.
« Tais-toi un peu et repose toi d’accord ? Je vais encore m’occuper de toi pendant ces quelques jours. Mais sincèrement … Encore une tentative de ta part et je te promets que tu regretteras pour le restant de ta vie ce qui s’est passé. » répondit l’être masqué de blanc sur un ton qui se voulait inquiétant et menaçant, chose qui visiblement ne marcha qu’à moitié.

Il rigola faiblement, plus amusé par les paroles qu’effrayé par ces dernières. Maintenant, il se sentait soulagé. Plus question de rejoindre l’armée maintenant, il n’en voyait plus le besoin. Il était peut-être indécis un peu trop souvent mais si l’Ombre encapuchonnée pouvait rester et devenir son maître d’armes, cela lui suffisait amplement. Il se demanda ce qu’aurait été la réaction de sa mère si elle avait appris ce qui s’était passé depuis qu’il était parti. Bah ! Au final, il s’en fichait royalement et ce n’était pas son problème.
L’Ombre sortit de la chambre pendant plusieurs minutes avant de revenir avec un plateau contenant une pomme, un couteau et de quoi remplir le gosier du jeune homme. Sans rien dire, elle se mit à éplucher la pomme avant de la couper en quartiers. Elle tendit l’un des morceaux à Tery, celui-ci la remerciant avec un petit sourire. Si seulement sa mère s’était occupée comme ça de lui, peut-être aurait-il accepté de s’entraîner plus tôt. Enfin … Non … C’était quand même exagéré. Il n’avait pas grand-chose à rapprocher à sa mère non plus. Oui … Sa mère s’était très bien occupée de lui.
« Merci beaucoup l’Ombre. » annonça-t-il une nouvelle fois alors qu’il prenait un morceau de pomme. Voilà … C’était vraiment bon en plus.
« De quoi Tery ? De t’éplucher une pomme ? Je pense que c’est normal. Je te vois mal essayer de te préparer quelque chose avec les yeux bandés. Enfin … Je ne sais pas si tu es capable d’une telle prouesse, loin de là même. »
« Non ce n’est pas ça… C’est rien du tout. » termina t-il de dire.
Il rigola tandis qu’elle ne comprenait pas. Tout était si paisible et tranquille, comme si rien ne s’était passé. La nuit était tombée et il s’était mis sur le côté pour laisser l’Ombre dormir près de lui. Dos contre dos, il avait interdit à cette dernière de dormir sur une chaise comme elle le faisait depuis qu’il était inconscient. Elle avait longuement protesté mais s’était résignée et s’était mise à côté de lui. Elle lui avait interdit de se retourner sous aucun prétexte et il s’était demandé quel était son problème. Peut-être que c’était une femme et qu’elle n’avait pas l’habitude de dormir avec un homme. Enfin, c’était aussi son cas et cette idée était restée dans sa tête pendant qu’il cherchait le sommeil. Si c’était une fille, alors pourquoi dormait-il avec elle ? Et elle se disait avoir le même âge que lui alors bon … C’était encore plus gênant … Pfiou … Dire qu’il se malmenait l’esprit à cause de cette idée.
« Tu as mal dormi Tery ? Tu as la tête des mauvais jours. C’est de ma faute ? » demanda l’être masqué de blanc le lendemain matin en voyant la mine déconfite mais aveugle du jeune homme. Celui-ci fit un petit geste négatif de la main en disant :

« Non non, disons que je n’ai pas réussi à trouver le sommeil. »
« Je suis sûr que c’est de ma faute ! Ne me dit pas que je ronfle ! » s’écria la personne encapuchonnée, le jeune homme rigolant avant de lui répondre :
« NON ! Je n’ai pas dit ça ! Mais simplement que je réfléchissais à tout ce qui se passait, savoir si un jour, je pourrais m’améliorer, tout ça. »
Il s’était cherché des excuses pendant toute la nuit mais il restait troublé et gêné. L’Ombre encapuchonnée ne lui avait pas posé d’autres questions bien qu’elle semblait toute aussi gênée que lui. Les derniers jours passèrent tranquillement, l’Ombre encapuchonnée lui lisant de nombreuses histoires sur les différents éléments et les magies qui en découlent.
Il l’écouta parler pendant de nombreuses heures, ne pouvant rien faire d’autre et y trouvant là une autre forme de bonheur qu’il ne pouvait expliquer. Maintenant qu’il s’était fixé cette idée que l’ombre encapuchonnée était une fille, il tentait de la voir sous un jour différent mais à chaque question qu’il lui posait sur son passé ou sur sa personne, elle ne lui disait rien. Et si… Il s’était trompé ? Peut-être que ce n’était pas une jeune femme mais simplement une personne plus qu’attentionnée … et surtout très timide dans le fond.

« Et bien … Hum … Merci encore pour tout hein ? » dit-il alors que la journée venait de se terminer une nouvelle fois, la personne masquée annonçant :

« Je t’ai déjà dit que tu n’as pas besoin de me remercier. Je fais ce que j’estime être bon … J’espère juste que … Tu feras aussi tout ce que tu peux … »

« Pour t’aider ? Bien entendu hein ? Je pense que la leçon a parfaitement été comprise de mon côté … Je sais bien que j’ai failli commettre une énorme bêtise mais … Je ne recommencerai pas. » annonça le jeune homme aux yeux bandés, un sourire aux lèvres.

Hum … Elle lui faisait étrangement confiance … Elle savait qu’il avait compris la leçon … En plus, si il le disait hein ? Bon … Normalement, demain, sa convalescence sera terminée … Il allait falloir remuscler un peu tout cela.

« Bon … Pour aujourd’hui, c’est encore une fois terminé. Tu as compris ce que je t’ai dit ? » demanda l’être encapuchonné alors que Tery hochait la tête.

« Au final … Je ne peux faire qu’écouter ce que tu me dis … Mais tu n’en as pas marre de toujours parler ? Je veux dire … Tu me fais la conversation pendant des heures. »

« Si tu n’étais pas intéressant, je serais sûrement las … mais ce n’est pas le cas. »

Hahaha ! Il émit un grand rire, rapidement rejoint par la personne masquée. Oui … Sûrement … On ne pouvait pas faire une chose qui nous déplaisait tant, n’est-ce pas ? Il était quand même content qu’entre lui et l’être encapuchonné, tout se soit résolu … Il avait commis une bêtise … mais elle avait été presque nécessaire dans le fond.

« Il est l’heure d’aller se coucher. Demain est le grand jour. »

« Le jour où on enlève ces bandages ? » dit le jeune homme bien qu’il connaissait déjà la réponse. La personne en face de lui lui répondit :

« Bien entendu … Sauf si tu préfères les garder. »

Hahaha … Bien sûr que non ! Mais quand même … Il devait faire vraiment plus attention la prochaine fois. Si cela avait été empiré … Il aurait pu devenir aveugle. Ce qui n’était vraiment pas la meilleure des choses.

Chapitre 9 : Mis à bout de nerfs

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 9 : Mis à bout de nerfs

Sa propre magie ? Le Gnomold venait de prendre un sérieux avantage mais jamais il ne se serait douté que celui-ci était capable d’utiliser la magie ! Il n’aurait pas dû louper les cours toutes ces années. Peut-être aurait-il alors su qu’ils n’étaient pas les seuls à être liés aux éléments ? Les flammes qui entouraient la zone ne semblaient pourtant pas si dangereuses : Les arbres ne se consumaient guère, chose étonnante alors qu’il sentait la chaleur des flammes sur son corps. Sa tenue noire et déchirée collait à sa peau, son sang se mettant à bouillir tandis qu’il tentait de garder son calme.

Qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Il n’y avait pas cinquante moyens pour réussir à le battre ! Le Gnomold s’était lancé vers lui, cherchant à donner des coups avec ses deux épées longues. Comment est-ce qu’il arrivait à se battre avec ces armes d’ailleurs hein ? HEIN ? Le monstre était là, respirant assez bruyamment tandis qu’il gardait de la distance par rapport à lui. Il poussa un cri de surprise lorsque le Gnomold lui envoya l’une de ses lames, le faisant sauter en arrière, au point de sentir les flammes lui lécher le dos. OHHHH ! BON SANG ! Il devait se reprendre ! D’ailleurs … Il remarqua quelque chose concernant le monstre qu’il affrontait.

Le Gnomold semblait plus fatigué qu’auparavant : Visiblement, utiliser ce sort l’avait affaibli mais il n’était pas encore sur le point de défaillir. Tenant l’unique épée longue qui lui restait dans sa main droite, il se mit en position d’attaque avant de donner un coup de pied dans la griffe de Tery pour la projeter dans les flammes. Un contre un, une unique arme et la température qui augmentait de minute en minute. En plus d’être exténuant physiquement, le combat venait de prendre une tournure psychologique pour savoir qui allait s’évanouir le premier à cause de la chaleur.
« Des flammes ? Qu’est-ce que des flammes font ici ? Ca ne peut pas être de la part de Tery quand même ! » s’écria la personne masquée en remarquant les flammes au loin.

L’ombre encapuchonnée s’arrêta de courir avant de regarder le ciel qui avait pris une teinte orangée. Nul doute que Tery était là-bas, son intuition était là et elle lui faisait confiance. Elle se remit à courir avant d’arriver à quelques mètres d’un mur de flammes qui ne semblait pas brûler les arbres tout en empêchant quiconque de les passer.
C’était de l’excellent travail de la part du lanceur mais ça ne pouvait pas être Tery qui avait fait ça. Comment aurait-il pu réussir une telle chose ? ! Elle se mit à tourner autour des flammes pour tenter de trouver une ouverture mais rien n’y faisait. Des lignes blanches apparaissaient sur son bras alors qu’elle pointait son arc en direction des flammes. Une flèche entourée d’une aura bleue pénétra les flammes, les gelant.
Quelques secondes après, les flammes éclatèrent en morceaux, laissant apparaître le combat qui se déroulait à l’intérieur. Les yeux saphir de l’ombre encapuchonnée se fixèrent sur le jeune homme avant qu’elle ne crie :


« TERYYYYYY ! Mais qu’est-ce que tu fais ? »

Cette voix…Il ne rêvait pas ! Il ne rêvait pas ! Il tourna son visage vers la provenance des cris, remarquant enfin la raison de cette chasse aux Gnomolds. L’Ombre encapuchonnée se tenait devant lui ! Il n’eut le temps que de voir le visage masqué de la personne avant que les flammes ne reprennent consistance autour de lui.
« Tu devrais éviter de regarder ailleurs ! » hurla une voix derrière lui.

MERDE ! Il avait complètement oublié le Gnomold sur ce coup et il sentit la lame de l’épée longue qui venait lécher sa hanche gauche, lui extirpant un cri de douleur. Il griffa la hanche de son adversaire avant de le pousser d’un coup de pied pour le faire reculer. Il s’était concentré pour ne pas tomber dans l’inconscience. Il avait mal…si mal… mais maintenant, elle était là. Il s’écria avec un peu de réconfort :
« L’Ombre ! Même si tu ne peux pas voir, regardes moi ! Je vais le battre et tu seras fière de moi ! Tu n’as pas à t’en faire pour moi ! Ca ne sera pas très dur ! »

Quoi ? ! Il faisait tout ça pour montrer à quel point il était devenu fort ? Mais c’était quoi cette pensée complètement stupide ! Elle s’égosilla de toutes ses forces :
« Essayes surtout de rester en vie TERY ! Je vais trouver une solution pour venir t’aider ! »
« Tu as entendu ce qu’elle a dit ? Je ne peux pas mourir maintenant désolé ! » reprit Tery en s’adressant au Gnomold. Ah … Bon … Se concentrer … et ensuite, il verrait quoi faire contre ce monstre plus qu’hideux.
Parkan ne lui répondit pas. Le jeune homme se mit à courir vers lui avec son unique griffe à la main gauche. L’humain avait une idée en tête mais laquelle ? Son regard émeraude semblait si déterminé maintenant ! La personne qui s’était adressé à lui, qui était-elle ? ! Il reculait tout en se protégeant. Il valait mieux prendre ses précautions, il aurait mieux fallut qu’il se méfie un peu plus de cet humain.
Elle était là… ELLE ETAIT LA ! Et elle était proche de lui ! Cette ombre qui lui avait tout appris ! Dès qu’il allait en terminer avec Parkan, ils allaient enfin pouvoir se reposer mais… Et l’argent ? Il était tellement fatigué et exténué qu’il n’y pensait plus. Savoir que l’Ombre allait remarquer ses progrès était la chose la plus importante à ce moment. Mais au passage… Pourquoi était-elle là ? Qu’est-ce qu’elle faisait ici ? Et en même temps … Depuis quand est-ce qu’il se montrait aussi motivé pour cela ? C’était quand même … surprenant de sa part.
L’heure n’était pas à se poser des questions inutiles et il utilisa ses dernières ressources pour repousser le Gnomold de plus en plus en arrière. Celui-ci reculait difficilement, parant les nombreux coups de griffe tandis qu’il sentait une chaleur qui se rapprochait dans son dos. Il n’eut que le temps de deviner l’idée de Tery que celui-ci pencha la tête en avant pour le projeter dans les flammes en le poussant avec ce qui lui restait de souffle.
Mais ce n’était pas terminé et dès l’instant où Parkan s’enfonça dans les flammes, il en ressortit aussitôt. Des flammes le recouvraient de la tête aux pieds alors que son bonnet et ses habits se mirent à brûler. Il hurla en s’approchant du jeune homme :
« NONNNNNN ! NONNNNNN ! CA BRÛLE ! JE… »

