Chapitre 22 : La vérité, rien que la vérité

« Nous allons y aller … Il faut juste juger des forces … Comme souvent, il faut commencer par le plus difficile dès le départ. Ainsi, s’ils voient leur chef tomber au combat, le moral baissera et ils seront moins enclins à combattre … donc prêts à mourir. »

Il hocha la tête pour dire qu’il avait parfaitement compris les paroles de la jeune femme. Ce qu’elle disait était loin d’être faux … Faire une telle chose … permettrait d’avoir plus facilement la victoire. Mais maintenant, où est-ce que ce chef se trouvait ? Car bon … A part la différence de couleur de peau et d’écailles, les lézards humanoïdes se ressemblaient tous ! Après cinq minutes, il murmura à Manelena :

« Est-ce que tu as réussi à trouver le chef ? Je ne sais pas … comment faire … »

« Ce n’est pas difficile … Regarde bien lequel donne des ordres aux autres … et qui en reçoit … Ainsi, tu peux te faire une chaîne de puissance rien qu’à travers cela. »

« Visiblement … Je suis bien pathétique contrairement à toi, Manelena. Ça se voit que tu as de l’expérience dans le domaine … Pfff … Je n’aurai jamais pensé à une telle chose. »

« C’est pour cela que je suis ta sup … ta petite amie. Tu as toujours besoin de moi, contrairement à ce que tu peux prétendre. » répondit la jeune femme aux cheveux argentés, ayant presque faite une erreur à l’instant même. Il émit un petit rire plutôt discret.

« Je le reconnais parfaitement. Sans toi, je ne saurai jamais là, en train de faire de l’espionnage mais surtout un rôle d’éclaireur pour éliminer les ennemis. »

« Si tu pouvais m’être reconnaissant … en te taisant, cela me plairait bien mieux. » annonça Manelena alors qu’il s’empêchait de rire. D’accord, d’accord, il avait parfaitement compris les paroles de sa maréchale. Alors … Il allait exécuter ce qu’elle avait dit.

Il observa au loin les différents sauriens humanoïdes, les étudiant les uns après les autres, cherchant à faire des relations entre eux. C’était quand même plus compliqué que prévu car bien que certains donnaient des ordre, d’autres leurs en donnaient … Et enfin, quand certains avaient reçu des ordres, ils en donnaient à ceux qui en avaient donné à ceux qui leur en avaient donné … Bref … C’était bien tordu et il avait déjà mal au crâne rien qu’en y réfléchissant. Cinq minutes plus tard, il reprit :

« Est-ce que ça avancé, Manelena ? Car personnellement … »

« Je pense avoir une idée … Mais cela ne sera pas simple … Car sinon, il y a une idée très facile à mettre en action. Il suffit de viser celui qui est le plus impressionnant, que ça soit au niveau des cicatrices sur le corps, de son équipement ou autre. »

« Hein ? Comment ça ? » demanda-t-il bien qu’elle lui chuchotait de recommencer à regarder pour qu’il comprenne ce qu’elle voulait dire.

C’est vrai … que chez certains mekarlarmiens, les cicatrices fusaient sur leurs visages ou sur les parties de leurs corps non-recouverts par les armures. Alors … C’était ainsi qu’il pouvait trouver ? Ça avait l’air quand même bien plus simple de cette façon, oui. Il ne perdit pas de temps à recommencer les recherches, jusqu’à trouver l’être qui lui semblait au-dessus des autres. Il désigna du doigt un mekalarmien à Manelena, celle-ci hochant la tête positivement.

« C’est bien lui … Enfin, peut-être que non … Mais nous avons la même cible donc … On ne peut qu’espérer cela. » murmura t-elle faiblement.

Ainsi … Le mékalarmien qu’ils allaient affronter était sûrement capable d’utiliser la terre. Oui … Il avait une peau entièrement brune et majoritairement recouverte d’écailles. Sur son visage, une balafre en croix se trouvait au niveau de l’œil gauche, celui-ci était complètement blanc, signe qu’il était mort. Sur son corps, une épaisse armure de couleur dorée était visible, bien que ses bras et ses jambes ne fussent pas protégées. Il avait deux marteaux accrochés à la ceinture tandis qu’une lourde épée se trouvait attachée à son dos. Il se battait avec plusieurs armes ? Hum … C’était surprenant mais …

« Manelena, je vais m’occuper des autres tandis que tu prends le chef ? » murmura t-il après quelques secondes de réflexion, la jeune femme lui répondant :

« Tu ne pensais quand même pas t’en prendre à un chef en vue de la carrure que tu as ? Il n’en était pas autrement. Maintenant, prépare-toi car nous allons y aller. »

Oui … Il n’en doutait pas. Le jeune homme regarda ses deux griffes, les ayant placées correctement au cas où. Bon … Il attendit qu’elle fasse le premier mouvement, la jeune femme se déplaçant plus rapidement que prévue, comme bercée par le vent. Son épée en main, elle arriva rapidement au milieu du camp, des lignes noires sur une grande partie de son corps. Son arme vint frapper le saurien humanoïde, celui-ci ayant réagi au quart de tour, faisant un pas sur le côté pour l’esquiver.

« Tssss …Je leur avais bien dit que nous mettre cette tour électrique n’allait pas nous aider dans notre travail ! Mais est-ce que l’on m’écoute habituellement ? Jamais ! »

Qu’est-ce que Tery faisait ? Déjà, chaque mekalarmien avait sorti son arme, prêt à l’abattre sur la jeune femme ! BON SANG ! Il n’avait quand même pas osé la planter hein ? Purée ! Pourquoi est-ce qu’elle lui avait …

« MANELENA ! La prochaine fois, n’utilise pas tes éléments pour aller plus vite ! Je n’y ai pas pensé moi ! » s’écria une voix derrière elle, la jeune femme poussant un profond soupir soulagé avant de voix deux pieux de terre qui s’enfonçaient dans le ventre de deux soldats de Mékalarma qui tombèrent au sol, morts.

Qu’est-ce qui lui prenait … de penser ainsi ? Le jeune homme n’avait-il pas dit qu’il était toujours là pour elle ? Pfff … Des paroles absurdes … mais qu’il s’évertuait à garder véridique visiblement. Hein ? C’était quoi ce golem pathétique d’une cinquantaine de centimètres ? Et surtout mal fichu … Devant son regard interrogateur bien qu’ils allaient maintenant combattre, il lui répondit :

« Tu ne m’as pas laissé le temps de le préparer ! J’avais cette idée après que tu te sois lancée dans la bataille ! Ça nous fait toujours une force en plus ! »

« Si tu y as pensé APRES que j’attaque alors ne met pas la faute sur moi ! C’est compris TERY VANIAN ? » s’écria t-elle avant de parer un coup de marteau avec sa lame.

Elle marquait un point … mais ce n’était pas une raison pour lui crier dessus non plus hein ? Il n’était pas sourd ! Pffff ! Bon ! Malgré que les regards interloqués se posaient sur son petit golem, il fonça vers l’un des sauriens humanoïdes, plantant sa griffe dans deux de leurs ventres avant de tourner sur lui-même. Il arracha une partie de leurs corps avec facilité avant de reprendre une position plus correcte.

« Manelena … Je m’occupe d’eux comme promis … Pendant ce temps, tu t’en prends au chef des éclaireurs, d’accord ? » cria le jeune homme aux cheveux bruns.

« Tu peux arrêter de répéter les ordres que je t’ai donné ? Si tu as le temps de parler, concentre-toi plutôt et bats-toi correctement ! C’est comme ça que tu pourras me faire plaisir ! » répondit la jeune femme sur un ton légèrement énervé.

Bon ! Il avait compris aussi hein ? Pfff … Le golem s’était déjà mis à attaquer quelques soldats. Petit mais costaud ! Il ne se privait pas pour frapper violemment plusieurs mékalarmiens au ventre, les envoyant facilement au tapis ou en train de vomir. Lui ? Il ne faisait que se défendre, utilisant les lignes d’Alzar pour se protéger.

« Al … Alzar … Un homme et une femme … venant de Shunter … » dit un soldat, étonné de voir les lignes sur la peau de leurs adversaires.

« Il n’y avait pas cela … Tu sais … Enfin ce qui a été dit … Notre dirigeant … »

« Non … Normalement, ils étaient trois … Il y avait aussi une femme avec des lignes de Zélisia sur elle … Ce ne sont pas eux. » répondit un troisième soldat au second, tous entourant le jeune homme alors que Manelena livrait une bataille ardue contre celui qui semblait être réellement le chef de la troupe.

Il fit un pas sur le côté, évitant une lance qui arrivait droit sur lui bien qu’il ne pouvait pas réellement … bouger. Avec le fait qu’il était entouré, il avait beaucoup moins de possibilités de bouger. Pffff … C’était assez problématique dans le fond là mais bon … Il faisait de plus en plus attention. Pourtant, il arrêta de se mettre en garde quand il vit l’un des soldats atterrir juste à côté de lui. Aussitôt, il planta sa griffe dans la gorge pour le tuer tandis qu’une partie des soldats s’était retourné pour apercevoir … le golem.

« Co … Comment est-ce qu’un truc aussi ridicule peut avoir une telle puissance ? »

« Il … Il doit avoir plusieurs livres golémiques avec lui ! » cria l’un des soldats en désignant Tery, celui-ci haussant les épaules avant de soupirer. Il dit avec neutralité :

« De toute façon … Je tiens à vous le signaler … La troisième personne dont vous parliez, elle s’appelle Clari. Pour l’heure, elle n’est pas avec nous deux. »

« Qu’est-ce que … Qu’est-ce que … CE SONT EUX ! » hurlèrent plusieurs soldats alors que le chef qui se battait contre Manelena fit un saut en arrière.

« Vous êtes responsables … de vol d’une partie de nos livres ? Mais de la mort de notre précédent dirigeant ? » demanda t-il avec lenteur, s’adressant à la jeune femme aux cheveux argentés. Celle-ci fit un petit geste de l’épée, lui répondant :

« Hum … Il y a de fortes chances … Je ne vois pas de raison pour le confirmer. »

« Je prends cela pour un acquiescement de ta part. Je pensais me servir de vous comme prisonniers mais il s’avère qu’il vaut mieux que je ramène vos têtes. »

« Suis-je sensée prendre cela avec amusement ? Car ce n’est guère drôle. »

« Oh … Je ne vais pas te forcer à rire de mes paroles, cela serait inconvenant. » termina de dire le saurien humanoïde contre lequel elle se battait.

De toute façon, elle n’avait pas de temps à perdre à parler avec de telles personnes. C’était pourtant aussi simple que ça ! Son épée commença à se parcourir d’électricité avant qu’elle ne vienne donner un violent coup sur la hanche droite de son adversaire. Celui-ci para le coup avec l’un de ses marteaux, l’électricité arrivant jusqu’à lui … sans pour autant l’affecter. Il eut un grand sourire, la jeune femme remarquant que l’électricité passait dans son arme qui se trouvait dans son dos … avant de disparaître.

« Une arme qui te permet d’éviter la foudre ? » s’écria la jeune femme, faisant un saut en arrière avant de grogner. Elle n’avait pas prévu cela … sur le moment.

« C’est exact … On ne sait jamais sur quoi je risque de tomber comme ennemi. Cela serait assez risible qu’un mékalarmien se fasse tué par la foudre, n’est-ce pas ? Ce n’est qu’une simple mesure de précaution pour éviter ce genre de petit désagrément. Et de ton côté … Tu n’as que ça à me montrer ? Je pensais que les êtres d’Alzar possédaient de plus grands pouvoirs … Je suis plutôt déçu de ce côté … »

Ah oui ? Il voulait vraiment qu’elle s’énerve ? Il risquait d’être servi ! On ne jouait pas de la sorte avec elle ! Mais le problème … était plutôt Tery … Elle se méfiait quand même au sujet du jeune homme … Est-ce qu’il arrivait à s’en sortir ? Elle tourna une partie de son visage vers lui, Tery se retrouvant avec son golem, dos à dos pour combattre leurs adversaires. Ils arrivaient à éviter quelques attaques élémentaires, que cela soit des jets d’eau brûlante ou alors tout simplement des boules de feu, des pics de terre ou des arcs électriques. Le seul problème consistait … par rapport des lames d’air. Il était assez difficile … de les éviter correctement … puisqu’elles étaient invisibles ou presque. Mais … En même temps … Il se débrouillait plutôt bien.

D’ailleurs son golem était quand même plutôt remarquable. Bien qu’il soit assez lourd malgré sa petite taille, il semblait très combattif et capable d’éviter. Hum … Elle avait remarqué que dans le fond, le jeune homme était toujours prêt à utiliser un golem pour se battre. C’était comme une marque de fabrique maintenant … C’était pas mal mais elle allait devoir l’entraîner à combattre uniquement avec ses armes et sa magie après que tout cela soit terminé. Il devait apprendre à éviter de toujours compter sur son golem, cela lui emmènerait trop d’ennuis sinon. Qu’est-ce qu’elle venait de penser ?

« Tu ne devrais pas détourner le regard ! » cria la voix du saurien qui était le chef de la petite troupe d’éclaireurs. Ah oui ? Elle n’avait pas peur de … Qu’est-ce que … Une entaille se fit voir sur sa hanche droite, celle-ci s’ensanglantant alors qu’elle poussait un cri de colère. Du sang ? ELLE ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle avait normalement réussi à l’éviter ! Ce n’était pas normal ! PAS NORMAL DU TOUT !

« Tu ne devrais pas être aussi rapide … Ah … Ah … » gémit-elle, serrant les dents à cause de la douleur. Elle n’avait pas besoin de ça ! Elle ne pouvait pas utiliser son armure sans se révéler à tout le monde ! Et elle s’était fait avoir à cause de ses pensées envers Tery ? De quel droit se permettait-elle de se préoccuper de ….

« MANELENA ! » hurla la voix de Tery avant qu’il n’arrive à ses côtés, apeuré par le cri qu’il avait entendu venant d’elle. Il posa son regard sur la blessure avant de dire : « C’est lui qui a fait ça ? Comment est-ce que tu vas ? Réponds-moi ! »

« Mais … Mais … Mais … De quel droit est-ce que tu te permets de t’inquiéter pour moi ? Je te rappelle qui je suis ? Dois-je te le rappeler ? » dit-elle sur un ton un peu énervé.
Il n’avait que ça à faire ou quoi ? De s’occuper d’elle ? Il avait des ennemis à se débarrasser ! Elle jeta un regard sur les soldats, remarquant que la bonne moitié était déjà morte … Qu’est-ce qu’il avait fait ? Les entailles sur les corps semblaient montrer … qu’ils avaient utilisé une hache … ou une arme bien plus coupante pour trancher ses adversaires. Mais en observant ses griffes, elle comprit que c’était celles-ci les responsables. Le reste des soldats était visiblement occupé avec le golem, celui-ci suffisant de plein fouet plusieurs sorts sans réellement avoir de problèmes.

« Tu ne connais pas le proverbe ? Plus c’est petit, plus c’est costaud. » dit-il sur un ton amusé, faisant face au saurien humanoïde qui avait blessé Manelena.

« Je peux savoir ce que tu comptes faire là ? » demanda Manelena calmement.

« C’est pourtant simple, je viens te donner un coup de main ! » répondit le jeune homme aux cheveux bruns alors qu’elle avait soudain un tic nerveux. L’aider ? Elle ? De la part de Tery ? Elle n’avait pas rêvé ? Elle n’avait pas … mal entendu hein ?

« J’ai … J’ai l’impression qu’on me sous-estime … La vague impression que l’on croit que je ne sais pas me débrouiller seule … » murmura la jeune femme aux cheveux argentés, ses yeux rubis se fermant tandis que Tery disait aussitôt :

« Je … Je ne veux pas dire que vous ne savez pas vous débrouiller, Manelena ! »

« LA FERME, TERY ! Toi … Toi … Toi … » reprit Manelena en ouvrant ses yeux, les posant sur le mékarlarmien qui avait rangé ses deux marteaux pour prendre son épaisse lame dans son dos, lui coupant la parole :

« Dire que je pensais l’utiliser encore un peu comme parafoudre pour éviter de recevoir tes attaques … Tu veux être sérieuse ? Alors, on va être deux. »

« Toi ? Tu penses que tu peux faire quelque chose contre moi ? Contre moi ? MOI ? » demanda Manelena avant d’éclater de rire, une grande partie se recouvrant de veines noires alors que ses bras et ses jambes étaient déjà envahi par les lignes d’Alzar. Elle fit un petit rictus, craquant sa tête avant de faire apparaître une aura noire autour de son corps.

« Les gens trop prétentieux sont toujours les premiers à mou … »

« Crève. » annonça la jeune femme alors qu’elle se retrouvait déjà à sa hauteur sans même qu’il ne puisse réagir. La pointe de son épée se logea dans le torse de son adversaire, des soubresauts commençant à envahir le saurien. Puis subitement … Une explosion … Une simple explosion qui réduisit son adversaire en morceaux, aspergeant le corps de la jeune femme de chair et de sang. Tery fit une mine dégoûtée, se retenant de vomir devant un tel spectacle alors qu’elle reprenait :

« Et dire que je n’étais même pas … sérieux. C’est tout ce que les mekarlarmiens ont à donner ? Maintenant … On va en terminer avec eux … »

Elle ne lui laissa pas le temps de parler, commençant à faire un véritable carnage parmi les mekalarmiens, les tuant les après les autres alors que certains tentaient de s’enfuir. Un monstre, c’était un véritable monstre ! Le jeune homme retira une griffe, se grattant le derrière du crâne avec gêne. Ce n’était pas vraiment … bon de la voir ainsi. Heureusement, elle n’utilisait pas son armure sinon … Ils auraient deviné qui elle était réellement … D’ailleurs, il espérait qu’un jour, il puisse trouver sa propre voie de ce côté … Savoir si il allait avoir une armure … ou alors une arme … ou autre chose … Mais bon, pour ça, il devait apprendre à bien mieux utiliser ses pouvoirs.

Il fit disparaître son golem, le remerciant un peu avant. Lorsque le combat fut terminé, la jeune femme était haletante tout en étant guère fatiguée. Elle semblait … bizarre … Il s’approcha d’elle, Manelena réagissant aussitôt en pointant son arme vers sa gorge. Elle s’arrêta à quelques centimètres de lui, haletant grandement avant que les lignes noires ne disparaissent de son visage et du reste de son corps. Il s’approcha d’elle, posant ses mains sur ses bras avant de lui murmurer :

« Est-ce que tout va bien, Manelena ? Viens … C’est terminé … »

« Je … n’ai pas besoin que l’on se préoccupe de moi, TERY ! Détruis tout ce que tu peux dans cette base et ça sera réellement terminé ! MAINTENANT ! »

« Reste alors ici … Car après, je m’occuperai de te soigner. » murmura t-il avant d’obéir à ses ordres. Détruire … Du genre ce pylône non ? Il récupéra un lourd marteau provenant de l’un des cadavres avant de frapper avec force dans le pylône. Ayant utilisé ses lignes d’Alzar, l’objet de métal s’effondra avec rapidité alors que le jeune homme continue son travail de destruction, plus que préoccupé par la situation concernant Manelena. Finalement, il termina ce qu’il avait à faire, retournant auprès de la maréchale. Celle-ci était debout, une main posée sur sa hanche blessée. Elle avait un air rageur dans le regard, le jeune homme se positionnant en face d’elle.

« Manelena … Est-ce que je peux voir ta blessure s’il te plaît ? »

« Mission terminée … On n’a pas que ça à faire ! Non … Il y a même autre chose … »

« Autre chose ? De quoi est-ce que tu parles ? » demanda le jeune homme, un peu inquiet par les propos de Manelena. Qu’est-ce qu’elle allait faire comme bêtise ?

« Tu vas vite voir … ce que je veux dire par là. » murmura-t-elle, gardant son arme dans son autre main avant de se diriger vers Séran et Sérest. Que … Que … HEY ! NON ET NON ! Il en était hors de question ! Même si … C’était quand même bizarre que le couple n’ai pas réagi pendant la bataille. Non, ils étaient restés là, sans rien faire. Et visiblement, ça ne plaisait pas à la jeune femme. Celle-ci s’approcha d’eux, le couple ne bougeant pas de sa place, comme si il n’avait rien à craindre.

« Quant à vous deux … Je vous conseille sérieusement de me dire tout ce que vous savez sur les médaillons car sinon, vous irez rejoindre les mékalarmiens. »

« Oh … Visiblement, fini de jouer, n’est-ce pas ? » demanda Séran calmement alors qu’aussitôt, Tery venait prendre l’arme de Manelena, la lui retirant des mains avec force.

« Mais tu vas arrêter, Manelena ? Tu n’as pas vu ton état ? Et surtout, pourquoi est-ce que tu les menaces ? Ils ne nous ont rien fait ! Arrête un peu ! »

« … … … Tery, je te laisse dix secondes pour me rendre mon arme. Après, c’est TOI qui ira rejoindre les mékarlarmiens. Je commence le décompte. »

Bizarrement, il n’était pas plus impressionné que ça. Avec lenteur, il leva l’épée en l’air avant de la planter violemment dans le sol, remarquant qu’il n’eut aucun mal à accomplir un tel acte. Il se positionna juste à côté de l’arme, fixant longuement Manelena qui ne semblait pas décolérer. Au bout de dix secondes, elle s’approcha de lui, s’apprêtant à récupérer son arme avant qu’il ne la bloque, posant une main sur son bras.

« Manelena … Avant de faire l’interrogatoire, j’aimerai d’abord que tu te soignes. »

« Pas de temps à perdre avec ces balivernes. Est-ce que tu crois qu’ils vont attendre que nous ayons terminé cela pour gentiment nous parler de leur petite histoire concernant les médaillons ? Tu es vraiment stupide … trop stupide. »

« Nous vous dirons tout quand Tery aura fini de vous soigner. » signala Sérest, Manelena la regardant avec étonnement. Qu’est-ce qu’elle venait de dire là ?

« Comme si j’allais tomber dans un piège aussi grossier. » murmura la jeune femme aux cheveux argentés, loin d’être rassurée par les paroles.

« Et bien … Dis-toi que pour l’heure, nous n’avons rien fait qui puisse te faire réagir de la sorte. Avons-nous été belliqueux ? Avons-nous essayé de vous mentir ? Nous vous avons dit clairement qui nous étions … Et si vous vouliez tant de réponses, nous aurions répondu. »

De qui se moquait-elle cette femme emplumée ? Elle croyait REELLEMENT qu’elle allait tomber dans un piège comme ça ? NON MAIS … Ah … Ah … Elle poussa un petit gémissement de douleur alors que Tery s’approchait de sa blessure pour la regarder.

« On ferait mieux de marcher … et d’installer la tente …  Je ne crois pas que l’on va pouvoir faire beaucoup de chose pour la journée. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns.

« Tsss … J’accepte … Mais si je sens une seule pointe de mensonge … Vous êtes morts. » termina de dire Manelena avant de ranger son arme, le couple souriant à cette réponse. C’était exactement ce qu’ils voulaient. Ils allaient tout leur dire.

Chapitre 21 : Repérés

« Je ne vois pas ce qui vous fait dire cela. » annonça le jeune homme aux cheveux bruns avec lenteur, espérant que sa tactique allait marcher.

« Et bien … Malgré le fait que vous soyez très proches, il manque quelque chose … De la sincérité. Elle semble plus exaspérée par toi que par le reste. Tu vois … Si cela était réellement de l’amour, elle le montrerait d’une autre façon. »

« En fait … C’est bien plus compliqué que ça … » murmura le jeune homme une nouvelle fois, détournant le regard en rougissant. Oh oui … Il ne pouvait pas dire la vérité mais en même temps … C’était vraiment plus compliqué … Beaucoup trop même.

« Hum … Est-ce des fiançailles non désirées d’un côté ou de l’autre ? »

C’était quoi ces questions ? Il savait à peine ce que ça voulait dire des fiançailles non-désirées ! Ce n’était pas une histoire pour les nobles ou une fille de paysans devait en épouser un pour emmener prospérité à sa famille ? Non et non ! Il hocha la tête plusieurs fois pour retirer cette idée avant de répondre d’une voix un peu troublée :

« Pas du tout … Enfin, je crois ! Mais pourquoi toutes ces questions ? Manelena et moi, nous nous apprécions énormément et dans le fond, je … »

« Hum … Ca m’a l’air vraiment unilatéral comme relation dans le fond. » termina de dire Séran avant de créer un petit pieu de glace. Aussitôt, le pieu s’en alla à travers les arbres, un petit cri se faisant entendre. « Voilà une partie du repas qui vient d’être arrivé. Bon … Est-ce dans un sens et non dans l’autre ? Car autant d’un côté, on remarque bien que tu éprouves au minimum de l’affection voir de l’amitié envers Manelena, autant de l’autre … Elle donne plus l’impression qu’elle aimerait te tuer à chaque instant. »

« Ce n’est pas une impression, je tiens à le signaler … Enfin, une bonne partie du temps. Mais bon … C’est vrai … Je l’avoue … Enfin, nous sommes ensembles … Mais ce n’est pas toujours réciproque entre nous deux. »

« Elle ne semble pas avoir une très grande estime de toi, c’est bien cela … Peut-être qu’elle ne te considère pas à ta juste valeur. Voilà la solution … Peut-être qu’il faudrait que tu te montres encore plus … proche d’elle ? »

« C’est bien beau d’essayer mais bon … Est-ce que l’on peut recommencer à chasser ? Merci bien … Je n’ai pas trop envie de discuter de tout cela. »

« Hum … Un peu de timidité ne peut pas faire de mal. C’est parfois trop rare chez les jeunes gens de nos jours. » répondit Séran bien qu’il acceptait la proposition du jeune homme.

« Ce … n’est pas une question de timidité … mais simplement … de … Qu’on a autre chose à faire, voilà tout ! » termina de dire le jeune homme, s’enfonçant à travers les arbres.

C’était assez … Encore une énième discussion sur la relation entre lui et une femme. A croire qu’il fallait absolument qu’il se trouve une petite amie pour qu’il soit tranquille. Ah … D’ailleurs, dès que cette mission était terminée, il allait faire ça ! Voilà ! Mais … Déjà, il se demandait qui … pouvait devenir sa petite amie ? Il ne connaissait pas tellement de femmes … et puis bon … à côté … Il fallait dire qu’il n’allait pas proposer ça à une parfaite inconnue. Peut-être qu’avec Elen … Car bon … Clari, c’était hors de question,, c’était franchement une relation de très bons amis voir un peu plus … mais pas au-dessus d’après ce qu’il avait compris par rapport à la jeune femme. Alors … Il y avait bien Manelena mais … Il y avait tellement de différences entre eux deux. Peut-être que … Qu’avec Elen … Il pouvait toujours lui proposer … mais bon … Déjà que la jeune femme avait du mal à accepter qu’elle en soit une … alors une telle chose. Il se massa le front, poussant un profond soupir :

« C’est vraiment bien trop compliqué ce genre d’histoires. »

« De quoi est-ce que tu parles ? » demanda l’homme de grande taille, créant un nouveau pieu de glace avant de l’envoyer dans un arbre, un petit corps en tombant, tué sur le coup.

« Ah … Ne vous en faites pas, j’ai une sale habitude de parler tout seul. Vous venez à peine de la découvrir … Ce n’est rien de bien important. » annonça le jeune homme avant qu’une lettre ailée ne vienne s’abattre en plein sur sa face.

Qu’est-ce que … Une lettre d’Elen ? Maintenant ? Juste au moment où il avait pensé à elle ? Il eut un grand sourire au visage, sourire qu’il fit disparaître en voyant le visage suspicieux de Séran. Bon ! Ça ne le concernait pas du tout ! Bon … Elen … Elen … Elen ! Il était vraiment pressé de lire cette lettre mais il valait mieux la mettre de côté à l’heure actuelle.

« Et bien ? Tu ne lis pas cette lettre ? Pourtant, elle semble plus qu’importante, vu la tête que tu tires depuis que tu l’as reçue. »

« Comme c’est plutôt privé, je pense que je vais éviter de la lire dès maintenant. Je la lirai quand je serai plus au calme et tranquille. »

Il marquait un point. Séran acquiesça avant de lui demander de se remettre en chasse. Malgré la nourriture déjà attrapée, ce n’était clairement pas suffisant pour nourrir quatre personnes surtout lui. Il s’esclaffa, comme amusé par une blague dont il était le seul à comprendre toute la portée. En même temps, le jeune homme aux cheveux bruns semblait se douter qu’un homme venant d’Honoros devait sûrement manger bien plus qu’une personne de Shunter … question de métabolisme, toutes ces choses.

