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Chapitre 19 : Si jeune, si royal

ShiroiRyu
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Chapitre 19 : Si jeune, si royal

« … … … … … Je me sens légèrement mal… Comme si mon cœur bondissait dans tous les sens. » murmura la jeune femme en se tenant au rebord.

« Ca se voit… que vous n’avez jamais été sur un bateau de toute votre vie… »

« Pas de ma faute… J’ai rien fait pour mériter ça… Mais je me sens mal… Il n’y a quelque chose qui permet de lutter contre ça ? »

« Hum… Y a bien une solution… Si vous voulez bien attendre. »

Attendre, attendre… Elle ne pouvait faire que ça de toute façon. Elle se retrouvait sur un bateau de taille moyenne. Rien de bien spécial… Ah… Sauf qu’encore une fois, son apparence montrait qu’il était fait de glace alors qu’il n’en était rien au final.

« Voilà pour vous… Buvez cela… Mais lentement… Par petites gorgées… Cela est tout simplement un verre d’eau… Nous avons aussi du jus de fruit si vous le désirez. »

Elle se tourna vers l’un des gardes, celui-ci tenant un verre dans sa main. Est-ce qu’il se moquait d’elle ? A en croire le regard qu’il lui lançait, cela ne semblait pas être le cas mais quand même… Boire un verre d’eau alors qu’ils se trouvaient sur une étendue d’eau… C’était assez stupide… Enfin bon… Elle prit le verre, se concentrant pour laisser sortir le liquide alors que celui-ci se déplaçait pour arriver entre l’ouverture dans son masque au niveau des lèvres. Elle but par intermittence comme le soldat lui avait conseillé, celui-ci reprenant d’une voix un peu inquiète :

« Vous ne retirez jamais votre masque ? Même pour boire ? »

« Jamais… Je ne préfère pas le retirer… C’est comme si il était mon visage… »

« Drôle de paroles ça… C’est bizarre… Enfin, chacun fait comme ça lui chante. »

Oui… Enfin… Elle se sentait juste un peu mieux… Elle avait moins mal au cœur… Son masque… était comme son second visage… Et seules… certaines personnes pouvaient voir sous celui-ci. Tery… Ah… Est-ce qu’il avait bien reçu sa lettre ? Elle l’espérait tant.

« Disons que sans notre masque, on peut se sentir fragilisés. Pour les personnes comme nous, avoir un masque est comme une protection… Mais aussi une malédiction… Ne jamais montrer notre visage est une chose assez déplaisante sur certains points. »

« Ah ? Je ne peux pas vous aider car je ne vois même pas de quoi vous voulez parler plus exactement, j’en suis désolé. »

« Ca ne fait rien, ça ne fait rien… Des fois, j’aime me parler tout seul… Cela m’arrive… Puisque je me sens mieux, je vais retourner dans ma cabine. »

Aucun problème… Elle pouvait faire ce qu’elle voulait. C’est vrai… Ces masques étaient une bénédiction et une malédiction… Maintenant… Qu’elle savait que Tery avait vu son visage… Elle réalisait à quel point tout cela n’était pas si simple. Oui… Loin de là même…

Les heures s’écoulèrent, le bateau en rencontrant d’autres qui lui ressemblaient. Bon… Au moins, l’originalité s’arrêtait quand même à ce stade. Enfin… Voilà… Elle était ressortie de la cabine après quelques temps, cherchant à observer la mer sur laquelle ils naviguaient depuis déjà pas mal de temps.

« Si vous regardez autour de vous, vous remarquerez que nous sommes bientôt arrivés. »

Ah ? Et qu’est-ce qui… Elle s’arrêta aussitôt de se poser cette question intérieurement alors qu’elle observait les alentours. Ah ! Une tour ! Et bien plus grande que l’autre ! Elle devait bien faire un kilomètre de hauteur ?! Elle leva la tête, se demandant si elle arrivait à voir le sommet de la tour avant de dire :

« C’est vraiment gigantesque… Est-ce que le vieil homme avait raison ? »

« A quel sujet ? » demanda le soldat alors qu’elle reprenait aussitôt :

« Par rapport à une tour qui doit faire environ cinquante kilomètres. J’ai énormément de mal à le croire… Rien que le fait que cette tour que j’aperçois existe… »

« Ah… Je vois, je vois… Ne vous en faites pas, elle existe bel et bien… Là, il est quand même un peu difficile de la voir car nous sommes proches du centre de la partie glacée de Traslord mais si vous alliez vers l’Est pour vous diriger vers la partie aqueuse de Traslord, vous la verrez largement au bout d’un certain moment. »

« Ce n’était donc pas des mensonges… Enfin… Je le croyais… Mais seulement à moitié… Mais cinquante kilomètres quand même… N’y a-t-il pas de problèmes pour respirer ou alors pour la température ? Car plus on monte, plus cela devrait être difficile non ? »

« Hahahaha ! Si nous étions tous seuls, il y aurait énormément de problèmes mais ce n’est pas le cas… Cette tour est la concrétisation d’une alliance entre Traslord et Elysia. »

« Elysia ? C’est bien le royaume voisin ? Celui des hommes et des femmes aux ailes d’aigle ? » demanda t-elle en écoutant attentivement le soldat.

« C’est exact… Nous sommes liés avec ces derniers depuis des générations. Il n’y a pas plus solide alliance qu’avec eux… au contraire de Shunter… »

« Hum ? Shunter ? Qu’est-ce qu’ils ont à voir là-dedans ? » interrogea t-elle le soldat alors qu’elle semblait bien plus intéressée maintenant.

« Nous avions aussi un pacte… mais de non-agression entre Shunter et Traslord. Malheureusement, le roi actuel, le fils du précédent roi a des idées radicalement différentes de ces prédécesseurs et depuis, nous sommes en constante guerre contre Shunter. »

C’était assez triste en y réfléchissant bien… Traslord semblait être un peuple assez pacifique quand on le regardait de près. Enfin bon… Elle n’était pas là pour juger les gens mais accomplir sa mission… Par contre, elle n’avait aucune idée de l’endroit où se trouvaient les différents médaillons. Bon… A l’heure actuelle, elle allait surtout voir ce que le prince Royan lui voulait… Elle n’était bizarrement pas plus intimidée que ça par ce qui allait lui arriver.

« Vous devriez commencer à voir le château d’ici quelques minutes. »

Hum ? Ah ! Oui ! Mais ce n’était pas aussi magnifique qu’elle le pensait… Enfin non… Il était quand même superbe… Mais de l’autre côté… Elle devait reconnaître qu’elle pensait vraiment quelque chose de majestueux. Le château n’était pas aussi grand que ça : Il devait bien faire environ une quarantaine de mètres en hauteur et était entièrement fait de glace… comme d’habitude… Oui, cela devenait presque un peu lassant… Euh non ! Pas lassant… Plutôt, l’effet de surprise disparaissait… Mais elle reconnaissait que le château était plutôt beau… A chaque coin se trouvait une tour, chaque tour se terminant par une pointe qui semblait faite entièrement de glace.

« Laissez-moi deviner… Ce palais est fait en pierre à l’intérieur. »

« Et non… Bien heureusement, pour un symbole de royauté, ce château est entièrement fait de glace au niveau de ses fondations. Seuls les meubles et les objets à l’intérieur ne sont pas faits en glace… C’est assez spécial, vous le verrez de vos propres yeux. AH ! Nous allons amarrer. » annonça l’un des soldats alors qu’elle soupirait de joie.

Le mal de mer n’était pas totalement parti et elle préférait avoir ses deux pieds posés sur un sol bien solide et réel plutôt que sur un bateau qui risquait de s’effondrer d’un jour à l’autre. Après une vingtaine de minutes, elle sauta rapidement du pont, atterrissant au sol alors que les soldats rigolaient entre eux.

« A croire que vous avez vraiment peur de naviguer ! »

« Je n’ai pas l’habitude surtout ! C’était ma première fois ! »

« Hahaha ! Faudra pourtant s’y faire, les bateaux sont le moyen de locomotion le plus utilisé sur nos terres… Du moins, sur les deux parties de Traslord… Voir même la troisième sauf que c’est assez spécial pour elle… Mais vous verrez de vos propres yeux. »

« Ah… Peut-être… Bon… Je dois vous suivre encore ou alors, c’est… »

« D’autres soldats vont venir vous chercher. Nous-mêmes, nous ne faisons que la transition. Nous vous reverrons peut-être plus tard… même si je ne pense pas que ça soit le cas. » répondit le soldat alors que le bateau s’éloignait sans même qu’elle puisse demander ce qu’il voulait dire par là. Elle poussa un léger soupir, haussant les épaules alors qu’elle se retournait pour faire face au port.

Toutes les villes se ressemblaient ou presque… En regardant de plus près… Elle était toujours sur de la glace… Mais une glace aussi solide que celle qu’elle avait vue hier ou avant-hier… Enfin, plutôt ses premiers pas. Deux soldats s’approchèrent d’elle, fortement armurés alors qu’ils avaient un trident dans la main.

« Vous êtes une nouvelle envoyée ? Le prince nous a dit de venir vous réceptionner. Si vous voulez nous suivre, le palais n’est pas très loin mais nous y serons bientôt. Le prince vous attend avec une certaine impatience. Il se doit d’accueillir toute personne ayant un masque blanc sur le visage. Si vous voulez bien nous accompagner dès maintenant… » annonça l’un des soldats en s’adressant à elle, la jeune femme hochant la tête.

Elle n’avait pas le choix à la base. Elle suivit les soldats, regardant autour d’elle. Bizarrement ou plutôt… logiquement, les citoyens ne semblaient pas étonnés de voir une personne au masque blanc entourée par plusieurs soldats. Après une bonne marche, ils arrivèrent jusqu’au château, Elen observant les alentours et surtout les contours : Cela ressemblait vraiment à un magnifique château… Et entièrement de glace ?

« Nous venons de la part du prince Royan… Il nous a dit d’aller rechercher cette personne. »

« On sait, on sait… C’est pas comme si c’était la première fois de toute façon. »

« Oui… Bon… Vous nous suivez ? »

« Je ne sais pas combien de fois cela fait que vous me posez la question mais oui… Je veux bien vous suivre… Allons-y alors. »

Oui… Bon… Elle put pénétrer à l’intérieur du château, observant les créations de glace. Oh… Il y avait des meubles et aussi des peintures… Et aussi des armures… Enfin, tout ce qu’un château normal devait avoir… selon elle… Mais à côté… Le contraste avec les murs entièrement fait de glace était une chose assez étonnante en un sens.

« Voilà… Nous y sommes… Nous allons devoir vous laisser maintenant. Evitez de vous comporter d’une mauvaise manière devant le prince. »

« Je ne pensais pas faire cela de toute façon à la base. J’ai une éducation plutôt acceptable. »

« Ce n’est pas à cause de vous… mais de l’un des précédents masques blancs… »

Ah ? Elle aurait bien aimé savoir de quoi il parlait… Mais bon… Deux soldats avec de magnifiques armures et lances gravées se tenaient devant une imposante double porte. Sur celle-ci, un symbole représentant un ours blanc étant gravé lui aussi.

« Nous allons prévenir le prince de votre arrivée. Si vous voulez bien patienter… »

« Oui… Bien sûr… Il n’y a aucun problème. » murmura t-elle avant de pousser un léger soupir en elle. Sincèrement… Pourquoi autant de demandes… L’un des gardes pénétra à l’intérieur de la salle de trône, quelques murmures se faisant entendre avant qu’il ne revienne. Chaque pas qu’il faisait émettait un léger bruit métallique tandis qu’il disait :

« Vous pouvez y aller. Le prince veut bien vous accueillir. »

« D’accord… Merci bien. » souffla t-elle alors qu’elle se disait intérieurement qu’il y avait intérêt. En y réfléchissant bien, c’était lui qui était venu la chercher et pas l’inverse. Elle n’avait pas voulu tout cela. Mais bon…

« Vous voilà donc… Encore un… Cela commence à faire un certain nombre. »

Hum ? C’était une voix plutôt juvénile qui s’adressait à elle. Elle remarqua surtout la dizaine de soldats qui était aligné de telle façon que nul ne pouvait atteindre le prince sans passer devant ou derrière eux. Ah… Au sujet du prince, elle arriva à sa hauteur, étant surprise.

Quel âge devait-il avoir ? Quatorze ? Quinze ans ? Pas plus que ça… Tout ce qu’elle pouvait remarquer, c’est que malgré son jeune âge, le prince avait une certaine prestance et allure. Cela se voyait directement dans son regard saphir, l’adolescent ayant des cheveux allant de pair avec ses yeux. Il avait aussi deux petites tresses enrubannées de chaque côté du visage, lui donnant une allure plus efféminée qu’autre chose. Enfin il portait les armoiries de son royaume, le symbole de l’ours blanc se faisant voir sur son épaisse cape de fourrure rouge autour de son corps. Pourtant… Il ne semblait guère heureux ou du genre à plaisanter.

« Ainsi… Il y a encore un membre qui a été envoyé … Cela commence à faire un certain nombre. Je me présente : Royan le Verglaçant, souverain de la partie de Traslord liée au royaume de Shunter. Cette partie est gelée dans sa grande majorité mais les conditions de vie ne sont pas difficiles pour autant. Quel est votre nom ? »

Quel était son nom ? Hein ? Elle le regarda avec un peu de surprise avant de dire :

« Je ne peux pas vous le révéler, j’en suis désolée. »

« Hum… Ce n’est pas très grave… Et est-ce que vous pouvez retirer ce masque ? »

Hein ?! Mais c’était quoi cette question ? Cela devenait vraiment suspect ! Bien qu’elle s’était inclinée pour le saluer respectueusement, elle se redressa en disant :

« Je ne peux pas vous l’annoncer ! J’en suis vraiment désolée mais là… Cela m’est strictement interdit. »

« Hum… Cela ne fait rien. C’est tout ce que je voulais savoir. »

Hein ? Mais elle avait clairement du mal à comprendre où ce prince voulait en venir… Royan, c’était ça ? Il semblait assez bizarre quand on le regardait longuement… Mais son allure impériale… Ah… Bon… Elle soupira :

« Est-ce que je peux vous poser une question, prince Royan ? Pourquoi m’avoir invitée à venir dans votre palais ? Et surtout… Je ne suis pas au courant de la présence d’autres personnes ayant des masques blancs sur leur visage… »

« C’est ce que j’ai remarqué… Vous n’êtes pas du même groupe. »

« Hein ? Remarqué ? Comment cela ? Où est-ce que vous voulez en venir ? »

« Mes questions avaient tout simplement pour but de vous étudié. Les précédentes personnes n’avaient aucun problème à me donner leur nom ou à retirer leur masque pour se présenter devant ma royale personne. »

« Euh… Normalement, ils ne devraient pas devoir se montrer. Ce masque blanc est quelque chose d’assez… important… Enfin… Normalement… »

« Normalement… D’après mes grands frères… Mais eux-mêmes seront assez surpris de vous voir si tel est le cas… Et vous verrez alors les autres personnes au masque blanc. C’est ainsi que je conçois nos futures journées. » annonça l’adolescent en se relevant de son trône de glace alors qu’elle restait immobile, cherchant quoi dire. Puis soudainement, elle reprit :

« Je… Je ne connais pas ces personnes au masque blanc ! Je n’ai pas envie de les voir ! »

« Ne parlez pas ainsi au prince Royan ! » s’écria l’un des soldats, les tridents se mettant en mouvement. L’adolescent les arrêta d’un geste de la main, reprenant calmement :

« Et pourquoi cela ? Avez-vous quelque chose de différent par rapport à eux ? »

« Je… Je ne préfère pas les rencontrer… C’est tout… Je n’en ai jamais rencontré… Et je ne suis pas venue pour voir des personnes comme ça… Pardonnez-moi, prince Royan. »

Elle tremblait de tous ses membres. Elle… C’était elle l’adulte mais pourtant, comparée au prince, elle n’était rien du tout… Rien de rien… Le prince commença à faire quelques pas, s’avançant peu à peu vers elle tout en croisant les bras :

« Visiblement… Tous les masques blancs sont bizarres… Même si il est préférable d’avoir ce genre de mystères et comportement que ceux auxquels j’ai eu affaire ces derniers temps. Vous pouvez vous relever… Votre présence est désormais secrète… Du moins, je vais devoir prévenir mes deux frères mais de mon côté, ils ne sauront pas où vous logerez exactement. J’aurai plusieurs questions à vous poser au sujet de vos lignes de Zélisia… Car vous avez bien ces dernières, n’est-ce pas ? »

« Oui… Oui… Bien entendu… Sinon le masque… ne marcherait pas… »

« Alors tant mieux… Nous verrons ce que vous pouvez me dire ou faire. Une dernière question : Vous êtes une femme n’est-ce pas ? »

Hein ?! Elle recula légèrement, plus surprise qu’autre chose. Ca se voyait tant que ça ?!

« J’ai l’air d’avoir dit une chose qu’il ne fallait pas. Pourtant, cela me semblait logique d’après vos réactions. Enfin bon… Je vous pose cette question par rapport à la chambre que l’on va vous allouée pendant les prochains jours. »

Pff… Elle ne savait plus du tout où se mettre maintenant… Mais… Si le prince Royan savait qu’elle était une femme… Alors pourquoi est-ce que Tery paraissait surpris ? Hein ? Pourquoi est-ce qu’il avait été légèrement étonné de ça ?

« Peut-être que c’est un idiot en fin de compte… Enfin… Ca lui correspondrait bien… »

« Hum ? De quoi ou de qui parlez-vous, mademoiselle ? Ah… Avez-vous un pseudonyme sous lequel vous appeler vous peut-être ? Cela sera plus simple. » dit le prince.

« Vous pouvez m’appeler l’Ombre… Si vous voulez. C’est comme ça que quelqu’un m’a nommée un jour et depuis, je trouve que cela sonne bien. »

« Soit… L’Ombre… Vous pouvez donc quitter la salle de trône. Un serviteur va vous emmener à votre chambre. » termina l’adolescent aux cheveux bleus, passant une main dans ceux-ci pour laisser découvrir ses branchies par inadvertance alors qu’elle s’en allait.

Sur le chemin, elle observait les quelques rares statues disséminées dans les couloirs, se disant qu’elles étaient vraiment magnifiques. Quand on y réfléchissait bien, le fait que tout soit en glace au niveau de l’architecture rendait ce royaume très beau.

« Vous serez ici… Pendant les prochains jours, vous logerez en ce lieu. Si vous avez besoin de quelque chose, vous pourrez contacter les servants. »

« Euh… Merci beaucoup. Je vais donc y aller… Oui… »

Elle disait cela alors qu’elle se retrouvait seule devant une porte d’importante taille. Elle ouvrit celle-ci, pénétrant à l’intérieur de la chambre avant de s’empêcher de crier. C’était… C’était quoi cet endroit ?! C’était tout simplement magnifique ! C’était vraiment… Rien que cette chambre devait faire deux voir trois fois la taille de la petite baraque qu’elle avait comme logement chez l’Oracle. Et là, tout d’un coup, elle avait tout ça ? Elle s’approcha avec appréhension du gigantesque lit à baldaquin, le touchant de la main. Ah zut ! Elle devait retirer son gant… Maintenant qu’elle sentait sa peau nue contre le tissu, elle s’était mise à trembler, ne sachant pas si c’était de peur, d’appréhension ou d’émotions.

« C’est vraiment… pour moi tout ça ? Je n’arrive vraiment pas à y croire… »

Elle avait déjà refermé la porte à clé mais… Elle ne se sentait pas en sécurité… Elle n’osait pas retirer son masque… Le prince Royan n’était pas un idiot… contrairement à Tery… Mais de l’autre côté… Elle appréciait la surprise qu’elle avait remarquée sur le visage du jeune homme… lorsque son masque blanc était tombé en morceaux…

« Au moins… J’avais la sensation… d’être différente… quand il me voyait… Mais qu’est-ce que je dis moi ?! » murmura t-elle alors qu’elle retirait finalement son masque et ses capes.

Ah… Que tout ça était lourd ! Elle retira ses épaulettes et le haut de sa légère armure cachant sa poitrine, restant simplement en justaucorps rouge alors qu’elle remarquait un grand miroir près d’une petite table où elle pouvait se peigner et autre. Elle s’approcha du miroir, regardant ses cheveux blonds ébouriffés :

« Je n’ai même pas l’allure d’une femme en fin de compte. Il n’y a qu’à regarder mes cheveux… Est-ce que je devrai les laisser pousser ? »

Mais c’était quoi cette idée stupide ? Depuis quand est-ce qu’elle se préoccupait de sa chevelure de toute façon ? Elle observa le peigne, le prenant dans ses mains avant de l’emmener à ses cheveux. Elle poussa un petit gémissement de douleur, reposant aussitôt le peigne en se regardant dans le miroir.

« De toute façon… Je ne vois même pas de raison pour moi d’essayer de me coiffer. Pour qui est-ce que je le ferai à la base ? »

Peut-être pour Tery ? Ah… De toute façon… Ils ne se voyaient plus… Pour l’instant… Et puis… Pourquoi est-ce qu’elle ferait ça pour lui ? Elle s’observa une dernière fois dans le miroir, allant se coucher sur le lit, ses yeux posés sur le sommet du lit à baldaquin. Ah… Oui… Pour l’instant… Elle allait chercher le sommeil… Ce lit était si confortable et moelleux… Bien différent de celui d’une auberge. Elle ferma les yeux, s’endormant.

Chapitre 18 : Confiance

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Chapitre 18 : Confiance

« C’est vraiment assez spécial… Quand on regarde de plus près… Et ça ne fond pas au soleil ? » demanda t-elle alors qu’ils approchaient des abords d’une petite ville.

