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Chapitre 17 : La famille avant tout

Chapitre 17 : La famille avant tout

« Maman … Suis-je vraiment obligé de venir ? » demanda le jeune garçon aux cheveux blonds en poussant un léger soupir.

« Hum ? Bien entendu, Earnos. » répondit la femme aux cheveux rouges alors qu’Earnos faisait une petite moue boudeuse. Autour de lui, ses deux grandes sœurs préparaient correctement les deux plus petites. Lui … Il se redressait de la chaise, marmonnant :

« Je voulais aller travailler … Pourquoi est-ce que l’on m’en a empêché ? »

« Car ça fait plus de six mois que tu n’as pas pris un jour de repos. Normalement, nous aurions dû t’arrêter avant, te laisser te reposer auparavant mais comme tu semblais si motivé, nous avons préféré ne rien faire. Mais cette fois-ci, comme on peut … »

« Mais je ne veux pas … Maman … Je veux juste retourner travailler. J’ai pas besoin d’aller voir madame Florensia. Et puis … C’est pour vous, pas pour moi. » dit-il en coupant la parole à sa mère, celle-ci reprenant d’une voix douce :

« Allons … Tu sais aussi bien que moi que Florensia adore tes visites. Déjà que sa boutique est souvent fermée, tu pourrais aller lui dire bonjour de temps à autre au lieu de ne penser qu’à travailler. Et c’est décidé, tu viens avec nous, que tu le veuilles ou non. »

« Mais maman … S’il te plaît. » marmonna le jeune garçon sur un ton plaintif alors que la femme fit un geste négatif du doigt.

« Non, non … Et non … Ce que j’ai dit, je reste sur ma position. Tu as intérêt à te prépare car d’ici quinze minutes, nous ne serons plus là. »

Mais il voulait aller travailler ! Pourquoi est-ce que son père avait accepté qu’il se repose ? Lui-même ne le voulait pas ! Pfff … Ce n’était vraiment pas juste ! Pas juste du tout même ! Il n’avait rien fait pour mériter une telle chose ! Il travaillait très bien ! Peut-être qu’il travaillait trop ? Il ne savait pas … du tout … Il était assez perdu, il devait l’avouer. Mais quand même … Enfin bon … C’était si grave que ça de trop travailler ?

« Earnos ? Nous partons ? Tu es prêt ? » intima la voix de sa mère pour lui conseiller de se dépêcher, chose qu’il fit. Quelques secondes plus tard, il se trouvait devant elle, la foreuse à moitié cassée entre ses mains. Passy haussa un sourcil, observant son petit frère :

« On peut savoir ce que tu fais, Earnos ? Pourquoi tu prends ta foreuse ? »

« Car je ne veux pas la quitter ! Je ne partirai pas sans elle ! » s’écria le jeune garçon avant que ses deux sœurs aînées ne soupirent en même temps, sa mère disant :

« Laissez-le donc … On ne peut pas lui faire complètement oublier son travail … »

« … … … Merci, maman. » répondit l’enfant aux cheveux blonds alors qu’il fit un grand sourire. Jiane, sa petite sœur qui venait d’avoir six ans s’approcha de lui, demandant à ce qu’il lui parle un peu de sa foreuse pendant qu’ils se rendaient chez la fleuriste. Il émit un rire sonore pas trop fort avant de signaler qu’il le voulait bien. Pourquoi pas ? Ca serait distrayant … et en même temps, ça lui ferait penser un peu au travail.

Pendant la majorité du chemin, seules les voix du jeune garçon et de sa sœur cadette parcouraient les environs. La plus jeune de la famille, les deux adolescentes ainsi que la mère restèrent muettes, gardant néanmoins le sourire aux lèvres en écoutant les paroles d’Earnos. Il semblait réellement appliquer son rôle de grand frère.

Après une bonne heure de marche, ils étaient finalement arrivés dans la rue où se trouvait la boutique de fleurs de Florensia. Néanmoins, malgré la matinée, il semblait qu’il y avait déjà quelqu’un avec la femme aux cheveux blonds. Un étrange homme aux cheveux violets ébouriffés. Il devait avoir la trentaine d’années, donc il était plus jeune que Florensia. Néanmoins, il lui prenait la main, la baisant doucement avant qu’elle ne la retire. Malgré la dizaine de mètres qui séparait la famille avec la boutique de fleurs, il était capable d’entendre la conversation entre la fleuriste et l’homme :

« Pardonnez-moi mais malheureusement, mon travail me prend trop de temps pour laisser une place à l’amour dans mon cœur. Je suis au regret de vous le répéter une nouvelle fois : je me dois de refuser vos demandes. »

« Mais réfléchissez donc, mademoiselle Florensia. Une aussi belle femme que vous, vivre seule ? Cela me chagrine et me fait mal au cœur. »

Mal au cœur ? Elle parut confuse alors qu’elle poussait un profond soupir dans lequel semblait s’exprimer une grande tristesse. Elle posa sa main sur sa propre joue gauche, semblant réfléchir longuement à la situation alors que le jeune garçon aux cheveux blonds remarquait quelque chose chez l’homme accroupi. Celui-ci avait plongé sa main dans son dos, l’enfant fronçant les sourcils. C’était quoi … cette petite fiole dans lequel baignait une sorte de liquide violet ? Il ne savait pas pourquoi mais tout son corps s’était mis à trembler avant qu’il ne plante sa foreuse dans le sol. Ses sœurs et sa mère le regardèrent tandis qu’il pointait la main gauche vers l’homme. Un minuscule dard sortit de sa paume, percutant la fiole, l’homme poussant un cri de douleur. La fiole se brisa en morceaux, laissant s’échapper une petite fumée violette alors que l’homme et Florensia se tournaient vers lui. Il put voir pendant quelques secondes le regard furieux de l’homme avant que celui-ci ne se redresse, disant d’une voix faussement calme :

« Je vois que vous avez des clients, je vais vous laisser, mademoiselle Florensia. Bonne journée. »

« Bonne journée à vous aussi. » répondit la femme alors que la famille d’Earnos et lui-même arrivaient à sa hauteur. L’homme s’éloigna aussitôt, mettant un maximum de distance entre lui et les « clients » dont il parlait à la fleuriste. Le jeune garçon fit un petit hochement de tête en sa direction avant de prendre la parole, espérant qu’elle allait l’écouter :

« Madame Florensia ! Madame Florensia ! Cet homme avait … »

« Je sais très bien ce qu’il avait, Earnos. Ne t’inquiètes donc pas pour moi, je ne suis pas née de la dernière pluie. Ce n’est pas le premier, ni le dernier prétendant que j’aurai dans ma vie. Mais merci beaucoup pour ce que tu as fait, tu as été très valeureux. » répondit Florensia avant de baiser son front, le faisant rougir violemment.

« Dis … Maman … Pourquoi que grand frère est tour rouge aux joues ? » demanda Olly, la plus jeune de la famille, seulement âgée de trois ans et quelques mois. Ses cheveux rouges étaient bien coiffés en bol, une partie cachant son œil gauche de couleur rubis.

« Car grand frère, il aime beaucoup madame Florensia, c’est pour ça qu’il ne voulait pas venir. » répondit Jiane, l’autre sœur, un sourire espiègle aux lèvres alors que ses yeux émeraude se posaient sur son grand frère. Elle passa une main ses couettes blondes, le jeune garçon répondant à la provocation en disant tout simplement :

« Ce n’est pas du tout ça. Il ne faut pas raconter n’importe quoi, Jiane. Si tu continues comme ça, je ne te parlerai plus de ma foreuse. »

« Hein ? Mais non ! J’ai besoin de savoir, moi ! Papa et Maman m’ont dit que je pourrai commencer dans quelques semaines ! » s’écria une nouvelle fois la jeune fille, Earnos émettant un petit rire avant de se prendre une très légère claque sur le sommet de son crâne par Cassina. Il poussa un petit cri de douleur, faisant la moue aussitôt. Sa mère comme l’aînée des enfants et la fleuriste ne firent qu’un simple sourire, Florensia invitant tout le monde à pénétrer dans la boutique.

« Je ne sais guère quoi vous servir. Il est vrai que j’attendais votre visite mais nullement aussi tôt. Visiblement, vous êtes tous et toutes du matin. » annonça la femme aux cheveux blonds et aux yeux vairons tandis que la mère d’Earnos répondit :

« Exactement … Et il est vrai que j’ai dû … forcer un peu Earnos à venir ici, non pas parce qu’il ne voulait guère venir mais tout simplement car il travaillait beaucoup trop. »

« … … … Est-ce bien vrai, Earnos ? » demanda Florensia, le jeune garçon se raidissant aussitôt sur sa chaise, baissant la tête en marmonnant d’une voix neutre :

« Je ne travaille pas trop … C’est un mensonge … »

« Tu insinuerais donc que ta mère ment à ce sujet ? » reprit la femme aux cheveux blonds tandis qu’il tentait de lui répondre, se triturant les doigts :

« Non … Pas du tout … Maman ne ment pas … Mais je ne travaille pas trop … Je ne suis pas fatigué, moi ! Je vois pas pourquoi je ne devrai pas … »

« Hum … Imagines que tu sois au travail en ce moment-même. Si tu n’étais pas là, peut-être que cet Aéromite aurait put me faire des choses horribles si tu n’avais pas été là. »

… Hein ? Il releva la tête aussitôt, l’air de ne pas comprendre ce qu’elle venait de dire. Il lui … avait sauvé la vie ? Hein ? Enfin … C’est ça non ? Ou alors, il se trompait complètement ? Car elle lui fit un grand sourire tandis qu’il regardait ses deux sœurs aînées et sa mère. Toutes hochaient la tête positivement comme pour bien lui faire comprendre ce qu’il avait fait il y a de cela quelques minutes. Si … Il était parti travailler … La fleuriste … Madame Florensia aurait eut de gros problèmes ? A cause de cet homme ? C’est ça ?

« Mais c’était juste un coup de chance ! Et si j’étais malade, ça serait la même chose ! » dit-il comme pour se convaincre grâce à ses paroles.

« Il y a des chances oui … Mais tu n’étais pas malade … Dans le cas où tu le serais, tu n’aurais pas le choix que de rester au lit, cloué dedans. Mais là … Tu avais le choix entre travailler ou alors venir dans la boutique de fleurs. » dit Florensia d’une voix calme.

« Je n’ai pas vraiment eut le … »

Il s’arrêta dans ses paroles. Il savait qu’il n’avait pas à continuer à parler. Il valait mieux l’écouter et ne rien dire. Et puis … Elle n’avait pas totalement tord en un sens. Même si sa mère l’avait forcé, il aurait quand même pu refuser de venir … Ou alors tout simplement ne pas réagir et ne pas venir l’aider. Comme il s’était plongé dans son mutisme, Florensia reprit la parole, s’adressant une nouvelle fois à lui :

« Et pourquoi tu ne rentrerais pas dans l’armée ? Avec ce que tu viens de faire, tu n’as pas l’air de manquer de courage et ta mère m’a déjà raconté au sujet de la princesse … Toi-même, tu me l’as dit. Tu sais, tu as choisi deux fois de suite de protéger la princesse au lieu de faire ton travail, je pense que c’est une bonne … »

« Non … Je n’irai pas rentrer dans l’armée des insectes. Et puis, protéger la princesse, tout le monde le ferait … C’est comme protéger la reine Seiry. » coupa le jeune garçon.

« Es-tu sûr de ce que tu dis ? Tu dois être au courant de ce qui s’est passé ces derniers mois, non ? Alors ce que tu as fait, peu de personnes auraient fait de même. »

« Je n’irai quand même pas … Je veux rester avec ma mère, mon père et mes sœurs. Ils ont besoin de moi et j’ai besoin d’eux. Je n’irai pas dans l’armée car de toute façon, je n’y arriverai pas. Je ne veux plus que l’on parle de ça … »

Il avait croisé les bras, faisant une mine boudeuse. Non … C’était bête mais il ne pardonnait quand même pas à la princesse Terria pour ce qu’elle avait fait. Car elle n’avait même pas eut le courage de venir s’excuser en face à face. Lui … On ne l’achetait pas avec un cadeau. Et même si l’Apitrini lui disait qu’elle n’avait pas osé venir, il s’en fichait royalement. Ca ne fonctionnait pas comme ça. Il ne voulait rien savoir … Pas de la sorte. Et il … ne voulait pas protéger une princesse comme ça. A côté, il ne voulait pas quitter sa famille et il travaillait pour elle … Sa famille passait avant son royaume … Il avait fait deux fois une erreur … Il n’allait se faire avoir une troisième fois, il en était hors de question.

Chapitre 16 : Prendre garde à autrui

Troisième partie : Une vérité cachée

Chapitre 16 : Prendre garde à autrui

« Trouvez-moi toute personne suspecte ! » s’écria un homme imposant à l’armure rouge sur l’intégralité de son corps. Il avait une double-lame accrochée dans son dos, semblant prêt à s’en servir dès l’instant où il verrait une personne suspicieuse. Plusieurs personnes se trouvaient devant lui, toutes munies de différents attirails qui permettaient de montrer qu’ils faisaient partie de l’armée royale eux aussi.

« Comment on sait si une personne est suspecte ou non ? » demanda une femme aux cheveux verdoyants, ces derniers sortant légèrement du casque qu’elle avait sur le crâne.

« … … … Je crois que ça va être plus difficile que prévu à cette vitesse. » marmonna le Cizayox à l’armure rouge, passant son front en retirant son casque. Ah … Oui … Très difficile même … Bon, c’était surtout qu’ils n’avaient pas eut de gros ennuis depuis très longtemps donc la bonne majorité des personne n’était pas préparé à cela. « Alors … Si vous voyez une personne qui s’enfuit, une personne qui semble préparer un mauvais coup, toutes ces choses semblent vous emmener à une conclusion, laquelle ? »

« Que cette personne est suspecte et qu’on doit l’arrêter pour éviter que la reine Seiry soit en danger. » répondit un autre garde, cette fois-ci à l’opulence caractérisée.

« C’est très bien … C’est même parfait … Bon, si c’est compris, vous pouvez vous disperser ! Je vous rappelle que nous faisons cela pour la reine Seiry qui a été attaquée pendant son voyage dans le désert ! Nous devons trouver ceux qui ont essayé d’attenter à sa vie ! »

Des cris fusèrent après les paroles du Ciyazox, tous et toutes quittant le lieu où les soldats s’étaient réunis. Il était temps de se mettre en chasse. Si ce n’était pas les Rapions et les Drascores les responsables, il n’y avait pas cinquante mille ennemis dans le royaume… Non … Le roi lui-même semblait savoir que c’était de l’intérieur que venait le problème. Mais à partir de l’intérieur, il y avait des chances que les attaques organisées se passent obligatoirement en extérieur. C’était plus compliqué qu’on ne pouvait le croire.