La griffe gauche se planta dans la bouche du Gnomold qui tressaillit sur le coup tandis que les flammes disparaissaient peu à peu autour des deux personnes. Il retira lentement sa griffe tandis que le corps de Parkan tomba sur le sol, brûlé sur une majeure partie. Les flammes sur son corps avaient disparu en même temps que les autres et le jeune homme tomba à genoux en reprenant son souffle. Il cracha plusieurs fois du sang alors que l’ombre encapuchonnée se retrouvait déjà près de lui, lui criant dessus :
« Imbécile ! Je peux savoir pourquoi tu as fait ça ? »
Elle connaissait la réponse mais avait besoin de l’entendre de la part du jeune homme. S’il s’était tué, tout aurait été résolu et elle n’aurait pas eu à s’en faire mais ce n’était pas ce qu’elle voulait ! Il sourit difficilement avant de ne pas répondre, prenant l’épée longue encore chaude du sang du monstre. Il ne ressentait même plus la douleur et il coupa les deux pattes du Gnomold avant de murmurer d’une voix lente :
« Pour ça. Mais je n’en ai pas assez pour cette semaine. Il faudra y retourner demain mais je suis fatigué un peu. Il faut que je me repose comme ça, dès dem… »

Un poing vint le frapper au niveau de la joue gauche, le jeune homme ne comprenant pas ce geste avant de se sentir secoué comme un prunier. L’Ombre encapuchonnée semblait n’en avoir rien à faire de l’argent mais pour lui, cela avait une importance relative.
« Si c’est un problème d’argent, c’est à moi de le régler ! C’est MOI qui t’ai mis dans cette galère d’accord ? Et tu n’as pas besoin de rejoindre l’armée de Midès pour ça ! » s’écria l’être masqué de blanc, continuant de le secouer sans chercher à l’écouter.

« Co…Comment es-tu au courant ? » dit-il avec étonnement, ne sachant pas où se mettre alors qu’il regardait à gauche et à droite. Il avait repris subitement quelques forces à l’écoute de ces paroles, se demandant ce qu’elle allait lui faire.
« Il parait qu’un jeune homme complètement arriéré a décidé de se rendre dans la grotte se trouvant dans le petit désert à l’Est de la capitale ! »
« Ha…Ha… On parle de moi mais sinon… Dis ? Tu trouves que j’ai fait du bon travail ? Regarde à l’intérieur de mon sac. J’ai… J’ai… »

Il ne finit pas sa phrase, trop fatigué pour ça alors qu’elle le souleva sans ménagements, prêtant une extrême attention à ne pas le blesser encore plus. Elle était plus petite que lui et le porter sur son dos était une chose bien difficile mais grâce à sa propre magie, elle était capable de soulever des charges plus lourdes qu’elle. Elle avait récupéré le collier du Gnomold et l’avait mis dans le sac sans se préoccuper de ce dernier. Le sac sur le dos de Tery, elle s’éloignait peu à peu dans la forêt, sachant où se rendre pour se sortir de cet endroit. Une dizaine de minutes plus tard, une masse sombre rampait sur le sol en direction du cadavre de Parkan, enveloppant légèrement ses pieds avant de le traîner dans les bois en disparaissant, une ligne rouge de sang marquant la présence. Un petit bruit de mâchonnement et de quelque chose que l’on avalait puis plus rien.
« Bon dieu de bon sang de…Mais qu’est-ce qui s’est passé ? ! Les gars ! Faites attention ! » dit l’un des gardes alors que l’être masqué tenait Tery sur son dos, celui-ci ne semblant plus conscient, trop fatigué par l’effort utilisé pendant le combat.

« Il vous a écouté voilà tout bande d’idiots ! JE VOUS L’AVAIS DIT QU’IL N’ETAIT PAS ENCORE PRÊT ! MAIS ON NE M’ECOUTE PAS ! »


L’ombre encapuchonnée s’écriait avec véhémence et colère envers les quatre hommes, ces derniers détournant le regard d’un air gêné et coupable. L’un d’entre eux s’approcha de l’être de petite taille et de Tery sur son dos. Il s’apprêtait déjà à l’épauler mais l’être masqué semblait vraiment énervé. Il cria à nouveau :
« Laissez-moi passer ! Je vais m’occuper de lui ! »
« Mais il a besoin de soins, nous allons t’aider. » répondit l’un des gardes.

« Je vous ai dit de me laisser passer ! Vous êtes sourds ou quoi ? Je me fais pourtant très bien comprendre ! LAISSEZ-MOI PASSER MAINTENANT ! »
« Ohla ! Du calme ! Vas-y, fais ce qu’il te dit, on ne va pas l’énerver encore plus. » murmura l’un des gardes à celui qui tentait de parler avec la personne masquée.
Les gardes les laissèrent passer. Tery sur son dos, l’être masqué de blanc de petite taille pénétra dans Midès. L’un des gardes s’apprêtait à l’accompagner le long du chemin tandis qu’elle dirigea son regard saphir vers lui, son masque blanc étant la seule chose qui ne trahissait pas son émotion :
« Qu’est-ce que vous faites ? Je pensais avoir signalé que je voulais être le seul à m’occuper de lui. C’est à cause de vous s’il est dans cet état ! »
« Voir un individu qui porte un masque et un homme blessé gravement sur son dos, tu penses que tu passeras inaperçu ? Je t’accompagne jusqu’à votre auberge et je te laisse t’occuper de lui ! Je ne sais pas quels sont vos relations à tout les deux mais ça m’a l’air vraiment bizarre et tordu ! S’emporter de la sorte … C’est un peu inquiétant en un sens. »
Qu’il se taise… QU’IL LA BOUCLE ! Tout son corps s’était mis à réagir lorsqu’elle l’avait vu dans cet état ! Elle ne comprenait pas sa réaction à la base, surtout cet énervement mais voir le jeune homme comme ça… Elle ne savait pas ce qui la retenait de tout détruire autour d’elle. C’était affolant en un sens de s’emporter de la sorte. Après une dizaine de minutes où toutes les têtes se tournèrent vers eux, ils arrivèrent à l’auberge. Le soldat était prêt à abandonner l’ombre encapuchonnée et Tery sur son dos avant qu’elle ne donne un violent coup de pied dans la porte pour l’ouvrir. Les personnes à l’intérieur la regardèrent, médusées.
« Mais qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda l’aubergiste en s’approchant d’eux.
« Je préviens : UNE SEULE… Je dis bien UNE SEULE… personne s’approche de lui pendant qu’il est blessé et je la tue sans prévenir. Quand à vous monsieur Rank, vous êtes satisfait du résultat ? Voilà ce que cela donne quand on parle d’un problème d’argent à quelqu’un qui n’a pas les capacités pour en gagner ! » annonça avec véhémence l’être masqué de blanc

Elle remonta sans jeter un seul regard à l’aubergiste, ses pas résonnant dans le bâtiment alors qu’elle rentrait dans sa propre chambre, déposant le jeune homme à l’intérieur. Elle avait retiré le sac de son dos pour le jeter dans un coin avant de fermer la porte de sa chambre. Elle allait devoir s’occuper de lui pendant quelques temps, pour qu’il puisse récupérer. Mais quel idiot ? MAIS QUEL IDIOT ! Qu’est-ce qu’il lui avait pris de faire une telle action ? Au moins … Si … Il lui en avait parlé.

« On peut m’expliquer un peu ce qui se passe ? » dit l’aubergiste, un peu décontenancé par tout ce qui se passait. Le soldat était resté dans l’auberge, n’ayant pas vraiment d’autres possibilités que de raconter brièvement tout ce qui venait de se dérouler.

« Disons que le gamin a voulu aider son ami. Je ne sais pas vraiment ce qu’il y a comme problème avec cette auberge mais … »

« Un souci financier … Ils n’ont bientôt plus de quoi payer, je l’ai signalé à Tery. »

« Ce n’était pas la meilleure des idées si vous voulez mon avis. » reprit le soldat avec les paroles de l’aubergiste. Celui-ci ne put qu’acquiescer, reconnaissant son erreur. Il avait forcément appris au fil des journées que Tery n’était encore qu’un débutant et que c’était cette personne masquée qui s’occupait de lui. Il aurait dû simplement en parler avec cet être masqué de blanc et c’était tout. Maintenant, il s’en voulait.

« Ce qui est fait … est fait. Si c’était plus grave que ce qu’il parait … » commença à dire l’aubergiste, pris de remords à l’idée que Tery soit plus blessé que prévu.

« Ce n’est pas entièrement de votre faute. Il aurait mieux fallut qu’il prévienne son ami avant de partir. Mais … Bon … Il vaut passer à autre chose. Je vais repartir vers mon poste de garde. » dit le soldat en saluant les personnes présentes.

« Pour ma part … Je vais essayer de penser à autre chose. » termina de dire l’aubergiste, retournant accueillir de nouveaux clients.


Pourquoi s’était-elle autant énervée en voyant le jeune homme blessé dans cet état ? Elle ne comprenait pas… Non ! Il n’y avait aucune explication logique à ses paroles ! Oui, elle aurait été inquiète et préoccupée en voyant ce qu’il avait et ses nombreuses blessures mais pas énervée ! Elle déposa le jeune homme sur le lit, observant ses blessures alors qu’il était évanoui. Ah … Le pauvre … Le pauvre … Le pauvre … Elle s’en voulait terriblement pour ce qui s’était passé. Quelle idée … Quelle idée de ne pas avoir accepté de faire l’entraînement quotidien. Elle allait chasser les gnomolds à son tour pour leur permettre de vivre encore quelques semaines dans cette auberge. Elle n’était pas luxueuse mais elle avait un coût.

« Je vais devoir … utiliser ma magie sur toi, n’est-ce pas ? » murmura l’être masqué avant de concentrer et faire apparaître des lignes blanches sur les paumes de ses mains.

Elle commença à insuffler sa magie sur les blessures trop apparentes du jeune homme, celles-ci disparaissant peu à peu pour laisser place à une peau neuve. La fatigue n’allait pas quitter son corps comme cela, loin de là même. Mais bon … Le plus important était le fait qu’il soit en sécurité et surtout hors de danger.

« Mes félicitations … Tery … Tu as fait de merveilleux progrès au passage. Je devrais te faire plus confiance … car tu as de grandes capacités, trop grandes même. J’ai peur de ce que l’avenir nous réserve à tous les deux. »

Mais pour cela … Elle devait oublier de penser à ce qu’elle avait reçu il y a quelques jours. Maintenant, ce n’était plus que le passé … Elle devait tirer un trait sur ce dernier. Enfin non … C’était impossible pour elle. Impossible ! Elle ne devait pas mélanger tout ! Elle allait tout faire … pour trouver un moyen de s’arranger, voilà tout. Les lignes blanches disparurent tandis que le jeune homme n’avait maintenant plus aucune blessure sur le corps. Il était en parfaite santé … Il fallait juste qu’il se repose.

« Et maintenant … Que suis-je sensé faire ? Veiller sur toi ? Après ce que tu as fait ? Je ne sais pas vraiment si tout cela est une bonne idée … Enfin si … Surement … Mais quand même, pourquoi avoir commis un tel acte ? Si tu avais été plus raisonnable, tout aurait été bien meilleur … Sincèrement … J’ai du mal à te comprendre quelques fois. »

Mais bon … Ce n’est pas comme s’il allait lui répondre. Ahhhh … Bon … Qu’est-ce qu’elle allait faire en attendant ? Ah bien sûr. Quelle idiote ! Elle avait complètement oublié la raison pour laquelle il s’était enfoncé dans la forêt ! Elle ouvrit le sac du jeune homme, retirant les nombreuses pattes de gnomold avant de soupirer :

« Vraiment … Et tu n’as pas pensé au sang ? Maintenant, il est complètement taché de l’intérieur … Vraiment, vraiment, vraiment … Tery. »

Mais bon ! Il en avait quand même collecté un certain nombre, il fallait le reconnaître. C’était étonnant de sa part … mais en même temps, il était fier des progrès du jeune homme ! C’était vraiment stupéfiant de voir à quel point le jeune homme avait évolué. Réussir à tuer autant de gnomolds … Dont un chef. D’ailleurs, les pattes séchées qu’elle avait dans ses mains … Peut-être que la guilde serait intéressée par un tel achat ? Il y avait des chances … Peut-être que dans le fond … Avec tout cela …

« Peut-être que l’on va avoir assez d’argent pour l’auberge ? Si tel était le cas … Alors, nous serions sauvés pour la semaine … Au minimum. Mais surtout … Surtout … Cela voudrait dire que tu as réussi ce que tu voulais. »

Et donc, tout changerait … car il était hors de question qu’il recommence une telle aventure sans lui ! OH QUE OUI ! Car sinon, il risquerait de se mettre en colère ! Mais pour l’heure, il allait peut-être devoir ramener ces pattes à la guilde pendant que le jeune homme se reposait. Alors qu’il s’approchait de la porte pour l’ouvrir, plusieurs coups se firent entendre en même temps qu’une voix qui les accompagnait.

