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Chapitre 98 : Ses dernières forces

Chapitre 98 : Ses dernières forces

« Tyrania, sors un peu de chez toi ! Tu ne vas pas rester cloîtrée à l’intérieur toute ta vie ! »

« Je fais ce que je veux maintenant. On n’a plus besoin de moi alors laissez moi tranquille ! Je n’ai pas envie de parler, je pense que c’est facile à comprendre ! »

« Mais tu ne dois pas ! Ecoute moi un peu ! »

« Vas chier, Oriane ! J’ai pas envie de te parler ! »

Elle tambourinait contre sa porte alors qu’Aliréna et Pandora lui demandait d’arrêter. Si elle ne voulait pas parler et si elle ne voulait voir personne, c’était son problème. Elles ne pouvaient pas la forcer à sortir.

« Tyrania ! Arrête un peu tes idioties ! Tu ne vas pas vivre comme ça ! »

« Si c’est ce dont j’ai envie, t’as pas à m’obliger ! »

« Si tu ne m’ouvres pas, je serais forcée de défoncer la porte ! »

« Fais le et je t’étripe ensuite ! »

Aliréna créa plusieurs racines, tirant Oriane en arrière alors que Pandora demandait à la jeune femme aux cheveux violets de se calmer. Il ne fallait pas embêter Tyrania. Elle vivait un moment difficile, ce n’était pas de sa faute… Si elle avait perdu ses deux sœurs, elle se serait morfondue elle aussi, non ?

« Bon… Tyrania… Je reviendrais demain, et après-demain, et ainsi de suite… Jusqu’à ce que tu m’ouvres et que tu sortes un peu ! »

« Vas te faire foutre ! Je n’ai pas envie de revoir ta tête ! »

Finie la petite Tyrania qui pleurait dans ses bras il y a environ un mois. Maintenant, elle était redevenue acariâtre car elle savait que Xano n’allait jamais revenir. C’était vraiment dommage d’en être arrivé à là pour une raison comme ça. Ce n’était pas en se bloquant chez soi qu’on allait pouvoir tenir le coup.

« Vous êtes parties ? Répondez pour voir. »

Aucune réponse donc elles étaient bien parties. Elle ouvrit la porte, regardant à l’extérieur : Oui… Il n’y avait plus personne. Tant mieux, c’était bien mieux lorsqu’elle restait seule. Elle alla se coucher sur son canapé rouge, serrant un coussin contre elle en murmurant :

« Si seulement… Ca pouvait être lui… »

« Bonjour ? Est-ce bien Tyrania qui habite ici ? »

Qui c’était ?! Ce n’était pas la voix d’Oriane ou de ses deux sœurs ! Elle se redressa subitement, s’approchant de la porte en restant sur ses gardes. Elles avaient envoyé quelqu’un d’autre maintenant ?! Elle demanda en grognant :

« Qui c’est ?! Je ne veux voir personne ! »

« Mais… J’aimerais vous voir… »

« J’ai pourtant été claire. Je ne veux rien avoir à faire. Je veux simplement qu’on me laisse tranquille avec mon désespoir, c’est pas trop en demander ! »

« J’aimerais parler… de Xano si c’est possible. C’est… C’est Elis. »

Elis ? LA Elis ? La mère de Xano ? Enfin sa mère… Sa mère biologique ou fausse mère, elle était la mère de Xano mais qu’importe. Oh et puis zut, c’était trop compliqué comme histoire ! Elle ouvrit rapidement la porte, observant la femme aux cheveux bleus. Elle n’avait pas changé depuis sa mort, elle était restée la même.

« C’était donc vrai… Vous vivez toute seule, Tyrania ? »

« Rentrez plutôt à l’intérieur s’il vous plaît. »

Elle n’allait pas la laisser dehors quand même ! Surtout qu’elles avaient peut-être des choses à se dire. Elis avait à nouveau ses lunettes devant les yeux alors que Tyrania lui demandait si elle voulait boire quelque chose. Dire qu’il était assez tard… Ce n’était pas une heure pour arriver chez les gens ! Elis demanda un thé vert alors que la jeune femme aux longs cheveux dorés s’affairait dans la cuisine.

« C’est quand même bizarre… Pourquoi êtes vous venue ici ? »

« J’avais envie… de vous parler. Est-ce un mal ? Vous êtes quand même la femme que Xano aime non ? Ca se lisait dans son regard lorsque… »

« Malar vous a manipulé. Mais vous êtes réellement une humaine ? »

« C’est le cas. Lorsque Malar m’a ressuscitée, j’avais récupéré mes pouvoirs mais là, je suis comme auparavant. Une simple femme. »

« Sinon… Pourquoi êtes vous venue parler de Xano ? »

« J’en avais envie… Je comprends pourquoi Xano vous aimait. »

« Co… Comment ça ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? »

Elle venait de déposer une tasse dans une coupole devant Elis, la regardant en attendant qu’elle lui réponde. Pourquoi parler de l’amour que lui portait Xano, elle voulait la faire souffrir encore plus ? Elle savait que ce n’était pas dans son intention mais bon…

« Vous êtes une femme très jolie et je sais que Xano vous aimait énormément. D’après ce que j’ai appris, vous vous disputiez souvent avec lui, n’est-ce pas ? »

« C’était souvent le cas… Même lorsque j’étais une pokémon… Une simple Feunard. »

« Qui aime bien, châtie bien. Xano devait donc vous adorer. »

« Disons… qu’il avait toujours un petit souci ou quelque chose qui l’empêchait d’exprimer correctement ses sentiments. Toujours un problème. »

« Le problème du Dieu Originel non ? »

« Mais comment vous savez tout ça ? »

« Le Dieu Originel m’a tout raconté avant de me redonner la vie. Tu n’as pas à t’en faire, n’est-ce pas ? Si Xano reviendra un jour, je suis sûre qu’il t’aimera vraiment… J’en suis même certaine et je vous donne mon accord. »

« Vot… Votre accord ? Mais pourquoi ? Comment ça ? »

« Et bien, pour que puissiez fonder une famille et vous marier. Même si c’est un peu vieillot, il faut avoir l’accord des parents. C’est généralement une bonne chose. »

Se marier avec Xano et fonder une famille ? Pffff ! Voilà qu’elle avait une bouffée de chaleur rien qu’en imaginant Xano et des petits enfants leurs ressemblants. Rien que l’idée même de l’imaginer en ce moment… Elle baissa la tête, gênée :

« Merci… beaucoup pour vos paroles mais… pour ça… Xano… doit revenir. »

« Il reviendra, j’en suis certaine. Il ne peut pas te laisser seule. »

« Et qu’est-ce qui vous fait dire ça ? »

« L’intuition. C’est ce que je pense et je ne me trompe jamais à ce sujet. »

« L’intuition féminine ? Si seulement, je m’y fiais… Il y aurait longtemps que Xano serait revenu. Je le vois partout… Je m’imagine avec lui à chaque instant… »

« Je parlais de l’intuition d’une mère, non d’une femme. »

« Ah… Je m’excuse, j’avais mal compris. »

La discussion la mettait mal à l’aise… Elle n’aimait plus réellement parler depuis tout ce temps. Elle observa la tasse vide, lui signalant qu’elle allait la nettoyer à la cuisine. Depuis qu’elle vivait ici, elle…

« Tu es devenue vraiment une belle femme… et tu feras une parfaite épouse. Tu sembles… »

Un petit fracas se fit entendre alors qu’un objet tombait au sol. Des morceaux de la tasse étaient maintenant au sol alors que Tyrania ne savait plus où se mettre. Une bonne épouse, une belle femme, Elis n’était pas avare de compliments sur elle et ça la gênait plus que tout. Comment pouvait-on s’imaginer une telle chose en la voyant ?

« Tu as besoin d’aide, Tyrania ? J’ai entendu… »

« Non, non ! C’est bon ! Il se fait tard ! Vous avez un endroit où dormir ? »

« Disons que c’est un peu loin donc je vais devoir… »

« Vous pouvez rester ici. Dormez dans le lit, je vais dormir sur le canapé. Attendez un peu. Je vais prendre une couverture et un oreiller. »

« Ne fais donc pas tout ça pour moi. »

Voilà qu’elle était complètement perturbée par tout ça. La soirée se passa plus calmement, Elis ne lui posant plus de questions gênantes ou alors ne lui disant pas de propos qui la mettait mal à l’aise. Heureusement pour elle, tiens. Le lendemain, Elis était partie et elle retourna à sa vie habituelle. Passant un coup de balai, elle observa les nuages blancs dans le ciel à travers la fenêtre, se murmurant pour elle-même :

« Moi ? Une bonne épouse ? Si seulement… C’était lui qui pouvait me dire ça. »

Mais ça ne sera jamais le cas. Elle arrêta de balayer, se dirigeant vers sa chambre avant d’observer les différents vêtements dans sa buanderie. Elle opta pour un manteau de fourrure couleur crème, l’enfilant avant de quitter sa maisonnette. Elle allait marcher un peu, ça n’allait pas lui faire du mal non ? Ce qui n’allait être qu’une petite marche dura plusieurs heures, la jeune femme terminant sa balade par quelques kilomètres sur la plage.

« Tiens… Il commence à neiger ? Et il fait déjà nuit ? »

Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait de la neige… mais si… En tant qu’humaine. C’était bizarre… Elle tendait la main, laissant quelques flocons avant de voir que ces derniers ne fondaient pas dans ses mains. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Ce n’était pas des flocons ? Mais des petites sphères de lumière blanche. Comment avait-elle pu se tromper ?

« Mais qu’est-ce qui se passe ici ? Est-ce que … »

Ces sphères blanches lui rappelaient étrangement le fait quand quelqu’un d’important mourrait. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Est-ce qu’il y avait une chance que…

« Xano va revenir… Il revient… »

Elle observa de ses yeux rubis le ciel, regardant les différentes sphères. Il allait enfin revenir avec elle… Elle était contente… Si heureuse… Elle devait suivre ces sphères blanches. Elle s’était mise à courir avec frénésie dans le sable. Quelques minutes après, elle s’arrêta subitement, les sphères blanches se réunissaient devant elle, formant un corps qui était à genoux. Elle évitait de sourire pour montrer sa joie… et subitement d’autres sphères mais noires apparaissaient pour former un autre corps. Qu’est-ce… Xano ? Xano et qui ? De la joie, elle passa à la surprise avant de devenir de la colère en voyant Giradès et Malar devant elle pour finalement devenir de la tristesse. Ah… C’étaient eux… C’étaient donc eux… Juste eux… Quelle fille pathétique qui courait derrière une chimère. Sans même leur adresser la parole, elle s’éloigna en se retournant, marchant d’un pas lent dans le sable.

« Ah ! Farankard ! Farankard ! Attend un peu. »

« Qu’est-ce que vous me voulez ?! Je ne veux pas vous adresser la parole ! »

« Non mais c’est au sujet de Xano… »

« Vous allez m’annoncer quoi ? Qu’il est mort, c’est ça ?! »

Elle en avait marre de tout ça ! Marre de toutes ces illusions, marre de toutes ces fausses joies ! Elle, elle n’avait pas le droit d’être heureuse alors que tous les autres planaient dans les cieux avec leurs fichus petits bonheurs ! Qu’est-ce qu’ils leurs voulaient encore ?! Ils n’en avaient jamais assez ?!

« Non… Ce n’est pas ça… Enfin si… »

Enfin si ?! Enfin si ?! Xano était mort ?! Elle se retourna, dardant son regard rubis sur Giradès et Malar. Au passage, qu’est-ce que l’homme aux cheveux noirs faisait ici ?! Il semblait complètement perdu et dans l’espace. Il avait quoi comme souci ?!

« Vas y explique toi. Je te laisse deux minutes. »

« Mon âme était presque disparue… Et Père… Charkrowos a tout fait pour me la rendre et me permettre d’avoir un nouveau corps. »

« Que c’est intéressant… Ca concerne en quoi Xano ? »

Déesse ou non, elle s’en fichait royalement. Le ton qu’elle employait était rude et Giradès ne semblait plus correspondre à la femme qu’elle était auparavant.

« Malar n’avait plus d’âme… et Père a décidé de lui en recréer une grâce à mes indication. Voilà donc Malar… Ma punition… est de m’occuper de lui. »

« Mon dieu… Quelle punition. Tu dois aimer en recevoir si elles sont toutes comme ça. »

« Tyrania… Je vais t’appeler comme ça. Ecoute moi. »

Oui, oui, elle l’écoutait mais elle s’en fichait pas mal de ce qu’elle disait. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’ils disparaissent de son champ de vision. Malar, elle l’avait apprécié il y a de cela tellement de temps. Giradès, elle ne l’appréciait pas, c’était claire comme de l’eau de roche. C’était à cause d’elle que Xano n’était plus là et elle venait lui annoncer qu’il était mort ?! Si c’était le cas, alors elle… Elle…

« Il ne reste plus que Xano avec le Dieu Originel. »

« Ca veut dire que Xano sera le prochain ! »

« Mais… Il y a un mais… Charkrowos est au bord du gouffre. Sans… Xano… Je ne serais jamais revenue ici… Et il en est de même pour Malar : Sans… Xano, nous ne serions jamais devant toi. Sans lui… Charkrowos n’aurait jamais réussi tout ça. »

Xano… était un héros… ou un grand zéro. Il n’allait jamais revenir, c’est ça ? Elle devait se faire une raison ? C’est ça ? Où elle se trompait encore lourdement et elle ne comprenait rien ! Elle était fatiguée, vraiment fatiguée par tout ça.

« Oui… Xano est quelqu’un de bien et alors ? »

« Xano et Charkrowos sont trop faibles… L’un comme l’autre n’ont plus la force de se créer une enveloppe charnelle et de revenir dans ces mondes. Je suis désolée… »

« Tu veux donc me signaler… que Xano s’est sacrifié pour sauver toutes ces personnes parce que TOI, tu as décidé de foutre un bordel monstre, c’est ça ?! »

« C’est… Je m’excuse… sincèrement. »

« Et tu crois que tes excuses me le feront ramener à la vie ?! Tu crois que tes paroles vont servir à quelque chose ?! Est-ce que tu crois que je vais me contenter de tout ça ?! »

« Non mais… Tu… »

« Tu espère vraiment que je vais te remercier de m’avoir prévenue ?! »

Il était impossible de l’arrêter maintenant qu’elle s’était lancée. Malar se mit devant Giradès comme pour la protéger. Il ne savait pas ce qui se passait mais l’autre femme semblait s’énerver un peu trop rapidement. Tyrania reprenait :

« Ne t’approche plus de moi, ne m’adresse même pas la parole ! Je ne veux plus revoir personne ! PLUS PERSONNE ! »

« Mais tu… Qu’est-ce que tu vas faire ? »

« Ce que j’aurais du faire en attendant qu’il revienne ! Aller le rejoindre ! Voilà tout ! Je n’aurais jamais du accepter la proposition de Charkrowos ! »

« Ne fais pas de bêtises ! Ton âme n’ira pas rejoindre Charkrowos ! »

« J’en ai rien à faire ! Disparais ! »

Elle s’éloigna furieusement, faisant réapparaître ses queues et ses oreilles de Feunard, chose qu’elle n’avait plus fait depuis des mois. Elle retourna dans sa maisonnette, s’enfermant dans chaque salle qu’elle pénétrait avant de s’écrouler sur son lit. Elle n’allait pas pleurer… Elle n’allait pas… Elle était plus forte que ça. Mais… Mais pourquoi Xano avait-il décidé d’aider le Dieu Originel ?! Il ne voulait pas la revoir ? Elle ne lui plaisait plus ?

« Idiot… Idiot ! Idiot ! Idiot ! Ta mère s’est trompée ! »

Elle frappa plusieurs fois dans l’oreiller, cherchant à passer ses nerfs sur ce dernier sans y arriver. Xano… Pourquoi ne pouvait-elle pas le rejoindre ? Pourquoi ? Tout le monde était heureux dans les TROIS mondes et elle… Elle était la seule à ne pas avoir ce qu’elle voulait. C’était injuste… vraiment injuste ! Elle voulait disparaître…

Chapitre 97 : Un manque qui ne pourrait être comblé

Chapitre 97 : Un manque qui ne pourrait être comblé

« Farankard, merci encore pour votre aide. »

« C’est bon, c’est bon, Gigana. Bon… Il faut recommencer à se concentrer, c’est ça ? »

« C’est exact… La formation d’une île volante requiert beaucoup de mental et avec vous, ça sera bien plus simple et rapide. Il faut que l’on fasse s’adapter les différentes îles suivant les différentes régions où elles se trouvent. »

« Je m’en rappelle à peu près. Ce n’est pas trop difficile. »

« Ce n’est pas difficile… mais fatiguant. Rocagiri, Iglaré, Sterivia ? Mettons nous en position si vous le voulez bien. Nous devons nous préparer. »

« Ouiiiii ! J’arrive grande sœur ! C’est bon ! »

Rocagiri en tête, les trois petites filles se dirigèrent vers l’adolescente aux cheveux blancs. Farankard, de son côté, s’était mise à fermer ses yeux rubis, passant une main dessus pour être sure de ne pas rêver. Oui… Elle avait bien ses deux yeux. Elle n’était plus…laide.

« Comme d’habitude… La création d’une île requiert à nous toutes une coordination exemplaire. Nous allons faire renaître une des îles d’Iglaré aujourd’hui. »

« La ville capitale de ma région ? Ca va demander du temps ! »

« Nous devons le faire… pour le Dieu Originel. »

Le Dieu Originel… Rien qu’à ce nom, les quatre filles étaient déjà en osmose entre elles. Farankard les observa, ayant un fin sourire en se disant qu’elles devaient vraiment aimer leur Père. Elles en avaient de la chance… Mais elle… Elle avait aussi quelqu’un à aimer. Les cinq personnes se coordonnèrent ensemble, une lumière émanant de chacune d’entre elles. Les trois jeunes filles parlèrent à la suite, accompagnées par Gigana :

« Pour qu’un jour, notre Père puisse revenir. »

« Pour qu’un jour, notre Père puisse se reposer. »

« Pour qu’un jour, notre Père puisse nous revoir. »

« Nous créerons et gérerons ce monde en son absence ! Que Père puisse être fier de nous ! »

Qu’elles étaient motivées… C’était plaisant à voir. Ca lui réchauffait un peu le cœur. Des jeunes filles aussi motivées… ne pouvaient qu’être heureuses en fin de compte. Elle devait faire de même ! Elle s’écria :

« Car un jour, Charkrowos et Xano reviendront ! Nous les accueillerons ! »

Les cinq personnes s’illuminèrent complètement, la pièce baignant dans un flot de lumière alors que rien, ni personne ne pouvait venir les déranger. Une nouvelle île allait être crée… Encore une nouvelle île. Mais c’était ça, son lot quotidien à elle ! Elle ne rechignait pas à sa tâche… Charkrowos lui avait permis d’avoir sa propre existence, elle ne pouvait pas refuser une telle chose même si… Xano n’était plus là, elle l’attendrait !

« Encore une nouvelle journée qui se termine. Je vais vous quitter. »

« D’accord, Farankard ! Tu reviendras demain ? »

Elle fit un petit sourire en se tournant vers Rocagiri. Cela faisait déjà trois semaines voir un mois qu’elle était revenue. Elle lui posait à chaque fois la même question depuis environ une semaine. Au départ, la relation avait été assez froide mais maintenant, cela avait bien changé. Elle répondit d’une voix douce :

« Pourquoi je ne viendrais pas ? On a encore besoin de moi. »

« Alors tu seras encore là demain, c’est super ! »

« Bon… Maintenant, il va falloir que vous alliez vous reposer. »

« Alors bonne nuit, Farankard ! »

Rocagiri s’éloigna en rigolant alors qu’Iglaré et Sterivia s’inclinaient plus respectueusement pour la remercier d’être présente le lendemain. Elle fit la même chose, se retournant pour recommencer à marcher et à s’éloigner de cet endroit. Elle vivait maintenant dans une petite maisonnette éloignée de tout et surtout, près d’une plage.