« Et le gamin Rapion … Ah … Quelle vie il doit avoir maintenant. »

Il s’était dit cela alors qu’il était maintenant seul dans cet endroit. Tous étaient partis pour accomplir la mission qu’il avait donnée. Hum … Bon … Ce n’était pas à lui de s’occuper de ça. De toute façon, le Rapion devait sérieusement en baver depuis le temps. Il fallait dire que c’était à cause de cette tentative de paix avec sa race que la reine Seiry avait été blessée.

« Et lorsque l’on cherche un coupable … On finit toujours par en trouver un. Mais … Est-ce toujours le bon ? Rien n’est moins sûr. Dans ce cas précis, il est difficile de croire que les Rapions et les Drascores soient capables d’avoir préparé une telle chose. »

Lui-même avait du mal à le croire car cela était une tentative beaucoup trop risquée. Le problème était plus grave … Lui avait la possibilité de réfléchir à cela puisqu’il était du côté de ceux avec les informations nécessaires mais le peuple … Ce que le peuple allait penser de toute cette histoire. Hum … Ce n’était pas à lui … Il faisait partie de l’armée du royaume des insectes, non pas de ceux qui devaient expliquer le tout aux citoyens du royaume.

« Attendez un peu, Olistar. Il est déconseillé pour vous de quitter le château. » répondit un adolescent d’environ quinze ans, des cheveux saphir lui allant jusqu’à la nuque.

« Si vous voulez parler des remarques désobligeantes que je vais recevoir, il n’y a aucun problème. » annonça l’enfant aux yeux cyan tout en haussant les épaules.

« Ce n’est pas de cela dont je parle … C’est bien plus poussé que ça. Certaines personnes n’hésiteront pas à vous agresser dans la rue. »

« Alors je me défendrai … Ce n’est nullement un problème. » reprit une nouvelle fois l’enfant Rapion sans pour autant détourner son regard de celui de l’Apitrini qui s’était adressé à lui.

« Mais ils seront trop nombreux. Non … Il vaut mieux que vous restiez ici … »

« Et si il ne veut pas rester ici, alors il peut partir. Olistar ! On va se balader tous les deux ! J’ai besoin d’un garde du corps ! » s’écria subitement une voix derrière Olistar, le visage souriant de la princesse Terria se retrouvant en face du Rapion lorsqu’il se retourna.

« Princesse Terria ?! Les ordres du roi sont formels : vous n’avez pas le droit de quitter le château ! » s’égosilla aussitôt l’Apitrini avec ferveur alors que la princesse se mit tout de suite à courir à toute allure à l’opposé de l’adolescent aux cheveux saphir.

« Et bien … Je suis désolé mais il semblerait que les ordres de la princesse soient plus importants que ceux d’un de ses sujets. Si vous voulez bien m’excuser. » termina le Rapion en s’inclinant devant l’Apitrini, courant à son tour pour rejoindre la princesse Terria.

Le reste de la journée se déroula d’une façon bien particulière. La princesse Terria ne semblait pas se cacher, montrant souvent un grand sourire alors que la majorité des regards était tourné vers eux. Elle ne se gênait pas pour se montrer en public et bien que bon nombre de personnes murmuraient autour d’eux, elle ne semblait pas pour autant intimider.

« Princesse Terria, vous semblez très joyeuse depuis quelques jours, j’ai cru remarqué. » murmura lentement le Rapion, tournant la tête à gauche et à droite.

« Ma mère se porte très bien maintenant. Et puis bon … Je sais que je ne devrais pas dire ça mais je suis contente de savoir qu’elle ne peut plus partir aussi loin. Comme ça, elle peut rester avec moi tout le temps, hihi. »

« C’est vrai … Je vois ce que vous voulez dire. Moi-même, je n’ai plus mes parents mais je suis habitué à leur absence maintenant. Je vous remercie aussi pour ce que vous venez de faire pour moi. » reprit Olistar, passant une main dans ses cheveux violets bien que son visage était imperméable à l’expression de ses émotions, comme à son habitude.

« De rien, j’avais aussi envie de me bala … » commença à répondre Terria avant d’être coupée par trois adolescents. Ces derniers semblaient parcourus de muscles imposants, leurs cheveux semblant se dresser sur leurs crânes en deux cornes dominantes. Des Scarhinos et visiblement, ils n’étaient pas en face d’eux pour tenter de faire ami-ami.

« Princesse Terria, veuillez nous suivre. On va vous raccompagner jusqu’au château. » dit l’un d’entre eux, plus grand que les deux autres et aussi plus musclé.

« Et on aura une jolie réco … » continua le second avant de se prendre un coup de coude de la par le troisième, lui disant par là de se taire.

« Désolée mais j’ai déjà quelqu’un pour me raccompagner. » répondit-elle en fronçant les sourcils, croisant les bras alors qu’elle reculait de quelques pas.

« Si vous parlez du Rapion à côté de vous, vous inquiétez pas, on va s’en débarrasser très rapidement. » annonça une nouvelle fois le chef du trio, Terria poussant un léger soupir.

« Olistar, tu peux t’en débarrasser, dis ? Et ensuite, on va rentrer. » termina la jeune fille aux cheveux blonds avant de faire déjà quelques pas pour ne pas regarder le spectacle.
Quelques minutes plus tard, les deux personnes se dirigeaient déjà vers le château, le Rapion se frottant les mains comme pour les nettoyer alors que l’Apireine semblait amusée par la situation. Elle avait encore put entendre la puissance d’Olistar à l’œuvre d’après les murmures du peuple pendant la bagarre et c’était toujours aussi impressionnant. Enfin bon … Elle ne devait quand même pas oublier qu’elle lui faisait mal quand il se battait pour elle.

« Euh … Olistar, tu sais … Je ne voulais quand même pas te forcer à te battre pour moi hein ? C’était vraiment juste pour te balader … Et pour que les gens voient que je n’ai pas peur que tu sois là. Tu es l’ambassadeur des Rapions et des Drascores et même si ça ne plait pas à tout le monde, tu restes avec moi. » annonça la princesse alors que le château était en vue.

« Je pense que cela ne plaît pas forcément … même à l’intérieur du château. Visiblement, nous allons être accueillis. » conclu Olistar en désignant d’un regard l’enfant qui se tenait devant la porte, les bras croisés en fronçant légèrement les sourcils en l’apercevant.

« Oups … On dirait que c’est Holikan et il n’a pas l’air content que j’ai fait une petite sortie avec toi. Tu restes avec moi ? Que je prévienne que c’est de ma faute ? »

« Nul besoin … Je vais rentrer dans la chambre que vos Apitrinis m’ont donnée pendant mon séjour dans le royaume. Passez un très bon reste de journée, princesse Terria. » annonça l’adolescent aux cheveux violets avant de s’incliner respectueusement. Quelques secondes après, alors qu’elle se présentait devant Holikan, celui-ci prit autant la parole :

« Princesse Terria … Vous êtes encore partie sans prévenir. Vous savez pertinemment que le roi, votre père, vous interdit cela. »

« Roh … Holikan … S’il te plaît … » commença t-elle à dire avant que le Yanma ne la coupe :

« Et … Vous êtes partie avec le Rapion. Je ne l’aime pas. Je tiens à vous le dire en face à face car je ne veux pas que vous vous mettiez en danger comme votre mère. »

… … … Il visait les points sensibles dès le départ. Néanmoins, elle ne se laissa pas faire. Sans un mot, elle pénétra dans le château, commençant à marcher sans même voir s’il la suivait. Pourtant, c’était le cas et il semblait déjà s’en vouloir en disant :

« Pardonnez-moi princesse … Je ne voulais pas vous offusquer. »

« Holikan, tu t’excuses sans même savoir pourquoi. Toi, tu penses toujours comme mon père. » répondit-elle sans que sa voix soit méchante ou mesquine. Elle disait simplement ce qu’elle pensait tandis que le jeune garçon baissait la tête :

« C’est vrai … Mais j’estime que les paroles du roi, votre père, sont justes et fondées. »

« Et bien, moi, j’estime que les actes de ma mère sont meilleures. Comme quoi, on ne peut pas être d’accord sur tout. » reprit-elle en haussant les épaules, un sourire aux lèvres avant de s’arrêter de marcher pour qu’il puisse voir son visage. « Mais ne t’en fais pas, ce n’est pas parce que l’on n’est pas d’accord que ça veut dire que c’est mal. Ma mère et mon père sont rarement d’accord mais pourtant, tu connais très bien comment est le roi par rapport à la reine non ? Alors, tu n’as pas du tout à t’inquiéter. »

« … … … Je ne m’inquiétais pas … … … Enfin, je crois. » termina le jeune garçon aux cheveux verts alors qu’elle gardait son sourire aux lèvres. Ah … Il ne voulait pas la mettre en colère ou être en désaccord avec elle. C’était juste … qu’avec ce qui s’était passé avec la reine Seiry, il était inquiet, très inquiet pour la princesse. Elle aussi pouvait être ciblée … C’était pour cela qu’il se méfiait des autres … et aussi de ce Rapion. De toute façon, rien que le caractère de ce Rapion lui posait problème à la base. Il était le chevalier … Son chevalier … Il devait protéger la princesse à tout prix.

Chapitre 15 : S’en prendre à la royauté

Chapitre 15 : S’en prendre à la royauté

« Vérifiez que la reine va bien ! C’est le plus important ! »

Le combat …. ou plutôt l’assaut avait duré une bonne heure. Et les morts étaient nombreuses, très nombreuses … Trop nombreuses … Pourtant, la personne qui venait de prendre la parole n’était ni un Apitrini, ni l’une des personnes qui venaient d’attaquer. Non … Loin de là, c’était même … tout le contraire ? La femme aux cheveux blonds était blessée à la hanche et au visage, sa robe étant déchirée en de nombreux endroits.

« Reine Seiry … Venez donc … Nous allons vous soigner et allons envoyer un messager le plus rapidement possible. » reprit l’homme aux cheveux violets qui s’adressait à elle. Elle reconnut tout de suite de quelle race … de quelle race il était.

« Un Drascore ? Mais … Nous avons été … » commença à dire la reine avant que l’homme lui demande de ne plus parler pour éviter de se fatiguer encore plus. Néanmoins, l’être reprit la parole, s’adressant à elle avec lenteur pour être sûr d’avoir été très bien compris :

« Nous nous posions quelques questions … Alors que vous étiez venue avec vos Apitrinis, des éclaireurs nous ont signalé que d’autres traces étaient visibles dans le désert. C’est à partir de cet instant que nous nous sommes posés des interrogations. A cause de nos relations, nous n’avions pu vous accompagner mais nos éclaireurs sont restés à vous suivre discrètement dans le sable. C’est ainsi que nous avons pu intervenir … Mais nous sommes désolé pour une partie de vos Apitrinis … Nous n’avons rien pu faire pour eux. Le plus important est que vous soyez en vie, reine Seiry. »

« Que … Je sois en vie … Mais pour cela, des gens sont morts. Pourquoi ? Ai-je mis mon peuple en colère ? » demanda la reine sur un ton presque implorant, des larmes se mélangeant au sang sur ses joues.

« Certaines personnes ne sont pas là pour se poser des questions. Vous êtes une bonne reine mais certains vous voudront toujours du mal. » répondit le Drascore, se demandant si il pouvait soulever la reine ou non. Il n’était plus l’heure de se poser des questions. Il prit la reine tout en disant une nouvelle fois : « Mais ne vous inquiétez pas … Si pour nous, vous êtes une reine merveilleuse alors pour la majorité de votre peuple, c’est aussi le cas. Mais maintenant, cessez de parler, je vous prie … Il vaut mieux pour vous que vous vous reposiez … Car vous êtes blessée … assez gravement même. »

« Pourquoi … Pourquoi ? » continua t-elle de dire avant que l’homme ne demande à un autre de s’approcher. Le second homme aux cheveux rouges sortit une seringue de sa veste, la plantant dans le bras de la reine avant que celle-ci ne ferme les yeux.

« Ce n’est plus l’heure de se poser de questions, reine Seiry. Reposez-vous … VOUS AUTRES ! Finissez-moi de ramasser tous les cadavres ! Mais aussi toutes les personnes vivantes ! Nous allons avoir besoin du plus d’informations possibles à ce sujet ! »

« Y a juste un problème … En fait, y en a deux … C’est justement au sujet des Apitrinis vivants … Enfin, les blessés … Et l’autre, ça concerne les cadavres … »

« Quoi donc ? » demanda l’homme, la reine toujours dans ses bras.

« Ben … Venez voir … Enfin … Dès que la reine sera mise en sécurité. »

D’accord, d’accord … Il était quand même très intrigué par tout ceci. Et encore plus quand il se retourna en entendant des cris. Les Apitrinis blessés s’étaient tous levés comme un seul homme, recouvert de sang tout en tremblant de tous leurs membres. Ils s’approchèrent de lui et de la reine, l’un des Apitrinis soufflant :

« Reine Seiry … Le mal est parti … Le mal n’est plus présent … Nous ne ressentons plus de violence … autour de la reine … »

« Qu’est-ce que … Au lieu de parler de cela, vous feriez mieux d’accepter les soins, les antidouleurs et autres que l’on veut vous donner. »

Pfff … Il n’avait même pas le temps de souffler mais … Il reconnaissait avoir eu peur sur le coup. Ces Apitrinis … Tous s’étaient levés en un instant, comme si leurs blessures n’existaient pas avant de se diriger vers la reine et lui. Bon … Si ce problème était régler, il pouvait alors mettre la reine dans un coin tranquille.

Une quinzaine de minutes plus tard, il n’y avait plus aucun blessé sur les lieux du combat, seulement les cadavres … et un attroupement autour d’eux. Comme si quelque chose de spécial s’était passé. Et lui ? Dans tout ça, il était arrivé, s’adressant à un Rapion d’environ une quinzaine d’années. Celui-ci avait quelques mèches vertes alors que le Drascore demandait sur un ton neutre :

« Alors ? Que se passe t-il avec les cadavres ? Cela semblait assez important d’après ce que j’ai cru entendre … Maintenant que je suis là, on va pouvoir s’expliquer. »

« Et bien … Vous pouvez regarder par vous-même. Y a pas besoin d’explications, monsieur. » répondit le Rapion en se levant, lui laissant la place pour qu’il puisse observer.

