Archives de catégorie : Tome 1 : Un futur chevalier

Chapitre 23 : Si faible

ShiroiRyu
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Chapitre 23 : Si faible

« … … … Comment est-ce que j’ai fait pour me retrouver là ? »

Comment ?! COMMENT ?! Il aurait bien aimé le savoir. Il tenait entre ses mains une foreuse mais ce n’était pas la sienne. Non … C’était une offerte par l’armée … L’armée du royaume des insectes ? Il avait murmuré avec dépit alors qu’il regardait autour de lui. Un terrain vague … Que du sable et de la pierre … Pas d’herbe car cela n’avait pas été nécessaire. Et puis … C’était quoi cette foule autour de lui ?! Dans les gradins ?!

« Mon fils va participer au petit tournoi en l’honneur de votre fille, roi Tanator. »

Ce fut cette phrase issue de la bouche de son père qui avait été le déclenchement de toute cette série de drames. Enfin … Drames personnels bien entendu. Il avait voulu refuser mais son père l’avait un peu forcé et puis, la reine lui avait chuchoté quelque chose dans l’oreille … Et il avait finalement accepté.

« Pourquoi est-ce que dès que la reine parle, moi, je l’écoute tout le temps ? »

Elle lui avait chuchoté de lui montrer qu’il était capable de la protéger ainsi que la princesse. Il n’avait même pas eut le courage de répliquer qu’il ne comptait pas protéger la jeune fille … Pfff … Pfff … ET PFFFF ! Il poussait de plus en plus de soupir en croisant les bras. Voilà qu’il jetait un regard à la tribune royale. Il n’arrivait pas à croire que son père, sa mère et le reste de sa famille se trouvaient côte à côte avec le roi et la reine. Il semblerait même qu’ils discutaient entre eux. Et il apercevait … la princesse qui le regardait.

« De toute façon … Je m’en fiche … Je ne vais même pas me battre … »

Oui, il en était hors de question, quitte à décevoir la re … ET NON ! Il ne pouvait pas décevoir la reine ! Il ne le pouvait pas ! C’était juste impossible. Mais qu’est-ce qu’il allait faire ? Il ne savait pas se battre et … Il avait appris que ce Rapion allait être de la partie. Si il devait le combattre, autant abandonner tout de suite, ça lui ferait moins mal. Voilà qu’il était complètement anxieux avant que son adversaire ne se présente à lui.

Des yeux rouges comme lui … et des cheveux verts plutôt courts … Un Yanma ? Il n’avait clairement pas de chance … Après un Rapion, c’était un Yanma. Il n’avait … Bon … Ca ne servait à rien du tout de se plaindre hein ? Ca n’allait rien arranger mais quand même … Qu’est-ce que … Le Yanma se tournait vers l’endroit où se trouvait les membres royaux avant de s’incliner, posant une main sur son cœur. Ah … Il devait faire pareil ? Pourtant, d’après ses souvenirs, ça ne s’était pas passé comme ça. Enfin bon … Il s’exécuta, faisant le même geste avant de se remettre en position. Avec quoi est-ce qu’il allait se battre ? Il l’observa, remarquant qu’il tenait une unique griffe dans sa main droite. L’enfant était plus âgé que lui et bien que le ton était neutre lorsqu’il s’adressa à lui, il remarqua que le Yanma semblait vouloir le rassurer :

« Tu n’as pas à t’inquiéter. Les armes que nous avons peuvent nous faire mal mais ne nous blesseront pas. Au grand maximum, nous aurons des bleus mais elles ne sont pas plus dangereuses que cela. Tu es son fils, n’est-ce pas ? Je m’appelle Holikan. »

« Euh … Si tu parles de l’homme assis à côté du roi, c’est exact. » répondit-il tout simplement alors que le Yanma hochait la tête pour lui dire qu’il pouvait commencer à attaquer.

Il lui laissait l’initiative ? C’était sympathique de sa part mais en un sens, cela voulait dire qu’il se considérait bien trop puissant par rapport à lui. Enfin … Il avait certainement raison. Les Yanmas étaient souvent promis à de grandes destinées militaires de toute façon.

Pour … Pour qui … Ah … Pourquoi son père avait voulut qu’Earnos participe au tournoi ? Elle était restée muette mais elle se rappelait parfaitement de ce qui s’était passé la dernière fois … avec Olistar. Et là, il affrontait Holikan ? C’était tout simplement horrible de la part de son père ! Et dire que les deux parents d’Earnos semblaient intéressés … Ils n’étaient pas du tout au courant hein ? Ils ne savaient pas à quel point Holikan était fort …

Et voilà que le combat commençait. Elle fut étonnée de voir que c’était Earnos qui fit le premier geste, courant en direction d’Holikan. Pourtant, il s’arrêta à quelques centimètres de lui, plantant sa foreuse dans le sol en même temps qu’il la faisait tournoyer. Le résultat fut que de nombreux jets de pierres partirent en direction d’Holikan. Celui-ci fit quelques gestes pour les éviter, arrivant à la hauteur d’Earnos.

Que … Que … Quoi ? Comment est-ce qu’il avait fait pour se déplacer aussi vite ? Il ne l’avait même pas remarqué ! Il était encore plus rapide que le Rapion ! C’était impossible et pourtant … Il serra sa main gauche sur la foreuse avant de tenter de frapper Holikan mais celui-ci fit une nouvelle esquive, lui donnant un coup de pied pour l’envoyer au loin. La foreuse accompagne le jeune garçon aux cheveux blonds alors qu’il retombait en arrière.

« AH ! Mais fais attention, Earnos ! » s’écrit Cassina en se levant de son fauteuil, tentant d’encourager son jeune frère dans son combat.

Bien sûr qu’il faisait attention mais ce n’était pas aussi simple que ça ! C’était même tout le contraire ! Se battre avec sa foreuse impliquait d’avoir le temps de charger son attaque. Il n’était pas rapide, il ne pouvait pas esquiver facilement, bref c’était loin d’être simple ! RAHHHHHHHHHHH ! Il ne devait pas s’emporter ! Il ne devait même pas combattre à la base ?! Pourquoi est-ce qu’il devait faire tout ça ?!

« Je suis nul de toute façon … »

Il avait dit cela comme une évidence avant qu’Holikan n’arrive vers lui. De toute façon … Pourquoi continuer ? Il allait faire semblant de se battre. C’était tout … Et qu’importe si ça ne plaisait pas. Il voulait que ça s’arrête maintenant.

« Ne t’en fais pas … Je ne veux pas chercher à te ridiculiser devant tes parents. » murmura Holikan alors que le jeune garçon se retrouvait près de lui, serrant sa griffe.

Pourquoi le ton était-il aussi neutre ? Sans être moqueur ni vaniteux, il savait qu’Holikan ne désirait pas lui faire du mal … mais dans le fond, il avait quand même sa fierté et c’était bien là le grand problème. Il avait sa fierté d’insecte !

« Ne t’en fais pas … Je compte quand même me battre jusqu’au bout ! »

Quitte à perdre, ça sera avec les honneurs. Il fonça vers Holikan, tête en avant. Le Yanma fut surpris de la réaction d’Earnos, se retrouvant projeté en arrière, le souffle coupé alors que l’Aspicot tenait sa foreuse une nouvelle fois entre ses mains. La foreuse semblait s’accélérer et aller de plus en plus vite. Quitte à tout utiliser …

« Je vois … C’est de ma faute. Je n’ai pas voulut te considérer à ta juste valeur. »

Holikan retira sa main de son ventre, fermant les yeux. Hum … Cela valait bien une leçon. Il devait toujours se battre au maximum de ses capacités même si l’adversaire n’avait aucune chance. Ce n’était pas juste sinon…

« Hum … Combien de temps cela fait-il ? » demanda subitement le roi en s’adressant à l’un des nombreux gardes en armure rouge derrière lui dans la tribune rouge.

« Une bonne dizaine de minutes. Pourtant, il semblerait que le jeune Holikan soit sérieux. » répondit l’un des gardes alors que le roi marmonnait dans sa barde.

« Cela semble être pour bientôt, n’est-ce pas ? » s’adressa t-il subitement en tournant son visage vers Walane, celui-ci hochant la tête positivement.

« Ca ne doit être qu’une question de semaines ou plutôt de mois, c’est exact. »

« C’est toujours une étape importante dans la vie d’un insecte. Certains n’ont pas cette possibilité mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont moins bons que d’autres. Cela semble être assez étonnant néanmoins … Il est bien jeune et il tient bien plus que les autres. » termina le roi alors que les deux hommes observaient à nouveau le combat.

Ca … ne servait à rien … Il servait plus de sac de frappe qu’autre chose. Mais il tenait bon … Il se relevait à chaque fois avec l’idée de ne jamais retomber. Le pire restait que plus le temps passait, plus il avait l’impression que la situation lui échappait. En fait, ce n’était pas une impression mais la triste réalité. Plus il combattait, plus le Yanma semblait devenir de plus en plus rapide. Il n’avait aucune ch…

« VAS-Y EARNOS ! MONTRE CE DONT TU ES CAPABLE ! »

… … … L’Aspicot comme le Yanma s’arrêtèrent de combattre, leurs deux visages surpris se tournant vers l’origine de la voix. Terria ? Elle l’encourageait ? Lui ? Il n’y avait pas erreur sur la personne ? C’était sûrement le cas car bon …

C’était l’unique moyen qu’elle avait trouvé pour tenter d’exprimer ses excuses envers Earnos. Elle … Elle allait l’encourager … malgré que son adversaire soit Holikan. Et puis … Sur le coup, elle trouvait que cela avait été une très bonne idée. Elle n’avait pas compris pourquoi Earnos n’avait pas combattu ainsi contre Olistar. Puis bon … Il se débrouillait vraiment très bien. Elle espérait juste qu’il comprendrait qu’elle voulait vraiment se faire pardonner par le jeune garçon. C’était tout.

« Et bien … Ma fille … As-tu décidé de changer de camp aujourd’hui ? » demanda subitement la reine Seiry en lui adressant un léger sourire, la jeune fille aux cheveux blonds baissant aussitôt la tête, gênée. Ce n’était pas vraiment ça … C’était juste que … Depuis le jour où il s’était mis en colère, elle avait commencé à comprendre qu’il ne fallait pas toujours se comporter comme une enfant. Dans quelques années, Earnos allait être un citoyen qui l’apprécierait. Si elle voulait devenir une grande Apireine, il était hors de question de jouer avec ses citoyens de la sorte. Et puis bon … C’était bête mais à force de le voir, elle voulait devenir son amie … car elle l’avait fait tellement souffrir.

« Tu es un garçon très spécial … n’est-ce pas ? Mais qu’est-ce qu’il y a d’étonnant dans le fond ? Il fallait que je m’en doute. Nous allons nous battre sérieusement alors. »

Hein ? Comment ? Le Yanma avait fini de regarder la princesse, un sourire aux lèvres. Un sourire des plus inquiétants. Earnos avait commencé à reculer, un peu apeuré. Ce sourire … n’avait rien à voir avec les sentiments précédents. Il n’eut le temps que de voir un flash avant de sentir une ruée de coups qui vinrent s’abattre sur lui, sur la globalité de la face avant de son corps. Lorsque celle-ci s’arrêta, le Yanma était derrière lui, lui tournant le dos.

« Je m’en doutais … Cela devait être une erreur dans le fond. Je suis vraiment stupide … Accorder de l’importance à une telle chose. Cela se voit que je manque d’entraînement. »

« … … … Ah … … … Je … La reine Seiry. » bafouilla Earnos.

Hum ? Quoi ? Il était encore conscient ? Après tout ce qu’il venait de lui donner ? Il se retourna pour l’observer, les jambes de l’Aspicot s’étant mises à trembler. Il n’avait même pas la force de faire ne serait-ce qu’un mouvement.

« La reine Seiry … Je dois … tenir pour sa … promesse. »

Pourtant, les jambes d’Earnos flanchèrent avant qu’il ne s’écroule au sol, les yeux rubis grand ouverts. Une promesse ? De quoi est-ce qu’il parlait ? Holikan tourna son visage vers la reine Seiry. Celle-ci avait encore un sourire aux lèvres comme si … Elle avait entendu toute la conversation, c’est cela ? Des applaudissements se firent entendre pour féliciter le Yanma et pourtant, celui-ci ne semblait pas plus heureux que cela.

Chapitre 22 : Une surprise royale

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Chapitre 22 : Une surprise royale

« Co… Co… Comment ?! » demanda le jeune garçon en écarquillant les yeux alors que son père n’était même pas préparé pour le travail. Plusieurs mois s’étaient écoulés, entre quatre et cinq pour être plus précis.

« Tu as parfaitement entendu, Earnos. Habille-toi correctement. Nous partons dans … » commença à dire son père avant qu’Earnos ne lui coupe la parole :

« Mais attends, Papa ! Tu me dis que nous allons voir le roi et la reine ?! Mais pourquoi ?! Pourquoi ? Je … Je … Je … Je ne comprends … »

« Hum ? Tu ne comprends pas, c’est cela ? Et bien … Fiston, si tu écoutais un peu plus souvent ce que l’on te disait et si tu venais un peu plus souvent en balade avec la famille, tu saurais que ta mère est considérée comme l’une des meilleures fleuristes du royaume ainsi que Florensia. C’est pourquoi il nous arrive en de rares fois par an d’aller dans le château royal pour emmener des fleurs à la famille royale. »

« Mais mais mais … Comment ça se fait que je ne le savais pas ?! » s’écria le jeune garçon aux cheveux blonds alors que son père reprenait la parole après sa tirade :

« Car tu n’écoutais jamais … Tu restais toujours fixé sur ton travail … Mais maintenant, tu es bientôt âgé de dix ans et il serait bien temps que tu ouvres les yeux sur le monde qui t’entoure. Tout ne se rapporte pas uniquement à la boutique de fleurs de ta mère ou alors à la zone de travail dans lequel nous sommes, toi et moi. Peut-être que tu n’as pas envie de venir encore cette fois mais aujourd’hui, puisque nous avons le temps d’en discuter et que tu as même pris la peine de ne pas penser au travail, tu viens avec nous même si tu n’es guère motivé. »

« Je ne vois pas pourquoi je viendrai … Le travail n’attend pas, Papa ! »

Il avait dit cela sur un ton un peu rageur. Dès qu’il repensait à elle … A cette fille … C’était stupide de ne pas vouloir lui pardonner mais elle ne méritait pas qu’il lui pardonne. Il s’en voulait légèrement car ce n’était pas dans ses habitudes mais ce qu’elle avait fait … Il ne voulait PAS DU TOUT d’une troisième fois.