« Farankard… C’est difficile non ? »

« Gigana ? Tu ne devais pas surveiller tes sœurs ? »

« Elles dormiront tranquillement sans mon aide. Est-ce que tu veux parler ? »

Lui parler ? Ce n’était qu’une adolescente aux cheveux blancs mais bon… C’était Gigana et elle lui avait montré à plusieurs reprises qu’elle était loin d’être une adolescente ordinaire. Elle continua de marcher, ralentissant ses pas pour que Gigana la suive.

« De quoi tu veux parler ? Nous n’avons pas grand-chose à nous dire. »

« Mes sœurs ne le montrent pas mais elles sont tristes. Elles attendent encore le retour de Charkrowos. En fait… Nous avons été réunis lorsqu’il est revenu et même si ce n’était pas physiquement… Nous savions que nous étions tous ensembles. »

« Je m’excuse Gigana mais je ne suis pas douée pour être psychologue. »

« Je ne veux pas parler de ça… mais de toi. »

« De moi ? Il y a un souci ? Je ne suis pas apte à faire ce que tu veux ? »

« Non… Je veux dire… Ton comportement a changé. Tu étais bien plus… vivante auparavant. Tu étais aussi bien moins… amicale dira t-on. Ne le prend pas mal mais ce n’est pas toi. »

Ce n’est pas elle ? Pfff… Cette adolescente était très douée en ce qui concernait de lire son cœur mais ce n’était pas pour ça qu’elle allait l’apprécier plus pour autant. Elle s’arrêta de marcher, se positionnant devant elle avant de reprendre :

« Que veux-tu que je te dise ? Que sans Xano, je n’ai plus de raison de m’énerver ? Qu’il était le catalyseur de toute ma gentillesse ? Que sans lui, je n’ai plus besoin d’être méchante, égoïste et de ne penser qu’à moi-même ? »

« Papa me manque… vraiment… mais je le cache. »

« Pfff… Je n’ai plus de famille, c’est même à se demander si finalement, j’en ai réellement eu. Maintenant que je sais qui je suis, je ne considère plus vraiment ceux qui étaient avec moi comme ma famille. De toute façon… »

« Je pensais que je pourrais le revoir, en chair et en os. »

« Et tu crois que moi, je penses quoi ? Moi aussi, j’aimerais revoir Xano. »

Voilà, elle était contente ?! Elle avait annoncé à Gigana qu’elle aussi aurait aimé voir le jeune homme aux cheveux blancs. Ce n’était pas si difficile que ça à savoir pourtant ! Comme si elle pouvait penser à autre chose que lui !

« Tu dévoiles vraiment avec difficulté tes sentiments. »

« Qu’est-ce que tu je te dise d’autre ? Je ne suis pas comme ça, c’est bon. »

« Moi aussi… Je ne suis pas très expressive. Je me dis à chaque fois que je pense à Papa que si j’avais été plus expressive ce jour là, j’aurais pu éviter un drame. »

« Ce n’est pas de ta faute. On est juste deux imbéciles. »

« Mais maintenant… Si Papa revient un jour, je l’empêcherais de partir, quitte à utiliser la force même si je déteste ça. »

« Utiliser la force ? Tu as vu où tout cela à mener en utilisant la force ? »

« Ce n’était qu’une expression. »

Elle ne comptait pas réellement blesser son père. Surtout pas. Elle ne le toucherait jamais pour le blesser. Surtout pas ! C’était une chose qu’elle s’interdisait. Elle n’arrivait même pas à se mettre en colère contre lui. C’était impossible.

« Bon, il se fait tard. Bonne nuit, Gigana. »

L’adolescente aux cheveux blancs lui souhaita de même alors qu’elle se dirigeait vers sa maisonnette. Quand elle pénétra à l’intérieur, elle observa les murs de bois, passant une main dessus avant de se diriger vers sa chambre. Elle se coucha sur le lit à deux places, sa tête plongée dans l’oreiller. Encore une nouvelle journée où elle avait accompli encore des prouesses mais ce n’était pas ça qui allait le faire revenir.

« Rocagiri, nous avons de la visite. Iglaré et Sterivia… Regardez qui est présent. »

Les yeux des trois jeunes filles pétillèrent de bonheur en apercevant les six personnes qui s’avançaient vers elles. Elles… Elles ne rêvaient pas ! C’était bien…

« Granor ! Gaiarma ! Vous êtes à nouveau vivants ?! »

La plus jeune des sœurs s’était mise à courir vers les six personnes, sautant dans les bras de l’homme à l’armure verte de roche qui la souleva en souriant. Elle alla l’embrasser plusieurs fois sur les joues avant de faire de même avec Gaiarma. Elle s’était rapidement mise à sangloter en leur disant qu’ils lui avaient tant manquée. Iglaré s’était approchée de la jeune femme à lunettes et aux cheveux blonds ainsi que du jeune homme aux cheveux blancs et aux yeux violets. Avec un petit trémolo dans la voix, elle leur dit :

« Professeur… Orvonix… Vous voilà donc enfin revenus parmi nous. »

« Nous n’étions jamais réellement disparus. »

Du côté de Sterivia, elle s’était positionnée devant la jeune femme en armure grise et devant le robot. A la place de ses longs droits griffus, il avait deux mains normales bien que faites de métal. Il n’avait pas réellement changé mais elle le regarda en murmurant :

« Je veux un bilan de tout ce qui se situe dans ton corps… Birébot. »

« Circuits opérationnels, fonctions vitales stables, énergie à son maximum, je suis en parfait état de fonctionnement, maî… mademoiselle Sterivia. »

« Je suis heureuse… de savoir que tu vas bien. Et pour vous aussi, Ekriné. »

La femme hocha la tête pour dire qu’elle pensait de même à son égard. Birébot posa sa main droite sur l’épaule de Sterivia, lui signalant avec un peu de difficultés qu’il était content de savoir qu’elle allait bien elle aussi. Tout le monde était réuni… Il manquait seulement deux personnes, deux personnes qui se positionnèrent derrière Gigana. Une bulle de chewing-gum éclata à côté de son oreille, l’adolescente aux cheveux blancs ne détournant pas son regard de ses trois sœurs et des six Atouts.

« On ne réagit même plus ? On n’est pas heureuse de me retrouver ? »

« Bien sûr que si, Heyrisi. Ta sœur t’attend dans l’une des pièces de notre demeure. A toi de la trouver si tu en as le courage. »

Sa sœur ? Elle arrêta de mâchonner son chewing-gum ainsi que de sourire. Si sa sœur était là, ça changeait tout dans l’histoire ! Elle signala à Gigana qu’elle avait une course à faire alors que des ailes blanches entouraient l’adolescente.

« Comment allez vous, Gigana ? Est-ce… »

« Miviari, Papa… fait de l’excellent travail. Mais il s’épuise et je suis… inquiète. Je ne sais pas quoi penser. Il en fait vraiment trop. »

« C’est ainsi… que ça doit se passer. Il en a bientôt terminé avec les âmes normales, c’est pour ça qu’il nous a ramenés. Nous allons vous aider le plus tôt possible mais… Vous étiez toutes seules ? Vous n’aviez pas d’aide ? »

« Si. Bien sûr. Farankard était avec nous. Elle doit être… »

Les ailes blanches arrêtèrent d’entourer Gigana, l’adolescente tournant sur elle-même pour rechercher la jeune femme aux cheveux dorés. Où était-elle ? Elle avait complètement disparue de la circulation ? Miviari lui signala que ce n’était pas grave et qu’il valait mieux la laisser seule puisque c’était ce qu’elle désirait.

Elle se retrouvait assise là, sur la plage, observant l’eau qui s’écoulait devant elle. C’était l’île principale… L’île capitale… C’était là que se trouvaient la ville où était localisées Gigana et ses trois sœurs donc il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’une plage se trouve là. C’était un endroit plutôt tranquille et elle se coucha sur le sable.

« Ils viennent les uns après les autres. Xano n’est qu’un humain… »

Il n’était qu’un humain… puisque DornRek était réellement Charkrowos. C’était si compliqué qu’elle ne savait pas si ce qu’elle disait était vrai ou non. Si c’était aussi facile que ça, Xano serait de retour depuis longtemps et il serait avec elle, hein ? Il n’aurait jamais été avec quelqu’un d’autre même si… Elle s’était battue jusqu’à la mort avec lui.

« Qui aime bien châtie bien… J’espère que tu comprends ça… Xano… »

Elle se parlait toute seule, étendant ses bras en regardant le ciel. D’une main, elle prit ses cheveux dorés, remarquant qu’ils avaient grandement poussés pendant son séjour dans le corps de Charkrowos. Est-ce que… Xano préférait les cheveux longs ? Elle ne lui avait jamais posé la question. Elle ne savait même pas ce qu’il aimait.

« Je suis stupide… Complètement stupide… J’aime un homme dont je ne connais rien. »

Et c’était de sa faute. A force de lui crier dessus, elle avait complètement oublié les choses réellement importantes à son sujet. Ah… Si il pouvait seulement apparaître devant ses yeux, elle se promettait de venir le serrer dans ses bras pendant une heure sans discontinuité.

« Ca ne te fera pas revenir… Comme si ça pouvait le faire revenir de toute façon. »

« Tu dialogues avec le vent maintenant ? »

Elle se redressa subitement dans le sable, tournant son visage pour apercevoir trois personnes. Elles aussi… C’était vrai… C’était plus que normal qu’elles soient là. Charkrowos faisait de l’excellent boulot. Tout le monde revenait peu à peu. Elle ne répondit pas à la femme aux cheveux violets alors que celle aux cheveux blonds ne disait rien, l’adolescente aux cheveux bruns dorés restant immobile en lui souriant.

« Ca te va pas si mal que ça les cheveux longs. »

« Dommage que tu sois pas restée plus longtemps là-bas. Ca me faisait des vacances. Je dois t’appeler comment maintenant ? Shala ou Oriane ? »

« Et toi ? Tyrania ou Farankard ? Je pense que tu connais déjà Aliréna et Pandora. »

Bien sûr qu’elles les connaissaient, c’était évident quoi. Elle salua brièvement du regard les deux autres personnes alors que Shala venait s’asseoir à côté d’elle bien qu’elle n’était pas invitée. Quel toupet quand même !

« Je peux savoir ce que me vaux l’honneur de ta visite ? »

« J’avais simplement envie de voir comment la sac à puces se débrouillait seule sans son maître. Ca doit te faire bizarre, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas drôle. C’est même loin de l’être. »

Elle savait pertinemment qu’elle ne se moquait pas d’elle, qu’elle voulait détendre l’atmosphère mais ce n’est pas ça qui allait lui permettre de revoir Xano. Aliréna alla s’asseoir de l’autre côté de Farankard tandis que Pandora s’asseyait près de Shala.

« Qui a dit que c’était sensé être drôle ? Enfin bon… Les trois mondes recommencent à vivre et cette fois-ci, il n’y aura plus de perturbations majeures. »

« Tant mieux pour eux… Si les quatre enfants n’ont plus besoin de moi, c’est bien mieux. »

« Ils ont retrouvé tout le monde et à part quelques vagues criminelles, on n’a plus à s’inquiéter d’une quelconque catastrophe. »

« C’est bien… C’est très bien même mais ne me raconte pas ta vie. »

« Que tu es grincheuse, c’est bon quoi. J’essaye de t’aider ! »

De l’aider ? Ah ! Elle n’avait pas besoin d’aide ! Ce n’était pas de l’aide dont elle avait besoin, c’était d’autre chose. Elle s’était mise à trembler, ne regardant que sa robe rouge et bleue sans rien dire. Qu’elles partent, c’est tout ce qu’elle voulait !

« Dis Tyrania… Si je peux t’appeler comme ça… »

« Qu’est… Qu’est-ce que tu veux encore ? »

« Un être vous manque et tout est dépeuplé. Je sais que c’est dur mais bon… Xano… »

« Qu… Quoi ? Qu’est-ce cela a à voir avec… »

Elle ne termina pas sa phrase, s’arrêtant de parler avant d’exploser en larmes, sa tête enfouie dans ses genoux. C’était évident qu’il lui manquait ! Qui serait assez stupide pour ne pas remarquer que Xano était tout pour elle, qu’elle n’arrivait pas à vivre sans lui, hein ? Une main se posa sur son épaule puis une autre alors qu’elle retirait sa tête pour venir pleurer dans les bras de Shala. La jeune femme aux cheveux violets lui caressait le dos, lui signalant qu’elle devait pleurer, pleurer tout ce qu’elle pouvait. Aliréna avait baissé les yeux tandis que Pandora jouait du doigt dans le sable. Plus le temps passait, plus elle souffrait.

Chapitre 96 : Avant que le dernier jour n’arrive

Chapitre 96 : Avant que le dernier jour n’arrive

« Alors d’après mes informations, le flux du Temps a repris son cours bien qu’il soit encore assez confus. C’est une bonne chose néanmoins. De ton côté, Paria ? »

« Tout semble concorder ! Quand même… Comment le Dieu Originel a-t-il pu nous confier une telle chose ? Nous sommes des meurtriers… »

« Je ne sais pas… Peut-être qu’il voulait qu’on se rachète ? »

« Qu’on se rachète ou non, tant que moi, je suis avec toi, ça me suffit. »

Il ne lui répondit pas, continuant de regarder les différents écrans devant lui. Comment tout ceci était arrivé ? Il ne le savait toujours pas. Ils avaient été transportés avec Loxen et Frizy sans qu’ils ne puissent dire quelque chose. Maintenant, ils étudiaient les différents flux et les données qu’ils avaient pour vérifier que tout allait correctement.

« Yo ! Ronyl ! T’as pas un petit creux ?! L’est l’heure de bouffer ! »

« Loxen, tu vois très bien que je travaille. »

Il ne se retourna même pas, sachant pertinemment qui s’était adressé à lui. Devant le pas de la porte du bâtiment dans lequel ils se trouvaient, Loxen et Frizy étaient ensembles, la jeune femme aux cheveux blancs ne disant rien du tout.

« Pfff… T’es vraiment pas marrant comme mec. Toujours à rester sur ton bureau. »

« Il y en a qui ont autre chose qu’à se remplir le ventre. »

« Bon… Paria, tu viens avec nous ? »

« Désolée… Je préfère continuer à travailler avec Ronyl. »

« Impayable… Bon… On va vous rapporter de quoi vous nourrir. »

« Merci beaucoup, Loxen. Désolée… de ne pas pouvoir venir. »

Il haussa les épaules, demandant à Frizy de le suivre alors qu’il quittait le bâtiment. La jeune femme aux cheveux bruns se remit au travail, prenant divers papiers avant de les entasser correctement. C’était vraiment quelque chose de difficile… Ils étaient là en tant que précurseurs des évènements qui allaient se passer dans les deux autres mondes. Charkrowos avait été formel : Ils devaient réussir à jouer avec le Temps, l’Espace et le Néant en même temps que lui car il avait besoin d’aide à cause de son affaiblissement permanent. Ils devaient dormir le moins possible et être en constante vigilance. Il ne devait y avoir aucun problème. En échange… Ils pourraient avoir…

« Hiiiaaaa ! »

Elle poussa un petit cri, le faisant se retourner alors qu’il la voyait par terre, les papiers dispersés autour d’elle. Elle s’était violemment cassée la figure et il soupira. Il se leva de sa chaise, l’aidant à se redresser alors qu’elle s’excusait plusieurs fois. Il lui signala que ce n’était pas très grave. D’un ton triste, elle lui demanda :

« On doit faire de notre mieux… n’est-ce pas ? Tout ça à cause de mon… »

« On ne fait pas ça uniquement à cause de toi. Je suis aussi problématique que toi ! »

« Mais ce n’est pas toi… qui est stérile. »

« On fait ça pour tous ces mondes et pour le Dieu Originel. Ce n’est pas à cause de ta stérilité ! Donc ne t’en fais pas et remettons nous au travail. »

« D’accord ! Je suis désolée… Je n’aurais rien dû dire… Pardon. »

Il ne lui répondit pas, allant s’asseoir sur sa chaise sans un mot tout en recommençant à pianoter sur le clavier puis à observer les écrans. Du coin de l’œil, il observa l’air attristé de la jeune femme aux cheveux bruns et murmura après quelques secondes :

« Paria… Pour le Dieu Originel et ta stérilité… J’ai accepté car je ne veux plus que ça soit le cas. Ce n’est pas très difficile à comprendre. »

« Oui… Oui… Je me disais aussi. On va y arriver. »

« Non mais… Je ne pense pas que tu saisis mes paroles. Ce n’est pas dur : Quitte à prendre les risques et à faire ça pour une entité supérieure, ce que je veux… C’est juste un enfant de toi, pas d’une autre femme. Et même si tu… ne deviens pas féconde, ça ne fait rien. »

Bien qu’il ne lui montrait pas, il était en train de rougir, tapotant bien plus rapidement sur son clavier alors qu’elle s’était immobilisée. Elle baissa la tête en rougissant avant qu’un cri tonitruant se fasse entendre, la porte s’ouvrant à nouveau :

« J’ai tout entendu ! Je me disais bien qu’il y avait anguille sous roche ! »

« Loxen ! Tu… Tu… Tu… Je… Je crois que je… »

« C’est bon, calme toi, mec ! Je vais pas te jeter la pierre ! Je vais même pas me foutre de ta gueule pour une fois. T’es capable d’avoir des sentiments et de raisonner comme un humain, ça me suffit amplement ! Hey ! »

« Comme un humain… Tu me considérais comment avant ? Comme un monstre ? »

« A peu de choses près… Ouais, ça devait pas être loin ! »

Il se prit une légère claque de Frizy, celle-ci tenant dans son autre main différents fruits et repas chauds. Puisqu’il n’allait jamais manger avec eux, il se demandait toujours comment ils trouvaient ces fameux repas chauds. Frizy dit d’une voix douce :

« Ce que Loxen tente d’expliquer bien qu’il soit pas du genre à s’exprimer correctement, c’est que nous aussi, nous faisons tout ça pour nous-mêmes. Comme vous le savez… Je suis une Momartik et en tant que telle… Je suis un fantôme. Charkrowos nous a promis de pouvoir me rendre humaine et vivante… Comme ça je peux vivre avec Loxen. »

« C’est sûr que… Ce n’est pas cool de savoir que je vieillis alors qu’elle reste la même. »

Pour une fois, le ton de Loxen ne semblait pas amusé ou désinvolte. Il prit deux repas chauds, les tendant à Ronyl et à Paria. Il signala à Frizy qu’ils allaient manger dehors, partant le premier alors que Ronyl le regardait partir. Il se leva de sa chaise, se tournant vers Paria pour lui dire qu’ils allaient manger avec eux pour une fois et qu’elle devait déposer les papiers sur le bureau à côté de ses écrans. Elle s’exécuta, le couple allant rejoindre l’autre pour une séance de déjeuner en plein air.

« Hey ! Qu’est-ce que je dois faire ? »

« Dépose donc tout ça dans un coin. »

« Pfff… Vous faites que travaillez dans cet endroit. En plus, le terrain est à moitié détruit. Heureusement qu’Elena et Helena sont là. »

La personne qui s’était adressée à Ronyl était tout simplement un jeune garçon aux cheveux bruns et aux yeux rouges. Ses nombreuses bandelettes entouraient quelques caisses qu’il alla installer dans un coin de la salle, observant les différents écrans.