Cette ville était plutôt étonnante quand on y réfléchissait bien… Tous les bâtiments étaient fait en glace et en observant avec plus de précision, on pouvait voir que cela n’était pas une simple glace mais quelque chose de vraiment gelé… Impossible à fondre ?

« Il faut des personnes spécialisées pour la construction de blocs de glace plus que solides pour pouvoir créer nos bâtiments… Néanmoins… Cela est surtout de la glace renforcée… Comme nous ne pouvons construire des bâtiments faits sur mesure… Mais à côté, cette glace est assez solide pour à peine fondre si de la lave venait s’écouler sur elle. »

« C’est quand même assez impressionnant… Et pour le soleil ? Il ne gêne pas du tout alors ? »

« Pas le moins du monde bien heureusement. Enfin… Vous verrez bien… Par contre, nous sommes obligés de signaler votre présence à notre prince. »

« Euh… Vraiment obligés ? Normalement, je préfère rester discret … Donc… »

« Tout ceux portant des masques blancs doivent être annoncés au prince, c’est une mesure prise par les trois princes. Nous sommes désolés de vous signaler mais cela vous évitera bon nombre de soucis à l’avenir. Donc… Vous pouvez rester dans cette ville mais vous nous signalerez l’auberge dans laquelle vous irez… »

Ah… Bon… Ben… Elle n’avait pas le choix au final. Elle haussa les épaules en poussant un léger soupir pour dire qu’elle comprenait parfaitement. Les soldats commencèrent à retirer leurs casques, Elen poussant un petit cri de surprise alors qu’ils la regardaient avec étonnement. Qu’est-ce qui se passait ?!

« Vos… joues ? Qu’est-ce que cela veut dire ? »

« Vous… êtes… vraiment quelqu’un qui ne sort pas beaucoup de chez soi. Ce sont des branchies. Vous n’avez jamais vu des personnes issues de Traslord ou quoi ? »

Il fallait dire que… non… Ses voyages n’avaient réellement commencé qu’à partir de sa majorité… Et encore… Elle avait toujours été aux alentours de Shunter… Alors Honoros… Cela était assez éloigné, elle le reconnaissait parfaitement. Elle baissa la tête alors que l’un des soldats retirait son armure de cuir, soulevant son haut dans le dos.

« Et cela… Ce sont des écailles… Elles poussent sur tout le dos de notre corps, donc notre dos, nos bras, nos pieds… Enfin voilà… C’est quand même bizarre que vous ne saviez pas ça. Je me demande ce que l’on vous apprend… Enfin bon… Ce n’est pas trop grave. »

Ah… Qu’elle avait honte… Vraiment honte même… Elle baissa la tête, légèrement confuse alors que les soldats rigolaient entre eux. Soit elle jouait très bien son rôle candide, soit elle était vraiment néophyte dans la découverte de ce monde. Enfin, ils allaient tabler plutôt sur le second point. Ils commencèrent à la guider jusqu’à une auberge, les personnes autour d’eux semblant un peu étonnées de voir Elen ainsi habillée avec ces deux capes.

« Voilà… Cela est l’une des meilleures auberges de la ville. Vous ne devriez pas avoir de mal à trouver une place, je pense… Et cela nous facilitera aussi nos recherches si on doit vous retrouver pour vous parler de ce que le prince pense de votre arrivée. »

« D’accord… J’ai parfaitement compris le message. Merci… de me faire confiance. »

« C’est tout simplement parce que vous possédez un masque blanc… que l’on vous fait confiance… Ce n’est pas à cause de votre personne si vous voulez tout savoir. »

« Pourquoi cela ? Qu’est-ce que mon masque blanc a de si spécial ? »

« Disons simplement que ceux qui en portent… sont souvent des personnes de bonne foi… et principalement capables de grandes choses… Majoritairement, des BONNES choses. »

« Ah… Je vois… Je vois… Merci encore… »

Elle fit un petit hochement de tête, s’éloignant des personnes pour se diriger vers l’intérieur de l’auberge. Tout était fait de glace ? Enfin… Presque… L’extérieur était en glace mais l’intérieur ressemblait à une auberge normale… Du bois et tout ce qu’il fallait à côté… Puis bon… Par contre… C’était le silence complet… quand elle avait pénétré dans l’auberge.

« Masque blanc… Qui est-ce ? »

« Encore un envoyé pour le prince ? Ce n’est pas le premier… »

« Ca commence à faire beaucoup… Cela m’inquiète… »

Ah… Elle voyait parfaitement. Ce n’était pas qu’elle n’était pas la bienvenue, simplement que le fait qu’elle porte un masque sur le visage la rendait un peu suspecte. Elle allait devoir enquêter sur tout ce qui se passait dans Traslord. Bon… Mais auparavant, elle avait autre chose à faire ! Elle se dirigea vers l’aubergiste, demandant d’une voix neutre :

« Pardonnez-moi… J’aimerai avoir une chambre… Pas forcément la plus cher… Mais assez spacieuse si ça ne vous dérange pas. »

« Vous êtes avec les autres ? Je vous pose cette question car… »

« Les autres ? Comment ça ? Vous voulez dire qu’il y a d’autres personnes avec des masques blancs ici ? C’est vrai ? Vous ne mentez pas ? »

L’aubergiste hocha la tête d’un air positif comme pour annoncer qu’il disait la vérité, lui demandant quelques pièces qu’elle paya rapidement. Oui… Sa bourse avait été remplie à nouveau par l’Oracle… Ah… Elle prit la clé que lui tendait l’aubergiste, le remerciant d’un hochement de tête alors qu’elle grimpait à l’étage. Des bâtiments de glace en apparence à l’extérieur… mais de l’intérieur… Tout était si normal… Ah ! Elle n’avait pas le temps de réfléchir à tout ça ! Elle pénétra dans sa chambre, assez coquette si on regardait bien… Enfin non… Plutôt bien entretenue. Elle referma la porte derrière elle, s’enfermant dans la chambre avant de retirer son masque. Vraiment… Ce qu’elle venait d’apprendre la chambouler un peu… Des masques blancs ? Elle connaissait leurs existences… Mais à côté… Elle n’avait jamais vu personne en face d’elle avec un masque blanc donc…

« Enfin bon… Je n’ai pas à me faire de soucis pour ça d’un autre côté… Ca ne me concerne pas plus que ça… Plutôt… Je me demande ce que fait Tery en ce moment. »

Oui… Maintenant qu’elle savait qu’il était vivant, que madame Liza lui avait dit de vivre un peu sa vie à côté sans que l’Oracle ne sache, elle avait envie de la parcourir avec Tery ! Oui ! Tery était la première personne de l’extérieur avec qui elle se liait réellement.

« De toute façon… J’espère juste qu’il est en bonne santé et qu’il évite de se mettre en danger inutilement. Bon… Et bien… Je vais pouvoir dormir réellement au final… »

Elle ne s’était pas posé la question mais il était vrai que pendant le petit voyage, ils étaient arrivés dans la ville en pleine nuit. Mais à côté… Elle n’avait pas fait attention plus que ça aux personnes… Des branchies et des écailles…

« Bah… Ce n’est pas si important que ça de toute façon. »

Elle se coucha sur son lit, se calfeutrant à l’intérieur des couvertures tout en souriant. Tery était vivant… Elle n’arrivait pas à se retirer cette idée de la tête, c’était impossible. Le simple fait de le savoir en vie lui avait soulagé d’un poids énorme sur la conscience. Lorsqu’elle le reverrait, elle allait devoir tout faire pour éviter qu’il ne reparte, c’était une question de principe ! Elle ferma ses yeux, émettant un petit sourire alors que le sommeil venait la rattraper peu à peu. Oui… Elle allait très bien dormir cette fois.

Le lendemain matin, lorsqu’elle ouvrit les yeux, ce fut pour voir que le soleil tapait assez fortement contrairement à ce qu’elle pensait… Et de l’autre côté, elle n’avait même pas eut un tant soit peu froid pendant la journée. C’était assez spécial… comme endroit… Elle se redressa dans le lit, quittant ce dernier avant de se diriger vers la petite bassine d’eau qui se trouvait sur l’un des meubles. Elle s’aspergea le visage d’eau, s’observant dans la petite glace sur pied qu’elle avait.

« Hum… Je ne sais pas trop… Est-ce que les mèches sont bien ? »

Elle se posait la question, une touffe de cheveux blonds venant s’abattre sur son visage alors qu’elle émettait un grand sourire. Elle se rappelait un peu des paroles de Tery… Si seulement elle se considérait comme plus féminine. Mais bon, ce n’était pas du tout son genre au final, n’est-ce pas ? Elle eut un petit rire cristallin, se séchant le visage avant de reprendre :

« Je vais voir si je peux parcourir la ville… Je me demande quand même ce… »

Elle s’arrêta, posant son regard sur le petit cœur qu’elle avait autour du cou en pendentif. Ah… Ce petit bijou était celui que Tery lui avait donné… Lorsqu’ils s’étaient quittés la première fois. Elle était sûre que cela lui permettrait de le retrouver.

«  Tery… J’attends avec impatience ta lettre. »

Oui… Elle l’attendait avec énormément d’entrain. Elle voulait le revoir… C’était une fixation dans sa tête. C’était… lui… Mais bon… Elle avait d’autres choses en tête, n’est-ce pas ? Comme sa nouvelle mission ! Elle quitta sa chambre, se dirigeant vers le rez-de-chaussée tout en saluant l’aubergiste. Elle s’approcha ensuite de lui, lui demandant d’une voix neutre :

« Pardonnez-moi… Mais j’ai une petite question concernant ce bâtiment… Est-ce normal que tout soit en bois à l’intérieur ? »

« Ah… Je vois… Je vois… Vous pensiez que tous nos bâtiments étaient faits de glace, n’est-ce pas ? Et que même nos meubles et autres étaient ainsi, je me trompe ? »

« J’avoue que… non… Mais cela m’a étonné un peu sur le moment. »

« Sauf quelques bâtiments particuliers et bien plus décoratifs qu’autre chose, tout le reste est crée de façon normale. La glace que vous voyez autour est tout simplement présente pour donner un… genre à nos villes. »

« Pour les rendre différentes des autres… Je vois… Je vois… Merci beaucoup. Est-ce qu’il y a quelque chose à visiter dans cette ville ? »

« Dans notre ville ? Pas vraiment… Vous pouvez toujours essayer de vous rendre dans la tour de notre ville. Elle est accessible à tout le monde et permet de se faire une idée de l’horizon et des séparations entre les trois parties du royaume de Traslord. »

« Merci ! Je vais y aller tout de suite ! Je vous souhaite une bonne journée ! »

« Vous semblez quand même bien plus sympathique que les autres masques blancs… »

Elle ne répondit pas à cette phrase, hochant simplement la tête en se demandant ce que l’aubergiste voulait dire par là. Elle n’avait jamais rencontré d’autres masques blancs donc bon… Elle n’en savait pas grand-chose. Elle quitta l’auberge, observant le ciel de ses yeux bleus, un sourire aux lèvres :

« Je me demande quand est-ce que sa réponse arrivera… Ah… Je suis si pressée ! »

Oui ! Bon… Maintenant… La tour dont parlait l’aubergiste… Hum… C’est vrai qu’elle était plutôt gigantesque ! Une bonne centaine de mètres de hauteur ? Il ne fallait pas avoir peur de l’altitude. Elle se dirigea vers la tour, deux gardes se trouvant devant elle. Ah oui… Cette fois-ci, ils ne portaient pas de casque et elle pouvait bien voir leurs branchies. Elle évita de montrer sa surprise, s’immobilisant pendant quelques secondes.
Ils n’avaient pas l’air de vouloir lui bloquer le chemin. Bon et bien… Elle rentra à l’intérieur de la tour, observant quand même les deux gardes avant de regarder autour d’elle. Waouh… C’était quand même assez spacieux… Voir très… Oh… Il n’y avait pas de décoration mais l’escalier en colimaçon… Elle adorait ça ! Et puis, visiblement, il n’y avait personne. Elle commença à grimper les marches, s’épuisant inutilement pour arriver jusqu’au sommet de la tour. Après quand même plusieurs minutes de montée, elle reprit son souffle, murmurant :

« Je devrais… vraiment… la prochaine fois… éviter de courir… Ce n’est pas la meilleure idée que j’ai eu… de toute ma vie. »
Oui… Mais il était vrai que la vue était splendide… D’épaisses fenêtres empêchaient les personnes de tomber et elle s’en approchait d’une, observant l’horizon.

« … … … … … »

Elle ne savait pas quoi dire. C’était vrai ce que l’aubergiste avait dit. La vue était vraiment splendide et hallucinante à cette hauteur. Difficile d’y croire… Mais en plus… HEY ! C’était elle ou elle voyait d’autres tours autour de cette ville.

« Environ trente cinq kilomètres et demi… Cela fait beaucoup de distance, n’est-ce pas ? »

Elle poussa un petit cri de surprise, se tournant sur le côté avant d’apercevoir un vieil homme avec un petit chapeau sur la tête. Il tenait une canne entre ses deux mains, s’en servant pour rester debout alors qu’elle demandait d’une voix un peu troublée :

« Depuis quand êtes-vous là ? Et euh… Surtout… Qu’est-ce que vous voulez dire ? »

« Oh… C’était simplement un petit calcul de rien du tout… Notre planète fait environ douze mille cinq cents kilomètres de diamètre, si on prend par rapport à un… Ah… Peut-être que la courbure terrestre ne vous intéresse pas tant que ça. »

« Je ne sais même pas ce que c’est… Donc bon… » dit-elle en continuant de regarder le vieil homme, celui-ci reprenant la parole d’une voix lente :

« Disons que cela permet de se dire jusqu’à quelle distance vous pouvez voir en étant à cette hauteur… Nous sommes à une centaine de mètres d’altitude. »

« Ah… C’est ça… Donc c’est normal que je voie quelques tours puisque c’est assez loin de cette ville, c’est cela ? »

« A peu de choses près, c’est correct… Il existe aussi un chef d’œuvre d’architecture dans notre royaume de Traslord mais il ne se trouve pas dans cette partie du royaume. »

« Ah ? Lequel ? Où ça alors ? »

« Cela se trouve dans la capitale même de notre beau royaume : Stratan. »

« Ah… Et donc euh… Ce bijou d’architecture ? Qu’est-ce qu’il est ? »

« Vous voyez cette tour dans laquelle vous vous trouvez ? Et bien, imaginez une autre mais cinq cent fois plus grande ! Oui ! Plus de cinquante kilomètres ! Vous n’avez pas mal entendu ! » s’écria le vieil homme avant de tousser, poussé dans son élan. Ohla ! Qu’il ne fasse pas trop de zèle ! Elle avait parfaitement compris et entendu !

« Cela doit être superbe à voir… J’en suis sûr et certain… »

« Je ne vous le fait pas dire… Et ce sont des membres de ma famille qui s’en occupent… Ah… Plutôt les petits-fils et petites-filles… Nous-mêmes, nous n’occupons que de ces tours car elles ne requièrent par trop de travail… Ah… Oui… Oui… C’est aussi notre petite fierté à nous… Ces tours… Elles sont si spéciales… »

Voilà qu’il abandonnait complètement Elen, replongeant et ressassant ses souvenirs d’antan. Quand à elle, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir regarder ces tours au loin… Cela devait être vraiment spécial… Mais à côté… La chose qui pouvait être merveilleuse, c’était sûrement cette gigantesque tour de cinquante kilomètres de hauteur. Rien que le fait d’y penser… AHHHH ! Ca devait être vraiment très impressionnant !

« Vous savez, cette tour… Celle dont je vous parle… »

« Hein ? Oui ? Qu’est-ce qu’il y a avec elle ? » demanda la jeune femme masquée en se tournant vers le vieil homme.

« Et bien… Cette tour est en fait un cadeau de la part du royaume voisin se trouvant à l’Est de Traslord… Ces hommes et ces femmes avec des ailes d’aigle dans leur dos… »

« Ah ? C’est un cadeau ? Car bon… Faire une telle tour… Cela doit quand même prendre plusieurs décennies non ? » l’interrogea t-elle, le fixant longuement de ses yeux bleus.

« Oh bien sûr ! Rien que le fait de devoir transporter les matériaux pour construire cette tour a été un véritable travail de titan ! Même les deux dieux ne peuvent que s’incliner devant une telle prouesse architecturale ! »

« Les dieux… Les dieux… J’aimerai vraiment voir cette… tour… Car pour… la vanter autant… C’est qu’il y a sans doute une part de vérité à l’intérieur… »

« Mais c’est que la vérité ! RAHHHH ! Pourquoi est-ce qu’aucun visiteur ne veut croire un vieil homme comme moi ? Je n’inspire pas la confiance peut-être ? Je suis trop vieux pour que mes propos soient fondés ? Non mais je vous jure… Y a plus de jeunesse. »

« Ne vous emportez pas, je vous prie… Et pardonnez mes propos. Ils n’avaient pas pour but de vous mettre en colère… »

Le vieil homme émit un grand sourire, signe qu’il n’avait jamais été contrarié depuis le début. Héhéhé… C’était dommage mais c’était comme ça, il était comme ça plutôt. A force, on commençait à se contrôler avec l’âge…

« Bon… Je vais devoir vous laisser, je reviendrai sûrement une autre fois car la vue a le mérite d’être vraiment belle ici. »

« Fais comme tu veux mon petit gars, t’es libre comme l’air ! »

Libre comme l’air ? Ce n’était pas vraiment une expression du pays non ? Elle ne pouvait s’empêcher de sourire en pensant cela, se dirigeant vers les escaliers en colimaçon pour descendre. Néanmoins, elle fut forcée de s’arrêter alors que cinq soldats dont deux de la veille, se positionnaient devant le passage.

« Il y a un problème ? Moi, je vous dis : Il n’a pas la tête à avoir fait quelque chose de mal alors vous devez vous tromper de personne. » annonça le vieil homme avant même que les soldats ne puissent prendre la parole, Elen restant sur ses gardes. Pourquoi est-ce qu’ils étaient là ? Comme le vieillard l’annonçait, elle n’avait commis aucune effraction.

« Si vous voulez bien nous suivre… Le prince Royan le Verglaçant veut vous parler. »

« Le prince ? Oh oh oh… C’est vrai que vous avez un masque sur le visage… Je ne l’avais même pas remarqué… Vous êtes quelqu’un d’important donc ? »

« Euh… Pas vraiment… Pas à ma connaissance. Ou alors, on m’a menti pendant des années sur mes origines… » murmura Elen avant de soupirer.

En y réfléchissant bien… Ses origines… Ses origines… Elle ne savait rien de ses parents… Voir même de ce qui s’était passé avant qu’elle ne soit élevée par l’Oracle… C’était le vide complet… Ah… C’était vraiment dommage. Mais elle n’y avait jamais réellement réfléchit de l’autre côté quand on y pensait bien.

« Est-ce que le chemin va être long ? »

« Assez… Nous allons sûrement utiliser divers flots conducteurs pour nous emmener jusqu’au prince. C’est assez rapide… mais cela secoue. Avez-vous le mal de mer ? »

« Je… ne sais pas du tout… Je n’ai jamais pris la mer pour tout vous dire. »

« Donc vous aurez le mal de mer… Surtout avec les secousses produites. Et bien… Veuillez nous suivre, nous allons vous emmener jusqu’à l’embarquement. »

L’embarquement ? Enfin bon… Elle n’avait même pas le temps de se reposer une journée qu’elle devait repartir aussitôt. Elle salua le vieil homme, lui disant :

« Si je le peux, je n’hésiterai pas à saluer votre famille si je peux visiter un jour cette tour. »

« Dites-leur simplement que je vais bien et que je m’occupe de tout ça. »

« Par contre… Je ne connais même pas le nom de ce village. Est-ce que vous pouvez me le dire ? » demanda t-elle en le regardant.

« Aucun problème mon petit gars. Il s’appelle Selian. Fais attention à toi ! »

Faire attention à lui ? Elle ne risquait rien normalement de toute façon si on y pensait. Elle indiqua aux soldats qu’ils pouvaient partir, ces derniers murmurant qu’ils l’attendaient depuis déjà quelques minutes. Elen murmura quelques excuses, commençant à descendre les escaliers, accompagnée par les nombreux soldats.

« Je ne peux que vous suivre maintenant… »

« Aucun problème à cela… Ca ne prendra guère de temps de toute façon. Vous n’avez pas à vous en faire à ce sujet. Le prince veut simplement vous parler. » répondit un soldat.

Mais pourquoi lui parler ? A cause de son masque blanc ? C’était quand même bizarre. A Shunter, personne ne lui avait jamais posé de questions à ce sujet ou alors tout simplement été intéressé par ça. Oh… Elle avait fait quelques regards se détourner mais rien de bien transcendant quand on y réfléchissait… Bon… Ce n’était pas important de toute façon.

Chapitre 17 : La région de glace

ShiroiRyu
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Chapitre 17 : La région de glace

« Hum… Est-ce que tu veux bien te mon… » murmura t-elle en ne terminant pas sa phrase, l’être au visage masqué de blanc laissa voir légèrement sa surprise.


De la magie ? Ou alors… C’était une véritable créature ? Elle ne le savait pas mais tout ce qu’elle pouvait apercevoir… C’était que cela avait la forme d’un loup… mais pas n’importe quel loup. Déjà, il semblait faire un mètres trente de hauteur et surtout son corps… était entièrement fait de glace ? Plutôt de pointes de glace… Que cela de ses pieds jusqu’à sa tête… Le monstre était complètement composé de glace… Sauf ses deux yeux… qui brillaient comme des rubis… Il n’avait pas tardé à pousser un nouveau hurlement.

