Archives de catégorie : Tome 1 : Un futur chevalier

Chapitre 13 : Abandonnée

ShiroiRyu
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Chapitre 13 : Abandonnée

« Et bien … Je t’écoute ma fille … Comment cela se passe t-il avec lui ? » demanda la femme aux cheveux blonds tandis que la petite fille semblait un peu gênée.

« Ben … Euh … Il parle pas souvent ! Et puis, même en cours, il semble toujours pas là ! Et puis … Et puis … Enfin … Il a l’air quand même très intelligent … »

« Cela est normal. Il est issu des Rapions et des Drascores, ce n’est pas un enfant comme les autres comme tu peux t’en douter. C’est pourquoi il a subi un entraînement des plus difficiles ainsi qu’une éducation très rigoureuse. » répondit la reine alors que la jeune fille hochait la tête pour signaler qu’elle avait bien compris.

« Mais quand même … Il est aussi très très fort … Je ne sais pas … Mais quand je l’ai vu se battre contre Earnos, il gagnait très facilement quand même … C’est bête maman … Je me sens quand même un peu triste pour Earnos … Je … Quand j’y pense … Il s’est fait taper par ma faute car il voulait me protéger … »

« C’est un jeune garçon qui voulait défendre la princesse de son royaume. Sais-tu pourquoi il a fait cela ? Car il te faisait confiance. Malgré le fait que tu lui mentais, il n’a pas hésité un instant, n’est-ce pas ? Saches que dans le royaume, tout n’est pas aussi beau que tu le crois ma fille. Certaines personnes n’hésitent pas à détester la famille royale et ceux qui l’entourent. Trouver un jeune garçon qui travaille aussi durement et qui n’en veut pas à la royauté, c’est une chose très difficile. Tu as de la chance d’être tombée sur un jeune garçon Aspicot car ils sont parmi les plus loyaux des sujets du royaume. »

« … … … … … Tu veux encore me punir, maman, hein ? » bafouilla Terria, baissant la tête en même temps. La reine hocha la tête négativement pour lui répondre :

« Non, je veux juste que tu comprennes à quel point tu as été une enfant très égoïste, ce qui ne convient pas à ton rang. De même, tu as été odieuse envers un garçon qui semblait ne pas t’en vouloir malgré ta conduite. »

« C’est bon, c’est bon, j’irai m’excuser en vrai ! J’irai moi-même le voir … Enfin si il veut bien que j’aille lui parler … » marmonna la jeune fille aux cheveux blonds, déconfite.

« Je l’espère bien … Mais où en étions-nous au sujet d’Olistar ? Ah oui … Comme signalé, ce jeune garçon a une histoire plutôt difficile et assez dure … Comme tout son peuple. Tu es au courant que ce peuple est haï par le royaume, n’est-ce pas ? Et qu’il en est de même pour eux qui nous détestent du plus profond de leurs cœurs et cela pour des raisons tellement vieilles que nul ne les connais, n’est-ce pas ? »

Oui oui … Elle hochait la tête en signe d’acceptation des paroles de sa mère. Elle savait parfaitement de quoi elle parlait … puisqu’elle connaissait cette histoire qui était souvent apprise en cours. Le problème est comme sa mère venait de le dire … Personne ne savait pourquoi les Rapions et Drascores détestaient le royaume et inversement. Mais une chose dont elle était sûre, c’est que le Rapion qui était avec elle n’était pas là pour rien.

« Et c’est pour cela que je devais te parler, Terria. J’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer. » murmura la femme aux yeux vairons, la jeune fille ouvrant en grand les siens.
Non … Non … Elle savait de quoi parlait sa mère. NON ET NON ! Ce n’était pas possible ! Elle était à peine revenue ! Elle n’allait … Elle n’allait pas … Sa mère remarqua qu’elle avait parfaitement compris de quoi elle voulait parler avant même d’ouvrir la bouche.

« J’y suis obligée ma fille … Je suis désolée mais … »

« NON MAMAN ! Tu n’es pas obligée ! Personne ne t’y oblige ! Surtout pas ça ! C’est juste toi qui veut faire ça ! Papa n’est pas d’accord de toute façon ! » s’écria avec véhémence Terria tandis que sa mère soupirait longuement. Elle s’attendait encore à cette réaction.

« Tu sais très bien que c’est ce que je désires … Et pour cela, ça me prend beaucoup de temps, beaucoup de temps. Je ne peux pas toujours être à ton chevet, Terria. »

« Et ne jamais être là, c’est aussi de la faute aux Rapions et aux Drascores, c’est ça ?! » reprit la jeune fille avec un peu d’énervement et de colère.

« Nullement … Mais vois-tu, c’est ce que je disais quand tu te comportais comme une enfant. Dans quelques années, cela sera à toi de continuer ce que j’ai … »

« Et bien, non ! Rien que pour t’embêter, je ne le ferais pas ! Je ne continuerai pas ça ! Moi, je veux pas être obligée à faire quelque chose ! »

… … … Incontrôlable … La jeune fille était tout simplement incontrôlable comme il fallait s’en douter. Elle laissa Terria s’emporter, restant d’un calme olympien tandis que la jeune fille poussait des petits cris de rage, de colère mais surtout de tristesse. Quand elle eut terminé, elle vint la serrer dans ses bras, Terria sanglotant alors qu’elle chuchotait :

« Allons … Tu sais très bien que tu ne penses pas ce que tu dis, n’est-ce pas ? »

« Snif … Snif … Snif … SI ! Je le pense vraiment de vrai ! Pourquoi est-ce que tu passes plus de temps avec eux qu’avec moi ?! Hein ?! Pourquoi ?! »

« … … … Ce n’est pas une question de temps … Je veux simplement résoudre ce problème qui dure depuis tellement de temps … Si je ne le fais pas, qui le fera ? »

« Quelqu’un d’autre ! Ce n’est pas à toi de le faire, maman ! » bafouilla Terria, ses paroles à moitié étouffées dans ses sanglots.

«  Toi ? Est-ce que cela sera toi ? Tu veux être celle qui s’occupera de cela quand tu deviendras l’Apireine de ce royaume ? Et que je passe plus de temps avec toi ? »

« Snif … Snif … Je veux tout ce que tu veux maman … Si c’est juste pour que tu restes avec moi … Snif … Snif … C’est tout … »

« … … Hum … Soit … Je vois … Je vois … Je peux donc te le dire ? Car ce que tu as dit restera gravé dans ma mémoire, je tiens à te le signaler, jeune fille. » murmura la reine en lui souriant, la princesse Terria relevant sa tête, des larmes aux yeux. « Je vais retourner voir les Rapions et les Drascores. Cela va prendre quelques temps mais je te promets que nous passerons du temps ensemble lorsque je reviendrai. »

« Snif … Snif … Tu mens … Tu mens maman … Car après, tu vas repartir tout de suite … Et puis … Et puis, c’est toi qui t’occupe de tous les élèves … Puis surtout d’Olistar puisqu’il est avec nous … Je ne suis même plus ton élève snif … »

« Mais tu es ma fille et je ne pense pas qu’Olistar soit mon garçon, non ? Tu es ma fille et tu resteras celle que je privilégie le plus par rapport aux autres. »

« Snif … Snif … Tu reviens quand alors ? » demanda Terria avec un ton suppliant la femme au diadème de rester ici et de ne pas penser à s’éloigner.

« D’ici ce soir. » répondit la reine Seiry très rapidement alors que la jeune fille eut un léger tic nerveux comme si elle avait beaucoup de mal à accepter ce qu’elle venait d’entendre.

« Ce soir ?! Tu pars ce soir maman ?! Et c’est juste maintenant que tu me le dis ?! SNIF ! T’ES MECHANTE ! JE NE VEUX PLUS TE PARLER ! » hurla Terria en quittant ses bras, s’éloignant en courant et en pleurant alors que la femme disait sur un ton triste :

« Attends un peu, Terria ! Je voulais te pré … »
Ca ne servait à rien de parler. Elle était déjà beaucoup trop loin, ayant quitté le jardin sans même lui laisser le temps de s’expliquer. C’était … dommage d’en arriver là. Et elle savait qu’elle était aussi responsable que la jeune fille de cette relation … Non … Elle était l’unique responsable de ce problème entre la mère et la fille. Elle devait essayer … de trouver un moyen d’arranger le tout lorsqu’elle reviendrait de son rôle d’ambassadrice.

Couchée sur son lit, la jeune fille s’était déjà arrêtée de sangloter, observant le mur longuement. Snif … Sa mère ne comprenait pas ce qu’elle faisait … Elle était le centre de préoccupation de tout le monde sauf de la personne la plus importante à ses yeux : sa mère. Pourquoi est-ce que celle-ci ne voulait pas comprendre ?! Pourquoi ?!

« Snif … Holikan … Et papa … Moi, je veux juste que maman … soit avec moi … »

Snif … Elle ne comprenait pas qu’elle voulait simplement que sa mère soit avec elle ?! Qu’elle créait autant de problèmes car elle n’avait pas sa mère à ses côtés ?! Que parce que celle-ci était toujours absente, en train d’œuvrer pour la paix et toutes ces choses, elle l’oubliait, ELLE ?! Elle ne comprenait pas ça, sa mère ?!

« Même l’Aspicot se préoccupait plus de moi que ma propre maman ! »

L’Aspicot … L’Aspicot … Elle devait aller le revoir … Et s’excuser … Et puis … Ca lui ferait passer le temps de toute façon. Elle demanderait de l’aide pour porter la foreuse … Ah non … Sa mère voulait qu’elle la porte toute seule. Mais c’était juste … beaucoup trop lourd ! Snif … Mais bon … Au moins, ELLE, elle se préoccupait des autres !

Snif … A qui est-ce qu’elle voulait faire croire ça ? Elle s’en fichait pas d’Earnos et des autres ! Elle voulait juste que sa mère soit avec elle … comme avant … Et encore, même avant … Sa mère partait tout le temps … pour essayer d’établir la paix entre les Rapions, Drascores et le royaume… Mais elle s’en fichait pas mal d’elle … dans le fond … Snif … Elle voulait juste … qu’elle … soit là … car ce n’était jamais le cas. Elle était seule … toujours seule … Abandonnée par sa propre mère qui se préoccupait plus de son royaume que de sa propre fille … Snif …

Chapitre 12 : Le remord

ShiroiRyu
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Chapitre 12 : Le remord

« Peuh ! Il ne m’a même pas laissée parler. Il ne méritait pas mes excuses alors ! » se dit-elle à elle-même alors qu’Olistar était parti sans un mot, retournant dans son coin.

Elle vagabondait maintenant à travers l’immense jardin de son château. De magnifiques fleurs, toutes différentes se trouvaient autour d’elle. Elle s’arrêta devant une rose de couleur bleue, la prenant entre ses doigts avant de la retirer du reste des fleurs. Elle la respira à plein poumons, appréciant fortement l’odeur.

« Je me demande qui c’est qui s’occupe de ces fleurs … Elles sont toujours aussi belles … Et elles sentent toujours aussi bon … »

Elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle devait demander aux jardiniers qui était-ce la personne qui ramenait ces fleurs. Car elles ne venaient pas comme cela … comme par magie. Hum … Voilà qu’elle oubliait déjà complètement le jeune garçon. Ou non … Ca n’avait pas tardé à revenir dans sa mémoire, en moins de quelques secondes. Pfff … Gardant la rose avec elle, elle vint la mettre dans ses cheveux blonds, poussant un léger soupir. Elle murmura :

« Non mais … quand même … Il aurait pu être un peu plus patient aussi. Je voulais m’excuser … moi … Je ne voulais pas casser sa foreuse. »

Peut-être qu’elle pouvait réfléchir à demander un peu d’argent pour pouvoir lui acheter une nouvelle foreuse. Ah mais non ! Il ne méritait pas qu’elle s’inquiète pour lui ! Il ne méritait pas le moins du monde qu’elle le rembourse ! Elle était en tord peut-être mais … Bon … Il n’avait rien voulu entendre, c’était aussi de sa faute ! Surtout de sa faute !

« Et bien … Ma fille ? Visiblement, il semblerait que tu sois plutôt soucieuse, n’est-ce pas ? »

HEIN ?! La voix qui s’était adressée à elle était si douce et tendre qu’elle la reconnaissait plus que facilement ! Maman ! Sa mère était là ! Elle tourna sa tête en direction d’une magnifique femme qui devait avoir une quarantaine d’années. C’était bien sa mère ! C’était bien elle ! Aussitôt qu’elle la remarqua, elle se jeta dans ses bras, venant se faire enlacer par celle qui l’avait mise au monde.

« Maman ! Maman ! MAMAN ! Pourquoi est-ce que tu es partie encore ?! »

« Allons … Tu sais parfaitement que je suis occupée … »

« Non, ce n’est pas vrai, maman ! Tu n’est pas tout le temps occupé ! Tu mens, tu mens, tu mens ! » s’écria la jeune fille avec véhémence tandis qu’elle tapotait légèrement contre le ventre de sa mère sans lui faire grand mal.

« Allons … Arrêtes de faire l’enfant … Tu sais parfaitement que c’est le cas. »

« Ce n’est pas vrai, pas vrai et pas vrai ! » reprit Terria avant d’arrêter de frapper contre le ventre de sa mère. Elle renifla bruyamment, signe qu’elle commençait déjà à pleurer tandis que sa mère l’emmenait près d’un banc. Elle vint s’asseoir, la jeune fille faisant de même avant de s’essuyer les yeux. Elle devait éviter de pleurer.

« Snif … Je fais pas l’enfant, maman … C’est juste que tu t’en vas tout le temps. Et je ne peux même pas te parler de ce que j’ai fait, et tout … et tout. Snif … »

« Et bien ? Maintenant, je suis là … Tu peux donc parler comme tu le désires. »

Snif … Ce n’était pas la même chose … Pas du tout même … Snif … Mais devant le sourire de sa mère, elle ne pouvait que lui parler de ce qu’elle avait fait aujourd’hui, cette grosse bêtise.

« Ben … Aujourd’hui, j’ai voulu jouer en-dehors du château et … et … » commença t-elle en s’arrêtant aussitôt. Sa mère la regardait avec les sourcils froncés, comme si elle lui lançait un regard accusateur. He… Hey … Ce n’était pas que de sa faute non plus hein ? C’était aussi celle des gardes qui ne faisaient pas assez attention.

« Continues donc, Terria. Tu es partie jouer dehors comme d’habitude et ensuite ? »

« Et bien … Euh … Euh … J’ai rencontré un Aspicot. Enfin, je l’ai déjà rencontré assez souvent aussi ! Enfin … Il s’appelle … … Il s’appelle … »

Elle n’avait quand même pas oublié son nom hein ?! Elle s’en voudrait plus que tout si elle l’avait encore oublié ! Elle se malaxa le crâne pour s’en rappeler. Il s’appelait comment, il s’appelait comment ?! Il s’appelait comment ?! Elle n’avait pas oublié son nom quand même ! Ca serait vraiment trop bête si c’était ça ! Elle s’en voudrait pour au moins plusieurs heures ! Alors … Alors … Alors …

« EARNOS ! Il s’appelle Earnos ! C’est un Aspicot qui ne pense qu’à forer ! Il ne pense tout le temps qu’à ça, tout le temps, tout le temps, tout le temps ! »

« Hum … Je vois, je vois … Earnos, n’est-ce pas ? Et ensuite ? » demanda la femme aux cheveux blonds, un diadème dans ces derniers.

« Et bien … La première fois, il n’a pas arrêté de creuser, il m’a même aidé … Enfin ça, je te l’ai déjà dit la dernière fois mais là, aujourd’hui, je suis encore partie jouer et je l’ai revu ! »

« Et bien ? Quoi donc ? C’est peut-être là le coup du destin ? » répondit Seiry avec tendresse, passant une main dans les cheveux blonds de la jeune fille.

