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Chapitre 30 : Une voix

ShiroiRyu
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Chapitre 30 : Une voix

« Ca ne devrait plus tarder non ? Elle a dormi toute la nuit. »

Et lui-même avait veillé toute la nuit. Il avait proposé à Elen d’aller dormir dans une autre chambre mais elle avait formellement refusé. Les autres étaient déjà partis depuis se coucher de leurs côtés. Il fallait dire qu’Elise ne s’était pas réveillée et lui était sérieusement fatigué même. Sauf que … Qu’Elen était sur lui.

Et elle était en train de dormir paisiblement, sans se soucier de lui. Accrochée pour bien se loger contre son torse, elle était visiblement bien heureuse d’être là. Et tout ça malgré les paroles qu’il avait eu … quelques heures auparavant. Elen … Vraiment … Il avait l’impression d’avoir affaire à une petite fille plus que fragile.

« Qu’est-ce que je vais faire de toi, ma petite Elen ? »

C’était à se poser réellement la question quand il l’écoutait. Mais là, elle dormait aussi paisiblement qu’Elise … Il retira brièvement le masque d’Elen, fixant son visage endormi. Pourquoi est-ce qu’elle le collait trop ? Ou alors, peut-être était-ce lui le problème ? Trop peur de se rapprocher d’elle ?
Ca serait illogique. Il veut se rapprocher d’elle, rien de plus. Mais pourtant, mais pourtant, maintenant, il n’est plus si sûr que ça. C’est stupide. Pourquoi est-ce qu’il aurait peur ? POURQUOI ? POURQUOI ? Non non et non ! C’est juste qu’Elen soit trop « agressive », voilà tout. Et puis zut, il est fatigué …

« Hmm, où est-ce que je suis ? »

AH ! Il entend la voix d’Elise et il se redresse. Elen est presque en train de tomber mais il la réceptionne, le masque tombant au sol. OH ZUT ! Il ne peut pas déposer Elen maintenant ! Surtout qu’elle risque de se réveiller aussi ! ZUT DE ZUT !

« Qui … qui est-ce que vous êtes ? Mais j’ai déjà vu … cette tenue. »

Elise est encore à moitié sonnée tandis que Tery cherche le masque. Bon sang ! Elen est en train d’être vue par quelqu’un d’autre ! AH ! Il vint s’accroupir, maintenant Elen contre lui à une main alors qu’il se disait qu’elle n’était pas si légère. I récupéra le masque avant de le mettre sur le visage de la demoiselle aux cheveux blonds.

« Mais mais mais … je me rappelle d’elle. Elle est venue une fois dans l’auberge et … HI ! Mais tu es le jeune homme qui était accompagné par cette femme aux cheveux argentés ! »

« Euh si tu peux ne rien dire au sujet de son visage, s’il te plaît. Et ne sois pas effrayée, on ne te veut aucun mal. Enfin s’il te plaît. »

« Tu sembles un peu perdu mais je ne te connais pas et puis tu parlais de mon problème. Enfin, je … je suis vraiment perdue moi aussi. »

« Je dirai même complètement déboussolée. Hahaha … Enfin non, ce n’est pas drôle. Ca ne te dérange pas si je mets Elen à côté de toi ? »

Hein ? Elise hocha la tête positivement, se relevant pour quitter le lit alors qu’il déposait tendrement Elen dedans. Elise ne vint rien dire, ayant peur de briser un moment précieux entre eux deux alors que le jeune homme se relevait, se frottant les yeux longuement.

« Ah, je suis vraiment plus que fatigué. »

« Tu n’as pas dormi de toute la nuit ? Tu ferais mieux de te coucher aussi non ? Vous êtes ensembles, tous les deux non ? »

« C’est le cas mais c’est assez compliqué, je t’avoue. Enfin, je vais attendre que quelqu’un d’autre se réveille mais nous aurons quelques questions à te poser, Elise. Ne t’enfuis pas s’il te plait, ça rendrait vraiment le tout plus compliqué. »

Elle hocha la tête par l’affirmative, montrant par là qu’après tout ce qu’ils avaient fait, c’est vrai qu’il valait mieux pour elle qu’elle reste parmi eux. Ils ne semblaient pas belliqueux d’après ce qu’elle remarquait. Peut-être qu’ils avaient vraiment une solution ?

Mais il ne tenait plus. Les minutes passèrent et il avait de plus en plus de mal à garder les yeux vers Elise. Celle-ci lui signala qu’il valait mieux qu’il dorme pendant qu’elle restait là, assise. Il devait lui faire confiance … Il devait juste lui faire confiance. Il vint s’installer dans le lit, juste à côté d’Elen avant de plonger dans le sommeil.
« Vraiment ?! Je n’y crois pas ! Il se moque de nous ou quoi ? »

« Veuillez … veuillez ne pas le réveiller. Il dort paisiblement. Il était fatigué. »

« Comment est-ce qu’il peut te faire confiance alors qu’il te connait à peine ? Vraiment, ce Tery me rend dingue des fois ! »

Il entendait bien du bruit, n’est-ce pas ? Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agissait visiblement de Manelena. Elle était dans la chambre ? Il y avait aussi Elise non ? ZUT ! Il devait se laisser maintenant avant qu’il …

« Huuuuuuuum ! Ne bouge pas, Tery ! »

Quoi ? Il chercha à se mouvoir mais remarqua qu’il était complètement immobilisé … par les bras et les jambes d’Elen ? Celle-ci s’accrochait plus que nécessairement à lui ! Puis elle posait bien son visage contre le sien avec son masque dessus.

« Pourquoi est-ce qu’il est là, lui ? Il est encombrant. »

Il la regarda mettre une main sur son visage pour retirer son masque mais il l’arrêta avant qu’il ne soit trop tard. Il lui chuchota dans l’oreille :

« Tu sais … comment te dire … Ils sont tous autour de nous actuellement. Si tu veux vraiment mettre ton visage à découvert, je te laisse … »

Mais c’était à ses risques et périls. Il sentit qu’Elen s’arrêtait dans son mouvement, ses yeux bleus s’ouvrant à travers le masque. Elle le regarda pendant quelques secondes avant de se redresser subitement dans le lit, s’écriant :

« HEY ! Mais qu’est-ce que vous faites tous ici ?! »

« On se disait que la température risquait de monter ici. » déclara Clari en rigolant, Elen allant aussitôt s’enfouir sous les couvertures.

« Très malin de ta part, Clari. Je note vraiment ton idée … Tu es stupide. »

« Hey, je suis désolée, Tery mais c’est comme ça que je vois le tout hein ? »

« Elen, si tu peux sortir de sous le drap, il faut que l’on aille discuter avec Elise à ce sujet. D’ailleurs, Elise … Manelena ne t’a pas trop traumatisée ? » demanda Tery alors que la femme aux cheveux argentés s’approchait aussitôt de lui, le prenant par le col.

« Je peux savoir ce que tu racontes là ? »

« Oh, rien de bien spécial, Manelena. Disons juste que tu effraies un peu tout le monde mais tu dois t’en douter, n’est-ce pas ? »

Il émet un petit rire alors qu’elle marmonne quelques mots. Il comprend ces derniers puisqu’elle sait que c’est la vérité. Et elle sait aussi que ce n’était pas dit d’une façon méchante et blessante. D’ailleurs, Elise la regarda avant de dire :

« Elle fait un peu peur mais elle n’a … Enfin, elle ressemble à la maréchale d’après la description. Enfin, la maréchale de Shunter. »

« Ah bon ? Manelena ressemblerait à la maréchale de Shunter ? Tiens donc, c’est bien la première fois que l’on me dit cela. » dit Tery en rigolant, Manelena détournant le regard, un peu énervée et irritée par les propos du jeune homme. « Car c’est le cas en fait. Manelena est bien la maréchale … enfin, était la maréchale de Shunter. Mais il n’y a pas que ça. Je suis l’homme qui l’a enlevée. Comme tu peux le voir, elle n’est pas très motivée à s’enfuir et s’éloigner de moi. Enfin, elle est aussi accessoirement la princesse de Shunter. »

« Prin … princesse ? Mais les princesses ne doivent pas porter des robes ? »

Tery observa Manelena pendant quelques secondes, ayant quitté le lit alors qu’Elen restait toujours cachée sous les couettes, honteuse et gênée. Manelena ? Dans une robe de princesse ? Comme les nobles ?

« Hmmm. Je me dis que ça lui irait peut-être bien. »

« Qu… quoi ?! Qu’est-ce que tu es en train de regarder, TERY ?! » hurle soudainement Manelena, courant vers lui pour l’attraper une nouvelle fois par le col.

« Hey ! Rien du tout, Manelena ! Je me disais juste que peut-être te voir avec des vêtements plus féminins ne serait pas une mauvaise idée. Il faut dire que n’importe quelle femme que je connais et qui traîne autour de moi ne porte aucun vêtement féminin ! Même Elen, si on le remarque bien, avec ses épaulettes d’acier, voilà quoi. »

« Oh, le pauvre petit Tery aimerait que les demoiselles soient plus efféminées. » ricana Clari alors que Manelena le relâchait une seconde fois.

« Hein ? Mais que que … enfin, non ! Pas comme ça ! Pas quand tu parles de cette manière, Clari. Enfin, toute façon, on s’en fiche ! »

« Comment est-ce que tu voudrais me voir, Tery ? Dans une longue robe comme celle des nobles ? Je dois surement avoir cela en cherchant bien. »

Clari continua de jouer sur les paroles de Tery alors que celui-ci cherchait maintenant à éviter de parler avec elle. Il valait mieux se concentrer sur Elise. Il la regarda avant de dire :

« Elise, on va descendre car tu dois surement avoir faim. Mais avant, je fais les présentations ? Bref, tu connais déjà Manelena et Elen. L’autre demoiselle s’appelle Clari, je m’appelle Tery et Royan est le prince de Traslord. »

« Pr … prince ? C’est vrai ça ? »

Elle sembla plus que surprise et étonnée, regardant l’adolescent avant de poser un genou au sol et de s’incliner respectueusement. Elle devait avoir l’habitude avec les personnes de l’auberge où elle travaillait auparavant. Certaines devaient être des nobles.

« C’est bien la première personne de ce groupe qui s’incline devant le rang que j’incarne. »

Le prince jeta un regard autour de lui, ciblant bien Tery et ses compagnons. Oh, cela n’avait pas été dit méchamment, loin de là.

« Oh tu sais, mon petit prince, tu n’es qu’un adolescent comme les autres à mes yeux. »

Clari vint rigoler, caressant la chevelure bleue de Royan alors que celui-ci poussait un profond soupir, Elise les regardant avec étonnement. Elle ne devait surement pas s’attendre à de telles choses avec un groupe comme le leur.

« Bon ! Je dois aussi préciser. Elen, la femme masquée et Clari possèdent les lignes de Zélisia. Moi et Manelena, nous possédons les lignes d’Alzar. Toi aussi surement non ? Ou alors, c’est différent ? Et j’ai aussi des cornes quand … je ne sais pas en fait. Mais j’ai des cornes. On me l’a dit. Manelena peut confirmer. »

« Quand il s’est emporté, dévoré par la haine envers tout le monde, les cornes sont apparues. Mais visiblement, il n’est pas devenu aussi « fou » que toi. » compléta Manelena alors qu’Elen sortait enfin sa tête de sous la couette.

« C’est compliqué mais bref, tu comprends. Tu es la seule que je connaisse qui semble être pareille que moi. Si tu veux bien rester avec nous quelques temps, au moins que l’on puisse s’entraider et surtout réussir à comprendre comment faire pour que tu te contrôles. Car bon, bien entendu, je pense que tu ne veux pas causer de problèmes non ? Tu n’as pas envie de tuer des personnes, des Gnomolds ou autres hein, » demanda Tery au cas où pour être sûr.

« N… non ! Je ne veux pas de ça bien entendu ! » s’exclama Elise.

« Alors, tu ferais bien de nous rejoindre. Enfin, on veut t’aider si ça ne te dérange pas. Qu’est-ce que tu peux nous dire ? Enfin, peut-être que tu as faim d’abord ? »

« Un petit peu, je l’avoue. » murmura la demoiselle aux cheveux auburn.

« Alors, allez déjeuner pendant que je vais me laver un peu. »

« Je vais faire de même. A deux dans le lit, avec tous ces habits, pfiou. »

Elen avait trouvé une bonne excuse pour qu’elle puisse rester avec Tery. Les autres personnes partirent de la chambre, Elen retirant son masque alors que Tery cherchait déjà à s’asperger le visage avec de l’eau. Pfiou, elle n’avait pas tort sur le coup quand même.

« Tery, est-ce que tu as bien dormi ? Tu n’as pas beaucoup eu d’heures de sommeil. »

« Oh ? Ah … pas bien grave, ma toute belle. On se dépêche ? »

Elle doit éviter de vouloir se jeter dans ses bras. Elle doit éviter cela mais elle a du mal, beaucoup de mal. Elle veut le faire ! Elle veut se jeter dans ses bras et l’embrasser longuement. Elle veut … hein ? Tery l’embrassa durant quelques secondes sur les lèvres avant de dire :

« Bon, tu es en train de rêvasser mais j’ai fini, Elen. Je descends déjà. Je ne veux pas que Manelena ne crée plus de problèmes qu’il n’en faut. »

« D… d’accord, Tery. J’arrive tout de suite. »

Elle bredouilla quelques mots. Peut-être qu’elle devait prendre un peu sur elle-même. Ca ne semblait pas être une mauvaise idée. Elle avait envie de recevoir à nouveau des baisers de Tery. Peut-être qu’en feintant l’ignorance par rapport à sa personne, elle en aurait plus ? Mais elle ne devait pas exagérer non plus sinon, ça se retournerait contre elle.

Elle termina sa toilette, venant rejoindre les autres au rez-de-chaussée. Tery désigna une chaise à côté de lui mais elle préféra en prendre une autre, s’installant à côté d’Elise. Elles avaient à discuter toutes les deux de toute façon. Mais pas seulement.

« Alors ? De quoi est-ce que vous parliez ? »

« Elen, tu as ton masque qui est mal mis. Tu devrais faire attention. On voit une partie de ta joue, tu sais. » dit Tery alors qu’elle posait une main gantée sur son visage.

« Ah oui, c’est vrai. Je ferai bien de faire attention. »

Elle fait semblant de montrer que ce n’est pas bien important mais elle remet son masque correctement. Elle doit quand même faire attention au cas où ! C’est important. Ce n’est pas le moment d’être perturbée de la sorte ! Elle doit rester calme ! Mais bon, elle regarda Elise, Tery reprenant la parole bien qu’ils discutaient tous à voix basse pour éviter que les rares personnes présentes autour d’eux puissent les entendre :

« Alors, dis-moi comment ça se passait exactement ? Pour ma part, je vais te dire comment j’ai eu ces… cornes même si Manelena et Clari t’expliqueront mieux. Enfin, de mon côté, ce fut quand j’ai découvert la vérité au sujet de Manelena et que j’ai vu toutes ces fichues armées qui n’auraient pas hésité à la sacrifier. »

« Tu as sauvé la princesse de Shunter ? Tu es son chevalier personnel ? »

Elise demandait ça avec le plus grand sérieux alors que Tery rougissait légèrement aux paroles de la jeune femme. Manelena répondit aussitôt :

« Non, c’était juste un soldat comme les autres. Juste un peu trop collant et insubordonné. Rien de plus, rien de moins. »

« Oui, je ne suis rien de spécial par rapport à elle. »

« C’est bizarre quand même de n’avoir aucun rapport avec une personne et de ne pas hésiter à se mettre sur le dos tous les royaumes. »

« HAHAHA ! Je crois que je vais bien l’aimer ! » s’exclama Clari en tapotant doucement le dos d’Elise, celle-ci se demandant ce qui se passait exactement.

Est-ce qu’elle avait dit une bêtise ? Malheureusement pour elle, il y avait de fortes chances que oui. Mais ce n’était pas de sa faute, elle n’avait pas tout compris ! Elle commença à balbutier, cherchant à changer de conversation :

« Sinon, de mon côté, c’est juste que … enfin … j’ai entendu une voix qui me disait de me laisser emporter par ma haine. C’était juste après deux clients un peu éméchés qui … voulaient me toucher plus que de raison. Mais je ne pensais pas que ça arriverait de la sorte. Que tout cela se produirait ainsi ! »

« Oh mais tu es en rien responsable de ce qui s’est passé exactement, ne t’en fais pas. » répond Tery, cherchant par ses paroles à la réconforter un peu.

« C’est mon corps, ce sont mes pouvoirs, ce sont mes problèmes. Je ne sais pas comment contrôler cela … je ne sais pas du tout ! »

« Ca ne fait rien. Ca s’apprend, comme moi. Moi aussi, je sais pas vraiment me contrôler. Mais bref, Elise, si tu es d’accord, tu es la bienvenue parmi nous. Et si les autres sont d’accord aussi, je ne dois pas être le seul à accepter ceci. »

« Aucun problème pour ma part. » répondit Royan en premier, chose qui étonna le jeune homme aux cheveux bruns. D’habitude, il était plus … distant par rapport au reste.

« Et vous autre ? Des soucis ou non ? »

« Ca dépend d’elle. » répondit Clari. « Plus on est de fous, plus on rit. »

C’était bien là une réponse digne de Clari mais Manelena et Elen ? Les deux femmes avaient une importance assez grande aussi dans le choix. Même s’ils étaient trois à être d’accord, si elles ne l’étaient pas … ça causerait quelques soucis. Il devait donc être patient et attendre de voir ce qu’elles allaient dire. Manelena fut la première des deux, déclarant :

« Rien à faire. Ca ne me concerne pas. Je l’ai juste mise en garde. »

« Oh, ne t’en fait pas, Manelena. On a très bien noté ta mise en garde. »

Elle était vraiment obligée de dire ça, Clari ? Ca allait juste envenimer le tout mais Elen prit la parole à son tour, disant :

« Ca ne m’embête pas de mon côté. Et puis, elle était si gentille lorsque je l’ai vue la première fois. Je sais qu’elle n’est donc pas mauvaise de nature. »

« Me … merci, mademoiselle Elen. »

« Oh, du mademoiselle Elen, peut-être que notre femme masquée est bien plus noble qu’elle voudrait le faire croire ? » ironisa une nouvelle fois Clari en rigolant.

« Je ne suis pas plus noble que ça. Je me comporte juste correctement envers les autres personnes, c’est tout, Clari. »

Elle avait répondu sans méchanceté alors que Tery se massait le front. Maintenant, ils avaient un groupe de six personnes. Rien que ça ? PFIOU ! Ca promettait … mais bon, comment faire ? Car ils étaient un peu un groupe de parias. Du moins, il y avait un trio qu’il valait mieux ne pas rencontrer … et il en faisait partie.

Enfin, pas mieux dans le sens où ça causerait quelques problèmes mais sinon, rien de bien embêtant. Il ne fallait pas non plus exagérer. C’était un peu compliqué mais rien de bien grave normalement. Mais maintenant …

« Bon ben, mangeons ? »

« On vous attendait tous les deux pour commencer. »

Il avait dit cela et Royan venait de lui répondre. Ils étaient six … six maintenant. Sauf qu’ils étaient six cas bien à part. Sans mentir ? Trois porteurs des lignes d’Alzar, deux porteuses des lignes de Zélisia et un membre de la royauté.

Chapitre 29 : Comme une femme normale

ShiroiRyu
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Chapitre 29 : Comme une femme normale

« Alors, tu te rappelles à quoi elle ressemble Elise ? »

« Des cheveux rouges écarlates des habits de même couleur, ce n’est pas très difficile à remarquer normalement non ? Enfin, elle a surement changé de tenue depuis le temps. »

Il disait cela alors que Manelena hochait la tête positivement. Côte à côte, ils marchaient dans les ruelles, cherchant du regard une femme bien différente des autres. Le souci, c’est que des personnes les regardaient eux aussi.

« Ne bouge pas et ne fait pas n’importe quoi. On nous observe. »

Elle disait cela avant de prendre sa main dans la sienne. Elle posa sa tête contre son épaule, reprenant la parole d’une voix lente et calme :

« Autant se faire passer pour un couple. Sinon, ils vont commencer à nous juger. Nous ne sommes pas de leurs races et comme nous sommes assez … Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi est-ce que tu me regardes en souriant bêtement ? »

« Oh, tout simplement que je me dis que s’ils nous regardent, c’est à cause de toi. »

« Et pourquoi ça ? Qu’est-ce qui leur fait … »

« Juste que tu es plus que belle et que certains hommes doivent être jaloux de moi en ce moment précis, voilà tout. AIE ! »

Il se retint de crier alors qu’il sentit le pied de Manelena qui venait écraser le sien. Ca ne faisait pas du bien ! Pas du tout même ! AIE AIE AIE ! Raaaaaah ! Elle exagérait ! Mais il comprenait que ça la dérange un peu quand même.

« Manelena, ça faisait mal quand même. »

« Cela t’apprendra à dire des inepties. Tu sais que je ne supporte pas le moins du monde ce genre de faux compliment. »

« Tu sais aussi bien que je ne mens jamais sur ce genre de choses. »

Elle s’immobilisa, prenant une profonde respiration et s’apprêtant à parler mais il l’arrêta, la tirant avec lui. Elle n’avait pas besoin de mettre sa tête contre son épaule pour faire l’impression d’être un couple. Juste se tenir la main était suffisant.

« On se fixe quelques limites et c’est tout. Je n’ai pas vraiment envie qu’Elen voit ça, si tu veux tout savoir, Manelena. »

« Ce qu’elle pense de nous ne m’intéresse pas le moins du monde, compris ? »

Compris, compris, le message était très bien passé même. Enfin bon, entre eux, de toute façon, il savait pertinemment ce qu’il devait croire dans les paroles de Manelena. A force, il commençait à bien la connaître hein ? Oui … Ce qu’il devait penser réellement de tout ça … Entre elle et lui, c’était quand même bien plus simple qu’elle voulait le croire.

« Manelena, est-ce que tu m’apprécies ? »

Elle se statufia une nouvelle fois sur place. Est-ce qu’il n’avait pas déjà posé une telle question d’une façon détournée ? Car à ses yeux, ce n’était pas la première fois qu’elle entendait celle-ci. Il commençait sérieusement à la gaver à ce sujet.

« Qu’est-ce que tu veux comme réponse pour que tu sois enfin satisfait ? »

« La vérité, c’est tout. Nous ne sommes pas du même milieu … Enfin, je suis juste un fils de paysan donc bon … Ce n’est rien de bien glorieux. »

« Et tu crois donc que j’apprécierai moins une personne à cause de son statut social ? Tu vois, c’est pour ce genre de réflexion stupide que j’ai envie de t’étrangler plusieurs fois. » dit-elle, énervée par les propos de Tery à ce sujet.

« Donc, est-ce que ça veut dire que tu m’apprécies ? »

« Même si tu étais un noble, je te filerai mon poing dans la figure pour un tel avis. »

« Donc est-ce que m’apprécies, Manelena ? » demanda-t-il encore une fois alors qu’elle émettait un grognement. Il n’allait pas arrêter hein ?!

« Oui ! Bon sang ! Je t’apprécie depuis le premier jour, ce n’est pas compliqué non ?! Posséder de telles lignes et haïr une personne précisément comme moi je l’ai haï, tu crois que je ne peux pas apprécier quelqu’un qui me ressemble ?! »

« Ohla. Pas besoin de crier, tu sais ? Enfin … Les autres vont se retourner maintenant … Et … Enfin, ça me fait plaisir … »

Quand même, il pensait que cela avait été fait plus loin … Enfin, avec plus de distance, rien d’autre … Mais comment dire … Raaaaaah ! Il s’était trompé complètement. Il sert bien la main de Manelena dans la sienne avant de se mettre à courir avec elle.

Il vint foncer dans une ruelle après plusieurs minutes de course, reprenant son souffle alors qu’elle faisait de même. Pourquoi est-ce qu’il avait couru aussi vite ? C’était quoi ça ? Elle commença à vouloir connaître la réponse mais il vint dire :

« Vu que l’on s’est encore donné en spectacle par ma faute … »

« Heureusement que tu cites bien c’est de la faute de qui ! Tsss ! Vraiment … »

« Hahaha … Je suis vraiment désolé, je le reconnais parfaitement que c’est de ma faute. Pardon … Vraiment pardon, ne m’en veut pas trop s’il te plaît. »

« … … … Tant que tu n’arrêteras pas de sourire d’une façon aussi niaise, je ne te pardonne pas. Et si tu répètes ce que j’ai dit à Elen ou … En fait non, tu peux le dire … Je pense qu’Elen te punirait bien assez pour ça. »

« … … … Je ne pensais pas en parler de toute façon. »

Ah ! Ils allaient encore se disputer ? Non. Il ne valait mieux pas. Il regarda autour de lui pour voir s’ils pouvaient maintenant faire un petit détour ou non. Car s’ils se faisaient encore repérés, bien que ça ne soit pas par les gardes. Enfin, si quelqu’un savait qui ils étaient, ça ne les aiderait clairement pas, loin de là.