« Et tu pourras discuter avec la princesse pour que vous fassiez la paix. » murmura sa mère. … Parler avec elle ? AVEC ELLE ?!

« Même pas en rêve ! Je ne discuterai pas avec elle ! »

« Mon fils ? Tu es sûr de ne pas vouloir y réfléchir plus sérieusement ? » demanda soudainement sa mère avant qu’il ne la voit mettre une paire de gants blancs aux mains. Que que que … NON NON ET NON ! Il s’était mis à trembler tout en reculant, bafouillant :

« Mais MAMANNNNNNNNNNNNN ! Je n’ai pas envie d’aller au château ! »

« Mais tu viendras quand même … Et vous discuterez comme des personnes adultes, toi et la princesse Terria. Je suis sûre que le roi et la reine seraient d’accord pour cela. Ils doivent être au courant de cette petite anecdote vous concernant tous les deux. Et puis … Une future Apireine se doit d’être proche de son peuple, c’est pourquoi il faut lui laisser réparer ses bêtises. Si tu ne mets pas du tien … Je serai contrainte de t’y forcer, Earnos. » reprit sa mère, retirant peu à peu ses gants. L’effet que cela produisait avait été plutôt violent … très violent même quand on y réfléchissait bien. Le jeune garçon détourna le regard, marmonnant :

« Je viens … mais je ne lui parlerai pas. Mais pourquoi on va là-bas aujourd’hui ? »

« Car nous avons été invité pour les dix ans de la princesse Terria. Et oui, même si elle est plus vieille que toi de quelques semaines, il semblerait qu’elle n’ait pas ta maturité. Dommage que tu sois aussi distant … Tu aurais pu essayer de lui donner un peu de ton caractère. Pas totalement non plus. Les Apireines sont déjà des personnes qui ne pensent qu’au royaume avant même leur propre vie. Si tu la fais devenir comme toi, tu imagines ? » reprit sa mère sur un ton bien plus amical, le jeune garçon commençant à s’imaginer comment serait la princesse Terria si elle était ainsi.

Toujours à jouer son rôle de princesse, à parler avec les autres insectes, à montrer le bon exemple, à ne jamais penser à elle-même … … … C’était comme ça qu’il se voyait lui-même ? Enfin, s’il devait se parler de lui … Qu’est-ce que cela donnerait ? Si il devait se définir ? Ah … Ca ne serait pas très joli … Il pouvait se dire qu’il travaillait durement, très durement même mais à côté … Il n’était pas sociable, il n’avait pas d’ami ou presque à part Herakié et encore … De l’autre côté, il ne pensait qu’au travail sans même s’intéresser au reste. Il était parfois très froid et distant … Enfin bon …

« Nous partons dans une vingtaine de minutes. » reprit son père finalement alors que le jeune garçon hochait la tête. D’accord …

« Je vais aller me laver et être présentable, maman … » marmonna l’Aspicot avant de s’éloigner. Pfff … Non … Il ne voulait pas … Pas du tout … aller là-bas. Il prit sa foreuse avec lui, celle qui était dans un triste état mais toujours capable d’être utilisée.
Pourtant, voilà qu’il était de la partie avec le reste de sa famille, toute celle-ci s’étant mise en marcher pour se diriger le palais royal. Après de nombreux dédales et de tunnels les faisant monter et descendre sur plusieurs strates, ils étaient arrivés à leur lieu de destination. Lui ? Il ne regardait même pas le château, ne s’en préoccupant pas le moins du monde. Il ne voulait pas l’étudier en détail, savoir si il était grand ou non. Rien que de savoir qu’il allait la revoir … Ca lui mettait les nerfs en boule. Il ne voulait pas revoir … Il ne voulait absolument pas la revoir ! Pas le moins du monde !

« Ah ! Messire Walane ! Dame Niny ! Nous vous attendions. Nous avons reçu un message de la part du roi à votre sujet. »

L’un des gardes s’était adressé à eux tandis que le jeune garçon le regardait d’un air surpris. Le garde semblait ravi de revoir ses parents sans qu’il n’arrive à expliquer pourquoi. Enfin, peut-être que cela voulait dire que ses parents étaient plus connus que prévu. Peut-être que cela n’allait pas être une si mauvaise journée dans le fond ?

« Et bien … Earnos … Regarde les fleurs à droite … Ben tu vois … C’est notre mère qui les as plantées elle-même. » vint lui dire subitement Passy alors qu’il jetait un regard vers l’endroit qu’elle désignait du doigt.
Des fleurs … De très belles fleurs si on pouvait dire cela … Puisque c’était du lierre … Mais un lierre magnifique et splendide. On voyait qu’il n’avait rien d’un parasite qui envahissait une autre plante. Non … Le lierre était là, présent, entourant finement des bégonias orange. Le lierre était si maigre, si petit et pourtant, il se liait avec tant d’insistance.

« Un attachement ou une amitié éternelle … et qui résiste à l’épreuve du temps. »

« Oh … Malgré que tu ne sois jamais là à la boutique de fleurs, visiblement, tu nous écoutes souvent sinon tu ne te souviendrais pas de la signification. » répondit sa mère en lui souriant, lui caressant le sommet de son crâne alors qu’il rougissait à cause de l’acte.

« Bonjour madame Niny ! Bonjour monsieur Walane ! »

Il tressaillit, s’immobilisant aussitôt en entendant la petite voix fluette. Qu’est-ce que … Qu’est-ce que … Pourquoi est-ce qu’elle était déjà là ?! Lui qui était derrière ses grandes sœurs et ses deux parents, il était bien caché mais il commençait à l’apercevoir. Elle semblait si heureuse et radieuse. Pourtant, la joie qui parcourait son visage s’arrêta subitement au moment où elle arriva devant ses parents.

« Mais … Mais … Mais … Euh … Euh … Euh … Madame … Niny ? C’est votre fils ? » demanda t-elle subitement d’une petite voix très faible en désignant Earnos du regard.

« Oui. C’est la première fois qu’il vient au château. Il est le troisième enfant, tu sais celui dont tu voulais tant faire la connaissance car tu ne l’avais jamais vu. » répondit la femme Coxyclaque, faisant semblant de ne pas savoir au sujet des deux enfants.

« Ah … Euh … Oui … Bien sûr. Ma mère va bientôt arrivé. Euh … Vous savez où vous rendre. » bafouilla la petite Apireine alors que toute la famille d’Earnos avançait.

Il passa à côté d’elle, l’ignorant complètement alors qu’elle lui jetait un regard en biais. La foreuse qu’il avait sur son dos… Ce n’était pas celle qu’elle avait achetée pour lui hein ? Il ne la prenait même pas … Il ne lui avait pas pardonnée … Elle devait … Elle devait s’expliquer avec lui avant qu’il ne soit trop tard. Alors qu’ils s’enfonçaient dans le palais, elle s’était retournée avec conviction. Pourtant, toute sa conviction s’était envolée en fumée en un instant. Elle n’y arrivait pas … Elle n’était pas assez forte pour … ça …

« Roi Tanator, reine Seiry, c’est un honneur renouvelé de vous rencontrer. »

C’était son père et sa mère qui avaient pris la parole, les deux adultes s’inclinant respectueusement devant la famille royale. Lui-même fit le geste ainsi que ses sœurs. Il trouvait cela attendrissant de voir la plus jeune se prêter à tout cela. Lorsqu’il releva la tête après l’avoir baissée pour s’incliner, il remarqua le visage de la reine Seiry. Son sourire … Son sourire était si beau et si tendre … Si chaleureux … Et c’était bien qu’elle regardait … Ah … Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle le regardait lui ? Est-ce qu’elle avait réussi à le reconnaître ? A savoir qu’il était l’enfant qu’elle avait rencontré il y a presque six ans ?

« Earnos … Ne fixe donc pas la reine Seiry de la sorte, c’est impoli. » murmura Cassina alors qu’il répondait en chuchotant, détournant la tête :

« Par … Pardon … C’est vrai que je ne devrais pas … Je devrais aller m’excuser … Enfin … Euh … C’est juste que … Voilà. »

Il valait mieux qu’il se taise plutôt. Il n’arrivait toujours pas à croire ce qui se passait ici. Comment est-ce que ses deux parents pouvaient être reliés au roi et à la reine … Sa mère … Une fleuriste royale ? Et il n’apprenait ça que maintenant ?! Il s’en voulait terriblement à cet instant de ne jamais prendre réellement part aux discussions entre membres de sa famille. Visiblement, il loupait des choses très importantes.

… … … … … Voilà maintenant … Non … Il y avait sûrement un problème, un GROS problème … Ce n’était pas possible autrement. Pourquoi … Pourquoi est-ce que sa famille mangeait à la même table que celle du roi et de la reine ? Et aussi de nombreux insectes nobles ? Heureusement, il n’était encore qu’un enfant et il avait été mis de côté avec ses deux plus jeunes sœurs. Heureusement ? Oui … Car sinon, il ne saurait pas comment se tenir face à ces personnes trop importantes pour lui.
Il pouvait remarquer que la princesse était assise à côté de sa mère, à la droite de cette dernière. Elle semblait si heureuse avec celle-ci … Il n’était pas rare qu’elles parlent entre elles. Et le roi … Il parlait avec son père ? Son père était assis à la gauche du roi ? Et ils semblaient discuter de choses assez importantes. Même trop importantes … Et ça le concernait lui ?! Même si ils étaient à une autre table, il sentit que les regards royaux convergeaient vers lui ainsi que de nombreux autres. Qu’est-ce … Qu’est-ce qu’ils avaient dit ? De … De quoi est-ce qu’ils parlaient ? Il ne sentait plus très bien maintenant.

Chapitre 21 : L’apprécier

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Chapitre 21 : L’apprécier

Quelques semaines s’étaient écoulées depuis cette petite session avec la vision du tournoi. Il n’avait guère porté plus d’intérêt sur la chose et depuis, ses parents avaient évité de lui en reparler ou de le forcer à y participer. Ainsi, il pouvait revivre des jours heureux sans se poser de questions. Enfin, il exagérait ainsi mais de l’autre côté, ce n’était pas si loin de la vérité. Sa foreuse attachée à son dos grâce à deux lanières, il était temps pour lui de rentrer à la boutique de fleurs. Du moins, c’est ce qu’il aurait aimé faire.

« E … AR … NOSSSSSSSSSSSS ! » s’écria soudainement une voix qui lui fit détourner la tête. Ah … Euh … Il haussa un sourcil en apercevant la jeune Scarhino. Il fallait dire que depuis quelques temps, il ne la voyait guère plus qu’une fois par semaine. Et donc … ca devenait assez rare. Néanmoins, à force … « Et bien ? Pourquoi tu ne réponds pas ? Tu as fini de travailler ? Tu rentres avec moi, dis ? »

« … Pourquoi pas ? » annonça t-il avant qu’elle ne pousse un cri de joie. Elle semblait si heureuse qu’il accepte. Sans aucune gêne, elle lui prit sa main tandis qu’il l’observait. Elle était toujours vivace hein ? Ca lui rappelait la princesse mais contrairement à cette dernière, Herakié était bien différente. Oui … Elle ne jouait pas avec lui.

« Tu ne parles pas beaucoup, Earnos … Elle s’est passée comment ta journée ? » demanda la jeune fille, essayant de faire la conversation en espérant y arriver.

« Comme d’habitude … Il n’y a rien de bien différent par rapport aux autres journées. »

« Ah … Euh … Je vois … » répondit Herakié d’un air un peu dépité. Elle devait trouver un autre sujet de conversation. « Euh sinon et bien … Aujourd’hui, une nouvelle élève est venue dans notre école ! Elle se prenait pour la reine ! »

« Hum ? Ah bon ? » dit-il sur un ton faussement intéressé bien que son regard rubis se posait sur le visage de la jeune fille. Un regard qu’il haussa légèrement comme surpris par quelque chose la concernant. Elle reprenait la conversation :

« Oui et comme elle était nouvelle, elle ne me connaissait pas ! Et tu me connais bien, Earnos hein ? Tu sais bien que moi, j’aime pas qu’on m’embête, surtout que des fois, je suis seule dans mon coin pour m’amuser. »

« Continues donc … » murmura le jeune garçon, arrêtant de la regarder pour mieux pouvoir l’écouter. Il ne semblait même pas se soucier du fait qu’il avait sa main dans celle d’Herakié. De l’autre côté, il posait ses yeux sur le sac-banane qu’il avait autour de la taille depuis maintenant quelques semaines. Ah … Cette ceinture …

« Bon et bien … Dès le premier jour, on s’est battu, elle et moi ! Devine qui a gagné ! » s’écria la jeune fille avec entrain tandis qu’il lui répondait :

« Toi, n’est-ce-pas ? Mais à part ça … C’était quoi ? »

« Une Papilusion de la haute société ! Mais moi, je m’en fiche de ça … Elle n’avait qu’à pas m’embêter de toute façon ! Même si elle se battait déjà très bien, elle ne fait pas le poids par rapport à moi ! Enfin, elle était quand même assez forte … »

« C’est pour ça que tu essayes de cacher ta blessure à la joue gauche ? Tu n’arrêtes pas de poser ta main dessus comme pour éviter que je la regarde. »

HEIN ?! Il avait dit cela avec neutralité alors qu’elle bafouillait, cherchant à lui répondre avant de retirer sa main de sa joue gauche. Elle se tourna vers lui, présentant la légère éraflure au jeune garçon en marmonnant :

« C’est rien du tout. Rien de bien grave et … »

Elle pencha la tête sur le côté alors qu’il retirait sa main. Il ouvrit la bourse autour de sa taille, retirant un pansement avant de lui dire :

« Montres-moi ta joue … Je vais voir si c’est la bonne taille ou non. »

Elle hocha la tête sans un mot, rougissant légèrement tandis qu’il s’approchait d’elle. Hum … Ce n’était pas la bonne taille de pansement malheureusement. Il replongea sa main dans sa banane, en sortant finalement un pansement de moindre taille. Voilà … Cela semblait être beaucoup mieux. Il le déposa doucement sur la joue d’Herakié, celle-ci semblant avoir une bouffée de chaleur en vue de la rougeur qu’elle avait aux joues.

« Comme ma petite sœur va débuter dans le forage et le minage, je me dois de prendre des précautions au cas où elle se blesserait. » répondit-il à une question imaginaire qu’elle aurait pu posée si elle avait été capable de s’adresser à lui, chose impossible dans l’état dans lequel elle se trouvait à l’heure actuelle. Elle balbutia simplement un « D’accord. » alors qu’il rangeait toutes ses affaires sans plus de mots.