« Je vois… Je ne me méfiais pas le moins du monde… Cela m’apprendra en quelque sorte. Je vais vite m’occuper de toi car une lettre m’attend. »

Oui ! Elle bandit son arc, des veines blanches apparaissant sur ses bras bien qu’elles n’étaient pas visibles. Autant y aller rapidement ! Une flèche de feu fit son apparition alors qu’elle tirait en direction du loup de glace. Celui-ci l’évita avec rapidité, émettant un grognement avant de bondir sur elle. Tout de suite, elle vint réagir, roulant dans l’herbe verglacée alors qu’elle tirait une nouvelle flèche en direction du loup. Celui-ci se coucha sur le sol, la flèche passant au-dessus de sa tête alors qu’elle était légèrement surprise.

« Des créatures intelligentes… C’est quand même assez rare… pour être souligné. »

Oui… Mais ce n’était pas pour ça qu’elle allait rester plantée là ! Le loup recommença à courir vers elle, claquant ses dents de glace… Elle eut la mauvaise surprise de voir que dès l’instant où les dents claquaient les unes contre les autres, plusieurs petites aiguilles de glace fonçaient vers elle. Et zut ! Elle ne pouvait pas les esquiver toutes !

« Sérieusement, ça commence déjà à me fatiguer ! »

Elle se retourna, faisant un pas sur le côté alors que les aiguilles de glace venaient faire quelques trous dans ses deux capes sans pour autant la toucher. AH ! Elle allait devoir les retoucher à nouveau ! ET ZUT ! Il abusait ! Elle voulait lui écrire ! Elle n’avait pas de temps à perdre avec ce genre de bêtises. Puisque c’était comme ça… Elle banda son arc encore une fois, visant maintenant le sol à quelques centimètres du loup de glace. Dès que la flèche s’enflamma et toucha le sol, une légère explosion se produisit, des morceaux de glace et un peu de buée venant entourer les deux adversaires.

« Et maintenant… Pars de là ! »

Elle entendit un grognement, reprenant avec agilité ses deux dagues alors qu’une ombre traversait la brume. Elle fit un pas sur le côté, courant en avant. Sa dague percuta la tête du loup de glace, des morceaux tombant au sol… ainsi que l’un des deux yeux ? Enfin bon… Avec ça, il allait surement avoir son compte ! Elle se retourna vivement, attendant de voir que le corps du loup ne s’écroule au sol… Avec une partie de la tête en moins… Cela devait être… bon… n’est-ce pas ? Alors… Pourquoi est-ce le loup se retournait ?

« Tu n’as pas eu ton compte ? Mais tu es une créature… crée par la magie ou quoi ? » demanda t-elle au loup bien qu’elle n’attendait pas de réponses de sa part.

Pourtant, cela semblait bien évident puisque le loup était encore vivant… BON ! Elle n’avait pas le choix ! Elle devait le détruire et le mettre en pièces si elle voulait espérer s’en débarrasser ! Elle avait encore ses deux dagues dans ses mains, celles-ci s’enflammant légèrement alors qu’elle se remettait aussitôt en course en direction du loup.
L’animal ne tarda pas à réagir, ouvrant la gueule pour pousser un cri bien que beaucoup plus faible que le précédent… Visiblement, avoir une partie de la tête en moins n’aidait pas aux cordes vocales pourtant… Elle ne se sentait pas en sécurité ! Elle esquiva le loup qui sautait vers elle, visant une patte, la tranchant net pour que l’animal s’écrase au sol. Encore une fois, il se relevait, semblant avoir du mal à courir… mais toujours sans rien ressentir.

« Vraiment persistant… au final. »

Elle disait cela alors qu’elle envoyait une dague enflammée en plein dans la tête du loup, celui-ci ne pouvant l’éviter à cause de sa patte en moins. Les flammes de la dague continuèrent de grandir jusqu’à ce qu’une explosion se produise, des morceaux de glace volant dans tout les sens, le loup n’était plus.

« Pfff… Bon… Maintenant, je peux retourner écrire… J’espère que c’était le seul car je ne pourrai pas bouger de la soirée de toute façon. »

Oui… La nuit allait tomber d’une minute à l’autre et avec ça, impossible de se déplacer… Et puis, surtout… Ce froid était vraiment horrible en un sens. Mais bon… Tant qu’elle ne bougeait pas et qu’elle était capable de produire des flammes, tout cela se passerait bien. Elle récupéra sa dague, remarquant les deux yeux rubis du loup.

« Hum ? Peut-être qu’ils valent quelque chose. »

Elle se pencha en avant pour les récupérer, retirant rapidement sa main alors que les deux yeux se mettaient à éclater en morceaux, le léger vent glacial dissipant la poussière. Bon… Ben… Cela ne valait plus rien au final. Elle haussa les épaules, retournant dans sa tente avant de reprendre l’écriture de sa lettre. Maintenant, elle était un peu inquiète pour elle… Un loup, cela avait déjà été une rude épreuve… Alors plusieurs…

« Je n’ai pas le temps de penser à ça… Je ferai mieux de continuer à écrire. Tery doit attendre cette lettre avec impatience… Enfin… Je l’espère… Avec autant d’impatience que moi. »

Elle retournait à son écriture, réfléchissant à tout ce qui s’était passé… Hum… Elle pouvait éviter sûrement de parler du loup qui venait de l’attaquer. Enfin bon… En y réfléchissant bien… Elle avait tellement de choses à lui dire… Ah… Peut-être qu’elle pouvait parler de ça… Hum… Non… En y réfléchissant bien…

« BON ! STOP ! On arrête de penser à toutes ces bêtises ! Tery ! Je vais plutôt bien même si ta compagnie me manque ! Je me dis que c’était bien plus drôle quand nous partions ensembles pour t’entraîner ! Et j’ai vraiment envie de te revoir, voilà tout ! »

Elle venait de crier ces quelques paroles comme si tout cela avait été plus que difficile à prononcer. Elle commença à écrire avec frénésie alors qu’elle souriait sous son masque blanc. Ben voilà… Ce n’était pas si dur que ça au final… Maintenant, ils allaient pouvoir discuter de tout et de rien. C’était une bonne chose… Pourtant, son sourire disparu alors que de nouveaux hurlements se firent entendre.

« Encore ?! Mais ce n’est jamais terminé ou quoi ?! Et… »

Et puis bon ! Elle n’avait pas que ça à faire surtout ! Elle reprit ses dagues, les enflammant subitement alors qu’elle quittait la tente, s’arrêtant net devant ce qui l’attendait… C’était quoi… cette blague ? Ils étaient combien ? Auparavant, il n’y en avait qu’un… mais maintenant… Ils étaient bien une dizaine ?

« Vous exagérez complètement cette fois ! J’ai le droit à un peu de tranquillité ou c’est vraiment trop demandé cette fois ? »

C’est vrai ! Elle aurait bien voulut un petit moment de calme après cette nouvelle information ! Elle devait néanmoins faire attention… ou alors courir… Le problème était le fait de laisser sa lettre et sa tente… Et ça… C’était hors de question ! Elle pouvait être sacrément têtue quand elle le désirait ! Une véritable teigne même !

« Et bien… Commençons maintenant ? »

Elle s’était mise à courir avec vélocité, son masque blanc parfaitement figé sur son visage. Autant y aller avec le plus de force possible ! Qu’importe si elle se retrouvait exténuée ensuite ! Elle envoya l’une de ces dagues enflammées en direction de l’un des loups, une ligne de feu se dessinant sur le sol alors que les loups sautaient pour l’éviter. De toute façon, là, elle n’avait pas le choix ! L’autre dague dans la main, ses lignes blanches étant sur la totalité de son corps, elle donna un coup dans le vide, l’un des loups ayant soudainement sa tête et le reste de son corps tranché en deux. Ce n’était que de la glace… Que de la glace ! Elle venait d’utiliser le vent en créer une lame et elle émettait un petit sourire.

« Et bien ? On ne s’attendait pas à ça ? Si vous êtes nombreux, moi, je suis tenace ! »

Sauf que maintenant, c’était à leur tour d’attaquer ! Elle recommença à courir mais à côté des flammes, évitant que sa cape ne prenne feu alors que les loups ouvraient leurs gueules. Plusieurs jets de glace arrivèrent vers elle, la forçant à rouler dans l’herbe enneigée tandis qu’elle réfléchissait à tout ce qu’elle devait faire.

« C’est vraiment pas de chance visiblement… Vous me fatiguez déjà plus qu’autre chose ! BON ! Ca ne suffit pas ? »

Elle récupérait sa seconde dague, se demandant si elle devait utiliser l’arc… Visiblement, c’était une réflexion trop intense puisque plusieurs petites aiguilles de glace se plantèrent dans son dos, la faisant crier de douleur. Zu… ZUT ! Il en était hors de question ! Hors de question de disparaître maintenant ! Pas après que Tery lui ait envoyé une lettre !

« ASSEZ ! Je suis déjà lasse de ce petit jeu ! Vous m’insupportez ! »

Elle était vraiment fatiguée là ! Et ce n’était pas qu’une façon de parler ! Au lieu de tenter de s’échapper et d’esquiver les coups, elle allait tout simplement sauter sur l’un des loups, quitte à se blesser après ! Elle bondit sur l’une des créatures de glace, ses deux dagues croisées avant qu’une croix faite de vent ne vienne trancher en deux la créature sur laquelle elle atterrissait. VOILA ! Une bonne chose qui était faite !

Elle se reprit aussitôt, une main posée sur la neige tandis que le reste des loups grognait, bondissant tous en même temps sur elle. HEY ! Ils ne perdaient pas de temps ! Elle recula, poussant un petit cri de douleur alors qu’elle sentait des crocs se planter dans son bras gauche. Ah… Ah… Son bras gauche ! Elle sentait déjà ce dernier qui s’engourdissait !

« Héhéhé… Vous êtes vraiment incroyables, n’est-ce pas ? »

Elle disait cela avec un petit sourire derrière le masque alors qu’il n’y avait pas de quoi rire. Elle ne voulait pas se laisser démotivée cette fois, il en était hors de question. Elle ne tarda pas à revoir un loup qui sautait sur elle une nouvelle fois mais elle planta sa dague gauche dans le sol, un pieu de terre sortant à quelques centimètres d’elle pour venir se loger en plein dans le corps du loup, le brisant en deux morceaux.

« Ce n’est pas pour ça que je dois me laisser dévorer par vous. Partez d’ici si vous n’avez pas encore assez… Sinon… Je vous promets que tout se passera très mal pour vous. Vous semblez doués d’intelligence, réfléchissez donc avec cette dernière s’il vous plaît. »

Elle disait cela sur un ton assez doux mais il était clair qu’avec tout ce qu’elle venait de faire, les loups restaient assez impressionnés. Jetant un regard aux trois cadavres de leurs congénères puis l’autre qui avait été le premier à combattre, les loups reculèrent légèrement, émettant des petits grognements alors qu’elle souriait :

« C’est bien… Très bien… Continuez de reculer… et partez d’ici ! Je n’ai pas envie de me battre contre vous ce soir alors ne me forcez pas à ça ! »

Elle avait un ton assez impérial… et inquiétant quand on y réfléchissait bien. Les loups recommencèrent à grogner, tournant autour d’elle. Est-ce qu’ils avaient besoin d’une nouvelle preuve ? Est-ce qu’ils voulaient toujours se battre ? C’était à eux de voir mais cette fois-ci, elle allait être encore moins gentille. Elle enflamma légèrement sa dague droite, la passant à quelques centimètres de son bras gauche pour arrêter l’engourdissement dans celui-ci. Voilà… Est-ce qu’ils allaient continuer ?

« Si vous avez compris… Alors partez de là. »

« Grrrr… Grrr… »

Les loups émirent de puissants hurlements avant de courir, quittant la zone alors qu’elle poussait un profond soupir. Ses genoux nus s’enfonçant dans l’herbe enneigée, elle reprit sa respiration, se disant que pour une fois, elle aurait pu éviter de prendre cette tenue… Mais c’était celle qu’elle utilisait habituellement… Donc bon… Elle soupira avant de gémir, se rappelant des aiguilles plantées dans son dos… Avec la chaleur, elles allaient sûrement fondre mais cela faisait quand même assez mal. Elle se dirigea de nouveau vers sa tente, plongeant à l’intérieur avant de s’y coucher. Là… Elle serait vraiment tranquille pour les prochaines heures. Elle le sentait… Les loups n’allaient plus la déranger pour le reste de la soirée. Enfin… Elle allait pouvoir terminer sa lettre. Elle soupira avec un petit peu d’amusement avant de recommencer à écrire, réfléchissant à tout ce qui s’était passé en une seule soirée. C’était vraiment si… rapide… et imprévu.

« Enfin bon… Tery vivant… Des loups de glace… Je ne devrai plus être étonnée par toutes ces petites choses en y pensant sérieusement. »

Oui ! AHHHH ! Bon… Elle devait se soigner peut-être un peu ? A bien y réfléchir, tout se passait un peu mieux dernièrement… Ah… Sincèrement… Elle était vraiment très heureuse… Elle termina sa lettre, lui signalant que de son côté, elle venait de mettre à mal plusieurs loups de glace tout en lui demandant si il était content de pouvoir lui reparler… même si c’était par lettres interposées… C’était toujours mieux que rien non ? Mais en y repensant… Le jeune homme… Ah… Elle se demandait quand même si il avait changé physiquement… Enfin, ce n’était pas le moment de penser à ça non plus.

« Je ferais mieux de dormir… »

Oui… Elle positionna son masque blanc correctement sur son visage, ayant refermé la lettre avant de la laisser s’envoler grâce à ses petites ailes. Voilà… Tery allait recevoir cette lettre et c’était tout ce qu’elle désirait actuellement. Pour cette nuit, elle serait tranquille : Les loups ne risqueraient pas de l’attaquer bêtement.

« Hum ? C’est bizarre… Autant de cadavres de loups… Et cette tente… Est-ce ce sont ces personnes à l’intérieur qui ont réussi à en tuer autant ? »

« Tout ce que je peux dire, c’est que les loups n’osent plus s’approcher de cette tente. Quatre loups morts… Ils ne doivent pas avoir l’habitude d’en perdre autant… surtout de la part d’un petit groupe. Restez sur vos gardes, nous allons… »

« Hey ! Ce sont des rubis de glace… Ce loup en a laissé tomber deux ! »

« En plus… Ces personnes ne savent pas le prix de ces rubis… Ils ne sont donc pas là… en tant qu’ennemis… Mais il vaut mieux se méfier… Allons-y. »

Un groupe de cinq personnes portant une armure bleue faite de cuir s’approcha de la tente. Tous avaient des lances ou un trident, prêts à l’utiliser si cela s’avérait nécessaire. La première personne, une femme d’après le visage et ses formes, rentra dans la tente. Elle fut soudainement repoussée d’un coup de pied dans le ventre, Elen annonçant :

« Qu’est-ce que vous faites et surtout qui êtes vous ?! »

« Une ennemie ! Préparez-vous à vous battre ! Elle travaille pour l’armée de Shunter ! »

« Je ne travaille pour personne ! » s’écria l’être au masque blanc, sortant de la tente en tenant son arc, le groupe reculant très légèrement avant de tenir leur position. Ils étaient plus nombreux, ils n’avaient rien à craindre.

« Alors, que venez-vous faire sur les terres glacées de Trislord, sous le règne du plus jeune des trois princes, Royan le Verglaçant ? »

« Je viens seulement car Shunter n’est plus un lieu sûr. Je ne proviens même pas de ce royaume mais d’un petit coin perdu. Je suis sous les ordres de l’Oracle et je ne peux donc dire les raisons de ma mission. » murmura Elen, descendant son arc pour montrer qu’elle ne voulait pas les menacer. Royan le Verglaçant ? Le plus jeune des trois princes ?

« L’Oracle ? Hum… Nous n’avons aucune preuve de ce que vous avancez et… Depuis quelques temps, nous nous méfions autant des masques blancs que des masques noirs si vous voulez tout savoir… »

« Pourquoi ? Qu’est-ce qui s’est passé avec eux ? Vous pouvez vous exprimer ? »

« Non… Nous n’avons pas à nous exprimer mais vous allez nous répondre : Est-ce que vous qui êtes venu à bout de ces loups ? »

« Oui… Ils me dérangeaient pendant mon écriture… D’abord un, puis toute une meute… J’en ai éliminé quelques uns avant de retourner dans ma tente… Ils ne m’ont pas dérangé depuis. Je comptais avancer et partir d’ici dès demain mais vous êtes venus… »

« Et est-ce que vous savez ce que sont ces créatures ? »

« Sincèrement… Non… C’est la première fois que je mets les pieds dans Traslord… Donc à part les on-dit, je n’y connais pas grand-chose. » murmura t-elle, se demandant si cet interrogatoire allait continuer encore longtemps ou non.

« Hum… Vous avez le bénéfice du doute… Et vu vos… prouesses en terme de combat, il vaut mieux que je vous demande de gentiment coopérer et de nous suivre plutôt que de vous menacer et de vous combattre. Je n’ai pas envie de perdre quelques uns de nos hommes alors que nous sommes en pleine guerre. »

« Je… veux bien vous suivre… Mais nous sommes en pleine nuit et donc… J’aurai bien aimé continuer voir terminer ma nuit… » souffla t-elle, bâillant légèrement sans pour autant baisser sa garde, les cinq personnes regardant cet être emmitouflé dans ses deux capes.

« Vous passerez la nuit dans la caserne… et sous surveillance… Le temps simplement que nous fassions quelques vérifications… Nous avons déjà entendu parler de ce fameux Oracle et de ces agissements… Tout sera une simple question de temps… »

« Je n’ai pas le choix de toute façon… Laissez-moi simplement retirer la tente et je vous accompagne. » annonça t-elle alors qu’ils hochaient la tête.

Après une dizaine de minutes où elle rangea tout ce qu’elle pouvait à l’intérieur de la tente puis la tente elle-même, elle était prête à partir. En y regardant de plus près, il était possible de voir que tout ce qui se trouvait sous sa cape semblait… disparaître… Et donc que le sac qu’elle portait sur son dos était considéré comme inexistant aux yeux des soldats.

« Allons-y… Est-ce assez loin ? Au niveau de la marche ? »

« Environ une demi-heure… Vous n’avez pas à vous en faire, comme annoncé, cela ne prendra guère de temps. »

Hum ? Il semblait tout de suite bien plus conciliant… En fait, depuis le moment où elle avait parlé de l’Oracle si elle y réfléchissait bien… C’est vrai qu’elle ne connaissait pas vraiment les rapports qu’avait l’Oracle avec autrui… Et de toute façon, elle n’avait jamais posé la question à Shunter… Bah… Ce n’était pas si important… pour l’instant.

« Hum… Vous disiez donc… nous étions dans le royaume de Royan le Verglaçant… C’est cela ? Mais… Comment cela se passe t-il ? D’après mes connaissances, je crois que Traslord est découpé en trois parties, c’est cela non ? »

« Et bien… Visiblement, vous en connaissez un bout mais pas la totalité… Aujourd’hui, après la mort du roi et de la reine il y a de cela quelques années, les trois princes ont été choisis pour gouverner chacun une partie du royaume de Traslord. Pourquoi une partie et non pas la globalité ? Car au moment de la mort du roi et de la reine, les trois princes n’avaient guère l’âge adulte. Maintenant, plusieurs années ont passé et deux d’entre eux sont devenus adultes… Néanmoins, le dernier, Royan, n’est âgé que de quatorze ans et est en plein dans la partie du royaume qui est en guerre avec Shunter. Quel est votre élément de prédilection ? »

Autant les mettre tout de suite en en confiance… Elle souleva l’une de ses manches, laissant voir des lignes blanches alors qu’elle se concentrait pour leur faire une petite démonstration.

« Zélisia… Vous êtes un porteur de Zélisia… »

« Exactement… Donc comme vous vous en doutez, je maîtrise tous les éléments… Enfin, moins bien que si j’étais d’un seul élément quand même. »

« Vous allez donc pouvoir peut-être nous aider… Enfin… Vous verrez tout cela quand nous serons rentrés. Cela ne va pas tarder… »

« Une petite question… Ce n’est qu’une supposition car c’est la première fois que je viens dans Traslord… Mais est-ce vrai que le royaume est réellement coupé en trois parties ? L’une est celle où on se trouve : Toujours gelée, les personnes habitent sur de la glace qui ne fond jamais. Une seconde partie est en fait une sorte d’île entourée d’eau sur une très grande surface… Et la troisième est très liée au royaume qui se trouve à l’Est de Traslord… C’est assez spécial mais cela est un royaume dans les nuages mais avec une sorte de gigantesque cascade qui permet la liaison avec la partie centrale. »

« Vous êtes quand même bien informé au final… Tout ce que vous dites est vrai. »

« J’avoue que… J’aimerai bien aller un jour voir cette cascade gigantesque… »

« Et bien… Si nous n’étions pas en guerre… contre la stupidité du roi de Shunter… Cela aurait été possible mais actuellement, seuls les soldats peuvent se déplacer de partie en partie. Préparez-vous car nous serons bientôt arrivés. »

« Merci beaucoup… de confirmer mes dires. »

Elle poussa un profond soupir… Au moins, elle savait déjà où se rendre… C’était une bonne chose… Et elle allait se trouver dans une ville… De l’autre côté, les soldats s’étaient quand même montrés conciliants… surement grâce à ces lignes de Zélisia. Elle avait eu de la chance… mais jusqu’à quand ? Enfin… Maintenant qu’elle savait que Tery était vivant, elle se disait que tout était bien dans le meilleur des mondes. Elle continua de suivre les soldats, espérant que la lettre arriverait bien assez tôt à Tery.