« Pourrais-tu partir ? J’ai encore beaucoup de travail. »

« Je m’en vais, c’est bon. Pfff… Je sais pas ce qui me retiens de… »

« De quoi, Bal ? Tu as un petit souci ? Je t’ai pourtant dit que ça ne servait à rien maintenant que tout est terminé. Tu es bien indiscipliné ! »

« Aie, ma mère… Je crois qu’elle m’a entendu. »

Il disparu subitement dans une faille alors qu’une femme aux longs cheveux bleus pénétrait dans le bâtiment, demandant à Ronyl où se trouvait Bal. Celui-ci répliqua qu’il ne savait pas et qu’il n’avait pas que ça à faire ! Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi Charkrowos avait ramené ces personnes à la vie mais maintenant… Il savait pertinemment : Ces personnes étaient capables de redonner vie à la végétation luxuriante qui avait disparu. Il y avait aussi les rivières et autres. D’après ce qu’il avait compris, le domaine céleste était peu peuplé, néanmoins, il était beau et riche en décors majestueux.

« Bon… Si tu le trouves, préviens moi ! Je vais lui passer un savon ! »

« Oui… Oui… Je le ferais… Je le ferais… Veuillez partir maintenant. »

Terranuelle quitta la pièce alors qu’un soupir de soulagement se faisait entendre. Derrière Paria se trouvait le jeune garçon qui remercia l’ancienne Evoli. Celle-ci lui fit un petit hochement de la tête pour lui dire que ce n’était rien.

« Bon, c’est pas ça mais mes sœurs m’attendent, je vais m’éloigner ! »

Il quitta la pièce, un cri se faisant entendre en même temps qu’une plainte. Terranuelle venait de l’avoir ! Il s’était fait berné par sa mère ! Saleté ! Comment avait-il pu tomber dans un piège aussi grossier ?! Sa mère n’était pas n’importe qui ! C’était… sa mère quoi ! Elle savait tout de lui ! Elle savait tout ! Et zutttttttttt !

« Combien de temps cela fait que nous sommes ici ? »

« Deux mois, Ronyl. Le temps passe vite, n’est-ce pas ? »

« Disons plutôt qu’à force… On ne le voit plus passer. »
« Vous en avez assez faits. C’est à nous de prendre la relève. »

Une voix masculine se fit entendre dans la pièce… Une voix impériale qui avait des allures de divinité. Néanmoins, il poussa un léger soupir exaspéré, comme si il en avait assez d’être dérangé à chaque fois. Il se retourna, prenant la parole :

« Et cette fois-ci… Qui est-ce ? Car j’ai du boulot. »

« Je me nomme Diarès… Et mon frère se nomme Palars. »

« Et… ? Qu’avez-vous fait de si importants ? Charkrowos m’a confié un objectif précis. »

« Et nous sommes là pour te remplacer. Nous sommes le Temps et l’Espace. »

Ils se moquaient de lui ? Le Temps et l’Espace ? Paria s’était rapprochée de lui, légèrement inquiète à cause des yeux noirs que Diarès et Palars avaient. Ronyl se redressa de sa chaise comme à son habitude, haussant un sourcil avant de dire :

« Rien que ça ? Et avez-vous une preuve de ce que vous avancez ? »

« Tu gères et manipules le flot du Temps sous les ordres de Charkrowos. »

« N’importe qui en ce lieu pourrait le savoir. »

« Soit… Dois-je donc te faire replonger dans un souvenir douloureux de ton passé ? »

Hum ? Souvenir douloureux ? Il tiqua légèrement, ses deux poings se refermant alors qu’il observait Diarès. Non… Ce type ne plaisantait pas : Il était des plus sérieux. Il ne voulait surtout pas avoir affaire à son passé ! Plus maintenant ! Il en avait terminé !

« Et maintenant ? Vous allez prendre ma place ? Et donc, Charkrowos ne fera rien au sujet de sa promesse, c’est ça ? Puisque je ne gère plus… »

« Ce n’est pas correct. Nous reprenons simplement nos places qui nous sont dues… Néanmoins… Quelqu’un vous attend dehors. »

Quelqu’un qui les attendait dehors ? Sans même leur répondre, il indiqua du regard à Paria de le suivre alors qu’ils quittaient la pièce. Maintenant, ils allaient faire quoi ? Il n’aimait pas du tout être manipulé de la sorte. Loin de là même ! Lorsqu’il sortit, il eut la grande surprise de voir trois personnes devant lui : Une femme aux cheveux auburn, un homme aux cheveux bleus et une femme aux longs cheveux argentés… qu’il connaissait bien.

« Déesse Juperus ? Nous avons accompli ce que vous vouliez. Nous avons même fait bien plu que prévu. Je pense qu’il est normal que nous obtenions notre gain. »

« Je viens à peine de réapparaître que vous m’agressez déjà, Ronyl ? Ne vous en faites pas pour cela… Hosol va se charger de tout cela. Pour le cas de Loxen et Frizy, c’est moi-même qui vais gérer cette affaire. Nous sommes de retour et nous allons remettre correctement le domaine céleste. C’est tout ce qu’il nous a demandé. »

« Charkrowos ? Tsss… Dans la famille, vous êtes tous des magouilleurs. »

« Si la jeune demoiselle veut bien me suivre. »

Hosol s’était approchée de Paria, tendant sa main pour que la jeune femme l’accompagne. Celle-ci était plutôt réticente à accompagner Hosol et cela pouvait être compréhensible : Elle avait été une ennemie mais Ronyl lui murmura qu’il n’avait pas à s’en faire. Finalement, elle partie en rejoignant Hosol alors que Ronyl croisait les bras. Juperus lui demanda :

« Y a-t-il un souci, Ronyl ? Ton vœu va être accompli. »

« Comment va le dieu Originel ? Les flots étaient très perturbés ces derniers temps. »

Une ombre passa dans le regard de Juperus, la femme fermant les yeux à moitié en regardant Ronyl. Il était direct : C’était une qualité… comme un défaut. Elle murmura :

« Le Dieu Originel… est convalescent. Les Atouts sont revenus, les As aussi, il en est responsable. Tous ceux qui sont morts à cause de cette guerre reviennent peu à peu. »

« Même ceux qui ont commis des crimes ? C’est un peu hâtif comme décision. »

« Pè… Charkrowos est ainsi. Il ne juge pas les personnes mais je… »

Elle n’osait pas dire qu’elle était inquiète. Ce n’était pas son genre mais c’était ainsi et elle ne pouvait le cacher à Ronyl surtout que l’homme était l’un des plus intelligents qu’elle n’ait jamais connue de ses derniers siècles. Ronyl continua :

« Si son état de santé est trop grave, il ferait mieux de s’arrêter. Tout cela peut attendre à ce que je sache. Il reste beaucoup de personnes ? »

« Quelques Atout assez personnels, de nombreux humains et … Il veut essayer de ramener Giradès à la vie même si cela… le malmène. »

« Le malmène ? D’après ce que j’ai compris, vos âmes… »

« Giradès continue de dévorer l’âme de Charkrowos. En sachant que l’âme de Giradès était déjà très affaiblie, il se peut que les deux disparaissent définitivement. »

« Et pour… l’âme de Xano ? Comment cela se passe ? »

Encore une question très dérangeante. Il était spécialiste dans ces choses ? Lucate n’avait rien dit, il s’était même éloigné pour laisser les deux personnes discuter entre elles. Juperus passa une main dans ses cheveux argentés avant de dire :

« C’est encore plus compliqué… Dans le cas de Giradès, Charkrowos se rappelle exactement de sa forme physique et de son vécu. Dans le cas de Xano, il faut lui reconstruire un corps, lui insuffler tous ses souvenirs alors qu’une bonne partie provenait de Charkrowos. Tout est bien plus compliqué dans le cas de Xano. »

« Cet homme a toujours été une source de problèmes. »

« Ronyl ! Ronyyyylllll ! C’est bon ! »

La jeune femme aux cheveux bruns courait vers lui, s’enfonçant dans ses bras alors qu’il paraissait surpris. Elle n’était pas du genre à se montrer trop en public surtout qu’elle savait qu’il n’appréciait pas vraiment ça. Hosol était revenue près de Juperus, annonçant :

« Le Feu Sacré m’a permis de faire fonctionner ses deux trompes. »

« Tu as entendu, Ronyl ? Ca veut dire que maintenant, je peux en avoir. »

« Oh, s’il te plaît, lâche moi un peu avec ça. Quand même… »

Il évita de soupirer, posant une main sur son front en se disant que ce n’était pas le genre de choses qui se disaient en public. Elle pouvait quand même éviter d’en parler. Juperus eu un léger sourire avant de dire :

« Je vais maintenant aller voir Loxen et Frizy maintenant. Merci encore pour tout ce que vous avez fait. Charkrowos… et nous tous vous sommes redevables. »

« L’humanité n’est peut-être pas si mauvaise… et les pokémons non plus. »

« Je n’ai pas fait ça pour vous mais pour Paria. »

Ronyl infirmait les propos d’Hosol, celle-ci haussant un sourcil avant d’émettre une mimique sur son visage pour dire qu’il l’amusait. Juperus demanda à Ronyl si il voulait qu’elle lui corriger ses infirmités comme sa bosse ou ses doigts en trop. Pour toute réponse, il lui signala que cela faisait ce qu’il était. Paria remercia finalement une nouvelle fois Hosol alors que celle-ci s’éloignait en même temps que Juperus. La jeune femme aux cheveux bruns restait dans les bras de Ronyl, ne bougeant plus en fermant les yeux. Elle était si contente ! Si heureuse… Maintenant, il n’y avait plus rien entre eux.

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, Loxen se présenta accompagné d’une femme qui semblait avoir son âge… Oh… Elle n’était pas vieille, loin de là… Elle était simplement encore plus féminine dans ses traits gracieux et princiers. Paria s’exclama en signalant que c’était Frizy alors que celle-ci hochait la tête. Loxen éclata de rire en annonçant que tout était bon pour lui, que finalement, il avait obtenu ce qu’il voulait ! Maintenant, il n’y avait plus besoin de rester ! Ou non ? Les deux hommes se regardèrent dans les yeux pendant quelques secondes avant de hocher la tête en concert. Ils devaient rester.

Chapitre 95 : Une princesse ouvrière

Chapitre 95 : Une princesse ouvrière

« Où en sont les bâtiments ? J’ai besoin de vite savoir ! »

« On fait de notre mieux mais la partie Est devrait être bientôt reconstruite. »

« Pfiou… Je ne veux pas de bientôt… Je m’y mets tout de suite ! »

Elle retroussa ses manches blanches, ayant abandonnée sa tenue habituelle pour quelque chose de moins confortable et moulant. Maintenant, elle avait un haut noir à manches blanches ainsi qu’un jean noir. La personne qui s’était adressée à elle était tout simplement Rek, celui-ci jouant avec sa console portable. Elle la prit d’un geste rapide avant de dire :

« Stop la console, Rek ! Je me demande ce qui est passé par la tête d’Iny pour que tu restes avec moi alors qu’elle s’occupait avec Oria et Nelya d’une autre partie ! »

« Hey ! Mais c’est ma console ! Rend la moi ! J’ai pas sauvegardé ! »

« Et en quoi ça m’intéresse ?! Si tu n’aides pas, tu n’auras plus de piles ! Ca serait bête que je t’arrête ta partie en cours hein ? »

« C’est ok ! C’est ok ! Je promets de venir t’aider ! Je vais plus flemmarder ! Promis ! »

Quelle tortionnaire ! Qu’est-ce qui était passé par la tête d’Iny de le laisser ici avec elle ?! Luna le regarda longuement avant de lui tendre sa console. Il passa une minute à enregistrer sa partie avant de soupirer. Il éteignit sa console, la rangeant dans une poche en grognant :

« Les gens reviennent de plus en plus. Les pokémons aussi… Et la végétation repousse. On n’a pas besoin de moi à ce que je sache. »

« Tais toi, je t’ai dit ! Tu es bien plus fort que n’importe quel humain ou pokémon. C’est pareil pour moi ! Même si ça fait ça va faire un mois que j’ai perdu les autres âmes pour que Charkrowos puisse les récupérer, je travaille moi ! »

« Pire qu’une colonie d’Apitrinis dans un seul corps. J’ai pas de bol, je crois. »

« AU BOULOT ! Et plus vite que ça ! »

Elle lui donna un léger coup de pied dans le derrière, le jeune homme à la mèche bleue poussant un gémissement de douleur en sentant la douleur qui arrivait jusqu’à ses fesses. Elle pouvait faire quand même un petit peu plus attention quoi ! Il était fragile ! Autant que la console portable dans sa poche !

« C’est bon, c’est bon, j’y vais quoi ! »

« On a du pain sur la planche, la construction majeure requiert toute notre puissance pour ça ! Tu ne pensais pas que tu allais te la couler douce parce qu’Iny et Oria ne sont plus là hein ? Tu t’es mis le doigt dans l’œil ! Je suis Luna, la princesse des Insectes et en tant que telle, il est de mon devoir de faire que l’ordre règne dans ce monde ! C’est ce que m’a confié Charkrowos et j’accomplirais cette mission ! »

Pfff… Elle était complètement folle et zélée ! Elle allait le tuer à la tâche ! Le pauvre, comment est-ce qu’il allait faire sans ses six heures de jeu quotidiennes ?! Il n’allait pas survivre ! C’était impossible pour lui ! ARGGGGGGGGGGGGG ! Il poussa une longue plainte, résonnant comme un cri du cœur. En plus d’un mois, de plus en plus de gens étaient revenus… Ils avaient la mémoire effacée mais au moins, ils les aidaient. Grâce aux pokémons, les constructions étaient grandement accélérées. Il y avait même quelques Atouts qui étaient revenus ! C’était bizarre mais ce n’était pas un mal.

« Je suis crevé ! Vraiment crevé ! »

« Hého, ce n’est que le début. Quitte à perdre plusieurs années, tu devras te motiver. »

Elle lui tendait une canette de coca, le jeune homme aux cheveux bruns l’acceptant en la regardant brièvement. Il n’avait même plus la force d’allumer sa console pour la soirée.

« Bois un peu de ça. Ca te remettra en forme. »

« Pfff… J’en ai déjà marre et ça fait à peine un mois que je bosse. »

« Tu vas devoir te forcer mon grand, on est encore loin d’en avoir terminé. »

« Et dire que la première fois que je t’ai vu, t’étais super timide. T’as trop changée depuis le temps. C’est à se demander si t’es la même personne. »

« Hého, j’ai grandie, je te rappelle. Ce n’est pas parce que tu étais déjà un adulte que moi, j’avais terminé ma croissance ! »

« T’excite pas comme ça, c’est tout bon. Pfff… T’es trop excitée. »

Il ouvrit sa canette, la buvant cul sec en râlant de plaisir. Que ça faisait du bien à son gosier ! Heureusement qu’il avait au moins de quoi boire ! Vivement que tout soit terminé, il retournerait alors à sa vie bien pépère et tranquille ! Des nouveaux jeux qui allaient sortir, une nouvelle console portable et puis…

« MERDE ! Je n’y ai pas pensé mais… mais… »

« Qu’est-ce qu’il y a ?! Qu’est-ce qui te met dans cet état ? »

« Si le monde a été détruit, cela veut dire que les studios de jeux vidéos ont été détruits, donc qu’il n’y a pas de nouveaux jeux qui sont planifiés ! »

« Et alors ? Où est le problème ? On va les reconstruire, tout le monde est en train de reconstruire. Berthra est arrivée donc tout est bon, ça veut dire que tout se reconstruit de plus en plus rapidement. Elle est très puissante ! »

« Ouais mais enfin bon… Ce n’est pas ça qui va me rendre heureux. »

Mais c’était quoi ce type ?! Toujours à penser à ses fichues consoles ! Il ne pensait à rien d’autre ! Elle commençait à en avoir marre de voir un garçon comme lui se rendre complètement accro à un truc électronique ! Elle lui prit la main, le forçant à se lever avant de lui crier qu’ils allaient prendre l’air malgré la nuit, ça lui fera le plus grand bien !

« Nelya… Encore plongée dans ces dessins ? »

« Ces… schémas plutôt. Je réfléchis à tout ce que nous devons construire. »

« Arrête de te compliquer la vie ! Il est plus de minuit. Tu devrais aller dormir au lieu. »

« Je suis d’accord avec Oria. Regarde là, elle dort à moitié. »

« Hey, pas de ma faute ! J’ai peut-être obtenue un peu de votre force mais c’est tout. Je ne peux pas soulever des montagnes ou autres, moi ! »

« Ce n’était pas une plainte, Oria. Simplement… Il est vrai que tu tiens moins la distance que moi et que moi, je tiens moins la distance que Nelya. Il n’y a qu’à la regarder. »

« Pourriez vous partir et éviter de me déranger… s’il vous plaît ? »

D’accord, d’accord, c’était bon. Elles avaient compris ! Les deux femmes saluèrent celle qui était assise sur une chaise. Sur le bureau devant elle, de nombreux papiers étaient entassés correctement alors qu’elle avait un crayon en main. Un mois s’était écoulé et tout recommençait à se peupler. Il fallait reconstruire, trouver des explications pour leur dire que tout était détruit et autres… Pfiou… C’était compliqué mais chacun avait un rôle à accomplir. Elle soupira longuement, se penchant en arrière sur sa chaise :

« L’Avenir ne m’avait jamais prédit que je devrais me retrouver sur une chaise. »

Elle se parlait toute seule, posant une main sur son ventre en l’observant avec tristesse. Un mois s’était écoulé mais elle n’arrivait pas à se retirer Xano de son esprit. C’était vrai… qu’au final, c’était peut-être de sa faute ? Elle n’avait pas les mêmes idéaux que les autres Reines. Elle voulait simplement un enfant… Un être dont elle aimerait s’occuper mais comme elle était avare de sentiments… C’était trop dur.

« Je crois qu’au final, j’ai besoin de me reposer. »

C’était une phrase qui sonnait comme une évidence alors qu’elle se levait de son fauteuil. Elle se dirigea lentement vers le lit qui se trouvait non loin de son bureau, se couchant dessus sans même retirer la couverture. Elle n’aimait pas dormir lorsqu’il n’y avait personne à côté d’elle. La présence d’autrui lui manquait…

« Quel… joli plafond. Hum… Voilà que je mets à dire des absurdités sans importance. »

Vraiment… Qu’est-ce qui lui arrivait ? Etait-ce normal ? De commencer à parler comme des humains car elle se sentait seule ? Car elle n’avait plus ses camarades à côté d’elle ? Elle appréciait Oria et Iny mais elle n’avait pas vécues avec elles plusieurs années. Tyrania… Luna… Oriane… Et Xano… Les quatre personnes lui manquaient, elle le reconnaissait volontiers. C’était stupide… Elle était une ancienne Xatu et pourtant, elle avait besoin de ses sentiments si elle voulait se donner envie d’accomplir tout ce que le Dieu Originel lui avait demandé. Elle ferma ses yeux, s’endormant en gardant ses mains sur son ventre.

« On m’avait dit que tu étais là, Nelya. Je vois que tu travailles encore. »

« Qui est-ce qui me demande ? Je ne crois pas avoir… »

La nuit s’était passée tranquillement mais elle avait déjà recommencé à travailler dès le lever du soleil. Elle s’arrêta d’écrire, se retournant avant de se redresser, la surprise se lisant sur son visage. Cette femme aux cheveux bleus… à l’allure impériale… Et ses yeux rouges. Keli ? Mademoiselle Keli était là ? Charkrowos avait déjà fait ? Tout ça ?