« Dites … J’ai reçu une lettre adressé à la personne masquée de blanc. C’est exactement les termes utilisés … Comme il n’y en a qu’une seule, je me suis dit que ça ne pouvait être que vous non ? Euh … Sinon … Comment est-ce qu’il va ? » demanda la voix de l’aubergiste, facilement reconnaissable et un peu inquiète de la suite des évènements.

« Je croyais avoir dit que je ne voulais pas être dérangé, non ? Enfin … Il se repose et il va mieux. Mais la prochaine fois que vous lui dites une telle chose, je ne serai pas aussi clément, d’accord ? Donnez la lettre par-dessous … Je vais la lire. » répondit l’être masqué de blanc alors que quelques secondes après, une lettre passa sous la porte.

« Alors … Je ne vais pas vous déranger plus que ça … Au cas où, si vous avez besoin que je ramène vos repas, c’est la moindre des choses. Je comprendrai que vous vouliez veiller sur lui … Je parle un peu trop, je me retire. »

« Vous faites bien … Merci pour la lettre. » termina de dire la personne encapuchonnée avant d’écouter les bruits de bas qui s’éloignaient de la porte.


Sa colère s’estompa alors qu’elle observait le sceau qui retenait fermée cette enveloppe. Une réponse ? Une réponse à cette question ? ! Elle observa le jeune homme endormi dans son lit, passant sa main gantée de rouge sur son visage pour le caresser. Elle se dirigea vers l’enveloppe pour l’ouvrir avant de briser le sceau, retirant une lettre de couleur bleue. Ses yeux saphir se fermèrent alors qu’elle lisait le message simple mais court : Non… L’Oracle l’avait décidé. Elle n’avait donc pas le choix. Lentement, son regard bleu se posa sur Tery alors qu’elle refermait la lettre. Elle déposa celle-ci sur le bureau, ouvrant un tiroir avant de la mettre à l’intérieur. A l’heure actuelle, il n’avait pas besoin d’être au courant. Elle s’agenouilla devant Tery en lui murmurant :
« Je vais veiller sur toi en attendant ton réveil. Après… »
Elle poussa un long soupir derrière son masque avant de se relever, regardant par la fenêtre, la population qui marchait dans la rue comme des êtres insouciants de leurs sorts. Elle se retourna pour observer le jeune homme aux cheveux bruns couché dans son lit. C’était si compliqué … vraiment trop compliqué. Le jeune homme n’était même pas au courant de ce qui se tramait. C’était cela le pire … ne pas savoir ce qui risquait de lui arriver.
« Après… Nous verrons bien. Reposes toi bien. En attendant, je vais aller voir ce que je peux retirer de ce que tu as fait. Tu n’avais pas besoin de faire ça, tu es un vrai imbécile… Un imbécile qui ne peut pas comprendre ce qui se passe autour de lui. » murmura l’être masqué de blanc. C’était cela … le plus gros problème.

Elle posa sa main sur le front du jeune homme, lui caressant sa petite mèche de cheveux bruns avant d’observer le sac. Elle l’ouvrit pour sortir les cinq livres sur les éléments et les sorts de base liés à ces derniers. Il semblait s’intéresser tellement à ses études…Pourquoi avait-il fallut plus d’un mois pour qu’il se comporte enfin comme ça ? Il y avait tant de choses inexpliquées et si peu de temps. Bientôt…Tout allait se terminer. Elle prit le collier de vingt pattes miniatures et séchées de Gnomold pour l’observer, un faible sourire dessiné derrière son masque blanc. Elle chuchota faiblement :

« Avec tout ceci … Normalement … Nous devrions tenir quelques semaines, oui. Merci pour tous tes efforts, Tery. Mais pourquoi as-t-il fallut que … »

Pourquoi as-t-il fallut qu’il tombe sur lui ? Il aurait pu avoir une meilleure vie … Enfin, une vie plus tranquille. Là, avec lui … Il allait au-devant de gros ennuis. Il suffisait de voir ce qui venait de se passer. Une main posée sur le masque, l’être masqué reprit :

« Sincèrement … Si nous devons … continuer ainsi … Il aurait mieux valu ne jamais se connaître. Je crois qu’il faut réellement que je m’éloigne … pour quelques temps. Je te laisse dormir, Tery. Repose-toi bien. »

C’était le mieux qu’elle pouvait lui dire. Prenant les pattes de gnomolds pour les remettre dans le sac ainsi que le fameux collier, elle s’approcha de la porte de la chambre. Elle l’ouvrit, quittant la pièce quelques secondes plus tard.


Si elle … pensait à autre chose, peut-être qu’elle aurait moins … de scrupules à accomplir un tel acte plus tard. Mais … Pour l’heure, c’était beaucoup trop difficile. Surtout après ces derniers évènements. Le jeune homme … avait fait tellement d’efforts.

Chapitre 8 : De quoi se racheter à ses yeux

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 8 : De quoi se racheter à ses yeux

« Vous n’auriez pas vu un jeune homme avec des cheveux bruns ? Il a des yeux verts et tient un sac sur son dos. Il doit mesurer dans les un mètre soixante dix et n’est pas très musclé. »
L’ombre encapuchonnée s’approchait de chaque personne dans la rue. Donnant le maximum d’informations sur Tery, elle espérait retrouver sa trace et savoir où il était en ce moment même. Malheureusement pour elle, aucune personne ne savait de qui elle parlait et elle se maudissait intérieurement. A cause de son comportement, il était parti tout seul et avec les problèmes actuels, il s’était peut-être mis dans des ennuis pas possibles.
« Et zut ! Plus le temps de penser à l’Oracle sur le coup ! »
Qu’importe l’Oracle et ses paroles, elle n’était pas du genre à abandonner quelqu’un ! Surtout la première personne avec qui elle s’était liée ! Mais et… les ordres ? Et sa mission ? Elle grogna légèrement avant de percuter un soldat, tombant sur le sol en gémissant faiblement de douleur.
« Aie, aie, aie… » dit l’être masqué, un peu secoué par tout cela.
« Faites donc attention jeune homme. Les routes sont déjà assez bondées. On ne va quand même pas tous se percuter les uns par rapport aux autres.

C’était la seconde fois aujourd’hui qu’ils voyaient une personne aussi pressée. Les évènements extérieurs étaient-ils si perturbants pour que les jeunes personnes fussent en ébullition ? Le second homme prit la parole avant de se remettre en route :
« Il faudrait quand même qu’on fasse plus attention, tu en penses quoi ? Il ne manquerait plus qu’il nous demande aussi à se faire recruter pour l’armée comme le jeune d’avant. »
« Le… Le jeune ? Avait-il les cheveux bruns ? Et des yeux verts ? Il avait un sac sur le dos ? »
L’ombre encapuchonnée se releva subitement, son masque blanc ne laissant transparaître aucune émotion bien que sa voix était légèrement tremblante. Parlaient-ils de Tery ? ! Le second homme s’arrêta dans son mouvement tandis que le premier reprit la parole :
« Hum… Oui. Mais pourquoi cette question ? Vous le connaissez ? Vous devriez l’arrêter avant qu’il ne fasse une bêtise. Si il est assez téméraire pour tenir tête au recruteur, il a dut se diriger vers la grotte dans le petit désert à l’est d’ici. Tiens mais… »
Où était passée cette personne ? Ils n’avaient même pas vu son visage. C’était vraiment bizarre comme histoire mais bon, il valait mieux ne pas se poser de questions : Ils n’étaient que de simples soldats et non des enquêteurs.
L’IMBECILE ! Elle avait entendu des informations au sujet de cette grotte : Un monstre s’y trouvait, une sorte de scorpion dans lequel de la magie s’était investie. Des créatures dotées de pouvoirs magiques et instinctivement d’une intelligence supérieure à la moyenne. S’il était passé là-bas… Cela pouvait servir sa mission mais NON ! Elle ne pouvait pas le laisser mourir comme ça ! Il n’y avait plus qu’un groupe de personnes qu’elle devait interroger et elle se demandait pourquoi elle n’y avait pas pensé dès le départ. Elle était passée par la porte Est et non par la porte Sud !
« Nierk nierk nierk. Un humain, ça faisait longtemps ! » annonça un Gnomold, satisfait de voir le jeune adulte aux cheveux bruns et peu musclé devant lui.

Il ne prit même pas la peine de parler, il n’était pas là pour discuter. Lentement, il frotta ses deux griffes pour montrer les deux armes qu’il allait utiliser face à la créature d’un mètre. Le Gnomold ne tenait qu’une simple masse dans sa main droite et semblait plus chétif que ses congénères. La créature avait de nombreux poils gris et tremblait légèrement. Elle était visiblement plus âgée que les autres et il y avait une chance qu’il puisse profiter de cette faiblesse physique pour la tuer. Ou alors était-ce l’inverse ? L’expérience de la créature durant ses nombreuses années allait-elle lui donner un avantage ?
« Tu as perdu ta langue humain ? » reprit le gnomold avec un sourire dont les dents étaient déjà parties à moitié de sa bouche.
Il n’avait pas à hésiter une seule seconde ! Il devait montrer que l’entraînement qu’il avait fait durant tout un mois n’avait pas servi à rien ! Il courut à toute vitesse vers son adversaire de moindre taille, donnant un coup de griffe gauche au niveau de son ventre. La masse se positionna avec facilité avant même que les morceaux de fer acérés ne s’approchent des poils gris. Sa griffe droite se leva en direction du visage du Gnomold pour venir l’entailler sur ce dernier et l’aveugler. Réaction trop lente ou corps trop vieux ? Qu’importe la raison qui avait empêché le Gnomold de se protéger avec son bras gauche, trois longues entailles de sang apparurent sur le visage de la créature. Déjà aveuglé par l’attaque, le monstre au bonnet rouge se mit à crier et à vociférer :
« Ahhhhhhhhhh ! Mes yeux ! MES YEUXXXXX ! TU VAS LE PAYER ! »
Il donnait des coups dans le vide avec sa masse, espérant frapper l’être à l’origine de cette attaque. Tery avait reculé, du sang s’écoulant de sa griffe droite. Ce qu’il pensait de cette attaque, il le gardait pour lui-même. Rapidement, tous ses sens se mirent à réagir. Profitant de la confusion de la créature, il marcha lentement jusqu’à arriver derrière elle. Il retenait sa respiration pour éviter de se faire repéré avant de bondir et de lui planter sa griffe gauche dans la gorge, l’extirpant vivement tandis que le monstre tomba au sol, pris de soubresauts avant de ne plus bouger. Ces créatures étaient déjà à la base très faibles mais une créature âgée l’était encore plus et il sentait que ce n’était pas un véritable combat.
« Je n’ai pas que ça à faire. Je dois m’améliorer encore et surtout en tuer beaucoup plus ! »
Il retira ses deux griffes pour les jeter au sol avant de prendre la masse du Gnomold mort. Il frappa plusieurs fois sur les poignets de celui-ci pour qu’au bout de deux minutes, les deux pattes soient séparées du reste du corps. Il posa la masse au sol, récupéra les deux pattes pour les mettre dans son sac avant de remettre ses deux griffes sur ses mains. Il posa un regard autour de lui avant de murmurer :
« Au moins, je sais encore où je suis. L’entrée de la forêt est à environ quatre cents mètres au nord de cet arbre. Je vais quand même devoir m’enfoncer plus loin. »
Lentement, il s’approcha de l’arbre dont il parlait, faisant une longue entaille sur l’écorce de ce dernier pour laisser une trace de sa présence. S’il pouvait se repérer dans la forêt à partir de cette petite chose, il n’allait pas s’en priver. Une entaille horizontale ainsi qu’une minuscule flèche en direction de l’Est et il partait dans cette direction. Depuis quand était-il devenu aussi sérieux ? Tsss … Et en plus, il utilisait des armes et de la magie.
« Je ne deviendrais pas comme toi. » se murmura t-il à lui-même.