Une trentaine de minutes plus tard, ils étaient revenus au petit camp qu’ils avaient installé pour dormir ce soir. Autant dire qu’en vue de la tête que faisait Manelena, elle semblait être sur ses limites psychologiques et mentales pour ne pas égorger la femme à côté d’elle. Pfiou … Il était arrivé visiblement au bon moment. Il s’installa à côté d’elle, prenant sa main avant de dire d’une voix calme :

« J’espère que cela suffira pour cette nuit … Normalement oui … Mais comme il semblerait que Séran soit un gros mangeur, on a voulu faire quelques réserves au cas où. »

« Hahahaha ! » s’esclaffa Séran avec amusement alors que sa femme lui souriait avec tendresse. Ils allaient chauffer un peu tout cela et ensuite, ils allaient pouvoir finalement manger. Manelena murmura dans l’oreille de Tery :

« Heureusement que tu étais là … car cinq minutes de plus et je commettais un crime. »

« J’ai cru … voir cela hum … Mais maintenant … Calme-toi, d’accord ? Je suis présent … Sinon … J’ai reçu une lettre … Enfin, tu sais de qui elle vient. »

Hum ? Elle se redressa aussitôt, fronçant les sourcils alors qu’elle tournait son visage vers le jeune homme. Une lettre d’Elen ? Comme par hasard … Au pire des moments ! Elle reprit, cherchant à garder son calme bien que c’était encore plus difficile maintenant :

« Evite de l’ouvrir pendant que je suis là … voir même qu’ils soient là, c’est bien compris ? »

« Je ne suis pas un imbécile non plus. Je le ferai cette nuit, pendant que tout le monde dort. »

Et il tint sa parole. Pendant la soirée, il cherchait à changer de conversation dès que cela se rapportait à Manelena et lui. Ce que … Séran avait dit … le gênait tout particulièrement, il devait se l’avouer. Mais bon … Il tentait de l’oublier ou de le mettre de côté. Maintenant, il avait autre chose à faire, même si ça le préoccupait tout autant.
Alors que tous et toutes dormaient, lui avec Manelena un peu trop proche dans une seule et même tente pour paraître bien, il se leva. Pourtant, il vit le regard rubis de la maréchale, un brin accusateur alors qu’il déglutissait. Il n’avait pas … à parler … Bon … Il quitta la tente, s’éloignant peu à peu jusqu’à ouvrir la lettre en pleine nuit. Heureusement, la lune était plaine et il avait trouvé un endroit où les feuillages des arbres n’étaient pas le moins du monde un problème. Pfiou …

« Alors … Qu’est-ce qu’elle me raconte de beau ? Je me le demande … »

Il ouvrit avec rapidité la lettre de la jeune femme masquée. Il était quand même … dépité de savoir que la jeune femme ne s’était pas trompé dans ses paroles … Pas le moins du monde … Bon sang … Vraiment, comment … Enfin non … Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle ne voulait pas ? Il n’allait pas la forcer et … Qu’est-ce qui se passait avec lui ? Depuis quand est-ce qu’il se préoccupait autant d’Elen ?

« Enfin bon … Ce n’est pas trop grave … Elle va bien .. .Et elle est toujours accompagnée de Royan… Vraiment, des fois, je me demande ce qui lui passe par la tête. »

Mais bon … Il ne pouvait pas s’empêcher de sourire et d’être triste en même temps. Il voulait la revoir … encore plus après tout ce qui s’était passé. D’ailleurs, il allait lui répondre dès maintenant, sans perdre plus de temps. Mais quoi lui annoncer ? Ah … Peut-être l’existence d’un couple aux lignes opposées ! Voilà ! C’était ça … Et aussi qu’ils lui prenaient vraiment la tête avec cette histoire de sentiments, de petite amie et toutes ces choses.

Ah ! Est-ce qu’il … devait lui parler de ça ? Enfin … de son idée saugrenue … très saugrenue même. Il ne savait pas vraiment si … c’était une bonne idée. Il devait avouer qu’il avait un peu peur … et surtout honte de lui demander ici. Il savait ce qu’il allait faire … Voilà tout simplement … Des mots très simples.

« J’ai terriblement envie de te revoir. Je veux qu’on parle tous les deux de choses assez sérieuses. » écrit-il avant de terminer sa lettre, celle-ci s’envolant sans plus tarder dès l’instant où il la referma. Ah … Il n’arrivait pas à croire ce qu’il avait marqué … Mais en même temps, il se sentait soulagé … Voilà, il ne se cachait plus.

Maintenant … Il pouvait retourner dans la tente. Avec lenteur, il pénétra dans celle-ci lorsqu’il revint dans le campement. Manelena s’était endormi une nouvelle fois ? Enfin bon … Elle prenait quand même beaucoup de place ou c’était lui ? Il tenta de s’installer correctement avant de s’immobiliser lorsqu’elle marmonna, comme dérangée dans son sommeil. Gloups … Surtout … Ne pas la réveiller.

Difficile de trouver un endroit convenable lorsqu’elle se trouvait ainsi installée … Il tenta tant bien que mal de s’installer. Pourtant, dès que ce fut le cas, deux mains se posèrent sur son ventre alors qu’il tournait le dos à Manelena. Qu’est-ce que … Ce n’était pas un rêve ! Ni même un cauchemar ! C’était … C’était juste … impossible à se dire que c’était Manelena qui faisait ça … Ah … Il … Il … Si elle était endormie, elle n’aurait jamais fait ça … Il le savait … Elle n’était pas comme ça, pas comme ça du tout.

« … … … Je te conseille de te taire, Tery Vanian. » chuchota faiblement la jeune femme aux cheveux argentés dans son oreille.

« Pour … Pourquoi ? » balbutia t-il, oubliant complètement ce qu’elle venait de lui dire.

« Tu n’as pas compris ce que je viens de dire ? C’est aussi gênant pour moi que pour toi ! Mais … Si on veut paraître plus crédible avec ces personnes … Il faut donner cette impression, voilà tout. Alors maintenant … Tu dors … et tu te tais, compris ? »

D’accord … Il valait mieux … oui se taire. Mais là, il était dans un état proche de la transe alors qu’elle semblait se serrer bien plus contre lui. D’ailleurs … C’était un rêve ou il avait cru entendre la maréchale parler … de gêne ? Bah … C’était une femme comme une autre hein ? Donc bon … C’était … spécial … mais en même temps … attendrissant. Il ferma ses yeux, cherchant le sommeil sans réellement y arriver pendant une bonne demi-heure. Finalement, il s’endormit comme la maréchale, logé contre cette dernière.
Le lendemain, vu le sourire béat du couple Sérest et Séran, il comprit qu’ils s’étaient levé bien plus tôt que lui et surtout … qu’ils avaient jeté un œil aux deux personnes pendant qu’elles dormaient. Et quand il remarqua le visage de Manelena, légèrement rougi, il eut une soudaine bouffée de chaleur, rougissant violemment à son tour.

« Bon … Bonjour Manelena. » dit-il en baissant la tête, un peu intimidée.

« Bon … jour Tery. Tu as bien dormi ? » demanda-t-elle avant de se lever du tronc d’arbre sur lequel elle était assise, le couple les regardant. Elle s’approcha de lui, venant l’embrasser juste à côté des lèvres avant de lui murmurer : « J’ai quelque chose à te dire en privé. »

Hein ? Comment ça ? Il hocha la tête, annonçant au couple qu’il partait pour quelques minutes. Qu’est-ce qu’elle allait lui dire ? Il avait un peu peur … mais quand même … Il accompagna la jeune femme aux cheveux argentés, celle-ci l’emmenant à une centaine de mètres à l’écart, à travers les arbres. Brrr ! Il s’était mis à trembler, il ne faisait pas vraiment chaud le matin ou quoi ?

« Hum … Il faisait froid que cela le matin ? » demanda-t-elle sur un ton innocent.

« Je ne sais pas du tout … Mais on dirait que oui … Brrr … Tu n’as pas froid ? »

« C’est donc pour ça que ce matin, j’ai retrouvé ta tête logée contre mes seins ? » reprit la jeune femme, le ton étant passé aussitôt à la colère.

« Je … Je te promet que ce n’était pas fait exprès ! Pas du tout ! Je … Je n’ai aucune explication à ça mais … mais … Pardon, Manelena. » dit-il, s’inclinant plusieurs fois, espérant qu’elle lui pardonne.

« Bon sang … Tu franchis beaucoup trop de limites par rapport à mon grade. » marmonna la jeune femme aux yeux rubis, se massant le front, comme exaspérée par la situation.

« Je … Je promets sincèrement que ce n’est pas voulu et que je n’ai rien fait pour en profiter ! Quand … Quand je dors … Ca m’arrive de bouger mais pas autant que ça. ».

« Bon … Je te pardonne simplement car ce qui s’est passé a fait son petit effet sur les deux autres. Maintenant, ils sont sûrs et certains que nous sommes un couple. De ce côté-là, ils ne risquent plus de nous embêter … heureusement. Ah … Je ne me voyais pas t’embrasser. » termina de dire la femme aux cheveux argentés, ayant une mine quasiment dégoûtée.

« Merci bien … pour cette remarque très importante. Je sais parfaitement que je suis loin d’être assez bien pour une femme … mais pas à ce point. Je retourne là-bas. »

Hum ? Avait-elle dit quelque chose de vexant ? Dans le fond, elle savair que oui … Mais que le jeune homme le pense ainsi … Hum … Elle n’allait pas s’excuser pour avoir dit la vérité. Déjà qu’il était le seul … avec qui ce genre de choses se passait.

Lorsqu’ils revinrent, le couple était en train de discuter entre eux. Ils ne perdirent guère de temps à se préparer, devant continuer d’avancer. Manelena avait décidé de rechercher quand même les éclaireurs, qu’importe si ils étaient accompagnés ou non par le couple. Mais comment trouver ces Mekalarmiens ? Normalement … Hum … Il y avait bien une petite chose qui pourrait facilement les trahir. Il s’approcha de la jeune femme pendant qu’ils marchaient, lui chuchotant dans l’oreille :

« C’est peut-être stupide mais … Les Mekalarmiens ont l’habitude d’utiliser des poteaux électriques non ? Pour avoir l’électricité avec eux … Les éclaireurs, si ils veulent pouvoir prévenir le reste de la troupe, ils vont sûrement utiliser des objets comme cela. »

« Judicieuse remarque … Qui m’étonne venant de toi. Ce soir, tu pourras dormir encore avec moi. » annonça-t-elle avec neutralité.

« Hein ? Euh … Je crois que je dois te remercier alors. » dit le jeune homme avec un peu d’étonnement dans la voix alors qu’elle ne lui répondait plus.

Mais quand même … C’était quoi ? Une récompense ? Dormir avec elle ? Cela donnait l’impression d’une femme prétentieuse … et Manelena était tout sauf ça d’après ce qu’il connaissait d’elle. Ah … Bon … Au moins, ça changeait de par rapport à ce matin. Et si c’était cela comme récompense, qui oserait se plaindre ? Car bon, la maréchale était une femme plus que belle … du moins à ses yeux. Après, il n’était peut-être pas forcément le mieux placé pour dire qui était joli ou non. Mais voilà … Avec ce qu’il allait demander à Elen, il valait mieux ne pas trop … penser à la maréchale.

Enfin … Maintenant qu’il avait donné cette idée, il avait VRAIMENT l’impression qu’ils avançaient, ce qui était une bonne impression dans le fond. Pfiou … La jeune femme semblait savoir où se rendre, utilisant son épée comme … Comme quoi d’ailleurs ? Elle avait sorti son arme pour quelle raison ? Il se le demandait bien.

« Euh … Manelena … Pourquoi est-ce que tu pointes ton épée devant toi ? »

« Pour les repérer. Normalement, mon arme est une arme habituée à utiliser l’électricité … Si il y a une forte concentration d’électricité dans les environs, elle pointera en sa direction … Pour l’instant, nous n’avons pas encore grand-chose mais c’est mieux que rien. »

Ah oui … Bien entendu … C’était mieux que rien … Il confirmait d’un hochement de tête. Elle n’avait pas perdu de temps à utiliser son idée à sa guise pour leur permettre d’avancer. C’était vraiment une bonne chose. Il hocha la tête, marchant à côté d’elle alors qu’ils commençaient à discuter tous les deux. Bien entendu, hors de question de parler de la mission devant eux … Même si le couple savait qu’ils étaient des soldats de Shunter bien qu’ils ne connaissaient pas le grade de la jeune femme.

Une bonne demi-heure passa avant que l’épée ne pointe subitement vers la droite de la jeune femme, celle-ci haussant un sourcil. Une forte source ? Au loin ? Vers l’Est de leur position ? Hum … Elle se tourna vers Tery, reprenant la parole calmement :

« Visiblement, nous venons de trouver ce que nous cherchions … Ou alors, quelqu’un s’amuse avec l’électricité … Et ce que nous avons fait ne nous aura servi à rien. »

« Tant que nous n’avons pas essayé, on ne peut rien dire, Manelena. »

« Oui … C’est vrai … Allons-y maintenant. Quant à vous deux, vous n’êtes pas obligé de nous suivre. » dit-elle en s’adressant au couple, Sérest disant d’une voix amusée :

« Ne vous en faites donc pas, on ne vous dérangera guère pendant votre travail. »

Hmm … La jeune femme aux cheveux argentés lança un regard inquisiteur sur les deux personnes. Elle restait PLUS que méfiante envers eux. Elle ne savait toujours pas quel était la raison de leurs présences ici … sauf que cela concernait les médaillons. D’ailleurs, cela commençait sérieusement à l’énerver.

« Faites comme vous le voulez … mais je vous déconseille fortement de venir nous déranger pendant notre travail. »

« Bien entendu … Nous ne sommes pas comme cela. Nous vous laisserons faire votre rôle de soldats de Shunter. » répondit Séran avec calme alors que sa femme murmurait la même chose. Ils n’étaient pas là pour perturber leur travail.

Hmmm … Elle sentit la main de Tery serrer la sienne avec plus d’ardeur. Ne pas s’emporter hein ? Hmmm … A force, elle allait commencer à s’adoucir avec ces bêtises. Or … Il en était justement hors de question. Mais bon … Pour l’heure, il valait mieux se calmer … Ils étaient proches de leurs objectifs … Et donc, ils avaient encore beaucoup à faire car les Mékalarmiens pouvaient être assez problématiques. Ils ne connaissaient pas leur nombre.

Néanmoins, maintenant … Ils avaient une piste … et elle murmura à Tery de faire extrêmement attention lorsqu’il allait marcher. Il hocha la tête, l’accompagnant avant de placer ses deux griffes sur ses deux mains. Sérest et Séran se turent tous les deux tandis que Manelena et Tery accéléraient le mouvement.

« Si il y a de l’électricité … On ne peut pas rester sans réagir … Ils sont proches. Sincèrement … Tery … C’était tout simplement une excellente idée de ta part. »

« Merci beaucoup, ma… Manelena. C’est ce que j’ai pensé sur le moment. » répondit le jeune homme, n’étant vraiment pas habitué à une telle déclaration de la part de la maréchale.

La preuve était qu’il avait failli se tromper dans ses paroles alors qu’ils passaient d’arbre en arbre, se déplaçant à pas de loup. L’épée de la jeune femme tremblait de plus en plus jusqu’à ce que Manelena donne un petit coup contre un arbre, les tremblements s’arrêtant. C’était … cela comme méthode pour éviter que l’arme ne fasse n’importe quoi pendant un combat ? Non … Il y avait surement autre chose.

« Nous sommes visiblement bien tombés. » chuchota t-elle.

Il confirma les propos d’un hochement de tête positif alors qu’il faisait un mouvement pour demander à Séran et à Sérest de ne plus bouger. Au loin, à une cinquantaine de mètres, à travers les arbres, dans une petite clairière, un pylône d’une dizaine de mètres était visible. A son bout, une sphère était visible, de l’électricité en sortant alors qu’ils pouvaient mieux observer la situation tous les deux. Des Mekalarmiens … Ils étaient donc bien là !

Mais combien ? Il fit un rapide calcul. Une vingtaine ? Il n’était pas loin de la vérité car visiblement Manelena lui signala qu’ils étaient une quinzaine. Ca faisait quand même beaucoup pour eux deux … car oui … Il ne pensait pas que Séran et Sérest allaient frapper et les aider. De toute façon …

« Tery … C’est l’heure où on va savoir si ce sont des alliés des Mekalarmiens ou non. »

« Hum ? Tu parles du couple ? J’avoue que je n’aimerai pas … les avoir sur le dos en plus. Je n’ai jamais réellement combattu des personnes manipulant Alzar et Zélisia. »

« Si c’est cela qui te dérange tant … car tu ne prenais pas mes entraînements au sérieux, je pourrai te promettre de t’en faire baver sérieusement dès que j’en aurai terminé. »

« Hahaha … Non merci, Manelena. Je suis prêt … quand vous le voulez. » termina de dire le jeune homme tout en lui souriant.

« Imbécile … Ne me souris pas alors que l’on va au combat. Tu ne sais jamais si c’est le dernier. » marmonna la jeune femme alors que des lignes noires apparurent sur son visage. Elle était finalement prête à y aller elle aussi.

Un combat comme si c’était toujours le dernier ? C’était une notion … qu’il n’avait jamais réellement acceptée. Pour sa part, il préférait se dire qu’il voulait survivre … Toujours survivre … Car il voulait voir le lendemain. Il fit apparaitre ses lignes noires sur son visage ; se concentrant sur la personne qu’il haïssait le plus au monde. Il était temps d’y aller !

Chapitre 20 : Une vérité loquace

« Ils continuent de nous suivre, Manelena. » murmura le jeune homme, ne jetant guère un regard en arrière, sachant pertinemment qu’il disait vrai.

« Tu n’as qu’à les ignorer, voilà tout. Je le fais bien avec toi la majorité du temps. » répondit la jeune femme aux cheveux argentés. Il évita de lui répondre même si cela avait été dit avec neutralité et sans aucune méchanceté.

Mais … C’était vrai … Les deux personnes derrière eux marchaient à vitesse constante, sans pour autant se rapprocher d’eux. Non … Comme si ils savaient qu’ils n’étaient pas forcément les bienvenus à l’heure actuelle. Mais bon … Ca lui faisait un peu de peine personnellement de les laisser en arrière, il devait le reconnaître.

« Tu ne crois pas qu’on devrait parler avec eux, Manelena ? Tu sais … Même si tu ne les apprécies pas … Ils ne sont pas forcément mauvais hein ? »

« Oh … Et voilà ta naïveté qui revient au galop. Tu pensais réellement que je n’étais qu’une simple femme la première fois que l’on s’est rencontré. Dois-je te rappeler comment ça s’est terminé ? » demanda t-elle avec cette fois-ci, une pointe d’ironie dans la voix.

« Oui … C’est bon, je m’en rappelle. Pfff … Vivement une lettre de la part d’Elen. Je pense que ça ne devrait plus réellement tarder. »

Oui … D’après ses estimations, le nombre de jours qui s’était écoulé et toutes ces choses, elle devait bientôt lui en renvoyer une. Mais quand même … Ne plus revoir la jeune femme… avec des images, ça l’embêtait un peu. La dernière image qu’il avait été … était celle avec la vieille femme qui l’accompagnait. Il ne se plaignait pas mais bon … C’était quand même assez triste de ne pas avoir plus de nouvelles d’elle.

« Il vaut mieux pour toi que tu t’avises de ne pas penser à quelqu’un d’autre à voix haute, surtout à cette personne qui est une plaie pour le royaume. J’ai été gentille … mais la prochaine fois que je la verrais, je serai forcée de la combattre, compris ? »

« Tu ne lui feras aucun mal, Manelena Je ne te laisserai pas … Je résoudrai ce problème comme la dernière fois. » dit-il pour terminer la conversation.

AH ! Lui ? Comme elle venait de lui dire, elle avait été gentille la dernière fois … mais ça ne se reproduira pas. L’insouciance du jeune homme était parfois touchante … mais pas pour elle. Il devait apprendre à goûter à la triste réalité … peut-être qu’elle allait arriver un jour sans qu’il ne s’en rende compte. Hum … Et si sa mère disparaissait dans le village de Leskar ? Non … A quoi elle pensait ? Pas à un assassinat … Ce n’était pas son genre. Et surtout … S’il apprenait qu’elle avait été tuée, il ne fallait même plus espérer que le jeune homme contrôle ses lignes d’Alzar.

« Des fois … Je suis aussi stupide que lui. » murmura-t-elle.

« De qui est-ce que tu parles, Manelena ? » demanda le jeune homme avec appréhension.

« Quand j’emploie le mot stupide, je définis souvent une même et unique personne. »

« Rappelles-moi d’éviter de te parler, si c’est pour dire de telles choses. »

Et au final, il ne savait même pas si il pouvait faire que les deux personnes derrière eux les accompagnent ou non. Et bien … Autant ne pas perdre du temps. Il ralenti la marche, Manelena faisant un peu de même sans le remarquer. Finalement, les deux personnes derrière eux arrivèrent à leur hauteur, la voix de la femme se faisant entendre :

« Et bien, et bien … Je pense qu’il est grand temps de vous dire quelque chose nous concernant Séran et moi. Nous sommes en couple depuis plus d’une dizaine d’années. »

Hum ? Cela était normalement surprenant ? Enfin … Lui, il avait remarqué cela dès le départ, il suffisait de voir leurs manières, leurs discussions, à quel point ils étaient proches. Pour lui, il n’y avait aucune autre issue possible les concernant.

« Mes félicitations … Mais plus de dix ans … Cela veut dire que … Vous vous connaissez depuis très longtemps ? » demanda Tery pour lancer une conversation.

« Oh … De ce côté-ci, on doit être environ à une quinzaine d’années. Nous étions deux amis qui voyageaient ensembles et au fur et à mesure, et bien, nous avons appris à nous connaître de plus en plus, on s’est lié et la suite, vous l’avez devant vous. » dit l’homme issu du royaume d’Honoros, Tery hochant la tête pour signaler qu’il avait bien compris.

« Je vois, je vois … Je n’ai pas grand-chose d’autre à dire … Enfin bon … C’est bien … Enfin, j’aime bien les histoires comme ça. »

« Mais vous êtes très bien parti tous les deux non ? » reprit Sérest en regardant Tery puis Manelena, un sourire aux lèvres. « Cela fait déjà bien quelques temps non ? Et vous semblez si jeunes … Quel âge avez-vous tous les deux ? »

« Je me rapproche de mes vingt ans. » dit le jeune homme, attendant la réponse de Manelena. Réponse qui ne semblait pas arriver. La jeune femme aux cheveux d’argent continuait de marcher sans même leur adresser la parole, jusqu’à ce qu’au bout d’une longue minute, elle dise d’une voix lente et calme :

« Vingt-deux années. La différence d’âge étant minime, elle est inexistante. »

« Oh … C’est bien la première fois que je l’entend dire quelque chose qui a une portée relativement amoureuse par rapport à toi, Tery. » murmura Sérest, un sourire aux lèvres.

Et ce n’était pas le bon moyen pour essayer d’ouvrir Manelena aux autres. Aussitôt, après les paroles de Séreste, il prit la main de la jeune femme pour éviter qu’elle ne s’énerve. Celle-ci pourtant, restait bien calme comparée aux autres fois. Peut-être avait-elle enfin saisi et compris les enjeux par rapport à ces deux personnes ?

Finalement, après ces courtes présentations, ils purent avancer sans même être dérangé. Manelena était bien la seule à ne pas discuter avec les autres. Tery de son côté, semblait se lier assez rapidement au couple bien étonnant. Il était assez intéressé par le fait qu’ils étaient ensembles depuis plus de dix ans, tout en sachant qu’ils n’étaient pas forcément du même royaume et du même gabarit. Oui, il trouvait cela étonnant en un sens.

« Et bien … Qu’est-ce que cela veut dire ? Que deux personnes différentes ne peuvent pas s’aimer ? Si tu savais les plus grandes différences qui nous habitent, tu serais étonné. »

C’était l’homme qui s’était adressé à lui, un sourire aux lèvres comme à son habitude. De plus grandes différences. Pour la première fois, Manelena sembla intéressée. Il devait sûrement parler des … hum … de la magie qu’elle avait trouvée chez eux, n’est-ce pas ? Alors … Peut-être qu’ils allaient … Mais non … Comme si des personnes sensées allaient évoquer le fait qu’elles possédaient des lignes d’Alzar. De Zélisia, cela passait car elles étaient grandement appréciées par tout le monde Mais Alzar …

« Et bien, on ne dirait pas comme cela mais je possède les lignes d’Alzar. » annonça Sérest, gardant sa joie et sa bonne humeur.

« Et personnellement, ce sont les lignes de Zélisia. C’est bien parce que nous sommes particuliers que nous sommes unis tous les deux. »

Alors … ainsi … La femme ailée … était adepte d’Alzar ? Enfin … Elle avait réellement des lignes d’Alzar ? Il s’arrêta, étonné par la confession de Sérest. Du côté de Séran, c’était la même chose … Ils étaient … les opposés d’Elen et lui. Mais ils étaient ensembles ? Enfin, ils étaient en couple tous les deux ?

« Je sais très bien, cela paraît étonnant en un sens mais avoir des lignes opposées ne font pas de nous des personnes qui doivent s’affronter mortellement, c’est même tout le contraire comme nous te l’avons signalé. » reprit Séran devant sa mine stupéfaite.

« Comme les lignes d’Alzar peuvent très bien s’unir avec d’autres lignes d’Alzar. Avoir ces lignes ne fait pas de nous des parias qui ne peuvent avoir aucune relation sociale. » murmura Sérest en s’adressant à Tery avec douceur.

« Si seulement c’était toujours ainsi. M’enfin bon … J’ai quand même l’impression de tomber que sur des personnes ayant ces lignes. On dit qu’elles sont rarissimes … »

« Quelques milliers de personnes à peine … et quelques dizaines ayant des lignes « inversées ». » coupa Sérest lorsqu’il prit la parole. Inversé ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? « Inversées, cela revient à dire que des femmes possèdent des lignes d’Alzar et que des hommes possèdent des lignes de Zélisia. »

« Ce qui est … votre cas, n’est-ce pas ? » dit-il en les désignant du regard, le couple joignant leurs mains avec tendresse en hochant la tête.

« Oui ! En plus d’être des êtres particuliers, nous sommes encore plus particuliers dans l’exception. Cela ne pouvait être que la providence de savoir que nous sommes tombés l’un sur l’autre et que nous nous sommes réunis. »

« Mais en même temps … C’est aussi le cas de la demoiselle qui t’accompagne, n’est-ce pas, Tery ? » signala Sérest en observant Manelena.

« Elle est vraiment plus qu’exceptionnelle. Si vous saviez à quel point elle est importante, malgré le fait qu’elle considère que ce n’est pas grand-chose à chaque fois. »

« Hihihi. Vraiment … » murmura avec amusement Sérest alors que le jeune homme rougissait violemment. Est-ce qu’il avait dit une bêtise ? Le visage de Manelena s’était tourné vers lui, impassible avant de le détourner.

« Arrête tes bêtises, bon sang, Tery. » chuchota la jeune femme aux cheveux argentés, des petites rougeurs apparaissant sur ses joues. C’était la première fois … depuis qu’ils étaient ensembles à partir du début de la mission … qu’elle réagissait ainsi.

« Et en quoi est-elle si exceptionnelle ? » demanda Séran, sa femme émettant un petit rire à la question de celui-ci. Visiblement, ils avaient déjà prévu cette réponse de la part de Tery.

« Euh … Et bien … Comme vous êtes au courant pour les lignes d’Alzar, sachez que sans elle, je n’aurai jamais réussi à les contrôler. Je ne peux pas vous expliquer comment faire car c’est secret mais voilà … Et je ne vous raconte pas aussi comment ça se serait passé si elle n’avait pas été là depuis le début. On ne dirait pas comme ça … en l’écoutant mais elle est très généreuse et pense beaucoup aux autres avant elle. »

« Ou alors, elle pense beaucoup à toi principalement mais les autres n’ont aucune importance. » reprit Sérest, un peu attendrie par les paroles du jeune homme.

« Tery … Je t’ai demandé de te taire, ne me force pas à me répéter. Ils n’ont pas besoin de savoir cela … Je te rappelle que c’est confidentiel. »

« Hahaha ! Visiblement, elle est confuse par tes paroles. » termina de dire Séran.