Où est-ce qu’Elise se trouvait ? Difficile à savoir. Néanmoins, ils avaient une idée de son physique donc … Il suffisait de voir une femme de Shunter avec des cheveux rouges. Ce n’était pas commun, n’est-ce pas ? Enfin, normalement. Ils quittèrent la ruelle tous les deux, tenant chacun la main de l’autre.

« Tery, recherchons les endroits où il y a le plus de monde. Normalement, elle n’hésitera pas à se promener librement là-bas. »

« Ca me semble être une bonne idée, Manelena. Faisons-le maintenant. »


Il appréciait grandement quand Manelena prenait les commandes. Ça se voyait qu’elle avait été maréchale et qu’elle savait mener des milliers d’hommes. M’enfin, même si cela n’avait pas été le cas, il l’aurait quand même écouté … car il la respectait. Il suivit la jeune femme aux cheveux argentés, marchant à ses côtés alors qu’ils se dirigeaient maintenant vers ce qui semblait être un marché aux légumes et divers autres produits.

« C’est vrai. Ici, on dirait bien qu’elle pourrait facilement se balader sans se faire remarquer normalement. Mais nous ? On fait comment ensuite ? »

« Comment ensuite ? Tu avais bien dit qu’on ne lui ferait pas de coups mortels non ? »

« … … … Je pensais plus à la méthode utilisée pour l’éloigner de cette ville. »

Il poussa un soupir. Elle n’y avait pas réfléchi, ce qui était assez étonnant quand on connaissait Manelena. Mais il voulait bien croire que sur le moment, aucune idée n’était venue en tête. Bon … Assommer Elen ? C’était simple et radical non ?

Très simple. Le souci, c’est de retrouver Elise. Le mieux, ça serait qu’ils la revoient lorsqu’elle n’était pas en état de … transe ? Un peu comme lui ? Bref, quand elle n’avait pas ses cornes sur le crâne. Un coup derrière la tête ?

Hmm … C’était une bonne solution en un sens. Il fallait ne pas l’oublier au cas où. Oui, oui, oui ! Bien … Il fallait assommer Elise mais comment faire ça en public ? C’était difficile, plus que difficile. Peut-être qu’en se faisant passer pour des personnes qu’elle connaissait.

« Je n’aime pas vraiment mentir … et me faire passer pour ce que je ne suis pas. »

« Alors laisses-moi me charger de cela, Tery. Si tu es encore trop sensible, ça va nous causer plus de problèmes qu’autre chose. On n’a l’habitude à force, avec toi. » répliqua Manelena avant de faire un petit hochement de tête pour qu’il regarde vers la droite.

« Qu’est-ce que … C’est vraiment elle ? » murmura Tery, clignant des yeux plusieurs fois.

Difficile à croire mais ils l’avaient bien en face d’eux. Elle était bien présente devant leurs yeux. C’était bien … Elise. La jeune femme aux cheveux rouges était plus qu’anxieuse, regardant à gauche et à droite, comme si elle était poursuivie. Est-ce qu’elle sait qu’elle nous a repérés ? Enfin … Je ne l’espère pas.

« Non, elle n’est pas au courant que nous sommes là. La venue du prince est normalement inconnue de tous et toutes. Si elle l’avait su, elle serait alors déjà partie. Il faut que nous trouvions le moyen de la faire sortir de la ville. »

Et ensuite, nous pourrons l’assommer ? Non, je ne suis pas sûr que ça se passe aussi facilement. Si tel était le cas, je le saurais … Mais bon … Je ferai mieux de ne pas penser à ça. Bon … J’ai peut-être une solution, mais très risquée.

« Elle n’a pas ces cornes, n’est-ce pas ? Et je suis une autre personne quand j’ai les cornes ? »

« A quoi est-ce que tu penses encore, Tery ? Ça ne me plait pas du tout. »

« Juste à quelque chose qui me semble radical mais sera surement plus qu’efficace. »

Qu’est-ce qu’il était … BON SANG ! NON ! Il venait de la repousser avant de quitter sa cachette ! Sans aucune hésitation, il allait vers Elise ! Il comptait se faire repérer ou alors, elle rêvait, c’est bien ça ? C’était ce qu’il comptait faire en fait ! Se faire repérer ! Non … Faire un contact avec Elise ! QUEL IDIOT !

« Elise ? Est-ce qu’il est possible de te parler en tête à tête ? »

Elle sursauta sur le coup, se retournant avec lenteur vers la personne qui s’adressait à lui. Lorsqu’elle le remarqua, elle chercha à s’enfuir mais il vint la retenir en lui prenant le bras.

« S’il te plaît, je préfère que l’on discute tous les trois. Surtout … que tu es dans le même cas que moi donc je pense que l’on peut s’aider tous les deux. »

« Lâchez … Lâchez-moi. Je ne suis pas comme vous. Vous le savez bien. »

« Non … Tu es comme moi, c’est différent. Viens donc avec moi et Manelena. Nous t’expliquerons tout et ça sera beaucoup plus simple. »

Il devait tout faire pour la contrôler ! Car elle semblait s’exciter et ce n’était pas du tout bon signe pour lui et Manelena. D’ailleurs, la femme aux cheveux argentés arrivait rapidement vers eux, Elise bredouillant :

« J’ai … J’ai mal au crâne … J’ai vraiment mal au crâne. Ça me fait mal … Ça me fait mal ! »

« Qu’est-ce qui … Tery ! Elle est en train … »

Il voyait parfaitement ce qui était en train de se passer. Quelques passants se tournèrent vers eux alors qu’ils transportaient Elise ailleurs. Non ! Ca ne servait à rien, elle allait se débattre et … Manelena se fit face à Elise et lui, disant :

« Retiens-là et tente de me cacher. »

« Tenter de te cacher ? Mais comment est-ce que … »

Il n’avait pas la possibilité de terminer sa phrase que Manelena fit un petit coup discret dans la nuque d’Elise, celle-ci s’effondrant en arrière, Tery venant la réceptionner. Ohla ! Ohla ! Elle avait fait quoi là ? Il ne connaissait pas ça !

« Elle se sent mal, on ferait bien de la ramener à l’auberge le plus vite possible. Tu peux la porter sur ton dos ? Attends un peu. »

Elle parle avec neutralité, comme pour bien dire que ce n’est pas grand-chose. Aux yeux des citoyens, on doit paraître normaux. NORMAUX … Mais déjà deux soldats s’approchent de nous, nous regardant avant que l’un d’entre eux ne dise :

« Qu’est-ce qui se passe ici ? Votre amie ne va pas bien ? »

« Non, non … On va la raccompagner à l’auberge et … » commença à dire Tery avant que Manelena ne montre la statuette que Royan leur avait donnée.

« L’emblème du prince Royan … et récent en plus. D’accord, nous ne vous dérangerons pas plus. Sauf si vous avez besoin d’aide. »

« Nullement besoin. Merci quand même. » dit Tery, croyant encore avec du mal cela.

Mais pourtant, ça avait parfaitement marché et ils purent se diriger tous les trois vers l’auberge où Elen et les autres se trouvaient normalement. Sauf qu’Elen était présente devant eux … et avant même qu’ils ne soient arrivés à l’auberge.

« Qu’est-ce que … Elise ? »

« Si on peut plutôt l’emmener dans une chambre, Elen … On n’a pas de temps à perdre. Merci bien. » coupa Tery, peu enclin à parler pour le moment.

Elen fut immobilisée sur le moment, ne s’attendant pas à une telle réplique de la part de Tery mais après quelques instants, elle hocha la tête, tous se dirigeant vers l’auberge, Tery continuant de porter Elise sur son dos.

Quelques minutes plus tard, Elise était couchée dans un lit, les cinq personnes autour d’elle. Royan avait son regard fixé sur la femme endormie tandis que Clari regardai Tery, amusée.

« Si je m’attendais à ce que tu nous ramènes une nouvelle femme, Tery … »

« Arrêtes tes bêtises, Clari. Ce n’est pas très drôle. Grâce à Manelena, nous l’avons arrêtée avant qu’elle ne devienne folle. Maintenant, le souci, ça va être à son réveil. Nous devons nous préparer quand même au pire. »

« Si le pire devait arriver, on la tue, tout simplement. » rétorqua Manelena, peu enclin à perdre son temps sur ce genre de choses. Tery bredouilla rapidement :

« On ne fait rien de tout ça ! Tu n’as pas compris, Manelena ? Elle est importante. Si elle est comme moi, elle en sait peut-être plus qu’on ne le croit. »

« Bien entendu, d’ailleurs, c’est pour ça qu’elle semble complètement perdue. »

« Merci bien, Royan. Elen, Clari, Manelena, je sais que ça ne vous plaît pas mais non, on ne va pas la tuer comme ça, il en est hors de question. »

Il ne cherchait même pas à argumenter. Non, c’est non. Qu’elles le veuillent ou pas. Et puis quoi encore ? Il avait besoin d’Elise au cas où ! Enfin, peut-être qu’à deux, ils sauraient quoi faire par rapport à leur état de démon, voilà tout ! Il espérait juste quelque chose qui serait peut-être impossible plus tard ? Pfiou … Quel idiot de croire en ça. Il était vraiment idiot mais bon … Il voulait se donner de la confiance.

« Je veux juste que quelqu’un qui me ressemble puisse m’aider, je pense que ce n’est pas trop demandé n’est-ce pas ? Elen ? Manelena ? »

« Fais comme tu veux, bon sang ! Ca me fatigue déjà de te parler, Tery. Tu as décidé cela sans même que je ne puisse donner mon avis ! »

« Pardon … Manelena mais c’est important pour moi. »

Elle s’en doutait ! Sinon, ils n’auraient pas fait tout ça hein ? Elle n’était pas stupide au point de … ne pas l’épauler. Elle savait que c’était important pour lui et voilà tout, elle l’avait tout simplement aidé, rien de plus. Elle poussa un soupir, fixant Elise couchée dans le lit.

« Mais par contre, un seul signe d’agressivité envers toi et elle disparaît de la surface de cette planète, est-ce bien compris ? »

« Oh … C’est très bien compris. » murmura Clari, rigolant légèrement.

« Qu’est-ce qu’il y a de si drôle, Clari ?! »

« Oh moi ? Rien du tout … Rien du tout … C’est plus par rapport à toi, Manelena … Plus par rapport à toi. Moi ? J’ai rien dit ! »

Tery avait bien une idée sur la raison qui poussait Clari à rigoler mais il préféra garder sa réflexion pour lui-même. Question de sécurité, il ne voulait pas de problèmes. Mais peut-être était-ce parce que Manelena avait précisé sans s’en rendre compte que c’était seulement si lui était ciblé et non les autres ?

Hahaha … Il … appréciait Manelena. Difficile de prétendre le contraire. A cause de son caractère, à cause de ses actes, à cause de tout ce qu’elle était. Mais bon, le lui dire encore une fois reviendrait à être plus que suspicieux. Est-ce qu’il avait fait une erreur avec Elen ? Non non. Mais penser de la sorte, c’était mauvais signe.

« Bref, de toute façon, il faut attendre son réveil. Je vais veiller sur elle. Autant qu’elle voit un visage amical au cas où. »

« Je vais faire de même. C’est moi qui l’ait connue avant qu’elle ne devienne ainsi. » dit Elen à la suite de Tery. Royan continua :

« Je vais faire de même. Elle est dangereuse. En tant que prince, je me dois de la surveiller. »

« Et moi, je ne vais pas abandonner le petit prince. Manelena ? »

« Vous me lassez … Je reste aussi donc. On risquerait de croire que je vais faire bande à part. » marmonna Manelena, abandonnant cette bataille.

« Bien bien bien … La demoiselle est donc là, entourée par nous cinq. C’est tant mieux… »

Clari était obligée de rajouter de l’huile sur le feu ? Il se posait sérieusement la question mais il préférait ne pas la dire. Il regardait juste Elise, un peu soucieux. Il espérait que le réveil serait vraiment … calme.

« Tery, est-ce que je peux te parler en tête à tête ? »

Elen lui avait demandé cela alors qu’il haussait un sourcil. Un souci ? En vue du ton, il se posait la question avec sérieux. Rah … Encore une question à se poser ? C’était stupide. Il se leva, accompagnant Elen hors de la chambre alors qu’ils s’éloignaient de quelques pas. Elle chuchota d’une voix trouble :

« Dis … Pendant que vous étiez pas là, qu’est-ce que vous avez fait, Manelena et toi ? »

« Oh … Ce n’est que ça ? Je n’ai donc pas à répondre. Tu te fais encore des idées, Elen. »

« Je ne parle pas … de ça. Mais on ne se cache rien hein ? »

« Pas du tout. On ne se cache rien mais ce n’est pas une raison pour connaître tous mes faits et gestes, Elen. J’ai besoin de respirer et d’être seul. Tu sais … Je pense que peut-être que tout a été un peu trop rapide. Nous n’étions peut-être pas prêts. Je retourne voir Elise. »

Mais mais mais … Pourquoi est-ce qu’il ne veut pas comprendre cela ? Enfin … Pourquoi ? Ca serait pourtant … si simple. Mais surtout, avec ce qu’il vient de dire, elle est juste estomaquée. Elle est trop … collante ? Ils sont trop rapides ? Il ne va quand même pas revenir en arrière ? N’est-ce pas ? Enfin … Enfin… Elle ne sait plus trop quoi penser. Elle le regarda partir pour retourner dans la chambre.

C’est étrange, vraiment très étrange … Enfin, elle ne pouvait rien dire mais elle se sentait plus que mal maintenant. Vraiment très très mal, comme un coup de poignard en plein cœur. Elle avait du mal … beaucoup de mal à raisonner correctement mais elle n’y arrivait pas. Elle tentait de faire de son mieux pour contrôler ses émotions mais elle n’y arrivait pas. Pas du tout même … C’était tout simplement affreux.

Chapitre 28 : Le retour de la démone

ShiroiRyu
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Chapitre 28 : Le retour de la démone

« La terre ferme. J’ai presque envie de l’embrasser. »

Il avait dit cela avec anxiété alors qu’il descendait le premier du bateau dans lequel ils étaient montés pendant plusieurs jours. Pfiou ! Aller ! C’était fini ! Terminé ! Plus aucun problème à l’horizon ! Plus du tout ! SUPER ! Enfin libre ! Il allait pouvoir courir et gambader comme un petit fou et …

« Tery, l’air ahuri que tu as sur ton visage est vraiment pathétique. »

« Hein quoi ? Oh non ! Manelena, ne me regardes pas quand je suis heureux ! »

« Je ne peux pas m’en empêcher car tu es tellement ridicule et pathétique … »

« Hey … Hey … Quand même. Ne soit pas aussi méchante, s’il te plaît hein ? Surtout si c’est parfaitement inutile. » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns tandis qu’il regardait les autres descendre, un par un. Manelena fut d’ailleurs celle qui descendit après lui.

« Je suis méchante seulement si cela s’avère nécessaire. Dans ton cas précis, la question ne se pose même pas, loin de là. »

Il termina par hausser les épaules de dépit, poussant un profond soupir. Vraiment, avec de telles paroles, il était censé prendre comment toute cette histoire ? Enfin bon, l’heure n’était pas aux réflexions absurdes de la sorte. La voix de Royan se fit entendre :

« Veuillez me suivre, vous tous. Nous ne devons pas nous séparer pour le moment. »

« Car sinon, on va encore avoir des problèmes ? Même dans Traslord ? »

« C’est exactement ça, Clari. Surtout si Tery et Manelena sont en liberté. Veuillez m’accompagner tous les quatre, je ne veux pas causer plus de troubles que nécessaire. Ce qui est déjà bien problématique à l’heure actuelle. »

Problème, problème, problème … Que ce mot en bouche. Mais bon, à force de le dire, c’est normal que les autres prononcent pareil. Il attendit qu’Elen descende du bateau, ainsi que Clari avant de prendre la main de la femme masquée.

« Je vais vous emmener dans un endroit en sécurité. Normalement, nous … »

« Normalement, non, Royan. Il y a de très grandes chances que les membres haut-placés de ton royaume ne laissent pas passer le fait que tu sois avec les deux personnes les plus recherchées dans ce monde. Je t’accompagne mais si tes soldats me menacent … ou menacent Tery, je n’hésiterai pas à me battre et à les tuer. »

« Le message est très bien passé, Manelena. »

Royan avait gardé un calme olympien malgré les dires de la femme aux cheveux argentés. Tery, quant à lui, ne pouvait s’empêcher de sourire discrètement. Elle avait bien précisé que si quelqu’un s’en prenait à lui aussi … Ce quelqu’un ne serait certainement plus vivant quelques temps après. Enfin, il pardonnait trop facilement à Manelena. Il avait déjà oublié ce qui s’était dit dernièrement entre eux deux. Rien que ça …

Le prince commença à faire quelques pas, le reste du groupe le suivant sans un mot. Tery restait anxieux, le prince n’étant bien sûr pas seul maintenant. C’était ça … le gros souci. Il n’était pas seul. Des soldats l’avaient attendu, signalant qu’ils allaient l’emmener jusqu’à leur capitaine pour ensuite l’emmener en sécurité.

« Qu’est-ce que ça … veut dire, prince Royan ? »

Le capitaine s’était levé aussitôt en remarquant Manelena et Tery. Il sortit son arme, une épée tout ce qu’il y avait de plus basique, la pointant vers Manelena. Celle-ci émit un grognement, commençant déjà à faire apparaître son armure.

« Assez ! Capitaine ! Veuillez abaisser et rangez votre arme ! Maintenant ! »

« Mais prince Royan, ces deux personnes sont … »

« Exécution ! Que je puisse m’expliquer ! Avant de juger ces deux personnes. »

« Sauf votre respect, prince Royan, nous ne pouvons pas les laisser se promener librement dans la ville. Cela risque de causer beaucoup d’émules parmi les soldats, surtout avec ce qui s’est passé dernièrement pendant la guerre entre les cinq royaumes. »

« Est-ce que je peux m’exprimer ou vous comptez encore couper la parole à votre prince ? » répliqua sèchement le prince alors que le capitaine bafouillait quelques mots.

« Bon, ça veut tout dire par contre … Tery, tu m’accompagnes. Toi et moi, on va se promener. Elen, tu n’as aucune objection, n’est-ce pas ? Pareil pour Clari. »

« J’en ai une. Pourquoi est-ce que Tery devrait t’accompagner ? »

« Car lui comme moi créons des problèmes visiblement. On va juste se promener dans la ville, rien d’autre. Royan, est-ce que tu as une preuve que nous t’accompagnons ? Que l’on ne soit pas arrêté par chaque garde. »

« Comment osez-vous vous adresser de la sorte au prince ? Un tel cri… » commença à dire le garde avant d’être arrêté par un geste de la main de Royan.

Celui-ci observa Manelena et Tery, poussant un soupir avant que des lignes bleues n’apparaissent sur ses bras. Aussitôt, deux petites statuettes de glace finement dessinées se présentèrent dans ses mains.

« Prenez-les … C’est mon symbole dans ce royaume. Ces statuettes ne fondront pas avant une bonne journée et nul ne peut m’imiter. Cela devrait suffire comme preuve. »

« Oh, des petits ours ! Je ne savais pas que tu étais capable de ça, Royan ! »

« Je suis capable de bien plus de choses que l’on ne le croit, Clari. Cet ours blanc est mon symbole … comme mes frères en avaient un chacun aussi. »

« Je me rappelle de la baleine mais pas de l’autre, Royan. » murmura Elen, cherchant à se calmer légèrement par rapport à toute cette histoire.

« Ce n’est pas bien important, Elen. Restez avec moi, toutes les deux. Manelena, Tery, faites attention à vous deux, d’accord ? »

« Pas de soucis, ne t’inquiètes donc pas pour nous. Rien de bien grave ne peut nous arriver. On parle quand même de deux personnes avec les lignes d’Alzar. »

Tery disait cela avec un peu d’amusement pour dérider la situation. Mais malheureusement, ce fut sans effet alors qu’il se préparait déjà à partir avec Manelena. La femme aux cheveux argentés le regarda avec attention, poussant un soupir.

« Vraiment … Dire que je vais encore devoir me coltiner ta présence, Tery. »

« Héhéhé ! Désolé d’être aussi collant, Manelena. » répliqua le jeune homme aux cheveux bruns alors qu’Elen marmonnait sous son masque. Elle n’était pas vraiment contente de la situation mais elle allait devoir l’accepter.

Les deux personnes quittèrent le bâtiment, Tery s’étirant longuement avant de pousser un profond soupir. Se tournant vers Manelena, il vint dire d’une voix lente :

« Et maintenant, qu’est-ce que nous faisons, Manelena ? »

« Qu’est-ce que tu veux que l’on se fasse ? On va se promener. Traslors, je ne visite pas souvent ce pays … Peut-être deux ou trois durant toute ma vie. »

« Rassures-toi, tu n’as quand même pas dit ça … juste pour te balader ? » bredouilla Tery, un peu confus par les paroles de Manelena.

« Et si c’était le cas, est-ce que ça te dérangerait tant que ça ? »

« Non enfin pas vraiment … Disons juste que ça serait surprenant, rien de plus. »

« Surprenant ? Drôle de terme utilisé mais bon … Allons-y maintenant. »

Elle commença à le guider pour s’éloigner du bâtiment. Les deux personnes marchèrent rapidement dans la rue, au beau milieu des citoyens. Heureusement pour eux, il semblait qu’ils n’auraient aucun problème.

« Pour aller boire un verre, nous attendrons encore un peu. »

« Hein ? Ah oui … Cette promesse. Tu t’en rappelles encore ? Tu sais, ce n’est pas si important. Avec tout ce qui se passe, je comprendrai que tu veuilles penser à autre chose. »

« Cela ne me dérange pas plus que ça. Renseignons-nous un peu sur ce que pense Traslors des derniers évènements concernant cette guerre. Avoir un avis intérieur à la situation est aussi important que l’avis extérieur d’Omnosmos. » déclara Manelena alors qu’il ne pouvait que la suivre à la trace. Il n’avait pas vraiment pensé à tout ça, il devait le reconnaître, hahaha.

Mais installés sur un banc, ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes, non-loin des discussions extérieures d’une taverne. Plusieurs personnes étaient présentes, chacune ayant un verre ou autre posé devant elle.

« Tu ne veux pas à boire, Manelena ? »

« Pas vraiment, non … Je n’ai pas soif de toute façon. »

« Je … Je vois … Désolé d’avoir parlé de ça. » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns, ne sachant pas réellement quoi dire dans cette situation.

« Non. Je veux juste signaler que j’accepterai cela lorsque nous serons plus tranquilles tous les deux et seuls, voilà tout. Même si le second point sera très difficile. »

« Bah, nous sommes seuls maintenant non ? Ou alors, j’ai mal compris ? Ca ne m’étonnerait pas en un sens mais bon … »

« Lorsqu’Elen ne sera pas dans mes pattes et qu’elle arrêtera ses crises, tu comprends mieux maintenant ? » déclara Manelena avec neutralité alors qu’il déglutissait.

« D’accord, d’accord, le message est très bien passé, voilà tout. »

Et maintenant ? Qu’est-ce qu’il faisait ? Il continuait de regarder devant lui, attendant que Manelena prenne les commandes. Car oui, il n’allait que la suivre puisqu’elle ne lui laissait pas vraiment le choix de toute façon d’après ce qu’il comprenait.

Ah … Vraiment quel beau bordel, il ne pouvait que dire cela. Enfin, ce n’était pas bon de penser de la sorte, loin de là. Mais il fallait quand même reconnaître que … Manelena ne l’aidait pas quand elle se comportait de la sorte.