« Tu travailles beaucoup trop, Nelya. Je te l’ai déjà dit. »

« Cela n’est pas un problème. Mais vous êtes donc revenue à la vie ? »

« Et je ne suis pas venue seule. »

« Bon… Bonjour, Nelya. C’est moi. Je suis là pour t’aider. »

De l’aide ? Les lunettes translucides et rouges de Malasa se firent voir derrière Keli alors que la jeune femme se montrait devant Nelya. Elle portait un T-shirt vert qui recouvrait sa poitrine contrairement à son habituel haut qui en montrait beaucoup trop.

« Malasa ? Et mademoiselle Keli ? Que faites vous ici ? »

« Charkrowos te l’a pourtant signalé. Nous sommes là pour vous épauler. Il nous a redonné la vie à nous, comme à tous les êtres des trois mondes. Enfin, il reste quand même quelques petites choses à faire mais c’est en bonne voie. »

« C’est alors une bonne chose mais… Je n’ai pas besoin d’aide pour tout ça. »

« Tu as toujours besoin d’aide. Malasa, tu lui montres ce que tu sais faire ? »

« Aucun problème ! Nelya… Est-ce que tu veux bien te pousser ? »

Malasa s’adressait à elle d’un ton respectueux et craint. Elle avait encore peur d’elle ? C’est vrai qu’elle n’avait pas résolu son problème avec elle. Elle lui fit un léger sourire, se mettant à côté de Keli en disant d’une voix lente :

« Tu peux accéder à mon bureau. »

« Je vais te montrer comment on dessine ! »

« Elle sait très bien dessiner, cela s’explique par le fait qu’elle avait l’habitude de tracer différentes choses dans le sable. Et je ne te parle pas de ses constructions, du grand art. »

« Je peux la laisser… alors ? Mais j’ai du travail… »

Keli lui prit le bras, lui indiquant qu’elles avaient pas mal de chose à discuter entre femmes, Malasa signalant qu’il n’y avait aucun souci ! Il y avait tout à refaire de toute façon dans les dessins de Nelya ! L’ancienne Xatu devait-elle se sentir vexée ? Elle haussa les épaules, accompagnant Keli en-dehors de la chambre qui lui servait de lieu de travail. Malasa s’était mise à griffonner plusieurs choses, mettant un désordre dans les nombreux papiers de Nelya. Oh mon dieu… Qu’est-ce que cela allait donner.

« Ca faisait vraiment longtemps, Luna. »

« Mais c’est… Valésia ! Tu es revenue aussi ?! »

La jeune femme aux franges blanches se jeta dans les bras de celle avec les cheveux serpentés, les deux femmes rigolant entre elles. A côté de Valésia se trouvait le jeune homme à lunettes, celui-ci la saluant d’un petit geste de la tête. Luna alla embrasser Parapapa sur la joue, celui-ci reculant légèrement en rougissant.

« Bonjour à toi aussi, Luna. Qui est ton ami ? »

« Ah ! Cette feignasse, c’est Rek, un ancien pokémon comme moi. »

« Un Etouraptor d’après ce que je vois… »

« Et toi, t’as tout l’air d’un geek mais on me l’a fait pas à moi ! Je suis sûr que t’es même pas capable de terminer le premier niveau d’un jeu pour les moins de cinq ans. »

« Arrête tes bêtises, Rek. On n’est pas là pour jouer. »

« C’est un défi ? Si c’est le cas, je le relève. »

Hein ? Et zut… Comment ça Parapapa allait se battre contre Rek ? Celui-ci sortait déjà sa console portable, retirant une disquette de jeu pour en insérer une nouvelle alors que Parapapa s’approchait de lui. Luna poussa un soupir, Valésia reprenant la parole :

« Laisse les se distraire entre eux ces imbéciles ! Nous deux, on va aller boire un petit peu ensemble. Qu’est-ce que tu en penses ? »

« J’en pense que j’ai du travail… mais que vu comme c’est parti, on pourra pas les décrocher de ce fichu gadget pendant deux heures. »

« Alors, on va discuter un peu ? Tu en as des choses à me raconter depuis tout ce temps ! »

« Mais… Si vous êtes là, est-ce que ça veut dire ? »

« Et oui ! Berthra est retournée dans le monde de Gigana tandis que Snakiante est venu aussi. Ils sont tous là donc on n’a pas à s’en faire. Nous sommes là pour vous épauler ! »

« Je crois que c’est pas de refus. Bon, les garçons, on s’en va. »

Ouais, ouais ! Qu’elles partent, ce n’était pas une grande perte. Les deux jeunes hommes étaient plongés sur l’écran de la console tandis que Luna et Valésia préféraient ne pas répondre à cette pathétique provocation infantile. Les deux jeunes femmes s’éloignèrent sans s’intéresser plus longtemps aux deux fous des jeux vidéo. Maintenant que Valésia était là, elles allaient avoir à discuter toutes les deux.

Chapitre 94 : Reconstruire

Chapitre 94 : Reconstruire

« Où… sommes nous ? »

« Ca ressemble à un jardin. »

La sphère dorée venait d’éclater comme une bulle, les membres des Taisos et les deux Reines pouvant bouger librement alors que Luna soulevait le corps de Farankard pour la transporter avec eux. Où avaient-ils atterris ? C’était une bonne question…

« On reste sur nos gardes au cas où. Je prends les commandes du groupe. »

« Ronyl… Tu es déjà très blessé ! »

« Ce n’est pas un problème. »

Paria s’inquiétait pour lui mais qu’importe, il n’allait pas se laisser abattre de cette manière alors qu’ils étaient encore envoyés dans un autre monde. Le petit souci, c’est que ce monde aussi féerique soit-il… était en train de se détruire ? Il ne savait pas pourquoi mais certaines fleurs commençaient à se faner comme si l’automne arrivait en ce lieu.

« AH ! Il y a des corps ! Faites attention ! »

Luna venait de crier, désignant quatre corps au loin alors que tout le monde restait regroupé pour éviter de se faire attaquer par surprise. Loxen signala qu’il allait passer devant les autres, demandant à Frizy de l’accompagner. Lorsqu’il s’approcha des quatre corps, il cria pour que le reste du groupe puisse entendre :

« C’est juste quatre gamines ! AIE ! Mais pourquoi Frizy ?! »

« Juste ?! Tu vois des personnes couchées dans un endroit comme ça et tu dis juste ?! »

« Mais je ne l’ai pas fait exprès… Rah ! Y en a une avec des cheveux blancs, elle semble plus âgée que les autres. Sinon les trois autres filles doivent avoir dix ans au grand maximum. »

« Gigana ! C’est Gigana et les autres ! »

« Mais qu’est-ce qu’elles font là ? »

« Lorsque Gigana est morte, Xano a signalé qu’il avait transporté les quatre corps dans sa propre dimension. Comme sa dimension est celle du Dieu Originel, il est donc normal que… Hum… Voilà… Nous avons la réponse à notre question. Nous sommes dans la dimension du Dieu Originel. Comme Charkrowos est en train de disparaître, sa dimension s’affaiblie. Je pense néanmoins qu’il a prévu quelque chose car il ne serait pas du genre à nous faire mourir ainsi. Si il y a les quatre corps, cela veut dire que… »

Que, quoi ? Elle ne savait pas la suite ? C’était assez rare de la voir s’arrêter au beau milieu de la discussion mais ce n’était pas pourtant une mauvaise chose. Elle-même ne savait pas ce que Charkrowos avait prévu. Luna déposa le corps de Farankard à côté des quatre filles, poussant un léger soupir en se disant que ce n’était pas du luxe de ne plus avoir à la porter.

« On fait quoi maintenant ? On est bloqués. »

« On patiente et on attend, ce n’est pas trop dur à faire. »

« Oui mais quand même… Tout ceci est inquiétant. »

« C’est vrai que vous n’y êtes pas habitués mais pour moi et Nelya, c’est devenu quelque chose d’assez commun. Je crois qu’avec Xano, on a vécu des choses vraiment… effroyables dont vous n’avez même pas idée ! »

Elle semblait assez motivée malgré tout ce qui s’était passé et c’était une bonne chose. Il ne fallait pas prendre la vie du mauvais côté, surtout dans ces moments là. Mais bon… Ce n’était pas ça qui allait arranger leurs affaires, loin de là même. Luna se coucha sur le sol, observant le ciel en poussant un nouveau soupir. Tout était terminé… enfin… Mais en voyant tout ce qui avait été détruit, le constat était loin d’être super sympathique.

« Je n’aime pas attendre à ne rien faire. »

« Il le faudra bien. On n’a pas le choix, nous sommes ici et nous ne pouvons pas en sortir. »

« Quand même… Nelya… Je me disais… Tu crois que le … Dieu Originel est mort ? »

« Je ne sais pas du tout. Ce qu’il a fait va au-delà de tout raisonnement logique et compréhensible. Je ne peux rien dire à ce sujet. »

« J’ai l’impression… qu’il était content ou heureux… »

« Toute cette histoire ne nous concerne pas. »

« Mais nous sommes des Reines ! »

« Ce ne sont que des titres, Luna. Simplement des titres. »

Nelya alla s’asseoir à côté du corps de Farankard, l’observant de ses yeux bleus. Qu’est-ce que l’ancienne Feunard aurait fait dans ces moments là ? Elle ne serait pas restée un seul instant en ce lieu, elle aurait tout fait pour en sortir. C’est vrai… Et Shala aussi. A force de passer du temps avec Xano, Tyrania et Oriane, elle s’était… attachée à eux mais maintenant, ils n’étaient plus présents. La vie allait être bien triste… Les Taisos s’étaient réunis entre eux, c’était chose normale puisqu’ils se connaissaient bien.

« Rien que l’idée que les pokémons puissent devenir des humains n’est déjà pas une chose scientifique, Ronyl ! Admet le ! »

« Je l’admet, je l’admet… Mais je tenterais de savoir pourquoi… »

« Car nos pokémons sont attachés à nous, que tu le veuilles ou non ! Il en est de même pour Paria et toi. C’est parce que vous avez des sentiments l’un envers l’autre que Paria est devenue une humaine. Tu l’as déjà embrassée, Ronyl ? »

Voilà qu’Oria se mettait en mode commère et ricanait alors que Ronyl posait une main sur son visage et ses yeux pour montrer à quel point elle était pathétique. Paria ne répondit pas, baissant la tête en rougissant. Loxen éclata de rire en s’exclamant :

« Mouahahaha ! Ronyl a roulée une pelle à Paria ! »

Il se prit un violent coup de poing de la part de Frizy, celle-ci prenant la parole à sa suite :

« Mais tu vas te taire, bon dieu ?! Ils ne sont peut-être pas aussi délurés que toi les pauvres ! »

« Ca… Ca ne fait rien… Ce n’est pas de sa faute. Euh… Puis oui… Ronyl m’a… »

C’était ça l’alchimie entre deux personnes. A part Oria, Iny et Rek, les deux autres étaient des couples… Des couples forts différents mais des couples. Tout le monde n’avait pas été perdant dans cette affaire. Luna les observa en soupirant :

« Ils ont l’air de bien s’amuser entre eux. »

« Ils ne comprennent pas tous les mécanismes complexes qui les entourent. Ce ne sont que des humains et des pokémons… Nous aussi, nous le sommes. »

« J’ai l’impression que nous avons été mises de côté trop longtemps, Nelya. »

« Depuis le début même… Mais nous sommes… ses Reines. »

« Nelya ? Luna ? M’entendez vous ? »

Hein ?! Les deux femmes sursautèrent subitement, se tentant la tête entre les mains. C’était quoi cette voix ?! Elles n’avaient pas rêvées ! C’était bien de la télépathie ? Mais cette voix ? C’était celle de Charkrowos. Comment c’était possible ?

« Vous semblez surprises… Mais bien moins que les Taisos. »

Les Taisos ? Ah oui… Ils s’étaient arrêtés de parler entre eux. Pour une surprise, c’en était une. Le Dieu Originel n’était pas mort, c’était donc une bonne nouvelle. Mais où était-il ? Où est-ce qu’il se trouvait ? Les regards se tournaient dans tous les sens sans réponse.

« J’ai une dernière… mission à vous confier. »

« Mais où est-ce que vous vous trouvez ? Pourquoi ne vous vous montrez donc pas ? »

« Car je suis en train de réguler le flot de l’Espace, du Temps et du Néant. Je suis en train de tout remettre dans l’ordre mais je vais avoir besoin de vous… en attendant que tous et toutes se réveillent de ce cauchemar sans fin. »

« Qu’est-ce que vous vous nous voulez ? Comment pouvons nous aider ? »

« C’est très simple… Je vais avoir besoin de toute l’aide nécessaire pour reconstruire ces mondes et surtout leur permettre de tout remettre en place. Cela sera une tâche très difficile et éreintante. En contrepartie… Vous pourrez me demander ce que vous vous voulez. »

« Comme si nous avions besoin de quelque chose. »

« Réfléchissez néanmoins à cette proposition. »

« Il n’y a pas à y réfléchir, on accepte tout de suite ! »

Luna et Nelya étaient d’accord pour l’épauler mais du côté des Taisos, c’était un peu différent. Chacun avait ses propres réclamations mais ils semblaient se résoudre à l’aider. Tant mieux, ensemble, ils allaient pouvoir faire un excellent travail. La voix de Charkrowos se fit entendre, maintenant tonitruante dans la dimension :

« Soit… Vous allez donc tous êtres réunis et vous découper en trois groupes. »

« Nous sommes neuf. Nous pouvons donc couper en trois groupes de trois. »

« Nous… Vous vous trompez… Vous êtes quatorze. »

« Quatorze ? Comment ça ? »

« Il veut parler de Gigana et de ses sœurs ainsi que de Farankard. »

Les cinq cadavres ? Il y avait donc une raison pour qu’ils ne disparaissent pas ? Qu’est-ce qu’il comptait faire ? En y réfléchissant plus sérieusement… Ses paroles avaient été claires pourtant. Il était capable de leur…

« C’est exact. Je vais ramener Gigana et ses sœurs à la vie. Il en sera de même pour Farankard. Je pense que… »

« Mais je croyais que l’âme de Farankard n’existait plus ?! »

« Je pensais que c’était le cas…. Mais je me suis fourvoyé. Je crois que chaque partie de mon âme s’est crée une individualité propre qui fait que même lorsque je me suis réuni… Elles étaient encore là. Voilà toute l’explication. »

« Ca veut donc dire que Xano peut revenir aussi ?! »

Il n’était pas difficile de savoir qu’elle était si heureuse d’apprendre cette nouvelle. Si Farankard pouvait revenir, cela voulait dire que Xano allait revenir aussi ! Revenir, revenir… Ce mot restait dans sa mémoire comme un automatisme mais le Dieu Originel ne lui répondit pas, s’adressant à elle par télépathie.

«

Chapitre 93 : Tout s’achève

Chapitre 93 : Tout s’achève

« Puisque c’est ainsi… Combattons nous. »

Il ferma les yeux, transformant ses deux mains en de fines lames blanches, courant en direction de Giradès qui transformait ses deux mains en griffes. Les membres se percutèrent, ricochèrent les uns contre les autres tandis que des gémissements se faisaient entendre du côté de Giradès. Celle-ci avait de plus en plus de mal à rester consciente, ses yeux rubis à moitié clos alors qu’il profitait de cela pour l’attaquer.
Ah… Ah… C’était bien trop difficile. Elle avait envie de fermer ses yeux, de disparaître maintenant mais elle savait bien que ce n’était pas possible. Elle devait user de tout ce qu’elle pouvait pour combattre Charkrowos et être sûr qu’il se dirigeait vers le bon chemin dorénavant. Elle poussa un cri strident, plusieurs trous dimensionnels se formant au-dessus d’elle pour laisser tomber de nombreuses météorites.

« PERE ! Disparais si tu n’as pas la volonté ! »

« La volonté ?! Je l’ai mais ce n’est pas ça qui anime seulement mes lames ! »

C’était bien beau de prononcer de telles paroles mais pour éviter une pluie de météorites, c’était déjà autre chose ! Il fit plusieurs sauts en arrière et sur les côtés, remarquant que les météorites à défaut d’être grandes tombaient en grande quantité sur le terrain. L’une le frappa à l’épaule, lui arrachant une plainte alors qu’il fermait ses yeux pour tenter de se concentrer correctement. Un… Deux… Un… Deux… Voilà comme ça !

« Père… Vous vous permettez de croire que vous pouvez tout esquiver sans difficultés. Vous oubliez une chose… Je suis encore là ! »

Elle passait du tutoiement au vouvoiement, du vouvoiement au tutoiement… Est-ce qu’elle… commençait à perdre la raison ? C’était peut-être ça… Au final… Elle était déjà peut-être très atteinte par son âme dévorée par les trois autres ? Elle courue en direction de Charkrowos, prête à l’attaquer et à le griffer pendant qu’il fermait les yeux mais l’une de ses propres météorites alla la frapper dans le dos, la faisant s’écrouler au sol.

« AHHHH ! Zut zut zut ! J’ai complètement… »

« Fatiguée ? Tu es fatiguée ? Je peux t’extraire les âmes… »

« Laisse tomber, Papa. Je ne tomberais pas dans ton piège. Je n’ai pas oublié ce que je dois accomplir pour être sûre que tu saches ce que tu feras dans l’avenir ! »

« Mais tu vas disparaître ! Tu comprends ?! Ca sera comme… Malar ! »

« Malar… Malar… Oui… »

Elle poussa un profond soupir, se redressant avec aisance malgré la grosse fatigue qui l’animait. Malar… qui était définitivement mort par Galpha… Malar… qui n’avait pas forcément mérité un tel châtiment. C’était elle qui méritait de disparaître complètement pour tout ce qu’elle avait fait comme crimes… tout cela pour Charkrowos et Gigana.

« Ma fille… Je croyais que l’on ne devait pas détourner le regard du combat. »

« Hein ? Que ? Quoi ? »

Elle n’avait pas remarqué qu’il se tenait devant elle alors qu’elle vagabondait dans ses pensées. Elle ne vit que trop tard sa main posée sur son ventre, une faible lueur en émanant… Il n’essayait pas de la tuer cette fois-ci.

« PERE ! NON ! Vous ne le ferez pas ! »

« Laisse moi te les extraire… »

« JE VOUS AI DIT NON ! »

Quel imbécile ! Il allait tout gâcher par cette trop grande gentillesse ! Les six tentacules allèrent se planter dans le torse de Charkrowos mais celui-ci gardait sa main posée près du ventre de Giradès, la forçant à crier à nouveau :

« Ne me touchez pas ! Je vous interdis de me toucher ! »

« Pourquoi tu devrais disparaître à cause de mes bêtises ? »

« Car c’est ce que je mérite ! Je ne vous demande pas de me sauver ! »

Les tentacules se retirèrent pour se planter une nouvelle fois dans le corps de Charkrowos, le faisant cracher du sang blanc alors qu’il continuait à garder sa main sur le ventre de Giradès. Ah… Il y était presque… Il sentait toute cette puissance emmagasinée dans le ventre de la jeune femme. Il se prit un violent coup de pied dans le ventre, le repoussant en le faisant tomber au sol alors que Giradès s’exclamait :

« Je vous l’interdis ! Tu n’as pas à le faire ! »

« Arrête tes enfantillages ! Tu es dans un sale pétrin ! »

« Et alors ?! Si j’en suis à l’origine, ce n’est pas toi que ça concerne ! Préoccupe toi bien plus du fait que je ne vais pas hésiter à te tuer ! »

« Tu n’en serais pas capable ! Arrête toi là ! Laisse moi m’occuper de toi, ensuite, je reconstruis ce monde et je promets de ne plus me préoccuper des autres… »

« Paroles… Toujours des paroles… Ce n’est pas avec ça que je vais pouvoir vous croire ! Je vais m’occuper de vous puisque vous êtes blessé ! »

Maintenant qu’il s’était amusé à prendre des risques, c’était le bon moment pour le tuer ! Ses six tentacules noirs se réunirent en deux tentacules d’une taille bien plus grande, ressemblant plus à de longues et grosses queues de scorpion maintenant. Elle frappa à l’endroit où se trouvait Charkrowos, celui-ci ayant roulé sur le sol pour l’esquiver. Il se releva correctement, se disant qu’il devait la faire s’évanouir. Elle n’allait plus tenir très longtemps à cette allure ! Il voyait même le demi masque… qui se fissurait.