Ah bon ? Pourtant, il ne faisait que dire la vérité. Il regarda une nouvelle fois Manelena, celle-ci s’étant tue maintenant. Elle n’avait plus rien à dire ? Ça se comprenait … Mais bon, il disait simplement la vérité. Sans Manelena … Tout aurait été bien différent. Malgré les apparences, la jeune femme était quelqu’un de vraiment très bien. Il le savait au fond de lui ! C’était peut-être pour cela qu’il aimait particulièrement être avec elle. Oui ! Il le reconnaissait entièrement ! C’était avec elle qu’il progressait !

« J’aime passer du temps avec Manelena. » dit-il à voix haute, ses paroles trahissant ses pensées alors que le quatuor s’immobilisa.

Si la jeune femme n’était pas encore assez rouge de gêne, ce fut maintenant le cas. C’était quoi ça ce qu’elle venait d’entendre ? Une déclaration amoureuse ou quoi ? Est-ce qu’il essayait de profiter du fait qu’elle ne pouvait pas annoncé qu’elle était la maréchale de l’armée de Shunter ? Non … Ce n’était pas son genre. Il était trop confus et surtout trop stupide pour avoir une telle idée. Ou alors, elle s’imaginait des choses de son côté ? Hum … Il lui semblait que le jeune homme était particulièrement attaché à Elen. Peut-être était-ce la même chose du son côté ? Un simple attachement.

« Il est parfois un peu trop simplet à mon goût. On dirait que j’ai affaire à un adolescent qui n’a qu’une quinzaine d’années avec ses premiers émois. » répondit-elle de telle façon que le message soit bien entendu par tous et toutes. Ce n’était pas une critique en soi mais simplement une remarque qui se voulait anodine. Le jeune homme se comportait parfois de la sorte … et même … Si … Non … Elle était au-dessus de tous … et malgré les paroles de Tery, elle n’oubliait pas son rôle qui était plus important que tout le reste.

« Des paroles assez dures, il faut le reconnaître, n’est-ce-pas, Séran ? » dit la femme aux ailes blanches tandis que Séran reprenait la parole à son tour :

« Mais peut-être qu’elle dit cela pour qu’il s’améliore. Et qu’en dépit de ses paroles … »

Il valait mieux arrêter là ce sujet de conversation. De toute façon, Tery semblait avoir quelque chose à dire de son côté. Puisque Séran ne parla plus, ce fut lui qui dit :

« Au passage, qu’est-ce que vous faites ici ? Vous devez bien avoir une raison non ? Comme vous venez d’Honoros et de Claudiska, c’est … »

« Qui a annoncé que nous venions de ces deux royaumes ? Ce n’est pas parce que nous avons leurs caractéristiques que nous venons de là-bas. Attention. » coupa Sérest, amusée par les paroles du jeune homme, celui-ci remarquant son erreur de jugement.

« Pardon … J’ai parlé trop vite. Mais si vous ne venez pas de là-bas, d’où est-ce que vous provenez ? Mekalarma ? Cela m’étonnerait à cause de leur politique par rapport aux étrangers, rares sont les personnes qui peuvent vivre là-bas. »

« Cela voudrait-il dire qu’il ne reste plus que Traslord ou Shunter ? » annonça Séran bien qu’il savait la réponse à cette question.

Pourquoi avait-il l’impression de tomber dans un piège ? Enfin pas exactement pensé de la sorte mais … Il sentait qu’il y avait un piège dans cette question. C’était une question rhétorique dont la réponse était facilement connue.

Mais alors … Si ils ne provenaient pas des cinq royaumes, d’où venaient-ils ? A sa connaissance, il ne s’était jamais posé la question d’autres royaumes … Les cinq royaumes étaient ceux connus, n’est-ce pas ? Manelena s’était arrêté de marcher, haussant un sourcil avant de froncer le regard.

« Avançons au lieu de perdre notre temps. Nous ne sommes pas là pour jouer aux devinettes. » annonça-t-elle avec calme avant de se remettre à se mouvoir.

Avait-elle une idée en tête ? Quelque chose dont elle se doutait ? Comme il n’était pas capable de lire dans ses pensées, il ne fit qu’acquiescer en hochant plusieurs fois la tête, revenant à sa hauteur avec un sourire aux lèvres. Il prit sa main, se demandant quand est-ce qu’il allait recevoir une lettre de la part d’Elen. Ce n’était pas que ça lui manquait … mais en même temps un peu … Et à côté, jouer le jeu avec Manelena était une chose … Pfiou, des fois, il était vraiment perturbé par tout ce qui se passait autour de lui.

« Hum … Dites-moi … Comptez-vous passer la nuit à la belle étoile ? » demanda Sérest alors qu’ils marchaient depuis plus d’une heure sans aucune interruption.

« Il y a de fortes chances. C’est devenu une habitude chez nous. L’auberge, c’était vraiment exceptionnel. Nous voyageons beaucoup dans Shunter actuellement. » répondit Tery, espérant que sa réponse satisferait Manelena. Comme celle-ci resta muette, il considéra que tout était bon et il attendait maintenant que Sérest ou Séran lui parle. L’un des deux avait sûrement quelque chose à dire en réponse à ses paroles.

« Oh … Nous de même. Il faut dire que notre mission personnelle nous force à voyager partout. Maintenant que tout s’est déroulé, il est temps pour nous d’agir. »

Après les paroles de Sérest, Manelena avait esquissé un mouvement vers son épée. NON NON ET NON ! Ne pas utiliser les armes ! Surtout pas ! Il avait voulu l’arrêter mais elle ne fit rien. Pfiou … Sincèrement, ce n’était pas une bonne chose que ça se déroule ainsi. Il savait à quoi elle pensait … C’était bien au sujet des médaillons. Le couple n’était pas au courant qu’ils avaient réussi à entendre leur conversation au sujet des médaillons.

« Enfin nous … Vous savez … On a aussi notre petite mission mais ce n’est rien de bien important. On l’accomplira quand on sera arrivé à l’endroit où il faut se rendre. » dit-il comme pour changer un peu de conversation.

« J’espère que vous arriverez à accomplir ce que vous désirez. Il serait triste que ça ne soit pas le cas malheureusement. » dit Séran avec calme et sérénité.

Hum … Lui … Il n’en savait rien hein ? Il n’était pas capable de lire dans l’avenir. La pire des choses à l’heure actuelle était surtout le fait qu’avec eux deux en prime, retrouver les éclaireurs mékalarmiens allaient se révéler plus difficile que prévu. Hum … D’ailleurs, à ce sujet, comment est-ce qu’ils allaient faire ?

« Manelena … Je me disais … On fait comment … pour notre mission ? »

« On n’a pas le choix. Je n’ai pas envie de commettre bien que je me retiens en même temps … On va essayer de les retrouver et ensuite, si les deux nous dérangent, on s’occupera d’eux. C’est aussi simple que cela. Je ne vais pas compromettre la mission simplement parce que deux inconnus dont le QI se rapproche du tien n’arrêtent pas de nous suivre. »

« HEY ! C’est pas sympa ! Je ne t’ai rien fait cette fois ! » s’écria t-il.
Pour toute réponse, elle prit son bras pour le tirer contre elle avant que sa main ne vienne dans la sienne. Qu’il se taise un peu, c’était trop lui demander ? En vue de la réaction qu’il eut à cause de ce geste, elle comprit que son plan pour le faire taire venait de réussir. Tant mieux, elle n’aimait pas perdre du temps avec ce genre d’inutilités.

La journée passa rapidement, Séran forçant Tery à venir avec lui pour chasser quelques animaux pour le repas de ce soir mais aussi laisser seule à seules les deux femmes ensembles. C’était une tactique pour les séparer ? Et leur tirer les vers du nez ? Il se le demanda alors qu’il suivait Séran, remarquant à quel point les hommes originaires d’Honoros … étaient stupéfiants et grands. Ils étaient vraiment si impressionnants …

« Et bien … Alors, ça fait combien de temps que tu es dans l’armée de Shunter ? Tu m’as l’air assez jeune non ? Ca doit être récent. »

« Euh … Je n’ai jamais vraiment calculé mais je me rapproche des un ou deux ans quand même … Mais je ne l’ai pas déjà dit auparavant ? »

« Je ne sais plus réellement … Mais vous savez que c’est rare que ma femme soit intéressée par d’autres personnes ?  Surtout que malgré ce que l’on dit, les lignes d’Alzar lui posent un certain problème par rapport aux autres. Mais bon … Elle est si belle avec ses ailes blanches. Tant qu’elle ne montre pas ses lignes d’Alzar, elle n’a aucun problème. »

« Les lignes d’Alzar … Je regrette de les posséder. Pour ma part, j’aimerai ne jamais les avoir eues … Mais bon … Je ne vais pas détester ceux qui les possèdent. Ils n’ont pas forcément voulu les avoir eux aussi. »

« Ce sont des paroles assez tristes mais réalistes … Savais-tu que les possesseurs des lignes d’Alzar sont souvent des personnes mélancoliques et tristes ? A la base, elles sont affectées psychologiquement par le rejet des autres. Puis peu à peu, elles deviennent solitaires … et quand les autres utilisent la violence, elles commencent à faire de même et deviennent incontrôlables. Non … Les lignes d’Alzar ne sont pas à rejeter à la base … Mais plus à plaindre, voilà tout. » annonça Séran d’une voix lente.

« … C’est … C’est exactement ce que je ressens … Vous savez, les lignes de Zélisia ne sont pas forcément bonnes non plus. J’ai une amie … très proche … qui a des lignes de Zélisia … Elle m’a signalé que certaines personnes utilisaient ces lignes à des fins maléfiques. »

« Et oui … C’est cela la réalité de ce monde. La majorité des gens ne voient qu’en deux couleurs : noir et blanc. Comme nos lignes en fin de compte. Mais entre ces deux couleurs, il existe le gris. A partir de là, il serait bête de considérer qu’Alzar n’est que noir et Zélisia n’est que blanc. Chacun, avec ses capacités, est maître en partie de son destin. »

« Vous êtes … vraiment un couple ? » demanda le jeune homme avec intérêt. C’était bizarre … L’impression qu’il avait en voyant cet homme.

« Hum ? Cela parait peu crédible ? Mais encore une fois, il n’est pas rare que des personnes d’un royaume puissent aimer celle d’un autre royaume. Je vais prendre cette citation de ma femme car elle est très bonne : l’amour n’a pas de frontières. »

« Je … ne voulais pas dire cela … Je parlais plus des lignes d’Alzar et Zélisia. Elles sont réellement opposées dans tout … »

« Oh … Je vais donc encore citer ma femme en rajoutant la fin de la phrase : l’amour n’a pas de frontières, qu’importe les formes qu’elles ont, que cela soit physiques, sociales ou autres. Si deux personnes s’aiment malgré toutes leurs différences, c’est bel et bien une grande marque d’amour entre elles non ? »

« Oui … Sûrement … Je suis désolé d’avoir posé cette question. » murmura Tery avec lenteur, baissant un peu la tête d’un air confus. Ce n’était pas vraiment … ce qu’il voulait dire …

« Et de toute façon, la réalité des « qui se ressemble s’assemble » et « les opposés s’attirent », c’est souvent une vaste blague. Du genre, nous ne sommes pas aveugles, Sérest et moi. Nous savons parfaitement que vous n’êtes pas un couple tous les deux. » annonça l’homme de forte taille alors qu’il se statufiait.

Qu … Quoi ? C’est sûr que c’était difficilement crédible … mais quand même … Comment est-ce qu’il pouvait être aussi sûr de cela ? Et puis surtout … Cela voulait dire qu’ils étaient avec eux, jouant le jeu du faux couple ? Au final … Ils avaient décidé de les séparer … pour peut-être les tuer plus facilement ? Bon sang ! C’était un piège !

Chapitre 19 : De nouveaux compagnons

« Oh ! Voilà donc les deux amoureux qui ont enfin fait la paix. » murmura l’homme provenant d’Honoros. Manelena ne lui répondit pas, Tery tirant la chaise pour qu’elle puisse s’asseoir avant de faire de même.

« Disons juste qu’il … fallait discuter entre nous deux mais maintenant, ça va beaucoup mieux. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns, prenant la main de Manelena avant de l’embrasser doucement. Elle se prêta au jeu, le laissant faire. La femme aux ailes de plumes blanches s’adressa à Manelena :

« Et bien … C’est quand même assez mouvementé de votre côté, n’est-ce pas ? Je ne pensais pas qu’une telle chose serait possible mais bon … Comme les gens aiment souvent le dire, qui aime bien châtie bien. On peut remarquer parfaitement que malgré ce que cette jeune femme montre au grand jour, elle est très attachée à toi, Tery. »

Hum ? Ils n’allaient quand même pas de disputer, hein ? Ses yeux se posèrent discrètement sur Manelena pour voir sa réaction. Si les gens commençaient à s’imaginer ces choses, ça n’allait rien arranger, il en était sûr. Ah … Mais enfin bon … C’est ce qu’ils désiraient en même temps … alors bon … Peut-être que … C’était à Manelena de bien se comporter. Il chercha sa main sous la table, la trouvant. Il fut surpris de voir que c’était elle qui croisa ses doigts avec les siens tandis qu’elle prenait enfin la parole :

« Je préfère rester discrète quant à ma relation avec Tery, c’est tout. Le problème est que j’ai des accès de violence assez soudaine dès qu’il y a un léger problème par rapport à lui. »

Gloups. Elle venait en clair de prévenir les deux autres personnes qu’elle était prête à user la force s’ils commençaient à être un peu trop gênants. Quoi de mieux pour nouer quelques liens ? Il tenta de dire quelques mots mais la main de Manelena le serra avec plus de force, le faisant gémir de douleur. Ok ! Il allait se taire ! Il avait compris !

« Oh … Mais même pendant ces accès de violence, il est bon de savoir se contrôler pour ne pas blesser celui qu’on aime, n’est-ce pas ? »

La femme aux cheveux noirs gardait toujours le même sourire aux lèvres, comme amusée par les paroles de Manelena. Celle-ci évita de montrer son irritation, gardant son calme et sa concentration. Ca ne … servait à rien de s’emporter inutilement.

« Peut-être que je pourrais savoir pourquoi vous nous collez autant, tous les deux ? »

Hey ! Il y avait d’autres façons de poser une question ! Il posa un regard accusateur sur Manelena, celle-ci ne semblant même pas s’en préoccuper. Pourtant, les deux personnes en face ne semblèrent avoir aucun problème, comme si toute cette histoire ne les dérangeait pas.

« Je ne pense pas que nous nous connaissions plus que cela. De même, vous ne vous êtes guère présentés d’après ce que je sais, n’est-ce pas ? »

« Manelena ! AIE ! Tu pourrais quand même demander plus poliment ! » dit le jeune homme malgré le fait qu’elle le pinçait et serrait trop fortement sa main pour le faire taire. Mais visiblement, cela semblait sans effet sur le moment.

« Alors … Je m’appelle Sérest. » annonça la femme aux ailes blanches. « Et lui s’appelle Séran. Voilà pour les présentations. » dit-elle en désignant l’homme à côté d’elle. « Quant à vous, d’après ce que j’ai pu entendre … Vous vous appelez Manelena et Tery. Enchantée de vous connaître. Que faites-vous donc ici ? »
Est-ce qu’ils n’avaient pas déjà eu cette conversation auparavant ? Est-ce qu’elle voulait savoir le point de vue de Manelena sur la question ? Enfin bizarre … Très bizarre même.

« Pourquoi devrions-nous vous le dire ? Je crois que Tery a déjà dû annoncer que nous étions deux soldats de Shunter, n’est-ce pas ? Alors bon … Vous êtes des espions au service d’Honoros et de Claudiska ? Pour essayer d’extirper des informations de la boîte crânienne de l’imbécile qui me sert de fiancé ? »

« Nullement … Nous sommes comme vous … Enfin, nous sommes déjà un couple, n’est-ce pas Séran ? » dit la femme aux cheveux noirs, prenant la main deux fois plus grosse de Séran dans les siennes. L’imposant homme la regarda avec affection, baisant ses deux mains.

« C’est le cas … Depuis plus d’une dizaine d’années. Et j’espère que cela continuera encore et encore plus longtemps. » annonça Séran avec tendresse bien qu’un léger voile de tristesse se dessina sur son visage et celui de Sérest.

« Dix ans … Ah … Ça fait beaucoup. » dit le jeune homme comme pour chercher un sujet de conversation bien qu’il n’arrivait pas à en trouver un.

« Oh … Ce n’est guère si important que ça. Je suis sûr qu’entre vous deux, cela durera très longtemps aussi. Tant qu’il y a de la passion, l’amour est éternel. »

Hum … Il se serait presque étouffé à moitié avec ces paroles. De la passion ? Entre lui et Manelena ? Il regarda la jeune femme aux cheveux argentés. Peut-être que … Si … Enfin … Il y avait des réactions plus qu’importantes et violentes, il fallait le reconnaître donc peut-être que jouer de la passion … C’était … Le regard de Manelena se posa sur son visage, le faisant légèrement rougir avant que Sérest fasse une petite remarque :

« D’ailleurs … Alors que de ton côté, Tery, il est parfaitement visible que tu aimes Manelena, ça n’a pas l’air d’être forcément le cas. Sans vouloir rentrer dans les détails intimes et personnels … Êtes-vous fiancés de force ? Ou alors contre votre gré ? »

« … … … Il m’aime ? » murmura Manelena avec un peu d’étonnement, bien que ses mots avaient été étouffé dans l’œuf. Elle regarda le jeune homme tandis que nul n’avait entendu ce qu’elle avait dit. Hum … C’était donc pour cela que Tery n’arrêtait pas d’essayer de se mettre en valeur à ses yeux ? Non, c’était stupide de la part de Sérest de dire une telle chose. La raison ? Il était parfaitement visible de voir que le jeune homme était attiré par cette petite blonde toujours masquée de blanc. Elle fit un petit geste négatif de la main en disant :

« Rien qui ne soit forcé. Non … Mais je ne suis pas vraiment sûre de tout cela. Bon … Au lieu de parler, je crois qu’il va falloir que nous nous préparions à partir dès demain. Nous sommes restés trop longtemps dans cet endroit. Je monte dans la chambre. »

« Euh … D’accord … Je ne vais pas tarder à te rejoindre alors, Manelena. » termina le jeune homme, un peu étonné de la réaction de celle qui était la maréchale. La jeune femme aux yeux rubis fit un petit geste de la main pour les saluer avant de monter à l’étage. D’ailleurs … Depuis qu’ils étaient apparus, ils n’avaient pas vraiment avancé dans toute cette histoire.

« Elle me donne l’impression de comprendre quelque chose qu’elle n’avait jamais remarquée auparavant. » annonça Séran avec neutralité.

« Euh … Peut-être que oui … Je vais vous quitter moi aussi. Bonne journée … ou soirée. Je n’ai même pas vérifié quelle heure il est, pardon. »

« Nul besoin de t’excuser. Bonne soirée, Tery. Nous nous reverrons dès demain alors. » dit Sérest avec douceur. Il quitta la table, se dirigeant à l’étage pour retourner dans la chambre.
Cette fois-ci, il n’eut pas à tambouriner contre la porte, celle-ci n’étant pas fermée à clé. Il poussa un petit soupir de soulagement, pénétrant à l’intérieur de la chambre avant de refermer derrière lui. Manelena était déjà couché dans son lit ?

« Est-ce que tu dors ? » demanda le jeune homme avec un peu d’anxiété, surtout après tout ce qui s’était passé. Il est vrai … que la discussion avait été un peu « spéciale », il le reconnaissait mais bon …

« Est-ce que je donne l’impression de dormir, Tery Vanian ? » dit la jeune femme couchée dans le lit. Ah … Quand elle l’appelait ainsi, ça voulait dire qu’il y avait un souci. Il commençait à comprendre comment elle raisonnait.

« Je ne crois pas … Enfin … Si … Dans le lit … Merci quand même, ça s’est bien mieux passé qu’auparavant. Ces personnes sont assez bizarres non, tu ne trouves pas ? Leurs noms … Et puis … Je ne sais pas … Leur comportement aussi. »

« Tu avais plutôt l’air d’apprécier de rester en leur compagnie plutôt qu’avec la mienne. »

« Pas plus que ça, Manelena. Je peux te le promettre. » annonça t-il en haussant les épaules tandis qu’il se dirigeait vers son lit, se déshabillant à moitié avant de plonger dedans.

Voilà qu’ils étaient tous les deux là à observer le plafond tandis qu’aucun ne prenait la parole. Est-ce que Manelena avait des questions à lui poser ? Ca serait possible … Surtout après tout ce qui avait été dit … Hum … Euh … C’était plutôt problématique oui … Il ne savait pas vraiment si il pouvait la regarder. Il tourna sa tête sur le côté pour l’apercevoir, remarquant qu’elle le fixait depuis déjà plusieurs minutes.

« … … … … … Manelena, il ne faut pas croire ce qu’à dit Sérest. »

« Quand est-ce que tu vas avouer à cette petite femme masquée tes sentiments ? » dit-elle en ne lui laissant pas la possibilité de continuer à parler.

Ses sentiments ? Il avait bien pensé qu’ils allaient discuter de tout ça mais … Pas en ce qui concernait Elen hein ? Plutôt par rapport aux paroles de Sérest la concernant … Il ne … pouvait pas nier d’un côté qu’il avait quelques sentiments pour la maréchale mais rien d’amoureux. Non … Ses sentiments envers Manelena … étaient vraiment compliqués.

« Je ne crois pas que ça soit à l’ordre du jour. Pas le moins du monde même. »

« … … … Car tu aimes quelqu’un d’autre ? » reprit la jeune femme aux yeux rubis.

« Ohla ! NON ! On ne va pas commencer comme avec Clari hein ? » dit-il en se redressant dans son lit, plus que confus. Il en était hors de question ! Il ne voulait pas retomber dans les travers de ce genre de discussions ! Il avait assez donné à ce sujet ! Pourtant, Manelena continuait de le regarder fixement, attendant une réponse plus sincère de son côté. Pfff … « Bon … J’ai quand même quelques marques d’affection pour quelques filles … mais je suis un homme hein ? C’est normal pour moi de réagir face au sexe opposé ! »

« Je ne remettais pas en cause tes hormones, Tery. »

« … … … Je ne suis pas vraiment convaincu là. Enfin bon, c’est encore à cause de personnes un peu trop désinvoltes comme Clari ou alors cette Sérest qu’on pense de telles choses à mon sujet ! Pffff … Sincèrement, ça ne me plait pas du tout. »

« Car cela te fait réfléchir sur des points que tu préfères ignorer depuis le début. Je vais m’endormir, je pense que ça sera mieux. »

« Euh … Manelena … Merci quand même d’avoir fait un effort hein ? Je tenais à te le dire. » annonça le jeune homme sans qu’elle ne lui réponde, fermant les yeux. Elle n’avait visiblement pas envie de lui parler ou de continuer la conversation.

Le lendemain matin, lorsqu’il se réveilla, ce fut pour apercevoir Manelena qui était assise sur son lit, le fixant sans cligner des yeux. Qu’est-ce-que … Il eut une soudaine bouffée de chaleur, se redressant dans son lit. On pouvait lui expliquer ? Car là, il avait besoin de réponses hein ? Il lui dit lentement :

« Est-ce que tu … peux me dire ce qui se passe, Manelena ? Et bonjour. Il est quelle heure ? Tu as bien dormi ? Tu es réveillée depuis longtemps ? »

« Je ne peux pas tout répondre à la suite. Alors … Bonjour, il doit être environ dix heures … J’ai dormi plutôt convenablement … Je suis réveillée depuis deux heures. Quant à ce qui se passe, ce n’est rien de grave, voilà tout. »

« Merci bien pour toutes ces réponses. Que faisons-nous aujourd’hui ? » demanda-t-il à la jeune femme avant de se lever du lit.
Pour toute réponse, elle l’embrassa sur la joue, retirant ses lèvres quelques instants plus tard. Elle semblait maintenant en proie à la réflexion, comme si l’acte qu’elle venait de commettre n’était pas anodin et normal. Il chercha une explication puis subitement fit de même de son côté. Cette fois-ci, il avait répliqué. Il alla ensuite se laver le visage tout en disant :

« Ça ne réponds pas vraiment à ma question, Manelena. Tu veux qu’on aille encore les suivre ? C’est à toi de décider hein. »

« Nous avons une mission à accomplir. On a perdu trop de temps par ma faute. Donc non, on va arrêter de suivre ces deux personnes. De toute façon, avec la discussion d’hier, elles me donnent plus mal au crâne qu’autre chose. Donc, on attend que tu te prépares, on déjeune et ensuite, on part d’ici, cela te convient ? »

« Bien sûr que oui. Je serai prêt dans quelques minutes. »

« Je vais t’attendre en bas alors. Dépêche-toi. » dit la jeune femme aux cheveux d’argent avant de quitter la chambre pour le laisser seul.

Elle n’eut guère à attendre plus de temps qu’il avait promis. Il descendit très rapidement, la jeune femme l’attendant à une table isolée des autres. Elle avait commencé à déjeuner, l’invitant à s’asseoir avec elle. Chose qu’il fit avant de prendre la parole :

« On y va tout de suite après déjeuner ? Je préfère être certain. »

« Tu as autre chose à faire dans cette ville, Tery ? » demanda-t-elle posément.

« Je pensais juste à une petite visite des rues marchandes. Tu sais … Te promener un peu, ces choses futiles et inintéressantes comme tu aimes les appeler. »

« Nous n’avons pas le temps pour cela, Tery. Mangeons et nous verrons ensuite. » annonça la jeune femme avec calme tandis qu’elle finissait son déjeuner. De son côté, il venait à peine de l’entamer. Bon… Ca ne faisait rien. C’est juste qu’il voulait vivre paisiblement et calmement pour quelques jours. D’ailleurs, en y réfléchissant bien, pouvait-on considérer qu’il avait eu des vacances réelles depuis son arrivée dans l’armée de Shunter ?

« Dit … Manelena … Est-ce qu’il y a des moments où les soldats peuvent se reposer ? Enfin … Vraiment se reposer, ça veut dire, aucun entraînement, aucune marche, bref, qu’ils peuvent avoir des loisirs et s’occuper de ce qu’ils aiment. »

« A chaque fois que tu ne combats pas, n’est-ce pas du repos ? Je pense que les soldats en ont bien assez. Pourquoi une telle question ? Tu ne vas quand même pas te plaindre ? »

Il hocha la tête négativement, signalant bien par-là que ce n’était pas du tout son intention. Seulement … Bon … Maintenant qu’il y réfléchissait, il y avait bien une question qui le taraudait … et il devait la poser. Il murmura à la jeune femme :

« Manelena … Dis … Qu’est-ce que tu fais pendant tes jours de repos ? Enfin … Tu vois … »

« Mes jours de repos ? Tu crois vraiment que j’en ai ? Que j’ai du temps à perdre ? »

« Des fois … Cela te ferait du bien de décompresser. Dès qu’on en a terminé avec cette mission, on ira se promener dans Midès. Qu’est-ce que tu en penses ? »

Elle fit un geste négatif de la main. Hors de question. Il commençait à essayer de franchir certaines barrières et ça ne lui plaisait pas. Néanmoins … Avec toutes ses phrases plus celles d’hier, cela commençait à faire beaucoup pour que ça ne soit qu’une simple coïncidence. Vivement qu’il reçoit une lettre de cette … Elen et qu’il la lâche un peu, il devenait un peu trop collant, beaucoup trop même. Pourquoi avait-elle voulut le suivre ?

C’était vraiment absurde des fois. Il fallait se l’avouer … Le jeune homme n’avait rien d’exceptionnel … Et le nombre de ses échecs était bien plus important que le reste des personnes qu’elle connaissait. Vraiment … Pour qui se prenait-il ? Son ami ? Il devait réellement arrêter de croire une telle chose. Il allait avoir un retour de bâton assez impressionnant … Oh oui … Quand la mission serait terminée … Il allait voir à quel point il allait souffrir … voir même bien plus que ça.

Ou peut-être que non … Enfin … Elle ne savait pas … Elle était assez perturbée ces derniers temps, elle devait le reconnaître. Elle passa une main sur son front, le jeune homme lui demandant si tout allait bien. Elle rétorqua que non avant de se corriger, signalant que tout était bon. Ce n’était pas ça … Le problème. Elle se leva dès qu’il eut terminé de manger. Il était temps de partir dès maintenant.