… … … Qu’est-ce que cela voulait dire ? Les visages des cadavres … En fait non … Les cadavres dans leurs intégralités … Ils ne ressemblaient plus à rien. Le visage était déformé de telle façon qu’il était impossible de discerner quelque chose à son sujet, d’en retirer la moindre information aussi. Et pareil pour les corps …

« Et nous sommes sensés étudier cela pour nous permettre de savoir qui tente de s’en prendre à la vie de la reine Seiry ? Pfff … Ils ont été malins, très malins. »

« Que faisons-nous des corps ? demanda le Rapion avec un peu d’inquiétude.

« Prenez-les avec vous … On va les garder et on va quand même tenter de les étudier … Peut-être que leur sang nous permettra d’en savoir plus à leur sujet. »

« Comme vous le voudrez. » répondit le Rapion une nouvelle fois avant de s’éloigner pour donner les consignes aux différents hommes et femmes présents sur le terrain.

Hum … Tout était bien plus compliqué que prévu et surtout … Surtout … L’attaque sur la reine emmenait un problème majeur, beaucoup plus important qu’on ne pouvait le croire. Oui … Ce problème … allait intervenir d’ici quelques heures … sous la forme d’un homme.

« COMMENT ?! » hurla une voix tonitruante, capable de faire trembler quiconque venait de l’entendre. Et c’était le cas pour la personne en face de lui. Le roi Tanator était là … Ses yeux améthyste exprimaient une telle fureur et colère qu’il semblait capable de tout ravager sur son passage. Son poing avait frappé une seule fois sur le trône et cela avait suffit à faire fissurer le bois de l’objet sur lequel il était assis.

« La reine a été attaquée par une troupe de … »

« Drascores et Rapions ?! J’en suis sûr et certain ! Ces traîtres attendaient le bon moment pour l’attaquer dans son dos ! » s’égosilla une nouvelle fois l’homme avant de se lever de son trône, sa parure verte et royale sur lui.

« Non … Mais il semblerait que les assaillants soient tous morts par les Drascores et les Rapions … Il semblerait aussi que la reine soit sauve grâce à ces derniers. »

« Foutaises ! Comme si ces parias étaient capables d’une telle chose ! Ils veulent manipuler la reine et lui faire croire qu’ils l’ont sauvée alors que ce n’est pas le cas ! »

« Roi Tanator … La reine reviendra aussitôt qu’elle sera soignée là-bas. La déplacer serait trop risqué … Nous devrions … » tenta de dire l’homme en face du roi, recommençant à trembler à chaque fois que celui-ci prenait la parole. Il n’était qu’un simple Apitrini !

« ASSEZ ! Que toutes les troupes se réunissent pour qu’elle rentre le plus vite possible ! Que la majorité de l’armée soit déployée pour la ramener ici dans les plus brefs délais ! »

Ca ne servait à rien … On venait de toucher à la reine et dès qu’il s’agissait d’un membre de la famille royale, Tanator était impossible à raisonner. Il suffisait juste d’attendre … simplement attendre … Ils n’avaient pas le choix.

Trois jours étaient passés et la reine était apparue devant son peuple pour le rassurer. Néanmoins, on voyait bien à sa démarche et aux bandages non-recouverts par sa robe qu’elle était blessée. Elle se voulait joviale mais tout son peuple était inquiet. Et le roi … Le roi dans tout cela ? Et la princesse à ses côtés ? Non … Quelque chose de dramatique s’était déroulé … ou du moins aurait pu se produire si cela avait continué.

Pourtant, lorsque les nouvelles eurent fini d’être données au peuple pour tenter de le réconforter, c’était un visage bien moins heureux que la reine présenta à son mari. Non, elle semblait contrariée alors que sa fille était accrochée ou presque à elle. Ils étaient tous les trois dans la salle du trône, personne d’autre ne se trouvant ici.

« Et pourquoi devrais-je arrêter de voir les Drapions et les Drascores ? Je signale au cas où que c’est grâce à eux que je me tiens devant toi, Tanator. »

« Ah bon ? Et qui te dit qu’ils n’attendent pas plutôt que tu reviennes chez eux pour te tuer définitivement ?! Hein ?! Non ! Je te rappelle qu’il y a eu une guerre avec ces parias il y a de cela quinze ans ! Nous en sommes sortis victorieux ! »

« Et je te rappelle aussi que c’est pour cela que je t’ai épousé ! Mais il y a quinze ans, je n’avais pas ces responsabilités ! Et je continuerai ce travail que je fais depuis des années ! »

« HORS DE QUESTION ! » hurla le roi alors que la jeune fille aux cheveux blonds avait quelques tics nerveux au niveau du cou, comme prise de tremblements. Elle … Elle n’aimait pas voir ses parents en colère … C’était toujours pour la même raison … Toujours à cause de ce que sa mère faisait pour les Rapions et les Drascores …

Et pourtant … Pourtant … Malgré la colère du roi … Celui-ci se retrouva en train de baisser les yeux devant sa femme. Celle-ci avait tout simplement le regard froncé, les bras croisés à la hauteur de sa poitrine, ses yeux l’observant et se plantant en lui comme des dards dans la chair. Qu’importe le fait qu’il soit un Yanmega, un roi craint … Il ne pouvait que se résoudre à admettre que la seule personne au-dessus de lui … soit sa femme.

« … … … Tu n’iras plus chez les Rapions et les Drascores. Il en est hors de question. »

« Tanator … Je crois que je vais finir par me fâch… »

« En contrepartie, nous enverrons plusieurs ambassadeurs là-bas dont des Apitrinis. Certains ambassadeurs seront des Apitrinis qui ont été sauvé par les Rapions et les Drascores. Cela facilitera la discussion … Ca te convient ? Mais toi … Tu ne bouges plus du palais. C’est trop dangereux … et tu sais à quel point tu es importante pour moi … Encore plus que mon royaume. » murmura l’homme alors que la reine rougissait comme une enfant.

La petite fille aux cheveux blonds n’avait jamais pris la parole mais souriait, heureuse de voir que tout s’arrangeait. Sa mère était partie pour venir embrasser son mari tandis que Terria savait ce que les paroles de son père voulaient dire. Sa mère allait rester au château pour très longtemps ! Donc … Elle allait passer plus de temps avec elle ! Une très bonne nouvelle !

Chapitre 14 : Attaque surprise

Chapitre 14 : Attaque surprise

« Snif … Maman est partie … Sans même me dire … au revoir … »

Elle n’arrêtait pas de se répéter ceci, entourée par quatre Apitrinis qui avaient environ onze à douze ans. Chacun avait une couleur différente de cheveux, le groupe étant coupé en deux garçons et trois filles dont elle. Dans ses mains, elle portait une magnifique foreuse qui semblait être un véritable travail d’artisan. Et pour cause ! Cela avait été crée par un maître Cizayox reconnu dans tout le royaume ! L’homme avait été étonné d’une telle demande, surtout de la part de la princesse et de l’utilité de la chose mais elle avait tout simplement expliqué que ce n’était pas pour elle.
Et là … Elle se dirigeait vers l’endroit où elle avait rencontré le jeune garçon la première fois. Il était là … Non-loin … Enfin … Elle le voyait rentrer et sortir de la petite grotte dans laquelle il travaillait. Il n’était jamais épuisé de faire une telle chose ?! C’est vrai quoi … En y réfléchissant bien … Il ne faisait que travailler, travailler, travailler … Et puis bon … C’était quoi cette foreuse qu’il avait en main ? Elle semblait être encore plus ancienne que celle qu’elle avait pu voir lors du combat contre Olistar. Ah ! Mais c’était la première foreuse ! Celle qu’elle avait vue la première fois ! Elle s’en rappelait ! C’est bizarre … Quand elle observait le jeune garçon, elle avait l’impression qu’elle le connaissait encore … mieux … Enfin … Qu’en fait, la première fois n’était pas vraiment la première fois.

« Princesse Terria ? » demanda une Apitrini aux cheveux bleus assez courts, des yeux et des vêtements de même couleur. « Que faisons-nous ? Nous devrions aller le voir … C’est bien ce jeune garçon à qui vous voulez offrir cette foreuse, n’est-ce pas ? »

« C’est … C’est le cas … Mais je ne sais pas … Je ne sais pas quoi dire … » bafouilla t-elle, se surprenant elle-même d’avoir peur d’entendre ce que le jeune garçon allait lui dire si elle s’approchait de lui. C’était la … première fois qu’une personne s’était emportée réellement contre elle … Et … Elle avait peur … de se faire encore crier dessus par le jeune garçon.

Elle devait prendre son courage à deux mains. Ce n’était pas si difficile … Et puis la foreuse était drôlement lourde … Et comme sa mère lui avait demandé de la porter … Elle ne voulait pas que les Apitrinis s’en occupent. Elle devait … Elle devait avancer maintenant … Et vite … Avant qu’il ne soit trop tard … Ah … Ah … Ah … Elle avait le cœur qui battait la chamade sans aucune explication. Elle n’avait quand même pas peur de lui hein ?! Il ne pouvait rien lui faire de … Rien qu’en y pensant, elle ressentit une douleur à sa joue, se rappelant la claque qu’elle avait reçue lors de la colère d’Earnos.

« EARNOS ! EARNOS ! » s’écria une voix à sa gauche, apercevant un Chenipotte qui courait vers lui … Avec une foreuse dans ses mains ?!

Le jeune garçon s’était tourné vers Raor, voyant l’enfant aux cheveux oranges qui arrivait à sa hauteur. Qu’est-ce que … Sa foreuse ! Celle qu’il avait cassée ! Il la voyait entre les mains de Raor, celui-ci la lui tendant avec un petit sourire :

« Je ne pouvais … pas faire mieux … Mais elle est en état de fonctionnement … Et elle devrait être … plus utile … que celle que tu as … Enfin plus performante … »

« Tu ne devrais pas être à l’école ? » demanda l’Aspicot, un peu surpris de le voir.

« Si … J’ai même beaucoup de retard mais je voulais terminer cela. Je n’ai pas … réussi à te la rendre comme auparavant mais … » répondit Raor avant que l’enfant ne le coupe dans ses paroles, sur un ton ravi :

« Merci ! Merci beaucoup Raor ! C’est déjà mieux que de l’avoir en plusieurs morceaux ! »

« Il paraîtrait … que c’est la princesse qui a fait cela ? Enfin … Non … Je ne veux pas savoir. J’ai déjà trop de problèmes comme ça ! C’est Cassina qui me l’a dit ! » annonça le Chenipotte avant de le saluer, s’éloignant ensuite en courant.

« Oui … C’est bien de la faute à la princesse. » marmonna Earnos tout en regardant les deux foreuses. Celle que Raor avait ramenée semblait sur le point de s’effondrer dès qu’il allait la faire tourner mais non, ce n’était pas le cas. Il pouvait l’utiliser sans aucun problème ! Oh … Elle allait être moins puissante qu’auparavant mais toujours mieux que celle qu’il avait depuis qu’il n’avait que quatre ans. Ah … Vraiment… Malgré ce que l’on pouvait penser, Raor était quelqu’un de sensiblement bon.

« Princesse Terria ? Où est-ce que vous allez ?! » demanda aussitôt un garçon aux cheveux rouges, yeux et habits de même couleur alors que la foreuse était maintenant au sol. La jeune fille aux cheveux blonds l’avait tout simplement lâchée, s’étant enfuie en courant à son tour.

« Il n’a pas besoin que je m’excuse ! Pas du tout besoin ! » s’écria t-elle de toutes ses forces alors que déjà, deux Apitrinis s’étaient mis à la suivre, les deux autres restants entre eux. Le garçon aux cheveux rouges et l’Apitrini aux cheveux bleus. Ils s’observaient discrètement, la jeune fille murmurant :

« Je crois qu’elle est déçue de voir … que le jeune Aspicot est déjà passé à autre chose. »

« Elle n’arrive pas à imaginer un seul instant que certaines personnes ne pensent pas qu’à elle … Et cela semble l’affecter plus qu’elle ne le croit. » répondit aussitôt le jeune garçon avant de prendre la foreuse entre ses deux mains.

« Qu’est-ce que tu vas faire avec ça ? » demanda la jeune fille aux cheveux bleus.

« Tout simplement transmettre ce présent de la part de la princesse à cet Aspicot. Il serait dommage qu’il ne soit pas transmis, n’est-ce pas ? »

Elle était tout à fait d’accord avec le jeune garçon. Elle l’aida à soulever la foreuse, celle-ci étant bien moins légère qu’on pouvait le croire. Cela se voyait que la princesse était une Apireine … Et eux, de simples Apitrinis … Malgré sa carrure, la princesse était forte … très forte … Et cet Aspicot l’était encore plus visiblement.

« Que devons-nous lui dire ? » s’interrogea l’Apitrini aux yeux saphir.

« Tu verras … J’ai déjà une idée en tête à ce sujet. » alla dire l’enfant aux cheveux rouges.

Ils allaient parler de telle sorte que cette affaire serait réglée. Ils n’étaient pas réellement au courant de ce qui s’était passé mais si la princesse devait s’excuser et d’après les rumeurs … Alors ils allaient tout faire pour redorer son blason envers cet Aspicot.

Au loin … Très loin … Dans un désert aride et sec, une femme encapuchonnée de brun s’adressait à une autre entourée d’une cape violette. La femme encapuchonnée se dévoila, laissant paraître les cheveux blonds de la reine Seiry. La personne fit de même, dévoilant de longues tresses violettes, une robe couleur améthyste qui allait jusqu’à ses pieds ainsi qu’un regard saphir. La personne en face de la reine Seiry semblait avoir une quarantaine d’années elle aussi, s’inclinant devant l’Apireine.

« Que votre voyage se déroule paisiblement. » murmura la femme Drascore.

« Et que votre peuple soit uni avec le royaume comme auparavant. » continua la reine.

« Cela n’est pas à nous de le décider mais au temps de faire son œuvre. » reprit un autre être encapuchonné à côté de la femme aux cheveux violets.

« Soit … Je le sais parfaitement … Mais n’ayez aucune crainte, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour permettre aux Rapions et aux Drascores de retrouver la place qui leur est due dans le royaume des insectes. Mon pouvoir est celui de la reine de ce royaume … Mais je ne peux forcer les gens à oublier des siècles et des millénaires de haine … »

« Ne vous forcez guère à penser à leur place. Vous êtes une très bonne reine contrairement aux précédentes. Vous voyez plus loin que votre royaume … Et en cela, nous vous sommes reconnaissants des efforts que vous faites envers notre peuple. » annonça la femme aux yeux bleus, la reine hochant la tête pour acquiescer.