Merde… Elle avait mal… Très mal… En fait, la tentative de son Père avait fait empiré la chose. Maintenant, les âmes s’acharnaient sur la sienne pour savoir qui aurait le dessus sur les autres et donc qui allait l’avaler… Elles étaient en colère, n’aimant pas être extraites du corps dans lequel elles étaient. C’était ça les âmes…

Il n’y avait vraiment pas moyen de la faire flancher de son côté ? En sa faveur ? Rah ! Il devait pourtant tout essayer ! Il y avait encore un moyen de l’arrêter mais elle n’allait pas se laisser faire et elle restait très dangereuse malgré son apparente faiblesse. Il lança un petit regard au loin, se demandant ce que les Taisos et les deux Reines faisaient. Euh non… Ce que les humains faisaient… Pourquoi pensait-il de cette façon ? Taisos… Reines…

« Je ne comprend plus trop ce qui se passe moi. »

« C’est simple… D’un point de vue scientifique et logique, ils se battent pour rien. »

« Comment ça pour rien ?! Tu n’as pas vu le décor ?! Complètement détruit, Ronyl ! »

« Héhéhé ! La fille aux gros seins ne comprend rien. AIE ! »

Loxen venait de se prendre une claque de Frizy, l’homme aux cheveux blonds afro signalant qu’il était blessé, chose à laquelle Frizy rétorqua que ça ne l’empêchait pas de dire des conneries aussi grosses que le volume de cuir chevelu qu’il avait sur la tête. Luna observa sa poitrine, se demandant si elle était vraiment si imposante que ça. En regardant de plus près les autres poitrines… Il était vrai que la sienne… avait un certain volume. Et puis bon… en voyant le décolleté de Farankard, elle se sentait moins honteuse. La femme aux cheveux dorés cachait très bien son jeu en fait.

« J’ai pas à m’en faire au final ! »

« Hein ? De quoi ? Qu’est-ce qu’il y a Luna ? »

« Hiiiiiiiii ! De rien, de rien ! Je parlais à voix haute, je suis désolée ! »

Elle bafouilla quelques excuses, baissant la tête en rougissant alors qu’Iny lui avait demandé ce qui n’allait pas. Heureusement qu’elle n’avait pas remarqué ce qu’elle était en train de regarder. Quelle idiote de penser à ça dans un tel moment ! C’était de sa faute à Loxen aussi ! Elle s’approcha de lui, lui donnant une violente baffe avant de retourner près du corps de Farankard, Nelya la regardant sans rien dire.

« HEY ! Mais merde, j’ai rien fait cette fois ! »

« Si elle ne sait pas pourquoi elle t’a baffé, toi tu dois le savoir, Loxen. »

« Tsss ! Je vais avoir les joues comme les fesses d’un babouin maintenant ! »

Quelques rires éclatèrent bien que ce n’était guère le moment, Loxen croisant les bras en ronchonnant et en gémissant de douleur. De son côté, Luna s’était assise près du corps de Farankard. Dommage qu’elle ne soit pas plus vivante … Elle aurait pu aider Charkrowos contre Giradès… Oui… Tout se serait réglé bien plus rapidement.

« Père ? Jusqu’où iras-tu pour défendre tes principes ? »

« Comment ça ? Où est-ce que tu veux en venir ? »

« Réponds moi… Est-ce que tu serais prêt à tout protéger… jusqu’au bout ? »

« Là… Mon but premier est de t’arrêter, Giradès. »

« Hum… Non… Ca… Ce n’est déjà plus possible. »

Elle eut un petit soupir amusé alors qu’elle faisait apparaître deux sphères au-dessus de ses mains. Le sol se mit à trembler alors qu’apparaissaient différentes fissures dimensionnelles autour d’elle et de Charkrowos. A l’intérieur de ces fissures, ce n’était pas le vide que l’on pouvait voir mais… des morceaux du monde de Juperus ?!

« L’Espace n’a plus de secret pour moi. Le sablier du Temps est entre mes mains. Je suis l’avatar du Jugement Dernier. Je suis celle qui gère le monde des Morts. Je suis Giradès et je suis omnisciente… Père… »

« Qu’est-ce que tu manigances ?! »

« Père… Vous êtes le Dieu Originel, n’est-ce pas ? Ce genre de petits problèmes ne devrait vous poser aucun souci, non ? »

Mais qu’est-ce qu’elle fabriquait ?! Tout était en train de se désagréger. Les failles se dévoraient, s’entrelaçaient, s’entrechoquaient tout en produisant des bruits horribles alors le décor redevenait celui de l’apocalypse… mais d’un apocalypse lié au chaos… Les Taisos et les deux Reines s’étaient regroupés en se serrant entre eux, ne pouvant rien faire à part regarder cette scène qui ne présageait rien de bon.

« Vous êtes le Dieu Originel… Vous devriez être capable d’arrêter une telle chose… »

« Le Temps… L’Espace… Tout se tord… »

« C’est exact, Père. La puissance des quatre âmes est en moi et je les utilise à leurs maximums ! Père… Voilà mon projet ! »

« Tu es complètement folle ! Tout ça pour me… »

« Que tu trouves la force de m’arrêter… C’est tout. »

Elle eut un petit sourire attristé alors qu’il se tenait la tête entre ses deux mains. Arrêter Giradès ?! Déjà qu’avec Juperus et elle, il avait totalement disparu la première fois tout en se faisant briser son âme alors… Avec Diarès et Palars… Mais… Pourquoi était-il aussi… craintif ? Il était le Dieu Originel… Il avait la force pour arrêter tout ça non ? Il était capable de prouesses mais là… Là… C’était peut-être au-dessus de ses moyens. Mais la voix de Giradès lui restait en mémoire. La force de l’arrêter ? Elle voulait qu’il l’arrête ?

« Père ! Voilà l’apogée de mon projet : Que tout ce qui a été crée soit renvoyé au Néant ! »

Ce qui se passa à ce moment là ne pouvait être décrit par les mots. Il fallait le vivre pour le ressentir pleinement, pour assimiler le degré de déchaînement des éléments et non éléments qui se produisaient autour de Charkrowos et Giradès. Des cris, des plaintes, une véritable cacophonie auditive et mentale se faisait entendre tout autour de lui alors qu’il tenait sa tête entre ses deux mains. Instinctivement, il pensa immédiatement aux personnes dans la sphère dorée. Instinctivement, il pensa à Giradès dont les pieds disparaissaient peu à peu. Son âme allait se faire dévorer. Il… Il devait faire quelque chose mais il ne se sentait pas le courage. Il n’avait aucune idée… Au final… Il ne pouvait pas sauver tout le monde et cela l’enrageait. Gigana… Sa fille… Il n’allait pas pouvoir la retrouver.

« Non mais je te jure, arrête de t’apitoyer sur ton sort et relève toi ! »

Une voix… Une voix dans sa tête ? Et cette voix… Il la reconnaissait ! Mais comment… Comment c’était possible ?! Est-ce qu’il devenait schizophrène ?! Oui… Il était en train de devenir fou, rongé par le désespoir mais la voix résonna à nouveau en lui comme si il se prenait une nouvelle claque mentale :

« Stoppe la maintenant ! Extrait lui son âme maintenant qu’elle est exténuée ! »

Il devait écouter… Il devait écouter cette voix ! Cette voix féminine ! En y pensant… Il n’y avait pas qu’elle… Il y en avait d’autres… Tellement d’autres… Il avait l’impression qu’un chœur de voix lui répétait de se diriger vers Giradès. Galvanisé par ces voix, il se redressa subitement, se mettant à courir vers la femme aux cheveux argentés dont les bras disparaissaient à leurs tours tandis que tout se détruisait.

« Giradès ! Je suis là ! Attend moi ! Je viens… Je viens te sauver ! »

« Père ? C’est un peu tard… non ? Vous devriez… plutôt sauver ce monde. »

Le demi masque continua de se fissurer, un petit morceau tombant au sol alors qu’il arrivait à la hauteur de Giradès. Sans aucun remord, il enfonça sa main dans le cœur de la femme aux cheveux argentés, un cri mélodieux comme un chant de cygne sortant de la bouche de Giradès. Il… Il avait les quatre âmes dans sa main… Une sphère noire de grande taille était en train de se faire avaler peu à peu par une sphère argentée, une sphère violette et une sphère bleue. Mais Giradès… était encore vivante ? Le fait d’avoir été une déesse originelle pendant un moment lui octroyait un gain de temps ?

« Père… C’est inutile… Vraiment inutile… »

« Rien n’est inutile ! Rien du tout ! Regarde ton âme… Tu la vois ? »

Bien sûr qu’elle la voyait… Son âme dévorée par sa sœur et ses deux Cavaliers… Son âme qui se réduisait en même temps que son corps disparaissait… Ni pieds, ni mains… Elle ressemblait à plus rien. Mais qu’est-ce que Charkrowos allait faire ? Qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Elle écarquilla les yeux alors qu’elle le voyait ouvrir la bouche à son tour. Son demi masque éclata en morceaux, révélant ses yeux rubis larmoyants. Il… Il ne comptait pas faire comme elle ?! C’était complètement stupide ! Elle s’écria :

« Père ! Arrêtez ça ! Vous vous… Vous… »

« Je, je, je ? Je te permets simplement de survivre, voilà tout. »

« Ca ne marchera pas comme ça ! C’est votre âme qui va être dévorée ! »

« Tu as montré que tu avais la possibilité de devenir une déesse originelle… Juperus pourrait l’être aussi… Pour ma part… J’en ai peut-être trop fait… »

Oh que oui… Il en avait trop fait… Beaucoup trop… Le corps de Giradès continuait de disparaître mais il l’avait pris dans ses bras, la serrant contre lui alors qu’elle s’était mise à pleurer. Ca ne devait pas se passer comme ça ! Ca n’aurait jamais dû !

« Père… Et Gigana ?! Et… Et… J’ai tout fait pour que vous puissiez avoir des sentiments… que vous puissiez être un homme normal ! Et vous… Vous allez maintenant… »

« Disparaître ? C’est ça ? Mais au final… Si j’ai mes sentiments… C’est tout ce qui importe ? Je ne devrais plus penser aux autres. »

« C’est égoïste… de dire ça… alors que les mondes se détruisent. »

« Très… égoïste, oui. Reste près de moi. »

Les voix lui répétaient à quel point il avait fait le bon choix. Maintenant, qu’importe si il devait disparaître par ses propres créations, c’était tout ce qu’il voulait… Tout ce qu’il désirait… Gigana… lui pardonnait… Ses sœurs aussi… A sa grande surprise… Xano et Tyrania étaient encore là… Il ne savait pas pourquoi… Il n’arrivait pas à comprendre comment c’était possible mais les deux êtres s’étaient crées leurs propres âmes… Une âme assez faible puisqu’elle n’avait plus sa protection mais elle était bien là. C’étaient toutes ses voix qui étaient là pour lui… Il ne restait plus que le visage de Giradès qui lui faisait un sourire tendre. Maintenant qu’elle était là… sans rien, elle était jolie, très jolie.

« Père… Si vous disparaissez… Je disparaîtrais avec vous. »

« Tu n’as pas à te faire pardonner pour tes actes. »

« Ce n’est pas une question de pardon… ou de rédemption. Je veux être là… avec vous… pour vos derniers instants. Je veux être là… avec vous… jusqu’à la fin. »

Puis plus rien… Plus rien du tout… Le visage se décomposa en plusieurs petites sphères noires lumineuses qui s’envolaient. Maintenant… Il était seul… Tout seul… Ou non… Il ne l’était pas… Il se leva, se tournant vers le groupe de Taisos et des deux Reines :

« Et bien… Vous avez assisté à un spectacle rare. Je suis désolé de vous l’annoncer mais c’est là la fin de la représentation. Je vous remercie encore pour tout ce que vous avez fait. »

Il fit un petit salut militaire en leur souriant, la sphère dorée qui entourait le groupe se téléportant subitement ailleurs. Où donc ? Seul lui le savait. C’était simplement dans un endroit sûr… en attendant que tout se reconstruise… et en espérant qu’il en aurait la force avant de disparaître complètement. Des rayons sortirent du sol, aveuglant toute la scène alors que le monde n’était plus…que les mondes n’étaient plus.

Chapitre 92 : Car je ne peux les oublier

Chapitre 92 : Car je ne peux les oublier

« Adieu Père… Je pensais que vous étiez plus résistant… mais lorsqu’on a de sentiments ou de réels buts à vivre, on n’est faible. »

La lame de métal blanc s’abattit sur Charkrowos mais celui-ci avait rouvert les yeux, arrêtant subitement la lame de ses deux mains. Du sang blanc s’écoulait entre ses doigts alors qu’il s’écriait avec une légère colère :

« Je ne peux pas mourir ! »

« Pour sauver ces mondes ? C’est cela ? »

« NON ! Car j’ai… J’AI UNE PROMESSE ! »

« Une promesse ? Est-ce celle à laquelle je pense ? »

La lame disparue alors qu’elle faisait un saut en arrière, le laissant se redresser. Dès qu’il fut debout, une sphère noire alla le frapper au niveau du front et du visage, lui créant quelques entailles alors qu’elle reprenait :

« Vous ne vous battez plus pour ces mondes ? »

« SI ! Mais mais mais… J’ai une promesse à tenir… Et je la tiendrais ! »

« Gigana… Et ses trois sœurs. Une adolescente très gentille… »

« Tu le savais bien… Tu le savais très bien… »

« Mais elle est morte… et elle est maintenant en vous. »

Oui… Il s’en rappelait… Gigana s’était laisser tuée par Xano pour éviter qu’il ne meure. Elle… Elle était même morte dans ses bras. Ses bras… Il se rappelait du corps chaud de l’adolescente aux cheveux blancs.

« Cela vous fait quoi ? Elle est morte à cause de vous et de l’homme que je possédais. »

« Mais elle reviendra… Elle renaîtra. »

« Pour cela, il faudra réussir à me faire disparaître… »

« Ou à te retirer les trois âmes qui t’accompagnent. »

Il pensait vraiment qu’elle allait le laisser faire aussi facilement ? Elle eut un léger sourire, tendant sa main droite vers lui avant qu’elle chargeait une sphère électrique. Mais au lieu qu’elle soit uniquement constituée d’électricité, des flammes l’entouraient en même temps qu’un brouillard glacial. Elle envoya la sphère en direction de Charkrowos mais celui-ci l’arrêta complètement, faisant un geste pour la détruire avec facilité. Elle émit un nouveau sourire, faisant apparaître maintenant six sphères de même format et taille avant de les envoyer en direction du jeune homme aux cheveux blancs.

« Il vous faudra faire bien mieux que ça. Je commence peu à peu à mourir. »

« Ca ne fait rien. Je reconstituerais ton âme. »

« Mais ça ne sera pas possible, héhéhé. Tu le sais très bien Père. »

« Tu me tutoies ? Ca sera bien plus facile maintenant. Je vais te montrer à quel point tu t’es trompée Giradès, j’ai aussi des sentiments ! »

Des sentiments ? Lui ? C’était bien beau de le dire… Ensuite, il fallait que ça soit réellement le cas ! Si il avait des sentiments, qu’il les montre ! Il n’y avait qu’une façon de les montrer face à elle ! Et c’était très simple… Il fallait la battre ! Elle se jeta sur lui, ses six tentacules tournoyant autour d’elle avant d’essayer de s’abattre sur lui.

Une… Deux… Trois… Quatre…Cinq…Six ! Il venait d’arrêter les six tentacules, les maintenant avec force dans ses mains alors qu’il cogna sa tête contre le demi masque de Giradès, celle-ci le regardant avec une légère surprise. Pas mal… Pas mal du tout… Du sang blanc tachait le demi masque alors qu’il plaçait sa main sur le cœur de Giradès, lui donnant une nouvelle impulsion avant de s’écrier :

« Tu comprends donc ? Je ne peux pas disparaître ! »

« Tu n’as toujours pas dit pourquoi tu ne peux pas disparaître, Papa ! Est-ce pour ce monde ? Ou alors pour une personne ? Si c’est une personne… Dis son nom ! »

Un nom ? Le seul nom qui lui venait en tête était… Gigana ? Mais en y repensant, il y avait d’autres noms qui venaient aussi : Juperus, Ryusuke, Riza, Luna, Nelya, Shala, Shymi, il y en avait totalement de noms… Et surtout… Il y avait aussi Farankard. Il ne répondit pas à la question de Giradès, la repoussant une nouvelle fois alors qu’il s’était mis à disparaître complètement, murmurant d’une voix calme :

« Je m’en vais… J’ai d’autres personnes à aller voir. »

« Et tu va laisser ce monde se détruire ? »

« Il me reste deux autres personnes encore à protéger. »

« Et ton idéal de protéger tout le monde ? Tu l’as oublié Père ?! »

« Non… Simplement… J’ai des priorités… »

Des priorités ? Lui ? AH ! Il avait peut-être réellement changé mais en aussi peu de temps ? Peut-être que le fait d’être à l’article de la mort avait réussi à le réveiller psychologiquement ? Tout n’était pas perdu grâce à elle. Heureusement qu’elle était là… Heureusement ! Elle abandonna complètement ce monde, commençant à créer des nombreuses failles dimensionnelles avant de se téléporter à nouveau dans le domaine céleste. Lorsqu’elle arriva, elle remarqua avec surprise que Charkrowos y était déjà. Et pour cause… Luna et Nelya étaient restées dans la sphère dorée… Sphère qui disparue alors qu’il s’approchait des deux femmes et du cadavre de Farankard.

« Que viens-tu faire ici, Charkrowos ? »

« Je vais seulement les mettre à l’abri en même temps que les humains qui sont encore dans cet endroit. Je crois que ce sont les Taisos. »

« Et tu penses que je te laisserais aller les chercher ? »

« Tu peux toujours essayer de m’arrêter si tu penses en être capable. »

Pfff… Elle claqua des doigts, de nombreux cris se faisant entendre en même temps qu’une faille dimensionnelle apparaissait à côté de Charkrowos. Plusieurs corps tombèrent à côté de lui, des gémissements se faisant entendre alors qu’il était étonné par le geste de Giradès. Qu’est-ce qu’elle venait d’accomplir devant lui ? A quoi ça lui servait ?

Hey ! Mais c’était… Rek ! Et puis… Il y avait aussi Oria et les autres ! Et aussi Iny ! Ils étaient tous là ! Hey ! Mais c’était quoi cette sphère dorée qui réapparaissait autour d’eux ? Ils étaient maintenant tous ensemble mais elle ne comprenait pas… Ses yeux rubis se posèrent sur Giradès et Charkrowos. Elle pensait qu’ils allaient être sortis d’affaire.