« Le coup de quoi ? Du destin ? Je sais pas maman ! Mais enfin … Euh … Disons qu’il y avait aussi Olistar avec moi … Et puis … Et puis … Ils se sont bagarrés car je ne voulais pas qu’Olistar me suive … Et puis … Euh … Euh … Je faisais ça juste pour m’amuser, je te le promets ! Je te le promets vraiment, maman ! »

« Hum … Pour t’amuser ? Et ils se sont bagarrés pour s’amuser aussi ? » demanda la reine alors qu’elle hochait la tête négativement pour lui répondre :

« Non maman ! Ils ne jouaient pas ! Earnos ne savait pas que je faisais juste ça pour ne pas retourner au château car je ne voulais pas y aller maintenant ! Mais Earnos, il s’est battu avec Olistar mais Olistar était vraiment très très fort et  puis euh … Euh … Puis ça s’est cassé … La foreuse qu’Earnos utilisait s’est cassée ! »

La reine ne lui répondit pas, ses yeux dirigés vers le ciel. Elle l’avait très bien entendu mais elle semblait réfléchir. Une bonne minute s’écoula, la jeune fille balançant ses pieds d’un air gêné, ses yeux posés en direction du sol. Elle s’apprêtait à reprendre la parole mais ce fut la reine qui annonça :

« Si j’ai bien compris, Earnos et Olistar se sont combattus simplement car tu voulais t’amuser ? Et est-ce qu’Earnos et Olistar savaient cela ? »

« Olistar … savait que je ne faisais que m’amuser … Que je n’étais pas … en danger … Mais Earnos non … Alors il continuait de se battre … » marmonna la jeune fille, gardant ses yeux baissés en direction du sol.

« Et donc … Sa foreuse, l’outil de travail des Aspicots, a été détruit simplement car tu voulais t’amuser, c’est bien cela ? Je ne pense pas que je t’ai éduqué de cette manière, ma fille. »

… … … Terria déglutit. Elle savait … Elle savait que sa mère réagirait ainsi. Elle savait aussi qu’elle avait commis une bêtise. Elle savait qu’elle avait été trop loin. Elle savait qu’elle n’aurait jamais dû faire tout ceci. Elle savait … Elle savait … Mais … Mais …

« Et pourquoi ne lui as-tu rien dit ? Les citoyens du royaume des insectes ne sont pas des jouets, Terria. Tu ne dois pas t’amuser à leurs dépends. Tu seras la prochaine Apireine de ce royaume un jour, tu te dois d’être responsable et mature, même à ton âge. » chuchota Seiry, sa fille relevant finalement les yeux pour les mettre en face de ceux de sa mère.

« Je n’ai pas envie … de l’être … Et puis … Et puis … Je sais juste que … Maman … Je m’en veux vraiment d’avoir cassé la foreuse. Mais je ne sais pas ce que je dois faire ! Maman ! Tu veux bien m’aider s’il te plaît ? S’il te plaît ? »

« Je n’ai pas à t’aider … Tu es responsable de tes actes … Je ne peux que te conseiller, Terria. Tu dois te faire pardonner mais surtout t’excuser pour ta conduite qui est très loin d’être celle de la future Apireine de ce royaume. »

« D’accord … D’accord … Je vais aller écrire une lettre d’excu … » commença à dire la jeune fille aux cheveux blonds avant de se lever du banc, sa mère l’arrêtant.

« Et tu penses vraiment que cela sera suffisant ? » dit-elle en se levant à son tour, ses yeux vairons posés sur ceux de sa fille. « Il te faudra bien plus que cela. Je veux que tu ailles en personne lui rendre une visite et t’excuser auprès de sa famille. Bien entendu, tu porteras toi-même la foreuse que tu lui offriras. »

« Hein ? Mais c’est trop lourd ! Et je vais me salir les mains ! Et puis, c’est beaucoup trop pour une punition, maman ! Snif … Snif … » commença t-elle à pleurer, sa mère ne semblant pas y prêter plus attention que cela. La femme reprit :

« Et bien … Il fallait y réfléchir avant de faire une telle chose. Je t’avoue que je suis très déçue de tes réactions, Terria. Pourquoi ne veux-tu pas comprendre que nous servons le peuple des insectes et inversement ? Si tu ne fais que recevoir sans donner, tu n’as rien compris à ton rôle, jeune princesse. »

« Hein ? Mais mais … Mais … Snif … Je ne suis qu’une enfant ! Snif … »

« Être une enfant ne t’empêche pas d’avoir un comportement respectueux d’autrui. » répliqua aussitôt sa mère, la jeune fille s’étant mise à trembler.

… … Sa mère ne pouvait pas le comprendre. Elle ne pouvait pas savoir pourquoi elle faisait tout le temps ça … Pourquoi est-ce qu’elle quittait son château … Pourquoi est-ce qu’elle posait autant de problèmes … Pourquoi est-ce qu’elle … Elle sentit les deux mains de sa mère qui vinrent lui caresser ses cheveux alors qu’elle lui chuchotait :

« Je ne t’en veux pas personnellement … Mais l’Apireine est l’âme de ce royaume … Si tu montres que l’âme est pervertie, tu mets alors le royaume en péril. »

« Je sais bien … Mais … Maman … Je suis une enfant … avant d’être une Apireine … »

« Je le sais parfaitement … Mais il faut revoir tes priorités dans le futur … Tu es une Apireine avant d’être une femme. »


La jeune fille parut choquée par les paroles de sa mère, celle-ci arrêtant de lui caresser les cheveux, observant une nouvelle fois le ciel. Elle murmura comme pour terminer cette conversation qui avait au final que trop durer :

« Et Olistar ? Que penses-tu de lui ? Tu sais parfaitement pourquoi il est ici, n’est-ce pas ? »

Olistar ? C’était quoi le rapport avec le jeune Rapion ? Elle ne savait pas … Mais sa mère voulait lui dire sûrement quelque chose par là … mais quoi ?Elle devait lui répondre bien qu’elle ne voyait pas où elle voulait en venir.

« Ben … Euh … Au sujet d’Olistar … Je veux bien te répondre, maman. » murmura la jeune fille, ne comprenant pas ce que sa mère venait de faire en détournant la discussion sur un autre point… qui était tout aussi important.

Chapitre 11 : Inquiétant

ShiroiRyu
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Chapitre 11 : Inquiétant

« Snif … Snif … Comment est-ce que je vais expliquer ça à Papa et à Maman ? » se demanda t-il alors qu’il reniflait, passant sa main gauche sur ses deux yeux rougis pour essuyer ses larmes. Snif … Quelle idiote ! Mais quelle idiote cette fille ! « Qu’est-ce que je lui ai fait moi ?! Hein ?! Qu’est-ce que je lui ai fait à cette princesse ?! »

Il jeta les restes de sa foreuse sur le sol, explosant une nouvelle fois en larmes. Son cadeau … Son cadeau d’anniversaire … Elle … Elle pouvait tout avoir car elle était la princesse ! Alors pourquoi est-ce qu’elle était venue l’embêter ?! Ce n’était plus la jeune fille d’il y a quatre ans ! Ce n’était pas elle qu’il avait juré de protéger il y a cinq ans ! Ramassant les morceaux de sa foreuse, il bafouilla pour lui-même :

« Désolé … Désolé madame … La reine … Je … Je ne peux plus vous promettre ça. Votre fille n’est pas la future … Apireine … Snif … Pas avec ça … »

Ca ne servait à rien de continuer à parler de tout ça. Mais qu’est-ce qu’il allait faire ? Hein ? Qu’est-ce qu’il allait faire ? Il n’allait pas pouvoir le dire à ses parents qu’il avait cassé sa foreuse … Snif … Snif … Il renifla une nouvelle fois, retirant la morve qui s’écoulait de son nez alors qu’il retournait en direction de sa maison.

C’est bête … Mais c’était dans ces moments là qu’il aurait aimé avoir Herakié avec lui. Elle était aussi souvent là pour lui remonter le moral. Snif … Mais bon … Elle n’était pas là et il ne pouvait qu’arrêter de pleurer et être fort quand il allait tout expliquer à ses parents … Snif … Il arrivait maintenant non-loin de la boutique de fleurs, haussant un sourcil.

« Au revoir, Cassina. Je reviendrai demain … si je suis vivant. »

« Ne dit pas de bêtises, Raor. Rentres bien, d’accord ? »

Le jeune garçon n’avait rien entendu des paroles mais il vit un Chenipotte de deux ans son aîné. Raor … Il était à peine aussi grand que lui, ayant deux yeux dorés. Son visage … Qu’est-ce que … Non ! Il n’y avait pas que son visage mais ses habits aussi ! Ses habits étaient déchirés de partout, des morceaux de tissu violet pendant lamentablement de son pantalon alors que même son haut blanc était dans un pitoyable état. Et la tristesse peinte sur son visage … On aurait pu croire que tous les malheurs du royaume étaient tombés sur les épaules de l’enfant aux cheveux orange. Earnos était resté immobile, parfaitement de marbre alors qu’il voyait Raor qui s’approchait de lui. Il devait y avoir une trentaine de mètres entre lui et la boutique de fleurs, sa sœur ne l’ayant sûrement pas remarqué.

« Earnos ? Ah … Tu as déjà fini de travailler ? » murmura Raor en se mettant en face de lui.

« Non … Pas vraiment … Et toi … Tu as déjà fini les cours, Raor ? Tu es venu voir ma sœur ? » demanda l’enfant blond avec interrogation.

« Les cours sont terminés pour moi depuis longtemps … Je n’ai pas eut besoin de les rattraper contrairement à une majeure partie de la classe. » dit le Chenipotte en haussant les épaules, gémissant de douleur alors qu’Earnos reprit aussitôt :

« Et comment est-ce que tu as eut ces blessures ? »

« Ah … Ca … Comme d’habitude … Certains ne m’aiment pas … Enfin, la majorité de l’école … Comme d’habitude … Ce n’est pas grave. »

Raor avait dit cela avec une telle nonchalance que ça pouvait désarmer ceux qui n’étaient pas habitués à tout ceci. Mais le jeune garçon aux cheveux blonds ne sembla pas plus étonné que ça, poussant un profond soupir :

« Il faudrait vraiment que tu le dises aux autres hein ? »

« Plus facile à dire qu’à faire … Surtout que je ne suis pas dans le cœur du proviseur. »

« … … … … … D’accord. » murmura Earnos sans rien dire d’autre, ne sachant pas de quoi il pourrait parler. Il ne se sentait pas plus concerné que ça par Raor à la base donc bon … Pourtant, Raor reprit la parole :

« Dis-moi … Est-ce que ta sœur m’aime ou non ? Je ne sais jamais quoi penser avec elle … Vraiment pas … Je ne me fais pas d’illusions … Je ne suis qu’un Chenipotte qui ne sait même pas se défendre mais … Je … Je ne devrais pas trop y croire … Non … Désolé de t’embêter avec tout ça, ça ne te concerne pas. »

« Et est-ce que tu lui as déjà posé la question ? Peut-être que ce n’est pas à moi de te répondre, tu le sais bien hein ? » répliqua Earnos, reprenant : « Car moi … Je ne comprends pas vraiment de quoi vous parlez … Enfin … Bon … C’est pas moi qui peut t’aider avec tout ça … Et j’ai d’autres problèmes en tête, Raor. » marmonna Earnos tout en essayant de cacher sa mauvaise humeur bien que ses deux yeux rougis étaient plus difficiles.

« Ta foreuse n’est-ce pas ? Tu ne t’en sépares jamais … Mais ce n’est pas celle que je connaissais non ? C’est donc une nouvelle … Elle n’a pas tenu très longtemps visiblement. »

Le jeune garçon aux cheveux blonds déglutit aux paroles de Raor, tentant de rester le plus calme possible. Il ne devait pas s’emporter … Car il l’avait déjà fait … Ca ne lui ressemblait pas … Mais quand même … Ce n’était pas sa journée ! Pas du tout même ! Ah … Ah … Ah … Rester tout simplement calme … Et …

« Mais qu’est-ce que tu fais ?! » s’écria t-il soudainement alors que Raor prenait les morceaux de sa foreuse dans ses mains.

« Je n’ai aucune qualité … Je ne sais rien faire de mes dix doigts … Je suis seul … Même mes parents ne sont jamais là … Mais je vais peut-être essayer de la réparer, Earnos. » répondit l’enfant aux cheveux orange alors qu’Earnos ouvrait en grand ses deux yeux.

« Hein ? Co … Co … Tu le peux vraiment ? Et … Et pourquoi est-ce que tu ferais ça hein ? »

« Car ça peut m’occuper et me faire oublier le fait que ta sœur ne m’aime pas … » répondit Raor avec une extrême lenteur.

C’est vrai … C’était parfaitement vrai … Il avait complètement oublié ça … Ou plutôt, il ne l’avait jamais réellement vu le faire … Mais bon … Et puis, la raison était complètement aberrante … C’était assez … Mais … Si il pouvait réparer alors …

« Je veux bien que tu le répares mais tu penses y arriver ? » dit Earnos finalement en baissant la tête. Raor fit pour la première fois un sourire, celui-ci semblant néanmoins plutôt triste comme à son habitude.

« Je ne sais pas … Je peux juste essayer … Je ne peux pas te le certifier … »

« Je vais essayer de parler à ma sœur … De faire qu’elle s’exprime un peu mieux avec ses sentiments par rapport à toi. Par contre, il faudrait que tu arrêtes de te faire taper hein ? » s’exprima l’Aspicot alors que le Chenipotte ne fit qu’hausser les épaules.

« Plus facile à dire qu’à faire … Sincèrement … Je ne suis pas fort, je suis chétif, je n’ai pas de muscles … Je ne suis doué pour rien … »

« Pfff … C’est bon … Et moi … Je vais rentrer chez moi, Raor. Il faut que j’aille dire à mes parents pourquoi je suis rentré plus tôt. Je dois te remercier, je crois. » murmura Earnos tandis que Raor le regardait avec interrogation. Le remercier ? « Si je ne t’avais pas vu … Je serai sûrement rentré en train de pleurer. Mais ça va mieux maintenant … Snif … Ce n’est plus si grave … Je vais juste devoir raconter ce qui s’est passé … »

« D’accord … Alors, je m’en vais. Je reviendrai quand j’aurai terminé tout ça. » répondit Raor avant de s’éloigner, saluant le jeune garçon aux cheveux blonds.

Oui … C’était bizarre mais … Il allait mieux maintenant. Enfin … Pas complètement mieux mais il se sentait plus soulagé puisqu’il n’avait … Il ne pensait plus à cette princesse. Ah … Vraiment … Non, il ne devait plus y penser. Ah … Ah … Ah … Il prit une profonde respiration, se dirigeant vers la boutique de fleurs avant de pénétrer à l’intérieur.

« Maman … Passy … Cassina, je suis rentré. » dit-il alors que déjà, sa grande sœur âgée de treize ans s’approchait de lui, surprise.

« Et le travail ? Comment ça se fait ? »

« Ma … foreuse s’est cassée … » bafouilla le jeune garçon avant de se surprendre lui-même en recommençant à pleurer. Non, il avait juste fallut qu’il y repense pour qu’il se remette à verser des larmes. Ce n’était pas n’importe quoi ! C’était sa foreuse !

En entendant les pleurs, sa mère et Passy étaient tout de suite arrivées, demandant des explications. Il fut emmené dans le fond de la boutique, sa mère demandant à Cassina de s’occuper des clients.
Il se retrouva assis sur une table, cherchant à expliquer tout ce qui s’était passé. Cette fois, il parlait de la jeune fille … Il parlait de la princesse Terria. Il expliquait qu’il l’avait déjà vu auparavant, il y a une année … Et puis aujourd’hui … Il expliquait aussi qu’il avait dû se battre et toutes ces choses selon ses propres termes.
Lorsqu’il releva son visage, il vit le visage soucieux de sa mère et de sa grande sœur. Ah … Ah … Il était sûr ! Il était sûr et certain qu’elles ne le croyaient pas ! Il en était … sûr … Mais c’était la vérité ! Il ne mentait jamais ! Ce n’était pas du tout son genre ! Cassina était finalement revenue, ayant entendu ses paroles avant de dire :

« Je suis sûre que c’est vrai. Il paraîtrait que la princesse aime créer beaucoup de problèmes. Elle s’enfuit tout le temps donc même si il y a peu de chances … »

« Nous n’avons jamais pensé le contraire, Cassina. Loin de là même … Nous savons parfaitement qu’il dit la vérité. C’est juste que … Hum … C’est plutôt embêtant. » répondit l’aînée tandis qu’il restait maintenant complètement muet.