Voilà qu’ils étaient à nouveau en route pour marcher ensemble, le jeune garçon aux cheveux blonds restant définitivement muet tandis qu’elle-même semblait avoir quelques problèmes. Elle ne savait guère quoi dire mais elle devait bien trouver un sujet de conversation. Un autre … Un autre … Car c’était la première fois … qu’il faisait une telle chose.

« Alors … Euh … Comme ça … Jiane va bientôt travailler avec vous ? »

« C’est exact … Ca ne me plaît pas … Car ce n’est qu’une enfant … Mais … Depuis déjà plusieurs mois, elle n’arrête pas de se préparer. »

« Tu sais que tu es aussi un enfant, Earnos ? » répondit Herakié en lui faisant un léger sourire, le jeune garçon haussant les épaules. « Et puis … Si elle veut ressembler à son grand frère, ça se comprend … Tu es aussi un enfant … »

« Je le sais parfaitement … Mais bon … Pourquoi est-ce qu’elle veut faire pareil ? C’est pas un travail pour elle … Elle pourrait juste aller travailler avec ses grandes sœurs. Pourquoi est-ce qu’elle veut faire comme moi ? C’est pas normal. »

« Dis … Tu ne penserais quand même pas que les filles ne devraient pas travailler dans les mines, les grottes, tout ça parce que ce sont des filles ? »

Elle avait posé cette question avec un peu d’étonnement, le jeune garçon reculant sa tête comme pour réfléchir. Non … Ce n’était pas ça … C’était juste que … C’était juste …

« Ma petite sœur n’a pas travaillé à son âge … C’est tout. Voilà… » répondit-il en détournant le regard. C’était tout … Il n’avait pas besoin d’expliquer autre chose.

« Et c’est Earnos qui dit ça alors qu’il a commencé à travailler à l’âge de quatre ans. » répliqua Herakié en rigolant d’un air amusé.

« C’est pas pareil ! Pas du tout pareil même ! Ne mélange pas tout ! » s’écria Earnos avec un peu de colère bien qu’elle ne semblait guère imposante.

« Hihihihi …. Il suffit donc de juste parler de ta petite sœur pour que tu arrêtes d’être aussi … froid ? Je vais noter ça dans mon cahier comme ça, la prochaine fois, ça me permettra de m’amuser bien plus avec toi, Earnos. Mais tu sais … Ce n’est pas très grave hein ? Moi, je sais que tu aimes beaucoup ta famille et que tu n’as pas envie qu’elle continue à vivre comme ça. Tu es vraiment très gentil. »

« … … … Je veux juste travailler, Herakié … C’est tout. Je veux juste que ma famille n’ait plus besoin de souffrir pour ça. »

« Moi, je te comprend vraiment, Earnos. Juré ! » dit-elle avec entrain.

Il avait posé son regard sur la jeune fille. Qu’est-ce qu’elle y connaissait ? Comment pouvait-elle dire qu’elle le comprenait ? Il aurait aimé lui dire la vérité en face mais au final, c’est lui qui se trompait. Elle pouvait le comprendre … Surtout elle dans le fond … Puisqu’elle avait déjà perdu sa mère, elle voulait rendre son père heureux aussi. Pfff … Il passa une main sur le sommet du crâne d’Herakié, caressant celui-ci.

« Je veux bien te croire, Herakié. Allez … Ce que j’ai dit, je vais le faire … Nous allons rentrer chez toi non ? Même si il n’est pas tard, il ne faudrait pas perdre de temps. »

Il avait raison ! Elle serra avec plus d’insistance la main de l’Aspicot alors qu’ils recommençaient à marcher. Le chemin vers lequel se trouvait la maison de la Scarhino était loin d’être celui qu’il utilisait pour rentrer chez lui mais qu’importe … Il allait l’accompagner jusqu’à chez elle comme il l’avait signalé. Sur le chemin, il remarqua qu’elle lui jetait quelques regards discrets et furtifs bien que visiblement, il y avait encore du travail de ce côté.

« Un problème avec moi, Herakié ? »

« Il … Enfin … J’ai appris que tu as été voir les tournois pour les enfants qui veulent rentrer dans l’armée. Tu voulais y participer ? » demanda t-elle finalement, heureuse qu’il ait pris la parole en premier.

« PAS DU TOUT ! Je ne veux pas rentrer dans l’armée ! On en parle plus ! Je n’irai jamais dans l’armée ! Surtout pas ! » s’écria le jeune garçon alors qu’elle poussait un soupir de soulagement, lui répondant :

« Tant mieux … Car si tu allais dans l’armée, moi, je ne pourrai plus te voir … Et ça, c’est très embêtant pour moi … Beaucoup trop embêtant même. »

« Et je ne pourrai plus voir ma famille non plus. Donc, c’est pour ça que je ne voulais pas. »

Et puis … De l’autre côté, il n’osait pas dire qu’il s’était fait battre à plate couture par un Rapion … Et qu’il ne voulait pas protéger une princesse aussi … gamine … Mais ça, ça ne concernait pas la Scarhino, c’était du domaine du personnel. Il était temps d’accélérer le rythme car il lui semblait qu’ils n’avançaient guère. Elle chuchota en chemin :

« Dis … Earnos … Pourquoi est-ce que tu as accepté de m’accompagner aujourd’hui ? »

« Hum ? Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Ben … D’habitude … Tu ne veux pas … Tu te laisses juste attraper … Mais là, tu as dit oui. C’est pour ça que je suis si heureuse aujourd’hui ! »

« Je ne sais pas du tout … Herakié … Pas du tout, oui … »

Il n’arrivait même pas à se l’expliquer à lui-même. Depuis qu’il avait revu la princesse, il acceptait de plus en plus souvent d’accompagner Herakié. Peut-être comparait-il les deux filles ? Et il voyait à quel point Herakié était une fille très gentille, bien qu’un peu collante … Tout le contraire de la princesse Terria ! Au bout du compte, il discutait avec Herakié tout au long du chemin, arrivant jusqu’à la maison de la jeune fille et de son père. En dépit de ce qu’il pensait, la maison semblait plutôt bien entretenue. Il fallait dire qu’il n’était venu que de rares fois devant celle-ci. Cela devait même se compter sur les doigts de la main. Il eut juste le temps de réagir que les lèvres d’Herakié se posèrent sur sa joue gauche.

« Je vais marquer dans mon journal intime que tu m’as raccompagnée aujourd’hui ! Dis … Euh … Earnos … » murmura la jeune fille après sa légère exaltation. Elle se triturait les doigts, donnant un coup de pied dans le sol d’un air gêné avant de reprendre : « Dis … Earnos, tu viendras me chercher une nouvelle fois ? Enfin … Quand tu as le temps hein ? Quand tu ne dois pas trop travailler … »

« Si je ne suis pas trop fatigué … et que j’y pense, pourquoi pas ? Allez … Je vais rentrer … Car moi, j’ai encore du chemin à faire. »

« AU REVOIR, EARNOS ! Rentres-bien ! »

Elle avait crié de toutes ses forces, le saluant vivement d’un geste de la main alors qu’il s’éloignait peu à peu. Pfff … Il ne pouvait pas s’empêcher de sourire. Quel idiot … Voilà qu’il s’attachait un peu à Herakié … Comme quoi, il lui avait fallut trouver « pire » pour cela.

Chapitre 20 : La récompense de la princesse

ShiroiRyu
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Chapitre 20 : La récompense de la princesse

« Papa … Je rentre en avance, j’ai déjà terminé de travailler. » murmura le jeune garçon aux cheveux blonds alors que son père lui faisait un geste de la main.

« Tu as déjà prévenu le chef ? Si c’est le cas, d’accord. Par contre, ne rentre pas à la maison tout de suite, tu sais ce que ta mère et moi t’avons demandé. »

« Oui … Papa … Je vais aller voir … Pfff … » marmonna Earnos entre ses dents, s’éloignant de son père et du lieu de travail. Pfff … Vraiment … Pourquoi est-ce qu’il devait faire ça ? C’était de la faute à mademoiselle Florensia ça. Depuis qu’elle avait parlé de l’armée à sa mère, celle-ci en avait parlé à son père et voilà qu’ils n’arrêtaient pas d’en parler, avec un entrain bien différent de celui auquel il s’était attendu. Ils espéraient vraiment qu’il soit intéressé par ça ? Pfff … Ce n’était pas du tout son genre.

Depuis plusieurs mois, à cause de l’attentat envers la reine Seiry, le roi avait décidé d’organiser plusieurs tournois pour rechercher de nouveaux soldats. Enfin, ce qui était spécial, c’est qu’ils recrutaient même dans les enfants à partir de huit voir six ans … Donc c’était quand même un panel très large … Et pour éviter de prendre des soldats nullement motivés, des tournois parsemaient les villes et les villages. Ceux qui gagnaient ou montraient preuve d’une très grande volonté avaient la possibilité de rejoindre l’armée des insectes au plus bas de l’échelon bien entendu.
Et lui dans cette histoire ? Il n’en avait rien à faire mais ses parents voulaient quand même qu’il y jette un œil … Ca ne payait pas de mine et il s’en fichait royalement. Surtout que tout ça était pour protéger la reine et la princesse. Il ne voulait plus de cette promesse … Il aurait bien aimé revoir la reine pour qu’il puisse lui dire au sujet de la promesse … qu’il ne voulait plus la tenir … Mais bon … Il voulait juste protéger la reine … La princesse, elle n’avait qu’à se débrouiller seule puisque c’était dans ses habitudes de chercher les problèmes.

Enfin bon … Voilà qu’il avait dû partir quasiment à l’opposé du chemin habituel pour se rendre dans la ville la plus proche. Celle-ci semblait en effervescence et pour cause : Il semblerait que la princesse elle-même était présente pour présider au tournoi. PFFFFF ! Il valait mieux qu’il change de ville car sinon …

« Et pourquoi est-ce que je devrais me cacher à la base ? J’ai rien à me reprocher que je sache, moi. » marmonna t-il entre ses dents. C’était tout le contraire même … Il n’avait pas à partir car ELLE était là. NON ! Il n’était pas du genre à se mettre en colère ou en vouloir aux autres mais elle … Malgré que … La foreuse que lui avait donné l’Apitrini … Enfin … Même ça, il ne l’utilisait guère souvent. Il préférait celle que ses parents lui avaient offerte. Enfin, même si elle était cassée …

« Hey ? Petit ? Qu’est-ce que tu fais là ? T’es venu ici pour participer ? » demanda une voix, le garçon se tournant pour voir un homme en armure verte, une épée attachée à la ceinture. Un Insecateur ? Surement un soldat.

« Pas du tout … Je suis juste venu voir … C’est où l’endroit des spectateurs ? » répondit-il tandis que l’homme lui disait de venir le suivre. Quelques minutes plus tard, il se retrouvait dans les gradins, installé au premier rang car il était un enfant et donc qu’il ne pouvait voir que si il était assez près de la zone de combat.

Celle-ci était des plus basiques quand on la regardait bien : Un simple terrain herbeux. Enfin, il y avait quand même quelques coins où l’herbe n’était pas installée et de nombreux rochers de différentes tailles. Cela permettait à tous et à toutes de combattre sans problèmes. Bon … Il était juste venu voir … Même si il n’allait pas trouver ça …

« Ah. Je me disais aussi. » murmura t-il soudainement en même temps que son regard ne se porte sur la personne assise sur une tribune bien différente.

Ah … Plusieurs gardes et elle était là. Calme et assise, les mains posées sur ses jambes, elle balançait ses pieds en avant et en arrière, attendant avec impatience que les combats commencent. Pourquoi une telle impatience ? Car pour ces fameux tournois d’enfants et de jeunes adolescents, il y avait une certaine personne que le gagnant devait affronter. Cette personne était nulle autre qu’Holikan. Considéré comme le meilleur élément parmi les plus jeunes membres de l’armée, il était toujours là quand elle présidait un tournoi.

« Dans combien de temps le premier combat commence ? » demanda t-elle en s’adressant à une femme fortement protégée par une armure rouge, celle-ci ayant deux gigantesques pinces comme armes dans son dos.

« Hum ? Princesse ? Dans environ une quinzaine de minutes, veuillez prendre votre mal en patience. » répondit la femme avant que la jeune fille ne se mette debout.

« Je vais aller me balader un petit peu en attendant. Je promets de ne pas quitter l’arène. »

Oui mais non. La soldate fit un petit geste de la main, deux personnes venant accompagner la princesse alors que celle-ci faisait une petite moue boudeuse. C’était quoi ce manque de confiance ? Depuis que sa mère restait au château, elle n’avait plus essayé de faire des petites fugues … Enfin, beaucoup moins qu’auparavant quoi.

Hum ? Elle partait ? Tant pis. De toute façon, ce n’était pas son problème. Il s’en fichait pas mal dans le fond quand il y réfléchissait bien. Il devait juste attendre que le combat commence, qu’il y jette un œil, qu’il fasse semblant de s’exclamer de joie devant tout ça. Pfff … Vraiment, il n’avait pas que ça à faire. Pourquoi est-ce que les gens ne comprenaient pas ? Hum … Il passa une main sur son front, fermant les yeux avant de poser la seconde sur la bouche. Il était fatigué … Légèrement fatigué … Et ce n’était pas à cause du travail abattu.

Les combats se déclaraient les uns après les autres alors qu’elle semblait un peu soucieuse. Pendant qu’elle se baladait dans l’arène, elle avait cru apercevoir … euh le garçon Aspicot … EARNOS ! Oui ! Elle se rappelait de son nom maintenant mais … Qu’est-ce qu’il faisait là ? Est-ce qu’il allait participer au tournoi ? Il y avait très peu de chances. Elle n’avait même pas put lui parler mais en plus … Elle n’y arriverait pas.

« De toute façon … Il n’a même pas la foreuse que je lui ai achetée. »

La soldate Cizayox s’était tournée vers elle, se demandant à qui elle parlait alors que la princesse semblait un peu soucieuse et perdue. D’après ce que les Apitrinis avaient dit, il ne lui pardonnait pas car il avait dit qu’elle n’était pas assez courageuse pour le lui dire en face. C’était pas de sa faute ! Enfin … Pas totalement non plus … Elle ne faisait rien de mal …

Ennuyeux … Enfin … Non … Ca ne l’était pas … Mais pour lui, ça l’était … Il ne voyait pas pourquoi il devait regarder ça. C’était si intéressant que ça de se battre ? Lui ne voyait pas ce qu’il y avait de si bien dans tout ça. Oh … Loin de là même. Il poussa un léger soupir, passant une main dans ses cheveux blonds. Il n’allait pas regarder jusqu’à la fin de tout … Il s’arrêta de penser au même instant où son regard croisa celui de la princesse. Elle l’avait remarqué, n’est-ce pas ? Ils commencèrent à se fixer longuement, le jeune garçon clignant des yeux avant que la jeune fille ne le fasse à son tour.