« Allez … On prend nos affaires dans la chambre, on rend la clé puis on s’en va d’ici. Je n’ai pas que ça à faire … Nous avons autre chose à accomplir. »

« Toujours aussi agréable … Je vais chercher les affaires, d’accord ? » dit-il en se levant à son tour, retournant dans la chambre tout en souriant à la jeune femme.
Quelques minutes plus tard, il tendit la clé à l’aubergiste, revenant auprès de Manelena qui fit un geste de la tête pour lui dire d’avancer. Ils quittèrent l’auberge, se dirigeant vers la sortie de la ville. Pfiou … Elle était un peu soulagée, il fallait l’avouer … Ils n’avaient pas rencontré les deux personnes d’hier. Elle avait du mal à les supporter. Rien que leur façon de parler l’exaspérait au plus haut point.

« Coucou ! Nous vous attendions ! » dit une voix féminine qui la fit sursauter et frémir mais pas d’effroi … plutôt de dégoût. Ils attendaient pas … Ces deux personnes venues d’autres royaumes. Qu’est-ce qu’ils faisaient ? Elle avait cru très mal entendre.

« Hein ? Mais … Pourquoi ? Pourquoi est-ce que vous nous attendiez ? » demanda Tery alors qu’elle lui murmurait de se taire et d’avancer.

« Et bien … Car nous avons décidé de vous accompagner dans votre voyage et puis … »

« Non merci. » coupa sèchement Manelena en s’adressant à l’homme qui avait pris la parole. Elle ne voulait rien savoir d’eux, ils étaient en mission pour le royaume de Shunter et il était hors de question qu’une personne extérieure rejoigne le groupe. Et puis … A la base, elle avait fait cela pour être tranquille avec Tery.
Hum ? Tranquille dans le sens où elle ne voulait pas être dérangée ! Bien entendu ! Ce n’était pas un sombre complot qui visait à ce que le jeune homme et elle restent seuls. Elle s’arrêta, prenant une profonde respiration énervée. Et voilà ! Maintenant, elle commençait à penser comme ces imbéciles ! Elle n’avait rien à voir avec Tery, voilà tout !

« Nous sommes … désolés … mais on ne peut pas accepter d’autres compagnons. » reprit Tery, une mine légèrement déconfite avant que la femme aux ailes blanches ne s’approche de lui, venant lui murmurer dans l’oreille :

« Si tu veux, je pourrais te donner quelques conseils amoureux. »

Il pouffa sur le coup, étonné par la réplique de Sérest, ne s’y attendant pas. C’était quoi le problème avec les femmes et lui ? La majorité de celles-ci ne parlait que de choses absurdes en relation avec ça. Il en avait un peu assez :

« Est-ce que j’ai sérieusement une tête qui a besoin de conseils sur ce point ? »

« Personnellement … Je dirai que oui. Dès l’instant où on évoque ce sujet, tu rougis violemment comme si tu n’y connaissais rien ou alors que c’est un sujet sensible. » reprit Sérest avec amusement, un regard tendre posé sur lui.

« Tery ! On n’avance ! On n’a pas de temps à perdre avec eux ! ALLEZ ! Je t’ordonne de de te ramener ici dès maintenant ! » s’écria la jeune femme aux yeux rubis.

Le jeune homme aux cheveux bruns bafouilla quelques excuses, courant vers Manelena jusqu’à lui prendre la main. Elle le laissa faire sans rien dire, serrant ses doigts dans les siens avant qu’il ne lui murmure :

« Tu ne les trouves pas un peu … inquiétant, Manelena ? »

« Inquiétant n’est pas le mot que j’aurai employé pour les définir, pas du tout même. » reprit la jeune femme avec ironie, serrant plus fortement les doigts du jeune homme dans les siens.

« D’ailleurs … Ils nous suivent. Qu’est-ce que nous faisons ? On les ignore ? » demanda Tery alors qu’elle paraissait un peu surprise par ses dires.

« Toi ? Le gentil petit garçon trop niais ? Qui demande si on doit ignorer des personnes accueillantes et sympathiques à vue d’œil ? » dit-elle avec un petit sourire qui le désarma.
Un sourire … sincère … de la part de la maréchale. Il la regarda longuement, les yeux restant grands ouverts alors qu’il ne savait pas réellement comment réagir. Elle … Enfin … Le sourire disparu très rapidement alors qu’elle reprenait :

« Et bien ? Qu’est-ce qu’il y a encore ? Arrête de m’observer avec cet air bête ! »

« Ah … Rien du tout … Rien du tout … Par contre, ils continuent de nous suivre. » termina de dire le jeune homme aux cheveux bruns.

« Je crois qu’on va devoir se les coltiner pendant quelques temps … »

Il était d’accord avec elle. Il n’y avait pas d’autres choix. De plus, il restait quand même le mystère … des lignes d’Alzar et de Zélisia sur ces deux personnes. Hum … Il fallait le reconnaître … Ils n’étaient pas mauvais d’après ce qu’il pouvait remarquer. Mais voilà … Ils étaient quand même en mission, il ne fallait pas l’oublier.
Les deux personnes issues d’autres royaumes vinrent à leur niveau, les saluant avec un grand sourire. En plus … Ils avaient quel âge ? Ils n’étaient pas du leur déjà … Manelena avait quand même vingt-et-un ans non ? Voir vingt-deux ? Enfin, ça ne se demandait pas … Mais ils n’étaient pas si éloignés au niveau de l’âge … contrairement à eux par rapport à Sérest et à Séran. Oui … Là, de ce côté, il y avait au moins une dizaine d’années par rapport à eux.

Chapitre 18 : Animosité

« Vous parlez que l’on vous suit … Mais n’est-ce pas l’inverse ? Qui est la personne qui nous a surpris de dos pendant que nous rentrions à l’auberge ? » demanda Manelena avec ironie.

« Elle marque un point là-dessus. » annonça la femme ailée avec un grand sourire, s’adressant à l’homme venu d’Honoros. Celui-ci haussa un point, répondant :

« Il faut dire que nous vous rendions uniquement la pareille. Mais cela ne répond pas à notre question, pourquoi est-ce que vous nous suiviez ? »

« Et pourquoi est-ce que vous pensez être potentiellement intéressants au point qu’une personne tente de vous suivre ? » reprit Manelena sur le même ton qu’auparavant. Tery passa une main sur son épaule, lui chuchotant bien que tout le monde pouvait entendre :

« Calme-toi donc un peu. Ça ne sert à rien de t’emporter. Allez … Viens on rentre car tu ne réagis pas de la bonne façon contrairement à d’habitude, Manelena. »

Il lui avait pris la main comme à son habitude, la tirant vers lui pour qu’ils continuent de marcher. Ils devaient se rendre à l’auberge avant de créer trop de problèmes. La femme ailée poussa un petit cri ravi en les voyant main dans la main, le forçant à s’arrêter avant même de réellement commencer à marcher. Elle dit avec amusement :

« Vous êtes donc aussi un couple ? Enfin, plutôt jeune. Ça fait toujours plaisir de voir deux personnes qui s’aiment. Pardonnez-moi pour mes paroles un peu dures. »

« Pardon accepté. Je ne suis pas du genre à en vouloir aux personnes inconnues. » répondit Tery avec un sourire tandis que Manelena gardait un visage froid. « Mais si vous voulez bien nous excuser, nous devons rentrer à l’auberge. »

« Oh … Il se pourrait que cela soit la même auberge que la nôtre. Nous séjournons ici pour environ une semaine. » dit l’homme à l’imposant physique.

Et … Euh … Qu’est-ce que ça voulait dire en soi ? Il ne tarda pas à le savoir puisque les deux personnes commencèrent à les suivre à faible distance. Elles parlaient entre elles, Manelena serrant plus fortement la main de Tery. Celui-ci lui chuchota de garder son calme en toutes circonstances. Ça ne servait pas à grand-chose de s’emporter et surtout … Il n’aimait pas la voir en colère … Il fallait dire qu’il avait une mauvaise expérience à ce sujet.

Ils arrivèrent à l’auberge, la jeune femme montant aussitôt à l’étage, le laissant seul avec le couple qui ne semblait pas vouloir les lâcher. Il s’installa à une table, poussant un léger soupir avant de demander une cruche d’eau. Les deux personnes vinrent s’installer en face de lui, demandant un peu de vin. Qu’est-ce qu’ils lui voulaient ?

« Cela fait combien de temps que vous êtes ensembles ? » questionna l’homme d’Honoros.

« Hum ? Qui ? Moi et Manelena ? Euh … Disons que je la connais depuis plus d’une année, je dirai … Je ne suis plus sûr de la date exacte à ce sujet. » répondit le jeune homme aux cheveux bruns, un peu gêné. Il remercia la serveuse, prenant la cruche d’eau et le verre avant de commencer à boire, un peu gêné de parler de telles choses à des inconnus.

« Hum … Néanmoins, vous semblez très proches d’après ce que j’ai remarqué. »

Ah bon ? C’était pas vraiment l’impression qu’il avait … Enfin, la majorité du temps … Car des fois, c’était aussi la sensation qu’il avait … Mais majoritairement … Ce n’était pas vraiment ça qu’il aurait dit … Hum … Puis bon …

« Enfin, c’est pas si important que ça. Par contre, pourquoi est-ce que vous nous avez suivis ? Vous dormez aussi dans cette auberge ? » demanda t-il avec appréhension.

« Bien entendu. Enfin, pas encore pour l’instant mais d’ici quelques minutes, ça sera le cas. » répondit la femme aux ailes blanches, gardant son sourire aux lèvres.

… … … Il était encore tombé sur deux personnes carrément louches, n’est-ce pas ? Oh bon sang … Il préféra ne pas boire, l’homme issu d’Honoros disant à la femme qu’il allait réserver une chambre pour la nuit. Pendant ce temps, la femme ailée s’adressa à Tery :

« Et bien … Maintenant, nous pouvons encore discuter un petit peu ensembles, n’est-ce pas ? J’ai l’impression que nous t’effrayons. »

« Je ne dirai pas que je suis effrayé, j’ai déjà vu bien pire dans mon existence … Et je préfère ne pas en parler d’ailleurs à ce sujet. »

« Hum ? Maintenant, je suis intéressée. De quoi s’agit-il ? Est-ce une crise de jalousie de la part de la jeune femme que j’ai pu voir avant qu’elle ne monte à l’étage ? »

Une crise de jalousie ? De la part de Manelena ? Il y avait erreur sur la personne. Manelena n’en avait strictement rien à faire de lui. La petite crise était plutôt quotidienne avec Clari bien qu’il savait que ce n’était pas pour une raison … sentimentale. Il fit un petit geste négatif de la main, reprenant la parole :

« Je ne pense pas que ça soit ça. Sinon, cela se verrait parfaitement. »

« Oh … Ce n’est pas l’impression qu’elle me donnait mais peut-être que je me trompe. Et sinon, que faites-vous dans cette ville ? A voir l’armure qu’elle portait sur une partie de son corps, je ne pense pas que ça soit de la boulangerie. »

« Je suis un soldat de Shunter, elle est de même. Enfin, elle est là depuis plus longtemps que moi et donc, bon, en quelque sorte, je … »

« Oh. Comme c’est mignon. Elle était en quelque sorte ta tutrice dans l’armée de Shunter et au final, vous vous êtes rapprochés de plus en plus. »

« Mais non ! Ce n’est pas comme ça ! » répondit-il en rougissant un peu à cette idée.
C’était toujours ça avec les femmes ou quoi ? Elles inventaient des histoires à l’eau de rose concernant n’importe qui et le plus gros problème ? C’est qu’il avait l’impression que c’était un peu ainsi … Il se sentait quand même plus proche de la maréchale maintenant qu’à ses débuts … Il savait ce qu’elle était réellement et il trouvait cela plus important que pas mal d’autres choses dans le fond. Oh oui … Pfiou … Mais bon …

« Ce n’est pas le sujet de la conversation. Qu’est-ce que vous faites ici sinon ? Car vous ne semblez pas être de Shunter. » Dit-il en reprenant le fil de la conversation.

« Oh … Brillante déduction. Ayant des ailes, je proviens donc de Claudiska. Quant au grand gaillard qui m’accompagne, il n’est pas de Shunter lui aussi mais d’Honoros. »

Il s’en serait douté. Il haussa les épaules aux paroles de la femme aux ailes blanches. Bon … Maintenant, qu’est-ce qu’il allait faire ? L’homme allait revenir d’ici quelques minutes, il avait quand même un peu de monde qui parlait avec l’aubergiste. Il se leva de la chaise avant de s’adresser à la femme aux cheveux noirs.

« Pardonnez-moi mais je vais voir comment cela se passe avec … »

« Oui, oui … Nul besoin de s’expliquer, je comprends parfaitement ce que tu essaies de me dire, nous sommes aussi passés par là tous les deux. »

Elle se faisait des illusions … comme chaque femme. Pfiou ! Enfin non … Dans le cas de Manelena, elle n’était pas aussi fleur bleue que les autres. Il monta les escaliers avec une légère anxiété, se dirigeant vers la chambre qu’ils avaient réservée. Il voulut rentrer à l’intérieur mais la porte était fermée à clé.

« Qu’est-ce que ce que … Manelena ? Manelena ? » demanda t-il en commençant à toquer plusieurs fois, aucune réponse ne se faisant entendre. « Manelena ? Tu es là ? Manelena ? Tu peux m’ouvrir si tu es là ? »

Encore le vide qui lui répondait. Il n’était pas inquiet … Enfin … Pas trop mais il n’aimait pas du tout cela. Qu’est-ce qui se passait ? Il toqua assez fortement contre la porte, tambourinant en recommençant à prononcer son nom. Pourquoi ne voulait-elle pas ouvrir la porte ? Bon … Il n’aimait pas faire une telle chose.

« Manelena … Si tu ne m’ouvres pas, je crois que quelques personnes vont savoir ce que tu es réellement. Tu ne voudrais pas, n’est-ce pas ? »

Aussitôt, la porte s’ouvrit, un bras féminin le tirant vers la chambre. La porte se referma aussi rapidement qu’elle s’était ouverte, le jeune homme se retrouvant plaqué contre un mur. Des lèvres se posèrent sur les siennes ou du moins, il y aurait presque cru alors que Manelena était … là … juste à quelques centimètres de lui. Ce n’était pas ses lèvres qui étaient touchées mais … le bord de celles-ci … à moitié sur la joue. Qu’est-ce que ça voulait dire ?! Manelena avait fermé ses yeux, retirant ses lèvres alors qu’elle passait une main sur sa bouche comme pour s’essuyer.

« Cela devrait suffire comme marque … »

« De … De … De quoi ? Comme marque ? De quoi est-ce … Est-ce que tu parles ? » balbutia-t-il, trop surpris pour réagir correctement et bouger du mur.

« Puisque ces deux personnes croient que nous sommes ensembles, il va falloir alors leur donner ce qu’elles veulent. A partir de maintenant, tu es avec moi. J’espère pour toi que tu n’as rien dit qui pourrait compromettre cette idée car sinon, je risque d’être « veuve ». »

« Il n’y a pas besoin d’aller aussi loin, Manelena ! » s’écria le jeune homme, ne sachant plus du tout où se mettre avec cette histoire.

« Est-ce que tu veux bien arrêter de faire le prude ? Il n’y a rien entre nous et il n’y aura jamais quelque chose. Tu es inintéressant comme homme. »

« … … … Alors, je ne vois pas pourquoi je devrais marcher dans ta combine, Manelena. »

Maintenant qu’il pouvait bouger et qu’il avait repris ses esprits, il allait repartir. Ca ne lui plaisait pas de rester ici. D’un côté, il devait jouer les fiancés éperdus d’amour, de l’autre, se faire insulter ? Non merci, il passait à côté de tout ça.

« Tu refuserais l’un de mes ordres, Tery ? Je ne te pensais pas suicidaire à ce point. »

« Ce n’est pas une question d’être suicidaire ou non … mais juste d’être raisonnable. En même temps, tu peux me dire comment je peux paraître crédible dans mon rôle alors que tu n’arrêtes pas de me menacer quotidiennement ? »

« Tu n’es pas vraiment en ordre d’avoir un avis sur la question. »

« Alors, débrouille-toi seule. » termina-t-il de dire alors qu’elle avait fait apparaître des lignes noires sur son visage. Elle n’allait pas le laisser s’en tirer ainsi. Avant même qu’elle réagisse, il avait déjà quitté la chambre, descendant les escaliers une nouvelle fois. Il ne voulait plus perdre son temps avec ça. Elle pouvait quand même être plus polie. Et surtout bien plus agréable. Puis aussi … Il y avait la scène du baiser. Enfin, ce n’était pas un véritable baiser non plus hein ? Mais … C’était perturbant pour lui.

Elle n’avait aucune décence et ça l’embêtait plus que tout. Il avait quand même … le droit de s’exprimer hein ? Il n’était pas simplement un outil pour la maréchale. Pourquoi est-ce qu’il avait pensé quelque chose de sympathique envers elle ? Car … Il espérait quand même que tout aille bien mieux … Mais à force, il se demandait si c’était vraiment possible une telle chose … Maintenant, il avait envie de revoir Elen car il savait qu’elle n’était pas comme ça. Il voulait juste … vivre un peu plus normalement que son quotidien actuel.

« Et bien … On dirait que vous avez eu une petite dispute tous les deux. »

Aussitôt qu’il avait descendu les escaliers, l’homme provenant d’Honoros s’était adressé à lui, un petit sourire confus aux lèvres. Il pensait qu’il était responsable de tout cela ? Non … Le jeune homme fit un geste de la main, disant :

« Vous n’avez pas à vous en faire, ce n’est pas ce que vous croyais. »

« Ah bon ? Et que devons-nous croire alors ? » demanda la femme de Claudiska, se trouvant juste à côté de l’homme en face de Tery.

« Rien de bien important, je vous le promets. Je vais aller prendre un peu l’air, ça ne peut me faire que du bien. Bon séjour dans cette auberge. »

« Merci bien. » répondirent les deux personnes alors qu’il quittait l’auberge pour se balader.

Une minute s’écoula avant qu’une personne aussi rapide qu’une ombre ne descende des escaliers à son tour. La femme aux cheveux noirs eut un léger sourire en voyant la personne sortir de l’auberge à son tour.

« Et bien … Malgré tout ce qui se passe, il semblerait qu’ils soient plutôt attachés l’un par rapport à l’autre. Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Et bien … Tout simplement que c’est une bonne chose. En dépit de ce qui semble se passer, il y a de fortes chances qu’ils se protègent mutuellement. Est-ce que tu as vu ce jeune homme ? Il est quand même bien spécial, n’est-ce pas ? »

« Et cette jeune femme … Elle l’est tout autant. Je pense que nous allons bien nous amuser et nous distraire, n’est-ce pas ? » reprit la femme ailée, gardant son sourire peint sur son visage.

« Enfin … Ce n’est pas forcément un jeu, je tiens à te le rappeler. Mais il est vrai … que les voir ensembles, cela me rappelle quelques souvenirs plus qu’appréciables à mes yeux. »

L’homme rigola, comme amusé par ses propres paroles tandis que la femme aux cheveux noirs passa une main dans ses cheveux. Oui … C’est vrai … Elle reconnaissait parfaitement ce qu’il disait … Ce n’était jamais très simple dans le fond. Mais ces deux jeunes gens … Ils se soutenaient plus qu’ils ne le croyaient. Il fallait juste qu’ils s’acceptent … qu’ils l’acceptent … Et tout serait bien mieux pour eux.

« Bon sang … Où est-ce qu’il est parti ? Il n’a pas pu disparaître aussi vite ! »

Elle était en colère, toujours en colère ! ENCORE en colère par sa faute ! Elle ne pouvait pas réagir autrement devant le jeune homme ! Il faisait tout pour la mettre en pétard ! Ce n’était pas possible autrement ! BON ! Elle tourna sa tête vivement à gauche et à droite. Un blanc-bec pas très grand, elle allait facilement lui mettre la main dessus !

« TERY VANIAN ! SI TU NE TE RAMENES PAS MAINTENANT, TU VAS AVOIR DE SERIEUX PROBLEMES ! » hurla t-elle en pleine rue, plusieurs citoyens se retournant vers elle. Elle n’avait nulle honte de crier ou de se faire remarquer. Elle valait mieux que ça !

« Mademoiselle … Vous êtes priée de ne pas créer de troubles à l’ordre public. » dit un soldat en s’approchant d’elle, peu sûr de lui malgré ses paroles. Elle était grande, plutôt très grande même. Celle-ci posa son regard sur lui, fronçant les sourcils :

« Je n’ai pas que ça à faire. Le seul qui risque d’avoir des troubles, c’est celui sur lequel je mettrais la main d’ici quelques minutes. »

« Ce que vous comptez faire, tant que cela reste dans la légalité la plus complète, ne concerne que vous. Je vous prie quand même de vous calmer. »

« Je ne me calmerais pas … tant que je n’aurai pas mis la main sur lui. »

« Si c’est moi que tu cherches, je suis désolé mais je n’ai pas envie de me faire frapper. » répondit avec lenteur une voix derrière elle. Elle eut à peine le temps de se retourner qu’elle vit le jeune homme qui s’éloignait en courant. AH ! LE VOILA !

Elle allait lui mettre la main dessus ! Contrairement à lui, elle n’avait pas peur de ses lignes noires ! Elle les fit apparaître sur son visage, des petits cris se faisant entendre autour d’elle. La peur … La peur qui se lisait dans les regards des citoyens … C’était cela … Les lignes d’Alzar … AH ! Elle n’avait peur de rien, ni personne ! Elle vivait parfaitement avec ce qu’elle avait en elle ! Pourquoi chercher autre chose ? Elle n’avait besoin de rien d’autre ! Sauf de ce stupide homme qui tentait de mettre de la distance avec elle. Il espérait VRAIMENT réussir à s’enfuir ? Quel homme stupide !

Il ne lui fallut guère de temps pour le rattraper, le jeune homme continuant de courir sans même se retourner. Il ne voulait pas voir sa tête ? Elle allait le forcer à cela ! OH QUE OUI ! Il allait en baver ! Elle allait lui faire regretter pas mal de choses ! Le pauvre petit homme … On ne cherchait pas à contredire la maréchale Nali sans en payer le prix. Elle arriva finalement à sa hauteur, un sourire maléfique aux lèvres :

« Je peux savoir de qui est-ce que tu t’enfuis, Tery Vanian ? »

« Je ne sais pas trop … Peut-être de toi, Manelena. » répondit le jeune homme sans être décontenancé, se stoppant net avant de faire un demi-tour sur lui-même. Tiens donc … Il espérait vraiment hein ? Quel imbécile. Elle se stoppa à son tour, n’ayant aucune difficulté à faire de même. C’était ingénieux … mais pas suffisant pour elle. Elle était déjà à son niveau encore une fois, le jeune homme poussant un profond soupir :

« Tu n’as pas peur de tes lignes noires, Manelena ? Enfin de les laisser paraître au grand jour. Ça pourrait causer pas mal de problèmes. »

« Contrairement à toi, je n’ai pas honte de mes lignes. Maintenant … TU VAS T’ARRÊTER ! C’est un ordre ! » s’écria t-elle avant de poser sa main sur le derrière de son crâne pour l’emmener tout droit vers un mur.
Le jeune homme posa ses deux mains aussitôt pour éviter de percuter le mur avec son front. Elle était dingue ou quoi ? Et maintenant, les gens commencèrent à les entourer de plus en plus sans vouloir s’éloigner. Et voilà … Pfff …

« Je n’aime pas me donner en spectacle … Manelena. Il vaut mieux que nous rentrions dans l’auberge. Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Pour que tu tentes de t’enfuir une nouvelle fois ? Je vais te briser les deux jambes et les deux bras avant … par simple mesure de précaution. J’espère que tu comprends … »

« MANELENA ! STOP MAINTENANT ! » s’écria-t-il avec autorité, la jeune femme s’arrêtant aussitôt, surprise. Ce fut lui qui prit les deux mains, la tirant vers lui avant de regarder autour d’eux. Voilà que des soldats s’avançaient parmi la foule. Pfiou … Ils allaient avoir des problèmes, de gros problèmes. Il sera sa main dans la sienne avant de recommencer à courir une nouvelle fois. Il valait mieux mettre de la distance avec les soldats.
Finalement, ils retournèrent à l’auberge, le jeune homme ayant tout fait pour disperser les soldats et éviter qu’ils ne les poursuivent. Sans même un mot, il monta à l’étage avec Manelena, celle-ci n’ayant rien dit depuis la petite colère du jeune homme. Lorsqu’ils s’enfermèrent dans la chambre, elle lui donna une violente claque qui l’envoya tombé sur le sol. Elle vint s’asseoir sur son ventre, l’immobilisant ainsi sur le sol.

« Enfin … Tu as décidé de te rendre … Maintenant, tu vas le payer cher. Tu vas vo… »

Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Tery posa ses deux mains sur ses épaules, arrivant à peine à les atteindre. Il la poussa pour la faire tomber sur le sol, inversant leurs rôles alors qu’il se trouvait sur elle. Il ne semblait pas avoir décoléré lui aussi ?

« Et si … nous parlions tous les deux ? Ah … En fait non … Manelena … Je veux bien que nous fassions semblant d’être un couple mais il va falloir que tu te comportes comme Clari sinon, ça ne va pas le faire du tout entre nous deux. Je sais très bien que tu es ma supérieure mais pour cette mission, il va falloir l’oublier complètement. Nous sommes fiancés et c’est tout ce qui importe, rien d’autre. Donc, on joue le jeu quand nous sommes devant d’autres personnes mais aussi quand nous sommes seuls. Après, quand tout ça sera terminé, je n’ai rien contre une torture voir même une peine de mort car je m’adresse de la sorte à la maréchale mais voilà … Pour l’heure … Nous sommes juste tous les deux ensembles, c’est tout, d’accord ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« … … … Ce que j’en pense ? C’est que tu en profites un peu trop à mon goût. »

Elle roula sur le sol, le faisant tomber sur le côté avant de se redresser. Elle s’épousseta, n’ayant même pas un regard vers le jeune homme. Pour qui est-ce qu’il se prenait ? Ce n’était pas à cause d’elle que la mission risquait d’être un échec, loin de là même. C’était bien différent même. Oh que oui … Elle prit la parole lorsque Tery fut debout :

« Je ne vois pas pourquoi je devrais t’obéir. Tu n’es pas mon supérieur. En fait, je pense même que tu te crois un peu trop sûr de toi. »

« CE N’EST PAS CA ! MANELENA ! »

Il vint la serrer avec force, les lignes d’Alzar se présentant sur son visage tandis que ses deux mains enlaçaient la jeune femme, bloquant ses deux bras. Elle commença à pester, cherchant à se libérer avec ses propres pouvoirs sans y arriver. Depuis quand est-ce qu’il était aussi fort ? Elle grogna, se débattant sans y arriver.

« Manelena ! Arrête ! Arrête s’il te plaît ! Tu veux … Tu veux qu’on y arrive non ? Alors il faut se calmer ! Il faut vraiment que l’on soit … ensembles sur ce coup. »

« C’est bien toi qui a refusé ma proposition auparavant ! Ne te moque pas de moi ! »

Ce n’était pas ça ! Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle compliquait toujours tout ? Il pensa à l’idée de la relâcher mais … Il valait mieux … éviter. Il murmura de lui faire confiance et surtout de le considérer comme son égal, chose qu’elle n’avait jamais fait. Elle s’était mise à trembler, serrant les dents en murmurant :

« Je veux bien … tenter de faire un effort … mais tu me le payeras, Tery. »

« Ça ne sera pas la première fois, Manelena. Tout ce qui m’importe, c’est toi, pour l’heure. » termina t-il de dire avec un petit sourire en la relâchant. Tout … allait bien se passer.

Chapitre 17 : Un couple détonnant

Hum … En pleine nuit, il se redressa dans le lit, poussant un léger soupir. Un regard à gauche puis à droite et il remarqua que Manelena était assise dans le lit, ses yeux posés sur la fenêtre. Hum … Elle ne dormait pas ? Il demanda avec lenteur :

« Des difficultés pour dormir, Manelena ? Je ne pensais pas que ça pouvait t’arriver … »

« Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Je ne peux pas alors que malgré le fait que nous soyons dans Shunter, nous sommes en terrain inconnu. »

« Tu commences à trop dramatiser la situation à mon goût. Ne t’en fait pas, tu peux dormir tranquille, je vais veiller sur toi. » murmura le jeune homme avec un petit sourire.

« Toi ? Est-ce que c’est une blague ? Si c’est le cas, elle est loin d’être amusante. » répliqua la jeune femme aussitôt, Tery haussant les épaules.