« Heureusement que tu as gardé ton ancienne foreuse, Earnos. Mais où sont les morceaux ? » demanda sa mère, le jeune garçon disant aussitôt :

« Je les ai donnés à Raor. Il a dit qu’il allait voir s’il pouvait réparer la foreuse. Cassina ? Raor fait vraiment peur des fois … Mais il est gentil quand même. Enfin … Il est aussi un peu inquiétant mais sinon, tu devrais quand même lui parler plus souvent hein ? »

« Mais de quoi … Est-ce que tu te … mêles. Pfff … Earnos, ce qu’il y a entre Raor et moi, je … Je ne veux pas en parler. C’est vraiment compliqué. »

Sa sœur était rouge aux joues tandis que Passy s’approchait d’elle, émettant un petit rire après lui avoir chuchoté quelque chose dans l’oreille. Résultat ? L’adolescente devint encore plus rouge alors que la mère souffla.
… Il avait fermé ses yeux. Il l’avait dit à sa mère et à ses sœurs … Ses grandes sœurs. Il allait devoir l’expliquer aussi à son père … Tout ça à cause de la faute de cette princesse ! Il ne pouvait plus tenir sa promesse … Plus du tout … Mais heureusement … Raor allait réparer sa foreuse, il avait confiance en lui … même si il était toujours inquiet pour sa relation avec sa grande sœur. Enfin, il n’avait que neuf ans donc il n’avait pas à se mêler de ça non plus. Mais … C’est juste que les Chenipottes étaient parfois inquiétants.

Chapitre 10 : Colère bien réelle

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Chapitre 10 : Colère bien réelle

« Vous ne voulez vraiment pas me laisser la princ … »

Il ne termina pas sa phrase, esquivant un nouveau dard. Bon … Visiblement, la tentative de dialogue était définitivement écourtée d’après ce qu’il voyait. Mais quand même, un seul et unique Aspicot ? Qui venait l’affronter ? Peut-être … Sa paume droite s’ouvrit alors qu’un dard se dirigea en direction d’Earnos.

Que … Sa foreuse vrilla aussitôt alors, percutant le dard pour le repousser au loin. Néanmoins, il n’eut même pas le temps de se protéger que le poing droit du Rapion vint le frapper sur sa joue gauche, l’envoyant sur le côté ou presque. Il s’était simplement penché au lieu d’être projeté, réagissant aussitôt en tentant de donner un coup de poing au beau milieu du ventre du Rapion.

« Beaucoup trop lent … J’ai l’impression que vous combattez au ralenti. Il est bizarre que vous soyez envoyé pour la princesse. » murmura le garçon aux cheveux myrtille foncé avant de bloquer le poing d’Earnos.

Qu … Quoi ? Il le regardait d’un air étonné, ses yeux rubis sur son poing stoppé. Comment c’était possible ? Enfin non … Ce n’était pas impossible du tout. Loin de là même puisqu’il ne savait pas se battre.

« Ne touchez pas à la princesse Terria … » souffla avec lenteur Earnos avant de tenter de donner un coup de pied au Rapion, celui-ci le bloquant une nouvelle fois avant de le projeter en avant, le faisant tomber sur ses fesses.

« Cessez ce combat complètement stupide. Je ne vous veux pas de mal. Ne me forcez pas à me battre sérieusement contre vous. Vous ne pourriez pas vous en relever. »

Ne pas s’en relever ? Et puis quoi encore ? Il en était hors de question. Il se redressa sur ses pieds avec facilité, prenant sa foreuse avant de la positionner sur son crâne. Il ne voulait pas se battre sérieusement avec lui ? Qu’importe. Il ne lui laisserait pas le temps, c’est tout. Il n’avait pas de temps à perdre s’il devait mettre la princesse en sécurité. Mais quand même, pourquoi est-ce que la jeune fille avait un Rapion à ses trousses ?!

Sa foreuse s’était mise à tourner subitement autour de sa tête, le jeune garçon aux cheveux blonds faisant des ronds avec celle-ci alors que Terria le regardait d’un air surpris. C’était … C’était quoi cette … technique ? Elle n’avait jamais vu une telle chose. Ca avait l’air très impressionnant quand on le regardait comme ça. Mais aussi assez bizarre …

Hum ? Il savait parfaitement ce que l’Aspicot était en train de faire. Cela semblait étonnant à première vue mais ce n’était pas du tout le cas. Au final … Un Aspicot, qu’était-ce donc ? Qu’un banal insecte loin derrière les autres. C’était pour cela qu’il travaillait aussi durement … Car il n’aurait jamais une vie facile. HUM ! Une vie facile ! Lui aussi n’en avait pas vécue une !

C’était très dangereux de faire cela … C’était même la première fois mais … Il n’avait pas d’autres méthodes pour espérer protéger la princesse. Dans quoi est-ce qu’il s’était foutu ? Il aimerait bien le savoir mais ça allait devoir attendre quelques minutes ! Il courut à toute vitesse en direction du Rapion, celui-ci semblant avoir un léger sourire aux lèvres. Avec agilité et facilité, il fit un mouvement sur le côté, tendant son pied gauche pour faire un croche-pied au jeune garçon.

HEIN ?! Il se retrouva tête la première en direction du sol … La foreuse tournoyait inlassablement sauf qu’il était bloqué sur le sol. Il ne pouvait pas … SI ! Il tira de toutes ses forces, la foreuse s’arrêtant de tourner alors qu’il la retirait de sa tête. Il chancela sur la gauche et la droite, ne sachant guère réellement où il se trouvait.

« Princesse … Veuillez me suivre maintenant. Assez perdu de temps. » annonça le Rapion alors qu’il tendait sa main vers elle.

Elle ? Elle reculait, ne semblant pas réellement apeurée mais plus embêtée qu’autre chose. Il était hors de question de suivre le Rapion ! Hors de question, oui ! Elle fit quelques pas en arrière, l’enfant continuant de se rapprocher d’elle.

« Laisses-la … tranquille … » murmura une voix derrière le Rapion tandis que celui-ci se retournait aussitôt, un peu déconcerté. L’Aspicot était encore en face de lui, se tenant la tête entre ses deux mains et l’air assez secoué.

Il voulait quand même continuer à se battre dans cet état ? Il ne l’avait pas blessé car ce n’était qu’un enfant encore moins âgé que lui mais … Là … Il n’allait peut-être pas devoir se retenir. Il fit un petit hochement de tête en direction de la jeune fille, lui signalant par là de ne plus bouger avant qu’il n’ait terminé avec l’Aspicot.

Celui-ci avait les idées peu claires mais il devait protéger la princesse. La reine le lui avait demandé ! Et il tenait toujours ses promesses ! Mais comment … Comment le battre ?! La foreuse était d’aucune utilité contre lui ! Alors il devait le frapper avec ses poings ?! Mais c’était tout simplement impossible ! Il n’arrivait pas à le touch … Il n’y avait qu’une solution alors. Accélérant le pas, il fonça en direction du Rapion, celui-ci se préparant déjà l’empêcher de continuer. Résultat ? Il passa juste à côté de lui, prenant la princesse par le bras avant de se mettre à courir avec elle, lui disant :

« Courez de toutes vos forces, princesse Terria. Je ne peux pas le battre ! Alors, il faut s’enfuir le plus loin possible ! »

« Ca commence à devenir un peu … gênant tout ça. » murmura t-elle alors qu’il ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire par là.

Gênant ? Comment ça ? Car il lui prenait la main ? C’était un cas de force majeure ! Il n’avait pas vraiment le choix ! Enfin, il aurait bien aimé courir avec elle mais il n’eut pas le temps de réagir que plusieurs pointes se plantèrent dans le dos.

AH … AH … AH … C’était … C’était quoi … Il s’écroula en avant, lâchant la main de la princesse alors qu’il venait à peine de la prendre. Celle-ci poussa un petit cri surpris, se demandant s’il était mort alors qu’elle entendait plusieurs gémissements de sa part. Ce … Ce n’était pas … possible ? Qu’est-ce que … Le Rapion se positionna entre lui et la princesse.

« Plusieurs petits dards … Rien de bien dangereux … Vous n’aurez que quelques très infimes blessures dans le dos. Maintenant … Princesse, ne pardons pas de temps. »

« J’en … J’en ai … pas terminé … Tu ne prendras pas … la princesse … Rapion ! »

Il s’était redressé, un petit sifflement admiratif se faisant entendre de la part de l’adolescent aux yeux cyan. Dès qu’il se releva, il fut envoyé en arrière par un coup de pied dans le ventre, roulant sur le sol à cause de la puissance du coup.

« Stop … Assez. Cela devient vraiment lassant. Je ne veux pas vous blesser, jeune garçon Aspicot. Je n’ai pas pour but de créer du tord aux personnes de ce royaume. »

« Vas … dire cela … à quelqu’un d’autre. Tu veux kidnapper la princesse et je dois te laisser faire ?! » s’écria finalement Earnos alors que l’adolescent haussait un sourcil.


Kidnapper la princesse ? Comment cela ? Ce n’était pas du tout son but … Hum … Il y avait peut-être une légère embrouille dans cette histoire. Mais visiblement, l’enfant Aspicot n’allait pas l’écouter.
Malgré les pointes dans son dos de petite taille, il se relevait inlassablement, semblant néanmoins très épuisé. Reprenant sa foreuse à côté de laquelle il avait roulé, il la fit tournoyer entre ses deux mains avant de courir de toutes ses forces vers le Rapion.

« Cela a assez duré. Terminons-en maintenant. J’en suis désolé mais les Apitrinis et la reine Seiry risquent de m’en vouloir si je ne vous ramène pas princesse. »

L’adolescent se positionna correctement, tendant ses deux mains en direction de l’Aspicot. Une étrange lueur dorée émana de ses deux mains alors que la foreuse fonçait droit vers lui. D’un geste mêlant paradoxalement lenteur et rapidité, le Rapion posa deux l’index droit sur la foreuse, celle-ci se stoppant complètement avant qu’il ne place sa main gauche sur l’objet. Celui-ci explosa en morceaux, l’adolescente reprenant :

« Sabotage … Comme ce n’est qu’un objet d’une qualité assez basique voir mauvaise, cela n’a pas été difficile de le briser. Vous vous êtes bien battu pour un enfant de votre âge mais … »

Il s’arrêta dans ses paroles, remarquant que l’enfant aux cheveux blonds était à genoux, tentant de réunir les morceaux de ce qui avait été sa foreuse. Hum ? Ce n’était pas normal … Si il avait été réellement un … Non … Maintenant, il en était sûr. Rien qu’à voir les larmes dans les yeux d’Earnos suffisait parfaitement à expliquer la situation.

« Vous n’êtes pas un kidnappeur de la princesse. Je viens de commettre une bêtise. Il est vrai que cela paraissait étrange qu’un Aspicot de votre âge soit envoyé pour l’enlever. Vous n’avez subit aucun entraînement ou épreuve pour renforcer votre corps contrairement à moi. Princesse Terria, pourquoi avoir impliqué un jeune citoyen de votre royaume dans tout cela ? Pourquoi ne lui avoir pas dit que j’étais là pour vous ramener au château ? »

« Et bien … Je … Je … Je voulais juste … m’amuser, Olistar … Mais je … » bafouilla t-elle, ne pouvant pas continuer à parler avant que la voix d’Earnos ne se fasse entendre :

« Vous … Vous amusez ? Vous faites ça pour vous amuser ? Tu fais ça car tu trouves ça drôle ? C’est bien ce que … Ah … Ce que je … »

Il s’était relevé, tenant une partie de sa foreuse réduite en morceaux, les larmes s’écoulant des yeux rouges. Olistar ne disait plus rien tandis qu’il jetait un bref regard à la princesse. Celle-ci était rouge de honte, cherchant à parler.

« Je … Euh … Je ne voulais pas … que ça … »

« C’était …. C’était un cadeau de mes parents ! SALE ENFANT POURRI GÂTE ! TU NE PENSES QU’A TOI ! »

Elle fit plusieurs pas en arrière, choquée et apeurée. Il … Il venait de l’insulter ? Elle ? La princesse ? Il … Il … Il semblait réellement en colère alors qu’elle tentait de hausser la voix :

« Non mais attends quand même un peu ! Je suis la princesse et je peux te rem … »

« LA FERME ! Je ne veux plus rien entendre de toi ! Ne me parle plus ! Snif … Snif … Ma foreuse … Ma foreuse … Papa … Papa va être en colère … Maman aussi … J’ai dit que j’allais en prendre soin … Que j’allais … »

« Princesse, nous devrions y aller. » murmura Olistar alors qu’elle faisait finalement quelques mouvements en direction d’Earnos, arrivant à sa hauteur. Elle chuchota d’une voix un peu inquiète :

« Je suis la princesse Terria … Je peux … Je peux demander à ce que l’on te redonne une … »

« T’ES SOURDE ?! NE T’APPROCHES PLUS DE MOI ! » hurla l’Aspicot avant de la baffer avec violence sur la joue droite, la jeune fille s’écroulant sur le côté.
Olistar s’apprêtait déjà à réagir mais Earnos s’était retournée, courant pour s’éloigner. Elle était maintenant estomaquée, passant une main sur sa joue rougie par la claque. Il … Il venait de lever la main vers elle ? Elle … Elle pouvait le faire arrêter … Elle pouvait le punir mais … Mais … Elle avait des larmes à cause du coup reçu mais c’était lui qui avait pleuré en premier. C’était de sa faute si sa foreuse avait été cassée. Elle ne connaissait même pas son nom de famille ! Mais … Mais … Ah … Il s’était quand même emporté inutilement hein ? Et un peu trop violemment. Ce n’était pas si grave hein ?

« Princesse … Nous devrions y aller maintenant. »

Hein ? Quoi ? Olistar s’était adressé à elle alors qu’elle semblait assez perdue. Elle se releva, gardant une main posée sur sa joue rougie. Oui … Il valait mieux rentrer pour aujourd’hui. Elle allait même écouter les cours … pour une fois.

Chapitre 9 : Défense

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Chapitre 9 : Défense

Une semaine s’était écoulée depuis son anniversaire. Fier et heureux d’avoir reçu une nouvelle foreuse, il avait fait tellement de zèle que le chef Forsak lui avait signalé que pour toute une semaine, il allait rester seul dans son coin à creuser toute une galerie de tunnels entre son village et celui voisin. Bref, il allait avoir énormément de travail et il s’était préparé mentalement et physiquement à cette épreuve. S’il y arrivait … Alors il serait félicité par tout le monde, c’était ce qu’il voulait … être félicité.