«Qu’est-ce qu’elle a maintenant ? Elle m’a vu, je l’ai vue … C’est quoi le souci ? » marmonna t-il entre ses dents, détournant finalement le regard.

« Je suis sûre qu’il doit encore m’en vouloir … Il n’arrête pas de me regarder … Il doit se dire que je ne suis qu’une couarde. Ce n’est pas vrai mais … Snif … »

Snif ? Elle était triste à cause de lui ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle se frotta les yeux bien qu’elle ne pleurait pas. Elle ne comprenait pas … Pourquoi est-ce qu’elle pleurait à cause de ce garçon ? Il n’avait rien du tout de spécial pourtant. Et puis, était-ce parce qu’elle n’arrivait pas à faire qu’il soit de son côté ? A lui montrer qu’elle était une bonne princesse ? Même Olistar disait du bien d’elle … Alors pourquoi pas cet Aspicot ?

Il valait mieux fixer son regard sur le combat plutôt que sur la princesse. De toute façon, les soldats autour d’elle semblaient vouloir lui dire quelque chose. Il avait presque crut la voir pleurer. Elle faisait encore son numéro. Il en était sûr et certain. Pendant ce temps, lui, il n’allait plus s’intéresser au cas de la princesse, ce n’était plus son problème.
Les combats commençaient et se terminaient les uns après les autres jusqu’à arriver au clou du spectacle. Un combat contre le gagnant du tournoi et Holikan. Le gagnant était un adolescent d’environ quatorze ans Scarhino d’après ce qu’il remarquait. Par contre … Cet Holikan, la foule semblait l’apprécier grandement et lui-même le connaissait un peu … C’était un Yanma … Et surtout, le « fiancé » attitré de la princesse. A voir sa carrure et sa prestance, ça semblait bien lui correspondre.

« VAS-Y HOLIKAN ! FAIS DE … »

« Princesse ! Veuillez ne pas crier en public ! »

Voilà que toutes les têtes convergeaient vers la tribune où siégeait la princesse. C’était elle qui venait de hausser la voix avant d’être coupée par la soldate Cizayox. La jeune fille aux yeux rubis vint rougir légèrement, un peu gênée mais amusée à cause de ce qu’elle venait de faire. De son côté, sur le terrain, Holikan poussait un petit soupir, comme si il trouvait cela plutôt distrayant. Finalement, il s’était tourné vers son adversaire, disant :

« Avec la princesse derrière moi, tu comprends que je ne peux pas perdre. »

« J’AI TOUJOURS VOULUT VOIR CE QUE TU VALAIS ! » hurla le Scarhino en fonçant vers lui à toute vitesse, sa tête penchée en avant.

… … … Deux minutes ? Ou trois ? Tout ce qu’il savait, c’est que lui-même devait le reconnaître. Holikan … était fort … vraiment très fort … L’adolescent Scarhino ne l’avait guère réellement touché ou affecté … Ah … C’était quand même bizarre. Comment une telle personne pouvait servir la princesse ? Enfin, ce n’était pas son problème. En parlant de la princesse, celle-ci était descendue dans l’arène, venant récompenser Holikan en l’embrassant sur la joue. Elle se donnait en spectacle … comme d’habitude.

« Je ne vois pas ce qu’il y a de si bien avec l’armée. »

Il se leva, prenant sa foreuse avec lui avant de s’éloigner. Il était temps de rentrer. Tout ça ne l’intéressait pas le moins du monde. Lorsqu’il revint chez lui, sa mère le questionna ainsi que ses deux sœurs. Il répondit avec la plus grande franchise que cela avait été ennuyeux ou presque. Seul le combat contre Holikan avait relevé l’intérêt dans tout ceci. L’ainée des sœurs poussa un profond soupir. Non … Visiblement, cela ne servait à rien. On ne pouvait pas le forcer à apprécier quelque chose s’il n’en avait guère l’envie.

Chapitre 19 : Un complot contre la royauté

ShiroiRyu
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Chapitre 19 : Un complot contre la royauté

« Cela fait six longs mois depuis notre tentative d’assassinat échouée. »

La voix avait été directement au point central de la conversation qui allait avoir lieu. Une unique table faite de bois circulaire et de plusieurs mètres de diamètre. Une table gigantesque quand on y réfléchissait bien. Autour, une cinquantaine de personnes était assise, leurs regards dirigés vers l’unique être qui était debout. Au-dessus d’eux, un chandelier éclairait l’entièreté de la pièce qui était complètement vide à part la table en son milieu.

« Maintenant que les esprits se sont calmés, que nous ne sommes plus jugés rien qu’au regard, il est temps d’envisager un second plan ? » reprit la voix, celle-ci provenant de l’être debout.

« Pendant ses six mois, nous avons lancé une longue investigation pour essayer de voir comment s’en prendre à la reine mais cela a été impossible. La garde était beaucoup trop renforcée pour que nous puissions faire quelque chose de correct. » répondit l’une des personnes qui était assise, faisant des ronds avec son index gauche sur la table.

« De l’autre côté … Le temps s’écoule et donc nous avons de plus grandes chances d’y arriver maintenant. » annonça une seconde personne, à l’exacte opposée de celle qui avait pris la parole. « Mais il ne faut pas se rater cette fois-ci … Qu’importe le temps que cela prendra, nous devons nous préparer correctement. »

« C’est une bonne remarque de ta part. Cela nous changera un peu, il faut l’avouer. Bon … Avant d’imaginer un plan à ce sujet, quelqu’un peut-il nous donner des nouvelles de nos relations avec les Scorvols et les Scorplanes ? »

Finalement, l’être qui était debout par rapport aux autres se retrouva assis alors qu’il faisait un petit geste de la main pour dire aux autres de commencer à parler. Ils se regardèrent, certains tournant la tête vers ceux en face, à gauche ou à leur droite. Aucun n’osait prendre la parole, de peur de dire une bêtise ou alors de mettre en colère celui qui semblait diriger les opérations. Néanmoins, après deux minutes de silence, une personne dit :

« Même si cela fait six mois, les Scorvols et les Scorplanes ont encore une rancune assez tenace par rapport à ce qui s’est passé. »

« Que cela leur plaise ou non, ce n’est pas un problème. Sont-ils toujours avec nous ou non ? » demanda l’être qui s’était assis il y a peu.

« Ils continuerons de nous écouter et de nous suivre si vous l’ordonnez. » reprit la voix qui avait finalement de mettre un terme au silence.

« Tant mieux alors … Ce problème s’est résolu de lui-même … Si nous pouvions dire qu’il y en avait un à la base. » termina l’être qui se redressa de sa chaise.

Il ne pouvait pas rester en place … Il semblait être parcouru par mille pensées comme si il se devait de voir beaucoup plus loin que dans les évènements actuels. Ah … Bon … Maintenant que ce point était réglé, il fallait s’attarder sur un autre, un autre qui avait aussi son importance. Comme à chaque réunion, il fallait prendre des nouvelles sur tous les fronts pour ne pas laisser la possibilité d’avoir une nouvelle erreur.

« … … Et maintenant … Passons à l’autre sujet pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Avez-vous des nouvelles à me donner par rapport aux relations des Rapions, Drascores et du royaume ? Est-ce que ces relations ont empiré ou alors ? » reprit la personne debout.

« … AHEM … » marmonnèrent plusieurs voix en même temps, signe que la tension montait subitement d’un cran lorsqu’il avait posé cette question.

« Et bien ? J’attends une réponse … Et cette fois-ci, je la veux le plus rapidement possible. C’est à cause d’eux que notre précédente tentative a été un échec. »

« Euh … Malgré ce qui s’est passé et les paroles du roi, il semblerait que les relations entre ce peuple et le royaume restent quand même assez neutres voir bonnes … Les tentatives de la reine sont toujours ancrées dans leurs esprits et ils savent que ce n’est pas de leur faute pour cette tentative d’assassinat. Non, c’est même le contraire. Malgré le fait qu’elle ne vienne plus et les paroles du roi, leur ambassadeur continue d’être auprès de la princesse et il semblerait que la jeune fille soit à ses côtés pour bien montrer au peuple que le travail commencé par la reine ne sera pas terminé. »

Toutes les têtes convergèrent vers la personne qui avait fait cette longue tirade. Une femme aux cheveux rouges. Ceux-ci semblaient prendre la forme de trois pointes dont celle centrale était plus grande que les deux autres. Enfin, elle avait une paire de lunettes devant ses yeux bleus, jouant avec une fiole entre ses deux doigts.

« Hum … C’est assez rare que tu prennes la parole, Eriastée. » murmura une voix juste à côté de la femme, celle-ci répondant aussitôt :

« Je n’aime pas parler pour ne rien dire, c’est là toute la nuance. »

« Ne commencez guère à vous disputer. Hum … Visiblement, c’est une mauvaise nouvelle. D’après ce que j’ai appris personnellement, il semblerait que la reine aura bientôt à nouveau le droit de se rendre dans le désert. Comme il ne s’est rien passé depuis des mois, le roi semble de moins en moins réticent à ce qu’elle recommence son rôle d’ambassadrice. »

L’être qui était debout commença à faire les cent pas, se mettant à réfléchir à la situation. Ce n’était guère quelque chose de favorable mais il n’y avait pas cinquante solutions. Soit ils profitaient du fait que la reine était dans le royaume, soit ils attendaient qu’elle retourne dans le désert. Subitement, une voix s’éleva parmi les membres assis :

« De mon côté, j’ai appris que les Rapions et les Drascores ont bien précisés qu’ils accompagneraient la reine dans le moindre de ses déplacements dans le désert, que cela soit à l’entrée de celui-ci, soit dans le lieu où ils vivent. Ils veulent absolument éviter une nouvelle catastrophe et surtout, ils ont l’air de réellement tenir à cœur cette idée de réconciliation. Néanmoins, j’ai remarqué aussi que pas mal de dissidents Rapions et Drascores continuent de garder leur haine envers leur royaume intacte. Nous pourrions en profiter et tenter de dialoguer avec eux ? Si ils se retrouvent près de la reine … »

« Visiblement, cela doit être une journée très spéciale, Faros. Toi aussi, tu n’es pas enclin à t’adresser aux autres pendant la réunion. » coupa l’être debout, son visage tourné vers celui qui venait de parler. « Mais continues donc. Nous t’écoutons. »

« Je disais donc que si nous tentions de communiquer avec eux, nous pourrions alors être près de la reine et la tuer sans même qu’elle ne le remarque. Néanmoins, j’ai déjà pensé aux éventuels problèmes. Il se pourrait qu’ils fassent double jeu. Malgré leur répugnance à l’idée de revenir dans le royaume, ils ne seraient pas de notre côté et c’est pour cela que si nous leur parlions de l’idée d’assassiner la reine, cela a un risque de se retourner contre nous. »

La personne avait finalement de parler, poussant un profond soupir. Dans le fond, sa longue diatribe n’avait pas servit à grand-chose, juste à signaler que tout cela n’allait pas être simple. Il avait une paire de lunettes rouges sur ses yeux, des lunettes assez spéciales. Celles-ci semblaient transformer le regard en yeux à facettes, comme le serait ceux d’une mouche. Enfin, il avait des cheveux violets ébouriffés un peu partout, cheveux dans lesquels il passa sa main d’un air absent. L’être debout reprit la parole :

« … … … Nous avons tout le temps de réfléchir à ce projet … Visiblement, nous devons d’abord renforcer nos relations avec les Scorvols et les Scorplanes. Ce seront eux les fers de lance de notre assaut … N’hésitez pas à garder un ou deux d’entre eux avec vous si cela s’avère nécessaire. Je terminerai cette réunion par un petit rappel. Soyez discrets, très discrets … Depuis cet attentat échoué, tous et toutes sont dans la ligne de mire du roi. C’est pourquoi nous avons retiré une bonne partie de nos membres et avons changé de locaux toutes les semaines et tous les mois. C’est une mesure de précaution pour éviter d’avoir de sérieux ennuis. Je vous conseillerai simplement de faire attention … Réellement attention. Nous avons même refusé plusieurs races souvent proches envers l’armée car nous ne pouvons leur faire confiance … Notre projet est beaucoup trop grand pour qu’un grain de sable ne vienne enrayer ses engrenages. Est-ce bien compris ? »

« Si la princesse commence à suivre les ambitions de la mère, devrions-nous … » commença à dire une des personnes assises bien que tous se levaient peu à peu.

«  Cela me parait évident, n’est-ce pas ? Nous voulons mettre un terme à la royauté … Pour cela, nous devons tuer ce qui est à sa source … et ses racines … La race des Apireines doit disparaître à tout jamais. La fille y passera aussi mais c’est la reine dont nous devons nous occuper en priorité. Son enfant ne sera guère difficile à éliminer. » termina l’être avant d’émettre un long bourdonnement aiguë. Puis quelques secondes plus tard, il n’était plus là. Certaines personnes se regardèrent tandis que les autres quittaient la place. Un bâtiment s’effondra, lieu où ils s’étaient tous réunis pour discuter. Il ne devait y avoir aucune trace qui permettrait aux agents royaux de les retrouver.

Chapitre 18 : Ce qui est caché

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Chapitre 18 : Ce qui est caché

Depuis qu’il avait parlé de tout ça, il restait plongé dans son mutisme. Aucune parole ne sortit de sa bouche tandis qu’il fronçait un peu les sourcils. Il ne savait pas quoi dire … ou quoi faire … Il écoutait tout simplement ce que les deux femmes disaient. Ses deux sœurs aînées étaient parties avec ses deux sœurs cadettes pour leur montrer les fleurs de la boutique. Lui ? Il ne savait pas quoi faire … La boutique n’était pas si éloignée de cet endroit et …

« Maman ? Est-ce que je peux partir ? » demanda t-il avec lenteur.

« Tu laisses la foreuse ici … Car je ne veux pas que tu partes travailler. Je te connais que trop bien. » répondit-elle aussitôt, le jeune garçon semblant offusqué par les propos de sa mère.