Ses derniers mots s’étouffèrent dans le vide de la forêt. Le début de la chasse au Gnomold avait débuté et il n’allait pas s’arrêter avant d’avoir assez de pattes pour rembourser l’Ombre. Il se rappelait trop souvent la raison qui l’avait poussé à ne jamais s’entraîner mais il l’oublia très rapidement … pour le moment …
« Tery ? Bien sûr qu’il est passé par là ! Mais il m’avait dit que tu ne te sentais pas très bien. » murmura un garde à l’être masqué de blanc et camouflé par la cape brune.
« Ca va bien mieux mais où est-il parti ? Je dois le retrouver ! »
L’Ombre encapuchonnée était visiblement dans un état qu’ils ne lui connaissaient pas. Elle était prise de légers tremblements de peur et les quatre soldats perdirent leurs sourires avant que l’un d’entre eux reprenne la parole :
« Il est parti dans la forêt pour tuer quelques Gnomolds. Il a sûrement dut lire l’affiche au sujet des pattes de ces derniers. Mais pourquoi tu es… »
« Pas le temps de parler ! Il est peut-être en danger ! » dit-elle avec un peu de colère dans la voix, comme si elle avait du mal à garder son calme.
« Tu devrais éviter de le considérer comme un enfant. Si il doit se battre un jour, autant que ça soit maintenant que dans quelques années alors qu’il sera trop tard. Enfin, moi je dis ça … Mais bon … Si à son âge, il n’a rien appris à la base … C’est problématique. »
« MAIS IL N’Y CONNAIT RIEN ! RIEN DU TOUT ! »
« Qu’est-ce que vous avez fait pendant ces deux mois ? Tu devrais lui faire un peu plus confiance. Il devra bien se débrouiller tout seul un jour. Tu es son maître d’armes non ? »
« NON ! CE N’EST PAS COMME CA QUE CA SE PASSE ! »
Elle n’attendit pas que le garde lui réponde. Elle se mit à courir avec une vélocité très rare en direction de la forêt. Non, elle n’était pas son maître d’armes ! Mais qu’est-ce qu’elle était par rapport à lui ? Sa Moitié ? C’était ce que l’Oracle lui avait dit lorsqu’elle était partie du orphelinat mais maintenant… POURQUOI Tery possédait-il ça ? ! Elle devait d’abord le retrouver, ENSUITE, elle allait voir ce qu’elle devait faire !
Deux… Deux Gnomolds. Ils marchaient tranquillement sur un chemin de pierre tandis qu’il s’était caché dans les fourrés. Il transpirait beaucoup et ses habits étaient tachés de sang. Toujours attaquer en traître ou par surprise pour prendre un avantage sur son adversaire, le principe chevaleresque de ne jamais attaquer un ennemi dans le dos, il s’en fichait pas mal en ce moment ! Il n’était pas stupide au point de se présenter en face de l’ennemi !
L’un des deux Gnomolds était légèrement plus grand que l’autre et tenait une épée longue dans chacune de ses mains. Il portait aussi une armure de cuir sur son corps tandis que l’autre n’avait qu’un morceau de tissu pour recouvrir ses poils bruns. Ils ne semblaient pas avoir remarqué la présence de Tery. Bien … C’était une bonne nouvelle.
Combien de temps s’était-il écoulé depuis qu’il était dans cette forêt ? Une demi-heure ? Une heure ? Il n’avait pas compté les minutes mais seulement le nombre de pattes qu’il avait récupéré. Une quinzaine… Oui, une quinzaine car le dernier Gnomold qu’il avait combattu n’avait qu’une seule patte. Il n’avait aucune explication à ceci mais le combat avait été fort simple. Dommage qu’il s’épuisait de plus en plus mais il ne pouvait pas abandonner maintenant. Il avait à peine de quoi récolter une pièce d’or, presque deux.
Il bondit subitement de dehors les fourrés avant de planter ses griffes dans la gorge du plus petit des deux Gnomolds, celui-ci tombant mort sur le coup tandis que l’autre se retourna, fou de rage. Il semblait bien plus colérique que les autres et ses paroles poussées par la haine, servirent d’explications :
« Mon… MON FILS ! HUMAIN… HUMAIN… HUMAIN ! JE VAIS TE TUER !
Le Gnomold à l’armure de cuir poussa un long grognement tandis que des choses pendaient autour de son cou. Tery regardaces dernières, intrigué par celle-ci. Un collier fait de pattes réduites et séchées de Gnomold ? Qu’était-ce que ça ?
« Moi, Parkan, chef de la tribu des Goris, je vais t’exterminer pour avoir tué mon descendant ! » cria le Gnomold pour présenter son statut, prêt à charger sur le jeune homme.
Chef…Chef ? Ce n’était pas un clan mineur d’après les propos de ce monstre. Il était mal tombé, très mal tombé même ! Pourquoi fallait-il toujours qu’il tombe dans la pire des embrouilles hein ? Pourtant, cette fois-ci, c’était partie d’une bonne intention. Est-ce qu’on le détestait au point de lui causer autant de problèmes ?
Elle se retrouva dans la forêt, regardant le sol avec ses yeux saphir pour voir si il avait laissé des traces. Sa cape s’était relevée légèrement tandis qu’un magnifique arc azuré se trouvait dans ses deux mains : Le faire apparaître à la vue de tous, ce n’était pas forcément la meilleure des idées pour garder l’effet de surprise mais avait-elle le choix ? Elle s’écria autour d’elle en courant :
« TERYYYYYY ! TERYYYYYYYYYY ! Tu m’entends ? Réponds-moi ! Réponds-moi Tery ! Où es-tu ? ALLEZ ! Il faut qu’on parle tous les deux ! »

Aucune réponse, elle devait s’en douter. Elle pesta contre elle-même avant d’observer le moindre détail autour d’elle. Trouver un indice de la présence de Tery en ce lieu, n’importe quel indice ferait l’affaire ! Tiens… Cet arbre… Elle ne se trompait pas ! Elle s’approcha de lui avant de l’étudier : Quatre entailles horizontales et deux flèches en-dessous de ces marques. L’une plus petite était dirigée vers le sud-ouest tandis que l’autre plus grande désignait le nord. Un repère ? De la part de Tery.
« Merci… MERCI ! Merci pour tout ! Tu es vraiment un génie, Tery ! » s’écria l’être encapuchonné. C’était tout ce dont il avait besoin à l’heure actuelle.
Elle poussa un long soupir de soulagement avant de se mettre à courir en direction du nord. Instinctivement, elle se disait que c’était le chemin à suivre. Une flèche entièrement bleue était déjà présente sur l’arc qu’elle bandait. Elle n’était pas encore sortie d’affaire mais elle devait suivre les flèches et après … Elle trouverait le jeune homme.
Direction à l’est avec un cercle au lieu des entailles, puis ensuite au sud-est avec un rond et une entaille horizontale. Ces symboles, que représentaient-ils ? Le nombre de Gnomolds qu’il avait tué ? Tery était-il devenu capable d’en tuer autant à la suite ? Et si… Les soldats avaient raison ? Elle, l’ombre, s’était peut-être trompée à son sujet ? Il était peut-être une fleur de guerre qui avait seulement eut besoin d’éclore ? Cela correspondrait bien à ce qu’elle attendait de lui maintenant qu’elle avait vu ces lignes noires sur son bras, ces lignes… Pourquoi les possédait-il ? ! Etait-ce un jeu de l’Oracle envers elle ?
Elle sentit qu’elle s’approchait peu à peu de Tery et avait remarqué les quelques cadavres sur son chemin. Des cadavres dépossédés de leurs pattes, visiblement, il voulait les vendre à la guilde des magiciens. C’était une idée qu’elle avait eut à la base mais maintenant qu’il était déjà dessus, elle devait à tout prix l’aider et le féliciter pour ce qu’il venait d’accomplir mais elle était inquiète. Elle espérait seulement une chose…Une unique chose dont elle attendait la réponse.
« AHHHH ! » hurla t-elle de surprise, n’ayant pas remarqué pas la flaque au sol.

Elle tomba au sol, glissant sur du sang frais tandis que son arc et sa flèche disparaissaient subitement. L’ombre encapuchonnée se redressa en gémissant de douleur : Comment cela se faisait qu’il y ait du sang à cet endroit ? ! Elle n’avait pas vu de cadavre depuis déjà quelques minutes ! Y avait-il autre chose près d’elle ? Une créature nécrophage ? Elle en avait déjà entendu parler à ce sujet. Tout cela sentait le roussi et ne lui plaisait guère. Lentement, puis de plus en plus vite, elle se mit à courir en direction de la dernière flèche qu’elle avait remarquée sur un arbre. Le protéger à tout prix !
« HUMAIN ! Sais-tu pourquoi je porte ce collier autour de moi ? SAIS-TU CE QU’IL REPRESENTE ? » hurla le Gnomold en direction de Tery.
« Non et je t’avoue que sincèrement, je ne m’en préoccupe pas plus que ça. »
« Ce sont les pattes de tout ceux qui ont osés m’attaquer ! Le nombre de pattes représente la puissance de celui qui les porte ! COMPTE-LES ! COMPTE-LES AVANT DE MOURIR ! »
Tery fit un saut en arrière alors que la lame de l’épée longue s’abattait dans l’herbe. Comme s’il n’avait que ça à faire mais bon… Rapidement, son regard émeraude se mit à calculer le nombre de pattes autour du cou du Gnomold qui s’était arrêté, un sourire démoniaque et mauvais sur les lèvres. Cinq … Dix… Quinze… Vingt ? Il était vrai que les pattes réduites et séchées prenaient moins de place mais quand même, c’était un nombre relativement important.
« Dix ils étaient ! DIX ! DIX à penser qu’ils pouvaient me battre et me tuer ! DIX à croire qu’ils avaient une chance de me tuer pour avoir mon statut de chef ! MOI ! Les trois derniers se sont même mis ensemble pour me faire mordre la poussière ! Comprends-tu humain ? »
Oui, il comprenait… Il était très mal parti mais il ne devait pas reculer. Pas maintenant ! Il n’était pas comme cet homme ! Maintenant qu’il s’était décidé à s’entraîner et à enfin porter des armes pour se battre, il n’avait plus le choix. Une touffe de cheveux bruns se posa sur le milieu de son front. Il prit la parole d’une voix neutre mais légèrement tremblante :

« J’ai compris. Tu es simplement au-dessus des autres mais tu n’en restes pas moins un Gnomold. Je vais devoir te tuer. »
« Ne sois pas présomptueux humain ! L’heure de la vengeance a sonné ! »
En fait, il n’avait même pas attendu de dire ça pour foncer vers le jeune homme qui croisa ses deux griffes pour parer le coup du Gnomold d’un mètre cinquante. Il releva la lame de l’épée longue avec sa griffe gauche tandis qu’il tentait de planter celle de droite dans le corps de Parkan. Le monstre s’écria avec rage :


« N’espères pas m’avoir avec des tactiques aussi stupides ! »
Le Gnomold bougea légèrement sur la droite, les lames de la griffe droite ripant contre l’armure de cuir sans le blesser. Parkan fonça tête baissée pour venir percuter le front de Tery avec son propre crâne. Le jeune homme recula en gémissant de douleur, son front étant devenu rouge sans pourtant être ouvert.
Faire mieux que ça… Beaucoup mieux que ça mais quoi faire ? Il n’était pas un stratège et vu l’excitation dans laquelle se mettait le chef Gnomold, il était sûr que ça allait empirer de minute en minute. Et si… En y pensant, c’était une idée tout ce qu’il y avait de risqué mais il n’avait pas à se demander si cela allait mal tourner ou non.
La réponse était toute trouvée et devant l’air stupéfait de Parkan qui n’était plus qu’à quelques centimètres de lui, il se taillada la hanche droite pour faire couler son propre sang sur les lames de sa griffe droite.
« Qu’est-ce que tu fous l’humain ? Tu as décidé d’en finir avec la vie ? Me prive pas de ce plaisir ! C’est moi qui dois te tuer, c’est bien compris ? »
« Une simple tactique stupide. Essayes de voir maintenant ! »
Il projeta son sang sur les yeux du Gnomold pour l’aveugler tandis qu’il s’avançait déjà vers ce dernier pour continuer le combat. Sa hanche droite commençait à le faire souffrir mais il devait contenir sa douleur. Pour l’instant, il devait profiter de la surprise de son adversaire pour le blesser ! Le Gnomold ne semblait pas avoir apprécier sa petite fantaisie :
« Saleté d’humain ! Utiliser une bassesse de ce genre ! »
« Mon but est de tuer et qu’importe les moyens utilisés, j’y arriverais ! » répondit-il comme pour se donner du courage. ALLEZ ! C’était bientôt terminé !
Le Gnomold se frotta les yeux pour retirer le sang sur ces derniers. Il tentait tant bien que mal de se protéger des griffes mais rien n’y faisait. Les deux griffes de Tery traversèrent un bon nombre de fois la protection de cuir de Parkan pour le blesser. Le Gnomold passa subitement dans un état proche de la folie, de l’écume se mettant à s’écouler de ses lèvres.
« Saleté… SALETE ! D’abord mon fils ! MAINTENANT CA ! »
Le sang avait enfin quitté ses yeux et il pouvait revoir à peu près correctement. Malgré ses blessures sur son torse, il était loin d’être terminé et sa résistance hors du commun devait être l’une des raisons de ses nombreuses victoires. Sans plus attendre, ses deux épées longues rencontrèrent les deux griffes de Tery alors que l’épreuve de force débutait entre eux deux. Les lames et les griffes croisées, les yeux émeraude dans les yeux dorés, ils se faisaient face.
« Votre peuple ne mérite pas de vivre sur cette planète ! Votre existence a perverti les éléments. » s’écria le Gnomold avec rage, tentant de le pousser.
« Ne raconte pas de sottises pour trouver une raison à ce combat. C’est une lutte pour la survie de l’un d’entre nous ! Si je fais ça, c’est bien car il le faut ! » répondit Tery bien qu’il savait que ses phrases n’avaient guère réellement de sens.