« Je vais devoir alors me retirer … L’enfant que vous nous avez envoyé se comporte très bravement. Cela est un véritable plaisir de l’avoir parmi nous. » répondit-elle finalement alors qu’elle s’apprêtait à partir.

« D’ici deux années, il nous faudra le reprendre pour lui faire passer son épreuve. » reprit une nouvelle fois la personne à côté de la Drascore.

Soit … S’ils en avaient décidé ainsi … Alors il fallait s’y résoudre. La reine remercia les deux personnes, saluant le peuple des Drascores et des Rapions alors que déjà, plusieurs Apitrinis adultes arrivaient à sa hauteur, prêts à l’accompagner. Oui … Elle était sûre d’une chose … Les rapports entre le royaume et ce peuple allaient partir sur de bonnes bases.

Plusieurs heures plus tard, voilà qu’elle était en train de voler légèrement au-dessus du sable, entourée par les Apitrinis et plusieurs gardes de différentes races d’insectes. Tout s’était déroulé comme prévu et le cortège était là pour la protéger. Il fallait dire que le froid du désert tapait assez fortement et que la reine était très faible durant ces moments. C’est pourquoi la protection était fortement accrue, encore plus que d’habitude.

« Reine Seiry … Nous serons de retour au palais d’ici demain soir. » répondit un Apitrini aux cheveux bruns courts en bataille à sa gauche,

« Tant mieux alors … J’ai promis à ma fille de passer du temps avec elle et … »

La reine s’arrêta aussitôt dans ses mots, entendant des cris autour d’elle avant d’ouvrir en grand ses deux yeux vairons. Qu’est-ce … Qu’est-ce que cela voulait dire ?! Les Apitrinis tombaient les uns après les autres, les Cizayox se réunissant autour de la reine pour faire un rempart de leurs corps. Une attaque ?! En vue du sang qui trempait le sable, il n’y avait aucun doute. Quelqu’un tentait de s’en prendre à la vie de la reine !

Chapitre 13 : Abandonnée

Chapitre 13 : Abandonnée

« Et bien … Je t’écoute ma fille … Comment cela se passe t-il avec lui ? » demanda la femme aux cheveux blonds tandis que la petite fille semblait un peu gênée.

« Ben … Euh … Il parle pas souvent ! Et puis, même en cours, il semble toujours pas là ! Et puis … Et puis … Enfin … Il a l’air quand même très intelligent … »

« Cela est normal. Il est issu des Rapions et des Drascores, ce n’est pas un enfant comme les autres comme tu peux t’en douter. C’est pourquoi il a subi un entraînement des plus difficiles ainsi qu’une éducation très rigoureuse. » répondit la reine alors que la jeune fille hochait la tête pour signaler qu’elle avait bien compris.

« Mais quand même … Il est aussi très très fort … Je ne sais pas … Mais quand je l’ai vu se battre contre Earnos, il gagnait très facilement quand même … C’est bête maman … Je me sens quand même un peu triste pour Earnos … Je … Quand j’y pense … Il s’est fait taper par ma faute car il voulait me protéger … »

« C’est un jeune garçon qui voulait défendre la princesse de son royaume. Sais-tu pourquoi il a fait cela ? Car il te faisait confiance. Malgré le fait que tu lui mentais, il n’a pas hésité un instant, n’est-ce pas ? Saches que dans le royaume, tout n’est pas aussi beau que tu le crois ma fille. Certaines personnes n’hésitent pas à détester la famille royale et ceux qui l’entourent. Trouver un jeune garçon qui travaille aussi durement et qui n’en veut pas à la royauté, c’est une chose très difficile. Tu as de la chance d’être tombée sur un jeune garçon Aspicot car ils sont parmi les plus loyaux des sujets du royaume. »

« … … … … … Tu veux encore me punir, maman, hein ? » bafouilla Terria, baissant la tête en même temps. La reine hocha la tête négativement pour lui répondre :

« Non, je veux juste que tu comprennes à quel point tu as été une enfant très égoïste, ce qui ne convient pas à ton rang. De même, tu as été odieuse envers un garçon qui semblait ne pas t’en vouloir malgré ta conduite. »

« C’est bon, c’est bon, j’irai m’excuser en vrai ! J’irai moi-même le voir … Enfin si il veut bien que j’aille lui parler … » marmonna la jeune fille aux cheveux blonds, déconfite.

« Je l’espère bien … Mais où en étions-nous au sujet d’Olistar ? Ah oui … Comme signalé, ce jeune garçon a une histoire plutôt difficile et assez dure … Comme tout son peuple. Tu es au courant que ce peuple est haï par le royaume, n’est-ce pas ? Et qu’il en est de même pour eux qui nous détestent du plus profond de leurs cœurs et cela pour des raisons tellement vieilles que nul ne les connais, n’est-ce pas ? »

Oui oui … Elle hochait la tête en signe d’acceptation des paroles de sa mère. Elle savait parfaitement de quoi elle parlait … puisqu’elle connaissait cette histoire qui était souvent apprise en cours. Le problème est comme sa mère venait de le dire … Personne ne savait pourquoi les Rapions et Drascores détestaient le royaume et inversement. Mais une chose dont elle était sûre, c’est que le Rapion qui était avec elle n’était pas là pour rien.

« Et c’est pour cela que je devais te parler, Terria. J’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer. » murmura la femme aux yeux vairons, la jeune fille ouvrant en grand les siens.
Non … Non … Elle savait de quoi parlait sa mère. NON ET NON ! Ce n’était pas possible ! Elle était à peine revenue ! Elle n’allait … Elle n’allait pas … Sa mère remarqua qu’elle avait parfaitement compris de quoi elle voulait parler avant même d’ouvrir la bouche.

« J’y suis obligée ma fille … Je suis désolée mais … »

« NON MAMAN ! Tu n’es pas obligée ! Personne ne t’y oblige ! Surtout pas ça ! C’est juste toi qui veut faire ça ! Papa n’est pas d’accord de toute façon ! » s’écria avec véhémence Terria tandis que sa mère soupirait longuement. Elle s’attendait encore à cette réaction.

« Tu sais très bien que c’est ce que je désires … Et pour cela, ça me prend beaucoup de temps, beaucoup de temps. Je ne peux pas toujours être à ton chevet, Terria. »

« Et ne jamais être là, c’est aussi de la faute aux Rapions et aux Drascores, c’est ça ?! » reprit la jeune fille avec un peu d’énervement et de colère.

« Nullement … Mais vois-tu, c’est ce que je disais quand tu te comportais comme une enfant. Dans quelques années, cela sera à toi de continuer ce que j’ai … »

« Et bien, non ! Rien que pour t’embêter, je ne le ferais pas ! Je ne continuerai pas ça ! Moi, je veux pas être obligée à faire quelque chose ! »

… … … Incontrôlable … La jeune fille était tout simplement incontrôlable comme il fallait s’en douter. Elle laissa Terria s’emporter, restant d’un calme olympien tandis que la jeune fille poussait des petits cris de rage, de colère mais surtout de tristesse. Quand elle eut terminé, elle vint la serrer dans ses bras, Terria sanglotant alors qu’elle chuchotait :

« Allons … Tu sais très bien que tu ne penses pas ce que tu dis, n’est-ce pas ? »

« Snif … Snif … Snif … SI ! Je le pense vraiment de vrai ! Pourquoi est-ce que tu passes plus de temps avec eux qu’avec moi ?! Hein ?! Pourquoi ?! »

« … … … Ce n’est pas une question de temps … Je veux simplement résoudre ce problème qui dure depuis tellement de temps … Si je ne le fais pas, qui le fera ? »

« Quelqu’un d’autre ! Ce n’est pas à toi de le faire, maman ! » bafouilla Terria, ses paroles à moitié étouffées dans ses sanglots.

«  Toi ? Est-ce que cela sera toi ? Tu veux être celle qui s’occupera de cela quand tu deviendras l’Apireine de ce royaume ? Et que je passe plus de temps avec toi ? »

« Snif … Snif … Je veux tout ce que tu veux maman … Si c’est juste pour que tu restes avec moi … Snif … Snif … C’est tout … »

« … … Hum … Soit … Je vois … Je vois … Je peux donc te le dire ? Car ce que tu as dit restera gravé dans ma mémoire, je tiens à te le signaler, jeune fille. » murmura la reine en lui souriant, la princesse Terria relevant sa tête, des larmes aux yeux. « Je vais retourner voir les Rapions et les Drascores. Cela va prendre quelques temps mais je te promets que nous passerons du temps ensemble lorsque je reviendrai. »

« Snif … Snif … Tu mens … Tu mens maman … Car après, tu vas repartir tout de suite … Et puis … Et puis, c’est toi qui t’occupe de tous les élèves … Puis surtout d’Olistar puisqu’il est avec nous … Je ne suis même plus ton élève snif … »

« Mais tu es ma fille et je ne pense pas qu’Olistar soit mon garçon, non ? Tu es ma fille et tu resteras celle que je privilégie le plus par rapport aux autres. »

« Snif … Snif … Tu reviens quand alors ? » demanda Terria avec un ton suppliant la femme au diadème de rester ici et de ne pas penser à s’éloigner.

« D’ici ce soir. » répondit la reine Seiry très rapidement alors que la jeune fille eut un léger tic nerveux comme si elle avait beaucoup de mal à accepter ce qu’elle venait d’entendre.

« Ce soir ?! Tu pars ce soir maman ?! Et c’est juste maintenant que tu me le dis ?! SNIF ! T’ES MECHANTE ! JE NE VEUX PLUS TE PARLER ! » hurla Terria en quittant ses bras, s’éloignant en courant et en pleurant alors que la femme disait sur un ton triste :

« Attends un peu, Terria ! Je voulais te pré … »
Ca ne servait à rien de parler. Elle était déjà beaucoup trop loin, ayant quitté le jardin sans même lui laisser le temps de s’expliquer. C’était … dommage d’en arriver là. Et elle savait qu’elle était aussi responsable que la jeune fille de cette relation … Non … Elle était l’unique responsable de ce problème entre la mère et la fille. Elle devait essayer … de trouver un moyen d’arranger le tout lorsqu’elle reviendrait de son rôle d’ambassadrice.

Couchée sur son lit, la jeune fille s’était déjà arrêtée de sangloter, observant le mur longuement. Snif … Sa mère ne comprenait pas ce qu’elle faisait … Elle était le centre de préoccupation de tout le monde sauf de la personne la plus importante à ses yeux : sa mère. Pourquoi est-ce que celle-ci ne voulait pas comprendre ?! Pourquoi ?!

« Snif … Holikan … Et papa … Moi, je veux juste que maman … soit avec moi … »

Snif … Elle ne comprenait pas qu’elle voulait simplement que sa mère soit avec elle ?! Qu’elle créait autant de problèmes car elle n’avait pas sa mère à ses côtés ?! Que parce que celle-ci était toujours absente, en train d’œuvrer pour la paix et toutes ces choses, elle l’oubliait, ELLE ?! Elle ne comprenait pas ça, sa mère ?!

« Même l’Aspicot se préoccupait plus de moi que ma propre maman ! »

L’Aspicot … L’Aspicot … Elle devait aller le revoir … Et s’excuser … Et puis … Ca lui ferait passer le temps de toute façon. Elle demanderait de l’aide pour porter la foreuse … Ah non … Sa mère voulait qu’elle la porte toute seule. Mais c’était juste … beaucoup trop lourd ! Snif … Mais bon … Au moins, ELLE, elle se préoccupait des autres !

Snif … A qui est-ce qu’elle voulait faire croire ça ? Elle s’en fichait pas d’Earnos et des autres ! Elle voulait juste que sa mère soit avec elle … comme avant … Et encore, même avant … Sa mère partait tout le temps … pour essayer d’établir la paix entre les Rapions, Drascores et le royaume… Mais elle s’en fichait pas mal d’elle … dans le fond … Snif … Elle voulait juste … qu’elle … soit là … car ce n’était jamais le cas. Elle était seule … toujours seule … Abandonnée par sa propre mère qui se préoccupait plus de son royaume que de sa propre fille … Snif …

Chapitre 12 : Le remord

Chapitre 12 : Le remord

« Peuh ! Il ne m’a même pas laissée parler. Il ne méritait pas mes excuses alors ! » se dit-elle à elle-même alors qu’Olistar était parti sans un mot, retournant dans son coin.

Elle vagabondait maintenant à travers l’immense jardin de son château. De magnifiques fleurs, toutes différentes se trouvaient autour d’elle. Elle s’arrêta devant une rose de couleur bleue, la prenant entre ses doigts avant de la retirer du reste des fleurs. Elle la respira à plein poumons, appréciant fortement l’odeur.

« Je me demande qui c’est qui s’occupe de ces fleurs … Elles sont toujours aussi belles … Et elles sentent toujours aussi bon … »

Elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle devait demander aux jardiniers qui était-ce la personne qui ramenait ces fleurs. Car elles ne venaient pas comme cela … comme par magie. Hum … Voilà qu’elle oubliait déjà complètement le jeune garçon. Ou non … Ca n’avait pas tardé à revenir dans sa mémoire, en moins de quelques secondes. Pfff … Gardant la rose avec elle, elle vint la mettre dans ses cheveux blonds, poussant un léger soupir. Elle murmura :

« Non mais … quand même … Il aurait pu être un peu plus patient aussi. Je voulais m’excuser … moi … Je ne voulais pas casser sa foreuse. »

Peut-être qu’elle pouvait réfléchir à demander un peu d’argent pour pouvoir lui acheter une nouvelle foreuse. Ah mais non ! Il ne méritait pas qu’elle s’inquiète pour lui ! Il ne méritait pas le moins du monde qu’elle le rembourse ! Elle était en tord peut-être mais … Bon … Il n’avait rien voulu entendre, c’était aussi de sa faute ! Surtout de sa faute !

« Et bien … Ma fille ? Visiblement, il semblerait que tu sois plutôt soucieuse, n’est-ce pas ? »

HEIN ?! La voix qui s’était adressée à elle était si douce et tendre qu’elle la reconnaissait plus que facilement ! Maman ! Sa mère était là ! Elle tourna sa tête en direction d’une magnifique femme qui devait avoir une quarantaine d’années. C’était bien sa mère ! C’était bien elle ! Aussitôt qu’elle la remarqua, elle se jeta dans ses bras, venant se faire enlacer par celle qui l’avait mise au monde.

« Maman ! Maman ! MAMAN ! Pourquoi est-ce que tu es partie encore ?! »

« Allons … Tu sais parfaitement que je suis occupée … »

« Non, ce n’est pas vrai, maman ! Tu n’est pas tout le temps occupé ! Tu mens, tu mens, tu mens ! » s’écria la jeune fille avec véhémence tandis qu’elle tapotait légèrement contre le ventre de sa mère sans lui faire grand mal.