« Je ne comptais pas … aller creuser des tunnels … Papa me l’interdirait … Et puis, je serai déjà trop en retard. Non … Mais en fait, je voulais aller la voir. » reprit-il, la femme aux cheveux rubis fronçant légèrement les sourcils, comme si elle comprenait parfaitement de qui il parlait. Elle poussa un profond soupir, disant :

« Vas-y donc … De toute façon, je ne pourrai pas t’en empêcher … »

« Vas-tu aller voir cette Munja ? » interrogea Florensia tandis qu’il reprenait :

« Comment … vous le savez ? Que c’est une Munja ? Je ne vous l’ai jamais dit pourtant. »

« Disons que ta mère aime beaucoup parler quelques fois. » dit la fleuriste, la mère d’Earnos détournant le regard en souriant légèrement. Mais elle racontait toute sa vie ou quoi ? Enfin bon … Puisqu’il avait l’autorisation, il pouvait partir alors. Il prit quand même sa foreuse, quittant la pièce puis la boutique de fleurs avant que ses sœurs ne lui posent de questions.

PFIOU ! Ca s’était passé sans aucun problème. Sa foreuse dans ses mains, il se mit à courir à toute allure pour mettre le plus de distance avec la boutique de fleurs. Ce n’est pas qu’il n’aimait pas cet endroit, c’était simplement qu’il préférait aller voir Douély. Il arriva dans le quartier des Munjas de la ville, plusieurs têtes se tournant vers lui. Toujours les mêmes paroles … Toujours les mêmes mots …

« Pourquoi est-ce que tu revenu ? Pourquoi ? » murmura un Munja à sa droite alors qu’il avançait sans même s’en préoccuper plus que ça des Munjas.

« Tu viens encore la voir ? Nous côtoyer ne t’apportera que du malheur … Il vaut mieux ne pas s’attacher à nous. Le temps n’a aucun effet sur nous. »

Un second Munja s’était adressé à lui alors qu’il tentait de l’ignorer. Ils avaient toujours le même discours … Alors pourquoi les écouter hein ? De toute façon, il ne venait pas pour eux … mais pour une seule personne, ce n’était pas bien compliqué pourtant. Allez ! Il arriva devant la porte de la demeure de Douély, déposant sa foreuse sur le côté avant de toquer. Quelques secondes plus tard, la voix de la Munja demanda :

« Qui est-ce ? Oh … Que je suis bête, il n’y a qu’une seule personne qui vient me voir. »

« C’est … C’est moi, mademoiselle Dou … » tenta t-il de répondre avant que la porte ne s’ouvre, un bras le tirant à l’intérieur. Il se retrouva enlacé par la Munja, se laissant faire.

« Alors, qu’est-ce qui t’emmène ici ? Je n’attendais pas ta visite, je dois l’avouer. »

« Et bien … Euh … Ma famille allait voir la fleuriste et moi, je pensais que c’était mieux que je vienne vous dire bonjour. J’espère que je ne dérange pas. » murmura t-il d’une voix légèrement intimidée en baissant la tête. La femme retira ses bras d’autour de son dos.

« Mais tu ne me déranges nullement ! Je suis même plutôt heureuse que tu aies préféré venir me voir plutôt que d’aller chez une fleuriste. Comme quoi, tu as de bon goût. »

Elle émit un grand rire sonore alors qu’elle venait l’installer sur une chaise. Elle était debout, passant à côté de lui alors qu’il était au final devant une table. Il était vrai qu’il avait un peu faim … Il n’avait pas mangé depuis le départ de la maison. Est-ce que Douély avait compris ça ? C’était à se demander comment elle faisait.

« Que veux-tu manger, Earnos ? Je te fais ce que tu aimes pour la peine. » dit-elle avant de se diriger vers la cuisine, le jeune garçon lui répondant :

« Euh … Comme vous voulez, mademoiselle Douély. Je n’ai … »

Il se stoppa au moment même où il se prit une claque derrière le crâne. Sans être violente, elle avait quand même réussi à lui faire pencher la tête en avant alors qu’il se retournait. Qu’est-ce que … Une ombre ?! Il voyait une ombre avec une main ?! Celle qui venait de le baffer ! Qu’est-ce que ça voulait dire ?!

« Cela t’apprendra … Visiblement, les années passent mais toi, tu oublies beaucoup de choses. » alla dire la voix de Douély dans la cuisine.

« Mais comment … C’est … Euh … De quoi ? Mais cette main … »

« Allons … Je suis une Munja … Je suis une femme inquiétante, très inquiétante, ne l’oublies pas, Earnos. Je pourrai te dévorer tout cru sans même que tu réagisses. »

Dévorer tout cru ? Le ton avait été des plus sérieux alors qu’il se mettait à trembler. Il n’aimait pas vraiment quand elle parlait comme ça. C’était plutôt inquiétant et effrayant … Il regarda à nouveau derrière lui, n’apercevant plus l’ombre alors qu’il se demandait pourquoi il s’était pris une claque. Elle revint quelques minutes plus tard avec de quoi manger, déposant le repas devant le jeune garçon.

« Et au passage … Si tu ne sais pas pourquoi tu t’es pris une baffe, je te conseille de te rappeler comment tu m’as appelée et comment tu me parles … »

« Euh … Et bien, je vous ai … AH ! Je sais ! » s’écria t-il subitement alors qu’elle venait lui faire un grand sourire, le garçon reprenant : « Je ne dois pas te vouvoyer et je ne dois pas dire mademoiselle Douély. C’est ça ? »

« C’est exact. Tu vois ? Tu commences à apprendre correctement … Alors bon …. Qu’as-tu de beau à me raconter aujourd’hui, Earnos ? »

Elle s’était assise en face de lui, ses deux coudes posés sur sa table alors qu’il commençait à lui raconter comment sa mère avait réussi à l’emmener de force chez la fleuriste. Il lui expliquait ce qui s’était passé là-bas avec la question de Florensia au sujet de l’armée des insectes et toutes ces choses. Quand il eut terminé, elle semblait songeuse bien que cela était impossible à voir à cause de tous les bandages sur son visage.

« Hum … L’armée des insectes … Il est vrai que tu es plutôt spécial comme petit garçon, n’est-ce pas ? Mais je ne crois pas que tu aies la mentalité pour être un soldat si tu veux mon avis. Tu es encore qu’un enfant non ? Et je pense qu’avec ton caractère, ça ne passerait pas du tout. J’espère que tu n’es pas fâché par ce que je viens de dire et … »

« Pas du tout … Et puis … Je ne veux pas rentrer dans l’armée … Je veux juste travailler pour que ma famille n’ait pas de problèmes avec l’argent. » répondit-il alors qu’il était presque certain que la jeune femme souriait.

« Tu sais que si tu travaillais dans l’armée, tu gagnerais beaucoup plus hein ? »

« Oui mais … Je ne verrai plus mon papa et ma maman … C’est pas la même chose … Et puis, je ne veux pas aller protéger la princesse Terria. »

« Ah … La princesse Terria … Assez incontrôlable, n’est-ce pas ? J’ai pu la voir quelque fois lorsqu’elle tentait de venir dans ce quartier. Elle adore visiter les villes en catimini. Heureusement que notre royaume n’est pas si grand que cela et que les villes sont reliées entre elles … Sinon, il y aurait de fortes chances qu’on ne la retrouve jamais. »

« Je m’en fiche d’elle … dorénavant … »

RAHHHH ! Elle poussa un petit cri ravi en voyant la mine boudeuse d’Earnos. Il avait fini de manger tout en ayant parlé et elle vint essuyer ses lèvres avec une serviette. Elle le savait rouge de gêne mais elle-même, ça ne l’embêtait pas du tout. Loin de là même … Elle était tellement … ravie de voir le jeune garçon ainsi.

« Earnos ? » demanda t-elle alors qu’ils étaient maintenant assis sur un fauteuil, le jeune garçon installé sur les jambes de Douély. « Tu sais ce qu’il va se passer dans six mois ? »

« Je vais avoir dix ans … Mais je ne sais pas si j’aurai mon cadeau de ta part. »

« Hum ? Tu ne t’estimes pas capable de l’avoir ? » dit-elle avec un peu d’étonnement dans la voix alors qu’il faisait un petit geste positif de la tête. « Roh … Tu ne veux pas faire des efforts pour le recevoir alors ? Peut-être que ce n’est pas assez bien ? »

« Non non ! C’est très bien ! C’est juste que … Je ne doive pas le dire … même si ça fait longtemps … Mais … J’ai pleuré quand ma foreuse s’est cassée à cause de la princesse Terria. Et on avait dit que je ne devais plus … »

« Je t’arrête tout de suite. » le coupa t-elle. « Si tu viens de me dire la vérité, cela contre le fait que tu as pleuré. Ainsi, tu n’as pas à t’en faire car tu mérites quand même ce cadeau. Sauf si bien sûr, tu veux changer d’avis. Je comprends qu’à force, tu n’as plus vraiment envie d’avoir cela. Tu grandis, tu n’as plus quatre ans. »

« NON ! Je veux vraiment te voir sans tes bandages ! Tu me l’as promis ! » s’écria t-il en se redressant, semblant sur le point d’être en colère.

« Même si tu as dix ans ? Tu sais, tu pourrais me demander autre chose. »

« Je veux juste te voir ! C’est tout ! J’ai pas besoin d’autre chose ! » reprit-il en tapant du pied sur le sol. Hum ? Il allait piquer une crise ? Ca serait bien la première fois … Mais bon … Elle était heureuse … Et pourtant …

« Tu sais bien que c’est un cadeau plus que futile et éphémère, n’est-ce pas ? »

« Mais c’est important ! Tu as dit que les Munjas ne se montraient qu’aux personnes en qui ils avaient confiance ! Si tu te montres, ça veut dire que je serai de confiance ! Et donc, que je serai plus grand qu’on ne le croit ! »

Les paroles étaient celles d’un enfant, le ton aussi mais … Elle voyait plus loin que ça. Elle déchiffrait les mots à travers les phrases. C’était donc cela ? Il voulait grandit avant l’heure ? Mais aussi lui montrer qu’elle lui faisait confiance.

« Tu l’as déjà gagné depuis toutes ces années, Earnos. » répondit-elle alors qu’il ne comprenait pas de quoi elle parlait. Il avait gagné quoi ? « Ferme les yeux, Earnos. Je vais te donner te faire sentir un petit aperçu. »

Hein ? Comment ça ? Il ferma ses yeux, tremblant un peu. Il entendait le frottement de quelque chose que l’on retirait … Puis aussi le bruit d’un objet qui tombait au sol.

« N’ouvre surtout pas les yeux sinon, tu peux considérer que tu as tout perdu. »


Alors il n’allait surtout pas ouvr… AHHHH ! Qu’est-ce que … Il sentait une joue qui se frottait contre la sienne. Non … Ce n’était pas un frottement … C’était plutôt comme si elle la collait … Et puis, il sentait le souffle de Douély qui venait frôler le bas de son oreille. Brrrr ! Il ne devait pas ouvrir ses yeux … Il savait ce qu’elle faisait. Elle avait retiré ses bandages au niveau de son visage. C’était … C’était … Les lèvres se posèrent sur sa joue avant qu’il ne s’écroule au sol, évanoui par le trop plein d’émotions ressenti.

Lorsqu’il rouvrit ses yeux, il vit le visage bandé de Douély alors qu’il tentait de redresser sa tête. Néanmoins, elle l’en empêcha d’un geste de la main, lui disant de rester couché sur ses genoux. Il était … sur ses genoux ? Qu’est-ce qui s’était passé ? Elle lui raconta qu’il s’était évanoui et lui annonça que tout cela avait été dû à une trop forte émotion conjuguée à une grande fatigue, beaucoup trop grande pour un aussi petit corps.

« … … … Maman avait raison … J’ai dormi longtemps ? » murmura t-il sur un ton coupable.

« Tu semblais si bien installé qu’il s’est passé plusieurs heures. »

« AH ! Mais je dois partir alors ! » s’écria le jeune garçon aux cheveux blonds, se redressant aussitôt. Douély le laissa faire, ne pouvant l’arrêter, disant simplement :

« Et bien alors … Bonne soirée, Earnos. Nous nous revoyons bientôt ? Car aujourd’hui, on peut considérer que c’était une journée de repos. »

« Bien sûr que oui, mademois… euh … Douély ! Au revoir ! »

Elle l’accompagnait jusqu’à la sortie de sa maisonnette. La nuit semblait être sur le point de tomber. Il était parti depuis aussi longtemps ?! Il récupéra la foreuse qu’il avait laissée devant la porte, heureux de voir qu’elle n’avait pas été volée. Il salua la Munja d’un geste de la main, celle-ci faisant de même. Lorsqu’il ne fut plus qu’un point dans l’horizon, elle ferma la porte derrière elle, s’adossant contre le rempart.

« Qu’est-ce que … ça veut dire ? Ce que j’ai senti … autour de lui … La mort … Il avait une telle aura … autour de lui … Je crois que … je vais devoir raccourcir les espaces entre ses cours. » souffla t-elle pour elle-même, la tête dirigée vers le sol. Ce n’était pas … une erreur. Le fait d’avoir gardé le jeune garçon contre elle lui avait permis de voir cela. Elle était maintenant inquiète. Elle ne voulait pas que cela arrive … Pas sur lui.

Chapitre 17 : La famille avant tout

ShiroiRyu
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Chapitre 17 : La famille avant tout

« Maman … Suis-je vraiment obligé de venir ? » demanda le jeune garçon aux cheveux blonds en poussant un léger soupir.

« Hum ? Bien entendu, Earnos. » répondit la femme aux cheveux rouges alors qu’Earnos faisait une petite moue boudeuse. Autour de lui, ses deux grandes sœurs préparaient correctement les deux plus petites. Lui … Il se redressait de la chaise, marmonnant :

« Je voulais aller travailler … Pourquoi est-ce que l’on m’en a empêché ? »

« Car ça fait plus de six mois que tu n’as pas pris un jour de repos. Normalement, nous aurions dû t’arrêter avant, te laisser te reposer auparavant mais comme tu semblais si motivé, nous avons préféré ne rien faire. Mais cette fois-ci, comme on peut … »

« Mais je ne veux pas … Maman … Je veux juste retourner travailler. J’ai pas besoin d’aller voir madame Florensia. Et puis … C’est pour vous, pas pour moi. » dit-il en coupant la parole à sa mère, celle-ci reprenant d’une voix douce :

« Allons … Tu sais aussi bien que moi que Florensia adore tes visites. Déjà que sa boutique est souvent fermée, tu pourrais aller lui dire bonjour de temps à autre au lieu de ne penser qu’à travailler. Et c’est décidé, tu viens avec nous, que tu le veuilles ou non. »

« Mais maman … S’il te plaît. » marmonna le jeune garçon sur un ton plaintif alors que la femme fit un geste négatif du doigt.