« Tu veux avoir une surprise ? Regardes ça stupide humain ! »
Des veines… Des veines rouges apparurent sur ses deux pattes et Tery retira subitement ses deux griffes. Les deux lames des épées longues tracèrent une croix ensanglantée sur son corps mais peu profonde alors qu’il reculait, surpris. Lorsque les deux épées touchèrent le sol, des flammes parcoururent la zone où ils se trouvaient, l’enflammant subitement pour l’empêcher de s’enfuir. Un cercle enflammé les entourant, le jeune homme balbutia :
« Tu… Tu sais utiliser les éléments ? Je … Comment c’est … »
« IMBECILE ! Croyez vous que vous soyez les seuls à savoir utiliser la magie ! Tout le monde est né avec l’essence de la magie en lui ! Mais chez certaines races, elle est simplement latente ! Et maintenant, montres moi donc ta propre magie ! Tu ne pourras pas t’enfuir ! »

Non … Ce n’était pas normal … Enfin … Peut-être que si … Pourquoi n’y avait-il pas pensé ? Car les autres gnomolds n’avaient pas utilisé la magie contre lui ? Non … Non … Il y avait un problème, un problème majeur et de très grande taille. Ah … ah … Bon … Ce n’était pas tout … Il n’y avait pas que ça … C’était bien différent.

« Et bien alors ? Tu me la montres ta magie ou quoi ? J’attends ! »

« Je ne vois pas pourquoi je l’utiliserai contre une personne comme toi. Tu n’en vaux certainement pas la peine. » dit-il comme pour gagner du temps.

« AH OUI ? Je n’en vaux pas la peine ? JE N’EN VAUX PAS LA PEINE ? »

C’était plus qu’il n’en fallait pour lui ! Il allait lui montrer comment il s’occupait du petit impertinent qui était en face ! Cet humain … Ce pathétique humain … qui avait tué son fils ! Sa chair ! Comment un être inférieur comme lui était capable d’une telle chose ? Si il ne savait même pas … AH ! C’était ça !

« Tu n’as même pas de magie ! Tu ne sais pas utiliser ta propre magie ! Et tu es étonné que d’autres en soient capables ? Tss … T’es vraiment risible ! » répondit le Gnomold avec un sourire narquois aux lèvres. C’était donc parfait ! Une nouvelle parfaite ! Il allait donc en profiter pour briser le corps du jeune homme, morceau par morceau. Oh oui … Il allait souffrir longuement et atrocement avant de mourir.

Chapitre 7 : Un début de remboursement

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 7 : Un début de remboursement

Une semaine s’était écoulée : Une semaine où il s’était donné à son maximum. Maintenant qu’il pouvait utiliser la magie, chaque heure où il était réveillé était un prétexte pour s’entraîner. Les cinq livres dans le sac, il ne s’intéressait plus vraiment à ce qui l’entourait et malgré l’effervescence qui animait la ville, il ne semblait pas se soucier des personnes autour de lui. D’ailleurs, ils étaient arrivés à Midès mais ils n’avaient guère profité de la capitale à l’heure actuelle. Il semblait même ne pas s’y intéresser. Non, le plus important était les moments qu’il avait passés avec l’Ombre cette semaine.


L’ombre encapuchonnée restait assise pendant des heures en l’observant. Il s’exerçait avec minutie et les deux premières journées s’étaient soldées par des échecs monumentaux. Il n’avait pas réussi une seule fois à se concentrer suffisamment pour faire apparaître une pierre dans sa main. Mais au milieu du troisième jour, un ridicule caillou s’était finalement présenté à l’intérieur de sa main. Un caillou du diamètre de son petit doigt mais quel caillou ! Il s’était retourné vers l’ombre avec un magnifique sourire dessiné sur ses lèvres. Il arriva à sa hauteur, montrant la pierre comme un trésor qu’un enfant aurait découvert :


« Regardez l’Ombre ! Regardez ! J’ai réussi ! J’ai enfin réussi ! Vous avez vu ? Et je n’ai même pas eu besoin de vous dans le fond ! C’est une bonne nouvelle hein ? »
L’ombre se redressa, ses deux yeux saphir étrangement posés sur lui. Même si il était un adulte, apprendre le sort le plus simple de l’élément de la terre en seulement trois jours était remarquable. Les yeux bleus à travers le masque ne cessèrent de fixer Tery tandis que le jeune homme arrêta de sourire. Avait-il commis une faute pour que l’Ombre ne dise rien du tout ? Depuis deux jours, elle ne s’exprimait que très rarement et il se demandait si elle n’était pas en colère envers lui. Enfin, elle prit la parole :
« Mes félicitations Tery. Ce n’est qu’une petite pierre mais tu as été capable d’en créer une. »
Le ton était impérial et éloigné, bien différent de celui qu’il lui connaissait. Il baissa la tête, légèrement confus avant de refermer le livre. Il jeta la petite pierre dans l’herbe avant de soupirer. C’était gênant … de parler de la sorte. Il répondit :
« Ce n’est pas grand-chose. Je me souviens que mes camarades faisaient pareils alors qu’ils n’avaient que huit ans. Ce ne sont que les bases élémentaires. Sinon…Ça ne va pas ? »
Il ferma rapidement la bouche : Depuis quand s’intéressait-il aux états d’âme de l’ombre ? Ils ne se connaissaient pas plus que ça et ce n’était pas son souci. Enfin… Il n’était pas habitué à voir l’ombre aussi froide. Celle-ci haussa un sourcil derrière son masque blanc : s’inquiétait-il de son sort ? Etait-il au courant de quelque chose ? Pourtant, elle ne se rappelait pas avoir parlé de ça. Ou alors, était-il vraiment inquiet à son sujet ? Elle murmura :


« Si, si. Ne t’inquiète pas pour ça. Je reste juste étonné de voir tes progrès dans l’élément de la terre. Je pense que si tu t’entraînes autant pour les quatre autres éléments, tu seras capable de créer les petites choses de base. Mais bon, pas tout de suite.
« Vous voulez bien m’apprendre ? Je vous en prie. Enfin … Je n’aime pas prier. »
Elle resta stupéfaite par la demande de Tery. Le jeune homme était visiblement très gêné par sa demande et il lui sembla même remarquer un léger rouge sur ses joues. Pourquoi lui demandait-il ceci ? Etait-ce parce qu’elle ne semblait plus s’intéresser à lui ? Ce n’était pas réellement de sa faute : Les ordres de l’Oracle étaient formels mais elle ne pensait pas voir ça de la part de celui qui devait être son compagnon.
Pourquoi avait-il ouvert la bouche ? Il regrettait déjà ses propos un peu trop rapides à son goût. Il n’osait pas se l’avouer mais il avait un peu honte : Pour lui, il savait que l’Ombre était au courant de son but. Ses nombreux arrêts dans la ville pour observer les soldats de l’armée de Midès, les nombreuses affiches de propagande, il était difficile de ne pas voir son intérêt à ce sujet. L’Ombre l’avait sûrement remarqué et s’était éloigné de lui : C’était de sa faute et il voulait se faire pardonner. C’était bien là l’unique moyen qu’il avait trouvé. Finalement, elle accepta en hochant simplement la tête
Trois jours s’écoulèrent à nouveau et il était maintenant capable de créer une petite flammèche au bout de l’un de ses doigts. Aujourd’hui, c’était mercredi et il voulait passer un peu de temps sur l’élément de l’eau. Si il était capable de réussir à remplir ne serait-ce qu’une petite coupole d’eau, il serait déjà content.
« L’Ombre ? L’Ombre ? Êtes-vous là ? »
Des bruits de pas lents sur le plancher. Quelques secondes s’écoulèrent et la voix de l’ombre encapuchonnée se fit entendre, plus faible qu’à son habitude.
« Il… y a un problème Tery ? Je suis bien là … Oui. »
« Vous n’êtes pas encore prête pour aujourd’hui ? J’aimerais bien commencer à apprendre le sort de base élémentaire de l’eau si cela ne vous dérange pas. »
« Tu… pourrais étudier seul aujourd’hui ? Je ne me sens pas très bien, désolé. »
Elle ne se sentait pas très bien ? Il resta interdit pendant plusieurs secondes avant de passer une main dans ses cheveux bruns. Cette personne qui était si vive et excitée pendant plus d’un mois et demi était capable d’être malade ? Il n’y croyait pas un instant mais ne préféra ne pas poser d’autres questions.
« Je serais à l’endroit habituel si vous me cherchez et si vous vous sentez mieux. »
« D’accord Tery. Bon entraînement. » murmura la voix de l’autre côté de la porte.
Il hocha la tête avant de s’éloigner de la chambre. L’Ombre encapuchonnée posa son dos sur cette dernière en murmurant :
« Ca ne peut plus durer. Il me faudra bien un jour m’y résigner avant qu’il ne devienne trop dangereux mais pourquoi dois-je le faire ? Oracle … »

Il avait descendu les escaliers, retournant au rez-de-chaussée avant de se faire héler par l’aubergiste. Celui-ci connaissait son nom puisque cela faisait maintenant pas mal de temps qu’ils étaient ici. Il lui demanda de le suivre pour lui parler en privé d’un petit souci. Assis sur une chaise, il l’écouta parler du fait que selon la personne masquée, ils n’allaient plus pouvoir payer leurs chambres très bientôt. Ainsi, il lui laissait jusqu’à la fin de la semaine prochaine pour trouver une solution. Il n’était pas un mauvais bougre et il appréciait le jeune homme et celui qui l’accompagnait mais bon … Il avait un commerce à faire vivre.
Il se releva de sa chaise avant de s’apprêter à se retirer de la pièce, le regard assombri par cette nouvelle. Ainsi, le problème provenait d’un manque d’argent ? L’argent … Tout dans ce monde était régi par l’argent et il le savait bien. Le temps de l’insouciance et de l’apprentissage était révolu. Il s’arrêta devant le pas de la porte :
« D’ici ce soir ou demain, vous aurez l’argent pour tout un mois. »
« Comment ça ? Tu connais le prix de deux chambres dans cette auberge au moins ? Revois un peu ton jugement et dis-toi que tu ne pourras que payer pour une semaine et encore, je vois difficilement comment tu pourras faire. »
« Ne vous souciez pas de ça ! J’ai dit que je trouverais le moyen. » termina le jeune homme.
Il quitta la cuisine sans attendre que l’aubergiste lui réponde. Quelques secondes plus tard, il remonta dans sa chambre, déposant les nombreux livres avant de se positionner devant le miroir. Il se regarda longuement pour s’étudier sous toutes les coutures : Oui, ça pouvait aller. Il était quand même présentable.
Prenant ses deux griffes pour les mettre dans le sac à côté de ses cinq livres qu’il avait récupéré, il claqua la porte de sa chambre avant de quitter l’auberge en courant dans la capitale. L’Ombre encapuchonnée observa le jeune homme par la fenêtre. Qu’allait-il faire ?
« Pardonnez-moi, vous êtes bien de l’armée de Midès ? » demanda-t-il.