« Allons … Arrêtes de faire l’enfant … Tu sais parfaitement que c’est le cas. »

« Ce n’est pas vrai, pas vrai et pas vrai ! » reprit Terria avant d’arrêter de frapper contre le ventre de sa mère. Elle renifla bruyamment, signe qu’elle commençait déjà à pleurer tandis que sa mère l’emmenait près d’un banc. Elle vint s’asseoir, la jeune fille faisant de même avant de s’essuyer les yeux. Elle devait éviter de pleurer.

« Snif … Je fais pas l’enfant, maman … C’est juste que tu t’en vas tout le temps. Et je ne peux même pas te parler de ce que j’ai fait, et tout … et tout. Snif … »

« Et bien ? Maintenant, je suis là … Tu peux donc parler comme tu le désires. »

Snif … Ce n’était pas la même chose … Pas du tout même … Snif … Mais devant le sourire de sa mère, elle ne pouvait que lui parler de ce qu’elle avait fait aujourd’hui, cette grosse bêtise.

« Ben … Aujourd’hui, j’ai voulu jouer en-dehors du château et … et … » commença t-elle en s’arrêtant aussitôt. Sa mère la regardait avec les sourcils froncés, comme si elle lui lançait un regard accusateur. He… Hey … Ce n’était pas que de sa faute non plus hein ? C’était aussi celle des gardes qui ne faisaient pas assez attention.

« Continues donc, Terria. Tu es partie jouer dehors comme d’habitude et ensuite ? »

« Et bien … Euh … Euh … J’ai rencontré un Aspicot. Enfin, je l’ai déjà rencontré assez souvent aussi ! Enfin … Il s’appelle … … Il s’appelle … »

Elle n’avait quand même pas oublié son nom hein ?! Elle s’en voudrait plus que tout si elle l’avait encore oublié ! Elle se malaxa le crâne pour s’en rappeler. Il s’appelait comment, il s’appelait comment ?! Il s’appelait comment ?! Elle n’avait pas oublié son nom quand même ! Ca serait vraiment trop bête si c’était ça ! Elle s’en voudrait pour au moins plusieurs heures ! Alors … Alors … Alors …

« EARNOS ! Il s’appelle Earnos ! C’est un Aspicot qui ne pense qu’à forer ! Il ne pense tout le temps qu’à ça, tout le temps, tout le temps, tout le temps ! »

« Hum … Je vois, je vois … Earnos, n’est-ce pas ? Et ensuite ? » demanda la femme aux cheveux blonds, un diadème dans ces derniers.

« Et bien … La première fois, il n’a pas arrêté de creuser, il m’a même aidé … Enfin ça, je te l’ai déjà dit la dernière fois mais là, aujourd’hui, je suis encore partie jouer et je l’ai revu ! »

« Et bien ? Quoi donc ? C’est peut-être là le coup du destin ? » répondit Seiry avec tendresse, passant une main dans les cheveux blonds de la jeune fille.

« Le coup de quoi ? Du destin ? Je sais pas maman ! Mais enfin … Euh … Disons qu’il y avait aussi Olistar avec moi … Et puis … Et puis … Ils se sont bagarrés car je ne voulais pas qu’Olistar me suive … Et puis … Euh … Euh … Je faisais ça juste pour m’amuser, je te le promets ! Je te le promets vraiment, maman ! »

« Hum … Pour t’amuser ? Et ils se sont bagarrés pour s’amuser aussi ? » demanda la reine alors qu’elle hochait la tête négativement pour lui répondre :

« Non maman ! Ils ne jouaient pas ! Earnos ne savait pas que je faisais juste ça pour ne pas retourner au château car je ne voulais pas y aller maintenant ! Mais Earnos, il s’est battu avec Olistar mais Olistar était vraiment très très fort et  puis euh … Euh … Puis ça s’est cassé … La foreuse qu’Earnos utilisait s’est cassée ! »

La reine ne lui répondit pas, ses yeux dirigés vers le ciel. Elle l’avait très bien entendu mais elle semblait réfléchir. Une bonne minute s’écoula, la jeune fille balançant ses pieds d’un air gêné, ses yeux posés en direction du sol. Elle s’apprêtait à reprendre la parole mais ce fut la reine qui annonça :

« Si j’ai bien compris, Earnos et Olistar se sont combattus simplement car tu voulais t’amuser ? Et est-ce qu’Earnos et Olistar savaient cela ? »

« Olistar … savait que je ne faisais que m’amuser … Que je n’étais pas … en danger … Mais Earnos non … Alors il continuait de se battre … » marmonna la jeune fille, gardant ses yeux baissés en direction du sol.

« Et donc … Sa foreuse, l’outil de travail des Aspicots, a été détruit simplement car tu voulais t’amuser, c’est bien cela ? Je ne pense pas que je t’ai éduqué de cette manière, ma fille. »

… … … Terria déglutit. Elle savait … Elle savait que sa mère réagirait ainsi. Elle savait aussi qu’elle avait commis une bêtise. Elle savait qu’elle avait été trop loin. Elle savait qu’elle n’aurait jamais dû faire tout ceci. Elle savait … Elle savait … Mais … Mais …

« Et pourquoi ne lui as-tu rien dit ? Les citoyens du royaume des insectes ne sont pas des jouets, Terria. Tu ne dois pas t’amuser à leurs dépends. Tu seras la prochaine Apireine de ce royaume un jour, tu te dois d’être responsable et mature, même à ton âge. » chuchota Seiry, sa fille relevant finalement les yeux pour les mettre en face de ceux de sa mère.

« Je n’ai pas envie … de l’être … Et puis … Et puis … Je sais juste que … Maman … Je m’en veux vraiment d’avoir cassé la foreuse. Mais je ne sais pas ce que je dois faire ! Maman ! Tu veux bien m’aider s’il te plaît ? S’il te plaît ? »

« Je n’ai pas à t’aider … Tu es responsable de tes actes … Je ne peux que te conseiller, Terria. Tu dois te faire pardonner mais surtout t’excuser pour ta conduite qui est très loin d’être celle de la future Apireine de ce royaume. »

« D’accord … D’accord … Je vais aller écrire une lettre d’excu … » commença à dire la jeune fille aux cheveux blonds avant de se lever du banc, sa mère l’arrêtant.

« Et tu penses vraiment que cela sera suffisant ? » dit-elle en se levant à son tour, ses yeux vairons posés sur ceux de sa fille. « Il te faudra bien plus que cela. Je veux que tu ailles en personne lui rendre une visite et t’excuser auprès de sa famille. Bien entendu, tu porteras toi-même la foreuse que tu lui offriras. »

« Hein ? Mais c’est trop lourd ! Et je vais me salir les mains ! Et puis, c’est beaucoup trop pour une punition, maman ! Snif … Snif … » commença t-elle à pleurer, sa mère ne semblant pas y prêter plus attention que cela. La femme reprit :

« Et bien … Il fallait y réfléchir avant de faire une telle chose. Je t’avoue que je suis très déçue de tes réactions, Terria. Pourquoi ne veux-tu pas comprendre que nous servons le peuple des insectes et inversement ? Si tu ne fais que recevoir sans donner, tu n’as rien compris à ton rôle, jeune princesse. »

« Hein ? Mais mais … Mais … Snif … Je ne suis qu’une enfant ! Snif … »

« Être une enfant ne t’empêche pas d’avoir un comportement respectueux d’autrui. » répliqua aussitôt sa mère, la jeune fille s’étant mise à trembler.

… … Sa mère ne pouvait pas le comprendre. Elle ne pouvait pas savoir pourquoi elle faisait tout le temps ça … Pourquoi est-ce qu’elle quittait son château … Pourquoi est-ce qu’elle posait autant de problèmes … Pourquoi est-ce qu’elle … Elle sentit les deux mains de sa mère qui vinrent lui caresser ses cheveux alors qu’elle lui chuchotait :

« Je ne t’en veux pas personnellement … Mais l’Apireine est l’âme de ce royaume … Si tu montres que l’âme est pervertie, tu mets alors le royaume en péril. »

« Je sais bien … Mais … Maman … Je suis une enfant … avant d’être une Apireine … »

« Je le sais parfaitement … Mais il faut revoir tes priorités dans le futur … Tu es une Apireine avant d’être une femme. »


La jeune fille parut choquée par les paroles de sa mère, celle-ci arrêtant de lui caresser les cheveux, observant une nouvelle fois le ciel. Elle murmura comme pour terminer cette conversation qui avait au final que trop durer :

« Et Olistar ? Que penses-tu de lui ? Tu sais parfaitement pourquoi il est ici, n’est-ce pas ? »

Olistar ? C’était quoi le rapport avec le jeune Rapion ? Elle ne savait pas … Mais sa mère voulait lui dire sûrement quelque chose par là … mais quoi ?Elle devait lui répondre bien qu’elle ne voyait pas où elle voulait en venir.

« Ben … Euh … Au sujet d’Olistar … Je veux bien te répondre, maman. » murmura la jeune fille, ne comprenant pas ce que sa mère venait de faire en détournant la discussion sur un autre point… qui était tout aussi important.

Chapitre 11 : Inquiétant

Chapitre 11 : Inquiétant

« Snif … Snif … Comment est-ce que je vais expliquer ça à Papa et à Maman ? » se demanda t-il alors qu’il reniflait, passant sa main gauche sur ses deux yeux rougis pour essuyer ses larmes. Snif … Quelle idiote ! Mais quelle idiote cette fille ! « Qu’est-ce que je lui ai fait moi ?! Hein ?! Qu’est-ce que je lui ai fait à cette princesse ?! »

Il jeta les restes de sa foreuse sur le sol, explosant une nouvelle fois en larmes. Son cadeau … Son cadeau d’anniversaire … Elle … Elle pouvait tout avoir car elle était la princesse ! Alors pourquoi est-ce qu’elle était venue l’embêter ?! Ce n’était plus la jeune fille d’il y a quatre ans ! Ce n’était pas elle qu’il avait juré de protéger il y a cinq ans ! Ramassant les morceaux de sa foreuse, il bafouilla pour lui-même :

« Désolé … Désolé madame … La reine … Je … Je ne peux plus vous promettre ça. Votre fille n’est pas la future … Apireine … Snif … Pas avec ça … »

Ca ne servait à rien de continuer à parler de tout ça. Mais qu’est-ce qu’il allait faire ? Hein ? Qu’est-ce qu’il allait faire ? Il n’allait pas pouvoir le dire à ses parents qu’il avait cassé sa foreuse … Snif … Snif … Il renifla une nouvelle fois, retirant la morve qui s’écoulait de son nez alors qu’il retournait en direction de sa maison.

C’est bête … Mais c’était dans ces moments là qu’il aurait aimé avoir Herakié avec lui. Elle était aussi souvent là pour lui remonter le moral. Snif … Mais bon … Elle n’était pas là et il ne pouvait qu’arrêter de pleurer et être fort quand il allait tout expliquer à ses parents … Snif … Il arrivait maintenant non-loin de la boutique de fleurs, haussant un sourcil.

« Au revoir, Cassina. Je reviendrai demain … si je suis vivant. »

« Ne dit pas de bêtises, Raor. Rentres bien, d’accord ? »

Le jeune garçon n’avait rien entendu des paroles mais il vit un Chenipotte de deux ans son aîné. Raor … Il était à peine aussi grand que lui, ayant deux yeux dorés. Son visage … Qu’est-ce que … Non ! Il n’y avait pas que son visage mais ses habits aussi ! Ses habits étaient déchirés de partout, des morceaux de tissu violet pendant lamentablement de son pantalon alors que même son haut blanc était dans un pitoyable état. Et la tristesse peinte sur son visage … On aurait pu croire que tous les malheurs du royaume étaient tombés sur les épaules de l’enfant aux cheveux orange. Earnos était resté immobile, parfaitement de marbre alors qu’il voyait Raor qui s’approchait de lui. Il devait y avoir une trentaine de mètres entre lui et la boutique de fleurs, sa sœur ne l’ayant sûrement pas remarqué.

« Earnos ? Ah … Tu as déjà fini de travailler ? » murmura Raor en se mettant en face de lui.

« Non … Pas vraiment … Et toi … Tu as déjà fini les cours, Raor ? Tu es venu voir ma sœur ? » demanda l’enfant blond avec interrogation.

« Les cours sont terminés pour moi depuis longtemps … Je n’ai pas eut besoin de les rattraper contrairement à une majeure partie de la classe. » dit le Chenipotte en haussant les épaules, gémissant de douleur alors qu’Earnos reprit aussitôt :

« Et comment est-ce que tu as eut ces blessures ? »

« Ah … Ca … Comme d’habitude … Certains ne m’aiment pas … Enfin, la majorité de l’école … Comme d’habitude … Ce n’est pas grave. »

Raor avait dit cela avec une telle nonchalance que ça pouvait désarmer ceux qui n’étaient pas habitués à tout ceci. Mais le jeune garçon aux cheveux blonds ne sembla pas plus étonné que ça, poussant un profond soupir :

« Il faudrait vraiment que tu le dises aux autres hein ? »

« Plus facile à dire qu’à faire … Surtout que je ne suis pas dans le cœur du proviseur. »

« … … … … … D’accord. » murmura Earnos sans rien dire d’autre, ne sachant pas de quoi il pourrait parler. Il ne se sentait pas plus concerné que ça par Raor à la base donc bon … Pourtant, Raor reprit la parole :

« Dis-moi … Est-ce que ta sœur m’aime ou non ? Je ne sais jamais quoi penser avec elle … Vraiment pas … Je ne me fais pas d’illusions … Je ne suis qu’un Chenipotte qui ne sait même pas se défendre mais … Je … Je ne devrais pas trop y croire … Non … Désolé de t’embêter avec tout ça, ça ne te concerne pas. »

« Et est-ce que tu lui as déjà posé la question ? Peut-être que ce n’est pas à moi de te répondre, tu le sais bien hein ? » répliqua Earnos, reprenant : « Car moi … Je ne comprends pas vraiment de quoi vous parlez … Enfin … Bon … C’est pas moi qui peut t’aider avec tout ça … Et j’ai d’autres problèmes en tête, Raor. » marmonna Earnos tout en essayant de cacher sa mauvaise humeur bien que ses deux yeux rougis étaient plus difficiles.