« Mais qu’est-ce que vous foutez tous les deux ?! C’est quoi votre souci ?! »

« Voilà… Ils sont là. Maintenant, tu ne t’enfuiras plus, Père. »

« Tu m’appelles d’abord Charkrowos, puis Père. Ensuite, tu me vouvoies puis me tutoies. Giradès… Je commence à ne rien comprendre avec toi. »

« Disons que maintenant, le vouvoiement n’est plus de mise. Je n’ai plus besoin de parler comme ça. Tu as maintenant compris les enjeux ? »

« Je remettrais de l’ordre dans ce monde, voilà tout ! »

« Ah… En fait… Je crois que tu n’as pas tout compris ! »

Dire qu’elle pensait un court instant qu’il avait bien cerné le problème, en fait… C’était loin d’être réglé ! Quand est-ce qu’il allait bien comprendre qu’il ne pouvait pas tout gérer ? Quand est-ce qu’il allait comprendre qu’il fallait qu’il pense d’abord à lui-même avant de penser aux autres ?! Elle croyait qu’avec Gigana, il allait enfin se remettre sur le droit chemin mais au final… Ce n’était pas le cas.

« Bon… Charkrowos… Maintenant qu’ils sont sauvés, tu pourrais peut-être réfléchir à tout ce que je t’ai dit ? Comme le fait de penser à toi-même ? Quel est ton sentiment ? »

« Je n’ai pas de temps à perdre avec ce genre de questions. J’ai des projets bien plus importants, Giradès ! Il faut que je crée un nouveau monde ! »

« Tu le créeras… seulement si tu arrives à m’abattre ! »

L’abattre ?! Ce n’était pas du tout prévu ! Il ne voulait pas l’abattre ! Loin de là ! Il voulait simplement créer un nouveau monde… voir deux ou trois… et puis… et puis… C’était tout ! Enfin, il croyait ! Comment dire… C’était compliqué toute cette histoire. Bon, d’abord, il devait retirer les trois âmes en Giradès si il voulait tenter de la sauver. Il transforma sa main droite en une griffe violette, s’envolant en direction de la femme aux cheveux argentés alors que celle-ci faisait de même. Le choc fut des plus terribles, le terrain déjà malmené étant encore plus détruit qu’auparavant. Pendant qu’ils combattaient, Ronyl se tourna vers Luna :

« Vous voulez bien m’expliquer ce qui se passe ? Cette femme, c’est qui ? »

« Giradès… Celle qui possédait l’âme de Malar. »

« D’accord… Et cet homme ? Il ressemble à Xano… Mais ce n’est pas lui, hein ? »

« C’est correct ! C’est le Dieu Originel ! Charkrowos ! »

« Je ne vois pas de quoi tu parles… La déesse Juperus n’a pas été très loquace. »

« Mais et vous… Vous allez bien ? Nelya ? Tu peux ? »

En fait, elle était déjà en train de commencer à soigner les différents humains, que ça soit de la plus infime entaille à la plus grosse des blessures, elle s’occupait des Taisos sans se soucier qu’ils étaient des ennemis auparavant. C’était ainsi…Un petit cri se fit entendre :

« Mais mais mais… Qui est cette femme ?! AH ! »

« C’est Tyrania… ou Farankard. »

« Qu’est-ce… Qu’est-ce qui s’est passé ? Elle est … »

« Oui, elle est morte. Elle l’a fait pour Xano mais au final… »

Au final ? La voix de Luna alla s’éteindre sans qu’elle ne termine sa phrase. Seule Nelya pouvait deviner ce qu’elle avait dit : Au final, Xano et Tyrania n’existaient plus, ils n’avaient jamais existés… Oui… Ils n’étaient que des illusions. Son… Xano n’était rien qu’une chimère. Elle eut une larme discrète, détournant le regard. Autant voir ce que Charkrowos et Giradès étaient en train de faire.

Déjà qu’avant, cela avait été très difficile avec trois âmes, maintenant qu’elle en avait quatre, c’était encore plus compliqué que prévu ! En plus, elle savait se battre et il se demandait pourquoi il n’avait jamais essayé de la comprendre… Peut-être qu’il aurait pu éviter une catastrophe. Si seulement, il avait passé plus de temps avec elle ! Et aussi avec Gigana… Et Farankard… Hein ?! Mais non ! Farankard n’existait pas… Farankard n’était qu’une partie de son âme… Elle n’existait pas !

« Charkrowos, n’oublies pas de vue ton combat ! »

Elle s’était positionnée à sa hauteur, lui donnant un coup de pied dans la hanche avant de donner un coup de coude dans la nuque, ouvrant la bouche pour lui créer un puissant souffle de flammes violettes. Tout ceci eut pour résultat de l’envoyer au sol, créant un sillon alors qu’il gémissait de douleur. Maintenant… Il commençait à avoir mal mais… Il n’oubliait pas ses objectifs ! C’était impossible ! Et en plus… Il… Il…

« J’ai une promesse à tenir ! Gigana, Rocagiri, Sterivia et Iglaré m’attendent ! Mes filles m’attendent ! Je… Je… veux les revoir ! »

« Tu veux ? Tu veux donc une chose, Père ? Toi ? Tu es capable de désirer ? »

Elle parlait avec ironie alors qu’il semblait bien sérieux tout d’un coup. Oh, il l’avait toujours été depuis qu’il était revenu mais là… Il y avait quelque chose de différent dans son regard : Une volonté bien présente et une idée précise.

« Gigana et ses sœurs ? Pourquoi elles et non pas des autres ? »

« Car car… Car… Gigana… a été ma fille la plus précieuse ! Rien à voir avec toi ou Juperus qui n’arrêtaient pas de vous battre sans cesse ! »

Oh… Elle devait être en colère ? Il venait d’énoncer clairement qu’il n’avait aucun intérêt envers elle ou Juperus. C’était même bien différent : Il pensait principalement à ses quatre petites filles. Au final, il était un véritable…

« Père… n’est-ce pas ? Tu penses à des enfants… »

« Père ? Tu as terminée ta phrase mais tu ne l’as pas commencée. »

« Je disais que tu étais quelqu’un qui aime énormément ses enfants. »

« Je vous aime tous ! Je te l’ai pourtant dit ! Tu veux donc bien que… »

« Non, c’est faux. Tu ne peux pas tous nous aimer. »

Elle n’allait pas tomber dans le panneau aussi facilement. Le combat s’était peut-être arrêté mais tout était loin d’être terminé. Le combat pouvait reprendre d’un moment à un autre et c’est ce qui se passa alors que Giradès remontait son demi masque. Il pouvait revoir ses yeux rubis, c’est vrai qu’ils étaient jolis… et qu’elle était belle ainsi. Elle avait un certain charme mais… il ne ressentait rien pour une personne qui était sa fille.

« Tu sais ce qui m’énerve chez toi, Papa ? »

« Je croyais que c’était le fait que je ne puisse pas t’aimer. »

« C’est correct… et c’est incorrect. Lors de nos nombreux combats entre moi et Juperus, nous nous battions pour savoir qui tu aimais le plus. Tu nous considérais l’une comme l’autre à juste valeur et au fil du temps… Lorsque tu as disparu par notre faute, nous étions toutes les deux à ta recherche et nous t’avons retrouvé sous cette… ancienne forme. »

« Tu parles de celle où j’ai été nommé DornRek par Farankard. »

« C’est exact… Même quand tu étais sous cette forme, chacun de notre côté, nous avons essayé de te manipuler pour que tu puisses nous aimer. D’un autre point de vue… Gigana restait imperturbable. Elle attendait patiemment ton retour, discutant avec toi sans savoir qui tu étais réellement. Au final… J’ai arrêté de t’aimer… J’avais une autre idée en tête. »

« Une idée qui te pousse à tout détruire autour de toi ?! »

« Aux grands maux les grands remèdes. Tu es le Dieu Originel, on ne peut pas te soigner par de simples paroles comme tu l’as remarqué. »

Elle marquait un point… Il avait du se faire presque tué pour se rappeler du dernier moment passé avec Gigana et ses trois sœurs, c’était le moment le plus important de son existence d’après ses souvenirs. C’était un moment qu’il… chérissait ?

« Tu pourras tout reconstruire, tu en es capable et cela ne date pas d’hier. Néanmoins, il va falloir me prouver que tu es capable d’avoir des sentiments. Tout ce que je désire, c’est que Gigana et ses sœurs soient heureuses… et ce n’est pas en te laissant complètement froid comme un bloc de glace qu’elles pourront l’être. Elles ont besoin d’un père présent la majorité du temps près d’elle, surtout Gigana. »

Elle faisait tout ça pour Gigana ? Tout ça pour une adolescente… qu’elle avait tué ? Cela sonnait presque faux mais le visage de Giradès était pourtant des plus sérieux. Elle remit son demi masque des yeux, commençant à bouger ses six tentacules noirs. Il remarqua qu’il y avait quelque chose d’étrange avec elle : Elle commençait à haleter et de la sueur s’écoulait de son visage. En fait… Son ventre émettait de drôles de bruit..

« Il y a longtemps que j’ai arrêté de t’aimer, Charkrowos. Maintenant, je me bats pour que tu puisses aimer et que ton omniscience disparaisse à jamais ! Tu veux revoir Gigana ? Tu veux pouvoir resserrer tes filles dans tes bras ? Il te faudra me battre et m’arrêter… jusqu’à ce que je ne sois plus ! Ensuite… »

« Ensuite quoi ? Tu es dans un tel état. Tu ne… »

« ASSEZ ! C’est bon ! Ca suffit ! Je sais pertinemment ce que tu fais ! Je t’ai dit d’arrêter de penser aux autres ! Pense à toi-même ! Penser un peu à ce que les filles diront et feront quand elles te reverront ! Pour ma part, je n’ai pas besoin que l’on se préoccupe de moi ! J’en ai déjà assez fait ! J’en ai déjà trop fait ! »

Elle posa une main sur son ventre, se l’empoignant avec difficultés. Voilà que les crampes arrivaient… signe que son âme commençait peu à peu à se faire avaler. Le temps pressait et elle n’était toujours pas sûre que Charkrowos accomplisse réellement ce qu’elle voulait. Dire qu’elle avait accompli toutes ces choses, même les plus infâmes pour… lui. C’est vrai… Elle ne l’aimait plus mais il restait son Père… Enfin en quelque sorte. Elle eut une petite pensée amusée, poussant un petit râle de douleur en crachant du sang blanc dans sa main. Et zut.. Voilà que ça devenait de plus en plus pressant !

Sauver l’âme de Giradès… La sauver… Si il pouvait la sauver, maintenant qu’il savait tout à son sujet, les raisons qui la poussaient à faire une telle chose. Personne… Personne n’était mauvais dans l’histoire : Il y avait juste des manières complètement différentes ! Tout ça… pour ça ? Pour qu’il puisse cerner et comprendre les sentiments ? Pour qu’il puisse… vivre comme un homme normal ? Un homme… comme Xano ? Rien qu’à l’idée de repenser à ce nom, il tremblait un peu. Ce nom était lié à Farankard…Ces deux êtres n’étaient que le fruit de son imagination…Il ressentit une petite pointe de tristesse en pensant à eux deux. Dire que si il n’était pas revenu… Ils seraient encore là ? Maintenant, tout allait se terminer.

Chapitre 91 : Un Père pour tous

Chapitre 91 : Un Père pour tous

« Papa ! Papa ! Paaaaaaaapa ! »

Une jeune fille aux cheveux bruns venait dans les bras d’un homme aux cheveux blancs qui s’était agenouillé pour l’accueillir. Elle poussa des petits cris ravis, l’homme la faisant tournoyer autour de lui en rigolant lui aussi.

« Mais c’est ma petite Rocagiri. »

« Tu es revenu ? Tu restes avec nous ? C’est vrai ? »

« Oui… Oui… Elles se sont calmées mais pour combien de temps ? »

« Tu viens voir ? Sterivia a crée une nouvelle machine pour accompagner Birébot ! »

En parlant de Birébot, celui-ci venait vers lui, marchand d’un geste machinal et robotique dans le champ de fleurs dans lequel ils se trouvaient. D’une voix mécanique, le dixième Atout lui demanda tout en prenant une fleur dans ses mains :

« Bonjour… Char…Kro…Wos. »

« Bonjour Birébot. »

« J’ai une question : Pourquoi… m’avoir crée ? »

« Car le monde aura besoin de technologie et un jour, il faudra que tu te montres aux humains, que tu leurs montres à quel point les robots peuvent être utiles et réussis. »

« Vous… me trouvez réussi ? »

« Bien sûr. Pourquoi je ne rendrais pas l’un de mes enfants égal à un autre ? »

Le robot resta immobile, tentant de se raisonner aux paroles de Charkrowos. Il hocha finalement la tête, se retirant sans un mot alors que Rocagiri quittait les bras de l’homme aux cheveux blancs. Elle lui prit la main avant de dire :

« Allez ! On va voir les autres ! »

« Rien ne presse, Rocagiri. Rien ne presse. »

« Mais elles t’attendent toutes ! Tu manques à tout le monde, Papa ! »

« Je veux bien te croire, ma fille. Je veux bien te croire. »

Il lui fit un léger sourire, se laissant tirer par la jeune fille à la force prodigieuse. Et oui, elle n’avait aucun mal à le forcer à la suivre, les deux personnes courant légèrement dans l’herbe. Cinq minutes passèrent jusqu’à ce qu’ils se retrouvent devant deux autres jeunes filles, bien plus que plus âgées que Rocagiri. L’une avait des cheveux bleus et l’autre avait des cheveux gris. Iglaré et Sterivia. Les deux filles tournèrent leurs visages vers lui, se mettant à courir vers lui avant de l’enlacer tendrement en criant.

« C’est Papa ! Tu es enfin revenu ?! »

« Ca fait beaucoup trop de temps que tu n’étais pas venu ! »

« J’ai beaucoup de travail, Sterivia. Et oui, je suis revenu Iglaré. »

« Tu veux que je te présente mon nouveau robot ? »

« Non ! Je veux d’abord lui montrer la statue de glace que j’ai fais ! »

Les deux filles commencèrent à se disputer se donnant des petits coups de main comme les enfants qu’elles étaient. Il alla s’agenouiller pour les arrêter, les prenant dans ses bras en leur murmurant avec tendresse :

« Ca ne sert à rien de vous disputer toutes les deux. Je ne pars pas tout de suite. »

« Mais on ne sait jamais quand tu pars… »

« C’est vrai… Tu t’en vas si souvent… »

« Je suis quelqu’un d’assez occupé. »

« Hey ! Laissez moi un peu de Papa aussi ! »

Oups… Il voyait Rocagiri qui courait vers lui, lui sautant dessus pour le faire tomber dans l’herbe en éclatant de rire. Elle alla l’embrasser sur la joue, les deux autres jeunes filles venant les rejoindre en embrassant les joues de leur père. Quelques instants plus tard, ils étaient tous les quatre couchés au sol, les trois jeunes filles ayant leurs têtes posées à divers endroits sur le torse de Charkrowos.

« Papa… Je ne veux pas que tu partes… Je veux pas… »

« Dors un peu, Rocagiri. Tu n’as pas à t’en faire. »

« Papa… Pourquoi tu dois toujours partir ? Tu pourrais… rester ici… »

« Ce n’est pas si facile, Iglaré. J’ai des choses à accomplir. Le monde ne peut pas se passer de moi. Je ne peux pas le laisser seul. »

« Mais tu nous laisses seules… à chaque fois. Ce n’est pas normal : Nous sommes tes filles et c’est nous qui te voyons le moins ! »

« Chuuuuut Sterivia… Rocagiri s’est déjà endormie. Ce n’est vraiment pas simple toute cette histoire. Je suis désolé… Reposez vous, d’accord ? »

Voilà qu’il évitait encore les questions et les sujets gênants. Ce n’était pas forcément de sa faute si il était omniscient non ? C’était comme ça… Il avait des choix à faire et il savait qu’il rendait tristes les trois filles. Il serra les trois demoiselles contre lui, les laissant s’endormir en fermant les yeux à son tour. Une vingtaine de minutes plus tard, il se redressa, évitant de réveiller les trois filles avant de claquer légèrement des doigts. Un léger feuillage recouvrit les trois jeunes filles, comme une couverture faite d’herbes alors qu’il s’éloignait avec un fin sourire. Il ne savait pas pourquoi mais quand il les voyait… Il se sentait si triste…

« Père… Vous étiez donc bien là ? »

Ah ! Cette voix…Il sursauta un peu, se tournant légèrement pour apercevoir l’adolescente aux cheveux blancs… blancs comme lui. Une femme très belle en devenir, il en était certain… si elle voulait continuer à grandir mais il savait que ce n’était pas le cas. Elle s’approcha de lui d’un pas lent, son visage rougissant alors qu’il prenait sa main pour tenter de la baiser. Elle la retira, tendant sa joue droite en murmurant :

« Je suis votre fille… Mais je ne suis pas votre princesse… »

« Ces paroles sont dures à entendre. »

« Mais elles sont véridiques, Père. »

« Je préfère quand tu m’appelles Papa. »

Il alla se pencher en avant, embrassant l’adolescente aux cheveux blancs sur la joue alors qu’elle lui tendait maintenant la main pour qu’il puisse la prendre et marcher avec lui. C’était ainsi que ça se passait avec Gigana… Elle était si calme…

« Alors… Papa ? Comment cela se passe dans les autres mondes ? »

« Assez mal je dirais… Le domaine céleste est toujours dans un sale état car Juperus et Giradès n’arrêtent pas de se disputer. »

« Les adultes sont si compliqués… Je ne veux pas devenir une adulte. »

« Tu es à mi-chemin entre l’enfance et l’adulte, Gigana. »

« Je le sais très bien Papa mais cela me satisfait amplement. »

« Tu es vraiment une demoiselle très spéciale. »

« Ces paroles me réconfortent. Voulez vous encore marcher ? »

Il hocha la tête pour dire que oui, émettant un faible sourire. Lorsqu’il était avec les quatre filles, il se sentait bizarrement bien. Il ne comprenait pas pourquoi mais savoir que ces filles avaient besoin de lui lui réchauffait le cœur. Maintenant que les trois autres filles étaient couchées, il pouvait vague librement à ses occupations et Gigana était là pour le guider. Ils marchèrent pendant de longues minutes, arrivant jusqu’à un arbre majestueux et en fleurs, l’adolescente lui demandant si il voulait s’asseoir pour se reposer. Il la regarda longuement de ses yeux rubis, Gigana lui rendant son regard de ses yeux dorés en attendant une réponse de sa part. Finalement, il accepta, venant s’asseoir en collant son dos contre le tronc. Quand à Gigana, elle restait debout.

« Cela fait vraiment du bien… de pouvoir souffler. »

« Vous travaillez trop durement. »

« Gigana… S’il te plaît… Est-ce que tu peux me tutoyer ? Tes sœurs le font bien. »

« Je ne sais pas trop… si cela est une bonne chose mais je vais essayer encore une fois. Donc je disais : Tu travailles trop durement, Papa. »

Il eut un nouveau sourire, l’adolescente croisant ses bras au niveau de la poitrine, ses sourcils légèrement froncés. Il ne la prenait pas au sérieuse et elle n’aimait pas cela. D’une voix légèrement remontée, elle reprit la parole :

« Papa… Je vais être franche avec toi : Tu n’as pas à t’occuper de tout ça. Nous sommes là pour gérer ce monde. Tu n’es pas seul. »

« Mais vous n’êtes pas omniscientes. C’est différent. »

« Nous n’avons pas à l’être. L’omniscience est une chose déplorable à mes yeux : Être partout à la fois fait que l’on oublie des choses vraiment importantes comme la famille. »

« Est-ce une phrase dite pour me montrer que je ne prend pas assez soin de vous ? »

« Tu peux la considérer comme tu veux, Papa. »

« Viens par là que je t’explique un peu mieux ce qu’il en est réellement. »

Il tapota ses genoux avec amusement, l’adolescente restant à sa place sans bouger. Il haussa un léger sourcil, se demandant quel était le problème encore. Lorsqu’il faisait ça, les trois petites filles n’hésitaient pas à venir. Il en était de même pour Juperus et Giradès : Les deux femmes étaient néanmoins des… femmes comme c’était le cas et donc… Cela était un peu plus gênant. Avec les trois petites filles, c’était différent.