« Non, non … Et non … Ce que j’ai dit, je reste sur ma position. Tu as intérêt à te prépare car d’ici quinze minutes, nous ne serons plus là. »

Mais il voulait aller travailler ! Pourquoi est-ce que son père avait accepté qu’il se repose ? Lui-même ne le voulait pas ! Pfff … Ce n’était vraiment pas juste ! Pas juste du tout même ! Il n’avait rien fait pour mériter une telle chose ! Il travaillait très bien ! Peut-être qu’il travaillait trop ? Il ne savait pas … du tout … Il était assez perdu, il devait l’avouer. Mais quand même … Enfin bon … C’était si grave que ça de trop travailler ?

« Earnos ? Nous partons ? Tu es prêt ? » intima la voix de sa mère pour lui conseiller de se dépêcher, chose qu’il fit. Quelques secondes plus tard, il se trouvait devant elle, la foreuse à moitié cassée entre ses mains. Passy haussa un sourcil, observant son petit frère :

« On peut savoir ce que tu fais, Earnos ? Pourquoi tu prends ta foreuse ? »

« Car je ne veux pas la quitter ! Je ne partirai pas sans elle ! » s’écria le jeune garçon avant que ses deux sœurs aînées ne soupirent en même temps, sa mère disant :

« Laissez-le donc … On ne peut pas lui faire complètement oublier son travail … »

« … … … Merci, maman. » répondit l’enfant aux cheveux blonds alors qu’il fit un grand sourire. Jiane, sa petite sœur qui venait d’avoir six ans s’approcha de lui, demandant à ce qu’il lui parle un peu de sa foreuse pendant qu’ils se rendaient chez la fleuriste. Il émit un rire sonore pas trop fort avant de signaler qu’il le voulait bien. Pourquoi pas ? Ca serait distrayant … et en même temps, ça lui ferait penser un peu au travail.

Pendant la majorité du chemin, seules les voix du jeune garçon et de sa sœur cadette parcouraient les environs. La plus jeune de la famille, les deux adolescentes ainsi que la mère restèrent muettes, gardant néanmoins le sourire aux lèvres en écoutant les paroles d’Earnos. Il semblait réellement appliquer son rôle de grand frère.

Après une bonne heure de marche, ils étaient finalement arrivés dans la rue où se trouvait la boutique de fleurs de Florensia. Néanmoins, malgré la matinée, il semblait qu’il y avait déjà quelqu’un avec la femme aux cheveux blonds. Un étrange homme aux cheveux violets ébouriffés. Il devait avoir la trentaine d’années, donc il était plus jeune que Florensia. Néanmoins, il lui prenait la main, la baisant doucement avant qu’elle ne la retire. Malgré la dizaine de mètres qui séparait la famille avec la boutique de fleurs, il était capable d’entendre la conversation entre la fleuriste et l’homme :

« Pardonnez-moi mais malheureusement, mon travail me prend trop de temps pour laisser une place à l’amour dans mon cœur. Je suis au regret de vous le répéter une nouvelle fois : je me dois de refuser vos demandes. »

« Mais réfléchissez donc, mademoiselle Florensia. Une aussi belle femme que vous, vivre seule ? Cela me chagrine et me fait mal au cœur. »

Mal au cœur ? Elle parut confuse alors qu’elle poussait un profond soupir dans lequel semblait s’exprimer une grande tristesse. Elle posa sa main sur sa propre joue gauche, semblant réfléchir longuement à la situation alors que le jeune garçon aux cheveux blonds remarquait quelque chose chez l’homme accroupi. Celui-ci avait plongé sa main dans son dos, l’enfant fronçant les sourcils. C’était quoi … cette petite fiole dans lequel baignait une sorte de liquide violet ? Il ne savait pas pourquoi mais tout son corps s’était mis à trembler avant qu’il ne plante sa foreuse dans le sol. Ses sœurs et sa mère le regardèrent tandis qu’il pointait la main gauche vers l’homme. Un minuscule dard sortit de sa paume, percutant la fiole, l’homme poussant un cri de douleur. La fiole se brisa en morceaux, laissant s’échapper une petite fumée violette alors que l’homme et Florensia se tournaient vers lui. Il put voir pendant quelques secondes le regard furieux de l’homme avant que celui-ci ne se redresse, disant d’une voix faussement calme :

« Je vois que vous avez des clients, je vais vous laisser, mademoiselle Florensia. Bonne journée. »

« Bonne journée à vous aussi. » répondit la femme alors que la famille d’Earnos et lui-même arrivaient à sa hauteur. L’homme s’éloigna aussitôt, mettant un maximum de distance entre lui et les « clients » dont il parlait à la fleuriste. Le jeune garçon fit un petit hochement de tête en sa direction avant de prendre la parole, espérant qu’elle allait l’écouter :

« Madame Florensia ! Madame Florensia ! Cet homme avait … »

« Je sais très bien ce qu’il avait, Earnos. Ne t’inquiètes donc pas pour moi, je ne suis pas née de la dernière pluie. Ce n’est pas le premier, ni le dernier prétendant que j’aurai dans ma vie. Mais merci beaucoup pour ce que tu as fait, tu as été très valeureux. » répondit Florensia avant de baiser son front, le faisant rougir violemment.

« Dis … Maman … Pourquoi que grand frère est tour rouge aux joues ? » demanda Olly, la plus jeune de la famille, seulement âgée de trois ans et quelques mois. Ses cheveux rouges étaient bien coiffés en bol, une partie cachant son œil gauche de couleur rubis.

« Car grand frère, il aime beaucoup madame Florensia, c’est pour ça qu’il ne voulait pas venir. » répondit Jiane, l’autre sœur, un sourire espiègle aux lèvres alors que ses yeux émeraude se posaient sur son grand frère. Elle passa une main ses couettes blondes, le jeune garçon répondant à la provocation en disant tout simplement :

« Ce n’est pas du tout ça. Il ne faut pas raconter n’importe quoi, Jiane. Si tu continues comme ça, je ne te parlerai plus de ma foreuse. »

« Hein ? Mais non ! J’ai besoin de savoir, moi ! Papa et Maman m’ont dit que je pourrai commencer dans quelques semaines ! » s’écria une nouvelle fois la jeune fille, Earnos émettant un petit rire avant de se prendre une très légère claque sur le sommet de son crâne par Cassina. Il poussa un petit cri de douleur, faisant la moue aussitôt. Sa mère comme l’aînée des enfants et la fleuriste ne firent qu’un simple sourire, Florensia invitant tout le monde à pénétrer dans la boutique.

« Je ne sais guère quoi vous servir. Il est vrai que j’attendais votre visite mais nullement aussi tôt. Visiblement, vous êtes tous et toutes du matin. » annonça la femme aux cheveux blonds et aux yeux vairons tandis que la mère d’Earnos répondit :

« Exactement … Et il est vrai que j’ai dû … forcer un peu Earnos à venir ici, non pas parce qu’il ne voulait guère venir mais tout simplement car il travaillait beaucoup trop. »

« … … … Est-ce bien vrai, Earnos ? » demanda Florensia, le jeune garçon se raidissant aussitôt sur sa chaise, baissant la tête en marmonnant d’une voix neutre :

« Je ne travaille pas trop … C’est un mensonge … »

« Tu insinuerais donc que ta mère ment à ce sujet ? » reprit la femme aux cheveux blonds tandis qu’il tentait de lui répondre, se triturant les doigts :

« Non … Pas du tout … Maman ne ment pas … Mais je ne travaille pas trop … Je ne suis pas fatigué, moi ! Je vois pas pourquoi je ne devrai pas … »

« Hum … Imagines que tu sois au travail en ce moment-même. Si tu n’étais pas là, peut-être que cet Aéromite aurait put me faire des choses horribles si tu n’avais pas été là. »

… Hein ? Il releva la tête aussitôt, l’air de ne pas comprendre ce qu’elle venait de dire. Il lui … avait sauvé la vie ? Hein ? Enfin … C’est ça non ? Ou alors, il se trompait complètement ? Car elle lui fit un grand sourire tandis qu’il regardait ses deux sœurs aînées et sa mère. Toutes hochaient la tête positivement comme pour bien lui faire comprendre ce qu’il avait fait il y a de cela quelques minutes. Si … Il était parti travailler … La fleuriste … Madame Florensia aurait eut de gros problèmes ? A cause de cet homme ? C’est ça ?

« Mais c’était juste un coup de chance ! Et si j’étais malade, ça serait la même chose ! » dit-il comme pour se convaincre grâce à ses paroles.

« Il y a des chances oui … Mais tu n’étais pas malade … Dans le cas où tu le serais, tu n’aurais pas le choix que de rester au lit, cloué dedans. Mais là … Tu avais le choix entre travailler ou alors venir dans la boutique de fleurs. » dit Florensia d’une voix calme.

« Je n’ai pas vraiment eut le … »

Il s’arrêta dans ses paroles. Il savait qu’il n’avait pas à continuer à parler. Il valait mieux l’écouter et ne rien dire. Et puis … Elle n’avait pas totalement tord en un sens. Même si sa mère l’avait forcé, il aurait quand même pu refuser de venir … Ou alors tout simplement ne pas réagir et ne pas venir l’aider. Comme il s’était plongé dans son mutisme, Florensia reprit la parole, s’adressant une nouvelle fois à lui :

« Et pourquoi tu ne rentrerais pas dans l’armée ? Avec ce que tu viens de faire, tu n’as pas l’air de manquer de courage et ta mère m’a déjà raconté au sujet de la princesse … Toi-même, tu me l’as dit. Tu sais, tu as choisi deux fois de suite de protéger la princesse au lieu de faire ton travail, je pense que c’est une bonne … »

« Non … Je n’irai pas rentrer dans l’armée des insectes. Et puis, protéger la princesse, tout le monde le ferait … C’est comme protéger la reine Seiry. » coupa le jeune garçon.

« Es-tu sûr de ce que tu dis ? Tu dois être au courant de ce qui s’est passé ces derniers mois, non ? Alors ce que tu as fait, peu de personnes auraient fait de même. »

« Je n’irai quand même pas … Je veux rester avec ma mère, mon père et mes sœurs. Ils ont besoin de moi et j’ai besoin d’eux. Je n’irai pas dans l’armée car de toute façon, je n’y arriverai pas. Je ne veux plus que l’on parle de ça … »

Il avait croisé les bras, faisant une mine boudeuse. Non … C’était bête mais il ne pardonnait quand même pas à la princesse Terria pour ce qu’elle avait fait. Car elle n’avait même pas eut le courage de venir s’excuser en face à face. Lui … On ne l’achetait pas avec un cadeau. Et même si l’Apitrini lui disait qu’elle n’avait pas osé venir, il s’en fichait royalement. Ca ne fonctionnait pas comme ça. Il ne voulait rien savoir … Pas de la sorte. Et il … ne voulait pas protéger une princesse comme ça. A côté, il ne voulait pas quitter sa famille et il travaillait pour elle … Sa famille passait avant son royaume … Il avait fait deux fois une erreur … Il n’allait se faire avoir une troisième fois, il en était hors de question.

Chapitre 16 : Prendre garde à autrui

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Troisième partie : Une vérité cachée

Chapitre 16 : Prendre garde à autrui

« Trouvez-moi toute personne suspecte ! » s’écria un homme imposant à l’armure rouge sur l’intégralité de son corps. Il avait une double-lame accrochée dans son dos, semblant prêt à s’en servir dès l’instant où il verrait une personne suspicieuse. Plusieurs personnes se trouvaient devant lui, toutes munies de différents attirails qui permettaient de montrer qu’ils faisaient partie de l’armée royale eux aussi.

« Comment on sait si une personne est suspecte ou non ? » demanda une femme aux cheveux verdoyants, ces derniers sortant légèrement du casque qu’elle avait sur le crâne.

« … … … Je crois que ça va être plus difficile que prévu à cette vitesse. » marmonna le Cizayox à l’armure rouge, passant son front en retirant son casque. Ah … Oui … Très difficile même … Bon, c’était surtout qu’ils n’avaient pas eut de gros ennuis depuis très longtemps donc la bonne majorité des personne n’était pas préparé à cela. « Alors … Si vous voyez une personne qui s’enfuit, une personne qui semble préparer un mauvais coup, toutes ces choses semblent vous emmener à une conclusion, laquelle ? »

« Que cette personne est suspecte et qu’on doit l’arrêter pour éviter que la reine Seiry soit en danger. » répondit un autre garde, cette fois-ci à l’opulence caractérisée.

« C’est très bien … C’est même parfait … Bon, si c’est compris, vous pouvez vous disperser ! Je vous rappelle que nous faisons cela pour la reine Seiry qui a été attaquée pendant son voyage dans le désert ! Nous devons trouver ceux qui ont essayé d’attenter à sa vie ! »

Des cris fusèrent après les paroles du Ciyazox, tous et toutes quittant le lieu où les soldats s’étaient réunis. Il était temps de se mettre en chasse. Si ce n’était pas les Rapions et les Drascores les responsables, il n’y avait pas cinquante mille ennemis dans le royaume… Non … Le roi lui-même semblait savoir que c’était de l’intérieur que venait le problème. Mais à partir de l’intérieur, il y avait des chances que les attaques organisées se passent obligatoirement en extérieur. C’était plus compliqué qu’on ne pouvait le croire.

« Et le gamin Rapion … Ah … Quelle vie il doit avoir maintenant. »

Il s’était dit cela alors qu’il était maintenant seul dans cet endroit. Tous étaient partis pour accomplir la mission qu’il avait donnée. Hum … Bon … Ce n’était pas à lui de s’occuper de ça. De toute façon, le Rapion devait sérieusement en baver depuis le temps. Il fallait dire que c’était à cause de cette tentative de paix avec sa race que la reine Seiry avait été blessée.

« Et lorsque l’on cherche un coupable … On finit toujours par en trouver un. Mais … Est-ce toujours le bon ? Rien n’est moins sûr. Dans ce cas précis, il est difficile de croire que les Rapions et les Drascores soient capables d’avoir préparé une telle chose. »

Lui-même avait du mal à le croire car cela était une tentative beaucoup trop risquée. Le problème était plus grave … Lui avait la possibilité de réfléchir à cela puisqu’il était du côté de ceux avec les informations nécessaires mais le peuple … Ce que le peuple allait penser de toute cette histoire. Hum … Ce n’était pas à lui … Il faisait partie de l’armée du royaume des insectes, non pas de ceux qui devaient expliquer le tout aux citoyens du royaume.

« Attendez un peu, Olistar. Il est déconseillé pour vous de quitter le château. » répondit un adolescent d’environ quinze ans, des cheveux saphir lui allant jusqu’à la nuque.

« Si vous voulez parler des remarques désobligeantes que je vais recevoir, il n’y a aucun problème. » annonça l’enfant aux yeux cyan tout en haussant les épaules.