« Est-ce que j’avais l’air de plaisanter ou non ? Considère ça comme un tour de garde. Tu te reposes, je te surveille et inversement. »

Visiblement, la façon dont il avait prononcé ceci semblait avoir fait mouche chez la jeune femme. Elle hocha la tête positivement, se couchant finalement dans son lit. Il chuchota :

« Bonne nuit, Manelena. Dors bien … J’ai l’impression que c’est le manque de sommeil qui te rend hargneuse à chaque fois. Héhéhé … Non, je rigole. »

« Encore une farce de ce genre et tu pourras faire un sommeil éternel … mais bon … Bonne nuit, Tery. Evite alors de dormir … »

Héhéhé. Il rigola très faiblement, observant la jeune femme aux cheveux argentés en train de dormir. Qu’elle se repose. Elle en avait sensiblement besoin d’après ce qu’il avait remarqué et compris. Hum … Il continua de la regarder, un sourire aux lèvres jusqu’à ce qui entende son souffle chaud pour signaler qu’elle se reposait. Voilà … C’était parfait … Manelena dormait paisiblement et c’était le plus important à l’heure actuelle. Il n’aurait jamais cru qu’un jour, il puisse avoir une telle discussion avec elle. Enfin … Non … Une telle existence. Ça lui plaisait bien dans le fond … Il avait envie de revoir Elen maintenant. Peut-être qu’ils pouvaient avoir ces petits moments aussi tous les deux ? Il l’espérait.

Bon … Par contre, il avait veillé toute la nuit, s’étant mis debout et adossé contre un mur près de Manelena. Il avait simplement croisé les bras, fermant les yeux à moitié. Il était pourtant resté concentré et éveillé toute la soirée, jusqu’à ce que Manelena se réveille. Elle passa une main dans ses longs cheveux gris, le jeune homme murmurant :

« Bon … sang … Je ne pensais pas que ça prendrait autant de temps … Le soleil est levé depuis déjà au minimum cinq ou six heures. »

« … … Tu es capable de tenir pour la journée ou non ? Que tu évites de tomber au sol en pleine rue … car je ne te ramasserai pas, Tery »

« Et bien … On verra ça tous les deux. On va voir de quel bois je suis fait ! »

Elle haussa simplement les épaules, ne voulant même plus discuter avec lui. Ça ne servait à rien. Elle lui demanda de partir alors qu’elle allait se laver, chose qu’il fit. Lorsqu’il se trouva de l’autre côté de la porte, il s’adossa à nouveau contre un mur, fermant les yeux. Hum … Il était quand même très fatigué. Ca n’allait pas être simple hein ?

Manelena ressortit une vingtaine de minutes plus tard, le secouant légèrement pour le réveiller. ET ZUT ! Lorsqu’il ouvrit les yeux, elle le regardait fixement, signe qu’elle n’appréciait pas le moins du monde ce qui venait de se passer. Enfin bon … Il s’excusa plusieurs fois, la jeune femme ne lui répondant pas avant de descendre les escaliers. Ils allèrent déjeuner ensemble, Manelena signalant ce qu’ils allaient faire de la journée. Cette fois-ci, ils allaient visiter la ville dans ses moindres recoins puis ensuite commencer à explorer les environs. Hum … Bonne idée …

Ils quittèrent finalement l’auberge, une heure après qu’elle se soit levée. Ils commencèrent leurs investigations, surveillant comme elle le désirait, de nombreuses personnes qui n’étaient pas issues de Shunter. Hum … Ca ne lui plaisait que moyennement d’ailleurs à ce sujet … Il n’appréciait pas cette idée que de surveiller ceux qui n’étaient pas de sa race. Ça lui semblait … saugrenu et désagréable en un sens.

« On ne pourrait pas faire une pause, Manelena ? » dit-il après plus de quatre heures de surveillance, sans que cela donne de résultats.

« Nous n’avons pas avancé le moins du monde. Nous devons commencer à étudier tout ce qui se trouve autour du village puisque nous n’avons rien obtenu dans celui-ci. »

Pfff … Ca ne servait à rien de discuter avec elle visiblement. Il poussa un léger soupir, acquiesçant d’un hochement de tête tout en l’accompagnant. Vraiment … Puisqu’il en était ainsi … Bon, il avait un peu faim et soif mais il valait mieux ne pas se plaindre avec Manelena. Surtout qu’elle semblait être de méchante humeur encore aujourd’hui. Le sommeil n’avait pas fait son effet ou quoi ?

Mouais … C’était mieux de ne pas chercher à comprendre avec elle. Il ne voulait absolument pas de problèmes … avec elle. Ils sortirent de la ville, les gardes les saluant en leur expliquant de faire attention aux alentours, rien n’était réellement sûr avec tout ce qui se passait dans le royaume. Encore une fois, il haussa simplement les épaules, suivant la jeune femme dans ses mouvements. Il ne voulait pas se poser de questions.
Ils se dirigèrent vers un terrain rocailleux qu’elle avait repéré lors de leur petite course effrénée. Ah … La course, ça lui avait plutôt plu sur le moment. Il avait eu l’impression d’avoir affaire à une vraie femme. Maintenant, ce n’était plus réellement le cas. Enfin bon … Il n’y avait que des rochers à perte de vue, rien de bien intéressant. Parfois, quelques petites créatures … se faisaient entendre au bruit de leurs pattes mais bon …

« Tu es sûre qu’il y a quelque chose de bien ici ? »

« Et comment est-ce que je pourrais te donner la réponse ? » dit-elle la jeune femme aux cheveux argentés avec ironie, comme à son habitude.

« … Laisse tomber encore une fois. J’ai l’impression qu’on perd notre temps. »

Elle lui donna une claque derrière le crâne pour le faire avancer, le faisant gémir de douleur. Ce n’était pas ça qu’elle recherchait à la base, il devait pourtant le savoir avec le temps non ? Alors bon … Pfff … Ils parcoururent le terrain rocailleux une nouvelle fois, ne trouvant rien d’intéressant ici jusqu’à ce que Manelena dise :

« Bon … Nous pouvons partir d’ici. Ce n’est pas là que nous trouverons ce que nous cherchons. Ce terrain est à découvert et je ne pense pas que des mékalarmiens prendraient le risque de s’installer ici. »

« … … … Brillante déduction, Manelena. Je ne pensais pas que tu le remarquerais aussi vite. » ironisa le jeune homme, une seconde baffe lui arrivant sur la joue.

« Je ne te permets pas de m’adresser la parole de la sorte, c’est bien compris ? Je suis encore ta supérieure, que je sache ! Est-ce que le message est bien passé ? »

« Au final, je dois te considérer comme ma maréchale ou non ? Car j’ai l’impression de tourner en rond à cause de tout cela. »

« … … … Tu le fais exprès, n’est-ce pas ? Je crois qu’une sévère correction s’impose pour que ça soit bien ancré dans ton petit crâne. » conclut-elle en sortant sa lame, le jeune homme ne semblant nullement apeuré par cette vision cette fois-ci.

« Manelena … Tu es très lunatique comme femme. Il est vraiment difficile de savoir à quoi tu penses … Peut-être que c’est cela qui fait ton charme. Tu veux que l’on reparte en direction des bois ? Là, il y aurait plus de chances de découvrir des éclaireurs. »

« Je crois que je vais t’égorger, Tery Vanian. » dit la jeune femme en rangeant son arme, craquant les doigts de ses mains avant de les approcher du cou de Tery.

Celui-ci se laissa faire, la fixant de ses yeux verts avant que ses deux yeux se ferment. Il tituba légèrement, Manelena poussant un petit cri de surprise. Elle n’avait même pas serré ! Elle ne l’avait pas étranglé ! Qu’est-ce que ça voulait dire ? Le jeune homme rigola avant de dire :

« Désolé … Mais je suis plus fatigué que prévu … C’est peut-être pour ça … que … Pfiou … Je me sens plus suicidaire que d’habitude. J’ai moins de réflexion ancrée dans le crâne. »

« Sûrement ça … Oui … On va plutôt rentrer en ville car vu ton état, tu ne serviras pas à grand-chose. Allez … Soutiens-toi à mon épaule, n’espère quand même pas que je te porte. »

Il rigola intérieurement, un sourire discret dessiné sur les lèvres. Il n’avait pas besoin d’elle pour tout cela mais il reconnaissait amplement la fatigue. Mais … Il savait qu’il avait raison au sujet de Manelena. D’ailleurs … En y pensant un peu, ça lui rappelait … lui et Elen. Enfin, à leurs débuts, lorsqu’il n’arrêtait pas de se disputer avec elle. Hum ? Que …

« Quoi ? Qu’est-ce … Manelena ? » dit-il avec surprise, sa tête et le reste de son corps collés contre la poitrine de la jeune femme.

« Quand je signale quelque chose, ce n’est pas pour que tu me désobéisses, Tery Vanian. Ca ne sert à rien de prétendre ce que l’on n‘est pas, est-ce bien compris ? »

Ca ne servait à rien de répliquer. Humpf … Il se laissa porter à moitié par Manelena, celle-ci recommençant à marcher pour l’emmener ailleurs. Il n’avait pas l’habitude de rester aussi longtemps en train de veiller, c’était de s faute, il le reconnaissait mais quand même … Enfin bon … Elle l’emmenait où ? A nouveau dans les bois ? D’ailleurs, en y repensant, Shunter était de loin le royaume le plus beau à ses yeux … surtout à cause de ses forêts et de sa végétation. Oui … Même si Shunter semblait avoir des siècles de retard au niveau technologique et scientifique, il restait admiratif de son royaume.

« Attention. Il y a quelqu’un, Tery. » murmura t-elle subitement, se cachant derrière un arbre, le serrant contre elle. Il commença à rougir violemment, se retrouvant dans une situation qu’il jugeait plus qu’embarrassante pour lui. Gloups … Il déglutit, cherchant à retirer sa tête de cet endroit plutôt confortable bien qu’elle l’en empêchait, reprenant faiblement : « Arrête de gesticuler, bon sang ! Ca me semble plus qu’intéressant cette conversation. »

Une conversation ? Hum ? Il arrêta de bouger, tendant l’oreille comme la jeune femme. Deux voix … Une masculine … Une féminine … Un couple d’amoureux ? Qu’est-ce qu’ils en avaient à faire de ces derniers ? C’était ça qui intéressait Manelena ? Et à entendre les propos des deux personnes, ils semblaient vraiment très amoureux … Etait-ce deux jeunes gens qui venaient de découvrir l’amour ? Pfiou … Il leva les yeux pour voir le visage de Manelena, si sérieux, si … fixe et dénué d’émotion.

« Qu’est-ce qu’il y a encore ? » demanda t-elle en le regardant à son tour.

« … Ri … Rien … C’est bon ? Ils sont partis ? J’ai du mal à entendre dans cette position. »

« Co… Comment … HEY ! » dit Manelena en le repoussant finalement, comprenant la position équivoque dans laquelle ils se trouvaient tous les deux. « Arrête un peu d’en profiter, pervers. On est en mission, je te rappelle. T’en as du culot pour faire une telle chose à moi. »

« Mais je n’ai rien fait moi ! C’est toi qui … »

« Tais-toi un peu bon sang. Maintenant, ils sont partis ! On va les retrouver tout de suite et on les observe, c’est bien compris ? » coupa t-elle aussitôt la parole, lui prenant la main pour le forcer à la suivre. He … Hey ! Elle avait pris quoi au petit-déjeuner ? Et surtout, ça servait à quoi d’aller observer les affres amoureuses d’un couple hein ?

Enfin … Il ne valait mieux pas poser la question à Manelena qui semblait bien décidée à les suivre, qu’importe ce qu’il dirait. Mais qu’est-ce qu’ils en avaient à faire d’eux ? C’était bizarre … Ils étaient spéciaux ou quoi ? Enfin … Il n’avait même pas pu voir à quoi ils ressemblaient et il espérait que Manelena le savait de son côté. Hum … Le jeune homme aux cheveux bruns se laissa emporter par la jeune femme alors qu’ils quittaient les bois à toute allure. Ils se retrouvaient maintenant sur le chemin tracé dans la terre pour les emmener à la ville dans laquelle ils avaient dormi hier.

« Tu es sûre de toi ? Ces deux personnes … à les entendre … Elles ne me paraissaient pas si dangereuses que ça … non ? Et puis, elles ressemblent à quoi ? Deux soldats de Mekalarma ? Un peu comme toi et moi ? »

« Nous ne sommes pas en couple. En vue des dialogues, ils semblaient très proches, oui. »

Comme ça, c’était dit … Il ne répliqua pas, haussant simplement les épaules pour dire que c’était comme elle le désirait. Il n’y avait aucun problème à ses yeux. Alors ? Ils allaient retourner en ville puisque visiblement, il n’y avait pas d’autres endroits pour trouver ces deux personnes ? Elle hocha la tête positivement.

Après un bon bout de marche, étant à nouveau dans la ville, elle envisagea la possibilité de se séparer pour mieux chercher ces deux personnes mais il refusa. Ce n’était pas la meilleure des idées à l’heure actuelle. De même, il n’appréciait pas l’idée de se séparer d’elle. Elle lui rétorqua avec ironie qu’il avait peur de ne pas savoir se débrouiller seul. Pour toute réponse, il serra simplement la main de Manelena, commençant à marcher à travers les ruelles.
Alors … Qu’est-ce qu’ils recherchaient ? Est-ce qu’elle savait au moins à quoi ils ressemblaient ? Elle annonça que non mais qu’elle allait facilement reconnaître leurs voix dès qu’elle les entendrait. Ah bon … Si elle le disait … Il ne pouvait que la croire car à l’heure actuelle, ce n’était pas trop le cas. Et puis bon … Pourquoi suivre ces deux personnes ? Devant tant de questions, Manelena poussa un grognement caractéristique, prête à lui répondre car elle savait qu’il ne la lâcherait pas :

« Ils parlaient des médaillons. Or … A ma connaissance, ils ne semblaient pas de Shunter d’après le dialecte qu’ils utilisaient. »

« Donc ils n’ont pas été envoyé par le roi. Il y a d’autres personnes qui recherchaient ces médaillons ou non ? Enfin d’autres organisations ? Les autres royaumes ? »

« Ils ne savent rien au sujet de ces médaillons … Moi non plus … Mais qu’est-ce que je raconte. Tu n’es qu’un simple soldat, tu n’as pas à connaître ces plans. » dit-elle sèchement.

« Je ne pensais pas à mal hein ? Enfin … Bon … Je ne vais pas me disputer une énième … »

« Mais tu vas arrêter de répéter cette phrase ?! Est-ce que l’on se dispute ? J’ai l’impression que tu cherches vraiment les ennuis, Tery ! »

Voilà qu’elle avait haussé la voix au beau milieu d’une ruelle remplie de personnes. Le jeune homme regardait à gauche et à droite. C’est vrai que des fois, il pouvait s’abstenir de parler mais quand même … Il n’y avait pas besoin de s’exciter comme ça non plus hein ? Il ne lui voulait rien de mal, elle devait le savoir, n’est-ce pas ? Son but était loin de la mettre en colère. Ce n’était pas du tout son genre.

« Tu devrais quand même te calmer un peu, Manelena. Des personnes nous regardent. » chuchota t-il, espérant par-là l’adoucir par ses paroles.

« Me calmer ? Mais je suis calme, Tery Vanian ! Je suis très calme ! La preuve ! Je vais juste te frapper une ou deux fois. » répliqua la jeune femme, serrant son poing droit.

« Quel couple charmant … Cela se voit qu’ils sont très proches l’un de l’autre. » murmura avec douceur et amusement une voix derrière eux.
La femme aux yeux rubis se stoppa net dans son geste, la surprise se lisant sur son visage. Cette voix … C’était celle d’auparavant ! Tery avait déjà cherché à protéger son visage, se le cachant derrière ses mains. Il n’était pas adepte de la souffrance ! Il voulait éviter les blessures inutiles ! Alors bon … Si elle pouvait éviter … Ça lui ferait plaisir … Il retira ses mains, remarquant que le coup n’était pas venu avant qu’il ne se fasse tirer par Manelena.

« Mais où est-ce que tu m’emmènes ? » demanda t-il devant une foule abasourdie.

« Je ne suis pas un phénomène de foire contrairement à toi. » répliqua la jeune femme.
Il ne s’était jamais considéré comme tel non plus hein ? Il haussa simplement les épaules, continuant de se faire traîner sans même chercher à s’enfuir. Il valait mieux ne pas la déranger, n’est-ce pas ? Elle l’emmena dans une ruelle, le relevant avant de le plaquer contre un mur, rapprochant son visage de son oreille. Elle chuchota :

« Les deux personnes dont je te parlais … Nous avons leurs traces … J’ai réussi à jeter un bref coup d’œil pour voir à quoi elles ressemblaient. »

« Si tu parles de la grande perche et de la femme ailée … Je les ai vues aussi. » murmura t-il, Manelena haussant un sourcil de surprise. Elle reprit :

« Visiblement, tu n’es pas complètement inutile, Tery Vanian. C’est bien d’eux dont je parlais. Un homme issu d’Honoros et une femme issue de Clausiska. »

« Et qu’est-ce qu’ils ont de si spécial pour que tu t’intéresses à eux ? »

« Je suis à peu près sûre à 100% de savoir quand une personne a des lignes d’Alzar ou de Zélisia … Et visiblement, ces deux personnes les possèdent. »

Ohla ! Des lignes d’Alzar et de Zélisia ? Et ils étaient ensembles ? Il avait l’impression de se retrouver avec Elen ou Clari. Enfin, d’après un constat vite fait, ces personnes semblaient avoir au minimum une trentaine d’années … et il n’était pas aussi âgé à sa connaissance. Manelena le relâcha, le jeune homme se massant les bras puis le cou avant de demander ce qu’ils allaient faire. C’est sûr que ce n’était pas commun de voir une personne de Zélisia avec une d’Alzar mais quand même … Il semblait toujours tomber sur elles malgré tout ce qu’il faisait. Il suffisait de voir Elen, Clari ou tout simplement … elle. A croire qu’il attirait ces personnes comme par enchantement.

« Et qu’est-ce que ça va nous apporter au passage, Manelena ? »

« Je te rappelle qu’ils ont parlé des médaillons. Tu n’en as pas assez de poser des questions particulièrement stupides, Tery ? »

« Je suis vraiment désolé, Manelena. Là, sur le coup, je suis bien en faute. »

« Comme bien trop souvent à mon goût. Si tu as le temps de t’excuser, tu as le temps de marcher. On va aller les observer un peu en douce. »

Sans lui laisser le temps de lui répondre, elle reprit sa main dans la sienne, le tirant hors de la ruelle avant de revenir vers l’endroit où ils s’étaient disputés. A partir de là, elle observa les alentours, des têtes se tournent vers eux avec un sourire. Qu’est-ce qu’ils s’imaginaient encore à leur sujet ? Qu’ils évitent de croire ce qu’ils voyaient, tout était faux ! Ah ! Bon … Il n’y avait pas cinquante chemins à prendre de toute façon ! Elle continua à le traîner sans répit, ne le laissant pas souffler ne serait-ce qu’un instant. Finalement, elle s’arrêta au bout d’une quinzaine de minutes, le jeune homme se demandant si c’était terminé. Et pourtant, non, elle recommença ses mouvements pendant encore cinq minutes pour enfin lui lâcher la main.

« Je me sens mal … » murmura t-il, se secouant la tête plusieurs fois de suite.

« Tu vas te taire un peu ? Je viens de les retrouver, je n’ai surtout pas envie de les perdre de vue ! C’est bien compris ? Alors tu as intérêt à te calmer. »

Pfff … Vraiment … Elle n’allait pas toujours être derrière lui non plus hein ? Elle se posait souvent la question de savoir pourquoi elle avait décidé de l’accompagner ? A l’heure actuelle, elle n’avait aucune réponse. Et si la réponse ne lui convenait pas … Alors elle allait préférer l’oublier, c’était aussi simple que cela.

Bon, maintenant qu’il s’était calmé, ils pouvaient peut-être se remettre au travail, n’est-ce pas ? Allez … Non … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Ils n’étaient plus là ? HEIN ? Elle tourna sa tête à gauche et à droite. Ce n’était pas possible ! Comment avait-elle pu les perdre de vue aussi facilement ? Elle s’était tournée pendant quelques secondes à peine !
QUELQUES SECONDES ! Elle s’apprêtait à être enragée et à aller frapper Tery une nouvelle fois avant de s’arrêter. Non … Ca n’arrangeait rien … Rien du tout même. Il valait mieux … rentrer à l’auberge pour aujourd’hui. Tsss … Vraiment … Elle signala cela à Tery, le jeune homme acquiesçant d’un hochement de tête dubitatif. Elle allait leur mettre la main dessus dès demain ! Ils allaient voir ce qui allait les attendre !

« Nous pouvons savoir qui est-ce que vous suivez ? » murmura une voix derrière eux alors qu’ils étaient en route vers l’auberge.

Elle se retourna aussitôt, sortant son épée en pleine rue pour la pointer vers la voix, féminine de surcroît. Les voilà ! Elle en avait été sûre ! Ils étaient au courant qu’ils avaient essayé de les chercher … Et ils étaient tombés dans son piège ! Maintenant … Ils allaient pouvoir discuter … Enfin, façon de parler.

Hein ? C’était donc ces … personnes, n’est-ce pas ? Bizarre … Enfin, bizarre car elles n’étaient pas de Shunter. La femme avait des cheveux noirs assez courts, une frange cachant l’un de ses yeux verts. Elle portait une longue robe rouges aux épaules nues, mettant en valeur son corps mais le plus remarquable chez elle était bien les deux ailes blanches qu’elle avait dans le dos. Elles semblaient magnifiques, on ne pouvait pas le nier. C’était donc elle qui venait de Claudiska visiblement. Elle était à peine aussi grande que lui.
Quant à l’homme, il n’allait pas s’attarder en détails sur lui car ce n’était pas son genre. Mais sa forte stature, d’au moins deux mètres quinze, montrait rapidement ses origines honoriennes. Et puis bon, les muscles saillants bien visibles ne laissaient aucun doute à ce sujet. C’était à peine s’il était recouvert avec sa veste qui laissait le torse à découvert. Il avait des cheveux bruns, des yeux de même couleur mais surtout, toujours un sourire aux lèvres.

« Et si vous nous donniez quelques explications ? Je ne crois pas que nous nous connaissons, n’est-ce pas ? » demanda l’homme qui avait sûrement une trentaine d’années comme la femme ailée qui l’accompagnait. Pourquoi fallait-il qu’à chaque fois, ça se déroule mal ?

Chapitre 16 : L’efficacité en duo

« Attention à toi, Tery. Ils sont plus nombreux de ton côté. »

« Tu n’as pas à t’en faire pour moi, je ne suis pas bête à ce point non plus. » répondit-il, ses deux griffes ensanglantées sur ses mains.

Que s’était-il passé en quelques heures ? Rien de bien spécial, ils avaient simplement décidé de continuer une courte exploration des bois dans lesquels ils se trouvaient. Et là … Ils étaient tombés nez à nez avec une petite troupe de gnomolds. Une vingtaine environ. Autant dire selon les propres termes de Manelena, c’était plutôt facile comme divertissement.
Actuellement, il se trouvait entouré par quatre gnomolds, ses deux griffes en main alors que Manelena avait un sourire aux lèvres. Munie de son épée, elle ne semblait même pas utiliser ses lignes d’Alzar contrairement au jeune homme. L’expérience était clairement différente et visible entre eux deux. Elle se débarrassait de ses ennemis avec une telle aisance que cela le mettait mal à l’aise d’être avec elle. Il para les coups de deux gnomolds avec ses griffes avant de viser tout simplement la jugulaire de chacun. Ils tombèrent au sol, parcourus de spasmes avant de rendre définitivement l’âme. Une bonne chose … qui était faite.

« Je te conseille de t’abaisser, Tery. Je ne vais pas me priver pour éliminer les derniers puisque visiblement, tu prends trop de temps à mon goût. »

Comment ça ? Il n’eut pas vraiment le temps de répliquer que lorsqu’il se retourna, son corps s’affaissa aussitôt. Autant dire que son instinct de survie venait de le sauver, des éclairs sortant de la lame de la jeune femme pour venir foudroyer les deux gnomolds. Après, comme si de rien n’était, Manelena rangea son arme, tendant la main vers Tery.

« Tu vois ? Ce n’était pas si difficile que ça … Mais si tu ne mets pas un peu de bonne volonté, tu risques de le regretter au fur et à mesure que le temps passe. »

« Euh … Disons que je ne suis pas aussi spécialisé que toi, Manelena. Mais bon … Merci pour le petit coup de main. Par contre, tu les as cherchés exprès ? Ou alors … Ils nous sont tombés réellement dessus par accident ? »

« Qu’est-ce que tu veux insinuer par-là ? Que je suis à l’origine de cette attaque sur nous ? »

« Je ne pense pas du tout cela … Je ne veux surtout pas me mettre en colère contre toi, pas le moins du monde. Hum … Non … Juste que bon, c’est un manque de chance alors, n’est-ce pas ? Le fait que l’on soit tombé sur un groupe dès le premier jour d’exploration. »

« Et bien … C’est juste un manque de chance. » conclut-elle en haussant les épaules, relâchant sa main avant de s’éloigner de lui.

« Je ne suis pas vraiment convaincu mais bon … Passons. »

Il avait fait quelques mouvements avec ses griffes, retirant le sang qui se trouvait dessus. Il rangea ses armes, accompagnant la jeune femme aux cheveux argentés avant de se placer à côté d’elle. Bon … Ils n’allaient pas ENCORE se disputer tous les deux n’est-ce pas ? Alors autant éviter les ennuis. Mais en même temps …

En même temps, ils étaient finalement sortis des bois et lui, il avait besoin de souffler. Il passa ses deux mains derrière la tête, s’étirant longuement comme pour bien montrer qu’il était fatigué et exténué. Vraiment … Avec toute cette histoire, il ne savait plus quoi faire. Mais bon … En même temps, il devait reconnaître qu’il n’était pas mécontent d’être avec la maréchale. Comme si elle avait remarqué sa joie, son visage se tourna vers lui et il ne put s’empêcher de lui sourire. Finalement, elle lui demanda :

« Je peux savoir pourquoi tu as cet air niais au visage ? Et surtout pourquoi tu souris de toutes tes dents ? A croire que tu es un peu stupide sur les bords, Tery. »

« Oh … Pour rien, je pensais juste à rien de bien spécial. »

Il n’allait pas encore se dévoiler. Mais bon … Dans le fond, le mieux était quand même de ne pas chercher à trop comprendre ce qui se passait ici. Enfin … C’était comme ça qu’il voyait les choses, il n’était pas vraiment sûr que ça soit du goût de tout le monde. Mais … Avec la maréchale, il n’avait pas à craindre pour sa vie … de la part d’autrui …
Ils reprirent la route sur un chemin de terre, la jeune femme lui faisant maintenant la conversation et inversement. Ils parlaient vraiment de tout et de rien et souvent, il oubliait qu’il avait affaire à la femme qui dirigeait l’armée de Shunter. Hum … Mais quand on la regardait comme ça et qu’on l’écoutait, il était tout simplement impossible de s’imaginer autre chose … Vraiment … Oui … En pleine marche, il demanda :

« Au passage … Pour cette fameuse exploration, est-ce que l’on va devoir obligatoirement dormir dehors tous les jours ou non ? »

« Hum ? Pourquoi ? Ça te dérange la vie en plein air ?  Si tu voulais du confort, une belle vie et toutes ces choses, il ne fallait pas faire soldat de l’armée de Shunter hein ? »

« Dorénavant, j’éviterai de t’adresser la parole. Avec toi, même une simple question peut donner une réponse agressive. Je n’ai pas que ça à faire. »

« Et où est-ce que tu as entendu une réponse agressive de ma part ? » s’écria-t-elle, s’arrêtant pour le fixer longuement. Elle s’approcha de lui, se mettant face à face. Ses yeux rubis semblaient cracher des flammes tandis qu’il lui répondait avec lenteur :

« Je vais même plus chercher à me disputer avec toi. Je veux juste être tranquille au final et ne plus me poser de questions. Je te demandais simplement si nous allions encore dormir dehors cette nuit ou si en fait, tu voulais tout simplement que l’on trouve un petit village avec une auberge. Ce n’était pas une question stupide ou une plainte hein ? C’est juste que tout simplement, je pense que ça te ferait plaisir. »

« Et depuis quand tu t’inquiètes de ce que je ressens ? Et de moi ? » dit-elle sèchement avec ironie, le jeune homme lui répondant aussitôt :

« Depuis le début, maréchale Manelena. Malgré tout ce que vous pensez, vous vous êtes attiré ma sympathie dès le départ. Cela malgré le fait que je sois souvent effrayé par vos actions, vos paroles, vos gestes, ça ne change rien au fait que je reste toujours inquiet à votre sujet. En même temps … Que je pense à votre santé et diverses choses vous concernant. »

« Je ne vois pas où tu veux en venir avec ces paroles mais si c’est pour m’amadouer, je te déconseille de continuer sur cette voie, tu risquerais de le regretter amèrement. »

Elle ne semblait même pas affectée par ses paroles. A croire que tout ce qu’il disait était considéré seulement comme dans du vent pour la jeune femme. Celle-ci continua néanmoins de l’observer attentivement pendant plusieurs secondes avant de hausser simplement les épaules comme si de rien n’était.