Chapitre 16 : Un monde gelé

ShiroiRyu
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Seconde partie : Gris

Chapitre 16 : Un monde gelé

« Ah… Il faut toujours aussi peu chaud… »

Emmitouflée dans une longue cape brune bien plus épaisse que celle qu’elle utilisait habituellement, elle marchait à nouveau sur le sol glacé… Oui… Complètement glacé même… Brrrr ! Et dire qu’elle avait aussi la cape bleue de Tery avec elle…

« Après … Je me demande si l’Oracle m’en veut toujours au final ? »

En y réfléchissant bien… C’était même le contraire… Lorsqu’elle était revenue, l’Oracle avait grandement apprécié de la voir avec le médaillon. Mais un autre problème avait été présent à ce moment là… Un problème très grave… Elle se rappelait parfaitement ce qui s’était passé… lorsqu’il avait découvert pour son masque…

« Où est ton masque, Neel ? »

« Pendant le combat contre la créature… Je l’ai perdu… Je ne m’attendais pas à une telle réplique de sa part… Heureusement que j’avais ce masque car sinon… Je me serai retrouvée défigurée… à jamais… »

« Hum… Et sinon… Est-ce que quelqu’un a vu ton visage sous ce masque ? Car je ne crois pas que cette autre cape… soit la tienne, n’est-ce pas ? »

Il avait rapidement repéré la petite astuce dans son camouflage… Même si elle était entourée par deux capes et que tout son corps était camouflé par celles-ci… Il avait découvert que la seconde n’était pas à elle… Ah… Elle était… à… Tery… Tery… Elle se rappelait… de ces dernières paroles… et là… Elle eut une pointe de tristesse, comme si elle avait reçu un pieu en plein cœur… Tery… Elle ne savait pas du tout ce qui s’était passé… après ses cris… Elle baissa la tête, murmurant avec lenteur :

« Plus personne… La personne qui avait vu… ce visage est morte maintenant… C’est pour cela que j’ai cette cape… Elle est morte maintenant… »

« Hum ? Est-ce qu’il s’agirait de la personne ayant les lignes d’Alzar ? Tu l’as donc revue d’après ce que je peux comprendre… Et elle a vu ton visage ? »

Elle hocha la tête d’un air positif alors qu’elle avait beaucoup de mal à contrôler ses émotions. Cette fois-ci… Si elle n’était pas responsable de la mort de Tery… Elle… Elle… Elle s’en voudrait… définitivement… Elle s’en voudrait pour le reste de son existence… Elle ne savait même plus quoi dire… Peut-être répondre aux questions… de l’Oracle… Ah… Elle… Elle… Elle s’était mise à trembler. Elle lui avait dit adieu… sans même comprendre ce qui s’était passé… Sans même comprendre…

« Il a vu… mon visage… Mais je ne sais pas… ce qui s’est passé… Oracle… Je crois… que les gnomolds… lui sont tombés… AH ! »

Elle se rappelait parfaitement avoir sombré dans une semi-inconscience, comme si la vérité s’était révélée… à cet instant. Sur le moment… Elle n’avait rien compris… Elle n’avait pas cherché à comprendre ! Elle explosa en sanglots, n’ayant pu retenir ses larmes alors que l’Oracle s’était levé de son siège, cherchant à comprendre ce qui se passait. Tery… Tery… Les Gnomolds ! Elle en était certaine ! C’était pour ça… Pour ça… qui lui avait crié dessus ! Qui lui avait dit de s’enfuir et de disparaître ! Les Gnomolds ! Ils étaient revenus vers eux ! Et… Et… Il avait servit d’appât… Elle avait porté une main à sa bouche, essayant de retenir ses trémolos alors qu’elle était incapable de répondre aux questions de l’Oracle qui lui avait demandé ce qui s’était passé. Elle… Elle… Tery… avait… Encore une fois… Deux fois… Elle avait essayé de le tuer… Et deux fois… Il lui avait sauvé la vie… Ingrate… Elle n’était qu’une ingrate ! Une sale ingrate qui ne pensait même pas à celui qui n’hésitait pas… à chaque instant… à la sauver… Ah… Ah… Ah… Elle s’était évanouie… soudainement.
Lorsqu’elle s’était réveillée, un masque blanc se retrouvait sur son visage… Elle était dans sa chambre… couchée… dans son lit… Dans le modeste lieu où elle dormait… avant de repartir en mission… A ses côtés ? La vieille femme nommée Liza qui semblait terriblement inquiète… Un sourire se dessina sur les rides la dame quand celle-ci vit s’ouvrir les yeux d’Elen.

« Et bien… Tu m’as terriblement fait peur… Neel… Tu ne devrais pas me créer de violentes… émotions… pour mon vieux cœur… »

« Pardon… madame Liza… Où est-ce que je suis ? »

« Dans ta chambre… Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu t’es évanouie… comme ça… Tu nous as fait très peur… Raconte-moi tout… »

« Je… Je… Je ne peux pas… parler… Je ne peux pas… Ca concerne… Tery… Le jeune homme… qui était avec moi… Madame Liza… Il… Il est peut-être mort… »

« Tery ? Le jeune homme ? Tu as rencontré un jeune homme ? Ah non… Que je suis bête. Tu parles de Tery… Le jeune homme de la dernière fois. Tu veux bien me raconter tout ce qui s’est passé ? Pourquoi est-ce que tu dis qu’il est mort ? »

Elle… Elle le ressentait… Enfin… Elle… avait légèrement peur… de penser ça… Mais… C’était ça… Ou… Ou… Alors… Il s’en était peut-être sortit ? C’était comme ça qu’elle devait penser… C’était comme ça qu’elle…

« Tu as l’air vraiment perturbé, mon enfant… Tu ne devrais pas trop réfléchir… Dis-toi une chose… Ton pendentif… Tu l’as toujours ? »

« Hein ? Oui… Mais pourquoi cette question, madame Liza ? »

« Et bien… Essaye de penser à ce dernier… Dis-toi que si un jour, tu le revois dans la rue sans le reconnaître, le pendentif s’activera, n’est-ce pas ? »

« Hein… Oui… Sûrement… Je l’espère vraiment… Mais je… Je ne sais pas… J’ai l’impression… de l’avoir abandonné une nouvelle fois… Cela fait déjà deux fois… qu’il me sauve la vie… Et deux fois… J’ai essayé de le tuer… »

« Qui aime bien… châtie bien, non ? Tu ne penses pas que cet adage est assez spécial ? Enfin… Tu le fais un peu d’une façon extrême mais je pense que la prochaine fois, tu ne devrais pas chercher à le tuer… mais à lui montrer que tu l’apprécies… Et pourquoi pas à lui sauver la vie en retour ? Au final, vous vous sauvez mutuellement, non ? »

Oui… C’était à peu près ça… Et le jeune homme acceptait ses sauvetages… Il lui en était même redevable… alors qu’elle… qu’elle… Depuis le début ! Elle n’avait même pas cherché… à le remercier… au final… AH ! Elle s’était levée de son lit, s’apprêtant à se mettre debout mais la vieille femme l’arrêta, lui signalant d’une voix douce :

« L’Oracle a été formel… Tu dois te reposer une semaine entière … Trop de surmenage. »

« Trop… de surmenage ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Je vais parfaitement bien ! Vous le voyez très bien, madame Liza ! »

« Hum… Ce que je vois très bien, c’est que tu n’es pas en état psychologique… mon petit Neel… J’en suis désolée mais… »

« Dites… Est-ce que vous pourriez… m’appeler… Elen ? S’il vous plaît ? »

La vieille femme parue plus que surprise de la demande d’Elen, la regardant avec intrigue comme pour savoir pourquoi elle lui… demandait ça ?

« Hum… Tu peux m’expliquer la raison ? Car tu sais très bien… que… »

« S’il vous plaît… madame Liza… Est-ce que je suis… vraiment une fille ? »

Mais c’était quoi cette interrogation saugrenue ? La vieille femme restait perplexe, posant une main sur le masque blanc d’Elen avant de le retirer. Elle lui fit un léger sourire :

« Et bien… Ce que je vois, c’est une jeune femme qui cache la majeure partie du temps son joli visage… Elen. Mais pourquoi cette question ? Tu as un problème avec tout ça ? »

« J’aimerai… être… parfois… quelques… instants… une jeune femme aussi… »

« Et bien ? Qu’est-ce donc que cela ? C’est vraiment une drôle de demande… Tu ne t’es jamais préoccupée de ça auparavant. Qu’est-ce qui t’arrive donc, ma petite Elen ? »

« Je… Je… Enfin bon… Tery… a vu mon visage… Et euh… Comment dire… Si il est encore vivant… Si je le revois, est-ce que je peux le lui remontrer ?  Est-ce que l’Oracle acceptera ? Même en vous demandant de m’appeler par mon vrai nom… Je vous crée des problèmes… Car normalement, c’est interdit et je ne devrais… même pas… demander ça… C’est… vraiment stupide… Vraiment très stupide… Je… »

« Hahaha… Je vois, je vois… Qu’est-ce qu’il a dit quand il a vu ton visage ? Il ne s’attendait pas à ça, n’est-ce pas ? Il faut dire que tu es un cas vraiment spécial, Elen… Depuis que je m’occupe de toi… Depuis que tu n’es qu’une enfant… Tu as toujours porté un masque sur ton visage… Par obligation… Et pour t’entraîner… Mais bon… Il fallait bien que quelqu’un veille sur toi et j’étais chargée de cette tâche… Je t’ai vu grandir et devenir ce que tu es maintenant… Alors bon… Personnellement, ça ne me dérange pas du tout… que tu le revois et cela sans ton masque… L’Oracle t’a déjà privé de ta jeunesse et de ton adolescence, tu devrais pouvoir vivre une petite partie de ta vie secrètement non ? Alors quand tu verras ce jeune homme, laisse faire ce que tu désires, d’accord ? Et s’il le faut… Ne dit rien à l’Oracle… Ce genre de choses est personnel… Et tu as le droit à ta vie privée. »

Ne pas prévenir l’Oracle ? Au sujet de Tery ? De ce qu’elle… ressentait ? Il… Il n’avait pas à le savoir ! AH ! C’était ce que la vieille femme voulait… Que l’Oracle ne sache rien à ce sujet ? Mais… Mais… D’accord… Enfin… Oui… Peut-être…

« Bon… Je vais te laisser… Elen… Mais attention… Garde à nouveau ce masque sur ton visage… Et retire-le dès que tu en as besoin… »

« Je vais vous écouter, madame Liza… Merci encore… pour ce que vous avez dit… »

« Ce n’est rien du tout, je le pensais sincèrement. »

La vieille femme quitta finalement la modeste demeure alors qu’elle restait assise dans son lit. Elle savait ce qu’elle devait faire… n’est-ce pas ? Tant qu’elle n’avait aucune preuve… que Tery était mort… Alors… Il était encore vivant… Elle n’en avait pas la certitude… Mais elle ne voulait pas accepter sa mort… tant qu’elle était vivante… elle… Non… C’était stupide de penser qu’il était mort ! Car ce n’était pas le cas !

« Il n’a pas intérêt à mourir… avant que je me sois excusée… Je l’empêcherai de mourir ! »

Oui ! C’était comme ça qu’elle devait faire ! Mais rester… une semaine à ne rien faire ? C’était quand même… trop long… Vraiment trop long… Beaucoup trop… Elle s’était recouchée dans son lit, observant le plafond à travers son masque… puis sans son masque… C’était bizarre… Elle n’avait vu que la majorité du temps… le monde qu’avec ce masque sur elle… Et inversement… Ils ne la voyaient que comme ça.

« Partir… sur ces terres… glacées ? Pourquoi, Oracle ? »

« Cela fait une semaine… Et je pense qu’il est temps de repartir à la recherche des médaillons… Sauf que cette fois-ci, ça ne sera pas aussi dangereux que les précédentes fois… D’après ce que je sais, les médaillons ne sont pas entre les mains de monstres. »

« Donc… Je repars… Je vais devoir passer du côté de Shunter encore d’après ce que j’ai compris, c’est cela, Oracle ? » demanda la jeune femme encapuchonnée.

« Exactement… Cela va prendre un petit peu de temps néanmoins… »

« Ca ne fait rien… Et euh… Je dois revenir dès que j’en ai un… Ou en ayant les trois médaillons ? » posa t-elle comme question une nouvelle fois.

« Si tu arrives à en trouver un, tu trouveras normalement les autres assez facilement. »

Ah bon ? C’était quand même assez… étonnant… Enfin… Si les médaillons étaient tenus par des humains, cela compliquait la donne… Est-ce que…

« Est-ce que je dois… les tuer… si cela s’avère nécessaire ? »

« Il vaut mieux éviter … Essaye d’abord le dialogue… Voir surement le vol… Car ça sera peut-être l’unique moyen… Et enfin… Si vraiment, il n’y a rien du tout… Et que ce n’est pas possible autrement… Tu as l’autorisation de tuer. »

L’autorisation de tuer ? Elle eut un petit rire à l’intérieur… Comme si elle en avait besoin… L’Oracle lui demandait souvent de tuer… même si cela ne s’avérait pas nécessaire… Elle allait devoir se diriger vers Traslord.

« Et je dois partir quand, environ ? »

« Dès que tu le désires… Et dès que tu te sens en pleine forme… Cela va mieux, Neel ? »

« Oui… Pardonnez-moi de vous avoir inquiété inutilement à cause de mes problèmes. »

« Chacun a ses petits soucis… Tant qu’ils disparaissent au fur et à mesure, cela ne me dérange pas… Garde ton masque et évite de le perdre cette fois-ci. »

Elle hocha la tête positivement, se levant de la chaise avant de quitter la salle de l’Oracle. Qu’elle parte… Cela valait mieux… Oui… C’était le plus important à ce moment… à ses yeux… Elle venait de saluer la vieille femme, signalant qu’elle partait le jour même. Retournant dans sa modeste demeure, elle prit quelques affaires, se disant que cela lui serait bien utile… Traslord… C’était un pays très froid d’après ses connaissances sur le sujet.

« Bon… Et bien… Allons-y… »

Elle n’était pas du tout motivée, elle le reconnaissait… Mais bon… C’était une mission de l’Oracle… Et elle devait lui obéir… C’était comme ça depuis le début… Ah… Elle avait quitté l’orphelinat quelques heures après, un long voyage l’attendant.

Cela datait de plusieurs semaines… Rien que le fait de retourner à Shunter lui avait pris une bonne partie de son temps… En fait… En y réfléchissant bien… Cela devait faire presque un mois, non ? Qu’elle… avait quitté Tery… et Shunter avec ce médaillon… Maintenant… Elle était emmitouflée dans sa cape brune… mais aussi une cape bleue… Celle-là, c’était plus personnel… Dire qu’elle avait de la chance dans son malheur…

« Le blizzard n’est pas encore tombé depuis que je suis là… Je ne sais pas combien de temps cela va durer… Brr… »

Elle s’arrêta au beau milieu de la plaine enneigée sur laquelle elle se trouvait… Voilà… Pour aujourd’hui, cela sera un bon emplacement… pour dormir… Elle retira le sac qu’elle portait sur son dos, sous sa cape brune, commençant à monter la petite tente qu’elle avait prise avec elle. Et oui… Contrairement à Shunter, le froid ne permettait pas de dormir dehors sans rien du tout… Brrr… Après plusieurs minutes, elle allait réussi à monter sa tente, pénétrant à l’intérieur avant de s’installer dans un coin, sans rien dire. La tente était complètement fermée et elle se demandait si la tempête allait se lever ce soir…

« De toute façon, c’est la seule chose… qui pourrait m’intéresser actuellement. »

Oui… C’était la vérité… Rien d’autre ne l’intéressait… Sauf peut-être… Des nouvelles de Tery ? Ah… C’était la seule chose aussi… qui avait un intérêt avec la tempête actuellement. Pourtant… Quelque chose venait percuter sa tente… Pourtant… Elle n’entendait pas le vent qui se levait… Qu’est-ce que… Elle ouvrit légèrement sa tente, tenant une dague à la main… avant de voir une lettre avec des petites ailes lui foncer dessus ?!

« C’est quoi… ça ? Je… C’est une lettre ? »

Une lettre ? Une véritable lettre ? Mais oui ! C’était une lettre ! Quelle idiote ! Mais… Qui… Qui pouvait lui écrire ? L’Oracle avait quelque chose d’important à lui dire ? Surtout que c’était une lettre volante…

« Je n’ai pas l’habitude de voir ce genre de lettres… »

Mais ça lui semblait logique : L’Oracle ne pouvait pas lui envoyer autrement une lettre… actuellement… Contrairement à Shunter… Puisque là, elle n’était pas dans une ville. Elle prit la lettre ailée, l’ouvrant avec douceur avant de récupérer le papier à l’intérieur… Ou du moins, le premier papier… Hein ? Oui… C’était bien sa description… Physique… Mais ce n’était pas vraiment l’écriture de l’Oracle… Pas ses tournures de phrase…

« Mais alors qui… Qui… Qui aurait pu… »

Elle avait une mince idée… une FOLLE idée… Mais peut-être que… Peut-être que… Ah ! Elle devait prendre la seconde lettre ! Elle la récupéra avec vélocité, commençant à la parcourir brièvement avant de s’écrier avec joie :

« C’est TERY ! Tery est vivant ! Il s’en est sorti ! Il… Il… »

Il… Ah… Elle n’arrivait pas à se contrôler… Elle s’était mise à pleurer… Sur le coup, elle n’avait pas réussi à s’empêcher de verser toutes les larmes de joie qu’elle pouvait. Tery… était vivant… Il l’appelait toujours l’Ombre… et … et… Ah… Ah… Elle retira son masque blanc, poussant un profond soupir de soulagement en serrant la lettre contre son cœur… avant de s’écrouler dans la tente.

« Je suis si… soulagée… Vraiment… soulagée… Je… »
Elle ferma ses yeux bleus, passant une main sur ces dernières alors que l’autre serrait le morceau de papier. Vraiment… Vraiment… Tery… était donc vivant… C’était tout ce qu’elle désirait… Mais comment est-ce qu’il… Elle retira sa main de ses yeux, les ouvrant à nouveau avant de se remettre à lire.

« Hein ? Mais… Qu’est-ce… Encore les médaillons ? Il n’abandonne pas ! Il… Il… »

Attendez un peu… Il lui signalait qu’il avait pu éviter des morts inutiles ? En parlant avec la personne qui avait ce médaillon ? Même si il se considérait comme stupide avec ses gestes, elle… Elle… Elle le trouvait fantastique ! Surtout après les dires de l’Oracle à ce sujet.

« Si Tery en est capable… Moi aussi, je devrais pouvoir l’être ! »

OUI ! Elle en était convaincue ! Mais maintenant, qu’est-ce qu’elle devait faire ? Ah oui ! Peut-être lui répondre… Euh… Elle venait de terminer sa lettre… Surtout la fin… Et elle remarquait que l’écriture était un peu tremblante. L’émotion ? Ou alors, le jeune homme avait quelques problèmes ? Non ! Elle ne devait pas s’inquiéter inutilement ! Rien que le fait que le jeune homme lui écrive était déjà une source de joie loin d’être négligeable à ses yeux ! C’était même l’euphorie ! Qu’importe la neige qui tombait dehors… Elle était… si joyeuse.

« Bon… Par quoi commencer pour lui écrire… Peut-être que… Euh… »

Peut-être qu’elle pouvait… d’abord… lui donner un peu plus de description physique à son sujet ? Enfin… Non… Il semblait plutôt bien la connaître… Pourtant, il ne l’avait vue qu’une fois… Est-ce qu’il avait déjà tout mémorisé d’elle ? Rien que le fait d’y penser la faisait… violemment rougir en un sens… Elle baissa la tête, légèrement confuse alors qu’elle cherchait les premiers mots. AH ! Sans même y réfléchir, elle avait déjà marqué :

« Bonjour Tery, tu peux m’appeler dorénavant Elen si tu le désires. »

Pfiou ! Sur le moment, elle se demandait ce qui se passait. Lui laisser le droit de l’appeler Elen ? Mais attendez… En un sens… Il en avait le droit… Rien ne l’empêchait de l’appeler ainsi ! Et puis… Et puis… Elle se rappelait des paroles de madame Liza et donc… C’était un peu… leur petit secret donc bon… Elle devait accepter qu’il l’appelle comme ça.

« Bon… Et après… Je devrais aussi lui donner de mes nouvelles, ça serait la moindre des choses. Alors… Euh… Je vais bien…et… »

Et… Et… Et… Elle ne savait pas quoi dire justement ! Mais s’il lui parlait des médaillons, elle pouvait en faire de même non ? Annoncer qu’elle était aussi à la recherche des médaillons dans le cas du royaume de Traslord… Ah vraiment… Bon… Tiens, en y pensant… Peut-être qu’il pouvait demander à être envoyé à Traslord…

« Mais qu’est-ce que je m’imagine, moi… Je ne vais pas… l’inviter à venir… non plus. »

Même si l’idée était loin d’être déplaisante quand elle y réfléchissait bien… Brrr ! Qu’est-ce qu’elle pensait comme bêtises… Maintenant qu’elle pouvait parler… franchement avec Tery… Elle était tout simplement heureuse…

« Hummm…. On doit bien se comporter… Ce n’est qu’une lettre… Une simple lettre. »

Rien de bien transcendant… Mais elle commençait à écrire tout ce qui lui passait par la tête. Heureusement pour elle, elle avait pris de quoi écrire… Car elle s’était largement dit que… l’Oracle voudrait des nouvelles de l’avancement… mais pas que Tery allait lui écrire ! Lui écrire ! C’était la meilleure nouvelle depuis des semaines ! Car tout venait se chambouler : Tery vivant, elle pouvait le revoir. Elle pouvait le revoir, le jeune homme et elle repartiraient ensembles ! Enfin bon… Ce n’était qu’une pauvre idiotie…

« Qu’est-ce que ?! »

Elle venait d’entendre un puissant hurlement autour d’elle. Hein ?! Il y avait… ET ZUT ! Elle avait été tellement joyeuse par cette nouvelle qu’elle ne s’était pas plus préoccupée que ça de sa sécurité ! Maintenant, elle allait avoir de sérieux ennuis… Elle regarda ses deux dagues avant de les ranger sous sa cape… Ca ne servait à rien de les utiliser…

« On va y aller à l’arc… Cela vaut mieux. »

Oui… Mais bon… Qu’est-ce qui était le mieux au final ? Elle ne le savait pas… Elle sortit de la tente, son arc en main, se préparant à recevoir une visite non amicale.