« Où se trouve Earnos ? Je ne l’ai pas vu dans son lit. »

Ce fut le lendemain du jour où le jeune garçon reçu sa mission que son père remarqua qu’il était complètement absent de la maison. Pourtant, il avait bien dormi à l’intérieur donc ce n’était pas ça … Ce fut sa femme qui vint lui dire :

« N’est-il pas déjà parti travailler ? Cela ne m’étonnerait pas du tout de lui. »

« … … … Sûrement … … … Pourquoi est-ce que je me pose encore la question à son sujet ? Bon, de toute façon, je n’ai rien à lui dire, il va travailler de son côté. Neuf ans … Et le chef Forsak lui offre déjà la possibilité de créer sa propre galerie tout seul. Même ceux qui sont là-dedans depuis des années n’ont pas cette chance. »

« Tu l’as eut … Forsak ne fait confiance qu’aux personnes qu’il estime être compétentes. C’est pourquoi les autres ne méritaient peut-être pas cette proposition. » répondit sa femme alors qu’il haussait les épaules. Sûrement … Oui …

Voilà qu’ailleurs, au loin, très loin, dans le sol, le bruit d’une foreuse résonna au-dessous du sol bien que personne ne pouvait l’entendre. Un jeune garçon aux cheveux blonds tenait sa nouvelle foreuse entre les mains, semblant creuser plus que de raison alors qu’il avait d’étranges écouteurs sur les oreilles pour l’empêcher d’entendre le bruit qu’il créait. Sur ses yeux, une paire de lunettes rouges était positionnée dessus.

Au bout d’une bonne heure où il creusa sans s’arrêter, la foreuse se stoppa tandis qu’il poussait un profond soupir. Il avait un peu faim … et soif … Il avait vite mangé avant de partir travailler mais c’était tout. Rien d’autre …

« Je ferai mieux de sortir prendre un peu l’air. J’ai toujours un peu d’argent avec moi pour m’acheter à manger si il le faut. »

Mais pour sortir … Il allait devoir encore gratter le sol pour créer un trou à la surface. Bon … Par contre, il ne devait pas se tromper du tout. Il prit un petit morceau de papier sur lequel il avait griffonné plusieurs chemins. C’était les tunnels qu’il devait creuser. Bon … En partant sur la droite, il continuait quelques minutes et c’était bon.

« Allons-y … J’ai faim … Vraiment très faim … »

La foreuse recommença à vriller tandis qu’il creusait une nouvelle fois. Le jeune garçon partit vers la droite comme convenu. Au bout d’une dizaine de minutes, il s’arrêta de bouger, positionnant sa foreuse au-dessus de lui avant d’apercevoir peu à peu de la lumière. Finalement, un trou se forma tandis qu’il arrivait à la surface. Il entendit un petit cri :

« Juste à temps ! Attention, j’arrive ! »

Il n’avait même pas eut la possibilité de réagir qu’il vit une robe jaune et noire obscurcir sa vue puis surtout tomber sur lui, le renvoyant en bas du trou qu’il avait crée pour remonter à la surface. Avachi sur le sol, il poussa un petit gémissement de douleur, celui-ci étant accompagné par une petite voix féminine :

« Ca faisait un peu mal à l’atterrissage mais bon … Comme ça, je suis sûre qu’il ne me trouvera pas cette fois. »

« Princesse … Terria … Vous m’écrasez … » marmonna le jeune garçon alors qu’elle poussa un cri surpris, remarquant que c’était le jeune garçon qu’elle avait déjà vu il y a longtemps. Elle se rappelait très bien de lui parce qu’il parlait d’une drôle de façon.

« Euh … Euh … Euh … Quel est ton nom encore ? » demanda t-elle en se relevant, remarquant que les seules lumières étaient celle du trou qu’il avait creusé mais aussi celle … des deux yeux rubis du jeune garçon. « Comment est-ce que tu fais ça ?! » questionna Terria une nouvelle fois alors qu’il haussait les épaules :

« C’est tout ce qu’il y a de plus normal chez nous … Ca nous permet de voir dans le noir quand on creuse des tun … »

« Ah non ! Ne me parles plus de tunnel ! Par contre, il faut que tu m’aides ! Je suis poursuivie ! » s’écria t-elle tandis qu’il l’observait d’un air suspicieux qui la fit un peu reculer : « Bon … La dernière fois, c’était vraiment pour rire mais là, c’est très sérieux ! Il est tout seul et il est très dangereux ! Il n’arrête pas de me suivre ! »

« Et qui donc ? Cette fois-ci, vous parlez d’une personne … C’est un garçon ? Qu’est-ce qu’il vous veut ? Qu’est-ce qu’il … » commença t-il avant d’être coupé aussitôt par la jeune fille.

« On n’a vraiment pas le temps de parler de tout ça ! »

Elle commençait déjà à courir dans le tunnel, s’arrêtant après quelques secondes. Elle ne pouvait pas avancer sans lui ! Elle ne voyait rien dans le noir ! Le jeune garçon passa une main dans ses cheveux. Elle semblait réellement dans le pétrin mais comment cela se faisait-il qu’elle soit toujours là où il allait. Enfin, ce n’était que deux fois en plusieurs mois.

« Veuillez me suivre, princesse Terria, je vais vous protéger. »

« Merci beaucoup euh … Euh … J’ai ton nom sur le bout de la langue ! C’est quoi ton nom ? » demanda t-elle bien qu’il l’ignora complètement.

Elle était beaucoup trop désinvolte pour lui. Elle ne savait même pas le nom de la personne à qui elle s’adressait … Il ne voyait pas pourquoi il devrait lui répondre. C’était quand même assez embêtant de ne pas savoir ça !

« Et bien … Pourquoi tu ne veux pas dire ton nom ? C’est la princesse qui te le demande ! »

« Princesse Terria, vous le connaissez alors vous devriez vous en rappeler. » répondit-il alors qu’elle paraissait légèrement outrée par ces paroles.

Co … Comment ?! Comment est-ce qu’il osait lui parler ainsi ?! C’était mesquin ! Elle lui posait une simple question ! Ce n’était pas de sa faute si elle ne se rappelait pas du prénom de tout le monde ! Enfin bon … Elle n’était pas fautive non plus !

Plusieurs minutes passèrent alors qu’elle toussait à cause de la poussière soulevée par la terre. Il recommençait à forer, ne semblant pas du tout se préoccuper d’elle. Il boudait ou quoi ? Ca ne se faisait pas de bouder la princesse Terria quand même ! Elle allait devoir le corriger et le remettre sur le droit chemin !

« Est-ce que tu veux bien me dire ton nom maintenant ? » demanda t-elle une nouvelle fois tandis qu’il s’arrêtait de creuser, lui répondant :

« Earnos. C’est comme cela que je m’appelle … J’espère que vous vous en rappellerez maintenant, princesse Terria. »

« Je vais faire de mon mieux mais quand est-ce que l’on sort d’ici ? Je commence à me demander si ce n’est pas toi qui me kidnappe … » dit-elle en faisant une petite mine boudeuse à laquelle il ne vint pas réagir.

Il n’était pas du genre à se laisser attendrir par ça, n’est-ce pas ? Avec Holikan, ça marchait à chaque fois mais du côté du jeune garçon aux cheveux blonds, pas du tout. C’était dommage … Mais bon, il s’exécutait sans poser de questions.

Une bonne vingtaine de minutes passèrent alors que le jeune garçon guidait la princesse à travers les tunnels, minant la terre pour arriver à un nouvel endroit indiqué sur la carte. Heureusement qu’elle ne savait pas exactement ce qu’il faisait car si elle apprenait qu’il faisait plus son travail que la sauver réellement, elle risquait de se mettre en colère.

« Nous sommes arrivés à une nouvelle sortie … Je pense que d’ici là … Vous pourrez alors être en sécurité. » dit-il alors qu’il forait la terre au-dessus de lui, laissant apparaître un rayon de lumière. La jeune fille, loin d’être mécontente le poussa pour passer la première, poussant subitement un cri avant qu’une voix ne se fasse entendre :

« Malheureusement, vous ne pouvez pas vous échapper, princesse Terria. »

Qu’est-ce que ?! Il accéléra aussitôt le mouvement, sortant du tunnel à son tour avant de regarder la scène. La princesse avait la bouche grande ouverte, bafouillant :

« Co… Comment est-ce que tu as pu … Comment est-ce que … »

« On ne peut pas me distancer, princesse. »

C’était la voix d’un jeune garçon mais elle avait une tonalité bien différente. Assez froide et distante ! Il se positionna devant la princesse, ouvrant en grand ses deux yeux rubis. Cet enfant … Il le reconnaissait parfaitement à son accoutrement car il l’avait déjà vu dans les livres d’histoire mais aussi de biologie … sur les différentes races peuplant le royaume des insectes. Ce garçon …

Il semblait bien plus âgé que lui et la princesse Onze ? Douze ? Voir treize ans ? Difficile à dire exactement mais il était quand même plus grand qu’eux deux. Un pantalon et un haut bleu marine, ses deux yeux cyan fixaient la princesse et Earnos avec une certaine intensité. Néanmoins, il ne semblait pas très émotif, aucun sentiment se dessinant sur ses lèvres. Il tendit sa main droite avec lenteur, murmurant :

« Veuillez me ramener la princesse. »

« Tiens donc ? Et pourquoi cela ? » répondit aussitôt le jeune garçon aux cheveux blonds, restant bien entre la princesse et le jeune garçon, celui-ci reprenant :

« Car c’est la mission que l’on m’a confiée. Je ne me répéterai pas une sec … »

Un dard passa aussitôt à côté du jeune garçon, Earnos ayant pointé sa main gauche devant lui, la paume de celle-ci semblant capable de s’ouvrir à moitié pour laisser quelque chose en sortir. Pourtant, le regard que l’Aspicot avait était sans équivoque.

« Je n’ai pas à écouter les paroles d’un Rapion. La princesse reste avec moi. »
Le Rapion tourna sa tête à gauche et à droite. Le tunnel dont étaient sorti Earnos et Terria était assez éloigné du village. Visiblement, l’Aspicot avait tout préparé pour ne pas alerter la population entre les deux villages, les trois enfants étant dans une zone déserte mais herbeuse. Hum … Cet enfant aux cheveux blonds était plus intelligent qu’il n’y paraissait. Soit … Il ferma ses yeux en soupirant, les rouvrant après quelques secondes de réflexion. Il annonça d’une voix claire :

« Je ne sais pas ce que vous avez à voir avec la princesse mais … »

« Les Rapions feraient mieux de retourner là d’où ils viennent. » coupa une nouvelle fois Earnos avant qu’un dard ne sorte de sa paume droite cette fois-ci, fonçant vers le Rapion. Bien qu’il fût assez imposant, le dard fut arrêté entre deux doigts par l’enfant, un liquide vert s’en écoulant pour glisser le long de la main du Rapion. Malgré le poison, il n’était pas effrayé par celui-ci.

Et la princesse dans tout cela ? Celle-ci restait derrière Earnos, plus étonnée qu’apeurée par la situation. Elle … Elle allait regarder ce qui allait se passer, c’était mieux que de prendre la parole. Earnos planta sa foreuse dans le sol, fermant son œil gauche. Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? Il n’allait pas combattre ?

… … … C’était la première fois qu’il était dans une telle situation. Il ne savait pas vraiment quoi faire car il ne s’était jamais battu. Ah … Bon … Bon … La première chose à faire était de rester calme, très calme. Ce n’était pas en perdant son sang-froid qu’il allait réussir à protéger la princesse mais quand même … Comment est-ce qu’elle avait fait pour se mettre dans ce pétrin ? Il se le demandait. Il espérait simplement que les Apitrinis viendraient très vite comme la dernière fois.

Chapitre 8 : Des fleurs pour son anniversaire

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Seconde partie : Mystérieux mystères

Chapitre 8 : Des fleurs pour son anniversaire

« Bon anniversaire, mon petit Aspicot ! » cria la femme aux cheveux rouges avant d’embrasser son fils sur la joue et de l’accoler contre elle.

« Et bien … Neuf ans … Déjà la moitié du chemin parcouru, Earnos. » répondit son père alors que le jeune garçon aux cheveux blonds souriait un peu.

Puis peu à peu, il se faisait embrasser par ses deux grandes sœurs puis ce fut au tour des deux petites. Lorsque vint le moment d’ouvrir ses cadeaux, il ne fut pas plus surpris que cela de voir arriver un magnifique bouquet de fleurs. Oui … Il y avait énormément de cigües blanches, de nombreuses malvas de différentes couleurs autre que blanches et violettes et même des résédas jaunes dont il respira le parfum pendant de longues secondes.

« Et bien, et bien … Visiblement, quelqu’un te porte énormément d’affection et de tendresse, Earnos. Est-ce que tu as une idée de qui cela pourrait être ? » demanda sa mère avec un petit sourire malicieux, le jeune garçon annonçant aussitôt :

« C’est de madame Florensia. Elle m’a encore offert des fleurs aujourd’hui. Je ne savais pas qu’elle était là. Je devrais aller lui rendre visite … Mais il y a du travail aujourd’hui. »

« Hum ? Du travail ? C’est vrai, fiston … Mais pas pour toi. Aujourd’hui, c’est ton anniversaire. Tu n’as donc aucun travail … Vas donc voir Florensia et passes-lui le bonjour de notre part. Tu peux rester avec elle pour toute la journée. » dit son père, s’éloignant déjà alors qu’il posait discrètement un cadeau emballé derrière lui, semblant un peu gêné de l’offrir en mains propres à son fils.

« Je passerai voir madame Douély aussi. »

Il avait prononcé ce nom alors qu’encore une fois, des petits toussotements se firent entendre de la part de ses deux soeurs et de sa mère. Elles ne pouvaient rien dire à ce sujet, le jeune garçon étant toujours en train de parler de la Munja. Elles devaient accepter cette fréquentation bien qu’elle n’était pas bonne du tout à leurs yeux.

« Fais comme tu veux, aujourd’hui, c’est ton anniversaire mais tu ne veux pas voir ce que ton père t’a acheté ? Il est parti comme un voleur car tu sais à quel point il est gêné dès qu’il s’agit de ce genre de sentiments. » souffla sa mère en gardant son sourire aux lèvres.

Bien sûr ! Il avait pris l’habitude à force ! Qu’est-ce que son père lui avait acheté ? Il aimerait bien le savoir … Et pour ça … Il n’y avait qu’une solution ! Il vint déchirer le papier recouvrant la boîte plutôt imposante malgré les apparences avant de l’ouvrir. Il poussa un petit cri d’émerveillement avant de faire vriller ce qui ressemblait à une nouvelle foreuse. Parfait ! Il ne s’était pas attendu à avoir quelque chose qui lui permettrait de mieux creuser qu’auparavant ! Depuis des années, il avait surtout reçu des objets inutiles à ses yeux … Puisqu’il ne pensait qu’au travail mais ça … Ca ! C’était vraiment une excellente chose ! Il remercia toute sa famille, demandant à sa mère de prévenir son père pour le remercier lui aussi avant de signaler qu’il allait tester aussitôt la foreuse dehors ! Mais bon … Avant, il allait rendre visite à Douély puis à la fleuriste qui lui avait envoyé ce bouquet.

VOILA ! Une heure plus tard, il avait fini de parler avec Douély, celle-ci l’ayant tout simplement enlacé comme cadeau en lui annonçant qu’il ne restait plus qu’un an à tenir avant que sa promesse ne soit accomplie. Et puis … Bon … Même sans rien lui offrir, il savait qu’avec elle, il allait pouvoir apprendre des choses de plus en plus utiles !

Et maintenant … Il était en train de marcher peu à peu en direction d’une nouvelle boutique de fleurs. Aussi belle que celle de sa mère et de ses sœurs, il n’y avait pourtant qu’une seule personne qui s’en occupait. Une personne que tout le village appréciait grandement et lui aussi bien entendu. Une petite sonnette se fit entendre au moment où il pénétrait à l’intérieur de la boutique, remarquant les nombreux pots de fleurs et autres préparations.

« Bonjour ! Si vous pouvez attendre deux minutes, je vous prie. Je dois finir un bouquet pour un jeune couple et cela est de première importance. »

« Vous pouvez prendre tout votre temps, madame Florensia. J’étais juste venu … pour vous remercier pour les fleurs comme d’habitude. »

« Oh ! C’est le petit Earnos ? Je pense que les fleurs peuvent attendre un tout petit peu. J’arrive tout de suite. » répondit aussitôt la voix avant que des bruits de pas ne résonnent devant lui, la porte derrière le comptoir s’ouvrant pour laisser place à une femme d’une quarantaine d’années. Quarante ans et pourtant, elle était comme ses fleurs : somptueuse.