« Comme si tu accordais de l’importance à mes émotions. »

« Il y a beaucoup de choses dont tu ne te doutes pas, Manelena, bien plus même. Quand j’apprécie une personne dès le départ, c’est souvent pour le reste de son existence. »

« Malgré tout ce que j’ai fait ? Ce que je suis ? Tu ne sais rien à mon sujet, Tery Vanian. »

« Et alors ? En vue du temps qu’on va passer ensemble, rien ne m’empêchera de mieux te connaître. Maintenant, c’est décidé, Manelena, je ne te quitterai pas d’une semelle ! »

Comment est-ce qu’il était passé d’une absence de discussion … à une telle promesse ? Elle ne put s’empêcher de l’observer de ses yeux rubis, s’avançant pour se retrouver à sa hauteur. Elle était bien plus grande que lui … au minimum d’une tête et pourtant … Pourtant …

« Qu’est-ce que j’ai de si spécial à tes yeux, Tery ? » demanda t-elle tout simplement, cherchant à obtenir une réponse qu’elle aimerait insignifiante.

« Ohla … Si on commence comme ça, j’en aurai pas terminé. Je dois énumérer les défauts et les qualités ? Ou je dois être bref ? »

« Tiens donc … Ça serait la première fois qu’on me donnerait des qualités. Sauf si elles sont bien entendu militaires. » reprit la jeune femme, comme intriguée maintenant.

« Non … En fait, je préfère ne rien dire, c’est juste une vision personnelle. Ce n’est rien d’ensembles et après, je risquerai de me prendre des baffes. Enfin, plutôt des coups de poing en te connaissant, Manelena. Il vaut mieux arrêter de penser à tout ça. »

Hein ? QUOI ? Il venait de s’amuser à ses dépens ou elle rêvait ? Elle le regarda furieusement, ne semblant pas apprécier cela. Visiblement, il semblait l’avoir remarqué, commençant à courir avant qu’elle ne hurle :

« TERY … VANIAN ! JE T’ORDONNE DE ME DIRE MES QUALITES ! »

« Je ne peux pas Manelena ! C’est vraiment trop personnel et intime ! Si tu savais ce que je pense à ton sujet, tu m’en voudrais pour tout le reste de mon existence ! »

ASSEZ ! Il venait de jouer avec elle ! Maintenant, elle voulait connaître la réponse ! Ses lignes noires se firent voir sur son visage, le jeune homme se retournant à temps pour remarquer ce petit détail. S’il voulait s’en sortir, il n’avait pas le choix ! Il devait faire de même ! A son tour, des lignes noires apparurent sur son visage, lui permettant de reprendre de la distance par rapport à Manelena, du moins pendant un certain temps.

Il savait que s’il décidait de s’arrêter, c’en était terminé de lui. Pour cela, il ne devait pas espérer s’en sortir dès le moment où ses jambes ne le porteraient plus. Autant dire que grâce à leurs lignes d’Alzar, ils avaient la possibilité d’aller très vite, mais aussi très loin. Les bois, les arbres, les chemins de terre, tout cela disparaissait à une telle vitesse qu’il avait un peu mal au crâne.
Mal de crâne qui lui fut fatal, une seconde où il avait ralenti, une unique seconde et tout s’était terminé. Le corps tout entier de Manelena se projeta sur lui, le faisant tomber au sol puis rouler sur de nombreux mètres. Il se retrouva une nouvelle fois allongée sur le sol, elle étant en cavalière sur lui, ses deux mains posées sur ses épaules.

« Tery Vanian … Je te conseille vraiment de me dire toute la vérité si tu ne veux pas finir en purée. Alors … C’est quoi mes qualités ? »

« Je ne peux pas te les dire ! C’est … C’est … »

« Qu’ils n’existent pas … n’est-ce pas ? Tu as essayé de me baratiner comme auparavant. Je commence à être bien servie de ce côté à cause de toi … »

« Ce n’est pas du tout ça, ne pense pas toujours à mal ! »

« Alors, dis-le-moi ! Pourquoi est-ce que tu ne veux pas me l’annoncer ? Qu’est-ce qu’il y a de si perturbant hein ? Hein ? » dit-elle en commençant à le secouer comme un prunier. Elle n’allait pas le lâcher maintenant.

« … … … Juste que depuis le début, j’ai cette impression que tu veilles plus sur moi qu’autre chose. Comme une grande sœur, voilà tout. En même temps, malgré tout ce qui s’est passé, je n’ai pas oublié tes nombreux gestes … même si peut-être que de ton côté, c’est le cas. Tu sais … Quand tu m’as pris dans tes bras quand je t’ai annoncé qui était cette personne que je haïssais le plus au monde … Tu sais, même si je n’ai appris que plus tard qui tu étais réellement, je me suis dit que tu étais quand même sincère à ce moment-là. Enfin … Il n’y a pas que ça quoi … Il y a tellement de choses qui font que … »

« Dites, les deux amoureux, c’est pas vraiment un endroit où vous pouvez faire ce genre de choses. » annonça une voix qui coupa la parole à Tery.

Un soldat, légèrement protégé par une armure de mailles, se tenait devant eux, muni d’une lance et d’un casque. Il avait un petit sourire amusé par la situation alors que Tery regardait où ils se trouvaient. Ohla … Ils devaient être à moins de cinq cents mètres d’une petite ville protégée par un mur de pierre. Un coup d’œil vers le mur et il vit plusieurs gardes près de celui-ci. Ah … La folle course entre Manelena et lui s’était terminé de la sorte. Il poussa un profond soupir de soulagement. Ils étaient arrivé à une ville quoi.

« … … … Hum … Tu ne payes rien pour attendre, Tery. » dit tout simplement Manelena en se relevant, le soulevant rapidement par le bras.

Comme à son habitude, elle ne semblait guère offusquée par les paroles du garde au sujet de la relation avec Tery. Elle prit la main du jeune homme, le tirant en avant pour se diriger à l’intérieur de la petite ville. Elle ne fit guère attention au regard des autres gardes lorsqu’ils passèrent à côté d’eux, le jeune homme ne sachant plus vraiment où se mettre. Voilà qu’elle prenait encore les devants sans lui permettre de parler.

Bon … Où est-ce qu’elle l’emmenait ? Au final, ils n’étaient pas si loin que ça de Midès non ? Ou alors peut-être que si … Il ne savait pas combien de temps ils avaient couru mais cela devait faire quand même une sacrée trotte d’après ses souvenirs. Enfin bon … Ce n’était pas le moment de penser à tout cela.

« Où est-ce que tu veux m’emmener, Manelena ? Je croyais que tu ne voulais pas … »

« Dormir dans un lit ? Je n’ai jamais dit une telle chose. Tu sembles très mal comprendre mes paroles mais ce n’est pas la première fois. Ai-je … »

« Oh je vais même pas chercher à me battre avec toi. Je vois où tu veux en venir au final. Non, tu n’as jamais dit que tu ne voulais pas … Tu insinuais simplement que si je voulais avoir une vie confortable avec un bon petit lit douillet chaque nuit, je n’avais pas à être dans l’armée de Shunter. Au final, malgré tes paroles, tu n’es pas si différente qu’une femme normale mais ça … Tu vois, je le savais depuis déjà quelques temps. »

« Oh … S’il te plaît, Tery. Tu peux te taire ? A force de t’écouter, des fois, ça me donne vraiment envie de te baffer. Je commence à comprendre pourquoi tu n’attires que les femmes un peu bizarres comme Clari ou cette Elen. » dit-elle, le statufiant sur le coup. Il répliqua aussitôt d’un air outré tout en rougissant :

« Et devinez qui vient de prendre la parole à ce sujet et qui m’accompagne dans mes « folles » aventures hein ? Je crois que je vais m’abstenir de commenter à ce sujet. »

« … … … Ce n’est pas la même chose, imbécile. »

Elle s’éloigna sans demander son reste, ne semblant plus vouloir continuer une conversation avec lui. Bon … Ils allaient se rendre où puisque ni l’un, ni l’autre ne discutait entre eux. Il tourna son visage vers la droite et la gauche, regardant la ville dans laquelle ils se trouvaient. C’était un endroit plutôt tranquille contrairement aux apparences. Bien que cela ne faisait que quelques minutes, il recommença à parler à Manelena :

« Dis … Est-ce qu’ils sont au courant de ce qui arrive dans le royaume ? »

« Pas le moins du monde … Rares sont les personnes à être mises au courant de la sorte. A part l’armée et quelques milices de Shunter, la majorité des citoyens ne sait pas réellement ce qui se passe autour d’elle. Ils savent simplement que c’est la guerre et ne se pose pas de questions. Ou alors, ils ne veulent pas se poser de questions. »

« Je pense que c’est plutôt le second. Tu sais … Moi aussi, je n’aimerai pas penser à cette idée. Comme quoi, nous sommes assaillis de tous les côtes, c’est juste affreux en soi, non ? »

« Pourtant, c’est la guerre … A cause de nos actions, il est normal que les autres réagissent de la sorte à notre encontre. » dit-elle avec neutralité.

« D’ailleurs … Manelena … A quoi servent ces médaillons ? Tu dois bien le savoir non ? Tu es quand même … Enfin, tu vois … »

Elle s’immobilisa, ses yeux rubis se posant sur lui comme pour le juger. Est-ce qu’il était digne de connaître la réponse ou non ? Pourtant, elle ne lui répondit pas, prenant simplement sa main dans la sienne. Elle semblait vouloir simplement se promener contrairement à ce qu’il avait pensé au début mais … Bon …

Ils s’arrêtèrent devant une librairie, Manelena observant les livres qui étaient déposés derrière la vitre. Elle aimait lire ? Peut-être que … Enfin non … Il avait une fâcheuse tendance à acheter toujours ce qui pouvait plaire à certaines personnes. A force, il y avait quand même … mais en même temps, c’était la maréchale quoi. Il ne connaissait rien de ses goûts personnels et lui faire plaisir serait tellement … spécial à ses yeux qu’il …

« Tiens … Voilà un livre qui te sera utile. »

Elle le coupa dans ses pensées, lui désignant un livre à la reliure bien spéciale et pourtant … qu’il connaissait si bien. Un livre sur les golems ? Il était content … et triste en même temps. Cela devait sûrement se faire voir sur son visage puisqu’elle reprit :

« Qu’est-ce qu’il y a ? Je croyais que tu étais quelqu’un qui adorait les golems. On va à l’intérieur, on te l’achète et l’affaire est réglée. »

« C’est pas vraiment ça … le problème. Enfin bon … On ne va pas se disputer une nouvelle fois encore. Tu m’attends à l’extérieur ? »

Elle hocha la tête positivement tandis qu’il s’enfonçait dans la boutique. Il s’approcha de la vendeuse, commençant à lui parler tout en jetant un regard en biais vers Manelena. Bon sang … Pourquoi est-ce qu’il avait mal rien qu’en la regardant ? Pourquoi il avait cette impression de souffrir horriblement à chaque fois ? POURQUOI ?

« Messire ? Voilà votre livre mais … Vous savez qu’il n’est pas donné à tout le monde. »

« Bien entendu, ce n’est pas le premier que j’achète. Combien ? » demanda-t-il évasivement, ses yeux n’observant guère la personne à qui il s’adressait. Oui … Il était là, en train de regarder la jeune femme dans sa jupe faite de métal blanc.

La vendeuse lui annonça un prix tandis qu’il remarquait deux jeunes hommes qui s’approchaient de Manelena. Ils discutaient avec elle … Tsss … Bande de beaux-parleurs. Elle n’était pas de ce genre, il le savait parfaitement ! Mais … Ca l’énervait quand même un peu. Ils ne semblaient pas avoir peur de la taille plus qu’imposante de la jeune femme. Trop sûrs d’eux … vraiment trop sûrs d’eux.

« Messire ? Messire ? Avez-vous entendu le prix de ce livre ? » demanda la vendeuse tandis qu’il semblait complètement déconnecté du reste du monde.

« Hein ? Que ? Quoi ? Oui, bien entendu … Tenez, voilà l’argent. Vous pouvez garder la monnaie. » dit-il en donnant bien plus que ce qui était nécessaire. Il prit le livre dans ses mains, sortant de la boutique avant de s’approcher de Manelena. Celle-ci avait simplement croisé les bras, les yeux fermés en écoutant les paroles des deux autres personnes. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, il reprit la parole sur un ton irrité : « Dites, je peux savoir ce que vous tentez de faire à ma petite amie ? Et je ne suis pas en train de parler de sa taille dans ce cas. »

Les yeux de Manelena s’ouvrirent légèrement, le fixant avant qu’un sourire ne se dessine sur ses lèvres. Elle savait qu’il avait voulu jouer la comédie avec le ton employé mais que malheureusement, c’était bien trop crédible pour ne pas être vrai. Les deux hommes le regardèrent, l’étudiant de haut en bas avant de ricaner. Pourtant, dès l’instant où ils semblaient dépités par l’apparence de Tery puis prêts à recommencer leur tentative de drague, deux poings s’enfoncèrent dans leurs visages.

« Nous pouvons y aller, Tery. Assez perdu de temps avec eux. »

Ce fut lui qui rigola, avançant avec Manelena pour s’éloigner des deux hommes à moitié assommés par le coup. Il présenta le livre à Manelena, celle-ci regardant la couverture puis le dos. Hum … Tant qu’elle n’était pas propriétaire du livre, elle ne pourrait pas l’utiliser. Et de toute façon, ce n’était pas pour elle mais pour lui.

Néanmoins, pour le reste de la journée, ils cherchèrent une auberge, Manelena ne faisant pas attention à ce qu’il avait dit. Elle préférait visiblement rester muette à ce sujet. Comme elle voulait, toute façon, de son côté, il était clair qu’il ne voulait pas vraiment en parler. Il s’était rendu ridicule … surtout qu’elle n’avait pas besoin de son aide bien entendu. Une femme forte comme elle … Comme si un homme était nécessaire à ses yeux. Quelle blague oui … Une grande et grosse blague. Hum … Tiens … Voilà une auberge qui semblait accueillante.

« Pour la soirée, je pense que c’est mieux que rien. »

« Tout à fait d’accord avec toi, Manelena. Par contre, euh … Sinon … Tu veux quoi comme chambre ? Une chambre à deux ? Deux lits ? Deux chambres séparées ? »

« Tu ne pensais quand même pas dormir dans mon lit, n’est-ce pas ? »

« Bien sûr que non ! Je ne crois pas avoir proposé ça ! » balbutia le jeune homme soudainement gêné par les paroles de Manelena.

« C’est dommage … » murmura Manelena tandis qu’il était surpris. Dommage ? Elle lui fit un léger sourire pour bien lui montrer qu’elle n’était pas sérieuse avec ses paroles. Dommage ? Bien sûr que non. Quel genre de femme croyait-il qu’elle était ? Ils se présentèrent à l’aubergiste, Manelena demandant une simple chambre avec deux lits. Ah … Elle avait quand même décidé de cela donc.

Elle récupéra la clé, demandant à Tery de la suivre alors qu’ils montaient les escaliers, se dirigeant vers le second étage. Hum … Ce n’était pas forcément le grand luxe mais quand même, ils allaient bien dormir pour ce soir. Lorsqu’ils pénétrèrent dans la chambre, elle ferma la porte à clef, le jeune homme s’écroulant sur son lit.

« Bon … Par contre, dès demain, on commence à explorer autour du village, Tery. Je me doute que tu ne l’as pas remarqué mais il y a beaucoup plus d’étrangers ici que de villageois de Shunter. » annonça Manelena, faisant de même bien qu’il entendait plusieurs bruits, signe que ses morceaux de métal tombaient au sol.

« Je ne me suis pas … vraiment préoccupé de tout ça, c’est vrai … Je suis désolé, Manelena. » termina-t-il de dire, un peu gêné par cette remarque. Mais demain serait un autre jour.

Chapitre 15 : Une relation difficile

« Est-ce que je peux poser une petite question, Manelena ? »

« Bien entendu. Pourquoi est-ce que j’empêcherai de parler, Tery ? » répondit aussitôt la femme aux cheveux gris, le regardant de ses yeux rubis.

« Est-ce que nous sommes obligés de nous tenir la main comme ça ? Ça me rappelle le faux couple que je devais faire avec Clari à Honoros. S’il n’y a rien entre nous, le mieux est quand même d’éviter de ce genre de choses non ? » termina t-il de dire alors qu’ils parcouraient un bois avoisinant les alentours de Midès. Normalement, ils allaient mettre pas mal de temps à jouer les éclaireurs si ils devaient tout visiter dans un diamètre ou rayon de vingt kilomètres autour de Midès. D’ailleurs, il ne savait même pas à quoi ressemblait la taille de son royaume. Il fallait dire qu’il ne s’était jamais posé la question auparavant alors bon.

« Est-ce que cela te dérange que nos mains soient liées ensembles ? » demanda-t-elle tout simplement avec neutralité, le jeune homme rougissant légèrement.

« Disons que … Voilà … Personnellement, non. Mais après, vous, peut-être que ça vous dérange. Surtout qu’il n’y a aucune raison valable de faire une telle chose, n’est-ce pas ? »

Pour toute réponse, elle haussa simplement les épaules, comme si de rien n’était. Elle retira finalement sa main, recommençant à marcher dans les bois. Pourquoi avait-il l’impression de se tromper lourdement à chaque fois ? C’était la maréchale … et personne d’autre ! Elle jouait le jeu comme auparavant … avec Mekalarma. Il n’était pas stupide pour retomber une nouvelle fois dans son piège hein ? Enfin bon … Est-ce que c’était un piège ? Il se posait la question en la regardant … Il n’en savait rien … Rien du tout.

« Attendez-moi un peu, Manelena ! Ne partez pas devant moi ! » dit-il en commençant à courir, ses réflexions l’ayant éloigné de la jeune femme.

« Si tu commences à me vouvoyer, je ne te répondrai pas, Tery ! C’est compris ? »

« Oui … Oui … Ah … Pfiou … Merci bien. » souffla-t-il en reprenant une respiration normale après sa petite course. Bon … Pour l’heure, il pouvait quand même jouer le jeu ? Voilà ! C’était ça qu’il allait faire ! Jouer le jeu de la maréchale ! Elle voulait se faire passer pour une amie très proche ? Alors, il allait faire comme si elle l’était. Il prit subitement sa main pour la mettre dans la sienne, la femme à la jupe de métal blanc s’exclamant :

« Mais qu’est-ce que … tu fais ? »

« C’est pour me faire pardonner de ce que j’ai dit auparavant. Je n’étais pas … assez compréhensif à ce sujet. Je veux alors m’excuser. »

« … … … Excuses acceptées alors. » conclut-elle tout simplement avant qu’il ne tire sur sa main, l’emmenant contre lui. Oups … Quand ils étaient côte à côte, un gros problème était remarquable maintenant … Il poussa un profond soupir désabusé en disant :

« … … … Sincèrement, être un nain comparé à toi, je me demande qui c’est qui doit faire preuve de masculinité ici … J’ai l’impression d’être risible. Bon … Et bien, pour l’effet de surprise où je dois t’inviter à te loger contre moi, mon bras autour de ta taille, je crois que c’est un peu loupé de ce côté-là. »

Elle cligna des yeux plusieurs fois, comme pour être sûre de bien avoir entendu le jeune homme et surtout correctement. Et bien … Dès l’instant où elle commençait à jouer le jeu en devenant Manelena, il semblerait que les ardeurs de Tery soient à leur pic. Bon … Elle posa sa tête sur son épaule, leurs deux corps serrés l’un contre l’autre. Elle dit :

« De la sorte, Tery ? Bon … A cause de la taille, c’est un peu difficile et cela me fait mal au cou mais bon … Si c’est ainsi que tu le voulais. »

« … … … C’est peut-être en fait un peu trop gênant en fait. Je crois qu’il vaudrait mieux arrêter ça tout de suite. » annonça t-il aussitôt, repoussant doucement la tête de Manelena ainsi que le reste de son corps. Pfiou … Ce n’était pas le … bon moment pour tout ça.

Pas le moins du monde même … Il regarda la jeune femme avec gêne, celle-ci le fixant de ses yeux rubis. Pourquoi la maréchale se comportait-elle comme ça ? Il n’y avait aucune raison valide n’est-ce pas ? Enfin, sauf peut-être la schizophrénie dont elle était atteinte ? D’ailleurs, est-ce qu’il devait lui en parler ou non ?

« Manelena … Où nous rendons pour aujourd’hui ? »

« Nous allons simplement traîner dans les bois et dormir dans ces derniers pour ce soir. »

« Euh … D’accord … De toute façon, combien de temps est-ce que la mission va prendre ? » demanda t-il une nouvelle fois, la jeune femme ne lui répondant pas.

Il avait du mal … à tout comprendre avec elle. Il fallait dire qu’elle était la maréchale … Ses consignes étaient dictées uniquement par le roi, personne d’autre. Alors bon … Il était normal qu’il ne fasse que la suivre. Bon … Il n’allait pas s’embêter avec tout ça mais quand même, pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle était venue avec lui ?

« Tu ne vas quand même pas me refaire le coup de la réflexion hein ? J’ai remarqué quelque chose avec toi, Tery. Des fois, tu t’arrêtes pendant une ou deux minutes et tu sembles réfléchir profondément. » lui dit Manelena alors qu’elle avait parfaitement raison. Immobile, sans avoir bougé ne serait-ce qu’un seul doigt, il avait le visage froncé. Ah … C’était donc ça sa réflexion ? Enfin bref, ce n’était pas voulu.

« Je ne sais pas faire deux choses à la fois. Pardon, Manelena. »

« J’ai remarqué ça … Bon … Tu avances quand même ou tu veux de l’aide ? » dit-elle en s’approchant de lui, son pied droit émettant des mouvements bizarres. Elle n’allait quand même pas lui … AIE ! Un coup de pied aux fesses et voilà qu’il se retrouvait forcé d’avancer. Elle reprit avec entrain : « Et dorénavant, je reste derrière toi pour être sûre que tu bouges. »

« Euh … Y a d’autres moyens que la violence, maré … Manelena. »

« Pas avec toi, je le sais parfaitement depuis le temps. »

« Mes séances de torture et vos frappes recommencent à me faire mal. »

Il aurait bien rigolé s’il avait eu la possibilité de se retourner. Néanmoins, la jeune femme aux cheveux argentés ne semblait pas motivée pour rire visiblement. Dommage, dommage, il fallait se l’avouer. Mais bon, il n’allait pas … AH ! VOILA ! Voilà ce qu’il allait faire de la maréchale ! C’était peut-être l’occasion rêvée ! Celle qu’il attendait ! Il rigola seul, Manelena haussant un sourcil en demandant :

« Ca va bien, Tery ? Ne me dit pas que mes coups de pied te font plaisir quand même. Oh non … Finalement, tu étais véritablement un masochiste, il semblerait. »

« Non non ! Finalement, j’ai mes chances avec toi, Manelena ! » dit-il avec entrain alors qu’elle reculait son visage, surprise des paroles du jeune homme.

« Et bien … Tu ne manques pas d’audace dès que je n’ai plus mon armure. »

« Que … Que … Quoi ? Ah non ! NON ! Je ne pensais pas ce genre de chance ! Je n’oserai jamais faire une telle chose ! Enfin, espérer une telle chose ! » dit-il aussitôt, confus et gêné par les paroles de la jeune femme aux yeux rubis.

« Ah bon ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Que je suis trop bien ou trop mauvaise pour toi ? » reprit Manelena, se positionnant à quelques centimètres de lui. Elle se pencha pour que son visage soit à la hauteur de celui du jeune homme.

« Euh … Si je devais choisir, je dirai trop bien … Je ne suis que fils de paysans à la base donc bon … Ce n’est pas très glorieux contrairement à une maréchale. Et puis à la base, il faut quand même avoir des sentiments, toutes ces cho… Et pourquoi est-ce que je parle de ça, moi ? Hein ? » dit-il soudainement, un peu énervé et confus avant de se mettre à courir à toute allure, Manelena ne s’y attendant pas.

Qu’est-ce qui lui prenait de réagir de la sorte ? Et d’ailleurs … Il venait encore de l’appeler par son rôle de maréchale ! Ça n’allait pas se passer de la sorte ! Des lignes noires se présentèrent sur son visage alors qu’elle s’était mise à serrer les dents. Elle allait vite le rattraper et le punir pour cela !

… … … si elle arrivait à lui mettre la main dessus. Visiblement, le jeune homme semblait aussi utiliser ses lignes noires pour mettre le maximum de distance avec elle. Qu’est-ce qui lui prenait de réagir de la sorte ? Il était stupide ou quoi ? Ils ne devaient pas se séparer pour la mission ! Si elle arrivait à le rattraper … Il allait souffrir pour la peine !

« JE TE CONSEILLE D’ARRÊTER DE COURIR, TERY VANIAN ! »

Aussitôt demandé, aussitôt fait. Il se stoppa subitement, la jeune femme s’arrêtant à sa suite. Elle posa une main sur son épaule, le forçant à se retourner pour lui dire ses quatre vérités, que cela soit par les poings ou d’une autre manière.

« Je peux savoir ce qui t’as pris ? Avant que je te cogne pour cet excès ? »

« … … … Qu’est-ce qui s’est passé, maréchale ? Euh … Manelena … Un moment, je te parlais … puis après, je me suis mis à courir sans … réellement comprendre ce que ça voulait dire. » balbutia le jeune homme.

Le pire dans ses paroles … était le sérieux avec lequel il les disait. Elle abaissa son poing, clignant des yeux plusieurs fois pour le regarder longuement. Qu’est-ce que ça voulait dire … avec lui … Il était vraiment … perturbé ? Elle avait du mal à saisir tout ce qui se passait avec lui mais peut-être que …

« Enfin non, ça ne me concerne pas le moins du monde. J’ai l’impression que tu es plus cinglé que tu ne veux le faire croire. Il doit y avoir quelque chose de perturbant dans ton crâne, n’est-ce pas ? » signala la jeune femme aux cheveux argentés, lui donnant un petit coup de poing sur la tempe. Il poussa un petit cri de douleur tout en marmonnant :

« Je suis parfaitement sain d’esprit au cas où tu ne le saurais pas encore. »

« Bien entendu … Si c’était le cas, tu ne me dirais pas de telles choses comme quoi tu veux être l’un de mes soldats, de mes protecteurs, de mes amis. »

« Qu’est-ce que ça veut insinuer, Manelena ? Je pense toujours ce que je dis. »

« Et donc, je dois considérer que tu es sincère dans tes paroles ? Par rapport à moi ? Laisse-tomber, tu vas te casser les dents à ce sujet. »

Et s’il n’en avait pas envie ? Comment est-ce que cela devait se passer ? Il était toujours intrigué par la jeune femme et ça ne changerait pas aujourd’hui. D’ailleurs, s’il devait être sincère avec lui-même, il était un peu … Mais à quoi est-ce qu’il pensait ? Ce n’était pas dans ses habitudes ! C’était juste que … pour être sincère …

« Je l’apprécie beaucoup, la maréchale. » marmonna t-il à lui-même.

« … … … Tu pourrais arrêter de parler à voix haute, Tery Vanian ? » annonça la jeune femme, sans montrer ne serait-ce qu’une once de gêne aux propos de Tery.

« Désolé ! Vraiment désolé ! Ce n’était pas du tout voulu tout ça ! »

Oh purée … Qu’est-ce qu’il avait dit encore ? Ça ne s’améliorait pas hein ? Il allait se taire pour les prochaines heures ! Il se le promettait ! Et c’est ce qu’il fit. Manelena tenta de lui parler mais il ne répondait que vaguement, ne voulant pas commettre de nouvelles bêtises. Finalement, la nuit tomba et ils se retrouvaient encore dans les bois. La tente était montée, grâce aux efforts conjugués de la jeune femme et du jeune homme ensemble. D’après ce qu’il avait entendu de la part de la jeune femme, ils allaient commencer leur travail d’éclaireurs dès demain. Pour ce soir, c’était une séance de repos.

« Est-ce que je pourrais vous poser quelques questions ou non, marécha … »

« Je sais manier les flammes, Tery Vanian. Tu peux parler à nouveau. » coupa t-elle sèchement, le jeune homme déglutissant.