Chapitre 15 : Que souffle la tempête

ShiroiRyu
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Chapitre 15 : Que souffle la tempête

« Chère… Elen… Si je t’écris… C’est trop formel ! »

Il avait envie de lui écrire mais comment ?! Il n’allait pas dire : « Salut ? Ca va bien ? Je suis toujours à la recherche des médaillons, et toi ? » C’était complètement stupide de penser de la sorte mais d’un autre côté, il n’était pas fait pour parler correctement. Pfiou… C’était compliqué… Mais il devait profiter du fait qu’il était en repos pour lui écrire… Car à côté… Il ne savait pas quand il reviendrait… Enfin… S’il revenait… Puisque d’après ce qu’il avait compris, il allait repartir en quête.

« Et puis bon… Chère… Chère… Elen n’est pas comme ça… »

Même si de l’autre côté, il aurait bien aimé pouvoir discuter plus sérieusement avec elle un jour… Non mais vraiment discuter… En tête à tête… Face à face… Parler pour mieux la connaître… Savoir ce qu’elle était, ce qu’elle était devenue… Et ce qu’elle devenait… Ah… Peut-être qu’il pouvait commencer par ça ? Mais de l’autre côté, il devait l’appeler comment ? L’Ombre ? Peut-être qu’il valait mieux… l’appeler comme ça.

« Bonjour, l’Ombre… Comment est-ce… que tu te portes ? Bien, j’espère. »

Oui… C’était déjà un meilleur début qu’il ne l’aurait pensé. Et puis bon… Clari revenait dans une trentaine de minutes, il avait réussi à allonger le temps et heureusement pour lui… Car il n’était pas capable d’écrire correctement alors bon… Il prit une profonde respiration, laissant sa plume se faire emportée par ses pensées. Pendant une bonne dizaine de minutes, il s’était mis à raconter tout ce qui s’était passé depuis leur séparation, que cela soit au niveau de l’armée de Shunter, d’Honoros, du médaillon, de ces relations… De Clari et des lignes blanches. Enfin bon… Il pouvait aussi raconter qu’il avait été torturé ? Il prenait plus cela avec le sourire qu’autre chose.

« Héhéhé… Bon… Maintenant pour la description physique d’Elen… »

Cheveux blonds en bataille… Il ne pensait pas qu’elle changeait de tenue… Donc une tenue rouge ? Avec une ceinture de toile bleue… Enfin… bon… De l’autre côté… Est-ce que la lettre allait reconnaître ses habits ? Bon… Il rajoutait aussi qu’elle avait des yeux bleus vraiment très beaux… Oui… Ses yeux étaient vraiment beaux… Il le reconnaissait. Par contre, est-ce qu’il devait… parler de cet endroit chez les femmes ? Brrr ! Il alla rougir très rapidement, se disant intérieurement que plus de détails il donnait, plus il avait de chance que la lettre arrive chez Elen. Ah… Oui… Il rajoutait aussi que les cheveux blonds étaient assez courts. Bon… Avec ça, il devrait normalement avoir assez d’informations.

« En espérant que la lettre arrive chez elle… Ca m’embêterait qu’elle se perde… Alors… Il faut la mettre comme ça… J’ai écrit beaucoup ? Ah non… Enfin… Double page… Et donc… Il y a cette page… Avec cette description… Je dois mettre la feuille de description tout au fond… tandis que l’autre, c’est l’endroit habituel. »

Ca devait marcher comme ça… Il prit la petite enveloppe avec des ailes, l’ouvrant avant d’y mettre les deux lettres dans l’ordre que Clari lui avait donné. Lorsqu’il referma l’enveloppe, celle-ci émit un petit bourdonnement, l’ouverture semblant fusionner avec le papier comme pour empêcher justement que quelqu’un décide de l’ouvrir de manière forte. Puis avec rapidité, la lettre quitta la tente, s’envolant à toute vitesse alors qu’il se demandait si elle arriverait à bon bord maintenant. Il ne savait pas… Il n’en était plus aussi sûr.

« Je peux rentrer ? J’ai vu que tu avais terminé, Tery. »

Ah… La voix de Clari… Il murmura que oui alors que la jeune femme aux cheveux blonds se présentait devant lui. Elle avait un grand sourire aux lèvres, reprenant la parole :

« Alors, tu as envoyé ta lettre à ta petite amie ? »

« Je n’ai même pas envie de rire de cette blague douteuse… Je suis désolé, j’ai bien envoyé une lettre à une femme mais pas celle que tu crois. Il s’agit de ma mère. »

Elle arrêta de sourire alors qu’il n’avait aucune honte de son mensonge. Ca ne la concernait pas quand même à qui il envoyait ces lettres non ? Elle restait néanmoins debout, croisant ses bras à hauteur de sa poitrine alors qu’elle disait :

« Bon… Je ne vais pas t’embêter plus longtemps… Est-ce que tu te sens capable de marcher correctement, Tery ? La maréchale aimerait te parler de quelque chose. »

« C’est au sujet de ce que tu m’as dit ? Bon… Je pense que je peux bien marcher un peu. »

Il se leva, émettant un petit gémissement. Ohhhh ! Ca se voit qu’il n’avait rien fait ou presque pendant une semaine… Il avait du mal à marcher correctement. Clari vint rapidement le récupérer et prit sa main. Elle gardait son éternel sourire…

« Ne te fait pas de fausses idées, Clari… C’est simplement car j’ai du mal à marcher. »

« Je n’ai rien dit que je sache… Bon… Accroche-toi bien à mon épaule. »

Oui, c’était largement mieux… Comme ça, les autres n’iraient pas parler dans son dos. Elle l’aida à rester debout, passant son bras autour de lui alors qu’ils sortaient de la tente. Oh… Bien sûr, certaines têtes se tournaient vers eux mais il évitait leurs regards. Il n’avait pas que ça à faire de perdre son temps à regarder ces personnes.

« Héhéhéhé… Ils doivent sûrement s’imaginer de ces choses, les autres. »

« Qu’ils s’imaginent… Moi, je sais parfaitement c’est quoi ce qu’il y a entre nous deux. »

« Oh… Mon petit ami ? C’est ça ? Car je te rappelle que j’ai toujours cette pierre de feu autour du cou, alors bon… »

« Mais t’as pas besoin de la garder ! C’était simplement pour… Et puis non, je ne suis pas ça ! Alors arrête de leur donner de fausses idées s’il te plaît ! »

Elle le reconnaissait, elle adorait voir la réaction du jeune homme à chaque fois qu’elle lui parlait de quelque chose en rapport avec l’amour. C’était si simple de le faire balbutier comme un bébé. Elle le serra avec un peu plus de force contre elle, l’emmenant devant une tente gardée par les fameux quatre soldats de la maréchale. Il se demandait vraiment à quoi ressemblaient ces hommes… Mais bon… Ce n’était peut-être pas le plus intéressant à savoir.

Ils pénétrèrent à l’intérieur de la tente, les quatre soldats les laissant passer sans rien dire tandis qu’il se retirait des bras de Clari. La maréchale était assise sur son fameux fauteuil, ses deux coudes posés sur les bords alors que ses mains gantées de noir se joignaient à la hauteur de son visage. Rien que le fait de la voir… Gloups…

« Je vois que tu vas bien mieux, Tery… » murmura l’imposante femme aux yeux rubis bien que ces derniers étaient à nouveau impossible à percevoir vu la distance entre eux deux.

« Je ne dirai pas… cela… Enfin… Vos coups sont toujours présents… »

Un petit craquement métallique le fit légèrement sursauter, les deux mains de la femme s’étant joints. Euh… Vraiment pas convaincu… là… Vraiment pas du tout.

« Qu’est-ce que l’on peut faire pour vous, maréchale Nali ? » demanda Clari, ne semblant guère inquiète par les gestes de la femme en armure noire.

« Vous allez partir à nouveau tous les cinq… en mission pour d’autres médaillons. »

« Encore dans Honoros ? Après ce qui s’est passé, je pensais que… »

« Tu n’es pas là pour penser, Tery. Et si tu me coupes la parole une nouvelle fois, je serai contrainte de t’amputer d’un bras… »

Ok ok ok ok ! Il allait se taire et rester parfaitement muet ! Il sentait Clari qui faisait une légère pression contre lui comme pour lui dire de rester tranquille. Elle était inquiète pour lui ? C’était une nouveauté. La maréchale reprit la parole :

« Vous allez quitter Honoros… Mais en deux groupes : Clari et toi d’un côté, les trois autres partiront dans leur coin… En fait, ils sont déjà partis depuis deux ou trois jours. »

« C’était pour ça que je ne les voyais plus… » murmura avec lenteur la jeune femme aux cheveux blonds, l’air un peu dubitative.

« Vous allez donc vous rendre dans le pays le plus développé actuellement… Comparé aux autres, leur avancée est telle qu’il semblerait que nous ayons plusieurs siècles de retard… Et cela malgré le fait que nous soyons tous capables d’utiliser la magie. »

« Vous… Vous voulez nous envoyer en Mekalarma ? Même si ne nous sommes pas en guerre contre eux, ils n’aiment vraiment pas les étrangers… Et ils vont croire que nous sommes belliqueux… Et pour récupérer les médaillons… Enfin… Comment est-ce qu’Honoros… Comment allez-vous faire pour les deux autres médaillons d’Honoros ? »

« Cela ne te concerne pas Clari… Vous partirez dès demain sur un unique cheval. Préparez vos affaires car il y a de fortes chances que l’on ne se revoit pas avant le retour à Shunter. »

… … … … Au moins… Ils allaient s’en sortir… Enfin… A peu près… Non ? Pourtant Clari ne semblait pas du tout être de cet avis… Elle s’était mise à légèrement trembler, s’inclinant devant la maréchale avant de demander à quitter la tente. La femme en armure de plaques noires lui signala qu’elle pouvait s’en aller. Clari s’éloigna de lui, le laissant seul face à la maréchale alors qu’il ne comprenait pas la réaction de Clari au sujet de Mekalarma.

« Tu as quelque chose à me dire pour que tu restes planté là, Tery ? »

« Hein ? Euh… Je ne sais pas vraiment mais… Est-ce que c’est vraiment une bonne idée que de me laisser repartir avec eux ? Ils ne me feront plus du tout confiance… Et inversement… Après ce qui s’est passé avec Salazar, vous comprenez que… »

« Qui a tout fait pour ne pas recevoir cette confiance ? De l’autre côté, tu ne seras qu’avec Clari, tu devrais être plutôt content vu comment elle se comporte avec toi, n’est-ce pas ? »

« Qu’est-ce… Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »

« Ne fait pas l’innocent… Vous allez très bien ensembles… »

Mais ce n’était pas du tout ça ! Bon… Il ne devait pas s’énerver… Ne pas s’emporter pour rien… Il fronça simplement les sourcils, s’éloignant sans rien dire alors qu’il quittait la tente. Il se dirigea vers la sienne, gémissant un peu de douleur à cause de sa blessure.

« Clari ? Tu es encore dans ma tente ? Qu’est-ce que tu fais maintenant… » soupira t-il alors que la jeune femme lui faisait un petit sourire mais bien moins joyeux qu’auparavant.

« Ah… Rien du tout… On doit se préparer pour Mekalarma… n’est-ce pas ? »

« Oui… Mais tu ne veux pas me raconter ce qui se passe ? J’ai pas l’habitude de te voir dans cet état moi… T’es plus du genre à rigoler pour rien et à faire des plaisanteries douteuses. »

« Oh… C’est pas très grave… Tu n’as pas à t’en faire, je te le promets, Tery. »

Mouais… Encore moins convaincu cette fois. Bon… Il alla s’asseoir à côté de Clari, restant parfaitement immobile sans rien faire d’autre. La jeune femme le regardait avec un peu de surprise, émettant un faible sourire.

« Mekalarma… Si tu pensais que nous allions mourir… à Honoros… Alors ne t’imagine même pas vivre… à Mekalarma… Prépare ton testament… Et dis adieu aux personnes que tu aimes… C’est vraiment horrible là-bas… »

« Tu es sacrément pessimiste quand tu t’y mets, Clari… Pourquoi est-ce que tu dis ça ? »

« Car on ne pourra même pas trouver une auberge là-bas… Tous les regards seront portés sur nous… Sauf si on sait se montrer discrets… Mais en fait… Je crois que la maréchale veut nous faire disparaître tous les deux… »

« Ca ne serait pas la première fois… de mon côté… Mais toi… Tu n’as pas rien fait de mal. »

Il semblait moins effrayé que d’habitude à ce sujet… Il n’avait pas peur de mourir sur ce coup ? Ou alors… Hahaha… C’était bête… Mais il ne voulait quand même pas la réconforter… elle ? Elle rigola légèrement, se frottant les yeux. Il n’y avait pas à s’en faire, pas du tout même ! Vraiment… S’il commençait à s’en faire pour elle… Où allait le monde ?

« Bon… C’est pas vraiment dramatique… Tu as Alzar avec toi et j’ai Zélisia de mon côté. On est donc bien plus forts que si on était deux personnes sans pouvoirs vraiment spéciaux, non ? » murmura t-elle en reprenant son sourire habituel.

« Encore… Si je savais l’utiliser… ce pouvoir… Tout irait bien plus facilement… Mais à côté, il vaudrait mieux que je ne l’utilise pas, non ? »

« Et pourquoi ça ? Car c’est un pouvoir destructeur, tout ça ? Non mais ne te prends pas pour l’homme le plus puissant sur la planète non plus, hein ? Tu ne sais pas l’utiliser mais même si tu sais l’utiliser… Si tu n’as pas l’entraînement et la puissance nécessaire, tu n’arriveras à rien donc voilà tout ! Je pense que tu es encore assez basique dans tes pouvoirs. Je suis sûre que tu n’étais même pas au courant que les lignes de Zélisia pouvaient soigner ! »

« Euh… Je savais un peu qu’elles pouvaient être dangereuses mais… Pour soigner… Je crois que je le savais aussi… Enfin, ça fait quand même un bout de temps et je n’en suis plus aussi sûr maintenant… »

« Oh… Tu connais quelqu’un d’autre avec des lignes de Zélisia ? C’est ta petite amie ? Allez… Avoue ! Je suis sûre que c’est la femme à qui tu as envoyé une lettre ! »

« Ce n’est pas ma petite amie, je crois t’avoir déjà dit ! »

« Mais tu ne nies pas que c’est une fille… » annonça t-elle tout en en sifflant.

« Et alors… Même si c’était une fille, qu’est-ce que ça te ferait ? »

« Oh… Ce n’est donc plus ta mère mais bien une autre femme. »

Il resta bouche bée en écoutant les paroles de Clari… Mer… Mer… MERDE ! Il s’était fait avoir ! Elle éclata de rire, ne pouvant s’en empêcher alors qu’il s’était mis à rougir avec violence, cherchant à s’énerver sans y arriver.

« Sa… SALETE ! Tu ne devrais pas jouer sur les mots ! Ca ne te concerne pas ! Ca ne te concerne pas du tout, Clari ! Tu comprends ?! »

« Ohhhh ! Le petit Tery s’énerve comme un enfant ? Qui est cette femme ? Tu peux me dire son nom ? Elle ressemble à quoi ? »

« Mais tu me gonfles, Clari ! Tu me gonfles ! Tu ne comprends pas ça ?! »

« Moi, je dirai tout simplement que je pose les questions les plus essentielles. Alors ? »

« Alors quoi ? Je n’ai rien à dire sur elle ! Elle a des lignes de Zélisia comme toi et c’est tout ! » s’écria t-il à nouveau alors que Clari s’arrêtait de rire.

Quelle peste quand elle s’y mettait ! Il était tombé dans le piège comme un débutant ! Heureusement, il savait qu’il devait garder le secret du nom de la jeune femme aux cheveux blonds… Oui… Elen resterait son véritable petit secret… Oh… Oui… C’était son secret personnel… et ça… Clari pourrait tout faire… Elle n’en saura jamais rien !

« Bon… Tery… Je vais te laisser tranquille quelques heures… Le temps que tu te prépares pour notre prochain voyage. »

Il hocha la tête, la remerciant en murmurant quelques paroles alors qu’elle quittait une dernière fois la tente. Maintenant… Il allait donc prendre quelques affaires mais quoi ? Il n’avait rien de bien énorme… Enfin… En un sens… De l’autre côté… Il aimait… bien avoir quelques affaires. Il poussa un léger soupir avant de se dire :

« Plus je met de distance avec la maréchale, mieux c’est… C’est un peu de ma faute si je me comporte comme ça… Mais je ne pouvais rien faire pour Perrine… Oui… C’était ça ou la voir mourir… Même si… Des gardes sont morts… »

Oui… Mais à côté… Il se l’avouait : Il en avait strictement rien à battre des gardes ! Hého ! Ce n’était pas le bon samaritain qui voulait sauver tout le monde, il en avait vraiment rien à foutre des gardes ! Eux, ils pouvaient mourir ! Par contre, les personnes qu’il appréciait… Ca, c’était une autre paire de manches…

« Bon… Qu’est-ce que je vais prendre… Qu’est-ce qu’il y a de bien au final ? »

Il n’avait pas vraiment grand-chose comme habit en fin de compte en y réfléchissant bien… C’était un peu dommage mais bon… Il soupira une nouvelle fois, enfouissant tout dans son sac, même son petit livre sur les golems… Ah… Ca lui faisait penser… Il allait s’entraîner avec ces derniers… Pour tenter d’en créer… Mais dans un monde technologique…

« Pas vraiment sûr que ça me serve… Mais comme je me le dis : Mieux vaut avoir ça avec soi que ne rien avoir du tout… »

Oui… Mieux valait en avoir trop que pas assez ! VOILA ! Il avait tout pris cette fois ! Il n’était pas sûr qu’il reviendrait… « vivant » dans cette affaire… Mais il avait déjà pensé ça auparavant ! Il sortit de la tente, demandant à un soldat où se trouvait Clari pour lui signaler qu’il en avait terminé. On lui indiqua une tente légèrement éloignée des autres… Oh… Parce que… « Mademoiselle » était spéciale ? Il rigola légèrement, pénétrant dans la tente en disant d’une voix néanmoins neutre :

« Clari ? Je suis là… Si tu veux, on peut par… »

Il s’arrêta de parler, bafouillant quelques mots que lui-même n’aurait pas compris alors qu’il se cachait vivement les yeux. Il était sûr ! Il n’avait rien vu ! Rien du tout ! Rien de rien ! Pourtant… Il n’allait pas pouvoir se retirer cette image de la tête…

« Hey ! Tery ! Je peux savoir ce que tu voulais me dire ? »

Elle… Elle se rapprochait de lui… ? Elle ne s’était pas… Il en était sûr ! Il en était sûr et certain ! Il recula un peu, faisant quelques pas sur le côté en même temps comme pour lui dire de ne pas s’approcher alors qu’il tombait au sol. Il poussa un gémissement, ouvrant les yeux pour apercevoir le décolleté de la jeune femme aux tresses blondes, celle-ci ne portant que deux sous-vêtements de coton rouge sur son corps. Elle… Qu’elle mette quelque chose bon dieu ! AH NON ! Elle venait le relever, le serrant contre elle dans cette tenue !

« Mais rhabille-toi ! Purée ! Tu fais ça à tout le monde ou quoi ?! »

« Hum… Non ! Hihihi ! Mais j’adore voir la surprise et la timidité sur ton visage… Et ne t’en fais pas, tu es le premier à me voir ainsi… Et puis… Nous avons dormi ensembles non ? Donc, tu ne devrais pas être plus… intimidé que ça non ? »

« C’est pas la même chose… Et je te rappelle que je l’étais déjà assez à la base ! Rhabille-toi ! » continua t-il de dire alors qu’il se retirait des bras de Clari, celle-ci rigolant légèrement avant de s’exécuter, remettant ses habits par-dessus ses sous-vêtements.

« J’adore tes réactions… Tery… Et ça… Tu ne pourras jamais me les retirer… C’est dommage mais c’est ainsi… Tu es vraiment spécial quand tu te comportes comme ça. »

« Mouais… Spécial… Chacun sa façon de dire… Bon… Je voulais te dire que je suis prêt et que si tu veux, on peut partir maintenant. »

« D’accord ! Alors je le suis d’ici vingt bonnes minutes ! Si tu veux bien t’occuper d’aller prévenir pour qu’on prépare un cheval… »

D’accord… Comme ça… Au moins, il ne la verrait plus en petite tenue. Mais purée… Il était rouge comme une pivoine… Clari… était vraiment grande… Et elle était assez formée… pour sa taille… Oh… Ce n’était pas quelque chose… d’énorme… Non, pas du tout même… MAIS A QUOI IL PENSAIT MERDE ?! Il se donna une claque dans la figure, allant prévenir l’un des gardes près de la tente de la maréchale.