« Ecoutons plutôt les dernières rumeurs, Tery. Il y a peut-être des choses importantes. »

« Ce n’est pas ce que tu voulais déjà faire à la base ? Enfin bon, d’accord, aucun souci. Enfin … Manelena, ça me fait toujours bizarre. Ca me rappelle les moments où tu te cachais sans être générale. Enfin, tu sais, au tout début. Je me rappelle que je te trouvais déjà très jolie à l’époque. Enfin, tu avais un comportement un peu spécial … mais plus ouvert. »

« Jolie ? Tu vas arrêter avec ces compliments infondés ? »

« Pas vraiment si je les pense, Manelena. »

… … … Elle resta interdite, poussant un soupir tout en mettant une main sur son front. Il valait mieux ne pas répondre à cela, c’était parfaitement inutile et ridicule. Enfin … Elle ne pouvait pas se mentir à elle-même et reconnaissait que c’était toujours plaisant à entendre quand même. Un compliment sincère faisait plaisir.

« Bon ben … Ecoutons, écoutons alors. »

« Il faut se taire pour cela, Tery. » répliqua la femme aux cheveux argentés.

Il a parfaitement compris le message, pour ne pas changer. Il plonge dans son mutisme, fermant les yeux alors qu’il se penche en arrière sur le banc. Tendre l’oreille … et ne rien dire. Ce n’est pas une mauvaise idée, loin de là même. C’est très appréciable à entendre et écouter … vraiment très appréciable.

« T’es au courant ? Paraitrait qu’il y a une femme à cornes qui se balade dans la ville. Elle n’a pas encore fait de massacres mais les soldats la recherchent. »

« Tu crois que c’est le même genre que ce soldat de Shunter ? Celui qui a enlevé la princesse qui était en fait la maréchale ? Y a des chances non ? »

« Je ne sais pas vraiment mais bon, de toute façon, ça ne nous concerne pas. On est bien à l’abri ici et je ne compte pas bouger, je te préviens. »

« Héhéhé ! Moi non plus et puis quoi encore ? Je suis bien à l’abri ici. Pourquoi est-ce que j’irai bouger ? Je ne suis pas fou ! Mais quand même, ça serait une démone alors ? »

Tery tendit l’oreille bien qu’il gardait les yeux fermés. Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd justement. Ca parlait bien … d’elle ? N’est-ce pas ? Alors, qu’est-ce qu’il allait faire exactement ? Il ne savait pas encore mais il pencha la tête sur le côté, rouvrant les yeux … pour voir le visage de Manelena drôlement rapproché du sien. Et surtout en train de le fixer attentivement ! Qu’est-ce que …

« Tu as entendu, Tery ? » dit-elle, imperturbable malgré la situation.

« Oui, qu’est-ce que l’on fait maintenant, Manelena ? On va les prévenir ? »

« Occupons de cette affaire pendant qu’ils sont là à bavarder entre eux. Un démon doit régler ce problème de démone, n’est-ce pas ? »

« Si c’était aussi simple que ça … Je ne suis pas si sûr malheureusement. Mais oui, il paraitrait qu’elle est dans les environs donc autant régler ce souci. Par contre, Manelena … »

« Je sais parfaitement ce que tu comptes faire, je commence à te connaître, tu sais ? »

« Hahaha … D’accord, tant mieux en un sens alors … Ca nous fera perdre moins de temps. C’est une bonne chose, oui. »

Il la regarda avant de se lever. Il était temps d’y aller alors ! Même s’ils n’avaient aucun indice directement, ils savaient au moins une chose : elle se trouvait dans la ville. Et comme ils savaient à quoi elle ressemblait, ça serait bien plus simple.

« Méthode douce ou forte, d’ailleurs ? »

« Méthode forte malheureusement. Je ne suis pas sûr qu’elle nous écoute, Manelena. Mais je te rappelle, on ne va pas la tuer. »

Il parlait doucement car dire une telle chose en public, c’était quand même très risqué. Manelena poussa un soupir, posant une main sur son front tout en marmonnant :

« Oui, oui, bien entendu. Je m’en doutais aussi hein ? »

« Tant mieux alors. Nous ne nous séparons pas d’accord ? »

Elle hocha la tête positivement alors qu’ils se mettaient finalement en route. Retrouver Elise ne serait pas une mince affaire, loin de là même. Mais bon, ils savaient à quoi elle ressemblait, contrairement aux soldats de Traslord. Ailleurs, Elen était anxieuse, regardant par la fenêtre tandis que Royan discutait avec le capitaine.

« Et ben, Elen ? Tu n’es pas capable de tenir quelques minutes sans ton petit Tery ? »

« Non … Je n’en suis pas capable. » murmura la femme masquée, tremblante légèrement. Clari haussa un sourcil, posant une main sur son épaule :

« Je disais ça pour rire hein ? Arrête de te faire du mouron avec ça. Ce n’est pas comme s’ils allaient s’échapper et s’enfuir hein ? »

« Et pourquoi pas ? Tu sais bien que Tery et Manelena … Enfin, avec leurs lignes … »

« Je sais quoi ? Ca les rend pas si différents de nous deux. Pas parce qu’ils se ressemblent sur ce point qu’ils vont comploter dans ton dos hein ? Arrête de te causer du tort psychologiquement, ça ne te mènera à rien de bien. »

« La preuve comme quoi j’ai plus de soucis que prévu … C’est que même toi, tu tentes de me remonter le moral … Je ne dois vraiment pas aller bien. »

« Hein ? Hey ! Mon but, c’était pas de faire empirer la chose hein ? »

Ohla ohla ! Elle n’était donc pas très douée pour essayer de calmer Elen. Il fallait dire aussi que la jeune femme au masque blanc n’était pas vraiment très joyeuse dès qu’il n’y avait plus Tery. Pfiou … Elle soupira, disant :

« Quand même, ne soit pas trop dans les pieds de Tery non plus. »

« Hein ? Comment ça ? Pourquoi est-ce que tu dis ça ? »

« On dirait que tu donnes l’impression de ne pas pouvoir vivre sans lui. Tu sais que si tu le colles un peu trop, il risque de se lasser et d’aller voir ailleurs. Et tu sais aussi bien que moi ce qui se trouve ailleurs, non ? »

Elen recommença à trembler de tout son corps, comprenant parfaitement le message de la femme aux couettes blondes. Tery … Tery … Elle ne voulait pas être une plaie pour lui ! Alors, elle allait devoir trouver une solution, c’est tout ! Elle n’avait pas d’autres choix ! Une solution pour que Tery continue de …

« AIE ! Mais pourquoi est-ce que tu as fait ça, Clari ? » s’écria-t-elle, pincée par Clari.

« Car tu recommences à être tourmentée. Prends un peu de repos, essaies de t’aérer l’esprit ! Essayes de suivre la conversation avec le prince, tiens. »

Suivre la conversation du prince ? Mais ce n’était pas intéressant. Ils parlaient du Léviathan des abysses donc bon … Elle n’en avait rien à faire. Elle voulait juste retrouver Tery avant qu’il ne soit trop tard. Etait-ce trop demandé comme à chaque fois ?

« Je ne peux vraiment pas me passer de lui … C’est tout. »

« Je vais finir par croire que c’est obsessionnel. En fait, non, je le crois déjà largement. J’abandonne la partie. Royan ? Je laisse s’échapper Elen. »

« Comment est-ce que … »

Le capitaine tente de réprimander Clari mais l’adolescent fait un geste de la main avant de signaler que c’est bon. Elen quitta aussitôt la pièce puis le bâtiment, à toute allure. Clari posa une main sur son front, disant :

« Vraiment, j’ai l’impression de m’occuper d’une enfant. Qu’est-ce que je suis censé faire ? »

« Tu veux rester ici à écouter, Clari ? »

« Si je ne restes pas avec toi, tu te sentiras tout seul et tu seras triste. Je sais bien que tu ne voudrais pas être triste, petit Royan donc je reste. »

Elle s’approcha de lui, tapotant doucement son crâne alors que le capitaine allait dire quelque chose. Mais il s’arrêta, remarquant que cela ne dérangeait pas Royan, c’était peut-être même le contraire. Il remarquait un faible sourire sur ses lèvres.

C’était étrange car normalement, le prince Royan était connu pour ne jamais laisser transparaître ses émotions. Pourtant, c’était bien ce qu’il voyait. Sauf que cela ne dura qu’un instant, le prince le regardant attentivement.

« Il y a un souci avec mon visage, capitaine ? »

« Non … Non, prince Royan ! Aucun problème ! Pardonnez-moi ! »

« Clari, arrêtes, s’il te plaît, nous parlons de choses sérieuses. Si tu avais écouté, il évoquait le bruit qu’une femme avait des cornes serait dans la ville actuellement mais que personne ne sait à quoi elle ressemble. Ses cornes n’ont été vues que brièvement. »

« Attends, tu parles de cornes ? Donc de qui je pense ? » demanda Clari en s’adressant sérieusement maintenant à l’adolescent.

« Il s’agit d’Elise. Je crois qu’il y a des chances qu’instinctivement, elle est liée à Tery qui est lui aussi un démon même si leurs cas sont différents. Capitaine, veuillez signaler que nous resterons dans cette ville tant que le cas de la démone ne sera pas résolu. »

« Prince, nous ne pouvons pas vous laisser vous mettre en danger. »

Le prince ne répondit pas, ignorant superbement le capitaine avant de demander à Clari de le suivre. Il fallait maintenant rattraper Elen, Tery et Manelena pour arrêter Elise !

Chapitre 27 : Serpent géant

ShiroiRyu
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Chapitre 27 : Serpent géant

« Alors ? Comment est-ce que tu vas, Tery ? »

« Un peu mieux quand même … Enfin, ce genre de remède est un peu dur à avaler mais sinon, ça reste quand même très bon. »

« Très bon ? Tu prends goût aux verres d’eau remplis de sel ? »

Il haussa les épaules après la réflexion de Manelena. Elle voulait de ses nouvelles, il lui en donnait non ? Combien de jours ils allaient rester sur ce bateau quand même ? Une semaine ? Deux ? Ce n’était quand même pas possible. Enfin, ça faisait déjà une journée. Mais heureusement pour lui, la soirée s’était bien mieux déroulée qu’il ne l’aurait cru.
Enfin, il n’avait pas de quoi s’en vanter non plus. C’était personnel … mais très plaisant aussi. Vraiment très plaisant même. Qu’est-ce qu’il pouvait dire d’autre à ce sujet ? Rien du tout, rien de rien. C’était personnel … mais bon … Il ne devait pas regarder la mer.

« L’air marin, ça me convient mais regarder les vagues, par contre … »

« Ca ne fait rien, ne regarde pas les vagues alors, Tery. »

Plus simple à dire qu’à faire. Enfin, il ne voyait pas Clari et c’était tant mieux. Elle se moquerait encore de lui, il en était sûr et certain. Et il préférait ne pas subir cela personnellement. Loin de à … D’ailleurs …

« Où sont Clari et Royan ? Je ne les voies pas, Manelena. »

« Clari doit surement se trouver dans la cantine tandis que Royan est toujours dans sa cabine. D’ailleurs, il faut l’appeler prince Royan ici, je tiens à te le faire signaler. »

« Pour moi, il restera toujours Royan donc bon … Je ne pense pas changer d’avis. Comme toi, même si tu es une princesse, tu resteras Manelena. »

« Vraiment … Tu crois que tout le monde acceptera ça ? »

« Pas vraiment, non. Mais qu’importe, c’est mon point de vue et je ne compte pas le changer suivant le regard des autres … sauf quand ça me concerne personnellement. »

Il se frotta nerveusement le bras. Il était toujours obligé d’y repenser à chaque fois. Il n’arrivait pas à passer outre sa condition. Il était un monstre, il ne l’oublierait jamais. Vraiment … Il n’y arrivait pas. Gloups …

« Je ferai mieux de retourner dans ma cabine. Elen est encore en train de dormir. »

« Dès qu’elle dort avec toi, elle semble ne vouloir jamais se réveiller. Auparavant, elle était bien plus matinale que ça. »

« Pourtant, il n’y a rien de spécial pendant nos nuits. On s’endort juste l’un contre l’autre, rien de plus. Ce n’est pas comme si … je l’épuisais. »

Il se gratta la joue avec gêne, détournant la tête tandis que Manelena restait parfaitement immobile, ses yeux rubis posés sur lui. Elle s’approcha de lui, se plaçant bien en face avant de dire d’une voix lente :

« Ne t’en vantes pas trop, d’accord, Tery ? »

« Je ne me vantes pas ! Sur ce point, pas du tout ! Puis bon … Je ne vois pas pourquoi j’irai me vanter devant toi. Je ne suis … pas comme ça ! Surtout pas devant toi. »

« Et pourquoi est-ce que tu ne le serais pas ? »

« Comme tu es mature et plus âgée que moi, enfin, à peine … Enfin bref, je sais parfaitement que pour toi, ça semble tellement ridicule et niais Tu dois tellement mieux t’y connaître sur ce point que bon, je ne veux … pas paraître ridicule. »

« Je suis vierge, Tery. » dit-elle tout simplement alors qu’il pouffait de surprise. Avec confusion, il regarda autour de lui. Ils étaient seuls, hein ?

« Mais mais mais … Mais … Attends, enfin, si … Enfin, tu … »

« Tu penses vraiment qu’avec mon allure, mon armure noire et tout le reste, j’avais le temps de penser à ça ? Et aussi, est-ce que tu me voyais être une croqu… »

« Non non ! Arrête ça, je crois que c’est bon, je … J’en ai assez entendu. Je n’aurai même pas dû le savoir, vraiment pas. »

« Maintenant, tu le sais. Ne pose pas plus de questions. » rétorque-t-elle alors qu’il voulait dire qu’il n’aurait JAMAIS posé une telle question ! JAMAIS ! Bon sang ! Le pire, c’est qu’elle était sérieuse ! Elle ne se moquait pas de lui !

« Et je suis censé faire quoi de cette information hein ? Hein ? Maintenant, je suis vraiment perdu et complexé par ta faute ! Vraiment ! »

« Fais en ce que tu veux, ça ne me concerne pas le moins du monde. Après, si Clari l’apprend, je risque de me mettre en colère. Une porteuse d’Alzar qui voue une haine à quiconque, cela risquerait de faire de très lourds dégâts. »

« Le message est parfaitement passé bien que le précédent aurait … mérité de ne jamais être paru, Manelena. Euh … Tu veux manger un morceau ? »

« Ce changement de conversation est tellement … étonnant que je vais accepter. Allons-y, toi et moi. Pendant que la marmotte continue de dormir. » soupira la femme aux cheveux argentés alors que Tery haussait les épaules.

« Je n’ai pas vraiment envie de me battre sur ce sujet, je tiens à te le signaler. »

« Je m’en doutes parfaitement. Allons-y au lieu de perdre notre temps. » répliqua-t-elle avec lenteur tandis qu’il avançait déjà pour se rendre vers la cantine, là où normalement Clari devait déjà se trouver selon Manelena.

Là-bas, contrairement aux paroles de Manelena, nulle trace de Clari. Ils n’étaient pas les seuls, loin de là mais bon … Ils s’installèrent face à face, Tery ayant du mal à manger son petit-déjeuner, n’osant pas regarder Manelena.

« Encore troublé et choqué par mes paroles ? »

« Je n’ai pas vraiment envie d’en parler. Enfin, tu t’en vantes un peu et c’est saugrenu. »

« Saugrenu … Et je ne m’en vante pas … Loin de là même. »

« Enfin, je me comprends et tu te comprends, n’est-ce pas ? Je ne vais pas épiloguer plus longtemps à ce sujet. Tant que tu vois de quoi je veux parler et inversement, c’est tant mieux … pour nous deux, n’est-ce pas ? »

« Si tu le veux, si tu le veux. Manges et tais-toi. »

« J’espère juste que tu trouveras un jour, un homme que tu aimeras de tout ton cœur. Enfin, quelqu’un qui te rendra heureuse après tout ce temps car tu le mérites, Manelena. »

Elle haussa un sourcil, fixant Tery. Le problème avec les déclarations de ce dernier, c’est qu’il était sérieux, plus que sérieux. Il voulait juste qu’elle soit heureuse et rien d’autre. Le problème, c’est qu’elle ne se souciait pas le moins du monde de ce qu’elle était actuellement. Et de ce qu’elle vivait aussi … Très loin même. Ce n’était pas ses préoccupations et ça ne le serait jamais, voilà tout. Qu’il se le rentre dans le crâne.

« Je me demande quand même quel genre d’homme te conviendrait, Manelena. »

« En quoi est-ce que ça te concerne ? Tu es intéressé pour voir si tu as tes chances ? Au cas où ça finirait mal avec Elen, c’est bien ça ? »

« Je n’ai jamais pensé une telle chose ! Ne dis pas n’importe quoi, merci bien. Juste que je me demande ce qui te plairait comme type d’homme, c’est tout. »

« Nullement quelqu’un comme toi si c’est ce que tu cherches à savoir. »

« Je t’ai déjà dit … que ce n’était pas ça. Je sais parfaitement que tu ne me considères même pas comme un ami, je le sais parfaitement. Enfin, je me préoccupe juste à ton sujet … Encore une fois, c’était une erreur visiblement. Comme trop souvent. »

Il se leva avec lenteur, fixant Manelena pendant quelques secondes alors qu’elle restait de marbre. Puis il soupira, Manelena se levant subitement.

« Tu vas arrêter tes idioties, Tery ? En ce qui nous concerne tous les deux ? »

« Tu me parles comme si tu avais affaire à un imbécile et moins-que-rien … Je suis censé prendre cela comment, Manelena ? Je cherche à être le plus amical possible avec toi mais bon, comme d’habitude, tout se répète et ainsi de suite. »

« … … … Fais comme tu veux, tu me fatigues. »

« Si tu le dis, Manelena. Si tu le dis. Désolé de te déranger tant. »

Il devait retourner auprès d’Elen. Ca serait mieux … mais il continuait de poser son regard sur Manelena. Celle-ci avait détourné les yeux pour observer le mur. Il se sentait … quand même terriblement triste, il devait l’avouer.
« Vraiment … Manelena … Si je n’aimais pas Elen, je … »

Elle émit un grognement caractéristique pour bien montrer qu’il valait mieux qu’il ne continue pas ce qu’il était en train de dire. C’est vrai. Il était avec Elen et rien d’autre. Mais voir Manelena de la sorte …

« Ah … Je vais aller retrouver Elen. Bon appétit, Manelena. Et … Bon, même si on se dispute entre toi et moi, je t’aime toujours bien. »

Il remarqua juste un petit relèvement du corps de Manelena, comme s’il l’avait choquée mais elle ne vint rien dire. Il était juste sincère, voilà tout. Alors qu’il quittait la cantine, il tomba nez-à-nez avec Royan. Enfin, il l’apercevait sur le pont, observant la mer. Gloups … Il semblait soucieux mais lui-même, il devait faire attention à ne pas trop regarder l’eau.

« Royan ? Qu’est-ce qui se passe ? Tu as mal dormi ? »

« Hmm ? Tery ? Tu devrais faire attention à ce que tu dis. Bien qu’il n’y ait aucun garde, le fait de m’appeler uniquement par mon prénom risque de poser quelques problèmes. Bien que ça ne me dérange pas personnellement. Et non, je n’ai pas mal … dormi. J’ai juste appris quelques nouvelles plaisantes ou déplaisantes. »

« Ca dépends du point de vue, n’est-ce pas ? Et qu’est-ce que ça veut dire ? Enfin … »

« J’ai appris au sujet d’une créature gigantesque qui sévit dans les mers de Traslord. »

« Créature gigantesque ? Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Royan se tourna vers lui, Tery s’étant adossé à un mur tout en fermant les yeux. Ainsi, il se sentirait moins mal bien que rien ne s’arrangeait au fur et à mesure … Loin de là même. Royan reprit la parole, disant :

« Tu t’en doutes quand même un peu mais il s’agit du Léviathan des Abysses. »

« Il n’est quand même pas dans les environs hein ? Je préfère éviter ça et … Enfin, est-ce qu’il cause des problèmes ? »

« Il n’est pas agressif en lui-même mais sa présence dérange en un sens. Et sa taille impressionnante fait qu’il est à l’origine de quelques soucis mais normalement rien de bien grave et dramatique. C’est juste que … Pendant des siècles voire des millénaires, tout cela n’était qu’une légende et maintenant, la légende a pris vie. »

« Ne t’en fait donc pas … Enfin, je ne devrais pas dire ça alors que je ne suis pas mieux et que je m’inquiète pour un rien. Pfiou …  Hahaha … Désolé, Royan. »

« Désolé pour quelle raison ? » rétorqua l’adolescent, Tery rouvrant ses yeux verts.

« De t’embarquer dans tout ça. Ca ne te concerne pas vraiment. Enfin, déjà avec Elen, c’était compliqué et maintenant, ce n’est guère mieux. »

« On ne pourra pas dire que je suis fainéant comme prince, non ? »

« Je ne pensais pas ça … Pas du tout même si tu veux tout savoir. Enfin bref … C’est compliqué les femmes. » marmonna Tery, Royan haussant un sourcil.

« Des soucis avec mademoiselle Elen ? Elle n’a jamais été aussi enjouée depuis que tu es avec elle. Cela est plaisant de la voir sourire et rire même si elle porte son masque. »

« Oui … Mais bon, il n’y a pas qu’elle. Clari est parfois … insupportable et pour Manelena, c’est bien trop compliqué de chercher à la comprendre. »

« Pourtant, je trouve son caractère assez simple par rapport à ta personne. » dit calmement Royan, Tery le fixant avec attention.

« Assez simple ? J’ai l’impression qu’elle me fait tourner en bourrique alors que je fais tout pour être sympathique envers elle. »

« Et tu ne penses pas que ces attentions l’affectent plus que tu ne le crois ? Comme elle n’y est pas habituée, peut-être qu’elle fait tout pour s’éloigner de toi alors que cela la touche. »

« … … … Dire que je suis avec Elen alors que dans le fond, je recherche quand même l’affection de Manelena. J’ai l’air de quoi ? »

« Je ne sais pas. Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. »

« Je m’en doutais hein ? Enfin bon … Vraiment … Désolé, je vais aller me promener sur le pont. J’espère que nous serons bientôt arrivés. »

Il s’éloigna, saluant brièvement le prince alors que celui-ci replongeait ses yeux dans l’immensité de l’eau devant lui. Le cas de Tery n’était pas rare … Les nobles du royaume de Traslors, que cela soit homme ou femme, avaient les mêmes soucis. En fait, même les gens normaux étaient ainsi.
« Mais je ne me préoccupes pas de cela. Je suis encore bien jeune pour penser à une future descendance … Mais il faudra quand même que j’y réfléchisse un jour. »

Mais pour le moment, ce n’était pas cela … qui importait. Il devait plutôt réfléchir à ce Léviathan des abysses et surtout à sa rencontre avec lui. Il aurait aimé que ses frères voient cela … Maintenant, il était seul.

« Ben alors ! Mon petit Royan ! Qu’est-ce que tu fais tout seul avec ta mine toute morose ? »

Il sentit une main se poser sur son épaule avant qu’il ne se retrouve enlacé par Clari, toujours aussi joyeuse et pétillante de vie, à n’importe quelle heure de la journée. Tery avait raison en ce qui la concernait … mais ce n’était pas une si mauvaise chose dans le fond.

« Elen ? Tu es réveillée ? »

Aucune réponse de la part de la jeune femme aux cheveux blonds mais il savait parfaitement ce que ça voulait dire. Même s’il se sentait un peu mal depuis qu’il était revenu dans la cabine, il vint embrasser Elen rapidement sur les lèvres, la jeune femme se laissant faire, gardant néanmoins les yeux fermés.

« Aller … Debout, debout. Ne me force quand même pas … »

Pourtant, elle tendit légèrement les mains en avant, Tery venant placer les siennes autour de sa taille avant de la lever tendrement. Il vint serrer Elen contre lui, fermant les yeux tout en posant son visage contre sa courte chevelure blonde. Encore que comme il l’avait remarqué, elle avait décidé de les laisser pousser légèrement. Ce qui ne le rendait pas mécontent, loin de là, très loin de là même.

« Tery ? Je suis réveillée … Tu n’es plus obligé de me serrer aussi fort. »

« Pourquoi ? Est-ce que cela dérange la jolie petite demoiselle aux cheveux blonds ? »

« Nullement … Nullement … Mais tu me serres un peu fort … Viens plutôt me laisser faire, je vais te garder auprès de moi le plus longtemps possible. »*

Une proposition plus qu’alléchante et qu’il acceptait avec joie. Il se laissa faire, Elen venant le coucher sur le lit avant de grimper sur lui. Elle commença à le recouvrir de nombreux petits baisers sur le visage, rougissant violemment.