Il avait trouvé l’idée parfaite. Les deux hommes étudièrent le jeune homme avec minutie : C’était bizarre que quelqu’un vienne leur adresser la parole. A part quelques enfants et encore, ils n’étaient pas habitués à ce qu’on les arrête pendant une mission de patrouille.
« Oui, c’est bien cela. Que pouvons-nous pour toi ? » dit l’un d’entre eux.
« J’aimerais rejoindre l’armée de Midès mais je ne sais pas où se trouve le bureau de recrutement. » annonça le jeune homme avec neutralité, espérant obtenir une réponse.
« Heu…Tu es sûr de ton choix ? » questionna l’un des soldats, plutôt surpris.
L’un des hommes semblait soucieux de la demande de Tery tandis que les regards de quelques personnes se dirigeaient vers eux. Le second homme fit un petit geste de la main pour signaler que cela n’était pas important tandis que Tery haussa un sourcil. Il était tout ce qu’il y avait de plus sérieux quand il s’agissait d’une telle chose. Une nouvelle recrue plausible ? Oui … Mais non … Il valait mieux stopper cette foire tout de suite.
« Bon…Nous ne sommes pas des recruteurs mais je vais te donner l’endroit où tu devras te tendre. Tu as de quoi écrire ? »
Il hocha la tête d’un air négatif tandis que le soldat soupira avant de sortir de sa moche un bloc-notes. De nombreux chiffres étaient écrits sur la première page. Il déchira une page vierge avant de se mettre à réfléchir. Il se mit à écrire pendant plusieurs secondes avec quelques arrêts pour se plonger dans sa réflexion avant de tendre le morceau de papier au jeune homme. Il reprit la parole :
« Voilà pour toi. Rends-toi là-bas et tu pourras postuler chez nous. J’espère que tu as bien lu les conditions et que tu as réfléchis aux conséquences de tes actes avant ça. »
« Aucun problème ! Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait. »
Il s’inclina devant les deux soldats avant de se mettre à courir à nouveau à travers la ville. Il se rapprochait de plus en plus de son but. Il n’avait pas encore le D tatoué sur son corps mais il savait manier une arme et il pouvait utiliser tous les éléments. Enfin, tous les utiliser, ce n’était pas totalement vrai. Il n’en était qu’aux bases et avec cette nouvelle qu’il venait d’apprendre, il ne savait pas si il était capable de manier l’eau, le vent et l’électricité.
Le second soldat s’adressa à celui qui avait pris la parole, demandant quelle adresse il avait donné à Tery. A l’écoute de celle-ci, il fit un petit commentaire négatif et désapprobateur. Il déplora l’acte que le premier soldat venait de commettre avant de se remettre en route pour accomplir sa patrouille. Après une dizaine de minutes où il s’arrêtait continuellement pour lire le chemin à suivre, il finit enfin par atterrir devant un bâtiment à l’aspect assez vétuste. Sur son toit se trouvait un emblème représentant un magnifique dragon doré entouré d’une aura couleur blanc-gris. Malgré l’état déplorable du bâtiment, Tery semblait émerveillé par ce qu’il voyait et pénétra à l’intérieur de ce dernier.
Visiblement, il était le seul…Un homme était assis sur une chaise, semblant s’intéresser à un bout de papier tandis qu’il n’avait pas remarqué Tery. Il y avait aussi peu de monde dans cet endroit ? Les murs bruns s’écaillaient et quelques petites fissures étaient visibles sans pour autant signaler que le bâtiment allait s’écrouler. Tery s’installa sur l’une des nombreuses chaises, posant son sac à côté de lui avant d’observer l’homme qui se trouvait sur la chaise. Des cheveux blonds en bataille, la trentaine avancée, une barbe mal-rasée, il ne semblait pas avoir remarqué la présence de Tery tandis qu’une porte se trouvait derrière lui. Après cinq à dix minutes, Tery toussa légèrement, les yeux bruns de l’homme se relevant enfin de la feuille pour le regarder. D’un air étonné, il lui demanda :
« Que venez-vous faire ici ? »
« Je viens me présenter pour me faire recruter dans l’armée royale de Midès. »

Il avait très mal entendu, n’est-ce pas ? Il demanda si il voulait vraiment une telle chose, Tery confirmant ses propres paroles. L’homme murmura quelques paroles qu’il ne pouvait pas entendre avant de se redresser, quittant sa chaise pour toquer plusieurs fois à la porte. Une voix forte se fit entendre derrière celle-ci, lui demandant d’entrer. Plusieurs minutes passèrent où des nombreux cris résonnaient dans l’immeuble. Violente … La personne à qui s’adressait l’homme aux cheveux blonds devait l’être toute particulièrement.

« Mais tu sers vraiment à rien ! Je suis sûr que c’est qu’un pauvre type qui s’est perdu ! Montres lui la sortie avant que je vienne te botter l’arrière-train ! » s’écria une voix, l’autre étant trop faible pour qu’on puisse l’entendre. Elle reprit en réponse : « JE SAIS BIEN ! Fais le rentrer avant que je m’énerve ! »
S’énerver ? Ce n’était pas déjà le cas ? Tery ferma les yeux un instant, se demandant qui pouvait parler avec tant de véhémence dans ces propos et surtout avec une voix aussi forte et brutale. L’homme aux cheveux blonds sortit de la pièce avant de lui demander de pénétrer à l’intérieur en murmurant :
« Bonne chance. Je crois que tu vas en avoir bien besoin. »
De la chance ? Et pourquoi cela ? Lentement, il marcha vers la salle derrière l’homme aux cheveux blonds. Quelques instants après, il se retrouvait devant un homme de petite taille au crâne dégarni. Les joues bouffies, une moustache noire allant jusqu’à ses pattes de même couleur, il regardait d’un air mauvais le jeune homme. Sa voix grinça au moment où il s’adressait à lui, signe de son quasi-dégoût envers Tery :
« Vous êtes qui ? Vous êtes maigrichon et vous voulez rentrer dans l’armée royale de Midès ? C’est une blague n’est-ce pas ? Je n’ai pas de temps à perdre. »
« Je ne rigole pas. Je veux vraiment devenir un soldat de Midès et du royaume de Shunter. »
« Non. Tu ne veux pas rentrer dans l’armée. »
Non ? Il ne voulait pas rentrer dans l’armée ? C’était quoi le problème ? S’était-il mal exprimé ? L’homme l’observait de ses yeux onyx, des yeux perçants et fixés sur lui. Il se sentait mal à l’aise mais se rappela la seconde raison de sa présence en ce lieu : Trouver de quoi rembourser l’Ombre.
« J’ai dit que je voulais devenir un soldat de l’armée de Midès. Je pensais avoir été explicite. »
Comment ce gamin osait s’adresser à lui de cette manière ? Il n’avait pas froid aux yeux mais cela ne suffisait pas ! La majeure partie des hommes qui se présentaient à lui s’éloignait après sa petite phrase, l’autre partie quant à elle… Il se leva de sa chaise, montrant toute sa stature du haut de ses un mètre cinquante tout en s’approchant de Tery :
« Et de quel droit penses-tu pouvoir rentrer chez nous ? Regarde donc ton corps. Tu es maigrichon et il suffirait d’un ennemi utilisant l’élément du vent pour que tu t’envoles ! De plus, tu ne voudrais pas me faire croire qu’un gamin comme toi est de rang D n’est-ce pas ? Sais-tu ce que tu risques en mentant de la sorte ? »

« Je le sais bien et je n’ai pas peur des risques à encourir ! Je veux devenir l’un de vos soldats. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? » s’écria-t-il presque aussi fort que le petit homme en tapant du poing sur le bureau. Il tremblait de tout son corps, espérant n’en avoir pas trop fait. Il était bien plus faible que le recruteur et il le savait ! Il devait simplement s’armer de courage et lui tenir tête. L’homme s’immobilisa pendant plusieurs secondes avant de le frapper au ventre avec violence. Le corps de Tery fut pris de soubresauts avant qu’il ne se mette à vomir sur le sol, recrachant quelques morceaux de son petit-déjeuner tandis que l’homme reprit la parole :
« Ne fais pas la forte tête avec moi d’accord ? Si tu veux vraiment rentrer chez nous, il faudra faire bien mieux que ça ! Pour qui te prends-tu gringalet ? Des imbéciles dans ton genre, il y en a dans toutes les armées ! Tu sais à quoi ils servent ? Simplement à chair à canon et en tant que boucliers humains ! Ils sont trop stupides pour penser à autre chose qu’à leur ridicule existence et à celle de leurs familles ! Ils rêvent de gloire et de fortune et pensent devenir quelqu’un de célèbre dans le royaume de Shunter ou dans ce monde ! Alors dis-moi… »
Il sentait sa tête se faire tirer par les cheveux tandis que l’homme montrait son visage au niveau du sien. Quelques rides étaient présentes sur le visage de l’homme mais il n’avait pas l’alcool mauvais d’après l’odeur qui émanait de lui. Il avait naturellement ce comportement :
« C’est pour qui que tu veux faire ça ? Pour toi ? Pour ta famille ? Pour le royaume ? Réponds-moi avant que je m’énerve ! Foutu gamin. »
Pour qui voulait-il se battre ? Pour qui voulait-il brandir son arme ? En rentrant ici, il avait deux réponses à ces questions : Le royaume de Shunter et l’ombre encapuchonnée. Mais maintenant, il n’était plus aussi sûr de vouloir devenir un soldat mais sa fierté allait en prendre un coup et il ne voulait pas paraître risible par rapport à cette brute.
« Vous n’avez pas à savoir ! Je me bats pour des choses que vous ne connaîtrez jamais ! »
Bonne réponse mais ça n’allait pas suffire ! Il envoya la tête de Tery dans le sol, la faisant baigner dans le liquide jaunâtre qu’il avait recraché il y a quelques minutes. Le second homme aux cheveux blonds pénétra à l’intérieur de la pièce avant de soupirer, relevant le jeune homme encore secoué par ce qu’il venait de subir. Il dit avec véhémence :
« Vous pourriez éviter d’aller jusque-là ! Il venait simplement pour s’inscrire ! »
« On n’a pas besoin de types pathétiques de son genre dans l’armée ! S’il veut vraiment rentrer chez nous, qu’il me ramène la tête du scorpion qui habite dans la grotte désertique à quelques lieux d’ici ! Sinon, il n’a même plus besoin de se présenter devant moi ! T’as entendu blanc-bec ? Alors maintenant, retournes vivre comme les autres gamins de ton âge et ne vient plus m’importuner ! Maintenant, dégagez tous les deux avant que je m’énerve ! »

L’homme aux cheveux blonds emmena Tery hors de la pièce. Celui-ci se retrouva assis sur l’une des chaises de la première salle, serrant les dents. Cet homme… Il se croyait fort ? Il se pensait au-dessus de lui ? Il allait lui faire cracher ces tripes la prochaine fois ! Pas maintenant bien entendu, mais un jour… De l’eau fut projeté sur son visage, lui permettant d’ouvrir les yeux et de faire disparaître la désagréable odeur qu’il avait maintenant.
« Désolé jeune homme mais il est toujours comme ça. Je ne sais pas qui t’a donné notre adresse mais il s’est bien moqué de toi. Il y a plusieurs autres bureaux de recrutement dans la capitale, tu devrais poser ta candidature là-bas. »
« Où… Où se trouve la grotte désertique dont il parlait ? » murmura Tery avec lenteur.
« Abandonne cette idée, tu n’as aucune chance. Tu pourras te faire recruter autre part. Ne perds pas la vie à cause de ça. Tu ferais même mieux d’éviter le recrutement. »

Le jeune homme se redressa faiblement avant de s’éloigner en empoignant son sac. Sans un mot, il quitta le bureau de recrutement, le regard baissé sur le sol. Saleté ! Il détestait rarement une personne mais là, il avait la haine. Cet homme, il se croyait plus important que lui ? C’était sûrement le cas mais quand même… Une comparaison avec l’Ombre encapuchonnée et il regrettait déjà cette dernière. Il ne pouvait pas revenir en arrière, voilà tout ! Les habitants le regardèrent d’un air dégoûté, chose tout à fait normale quand on savait dans quoi il avait baigné sa tête. Son regard se posa sur une affiche qu’il lut :
« Guilde des magiciens de l’ordre de Barkan recherche pattes de Gnomold pour formation d’ingrédients. Chaque patte de Gnomold sera achetée pour le prix de dix pièces d’argent. Si vous êtes intéressé, veuillez-vous rendre au quartier des mages dans la section Est de Midès. »
Tuer des Gnomolds ? Et sachant que chaque Gnomold avait deux pattes, cela faisait vingt pièces d’argent par tête. Il suffisait d’en tuer quelques-uns. Faire plaisir à l’Ombre encapuchonnée et la voir sourire derrière son masque blanc, ce n’était pas un si mauvais but. Quant à la grotte désertique, elle pouvait bien attendre quelques semaines. Il se dirigea vers la sortie Sud de la ville capitale de Midès, les quatre gardes habituels l’interpellant pour savoir où était l’Ombre. Il signala qu’elle ne se sentait pas très bien et qu’il allait se balader un peu tout seul au cas où. Il devait partir chasser des Gnomolds. L’un des gardes lui demande faire extrêmement attention au cas où.

Heureusement qu’il y avait quelques soldats de ce genre dans l’armée royale de Midès. Il s’inclina respectueusement pour remercier le soldat et ses trois comparses. Il se retira en les saluant pour marcher pendant deux kilomètres avant d’arriver à l’orée de la forêt. Il déposa son sac sur le sol, l’ouvrant pour y extirper les deux griffes.
« Il est l’heure de remercier l’Ombre. » se murmura-t-il à lui-même.