« Manelena … C’est quand même un joli nom au passage. »

« Je croyais que tu voulais me poser des questions, Tery ? J’ai plus l’impression que tu essaies de m’aborder en espérant quelque chose de ma part. Je tiens à te prévenir aussitôt : tout ça n’est qu’une illusion, ce n’est pas la réalité, je te hais. »

« Merci beaucoup, ça me touche … Sincèrement. Je ne m’en doutais pas le moins du monde. » dit-il avec lenteur alors qu’elle le regardait.

Même si il semblait être ironique, le ton était resté neutre et sincère. Pfff … Qu’est-ce qu’il pouvait l’énerver quand il était comme ça ! Elle se redressa, s’écriant :

« Arrête un peu tes conneries, d’accord ?! Ça me prend encore plus la tête que tout le reste, c’est compris ? T’es un idiot ou quoi ? »

« Qu’est-ce que j’ai encore fait pour vous mettre en colère, Manelena ? »

ASSEZ ! Elle en avait assez avec lui à chaque fois ! Son changement de comportement si brutal lui tapait sur le système. Sans même prévenir, elle se jeta sur lui, passant au-dessus du feu de camp qu’elle avait créé. Le jeune homme fut surpris, Manelena lui retombant de tout son poids et son attirail sur lui.

« Rien que ta présence me met en rogne, Tery Vanian ! C’est pourtant pas si compliqué à comprendre mais j’ai l’impression qu’avec toi, toute déconne dans ton crâne ! »

« … … … Pourquoi alors avoir voulu que je vienne avec vous, maréchale Nali ? »

« Répète encore une fois ce grade et mon épée se plante dans ton crâne, c’est bien compris ? » dit-elle en sortant l’arme qu’elle avait utilisé il y a maintenant quelques temps à Mekalarma.

« Ça ne répond pas à ma question, maréchale Nali. »

La lame se logea dans le sol, juste à côté de sa tête. Un peu de sang s’écoula de son oreille et il se demanda si il ne venait pas d’en perdre un bout avec toute cette histoire. Sérieuse … Elle était terriblement sérieuse mais … Il ne la craignait pas … Car elle n’avait pas son armure. Il prit une profonde respiration, fermant les yeux sans même bouger.
Voilà … C’était mieux comme ça … Cette femme … était définitivement folle bien qu’elle ne montrait pas les symptômes … Il savait qu’elle était comme ça … Il ne se faisait pas d’illusions à ce sujet … loin de là même. Mais il en avait assez … vraiment assez en même temps. En une journée, il avait ressenti tellement d’émotions contradictoires par rapport à la maréchale … mais il se demandait si c’était la même chose pour elle ou non.

Il ne bougeait plus … ne semblant même plus respirer alors qu’il sentait la lame qui se retirait du sol. Autant avec Elen, il comprenait quand même quoi faire … Autant avec cette femme … Il ne savait pas … Même Clari, il arrivait à comprendre cette femme … mais Manelena … Peut-être qu’il pouvait ouvrir les yeux ? Non … Il sentait encore le poids de la maréchale sur son corps … Elle n’allait pas bouger ?

« … … … Tu penses qu’en ne me parlant plus, ni même en évitant de réagir, je ne penserai plus à me venger sur tes paroles, Tery Vanian ? »

La preuve était formelle. Il ne lui répondit pas, gardant ses yeux fermés. Il ne voulait pas l’ignorer car ce n’était pas son genre … mais c’était la meilleure chose à faire dans pareil cas. Il … Ça lui faisait un peu mal d’agir de la sorte. Il se prit une violente claque sur la joue, le faisant serrer les dents sans pour autant ouvrir la bouche pour parler. Enfin, deux mains se posèrent sur son cou comme pour le serrer.

« Tu n’en vaut pas la peine, Tery Vanian. Je me suis lourdement trompée à ton sujet. »

Hum ? Il sentait qu’elle commençait à bouger puisqu’elle retirait ses mains de son cou. Et puis c’était le ton assez triste qu’elle avait utilisé … qui l’avait un peu surpris. Il se décida à ouvrir les yeux, la femme dans sa jupe de métal blanche s’écriant :

« AH ! Tu vois ! Tu as ouvert les yeux ! J’en étais sûre que tu étais de la sorte ! Tu es trop facilement manipulable, Tery ! »

Elle se releva finalement, un sourire aux lèvres bien qu’il n’avait rien de chaleureux. Non, c’était un sourire victorieux, signe qu’elle avait réussi ce qu’elle désirait. Pfff … C’était quoi ce comportement … assez immature de la part de Manelena ? Bon … Il n’allait quand même pas lui parler. Il valait mieux … ne rien dire pour le restant de la soirée. Cette femme était une vraie boule de nerfs qui s’emportait pour pas grand-chose.

« C’est l’heure de dormir, Tery Vanian. » dit-elle au bout de dix minutes.

Hum ? Si c’était elle qui le disait … Il alla s’asseoir contre un arbre, n’ayant même pas l’audace de dormir dans la tente. Elle s’enfonça à l’intérieur sous son regard neutre. Bon … Dormir … Ca n’allait pas être si simple à cause de tout cela. Et puis avec le froid, toutes ces choses … Brrrr ! Il devait plutôt essayer de trouver un arbre près du feu … Mais c’était celui où il se trouvait. Bon … Chercher le sommeil, ensuite, il allait y réfléchir.

Finalement, il n’eut pas tant que mal à s’endormir, grelottant un peu durant la nuit. Lorsqu’il se réveilla, le lendemain, il remarqua que le feu était encore allumé mais surtout que les flammes avaient été approchées de lui. Comment il le savait ? A cause des cendres qui se trouvaient plus loin. Est-ce qu’il y avait une chance que …

« Non … C’est juste impossible. Il ne faut pas que je rêve à ce sujet. »

« Qu’est-ce que tu racontes encore, Tery Vanian ? » annonça une voix derrière lui, le faisant se redresser et se retourner en même temps. La jeune femme aux cheveux argentés … était tachée de sang au visage, tenant dans sa main droite… C’était quoi ça ? Au départ, ça devait être une créature de la forêt … mais vu l’état dans lequel elle se trouvait, elle ne ressemblait plus à rien. Il demanda en désignant du doigt :

« Euh … Est-ce que cette créature vous a appelé par votre titre dans l’armée ? »

« Hum ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? C’est notre repas pour la journée. Il faut bien chasser pour vivre. Tu ne pensais quand même pas vivre avec justes quelques fruits et de l’eau, n’est-ce pas ? Alors, arrête de dire des bêtises et … »

« Je ne sais pas vraiment manier l’eau mais … Bon … Euh … » dit-il, commençant à créer un petit filet d’eau avant de le rapprocher du visage de Manelena. Il passa quelques doigts sur le sang, le nettoyant alors qu’elle le laissait faire, ne semblant pas être perturbée par ce geste. Dès qu’il eut terminé, il reprit : « Je pense que ça devrait suffire tout ça. »

« Je pense, oui … Allez … Installe-toi, que je prépare à manger. »

« Vous … Enfin … Tu sais cuisiner ? » dit-il avec un peu d’appréhension, surtout en vue du cadavre dont ils allaient manger la chair et l’intérieur.

« Je me débrouille quand même correctement si c’est ce que tu insinues. »

« Et bien, nous allons voir ça ! » termina t-il de dire en rigolant un peu, espérant alors que toute cette histoire allait s’arranger entre eux.

Hum … Pourtant, en vue de la tête qu’elle faisait, il valait mieux calmer le jeu et ne pas trop l’ouvrir s’il ne voulait pas avoir de problèmes. Il la regarda préparer à manger, haussant les sourcils plusieurs fois de suite. Cette façon de cuisiner … était vraiment très particulière. Rien à voir avec celle d’Elen qui, d’après ce qu’il avait goûté, était plutôt douée dans le genre. Clari aussi d’ailleurs … sans pour autant l’égaler.

« Euh … Je peux quand même … avoir l’impression de ne pas avoir confiance, Manelena ? Sincèrement, tu me fais peur … Tu ne veux pas plutôt que je cuisine ? Enfin, ça ne sera pas mieux que toi, j’en doute pas mais … »

« Si ça ne sera pas mieux que moi, alors pourquoi tu me poses la question ? Tais-toi donc un peu et viens manger. S’il s’avère que tu es empoisonné, tu t’occuperas de la nourriture pour le reste du voyage, c’est bien compris ? » dit-elle, tranchant de son épée ensanglantée, un morceau de la pauvre bête qu’elle avait tuée. Il fit une mine un peu dégoutée, sortant l’une de ses griffes pour y planter le morceau au bout. Manelena parut un peu étonnée, lui disant :

« Tu as l’habitude de manger en te servant de tes armes comme couvert ? »

« Euh … Je fais tout simplement comme toi hein ? Ça n’a rien de si étonnant … Que je sache, tu as décidé de couper la viande avec ton épée. »

« Ce que je fais n’est pas forcément à faire de même. » répliqua-t-elle, comme touchée au but par les paroles du jeune homme.

« On peut juste éviter de se disputer encore ce matin ? Au moins pour quelques heures quoi … Car sincèrement, je ne suis pas motivé plus que ça si tu veux tout savoir. »

« … … … Je n’ai jamais cherché à me battre. N’essaie pas de comprendre, ça ne mènera à rien de bon de toute façon. »

« Bon appétit, c’est tout ce que j’ai à dire, Manelena. »

Il avait terminé de prendre la parole, commençant ensuite à manger sans se poser plus de questions. Ça allait être compliqué … très compliqué même … Il ne s’attendait pas à autant de problèmes que ça. En même temps, il y avait la maréchale en face de lui, ce n’était pas n’importe qui. Et puis, il y avait tellement de changements dans son caractère qu’il ne savait pas réellement comment réagir avec elle. Ça allait être … un sacré duo avec elle.

Chapitre 14 : Envoyés à l’abattoir

« Ohla … Ohla … Sans être complètement … à côté de la plaque … Vous voulez dire qu’il nous demande de nous suicider ? » demanda le jeune homme avec un peu d’étonnement, toujours dans l’incertitude de ses propres propos.

« Sans que cela soit ses véritable paroles, c’est pourtant le cas. Nous préparer à aller combattre Mekalarma en face à face … Tout en sachant que notre armée sera décomposée en plusieurs parties pour repousser celles qui nous attaquent de tous les côtés. »

« Ne vous en faites pas, je vous protègerai, maréchale Nali ! » dit Tery avec entrain, frappant son torse du poing comme pour bien se mettre en valeur.

« Mais qu’est-ce que tu racontes ? Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ? Tu crois que j’ai eu besoin de quelqu’un pour arriver là où j’en suis ? Je n’ai besoin de personne, TERY ! Rentre-toi ça bien dans le crâne ! Ce n’est pas aujourd’hui que j’aurai besoin d’un avorton de ton espèce ! Comme si tu étais nécessaire à ma survie ! NON ! La seule personne qui a une chance de s’en sortir dans cette guerre, c’est bien moi ! Le reste n’a aucune importance ! »

« … … … C’était simplement pour vous prévenir, comme à mon habitude. Vous savez aussi bien que moi que je suis du genre à protéger ceux que j’estime beaucoup. Or … Je vous l’ai déjà dit, entre l’armée de Shunter et vous, mon choix est vite fait. C’est vous que je choisirai. » répondit le jeune homme avec lenteur.

« Entre l’armée de Shunter et mes sentiments personnels, mon choix est vite fait. Je choisis l’armée de Shunter sans même réfléchir plus longtemps à la question. »

« … … … Quitte à ce qu’elle vous emmène à la mort ? Je ne vous comprends pas du tout, maréchale Nali. Vraiment … J’aimerai sincèrement savoir à quoi vous pensez des fois. »

Il avait dit cela avec une pointe de tristesses, les yeux rubis de la maréchale se posant sur son visage. Elle fit quelques pas en sa direction, se positionnant juste à quelques centimètres de lui. Plusieurs secondes s’écoulèrent avant qu’elle ne murmure :

« Et qu’est-ce que cela t’apporterait ? De savoir à quoi je pense ? Tu penses que je suis une faible femme ? Que j’ai de lourds secrets à cacher ? Pour qui est-ce que tu te prends, Tery ? »

« Est-ce que vous pouvez arrêter avec cette phrase ? Ça devient lassant, maréchale Nali. Je ne me prends pour personne … simplement … J’en ai assez de tourner en rond avec vous ! Soyez sincère ! Est-ce que vous voulez bien que je sois l’un de vos gardes ? Enfin, l’un de vos protecteurs ? Enfin, non … L’un de vos amis ? »

… … … Qu’est-ce qu’il venait de dire à l’instant ? Il avait du mal à croire ce qui venait de sortir de ses propres lèvres. Il venait de demander quoi à la maréchale ? Il avait encore … mal à la gorge par rapport à ça. Pfiou … Pfiou … Ohla … Il avait une bouffée de chaleur rien qu’à cette idée. C’était risqué, plus que risqué même. C’était une candidature au suicide assisté visiblement. Ah … Ah … Il avait mal au cœur maintenant, le sentant battre à 200 à l’heure. C’était … Ah … Wow … Maintenant, il se sentait mal, ayant quelques troubles pour rester debout. Il avait besoin de s’asseoir … même sur le sol d’ailleurs ! Il s’écroula contre un mur, passant une main sur son front.

« Je peux savoir ce qui te prends, Tery Vanian ? » demanda la maréchale avec neutralité.

« Surplus d’émotions … Je m’attendais pas … à tout ça … C’est la première fois depuis longtemps … que j’ai mon cœur qui risque d’imploser en moi. »

« Tu me racontes que tu veux être mon garde, mon protecteur, mon … ami … Et c’est toi qui réagit comme ça ? Tu peux me dire dans quel monde tu vis ? »  dit-elle en recommençant à s’approcher de lui, le jeune homme détournant le regard. Elle vint s’accroupir, chose étonnante aux yeux de Tery en raison de l’armure qu’elle portait sur le corps.

« J’aimerai bien le savoir aussi quelques fois, maréchale Nali … » répondit le jeune homme en émettant un léger sourire intimidé. Il ne savait pas ce qui se passait des fois avec lui.

« Au final, ce sont juste de belles paroles de ta part hein ? Tu veux juste éviter que je me mette en colère et que je me serve de toi comme d’un sac de frappe. »

« Pas le moins du monde ! J’étais vraiment sérieux. Tellement sérieux que j’ai du mal à rester debout sur mes jambes car je ne suis pas habitué à l’être. »

« Pathétique … Tu es vraiment un homme pathétique. »

Oui mais il était comme ça ! La femme en armure noire se redressa, s’éloignant de lui tandis qu’il se levait à son tour. Ah … C’est bon, il avait à nouveau la maîtrise de son corps si on pouvait appeler ça comme ça. Par contre, il avait encore beaucoup de choses à dire ou à …

« Débarrasse le plancher, je n’ai pas besoin d’un homme aussi stupide que toi. »

Hein ? Comment ça ? Il voulut lui répondre mais elle tendit la main en direction de la porte. Il n’avait même pas à discuter ses choix. Bon … D’accord … Ou non ! Autant qu’il continue sur sa lancée sinon … Il ne saurait jamais ce que la maréchale pensait ! Il s’arrêta sur le chemin, se retournant pour faire face à la maréchale :

« Et par rapport à ma proposition, qu’est-ce que vous en pensez, maréchale Nali ? »

« Je t’ai donné un ordre que je sache. Tu veux contredire ce dernier ? Fais attention à toi. Je ne suis pas vraiment d’humeur aujourd’hui à jouer avec toi. »

« Vous n’êtes jamais d’humeur, je tiens à vous le rappeler. » répliqua le jeune homme.

« Petit impertinent. D’abord, tu fais de belles paroles, ensuite tu me poignardes dans le dos. »

« Ohla … Euh … Maréchale, c’était une blague. Enfin … Une blague un peu sérieuse car je dis la vérité à votre sujet mais sinon, ce n’était rien de bien méchant. Si il y a bien une personne en qui vous pouvez faire pleinement confiance, c’est bien moi. Je ne vous trahirai jamais … Je peux vous le promettre complètement ! »

« … … … Disparais de ma vue … maintenant. Ne m’oblige pas à me répéter, Tery. » dit la femme en armure noire alors qu’il poussait un profond soupir. Bon … Il fallait y aller étape par étape. Au moins, il ne sortirait pas par les deux pieds en avant cette fois.

Il n’avait même pas eu le temps d’étudier plus en détails la chambre de la maréchale. Il se demandait si elle était assez féminine ou non … Un peu comme Elen d’ailleurs. Enfin, Elen avait fait d’énormes progrès sur ce point. Ah … Elen ! Il attendait avec impatience sa lettre pour lui raconter tout ce qui s’était passé. Enfin … Impatient mais inquiet en même temps hein ? Car ce n’était pas très réjouissant. Puis, il était pressé de la revoir aussi.

Lorsqu’il se retrouva à nouveau dehors, Clari l’attendait, adossée à un mur. Elle était là depuis combien de temps ? Ça ne servait à rien de l’ignorer de toute façon. Il se dirigea vers elle, la jeune femme aux couettes blondes se retirant du mur. Elle paraissait inquiète … et elle le fut encore plus en voyant l’état de son visage. Aussitôt, des lignes blanches apparurent sur sa main droite, Clari la passant sur la face de Tery.

« Alors, qu’est-ce qu’elle t’a dit une nouvelle fois, Tery ? Dis-moi tout … »

« Oh … Rien de bien important, j’ai encore fait plus le con que d’habitude, Clari. »

« Tu ne l’as quand même pas demandé en mariage, j’espère ?! » dit la jeune femme avec étonnement, ses yeux verts grands ouverts. Il se donna une claque sur le front, gémissant de douleur en reprenant :

« Mais non espèce d’idiote ! Il n’est pas question de mariage ou autre ! Qu’est-ce que tu peux t’imaginer des fois hein ? J’ai juste dit que je voulais être l’un de ses gardes personnels, de ses protecteurs voir l’un de ses amis, c’est tout ! »

« … … … Comment est-ce que tu fais pour dire de telles choses … à de telles personnes. Sincèrement, il y a un truc qui doit être cassé dans ton crâne. Tu as pensé à aller voir un soigneur ou autre, Tery ? Car je m’inquiète à ton sujet. C’est peut-être grave hein ? »

« Tu racontes n’importe quoi, Clari. Je vais très bien. Juste que des fois, sous l’impulsion, il m’arrive dire ou de faire … des choses que l’on peut regretter plus tard. »

« Oh … Je vais répéter cela à la maréchale. Que tu regrettes amplement ce que tu lui as dit, je suis sûre que cela va lui faire très plaisir. » annonça la jeune femme aux couettes blondes, rigolant à cette idée. Elle était la seule à rire de ses bêtises.

« Bon … Je pense que nous allons devoir aussi nous entraîner. Je vais aller me reposer une à deux heures, le temps de laisser à mon visage la possibilité de ne plus se prendre de coups. Après, j’irai m’entraîner avec les autres. Si tu veux, Clari, tu pourras … »

« Venir t’accompagner dans ton lit ? Ne t’en fais donc pas. Mais je suis désolée … Je dois refuser, j’ai autre chose à faire de mon côté ! Pour une autre fois ! » dit Clari avant de partir sans même lui laisser la possibilité de répondre.

HEY ! BORDEL ! Il en avait assez des fois d’elle ! Enfin bon … Elle n’était pas méchante … Mais quand même … Des fois, si elle pouvait arrêter de le titiller sur ce sujet, c’était vraiment gênant en un sens. Bon … Maintenant, il allait pouvoir se rendre dans sa chambre et … s’écrouler sur son lit. D’ailleurs, pourquoi est-ce qu’il avait dit à Clari ce qui s’était passé avec la maréchale hein ? A la base, ça ne concernait qu’elle et lui … pas la jeune femme aux couettes blondes. Rentrant dans sa chambre, il se coucha sur son matelas, fermant les yeux.

« De toute façon, c’est vraiment trop compliqué comme histoire … Je commence à perdre la tête avec tout ceci, moi … Plus que tout même … »

Ah … Il voulait dormir … voilà tout … Il trouva rapidement le sommeil, rêvant de tout ce qui s’était passé. La vie était compliquée … surtout la sienne … mais il ne faisait rien pour l’arranger en soi. Il était complètement stupide, vraiment stupide … Qu’est-ce qu’il allait obtenir avec tout cela, n’est-ce pas ? Rien du tout … ou alors rien de bien.

Lorsqu’il se réveilla, ce fut à cause de nombreux coups de poing contre sa porte. Il se redressa, poussant un gémissement de douleur avant de passer sa main sur son visage. Il avait des bosses, n’est-ce pas ? Il était vraiment laid … très laid … Il s’approcha de la porte, marmonnant à moitié endormi :

« Qu’est-ce qui se passe ici ? C’est qui ? »

« Ordres de la maréchale, Tery Vanian. Une nouvelle mission t’est donnée. »

Hein quoi ? Et zut … Elle avait encore trouvé le moyen de mettre de la distance entre elle et lui … Il poussa un profond soupir, ouvrant la porte pour se tenir face à face avec le soldat qui s’était adressé à lui. Tiens … C’était encore un de ceux qui côtoyaient souvent la maréchale.

« Et c’est quoi ma mission ? Car bon … C’est bien beau mais je ne sais pas quoi faire. »

« Une mission d’éclaireurs en duo. Vous serez chargés de visiter les environs de Midès pour être sûr qu’il n’y a pas de soldats de Mekalarma. »

« … … … Je ne dirai rien du tout à ce sujet. Bon … Vous pouvez signaler que je partirai dans la soirée, d’accord ? Je ne vais pas encore chercher plus de problèmes. »

« Soit … Tu fais bien de réagir de la sorte. » termina le soldat avant de s’éloigner, le jeune homme refermant sa porte. Bon … Il n’avait pas de nouvelles d’Elen, il devait prévenir Clari avant son départ si on lui laissait la chance de s’adresser à elle.

Pour ça … Il allait devoir réagir très rapidement. Il quitta la chambre à son tour, sortant du bâtiment pour chercher où se trouvait la jeune femme aux couettes blondes. Contrairement à ce qu’il pensait, il n’arriva pas à mettre la main dessus. Il poussa un profond soupir désabusé … Dommage, il voulait quand même lui signaler qu’il devait partir. Ou alors, c’était peut-être elle qui partait avec lui ? Ça ne l’étonnerait pas d’ailleurs.
Il commençait à avoir l’habitude de parcourir les vastes plaines de Shunter avec Clari alors bon … En même temps, la maréchale se débarrasserait d’elle, ce qui serait une bonne idée. Allez ! Puisqu’il ne trouvait pas Clari, il s’approcha d’un soldat, lui demandant si il pouvait la prévenir qu’il devait partir en mission au cas où Le soldat était un peu apeuré de parler avec lui, le jeune homme rigolant un peu. C’est vrai qu’avec sa réputation, sans qu’elle soit particulièrement inquiétante, il valait mieux ne pas traîner avec lui. A part Olin et Clari, d’ailleurs, il n’avait pas vraiment d’amis.
Oh … Bah … Il n’était de toute façon, pas vraiment à plaindre de ce côté-là. Il ne faisait pas grand chose pour en avoir plus et les rares amis qu’il avait étaient les plus importants. Allez … Il devait préparer quelques affaires puis ensuite se rendre à la sortie de la ville. Là-bas, il attendrait alors la personne qui devait l’accompagner. Ah vraiment des fois … Il aimerait bien mettre un terme à tout ça. Mais bon … La vie, ce n’était pas aussi simple que ça.
En attendant le début de soirée pour partir, il se dirigea à l’intérieur même de Shunter, décidant de se balader. C’était une bonne chose, oui, oui … Hum … Mais c’était plutôt ennuyeux tout seul. C’était bête mais se balader dans les rues sans être accompagné par Clari ou Elen, ça n’avait pas la même … saveur qu’avant.

« Je ne suis quand même pas triste au point de ne rien pouvoir faire sans elles hein ? »

Voilà qu’il s’était mis à se parler tout seul, ça ne s’arrangeait visiblement pas son cas. Ah … Il poussa un nouveau soupir, soupir qui fut interrompu par une lettre qu’il se prit en pleine tête. AIE ! Cela venait de lui donner l’effet d’une gifle en plein sur le visage ! Ce n’était pas sympathique pour le moins du monde ! Ou presque ! Il prit la lettre, l’ouvrant en pleine rue avant de sourire. C’était bien Elen mais …

« Qu’est-ce que … » balbutia t-il, un peu plongé dans l’incompréhension.
La jeune femme lui signala qu’elle ne voulait plus lui envoyer d’images d’elle dorénavant. Elle lui expliquait aussi diverses choses mais bon … Il était un peu étonné. Est-ce qu’il avait dit quelque chose de mal ? Non … Il avait été pourtant assez sympathique dans son commentaire sur l’image d’elle avec cette madame Liza. Non … Alors, qu’est-ce qui clochait ? Enfin bon … Il aimerait bien revoir Elen tout court mais là, il venait de se prendre un sacré coup sur le moral. Ah … Vraiment … Pfff … Bon … Il comprenait un peu. Elle était encore intimidée et lui, c’était presque si il la forçait, non ? Zut …

Bon … Il fallait trouver un coin tranquille pour commencer à écrire alors … car visiblement, il allait devoir faire quelques efforts de son côté. Il se dirigea vers une auberge, s’installant à une table tout en commandant une carafe d’eau et un sandwich. La serveuse lui sourit en signalant qu’elle allait préparer tout cela tandis qu’il cherchait déjà de quoi écrire dans son sac. Depuis le jour où il avait commencé à écrire à Elen, il avait pris ses précautions pour ne jamais être au dépourvu dans une telle situation.
Qu’est-ce qu’il allait écrire ? Et bien, déjà qu’il ne voulait surtout pas la forcer à se montrer une nouvelle fois. Qu’il allait être envoyé à une nouvelle mission qui l’affectait dans les environs de Midès pour trouver des éclaireurs de Mekalarma. Il signala aussi que le discours du roi était assez inquiétant en soi, qu’il allait peut-être mou… Hum non, là, il sentait que si il écrivait cela, elle ne se priverait pas pour dévaster Midès et les alentours pour le retrouver. Oh … Peut-être qu’alors, il devait l’écrire ? Ça serait assez drôle à s’imaginer.

« Il vaut mieux éviter de ne pas trop s’amuser avec tout cela. »

« Messire, vous êtes servi. » annonça la serveuse en posant son repas. Sans même qu’il ne l’avait remarqué, les couverts avaient déjà été déposé ainsi que la cruche et un verre. Il était tellement plongé dans toute cette histoire qu’il n’avait pas prêté attention à tout cela. Il redressa la tête, observant la serveuse.

« Merci beaucoup. » dit-il tout simplement alors qu’elle recommençait à sourire, s’en allant gaiement. Il allait finir par croire qu’il avait tapé dans l’œil de la jeune femme.

Pourtant, malgré cela, il ne pouvait pas se permettre de la draguer. Premièrement car ce n’était PAS DU TOUT son genre. Deuxièmement, il n’était pas doué, il le savait parfaitement. C’était plutôt lui qui subissait les tentatives de drague de Clari … encore qu’avec elle, c’était plus un jeu qu’autre chose, il le savait parfaitement. Troisièmement … Ce n’était pas l’heure, ni l’instant pour une telle chose. Enfin … Avec les propos de sa mère, il voulait éviter de commettre une bêtise, c’est pourquoi il préférait ne pas y penser.
Bon … Finir cette lettre, lui donner des nouvelles sans trop en dire car il ne voulait surtout pas qu’elle s’inquiète inutilement. Alors bon, qu’est-ce qu’il allait pouvoir dire maintenant ? Car s’il voulait éviter les problèmes ! Oh et puis zut, même si ce n’était pas grand-chose ce qu’il avait écrit, c’était en même temps bien suffisant ! Il termina sa lettre, la refermant avant de la laisser s’envoler, l’objet passant par l’une des fenêtres ouvertes de l’auberge. Il était maintenant temps de manger et de boire.
Lorsqu’il termina son repas et qu’il eut fini de payer, il quitta l’auberge sous la mine déconfite de la serveuse. Il était maintenant temps de sortir de Midès pour attendre cette fameuse personne qui allait l’accompagner. Aux portes de la ville, il remarqua que les gardes n’étaient plus les mêmes qu’auparavant. Ca ne servait alors à rien de leur parler, il n’était pas là pour faire la conversation. Il s’éloigna un peu, se plaçant contre un mur, les bras croisés tout en fermant les yeux.