« Comment est-ce que ça se fait que tu étais déjà réveillé, Tery ? »

« J’avais un peu de mal à dormir … Enfin, tu sais, avec les nausées et toutes ces choses. Par contre, j’avoue que j’ai très bien … trouvé le sommeil hier. »

« Oh ? C’est vrai ça ? Et comment … »

« Grâce à toi, Elen. Tu chantes si bien … Tellement bien, c’est un vrai bonheur que de t’écouter, Elen. Tu as une voix magnifique. »

« Arrêtes, tu vas me faire rougir inutilement. » bredouilla la femme aux cheveux blonds, rigolant un peu alors qu’au final, c’était déjà le cas.

C’est vrai. Il ne mentait pas, il avait été émerveillé par la belle voix d’Elen. Il ne s’en serait jamais douté … que pour le chant, elle en était capable. Une idée saugrenue lui traversa l’esprit : est-ce que Manelena en serait capable ?

Qu’est-ce qu’il pensait d’ailleurs ? Il avait Elen dans ses bras. Penser à une autre femme était vraiment horrible de sa part. Pour se faire pardonner, il embrassa une nouvelle fois la femme aux yeux bleus, celle-ci se laissant faire sans aucune réticence.

« Ne t’en fait pas, Tery. Nous serons bientôt arrivés. Nous ne voyageons pas dans tout Traslord non plus, tu t’en doutes, non ? »

« Je l’espère bien … Je l’espère bien, hahaha. »

Sinon, il risquerait de se sentir vraiment très mal à force. Mais bon, ce n’était pas le moment de se préoccuper de ça, loin de là. Il allait passer un peu de temps avec Elen même si les paroles de Manelena étaient troublantes. Comme Elen avait eu son premier baiser avec lui, il n’y avait même pas à se poser de questions à ce sujet.

« … … … J’ai vraiment l’air idiot de penser à de telles absurdités. »

« Mais tu penses à quoi donc, Tery ? Dis-moi tout ! »

« Tu ne voudras pas me croire et puis, c’est vraiment stupide. C’est juste que … Disons que c’est un peu personnel entre nous deux. Toi et moi …Enfin bon, ça serait vraiment notre première fois à tous les deux, n’est-ce pas ? »

« Que … Que … Première fois ? Enfin, tu … Moi et toi … Bien sûr ! Mais … Enfin, juste que bon, ça serait mieux quand tu seras parfaitement bien et non pas dans un bateau. »

« Hein quoi ? Ah non, non ! Je ne pensais pas maintenant ! Et puis, ne brûlons pas les étapes ! Enfin, je crois, je ne préfère pas y aller tout de suite. »

Oh punaise, elle avait parfaitement compris de quoi il parlait mais c’était quand même plus que gênant tout ça. Il ne savait pas du tout où se mettre malheureusement. Il balbutia et bredouilla quelques paroles mais rien de compréhensible ne sortait de ses lèvres.

« Et puis bon, avec les petites scènes de la dernière fois, on préfère éviter les problèmes hein ? » dit-il avec entrain.

« Quelles petites scènes, Tery ? De quoi est-ce que tu parles ? »

« Oh, tu dormais à moitié, ce n’est pas très grave, ne t’en fait donc pas à ce sujet, Elen. Ce n’est vraiment rien d’important. »

« Hmmm … C’est vrai ce mensonge ? » demanda-t-elle en le regardant fixement.

« Parfaitement vrai, mademoielle Elen. Est-ce que tu veux bien me refaire un peu de ce remède contre le mal de mer ? Rester ainsi me rend nauséeux encore une fois. »

« Bien entendu, bien entendu ! Restes donc couché pendant que je vais préparer le tout. »

« D’accord, d’accord, mademoiselle Elen. »

Il prit la place de la jeune femme dans le lit, se couchant sur les draps pour observer le plafond. Avec cette histoire de Léviathan mais pas seulement ça, il y avait encore beaucoup à faire, énormément. Mais il devait prendre sur lui et ensuite voire

Chapitre 26 : Le mal est de retour

ShiroiRyu
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-Chapitre 26 : Le mal est de retour

« Nous sommes aux abords d’une ville. »

C’était les premières paroles de Royan alors que celui-ci désignait ce qui se trouvait au loin d’un regard. C’est vrai, il avait totalement raison.

« Et qu’est-ce que nous faisons exactement ? On laisse d’abord Elen et Clari rentrer en première là-bas ? Avec toi ? Pendant que nous attendons ici, moi et Manelena ? »

« Hors de question que je te laisse seul, Tery. » répliqua Elen sur un ton qui se voulait neutre bien qu’un peu de colère se faisait entendre.

« Je pensais que tu étais assez confiant pour m’accompagner, Tery. Tu as dit qu’avec un prince à tes côtés, tu n’as pas à craindre les gardes. »

« … Tu marques un point là-dessus. Puis, je suis accompagné par Elen et vous autres, ça ne devrait pas causer trop de soucis, je crois. Et tout le monde ne connait pas le visage de Manelena, non ? Alors, ça devrait passer. »

« Je pense que oui … Et puis, tu iras la protéger, non ? »

Voilà que Clari se mêlait de tout ça. Vraiment, en quoi ça la concernait ? Enfin bon, il ne cherchait même pas les problèmes, c’était bon. Il avait parfaitement compris le souci qui allait se produire. Il reprit la parole sur un ton calme :

« Je protègerai tout le monde, pas de différences de ce côté. »

« Ah, le chevalier servant à toutes les femmes qui l’entourent, on en a de la chance. »

Il resta de marbre devant les paroles de Clari, ne faisant qu’hausser les épaules sans réellement se sentir concerné par ça. Il ne voulait pas que cela continue comme il y avait quelques heures. Par contre, il pouvait aussi apercevoir la mer au loin.

« C’est plutôt plaisant … Je n’ai jamais été sur un bateau. »

« Oh ? Il y a visiblement une première fois. Nous ne pouvons pas nous déplacer dans Traslord sans utiliser de bateaux, je tiens à le signaler. »

« Alors, nous le ferons, Royan, c’est aussi simple que ça. J’espère juste que ça ne va pas causer trop d’émules. Je préfère rester méfiant. »

Les yeux rivés vers la mer, il se sentait bien plus motivé qu’auparavant. Il fallait dire qu’une telle chose n’allait pas se reproduire avant longtemps. Il accéléra le pas, prenant un peu d’avance sur le reste du groupe. Tout le monde ne devait pas être forcément au courant de la situation concernant Shunter non ? Non ?

« Tu ferais mieux de nous attendre, Tery. Sans passer le premier, le mieux est de se déplacer en groupe. » dit Royan alors que le jeune homme réfléchissait. C’est vrai … Mais bon … Quand même, s’il y avait des portraits de lui et Manelena ? Il n’avait pas envie d’avoir de soucis. Mais bon, il y avait le prince et sa parole était d’or.

Enfin, il ne se sentait pas totalement en confiance non plus. C’était une chose tout à fait normale et basique mais … Voilà quoi. Mais il devait prendre sur lui. S’il recommençait à être tourmenté par tout cela …

« Allons-y. Ne perdons pas plus de temps, d’accord tout le monde ? »

« Laissez-moi passer devant néanmoins. Et cachons-nous le visage. Même si je suis le prince, je ne veux pas que tout le monde sache que je suis de retour. »

Raison fondée aux yeux de Tery. Celui-ci hocha la tête, mettant sa capuche sur son crâne alors que chacun faisait la même chose. Dans le cas d’Elen, c’était fait depuis bien longtemps, se dit Tery, rigolant pour lui-même par rapport à tout ça.

« Ah, c’est vraiment stupide quand j’y pense. »

« De quoi, Tery ? » demanda Elen en se plaçant à côté de lui.

« Oh rien de bien spécial. Je me disais que pour ton cas précis, tu n’as pas besoin de te cacher, tu portes déjà ton masque. »

« Oh … Je vois. Je sais que cela aurait été mieux sans celui-ci … peut-être un jour. »

« J’espère que ce jour viendra assez tôt. »

Elle eut un petit glapissement de joie, rougissant sous son masque. Il lui en fallait peu mais avec Tery, c’était plus que normal. Ils continuèrent de marcher, arrivant jusqu’à la ville qu’ils avaient vu au loin. Comme c’était la première fois pour Tery, le jeune homme tournait la tête à gauche et à droite, observant les membres de la race de Royan.

« Tu me fais honte, Tery. S’il te plaît, est-ce que tu peux arrêter cela ? On dirait un enfant qui visite un endroit rempli de créatures rares. »

« Désolé, désolé … C’est juste que c’est la première fois que je mets les pieds dans Traslord. Donc bon … Je suis encore un peu étonné. »

« Etonné ? Qu’est-ce qu’il y a de si spécial par rapport aux autres royaumes ? »

« Oh rien, rien … C’est juste que c’est vraiment le seul royaume que je n’ai pas visité. »

« Soit … Mais restes calme, s’il te plaît. Je ne veux pas causer d’émules par ta faute. »

« Pour une fois que c’est toi qui te fait réprimander, Tery. Hahaha ! Ca change ! » dis la jeune femme aux couettes blondes, Royan se tournant vers elle.

« Il en est de même pour toi. »

« Oups. Héhéhé. » répondit Clari, rigolant à moitié à cause de tout cela. C’était si drôle ? Pas à ses yeux pourtant, loin de là même. Elle devait arrêter avec ce genre de bêtises surtout dans un tel endroit, surtout dans un territoire ennemi. Encore que pour elle, il n’y avait pas trop de problèmes … Elle n’était pas recherchée.

Finalement, lorsqu’il fut calmé, il ne jetait plus que quelques regards furtifs autour de lui. Le souci, c’est qu’ils étaient cinq personnes camouflées. Cela devait être loin d’être discret malheureusement. Alors bon, il remarquait aussi les yeux des nombreux citoyens.

« Je ne le sens pas vraiment cette histoire, je dois vous l’avouer. »

« Ne t’en fait pas pour ça, Tery. Nous allons trouver une auberge où passer la nuit. Ensuite, nous chercherons en même temps un bateau pour demain. »

« Ca me semble être une idée convenable. »

Il cherchait quand même à se rassurer mais bon … Il n’était pas sûr de la tournure des évènements. Pourtant, le temps s’écoulait et aucun problème ne se présentait à l’horizon, loin de là même. Ils purent prendre trois chambres sans aucun problème, l’aubergiste regardant juste avec méfiance Royan sans pour autant le reconnaître.

« Tery … Puisque nous restons dans nos chambres pour quelques heures, tu ne veux pas venir ? » murmura Elen tout en retirant son masque pour le déposer sur la table de chevet.

« Venir vers où ? Je pensais me pro … »

Il s’arrêta dans ses propos alors que la jeune femme avait fait tomber la cape au sol et retirer ses épaulettes rouges. Elle s’était couchée sur le lit, tendant ses mains vers le plafond. Oh … Bien entendu. Il comprenait maintenant.


Avec un peu de rapidité, il vient se placer au-dessus d’elle, les mains se refermant pour se placer autour de son cou avec amour. Il déposa quelques baiser sur ses lèvres, commençant à lui caresser les hanches alors qu’elle rigolait un peu, appréciant les chatouilles de l’homme qu’elle aimait. Puis finalement, quelques coups à la porte se firent entendre.

« Ouvrez-nous ! Gardes de Traslord ! »

Que quoi ? Il perdit son sourire en même temps qu’Elen. Il quitta le lit, Elen faisant de même pour récupérer son masque et remettre ses épaulettes. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il ne voulait pas causer de soucis. Est-ce que l’aubergiste avait prévenu les soldats ?

« Qu’est-ce que l’on fait, Elen ? On … ouvre ? On combat ? Je ne veux pas me battre. »

« On va régler cela pacifiquement. » dit Elen avec tendresse.

Mais pourtant, ce n’est pas leur porte qui s’ouvrit en premier mais celle à côté. OHLA ! Si Manelena commençait à se mêler de tout ça, ça allait finir en carnage ! Il ouvrit à toute vitesse la porte de leur chambre, remarquant que c’était l’adolescent qui avait ouvert sa porte. Qu’est-ce que … Pas de bêtises hein ? Il ne voulait surtout pas de bêtises. Ils avaient déjà assez donné chacun de leur côté. Mais …. C’était le prince bien qu’il ne se dévoilait pas.

« Est-ce que vous pourriez m’accompagner dans ma chambre, soldats ? J’ai quelque chose à vous montrer et à vous demander. »

Les soldats regardèrent l’adolescent, intrigués avant que l’un d’entre eux ne vienne avec lui. Les autres restaient là pour observer Tery et le reste du groupe. Quelques minutes plus tard, le soldat qui avait accompagné Royan revint, disant aux autres de se ramener.

« Qu’est-ce qu’il est en train de manigancer ? » demanda Tery.

« Je pense qu’il nous sauve la mise surtout … »

Manelena regarda la scène devant elle puis Royan avait ramené tous les soldats dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, les soldats sortirent, déclarant :

« Nous allons affréter un bateau pour qu’il parte dès demain. Nous devons quand même tenir au courant Traslord par rapport à cela, prince Royan. »

« Faites donc mais ne signalez pas où vous m’avez vu. Je continue de voyager discrètement si nécessaire. Merci bien. » murmura l’adolescent, les soldats faisant le salut militaire avant de s’éloigner, Clari arrivant à la hauteur de Royan.

« On dirait que tout est résolu. Brave Royan ! »

Elle lui caressa le sommet du crâne comme on le ferait à un petit frère, rigolant. Royan se laissa faire, poussant un profond soupir avant de dire :

« Je retourne dans ma chambre. Nous ne devrions plus être dérangés normalement. Vous pouvez dormir paisiblement ou reprendre vos activités. »

Il s’adressait à Tery et Elen, le jeune homme détournant la tête en toussotant légèrement. Pas besoin de le dire ouvertement non plus hein ? Loin de là même. C’est pas si important d’en parler à voix haute aussi. Pfiou … C’était un peu stupide tout ça. Enfin non …

« Vite, vite … Tery, allons-nous coucher ! »

« Je crois savoir que c’est une chambre à un seul lit. » dit Clari en sifflotant ensuite.

« Et alors ? Nous avons pris l’habitude de dormir ensemble depuis le début. »

Ce n’était pas totalement vrai mais il n’alla pas contredire Elen. La seule chose qu’elle fit fut de prendre sa main, le tirant pour le ramener dans la chambre tout en déclarant :

« Bonne nuit, dormez bien et à demain. »

« Bonne nuit à vous deux. » soupira Royan, se dirigeant vers sa chambre à son tour.

Clari émit un petit rire, remarquant que Manelena ne l’avait même pas attendue. Elle était maintenant seule ? HEYYYYYYY ! Ce n’était pas très drôle ça ! Elle se dirigea vers sa chambre commune avec Manelena, fermant la porte derrière elle.

Le lendemain, il se trouvait sur le bateau. Un bateau réquisitionné par les soldats de Traslord pour le prince. Sauf que … Voilà, il se sentait mal, plutôt mal même. Très mal … Le bateau naviguait paisiblement mais ce n’était pas ça le souci.

« Gloups … Qu’est-ce qui se passe là ? »

« Hmm … Je m’en doutais. Mais Clari, Manelena ? »

Royan se tourna vers les deux femmes. Elles supportaient bien mieux que Tery tout ce qui se passait sur le bateau. Tery avait … tout simplement le mal de mer.

« Hmmm … Je pense que je vais te préparer ce que j’ai … »

« AH NON ! Je m’en occupe ! » s’écria Elen avec vivacité avant d’empêcher Royan de venir épauler Tery. Celui-ci était sur le bord du bateau, la tête par-dessus alors qu’il avait des soubresauts mais bon … Il devait se contrôler.

« Je me sens vraiment mal … Vraiment très mal même … »

« Ne vomis pas par-dessus bord ! » s’écria Clari en rigolant.

« Je ne comptes pas le faire ! Je ne suis pas fou et … »

Il hoqueta, Elen revenant à toute allure vers Tery, un verre d’eau avec du sel à l’intérieur en main. Elle lui murmura avec tendresse :

« Bois donc même si ce n’est pas bon … Ca te calmera, Tery. Mais ça ne sera pas suffisant en une seule fois. Si ça te reprend, il faudra alors recommencer à boire. »

« Est-ce que je suis vraiment obligé de faire ça ? Vraiment ? »

« Tu y es vraiment obligé, Tery. Vraiment. » réplique-t-elle en rigolant, amusée par la mine dégoûtée du jeune homme, celui-ci tirant la langue après avoir bu.

« Vraiment … Ce n’est pas bon du tout. »

Il ne pouvait pas s’en empêcher, ça lui donnait envie de vomir mais en même temps, il n’avait pas tellement le choix. Enfin … Ca allait un peu mieux. Il s’écroula contre le bord du bateau, restant sur le pont, assis, une main sur le ventre.

« Ah … Vraiment … C’est juste horrible. »

« Hihihi … Je vais rester avec toi, Tery, ne t’en fait pas. »

Ce n’était pas vraiment de ça dont il était inquiet. Pas du tout. Il entendit le soupir de Manelena, celle-ci s’accroupissant devant lui :

« La prochaine fois, je n’oublierai pas de t’emmener en bateau. Ce genre de mal peut causer vraiment de gros problèmes pendant un combat. »

« Je ne comptes pas me battre sur un bateau … Qu’est-ce que les soldats de Traslord pensent de nous ? Ils ne vont pas nous causer de problèmes hein ? »

«  Ils ne nous causeront aucun problème. Néanmoins, je pense que les rumeurs vont aller à toute allure et nous ne pourrons plus nous déplacer discrètement lorsque nous amarrerons plus loin d’ici quelques jours. »

« Quelques … Quelques jours ? On va rester dessus ? Oh … Je ne vais pas survivre. »

« Elen disait pareil la première fois. Et tu sembles supporter mieux qu’elle. » déclara Royan alors qu’Elen s’écriait :

« Tu n’es pas obligé de donner tous les détails non plus hein ?! »

« Je ne fais que l’épauler car il semble un peu perdu, rien de plus. »

« Allez zou ! Du vent ! Je veux être la seule à m’occuper de Tery maintenant ! Aller … Tery, je vais t’emmener dans notre cabine à tous les deux. »

Elle l’aida à se lever, le jeune homme se tenant à elle alors qu’elle l’emmenait en direction de la cabine. Là-bas, le jeune homme s’écroula sur le lit, restant complètement immobile tandis qu’Elen disait :

« Dis-moi si ça va vraiment mal hein ? Ne me rends pas encore plus soucieuse. »

« Ca va, ça va … Je ne souffres pas tant que ça … si je ne bouges pas. Je vais juste fermer les yeux … Mais il me faudra surement un seau ou quelque chose. »

« Hahaha … Vraiment, Tery. C’est si bizarre de te voir comme ça … mais j’apprécie tellement … Je suis heureuse, je t’avoue. »

« Heureuse de me voir comme ça ? Je ne te savais pas … aussi sadique. »

« Ah non non ! Je ne pense pas ça, Tery ! Juste que … Je peux m’occuper de toi et te bichonner … et te chouchouter un peu. »

« Me chouchouter ? Me bichon … »

« Dis-moi tout ce que tu veux, Tery, je ferais tout ce qu’il faut pour que ça te plaises. Tout ce que tu désires. »

Elle se montrait plus que prévenante et attachante, ayant fermé la porte de la cabine auparavant. Elle retira son masque, un sourire tendre aux lèvres.

« Dis-moi ce qui ne va pas, d’accord hein ? »

« Oh pour le moment, tout va bien, je te le promets … Je peux à peine te voir. » dit-il, la tête penchée sur le côté, couché sur le ventre. « Mais bon … Si tu veux bien rester avec moi, Ca me ferait vraiment très plaisir, Elen. »

Elle eut un petit rire avant de déposer un baiser sur sa joue, venant s’asseoir à côté de lui. Elle passa une main dans les cheveux de Tery, disant :

« Et si je chantais ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Tu en serais vraiment capable, Elen ? Pas que je ne te fais pas confiance. »

« Je peux toujours essayer ? Le souci, c’est que je n’ai aucune parole en tête. » répondit-elle en rigolant faiblement, amusée, Tery murmurant :

« Tu peux juste chantonner. Tu sais avec les hmmm hmmm et les la la … »

Elle le regarda tout en évitant de rigoler. Pourtant, elle ouvrit la bouche, quelques sons en sortant, mélodieux alors qu’il avait les yeux ouverts en grand. Il se redressa dans le lit, se mettant assis alors qu’Elen avait les yeux fermés.
C’était vraiment elle qui chantonnait ? Elle avait opté pour le son la … mais c’était doux et lent. Elle chantonnait doucement, c’était une mélodie plus harmonieuse qu’il ne l’aurait cru. Il ne se serait pas moqué d’elle bien entendu mais quand même … Il aurait été amusé. Mais là … Là … Il …

Il ne vint rien dire tout simplement. Il se coucha dans le lit, fermant les yeux, un sourire aux lèvres alors qu’il continuait d’écouter le chant d’Elen. Si cela avait été avec des paroles, peut-être qu’il se serait déjà endormi. En fait, il trouvait déjà à moitié le sommeil actuellement. Il sentait qu’il allait bientôt dormir … En fait, il s’était assoupi tout simplement

Chapitre 25 : Retrait définitif

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Troisième axe : Le Léviathan des abysses

Chapitre 25 : Retrait définitif

« C’est donc ça, Traslord ? C’est quand même beau … Y a pas forcément beaucoup de végétation aussi luxuriante que Shunter mais je me sens un peu apaisé. »

« Tery, tu dis vraiment tout ce qui te passe par la tête ? »

Royan lui fit la remarque alors que Tery rigolait légèrement, un peu gêné avant de dire :

« Désolé, désolé, ça m’arrive comme ça. Je ne fais pas vraiment attention … Je suis vraiment désolé à ce sujet. Mais bon, tu devrais être content que je félicite ton royaume non ? »

« Je ne sais pas … De cette manière, c’est un peu irritant même si tu ne penses pas à mal, j’en suis sûr et certain. » déclara Royan tandis que Tery haussait les épaules. Le jeune homme aux cheveux bruns tourna son visage vers Manelena, celle-ci le remarquant, faisant de même mais pour éviter de le voir. Hey ! C’était quoi cette réaction ?

« Tiens, tiens, tiens. » murmura Clari au niveau de son oreille. Hum ? « On dirait bien qu’il y a quelque chose de spécial depuis hier. Tu veux bien me raconter tout ? »

« Même pas en rêve et tu sais pourquoi ? Car je sais que tu risquerais de tout répéter. Je préfère donc me méfier … Question de sécurité. »

« Donc il s’est bien passé quelque chose entre vous deux. Je ne me suis pas trompée. »

« Il ne s’est rien passé. Tu te fais des illusions et tu sais parfaitement que ce n’est pas bon du tout, n’est-ce pas ? Alors, arrêtes ça tout de suite. Manelena et moi, c’est personnel. Nous avons des points en commun, voilà tout. »

Il continuait de parler à voix basse mais ne pouvait pas éviter le regard inquisiteur d’Elen. Il fallait dire qu’avec Manelena, ce n’était pas si simple que ça. Très très loin même. Mais bon … Elen, il ne voulait pas la rendre jalouse alors il se calmait. D’ailleurs, alors qu’il discutait avec Clari, Elen vint prendre son bras, le tirant vers elle.

« Tery, je vais te faire visiter un peu les environs. Je suis sûre que tu aimeras grandement tout ce qui se passe. Et puis, il faut que l’on trouve un port pour voyager. »

« Au cas où, si tu as le mal de mer, je … »

Elen fixa Royan à travers son masque blanc, l’adolescent s’arrêtant aussitôt dans ses paroles. D’accord, c’était parfaitement compréhensible ce qu’elle voulait. Donc, c’est bien pour ça qu’il restait muet maintenant.