Avec ses deux yeux vairons rouge et bleu, ses cheveux blonds assez courts et la robe blanche qu’elle portait, elle avait tout d’une grande dame ! Mais elle était fleuriste … Mais surtout la femme la plus appréciée du village. Néanmoins, malgré bon nombre de prétendants, on ne lui connaissait aucune personne dans sa relation amoureuse.

Là, elle vint l’embrasser sur les deux joues, lui tapotant doucement le sommet du crâne avant de le serrer dans ses bras. C’était une habitude ou quoi ? Douély, sa famille, Florensia, toutes les femmes qu’il connaissait faisaient une telle chose à chaque fois.

« Et bien … Tu sais parfaitement que pour chacun de tes anniversaires, je t’envoie un bouquet. Tu n’as pas de raisons de me remercier, hein ? » murmura la femme aux yeux vairons, l’œil droit de couleur rouge restant ouvert alors que l’autre était fermé.

« Oui mais … Voilà … Enfin … Bon … Euh … Maintenant que je suis passé pour vous remercier, je crois que je ferai mieux de partir. Vous avez l’air occupée … »

« C’est une bien belle foreuse que tu as là, Earnos. C’est ton cadeau de la part de tes parents ? » demanda t-elle alors qu’il s’arrêtait aussitôt, plus qu’intéressé maintenant par les paroles de Florensia.

« Oui ! C’est mon père qui me l’a offerte pour mes neuf ans ! »

Sans même qu’il ne le remarque, la femme avait retourné le panneau devant la porte d’entrée, signalant que le magasin était fermé alors que le jeune garçon était invité à rentrer dans la pièce derrière le comptoir. Là-bas, il se retrouvait assis sur une chaise, la femme lui servant à boire alors qu’il ne comprenait pas la raison de sa présence ici. Néanmoins, quand elle lui demanda de lui dire ce qui s’était passé ces derniers mois, il répondit aussitôt :

« Et bien … Je … On ne m’a pas posé la question enfin … Euh … Ben … J’ai vu la princesse ! »

Hum ? Il vit le haussement de sourcil de la part de la femme aux cheveux blonds, celle-ci attendant qu’il continue de parler. Chose qu’il fit après quelques secondes :

« Elle tentait de s’enfuir des Apitrinis … Visiblement, elle n’aime pas vraiment être enfermée dans le château. Personne ne m’a demandé ce qui se passait, c’est pourquoi je n’en parle pas. Et puis … Ce n’est pas comme si c’était très intéressant. »

« Bien sûr que si … Ne te dévalorises donc pas. Continues, je trouve cela passionnant. Tu as donc rencontré la princesse ? Et elle semble assez vivace, n’est-ce pas ? Que s’est-il passé ensuite ? Qu’as-tu fait avec elle ? »

« Et bien … Elle voulait que je la cache et qu’on s’enfuit … Au départ, je n’ai pas compris mais comme c’était la princesse, et bien, j’ai accepté. Elle m’a accompagné pendant que je creusais des tunnels et c’est même en passant à la strate inférieure qu’elle est tombée sur moi. Heureusement que je l’ai récupérée en plein vol. »

« Oh ? Et de quelle manière ? Elle n’est pas capable de voler ? » demanda la femme avec interrogation alors qu’il se levait, tendant ses deux mains en avant pour bien représenter la scène. Elle eut un petit éclat de rire bien que lui-même ne semblait pas si content.

« Et puis … C’est là que j’ai vu les Apitrinis. Moi … Elle ne m’avait pas dit que c’était pour juste s’enfuir de ses obligations qu’elle était partie … J’ai eut l’impression qu’elle me mentait … Et je n’aime pas que l’on mente … C’est vilain, je trouve. »

« La princesse m’a l’air d’être une jeune fille qui ne prend pas réellement la vie au sérieux, me tromperai-je ? » questionna la fleuriste alors qu’il hochait la tête d’un air positif. C’était exactement ça ! Vraiment, vraiment … Vraiment ça !

« Donc c’était méchant de sa part … Mais bon … Ce n’était pas trop grave non plus. »

« Tu ne lui en veux donc pas, c’est bien cela ? » répondit Florensia tandis qu’il soufflait que oui. Pourquoi lui en vouloir ? Ce n’était pas du tout important. « Tu es un gentil garçon, Earnos, tu le sais ? Tu travailles pour ta famille, tu ne penses pas à toi-même mais aux autres, tu restes concentré sur ce que tu fais et tu n’en veux pas aux personnes qui peuvent jouer avec tes sentiments. Enfin … Ne sois pas trop gentil non plus d’accord ? »

« Je ne suis pas trop gentil ! C’est juste que je n’en veux pas à la princesse Terria car j’ai fait une promesse à la reine quand j’avais que cinq ans. Et je lui ai juré que je protégerai la princesse alors c’est ce que je ferai quand je le peux. »

« Et même si la princesse se moque de toi ? »

… … Si la princesse se moquait de lui ? C’était juste impossible car les Apireines étaient de gentilles personnes, très gentilles. Elles ne jouaient jamais avec les autres, jamais. Alors non … La princesse Terria n’était encore qu’une enfant comme lui donc elle était excusable. Enfin … Jouer … Ce n’était pas comme ça … Mais peut-être que si … Ce qui s’était passé avec lui … Elle s’était quand même moquer de lui en y réfléchissant bien.

« Si c’est une petite moquerie comme ça, ce n’est pas grave, ça peut même être très amusant. Enfin … Je ne sais pas vraiment comment on s’amuse. »

« Si tu la revois, tu pourras peut-être lui demander des cours, n’est-ce pas ? Elle semble être du genre à beaucoup s’amuser. »

Peut-être ? Il n’allait pas la revoir de sitôt et de toute façon, il n’était qu’un foreur comme les autres. Le temps passa très rapidement, beaucoup trop aux yeux du jeune garçon alors qu’il se levait après deux bonnes heures de discussion.

« Pardonnez-moi, madame Florensia mais je dois m’en aller. J’aimerai bien tester ma nouvelle foreuse avant qu’il fasse trop nuit. »

« Hum … Tu devrais réellement jouer avec les autres enfants au lieu de ne penser qu’au travail, c’est déconseillé à ton âge. Tu dois t’amuser. » soupira Florensia alors qu’il ne semblait pas comprendre. Il lui répondit sur un ton neutre :

« Si je m’amuse avec ma foreuse, pourquoi est-ce que j’aurai besoin d’ami ? »

« … … … … … Tu me rends triste, Earnos. Tu dois avoir des personnes sur qui tu peux compter, d’accord ? » murmura Florensia alors qu’il rougissait faiblement. La voix de la femme était vraiment … mélancolique et peinée pour lui.

C’était de sa faute ? Il la mettait dans cet état ? Ce n’était pas voulu du tout … C’est juste que … Il ne voyait pas l’utilité d’avoir des amis. Mais … Il ne voulait quand même pas qu’elle soit triste ! Il bafouilla en détournant le regard :

« Je … vais faire de mon mieux pour ça … madame Florensia. »

« Je te fais confiance, tu es un Aspicot qui deviendra un magnifique Dardargnan plus tard, j’en suis certaine. Je pense qu’il est temps pour moi d’ouvrir ma boutique. Ils doivent s’impatienter. »

La femme s’était adressée à lui et il remarqua que ses cheveux, bien qu’assez courts semblaient cacher une partie de son visage. Elle se pencha en avant, le jeune garçon déposant deux baisers sur les joues de la fleuriste avant de partir. Il allait faire de son mieux … oui … pour cette fleuriste !

Chapitre 7 : Une promesse entre eux

ShiroiRyu
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Chapitre 7 : Une promesse entre eux

« Bon … Earnos ? Tu as parfaitement compris ce que tu dois faire ? » demanda un homme aux cheveux blonds, le regardant attentivement alors qu’un enfant de quatre ans acquiesça de manière positive. L’enfant tenait dans ses deux mains une foreuse qui semblait presque aussi grande que lui. Earnos répondit avec entrain :

« Je dois suivre le monsieur qui sera toujours devant moi ! Et je creuse tout ce qui dépasse dans le trou qu’il va creuser, c’est ça, Papa ? »

« C’est exactement ça … Bon, tu peux faire attention à lui hein ? Vérifie toujours qu’il est derrière toi, ça ne me plairait pas de ne pas le revoir. » s’adressa le père à un homme d’une trentaine d’années, ayant la tenue d’un Dardargnan bien qu’elle soit recouverte de terre, froissée et salie. L’homme ne semblait pas être une lumière ni très éveillé, mettant une main devant sa bouche avant que le père d’Earnos reprenne : « Et interdiction de dormir au beau milieu du chemin ! Earnos, tu peux le surveiller au cas où ? »

Oui oui oui ! Il recommença à hocher la tête, acquiesçant tandis que son père le laissait seul avec cet homme. Bon alors ? Qu’est-ce qu’il allait faire ? Un sourire aux lèvres, le jeune garçon âgé de quatre ans attendait les paroles de l’adulte.

« Bon … Ce qu’on va faire … Tu vas me suivre, et puis … On va y aller … Ah … J’ai pris un truc tout simple … On va creuser sous la ville … Parait qu’il faut faire quelques tunnels pour les futures installations d’eau. »

« D’accord, d’accord. On commence quand alors ? » demanda le jeune garçon avant que l’homme ne lui tapote doucement le crâne, recommençant à bâiller.

« Te presse pas … Pas du tout même … On va y aller doucement. »

Bien sûr ! Mais ils allaient creuser un tunnel non ?! Alors, ils allaient commencer tout de suite ou non ? … … … La réponse était non. Il fallut une bonne demi-heure de route pour qu’ils se trouvent à l’endroit où ils allaient travailler. L’homme fit vriller sa foreuse avec une extrême lenteur, lenteur avec laquelle il s’était déplacé sur le chemin les menant au lieu de travail. Puis enfin … La foreuse percuta le sol, l’ouvrant peu à peu.

« Tu me suis dans deux minutes … Tu continues le chemin et tu ne te perds pas … Fais attention quand tu creuses derrière moi, il y a d’autres tunnels … C’est un véritable labyrinthe souterrain là-dessous. »

« Euh … Euh … Et je vous suis comment ? Si vous partez avant moi, monsieur ? » questionna le jeune garçon aux cheveux blonds, un peu apeuré à l’idée de le suivre avec autant de distance. Pour toute réponse, l’homme reprit :

« A la vitesse … où je vais … Tu devrais pas avoir de mal à me suivre. »

Oui mais … L’homme n’attendit pas, replongeant dans le sol avant de disparaître à l’intérieur. Deux minutes … Deux minutes … Mais euh … Euh … EUH ! Mais mais mais …

« MONSIEUR ! Ça fait combien deux minutes ?! » s’écria Earnos.

Aucune réponse de la part du Dardargnan, le jeune garçon marchant à gauche et à droite en attendant. Il ne savait pas combien de temps cela faisait deux minutes, il ne savait pas compter mais ça ne devait pas être court non ? Il savait juste qu’avant minute, il y avait seconde. Mais après, à part ça, ce n’était pas simple du tout.

« Euh … Monsieur ! J’arrive ! » hurla l’enfant une nouvelle fois avant de plonger dans le trou, une bonne dizaine de minutes s’étant écoulées depuis le moment où l’homme était rentré.

Bon ! Il avait sa petite foreuse en main, commençant à retirer toutes les petites imperfections qu’il voyait dans le tunnel en face de lui. C’était vraiment un travail très mal fait bien qu’on pouvait apercevoir de la bonne volonté dans l’accomplissement. Oh … Une volonté un peu lente si on connaissait l’homme.

« Monsieur ? Vous êtes où ? Monsieur ? »

Aucune réponse une nouvelle fois. Ne pas avoir peur … Ne pas avoir peur … C’était normal … Il avait juste à suivre la galerie … Et puis, l’homme viendrait le chercher si il ne le voyait pas hein ? Hein ? C’était normal ça hein ? Hein ? Alors … Euh … Euh … Il allait arrêter de creuser et attendre … Sauf qu’il ne savait pas pourquoi mais les tunnels semblaient si étroits.

« Ah … Ah … Ah … Monsieur ? Vous êtes où ? Monsieur ? Vous pouvez venir me chercher ? Monsieur ! Monsieur ? MONSIEUR ! »

Il n’avait pas peur ! Il était capable de creuser un tunnel ! Il devait juste suivre les autres ! Juste … Juste … Ah … Ah … Voilà qu’il se mettait à accélérer le mouvement, s’arrêtant subitement alors qu’il voyait plusieurs chemins. Lequel prendre ? Lequel ? Lequel !

« MONSIEURRRRRRRRRRRRRRRRRRRR ! PAPAAAAAAAAAAAAAAAA ! »

Voilà qu’il commençait à être sérieusement effrayé et apeuré. Creusant à droite et à gauche, il ne savait même plus où il devait se rendre. Perdu … Il était perdu … Il était vraiment perdu. Il s’arrêta au beau milieu d’un tunnel, bafouillant tandis que ses yeux se remplissaient de larmes :

« PAPAAAAAAAAAAAA ! MAMANNNNNNNNNN ! »

Il voulait les revoir ! Mais mais mais … Peut-être qu’en prenant un autre chemin ? Peut-être qu’en retournant dans tous les sens ? Ou en criant ? AH ! Non ! Non ! Il devait creuser partout et tenter de sortir de là ! Ailleurs, dans une maison, une femme était en train de lire quand le sol ne se mette à trembler.

« Qu’est-ce que … Ca ne va pas recommencer ?! »

Elle s’était levée aussitôt tandis que des pointes brunes sortirent de son dos, prêtes à être utilisées. Elle ne supportait plus cela ! Les personnes creusant le sol sous ce quartier devenaient vraiment insupportables et surtout incompétents. Elle déplaça la table juste au bon moment alors que le sol s’ouvrit.

« Cette fois-ci, vous allez avoir de mes nouvelles … »

« MOUINNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN ! MAMANNNNNNN ! PAPAAAAAAA ! »

Hein ? Quoi ? C’était pas le genre de voix à laquelle elle se serait attendue. D’une main bandée de gris, elle stoppa aussitôt la foreuse sans aucune difficulté, ne semblant ressentir aucune douleur tandis que l’enfant ouvrait en grand ses yeux.

« Où … Où est-ce que je suis ? » bafouilla t-il, les yeux larmoyants en tournant sa tête à droite et à gauche. La femme ne s’adressa pas à lui, ne faisant que refermer le trou créé en remettant de la terre dessus.

… … … … Il ne pouvait plus partir et il ne savait même pas où il était. L’être en face de lui semblait être une femme mais il ne voyait rien à cause de la cape brune autour d’elle. Et puis, elle s’éloignait alors qu’il cherchait une sortie. Où est-ce qu’il devait aller ? Il avait encore plus peur maintenant … Très très peur même.