Trente minutes plus tard, ils étaient sur le dos d’un cheval bicéphale, la maréchale étant sorti de sa tente pour leur donner les dernières recommandations. Il l’observait longuement, la femme en armure noire voyant parfaitement qu’il la regardait. Elle annonça d’une voix neutre tandis que tout son corps s’hérissait :

« Je peux savoir pourquoi tu me fixes ainsi, Tery ? »

« Hein ? Euh… Pour rien, je vous le jure ! »

« Peut-être qu’il aimerait vous voir sans votre armure, maréchale Nali ! Je crois que Tery est attiré par les grandes. »

Qu… Qu’est-ce qu’elle racontait là ?! Il se tourna avec effarement vers Clari, celle-ci rigolant une nouvelle fois alors que la maréchale… IRKKKKK ! Elle serra son poing droit avec violence, tout son corps s’étant mis à trembler tandis qu’elle murmurait avec une extrême lenteur, signe de sa colère :

« Alors… Comme ça… Tu préfères… les grandes femmes ? Heureuse de l’apprendre… Tu préfères que je te brise maintenant ? Ou tu veux que ça soit à ton retour ? »

« ON S’EN VA CLARI ! MAINTENANT ! »

Dans un grand éclat de rire, la jeune femme donna un petit coup au cheval bicéphale, celui-ci hennissant avant de se mettre à galoper. Il emportait les deux personnes dans un nouvel endroit… Une nouvelle zone… Un nouveau lieu… pour d’autres médaillons.

Chapitre 14 : Côté femme, côté homme

ShiroiRyu
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Chapitre 14 : Côté femme, côté homme

« Tiens… Cette tente … C’est celle de Tery, non ? Il est revenu de sa mission ? »

« Oui… Mais tu n’es pas au courant ? La maréchale l’a sauvagement malmené et depuis, il doit se reposer… Ca fait déjà trois jours non ? »

« Ouais… Et y a même la blonde qui est avec lui… Tu sais, celle qui nous dépasse tous. »

« Ah… Clari… C’est vrai que c’est une petite jeune comme lui, ils doivent bien s’entendre. »

La discussion entre les deux soldats s’éternisait, les deux personnes regardant une tente assez éloignée des autres… Oui… Le déplacement avait été fait discrètement mais personne ne devait rentrer à l’intérieur à cause de l’ordre de la maréchale. Seule… elle-même en avait le droit. Bien entendu, Clari le pouvait aussi, devant s’occuper du jeune homme sous l’ordre de la maréchale. Actuellement, elle se trouvait aux côtés de Tery, l’observant alors qu’il mangeait avec un certain appétit. Il n’avait plus aucune marque de blessure sur le corps mais on voyait qu’il était très affaiblit. Elle murmura avec amusement en le regardant :

« Et mange tout… Car sinon, je risquerai d’être très méchante ! Et tu sais très bien que ce n’est pas une bonne idée que je sois méchante, n’est-ce pas Tery ? »

« Euh… Je ne suis pas assez fou… pour ça… Mais maintenant que tu es là… Enfin… Que je me sens un peu mieux… Est-ce que tu… Tu peux m’expliquer… depuis quand tu as les lignes de Zélisia ? Et puis… Surtout… Pourquoi tu es là ? »

« Pourquoi ? Je suis là ? Comment ça ? Tu voulais que je sois où ? » demanda t-elle en rigolant légèrement, prenant l’assiette du jeune homme pour la déposer sur un petit meuble qui ressembler plus à un simple rectangle en bois sur lequel on pouvait déposer divers objets.

« Et bien… Enfin… Je suis… Enfin… Maintenant que tu ne sais… que je suis… d’Alzar… Que j’ai ces lignes… Tu ne vas pas me tuer ? »

« Hein ?! Et pourquoi est-ce que je ferai… Ah… Je vois… Je vois… Tu es vraiment trop… Je ne sais même pas comment l’exprimer tellement il y a d’innocence dans tes paroles. »

« D’… D’innocence ?! Je ne suis pas un gamin ! Je ne vois même pas pourquoi est-ce que tu dis ça ! Je n’ai fait que te poser une question ! Si tu ne veux pas y répondre, n’y répond pas et puis c’est tout ! J’en ai… marre… que l’on se moque de moi… »

« Je ne voulais pas me moquer… Ne t’en fais pas… Mais qu’est-ce qui te fait croire que je vais te tuer ? Car tu as des lignes noires ? Et moi des lignes blanches ? Tu sais… Ce n’est pas dramatique non plus hein ? Je ne vais pas tuer une personne… Parce qu’elle a des lignes d’Alzar… Oh… Je ne suis pas fanatique à ce point… »

« C’est vrai ? Mais… Alors pourquoi … Enfin… Ce n’est pas normalement que ça se fait ? Je veux dire… Les lignes… Vous devriez me tuer… »

« Si tu perds la tête, je le ferai… Ou quelqu’un d’autre le fera… Mais là, tu as des lignes et c’est tout, non ? Alors pourquoi est-ce que j’aurai envie de te tuer ? »

Il ne savait pas… Enfin si… A cause d’Elen… Qui n’avait pas hésité plusieurs fois au final… Elen… Et Clari… Elles étaient différentes… Ou non… Au niveau de l’humeur, il remarquait que les deux femmes pouvaient être très… positives et prêtes à toujours rire de tout. De l’autre côté, Clari était quand même bien plus extravertie qu’Elen…

« Et bien… Euh… Parce que j’ai des lignes noires ? Et toi des lignes blanches ? »

« A cause de ça, je suis sensée tuer une personne ? C’est un peu simpliste comme vision des choses, non ? Tu ne crois pas ? »

« Je ne sais pas trop… Mais… On n’est pas opposés, normalement ? Je veux dire… Tu ne dois pas me tuer et inversement ? »

« Est-ce que tu as envie de me tuer à l’heure actuelle ? »

« Non… Pas le moins du monde mais bon… » souffla t-il, baissant la tête en rougissant faiblement. C’est vrai… que… Déjà avec Elen, il n’y serait pas arrivé… normalement… Il n’aurait pas osé lever la main vers elle… Du moins, pas réellement… Il avait réussi à briser son masque… mais intérieurement, il avait espéré que ça ne soit que le masque… et pas plus profondément alors qu’elle… Est-ce qu’elle… n’aurait pas hésité ? Il avait pu entendre sa voix… Lui dire… Qu’elle était désolée… Qu’elle y était obligée…

« Hey ! Tery ! Tery ! On se réveille ! Tery ! »

« Hein ? Que quoi ? Comment ? Qu’est-ce qui se passe ? »

« Tu t’es complètement éclipsé… Pfff… Retire ton habit que je repasse un petit coup avec ma magie sur ton torse et ton dos… Tu n’as plus trop mal ? »

« Non… C’est bon… Vraiment bon… Dis… Est-ce que ceux ayant des lignes d’Alzar et celles ayant des lignes de Zélisia peuvent s’entendre réellement ? »

« Hum… Pourquoi ils ne le pourraient pas ? Je vais arrêter de me répéter et te le dire clairement : Arrête de te poser des questions. Toute chose est humainement possible si tu es motivé et que tu as les capacités pour cela. Si tu désires être ami avec une personne ayant les lignes de Zélisia, fais-le ! Qu’est-ce qui t’en empêche ?! Des soi-disantes règles ancestrales ?! Pfff ! Si tu commences à être lier à tes principes par ce genre de choses, tu ne pourras jamais vivre réellement ! Sois libre d’agir à ta manière ! Comme tu l’as fait pour Perrine et notre mission ! Même si je n’approuve pas totalement le fait de ne pas m’avoir prévenue… »

Il la regarda longuement, la jeune femme aux cheveux blonds reprenant son souffle. Elle… Elle avait été sérieuse cette fois… non ? Il avait l’impression de la voir différemment… Enfin… Que ce n’était pas la même personne. Elle remarqua les yeux du jeune homme qui la fixaient alors qu’elle passait une main dans ses tresses :

« Et bien… Il y a un problème ? Tu me regardes étrangement. »

« Non… Non… Rien du tout… Est-ce que je peux te poser d’autres questions ? Au sujet… des lignes… puisque tu as l’air d’en savoir beaucoup… »

« Vas-y bien entendu… Je verrai si je peux y répondre par contre. Je ne suis pas forcément la mieux placée pour te répondre hein ? »

« Oui… Oui… Je veux bien te croire… Est-ce que l’on est beaucoup à avoir des lignes d’Alzar ? Et des lignes de Zélisia ? »

« A t’entendre, on dirait que tu en croises tous les jours… Tu sais, nous sommes peut-être qu’un millier voir deux à tout casser à avoir des lignes d’Alzar ou de Zélisia… »

« Non mais… Disons… que tu es la deuxième personne à avoir des lignes… Et c’est pour ça que je me posais la question, Clari. » murmura le jeune homme en restant immobile.

« Tu sais que je préfère quand tu parles comme ça ? Je n’ai pas l’impression que tu sois si… distant. » souffla t-elle alors qu’elle venait s’asseoir à côté de lui sur le lit.

« Ne t’approche pas trop de moi, que les autres ne sont pas plus d’idées… Je ne suis plus ton fiancé que je sache maintenant… donc… Je préfère éviter les effusions… »

« Hum… Est-ce que tu as déjà eu une petite amie, Tery ? »

Il s’empourpra aussitôt, la jeune femme aux tresses blondes éclatant de rire devant la mine que lui faisait Tery. Cela équivalait à une seule et unique réponse.

« Je vois… Je vois… Et tu ne veux pas devenir le mien ? Tu es plus petit que moi et tu es un ami à mes yeux… » reprit-elle alors qu’il écarquillait les yeux, s’écriant :

« Je ne suis pas petit ! C’est toi qui es trop grande ! Et je ne suis pas ton ami ! Surtout pas après ce que vous m’avez fait ! Je vous laisse me soigner mais c’est… »

Il s’arrêta de parler, remarquant le visage triste de Clari pour la première fois. Euh… Ce n’était pas… vraiment voulu… ça… non ? Il resta parfaitement immobile alors qu’elle murmurait avec lenteur :

« Pour… Salazar… Il n’a pas… digéré… son échec… Il est au service du roi depuis une vingtaine d’années… Oros et Eliza… Ils n’osent pas parler… Car ils sont avec lui… depuis dix-quinze ans… Moi-même… Je n’ai rien dit… Car je ne savais pas quoi penser… Cela fait à peine un an ou deux… que j’ai été placée dans ce groupe…Auparavant… Avant que tu n’arrives, il y avait un autre homme… Il avait aussi des lignes d’Alzar… Mais… J’ai dû le tuer… Car il avait perdu le contrôle de lui-même. »

« Ca n’explique pas le manque de confiance… Et surtout ce coup dans le dos. »

« J’avais peur… de trop parler… Salazar est un peu comme le chef du groupe… »

Mouais… Il n’était pas du tout convaincu par les paroles de Clari… Et sincèrement, il avait beaucoup de mal à digérer… cet abandon… Mais de l’autre côté, il n’avait rien fait pour bien se placer dans le groupe… C’était pour cela qu’il en payait le prix… Et maintenant que Clari faisait une petite moue triste… Il s’en voulait très légèrement. Il évita de la regarder, cherchant ses paroles avant de dire d’une voix lente :

« C’est bon… Je ne t’en veux pas… Et pareil pour Eliza et Oros… Ce ne sont pas de leurs fautes… Ni de la tienne… Seulement celle de Salazar. Mais… On ne peut être qu’amis. »

C’était assez pathétique… comme phrase… Un peu comme si ils étaient deux gamins… Mais bon… Il valait mieux que ça se résolve maintenant. Elle alla rapidement l’enlacer, coinçant sa tête contre sa poitrine avant de se mettre à rire à nouveau. Il tenta de se débattre, étant à nouveau rouge comme une pivoine alors qu’elle le gardait tout contre elle, reprenant :

« Merci beaucoup, Tery. Ca me fait si plaisir… de savoir qu’une autre personne de mon âge veuille bien être un ami… Enfin… Quelqu’un qui se fiche de ma taille… »

« Oui… Mais non… J’étouffe là… Et je me préoccupe de ta taille comme de tes lignes… Je crois que tu fais erreur sur la personne… »

« Ca ne fait rien si je fais des erreurs… C’est comme ça que l’on évolue… »

« J’ai d’autres questions… Dès que tu me libères… Est-ce que… Toutes les filles… sont des adeptes des lignes de Zélisia… Et tous les garçons… sont des adeptes… des lignes d’Alzar ? » demanda t-il tandis qu’elle le gardait contre elle.

« Hum… Euh… Tu veux dire si toutes les personnes ayant des lignes de Zélisia sont des filles ? Et toutes les personnes ayant des lignes d’Alzar sont des garçons ? A ma connaissance, si on considère qu’il y a mille personnes ayant des lignes de Zélisia, il doit y avoir au maximum un ou deux hommes… Et inversement. Et non ! Tu n’es pas plus exceptionnel que ça, Tery ! J’en suis désolée ! »

Elle rigola, passant une main dans ses cheveux bruns comme on le ferait à un enfant. Ah… Donc… En quelque sorte… Seules les femmes pouvaient avoir des lignes de Zélisia… ou presque… Et inversement… Ah… C’était bon à savoir… Il ferma les yeux, commençant à réfléchir à tout ça… C’était quand même… compliqué toutes ces choses… Et puis… La maréchale… n’était pas revenue depuis le temps… Maintenant, il pensait qu’elle l’évitait… à cause de la séance de tortures. Oh… Il était sûr qu’elle ne s’en voulait pas, on parlait de la maréchale… Mais la colère… qu’il avait vue… Ses deux yeux rouges… Brrr ! Il s’était mis à trembler bien qu’il avait plutôt chaud… très chaud même…

« Fais ce que je dis, pas ce que je fais, n’est-ce pas, Tery ? »

Hein ? Quoi ? Il rouvrit ses yeux, remarquant que depuis tout ce temps, il n’avait pas bougé de sa position. Il poussa un petit cri de surprise, extirpant sa tête alors que Clari rigolait avec amusement. Ce n’était pas drôle ! Pas drôle du tout ! Il bafouilla :

« Ce n’était pas voulu ! Je ne suis pas comme ça et je ne le serai jamais ! Ne te fait pas de fausses idées ! Je … »

« C’est bon, c’est bon, j’ai compris, Tery. Par contre… On va essayer de rester soudés pour les prochaines missions, d’accord ? »

Les… prochaines missions ? HEIN ?! Il la regarda, écarquillant les yeux de surprise. Comment ça, les prochaines missions ?! Il ne comprenait pas trop… ce qu’elle venait de dire. Il allait retourner en mission ?! Après ce qui s’était passé ?! Il bafouilla :

« Mais je pensais que… Avec ce que j’ai fait… Je… »

« Et nonnnnnn ! Tu restes avec moi ! J’ai tout fait pour que la maréchale veuille bien que tu restes dans notre groupe. Tu sais… Ne te préoccupe plus de Salazar et des autres. Dorénavant, tu ne penseras qu’à moi. »

Mais pourquoi est-ce qu’elle parlait comme ça ? Qu’à elle ! Qu’à elle ! Il n’était pas son petit copain ! Mais… Mais bon… Clari… Il avait du mal à lui faire confiance d’un autre côté… Il jeta un petit regard en biais vers la jeune femme, remarquant à nouveau le pendentif.

« Tu pourrais le retirer maintenant… Il ne sert plus à rien dorénavant. »

« De quoi est-ce que tu parles ? Du pendentif ? Et pourquoi ça ? Que je sache, c’est un cadeau… Et un cadeau, c’est sacré. Je le garde, que ça te plaise ou non. »

« Fais comme tu veux au final… Je m’en fiche royalement. »

« Tu es sûr de ça ? Sinon, tu ne m’en aurais pas parlé. » murmura t-elle en rigolant.

« Oh… Tais-toi un peu… Tu me fatigues vraiment des fois, Clari. »

Elle alla se coucher sur le lit, observant le haut en toile de la tente alors qu’il restait assis sans rien dire. Clari… Pfff… C’était quoi cette femme au final ? Il n’arrivait pas à la comprendre… Puis bon… Dans cette position… Elle s’offrait un… Brrr ! Interdiction de penser ce genre de choses ! Ce n’était justement pas son genre de penser ainsi !

« Tery… Tu penses que l’on arrivera à progresser ? Car on n’est qu’au début… De nos objectifs… Comme tu peux t’en douter… Cette guerre… On s’en fiche royalement. »

« Tu parles des médaillons ? Je me doute bien… qu’au final, on fait cela seulement pour eux… Et non pas pour conquérir. Auparavant, on ne s’était jamais préoccupé de tout ça, n’est-ce pas ? » répondit-il alors que la jeune femme posait ses mains sur son ventre.

« Exactement… Il doit rester encore deux médaillons dans ce pays… »

« Normalement, il n’y en a plus chez nous… Mais il doit y en avoir trois dans les autres, n’est-ce pas ? » demanda t-il alors qu’elle hochait la tête d’un air positif.

« Sauf que je ne crois pas que ça soit de notre ressort. Nous ne pouvons pas être partout non plus hein ? Je pense que l’armée de Shunter a envoyé quelques soldats pour aller récupérer des médaillons du côté de Traslord. Pour les deux pays plus éloignés… »

« Traslord ? C’est celui qui se trouve au sud-est de Shunter ? Le pays de l’eau ? »

« Exactement ! Là-bas aussi, ils ont des médaillons… Trois normalement. »

« Cela va toujours pas trois… Donc au final… Il y aurait quinze médaillons… C’est ça ? »

Une nouvelle fois, elle hocha la tête, se redressant dans le lit alors qu’il la regardait. Ainsi… Quinze médaillons… D’après ses connaissances actuelles, ils en avaient deux : Un de Shunter, un d’Honoros… Les deux autres de Shunter étaient entre les mains d’Elen. Une idée complètement stupide venait de germer dans sa tête… Une idée vraiment stupide…

« Clari… Je peux te demander quelque chose : Est-ce qu’il est possible d’envoyer un message ou une lettre à une personne dont on ne sait pas où elle se trouve ? Tant que l’on sait à quoi elle ressemble et que l’on connaît son nom ? »

« Hum… Dis… Sincèrement… Sans vouloir être méchante ou te prendre pour quelqu’un de stupide, est-ce que tu sortais beaucoup de chez toi ? »

« Euh… Sincèrement… Non… Disons… Que oui… Mais pour tout ce qui est… »

« Ah… C’est bon, c’est bon. J’ai parfaitement compris : Oui, il est possible d’envoyer une lettre à une personne précise… Mais seulement si tu donnes le plus d’indications possibles… Car à côté, tu risquerais de l’envoyer à quelqu’un que tu ne connais pas… »

« C’est vraiment super… Mais comment ça se passe ? Tu peux me l’expliquer ? »

Elle avait l’impression de faire découvrir la vie… C’était vraiment amusant. Elle alla l’enlacer avec tendresse, éclatant de rire alors qu’heureusement pour eux, personne ne passait par l’entrée de la tente.

« Attends-moi ici… Je vais aller prendre du papier et te montrer comment ça marche. »

Encore une fois… Il se montrait particulièrement ridicule… Mais bon… Ce n’était pas comme si c’était la première fois non plus hein ? Il resta assis sur son lit, observant la jeune femme qui s’éloignait de la tente pour partir.

« Hum… Peut-être qu’Elen est au courant de tout ça… Ah… Prendre de ces nouvelles. Je me demande pourquoi je n’y ai jamais pensé auparavant. »

Oui… C’était assez stupide… Mais si on voulait rester en contact avec quelqu’un, c’était une très bonne solution. Et si maintenant, il pouvait… AHHH ! Comment l’exprimer clairement… Il n’arrivait pas à le savoir… Mais il voulait parler avec Elen ! C’était quand même la première personne à l’ouvrir au monde extérieur ! Il s’était mis à rouler dans son lit, ne comprenant pas ce qui se passait avec lui.

« Je peux savoir ce que tu fais, Tery ? » demanda sur un ton amusé Clari alors qu’elle venait de retourner dans la tente, quelques lettres à la main.

« Euh… Rien de bien spécial… »

Bien entendu… Elle haussa les épaules, se rapprochant de lui avant de lui tendre le paquet de lettres. Hein ? C’était quoi ce genre de lettres ? Les lettres avaient de minuscules petites ailes qui frétillaient avant de s’arrêter. Wow… C’était bizarre non ? Clari le regarda tout en reprenant la parole pour lui expliquer comment cela marchait :

« Alors… En fait… Lorsque tu vas écrire ta lettre… Et si ce n’est pas recto-verso, il te faudra donner le plus de détails sur le verso de la lettre, le nom de la personne, son comportement, sa physionomie… Enfin tout ce que tu sais… Si c’est un recto-verso, il faudra le faire sur une seconde feuille… AH ! Au passage, le côté où tu la décris, il faudra le mettre du côté opposé à celui de l’ouverture de la lettre… A son dos quoi… Car sinon, ça ne marchera pas. »

« La décris ?! Je n’ai jamais dit ça que je sache ! » s’écria t-il soudainement en bafouillant.

« Je n’ai jamais dit que c’était une fille… mais une personne. » murmura t-elle en tirant la langue, le jeune homme venant de se planter en beauté sur ce coup.

Et m… Lui et sa grande gueule ! Il l’avait ouverte avant même de réfléchir ! Ca lui apprendra ! La jeune femme lui signala néanmoins qu’il fallait éviter de trop utiliser de lettres… Cela par principe… Généralement, si on ne faisait que discuter avec une personne, une seule lettre suffisait, celle-ci faisant l’aller-retour entre les deux.