« Si j’ai le mal de mer, tu … » commença à demander Tery, Elen reprenant :

« Ça ne fait rien pour le moment. Tu ne devrais pas trop t’en occuper, Tery. »

« Comme vous voulez même si ça me surprend et m’étonne un peu si je peux le dire. »

En fait pas qu’un peu … Mais bon … Il ne voulait pas déranger Elen, loin de là. Il avait déjà assez de soucis en tête … et puis bon, avec ces créatures mythiques, il se sentait un peu anxieux. Il possédait les lignes d’Alzar et il était un démon, donc bon …

« Ce n’est pas vraiment ce que l’on peut appeler quelque chose de joyeux, loin de là. »

Il aurait aimé être autre chose qu’un démon mais ça, il ne pouvait pas en vouloir … à sa mère. Il était sûr qu’elle n’était pas au courant, loin de là même. Ah … Vraiment … Qu’est-ce qu’il avait fait pour être ainsi ? Il ne remarqua même pas que tous les regards étaient tournés vers lui, soucieux de son état.

« Qu’est-ce qu’il y a, Tery ? Tu as dit une phrase étrange. »

« Ah bon ? Oh rien de spécial, pas de quoi s’en faire. »

Elen n’était pas convaincue le moins du monde. Pas du tout même. Tery avait toujours un petit tic verbal quand il allait mal. Et là, en disant exactement ce à quoi s’elle s’attendait, elle savait alors que ça n’allait pas.

Mais bon, elle savait aussi que Tery ne dirait rien du tout. Alors bon … Qu’est-ce qu’elle pouvait dire ou faire ? Juste patienter … C’est tout. Car elle n’allait pas le forcer. Elle allait juste vérifier qu’il ne fasse pas de bêtises ou autres, c’est tout. C’était préférable, oui …

« Royan, nous devrions trouver des soldats non ? Pour que tu puisses montrer ton retour. »

« Je ne suis pas convaincu de la démarche, comme je l’avais déjà signalé auparavant. Il vaudrait mieux éviter d’avoir des ennuis, n’est-ce pas ? »

« Ca ne fait rien. Je suis un démon, Manelena est recherchée. Mais tu es le prince donc bon, tes paroles ont plus de valeur que celles d’autres personnes non ? Du moins, dans ton royaume … C’est ce que j’espère. »

« Je vois, je vois … Oui … Ca me semble correct. D’accord. Nous irons trouver un village avec un port et si des personnes nous remarquent, je me chargerai de cela. »

« Merci bien, Royan. Ca réglera pas mal de problèmes actuellement. »

« Si ce n’est que cela qui peut te rassurer, c’est une bonne chose. »

« Oh, oui, oui, bien entendu. » dit le jeune homme aux cheveux bruns. Il se demandait juste s’il y avait un moyen au sujet de son état de démon. Rah ! Dès qu’il ne pensait pas à Manelena ou Elen, il pensait à sa propre condition ! Être un démon … Un démon ! C’était vraiment une chose horrible pour lui, enfin, à ses yeux.

Mais bon … Est-ce qu’être un démon faisait de lui un être maléfique forcément ? Il n’en était pas convaincu du tout. Mais bon, la majorité des gens ne penserait pas comme lui. Car oui, démon est égal à démoniaque, sanguinaire. Si en plus de posséder les lignes d’Alzar, il est encore plus monstrueux … autant dire que les gens vont se fier aux apparences et malheureusement, niveau apparence, il est plutôt horrible avec ses cornes quand elles sont là. D’ailleurs, si au moins, il pouvait être conscient …
Au moins qu’il sache ce qu’il faisait. Car il n’avait pas été réellement conscient de ses actes lorsqu’il avait sauvé Manelena. Oui, il ne l’avait pas dit à tout le monde et c’était mieux ainsi. Si les gens apprenaient … Enfin, si le groupe apprenait ça, dès qu’il serait à nouveau possédé par les cornes, ils allaient être effrayés.
Il ne voulait pas de ça … Il ne voulait pas être possédé par les cornes de démon. Il ne voulait pas du tout. Il ne le voulait pas ! IL NE LE VOULAIT PAS ! C’était aussi simple que ça ! Il ne voulait pas devenir un démon ou quelque chose de ce genre ! Il en était hors de question ! Hors de question de devenir un être monstrueux !
Et cette fille … qui avait aussi des cornes de démon, il devait l’aider. Il ne devait pas l’abandonner. Même si ça ne ferait pas plaisir à Elen, il devait l’aider quand même. Il ne pouvait pas la laisser seule. Ca serait bien plus simple à plusieurs. Avoir une autre personne possédant ces cornes, il supporterait plus facilement tout ça.
Mais ce n’était pas possible. Il ne savait pas comment faire. Il ne savait pas où elle était. Et puis, il n’arrêtait pas de penser à tout ça alors qu’il suffisait de parler avec Elen de tout et de rien. D’avoir une simple conversation, une conversation basique ! Rien d’autre ! Mais non, il n’y avait rien de tout ça, pour ne pas changer. Quel idiot mais quel …

« AIE ! » s’écria-t-il subitement, s’étant pris un doigt sur le front. Elen venait de lui barrer le chemin, faisant un geste de la main pour inciter les autres à continuer. Clari voulut s’arrêter mais Manelena la prit par le bras, disant :

« Arrête tes bêtises et laisses-les. »

Qu’est-ce qui lui prenait à Elen ? Enfin, d’agir de la sorte ! Ca faisait mal quand même ! Enfin, bref ! Elle était en face de lui et il espérait avoir des explications assez rapidement quand même ! Il ne fallait pas exagérer non plus !

« C’est quoi ces marmonnements que tu fais ? »

« Hein ? Quels marmonnements ? Je ne fais rien de spécial. »

Elle le regarda fixement et avec un peu d’énervement. Elle prit une profonde respiration, soulevant sa main gantée de rouge avant de s’approcher de sa joue comme pour le baffer. Mais elle n’en fait rien, caressant juste celle-ci.

« Fermes les yeux. »

« Hein ? Mais pourquoi est-ce que … »

« Fermes les yeux ou je te baffes. Je ne sais pas comment m’occuper correctement de toi. »

Il ne comprenait pas mais il ferma les yeux. Quelques secondes plus tard, il était en train de goûter aux lèvres d’Elen, celle-ci continuant le baiser avec lenteur, semblant apprécier ce moment. Puis lorsqu’il rouvrit les yeux après le baiser, elle avait remis son masque sur son visage, murmurant faiblement :

« Je n’aime pas quand tu ne parles pas, quand tu restes dans ton coin, quand tu sembles en proie au doute, je ne sais pas, je ne veux pas que tu t’isoles. »

« Je ne m’iso… » commença-t-il à dire avant de s’arrêter.

Il ne devait pas se mentir. Lorsqu’il était ainsi, il n’aimait pas vraiment parler aux autres … et il s’en voulait quand même beaucoup. Mais il y avait autre chose.

« Dis-moi, tu ne profites pas un peu trop de la situation dernièrement ? »

« Hein ? Euh ? Comment ça ? »

« Dès que tu le peux, tu commences à m’embrasser en retirant ton masque. Bien que tu cherches toujours à éviter de le faire devant les autres. »

« Je ne sais pas … mais dès que je te vois triste, j’ai envie de ça. C’est comme un automatisme, Tery. Je crois que c’est pour rattraper tout le temps perdu entre nous deux. Est-ce que ça te gêne ? Ou te dérange ? Je peux arrêter hein ? »

« N’arrête surtout pas. Tu es mon oxygène. Mais quand même, tu me demandes de ne pas m’isoler mais c’est toi qui le fait pour m’avoir rien qu’à toi. »

Elle rigole légèrement avant de murmurer que ce n’est pas totalement faux. Elle préférait l’avoir juste pour elle, quoi de plus normal ? Mais bon, elle comprenait que ça aussi, ça le dérangeait. Elle prit sa main dans la sienne, murmurant :

« Allons retrouver les autres. Et je veux t’entendre discuter avec eux d’accord ? »

« D’accord, d’accord. Une vraie mère poule. Je pense quand même que ce n’est pas si grave si je garde mes pensées pour moi-même. »

« Tery … » commença-t-elle à dire alors qu’il rigolait, faisant quelques gestes de sa main libre pour signaler qu’il blaguait. Enfin, qu’il tentait de blaguait.

Sauf qu’elle ne le croyait pas le moins du monde, le regardant avec suspicion. Il vient déglutir, ne sachant pas vraiment où se mettre tandis qu’elle se mettait à courir avec lui derrière. Quelques instants plus tard, ils avaient rejoint le groupe.

« Encore à se faire des baisers en toute discrétion ? »

« Clari, cela ne te regardes pas. Arrête d’être agaçante. » dit Manelena en soupirant.

« Hey, je ne fais que me renseigner. Ne soit donc pas jalouse, Manelena. Un jour, peut-être que toi aussi, tu pourras espérer ça. »

« Non. » rétorque la femme aux cheveux argentés avec rapidité. Elle montrait bien par-là que ce n’était pas dans ses ambitions personnelles et qu’elle n’espérait rien de ce côté. Tery la regarda avec une pointe de tristesse. Il n’aimait pas quand elle se comportait ainsi mais il comprenait aussi pourquoi elle réagissait de la sorte, il ne pouvait pas lui en vouloir.

Pourtant, elle remarqua qu’il la regardait et elle détourna le regard. Après ce qui s’était passé hier, il était vrai qu’elle ne voulait pas forcément qu’ils discutent tous les deux. Il comprenait parfaitement … Parfaitement, oui.

« Enfin bref, Royan, tu connais bien tout ton royaume ou … »

« Je connais surtout la partie de glace puisqu’il paraîtrait que j’ai le cœur aussi froid que la glace. Même si je ne comprends pas pourquoi les gens disent cela. »

« Oh … Ils se trompent surement, il n’y a pas d’autres raisons. »


Tery avait dit cela avec une petite pointe d’ironie, Clari rigolant faiblement alors que Tery se prenait une légère claque derrière le crâne, gémissant de douleur. Elen vint dire :

« Ne te moques pas de lui, c’est compris ? Je n’ai pas envie d’être de mauvaise humeur, Tery. Ce n’est pas ton genre de faire ça … Du moins, ton véritable genre. »

« Et ton véritable genre n’est pas de me donner des claques. Je tiens à le rappeler car bon, ça fait quand même sacrément mal les claques. »

« Oh … Ne t’en fait donc pas pour ça, Tery. Les claques pour la journée. »

Elle ne continua pas sa phrase, la laissant implicite alors que le jeune homme aux cheveux bruns gémissait faiblement. Bien entendu, ça ne lui faisait pas réellement mal mais bon. C’était quand même pour le principe.

« Ce que vous faites ne nous concerne pas, j’espère ne pas avoir à me répéter. » déclare avec lenteur Manelena, un peu irritée.

« Ne t’en fait pas, nous ne parlerons pas plus de tout ça. »

« Je l’espère bien. Ça ne concerne que vous. »

« S’il vous plaît, Manelena, Elen, ne vous battez pas. Surtout que vous avez presque le même nom toutes les deux. » dit Tery en soupirant.
Il n’a pas vraiment envie d’une bagarre actuellement, loin de là même. Les deux femmes se jaugèrent du regard avant de ne plus s’adresser la parole. Il fallait dire que Manelena avait lancé une petite pique pas forcément nécessaire pour le moment, loin de là même.

« Je ne me bats pas, je ne fais que répondre à Manelena, rien de plus. »

« Je ne fais que déclarer la vérité. Cela devrait être une formalité. Bientôt, vous allez nous expliquer que vous avez copulé ensemble ? Cela intéresse peut-être Clari mais nullement moi et Royan. »

Le terme utilisé fit mouche au visage du jeune homme aux cheveux bruns, celui-ci accélérant aussitôt la marche. Après ce qui s’était passé hier, il ne voulait pas vraiment penser à ça … Copuler, c’était pour les animaux. S’aimer, c’était pour les humains.

« Manelena, c’est vraiment stupide de ta part. »

C’est tout ce qu’il avait à dire à son sujet. Il la regarda pendant quelques secondes avant de pousser un profond soupir désemparé. Ça ne lui plaisait pas le moins du monde ce qu’elle venait de dire, pas du tout même.

« Et de quel droit tu te permets de me dire ça, Tery ? »

« Du même que le tien, Manelena. Elen essaye juste d’être un peu extravertie car elle est très timide de nature. Et encore, elle n’en fait pas trop. Elle préfère quand nous sommes seuls, ce qui n’est pas dérangeant normalement. Ce n’est pas comme si deux minutes d’arrêt allaient tout chambouler, voilà tout. »

« Redis moi cela en face pour voir, Tery ? »

Elle se plaça en face de lui, posant son visage à la hauteur du sien. Comme elle était plus grande que lui, c’était une chose normale. Mais pourtant, il ne flancha pas, posant son front contre celui de Manelena, souriant faiblement.

« S’il te plaît, Manelena. Je ne veux pas d’ennuis avec toi ou n’importe qui d’autre. »

« Bien entendu … Bien entendu. Nous verrons cela plus tard. »

Elle recula finalement son visage alors qu’il soupirait. La savoir aussi près de lui, ça le chamboulait plus que tout quand même. Ce n’était pas des problèmes qu’il recherchait, loin de là. Il ne voulait pas causer … d’ennuis, pas du tout même.

Il regarda Elen, celle-ci le remerciant brièvement pour ses paroles alors qu’il retournait auprès d’elle. C’était mieux comme ça … Quand personne ne se tapait sur la tête de l’autre. Mais bon, il ne devait pas se faire de faux espoirs, c’était jus temporaire.

« Tery, tu sais, je crois vraiment que Manelena … est un peu jalouse. »

Comme ils étaient à une bonne distance des trois autres personnes, Elen parlait librement, Tery haussant un sourcil, murmurant :

« Je ne penses pas non. Mais comme elle n’a plus que nous, je pense qu’elle ne veut pas être délaissée, c’est surtout ça, de mon point de vue, Elen. »

« Surement … Surement, Tery. Je dois me faire des idées. Je me trompe surement. »

« On en sait rien et il vaut mieux ne rien savoir. Manelena nous en parlera quand elle se sentira le courage de le faire. C’est aussi simple que ça. »

Elle comprenait où il voulait en venir. Même si il l’aimait elle, il ne pouvait pas s’empêcher de penser à Manelena. Même s’il ne veut pas le montrer, elle sait qu’il tient quand même grandement à cette femme. Il suffit de voir comment il a réagi calmement lorsqu’elle s’est présentée à lui en face à face. Ah … Tout ça parce qu’elle avait son visage découvert, elle en était sûre et certaine … C’est ça en fait, la différence entre Manelena et elle. C’était une différence infime et pourtant si grande, si importante.

Elle posa une main sur son masque, le serrant avec force. Quelques fissures se présentèrent mais elle s’arrêta dans son mouvement. Elle n’y arriverait pas … Pas du tout même. Elle le savait parfaitement … Elle n’y arriverait pas.
Ce n’était pas aussi simple que ça … Pas du tout même. Elle ne pouvait pas le faire en un claquement de doigts, c’était tout simplement impossible pour elle. Elle n’y arriverait pas. Elle manquait tellement de courage.

« Comme quoi, tout n’est pas possible à atteindre. »

« De quoi, Elen ? De quoi est-ce que tu parles ? »

« Oh, ce n’est pas grand-chose, tu vois ? Je pensais juste à mon masque, rien d’autre. Tu as remarqué qu’il est un peu fissuré ? »

Elle cherchait à changer de conversation pour ne pas avoir à discuter avec lui. Pourtant, le jeune homme passa sa main sur le masque, disant :

« C’est vrai, je sens quelques fissures. Mais elles n’étaient pas là avant non ? Peut-être que le masque est plus fragile qu’on ne le croit ? Je me rappelle quand même de ce que j’ai fait … ah … Je regrette encore. Tu imagines si j’avais été plus puissant à l’époque ? Je ne veux pas penser un seul instant au fait que … j’aurai pu te tuer. »

« Ne penses donc pas à ça, Tery. Dis-toi que moi aussi, j’aurai pu commettre une énorme bêtise mais au final, on ne l’a pas fait. Et c’est tant mieux non ? »

Si chacun se rendait anxieux par rapport à l’autre, ça n’allait pas être très bon. Loin de là même … Elle retira le gant de sa main gauche, venant croiser ses doigts avec ceux de Tery tout en souriant sous son masque. Elle vint dire :

« Pas de quoi s’inquiéter, Tery. Pas du tout même … Ne t’en fait pas. »

« J’aimerai bien être aussi optimiste que toi à ce sujet. Mais bon … C’est vrai. On n’a rien fait de mal et puis bon, c’est mieux que ce que ça aurait pu être. »

« Exactement, bien mieux même. La preuve, nous sommes réunis, toi et moi. »

« C’est exactement ça, Elen. C’est exactement ça. »

« Et puis, pour mon masque, nous verrons bien en temps et en heures aussi. » dit-elle avec entrain. Si elle cherchait à se compliquer la vie tout de suite, elle n’aurait que des ennuis. Autant ne pas se prendre la tête inutilement pour le moment.

Elle avait tout son temps avec Tery. Mais un jour … Un jour, elle se le promettait : elle retirerait son masque définitivement. Qu’importe ce que les gens diront. Elle voulait que Tery puisse la voir ainsi à chaque minute qui s’écoule, sans jamais chercher à savoir ce qu’elle pensait sous ce masque. Oui … Un jour, il ne serait plus là.

Chapitre 24 : Paix troublée

ShiroiRyu
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Chapitre 24 : Paix troublée

« Manelena … Tu sais … Tu veux encore parler ? »

« Je crois que j’ai assez discuté de mon passé si tu veux tout savoir alors non, c’est mieux que… » commença à dire la femme aux cheveux argentés, Tery l’arrêtant.

« Je pensais plus à tout et de rien. Par contre, je n’ai pas d’alcool et nous ne sommes pas dans un bar … Mais bon, on peut toujours parler non ? »

« Humpf … Je vois, je vois. D’accord, comme tu le veux, Tery. »

Elle n’avait même pas cherché à bouger au départ, comme si elle ne comptait pas partir du tronc. Et puis … Bon, en même temps, elle ne le regardait toujours pas. Elle devait juste retrouver un peu de contenance, voilà tout. Pfiou … Elle posa une main sur son propre front, prenant une profonde respiration. Aller … Qu’elle se contrôle quand même un peu !

« Manelena ? » murmura Tery alors qu’il plaçait sa tête à côté d’elle.

« HEEEEY ! » s’écria-t-elle alors qu’elle vint percuter sa tête avec lui, les deux personnes s’écroulant des deux côtés du tronc. Il resta couché sur le sol, remarquant que Manelena ne se levait pas elle non plus.

« Si tu veux, on peut parler comme ça. Hahaha … Mais je ne m’attendais pas à recevoir un coup de crâne de ta part. Ça va ? Tu n’as pas trop mal ? »

« J’ai la tête bien plus remplie que la tienne. Il est donc normal que ça ne me fasse rien du tout, Tery. Mais quel idiot ! C’était quoi cette réaction ? »

« Juste que je m’inquiétais pour toi, rien de moins, rien de plus, Manelena. Dis … Tu crois que l’on fait trop de bruit ? Je crois que Clari est une grosse dormeuse mais Elen et Royan ? J’espère vraiment ne pas les déranger. »

« Tu es un adulte. Ce que tu as commis … Je tiens à te le signaler… Tu dois assumer. »

« J’assumerai parfaitement mon embrassade, Manelena. Si Elen me pose la question, je lui répondrais le plus franchement possible. »

« Hmm … Est-ce vrai ça ? » demanda Manelena, se redressant, sa tête et le haut de son corps visibles par rapport au tronc d’arbre qui les séparait.

« Bien entendu, je ne vais pas lui cacher la vérité. Pourquoi je le ferais ? Je ne sais pas si c’est quelque chose à se reprocher … Après, peut-être que je suis trop familier avec toi ? »

« Beaucoup trop … à mes propres yeux. Et il y a des chances que ça le soit aussi aux yeux d’Elen. A côté, Clari est encore plus familière avec tout le monde. Comment est-ce qu’elle est capable de parler de la sorte à un prince ? J’espère sincèrement qu’elle va se contrôler si nous tombons sur des gardes de Traslord. »

« Hahahaha ! C’est vrai qu’il y a de quoi être inquiet, oui. Hahaha ! »

Il rigola faiblement pour ne pas réveiller les autres même s’il se demandait si ce n’était pas déjà fait depuis longtemps. Pour le cas de Clari, c’était problématique mais il savait qu’elle allait quand même se contrôler.

« Elle n’est pas aussi bête pour ne pas se contrôler, n’est-ce pas ? »

« Je préfère rester méfiante à ce sujet quand même. On ne sait jamais … Loin de là. »

La femme aux cheveux argentés émit un léger bâillement, posant sa main sur sa bouche avant que Tery ne s’approche d’elle, souriant et amusé.

« Tu es fatiguée, Manelena ? Tu ferais mieux d’aller te coucher, tu sais ? »

« Pourquoi est-ce que tu m’ordonnes ça ? C’est tout simplement qu’à force de discuter avec toi, il est normal que je veuille me reposer. »

« Tout à fait normal, c’est bien pour ça que je pense que c’est une bonne idée, très bonne idée même. Je vais aussi aller me coucher. »

Oui, c’était la meilleure idée pour tout le monde. Elle s’étira longuement, Tery faisant de même avant de venir l’embrasser rapidement sur les joues. Elle resta interdite pendant quelques secondes, Tery murmurant :

« Aller bonne nuit, Manelena. Dors bien, d’accord ? »

« Oui … Bien entendu … Dors bien toi aussi. »

Elle se dirigea vers la tente où dormait Clari, une main posée sur sa joue pour être sûre d’avoir bien compris tout ce qui se passait exactement. Elle n’avait pas rêvé par rapport à l’acte de Tery, n’est-ce pas ?

« Vraiment, il prend de plus en plus de liberté. »

Mais pour le moment, elle allait passer outre, c’était aussi simple que ça. Elle alla se coucher de son côté tandis que Tery restait encore debout, regardant le feu. Il retourna s’asseoir sur le tronc d’arbre, perdant son sourire.

« Si tout était aussi simple avec ça … Ca se saurait. »

Il était un peu perturbé par ses propres actes. Embrasser Manelena sur les joues ? C’était risqué, tellement risqué mais pas seulement. Il avait aussi serré contre lui la jeune femme. Enfin, la personne qui fut sa maréchale pendant quelques années.

« Je joues avec le feu, je crois que je m’en rends pas compte. »

Enfin maintenant si, il s’en rendait compte. Et si tout cela allait trop loin entre lui et Manelena ? Maintenant qu’il était avec Elen, il ne devait pas se tromper. Il ne devait pas se montrer trop distant avec elle. Mais avait-il été trop rapide ? Il se posait des questions dignes d’un adolescent mais après tout … Il n’avait jamais réellement eu d’adolescence.

Pas parce qu’il avait été mis en cage ou autre, juste qu’à cause de l’histoire avec son père, il avait toujours préféré éviter les contacts avec d’autres personnes. Que ça soit de son âge ou autre. Oh, bien entendu, ce n’était pas forcément pour ça qu’il était irrespectueux ou autre. A part envers sa mère et encore …

Et encore, il l’aimait beaucoup sa mère. Mais c’est juste que même s’il ne se montrait pas désagréable totalement, il avait toujours évité de se rapprocher de quelqu’un. Par peur d’être trahi ? De souffrir ? Il y avait beaucoup de chances. Il fallait dire qu’en même temps, après tout ce qui s’était passé avec son père …

« Je ferais mieux d’aller dormir au lieu de m’emm… bêter avec tout ça. »

Finalement, il retourna dans la tente, regardant dans quelle position était Elen. Elle était couchée, c’est vrai. Couchée sur le côté, son masque blanc sur le visage. Pourquoi l’avoir gardé ? Ce n’était pas une bonne chose, loin de là même.

Est-ce qu’elle lui en voulait ? Il était sûr que oui. Il en était certain même. Il devait trouver un moyen de se faire pardonner mais comment ? Il ne savait pas du tout. Il regarda la jeune femme. Elle avait quand même retiré son armure hein ? Elle portait juste son justaucorps de couleur rouge. Est-ce qu’il avait failli commettre une bêtise ?

Il ne pouvait jamais en être totalement sûr. Néanmoins, il était convaincu d’une chose … Il vint se placer derrière Elen après s’être déshabillé en partie, retirant son masque avec lenteur même s’il ne voyait pas exactement ce qu’il faisait.