« Je sais ce qu’il en est réellement. Je ne suis pas stupide, Papa. Vous avez beaucoup trop de choses à accomplir. Comme Juperus et Giradès se battent continuellement, tu dois réparer leurs erreurs. Tu dois aussi créer des êtres supérieurs aux personnes qui vivent dans ces mondes pour tenter de faire régner l’ordre. »

« Il y a le monde de Juperus qui me pose aussi quelques soucis. »

« Tu lui as créé ce monde car elle veut se rendre utile et te montrer qu’elle sait gérer un monde elle aussi. Tu ne fais pas assez confiance, Papa. »

« J’ai l’impression que tu lis en moi comme dans un livre ouvert. Néanmoins, tu n’as pas totalement raison. Je fais confiance aux différents mondes… mais pour réparer les erreurs, il n’y a pas que moi. Sans moi, qui pourrait faire un retour en arrière et permettre aux différents mondes d’exister ? »

« Et si tu les laisser se débrouiller seuls ? »

Il poussa un léger soupir, se disant que ça ne servait à rien de discuter avec elle. Au final, elle pensait le comprendre et le connaître mais il savait pertinemment que ce n’était pas le cas. Comment pouvait-elle le comprendre ? Il eut un petit sursaut de surprise en sentant la tête aux longs cheveux blancs qui se posaient sur ses genoux avec délicatesse.

« Papa… Tu devrais faire un effort de ton côté. »

« De quoi parles-tu, Gigana ? Je ne vois pas ce que tu veux dire. »

Il passa une main dans les cheveux de l’adolescente, s’amusant avec ses doigts alors qu’elle se laissait faire. Elle eut un petit soupir de bonheur, contrastant avec l’attitude froide qu’elle avait habituellement. Elle était heureuse en ayant sa tête posée sur ses genoux mais ce n’était pas pour ça qu’elle perdait ses habitudes.

« Je parle de ta compréhension. Tu es beaucoup trop buté. Il faudrait que tu crées une créature avec une personnalité aussi forte que la tienne, que tu comprennes ce que cela fait de se voir en face dans un miroir. »

« Hahaha. Ma fille… Vraiment… Quelle idée saugrenue. Créer un double de moi ? »

« Et pourquoi pas, Papa ? Tu penses que ça serait irréalisable ? »

« Je n’ai pas vraiment envie d’imaginer un clone. »

« La peur de la vérité est quelque chose que même toi tu peux posséder. »

« Arrêtons de parler inutilement d’accord ? »

Il n’aimait pas toujours discuter avec l’adolescente aux cheveux blancs. Il ne savait pas pourquoi… mais il avait un petit haut le cœur comme si… Elle disait la vérité. Lui ? Avoir peur de la vérité ? C’était ridicule ! Aussi ridicule que de créer un être aussi borné et buté que lui. Comme si tout ça pouvait exister… Ahhhh ! Il continua de caresser les cheveux de Gigana, l’adolescente ayant fermés les yeux.

« Que tu es jeune… Tu ne peux pas comprendre tous mes problèmes, Gigana. »

Comment pouvait-elle comprendre ses problèmes de toute façon ? Ce n’était pas que c’était des problèmes d’adulte, loin de là. Gigana avait la mentalité d’une adulte, elle était même… Il eut une petite pensée émue en la regardant. Gigana… était même bien plus adulte que Juperus et Giradès… Les deux premières femmes qu’il avait créent. Elle ne se mettait jamais en colère, elle restait calme et responsable.

« C’est ma petite fille… Giradès… Une enfant pas comme les autres. »

Gigana… était quelqu’un de bien… Avec elle, il savait qu’il n’avait pas de soucis à se faire. Il pouvait lui confier le monde… Qu’est-ce qu’il pensait ? Confier un monde ? Ne plus s’en occuper ? Que c’était bête de penser ça. Gigana était encore une adolescente. Une adolescente pas comme les autres. Il ferma ses yeux rubis, gardant sa main dans les cheveux blancs de Gigana, les caressant pendant son sommeil.

« Papa ! Papa ! Réveille toi ! »

Hein ? Que quoi ?! Il ouvrit subitement ses deux yeux rubis, se redressant en voyant le regard inquiet de Gigana. Qu’est-ce qui se passait ?! Il observa les alentours, remarquant que le décor se modifiait légèrement. Qu’est-ce qui se passait ?!

« Juperus et Giradès recommencent à se battre. »

« Elles ne peuvent donc jamais s’arrêter ? »

« Ca m’a l’air très grave, Papa. Cette fois-ci… Elles utilisent leurs techniques. »

« Bon, j’y vais tout de suite. Je n’ai pas de temps à perdre ! »

« Père, attendez un peu ! »

Elle le retint par la manche, la tête baissée. Elle avait ce regard triste qu’il ne lui connaissait que trop rarement. Elle… Elle était adorable comme tout. Si un jour… Il devait comprendre des sentiments, il espérait que ça serait les siens.

« N’y allez pas… C’est vraiment trop risqué. »

« Ne t’en fais pas… Je reviendrais… »

« C’est… C’est une promesse ? »

Elle le regardait de ses yeux dorés et il aperçu quelques larmes qui se préparaient. D’un geste délicat, il alla les essuyer avant de dire d’une voix tendre :

« Bien sûr, Gigana. Je te le promets. Je reviendrais dès que tout ça sera terminé. Et tu sais quoi, Gigana ? Je vais te montrer que je te fais confiance. »

« Co… Comment ça, Pè… Papa ? »

« Pendant que je ne suis plus là, je te laisse t’occuper de ce monde, d’accord ? Toi et tes sœurs, vous allez être celles qui gèrent ce monde pendant que je ne suis plus là. »

« Je… Vous… Tu penses que j’en suis capable ? »

« Tu en es bien plus capable que n’importe qui que j’ai crée. Je dois m’en aller. »

« Faites… attention à vous… Père. Revenez vite. »

Elle s’était mise sur la pointe des pieds, venant l’embrasser sur la joue. Il lui fit la même chose, passant une main dans ses cheveux blancs avant de disparaître complètement. Ce fut la dernière fois qu’il avait vu Gigana et ses sœurs. C’était la dernière fois qu’il avait eu ces petits pincements au cœur, ses moments où il se sentait enfin au calme et apaisé. Si il avait été capable d’avoir réellement des sentiments, peut-être qu’il aurait pu éviter tout ça… Si seulement… Il avait écouté Gigana plus tôt.

Chapitre 90 : La destruction engendre la destruction

Chapitre 90 : La destruction engendre la destruction

« Laisse moi m’occuper de toi. Je vais t’extraire ces deux âmes et… »

« Ensuite me faire perdre la mémoire ? »

« Je ne pensais pas du tout à cela, ma Fille. »

« Ne vous fichez pas de moi, c’est ce que je déteste le plus ! »

Elle se téléporta subitement, arrivant à sa hauteur alors qu’il restait surpris par les progrès qu’elle venait de faire rien qu’avec les deux âmes de Diarès et Palars en elle. Il s’apprêtait à esquiver le coup qui arrivait vers lui mais il fut subitement stoppé, immobile. Néanmoins, il arrivait encore à parler et il dit :

« Le Temps… »

« C’est exact Père ! Je sais utiliser le Temps et l’Espace maintenant ! Je sais voyager entre les dimensions ! Je sais tout faire ! Je suis comme vous ! »

Le coup arriva finalement, l’expulsant contre la sphère dorée qui recouvrait Luna et Nelya. La sphère s’était légèrement fissurée mais il ne poussa pas de gémissement, se redressant avec aisance en se tournant vers les deux femmes.

« Faites attention, mesdemoiselles. »

« Arrêtez de penser un peu aux autres ! Qu’est-ce que je vous ai dis ?! »

« De ne plus me soucier de vous ? Mais si ma Fille a été capable de fissurer cette sphère, elle risquerait de la détruire et de s’en prendre à vous. »

« ET ALORS ?! On se défendra ! Partez tout de suite au lieu ! »

Elle se comportait comme Farankard… Voulait-elle la remplacer ? Ou alors donner la motivation nécessaire à Charkrowos ? Celui-ci hocha la tête, repartant en direction de Giradès alors que Nelya se tournait vers Luna, remarquant les fissures sur le rubis ancré dans son front. Elle lui demanda :

« Qu’est-ce que c’est que cela ? »

« Rien du tout. Il n’y a pas à s’en faire… »

Elle voulait éviter des questions à ce sujet. Charkrowos se présenta devant Giradès, transformant ses deux mains en deux lames à la couleur blanche et brillante. Mais du côté de la femme aux cheveux argentés, celle-ci préparait quelque chose… Quelque chose de gigantesque et d’énorme… Tout ce qui se trouvait autour d’elle commençait à se fissurer, des éclairs en sortant ainsi que des coulées de lave… Qu’est-ce qu’elle manigançait ? Subitement, un flash blanc vint aveugler toute la scène, le forçant à fermer les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, il se retrouvait… dans une ville ? Une ville… mais qui semblait bizarre… Il manquait certains pans… et de nombreuses failles dimensionnelles étaient présentes. Mais cette ville… C’était Ryoran ?! Comment c’était possible ?

« Bienvenue dans le monde de Juperus, Père. Comme tu peux le voir… Il a bien changé depuis le temps. Vois donc ces humains et ces pokémons… »

« C’est merveilleux… Ils ont si bien… évolués. Ils vivent ensemble alors qu’ils sont si différents… Juperus a fait du très bon travail. »

« Ce travail n’existe plus dorénavant. »

Elle fit un geste ample de la main droite, une vague de feu venant dévaster tout sur son passage, démolissant les bâtiments, consumant les humains et les pokémons alors que des cris se faisaient entendre… La vague de feu continuait toujours inlassablement alors que Charkrowos avait les yeux exorbités :

« Ma… Ma fille… Tu… Tu… »

« Oui… Il n’y a plus rien des habitants de cette ville… Mais voyez vous Père, je suis loin d’en avoir terminé avec ça. Vous allez comprendre à quel point vous ne pouvez pas vous préoccupez de tout le monde. »

Une nouvelle vague de flammes mais cette fois-ci en arrière. Elle claqua des doigts, de gigantesques nuages noirs apparaissant dans le ciel, une pluie de grêle s’abattant tout autour d’elle en même temps que plusieurs météorites. La foudre frappait de nombreux arbres alors que Charkrowos se tenait la tête entre les mains :

« Voyez vous Père… Je vais tous les tuer … Comme j’ai tué tous les êtres qui existaient dans le monde que vous avez crée pour Gigana. »

« Gigana… Gigana… Les humains… Les pokémons… »

« Oui, ils vont tous mourir… Regardez donc la ville de Ryoran. »

Un trou noir se forma subitement devant les yeux rubis de Charkrowos, aspirant peu à peu les cadavres et les rares survivants de la ville. Quelques secondes plus tard… Un trou béant était visible… comme si tout avait disparu… Il n’y avait plus rien.

« Arrête, Giradès ! Arrête ! »

« Pourquoi cela ? Vous ne pouvez rien… »

« Je t’ai dit d’arrêter ma Fille ! ARRÊTE CA ! »

« Non… Je n’arrêterais pas. Ce n’est qu’un faible rayon qui a été touché… Maintenant, vous allez voir ce dont je suis réellement capable ! »

Il devait l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard ! Il se jeta sur elle, chargeant toute son énergie dans sa main droite alors que Giradès le voyait venir vers elle. Elle claqua des doigts pour stopper le temps mais cela ne fit que ralentir Charkrowos. Hum… Il était vraiment dans un état tel que même le Temps n’avait plus d’effet. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, elle transforma sa main gauche en griffe violette, lui entaillant la hanche alors que s’écoulait un sang couleur platine. Elle s’écria avec une légère rage :

« Alors Père, qu’est-ce que cela fait de se sentir impuissant ?! De se sentir désoeuvré sans pouvoir faire quelque chose pour sauver les personnes autour de soi ?! »

« Giradès… Tu as été… trop loin. »

« NON ! C’est vous qui avez été trop loin ! C’est ma manière à moi de vous montrer ce dont je suis capable pour que vous acceptiez mes sentiments ! »

« Tout ça car… Je ne veux pas avoir de rapports avec toi ? »

« Pas uniquement à cause de cela ! A cause de tout ce que vous avez fait ! Vous m’avez abandonnée, vous n’êtes jamais revenu de votre plein gré, vous avez envoyé Galpha pour tuer l’être humain que je manipulais, vous m’avez… giflé… Vous ne l’avez jamais fait en tellement d’années… Vous… Vous… »

« Tout ça pour une ridicule petite histoire. »

« RIDICULE ?! Mon amour n’est pas ridicule ! MON AMOUR POUR VOUS N’EST PAS RIDICULE PERE ! JE VOUS L’INTERDIS ! »

Elle alla réunir ses deux griffes en un seul poing, venant le frapper sur le sommet du crâne pour l’envoyer violemment au sol, creusant un trou alors qu’elle s’éloignait en lévitant. Il se redressa, n’arrivant pas à comprendre pourquoi il ne ressentait pas la douleur. Est-ce qu’il… avait pris l’habitude avec le corps de l’être humain ?

« Suis-je… dans l’incapacité de ressentir ? »

Il trouvait ça bizarre… Pour lui… Il ne savait pas pourquoi mais il trouvait vraiment cela bizarre, comme si… Ce n’était pas normal. Hein ? Mais qu’est-ce qui lui arrivait ?! Il ne devait pas penser une telle chose.

« Giradès… Je dois l’arrêter et la sauver… et reconstruire ce monde. »

Qu’importe qu’elle le déteste pour ce qu’il comptait faire… Mais où était passé les deux humaines ? Est-ce qu’elles avaient été… tuées ? Si c’était le cas, sa colère serait sans limite. Il allait alors les venger et il n’empêcherait pas alors Giradès de mou… Mais qu’est-ce qu’il disait ? Ce n’était pas possible de penser ça !

« Son âme doit être sauvée ! Et celles des autres filles aussi ! »

Voilà qu’il restait fixé sur son idée. Il devait retrouver Giradès avant qu’il ne soit trop tard. Au bout d’une dizaine de minutes, il la retrouva mais le décor n’était guère enchanteur : Des montagnes détruites en parties, des fissures, des geysers de lave, un froid arctique dans le ciel, des éclairs… Tout avait une ressemblance avec l’apocalypse… Une apocalypse bien réelle qu’il ne pensait jamais voir. Et si l’âme de Juperus était avec Giradès alors… Il ne voulait même pas savoir ce que le résultat aurait donné.

« Vous voilà de retour… Père ? »

« Je t’arrêterais ! Calme toi maintenant ! »

« Vous savez très bien que ce n’est pas le cas. »

« Tu es devenue complètement folle, Giradès ! »

« Folle ? Moi ? Vous pensez que je suis folle ? Demandons son avis à Juperus. »

« Ne mêle pas ta sœur dans tout ça ! Elle n’est… »

« Juperus… Dis moi… Qu’est-ce que tu penses de tout ça ? »

Elle avait parlé d’une voix douce alors qu’il sentait un léger malaise au cœur… Qu’est-ce que… Qu’est-ce qui se passait ? Lentement… Une sphère argentée apparaissait entre Giradès et Charkrowos. L’âme de Juperus, c’est vrai… Il ne l’avait pas récupéré après la mort de Farankard. Il s’approcha d’elle mais Giradès cria :

« STOP ! Laissez la choisir ! Juperus, qu’est-ce que tu en penses ? Est-ce que tu penses que j’ai tord ? Est-ce que tu me comprends ? »

« Comme si elle le pouvait… Tu détruis son monde, tu… »

Lentement, la sphère argentée se dirigeait vers Giradès, se présentant à elle alors que la femme aux cheveux argentés tendait sa main pour qu’elle se pose dessus. Devant le regard ahuri de Charkrowos, elle lui dit d’une voix douce :

« Tu ne comprends donc pas ? Juperus est de mon côté. »

« Mais… pourquoi ?! Elle… Elle ne peut pas… »

« Elle sait très bien ce que je ressens… puisqu’elle ressentais la même chose pour vous. Pourquoi pensiez vous que nous nous battions pour vous ? Car nous vous aimions tous les deux. Vous avez couché avec Aliréna et elle s’est mise en tête que plus rien n’était possible maintenant. Elle a réussi à trouver un humain qu’elle aimait particulièrement… »

« Mais qu’est-ce que vous me trouvez ? Pour Aliréna… Vous savez très bien que ce n’était qu’un test… pour savoir si je pouvais ressentir quelque chose… »

« Aliréna ? Elle vous aimiez réellement elle aussi. Il y a tant de choses que vous ne pouvez pas cerner… Vous êtes si… insensible. »

La main de Giradès se referma sur l’âme de Juperus alors qu’elle ouvrait la bouche. Il lui cria de s’arrêter, d’éviter de faire une bêtise mais c’était déjà trop tard. Elle avala subitement la dernière sphère, une puissante déferlante d’énergie le repoussant au sol alors que des gigantesques tornades rejoignaient le décor apocalyptique. Elle venait… Elle venait… de prendre la quatrième âme… mais Juperus l’avait rejoint de son plein gré ! DE SON PLEIN GRE ! Comment Juperus pouvait-elle accepter ça ?!

« Explique moi… Explique moi où je me suis trompé ? »

« Je n’ai plus à m’expliquer Père. Dans peu de temps, je disparaîtrais… mais je vous tuerais avant ! J’irais vous créer avec une personnalité capable de comprendre et ressentir même si je dois disparaître à tout jamais pour ça ! »

« Allons-y… Battons nous alors. Montre moi voir que tu es capable de me tuer. »

« Enfin… Vous comprenez… Vous ne pouvez plus sauver les êtres ! »

« Je ne suis pas impuissant. Je vais t’arrêter et tout reconstruire. »

Si il le pouvait ! Et ça, c’était bien moins sûr ! Elle se dirigea vers lui à toute allure, le frappant au niveau du ventre alors qu’il crachait un sang blanc. Non… Il ne comprenait pas… Il ne ressentait toujours pas la douleur. C’était vraiment bizarre…

« Vous faiblissez Père ? Vous voyez donc à quel point vous vous êtes trompé… »

« En arriver à de telles extrémités… »

« Lorsque vous m’y obligez, je ne vois point d’autre choix. »

« Je reconstruirais ce monde… Je le reconstruirais coûte que coûte ! »

« Père… Ce monde peut disparaître… Cela ne me gêne pas. Je vais vous faire changer… quitte à en payer le prix absolu. »

« Me faire changer ? Tu ne pourras pas… On ne peut pas changer le Dieu Originel. »

« Ah oui ? Nous allons voir cela ! »

Elle fit apparaître une petite lumière violette et noire dans sa main droite, refermant subitement son poing droit avant que la lumière n’émette que quelques faibles rayons. Ces rayons se dispersèrent dans le ciel alors que les nuages disparaissaient peu à peu. Soudainement, un éclair divin alla frapper Charkrowos, le forçant à pousser un cri alors qu’il s’écroulait au sol. Cet éclair…

Juperus… C’était sa technique… Sa fameuse technique qui lui montrait à quel point sa Fille était quelqu’un de puissant et dangereux…Et maintenant… Giradès venait d’acquérir les capacités de sa sœur jumelle… Comment… C’était possible ? Pourquoi ? Il était le Dieu Originel… Il ne ressentait pas la douleur… Il ne ressentait rien… Mais pourquoi voulait-on contester ses décisions ? Elles étaient bonnes pour la majorité des personnes… Tout le monde était gagnant avec lui alors pourquoi…se rebeller ? Giradès se positionna au-dessus de lui, ses yeux toujours cachés par son demi masque.