« Ce n’est pas de cela dont je parle … C’est bien plus poussé que ça. Certaines personnes n’hésiteront pas à vous agresser dans la rue. »

« Alors je me défendrai … Ce n’est nullement un problème. » reprit une nouvelle fois l’enfant Rapion sans pour autant détourner son regard de celui de l’Apitrini qui s’était adressé à lui.

« Mais ils seront trop nombreux. Non … Il vaut mieux que vous restiez ici … »

« Et si il ne veut pas rester ici, alors il peut partir. Olistar ! On va se balader tous les deux ! J’ai besoin d’un garde du corps ! » s’écria subitement une voix derrière Olistar, le visage souriant de la princesse Terria se retrouvant en face du Rapion lorsqu’il se retourna.

« Princesse Terria ?! Les ordres du roi sont formels : vous n’avez pas le droit de quitter le château ! » s’égosilla aussitôt l’Apitrini avec ferveur alors que la princesse se mit tout de suite à courir à toute allure à l’opposé de l’adolescent aux cheveux saphir.

« Et bien … Je suis désolé mais il semblerait que les ordres de la princesse soient plus importants que ceux d’un de ses sujets. Si vous voulez bien m’excuser. » termina le Rapion en s’inclinant devant l’Apitrini, courant à son tour pour rejoindre la princesse Terria.

Le reste de la journée se déroula d’une façon bien particulière. La princesse Terria ne semblait pas se cacher, montrant souvent un grand sourire alors que la majorité des regards était tourné vers eux. Elle ne se gênait pas pour se montrer en public et bien que bon nombre de personnes murmuraient autour d’eux, elle ne semblait pas pour autant intimider.

« Princesse Terria, vous semblez très joyeuse depuis quelques jours, j’ai cru remarqué. » murmura lentement le Rapion, tournant la tête à gauche et à droite.

« Ma mère se porte très bien maintenant. Et puis bon … Je sais que je ne devrais pas dire ça mais je suis contente de savoir qu’elle ne peut plus partir aussi loin. Comme ça, elle peut rester avec moi tout le temps, hihi. »

« C’est vrai … Je vois ce que vous voulez dire. Moi-même, je n’ai plus mes parents mais je suis habitué à leur absence maintenant. Je vous remercie aussi pour ce que vous venez de faire pour moi. » reprit Olistar, passant une main dans ses cheveux violets bien que son visage était imperméable à l’expression de ses émotions, comme à son habitude.

« De rien, j’avais aussi envie de me bala … » commença à répondre Terria avant d’être coupée par trois adolescents. Ces derniers semblaient parcourus de muscles imposants, leurs cheveux semblant se dresser sur leurs crânes en deux cornes dominantes. Des Scarhinos et visiblement, ils n’étaient pas en face d’eux pour tenter de faire ami-ami.

« Princesse Terria, veuillez nous suivre. On va vous raccompagner jusqu’au château. » dit l’un d’entre eux, plus grand que les deux autres et aussi plus musclé.

« Et on aura une jolie réco … » continua le second avant de se prendre un coup de coude de la par le troisième, lui disant par là de se taire.

« Désolée mais j’ai déjà quelqu’un pour me raccompagner. » répondit-elle en fronçant les sourcils, croisant les bras alors qu’elle reculait de quelques pas.

« Si vous parlez du Rapion à côté de vous, vous inquiétez pas, on va s’en débarrasser très rapidement. » annonça une nouvelle fois le chef du trio, Terria poussant un léger soupir.

« Olistar, tu peux t’en débarrasser, dis ? Et ensuite, on va rentrer. » termina la jeune fille aux cheveux blonds avant de faire déjà quelques pas pour ne pas regarder le spectacle.
Quelques minutes plus tard, les deux personnes se dirigeaient déjà vers le château, le Rapion se frottant les mains comme pour les nettoyer alors que l’Apireine semblait amusée par la situation. Elle avait encore put entendre la puissance d’Olistar à l’œuvre d’après les murmures du peuple pendant la bagarre et c’était toujours aussi impressionnant. Enfin bon … Elle ne devait quand même pas oublier qu’elle lui faisait mal quand il se battait pour elle.

« Euh … Olistar, tu sais … Je ne voulais quand même pas te forcer à te battre pour moi hein ? C’était vraiment juste pour te balader … Et pour que les gens voient que je n’ai pas peur que tu sois là. Tu es l’ambassadeur des Rapions et des Drascores et même si ça ne plait pas à tout le monde, tu restes avec moi. » annonça la princesse alors que le château était en vue.

« Je pense que cela ne plaît pas forcément … même à l’intérieur du château. Visiblement, nous allons être accueillis. » conclu Olistar en désignant d’un regard l’enfant qui se tenait devant la porte, les bras croisés en fronçant légèrement les sourcils en l’apercevant.

« Oups … On dirait que c’est Holikan et il n’a pas l’air content que j’ai fait une petite sortie avec toi. Tu restes avec moi ? Que je prévienne que c’est de ma faute ? »

« Nul besoin … Je vais rentrer dans la chambre que vos Apitrinis m’ont donnée pendant mon séjour dans le royaume. Passez un très bon reste de journée, princesse Terria. » annonça l’adolescent aux cheveux violets avant de s’incliner respectueusement. Quelques secondes après, alors qu’elle se présentait devant Holikan, celui-ci prit autant la parole :

« Princesse Terria … Vous êtes encore partie sans prévenir. Vous savez pertinemment que le roi, votre père, vous interdit cela. »

« Roh … Holikan … S’il te plaît … » commença t-elle à dire avant que le Yanma ne la coupe :

« Et … Vous êtes partie avec le Rapion. Je ne l’aime pas. Je tiens à vous le dire en face à face car je ne veux pas que vous vous mettiez en danger comme votre mère. »

… … … Il visait les points sensibles dès le départ. Néanmoins, elle ne se laissa pas faire. Sans un mot, elle pénétra dans le château, commençant à marcher sans même voir s’il la suivait. Pourtant, c’était le cas et il semblait déjà s’en vouloir en disant :

« Pardonnez-moi princesse … Je ne voulais pas vous offusquer. »

« Holikan, tu t’excuses sans même savoir pourquoi. Toi, tu penses toujours comme mon père. » répondit-elle sans que sa voix soit méchante ou mesquine. Elle disait simplement ce qu’elle pensait tandis que le jeune garçon baissait la tête :

« C’est vrai … Mais j’estime que les paroles du roi, votre père, sont justes et fondées. »

« Et bien, moi, j’estime que les actes de ma mère sont meilleures. Comme quoi, on ne peut pas être d’accord sur tout. » reprit-elle en haussant les épaules, un sourire aux lèvres avant de s’arrêter de marcher pour qu’il puisse voir son visage. « Mais ne t’en fais pas, ce n’est pas parce que l’on n’est pas d’accord que ça veut dire que c’est mal. Ma mère et mon père sont rarement d’accord mais pourtant, tu connais très bien comment est le roi par rapport à la reine non ? Alors, tu n’as pas du tout à t’inquiéter. »

« … … … Je ne m’inquiétais pas … … … Enfin, je crois. » termina le jeune garçon aux cheveux verts alors qu’elle gardait son sourire aux lèvres. Ah … Il ne voulait pas la mettre en colère ou être en désaccord avec elle. C’était juste … qu’avec ce qui s’était passé avec la reine Seiry, il était inquiet, très inquiet pour la princesse. Elle aussi pouvait être ciblée … C’était pour cela qu’il se méfiait des autres … et aussi de ce Rapion. De toute façon, rien que le caractère de ce Rapion lui posait problème à la base. Il était le chevalier … Son chevalier … Il devait protéger la princesse à tout prix.

Chapitre 15 : S’en prendre à la royauté

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Chapitre 15 : S’en prendre à la royauté

« Vérifiez que la reine va bien ! C’est le plus important ! »

Le combat …. ou plutôt l’assaut avait duré une bonne heure. Et les morts étaient nombreuses, très nombreuses … Trop nombreuses … Pourtant, la personne qui venait de prendre la parole n’était ni un Apitrini, ni l’une des personnes qui venaient d’attaquer. Non … Loin de là, c’était même … tout le contraire ? La femme aux cheveux blonds était blessée à la hanche et au visage, sa robe étant déchirée en de nombreux endroits.

« Reine Seiry … Venez donc … Nous allons vous soigner et allons envoyer un messager le plus rapidement possible. » reprit l’homme aux cheveux violets qui s’adressait à elle. Elle reconnut tout de suite de quelle race … de quelle race il était.

« Un Drascore ? Mais … Nous avons été … » commença à dire la reine avant que l’homme lui demande de ne plus parler pour éviter de se fatiguer encore plus. Néanmoins, l’être reprit la parole, s’adressant à elle avec lenteur pour être sûr d’avoir été très bien compris :

« Nous nous posions quelques questions … Alors que vous étiez venue avec vos Apitrinis, des éclaireurs nous ont signalé que d’autres traces étaient visibles dans le désert. C’est à partir de cet instant que nous nous sommes posés des interrogations. A cause de nos relations, nous n’avions pu vous accompagner mais nos éclaireurs sont restés à vous suivre discrètement dans le sable. C’est ainsi que nous avons pu intervenir … Mais nous sommes désolé pour une partie de vos Apitrinis … Nous n’avons rien pu faire pour eux. Le plus important est que vous soyez en vie, reine Seiry. »

« Que … Je sois en vie … Mais pour cela, des gens sont morts. Pourquoi ? Ai-je mis mon peuple en colère ? » demanda la reine sur un ton presque implorant, des larmes se mélangeant au sang sur ses joues.

« Certaines personnes ne sont pas là pour se poser des questions. Vous êtes une bonne reine mais certains vous voudront toujours du mal. » répondit le Drascore, se demandant si il pouvait soulever la reine ou non. Il n’était plus l’heure de se poser des questions. Il prit la reine tout en disant une nouvelle fois : « Mais ne vous inquiétez pas … Si pour nous, vous êtes une reine merveilleuse alors pour la majorité de votre peuple, c’est aussi le cas. Mais maintenant, cessez de parler, je vous prie … Il vaut mieux pour vous que vous vous reposiez … Car vous êtes blessée … assez gravement même. »

« Pourquoi … Pourquoi ? » continua t-elle de dire avant que l’homme ne demande à un autre de s’approcher. Le second homme aux cheveux rouges sortit une seringue de sa veste, la plantant dans le bras de la reine avant que celle-ci ne ferme les yeux.

« Ce n’est plus l’heure de se poser de questions, reine Seiry. Reposez-vous … VOUS AUTRES ! Finissez-moi de ramasser tous les cadavres ! Mais aussi toutes les personnes vivantes ! Nous allons avoir besoin du plus d’informations possibles à ce sujet ! »

« Y a juste un problème … En fait, y en a deux … C’est justement au sujet des Apitrinis vivants … Enfin, les blessés … Et l’autre, ça concerne les cadavres … »

« Quoi donc ? » demanda l’homme, la reine toujours dans ses bras.

« Ben … Venez voir … Enfin … Dès que la reine sera mise en sécurité. »

D’accord, d’accord … Il était quand même très intrigué par tout ceci. Et encore plus quand il se retourna en entendant des cris. Les Apitrinis blessés s’étaient tous levés comme un seul homme, recouvert de sang tout en tremblant de tous leurs membres. Ils s’approchèrent de lui et de la reine, l’un des Apitrinis soufflant :

« Reine Seiry … Le mal est parti … Le mal n’est plus présent … Nous ne ressentons plus de violence … autour de la reine … »

« Qu’est-ce que … Au lieu de parler de cela, vous feriez mieux d’accepter les soins, les antidouleurs et autres que l’on veut vous donner. »

Pfff … Il n’avait même pas le temps de souffler mais … Il reconnaissait avoir eu peur sur le coup. Ces Apitrinis … Tous s’étaient levés en un instant, comme si leurs blessures n’existaient pas avant de se diriger vers la reine et lui. Bon … Si ce problème était régler, il pouvait alors mettre la reine dans un coin tranquille.

Une quinzaine de minutes plus tard, il n’y avait plus aucun blessé sur les lieux du combat, seulement les cadavres … et un attroupement autour d’eux. Comme si quelque chose de spécial s’était passé. Et lui ? Dans tout ça, il était arrivé, s’adressant à un Rapion d’environ une quinzaine d’années. Celui-ci avait quelques mèches vertes alors que le Drascore demandait sur un ton neutre :

« Alors ? Que se passe t-il avec les cadavres ? Cela semblait assez important d’après ce que j’ai cru entendre … Maintenant que je suis là, on va pouvoir s’expliquer. »

« Et bien … Vous pouvez regarder par vous-même. Y a pas besoin d’explications, monsieur. » répondit le Rapion en se levant, lui laissant la place pour qu’il puisse observer.

… … … Qu’est-ce que cela voulait dire ? Les visages des cadavres … En fait non … Les cadavres dans leurs intégralités … Ils ne ressemblaient plus à rien. Le visage était déformé de telle façon qu’il était impossible de discerner quelque chose à son sujet, d’en retirer la moindre information aussi. Et pareil pour les corps …

« Et nous sommes sensés étudier cela pour nous permettre de savoir qui tente de s’en prendre à la vie de la reine Seiry ? Pfff … Ils ont été malins, très malins. »

« Que faisons-nous des corps ? demanda le Rapion avec un peu d’inquiétude.

« Prenez-les avec vous … On va les garder et on va quand même tenter de les étudier … Peut-être que leur sang nous permettra d’en savoir plus à leur sujet. »

« Comme vous le voudrez. » répondit le Rapion une nouvelle fois avant de s’éloigner pour donner les consignes aux différents hommes et femmes présents sur le terrain.

Hum … Tout était bien plus compliqué que prévu et surtout … Surtout … L’attaque sur la reine emmenait un problème majeur, beaucoup plus important qu’on ne pouvait le croire. Oui … Ce problème … allait intervenir d’ici quelques heures … sous la forme d’un homme.

« COMMENT ?! » hurla une voix tonitruante, capable de faire trembler quiconque venait de l’entendre. Et c’était le cas pour la personne en face de lui. Le roi Tanator était là … Ses yeux améthyste exprimaient une telle fureur et colère qu’il semblait capable de tout ravager sur son passage. Son poing avait frappé une seule fois sur le trône et cela avait suffit à faire fissurer le bois de l’objet sur lequel il était assis.

« La reine a été attaquée par une troupe de … »

« Drascores et Rapions ?! J’en suis sûr et certain ! Ces traîtres attendaient le bon moment pour l’attaquer dans son dos ! » s’égosilla une nouvelle fois l’homme avant de se lever de son trône, sa parure verte et royale sur lui.