« … … … … … Sincèrement, je ne sais pas ce qui leur passe par la tête mais de mon temps, ils n’étaient quand même pas aussi … idiots. »

Hein ? Elle venait de parler ? Et elle était revenue. Il se recroquevilla sur lui-même, remarquant qu’il n’avait plus du tout sa foreuse en main. Elle … Elle s’approchait de lui ! Il mit ses mains devant ses yeux comme pour se protéger avant que la voix ne lui dise :

« Vraiment … Je n’y crois pas … Je suis aussi effrayante que ça ? Quel est ton nom ? »

Effrayante ? Il ne voyait que des bandelettes donc oui … Elle était effrayante pour lui, très effrayante même mais … mais … Elle avait une belle voix. Il retira ses deux mains de ses yeux, regardant la femme avant de dire d’une voix faible :

« Earnos … Madame … Je m’appelle Earnos … »

« Tu es un foreur, n’est-ce pas ? Et quel âge as-tu ? » demanda t-elle avec toujours la même douceur qu’auparavant, Earnos répondant :

« Quatre ans … madame … Quatre … C’est ce que mon papa, ma maman et mes sœurs disent. Moi … Je ne sais pas combien ça fait quatre. »

« Vraiment … désespérant tout ça … Je m’appelle Douély. Tu sais que ce que tu as fait était … une bêtise ? » dit-elle alors qu’il hochait la tête très rapidement. « Mais ce n’est pas une aussi grosse bêtise que celle que de t’avoir fait travailler. Quel est l’idiot qui t’a fait travailler alors que tu n’as que quatre ans ? Il faut vraiment être irré … »

« C’est … moi … Madame Douély. »

« Hein ?! Quoi ?! C’est toi qui a voulu travailler alors que tu n’as que quatre ans ?! » demanda t-elle en s’écriant à moitié alors qu’il baissait la tête d’un air gêné et attristé. « Mais qu’est-ce … Attends un peu … Tu as vraiment voulu travailler à partir de l’âge de quatre ans ? Mais regardes-toi Earnos. Tu es si petit … Si fragile … Tu n’es même pas un enfant, tu es encore qu’un bébé ! »

« C’est pas vrai ! Je ne suis pas un bébé ! J’ai pleuré juste parce que je m’étais perdu et que le monsieur que je devais suivre est parti sans moi ! Je ne suis pas un bébé ! Je suis un grand garçon et Papa et Maman m’ont dit que c’était gentil de travailler maintenant ! »

« … … … … … Bien entendu. Et tu travailles depuis quand ? »

« C’était ma première fois aujourd’hui … Snif … Snif … Papa va être pas content … car je me suis trompé … Que j’ai mal creusé … et que j’ai fait une grosse bêtise. Snif … Snif … »

Il allait recommencer à pleurer mais il eut un petit tapotement sur le crâne, l’arrêtant avant même de débuter. Il écarquilla ses yeux alors qu’il apercevait ceux de couleur brun juste en face de lui. Oui … Elle était à quelques centimètres de lui, son visage bandé près du sien.

« La première fois … Dis moi … Et tu te perds ? C’est très mal parti, n’est-ce pas ? Tu veux peut-être tout me raconter depuis le début ? »

Pourquoi pas ? Enfin … Oui … D’accord. Et cinq minutes plus après, sans aucune explication concrète ou alors impossible à comprendre pour son âge, il se retrouvait assis sur les genoux de Douély, la femme semblant l’écouter attentivement. Il expliquait qu’il voulait aider ses parents depuis qu’il était capable de marcher, qu’il avait vu ses deux sœurs travailler très dur avec leur mère et qu’il voulait faire de même.

« Mais … Mais … Mais … J’ai tout raté et dès le débuuuuuuuuuuut ! »

« Arrêtes donc de pleurer … Un grand garçon ne doit jamais montrer ses larmes. » chuchota t-elle avant de lui caresser ses cheveux blonds.

C’était bizarre … Il ne connaissait pas du tout … cet endroit … Il ne savait même pas où il était et cette femme était une inconnue ou presque. Elle se nommait Douély mais … mais … Bizarrement, il ne pleurait plus maintenant qu’elle lui parlait. C’était … C’était …

« Dites … Madame Douély … »

« Tu peux juste m’appeler Douély, ce n’est pas un problème. »

« Vous êtes quel genre d’insectes ? J’en ai jamais vu des insectes comme vous ! »

Il avait dit cela sur un ton un peu plus enjoué qu’auparavant, rassuré par la présence de la femme avec lui. Il en avait même oublié complètement son travail. Pourtant, il remarqua le petit voile sombre dans les yeux bruns de la femme alors qu’elle murmurait :

« Je suis une Munja … Notre espèce est repliée sur elle-même et nous ne sortons guère de notre quartier. Pourquoi cette question ? »

« AHHHHHHHHH ! Vous êtes une Munja ?! Papa et Maman disaient que … » s’écria le jeune garçon avant de s’arrêter aussitôt, touchant les bandelettes avec un peu de recul et d’effroi, reprenant : « Euh … Ils disaient que … Qu’il ne faut jamais s’approcher de vous … C’est vrai ? Pourquoi ? »

« Car nous avons des pouvoirs qui en inquiètent bon nombre. Néanmoins, je tiens à te signaler une chose. Si tu ne devais pas t’approcher de nous, tu as particulièrement raté cela. »

Hein ? Il pencha la tête sur le côté alors qu’elle désignait l’endroit où il était assis. Il se mit rougir violemment, comprenant ce qu’elle voulait dire. Il était assis sur elle-même alors qu’il ne devait pas du tout s’en approcher. Comme pour s’excuser, il vint dire :

« Enfin … Moi … Je ne comprends pas … Vous êtes pas effrayante du tout … Enfin, vous avez juste beaucoup de … papier autour du visage et partout … Pourquoi vous vous cachez ? »

« Je ne me cache pas … C’est ainsi que vivent les Munjas. » répondit-elle avec amusement.

« Mais ça doit être bizarre … Vous avez un vrai nez derrière le papier autour de votre tête ? » demanda t-il une nouvelle fois alors qu’elle ne pouvait s’empêcher de rire.

« Bien sûr ! J’ai aussi de vrais yeux, une vraie bouche, je suis comme toi. Ce n’est pas du papier mais des bandelettes pour me protéger. »

« Wahhhhhhhhhh ! Dites, dites ! Vous voulez me montrer votre visage ? » dit Earnos avec un peu d’entrain alors qu’elle faisait un non de l’index gauche.

« On ne peut montrer notre visage qu’aux personnes en qui nous avons réellement confiance. » chuchota t-elle alors qu’il baissait la tête d’un air déçu. C’était normal qu’elle ne veuille pas … Mais il aurait quand même bien aimé la voir.

… … … … … Après plusieurs minutes à ne rien dire ou faire, le garçon semblant bien installé sur Douély, elle se leva, serrant le garçon contre elle, reprenant la parole :

« Earnos ? Sais-tu ce que l’on va faire ? Dorénavant, puisqu’il semblerait que tu manques un peu de tout, je vais devenir ton éducatrice. Ainsi, je veux te voir au minimum une fois par semaine chez moi. A toi de décider quel jour tu veux venir. Lorsque tu seras avec moi, tu passeras quelques heures et tu apprendras bon nombre de choses. Néanmoins, il faut aussi que tu mettes du tien. Tu dois arrêter de pleurer à n’importe quel moment. Je suis sûre que tu es capable de forer des galeries parfaitement. Là, tu vas devoir t’en aller car ils doivent sûrement s’inquiéter pour toi. Ne pleures pas, dis-leur que tu as préféré faire ton propre tunnel car tu as perdu de vue l’adulte avec toi et ça sera bon. Mais à partir de là, tu ne dois plus pleurer, avoir peur, t’inquiéter à cause de ton travail ou des autres, d’accord ? Enfin … Si vraiment, tu te sens mal … Tu peux venir, je serai là. »

« Pour … Pourquoi vous faites ça pour moi ? »

« Hum ? Pourquoi ? Et bien … Tu veux vraiment le savoir ? » répondit Douély avant de lui caresser vivement sa chevelure blonde. « Car je te trouve vraiment trop mignon comme bout de chou. Tu me rappelles quelqu’un que j’ai connu il y a fort longtemps. »

« Ah ? C’est vrai ? Qui ? Qui ? » interrogea Earnos en gesticulant un peu sur les jambes de la Munja qui s’était rassise, celle-ci arrêtant de s’amuser avec ses cheveux blonds.

« Ce n’est rien d’important … Et puis, ça remonte à très longtemps. Tu peux juste te dire que tu es un garçon très chanceux. »

Il l’était car il avait rencontré une jolie dame ! Enfin, il pensait gentille dame mais si une dame était gentille alors elle était jolie ! C’était ses pensées d’enfant mais … Il était content d’avoir rencontré Douély ! Sans elle, il ne sait pas ce qui se serait passé … Pas du tout. Dans un geste pour lui montrer toute sa gratitude, il se serra contre la femme, un petit rire sortant de ses lèvres tandis qu’il disait d’une voix enjouée :

« Merci beaucoup, madame Douély ! Merci pour tout, tout, tout, tout ! »

« Hum … Mais de rien, Earnos … Alors ? Tu me fais une promesse ? Tu ne vas plus pleurer pour rien … Tu vas devenir un grand foreur mais pas seulement … Je vais tout t’apprendre … L’écriture, le calcul, l’histoire, la géographie … Comme si tu étais à l’école … Sauf que tu auras ton professeur particulier. »

« Ah bon ? Et ça sera qui ? L’école ? Maman et Papa m’ont dit que mes grandes sœurs ne pouvaient pas y aller car ça coûte trop cher et qu’on n’est pas assez riches pour ça. »

« Ne t’en fais donc pas … Les plus grands insectes ne sont pas nés rois ou généraux … Non, ceux qui écrivent l’histoire de ce royaume sont tout un peuple … Et parmi ce dernier, il existe des insectes d’exception … » répondit Douély sur le ton de la confidence comme si elle lui livrait un très grand secret.

Ah … Euh … Il ne comprenait pas tout mais il savait que c’était juste très important. Il se leva finalement de ses jambes, reprenant sa foreuse tandis qu’elle semblait réfléchir à quelque chose. Une motivation … Car des paroles, c’était quelque chose … Mais cela ne pouvait être que du vent … Alors que si elle faisait cela.

« Earnos ? » demanda Douély alors que le jeune garçon se tournait vers elle. « Oui, madame Douély ? » questionna le jeune garçon. « Si tu viens me voir quand tu le peux, si tu écoutes mes paroles, que tu réussis tes cours, peut-être que lorsque viendra tes dix ans, alors, voilà ce que je te ferais pour toi. » termina t-elle en lui soufflant un message dans le creux de l’oreille.

… … … … … Cela sonna comme un déclic chez le jeune garçon. Il avait l’impression de recevoir un privilège des plus importants ! Quelque chose qui n’allait jamais se reproduire durant toute sa vie ! Il poussa un cri ravi avant de dire :

« C’est vrai ?! Vraiment vrai ?! Quand j’aurai dix ans … Je … »

« C’est ma promesse. Mais saches que pendant ces années, il ne faudra JAMAIS me décevoir d’accord ? Et c’est long, six ans à attendre, très long. Tu penses pouvoir tenir aussi longtemps ? » chuchota t-elle alors qu’il hochait la tête d’un air nerveux, la femme rigolant avec tendresse en l’observant affectueusement.

Comme pour lui montrer qu’elle ne plaisantait pas, elle s’était mise à agir, le jeune garçon semblant émerveillé devant ce qu’il voyait. C’était … C’était sûr … Non ! Il était sûr d’une chose avec ses yeux d’enfant de quatre ans : même sa maman n’était pas comme ça ! Et pourtant, sa maman était vraiment, vraiment, vraiment très très bien ! Mais là … Ce n’était pas du tout la même chose ! C’était bien différent ! Il eut un sourire ravi, se préparant à repartir pour aller travailler. Oui ! Il allait travailler ! Il allait travailler avec entrain pour pouvoir tenir cette promesse et surtout ne jamais décevoir Douély.

Chapitre 6 : Professeur sentimental

ShiroiRyu
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Chapitre 6 : Professeur sentimental

« Maman, je m’en vais pour le reste de la journée. » murmura le jeune garçon, un petit sac de cuir sur le dos tandis que sa mère se tournait vers lui.

« Earnos … Ton père et moi, nous avons déjà parlé de tout ceci. Tu sais très bien que nous n’aimons guère l’idée que tu ailles dans ce quartier et encore moins dormir chez l’un d’entre eux. » souffla la femme aux cheveux rouges, l’air inquiet peint sur son visage.

« Maman, ce n’est pas dangereux. Elle est très gentille et puis, je te promets que je serai déjà au travail dès demain, je te le promets réellement. »

« … … … De toute façon, quoi que je dise, tu ne m’écouteras pas. »

Il hocha la tête en réponse à sa mère, celle-ci se penchant en avant tandis qu’il venait l’embrasser sur les deux joues. Ses deux sœurs aînées s’approchèrent de lui tandis qu’Earnos vint les embrasser et enfin à ses deux sœurs moins âgées que lui. Il se tourna vers son père qui était assis sur un canapé, lisant le journal.

« Papa … Je serai présent demain dès le début du travail. Je te le promets. »

« Fais donc … Fais donc … De toute façon, Forsak ne devrait pas trop t’en vouloir si tu as une dizaine de minutes de retard au vu de tout le travail que tu abats chaque jour. »

« D’accord. Alors, je m’en vais maintenant. Elle m’attend sûrement. » répondit le jeune garçon en terminant la conversation, quittant finalement la demeure familiale.

Quelques minutes plus tard, il marchait à travers les ruelles du village. Ah … Les bâtiments étaient tous différents quand on les regardait bien. Cela dépendait principalement des habitants. Certains avaient des murs entourés de lierre, d’autres semblaient être faits en pierre, d’autres en bois … Et pourtant, il n’y avait aucune différence de classe sociale … Les maisons en bois côtoyaient les maisons en pierre ou celles recouvertes de lierres.


Enfin … Si … Il y avait bien une classe sociale à part … Une partie du village qui était rejetée … Et il venait d’arriver dans celle-ci. Des hommes et des femmes encapuchonnées dans des ruelles peu éclairées … Aucun cri pour vendre des fruits, aucun rire d’enfant, non … C’était un silence complet, mortuaire et ténébreux … Pourtant, il n’était pas inquiet ou apeuré, pas le moins du monde.

« Pourquoi est-ce tu es revenu ? Ta présence n’est pas requise ici … Tu es trop jeune pour avoir besoin de nous … » murmura soudainement une voix tremblante à sa droite, un corps recouvert d’une cape brune s’adressant à lui en tremblant.

« Laisse-le tranquille. » répondit une seconde personne mais à sa gauche cette fois-ci, emmitouflée de bleu. « C’est le même enfant que d’habitude. Son existence ne nous concerne pas, comme sa présence en ces lieux. Vas t-en, jeune garçon. Tu connais le chemin. »

« Merci bien. Elle ne m’attend peut-être pas. Cela sera une surprise de ma part. » chuchota Earnos alors qu’il accélérait le pas quand même. Il passa à travers les ruelles assombries et isolées, ne se préoccupant plus des autres personnes.

Et voilà qu’il arrivait devant une modeste maison. Aucune vitre sur les fenêtres, elle ne faisait qu’un unique étage et était entièrement constituée de pierre. Elle ne semblait pas très grande mais largement assez pour une personne vivant seule. Il s’approcha de la porte, l’unique chose qui semblait être faite de bois ici. Il toqua plusieurs fois, une voix féminine se faisant entendre, assez lugubre et sombre :

« Qui est-ce donc ? Veuillez décliner votre identité. »

« C’est moi, madame Douély. Je suis venu pour la soirée comme d’habitude. » murmura le jeune garçon sur un ton neutre alors que derrière la porte, les pas semblaient se déplacer avec vitesse pour se diriger vers l’entrée.

« Ah ! Earnos ! Je ne savais pas que tu venais aujourd’hui ! » répondit la voix féminine alors que le ton avait changé complètement, bien plus chaleureux qu’auparavant.

La porte s’ouvrit, un bras complètement bandé le tirant subitement vers l’intérieur avant même que la porte ne se referme aussitôt. Il se retrouva enlacé tendrement par une femme qui devait mesurer environ un mètre quatre-vingt, portant une épaisse cape brune sur l’intégralité de son corps. Il était impossible ou presque de voir ses habits puisqu’elle ne portait qu’une robe de même couleur que sa cape et seules des bandelettes grises étaient visibles lorsque la robe et la cape ne cachaient pas son corps.

« Je croyais l’avoir dit … pourtant. Pardon, madame Douély. » reprit-il alors qu’elle le séparait de ses bras, bougeant un doigt d’un air négatif.