« Ta foreuse n’est-ce pas ? Tu ne t’en sépares jamais … Mais ce n’est pas celle que je connaissais non ? C’est donc une nouvelle … Elle n’a pas tenu très longtemps visiblement. »

Le jeune garçon aux cheveux blonds déglutit aux paroles de Raor, tentant de rester le plus calme possible. Il ne devait pas s’emporter … Car il l’avait déjà fait … Ca ne lui ressemblait pas … Mais quand même … Ce n’était pas sa journée ! Pas du tout même ! Ah … Ah … Ah … Rester tout simplement calme … Et …

« Mais qu’est-ce que tu fais ?! » s’écria t-il soudainement alors que Raor prenait les morceaux de sa foreuse dans ses mains.

« Je n’ai aucune qualité … Je ne sais rien faire de mes dix doigts … Je suis seul … Même mes parents ne sont jamais là … Mais je vais peut-être essayer de la réparer, Earnos. » répondit l’enfant aux cheveux orange alors qu’Earnos ouvrait en grand ses deux yeux.

« Hein ? Co … Co … Tu le peux vraiment ? Et … Et pourquoi est-ce que tu ferais ça hein ? »

« Car ça peut m’occuper et me faire oublier le fait que ta sœur ne m’aime pas … » répondit Raor avec une extrême lenteur.

C’est vrai … C’était parfaitement vrai … Il avait complètement oublié ça … Ou plutôt, il ne l’avait jamais réellement vu le faire … Mais bon … Et puis, la raison était complètement aberrante … C’était assez … Mais … Si il pouvait réparer alors …

« Je veux bien que tu le répares mais tu penses y arriver ? » dit Earnos finalement en baissant la tête. Raor fit pour la première fois un sourire, celui-ci semblant néanmoins plutôt triste comme à son habitude.

« Je ne sais pas … Je peux juste essayer … Je ne peux pas te le certifier … »

« Je vais essayer de parler à ma sœur … De faire qu’elle s’exprime un peu mieux avec ses sentiments par rapport à toi. Par contre, il faudrait que tu arrêtes de te faire taper hein ? » s’exprima l’Aspicot alors que le Chenipotte ne fit qu’hausser les épaules.

« Plus facile à dire qu’à faire … Sincèrement … Je ne suis pas fort, je suis chétif, je n’ai pas de muscles … Je ne suis doué pour rien … »

« Pfff … C’est bon … Et moi … Je vais rentrer chez moi, Raor. Il faut que j’aille dire à mes parents pourquoi je suis rentré plus tôt. Je dois te remercier, je crois. » murmura Earnos tandis que Raor le regardait avec interrogation. Le remercier ? « Si je ne t’avais pas vu … Je serai sûrement rentré en train de pleurer. Mais ça va mieux maintenant … Snif … Ce n’est plus si grave … Je vais juste devoir raconter ce qui s’est passé … »

« D’accord … Alors, je m’en vais. Je reviendrai quand j’aurai terminé tout ça. » répondit Raor avant de s’éloigner, saluant le jeune garçon aux cheveux blonds.

Oui … C’était bizarre mais … Il allait mieux maintenant. Enfin … Pas complètement mieux mais il se sentait plus soulagé puisqu’il n’avait … Il ne pensait plus à cette princesse. Ah … Vraiment … Non, il ne devait plus y penser. Ah … Ah … Ah … Il prit une profonde respiration, se dirigeant vers la boutique de fleurs avant de pénétrer à l’intérieur.

« Maman … Passy … Cassina, je suis rentré. » dit-il alors que déjà, sa grande sœur âgée de treize ans s’approchait de lui, surprise.

« Et le travail ? Comment ça se fait ? »

« Ma … foreuse s’est cassée … » bafouilla le jeune garçon avant de se surprendre lui-même en recommençant à pleurer. Non, il avait juste fallut qu’il y repense pour qu’il se remette à verser des larmes. Ce n’était pas n’importe quoi ! C’était sa foreuse !

En entendant les pleurs, sa mère et Passy étaient tout de suite arrivées, demandant des explications. Il fut emmené dans le fond de la boutique, sa mère demandant à Cassina de s’occuper des clients.
Il se retrouva assis sur une table, cherchant à expliquer tout ce qui s’était passé. Cette fois, il parlait de la jeune fille … Il parlait de la princesse Terria. Il expliquait qu’il l’avait déjà vu auparavant, il y a une année … Et puis aujourd’hui … Il expliquait aussi qu’il avait dû se battre et toutes ces choses selon ses propres termes.
Lorsqu’il releva son visage, il vit le visage soucieux de sa mère et de sa grande sœur. Ah … Ah … Il était sûr ! Il était sûr et certain qu’elles ne le croyaient pas ! Il en était … sûr … Mais c’était la vérité ! Il ne mentait jamais ! Ce n’était pas du tout son genre ! Cassina était finalement revenue, ayant entendu ses paroles avant de dire :

« Je suis sûre que c’est vrai. Il paraîtrait que la princesse aime créer beaucoup de problèmes. Elle s’enfuit tout le temps donc même si il y a peu de chances … »

« Nous n’avons jamais pensé le contraire, Cassina. Loin de là même … Nous savons parfaitement qu’il dit la vérité. C’est juste que … Hum … C’est plutôt embêtant. » répondit l’aînée tandis qu’il restait maintenant complètement muet.

« Heureusement que tu as gardé ton ancienne foreuse, Earnos. Mais où sont les morceaux ? » demanda sa mère, le jeune garçon disant aussitôt :

« Je les ai donnés à Raor. Il a dit qu’il allait voir s’il pouvait réparer la foreuse. Cassina ? Raor fait vraiment peur des fois … Mais il est gentil quand même. Enfin … Il est aussi un peu inquiétant mais sinon, tu devrais quand même lui parler plus souvent hein ? »

« Mais de quoi … Est-ce que tu te … mêles. Pfff … Earnos, ce qu’il y a entre Raor et moi, je … Je ne veux pas en parler. C’est vraiment compliqué. »

Sa sœur était rouge aux joues tandis que Passy s’approchait d’elle, émettant un petit rire après lui avoir chuchoté quelque chose dans l’oreille. Résultat ? L’adolescente devint encore plus rouge alors que la mère souffla.
… Il avait fermé ses yeux. Il l’avait dit à sa mère et à ses sœurs … Ses grandes sœurs. Il allait devoir l’expliquer aussi à son père … Tout ça à cause de la faute de cette princesse ! Il ne pouvait plus tenir sa promesse … Plus du tout … Mais heureusement … Raor allait réparer sa foreuse, il avait confiance en lui … même si il était toujours inquiet pour sa relation avec sa grande sœur. Enfin, il n’avait que neuf ans donc il n’avait pas à se mêler de ça non plus. Mais … C’est juste que les Chenipottes étaient parfois inquiétants.

Chapitre 10 : Colère bien réelle

Chapitre 10 : Colère bien réelle

« Vous ne voulez vraiment pas me laisser la princ … »

Il ne termina pas sa phrase, esquivant un nouveau dard. Bon … Visiblement, la tentative de dialogue était définitivement écourtée d’après ce qu’il voyait. Mais quand même, un seul et unique Aspicot ? Qui venait l’affronter ? Peut-être … Sa paume droite s’ouvrit alors qu’un dard se dirigea en direction d’Earnos.

Que … Sa foreuse vrilla aussitôt alors, percutant le dard pour le repousser au loin. Néanmoins, il n’eut même pas le temps de se protéger que le poing droit du Rapion vint le frapper sur sa joue gauche, l’envoyant sur le côté ou presque. Il s’était simplement penché au lieu d’être projeté, réagissant aussitôt en tentant de donner un coup de poing au beau milieu du ventre du Rapion.

« Beaucoup trop lent … J’ai l’impression que vous combattez au ralenti. Il est bizarre que vous soyez envoyé pour la princesse. » murmura le garçon aux cheveux myrtille foncé avant de bloquer le poing d’Earnos.

Qu … Quoi ? Il le regardait d’un air étonné, ses yeux rubis sur son poing stoppé. Comment c’était possible ? Enfin non … Ce n’était pas impossible du tout. Loin de là même puisqu’il ne savait pas se battre.

« Ne touchez pas à la princesse Terria … » souffla avec lenteur Earnos avant de tenter de donner un coup de pied au Rapion, celui-ci le bloquant une nouvelle fois avant de le projeter en avant, le faisant tomber sur ses fesses.

« Cessez ce combat complètement stupide. Je ne vous veux pas de mal. Ne me forcez pas à me battre sérieusement contre vous. Vous ne pourriez pas vous en relever. »

Ne pas s’en relever ? Et puis quoi encore ? Il en était hors de question. Il se redressa sur ses pieds avec facilité, prenant sa foreuse avant de la positionner sur son crâne. Il ne voulait pas se battre sérieusement avec lui ? Qu’importe. Il ne lui laisserait pas le temps, c’est tout. Il n’avait pas de temps à perdre s’il devait mettre la princesse en sécurité. Mais quand même, pourquoi est-ce que la jeune fille avait un Rapion à ses trousses ?!

Sa foreuse s’était mise à tourner subitement autour de sa tête, le jeune garçon aux cheveux blonds faisant des ronds avec celle-ci alors que Terria le regardait d’un air surpris. C’était … C’était quoi cette … technique ? Elle n’avait jamais vu une telle chose. Ca avait l’air très impressionnant quand on le regardait comme ça. Mais aussi assez bizarre …

Hum ? Il savait parfaitement ce que l’Aspicot était en train de faire. Cela semblait étonnant à première vue mais ce n’était pas du tout le cas. Au final … Un Aspicot, qu’était-ce donc ? Qu’un banal insecte loin derrière les autres. C’était pour cela qu’il travaillait aussi durement … Car il n’aurait jamais une vie facile. HUM ! Une vie facile ! Lui aussi n’en avait pas vécue une !

C’était très dangereux de faire cela … C’était même la première fois mais … Il n’avait pas d’autres méthodes pour espérer protéger la princesse. Dans quoi est-ce qu’il s’était foutu ? Il aimerait bien le savoir mais ça allait devoir attendre quelques minutes ! Il courut à toute vitesse en direction du Rapion, celui-ci semblant avoir un léger sourire aux lèvres. Avec agilité et facilité, il fit un mouvement sur le côté, tendant son pied gauche pour faire un croche-pied au jeune garçon.

HEIN ?! Il se retrouva tête la première en direction du sol … La foreuse tournoyait inlassablement sauf qu’il était bloqué sur le sol. Il ne pouvait pas … SI ! Il tira de toutes ses forces, la foreuse s’arrêtant de tourner alors qu’il la retirait de sa tête. Il chancela sur la gauche et la droite, ne sachant guère réellement où il se trouvait.

« Princesse … Veuillez me suivre maintenant. Assez perdu de temps. » annonça le Rapion alors qu’il tendait sa main vers elle.

Elle ? Elle reculait, ne semblant pas réellement apeurée mais plus embêtée qu’autre chose. Il était hors de question de suivre le Rapion ! Hors de question, oui ! Elle fit quelques pas en arrière, l’enfant continuant de se rapprocher d’elle.

« Laisses-la … tranquille … » murmura une voix derrière le Rapion tandis que celui-ci se retournait aussitôt, un peu déconcerté. L’Aspicot était encore en face de lui, se tenant la tête entre ses deux mains et l’air assez secoué.

Il voulait quand même continuer à se battre dans cet état ? Il ne l’avait pas blessé car ce n’était qu’un enfant encore moins âgé que lui mais … Là … Il n’allait peut-être pas devoir se retenir. Il fit un petit hochement de tête en direction de la jeune fille, lui signalant par là de ne plus bouger avant qu’il n’ait terminé avec l’Aspicot.

Celui-ci avait les idées peu claires mais il devait protéger la princesse. La reine le lui avait demandé ! Et il tenait toujours ses promesses ! Mais comment … Comment le battre ?! La foreuse était d’aucune utilité contre lui ! Alors il devait le frapper avec ses poings ?! Mais c’était tout simplement impossible ! Il n’arrivait pas à le touch … Il n’y avait qu’une solution alors. Accélérant le pas, il fonça en direction du Rapion, celui-ci se préparant déjà l’empêcher de continuer. Résultat ? Il passa juste à côté de lui, prenant la princesse par le bras avant de se mettre à courir avec elle, lui disant :

« Courez de toutes vos forces, princesse Terria. Je ne peux pas le battre ! Alors, il faut s’enfuir le plus loin possible ! »

« Ca commence à devenir un peu … gênant tout ça. » murmura t-elle alors qu’il ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire par là.

Gênant ? Comment ça ? Car il lui prenait la main ? C’était un cas de force majeure ! Il n’avait pas vraiment le choix ! Enfin, il aurait bien aimé courir avec elle mais il n’eut pas le temps de réagir que plusieurs pointes se plantèrent dans le dos.

AH … AH … AH … C’était … C’était quoi … Il s’écroula en avant, lâchant la main de la princesse alors qu’il venait à peine de la prendre. Celle-ci poussa un petit cri surpris, se demandant s’il était mort alors qu’elle entendait plusieurs gémissements de sa part. Ce … Ce n’était pas … possible ? Qu’est-ce que … Le Rapion se positionna entre lui et la princesse.

« Plusieurs petits dards … Rien de bien dangereux … Vous n’aurez que quelques très infimes blessures dans le dos. Maintenant … Princesse, ne pardons pas de temps. »

« J’en … J’en ai … pas terminé … Tu ne prendras pas … la princesse … Rapion ! »

Il s’était redressé, un petit sifflement admiratif se faisant entendre de la part de l’adolescent aux yeux cyan. Dès qu’il se releva, il fut envoyé en arrière par un coup de pied dans le ventre, roulant sur le sol à cause de la puissance du coup.

« Stop … Assez. Cela devient vraiment lassant. Je ne veux pas vous blesser, jeune garçon Aspicot. Je n’ai pas pour but de créer du tord aux personnes de ce royaume. »

« Vas … dire cela … à quelqu’un d’autre. Tu veux kidnapper la princesse et je dois te laisser faire ?! » s’écria finalement Earnos alors que l’adolescent haussait un sourcil.


Kidnapper la princesse ? Comment cela ? Ce n’était pas du tout son but … Hum … Il y avait peut-être une légère embrouille dans cette histoire. Mais visiblement, l’enfant Aspicot n’allait pas l’écouter.
Malgré les pointes dans son dos de petite taille, il se relevait inlassablement, semblant néanmoins très épuisé. Reprenant sa foreuse à côté de laquelle il avait roulé, il la fit tournoyer entre ses deux mains avant de courir de toutes ses forces vers le Rapion.