« Hmmm … Je … Tery ? C’est toi ? »

« Pardon ? Je t’ai réveillée ? Ce n’était pas voulu. Juste que tu avais encore ton masque. »

« Je voulais le garder en attendant que tu reviennes. Tu as continué longtemps … à parler avec Manelena, n’est-ce pas ? »

Voilà qu’elle se retournait pour lui faire face, de ses yeux saphir. Elle semblait quand même inquiète. Ca se comprenait, ça se comprenait parfaitement. Mais il ne vint rien dire, posant une main sur son épaule gauche avant de l’embrasser tendrement. Lorsqu’il arrête le baiser, il murmura tout simplement :

« Je t’aime tant, Elen. D’accord ? C’est tout ce qui compte. »

« Tu sais … Tery, nous ne sommes pas des enfants. Je sais bien que … Je découvrais à peine le monde extérieur hors de l’orphelinat et que tu étais la première véritable personne que je rencontrais hors de l’orphelinat. Je sais que je suis une débutante mais … Je veux bien apprendre les choses de l’amour avec toi, tu sais. »

« Elen, je veux la même chose mais est-ce que tu crois que l’on ne va pas un peu trop vite en besogne ? Non ? Je sais … que tu inquiètes car je me rapproche de Manelena. Je ne vais pas te mentir, c’est mon but. Non pas que tu t’inquiètes mais … Manelena n’a plus personne à part nous. Toi aussi, tu n’as plus rien à part nous. Moi, j’ai encore ma mère … Mais Royan ? Lui aussi … Même s’il a son royaume, qui est proche de lui ? Clari, je n’en sais pas plus. »

« Tery ? Je ne suis pas attirante comme femme ? »

« Hein ? Bien sûr que si, Elen. Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Allons … »

« Non, je parle attirante … enfin … sexuellement. »

Elle vint rougir plus que fortement après déclaré cela, détournant la tête alors que lui-même était pris d’une bouffée de chaleur. Bien sûr que si … Comment ne pas accepter ce corps qu’il avait en face de lui ? C’est juste que … Il fût inexpérimenté et ne voulait pas aller trop vite. Mais vraiment … Ses yeux étaient rivés sur sa poitrine simplement cachée par le justaucorps. Il était sûr qu’Elen ne portait rien d’autre dessous.

« Tery, je sais où tu regardes … Enfin, je … C’est vrai que c’est gênant mais … J’ai dit cela, je ne vais pas reculer maintenant. Mais ne me fixe pas trop non plus hein ? »

Qu’est-ce qu’elle était en train de … Il voyait la jeune femme qui était en train de dénuder ses épaules et d’abaisser avec une extrême lenteur son justaucorps. Non non ! Il l’arrêta, Elen le regardant avec surprise avant de détourner la tête, les yeux brillants.

« C’était donc vrai … Je n’ai pas de charme et … »

« Non ! C’est juste que je veux me contrôler et oh … Elen. Tu sais quoi ? Doucement mais sûrement, regarde. Je vais faire ça ! »

Voilà ! Il était vraiment torse nu … et pour le justaucorps d’Elen, il était descendu jusqu’à sa poitrine sans la découvrir. Puis subitement, il vint embrasser la base du cou d’Elen avant de se coucher sur elle, murmurant :

« Peut-être que ça serait mieux peau nue contre peau nue non ? Mais toi, déjà, ça serait différent et … Elen ? »

« Je … Je … Je peux te toucher un peu, Tery ? »

Elle se comportait bizarrement, très bizarrement même mais quand il sentit sa main fine et douce qui caressait son torse nu, il tremblait à son tour. Elle … Oh … Elle faisait donc ça. Puis ii la vit redresser le haut de son corps. Dans cette position, avec son justaucorps, il pouvait avoir la vision d’un début de décolleté généreux. Mais voilà qu’Elen était en train de l’embrasser sur le torse ? Qu’est-ce que … Ooooh !

Depuis quand est-ce qu’Elen était comme ça ? Il ne s’attendait pas à de telles actions de sa part. Et elle ne semblait pas vouloir s’arrêter. Elle recouvrait vraiment son torse de petits baisers avant de le prendre par le bras et de le repousser subitement pour qu’il s’écroule sur le dos. Elle était comme en transe ou c’était lui ?
Puis elle s’arrêta et il remarqua … quelque chose de différent. Ses yeux étaient rubis. Ses deux yeux étaient de beaux rubis. Elle lui fit un grand sourire avant de venir dévorer ses lèvres, les mordillant jusqu’au sang. Et puis plus rien, plus rien du tout. Elle s’écroula sur lit, ronronnant de plaisir avant que sa respiration ne se fasse plus lourde mais en même temps apaisée. Elle venait de plonger dans son sommeil ou il ne rêvait pas ?

Il ne se ment pas. Il a du mal à dormir après ce qui s’est passé. Assez excité, il ne peut s’en vouloir qu’à moitié tout en regardant Elen. Il n’a pas rêvé. Il vient serrer Elen contre lui, l’embrassant sur le front avant de se dire :

« Je dois être bien plus proche pour elle. »

Et quand il disait proche, il pensait bien à lui montrer des marques d’amour. C’était compliqué mais il devait l’embrasser, la caresser, la garder auprès de lui. Ah … En parlant de caresser et embrasser. Il déposa un rapide baiser sur le décolleté visible de la généreuse poitrine d’Elen. Il avait envie d’elle. Mais … Il se contrôlait.

Il remit correctement le justaucorps d’Elen avant de chercher le sommeil à ses côtés. Qu’est-ce qu’il l’aimait … Qu’est-ce qu’il aimait Elen. Qu’est-ce qu’il l’aimait. Puisqu’elle dormait, il devait en profiter. Il logea sa tête sur la poitrine de la jeune femme aux cheveux blonds, un sourire aux lèvres avant de s’endormir à son tour. Voilà, c’était parfait. C’était vraiment parfait. Et puis … Elle était vraiment « belle » Elen de ce côté-là. Pas tellement grande mais la nature l’avait gâtée à ce niveau. Est-ce qu’elle avait mal au dos ?
Oh et pourquoi est-ce qu’il pensait à ça ? Car il était amoureux d’une femme ? Surement … Vraiment surement. Il se redressa de son oreiller de chair, déposant un rapide baiser sur les lèvres d’Elen qui dormait profondément. Il ne savait pas ce que l’avenir prévoyait pour elle et lui, il savait juste qu’il ne voulait pas le passer sans elle, c’est tout. Elen … Il aimait vraiment Elen, il l’aimait plus que tout. Il caressa la joue de la jeune femme aux cheveux blonds avant de quitter son oreiller. Couché à côté d’elle, il vint la prendre par le bras pour la faire monter sur lui. Ainsi, il pouvait la serrer contre son cœur avant de trouver le sommeil.

Le lendemain matin, ce fut Elen qui se réveilla en première, ouvrant faiblement ses yeux pour regarder à gauche et à droite. Puis, elle remarqua qu’elle était bloquée, serrée contre Tery qui était endormie sous elle. Elle ne se rappelait pas exactement ce qui s’était passé cette nuit mais … Lorsqu’elle sentit le torse nu de Tery contre elle, elle se rappela les efforts qu’il avait faits. Elle avait voulu faire de même mais … Après, c’était le vide complet. Elle s’était endormie brusquement ? C’est bien ça ?

Mais … Elle était un peu excitée par la situation, elle le reconnaissait. Hihihi … Surtout que le torse nu de Tery était très attirant pour elle. Elle déposa un baiser à la base du cou de Tery, descendant un peu jusqu’à sa poitrine. Puis elle s’arrêta, rougissant comme une enfant. Non, non. Elle devait se contrôler mais … Elle avait quand même envie de sentir sa chair nue contre la sienne. Est-ce qu’elle devait … Non !

« Je ne peux pas, il risque de se réveiller. Peut-être cette nuit … Je … »

Rien qu’à cette idée, elle avait une forte chaleur qui l’envahissait. Ca allait être difficile … mais elle devait tout faire pour garder Tery pour elle. Manelena ne l’aurait pas ! Elle ferait tout pour garder Tery pour elle ! Mais … Elle ne devait pas trop se presser. Puisque Tery n’était pas réveillé, elle allait encore profiter un peu de lui. Elle vient se coucher correctement sur lui, un sourire aux lèvres avant de se mettre à l’embrasser sur les lèvres brièvement. Elle devait juste attendre que Tery se réveille.

« Et il peut prendre tout son temps. » se dit-elle en souriant intérieurement.

Oh que oui, elle était très patiente sur ce genre de choses, hihihi. Ah … Tery. Rien que le fait de l’avoir à côté d’elle, ça la réconfortait. Elle se sentait comme apaisée. Puis après quelques instants, de légers mouvements se firent sentir de son côté et elle regarda Tery qui se réveillait peu à peu, un sourire aux lèvres.

« Bonjour, Tery. Tu as bien dormi, j’espère ? »

« Disons que j’aurai pu encore mieux dormir mais j’ai préféré ne pas bouger. Et toi ? Tu as bien trouvé le sommeil ? Ca va ? »

« Ca va, ça va. Bisoux pour te dire bonjour. »

Bisoux ? Il se laissa faire alors qu’elle l’embrassait tendrement. Il avait presque l’impression d’être un jeune marié et qu’au réveil, il avait la plus jolie des femmes qui venait l’embrasser. Et puis, il avait surement rêvé hier. Elle avait les mêmes magnifiques yeux bleus qu’auparavant et rien d’autre. Les mêmes yeux saphir. Vraiment … Ils sont beaux.

« Qu’est-ce qu’il y a Tery ? Tu me regardes étrangement. »

« Je constate juste que tu es une magnifique demoiselle, je n’ai pas le droit ? »

« Oh … Euh … Si tu continues à me parler ainsi, tu as tous les droits, Tery. »
Elle eut un petit rire candide alors qu’il caressait ses cheveux, se redressant dans la tente pour se mettre correctement assis. Il vint garder la jeune femme contre lui, l’embrassant brièvement sur la joue alors qu’elle se laissait faire, sa tête posée contre son épaule.

« Je t’aime plus que tout, tu le sais, Tery ? »

« Je l’espère bien … J’espère bien que tu m’aimes plus que tout, Tery. Il n’y a rien d’autre qui me rendrait plus heureuse à jamais. »

Il déposa un nouveau baiser sur les lèvres de la jeune femme aux cheveux blonds. Celle-ci se laissa faire avant de réagir à son tour, l’embrassant et le couchant sur le sol, prenant son visage à deux mains. Encore sous le choc du baiser, il se laissa faire, dominé par la jeune femme aux cheveux blonds.

« Vraiment … Je ne peux pas me passer de tes lèvres, Tery. »

« Je … Je vois ça. » dit-il avec un peu de peur et d’étonnement, Elen le regardant en haussant un sourcil, murmurant :

« Mais tu trembles un peu. Tu as froid ? »

« On va dire ça … comme ça. »

Ah mais elle ne lui permettait pas ! Toujours juchée sur lui, elle se coucha, collant son corps contre le sien alors qu’il se laissait faire. Depuis qu’il avait déclaré ses sentiments à Elen, il avait l’impression d’avoir affaire à une autre personne. Une personne sans son masque.

C’était le véritable visage d’Elen, capable d’exprimer de la joie, de la tristesse, tout un panel … Mais bon, ça ne changeait pas grand-chose. Il vint bouger, cherchant quand même à se mouvoir correctement mais elle ne lui laissait pas vraiment le choix.

« Elen, il faudrait quand même que je puisse bouger. »

« Je n’ai pas envie … Si tu as froid, autant rester auprès de moi que je te tienne chaud. »

« Je n’ai aucun problème à ça mais pas trop longtemps non plus hein ? »

« D’accord, d’accord, Tery. Je comprends, je comprends. »

Il n’en était pas vraiment sûr qu’elle comprenne. Pas vraiment même. Mais bon, il devait lui faire confiance. Il eut un petit sourire, regardant la tente. Il tendit l’oreille : est-ce que les autres étaient réveillés ou non ? D’après ce qu’il pouvait entendre, ce n’était pas le cas.

« Bon, il faut vraiment que je sorte de la tente, Elen. Je dois préparer le petit-déjeuner. »

« Préparer le petit-déjeuner, ça peut attendre non ? Et puis, tu n’as qu’à laisser Manelena s’en occuper comme hier … Même si ce n’était pas fameux. »

« C’était spécial mais ce n’était pas mauvais. Elle a fait un effort et je pense que c’était sa première fois, Elen. On ne se moque pas des personnes qui font des efforts. Surtout que Manelena a aussi vécu des choses éprouvantes donc bon … »

« Toujours à la défendre de toute façon. » marmonna la femme aux cheveux blonds, libérant finalement Tery de son étreinte avant de mettre son masque blanc. Et voilà, il avait réussi à encore la vexer. Il poussa un soupir, murmurant :

« Ce n’est pas ce que tu crois mais je suis sûr que de ce côté, tu ne voudras pas comprendre exactement, n’est-ce pas ? Ou alors, est-ce que je me trompe ? »

« Je veux comprendre ! Mais je suis sûre que … Ca ne sera pas plaisant. »

« Elen, j’apprécie Manelena grandement … Il en est de même pour Clari. J’ai le droit d’apprécier d’autres femmes comme toi, tu peux apprécier d’autres hommes. Tu ne crois pas ? Tu apprécies Royan, non ? »

« Oui mais ce n’est qu’un adolescent. Là, on parle de femmes qui ont ton âge, j’ai le droit d’être inquiète, hein ? Non ? » rétorqua-t-elle.

« Tu as le droit mais pas au point d’en faire une maladie. Et c’est ça que tu donnes comme impression, voilà tout. C’est ça le souci, Elen. »

Elle continua de faire une moue légèrement boudeuse. Il ne comprenait pas … Il n’y avait pas de garçon de leur âge. Et si c’était le cas, elle n’arriverait pas de toute façon. Il était vraiment tout pour elle au niveau de l’amour, qu’il le veuille ou non. Elle le regarda sortir de la tente avec appréhension. Elle devait lui montrer qu’elle l’aimait … et inversement. Le souci, c’est qu’elle ne savait pas par où commencer.

Chapitre 23 : Une bâtarde

ShiroiRyu
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Chapitre 23 : Une bâtarde

« Sais-tu à partir de quel âge on peut deviner si tu es une future plaie de ce monde ou non ? »

« Une dizaine d’années ? Enfin, dans mon village, c’était dans ses environs, normalement. »

« Hmmm … Ce n’est pas si loin que ça … Je dirai plus jeune, de quelques années, deux ou trois. C’est à partir de là réellement que l’on apprend ce que tu deviendras. Bien entendu, tout est issu dès la naissance … mais cela est impossible normalement de deviner. »

Il était assez perplexe. Pourquoi est-ce qu’elle parlait des lignes ? Enfin, maintenant … C’était étrange, très étrange même. Mais en même temps, c’était Manelena donc il se doutait que tout ne serait pas aussi simple que prévu, loin de là même.

« Par où je dois continuer alors ? Hum … Je sais … Par t’expliquer plus exactement qui était ma mère … Mais je pense que cela te surprendra. »

« Si tu ne le me le dis pas, je ne risque pas d’être surpris, Manelena. Qui était donc ta mère ? Une personne connue dans le royaume de Shunter ? »

« Tout le contraire … Une simple paysanne. »

Une simple paysanne ? Elle rigolait ? Non … Même pas. Elle était sérieuse, plus que sérieuse. Sa mère était une paysanne ? Une femme magnifique comme elle ? Enfin, sa mère à lui était plutôt belle aussi … quand elle avait perdu tous les kilogrammes en trop.

« Ta mère était vraiment une femme comme la mienne ? Je pensais à quelqu’un de plus noble … Enfin, c’est étonnant de la part d’un roi, non ? »

« Très étonnant même. Normalement, nul ne fait une telle chose et pourtant … mon père en est tombé amoureux dès le premier regard, lorsqu’il voyageait dans le royaume pour rencontrer divers nobles dans Shunter. »

« Oh … Euh … Bon, je te laisse continuer mais ensuite ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Hmm … C’est plutôt compliqué. Attends un peu … Ah … Je n’ai pas vraiment l’habitude parler de tout ça à quelqu’un. »

C’est vrai, il comprenait qu’il ne fallait pas mieux la bousculer. La femme aux cheveux argentés était quand même quelqu’un d’humain. Parler de son passé à un inconnu, ce n’était pas forcément une excellente chose, loin de là. Encore que …

« Manelena, je ne suis plus un inconnu pour toi, non ? »

« Hein ? Bien sûr que non … Pourquoi cette question absurde, Tery ? » dit Manelena, alors qu’elle s’était levé pour faire quelques pas.

« Alors, tu peux tout me dire et inversement. Ne t’en fait pas, tu sais parfaitement que je ne vais pas te juger là-dessus. Loin de là même ! Hein ? Qu’est-ce que tu en penses ? On se fait confiance, tous les deux non ? Après tout ce temps ? »

« Vraiment … Depuis que j’ai perdu mon grade de maréchale, tu cherches … non, rien. » soupira Manelena avant de chercher à s’asseoir à côté de lui, s’arrêtant dans son mouvement pour recommencer à marcher et s’éloigner.

« Je cherche quoi ? Manelena ? A mieux te connaître ? »

« Arrête donc de parler aussi inutilement … Enfin bon, si tu veux tout savoir, je suis donc née discrètement. Nul n’était au courant que j’étais la fille du roi sauf quelques rares personnes, très proches mais même l’ancien roi n’était pas au courant. »

« C’est vrai que tu es née avant qu’il commette cet acte … Et ensuite, Manelena ? »

« Qu’est-ce que je peux te dire ? Ah, oui … De la déception. C’était la première chose que j’étais pour mon père. Car j’étais une femme et non un homme. Comment est-ce qu’un roi pouvait espérer une bonne descendance ? Une descendance qui règnerait après lui ? Alors que je suis une fille et non un garçon ? »

« Ce n’est pas pour ça qu’il ne faut pas t’aimer, Manelena. Tu es unique. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns, tapotant le tronc d’arbre.
Elle soupira, retournant s’asseoir alors que le jeune homme réfléchissait à tout ce qui s’était passé depuis le début … depuis son enfance. Elle devait vraiment lui raconter tout ? Maintenant qu’elle avait commencé, ce n’était pas impossible … Loin de là. Elle devait juste se préparer mentalement.

« Ce n’est pas facile, Tery. Je ne suis pas habituée à cela … »

« Si tu veux, toi et moi, on prend notre temps. Tu m’en racontes un peu aujourd’hui et le reste dans les prochains jours, non ? »

« Non, si je commence ainsi, je risque de ne pas y arriver ensuite. Autant continuer et tout faire d’une traite, ça sera bien mieux. »

« Comment est-ce que tu étais toute petite ? Une vraie teigne ? »

« Pour qui est-ce que tu me prends, par hasard ? J’étais très calme et j’apprenais correctement tous les cours que l’on me donnait. La seule chose sur laquelle le roi n’était pas d’accord, ce fut le fait que je m’entraîne dans son dos. »

« T’entrainer ? En tant que soldate ? Enfin, avec des épées, et toutes ces choses ? »

« C’est le cas … C’est bien de ça dont je veux parler, Tery. Mais bon, j’étais naturellement douée, si tu veux tout savoir. »

Pourquoi sur ce point, il n’en doutait pas une seule seconde ? Car c’était Manelena ? Il y avait de fortes chances. Manelena était spéciale, vraiment spéciale, et pas parce qu’elle état une princesse hein ? D’ailleurs, il se posait une question.

« Manelena … Je peux te demander quelque chose ? Mais ne me frappe pas. »

« … … … Si tu ne veux pas que je te frappe, évite de prononcer une stupidité. »

« Est-ce que tu portais des robes et toutes les tenues que les filles portent ? »

« Insinuerais-tu que je ne m’habille que comme un homme ? »

« Ah non non ! Pas du tout ! Pas du tout même ! J’espère que je ne t’ai pas fait croire ça … C’est juste que j’ai du mal à t’imaginer dans une tenue de princesse si tu veux tout savoir … »

« Ce que tu dis revient un peu à la même chose que moi … » rétorqua la femme aux cheveux argentés avec lenteur. Néanmoins, elle poussa un soupir, reprenant : « Mais bon … A l’époque, on pouvait encore me considérer comme une fille. »

« Oh mais je te considère toujours comme tel, Manelena. Même derrière cette armure. »

Elle haussa les épaules, pour bien montrer que ça ne l’affectait pas le moins du monde. Elle ne portait aucun intérêt aux paroles de Tery sur ce point. Elle savait parfaitement ce qu’elle était … Même si ce n’était pas forcément très flatteur.

« Mon père a continué de m’élever dans le secret et la discrétion, loin de tout regard. J’étais sa fille … mais je n’étais pas reconnue comme telle aux yeux de tous et toutes. »

« Ca devait te faire mal … ça non ? De ne pas pouvoir l’appeler papa … »

« Qu’importe, je ne fais pas dans le sentimental de toute façon. »

« Oui mais non … C’était quand même ton père et à cette époque, tu n’étais qu’une enfant. Ca serait normal que tu l’admires et … »

« Tery ? Et le tien ? Lorsque l’on a commencé à parler de ton père ? Tu l’admirais non ? Il était tout pour toi … n’est-ce pas ? Pour moi, c’était juste une personne comme une autre. La seule famille que j’avais était ma mère. »

Il voulut ouvrir la bouche mais resta muet. Sa seule famille a lui était aussi sa mère alors bon … Il n’allait pas donner son avis à ce sujet. Le souci, c’est qu’elle parlait au passé et il n’aimait que moyennement cela, très moyennement même.

« Tu peux continuer, s’il te plaît, Manelena ? »

« Hmm … Oui, oui, je vais continuer, je vais continuer. » murmura la femme aux cheveux argentés avec lenteur, regardant le ciel étoilé.

« Si ça ne va pas, tu sais bien que … »

« Non, je t’ai déjà dit que j’allais tout te raconter ! Comme ça, c’est fait une bonne fois pour toutes et nous n’aurons alors plus aucun secret l’un pour l’autre, c’est compris ? »

« C’est compris … Mais prenons juste cinq minutes de pause. Je vais aller chercher à boire. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns.

Elle le laissa faire, le regardant juste discrètement. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tout devait se passer ainsi et pas autrement ? Elle se posait la question … Ce n’était pas normal et logique qu’elle veuille s’ouvrir à une personne, pas du tout même.
Est-ce que Tery était peut-être rempli d’empathie ? Elle avait remarqué que la vieille femme d’Omnosmos n’était pas très ouverte et pourtant, elle n’avait pas hésité à lui adresser la parole. Qu’est-ce qui le rendait si spécial et agréable ? Quoi donc ?

« Je ne sais pas … et c’est exaspérant. »

Ce fut sa seule phrase alors qu’elle attendait qu’il revienne. Et il revint … Après quelques minutes, avec de l’eau pour eux deux. Elle le remercia d’un hochement de tête, buvant en silence tandis que Tery faisait de même.

Il avait un peu froid … C’était surement parce qu’ils étaient en pleine nuit, n’est-ce pas ? Ou alors, était-ce à cause du regard de Manelena qui le fixait ? Car il le sentait sur lui, il le sentait parfaitement. Elle était en train de l’étudier sans rien dire.

« Tu trembles … Tu ferais mieux d’aller chercher une couverture dans l’une des tentes, Tery. Il ne faudrait pas attraper un rhume maintenant. »

« Non non … C’est bon, Manelena. Ca va parfaitement, je te le promets. C’est à cause de l’eau. Je ne pensais pas qu’elle serait aussi froide que ça. »

« Hmm … Si tu le dis … » termina de murmurer Manelena. C’était un minuscule mensonge de sa part, elle le savait puisqu’elle était en train de boire. Il ne voulait pas la déranger … Etait-ce pour ça … Enfin … C’était donc ça l’empathie ?

« Dès que tu as terminé de boire, tu veux bien reprendre, Manelena ? Enfin, continuer. »

« Bien entendu … Je vais le faire de suite même. » déclara la femme aux cheveux argentés avant de déposer son gobelet de terre au sol.

« Alors … Euh … Nous en étions avec ta mère et … »

« Oublions-là maintenant. Parlons plutôt du moment où j’ai appris au sujet de mes lignes. Je devais avoir quel âge ? Sept ? Huit ans ? Je ne sais plus exactement mais j’étais jeune, très jeune à cette époque. Jeune et encore bien naïve. »

« Ça, j’ai beaucoup de mal à croire à ce que tu dis. » coupa Tery en rigolant un peu. Une Manelena naïve ? Et puis quoi encore.