« Non … Mais il semblerait que les assaillants soient tous morts par les Drascores et les Rapions … Il semblerait aussi que la reine soit sauve grâce à ces derniers. »

« Foutaises ! Comme si ces parias étaient capables d’une telle chose ! Ils veulent manipuler la reine et lui faire croire qu’ils l’ont sauvée alors que ce n’est pas le cas ! »

« Roi Tanator … La reine reviendra aussitôt qu’elle sera soignée là-bas. La déplacer serait trop risqué … Nous devrions … » tenta de dire l’homme en face du roi, recommençant à trembler à chaque fois que celui-ci prenait la parole. Il n’était qu’un simple Apitrini !

« ASSEZ ! Que toutes les troupes se réunissent pour qu’elle rentre le plus vite possible ! Que la majorité de l’armée soit déployée pour la ramener ici dans les plus brefs délais ! »

Ca ne servait à rien … On venait de toucher à la reine et dès qu’il s’agissait d’un membre de la famille royale, Tanator était impossible à raisonner. Il suffisait juste d’attendre … simplement attendre … Ils n’avaient pas le choix.

Trois jours étaient passés et la reine était apparue devant son peuple pour le rassurer. Néanmoins, on voyait bien à sa démarche et aux bandages non-recouverts par sa robe qu’elle était blessée. Elle se voulait joviale mais tout son peuple était inquiet. Et le roi … Le roi dans tout cela ? Et la princesse à ses côtés ? Non … Quelque chose de dramatique s’était déroulé … ou du moins aurait pu se produire si cela avait continué.

Pourtant, lorsque les nouvelles eurent fini d’être données au peuple pour tenter de le réconforter, c’était un visage bien moins heureux que la reine présenta à son mari. Non, elle semblait contrariée alors que sa fille était accrochée ou presque à elle. Ils étaient tous les trois dans la salle du trône, personne d’autre ne se trouvant ici.

« Et pourquoi devrais-je arrêter de voir les Drapions et les Drascores ? Je signale au cas où que c’est grâce à eux que je me tiens devant toi, Tanator. »

« Ah bon ? Et qui te dit qu’ils n’attendent pas plutôt que tu reviennes chez eux pour te tuer définitivement ?! Hein ?! Non ! Je te rappelle qu’il y a eu une guerre avec ces parias il y a de cela quinze ans ! Nous en sommes sortis victorieux ! »

« Et je te rappelle aussi que c’est pour cela que je t’ai épousé ! Mais il y a quinze ans, je n’avais pas ces responsabilités ! Et je continuerai ce travail que je fais depuis des années ! »

« HORS DE QUESTION ! » hurla le roi alors que la jeune fille aux cheveux blonds avait quelques tics nerveux au niveau du cou, comme prise de tremblements. Elle … Elle n’aimait pas voir ses parents en colère … C’était toujours pour la même raison … Toujours à cause de ce que sa mère faisait pour les Rapions et les Drascores …

Et pourtant … Pourtant … Malgré la colère du roi … Celui-ci se retrouva en train de baisser les yeux devant sa femme. Celle-ci avait tout simplement le regard froncé, les bras croisés à la hauteur de sa poitrine, ses yeux l’observant et se plantant en lui comme des dards dans la chair. Qu’importe le fait qu’il soit un Yanmega, un roi craint … Il ne pouvait que se résoudre à admettre que la seule personne au-dessus de lui … soit sa femme.

« … … … Tu n’iras plus chez les Rapions et les Drascores. Il en est hors de question. »

« Tanator … Je crois que je vais finir par me fâch… »

« En contrepartie, nous enverrons plusieurs ambassadeurs là-bas dont des Apitrinis. Certains ambassadeurs seront des Apitrinis qui ont été sauvé par les Rapions et les Drascores. Cela facilitera la discussion … Ca te convient ? Mais toi … Tu ne bouges plus du palais. C’est trop dangereux … et tu sais à quel point tu es importante pour moi … Encore plus que mon royaume. » murmura l’homme alors que la reine rougissait comme une enfant.

La petite fille aux cheveux blonds n’avait jamais pris la parole mais souriait, heureuse de voir que tout s’arrangeait. Sa mère était partie pour venir embrasser son mari tandis que Terria savait ce que les paroles de son père voulaient dire. Sa mère allait rester au château pour très longtemps ! Donc … Elle allait passer plus de temps avec elle ! Une très bonne nouvelle !

Chapitre 14 : Attaque surprise

ShiroiRyu
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Chapitre 14 : Attaque surprise

« Snif … Maman est partie … Sans même me dire … au revoir … »

Elle n’arrêtait pas de se répéter ceci, entourée par quatre Apitrinis qui avaient environ onze à douze ans. Chacun avait une couleur différente de cheveux, le groupe étant coupé en deux garçons et trois filles dont elle. Dans ses mains, elle portait une magnifique foreuse qui semblait être un véritable travail d’artisan. Et pour cause ! Cela avait été crée par un maître Cizayox reconnu dans tout le royaume ! L’homme avait été étonné d’une telle demande, surtout de la part de la princesse et de l’utilité de la chose mais elle avait tout simplement expliqué que ce n’était pas pour elle.
Et là … Elle se dirigeait vers l’endroit où elle avait rencontré le jeune garçon la première fois. Il était là … Non-loin … Enfin … Elle le voyait rentrer et sortir de la petite grotte dans laquelle il travaillait. Il n’était jamais épuisé de faire une telle chose ?! C’est vrai quoi … En y réfléchissant bien … Il ne faisait que travailler, travailler, travailler … Et puis bon … C’était quoi cette foreuse qu’il avait en main ? Elle semblait être encore plus ancienne que celle qu’elle avait pu voir lors du combat contre Olistar. Ah ! Mais c’était la première foreuse ! Celle qu’elle avait vue la première fois ! Elle s’en rappelait ! C’est bizarre … Quand elle observait le jeune garçon, elle avait l’impression qu’elle le connaissait encore … mieux … Enfin … Qu’en fait, la première fois n’était pas vraiment la première fois.

« Princesse Terria ? » demanda une Apitrini aux cheveux bleus assez courts, des yeux et des vêtements de même couleur. « Que faisons-nous ? Nous devrions aller le voir … C’est bien ce jeune garçon à qui vous voulez offrir cette foreuse, n’est-ce pas ? »

« C’est … C’est le cas … Mais je ne sais pas … Je ne sais pas quoi dire … » bafouilla t-elle, se surprenant elle-même d’avoir peur d’entendre ce que le jeune garçon allait lui dire si elle s’approchait de lui. C’était la … première fois qu’une personne s’était emportée réellement contre elle … Et … Elle avait peur … de se faire encore crier dessus par le jeune garçon.

Elle devait prendre son courage à deux mains. Ce n’était pas si difficile … Et puis la foreuse était drôlement lourde … Et comme sa mère lui avait demandé de la porter … Elle ne voulait pas que les Apitrinis s’en occupent. Elle devait … Elle devait avancer maintenant … Et vite … Avant qu’il ne soit trop tard … Ah … Ah … Ah … Elle avait le cœur qui battait la chamade sans aucune explication. Elle n’avait quand même pas peur de lui hein ?! Il ne pouvait rien lui faire de … Rien qu’en y pensant, elle ressentit une douleur à sa joue, se rappelant la claque qu’elle avait reçue lors de la colère d’Earnos.

« EARNOS ! EARNOS ! » s’écria une voix à sa gauche, apercevant un Chenipotte qui courait vers lui … Avec une foreuse dans ses mains ?!

Le jeune garçon s’était tourné vers Raor, voyant l’enfant aux cheveux oranges qui arrivait à sa hauteur. Qu’est-ce que … Sa foreuse ! Celle qu’il avait cassée ! Il la voyait entre les mains de Raor, celui-ci la lui tendant avec un petit sourire :

« Je ne pouvais … pas faire mieux … Mais elle est en état de fonctionnement … Et elle devrait être … plus utile … que celle que tu as … Enfin plus performante … »

« Tu ne devrais pas être à l’école ? » demanda l’Aspicot, un peu surpris de le voir.

« Si … J’ai même beaucoup de retard mais je voulais terminer cela. Je n’ai pas … réussi à te la rendre comme auparavant mais … » répondit Raor avant que l’enfant ne le coupe dans ses paroles, sur un ton ravi :

« Merci ! Merci beaucoup Raor ! C’est déjà mieux que de l’avoir en plusieurs morceaux ! »

« Il paraîtrait … que c’est la princesse qui a fait cela ? Enfin … Non … Je ne veux pas savoir. J’ai déjà trop de problèmes comme ça ! C’est Cassina qui me l’a dit ! » annonça le Chenipotte avant de le saluer, s’éloignant ensuite en courant.

« Oui … C’est bien de la faute à la princesse. » marmonna Earnos tout en regardant les deux foreuses. Celle que Raor avait ramenée semblait sur le point de s’effondrer dès qu’il allait la faire tourner mais non, ce n’était pas le cas. Il pouvait l’utiliser sans aucun problème ! Oh … Elle allait être moins puissante qu’auparavant mais toujours mieux que celle qu’il avait depuis qu’il n’avait que quatre ans. Ah … Vraiment… Malgré ce que l’on pouvait penser, Raor était quelqu’un de sensiblement bon.

« Princesse Terria ? Où est-ce que vous allez ?! » demanda aussitôt un garçon aux cheveux rouges, yeux et habits de même couleur alors que la foreuse était maintenant au sol. La jeune fille aux cheveux blonds l’avait tout simplement lâchée, s’étant enfuie en courant à son tour.

« Il n’a pas besoin que je m’excuse ! Pas du tout besoin ! » s’écria t-elle de toutes ses forces alors que déjà, deux Apitrinis s’étaient mis à la suivre, les deux autres restants entre eux. Le garçon aux cheveux rouges et l’Apitrini aux cheveux bleus. Ils s’observaient discrètement, la jeune fille murmurant :

« Je crois qu’elle est déçue de voir … que le jeune Aspicot est déjà passé à autre chose. »

« Elle n’arrive pas à imaginer un seul instant que certaines personnes ne pensent pas qu’à elle … Et cela semble l’affecter plus qu’elle ne le croit. » répondit aussitôt le jeune garçon avant de prendre la foreuse entre ses deux mains.

« Qu’est-ce que tu vas faire avec ça ? » demanda la jeune fille aux cheveux bleus.

« Tout simplement transmettre ce présent de la part de la princesse à cet Aspicot. Il serait dommage qu’il ne soit pas transmis, n’est-ce pas ? »

Elle était tout à fait d’accord avec le jeune garçon. Elle l’aida à soulever la foreuse, celle-ci étant bien moins légère qu’on pouvait le croire. Cela se voyait que la princesse était une Apireine … Et eux, de simples Apitrinis … Malgré sa carrure, la princesse était forte … très forte … Et cet Aspicot l’était encore plus visiblement.

« Que devons-nous lui dire ? » s’interrogea l’Apitrini aux yeux saphir.

« Tu verras … J’ai déjà une idée en tête à ce sujet. » alla dire l’enfant aux cheveux rouges.

Ils allaient parler de telle sorte que cette affaire serait réglée. Ils n’étaient pas réellement au courant de ce qui s’était passé mais si la princesse devait s’excuser et d’après les rumeurs … Alors ils allaient tout faire pour redorer son blason envers cet Aspicot.

Au loin … Très loin … Dans un désert aride et sec, une femme encapuchonnée de brun s’adressait à une autre entourée d’une cape violette. La femme encapuchonnée se dévoila, laissant paraître les cheveux blonds de la reine Seiry. La personne fit de même, dévoilant de longues tresses violettes, une robe couleur améthyste qui allait jusqu’à ses pieds ainsi qu’un regard saphir. La personne en face de la reine Seiry semblait avoir une quarantaine d’années elle aussi, s’inclinant devant l’Apireine.

« Que votre voyage se déroule paisiblement. » murmura la femme Drascore.

« Et que votre peuple soit uni avec le royaume comme auparavant. » continua la reine.

« Cela n’est pas à nous de le décider mais au temps de faire son œuvre. » reprit un autre être encapuchonné à côté de la femme aux cheveux violets.

« Soit … Je le sais parfaitement … Mais n’ayez aucune crainte, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour permettre aux Rapions et aux Drascores de retrouver la place qui leur est due dans le royaume des insectes. Mon pouvoir est celui de la reine de ce royaume … Mais je ne peux forcer les gens à oublier des siècles et des millénaires de haine … »

« Ne vous forcez guère à penser à leur place. Vous êtes une très bonne reine contrairement aux précédentes. Vous voyez plus loin que votre royaume … Et en cela, nous vous sommes reconnaissants des efforts que vous faites envers notre peuple. » annonça la femme aux yeux bleus, la reine hochant la tête pour acquiescer.

« Je vais devoir alors me retirer … L’enfant que vous nous avez envoyé se comporte très bravement. Cela est un véritable plaisir de l’avoir parmi nous. » répondit-elle finalement alors qu’elle s’apprêtait à partir.

« D’ici deux années, il nous faudra le reprendre pour lui faire passer son épreuve. » reprit une nouvelle fois la personne à côté de la Drascore.

Soit … S’ils en avaient décidé ainsi … Alors il fallait s’y résoudre. La reine remercia les deux personnes, saluant le peuple des Drascores et des Rapions alors que déjà, plusieurs Apitrinis adultes arrivaient à sa hauteur, prêts à l’accompagner. Oui … Elle était sûre d’une chose … Les rapports entre le royaume et ce peuple allaient partir sur de bonnes bases.

Plusieurs heures plus tard, voilà qu’elle était en train de voler légèrement au-dessus du sable, entourée par les Apitrinis et plusieurs gardes de différentes races d’insectes. Tout s’était déroulé comme prévu et le cortège était là pour la protéger. Il fallait dire que le froid du désert tapait assez fortement et que la reine était très faible durant ces moments. C’est pourquoi la protection était fortement accrue, encore plus que d’habitude.

« Reine Seiry … Nous serons de retour au palais d’ici demain soir. » répondit un Apitrini aux cheveux bruns courts en bataille à sa gauche,

« Tant mieux alors … J’ai promis à ma fille de passer du temps avec elle et … »

La reine s’arrêta aussitôt dans ses mots, entendant des cris autour d’elle avant d’ouvrir en grand ses deux yeux vairons. Qu’est-ce … Qu’est-ce que cela voulait dire ?! Les Apitrinis tombaient les uns après les autres, les Cizayox se réunissant autour de la reine pour faire un rempart de leurs corps. Une attaque ?! En vue du sang qui trempait le sable, il n’y avait aucun doute. Quelqu’un tentait de s’en prendre à la vie de la reine !