« Cela a assez duré. Terminons-en maintenant. J’en suis désolé mais les Apitrinis et la reine Seiry risquent de m’en vouloir si je ne vous ramène pas princesse. »

L’adolescent se positionna correctement, tendant ses deux mains en direction de l’Aspicot. Une étrange lueur dorée émana de ses deux mains alors que la foreuse fonçait droit vers lui. D’un geste mêlant paradoxalement lenteur et rapidité, le Rapion posa deux l’index droit sur la foreuse, celle-ci se stoppant complètement avant qu’il ne place sa main gauche sur l’objet. Celui-ci explosa en morceaux, l’adolescente reprenant :

« Sabotage … Comme ce n’est qu’un objet d’une qualité assez basique voir mauvaise, cela n’a pas été difficile de le briser. Vous vous êtes bien battu pour un enfant de votre âge mais … »

Il s’arrêta dans ses paroles, remarquant que l’enfant aux cheveux blonds était à genoux, tentant de réunir les morceaux de ce qui avait été sa foreuse. Hum ? Ce n’était pas normal … Si il avait été réellement un … Non … Maintenant, il en était sûr. Rien qu’à voir les larmes dans les yeux d’Earnos suffisait parfaitement à expliquer la situation.

« Vous n’êtes pas un kidnappeur de la princesse. Je viens de commettre une bêtise. Il est vrai que cela paraissait étrange qu’un Aspicot de votre âge soit envoyé pour l’enlever. Vous n’avez subit aucun entraînement ou épreuve pour renforcer votre corps contrairement à moi. Princesse Terria, pourquoi avoir impliqué un jeune citoyen de votre royaume dans tout cela ? Pourquoi ne lui avoir pas dit que j’étais là pour vous ramener au château ? »

« Et bien … Je … Je … Je voulais juste … m’amuser, Olistar … Mais je … » bafouilla t-elle, ne pouvant pas continuer à parler avant que la voix d’Earnos ne se fasse entendre :

« Vous … Vous amusez ? Vous faites ça pour vous amuser ? Tu fais ça car tu trouves ça drôle ? C’est bien ce que … Ah … Ce que je … »

Il s’était relevé, tenant une partie de sa foreuse réduite en morceaux, les larmes s’écoulant des yeux rouges. Olistar ne disait plus rien tandis qu’il jetait un bref regard à la princesse. Celle-ci était rouge de honte, cherchant à parler.

« Je … Euh … Je ne voulais pas … que ça … »

« C’était …. C’était un cadeau de mes parents ! SALE ENFANT POURRI GÂTE ! TU NE PENSES QU’A TOI ! »

Elle fit plusieurs pas en arrière, choquée et apeurée. Il … Il venait de l’insulter ? Elle ? La princesse ? Il … Il … Il semblait réellement en colère alors qu’elle tentait de hausser la voix :

« Non mais attends quand même un peu ! Je suis la princesse et je peux te rem … »

« LA FERME ! Je ne veux plus rien entendre de toi ! Ne me parle plus ! Snif … Snif … Ma foreuse … Ma foreuse … Papa … Papa va être en colère … Maman aussi … J’ai dit que j’allais en prendre soin … Que j’allais … »

« Princesse, nous devrions y aller. » murmura Olistar alors qu’elle faisait finalement quelques mouvements en direction d’Earnos, arrivant à sa hauteur. Elle chuchota d’une voix un peu inquiète :

« Je suis la princesse Terria … Je peux … Je peux demander à ce que l’on te redonne une … »

« T’ES SOURDE ?! NE T’APPROCHES PLUS DE MOI ! » hurla l’Aspicot avant de la baffer avec violence sur la joue droite, la jeune fille s’écroulant sur le côté.
Olistar s’apprêtait déjà à réagir mais Earnos s’était retournée, courant pour s’éloigner. Elle était maintenant estomaquée, passant une main sur sa joue rougie par la claque. Il … Il venait de lever la main vers elle ? Elle … Elle pouvait le faire arrêter … Elle pouvait le punir mais … Mais … Elle avait des larmes à cause du coup reçu mais c’était lui qui avait pleuré en premier. C’était de sa faute si sa foreuse avait été cassée. Elle ne connaissait même pas son nom de famille ! Mais … Mais … Ah … Il s’était quand même emporté inutilement hein ? Et un peu trop violemment. Ce n’était pas si grave hein ?

« Princesse … Nous devrions y aller maintenant. »

Hein ? Quoi ? Olistar s’était adressé à elle alors qu’elle semblait assez perdue. Elle se releva, gardant une main posée sur sa joue rougie. Oui … Il valait mieux rentrer pour aujourd’hui. Elle allait même écouter les cours … pour une fois.

Chapitre 9 : Défense

Chapitre 9 : Défense

Une semaine s’était écoulée depuis son anniversaire. Fier et heureux d’avoir reçu une nouvelle foreuse, il avait fait tellement de zèle que le chef Forsak lui avait signalé que pour toute une semaine, il allait rester seul dans son coin à creuser toute une galerie de tunnels entre son village et celui voisin. Bref, il allait avoir énormément de travail et il s’était préparé mentalement et physiquement à cette épreuve. S’il y arrivait … Alors il serait félicité par tout le monde, c’était ce qu’il voulait … être félicité.

« Où se trouve Earnos ? Je ne l’ai pas vu dans son lit. »

Ce fut le lendemain du jour où le jeune garçon reçu sa mission que son père remarqua qu’il était complètement absent de la maison. Pourtant, il avait bien dormi à l’intérieur donc ce n’était pas ça … Ce fut sa femme qui vint lui dire :

« N’est-il pas déjà parti travailler ? Cela ne m’étonnerait pas du tout de lui. »

« … … … Sûrement … … … Pourquoi est-ce que je me pose encore la question à son sujet ? Bon, de toute façon, je n’ai rien à lui dire, il va travailler de son côté. Neuf ans … Et le chef Forsak lui offre déjà la possibilité de créer sa propre galerie tout seul. Même ceux qui sont là-dedans depuis des années n’ont pas cette chance. »

« Tu l’as eut … Forsak ne fait confiance qu’aux personnes qu’il estime être compétentes. C’est pourquoi les autres ne méritaient peut-être pas cette proposition. » répondit sa femme alors qu’il haussait les épaules. Sûrement … Oui …

Voilà qu’ailleurs, au loin, très loin, dans le sol, le bruit d’une foreuse résonna au-dessous du sol bien que personne ne pouvait l’entendre. Un jeune garçon aux cheveux blonds tenait sa nouvelle foreuse entre les mains, semblant creuser plus que de raison alors qu’il avait d’étranges écouteurs sur les oreilles pour l’empêcher d’entendre le bruit qu’il créait. Sur ses yeux, une paire de lunettes rouges était positionnée dessus.

Au bout d’une bonne heure où il creusa sans s’arrêter, la foreuse se stoppa tandis qu’il poussait un profond soupir. Il avait un peu faim … et soif … Il avait vite mangé avant de partir travailler mais c’était tout. Rien d’autre …

« Je ferai mieux de sortir prendre un peu l’air. J’ai toujours un peu d’argent avec moi pour m’acheter à manger si il le faut. »

Mais pour sortir … Il allait devoir encore gratter le sol pour créer un trou à la surface. Bon … Par contre, il ne devait pas se tromper du tout. Il prit un petit morceau de papier sur lequel il avait griffonné plusieurs chemins. C’était les tunnels qu’il devait creuser. Bon … En partant sur la droite, il continuait quelques minutes et c’était bon.

« Allons-y … J’ai faim … Vraiment très faim … »

La foreuse recommença à vriller tandis qu’il creusait une nouvelle fois. Le jeune garçon partit vers la droite comme convenu. Au bout d’une dizaine de minutes, il s’arrêta de bouger, positionnant sa foreuse au-dessus de lui avant d’apercevoir peu à peu de la lumière. Finalement, un trou se forma tandis qu’il arrivait à la surface. Il entendit un petit cri :

« Juste à temps ! Attention, j’arrive ! »

Il n’avait même pas eut la possibilité de réagir qu’il vit une robe jaune et noire obscurcir sa vue puis surtout tomber sur lui, le renvoyant en bas du trou qu’il avait crée pour remonter à la surface. Avachi sur le sol, il poussa un petit gémissement de douleur, celui-ci étant accompagné par une petite voix féminine :

« Ca faisait un peu mal à l’atterrissage mais bon … Comme ça, je suis sûre qu’il ne me trouvera pas cette fois. »

« Princesse … Terria … Vous m’écrasez … » marmonna le jeune garçon alors qu’elle poussa un cri surpris, remarquant que c’était le jeune garçon qu’elle avait déjà vu il y a longtemps. Elle se rappelait très bien de lui parce qu’il parlait d’une drôle de façon.

« Euh … Euh … Euh … Quel est ton nom encore ? » demanda t-elle en se relevant, remarquant que les seules lumières étaient celle du trou qu’il avait creusé mais aussi celle … des deux yeux rubis du jeune garçon. « Comment est-ce que tu fais ça ?! » questionna Terria une nouvelle fois alors qu’il haussait les épaules :

« C’est tout ce qu’il y a de plus normal chez nous … Ca nous permet de voir dans le noir quand on creuse des tun … »

« Ah non ! Ne me parles plus de tunnel ! Par contre, il faut que tu m’aides ! Je suis poursuivie ! » s’écria t-elle tandis qu’il l’observait d’un air suspicieux qui la fit un peu reculer : « Bon … La dernière fois, c’était vraiment pour rire mais là, c’est très sérieux ! Il est tout seul et il est très dangereux ! Il n’arrête pas de me suivre ! »

« Et qui donc ? Cette fois-ci, vous parlez d’une personne … C’est un garçon ? Qu’est-ce qu’il vous veut ? Qu’est-ce qu’il … » commença t-il avant d’être coupé aussitôt par la jeune fille.

« On n’a vraiment pas le temps de parler de tout ça ! »

Elle commençait déjà à courir dans le tunnel, s’arrêtant après quelques secondes. Elle ne pouvait pas avancer sans lui ! Elle ne voyait rien dans le noir ! Le jeune garçon passa une main dans ses cheveux. Elle semblait réellement dans le pétrin mais comment cela se faisait-il qu’elle soit toujours là où il allait. Enfin, ce n’était que deux fois en plusieurs mois.

« Veuillez me suivre, princesse Terria, je vais vous protéger. »

« Merci beaucoup euh … Euh … J’ai ton nom sur le bout de la langue ! C’est quoi ton nom ? » demanda t-elle bien qu’il l’ignora complètement.

Elle était beaucoup trop désinvolte pour lui. Elle ne savait même pas le nom de la personne à qui elle s’adressait … Il ne voyait pas pourquoi il devrait lui répondre. C’était quand même assez embêtant de ne pas savoir ça !

« Et bien … Pourquoi tu ne veux pas dire ton nom ? C’est la princesse qui te le demande ! »

« Princesse Terria, vous le connaissez alors vous devriez vous en rappeler. » répondit-il alors qu’elle paraissait légèrement outrée par ces paroles.

Co … Comment ?! Comment est-ce qu’il osait lui parler ainsi ?! C’était mesquin ! Elle lui posait une simple question ! Ce n’était pas de sa faute si elle ne se rappelait pas du prénom de tout le monde ! Enfin bon … Elle n’était pas fautive non plus !

Plusieurs minutes passèrent alors qu’elle toussait à cause de la poussière soulevée par la terre. Il recommençait à forer, ne semblant pas du tout se préoccuper d’elle. Il boudait ou quoi ? Ca ne se faisait pas de bouder la princesse Terria quand même ! Elle allait devoir le corriger et le remettre sur le droit chemin !

« Est-ce que tu veux bien me dire ton nom maintenant ? » demanda t-elle une nouvelle fois tandis qu’il s’arrêtait de creuser, lui répondant :

« Earnos. C’est comme cela que je m’appelle … J’espère que vous vous en rappellerez maintenant, princesse Terria. »

« Je vais faire de mon mieux mais quand est-ce que l’on sort d’ici ? Je commence à me demander si ce n’est pas toi qui me kidnappe … » dit-elle en faisant une petite mine boudeuse à laquelle il ne vint pas réagir.

Il n’était pas du genre à se laisser attendrir par ça, n’est-ce pas ? Avec Holikan, ça marchait à chaque fois mais du côté du jeune garçon aux cheveux blonds, pas du tout. C’était dommage … Mais bon, il s’exécutait sans poser de questions.

Une bonne vingtaine de minutes passèrent alors que le jeune garçon guidait la princesse à travers les tunnels, minant la terre pour arriver à un nouvel endroit indiqué sur la carte. Heureusement qu’elle ne savait pas exactement ce qu’il faisait car si elle apprenait qu’il faisait plus son travail que la sauver réellement, elle risquait de se mettre en colère.

« Nous sommes arrivés à une nouvelle sortie … Je pense que d’ici là … Vous pourrez alors être en sécurité. » dit-il alors qu’il forait la terre au-dessus de lui, laissant apparaître un rayon de lumière. La jeune fille, loin d’être mécontente le poussa pour passer la première, poussant subitement un cri avant qu’une voix ne se fasse entendre :

« Malheureusement, vous ne pouvez pas vous échapper, princesse Terria. »

Qu’est-ce que ?! Il accéléra aussitôt le mouvement, sortant du tunnel à son tour avant de regarder la scène. La princesse avait la bouche grande ouverte, bafouillant :

« Co… Comment est-ce que tu as pu … Comment est-ce que … »

« On ne peut pas me distancer, princesse. »

C’était la voix d’un jeune garçon mais elle avait une tonalité bien différente. Assez froide et distante ! Il se positionna devant la princesse, ouvrant en grand ses deux yeux rubis. Cet enfant … Il le reconnaissait parfaitement à son accoutrement car il l’avait déjà vu dans les livres d’histoire mais aussi de biologie … sur les différentes races peuplant le royaume des insectes. Ce garçon …

Il semblait bien plus âgé que lui et la princesse Onze ? Douze ? Voir treize ans ? Difficile à dire exactement mais il était quand même plus grand qu’eux deux. Un pantalon et un haut bleu marine, ses deux yeux cyan fixaient la princesse et Earnos avec une certaine intensité. Néanmoins, il ne semblait pas très émotif, aucun sentiment se dessinant sur ses lèvres. Il tendit sa main droite avec lenteur, murmurant :

« Veuillez me ramener la princesse. »

« Tiens donc ? Et pourquoi cela ? » répondit aussitôt le jeune garçon aux cheveux blonds, restant bien entre la princesse et le jeune garçon, celui-ci reprenant :

« Car c’est la mission que l’on m’a confiée. Je ne me répéterai pas une sec … »

Un dard passa aussitôt à côté du jeune garçon, Earnos ayant pointé sa main gauche devant lui, la paume de celle-ci semblant capable de s’ouvrir à moitié pour laisser quelque chose en sortir. Pourtant, le regard que l’Aspicot avait était sans équivoque.