« Père… Le monde n’a pas besoin de vous. »

« Ne mens pas ma Fille. Sans moi, le monde court à sa perte. Il n’y a qu’à regarder ce qu’il est devenu par ta faute. Je dois t’arrêter… Je le dois… Je… le dois… Mais je ne comprends pas… Où ai-je été mauvais ? Qu’est-ce que j’ai raté ? »

« La perfection n’est pas forcément un gage de qualité. A force de vouloir voir beaucoup trop grand, on se brûle les ailes. Je viens de vous montrer à quel point vous êtes dispensable dans ce monde. Est-ce que vous avez enfin… »

« JAMAIS ! Je ne peux pas laisser le monde à l’abandon ! »

Non ! Il n’admettrait jamais que ce monde n’avait pas besoin de lui ! C’était impossible ! C’était irréaliste ! Il n’avait pas disparu pendant autant de temps et observer ce monde se désagréger pour rester là à ne rien faire ! Giradès fit apparaître une nouvelle lumière noire et violette dans sa main mais celle de Charkrowos la prit violemment au bras, ses yeux rubis étant furieux et empreint de folie :

« MA FILLE ! Je t’empêcherais de me détruire ! »

« Le monde se portera bien mieux sans vous, Père. »

« IMPOSSIBLE ! Pas avec tout ce que tu as causé ! »

Au final… Qui était l’être malveillant et l’être bienveillant dans cette histoire ? Giradès donna une claque à Charkrowos, le forçant ainsi à la lâcher alors qu’un nouvel éclair divin allait s’abattre sur le jeune homme aux cheveux blancs. Celui-ci fit subitement un croche-pied à Giradès, la tirant en arrière pour qu’elle se prenne l’éclair à sa place. La jeune femme s’écria de douleur, du sang blanc s’écoulant de ses plaies qui s’ouvraient. Il la relâcha subitement, observant le sang.

Ce sang… Ce sang… était comme le sien. Cela voulait dire que… Sa fille… avait atteint la même catégorie que lui… Elle était elle aussi capable de façonner le monde ? De créer des âmes ? NON ! Elle allait mourir ! Il ne pouvait pas penser à ça ! Il ne pouvait pas se laisser battre par sa propre Fille ! Celle-ci se relevait mais il se jeta sur elle, commençant à la frapper avec ses poings au niveau du visage, s’écriant :

« NON ! Ma Fille ! NON ! Je t’en empêcherais ! »

« Vous perdez votre calme légendaire… Personne n’est capable de rester neutre. »

« Je n’ai pas de temps à perdre avec mes sentiments ! Je n’ai pas besoin de ces derniers ! Je dois juste accomplir ce que j’ai à faire. »

« Vous m’insupportez… VRAIMENT ! »

Plus borné que lui, ce n’était pas possible ! Elle le frappa au niveau du ventre avec son pied droit, le repoussant avec violence. Elle se releva, ses six tentacules noirs se mettant à bouger bizarrement autour d’elle alors qu’il se redressait tout de suite après le coup reçu. Dès qu’il s’était relevé, les six tentacules noirs se plantèrent au niveau de son torse, le faisant cracher du sang blanc alors qu’il observait Giradès. Perdre… Perdre contre sa Fille… Ce n’était pas possible… Il n’était pas capable de perdre… Ce n’était pas possible… Il avait tant de choses à accomplir… Tant de personnes à faire revenir… Il devait… Il devait…Il devait sauver les différents mondes ! Il devait… Il devait… sauver Giradès aussi ! Et… Et… Nelya… Et Shala… Il devait tous… les sauver. Il était le Dieu Originel ! Son corps s’écroula au sol, ses yeux restants grands ouverts alors que les tentacules se retiraient.

« Je vais en terminer avec vous, Père. La destruction du monde de Juperus n’était pas forcément prévue… mais bon… »

Elle s’approcha de lui, levant sa main gantée d’or en l’air alors que ses yeux rubis restaient fixés sur le corps de Charkrowos. Une lame faite de métal blanc se formait au-dessus de la main. Il ne restait plus qu’à l’achever.

Chapitre 89 : Quitte à tout prendre

Chapitre 89 : Quitte à tout prendre

« Mon sang… vient de couler. »

« Et ce n’est que le début, Père ! Il est temps que vous compreniez l’amour que je vous portes ! Il est temps que… »

« Ma Fille… Il y a certaines limites à ne pas dépasser. »

« Lesquelles ? Celles que vous ne voulez pas voir ? »

« Je suis vraiment… désolé… de faire une telle chose. »

Désolé ? De quoi ? Il prit une profonde respiration se tentant devant Giradès en baissant le regard pour l’avoir. Il releva son menton de sa main gauche alors que sa main droite se posait sur la joue de Giradès pour la caresser.

« Qu’allez vous… Qu’allez vous faire ? »

« Te punir… Giradès. »

Une vague d’énergie vint frapper Giradès, la faisant pencher sur le côté avant que la main gauche n’aille se poser sur sa poitrine en son centre. Une nouvelle vague d’énergie et elle fut complètement repoussée en arrière alors qu’elle semblait étonnée.

« Père… Père… Vous… Vous avez levé… »

« La main envers toi, c’est exact. J’en suis fort désolé. »

« Alors ce que… Ce que… Galpha disait… »

« Etait vrai. J’ai bien crée cette âme pour m’assurer que tu ne commettrais pas de bêtises. »

« Vous… Vous me haïssez donc à ce point ?! »

« Je ne peux pas te haïr. »

Il se moquait d’elle ! Ne pas la haïr ?! C’était faux ! Si il ne la haïssait pas, il ne lui planterait pas un couteau dans le dos ! Elle se releva, du sang doré s’écoulant de ses lèvres alors que le jeune homme créait une sphère complètement blanche dont un vent fort se soulevait autour.

« Vous vous moquez toujours de moi… Vous dites que vous m’aimez… Que vous ne me ferez jamais de mal mais ce n’est pas vrai ! Vous avez créé Galpha pour m’empêcher de faire ce que je désire ! Vous êtes… méprisable, Père ! »

« Méprisable ? Pourquoi mériterais-je un tel qualificatif ? »

« Car c’est ce que vous êtes ! Vous… Vous… Vous vous moquez bien de tout ça ! »

Elle ouvrit la bouche, créant une sphère de foudre avant de l’envoyer en la direction de Charkrowos. Celui-ci se la prit de plein fouet, ne semblant pas ressentir la douleur comme si tout ça ne l’avait pas affecté le moins du monde. Il disparu pour se retrouver à la hauteur de Giradès, plaçant sa sphère au niveau de son ventre.

« Vos tactiques ne marcheront plus contre moi ! »

« Et pourquoi une telle férocité dans tes paroles ? »

« Car vous n’êtes pas capable de cerner tout ce que je veux vous montrer ! »

Elle bloquait la main tenant la sphère avec les siennes avant de donner un violent coup de pied dans les parties intimes de Charkrowos. Celui-ci ouvrit ses yeux rubis par surprise : Qu’on le veuille ou non, qu’on soit un Dieu… n’empêchait pas de ressentir de fortes douleurs lorsqu’on se prenait un coup à cet endroit. Il s’écroula à genoux, ne gémissant pas bien qu’il plaçait ses deux mains sur son entrejambe.

« Vous voyez ?! Vous n’arrivez même pas à exprimer la douleur ! »

« Cela… fait très mal, Giradès. Tu devras… être châtiée. »

« Si vous en êtes seulement capable, Père ! Or, vous savez très bien que ce n’est pas le cas ! »

« Tu me sous-estimes ma fille. Tu… »

Elle le frappa du poing au visage, le faisant tomber au sol avant de donner plusieurs coups de pied rageurs sur le dos du jeune homme. Elle se comportait presque comme une enfant qui maltraitait quelqu’un qu’elle aimait et considérait comme important. Chaque coup de pied créait peu à peu un trou autour d’elle et lui alors qu’elle reprenait :

« Ca, c’est pour tout ce que vous m’avez fait père ! Toutes choses auxquelles je n’ai jamais eu droit ! Pourquoi Juperus avait-elle le droit à un monde ?! »

« Car tu ne me l’as jamais demandé… »

Il se laissait frapper et vu la férocité des coups de pied, Luna et Nelya pouvaient se douter qu’un seul d’entre eux briserait n’importe quel dos en deux… sauf le dos du Dieu Originel. Celui-ci se redressa faiblement, prenant la jambe droite de Giradès pour la faire tomber au sol. Elle poussa un petit cri, prenant appui sur ses deux bras pour pivoter sur elle-même, son pied gauche venant frapper le visage de Charkrowos.

« Lâchez moi, Père ! Ne me touchez plus ! Ne vous approchez plus de moi ! »

« J’en ai assez, Giradès. Tu te comportes comme une enfant. »

« Car je suis votre enfant ! Ne l’oubliez pas ! N’oubliez surtout pas ça ! »

Il la souleva par le pied droit, l’envoyant au sol avant de poser sa main sur le sein droit. Elle poussa un petit gémissement mais il ne semblait pas s’intéresser plus que ça à ce qu’elle murmurait. En fait, elle lui demandait de continuer… de rester comme ça. Vraiment… Elle était devenue complètement accro à lui. Il devait la soigner…

« Ma fille… Je sais ce que je vais te faire. »

« Qu’est… Qu’est-ce que vous allez faire ?! Qu’est-ce que vous n’avez pas encore fait qui pourrait me faire encore plus souffrir ?! »

« Je vais devoir te retirer la mémoire. »

« La… La… mémoire ?! Ma mémoire ?! »

« Je vais t’effacer tout ce qui a un rapport avec moi. »

« NON ! NE FAITES PAS CA ! »

Une puissante aura noire entoura le corps de Giradès, repoussant la main et le corps de Charkrowos pour le faire tomber au sol. Elle se redressa, serrant les dents alors que ses cheveux se collaient entre eux pour former un unique pieu blond au bord argenté. Elle… Elle ne voulait pas perdre la mémoire !

« Je vous en empêcherais ! Vous ne me prendrez pas ça ! »

« Je n’ai pas d’autre choix… A partir de là, tu arrêteras ta folie. »

« Vous n’êtes vraiment pas doué… »

Luna venait de siffler ces quelques paroles alors qu’il remarquait qu’il était proche de la sphère dorée. Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Pas doué ? Comment ça ? Elle reprit en voyant le regard interrogateur de Charkrowos :

« Vous faites pire que prévu. J’aimerais bien vous aider… mais vous êtes franchement mauvais en ce qui concerne les sentiments. »

« Ce n’est pas que je désire être… mauvais comme vous le dites, jeune fille. »

« Appelez moi d’abord Luna ! Ensuite, vous faites tout de travers. C’est pas vrai, Nelya ?! A se demander comment ce type a pu être Xano ! »

Hein ? De ? De quoi ? Pourquoi devait-elle prendre partie à tout ça ? Enfin bon… Les deux regards étaient posés sur elle. Ils attendaient une réponse… Mais quelle réponse ? Elle n’était pas franchement habituée à ce qu’une personne soit encore plus empotée qu’elle.

« Vous devriez… envisager les choses de différents points de vue. Vous pensez du point de vue universel mais vous… Que pensez vous réellement de tout ça ? »

« Je ne sais… pas. Je ne me pose pas ce genre de questions. Je suis le Dieu Originel, je n’ai pas à avoir de conscience et une âme propre. »

« Et bien, vous devriez. Je vous rappelle que c’est vous… en tant que Xano qui m’a appris à connaître mes sentiments. Il serait stupide que l’homme qui m’a fait découvrir le fait d’être une femme et l’amour ne soit pas capable de les comprendre lui-même. »

« Mais Xano n’existe plus… mademoiselle Nelya. »

« Il existera toujours tant qu’on pensera à lui. »

« CHARKROWOS ! NE M’IGNOREZ PAS ! »

Fini l’appellation par Père ? Elle était vraiment folle de rage et en colère. Elle allait lui faire regretter tout ça ! Elle s’était mise à voler dans les airs, créant plusieurs rayons autour d’elle, pour tout détruire sur son passage. Il créa une nouvelle sphère autour de lui, se protégeant tout en regardant le décor qui se désagrégeait autour d’eux.

« Vous devriez faire attention à ce que vous allez dire… »

« Et que dois-je dire ? Même si cela est bizarre de demander de l’aide… à des personnes, je crois que j’ai besoin de vos conseils. »

« Alors vous allez lui demander de discuter calmement entre vous et elle ! Ensuite, vous allez essayer d’arrêter de penser qu’aux autres… Du moins, pas pendant qu’elle est là ! »

« Ensuite… Vous allez lui dire simplement que vous n’allez pas lui effacer ses souvenirs car il n’y a pire chose que d’oublier l’être que l’on aime. »

« Et la laissez détruire encore plus de choses ? Je ne peux accéder à cette requête. »

« Vous n’avez pas le choix ! Je crois qu’au final, votre problème, c’est que vous êtes au-dessus de tous les autres, que personne ne vous remet en place ! Si Tyrania était là, elle vous ficherait bien des coups de pied là où je pense. »

« Tyrania ? Farankard, vous voulez dire. »

Farankard… au-dessus de lui ? Puisqu’il était l’entité au-dessus de tout le monde, nul ne pouvait lui donner d’ordres, nul ne pouvait réellement le mettre en danger ou l’inquiéter. Il était bien supérieur à tout ce qui existait dans l’univers et pour cause : Il l’avait crée ! Il observa Giradès qui semblait s’être calmée et épuisée par tout le déversement de rage qu’elle avait projeté autour d’elle.

« Je vais tenter de faire de mon mieux. »

« Faites le… et si vous avez besoin d’un avis, vous revenez. Nous… On ne peut plus rien contre elle de toute façon. »

Il hocha la tête, posant une main sur la sphère dorée autour des deux femmes et de Farankard. Celle-ci avait toujours un sourire aux lèvres alors qu’elle était morte… Et vide… Il déglutit sans réellement comprendre ce qui lui arrivait, se retournant pour faire front à Giradès. Il lévita au-dessus d’elle, se dirigeant vers la femme aux cheveux blonds, celle-ci haletant encore avant de s’écrier :

« Vous protégez ces insectes ?! Je… Je vais les écraser ! »

« Pouvons nous discuter maintenant, Giradès ? Toi et moi ? »

« Pourquoi faire ?! J’en ai assez ! Vous… Vous ne pensez jamais à tout ça ! J’en… J’en… Je ne compte pas m’arrêter là ! La destruction de ce monde… Je vais la commencer maintenant ! Ainsi, tous les humains qui étaient là disparaîtront ! »

« Les humains ? Quel hum… »

Ah ! Les Taisos ! Même si il était devenu le Dieu Originel, il se rappelait de cette bande d’humains qui était venue pour combattre Bal. Ils étaient donc encore vivants ? C’était une bonne chose. Néanmoins, ce que Giradès disait ne lui plaisait guère.

« Tu ne feras rien de tout cela. »

« Et pourquoi ça ?! Pourquoi je ne le ferais pas, Charkrowos ?! »

« Car nous allons discuter tout les deux… De père en fille… »

« Et pourquoi pas d’homme à femme ?! »

« Car ce n’est pas possible une telle chose. »

« Tout discours est inutile au final… C’est bon, j’en ai ma claque. »

Elle s’éloigna de lui comme si elle partait au loin. Elle se dirigeait vers les ruines de son château sous le regard de Charkrowos. Qu’est-ce qu’elle allait faire ? De son poing droit, elle éclata les nombreux morceaux avant de plonger sa main à l’intérieur des ruines. De sa main gauche, elle fit la même chose avant d’en extraire… Diarès et Palars ?!

« Qu’est-ce qu’ils font là ? Ils sont… »

« Ils ne sont pas morts… simplement évanouis. »

Elle jeta les deux corps inconscients des hommes dans les airs avant de fermer les yeux. Soudainement, ses mains se plantèrent dans Diarès et Palars, les tuant sans même qu’ils puissent savoir ce qui venait d’arriver.

« GIRADES ! Que… Que viens-tu de faire ?! »

« Ils sont morts maintenant. »

« Giradès… Tu… Tu… tues… »

« Oui je les ai tués, triste vérité n’est-ce pas, père ? J’ai remarqué… Ca ne servait à rien d’essayer de vous combattre par la force avec celle que j’ai… Malgré tout ce temps passé à vous attendre, je ne suis toujours pas à votre niveau. Je pense donc que je dois user un peu des forces venues d’ailleurs. Leurs âmes seront bien utilisées. »

Elle retira ses deux mains, montrant une sphère violette et une sphère bleue. C’étaient… les âmes de Diarès et de Palars. Il ne put s’empêcher de lui crier :

« Arrête de faire ça ! J’ai toujours empêché que l’un d’entre vous puisse prendre l’âme d’un autre, c’est pour une bonne raison… »

« Car si nous prenions l’âme, nous nous consumerions de l’intérieur ? Diarès, Palars, Juperus et moi-même… Si l’un d’entre nous quatre décidait de tuer un autre et de lui prendre ses pouvoirs… Cela le détruirait… »

« Si tu le sais très bien, arrête donc ma Fille ! »

« Ne m’adressez plus la parole tant que vous m’appellerez Fille ! Je suis Giradès ! »

Elle avala les deux sphères, se mettant subitement à tousser alors que sa chevelure devenait entièrement grise. Ses deux ailes décharnées se décomposaient pour ressembler à six tentacules noirs au bout rouge en forme de pics. Des morceaux de métal doré se posaient sur ses mains et ses bras, créant des gantelets tandis que des solerets de même couleur lui arrivaient jusqu’en haut des genoux. Six pics dorés étaient dirigés vers Charkrowos et se trouvaient à différentes hauteurs au niveau du corps de Giradès mais le plus étrange était encore… le demi masque doré avec une visière noire translucide qui s’était crée devant le visage de Giradès. Ses deux yeux rubis étaient visibles derrière le demi masque.

« Père… Si je dois disparaître… Je suis prête à tout. »

« Tu es folle… complètement folle… vraiment folle… »

« Vous en perdez votre langage, Père… Vous n’êtes pas heureux de savoir que j’ai atteint votre niveau ? Que je suis capable de vous… toucher. »

« Je me fiche… de tout ça. Tu viens de faire l’imbécile, Giradès ! Tu vas bientôt mourir ! Et les conséquences… Ton âme va se faire dévorer par celles de Diarès et Palars ! »

« C’est bête, n’est-ce pas ? Je vais vous montrer… à quel point je suis décidée. »

Décidée ? Mais quelle idée stupide ! Qu’est-ce… Qu’est-ce qui lui poussait à faire tout ça ?! Pourquoi n’arrivait-il pas à comprendre Giradès ?! Il était son Père ! Il était à même de la comprendre ! Il comprenait Giradès, Juperus, tout le monde ! Alors pourquoi n’était-il pas capable de… Non… Il était le Dieu Originel mais il n’était pas parfait… Il était même imparfait… Au final… Il devait arrêter Giradès… Peut-être qu’en la tuant, il pouvait lui extraire les deux âmes ! Il s’écria, son ton presque exalté :

« Je viendrais te sauver, Giradès ! Ma Fille ! »

« Tu me portes… de l’intérêt ? Maintenant que je suis à l’article de la mort réelle ? »

C’était trop tard. Elle ne voulait plus croire en ce qu’il disait. C’était fini… Elle n’avait plus à se leurrer : Le Dieu Originel était l’être qu’elle aimait… Depuis tout ce temps… Mais si il ne pouvait pas l’aimer, elle allait le forcer. C’était ainsi maintenant qu’elle n’avait plus le choix. Quitte à ce qu’il disparaisse avec elle.