« J’espère que ça ne sera pas trop long non plus. » murmura t-il en prenant une profonde inspiration. Vraiment … Bon … Il n’avait rien à faire en attendant, n’est-ce pas ? Dormir debout, est-ce que c’était possible ? C’était à se demander … hum …

Finalement, ce ne fut pas si difficile que ça, ayant finit par sombrer dans le sommeil après une quinzaine de minutes. Dormir debout … Il avait la réponse à sa question. Pourtant, lorsqu’une main se posa sur son épaule, il sursauta, ouvrant les yeux. Ce geste eut pour cause de le faire tomber sur la personne qui avait posé sa main sur lui.

« Aie, aie, aie … Qu’est-ce qui s’est passé ? » marmonna t-il en gémissant de douleur, passant une main sur le derrière de son crâne.

« Tery … Je crois que … tu pourrais faire plus attention. » murmura une voix assez douce alors qu’il se redressait aussitôt, rouge de gêne.

Que … Que … Que … Quoi ? Cette chevelure argenté, cette jupe de métal blanc, ses yeux rouges, ces morceaux de tissu noir ? La jeune femme se releva, tapotant ses jambes et ses bras alors qu’il bafouillait :

« Ma … Maré … Maré … Que … Euh … Euh … »

« Tu devrais sincèrement faire plus attention. » reprit la jeune femme en posant une main sur sa bouche pour le faire taire, chuchotant dans son oreille : « Je te déconseille de prononcer mon grade, Tery Vanian, est-ce bien compris ? Je suis simplement … qui ? »

« Ma … Ma …ne … Manelena. » dit-il en tremblant avant d’entendre le petit rire de la part de la jeune femme, celle-ci déposant ses lèvres sur sa joue pour le remercier. Il s’écroula sur les fesses, adossé contre le mur, trop choqué par ce qui venait de se passer.
La … La maréchale … C’était elle qui allait l’accompagner ? Mais … Mais … Manelena … Il se passait quoi ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle … Comment … Puis, le baiser sur sa joue … Enfin, il … Il … Pfiou … Maintenant qu’il savait qui elle était réellement, il avait beaucoup de mal à raisonner correctement.

« Alors ? Tery ? Tu te dépêches ? Tu ne veux quand même pas que je vienne te chercher. »

Manelena s’adressa à lui, tendant sa main pour qu’il la récupère. Il posa sa main dans la sienne, la jeune femme tirant pour l’emmener contre elle. Pfiou … Il avait vraiment chaud … et en même temps, il était remplit d’un certain malaise à l’égard de Manelena. Le fait qu’il sache la vérité … Maintenant, c’était …

« Heureux sont les simples d’esprit. » murmura t-il lentement alors que la jeune femme haussait un sourcil, lui disant :

« Qu’est-ce qui te prends ? Pourquoi est-ce que tu dis une telle chose ? »

Il ne répondit pas, détournant juste le regard. S’il n’avait jamais su que Manelena était la maréchale alors tout se serait passé différemment. Oh oui … Maintenant, ils étaient en train de s’éloigner de Midès, marchant sur un chemin de terre Selon les dires de la maréchale, ils allaient juste dériver du chemin après une bonne dizaine de kilomètres. D’ailleurs, maintenant qu’il savait à son sujet, il allait pouvoir lui poser quelques questions.

« Maréchale … Manelena … Je … voulais … »

« Redis encore une fois mon grade et tu es un homme mort. » annonça Manelena.

« Mademoiselle Manelena ? Je voulais savoir … Est-ce que d’autres personnes savent qui vous êtes réellement ? Car … Ca ne doit pas être la première fois que vous faites une telle chose non ? » demanda t-il finalement, s’armant de courage.

« Ah ? Ils sont tous morts … Un malheureux accident. Ce qui n’a aucune utilité ne mérite pas de vivre. Avec cette phrase, tu as la réponse à ta question mais aussi à la prochaine que tu allais me poser : cela veut dire que je suis important ? Oui … Pour l’instant. »

« Euh … Et sinon, pourquoi vous avez voulu partir avec moi pour l’exploration et faire le rôle d’éclaireur pour trouver des … »

« Tu aurais préféré Clari ? Ou alors, cette femme nommée Elen ? » le coupa t-elle aussitôt, s’approchant de lui alors qu’il s’était mis à trembler violemment. Elle se retrouva à sa hauteur, étant plus grande que lui.

« Je n’ai rien dit du tout ! Je vais tout simplement me taire et ne plus poser de questions ! Vous êtes libre de faire tout ce que vous voulez, maré… Manelena ! Tiens, d’ailleurs, c’est quoi ton … » commença t-il à prononcer avant de s’arrêter.

Pour toute réponse, elle lui prit la main, la serrant dans la sienne en faisant un étrange sourire. Cette femme … Il avait l’impression … l’impression qu’elle était un peu … schizophrène …avec deux personnalités différentes. Si c’était le cas … Il veillerait sur elle.

Second axe : Un roi avide de pouvoirs

Chapitre 13 : Un discours étrange

Il avait eu du mal à dormir cette nuit. Les paroles de la maréchale continuaient de tourner dans sa tête pendant de longs moments. Et puis … SES paroles à lui aussi ! Qu’est-ce qui lui avait pris de dire une telle chose ?! Il roula dans son lit, se triturant les cheveux bruns comme pour arrêter de réfléchir bien que ça ne servait à rien.

Il se leva de son lit, s’aspergeant le visage avec de l’eau issue de la petite bassine posée sur une table. Il devait se préparer dès maintenant, ensuite, il verrait en temps et en heure ce qu’il devait faire ! Une quinzaine de minutes plus tard, il avait déjà quitté sa chambre, étant prêt pour le discours du roi bien qu’au final, la matinée ne semblait même pas avoir débutée, le soleil venant à peine de se lever. Il avait eu tant de mal que ça à dormir ou quoi ? C’était juste … impressionnant en un sens.

Lorsqu’il quitta le bâtiment, il se dirigea vers la salle d’entraînement. Comme il s’en doutait, personne n’était là. Il sortit ses deux griffes qu’il avait prises, les mettant aux mains avant de faire quelques mouvements de combat. Ah … Comme c’était … plaisant de se battre avec ses armes, très plaisant même. A gauche … Puis à droite, un mouvement en diagonal puis un second en diagonale inverse. C’était ainsi qu’il devait combattre ! Il fit apparaître ses lignes sur ses bras, pensant à cet être qu’il haïssait de tout son corps, de tout son être. Ses griffes s’allongèrent, une aura noire les entourant avant qu’il ne recommence les mêmes mouvements mais de façon beaucoup plus rapide qu’auparavant.

« Ce n’est pas comme ça que je suis censé servir le roi ! Ni le roi, ni la maréchale ! »

Ce n’était pas ainsi que ça devait se passer ! AHHHH ! Purée ! POURQUOI ?! Pourquoi est-ce qu’il se compliquait la vie avec autant de choses hein ?! Il ferma les yeux, donnant nouveau coup dans le vide avant de s’arrêter, essoufflé par l’effort. Il voulait … juste comprendre ce qui se déroulait autour de lui. Il avait l’impression qu’on l’avait jeté dans une histoire sans queue, ni tête … incompréhensible.

Il se mit assis sur le sol, ne cherchant même pas à savoir s’il était propre ou non. Ses lignes noires avaient disparu tandis qu’il regardait la pièce autour de lui. Cela avait été … l’un des premiers endroits visités lorsqu’il avait rejoint l’armée de Shunter. Ici, il avait dû se battre contre l’un de ces fistons de nobles trop prétentieux … D’ailleurs, il n’avait aucune nouvelle d’eux … A part Olin, il ne savait rien du tout de ce qui était arrivé aux autres. Bah … Il ne pouvait pas se préoccuper de tout le monde non plus.

Il ne remarqua pas la personne qui était adossée contre un coin de l’entrée, ses bras croisés alors qu’elle portait une imposante armure noire. La maréchale était là, l’observant longuement, ses yeux rubis posés sur lui. … … … Qu’est-ce que cet idiot faisait là ? A venir aussi tôt dans la salle d’entraînement ? Avait-il envie de souffrir ? Elle n’en savait rien … Pfff … Qu’est-ce qui lui avait pris devenir ici ? Elle s’apprêta à repartir mais avec le bruit que fit son armure, le jeune homme se tourna vers elle, surpris.

« Maréchale Nali ? Vous … Vous êtes bien matinale. Bonjour. » balbutia t-il.

« Bonjour … Tery … Je suis matinale mais pas autant que toi visiblement. » répondit-elle, faisant demi-tour, pénétrant dans la salle d’entraînement.

Que … Que … Elle n’allait quand même pas le frapper hein ? Il se releva, faisant quelques pas en reculant, la maréchale s’arrêtant aussitôt dans son mouvement. … … … Ils restèrent immobiles pendant deux bonnes minutes, aucun ne prenant la parole. Finalement, la maréchale commença à se retourner tout en disant :

« Prépare-toi correctement pour le discours, c’est bien compris ? »

« Euh … Maréchale … Vous vouliez me dire autre chose ? » demanda t-il en espérant ne pas en avoir trop fait. Il avait juste l’impression que … C’était ça … Qu’elle n’était pas venue simplement pour parler du beau temps.

« Rien du tout. Mais ne t’avise surtout pas de faire … une idiotie pendant le discours sinon, tu sais ce qui risque de t’attendre, n’est-ce pas ? »

« Euh … Oui, oui ! Ne vous en faites pas à ce sujet ! Je serai muet comme une tombe ! Je ne parlerai pas, je ne bougerai pas, je resterai parfaitement immobile ! »

« … … … Bien, ne fait donc pas d’erreur, c’est tout ce que je te demande. Allez, je te quitte pour la matinée. Nous nous reverrons au discours. »

« Hein ? Euh quoi ? Euh, bonne journée maréchale ! » répondit-il, un peu étonné des dernières paroles de la femme en armure noire, celle-ci quittant la salle d’entraînement sans plus de mots. Il l’observa partir, un petit sourire aux lèvres qu’il n’arrivait pas à expliquer.

Bon … Maintenant, il se sentait un peu plus joyeux pour commencer la journée ! C’était inexplicable mais bon … Ca lui faisait bien plaisir de revoir la maréchale seul à seule. Enfin … Il savait bien que ses paroles restaient inutiles … Celles d’hier, elle les avait surement oubliées mais bon … Ca ne faisait rien. Au moins, elle ne semblait pas en colère. Ce qui lui permettait alors d’espérer survivre pour la journée. AH ! Il allait recommencer à s’entraîner pour la peine ! OUI !

Une bonne heure plus tard, il était couché sur son matelas, exténué mais ravi. Ah ! C’était une bonne journée qui commençait à ses yeux ! Il fallait juste qu’il reçoive une lettre d’Elen et ça serait parfait pour la compléter ! AH ! Tiens ! C’était vraiment son jour de chance. Il voyait une petite lettre qui frappait à sa vitre. Elen ne le laisserait jamais tomber visiblement ! Il se redressa malgré ses courbatures, ouvrant la fenêtre puis la lettre avec un grand sourire.

« Ah … Euh … Elle a peut-être mal compris ? » se dit-il à lui-même après la lecture, semblant un peu confus par les mots écrits par Elen.

Bon … Euh … Enfin bref … Elle n’était plus à Midès malheureusement, comme il s’en doutait, ce qui était dommage car il aurait bien aimé la voir. Ah … Mais en même temps, avec les paroles de sa mère … Il ne savait pas trop si c’était conseillé. Oh … En fait, ça ne devait surement pas l’être plutôt. Il risquerait de dire des bêtises à cause de toute cette histoire. Il allait simplement se contenter … d’une image, tiens. Il allait lui demander de lui envoyer une image d’elle toute seule maintenant. Ca serait plaisant à regarder et ça lui ferait un bon souvenir. Ah … Une image d’Elen … Ca avait une grande importance sentimentale à ses yeux.

Bon ! Il avait terminé d’écrire et il lui annonça qu’il était à Midès au cas où et qu’il allait assister au discours du roi. A partir de là, ils pouvaient essayer de se voir non ? Ce n’était pas une bonne idée ? Revisiter Midès, tous les deux … Retourner à la guilde des magiciens et toutes ces choses ? C’était quand même une bonne idée, il trouvait. Mais à voir si elle allait accepter ! Bon … Maintenant, il était temps de se rendre à nouveau dehors car même si le discours n’était pas encore près d’arriver, les autres allaient déjà se lever. Il savait qu’il avait entièrement raison puisque contrairement au moment où il s’était levé, le terrain dehors était maintenant remplit de soldats, tous majoritairement correctement habillés et préparés pour le discours du roi. Deux mains se posèrent sur ses yeux, une voix féminine demandant :

« Devine donc qui c’est ? Je suis sûre que tu ne trouveras pas. »

« Clari … Il n’y a que toi pour jouer à ça. » répondit le jeune homme en souriant.

« Blablabla. Tu es prêt pour le discours ? Tu étais un peu … en retard hein ? La majorité des soldats sont déjà debout depuis une trentaine de minutes. Du mal à te lever ? »

« Je suis debout déjà depuis plusieurs heures. Je suis même parti m’entraîner. Ah … Si tu savais ce qui m’est arrivé là-bas. » soupira-t-il avec un petit sourire, chose suffisante pour que la jeune femme aux couettes blondes tente d’en savoir plus.

« Allez ! Raconte-moi tout et il ne t’arrivera rien de mal, Tery ! »

« Blablabla. Je t’imite et je te dis simplement que tu peux toujours rêver ! Par contre, j’ai un peu faim, est-ce que j’ai le temps de manger avant le discours ? »

Elle ne lui répondit pas, faisant la tête car il ne voulait pas lui dire ce qui s’était passé. Il ricana à moitié, amusé par la jeune femme tandis qu’il allait se chercher à manger. Il espérait juste que ce n’était pas trop tard car avec l’entraînement, le fait qu’il soit levé depuis quelques heures, son ventre criait famine.

Mais bon … Assis sur une chaise, mangeant son morceau de pain avec du beurre et un peu de confiture, il observait Clari qui s’installa en face de lui. Elle continuait de lui faire la tête, hein ? Il croqua un morceau de sa tartine, tendant l’autre à Clari qui parut surprise. Elle fit un grand sourire, croquant à pleine dents sur le reste de la tartine, l’engloutissant alors que le jeune homme bougeait ses doigts, un par un.

« Mais qu’est-ce que tu fais, Tery ? » demanda t-elle, étonnée.

« Je compte mes doigts si ils sont encore tous présents après ton message. Trois … Quatre … Cinq ! Le compte est bon ! Pfiou, j’ai eu peur de les perdre ! »

« Espèce d’idiot ! Je n’allais pas te les mordre non plus ! »

Et bien, voilà ! Elle lui parlait ! C’était ce qu’il voulait depuis le début ! Visiblement, il venait de réussir superbement ! Ils terminèrent de manger, Clari tentant de lui retirer les vers du nez alors qu’il restait imperméable à tout ce qu’elle disait. Bon … Maintenant, c’était l’heure ! Ils se dirigèrent ensemble vers l’endroit où tous les soldats devaient se réunir … et où le roi allait surement faire son discours. D’ailleurs, pourquoi seulement devant l’armée et pas devant les citoyens aussi ? C’était assez étonnant non ? Il tenta de poser la question à Clari mais ce fut la jeune femme qui lui demanda :

« Euh … Tu ne trouves pas la maréchale un peu différente aujourd’hui ? »

Hum ? Comment ça ? Enfin, ce matin, il aurait dit que oui … Mais là … La femme en armure noire faisait face à toute l’armée de Shunter, accompagnée par différents gradés dont il se fichait pas mal. Elle semblait différente ? Où ça ? Il posa la question :

« Qu’est-ce qu’il y a de différent chez toi ? Enfin, à tes yeux ? Car moi, là … Je suis perdu. »

« Et bien, je … Enfin, elle a l’air un peu … plus … sereine ? C’est bizarre. »

C’était bizarre ? Et où est-ce qu’elle semblait sereine ? Il regarda longuement la maréchale, un peu trop même puisque les yeux rubis se posèrent sur les siens. GLOUPS ! Il détourna aussitôt le regard, observant maintenant Clari pour éviter que la maréchale ne tente de le tuer en plein discours. Il avait décidé de ne pas l’embêter, surtout pas aujourd’hui ! Alors, il allait se comporter convenablement et voilà tout.

Bon … Qu’est-ce que le roi faisait ? Il était un peu en retard ? Non, il n’y avait même pas d’heure prévue … Et depuis, il n’osait plus regarder la maréchale, même discrètement. Si celle-ci s’approchait de lui, il était un homme foutu. Des murmures se firent entendre tout autour de lui alors que les têtes se tournaient vers une seule et unique direction. Le roi … Le roi venait d’arriver ! C’était la première fois qu’il allait le voir et il se sentait un peu nauséeux … Il ne savait pas pourquoi mais voilà … Ah …

Le roi … Comment est-ce qu’il pouvait le décrire ? Et bien, très différent de ce qu’il pensait voir au départ. Ici, nulle question de lourds habits royaux comme une cape rouge tellement épaisse qu’elle pourrait recouvrir cinq personnes. Non … Il n’y avait même pas de couronne ou de sceptre royal … Rien du tout … Non … Ce qu’il avait en face, c’était la prestance d’un roi avec tout son apparat sans son apparence.

Il devait faire un mètre quatre-vingts ce qui était assez grand sans l’être pour autant à ses yeux. Il fallait dire : Clari ou la maréchale étaient clairement plus grandes que lui. Néanmoins, l’allure qu’il avait … On ne pouvait rien dire à ce sujet … Il s’attendait à voir un barbu et un moustachu. Rien de tout cela. Il avait de très légères rides, caractéristiques des hommes âgés d’une cinquantaine d’années ou plus. Mais il avait aussi deux yeux bleus, des cheveux noirs plutôt hirsutes, un peu comme les siens d’ailleurs au niveau de la coiffure. Enfin, sa tenue faisait plutôt penser à un homme aguerri au combat qu’à un monarque. Surtout protégé par d’épais morceaux de cuir, une faucille se trouvait attachée à sa ceinture. Drôle d’arme pour un roi … C’était vraiment lui le roi ? Etonnant … Il ne l’aurait jamais vu de la sorte … Enfin, ainsi … Il y avait bien entendu plusieurs soldats recouverts d’importantes armures de métal et aussi un homme qui …

« Tery, c’est bizarre hein ? On ne dirait pas que … »

Clari ne pouvait pas terminer sa phrase. Il fallait qu’ils se taisent, surtout qu’ils étaient devant les autres soldats, surement par méfiance de la maréchale à leurs égards. Il valait mieux qu’ils la mettent en veilleuse s’ils ne voulaient pas avoir de problèmes. Gloups … Mais visiblement, Clari pensait comme lui. C’était vraiment le roi ? Ah ! Il allait enfin parler !

« L’armée de Shunter … La belle armée, celle qui fait trembler tous les royaumes ennemis. Celle qui cause du tort à ces nombreux adversaires. Néanmoins, vous ne devez pas vous reposer sur vos lauriers. Car vous le savez : les quatre royaumes nous attaquent en même temps pour une raison très simple : ils nous craignent. Ils craignent notre puissance, ils craignent nos actions, ils craignent le fait qu’ils soient incapables de nous arrêter. C’est pourquoi ils ont décidé de se réunir pour tenter de mettre à mal notre royaume. Devons-nous nous laisser faire ? NON ! Même si l’armée de Mekalarma doit s’en prendre à nous, nous répliquerons et nous leur montrerons ce que nous savons faire. Car oui … Sachez-le, c’est bien nos soldats qui ont réussi à mettre à mal la dictature imposée par leur dirigeant. Ainsi, la plus terrifiante et avancée des armées du monde, selon les croyances populaires, n’a pas réussi à arrêter trois personnes ? Trois uniques personnes ? Cela prête à sourire et à rire mais c’est bel et bien la vérité. »

Ohla … Il était en train de parler de lui, Clari et de Manele… euh la maréchale Nali. Il posa son regard sur la femme en armure noire, celle-ci ayant ses yeux rivés sur lui. ARGL ! Elle n’avait pas fini ? Il n’avait rien fait ! Il ne disait rien, ne bougeait pas ! Il était muet comme une carpe ! Et il valait mieux ne pas chercher les ennuis, surtout devant le roi ! Mais ce discours était assez stupéfiant de la part du roi. Il s’attendait vraiment à autre chose dans le fond … Or ce n’était pas du tout ça … C’était même tout le contraire de ce à quoi il s’était attendu … comme pour son apparence d’ailleurs.

« Ainsi, nul ne peut arrêter l’armée de Shunter. Nul ne peut nous ordonner de battre en retraite. L’armée de Mekalarma prépare une attaque sur le nord-ouest de notre royaume ? Que devons-nous faire ? Nous préparer à les accueillir et les repousser ! Montrons toute la puissance de l’armée de Shunter ! Ainsi, pour les prochaines semaines, l’armée principale de Shunter, celle que vous constituez ira se préparer et s’entraîner durement pour repousser l’envahisseur. Le reste de l’armée s’attardera à combattre les trois autres royaumes. Mon discours est maintenant terminé. Vous pouvez vaguer à vos occupations. »

Vaguer à ses occupations ? C’était quoi ça ?! Il avait du mal à comprendre ce que ça voulait dire ! Alors que le roi s’éloignait de quelques pas, il se dirigea lui-même vers la maréchale, celle-ci s’étant mise à trembler. Il lui demanda d’une voix un peu troublée :

« Maréchale Nali … Je … J’aimerai bien que vous m’expliquiez quelques petites choses … »

« De quel … De quel droit est-ce que tu oses me parler ainsi ! QUI EST-CE QUE TU CROIS ÊTRE ?! » hurla t-elle soudainement avant de le frapper avec violence au niveau du visage, du sang giclant sur le sol alors qu’elle le maintenait par le col.

« Vous … Vous me faites mal … maréchale … Ah … Ah … »

« Tu ne risques plus de bouger tes membres après un petit séjour avec moi ! » reprit-elle, le traînant au sol, sans même un regard vers autrui. Clari esquissa un mouvement vers eux mais plusieurs soldats l’en empêchèrent : il valait mieux ne rien faire. Le roi s’arrêta, tournant son visage vers la maréchale et le jeune homme, demandant à un soldat :

« Qui est-ce cette personne qu’elle tire ? »

« Le dénommé Tery. Il est le plus gros problème de la maréchale. Cela est devenu une habitude depuis son arrivée sous les ordres de la maréchale qu’il subisse maintes tortures ou coups de sa part, roi Theor. »

« Hum … Tery … C’est le jeune homme qui l’accompagnait ainsi qu’une autre personne. Hum … Il est à surveiller de plus près. Est-ce lui qui possède les lignes d’Alzar ? »

« C’est le cas, Roi Theor. Il semblerait qu’il soit capable de les contrôler et donc d’avoir la pleine possession de son corps pendant qu’il les utilise. »

« … … … Elle doit être responsable de cela, alors. Mais qu’importe, à l’heure actuelle, ce n’est pas cela qui m’intéresse. » termina de dire le roi, reprenant son chemin sans un regard vers les soldats et le jeune homme qui était emporté par la maréchale.

Quelques minutes plus tard, il fut projeté contre un mur, son dos endolori le faisant atrocement souffrir alors que la maréchale lui hurlait :

« DEBOUT ! MAINTENANT ! C’EST UN ORDRE ! »

Ohla ! Il valait mieux obéir bien que cette fois-ci, il ne voyait pas du tout ce qu’il avait fait pour la mettre dans un tel état. Il se redressa aussitôt, touchant un peu son nez. Snif … Ca faisait un peu mal ça … Et puis, il saignait de celui-ci. Aie, aie, aie. D’ailleurs ? Où est-ce qu’il se trouvait ? Il jeta un regard autour de lui. C’était une chambre … un peu comme la sienne … Rien de bien spacieux ou autre … Il y avait quelques livres, un pot de fleurs posé sur un bureau en bois et puis … AH ! NON ! Il était … dans la chambre de la maréchale ?!

« Je ne veux pas mourir, maréchale ! Je vous promets que je ne veux pas mourir ! »

« La ferme ! C’est compris ? La ferme ! LA FERME ! »

Mais qu’est-ce qu’il avait fait ?! QU’EST-CE QU’IL AVAIT FAIT ?! La voir marcher et faire les cent pas le rendait encore plus nerveux que d’habitude. Elle réfléchissait à la façon dont elle allait le torturer ?! Il reprit, un peu apeuré :

« Maréchale, sincèrement, calmez-vous ! Calmez-vous !

« Que je me calme ?! Et pourquoi est-ce que je me calmerai, hein ?! Tery ! »

AHHHHH ! Il perdait tous ses moyens !  Il allait faire une bêtise ! Il allait faire une bêtise ! IL ALLAIT … serrer la maréchale dans ses bras ?! Il se statufia comme la femme en armure noire, ouvrant en grand ses yeux verts. Là, c’était terminé. Il retira aussitôt ses deux mains, faisant un bond en arrière avant de bafouiller :

« Euh … Euh … Maréchale Nali, là, sincèrement, je sais pas ce qui m’a pris ! J’espère que vous voulez bien me croire car là … euh … euh … Maréchale ! »

« Comment est-ce que tu as osé … Pour qui est-ce que tu te prends ?! Qui est-ce que tu crois être, Tery Vanian hein ? » demanda t-elle alors qu’elle avançait peu à peu vers lui, le jeune homme se retrouva adossé contre le mur. Il regarda à gauche et à droite, aucune échappatoire. Il était foutu ! Qu’est-ce qui lui avait pris de réagir ainsi ?

« Je … Sincèrement, maréchale … Je ne voulais pas ! Je ne sais pas ce qui m’a pris mais vous voir vous énerver de la sorte, ça m’a troublé ! Enfin, non ! Ça m’a fait perdre mes moyens ! Qu’est-ce qui ne va pas ? Qu’est-ce que j’ai encore fait ? »

« Mais arrête de jouer au martyr ! Tu te crois responsable de tous mes malheurs ou quoi ?! »

Hein ? Comment ça ? Qu’est-ce que ça voulait dire … Elle n’était pas en colère contre lui à la base ? Alors pourquoi … Pourquoi l’était-elle ? Pourquoi est-ce qu’elle avait frappé et ramené dans sa chambre ? Maintenant, il nageait en pleine incompréhension.

« Euh … Maréchale Nali, il se passe quoi au final ? Est-ce que vous pouvez m’expliquer ? »

« Et pourquoi est-ce que je t’expliquerai hein ? POURQUOI ?! » dit-elle sur le même ton énervé, s’étant arrêté de marcher.

« Je ne sais pas vraiment … Car vous m’avez fait venir ici ? » demanda t-il avec un peu de timidité, espérant ne pas la mettre plus en colère qu’elle ne l’était déjà actuellement.

… … … Le poing droit de la maréchale se serra avec force, se levant peu à peu avant de s’abaisser. Elle semblait se calmer, murmurant :

« Arrête de te croire important … C’est un conseil si tu veux survivre, Tery. »

« Ce n’est pas ça que je veux, maréchale. Je me suis tenu correctement pendant le discours … et me faire traîner de la sorte, je commence à prendre l’habitude. »

« … … … Tu me donnes mal au crâne, sérieusement mal au crâne. TERY ! Tu sais ce que ce discours vient de nous annoncer ? » demanda t-elle en cherchant son calme.

« Euh … A part le fait qu’on est dans le pétrin, qu’on risque d’avoir de sérieux problèmes, que le roi a flatté mon égo en parlant de la mort du dirigeant de Mekalarma, j’ai un peu de mal à voir où vous voulez en venir à ce sujet. Enfin … Peut-être le fait que l’on doit se préparer à une grosse attaque de tous les côtés … »

« C’EST EXACTEMENT CA ! C’EST CA ! Tu vois que tu n’es pas complètement stupide et arriéré ! C’est ça le problème ! »

« Je vais prendre les insultes comme des compliments et vous demander … Le problème ? » dit-il avec lenteur alors que la maréchale recommençait à faire les cent pas.

Il la regarda marcher devant lui nerveusement, de gauche à droite comme si de rien n’était. Elle ne semblait pas confuse ou perturbée, simplement un peu énervée … non pas par lui mais par le discours d’après ce qu’il avait compris ? Qu’est-ce qu’il y avait dans celui-ci ? Hey … Attendez un peu … Ce discours … S’il … cherchait un peu, ça voulait dire :

« HEY ! En clair, il veut nous demander de mourir ou je rêve ? La petite bande d’éclaireurs de Traslord, c’était rien contrairement à ce qui nous attend ! »

« C’est exact … Tery … C’est bien cela. Le roi nous demande de mourir. »