« Je n’ai pas à écouter les paroles d’un Rapion. La princesse reste avec moi. »
Le Rapion tourna sa tête à gauche et à droite. Le tunnel dont étaient sorti Earnos et Terria était assez éloigné du village. Visiblement, l’Aspicot avait tout préparé pour ne pas alerter la population entre les deux villages, les trois enfants étant dans une zone déserte mais herbeuse. Hum … Cet enfant aux cheveux blonds était plus intelligent qu’il n’y paraissait. Soit … Il ferma ses yeux en soupirant, les rouvrant après quelques secondes de réflexion. Il annonça d’une voix claire :

« Je ne sais pas ce que vous avez à voir avec la princesse mais … »

« Les Rapions feraient mieux de retourner là d’où ils viennent. » coupa une nouvelle fois Earnos avant qu’un dard ne sorte de sa paume droite cette fois-ci, fonçant vers le Rapion. Bien qu’il fût assez imposant, le dard fut arrêté entre deux doigts par l’enfant, un liquide vert s’en écoulant pour glisser le long de la main du Rapion. Malgré le poison, il n’était pas effrayé par celui-ci.

Et la princesse dans tout cela ? Celle-ci restait derrière Earnos, plus étonnée qu’apeurée par la situation. Elle … Elle allait regarder ce qui allait se passer, c’était mieux que de prendre la parole. Earnos planta sa foreuse dans le sol, fermant son œil gauche. Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? Il n’allait pas combattre ?

… … … C’était la première fois qu’il était dans une telle situation. Il ne savait pas vraiment quoi faire car il ne s’était jamais battu. Ah … Bon … Bon … La première chose à faire était de rester calme, très calme. Ce n’était pas en perdant son sang-froid qu’il allait réussir à protéger la princesse mais quand même … Comment est-ce qu’elle avait fait pour se mettre dans ce pétrin ? Il se le demandait. Il espérait simplement que les Apitrinis viendraient très vite comme la dernière fois.

Chapitre 8 : Des fleurs pour son anniversaire

Seconde partie : Mystérieux mystères

Chapitre 8 : Des fleurs pour son anniversaire

« Bon anniversaire, mon petit Aspicot ! » cria la femme aux cheveux rouges avant d’embrasser son fils sur la joue et de l’accoler contre elle.

« Et bien … Neuf ans … Déjà la moitié du chemin parcouru, Earnos. » répondit son père alors que le jeune garçon aux cheveux blonds souriait un peu.

Puis peu à peu, il se faisait embrasser par ses deux grandes sœurs puis ce fut au tour des deux petites. Lorsque vint le moment d’ouvrir ses cadeaux, il ne fut pas plus surpris que cela de voir arriver un magnifique bouquet de fleurs. Oui … Il y avait énormément de cigües blanches, de nombreuses malvas de différentes couleurs autre que blanches et violettes et même des résédas jaunes dont il respira le parfum pendant de longues secondes.

« Et bien, et bien … Visiblement, quelqu’un te porte énormément d’affection et de tendresse, Earnos. Est-ce que tu as une idée de qui cela pourrait être ? » demanda sa mère avec un petit sourire malicieux, le jeune garçon annonçant aussitôt :

« C’est de madame Florensia. Elle m’a encore offert des fleurs aujourd’hui. Je ne savais pas qu’elle était là. Je devrais aller lui rendre visite … Mais il y a du travail aujourd’hui. »

« Hum ? Du travail ? C’est vrai, fiston … Mais pas pour toi. Aujourd’hui, c’est ton anniversaire. Tu n’as donc aucun travail … Vas donc voir Florensia et passes-lui le bonjour de notre part. Tu peux rester avec elle pour toute la journée. » dit son père, s’éloignant déjà alors qu’il posait discrètement un cadeau emballé derrière lui, semblant un peu gêné de l’offrir en mains propres à son fils.

« Je passerai voir madame Douély aussi. »

Il avait prononcé ce nom alors qu’encore une fois, des petits toussotements se firent entendre de la part de ses deux soeurs et de sa mère. Elles ne pouvaient rien dire à ce sujet, le jeune garçon étant toujours en train de parler de la Munja. Elles devaient accepter cette fréquentation bien qu’elle n’était pas bonne du tout à leurs yeux.

« Fais comme tu veux, aujourd’hui, c’est ton anniversaire mais tu ne veux pas voir ce que ton père t’a acheté ? Il est parti comme un voleur car tu sais à quel point il est gêné dès qu’il s’agit de ce genre de sentiments. » souffla sa mère en gardant son sourire aux lèvres.

Bien sûr ! Il avait pris l’habitude à force ! Qu’est-ce que son père lui avait acheté ? Il aimerait bien le savoir … Et pour ça … Il n’y avait qu’une solution ! Il vint déchirer le papier recouvrant la boîte plutôt imposante malgré les apparences avant de l’ouvrir. Il poussa un petit cri d’émerveillement avant de faire vriller ce qui ressemblait à une nouvelle foreuse. Parfait ! Il ne s’était pas attendu à avoir quelque chose qui lui permettrait de mieux creuser qu’auparavant ! Depuis des années, il avait surtout reçu des objets inutiles à ses yeux … Puisqu’il ne pensait qu’au travail mais ça … Ca ! C’était vraiment une excellente chose ! Il remercia toute sa famille, demandant à sa mère de prévenir son père pour le remercier lui aussi avant de signaler qu’il allait tester aussitôt la foreuse dehors ! Mais bon … Avant, il allait rendre visite à Douély puis à la fleuriste qui lui avait envoyé ce bouquet.

VOILA ! Une heure plus tard, il avait fini de parler avec Douély, celle-ci l’ayant tout simplement enlacé comme cadeau en lui annonçant qu’il ne restait plus qu’un an à tenir avant que sa promesse ne soit accomplie. Et puis … Bon … Même sans rien lui offrir, il savait qu’avec elle, il allait pouvoir apprendre des choses de plus en plus utiles !

Et maintenant … Il était en train de marcher peu à peu en direction d’une nouvelle boutique de fleurs. Aussi belle que celle de sa mère et de ses sœurs, il n’y avait pourtant qu’une seule personne qui s’en occupait. Une personne que tout le village appréciait grandement et lui aussi bien entendu. Une petite sonnette se fit entendre au moment où il pénétrait à l’intérieur de la boutique, remarquant les nombreux pots de fleurs et autres préparations.

« Bonjour ! Si vous pouvez attendre deux minutes, je vous prie. Je dois finir un bouquet pour un jeune couple et cela est de première importance. »

« Vous pouvez prendre tout votre temps, madame Florensia. J’étais juste venu … pour vous remercier pour les fleurs comme d’habitude. »

« Oh ! C’est le petit Earnos ? Je pense que les fleurs peuvent attendre un tout petit peu. J’arrive tout de suite. » répondit aussitôt la voix avant que des bruits de pas ne résonnent devant lui, la porte derrière le comptoir s’ouvrant pour laisser place à une femme d’une quarantaine d’années. Quarante ans et pourtant, elle était comme ses fleurs : somptueuse.


Avec ses deux yeux vairons rouge et bleu, ses cheveux blonds assez courts et la robe blanche qu’elle portait, elle avait tout d’une grande dame ! Mais elle était fleuriste … Mais surtout la femme la plus appréciée du village. Néanmoins, malgré bon nombre de prétendants, on ne lui connaissait aucune personne dans sa relation amoureuse.

Là, elle vint l’embrasser sur les deux joues, lui tapotant doucement le sommet du crâne avant de le serrer dans ses bras. C’était une habitude ou quoi ? Douély, sa famille, Florensia, toutes les femmes qu’il connaissait faisaient une telle chose à chaque fois.

« Et bien … Tu sais parfaitement que pour chacun de tes anniversaires, je t’envoie un bouquet. Tu n’as pas de raisons de me remercier, hein ? » murmura la femme aux yeux vairons, l’œil droit de couleur rouge restant ouvert alors que l’autre était fermé.

« Oui mais … Voilà … Enfin … Bon … Euh … Maintenant que je suis passé pour vous remercier, je crois que je ferai mieux de partir. Vous avez l’air occupée … »

« C’est une bien belle foreuse que tu as là, Earnos. C’est ton cadeau de la part de tes parents ? » demanda t-elle alors qu’il s’arrêtait aussitôt, plus qu’intéressé maintenant par les paroles de Florensia.

« Oui ! C’est mon père qui me l’a offerte pour mes neuf ans ! »

Sans même qu’il ne le remarque, la femme avait retourné le panneau devant la porte d’entrée, signalant que le magasin était fermé alors que le jeune garçon était invité à rentrer dans la pièce derrière le comptoir. Là-bas, il se retrouvait assis sur une chaise, la femme lui servant à boire alors qu’il ne comprenait pas la raison de sa présence ici. Néanmoins, quand elle lui demanda de lui dire ce qui s’était passé ces derniers mois, il répondit aussitôt :

« Et bien … Je … On ne m’a pas posé la question enfin … Euh … Ben … J’ai vu la princesse ! »

Hum ? Il vit le haussement de sourcil de la part de la femme aux cheveux blonds, celle-ci attendant qu’il continue de parler. Chose qu’il fit après quelques secondes :

« Elle tentait de s’enfuir des Apitrinis … Visiblement, elle n’aime pas vraiment être enfermée dans le château. Personne ne m’a demandé ce qui se passait, c’est pourquoi je n’en parle pas. Et puis … Ce n’est pas comme si c’était très intéressant. »

« Bien sûr que si … Ne te dévalorises donc pas. Continues, je trouve cela passionnant. Tu as donc rencontré la princesse ? Et elle semble assez vivace, n’est-ce pas ? Que s’est-il passé ensuite ? Qu’as-tu fait avec elle ? »

« Et bien … Elle voulait que je la cache et qu’on s’enfuit … Au départ, je n’ai pas compris mais comme c’était la princesse, et bien, j’ai accepté. Elle m’a accompagné pendant que je creusais des tunnels et c’est même en passant à la strate inférieure qu’elle est tombée sur moi. Heureusement que je l’ai récupérée en plein vol. »

« Oh ? Et de quelle manière ? Elle n’est pas capable de voler ? » demanda la femme avec interrogation alors qu’il se levait, tendant ses deux mains en avant pour bien représenter la scène. Elle eut un petit éclat de rire bien que lui-même ne semblait pas si content.

« Et puis … C’est là que j’ai vu les Apitrinis. Moi … Elle ne m’avait pas dit que c’était pour juste s’enfuir de ses obligations qu’elle était partie … J’ai eut l’impression qu’elle me mentait … Et je n’aime pas que l’on mente … C’est vilain, je trouve. »

« La princesse m’a l’air d’être une jeune fille qui ne prend pas réellement la vie au sérieux, me tromperai-je ? » questionna la fleuriste alors qu’il hochait la tête d’un air positif. C’était exactement ça ! Vraiment, vraiment … Vraiment ça !

« Donc c’était méchant de sa part … Mais bon … Ce n’était pas trop grave non plus. »

« Tu ne lui en veux donc pas, c’est bien cela ? » répondit Florensia tandis qu’il soufflait que oui. Pourquoi lui en vouloir ? Ce n’était pas du tout important. « Tu es un gentil garçon, Earnos, tu le sais ? Tu travailles pour ta famille, tu ne penses pas à toi-même mais aux autres, tu restes concentré sur ce que tu fais et tu n’en veux pas aux personnes qui peuvent jouer avec tes sentiments. Enfin … Ne sois pas trop gentil non plus d’accord ? »

« Je ne suis pas trop gentil ! C’est juste que je n’en veux pas à la princesse Terria car j’ai fait une promesse à la reine quand j’avais que cinq ans. Et je lui ai juré que je protégerai la princesse alors c’est ce que je ferai quand je le peux. »

« Et même si la princesse se moque de toi ? »

… … Si la princesse se moquait de lui ? C’était juste impossible car les Apireines étaient de gentilles personnes, très gentilles. Elles ne jouaient jamais avec les autres, jamais. Alors non … La princesse Terria n’était encore qu’une enfant comme lui donc elle était excusable. Enfin … Jouer … Ce n’était pas comme ça … Mais peut-être que si … Ce qui s’était passé avec lui … Elle s’était quand même moquer de lui en y réfléchissant bien.

« Si c’est une petite moquerie comme ça, ce n’est pas grave, ça peut même être très amusant. Enfin … Je ne sais pas vraiment comment on s’amuse. »

« Si tu la revois, tu pourras peut-être lui demander des cours, n’est-ce pas ? Elle semble être du genre à beaucoup s’amuser. »

Peut-être ? Il n’allait pas la revoir de sitôt et de toute façon, il n’était qu’un foreur comme les autres. Le temps passa très rapidement, beaucoup trop aux yeux du jeune garçon alors qu’il se levait après deux bonnes heures de discussion.

« Pardonnez-moi, madame Florensia mais je dois m’en aller. J’aimerai bien tester ma nouvelle foreuse avant qu’il fasse trop nuit. »

« Hum … Tu devrais réellement jouer avec les autres enfants au lieu de ne penser qu’au travail, c’est déconseillé à ton âge. Tu dois t’amuser. » soupira Florensia alors qu’il ne semblait pas comprendre. Il lui répondit sur un ton neutre :

« Si je m’amuse avec ma foreuse, pourquoi est-ce que j’aurai besoin d’ami ? »

« … … … … … Tu me rends triste, Earnos. Tu dois avoir des personnes sur qui tu peux compter, d’accord ? » murmura Florensia alors qu’il rougissait faiblement. La voix de la femme était vraiment … mélancolique et peinée pour lui.

C’était de sa faute ? Il la mettait dans cet état ? Ce n’était pas voulu du tout … C’est juste que … Il ne voyait pas l’utilité d’avoir des amis. Mais … Il ne voulait quand même pas qu’elle soit triste ! Il bafouilla en détournant le regard :

« Je … vais faire de mon mieux pour ça … madame Florensia. »

« Je te fais confiance, tu es un Aspicot qui deviendra un magnifique Dardargnan plus tard, j’en suis certaine. Je pense qu’il est temps pour moi d’ouvrir ma boutique. Ils doivent s’impatienter. »

La femme s’était adressée à lui et il remarqua que ses cheveux, bien qu’assez courts semblaient cacher une partie de son visage. Elle se pencha en avant, le jeune garçon déposant deux baisers sur les joues de la fleuriste avant de partir. Il allait faire de son mieux … oui … pour cette fleuriste !