« Donc… J’en aurai besoin que d’une seule… Si j’ai bien compris… »

« Exactement… Enfin… Si elle ne se perd pas en route… Essaye d’éviter de trop donner de choses intimes au cas où hein ? »

« Qu’est-ce que tu insinues par là ?! Je n’ai rien d’intime que je sache ! »

« Hummmm ! Je n’en suis pas si sûre que ça, Tery ! »

« Mais laisse-moi tranquille dix minutes ! Je peux avoir un peu de paix s’il te plaît ?! »

« D’accord, d’accord. Tu as de quoi écrire au moins ? » demanda t-elle sur le même ton qu’auparavant, plus amusée par les réactions de Tery qu’autre chose.

Il hocha la tête d’un air positif tout en grognant légèrement. Vraiment… Il voulait juste avoir un peu de tranquillité… Disons qu’il… ne savait pas vraiment… quoi faire… actuellement… Ou quoi écrire… C’était peut-être la première fois qu’il écrivait à quelqu’un d’autre que sa mère… En fait non… C’était la première fois… Tout en sachant qu’il n’avait écrit qu’à sa mère il y a quelques mois… pour une première fois… Brrr ! Tellement de première fois…

« Bon… De quoi est-ce que je peux parler aussi ? »

Il ne le savait pas… Mais Clari était partie alors… Bon… Comme Elen connaissait au sujet des médaillons, etc… Peut-être qu’il pouvait en parler ? Ah non… C’était quand même secret… Alors, ils allaient parler d’un peu des généralités de ce monde et de toutes ces choses.

« Oui… Je vais déjà lui dire comment ça va… Et puis aussi… Ensuite… »

En y réfléchissant bien… Il devait se l’imaginer… Du moins… Sans son masque blanc… Et sans sa cape brune autour du corps… Oui… Il devait se l’imaginer comme elle était… Sauf que bon… Disons qu’il n’avait pas réellement eu le temps de l’observer comme ça… Mais d’un autre côté, ces quelques instants lui avaient permis de définir la jeune femme très précisément… Oui… Il n’y aurait aucun doute : Elen recevrait sa lettre.

Chapitre 13 : Ses principes

ShiroiRyu
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Chapitre 13 : Ses principes

« Est-ce que vous avez tout préparé ? »

« Maréchale… Tout est en place, personne n’essayera de vous déranger. »

La femme en armure de plaques noires hocha la tête pour dire que c’était bon alors que les quatre gardes qui l’accompagnaient habituellement s’éloignaient sans rien dire de plus. En face d’elle ? Le jeune homme aux cheveux bruns était menotté au niveau des pieds et des bras par des chaînes en fer tandis qu’il était torse nu. Il gardait la tête baissée et il n’avait aucune marque qui montrait qu’il s’était rebellé pour éviter son châtiment.

« Tu n’essayeras même pas de t’enfuir ? J’ai l’impression que tu as changé un peu, Tery… Pas forcément en bien… Mais on dirait que tu as compris à quel point il est nécessaire d’être responsable de ses actes. »

« Je ne renierai pas cette idée… Loin de moi… Vous pouvez commencer, maréchale Nali. »

« Je ne serai même pas désolée de faire cela… car il se peut que j’y prenne du plaisir… Tu ne préfères même pas une mort rapide plutôt qu’une mort lente ? »

« Ca changera quoi au final, maréchale ? Dans les deux cas, je serai mort… Peut-être que la seule chose que je voudrai… Ca serait un… morceau de bois pour y planter mes dents… »

« Pour ne pas avoir à hurler ? Tu as peur que les autres entendent tes cris ? Tu n’as pas à t’en faire, ils savent parfaitement ce que je vais te faire… Mais tu ferais mieux de ne pas t’inquiéter de ça… Car tu n’es pas vraiment en position de t’en faire pour les autres. »

« Et pour Clari et les autres… Est-ce qu’ils vont subir la même chose ? J’aimerai que ça ne soit pas le cas… si c’est possible… Ils n’ont vraiment rien à voir avec ça… C’est moi seul qui suis responsable de tout ça… Je vous le promets, maréchale Nali. »

« Tes paroles n’ont aucune valeur puisque ce sont celles d’un traître. Mais je crois en celles de Salazar et du reste du groupe. RAMENEZ-MOI UN MORCEAU DE BOIS ! » s’écria t-elle soudainement en se retournant vers l’entrée de la tente.

Plusieurs pas s’éloignèrent avant qu’un soldat ne revienne avec une barre de bois qui n’était guère plus grande qu’une demi-main. Le garde alla donner le morceau de bois à la maréchale avant de s’éloigner. La femme en armure noire s’approcha de Tery, le regardant longuement avant de reprendre :

« Je déteste les traîtres au royaume de Shunter… Les imbéciles de ton genre ne méritent pas de vivre… Tu as eu la bénédiction d’un dieu… et tu as gâché ta chance… Seuls les idiots sont ainsi. Enfourne-ça dans ta bouche, je vais commencer. »

Elle plaça le morceau de bois dans la bouche du jeune homme, celui-ci plantant ses dents dessus. Il observa la maréchale de ses yeux verts, se disant que jamais… Il n’aurait pensé en arriver là… Ah… Il était vraiment désolé pour Elen sur ce coup… ARGGGG ! Pourquoi est-ce qu’il pensait à elle sur ce coup ?! De toute façon, ils étaient ennemis ! Elle le lui avait dit clairement la dernière fois qu’ils s’étaient vus…

Le premier coup arriva aussi violemment que rapidement, sans même qu’il ne puisse ouvrir la bouche. Enfin, c’était stupide de penser à ouvrir la bouche. Ses dents se plantèrent dans le morceau de bois alors qu’une marque apparaissait sur son dos. La maréchale Nali avait dans ses mains une sorte de fouet complètement noir. Contrairement à un fouet normal, celui-ci semblait avoir de ridicules petits pics… ridicules seulement quand on les voyait.

« Ce n’est que le début… Tu n’as pas fini d’en baver, Tery. Mais je crois que le fouet est assez démodé… Je préfère appliquer ma propre méthode. »

Sa propre méthode ? Il commençait à ouvrir les yeux, remarquant qu’elle tenait une sorte de sphère de métal d’environ quinze à vingt centimètres dans ses deux mains. Il n’arrivait pas à voir ce qu’elle préparait mais il sentait qu’elle utilisait la magie… Quelques secondes plus tard, la sphère de métal éclata en millier de morceaux, allant tous se loger dans son torse. Sur le moment, il eut un tremblement, des larmes de douleur arrivant à ses yeux alors qu’il n’osait pas regarder son torse nu… avec les morceaux plantés sur la majeure partie de sa peau. Ah… Ah… C’était… C’était quoi comme technique ça ?

« Te briser les membres un par un serait trop simple… Et trop banal… Je n’aime pas la banalité… Je vais donc tout simplement continuer… »

Elle semblait prendre un malin plaisir… à le faire souffrir… Mais il ne bronchait pas… Malgré les larmes à ses yeux, il restait neutre… Il ne criait pas… Et il ne ferait rien pour se mouvoir… NON ! Il accepterait sa punition complètement ! La femme en armure noire sortit maintenant ce qui ressemblait à une cinquantaine d’aiguilles assez longues et épaisses. Les aiguilles commencèrent à briller d’une couleur orangée, la femme reprenant :

« Des aiguilles de chaleur… Il suffit d’insuffler un peu de l’élément du feu pour qu’elle garde cette chaleur… Est-ce que tu sais que l’une des zones les plus sensibles chez nous est le bout de nos doigts ? Je vais t’en faire une démonstration. »

Elle prit l’une des aiguilles, son autre main bloquant celle de droite du jeune homme. Avec lenteur, elle alla planter l’une des aiguilles dans le pouce, le pénétrant habilement pour que l’aiguille ne le traverse pas mais s’enfonce bien à l’intérieur.
AHHHH ! AHHHH ! AHHHH ! Qu’est-ce que c’était que ça ?! Qu’est-ce que ça … AHHH ! Purée ! Ca faisait atrocement mal ! Qu’elle… ar… NON… NON… NON ! Elle ne devait pas arrêter ! Il le méritait complètement ! Du début jusqu’à la fin ! Il devait se retenir d’hurler mais ses dents s’étaient ancrées dans le morceau de bois, des échardes s’étant plantées dans ses gencives. Pendant plusieurs minutes, elle inséra les aiguilles dans chacun de ses doigts, le jeune homme faisant tout pour rester conscient alors qu’elle murmurait :

« Tu as une plus grande volonté que prévu… Il faut le reconnaître… Car normalement, il y aurait eu de fortes chances que tu t’évanouisses… C’est ça qui te rend différent d’un soldat de base… Alors pourquoi est-ce que tu as gâché la possibilité de devenir quelqu’un d’important ? Pourquoi est-ce que tu as décidé de faire échouer cette mission ? »

Le ton n’avait rien de doux, non… Il était particulièrement neutre et dénué d’émotions… Mais c’était la première fois que la maréchale… lui parlait sans lui donner d’ordres… ou en lui criant dessus… Comme si elle s’adressait à lui… d’égal à égal. Il ne répondit pas, baissant la tête avant de fermer les yeux. Ce qu’il avait fait… Il reconnaissait ses fautes… C’était ça qui était le plus important… Ce qu’il pensait de son échec… Hahaha… Il valait mieux ne pas en parler pour ne pas se rendre ridicule par lui-même…

« Je vois que tu ne veux pas répondre… Libre à toi. Maintenant que le haut de ton corps est assez endommagé, je vais m’en prendre au reste… »

Hum… Il y avait bien cette méthode… Mais le jeune homme n’allait plus tenir très longtemps, cela se voyait à son regard. Pourtant… Il accepterait jusqu’au bout ? Hum… Ils allaient voir cela… Elle prit quelques dagues de petite taille, les lames étant presque minuscules… Cela ressemblerait presque à des aiguilles… mais avec un fourreau au bout.

« Bon… Tout d’abord… Nous allons voir où se trouve tes veines… Je pense que tu comprends… Ce que cela veut dire… n’est-ce pas ? Tu vas te retrouver tout simplement paralysé aux jambes le temps que je décide de quelle façon tu dois mourir. »

Il aurait bien hoché la tête pour dire qu’il comprenait mais il n’en avait pas la force. Il la regarda longuement, la maréchale Nali semblant suspicieuse… Ce regard… Ce n’était pas celui d’un traître… ou de quelqu’un qui avait peur… Ah… Hum… La peur… D’être découvert ? Qu’elle découvre quelque chose ?

« Qu’est-ce que tu me caches encore, Tery Vanian ? »

Elle n’aimait pas ce regard… Ce regard mensonger… Cette preuve que le jeune homme avait encore un secret pour elle… Tsss ! Elle lui donna un violent coup de poing au visage, Tery sanglotant alors que plus d’échardes s’enfonçaient dans ses gencives. Elle… Elle ne devait pas faire ça… Pas voir… Pas…

« Avoue que tu me caches quelque chose TERY VANIAN ! »

Il ne lui répondait pas, il ne lui répondrait pas ! Elle ne devait pas regarder dans son pantalon… NON ! Pourquoi est-ce qu’elle regardait vers là ?! Car il… Il avait posé… son regard sur son pantalon ? Non… Elle le regarda mais la femme reprit sur un ton un peu… amusé ? Oui… C’était bien amusé… Elle annonça :

« Dans ton pantalon ? Quelque chose dans tes poches ? Un souvenir de ta mère ? »

Pour la première fois, il tenta de se mouvoir, d’échapper à la torture mais cela ne servait à rien… Il ne pouvait même pas bouger d’un poil. La maréchale Nali ne se fit pas prier, déchirant complètement la poche gauche d’un coup d’épée… Rien de ce côté… Alors peut-être de l’autre… Oui… Quelque chose tomba au sol… Un médaillon ?

« C’est bien ce que je pensais… Un penden… »

Elle s’arrêta de parler, prenant l’objet dans sa main avant de l’observer pendant quelques instants. Comment… Comment… Il voyait son visage pris de tremblements… Comme le reste de son corps… avant de se mettre à hurler à plein poumons :

« RAMENEZ-VOUS ICI TOUT DE SUITE ! »

A qui s’adressait-elle ? Enfin, ce n’était pas le plus important… Les quatre gardes pénétrèrent dans la tente en toute hâte, étonnés de voir la maréchale crier pour les appeler.

« Lequel d’entre vous a retiré le haut de Tery ?! »

« C’est… C’est moi… » annonça l’un des gardes en s’avançant avec tremblement.

« Je vais te poser une simple… question… Vraiment toute simple… Lorsque tu as décidé de lui retirer son haut… Est-ce que tu n’as pensé un seul instant à voir s’il avait quelque chose dans son pantalon ? » demanda t-elle en serrant le poing droit.

« J’avoue que je n’y ai pas pen… »

Le garde n’eut pas le temps de terminer sa phrase que le poing droit de la maréchale vint le frapper au niveau du visage, l’envoyant percuter un second garde. Les deux s’écroulèrent au sol avant qu’elle ne reprenne d’un air furieux :

« TU NE PENSES PAS ?! C’EST CA ?! JE N’AI PAS BESOIN DE PERSONNES QUI NE SAVENT PAS PENSER ! A CAUSE DE VOUS… JE… JE… Disparaissez… Disparaissez avant que je ne décide de le tuer… Que plus personne ne pénètre dans la tente pendant la prochaine heure… sinon… Sinon… Je crois que je l’écartèlerais… »

Les deux gardes encore debout aidèrent les deux autres à se relever, quittant avec rapidité la tente alors qu’elle se retournait vers Tery. Elle plaça sa main sur le morceau de bois dans la bouche du jeune homme, l’extirpant d’un coup sec. Le jeune homme s’écria de douleur, crachant du sang et de minuscules échardes de bois alors que la maréchale jetait le morceau au sol, recouvert de sang.

« Cela t’amuse hein ? Ca t’amuse de jouer avec mes nerfs, Tery ? Depuis quand est-ce que tu as ce médaillon ? Pourquoi est-ce que tu ne l’as pas dit ? Tu voulais garder tout… Non… Ca ne peut pas être pour l’honneur… Sinon… Tu me l’aurais signalé après qu’ils soient tous partis… Alors pourquoi espèce d’imbécile ?! Qu’est-ce qui s’est passé réellement ?! »

« Je… Je n’ai… pas à le di… »

« Ca ne t’a pas suffit ce que je t’ai fait ?! Je peux défaire le tout… Ca sera aussi douloureux ! » cria t-elle en retirant d’un coup sec les cinq aiguilles plantées dans les doigts de la main droite de Tery. Le jeune homme ferma la bouche, évitant de pousser un hurlement alors qu’elle faisait de même avec l’autre main. Il murmura :

« A.. A quoi… ça vous servira de savoir… tout ça ? »

« NE ME POSE PAS DE QUESTIONS ET REPOND ! »

« Si vous le voulez… Si vous le voulez vraiment alors… Perrine… m’a confié son médaillon… J’étais au courant… qu’elle n’était pas dans son lit… Elle a remplacé son médaillon… avec une pierre de feu… Je l’ai prévenue… qu’elle risquait de mourir si elle gardait cet objet avec elle… Et elle m’a écouté… Maintenant… Comme ça, elle est sauve… Et il y aura beaucoup moins de morts… que prévu… Ce n’était pas du tout ce que vous pensiez hein ? Vous auriez voulu… que ça se passe dans le sang… »

« NE ME FAIT PAS DIRE CE QUE JE NE PENSE PAS D’ACCORD ?! » hurla t-elle de toutes ses forces en le frappant au ventre, lui faisant cracher du sang.

Ah… Ah… Ah… Cet homme… Pour qui il se prenait ?! Pour qui il pensait se prendre ?! Pour qui il croyait être pris ?! Pour un sauveur ?! Un héros ?! Un idéaliste compétent ?! Il se foutait de sa gueule ?! Ah… Ah… Non… Ce n’était pas bon… Pas du tout… Elle empoigna son menton, le forçant à la regarder en face alors que pour la première fois, il voyait ses yeux rouges… Deux yeux rouges… comme ceux d’un démon.

« Tu espères quoi ?! Une médaille ?! Que je te félicite ?! »

« Est-ce que vous croyez que… je suis comme ça… maréchale Nali ? »

« Non… Héhéhé… Je sais très bien que tu n’es pas comme ça… Et ça m’énerve… J’ai envie de te tuer… de t’écarteler… Tu es tout ce que je hais… Tu agis sur tes principes hein ?! Tu te disais : Si je peux éviter des morts, alors je le fais.  POUR QUI EST-CE QUE TU TE PRENDS ?! Nous sommes en guerre ! Si ce n’était pas eux qui tombaient, c’était toi et ton groupe ! Tu aurais voulu que ça soit Clari et les autres qui meurent à la place de cette… Perrine ?! C’est ça que tu désirais ?! »

« Non… Non… Mais… Perrine… m’a annoncé… Qu’ils ne seraient pas en danger… Mais qu’ils devaient quand même… faire attention au cas où… »

« ET TU CROIS TOUT CE QUE L’ON TE DIT ?! » hurla t-elle une nouvelle fois, son poing venant frapper son torse, lui coupant la respiration pendant quelques secondes en même temps qu’il recrachait du sang, la femme se mettant à gémir.

« Je te hais… Tery… Je te hais plus que tout… Tu pensais connaître la souffrance avec moi… Je vais te montrer ce que c’est… que souffrir… Tu vas le payer… Tu vas voir… Oui… Tu n’as même pas compris… que les autres n’en avaient rien à faire de ta petite et pitoyable personne… Regarde comment ils t’ont abandonné lâchement… lorsque ils ont signalé que tu n’avais pas le médaillon ! Et tu veux faire confiance à ça ?! »

« Je donne ma confiance… à qui je pense… la mériter… Si des personnes que j’apprécie… sont en danger… Alors je ferai tout pour essayer de les aider… Je ne parle pas de les sauver… Car contrairement à une Clari… ou à vous… Je suis loin d’être puissant… Donc je ne peux faire… que ça… pour les aider… Sans qu’ils risquent leurs vies… »

Ah… Ah… Ah… Elle devait se contrôler à nouveau. Cet imbécile… lui tapait sur les nerfs… Un imbécile pareil… Ses réactions n’étaient même pas celles d’un héros… Il ne disait pas… qu’il risquerait sa vie… Il ne disait pas… qu’il sauverait tout le monde… Seulement les personnes… qui étaient aptes à avoir sa confiance… Ce n’était même pas de l’égoïsme… Ou… Ah… Ah… Ah… Elle repositionna son visage en face de lui, ses yeux rubis semblant le tailler au plus profond de l’âme du jeune homme.

« Première… et dernière fois… que tu fais quelque chose de ce genre… avec un groupe… La prochaine fois… Je ne te laisserai pas cette chance… J’irai moi-même… te tuer… Est-ce que c’est clair ? Je ne peux même pas te torturer pour traîtrise… Espèce de masochiste pathétique… Tu as accompli ta mission… Mais je me retiens de t’égorger maintenant… De t’étrangler jusqu’à ce que plus un souffle ne sorte de tes lèvres… »

Ah… Ah…. Ah… Oui… Elle alla briser les deux chaînes retenant les bras du jeune homme avec ses propres mains. Le corps de Tery tomba en avant, percutant le sol avec violence tandis que ses pieds étaient toujours attachés. Elle souleva son visage par les cheveux, l’obligeant à le regarder encore une fois. Il lui fit un léger sourire ensanglanté, murmurant :

« Si vous le voulez… Je pourrai vous faire confiance aussi… maréchale Nali… Héhéhé… »

Elle eut un tic qu’il ne pouvait pas voir. Elle ? Obtenir la confiance d’un homme comme lui ? Pour… Pour… Pour qui il se prenait ? Pour… A… A… A qui croyait-il s’adressait ?! Elle… Elle allait le tuer… L’égorger… Tout… Tout… Elle brisa les deux dernières chaînes, les deux jambes tombant au sol à leur tour. Elle posa son soleret sur la tête du jeune homme, l’enfonçant dans le sol de la tente avant de reprendre :

« Je vois que la torture n’était pas suffisante… Je devrais sérieusement te couper la langue… ou un bras… Ou un autre membre… héhéhé… »

« Héhéhé… Pardon… maréchale… Vraiment… Je m’excuse… de n’avoir rien dit… Je sais… que j’aurai dû… plus tôt… Mais je ne voulais pas être jugé… pour ça… Je ne voulais pas que vous croyez que… Je fais ça pour la gloire… ou pour vous impressionner… »

« M’impressionner ? De quelle manière ? Par la ruse et la vilénie employées avec cette… femme d’Honoros ? Rares sont les personnes à m’impressionner et tu ne feras jamais partie de ces dernières… Sauf si tu deviens capable d’utiliser les lignes noires d’Alzar à ton avantage… Alors là… Nous pourrons y réfléchir… Mais tu n’es même pas en état de tenir debout… Tu ne devrais même pas réussir à parler avec la bouche dans cet état… »

« Disons… Que je suis très tenace… quand il le faut… »

« Tss… Rien que le fait que de te parler m’énerve à nouveau… Je préférai encore quand je te torturai… Tu n’ouvrais pas la bouche pour dire des insanités. J’en ai… marre… de toi… mais je ne peux pas me débarrasser de ta personne… »

« Je vous remercie maréchale… Est-ce que vous pouvez retirer votre pied… s’il vous plaît ? »

Hein ? Oh… Oui… Sa botte de fer se leva, la femme poussant un léger soupir entre l’exaspération… et autre chose… Elle n’arrivait même pas à définir ce que c’était exactement… En y réfléchissant bien… Elle observa le jeune homme allongé dans la tente, du sang autour de lui et un peu partout… Cela avait été un véritable carnage… en y réfléchissant bien… Et tout ça… pour quelque chose qu’il n’avait pas mérité. Elle murmura :

« La prochaine fois… Tu fais comme on te dit de faire… Et non comme tu as envie de faire… Tu n’es pas une entité capable de réagir par elle-même… Tu n’es qu’un pion parmi tant d’autres… Les pions… obéissent… et n’ont pas de volonté propre. Maintenant, tu vas rester ici et ne pas faire un simple mouvement… Tsss… Je vais faire venir quelqu’un pour te soigner… Qu’est-ce que tu peux m’énerver… »

Elle émit un léger grognement entremêlé de soupir alors qu’elle quittait la tente. Cette affaire était… vraiment saugrenue… Elle ne devait plus y penser… maintenant… Oui… Il valait mieux oublier complètement tout ça… Et ne plus réfléchir… Ah… Quelques minutes plus tard, le jeune homme était toujours allongé sur le sol, entendant des bruits de pas. Il se retrouva soulevé, une voix féminine qu’il connaissait déjà, lui soufflant :

« Et bien… Pour la mettre dans cet état… Tu es vraiment intéressant, Tery, n’est-ce pas ? »

« Cl… Clari ? Qu’est-ce que tu… fais là ? »

Elle ne lui répondit pas, le gardant auprès d’elle alors qu’il se faisait transporté. Quelques instants après, il était couché sur ce qui lui servait de lit dans une tente à sa disposition. Il avait ses yeux légèrement ouverts, voyant le visage de Clari alors que celle-ci lui souriait d’un air légèrement triste. Elle murmura avec lenteur :

« Pardon… de n’avoir rien fait… pour arrêter les paroles de Salazar… »

« Que je sache… Ce n’est pas de ta faute… Je suis entièrement responsable… puisque c’est à cause de moi que la mission… a échoué en un sens… Dis… Clari ? Qu’est-ce que tu vas faire ? Et aussi… Dis sincèrement… Tu penses quoi de moi ? Après tout ça ? » demanda t-il alors qu’il observait les yeux verts de la jeune femme.