« Et pourtant, je suis une femme comme une autre, Tery. »

« Ah ça … Pas crédible encore une fois. Tu es spéciale, très spéciale. Et c’est un compliment ! J’espère que tu le prendras en tant que tel. »

« … … … Tery. » murmura Manelena avant de se pencher pour avoir son visage à quelques centimètres du sien. « Je te rappelle que tu es en couple avec Elen. Arrête les compliments sur d’autres femmes, c’est bien l’une des raisons qui risque de rendre jalouse Elen. »

« Hein ? Euh … Mais … Enfin, je dis juste la vérité, voilà tout. »

« Alors abstiens-toi de la dire. Je n’ai rien contre le fait que tu me trouves ainsi. Tu es libre de tes pensées mais pas de les prononcer à voix haute. Compris ? »

« Com … Compris, Manelena. Tu peux reprendre la parole … Enfin l’histoire car ça traîner par ma faute, je suis vraiment désolé. »

« Humpf … Donc un jour, il fut temps de découvrir mes lignes. De savoir de quel élément j’étais. Bien entendu, le grand prêtre de Shunter était lui aussi présent, l’un des rares à savoir à mon sujet. Mais aussi il était capable de deviner mes lignes avant que je n’ai dix ans ou plus. Bref … Tu sais mes lignes non ? »

« D’Alzar comme moi … Ce fut comment leurs réactions à ce moment ? »

« Hmm … Soyons un peu sérieux. Comment tu aurais réagis en apprenant que ton enfant royal, en plus d’être une fille, possède les lignes du dieu maléfique ? »

« Très mal donc … Très très mal même … » bredouilla le jeune homme aux cheveux bruns alors qu’elle soupirait, reprenant :

« Autant dire que j’étais morte pour mon père … ou presque. »

« Il ne t’a quand même pas abandonnée non ? Enfin, même si déjà au départ, il ne t’appréciait pas. Et puis, qu’est-ce qui est arrivé à ta mère ? »

« Ma mère fut tuée … Quelques jours après avoir appris au sujet de mes lignes, le roi, mon père est venu me voir et m’a dit qu’il l’avait tuée. Sans aucune autre forme de procès. »

« C’est n’importe quoi ! Pourquoi est-ce qu’il aurait fait ça ? »

« Car il n’acceptait pas déjà ma présence au départ ? »

« Le roi Théor ne me semblait pas être capable de tuer quelqu’un de sang-froid. Enfin, pas sa femme … Mais après, je ne connais rien de ta famille … mais je sais pas, je trouve ça bizarre. Enfin, ce n’est que mon point de vue. »

« Tu veux tout savoir ? Je vais donc te le dire … Quelques temps plus tard, j’ai pu entendre une conversation entre mon père et le grand-prêtre. Pour ce dernier, la mort de ma mère n’était pas grand-chose, loin de là. »

« Mais et pour ton père ? Qu’est-ce qu’il en a pensé ? »

« Il est resté sans avis … Mais qui ne dit mot consent. Et le fait de ne pas avoir répondu a juste confirmé que pour lui aussi, il n’en avait rien à faire de la mort de ma mère. Ça ne l’a pas affecté le moins du monde. La preuve, quelques temps plus tard, il a décidé de tuer son père et de prendre le pouvoir dans le royaume. »

« Je ne sais pas, je trouve ça étrange … Enfin, très étrange. Est-ce que tu as pu aller voir ta mère ? Enfin, tu étais peut-être trop jeune pour ça. »

« Je n’ai pas pu voir son corps … mais le roi m’a signalé où elle était enterrée, loin des tombes des « grands » du royaume de Shunter. »

« Mais elle a été enterrée … Il aurait pu la jeter dans un trou ou quelque chose du genre. Enfin, il l’a enterrée … et donc tu pouvais la voir ? »

« Pourquoi est-ce que tu veux défendre autant mon père alors que tu haïs plus que tout le tien ? Hein ? POURQUOI ?! »

Elle venait de se jeter à moitié sur lui, plaçant ses mains sur ses épaules pour le regarder avec une certaine colère. Le jeune homme aux cheveux bruns cria :

« Car même si je n’ai jamais révélé à ma mère ce que mon père a tenté de faire, je me dis que quelque chose clochait ! Pourquoi maintenant et pas avant ? Je pense pareil avec ton père ! Je suis sûr que le roi Théor aimait ta mère ! Sinon, pourquoi est-ce qu’il ne s’est pas marié à nouveau ensuite ? Pourquoi ? »

« Je ne veux pas savoir ! Je n’en ai rien à faire ! Je ne l’ai jamais considéré comme tel ! JAMAIS ! Alors pourquoi est-ce que je devrai m’en préoccuper maintenant ?! Surtout qu’il m’a abandonnée lâchement ! »

« Ca ne sert plus à rien de discuter, n’est-ce pas, Manelena ? Si vraiment, il ne vous avait jamais aimées toutes les deux … Je ne pense pas qu’il t’aurait gardé auprès de lui pendant toutes ces années. Les circonstances ont voulu que ça se passe de la sorte et … »

« Je ne veux rien entendre. Tais-toi, Tery. Ne me mets pas en colère … Ne me mets surtout pas en colère maintenant. J’aurai mieux fait de me taire, j’aurai mieux fait de … »

C’est vrai qu’il apercevait les lignes noires qui commençaient à parcourir le corps de Manelena. VITE ! Qu’il fasse quelque chose et … Et zut ! Autant faire ça ! Il espérait juste qu’Elen ne l’apprendrait jamais !

« Qu’est-ce que … Tu … Tu fais quoi là ?! »

Elle tenta de se débattre, rougissant faiblement alors que Tery s’était collé contre elle, ses deux mains dans son dos. Il la serrait avec une certaine force contre lui, Manelena levant les deux mains en l’air, prête à les abattre sur les épaules de Tery.

« J’ai jamais été doué pour les paroles ! Alors je préfère faire des actes ! »

« Si tu ne retires pas tes mains tout de suite, Tery, je vais vraiment te briser les os ! Pour qui est-ce que tu te prends ?! »

« Je … Je sais que je suis avec Elen mais ça ne veut pas dire … Ça ne veut pas dire que je dois ignorer l’affection que j’ai pour toi ou Clari ! Si tu as mal, je dois te soulager ! »

La … soulager ? C’était quoi cette bêtise ? C’était quoi ça ?! Ses mains s’abaissèrent sur les épaules de Tery pour venir les empoigner. Avec force, ce fut elle qui l’emmena contre son cœur, respirant fortement comme pour retenir quelque chose qu’elle ne laissait jamais paraître. Tery avait les yeux grands ouverts, étonné mais se laissa faire. Ça ne serait pas trop … impertinent de sa part non ?

Avec douceur et tendresse, il caressa le dos de Manelena, montant et descendant avec ses doigts. Voilà … C’était mieux ainsi … Bien mieux ainsi … Il continua pendant quelques secondes, Manelena restant immobile, seulement sa forte respiration se faisant entendre. C’est vrai qu’il avait de l’affection pour Clari et elle … Même si pour Manelena, c’était autre chose qu’une affection comme envers une grande sœur pour Clari. C’était juste différent … Très différent même.
Il devait avouer qu’il était heureux, vraiment heureux de la tournure que cela avait pris. C’était risqué, terriblement risqué de toute façon. Mais il avait réussi. Et puis bon, maintenant qu’elle était aussi proche de lui, il remarquait quand même à quel point elle était plus grande que lui. Vraiment … Enfin … Elle n’avait jamais agi de la sorte donc avant, il l’avait déjà remarqué mais elle était quand même bien plus grande que lui.

Puis, il n’y avait pas que ça, pas du tout ça même. Bien qu’elle ne le montre pas, elle était quand même une femme et en tant que telle, elle dégageait un parfum plutôt délicat, ce qui lui semblait étrange quand il y réfléchissait bien. Mais après, c’était peut-être l’odeur qu’elle avait naturellement mais c’était assez … enivrant.

Très enivrant même. Il reprit ses caresses dans son dos, se souriant à lui-même. Peut-être que Manelena allait réellement s’ouvrir maintenant ? Enfin … Peut-être que c’était finalement le temps pour elle de briser son armure autour de son corps ? Il l’espérait … Il l’espérait dans le fond. Tant qu’elle … le voulait bien.

« Toi, tu n’as pas intérêt à le répéter à quiconque … C’est compris ? »

« Bien … Bien entendu, Manelena. Si je le dis, je suis un homme mort. »

« Tu ne seras même plus un homme … Plus rien du tout. »

Gloups. Il vint déglutir avant d’hocher la tête légèrement. Il valait mieux se retirer de cette … étreinte non ? C’était bien mieux sinon, il risquait de sérieux soucis et … Ce n’était pas vraiment ce qui allait lui plaire à cette allure.

« Et j’ai l’impression que tu en profites un peu trop, je crois que je … »

« Je vais retirer mes mains et reculer peu à peu, d’accord ? »

Elle murmura que oui alors que déjà, ses mains quittaient le dos de Manelena avec lenteur. Doucement, très doucement, il recula sur le tronc d’arbre, regardant la femme aux cheveux argentés. Celle-ci avait en fait rapidement tourné le dos dès qu’il n’était plus contre elle. Maintenant, la situation était un peu gênante et oppressante.

Chapitre 22 : A coeur ouvert

ShiroiRyu
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Chapitre 22 : A cœur ouvert

« C’est quand même étrange … Nous nous rendons vers où exactement dans Traslord ? »

« Qu’est-ce qui est étrange dans mon royaume ? » demanda l’adolescent aux cheveux bleus et aux yeux de même couleur, regardant Tery avec interrogation.

« Rien de bien spécial … Enfin … C’est la première fois que j’y met les pieds alors bon … »

« Et c’est ça qui rend étrange le tout ? C’est plutôt tes paroles qui le sont. »

« Désolé … J’aurai mieux fait de me taire. Mais tu nous feras visiter ? Je me demande quand même à quoi ressemble votre culture. »

Leur culture ? Il haussa encore un sourcil d’étonnement. Il voulait vraiment tout connaître, n’est-ce pas ? A croire que la libération de son rôle de soldat avait permis au jeune homme aux cheveux bruns de s’ouvrir bien plus au monde extérieur.
« Tery, si on doit prendre un bateau, ne t’en fait pas, je m’occuperai de toi. »

« Hum ? Et pourquoi ça ? Je pense que je n’aurai aucun problème à ça. »

Oh ça, elle en n’était pas si sûre. Hahaha. Mais elle préféra ne pas rire. La situation … Elle la verrait en temps réel et ça sera bien mieux, elle en était certaine. Hahaha … Elle s’imaginait déjà Tery dans le même état qu’elle la première fois. Elle le bercerait …

« J’ai l’impression qu’elle est folle de joie. » murmura Clari en remarquant l’air jovial des pas d’Elen, s’adressant à Manelena.

« Elle manigance surement quelque chose par rapport à Tery mais cela ne me concerne pas … et toi non plus d’ailleurs, Clari. »

« Vraiment, tu as beaucoup de mal à exprimer tes émotions, hein ? » rétorqua la femme aux cheveux blonds tout en souriant à l’ancienne maréchale.

« Si je n’ai pas besoin de le faire, pourquoi est-ce que je les exprimerai ? »

« Peut-être pour paraître plus humaine aux yeux de tous ? Je suis sûre que ça ferait plaisir à Tery que tu sois bien plus ouverte. »

« Je ne suis pas plus ouverte pour Tery mais pour ma personne … même si dorénavant, ma vie est liée à la sienne puisque je suis morte … à mes yeux. »

« Oh. Liée à la tienne. Je ne dirai plus rien. » termina Clari, s’empêchant de rire.


Elle venait d’entendre quelque chose de très surprenant … mais plaisant aussi en même temps. Hahaha ! Mais elle n’allait rien dire de vive-voix car sinon, elle était certaine que Manelena se mettrait en colère. Pourquoi faire alors ? Il valait mieux la laisser tranquille, comme Tery et Elen … Elle allait peut-être embêter Royan. Il était de retour au pays et comme il en était le prince, il allait donc servir de guide voire plus !

« Hey, hey … Royan, en tant que prince, tu as de magnifiques châteaux ? »

« Pas vraiment, non. Bien entendu, j’en ai un … mais en posséder plusieurs, ce n’est pas le cas. Je ne suis pas ainsi. »

« Oh … Tu n’es pas du genre à dépenser ton argent et à le jeter par les fenêtres. Bien bien … Tu es un brave garçon, un très brave garçon. »

« Comment est-ce que tu me parles là ? Je ne suis pas un animal. »

« Oh … C’est vrai. Ne t’en fait pas, je ne voulais pas paraître méchante. Pas du tout même. » murmura la jeune femme aux couettes blondes en tapotant doucement la tête de l’adolescent.

« J’ai vraiment l’impression que tu oublies que c’est un prince, Clari. » murmura Tery.

« Ah non ! Mais ce n’est pas parce qu’il est un prince qu’il est différent d’un adolescent normal à mes yeux. Les classes sociales, ce n’est pas du tout mon genre. »

« Cela ne me dérange pas … qu’elle fasse ceci. »

Il disait cela avec lenteur alors qu’il regardait ce qui se passait autour d’eux. De retour dans son pays natal … n’est-ce pas ? Juste faire quelques pas en sortant d’Omnosmos et ils étaient déjà dans Traslord. Ce n’était qu’à l’horizon … mais l’eau sous sa forme liquide était si proche en un sens. Il était content … mais il n’avait pas à l’exprimer.

« Tu vois, Tery ? Quand je te disais que je ne l’embêtais pas. Ca ne le dérange pas d’être avec moi, pas du tout même. »

« Je n’ai pas dit exactement cela … Ta présence m’importune souvent. Mais ce geste n’est pas un problème à mes yeux, voilà la différence. »

« Qu’est-ce qu’il est mignon, tu ne trouves pas ? » reprit Clari en rigolant, lui caressant une nouvelle fois le sommet du crâne, un sourire aux lèvres.

« Mais ce n’est pas pour ça que tu peux continuer à le faire. »

Il la repoussa d’un geste de la main avant de prendre de l’avance sur le reste du groupe. Il ne préférait pas que cela dure trop longtemps non plus.

« Et voilà, il boude maintenant. Il n’est pas trop mignon ? »

« Clari … Tu l’importunes réellement en te comportant comme ça. »

« Mais non, mais non … Ne t’en fait donc pas, Tery. Je ne l’embête pas réellement et il le sait. Cela l’amuse et moi aussi. Il est juste très introverti. »

Il n’était pas réellement sûr que Royan trouve cela amusant. Pas du tout même. Mais bon, il était vrai qu’avec une fanfaronne comme Clari, il y avait de fortes chances qu’il se déride. Et puis, pour un prince, malgré son allure, il était plutôt quelqu’un de … normal.

Enfin, c’était son point de vue à ce sujet, rien d’autre. Mais après, peut-être qu’il se trompait lourdement, n’est-ce pas ? Il pouvait toujours se tromper … Pfiou ! La journée passa tranquillement, les cinq personnes se retrouvant autour du feu lorsque la nuit tomba.

« Nous avons encore un bon bout de chemin avant de nous retrouver dans une zone sûre de Traslord. Normalement, cela sera le cas lorsque nous nous trouverons sur un bateau. »

« Un bateau ? Pfiou … Je ne suis jamais monté sur l’un d’entre eux. J’espère quand même que je n’aurai pas trop de problèmes à ce sujet. »

« Ne t’en fait donc pas, Tery. Je sais comment lutter contre ça, je te montrerai le moment venu. » déclara Elen dans un grand sourire sous son masque.

« Je te fais confiance … Après tout, peut-être que je ne serai pas malade non ? On ne peut pas savoir exactement ce qui va m’arriver. »

Elle espérait quand même un peu qu’il serait malade. C’était bête et stupide … mais au moins, ça lui permettrait de s’occuper du jeune homme. Mais elle ne le dirait pas de vive-voix, il ne fallait pas exagérer ! Ca ne se faisait pas ! Et puis … C’était personnel.

« Aller, on mange, ce soir, c’est moi qui cuisine ! Qu’est-ce que … »

Il avait commencé à fouiller dans son sac pour prendre quelques instruments et se mettre à cuisiner, remarquant un livre qu’il ne possédait pas auparavant.

« Qui est-ce qui m’a mis ce livre pendant que j’avais le dos tourné ? »

« Hmmm ? » murmura Manelena, se tournant vers lui en haussant un sourcil. Il croyait vraiment qu’ils n’avaient que ça à faire ? La réponse était personne.

« Un livre sur les golems ? Et je ne le possède même pas ! »

« Qu’est-ce que tu attends pour lire au lieu ? Je vais préparer le repas. »

Manelena allait faire quoi ? Il haussa un sourcil, la femme aux cheveux argentés faisant de même en remarquant le regard étonné de Tery.

« Je pense quand même être capable de faire aussi bien que toi … » rétorqua-t-elle alors qu’il préférait ne rien dire, prenant le livre qui se trouvait dans son sac.

Un livre sur les golems … Et il était vierge car il n’y avait pas de nom inscrit dessus. En même temps, il pouvait le lire. C’était étrange et … Hein ?

« Tery, quelque chose est tombé du livre. Un bout de papier. »

Elen se pencha vers lui, récupérant le morceau de papier au sol avant de l’ouvrir. Elle tendit le morceau de papier à Tery tout en disant :

« Ce n’est pas à moi de le lire … J’espère juste que … »

Elle ne termina pas sa phrase. C’était stupide de penser que c’était un cadeau d’une autre femme. Pfff ! Pourquoi est-ce qu’elle … ferait ça ? Enfin pourquoi est-ce qu’elle pensait ça ? C’était ridicule et puis …

« Oh, c’est de la part de madame Jésiana ! »

Il sembla plus que surpris, commençant à lire le petit mot. Elle signalait juste que c’était un petit peu de lecture pour la route puisqu’il avait beaucoup de chemin à faire. Il haussa un sourcil, murmurant :

« Un livre sur les golems …et même pas ouvert ? Enfin vierge de tout propriétaire ? Drôle de lecture que l’on offre. »

« Quand je disais que tu avais de la popularité même auprès des vieilles femmes, Tery. »

« Ne dit pas n’importe quoi … Pfff … Clari. »

Même si dans le fond, il y croyait un peu à force. De la popularité avec les vieilles femmes, hahaha … C’était stupide de penser ça mais en même temps, il ne pouvait pas nier le contraire, loin de là … Enfin, que madame Jésiana lui donne ce livre, c’est étrange. Car une telle dame devait surement savoir que s’il mettait son nom, il en devenait le propriétaire.

Enfin … C’était normalement ça s’il ne se trompait pas, pas du tout même. Il était un peu perturbé et referma le livre avec lenteur. Il n’était pas motivé à lire, pas du tout même. Ah … Il ne s’attendait pas à une telle chose.

« Je me demande quand est-ce qu’elle a fait ça et pourquoi surtout … »

« Tu n’auras qu’à lui poser la question quand tu leur écriras, Tery. »

C’est vrai. C’était une bonne idée de la part d’Elen. Mais bon … Pour le moment, il allait surtout voir ce que Manelena allait préparer comme repas. Il ne savait pas pourquoi, il n’était que moyennement rassuré dans le fond. Il se trompait surement … Manelena ne pouvait pas faire un mauvais repas, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ?

Pourquoi est-ce qu’il n’arrivait pas à se convaincre lui-même ? Ah … Il regarda Manelena en train de cuisiner, un peu inquiet et soucieux. Pourtant, la femme aux cheveux argentés s’appliquait avec ardeur dans le repas. Puis vint le moment fatidique … Celui où elle donna une portion à chacun. Cela ne payait pas de mine à première vue … et il remarquait que personne n’osait toucher son assiette …

« Bon ben, bon appétit alors. »

Il fut le premier à mettre une bouchée entre ses lèvres. C’était un peu croustillant … mais il n’était pas sûr que ça soit le but recherché par Manelena. C’était aussi un peu juteux après les premiers craquements. Là encore, il n’était pas sûr que ça soit voulu. Et la mine anxieuse de Manelena montrait … parfaitement qu’elle ne savait pas ce qu’elle avait fait.

« C’est différent mais c’est plutôt appréciable, Manelena. Faudra m’expliquer. »

« Hein ? Oh oui, bien entendu. » dit la femme aux cheveux argentés, un peu déboussolée avant d’émettre un faible sourire. Elle commença à manger à son tour, les autres l’accompagnant. Devant leurs visages stupéfaits, il savait que ce n’était pas forcément à leur goût mais qu’importe, Manelena avait fait un effort.

Le repas se passa en silence, personne n’osant faire de remarque après celle de Tery. Puis finalement, il vint reprendre le livre sur les golems. Qu’est-ce qu’il pouvait apprendre de bien à ce sujet ? Sérieusement, il se demandait qui était à l’origine de ces livres ? Une guilde ? Une seule et unique personne ?

« Tu devrais arrêter de lire un peu. Tu n’as fait que ça depuis des journées. »

« Hein ? Manelena ? Oh, ça ne me dérange pas trop. Ca ne peut me faire que du bien. »

« Hmmm … Et je parie que tu n’es même pas capable de lire correctement la moitié des mots. » dit la femme aux cheveux argentés avant de venir s’asseoir à côté de lui.

Elle prit le livre entre ses mains, Tery montrant quelques mots du doigt, Manelena hochant la tête positivement avant de les lui expliquer. Certains termes étaient obscurs et parfois, il valait mieux ignorer la vérité.

« Ah ben tiens … Il suffit juste de complimenter une femme sur l’un de ses points faibles pour qu’elle tombe sous le charme. » murmura Clari faiblement, de telle sorte que juste Elen et Royan puissent entendre ce qu’elle venait de dire.

« Je vais aller me coucher, voilà tout. Bonne nuit, je suis fatiguée. »

Elle resta immobile, attendant que Tery lui souhaite de bien dormir mais rien n’arriva du tout. Rien du tout … Elle eut un petit hoquet avant de s’enfoncer dans la tente, Clari s’approchant de Tery avant de poser une main sur son épaule.

« Ne perd pas trop de temps non plus, hein ? Tu as complètement ignoré Elen là … »

« Hein ? Comment ça ? Où ça ? Où est-ce qu’elle est ? »

« Tu vois, c’est ce que je viens de dire … Elle t’a souhaité de bien dormir et tu ne lui as même pas dit la même chose. C’est mauvais de ta part, Tery, très mauvais. »

« Hein quoi ? Je vais aller corriger ça tout de suite ! Enfin m’excuser. Manelena, je reviens vite, j’ai encore besoin de toi pour mon livre. »

« Je ne bouge pas … Ah … » soupira Manelena mais Clari arrêta Tery.

« Attends plutôt, là tu vas vraiment donner l’impression de vouloir te faire pardonner à tout prix. Peut-être que le mieux sera quand tu devras te coucher réellement. »

« Peut-être … Enfin … D’accord … Bonne nuit à toi et à Royan aussi si vous ne comptez pas rester plus longtemps vous non plus. » murmura le jeune homme aux cheveux bruns alors qu’elle allait l’embrasser sur la joue, s’enfonçant dans une autre tente, Royan allant dans une troisième à son tour. Assis à côté de Manelena, il comprenait que … Enfin, qu’Elen soit un peu jalouse aussi à cause de tout ça. Il était fautif.

« Donc … Euh … Manelena, où est-ce que nous en étions, toi et moi ? »

« Si cela te dérange, je peux aussi aller me coucher. Je ne suis guère fatiguée mais néanmoins, ainsi, tu peux aller la rejoindre. »

« Non, non … C’est bon, il n’y a pas de problèmes, Manelena. »

Il fit un petit sourire alors qu’elle n’hochait que la tête pour bien montrer qu’il n’y avait pas de souci de son côté. Il revint s’asseoir à ses côtés. Sans mentir … Comme si Manelena était réellement intéressée par lui ? C’était juste impossible. Ils n’étaient pas issus du même monde.

« Donc, reprenons où nous nous étions arrêtés, Tery et … Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Tu en sais quand même beaucoup de choses pour une maréchale … Enfin des mots … »

« Être une maréchale ne m’empêche pas d’être instruite. »

« Non non ! Je ne voulais pas t’insulter ! Attention, s’il te plaît ! Ce n’est pas du tout mon but ! Vraiment pas ! Pas du tout, Manelena ! »

« Je le sais bien … Calme-toi, tu es exaspérant quand tu t’excites de la sorte, Tery. » dit la femme aux cheveux argentés en poussant un léger soupir.