Les deux griffes à la place de ses mains, il pénétra à l’intérieur de la forêt, prêt à débusquer des Gnomolds. Dans l’auberge, deux heures après le départ de Tery, le poignet d’une porte se tourna légèrement avant que celle-ci ne s’ouvre pour laisser paraître l’ombre encapuchonnée. Elle toqua deux fois à la porte de la chambre de Tery, aucune réponse. Il était parti s’entraîner comme elle le pensait. Elle descendit les escaliers pour arriver au rez-de-chaussée, l’aubergiste l’arrêtant avant même qu’elle ne quitte l’auberge.
« Hey ! Ton camarade n’est pas revenu pour déjeuner, tu pourrais aller le chercher ? »
« Je comptais le rejoindre. » dit la personne masquée avec lenteur.
« Ah…Et au sujet de ce que tu sais… Je l’ai quand même prévenu : Tu ne devrais pas lui cacher ce genre de choses. Vous êtes des amis non ? »

Comment ? Monsieur Rank avait prévenu Tery au sujet de son problème d’argent ? C’est vrai qu’il ne restait plus que deux à trois pièces d’or mais elle pensait faire quelques missions de mercenariat pour se renflouer mais avec les derniers évènements et la nouvelle qu’elle avait apprise.. .Sans lui répondre, elle se retira de l’auberge avant de se mettre à courir à toute allure dans la ville. Quelques minutes plus tard, elle se retrouva en-dehors de Midès, allant vers la plaine où ils s’entraînaient tous les deux habituellement. Une mauvaise surprise l’attendait : Aucune présence de Tery.

Imbécile ! Quel imbécile il était ! Comment est-ce qu’il avait pu laisser faire ça ? Où était-il passé ? Elle devait amorcer les recherches et le retrouver. Ses gestes du moment étaient en contradiction avec les paroles de l’Oracle mais elle ne pouvait pas se résigner à l’abandonner comme ça ! Ce n’était pas possible de le laisser se débrouiller tout seul ! Il n’était encore qu’un débutant en ce qui concernait le combat et la magie ! Retourner en ville : Voilà ce qu’elle devait faire ! Retourner en ville et questionner les gens !

Chapitre 6 : L’entraînement

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 6 : L’entraînement

« Aller ! On se lève Tery ! On commence l’entraînement maintenant ! » s’écria une voix qu’il n’arrivait pas à décrire comme féminine ou masculine.
« Non maman… Je ne veux pas ! Il est trop tôt ! » marmonna le jeune homme.
« Je ne suis pas ta mère mais ton pire cauchemar si tu ne te réveilles pas d’ici deux minutes ! »

Il remontait le drap jusqu’à sa tête, ne se préoccupant pas de la personne qui venait de s’adresser à lui. Le drap fut retiré subitement tandis qu’il ouvrit légèrement ses yeux émeraude pour voir qui il avait en face. Le masque blanc avec un sourire l’observait alors qu’il n’était qu’à quelques centimètres de lui. Il poussa un cri strident en voyant les deux yeux saphir froncés. Il se redressa subitement avant de dire :
« Non mais t’es dingue ? Ne t’approche pas autant de moi ! Je suis levé, c’est bon ! »
« Alors tant mieux, je vais te chercher ton petit déjeuner en bas. Attends moi ici et laves toi un peu. C’est bien compris ? Sinon … Quand je reviens, tu risques … »
« Oui « maman ». » ironisa-t-il alors qu’elle était proche de la porte de la chambre.
« Sachant que j’ai ton âge, je dois le prendre comment ? »
L’ombre encapuchonnée rigola faiblement après ces paroles avant de quitter la chambre. Cela faisait déjà plusieurs jours qu’ils avaient commencé à s’entraîner … et à voyager aussi. La personne masquée avait signalé qu’ils devaient se rendre à Midès, capitale de Shunter bientôt proche. Heureusement qu’elle ne s’était pas posée de questions à son sujet, sinon il se serait senti coupable. Il se leva de son lit, retirant son haut pour aller se passer un peu d’eau sur le visage et le corps. Il se regarda dans le miroir, marmonnant un :
« Il était temps que tu muscles ces trucs qui te servent d’abdomen et de thorax. »
« Et aussi le reste du corps n’est-ce pas ? »
« EXAC…HEY ! Je suis en train de me laver ! » s’écria t-il en comprenant à qui appartenait cette seconde voix derrière lui.
L’ombre encapuchonnée était arrivée avec un plateau contenant le petit-déjeuner qui consistait en quelques biscottes avec différents accompagnements. La personne masquée s’assit sur le lit tandis qu’il remettait son haut en grognant. L’être sourit pendant qu’il l’observait en grignotant ses biscottes :
« Tu n’as pas faim l’ombre ? Tu pourrais retirer un peu ce masque non ? En quoi cela est-il si gênant ? Je n’arrive vraiment pas à comprendre à quoi ça sert tout ça. »
« Non merci, j’ai déjà mangé, tu n’as pas à t’en faire pour moi. Quand à mon masque, je n’ai pas à le retirer. Arrêtes avec ça, c’est embêtant à la longue. Pourquoi tu veux savoir qui et ce que je suis ? En quoi cela te concerne ? »
« Car je n’aime pas ça ! Tu veux un récapitulatif de tout ce que tu fais pour moi ? Alors tu m’as sauvé la vie, tu me nourris et tu me loges, tu m’entraînes alors que je suis le plus imbécile des débutants, tu me portes lorsque je suis exténué et évanoui, tu es beaucoup trop gentil ! On pourrait même dire trop gentil pour être honnête mais je sais que ce n’est pas le cas. Tu es quelqu’un d’attentionné or je n’ai rien fait pour mériter cette attention, c’est même tout le contraire ! Mais je n’ai rien fait pour toi ! » dit-il, reprenant ensuite son souffle après cette longue tirade. Il n’aimait pas … prononcer de telles paroles.
« Tu veux vraiment savoir ce qu’il y a sous ce masque ? » demanda l’être masqué.

« Hein ? Bien sûr ! Au moins, comme ça, je serai certain de ce que tu es réellement. »
« Alors donnes moi une biscotte. » termina-t-il de dire au jeune homme aux cheveux bruns.
Il obéit sans vraiment comprendre ce que l’ombre encapuchonnée avait comme idée en tête. La biscotte à la main, elle commença à retirer légèrement son masque avant de se retourner subitement. Sous l’étonnement, il resta paralysé tandis qu’il entendait les bruits de la biscotte qui croquait sous les dents. L’ombre encapuchonnée se retourna quelques secondes plus tard avec son masque à nouveau sur son visage, reprenant la parole :
« Voilà, tu sais ce qu’il y a sous ce masque : Il y a un visage avec une bouche. Merci pour la biscotte ! Tu vois … J’ai même fini par manger rien que pour toi. »
« Hein ? Que ? Quoi ? Mais tu t’es foutu de ma gueule ? Attends que je t’attrape ! »
Il se releva, la chaise tombant au sol alors que l’ombre se mit à courir avec le jeune homme aux cheveux bruns à sa poursuite. S’il avait autant d’énergie pour la poursuivre en la menaçant, alors l’entraînement d’aujourd’hui allait être mouvementé, très mouvementé. Aujourd’hui, ils n’allaient pas combattre, simplement marcher pour se rendre vers Midès. Elle lui avait dit que cela ne servait à rien de s’entraîner continuellement. Il valait mieux partager en deux le quotidien. Devant la mine déconfite du jeune homme, il lui dit :

« Ne t’en fait pas, on trouvera bien un autre arbre solitaire au sommet d’une colline. J’ai bien remarqué que tu aimais ce genre d’endroits. »

« Disons … que la vue était belle, voilà tout. » coupa t-il aussitôt.

Après quelques jours où ils alternèrent entre marche et entraînement, ils étaient très proches de Midès selon l’ombre encapuchonnée. Celle-ci pourtant, avait décidé de ne pas encore rentrer dans la capitale, annonçant qu’ils allaient rechercher un endroit où s’entraîner. Comme elle lui avait « promis », ils retrouvèrent rapidement une colline avec un unique arbre. Oh … Elle était encore plus resplendissante que celle d’auparavant. Elle trouvait toujours de bons endroits hein ? Elle était même plutôt douée à ce petit jeu. Elle sortit à nouveau les armes utilisées auparavant, Tery reprenant en main les deux griffes. Elle fit une remarque :
« Tu as donc de décider de continuer à combattre avec ces deux armes ? Tu es sûr de ton choix ? Généralement, on ne pourra exceller que dans un seul domaine sauf pour certaines personnes qui ne font que cela de leurs vies. »
« Tu sais… Si je fais ça, je veux dire… Si je m’entraîne, c’est pour une unique raison. »

Laquelle ? Allait-lui lui révéler qu’il pensait rentrer dans l’armée royale de Midès ? Que tout ce qu’elle faisait n’allait servir qu’à Tery et non à elle ? Il se redressa avec les deux griffes sur ses mains, le regard vert pomme et sérieux pointé vers l’ombre encapuchonnée :
« Je veux simplement payer ma dette envers toi. Et je ne parle pas seulement de ma dette de vie. Il y a aussi celle monétaire ou temporelle. Tu perds beaucoup de choses à cause de moi alors le seul moyen pour moi de te rembourser est de mettre de l’ardeur à l’entraînement. »

Elle était surprise par les paroles de Tery. Elle esquiva rapidement l’une des griffes du jeune homme avant de se rapprocher du sac, y prenant deux dagues tandis qu’un véritable sourire était gravé sur ses lèvres camouflées par le masque. Soit, puisque Tery voulait donner le maximum de ses capacités, elle allait tout faire pour lui donner envie de continuer.

Une semaine s’écoula, puis une seconde et une troisième. Et il s’améliorait peu à peu sans qu’il ne le remarque lui-même. L’ombre encapuchonnée dormait dans la chambre d’à côté et malgré les trois semaines qui s’étaient écoulées, jamais il n’avait su ce qu’elle était. Au final, il s’en fichait un peu. Son but n’était pas de faire plus ample connaissance avec l’ombre encapuchonnée mais de devenir assez puissant pour avoir un D qui apparaîtrait fièrement sur son plexus solaire. Mais il ne savait pas pourquoi cette lettre restait toujours aussi noire. De toute façon, d’après l’ombre, il était temps qu’ils arrêtent l’entraînement avec les armes et qu’ils passent à la pire des choses.
« L’Ombre ? Tu es réveillée ? L’Ombre ? Si tu ne te réveilles pas, je rentre dans ta chambre. »
« Je peux savoir à qui tu parles ? » dit une personne derrière lui.
Il se retourna pour voir l’Ombre qui l’attendait avec des livres dans ses mains. Voilà qu’ils allaient faire ce qu’il détestait, la lecture… Lire et relire, c’était vraiment pas sa tasse de thé.
« Tu veux te rendre où pour faire la lecture sur les sorts et les éléments de base ? On se rend à la bibliothèque ou alors tu préfères… »
« Direction l’arbre ! On a commencé avec lui, on terminera avec lui. Question de principe et il n’y aura personne pour venir nous déranger. Donnes tous ces livres, tu vas te fatiguer pour rien. » annonça avec entrain le jeune homme.

« Depuis quand es-tu devenu aussi serviable ? C’est mon influence qui te fait cet effet ? »
« Ne dis pas de bêtises et donnes moi ces livres. » termina t-il de dire.
Sans attendre d’avis de la part de l’ombre, il prit trois des cinq livres de la personne avant de descendre les escaliers. Accompagné par la personne qui cohabitait avec lui depuis bientôt un mois, il se dirigea vers la colline que seuls l’ombre et lui connaissaient. Il posa les quelques livres au sol avant d’en lire les titres : « Le début du feu », « Le commencement de l’eau », « L’essence de la terre » L’ombre déposa ses deux livres à côté des trois autres avec écrit dessus : « L’origine du vent » et « La naissance de la foudre ».
« Bon, il est l’heure des aveux. L’Ombre, je vais te le dire : Je ne sais pas lire. »
« Tu te moques de moi n’est-ce pas ? » dit-elle, un peu étonnée.
« Oui. Mais plus sérieusement, j’ai beaucoup de lacunes en lecture. Je ne lisais que très rarement lorsque j’habitais dans mon village. Donc, tu veux encore t’occuper de moi ? »
« Bien entendu, pourquoi ne le ferais-je pas ? Je suis resté avec toi pendant tout ce temps, c’est que j’avais une bonne raison. Tu es mon compagnon voir mon ami maintenant et donc, cela ne me gêne pas de passer du temps avec toi. »
« Mais tu as ces médaillons à récupérer ! Tu ne veux pas partir à la recherche de ces derniers au lieu de rester avec moi ? C’est vrai quoi … Je comprendrai hein ? »
L’ombre encapuchonnée sembla surprise par les propos de Tery. A part le moment où ils en avaient terminé avec le Gnomold, elle n’avait jamais continué à parler du médaillon. Visiblement, Tery semblait avoir une mémoire importante : Une capacité qu’elle ne lui connaissait pas. Elle reprit la parole pour lui dire :
« Chaque chose en son temps, ce n’est pas comme si le monde allait se détruire parce que je prends du retard sur ma mission tu sais ? Tant que j’en ai un, ils ne peuvent rien faire. »
« Qui donc ? Tu ne veux vraiment pas m’en dire plus ? » tenta t-il de la questionner.
« Je ne peux pas… Tu sais, si tu venais avec moi voir l’Oracle un jour, peut-être que je pourrais t’en dire plus à ce sujet et tu pourras même… Mais bon, au lieu de parler de ça, on va commencer par ce petit livre. »