« Non, non … Je t’ai déjà signalé quelque chose à ce sujet. Pas de madame, ni de mademoiselle. Tu dois m’appeler … » commença la femme avant qu’il ne reprenne :

« Professeur Douély ? C’est comme ça que je dois vous appeler ? »

« Non, non et non ! Enfin … Il est vrai que je suis ton professeur … mais non … Tu peux m’appeler tout simplement Douély. » termina t-elle finalement.

Douély ? C’était … difficile de parler ainsi à une grande personne. Très grande même. Il faisait à peine la moitié de sa taille … Non, quand même pas, il ne fallait pas rêver … Il faisait bien un mètre vingt quand même ! Donc il n’était pas si petit … que ça.

« As-tu mangé ? Tu as préparé tes affaires pour la nuit ? » demanda la femme alors qu’il restait parfaitement stoïque, murmurant :

« Je repars dès demain … Très tôt puisque je dois aller travailler. »

« Je m’en doute bien. Bon … Par contre, tu n’as pas l’air de t’être lavé depuis des jours. Tu connais la maison, pendant ce temps, je vais préparer de quoi manger pour nous deux. »

Il hocha la tête de haut en bas, prenant son sac avec lui alors qu’ils partaient vers deux directions différentes. Lui-même allait prendre un bain dans ce qui ressemblait à un gigantesque tonneau rempli d’eau chaude. Il semblait grandement apprécier celle-ci, faisant quelques bulles dans l’eau alors que la femme capuchonnée pénétrait dans la pièce, enjouée :

« Allez ! Hop, hop ! Je viens te laver derrière les oreilles, Earnos. Retourne-toi ! »

« Vous … n’avez … pas à le faire … Douély. Je sais très bien me laver tout seul. » marmonna le jeune garçon bien qu’il se retournait aussitôt, sentant deux mains très douces qui passaient dans ses cheveux. C’était le seul instant où elle retirait les bandages et il sentait bien la différence avec les mains de sa mère, des sœurs ou alors même d’Herakié et de la princesse Terria. Il fallait dire qu’à force de travailler avec les fleurs et toutes ces choses, les mains de sa mère et de ses sœurs s’égratignaient avec l’usure du temps. Il eut subitement la tête enfoncée dans l’eau, n’ayant pas eut le temps de reprendre sa respiration avant qu’elle ne soit ressortie. Il toussa légèrement, bafouillant :

« Mais mais mais … Vous auriez pu … »

« Te noyer ? Tu ne penses pas que c’était voulu ? Pas de vouvoiement. Et tu sais ce que ce mot veut dire, je n’ai pas arrêté de te l’expliquer. » répliqua la femme.

« Mais mais mais … Je ne peux pas m’adresser à vous comme ça car … »

Et voilà qu’il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que déjà il avait la tête enfoncée à nouveau dans l’eau. Lorsqu’il put la ressortir, il avait quelques larmes aux yeux, tournant son visage vers la femme. Il ne voyait rien d’elle mais il savait qu’elle était en train de sourire. Il la connaissait bien à force.

« C’était très méchant de votre pa … de ta part ! » s’écria t-il en s’étant arrêté brièvement pendant quelques instants, la femme semblant le menacer d’une main.

Snif … Elle était la seule à lui faire ça. Ses sœurs n’oseraient jamais faire une telle chose car il était l’unique garçon parmi les enfants. Donc, elles préféraient le « bichonner » comme elles aimaient le dire. Ainsi, il avait toujours vécu une vie sans aucun problème. Comme il n’allait pas à l’école, il n’avait aucun camarade. A part Herakié mais elle, c’était vraiment très spécial. Donc, bref, c’était une vie sans aucun souci et il n’était pas du genre à se plaindre car il n’avait aucune raison de le faire.

Une heure plus tard, il se retrouvait assis sur les jambes de Douély. Ils étaient assis derrière une table. Sur celle-ci, plusieurs livres étaient éparpillés un peu partout alors qu’il tirait un peu la langue. C’était sa façon à lui de se concentrer tandis qu’il tenait un morceau de bois avec une pointe au bout. Un crayon à papier.

« Nous continuerons avec un peu d’histoire et de géographie. Ensuite, tu iras te coucher, Earnos. Demain, je te réveillerai avant que tu partes. »

« D’accord, Douély ! Je suis bête car je ne sais jamais pourquoi je n’arrive pas à me réveiller quand je dors ici. »

Il avait une voix bien plus joyeuse qu’à son habitude, des petits éclats de rire se faisant entendre de la part des deux personnes. Il semblait heureux, vraiment heureux … Cela n’avait rien à voir avec ces journées au travail.

Ah … … … Elle passait sa main dans ses cheveux blonds, les caressant avec douceur. Ce n’était pas la vie d’un jeune garçon normal. Il était bien plus que cela. Il était destiné à quelque chose de bien plus grand que cela, elle s’en doutait car … Elle …

« J’ai terminé d’écrire, Douély ! Tu veux bien lire ? Me dire si j’ai faux ou non ? » coupa net le jeune garçon en tendant plusieurs feuilles.

« Bien entendu. Voyons … Voyons … Voyons … » murmura la femme alors qu’il restait sur ses jambes sans rien dire, attendant avec anxiété la réponse de Douély.

Constat ? C’était très bien selon les propres dires de la Munja. Celle-ci le félicita car il semblait avoir parfaitement retranscrit et appris tout ce dont elle lui avait parlé aujourd’hui. Même si il ne pouvait pas aller à l’école, la femme était celle qui s’occupait de lui dans ce domaine. C’était grâce à elle qu’il serait différent de ses sœurs et des autres Aspicots de son village et de ceux avoisinants.

Et là … Il était couché dans un lit plutôt grand. Les yeux rivés vers le plafond, il observait celui-ci alors qu’il entendait des bruits de pas dans le noir. Il savait parfaitement à qui ils appartenaient puisqu’il n’y avait qu’une unique personne qui pouvait marcher ainsi. Cette personne vint se coucher dans le lit à son tour, le jeune garçon bougeant légèrement alors qu’il se retrouvait à nouveau dans les bras de Douély.

« Pardon de te déranger à chaque fois, Douély. Tu as sûrement mieux à faire que de perdre ton temps avec un garçon comme moi. » chuchota t-il après quelques minutes.

« Je suis libre de perdre mon temps avec qui que je le désire. Surtout que j’ai une infinité de temps donc ce n’est pas un problème que d’utiliser celui à ma disposition avec toi. »

« … … … C’est juste que je ne suis qu’un enfant … Un Aspicot qui ne peut même pas aller à l’école car ma famille a besoin que je travaille. »

« Tu n’es qu’un enfant ? Et bien … Tu es un enfant très différent de celui que j’ai connu il y a quatre ans. Bien différent oui … Et c’est un compliment. » murmura la voix de la femme avant qu’elle ne le colle encore plus contre soi.

« … … … Je … … … J’ai un peu peur quand même, Douély. »

Peur ? Lui ? Sa voix avait été prise d’un léger tremblement tandis qu’il sentait la femme passer ses doigts dans ses cheveux blonds. Elle le laissait parler, semblant l’écouter avec une très grande attention.

« Ils disent tous que je suis très bien, que je serai un parfait Dardargnan. Ils ne se plaignent jamais de moi car je fais bien mon travail … Mais quand je me tromperai une fois ? Et quand j’échouerai ? Et quand je ne saurai pas faire ? Et quand je … »

« Calme … Calme … Earnos. » souffla Douély alors qu’elle entendait quelques petits sanglots. « Tu n’as pas besoin de réfléchir à tout cela. Tu es un enfant … Simplement un enfant … Et tu n’es pas parfait … Personne ne l’est. Si tu te trompes dans ton travail, alors tu t’es trompé. C’est tout … Ils ne vont pas en faire un drame. »

« Mais ils comptent sur moi ! Ils sont … Ils sont … »

Ce qu’ils étaient, elle semblait n’en avoir que faire. C’était pour ça … Parce qu’elle était là … Parce qu’elle n’était pas concernée par cette histoire de travail … Parce qu’elle n’était pas un membre de sa famille ou une amie … C’est parce qu’elle était éloignée de tout, si distante par rapport au monde qui l’entourait comme le sont tous les Munjas qu’il pouvait … lui exprimer ses craintes. Ne pas être à la hauteur de leurs espérances. Il n’avait que quatre ans lorsqu’il avait commencé à creuser son premier tunnel et même si il avait été accompagné ce jour-là … Il avait commis une énorme bêtise … Celle de s’être perdu. Mais tout n’avait pas été si noir à cet instant puisque c’était le jour où il l’avait rencontrée …. Elle … Douély.

Chapitre 5 : Avec ardeur et sans faillir

ShiroiRyu
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Chapitre 5 : Avec ardeur et sans faillir

« … … … Je ne devrais pas être là. Je devrais être en cours mais … »

Mais ce n’était pas le cas, comme d’habitude. La jeune fille aux cheveux blonds était cachée derrière un poteau de pierre, des bruits de lames résonnant autour d’elle. Oui … Elle était dans un endroit où elle ne devrait jamais se trouver normalement. Cet endroit ? C’était celui où les soldats du royaume s’entraînaient. Et elle … Elle était là pour les observer en cachette. Discrètement, elle repositionna son regard vers l’origine des nombreux bruits.

« Si je me fais repérer … Je risque d’avoir beaucoup de problèmes. » murmura t-elle une seconde fois avec lenteur tandis que ses deux yeux se dirigeaient vers un endroit plus précisément sur le terrain d’entraînement.

Une zone où des insectes assez jeunes s’affrontaient. Ils devaient avoir au minimum huit ans … Certains devaient en avoir onze ou douze mais pas plus. Tous avaient différentes armes, soit des épées, soit des dagues, soit des boucliers. Enfin, tous portaient une épaisse protection de couleur orange, bien qui ne semblait pas très lourde. Pourtant, à chaque coup donné par les armes, l’armure absorbait le coup sans aucune difficulté.

« Il se trouve où ? Où est-ce qu’il se trouve ? » se demanda t-elle à voix basse, cherchant quelqu’un parmi les combattants.

« AIEEEEEEEEEE ! Et zut ! » s’écria soudainement une voix à la gauche de l’endroit qu’elle observait. Un garçon d’onze ans, aux cheveux verts en bataille était au sol, deux épées courtes à côté de lui. Des murmures se firent entendre alors qu’un soldat reprenait :

« Pas de chance … Mais il fallait vraiment s’en douter. On ne l’affronte pas sans précautions. Et si on provoque le capitaine, il nous met face à lui … Ah … »

« Hahaha ! C’est parfait, Holikan ! Toutes mes félicitations ! Bon, comme tu as terminé avant les autres, il va falloir être patient, d’accord ? » annonça un homme âgé d’une trentaine d’années, portant une épaisse armure rouge, des ailes se métal sortant de son dos. Il avait une armoirie à la poitrine, représentant un insecte semblant correspondre à la forme de l’armure qu’il portait.

« D’accord, je crois que je vais étudier mes … » commença à parler un jeune garçon, son regard se tournant subitement vers la droite.
GLOUPS ! Elle était repérée ! Et en plus par celui dont elle ne voulait pas se faire voir ! Oh … Oh … Comment est-ce qu’elle devait réagir ? Comment ?

« Je vais plutôt aller me reposer dans un coin. Cela va prendre environ dix à quinze minutes, je pense que cet instant de repos sera suffisant pour moi. »

Gloups … Et voilà qu’elle voyait un jeune garçon âgé de neuf ans qui retirait ses deux griffes. Il avait des cheveux verts sombres assez courts. Deux yeux rouges qui la fixaient longuement … Ou plutôt le poteau derrière lequel elle était cachée. Elle devait s’éloigner le plus rapidement possible … Et vite ! Elle commença à faire quelques pas, espérant ne pas se faire repérée mais dès l’instant où elle s’était éloignée du poteau, une voix vint dire :

« Princesse Terria … Que vous ai-je dis ? Vous ne devez pas faire ce genre de choses. »

« Ah … Euh … Coucou Holikan. Je voulais juste voir comment ça se passait l’entraînement. » bafouilla t-elle, prise en faute alors que le jeune garçon aux cheveux verts était devant elle.

« Vous savez parfaitement que vous n’êtes pas autorisée à venir ici … »

« Oui mais bon … Les cours sont si ennuyeux … Et puis, je préfère quand même te voir t’entraîner. Tu en as battu combien aujourd’hui ? » demanda t-elle dans un petit sourire, espérant se faire pardonner en s’intéressant à lui.

« Hum … Je ne cherche pas forcément à savoir combien j’en bat. Je sais juste que cela me suffit d’obtenir la victoire face à eux. Ce n’est pas le nombre qui importe mais le résultat final. » répondit aussitôt Holikan, croisant les bras tout en rangeant ses armes auparavant.

« Tu parles encore bizarrement, Holikan. » marmonna la jeune fille aux cheveux blonds, un peu gênée par Holikan. Celui-ci était plus grand qu’elle mais il avait aussi du rouge aux deux joues, ne sachant pas réellement quoi dire.

« Pardonnez-moi, princesse, je ne voulais pas parler ainsi. »

« Ca ne fait rien du tout ! » dit Terria en rigolant, des murmures se faisant entendre autour d’eux avant que ça ne soit des petits cris.

« Princesse Terria ! Princesse Terria ! Où êtes-vous ?! Princesse Terria ! »

« Oups … Ils vont me trouver ! Caches-moi, Holikan ! » demanda la jeune fille en se cachant derrière le jeune garçon, celui-ci poussant un profond soupir, passant une main dans ses cheveux verts. Il reprit d’une voix calme :

« Princesse Terria, ce n’est pas une bonne chose. Vous savez que vous ne devez pas louper les cours. Je n’aime pas être partisan de ces petites frasques. »

« S’il te plaît … Aides-moi à me cacher … et je te donnerai un baiser ! » répondit-elle alors qu’Holikan détournait le visage, plus rouge qu’auparavant.

« Une princesse ne doit pas se comporter ainsi. C’est encore un écart de conduite. »

« … S’il te plaît. » murmura la jeune fille, les yeux rubis grands ouverts, brillant autant que le petit rubis sur son front alors qu’il se mettait à déglutir.

Elle n’avait pas honte d’utiliser de tels stratagèmes ?! Elle était la princesse du royaume ! Et elle faisait cela … sur lui … Surtout qu’elle savait parfaitement qu’il était faible à ce niveau.

« Bon … Je veux bien vous aider à vous cacher, princesse Terria. Mais bon … J’ai quand même ma réputation à tenir, vous le savez bien. » marmonna le jeune garçon, baissant la tête en guise de soumission.

« Merci beaucoup Holikan ! Je comprends pourquoi Papa parle de toi qu’en bien ! »


Le roi Tanator ? Elle venait tout simplement de l’achever à ce sujet. C’était l’argument imparable qui lui faisait pencher en sa faveur … et elle savait très bien l’utiliser et surtout au bon moment. Il tendit sa main droite vers la jeune fille :

« Voulez-vous bien me suivre, princesse Terria ? »

« Avec une très grande joie non-dissimulée ! » répondit-elle en posant sa main dans la sienne, le jeune garçon se mettant à courir à toute allure avec elle. La jeune fille était presque en train de voler pour pouvoir le suivre, ne pouvant faire que cela.

« AH ! J’ai cru la voir ! » s’écria la voix d’une Apitrini alors qu’il accélérait la cadence. C’était elle … ou alors … Ils allaient de plus en plus vite ? Telle une ombre, le jeune garçon se déplaçait dans les couloirs avec une telle vélocité qu’il disparaissait de la vue de tous et de toutes. Impossible pour eux de le rattraper !

« On … On peut arrêter s’il te plaît ? »

« Princesse ?! Vous vous sentez mal ?! »

Ils s’étaient arrêtés derrière le coin d’un couloir. La jeune fille s’était mise à tituber après avoir parlé, semblant complètement secouée. Elle vint atterrir dans les bras d’Holikan, celui-ci essayant de rester stoïque avant de poser ses deux mains sur son dos.