« Manelena ? Tu ne veux pas arrêter de lire ? Je … «

Quoi ? Qu’est-ce qu’il a ? Je quoi ? Elle n’aime pas quand il prend ce ton. C’est celui qui cause des problèmes … Du moins, à ses yeux, elle le sent un peu. Et puis, pourquoi est-ce qu’elle tremble un peu ? C’est n’importe quoi.

« C’est quoi le souci, Tery ? Pourquoi tu ne veux plus lire ? »

« Tu voudrais bien que l’on continue notre discussion qu’on avait commencée à Omnosmos ? Dis ? Si ça ne te dérange pas trop … »

« De ce … Hum … »

Elle voyait. C’était au sujet de son père donc … Le roi de Traslord, n’est-ce pas ? Elle le regarda de ses yeux rubis pendant de longues secondes avant de soupirer.

« Je ne pense pas que tu le répéteras à quiconque, n’est-ce pas ? De toute façon, si tu le fais, tu sais ce qui risquerait de t’arriver, non ? »

« Euh … Je le sais parfaitement et ça ne serait pas très joyeux … Pas du tout même. Alors … Euh … Pfiou … Je préfère éviter de trop y réfléchir si tu veux tout savoir. Mais tu veux bien, toi ? Je suis prêt à t’écouter sans t’interrompre. »

« Ah bon ? Toi ? Qui a toujours la bouche ouverte ? C’est vrai ce mensonge ? »

Il hocha la tête plusieurs fois de suite, Manelena détournant la tête pour qu’il ne voie pas un fin sourire sur ses lèvres. Son visage revint vers lui, ferme et neutre.

« Par où est-ce que tu voudrais que je commence ? »

« Comment était le roi ? Enfin non … Ton père … Et puis, en même temps, je n’ai jamais vu de reine d’après ce que je crois me souvenir. »

« Car il n’y a pas de reine, loin de là. »

« Pas de reine ? » murmura le jeune homme, un peu étonné. Manelena hocha la tête plusieurs fois avant de reprendre sur un ton lent :

« Si tu veux parler de celle qui m’a donné la vie, elle est morte il y a de cela plus une décennie. Peut-être devrai-je quand même te raconter tout depuis le début, cela sera surement bien mieux pour toi. Que tu puisses tout comprendre, non ? »

« Fais donc, fais donc, Manelena, je t’écoute attentivement. »

« Ne me parle pas ainsi, ça me déconcentre plus que ça ne m’aide, tu sais ? Bref … Comment est-ce que je pourrai dire cela avec facilité … »

« Si c’est trop compliqué, peut-être commencer par … Ah ! Je sais ! Comment est-ce que tu as su que tu avais des lignes d’Alzar ? »

« C’est encore pire que tout le reste, Tery. Je crois que je vais commencer par te décrire comment était la reine, ça sera bien mieux. »

« Si elle a pu donner la naissance à une personne aussi belle que toi, je suis sûr que… »

« J’ai cru mal entendre. » murmura la femme aux cheveux argentés alors qu’il mettait une main devant sa bouche. Même si c’était un compliment … dire ça comme ça, ce n’était pas vraiment dans ses habitudes, pas du tout même.

« Je crois que tu as mal entendu, Manelena, oui. »

« Surement … Bon … Est-ce que tu sais comment mon père est devenu roi ? » demanda Manelena avec lenteur, Tery hochant la tête négativement.

« Je ne m’en rappelle pas. Je l’ai su … mais j’ai oublié depuis tout ce temps. Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? C’est important ? »

« En un sens, ça l’est, Tery … Et la raison est simple : mon père a tué mon grand-père, le précédent roi, pour obtenir le trône. »

Que … Quoi ? C’était vrai ça ? Les gens avaient parlé d’une maladie d’après ses souvenirs. Une maladie qui avait emporté l’ancien roi. Alors … Cela voulait dire que le précédent roi avait été assassiné ? A cette époque, son père était déjà mort donc il désintéressé complètement de tout cela … mais maintenant, tout était différent.

Chapitre 21 : De retour dans son pays natal

ShiroiRyu
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Chapitre 21 : De retour dans son pays natal

« Des informations sur les gardiens élémentaires. Mais que voulez-vous comme détails ? »

« Leurs origines ? Leurs pouvoirs ? Leurs capacités ? Est-ce qu’ils sont sociables ? Capables de dialogues ? Enfin, toutes ces choses. »

« Bref … Tu veux tout savoir à leur sujet, rien que ça. »

La vielle femme poussa un profond soupir désabusé avant de s’éloigner tandis que Tery était plutôt gêné. Là, il avait vraiment plus l’impression d’embêter Jésania qu’autre chose. Enfin … Elle était quand même une gentille femme.

« Tery, allons s’installer tous les deux. »

Tous les trois non ? Mais lorsqu’Elen le força à s’asseoir, il comprit où elle voulait en venir. La femme masquée vint s’asseoir sur lui, souriante sous son masque avant de chuchoter :

« J’espère quand même ne pas être trop lourde. »

« Je ne dirai pas que c’est ça le souci, Elen si tu veux tout savoir. Je ne crois pas que ça soit une position acceptable dans une bibliothèque. Et comment est-ce que tu veux que je puisse lire correctement ? S’il te plaît, tu peux t’asseoir à côté de moi ? »

« Je n’ai pas envie … Tery. » dit-elle alors qu’il haussait un sourcil. Il poussa un profond soupir avant de rapprocher son visage de son oreille, chuchotant :

« Si tu restes tranquille durant la journée, ce soir, lorsque l’on dormira ensemble, on pourra peut-être … enfin … comment dire … se câliner ? »

Se câliner ? Cela voulait dire se caresser ? Est-ce qu’il … comprenait enfin un peu qu’elle était une femme et qu’il devait s’occuper d’elle ? Elle hocha la tête positivement, se levant de lui avant de se mettre sur une chaise à côté de lui.

Elle prit sa main dans la sienne, le regardant à travers son masque blanc. Elle était sérieuse, plus que sérieuse. Elle vint même lui dire :

« Tery, tu n’as pas intérêt à oublier hein ? Je te le rappellerai. »

Oui, oui … Mais pas besoin de parler de la sorte. Il n’allait pas oublier. Bref … Il préférait quand même que la vieille femme revienne rapidement. Il était un peu anxieux. Elen se montrait parfois un peu entreprenante. A croire qu’elle voulait goûter à l’amour sans interruption … Comme si elle n’avait jamais rien eu de tel auparavant. Ce qui devait être surement le cas … et le sien aussi.

Bon ! Pfiou … Elen allait se montrer très câline ce soir. Il devait réfléchir donc à ce qu’il devait faire … car demain, de toute façon, ils partiraient vers Traslord. Ça serait la première fois pour lui d’ailleurs. Pfiou ! Première fois avec Elen ? AH NON ! Il pensait à Traslord ! Purée ! Ca ne se faisait pas de penser à de telles stupidités pour le moment ! Ah non non ! Qu’il arrête ça quand même ! Il n’était quand même pas à ce point pathétique !

« Hum ? Tu es prié de ne pas te cogner la tête contre la table. Les taches de sang sont quand même difficiles à nettoyer. »

Hein ? Il releva la tête, remarquant Jésiana qui était de retour. Périk était là aussi, avec de nombreux livres. Wow ! A trois, ça allait être plus dur. Est-ce que … Enfin bon, qu’est-ce qu’il allait apprendre exactement d’ailleurs ?
Prenant un premier livre, il commença à le parcourir du regard, observant ce qui était marqué dedans. Puisqu’ils allaient à Traslord, peut-être qu’il devait se renseigner sur ce Léviathan ? Enfin, le gardien qui vivait là-bas ?

Il tourna les pages, cherchant des informations à ce sujet. A part le fait qu’il était gigantesque, qu’il se déplaçait uniquement dans l’eau, le reste était franchement peu intéressant. Enfin, à ses yeux. Pourquoi devait-il se sentir concerné par le fait que le Léviathan préférait tel ou tel poisson pour se nourrir ? Sincèrement … C’était peut-être intéressant pour savoir si une espèce de poisson disparaissait mais à part ça …

« Je pensais que l’on pourrait apprendre de quelle façon les gardiens se battent … »

« Généralement, si un gardien agresse une personne ou une créature, celle-ci n’est pas vraiment en état de raconter ce qui s’est passé. » rétorqua Manelena, refermant son livre avec lenteur. « Cette recherche est inutile. A part des descriptions physiques, rien de bien intéressant de mon côté de toute façon. »

« Je ne dirai pas inutile. Juste que nous n’avons pas les bonnes informations, c’est tout. Aucune information n’est inutile, Manelena. »

Elle haussa un sourcil, fronçant le crâne en le regardant de ses yeux rubis. De bien belles paroles, là hein ? Car elles ne voulaient pas dire grand-chose actuellement. Mais bon, ce n’est pas comme si elle avait l’habitude avec Tery depuis le début non ?

« Que faisons-nous maintenant, Tery ? On continue ? » demanda Elen.

« Je pense que oui … Encore une heure ou deux puis ensuite, on arrête. »

C’était la meilleure solution à l’heure actuelle. Du moins, pour lui. Elles n’étaient pas obligées de le suivre … mais il n’était pas sûr qu’elles l’écoutent. D’ailleurs, Elen signala qu’elle ne partirait pas le moins du monde.

« Si tu as besoin de moi, je t’aide, c’est aussi simple que ça, Tery. »

« Oui mais bon … Cela risque d’être lassant et fatiguant à force. Je n’ai pas trop envie de t’embêter avec ça, Elen. Voilà tout. »

« Mais ça ne m’embête pas. Et puis, c’est plaisant que tu lises. C’est toujours mieux que de ne penser qu’à se battre et tuer en tant que soldat. »

Hein ? Pourquoi il avait l’impression qu’il venait d’entendre un reproche ? Et surtout, une attaque personnelle lancée sur Manelena ? Elen ne ferait … pas ça, n’est-ce pas ? D’ailleurs, il rêvait surement car Manelena ne répliqua pas le moins du monde à cela. Pfiou … Il ne voulait surtout pas de problème. Il en avait déjà bien assez !

« Bon … Je vais remercier les deux bibliothécaires pour tout ce qu’ils ont fait puis ensuite, nous pouvons repartir. »

Il s’éloigna des deux femmes, ayant récupéré les livres. Il se dirigea vers le vieil homme, déposant les livres devant lui avant de dire d’une voix lente :

« Merci beaucoup pour tout ce que vous avez fait. »

« Est-ce que ces livres vous ont été utiles ? Les gardiens élémentaires sont aussi peu connus en détails que les démons, vous savez. »

« Je crois que j’ai choisi des sujets beaucoup plus difficiles pour moi. Enfin bon … Ça ne fait rien du tout. » répondit le vieil homme en souriant.

« Je ne pense pas que je reviendrai avant longtemps dans la bibliothèque. C’est pourquoi je voulais encore vous remercier pour tout cela. »

« Allons, allons. C’est étonnant … mais que comptes-tu faire maintenant ? »

« Encore voyager dans les différents royaumes. Ce n’est pas comme si j’avais l’habitude visiblement … Sauf que tout le monde me recherche et veut ma mort. Si je n’oublie pas le fait que je suis un démon, je dois dire que ce qui m’attend n’est pas très joyeux. »

« Hahaha … Une vision bien pessimiste, n’est-ce pas ? Enfin, non, je ne devrai pas rire de cela. Tu es sérieux, terriblement sérieux. »

« C’est vrai. Il n’y a pas de quoi rire … Mais bon, cela fait toujours plaisir de rencontrer d’autres personnes. Au moins, vous et votre femme êtes des gens très agréables. »


Le vieil homme cligna des yeux plusieurs fois. Tery était d’une certaine franchise … plutôt désarmante. Elles étaient rares les personnes qui parlaient aussi ouvertement aux autres. C’est peut-être pour cela qu’il était aussi bien entouré ?

« Mais n’as-tu pas de famille pour te rassurer ? Leur écrire ? Cela te permettrait peut-être d’écrire tes sentiments sur écrits et alors de te faire réconforter par ta famille ? »

« Je n’ai qu’une mère que j’aime plus que tout. Je n’ai plus de père depuis des années. Enfin … Elle est ma seule famille et avec tous les problèmes que je cause actuellement, je ne préfère pas la contacter de peur qu’il lui arrive quelques problèmes. »

« Hum … Je vois, je vois. J’ai bien une proposition à te faire, si tu le désires. »

Une proposition ? De quelle sorte ? Et pourquoi une proposition déjà ? Enfin … C’était étrange mais pas inquiétant. Le vieil homme avait une idée en tête mais laquelle ? Tery se gratta la joue, demandant finalement :

« Quoi donc ? Enfin … Votre idée. C’est quoi ? »

« Pourquoi ne pas me donner les coordonnées de l’endroit où vit ta mère ? Tu m’envoies de tes nouvelles et je les lui envoie ensuite. Ainsi, si les armées surveillent ce courrier pour savoir où tu te trouves, ils tomberont sur un os … puisque ça sera moi au bout. »

Il ne savait pas trop. C’était une proposition très alléchante mais quand même … Laisser un inconnu écrire à sa mère ? C’était spécial.

« Pourquoi est-ce que vous feriez ça pour moi ? »

« Car je vous trouve très sympathique, voilà tout.  Et puis, je suis sûr que ma femme se fera une joie d’écrire à votre mère. Elle a toujours eu une écriture exquise. »

« Bon, d’accord, je veux bien … Avant de partir, je prendrai les coordonnées de la bibliothèque et je vous enverrai une lettre. Merci beaucoup, madame Jésania. »

« Hum ? Me remercier de quoi donc ? » demanda la vieille femme, le regardant d’un air suspicieux et méfiant. Il répondit :

« Oh de tout. Merci encore. Je reviendrai dès que possible. Je m’en vais maintenant. »
Il salua respectueusement la vieille femme et le vieil homme avant de s’éloigner d’eux, retournant auprès d’Elen et Manelena, signalant que c’était bon. Ils pouvaient maintenant partir. Quelques minutes plus tard, le trio retrouva Clari et Royan, celui-ci ayant la tête des mauvais jours. La raison était simple, très simple.

« Clari, qu’est-ce que tu as fait encore à Royan ? »

« Hein ? Mais je n’ai rien fait … Juste discuter un peu de tout et de rien avec lui, n’est-ce pas, Royan ? » dit la femme aux couettes blondes en souriant.

« Cette femme … est épuisante. Comment est-ce possible de la supporter ? »

« Je me le demande depuis que je la connais. Bon … Dès demain, nous partirons au plus tôt possible. Royan, est-ce que nous aurons des difficultés à nous rendre dans ton royaume ? Elen nous a quand même raconté un peu ce qui s’est passé et donc … Est-ce qu’il y a des risques que tu te fasses attaquer encore ? »

« Plus vraiment, je n’ai plus de médaillon. Ce n’était pas une attaque contre la royauté mais simplement pour récupérer le médaillon, rien de plus. »

« D’accord … D’accord, et par rapport à Manelena et moi ? »

« Je vais les empêcher de vous arrêter. De toute façon, à l’heure actuelle, il y a des chances que les médaillons aient été récupérés de la part de chaque royaume. »

Tant mieux, tant mieux alors. Enfin, c’était ça qu’il devait penser non ? Que ce fût une bonne chose, n’est-ce pas ? Il ne se trompait pas ? Pfiou ! Il allait devoir passer une nuit assez éprouvante, il le sentait bien. Il avait changé de conversation mentale, se surprenant lui-même par un tel changement. Il fallait quand même oser. Mais bon … Il était préparé.

Enfin … Ce n’était pas aussi « fou » qu’il l’aurait cru. Quelques heures plus tard, Elen était dans ses bras, ronronnant de plaisir tandis qu’elle se contentait juste de ça ? Il était juste un peu déçu, il pensait qu’elle aurait voulu un peu plus. Lui aussi d’ailleurs mais bon … Il n’allait pas se plaindre non plus hein ?

« Un petit baiser, Tery ? Pour dormir ? Et … Si tu veux … Tu peux quand même me caresser le dos hein ? Ou un peu ailleurs. »

« On va juste te caresser le dos, ma petite demoiselle. »

Il lui disait ça avec tendresse avant de l’embrasser comme elle le désirait. Pendant quelques secondes, il collait ses lèvres sur les siennes alors qu’elle se laissait faire. Et comme elle le lui avait demandé, il caressait son dos de haut en bas, la sentant un peu trembler. Elle était désirable, tellement désirable.

Mais voilà … C’était bon. Ils n’allaient rien faire de plus. La gardant contre lui, il vint caresser ses cheveux, attendant qu’elle plonge dans le sommeil avant de chercher à faire pareil de son côté. Il n’allait pas chercher les ennuis non plus. Les ennuis ? Qu’est-ce qu’il …
N’importe quoi … Vraiment n’importe quoi. Il avait un peu peur qu’Elen devienne trop jalouse mais pour l’heure, ce n’était pas encore le cas. Finalement, il arriva à s’endormir quelques minutes plus, ses lèvres posées sur le front d’Elen. Il valait mieux que tous les deux, ils prennent leur temps pour toutes ces choses. Demain, ils allaient avoir un grand voyage à faire d’après ce qu’il avait pu comprendre et remarquer.

Le lendemain matin, ce fut elle qui le réveilla, s’étant mise sur lui pour l’embrasser longuement et tendrement. Quand il ouvrit les yeux après le baiser, il pouvait voir son visage souriant et rougit d’émotion alors qu’elle murmurait :

« Bonjour, Tery. C’est une belle journée qui commence, n’est-ce pas ? »

« Très belle d’après ce que je crois voir. Ah … Vraiment … D’ailleurs, le première chose que je vois en me réveillant est magnifique. »

« Merci Tery. Tu es un amour … mais tu es le mien, n’est-ce pas ? »

La femme aux cheveux blonds et aux yeux bleus le regarda avec intensité, attendant une réponse positive. Une réponse qu’il lui donna sous la forme de plusieurs petits baisers sur les joues, la faisant sourire et rire comme une enfant.

« Est-ce que ça te convient ou non ? »

« Hmm … Seulement si tu m’enlaces dans tes bras, Tery. »

« D’accord mais pas plus de quelques minutes, nous devons descendre aussi. » dit le jeune homme aux cheveux bruns alors qu’elle hochait la tête. Elle se calfeutra bien contre lui, collant sa poitrine contre son torse. A en voir le rouge aux joues de Tery, elle savait que cela faisait son petit effet … et elle était contente. Il appréciait sa féminité. Et donc, c’était plus qu’une bonne nouvelle, hihihi. Elle allait rester ainsi pendant qu’il la gardait contre elle.

« Encore les marmottes visiblement. »

« On voulait profiter encore un peu d’un lit puisqu’à partir de ce soir, ça ne sera plus le cas. On fait quelques derniers achats puis ensuite, on peut partir. »

La réponse sembla convenir à tous et à toutes, Elen lui prenant la main sous la table après qu’ils se soient installés, même si ce n’était que pour quelques minutes. Après qu’ils soient partis de l’auberge, il signala qu’il avait juste une dernière chose à faire de son côté, Elen l’accompagnant tandis que le trio partait de son côté à lui.

« Pourquoi est-ce que nous nous rendons à la bibliothèque, Tery ? Tu n’avais pas déjà dit au revoir hier ? Ou alors, je me suis trompée peut-être ? »

« Non non … Tu ne t’es pas trompée, pas du tout en fait. Juste que j’ai quelque chose à dire aux deux bibliothécaires et ensuite, nous irons retrouver les autres. »

Comme il désirait. Passer un peu de temps … comme un couple, c’est ça ? Ca ne l’embêtait pas le moins du monde en fait ! Pas du tout en y réfléchissant bien, hahaha ! Elle appréciait même le fait d’être juste avec lui, c’était normal en un sens, n’est-ce pas ? D’aimer se retrouver seule avec lui … sans personne d’autre dans les pattes.

« Hihihi ! Dépêchons-nous d’aller à la bibliothèque ! Ensuite, allons faire quelques achats pour nous deux seulement, Tery. Dis … Je sais bien que je ne change pas souvent … de tenue réellement. Enfin, j’ai toujours le même genre. Est-ce que tu aimerais me voir dans une autre tenue, Tery ? Enfin … à part celle où je suis née. »

Il allait ouvrir la bouche mais la dernière phrase d’Elen le bloqua dans son mouvement. Euh … C’est vrai … que cette dernière serait potentiellement très intéressante mais là, il ne savait plus trop quoi dire. Il bredouilla avec lenteur :

« Tu es très bien comme tu es maintenant. C’est ainsi que je t’ai connue. »

« Hum … Des paroles un peu évasives, Tery. Mais je les accepte pleinement. »

Elle répondit avec un sourire tandis qu’il se rendait à la bibliothèque avec elle. Là-bas, il salua respectueusement les deux vieilles personnes, demandant à Périk si alors, Jésania avait été d’accord ou non pour l’écriture des lettres. Le vieil homme répondit que oui.

« Alors … Si vous pouvez vous occuper de cela … pour ma mère. Rien que ce qui s’est passé ces derniers jours à Omnosmos, je pense que ça suffira pour une première lettre. »

« D’accord, d’accord. Soit … Je dois donc te souhaiter un bon voyage et une bonne route. Prends garde à toi, un lecteur assidu est toujours une personne qui va me manquer. »

« Assidu, assidu … Vous savez, je ne suis qu’un soldat. »

Oh … Il le savait parfaitement. Ce n’était pas pour ça que la voie de Tery était maintenant toute tracée. Un soldat pouvait toujours quitter sa fonction, même si cela avait été un peu fait avec … « obligation » dans le cas de Tery. Oh que oui … C’était bien là un « souci ».

Après avoir salué Jésiana, le jeune homme et Elen quittèrent la bibliothèque. Il était temps d’aller faire quelques courses avant le voyage. Retourner dans le pays natal de Royan ? Il n’y avait jamais été de son côté.

« Comment est-ce que c’est, chez Royan ? »

« C’est … étrange mais ils habitent chez les trois statuts de l’eau … Donc liquide et solide mais ils sont aussi liés à Claudiska pour le côté gazeux. »

« Je ne comprends pas vraiment … Je dois te l’avouer. »

« Ca ne fait rien. Tu verras en temps et en heure, Tery. » répondit la jeune femme au masque blanc, un sourire aux lèvres bien que camouflées par le masque.

« Ca ne m’aide pas. Qu’est-ce que tu veux dire par gazeux et autre ? » demanda Tery.

« Bref, ils ont des îles qui flottent sur l’eau, qui flottent dans les airs et qui flottent sur la glace. Enfin, tu verras de tes propres yeux, Tery ! »

Oui mais … Pfiou. Quand même … Ca ne l’aidait carrément pas ! Elle ne comprenait pas ou quoi ? Il poussa un profond soupir alors qu’Elen rigolait de son désarroi. Ce n’était pas très drôle de sa part ! Elle se moquait ouvertement de lui, quoi ! Pfff … Pour la peine, elle allait voir ce qui ça allait être de le voir bouder de la sorte. Elle allait comprendre à quel point c’était ennuyeux quand l’autre ne voulait pas t’adresser la parole.

Très ennuyeux même. Mais bon … Il finit par retrouver Manelena et les autres, Clari ayant l’air d’avoir rempli le sac de diverses choses bien inutiles… mais bon, ce n’était qu’une hypothèse en ce qui la concernait. Il n’en était pas sûr et puis, ça ne le concernait pas vraiment. Clari regarda Elen et Tery, demandant :

« Alors ? Vous étiez où exactement ? »

« Ca ne te concerne pas réellement, Clari. » murmura Elen avec neutralité.

« A la bibliothèque, j’avais une dernière chose à faire avec Périk. »

« D’accord, d’accord … Mais à ce point ? Car déjà hier … »

« Oh, c’est par rapport à ma mère, voilà tout. Je ne veux pas en parler plus, désolé. » répondit le jeune homme aux cheveux bruns avec lenteur.

« D’accord, d’accord, je ne te dérangerai pas plus sur le sujet, Tery, promis. Mais si tu as un souci, n’oublies pas que je suis là hein ? »

Oui, bien entendu. Il ne pouvait pas l’oublier, loin de là même. Il eut un petit soupir alors qu’il réfléchissait à la situation. Ils n’avaient plus rien à faire ici ? Alors autant qu’ils se mettent en route. Si Omnosmos était vraiment au milieu du monde, il y avait surement des sorties vers Traslord. Le voyage ne serait peut-être pas aussi long que prévu. Oh oui ! Grâce à ça, en fait, il était certain de ne pas avoir de soucis durant le voyage.