« L’essence de la terre » , elle s’assit à côté de lui avec un petit sourire derrière son masque blanc. Lentement, elle ouvrit le livre tandis qu’il observait les écritures à l’intérieur. Ce n’était pas en une langue inconnue mais pour lui, ces phrases et ses mots ne voulaient presque rien dire tandis que l’ombre se mit à lire :
« L’Essence de la terre : La Terre est l’élément naturel qui nous entoure et dont les humains sont les plus proches. La Terre, nous habitons sur cette dernière. La Terre, nous faisons des objets à partir de cette dernière. Les premiers pots, les premiers outils, les premiers bâtiments, tout est issu de la Terre. Que cela soit sous la forme d’un grain de sable ou d’une immense montagne, nous côtoyons la Terre et nous devons la remercier car c’est elle qui nous nourrit et qui nous permet de vivre. »

Elle continuait de lire tandis qu’il l’observait d’un air enchanté. C’était la première fois qu’il entendait une telle chose et il se plaisait à entendre la voix de l’ombre près de lui. Il se rapprocha légèrement pour coller sa hanche gauche contre la sienne avant de lire avec elle. Bien qu’il ne comprenne pas le sens des phrases, il se sentait intrigué par ces dernières et il avait envie d’apprendre à les connaître.
Les minutes s’écoulèrent comme si le temps passait à côté d’eux sans les toucher. Elle récitait le livre tandis qu’il ne disait aucun mot, absorbé par sa voix. Pour la première fois qu’il était avec l’ombre, il était vraiment heureux de la savoir près de lui et se disait qu’elle était un sacré puits de connaissance. Après plus d’une heure, elle ferma le livre :
« Et voilà, tu en as pensé quoi Tery ? Ce n’est que l’histoire de l’élément de la Terre. Les sorts les plus simples et basiques se trouvent après mais avant de vouloir utiliser un élément, le connaître est primordial non ? Mais bon, l’élément de base parmi les cinq est bien la Terre. »
« Ce que j’en ai pensé ? C’était vraiment super. Tu voudras bien … »
Il commença à bailler longuement. Il était vraiment fatigué … par cette lecture. Il faut dire que malgré le fait que ça soit intéressant, c’était aussi assez … soporifique. C’était bizarre en un sens mais bon … Sa tête pencha sur le côté, celle-ci atterrissant sur les genoux de l’ombre encapuchonnée. Oui, cette histoire contée par la personne qui était avec lui depuis un mois, prenait toute son ampleur à ses yeux. Ses yeux émeraude se fermèrent alors que l’ombre souffla dans les cheveux bruns du jeune homme, sa main droite gantée de rouge caressant ces derniers. Ah … Il n’avait rien contre ça, lui, l’être masqué de blanc
« Il va falloir tenir plus longtemps pour la prochaine leçon. Mais en attendant, tu peux dormir un peu. » chuchota-t-il au jeune homme endormi.
Il rêvait au futur qu’il pouvait entrevoir maintenant : Un futur où il était l’un des nombreux soldats de l’armée capitale de Midès. De simple soldat, il allait devenir un puissant capitaine. De capitaine, il deviendrait chevalier au service du roi. De chevalier, il ferait tout pour devenir l’une des membres de la garde personnelle du roi, voir son général. Des rêves de grandeur qu’il se permettait égoïstement en ne pensant pas une seule fois à la personne qui s’occupait de lui depuis plus d’un mois. Au fond, il était un ingrat et il le savait. Les bases du combat avec une arme, c’était grâce à l’ombre encapuchonnée. Il ne lui restait plus qu’à avoir un magnifique D sur le corps ainsi qu’à savoir quel était son élément et tout serait parfait.
Il se réveilla après une sieste d’une à deux heures, ses yeux verts regardant le masque blanc de la personne qui l’avait prise sur ses genoux. Il se redressa légèrement pour ne pas la réveiller avant de prendre le livre sur l’élément de la terre, se décidant à le lire. Cela semblait si facile quand l’ombre encapuchonnée avait fait la lecture mais pour lui, il se demandait si ce n’était pas écrit dans une langue étrangère. Il se donna des petites claques sur les joues.
« Réflexion Tery. Réflexion et envie. Tu ne pourras rien faire si tu ne réfléchis pas assez et si tu n’es pas motivé ! » murmura-t-il à lui-même pour se donner du moral.
Pendant que l’ombre encapuchonnée dormait, il se coucha sur le sol. Bon, bon, bon, il avait réussi à se rappeler l’histoire dont elle avait parlé mais il recherchait quelques informations pour lui. Il tourna les nombreuses pages du livre avant d’arriver à ce qui l’intéressait le plus : Les sorts de base. Il reprit avec lenteur et faiblement :
« Comment créer une pierre. C’est l’un des premiers … sorts à apprendre. »
Sur le moment, il se disait que cela pouvait paraître complètement risible de vouloir créer une pierre. Mais après quelques secondes de réflexion, il marmonna quelque chose entre ses dents. C’était normal de commencer par créer une pierre avant de s’imaginer vouloir produire des tremblements de terre. Un petit regard envers l’ombre encapuchonné et il s’éloigna d’elle. Autant il savait qu’il allait se rendre ridicule, autant il ne voulait pas qu’il le soit devant l’ombre encapuchonnée. Question de principe et de fierté purement masculine.
Alors pour créer une pierre, il faut déjà être de l’élément terre. Bon point : Il ne savait pas son élément alors il avait une maigre chance qu’il soit de cet élément. Ensuite, se concentrer et ressentir son flux magique en soi. Son flux magique ? C’était quoi ? Il ne connaissait pas son flux magique ! Bon, se concentrer, c’était bien plus facile à dire qu’à faire mais après ? Il avait l’air malin à ce moment. Une main posée sur le livre ouvert, debout dans l’herbe, les yeux fermés, il laissa le vent s’abattre sur son visage.
Rien… Rien du tout ! Rien de rien ! Cela faisait bien une dizaine de minutes qu’il se concentrait mais il ne ressentait pas son flux magique. Avait-il fait une erreur ? Ou alors son élément n’était pas celui de la terre ? Ce n’était pas possible ! Même si ce n’était pas son élément, il devait quand même pouvoir ressentir son flux magique, ce n’était pas sorcier ! Il n’était quand même pas aussi mauvais que ça.
« Tu t’énerves intérieurement Tery et ce n’est pas bon. » murmura une voix derrière lui.
Il ouvrit ses yeux verts avant de se tourner vers l’ombre. Celle-ci se leva en s’étirant quelques instants. Il ne s’était pas autant éloigné de l’arbre qu’il le pensait. Elle se dirigea vers lui avec un autre livre à la main. La couverture était rouge flamboyante et il était écrit dessus : « Le début du feu » . L’être masqué reprit la parole avec lenteur :
« Regarde-moi faire. Je vais te montrer un exemple avec le sort le plus facile qu’il soit pour les magiciens par rapport à l’élément du feu, d’accord ? »
« Ca ne servira à rien, je ne sais pas mon élément donc… »
« Tais-toi un peu et arrête d’être aussi pessimiste. Regarde-moi, je vais prendre tout mon temps. Tu devrais pouvoir jeter un oeil à mon flux magique en m’observant. »
Elle ouvrit le livre rouge avant de le regarder brièvement en tournant les pages. Elle s’arrêta à l’une d’entre elle avant de fermer ses yeux à travers son masque blanc. Puis plus rien : Il ne se passait rien du tout pendant une bonne minute. Et enfin, il vit des veines blanches apparaître sur le poignet droit de l’ombre encapuchonnée. Quelques instants après, une petite flammèche était présente au bout de l’index de la main gantée droite. La flammèche s’envola autour de Tery avant de disparaître tandis qu’il ne savait pas comment réagir. Il était un peu jaloux d’elle … mais surpris en même temps. Il lui demanda :


« C’était très bien l’ombre mais… Pourquoi j’ai vu des lignes blanches sur ton poignet ? »
« Normalement, ils apparaissent sur la partie du corps qui projettera le sort. C’est là que se localisera ton flux magique la majorité du temps. »
« La couleur blanche, c’est de quel élément ? Je n’ai jamais vu ça de toute ma vie. »
« Disons que la couleur blanche me permet d’utiliser tous les éléments mais cela a un certain désavantage : Je ne peux pas me spécialiser dans l’un d’entre eux. Enfin … Je le pourrais mais ça demanderait beaucoup de temps. C’est gênant non ? »
« Mais non ! C’est super ! Tu n’as pas à te demander au sujet de quel élément tu peux utiliser ou non ! J’aimerais bien être de couleur blanche aussi mais mon tatouage reste noir. »
« Noir tu dis ? Cela veut signifier que tu ne sais pas de quel élément tu es encore. On essaye à nouveau ? » dit-elle avec une petite pointe d’hésitation dans la voix.
Il hocha la tête d’un air positif tandis qu’il reprenait le livre à la couverture brune. Trouvant facilement la page sur laquelle il s’était attardé, il ferma les yeux pour se concentrer à nouveau. Il ouvrit subitement ses yeux lorsqu’il sentit la main gantée de l’ombre sur la sienne.
Qu’est-ce … Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Ah … Il demanda des explications, la personne masquée lui signalant qu’elle voulait simplement l’aider. Pour cela, elle allait guider son flux magique vers sa main, c’était tout. D’ailleurs … Il avait remarqué finalement quelque chose la concernant … Après plus d’un mois, comme elle était à côté de lui, il vit … qu’elle était plus petite que lui. Elle lui dit de plutôt se concentrer en rigolant légèrement à cette anecdote.

Il haussa un sourcil avant de remettre son regard devant lui, porté sur l’immense plaine verdoyante. Ce n’était pas totalement vrai car il y avait une forêt à l’est de celle-ci mais il se concentrait sur la plaine et uniquement elle. Ses yeux émeraude se fermaient lentement tandis qu’il se concentrait. La main de l’ombre était posée sur la sienne, ses doigts croisant les siens.
Les minutes s’écoulèrent comme auparavant mais il ne ressentait pas la même chose : Cette fois-ci, il entendait les battements de son coeur… et celui de l’ombre. Ils battaient au même rythme et à l’unisson et il lui semblait « voir » des lignes noires apparaître sur son bras pour arriver jusqu’à sa main. C’était une sensation bizarre : Comme des petits picotements qui se transféraient peu à peu vers sa main droite tandis qu’il sentit celle de l’ombre se retirer de la sienne. Il ouvrit les yeux tandis qu’une petite lueur brune entourait sa main droite, une pierre de la taille d’un demi-poing apparaissant dans sa paume. Il jeta la pierre au sol avec amusement. Il n’arrivait pas à y croire mais … mais … Il s’écria :


« J’ai réussi ! Vous avez vu l’Ombre ? Vous avez vu ? »

Il se retourna avec un grand sourire vers la personne encapuchonnée, celle-ci le regardant de ses deux yeux saphir avec un certain éloignement. Ses lignes noires… Qu’est-ce que cela voulait dire ? L’Oracle s’était-il trompé ? Et pourtant, cela n’était pas possible. Déjà elle concentrait sa magie dans l’une de ses mains, une magie très pure entourée d’une aura blanche avant de voir le sourire de Tery. L’aura blanche disparut aussi vite qu’elle était apparue tandis qu’elle se mettait à sourire elle aussi à travers son masque blanc :
« J’ai vu et toutes mes félicitations. Je sens que tu seras capable d’utiliser tous les éléments aussi. Au passage, tu sais que c’est la première fois que je te vois sourire comme ça ? Cela te va plutôt bien. Ca change un peu de tes grognements intempestifs. »
« Pour une fois, je ne me m’énerverais pas et je vous permettrais même de vous moquer de moi. Mais quand même, je ne pensais pas réussir aussi vite ! » répliqua t-il, toujours gai.
« Maintenant que tu sais que tu es capable d’utiliser la magie, tu devrais te concentrer un peu plus dans les livres non ? Tu veux essayer les autres éléments ? »
Il hocha la tête d’un air affirmatif. Sa motivation était maintenant au maximum et il se sentait prêt à tout faire pour s’améliorer. Elle se dirigea vers l’arbre où se trouvaient les autres livres, prenant celui avec une couverture bleue avant de se diriger vers Tery, son regard légèrement assombri. L’entraîner, était-ce vraiment une bonne chose ? Elle n’en était plus aussi sûre maintenant. Mais … C’était peut-être une erreur. Il ne semblait vraiment pas connaître la magie … Alors … Elle allait plutôt patienter au cas où.