« J’ai juste un peu … le tourni … à force d’aller un peu partout … Ca ira mieux bientôt. » dit-elle, une main posée sur son cœur, ne sachant pas encore où elle se trouvait.

La voir … aussi faible … dans ses bras et voilà qu’il continuait de rougir. Il ne pouvait pas espérer grand-chose. Même si il était le favori du roi, même si il était considéré comme le fiancé de la jeune fille dans ses bras, il ne se leurrait pas mais …

« Princesse Terria, vous savez … que … Enfin … Je ne devrais pas vous le dire car il est beaucoup trop audacieux de ma part de dire une telle chose mais … » balbutia t-il.

« Tu m’aimes, c’est ça, hein ? Tu me le dis à chaque fois que toi et moi, nous sommes dans un coin tous les deux seuls. » murmura la jeune fille en relevant son visage, lui faisant un sourire.

« Oui … Enfin, je ne devrais pas … Je le sais très bien mais … » continua t-il de dire en bafouillant, la princesse répondant aussitôt sur un ton amusé :

« Mais moi aussi, je t’aime ! Enfin, je t’aime beaucoup Holikan ! Mais nous ne sommes encore que des enfants alors on s’aime comme des enfants ! »

« Ces paroles sont dures … mais très justes … Je ne peux pas nier que nous ne sommes qu’au début de notre vie. Pardonnez mes paroles. »

Il retirait ses bras, légèrement confus mais bien remis à sa place. La jeune fille ne parlait jamais réellement comme la princesse qu’elle était mais sa vision de l’avenir était très bonne. Elle se comportait comme une enfant … car elle en était une en ce moment. D’ici quelques années, son allure allait devenir royale et donc ses obligations allaient lui tomber dessus, les unes après les autres. Et pour cela …

« Princesse … Nous ferions mieux de retourner à nos obligations. Je dois continuer à m’entraîner pour vous servir lorsque vous deviendrez l’Apireine de ce royaume. »

« Pas tant que ma mère sera l’Apireine ! Et je veux que ça soit le plus tard possible ! » s’écria t-elle alors qu’ils sortaient maintenant de leur cachette.

« Pour ne pas remplir à vos obligations, princesse Terria ? » demanda t-il avec lenteur, posant une main sur sa bouche comme pour couper net ce qu’il venait de dire.

« Non … Car si un jour, je dois devenir l’Apireine de ce royaume, c’est que ma mère est trop vieille … ou soit morte … Je ne veux ni l’un, ni l’autre. Ma mère est une Apireine trop jolie pour que sa beauté s’évapore au fil des années ou trop rapidement ! »

« Pardonnez mes propos encore une fois, je ne voulais pas vous rendre triste. »

Il avait prononcé les derniers mots avec lenteur, voyant le regard triste de la jeune fille. Il savait à quel point celle-ci était attachée à sa mère … et avec les récents évènements, la reine n’était pas toujours présente. Pourtant, dès qu’elle le pouvait, il savait que la princesse allait toujours voir sa mère dès qu’elle avait un instant de libre.

« Maintenant … Je ne m’amuse plus du tout … Tu me raccompagnes, Holikan ? » chuchota t-elle avec une petite pointe maussade dans la voix. Il tendit sa main, la jeune fille posant la sienne sur celle du Yanma.

Il était temps … de la raccompagner. S’il fallait s’expliquer pour le fait qu’il se trouvait avec la princesse alors … Il s’expliquerait … Mais il était hors de question que la jeune fille soit triste tant qu’il serait là. Il allait lui apporter toute la joie possible.

Chapitre 4 : Tendre et violente

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Chapitre 4 : Tendre et violente

« Merci beaucoup, Earnos. C’est du très bon travail. Tu en as terminé pour la journée. »

« Déjà ? Mais ça ne fait que quelques heures … » murmura le jeune garçon en réponse à un homme qui devait bien mesurer deux mètres de hauteur. Celui-ci avait deux longues couettes blanches mais cernées de … pics ? Le reste de ses cheveux était court et brun tandis qu’il semblait être puissant, très puissant d’après les muscles qui parsemaient son torse. Impressionnant … et inquiétant en même temps.

« Ouais mais non … T’es encore qu’un enfant de huit ans alors je te laisse quand même le reste de ta journée. Je ne suis pas tortionnaire … pas trop … HEY ! TOI ! AU LIEU DE REGARDER LES INSECTES QUI VOLENT, VAS BOSSER ! »

… … … … … Earnos resta muet après le cri du Scarabrute, le chef Forsak était toujours quelqu’un de très … Enfin … Qui avait la voix qui portait très très loin. Et lui dans tout ça ? Et bien … Il planta sa foreuse dans le sol, observant les fondations de la nouvelle tour. Oui … Une tour qui allait être crée grâce au tunnel qu’il avait creusé il y a de cela quasiment deux semaines. Deux semaines depuis la fois où il avait revu la princesse. Plus de nouvelles après tout ça mais ce n’était pas le plus important ou le plus dramatique.

Hum … Les morceaux de pierre qu’il avait créés aujourd’hui étaient tous déposés les uns à côté des autres. Ah … Les fondations de la tour devaient faire environ cinq mètres de hauteur et de nombreux matériaux étaient présents pour créer celle-ci. Du bois … Enormément de bois … Tout cela avait été emmené par les Insecateurs … De l’autre côté, il y avait bien un ou deux cube de fer d’environ trois mètres de hauteur, des personnes en armure rouge étant à côtés d’eux comme pour savoir le moment où ils allaient les découper. Enfin … Il y avait tout un tas de cailloux dont les siens. C’était ainsi que les tours étaient construites. En apparence extérieure, elle semblait être simplement faite de bois mais à l’intérieur, de nombreuses armatures étaient constituées de fer. Enfin, les escaliers avaient une base en pierre tandis que l’extérieur était composé de bois. Bref … Malgré les apparences, elle n’était pas faite uniquement de bois et tout cela simplement pour un souci de solidité.

« Bon … Ben … Je crois que je vais partir alors. »

Il se parlait à lui-même, extirpant son objet de travail du sol alors qu’il quittait le lieu. Bon … Il se trouvait à peine au beau milieu de l’après-midi. Qu’est-ce qu’il allait pouvoir faire ? Retourner à la maison ? Et faire quoi ? Est-ce qu’il allait lui rendre visite ? Il ne pouvait pas l’embêter tant que ça dans le fond. Elle était quand même occupée. Bon … Et bien … Visiblement … Il n’avait pas vraiment le choix.

« T’es venue me chercher mon amour ?! » s’écria une voix sur la gauche.

… … … … … Il n’avait même pas remarqué où il s’était dirigé. Une école … élémentaire bien entendu. Toute faite de bois elle aussi, elle était des plus imposantes car elle comportait plusieurs niveaux d’études. Mais bon … Là … le plus important … était le fait qu’il s’était rendu ici sans même le remarquer. Et surtout … Il voyait une jeune fille qui fonçait directement vers lui. Il devait se préparer à l’éviter.

« Non, non et non ! Tu ne t’échapperas pas cette fois ! »

Hein ? Sa foreuse vola sur le côté alors qu’il se retrouvait plaqué avec violence sur le sol. Il poussa même un cri de surprise, sans qu’il ne puisse bouger. Immo … bilisé. Il prit une profonde respiration, murmurant doucement :

« Herakié … Tu m’as fait mal. Très mal même. »

« C’était la seule façon que j’avais de faire pour que tu me regardes ! Te plains pas trop non plus ! J’ai été drôlement gentille, je trouve ! »

« Gentille n’est pas le mot que j’utiliserai … pour te définir. Tu as terminé les cours visiblement ? Tu ne veux pas rentrer avec tes copines ! »

« HAHAHAHA ! Arrêtes de plaisanter ! Tu sais bien que tu passes après elles ! » s’écria la jeune fille avant de lui donner un coup de poing dans le ventre, le faisant pouffer de douleur.

Ca faisait mal, bon sang ! La jeune fille se releva de lui, Earnos se redressant à son tour en se massant le ventre. Elle ne connaissait pas sa force. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’elle n’était pas mignonne, loin de là même. Âgée d’une année de moins que lui,, elle était munie d’un simple short bleu allant de pair avec son haut. Néanmoins, deux bracelets bleus foncés étaient présents, des pics en sortant alors qu’elle avait un ruban bleu … Bleu … Bleu … Bleu … Elle était toute habillée de bleu mais avait aussi des longs cheveux bleus, des yeux bleus … Et lui venait de s’en prendre un en plein dans le ventre, il était sûr.

« Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? Tu veux me dire que je suis jolie ? »

« … … … … … Sans façon. »

« HEY ! Tu pourrais quand même être plus sympa ! Tu me raccompagnes chez moi, dis dis ? Déjà que je t’ai pas vu depuis plus d’une semaine et demie ! Tu n’as pas arrêté de travailler sans même t’arrêter ! Moi, je ne pouvais pas venir te chercher chez toi car ta maman me disait que tu étais toujours très fatigué ! » marmonna Herakié alors qu’il soupirait.

Oui … Cela avait été un sacré mensonge … Mais c’était l’unique solution qu’il trouvait pour éviter que la jeune fille ne le colle trop. Mais bon … Ca ne servait à rien et comme d’habitude, il était toujours sincère dans ses paroles.

« Herakié … Je ne t’aime pas, tu le sais bien. »

« Allez, allez ! Ne dit pas ça ! Tu sais bien que tu m’aimes bien ! Sinon … Tu ne viendrais pas me chercher alors que tu rentres du travail hein ?! »

Il fut projeté en avant après un petit coup de main dans son dos, roulant pendant deux à trois secondes. Voilà … pourquoi il ne l’aimait pas. La jeune fille poussa un cri, légèrement apeurée alors qu’elle courait vers lui.

« Désolée, désolée ! Mais pourquoi est-ce que tu es aussi fragile ?! »

« Pourquoi est-ce que tu es aussi forte ? » rétorqua t-il en se redressant, gémissant de douleur alors qu’elle semblait un peu triste par le geste qu’elle avait fait.

« … … … Ce n’est pas de ma faute. Tu sais bien que ma Maman et mon Papa sont une Scarhino et un Scarabrute … C’est encore … ma faute en fait … » répondit la jeune fille, baissant la tête alors qu’il disait d’un air un peu confus :

« Hein ? Euh … Non … Ce n’est pas de ta faute. Ta maman est euh … Enfin, comment dire … Ce n’est pas important, enfin peut-être que si quand même … Mais non, ça, ce qui est arrivé à ta maman, ce n’est pas ta faute. »

« Ben … Elle est morte quand je suis née donc c’est de ma faute quand même. »

« Tu ne l’as pas voulu et tu n’étais qu’un bébé donc non, ce n’est pas de ta faute. » termina t-il d’un air assez sec.

Ca ne servait à rien de continuer cette discussion qu’il trouvait des plus ennuyantes. Il marcha sans regarder si Herakié le suivait bien que c’était visiblement le cas. Sa main gauche dans sa poche, sa main droite tenant sa foreuse, il observait les bâtiments autour de lui. Il ne voulait surtout pas perdre plus de temps maintenant.

« Dis ? Tu veux bien me prendre la main, Earnos ? »

« Pourquoi faire ? Tu es fatiguée ? » demanda t-il aussitôt alors qu’elle commençait :

« Non mais euh … Enfin … Si … J’ai beaucoup écrit et mon sac est assez lourd. »

Il s’arrêta, haussant un sourcil inquisiteur en la regardant. Elle se moquait de lui ou quoi ? Elle avait une force qui lui permettait de soulever cinq personnes comme elle et … Elle détournait un peu la tête de côté, la bretelle droite de son sac tombant comme pour inviter le jeune garçon à le prendre. … … … … … Il poussa un soupir.

« J’ai déjà ma main droite qui est occupée à tenir ma foreuse. Je peux prendre ton sac si tu le veux. » murmura le jeune garçon en tendant sa main gauche, la jeune fille lui mettant en un instant le sac sur le dos avant de prendre sa main gauche, rigolant :

« Ca, c’est parce que tu es vraiment gentil ! C’est pour te récompenser ! »

« Je n’ai pas besoin de récompen … Aie. » coupa t-il alors qu’il avait tenté de retirer sa main. Résultat ? Herakié la serra avec plus de force pour être sûr qu’il ne s’échappe pas.

« Tu disais quoi, Earnos ? Tu n’as pas terminé ta phrase, ce n’est pas bien du tout ! »

« Rien … Rien du tout. » grommela t-il, se disant intérieurement qu’il devait éviter à l’avenir de retourner devant l’école, c’était une question de survie !


Une bonne vingtaine de minutes s’écoulèrent alors qu’ils arrivaient finalement à l’endroit où il habitait. Oui … Il n’allait même pas la raccompagner puisqu’elle habitait plus loin. Il ne fallait pas exagérer non plus ! Enfin … Bon … Il entendait des petits rires devant lui, ses yeux rubis se posant sur une fille d’environ douze ans et aux cheveux rouges : sa grande sœur.

« Et bien … Je me demandais quand est-ce que tu allais t’y mettre, Earnos. » dit Cassina en rigolant assez fortement, un bouquet de fleurs entre les mains.

« Bonjour Cassina ! Earnos a porté mon sac aujourd’hui ! Comme j’étais fatigué, il a voulut de lui-même ! Et puis, il m’a pris aussi la main ! »

« Je vois … Je vois … Et bien, Earnos … Je ne pensais pas cela de toi. »

« C’est bon, Herakié. Je vais rentrer dans le magasin de fleurs maintenant que je suis arrivé. Tu n’as pas besoin de moi pour continuer la route. » répondit-il sur un ton neutre, posant sa foreuse sur le sol avant de retirer le sac de son dos. Il le tendit à la Scarhino qui fit une petite moue triste tout en récupérant ce qui lui appartenait. Elle retira la main d’Earnos de la sienne, remettant bien son sac sur son dos avant de l’embrasser subitement sur la joue droite.

« Merci beaucoup Earnos ! C’était très gentil de ta part ! Tu reviens me chercher à l’école quand tu veux ! » annonça la jeune fille aux cheveux bleus sur un ton enjoué avant de courir et de s’éloigner, Earnos murmurant avec lenteur :

« Elle n’était pas … fatiguée du tout. »

« Earnos … Earnos … Earnos … Sincèrement, je me demande si des fois, tu réagis plus lentement que la moyenne ou si alors, tu as du mal à savoir quand une personne joue avec toi. » soupira Cassina tandis que le jeune garçon aux cheveux blonds reprenait sa foreuse, pénétrant dans la boutique de fleurs, sa sœur l’accompagnant tout en reprenant : « Et bien … Sinon … Visiblement, ça avance bien avec la petite Scarhino. Elle est mignonne non ? »

« Elle fait très mal surtout. » répondit le jeune garçon en soulevant un peu son haut, laissant apparaître le bas de son ventre et l’endroit où Herakié avait frappé. Une petite marque rouge était visible, Cassina rigolant une nouvelle fois.

« C’est sa marque d’affection. Tu sais parfaitement que ta future fiancée ne te veut pas de mal. Je suis sûre que d’ici quelques années, elle deviendra une femme très ravissante. »

« Et qui terrorisera le garçon qu’elle aime. Le pauvre finira dans un lit, son corps brisé en mille morceaux. » annonça Earnos avec ironie une nouvelle fois.

« Je crois que je vais devoir prévenir Maman et le reste de la famille que l’on va avoir un handicapé à vie d’ici quelques années. »

« … … … Ce n’était pas drôle, Cassina. Si elle était moins brutale, elle … serait attachante, je crois. » reprit le jeune garçon, sa sœur ne pouvant s’empêcher de rire à ses paroles.

Le jeune garçon avait beaucoup de mal à exprimer ce qu’il ressentait alors que c’était l’inverse du côté de la petite Scarhino. Ne dit-on pas que les opposés s’attirent ? Et ce n’était pas le cas des deux enfants ?