« Ce que je pense de toi ? Hum… Je ne sais pas trop… Que tu n’es pas fait pour être un soldat… Mais bon… Je te l’ai déjà dit hein ? Et puis… Voilà tout… Enfin… J’aime bien… ton comportement… Même si il est un peu suicidaire… Ne te met pas trop en danger… Tu en fais beaucoup trop… sans réfléchir aux réels risques… Et je vais te soigner. » annonça t-elle alors qu’elle relevait ses manches, le jeune homme ouvrant la bouche d’un air stupéfait.

Des lignes blanches… parcouraient les deux bras de la jeune femme aux cheveux blonds… Elle l’observait avec un grand sourire, posant ses mains sur son torse tandis qu’il ne savait pas quoi dire. Pourtant, il ouvrit la bouche pour s’adresser à elle :

« Depuis… Zélisia… Ses lignes… Tu… »

« La maréchale nous avait bien dit que tu étais d’Alzar… Du moins, que tu avais ses lignes. Tu pensais tromper qui ? Allez… Ne t’en fais pas… Je vais bien m’occuper de toi. »

Il n’aimait pas… quand elle disait ça… Mais là… Il n’avait pas la possibilité de l’empêcher de faire ça… Et puis… Avec elle… Il se sentait bien… bizarrement… Il se laissa faire par la jeune femme, celle-ci passant ses mains sur ses jambes et ses bras alors qu’elle reprenait :

« Mais quand même… Tu devrais faire sérieusement attention… Ce n’est pas conseillé de faire ce genre de choses si tu n’es pas capable… de supporter… Enfin… Je n’arrive pas à m’exprimer… quand il s’agit de toi… Tery… »

« C’est une déclaration d’amour ? » souffla t-il en rigolant très légèrement, ne pouvant pas faire mieux à cause de son état.

Elle éclata de rire, lui donnant un petit coup dans le torse pour éviter de lui faire trop mal. Il fallait qu’il soit blessé pour être aussi blagueur ? Le paradoxe personnifié ce Tery.

Chapitre 12 : Désillusions

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Chapitre 12 : Désillusions

« Tery, on n’a pas le choix ! Tu as intérêt à me suivre ! »

Comme elle le disait si bien, il n’avait pas le choix donc bon… Il hocha la tête pour accepter la proposition de la jeune femme aux cheveux blonds, celle-ci mettant le pendentif dans son décolleté. Elle se dirigea à toute allure vers les fenêtres, les ouvrant alors qu’elle se penchait en avant pour observer le sol et les alentours.

« AH ! Ils sont là ! Arrêtez-les avant qu’ils ne tentent de s’enfuir ! »

Plusieurs hennissements se firent entendre alors que les gardes arrivaient dans la chambre, bloquant la sortie. Lui ? Il était de dos par rapport à Clari, celle-ci ayant le visage dirigé vers le sol… Elle semblait observer quelque chose… AH ! Il entendait de plus en plus d’hennissements, Clari s’écriant en le tenant par la hanche :

« Accroche-toi bien ! On va devoir sauter Tery ! »

« Sauter ?! COMMENT CA ?! T’as vu l’étage où nous sommes ?! »

Il tenta de se retourner mais elle le calla bien contre elle, la tête du jeune homme collée contre sa poitrine, son épée étant rangée dans son dos alors qu’elle grimpait sur le bord de la fenêtre. Elle arrivait à passer entre ? Il baissa la tête, remarquant plusieurs chevaux bicéphales à la crinière enflammée. Il y en avait trois au total… L’un était monté par Salazar, le second par Oros et Eliza… tandis que le troisième… était maintenu par Salazar pour le positionner sous la fenêtre… Il murmura avec un peu d’appréhension dans la voix :

« Clari… Tu ne comptes quand même pas sauter, hein ? S’il te plaît… »

« Et pourquoi pas ? Accroche-toi bien et n’en profite pas trop ! »

En profiter ?! Il n’avait clairement pas l’idée d’en profiter actuellement ! Il évita de pousser un cri alors qu’elle se jetait dans le vide. Il ferma les yeux, ne remarquant pas que leurs corps semblaient tomber bien moins rapidement qu’il ne l’aurait cru. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il se retrouvait sur l’un des chevaux, derrière Clari, celle-ci lui disant :

« Place tes mains autour de mon ventre ! On quitte cet endroit et cette ville ! »

« Dépêchez-vous ! On n’a pas de temps à perdre ! » s’écria Salazar alors que le jeune homme mettait ses deux mains sur le ventre de Clari, la jeune femme donnant quelques coups d’éperons tandis que les trois chevaux se mettaient à galoper.

« Salazar, est-ce que vous savez où se trouve la sortie ? Nous ne pouvons que vous suivre ! » dit Oros tandis que Clari restait parfaitement muette.

« Restez près de moi, ils n’auront pas le temps de nous empêcher de nous barrer le passage, par contre… Attendez-vous à galoper pendant plusieurs heures, on doit mettre le maximum de distance entre eux et nous. » répondit Salazar en posant une main sur son cœur.

« Pourquoi j’ai l’impression que tout va trop vite ? » marmonna Tery alors que personne ne semblait l’écouter. Il aurait aimé avoir une réponse… mais cela attendrait.

Plusieurs minutes passèrent et rien n’arrivait… Ils continuaient de galoper sans que l’un ne prenne la parole jusqu’à ce qu’Oros se retourne, annonçant d’une voix grave :

« Ils sont déjà à notre poursuite ! Leurs chevaux sont plus rapides que les nôtres ! »

« Ils sont surtout plus dociles ! Oros, tu t’occupes de les arrêter ? »

« Aucun problème ! Eliza ? On échange nos places. »

Hein ? Que quoi ? Il jeta un regard aux deux personnes, à l’autre… « couple » pour voir que ces derniers s’arrêtaient. La femme prenait la place de l’homme, celui-ci lui tournant le dos avant de faire apparaître des veines bleues le long de ses bras. Il alla rejoindre ses deux mains tout en disant à la femme avec lui :

« Essaye de ne pas aller trop trop vite s’il te plaît ! Même si ils prennent de la distance par rapport à nous. On ira les rejoindre ensuite ! »

Hein ? Ils se séparaient ? Il continuait de les observer, remarquant qu’Oros venait maintenant de créer un puissant jet d’eau à partir de ses deux mains, le jet d’eau allant percuter au loin le premier cavalier à leur poursuite. Waouh… C’était puissant. Ces types… n’étaient pas des amateurs quand même.

« Tery… Tu… Tu peux retirer ta main s’il te plaît ? »

Hein ? Comment ça ? Il se remit correctement, remarquant où il avait placé sa main sur Clari. Il poussa un petit cri, la retirant subitement avant de pencher sur le côté. Il s’agrippa violemment au ventre de la jeune femme, celle-ci émettait un petit rire amusé tout en continuant de galoper. Elle reprit d’une voix calme :

« Ne t’en fais pas, je sais que tu ne voulais pas en profiter mais bon… Fais attention et évite de tomber quand même… Ca serait bête de te perdre maintenant… »

« Oui… Oui… Pardon… J’étais un peu confus… Je dois l’avouer… Est-ce qu’ils vont s’en sortir ? Je ne sais pas du tout… Enfin… Tout ça… C’est un peu confus… »

« Oh que oui… Ne t’en fais pas… Il n’y a aucune chance qu’ils échouent. Ma première préoccupation, c’était toi donc ne t’en fais pas. »

Sa première préoccupation ? Il se mit à rougir légèrement, se demandant ce que ça voulait dire par là alors qu’il tournait son visage pour observer le cheval d’Oros et Eliza. Ils allaient vraiment s’en tirer n’est-ce pas ? Même si… Il ne les connaissait pas… Enfin… Pourquoi est-ce qu’il pensait à tout ça ? Il n’était pas normal ou quoi ?

C’est vrai… Il s’inquiétait au sujet de personnes meurtrières… qui n’hésitaient pas à tuer… Mais c’était la vie de soldat… Et lui aussi était comme ça… Il ne pensait pas que tout le monde était beau… et gentil… Enfin mais… Tout s’embrouillait dans sa tête ! Il ne savait pas quoi dire ou faire avec tout ça maintenant ! Il murmura :

« Nous serons de retour au camp dans combien de temps ? Est-ce qu’ils vont continuer à nous poursuivre longtemps ? »

« Ils vont être forcés de s’arrêter au bout d’un moment… Ces chevaux n’aiment guère l’eau. »

D’accord… Mais il ne se sentait pas plus en confiance… Il ferma les yeux, posant sa tête contre le dos de Clari tout en se disant que tout était terminé… Tant mieux en un sens… Il n’en pouvait plus… en quelque sorte… Il était assez fatigué…Et las… Il devait le reconnaître… Il voulait retourner au camp… Voir la maréchale Nali et puis… Et puis plus rien… Il n’osait rien dire…

« Ne t’endors pas non plus, Tery ! On n’est pas tirés d’affaire ! »

« Oui… Oui… Je suis désolé… Enfin… Je ne peux même pas aider au final… »

« Oh… Tu nous as déjà bien aidés, Tery. Bien plus que tu ne le crois ! Si tu savais tout ce que tu nous as permis de faire… Sans toi, nous serions encore en train de chercher le médaillon. »

« Si vous avez le temps de parler, galopez un peu plus vite ! Nous allons essayer de trouver un endroit pour nous retrouver avec les autres. » dit Salazar en les observant brièvement.

« Aucun problème, Salazar. Bon… Tery, reste comme ça et ne bouge plus, d’accord ? Ca sera bientôt terminé et d’ici une ou deux journées, nous serons de nouveau au camp. »

« Moins longtemps non ? Puisque nous avons les chevaux avec nous ? » murmura Tery alors qu’elle émettait un petit rire amusé. Oui, il avait parfaitement raison !

Pour une fois qu’il ne se trompait pas… Il devait simplement avoir un peu plus confiance en lui… Enfin… Il l’espérait… Il gardait maintenant ses yeux ouverts, voyant le paysage rocailleux en majorité défiler devant ses yeux. Hum… Ils allaient voyager pendant combien d’heures ? Il ne le savait pas… mais le temps passait… Et la nuit était déjà tombée…
Ce qui lui permettait de voir dans la nuit ? Les pattes de ces drôles de chevaux… Et aussi leurs crinières… Tiens, il ne le remarquait que maintenant mais ces chevaux ne brûlaient pas… Pourtant, il aurait largement pensé le contraire. Il aimerait bien poser la question mais ce n’était ni l’endroit, ni le moment.

« Hum… Je pense que là… Nous sommes assez éloignés de toute forme de vie d’Honoros… Et je ne parle pas seulement des humains y habitant… »

« Tiens, c’est vrai, Salazar… J’ai remarqué ça… Mais je n’ai pas vu un seul animal ou autre sur notre chemin. Comment cela se fait-il ? »

« C’est tout à fait normal… Les hommes d’Honoros sont connus pour chasser avec une très grande efficacité… Donc à force, dès que les animaux entendent un simple bruit de pas humain, ils se terrent là où ils le peuvent. »

D’accord… C’était une bonne explication… Mais c’était dommage… Il aurait bien aimé savoir à quoi ressemblait une créature d’Honoros… Les chevaux venaient sûrement de cet endroit puisqu’ils étaient capables d’émettre des flammes.

En parlant de flammes, ils se retrouvaient autour de l’une d’entre elles, assez petite mais capable de produire assez de chaleur pour eux trois. Elle n’était pas vraiment grande et cela pour une bonne raison : Eviter de montrer leurs présences… Même si intérieurement, ils savaient tout les trois que c’était inutile de penser ainsi. Qu’importe la taille de la flamme, ils pourraient se faire repérer. Salazar murmura à l’attention de Clari :

« Tu peux essayer de prévenir les autres sur notre position ? »

« Hum… Je vais voir… Je reviens… » souffla la jeune femme aux cheveux blonds avant de se lever comme si de rien n’était. Elle s’éloigna, quittant sa vue tandis que le jeune homme l’observait sans rien dire. Il demanda à Salazar :

« Qu’est-ce qu’elle va faire ? Ce n’est pas dangereux, j’espère… »

« Nullement… Elle va utiliser le vent comme messager, voilà tout. Pendant la nuit, il est rare qu’il n’y ait pas un souffle de vent… Or, elle le manipule à sa façon et s’en sert pour emmener une phrase ou des mots à la personne qu’elle désire. Par contre, plus la distance est longue, plus le message a du mal à être perçu… »

« Mais donc comme ils ne sont pas forcément très loin, cela ne devrait pas être un problème. »

« C’est exact… Il suffit simplement de patienter et d’attendre le retour de Clari. »

Retour qui ne tarda pas au bout de cinq minutes environ. Il voyait qu’elle était assez fatiguée par rapport à la sueur qui s’écoulait de son front, la jeune femme venant s’asseoir à côté de lui tandis qu’il préférait ne pas lui poser de questions. Il valait mieux attendre un peu… Ce fut lorsqu’il entendit des bruits de pas et de sabot qu’il se leva instinctivement :

« Tu peux retourner t’asseoir, Tery… Ce ne sont qu’Oros et Eliza. »

Salazar avait totalement raison mais bon… C’était une simple mesure de précaution. Il vit apparaître les deux personnes et leur cheval tandis qu’il allait s’asseoir à nouveau à côté de Clari. Celle-ci lui fit un léger sourire, le jeune homme passant une main sur son front.

« Non… Ca va, tu n’as pas l’air d’avoir trop chaud… »

« Euh… Je ne suis pas malade… Juste un peu fatiguée… » murmura t-elle en lui faisant un nouveau sourire, le jeune homme poussant un profond soupir.

Pendant de nombreuses minutes, ils restèrent ainsi, les cinq personnes se retrouvant autour du feu, les trois chevaux à côté d’eux. Devaient-ils les garder ? Il avait finalement posé la question et on lui avait répondu que oui… Trois chevaux étaient toujours une bonne prise… même si cela n’avait pas été le but de la manœuvre à la base. Ah… Oui… Le médaillon… Il observa Clari pendant quelques secondes, se demandant ce qu’elle attendait pour sortir le médaillon. Finalement, la jeune femme plaça une main dans son décolleté, retirant l’objet tant convoité pour le faire apparaître devant les yeux de tous et de toutes.

« Au moins… Nous n’aurons plus à retourner là-bas. » annonça Oros sur un ton légèrement enjoué tandis qu’Eliza souriait en regardant le médaillon.

Sourire qui disparu après quelques secondes, l’incompréhension se lisant sur son visage. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Toutes les têtes se tournèrent vers elle, attendant qu’elle prenne la parole, chose qui ne tarda pas :

« Ce n’est pas l’un des médaillons… C’est un faux ! Ce n’est qu’une vulgaire pierre de feu ! »

« Comment ça ?! Pourtant, toi et Tery étiez tous les deux ensembles ! Comment avez-vous pu vous tromper dans les médaillons ?! » s’écria Salazar.

« On n’a pas vraiment eut le temps de fouiller complètement si tu veux tout savoir ! » répondit de suite Clari en se levant, jetant la pierre au sol avec rage.

Il s’était mis à trembler tout de suite. Déjà, il avait pu apercevoir ce que Clari était capable de faire… Et puis, la mettre en colère… Ah… Ah… Non ! Ce n’était vraiment pas conseillé ! Il s’était mis à poser son regard dans la flamme, évitant de l’observer alors que Salazar se levait à son tour, reprenant :

« Ainsi, on a perdu plusieurs jours pour rien du tout ?! »

« Et tu veux que je te dise quoi ?! On a échoué ! ECHOUE ! Ce n’est pas dur à comprendre ! Purée ! La maréchale va nous en vouloir à mort ! »

« Et en plus, nous ne pouvons pas retourner là-bas… Après ce qui s’est passé… »

Voilà qu’Oros et Eliza rejoignaient la conversation tandis que lui-même restait définitivement muet. Oui… Il n’avait rien à dire car il valait mieux… ne rien dire du tout… Rien de rien… Il restait les yeux fixés sur les flammes, préférant ne pas penser à tout ça.

« Purée… BORDEL ! ET … Pfiou… Je vais rester calme… Très calme… Il va falloir expliquer pourquoi nous n’avons pas le médaillon à la maréchale… »

« Je verrai quoi dire, Clari… De toute façon, nous sommes tous responsables de notre échec… Il n’y a rien d’autre à penser… »

Ils semblaient s’être calmés aussi vite qu’ils s’étaient mis en colère. Le jeune homme posa son regard sur Clari pendant quelques secondes avant de se remettre à observer les flammes. Ah… C’était de sa faute… Il en était sûr et certain… Il le savait parfaitement… Et au final, il ne savait même pas… qui possédait des lignes d’Alzar… Peut-être qu’il n’y en avait aucun au final… Oui… C’était sûrement ça…

« On devrait se comporter comme Tery ! Pour une fois qu’il est vraiment calme ! » s’écria une dernière fois Clari, se rapprochant du jeune homme.

Il… Il avait surtout l’impression que tout les regards convergeaient vers lui… Non pas à cause de son silence… Mais comme pour lire dans son esprit…ou dans ses yeux… Comme pour deviner la vérité… Ils savaient tous… Ils savaient… la vérité.

« Qui fait le tour de garde ? » demanda t-il d’une voix lente avant de reprendre : « Si il faut, je prends le premier tour… Je ne risque pas de dormir… »

« Personne n’arrivera à dormir de toute façon… » rétorqua Oros avec lenteur.

« Oui mais… Il vaut mieux que l’on essaye de dormir… avant de partir pour demain… » murmura Clari avec lenteur alors qu’ils allaient préparer la tente pour les deux femmes.

« Soit… Alors… Tery… Tu prends donc le premier tour. » termina Salazar.

Il hocha la tête pour dire qu’il était d’accord… De toute façon, c’était ce qu’il avait décidé. Il attendit que tous et toutes aillent se coucher avant de se mettre debout, commençant son tour de garde. Vraiment… Quel idiot… Mais quel idiot…

« Tery ? Est-ce que je peux marcher avec toi ? Un petit peu ? »

C’était la voix de Clari… Il se tourna vers elle, la regardant longuement avant de baisser la tête. Il murmura que oui, la jeune femme aux cheveux blonds venant à ses côtés.

« Tu es un peu inquiet ? Non ? Je ne sais pas pourquoi… Mais c’est l’impression que tu donnes… Enfin… Pour ma part… Est-ce que je me trompe ? »

« Oh… Ce n’est pas comme si j’allais recevoir un sacré accueil à mon retour. »

« On a tous échoués… Donc tu ne seras pas le seul à en prendre pour ton grade, je te le promets. Et de toute façon… Il fallait bien une première fois… à cela… »

« Oui… Mais tout simplement quand je suis là… comme par hasard, je porte la poisse. »

Elle ne répondit pas, acquiesçant par cette absence de réponse. Oh… Il n’avait pas besoin d’être réconforté… Car ce n’était pas son genre… Elle s’arrêta de marcher, mettant une main devant sa bouche pour bâiller alors qu’il reprenait :

« Retourne te coucher… Je vais rester éveillé toute la nuit… »

« Je ne pense pas non… Nous prendrons notre tour quand ça sera à nous… »

Mais cela n’arriva pas. Dès l’instant où l’un se réveillait, que ça soit Salazar, Oros ou alors Eliza, il annonça qu’ils pouvaient continuer de dormir. Quand à Clari ? Elle était restée exprès éveillée… pour lui tenir compagnie… Quelle idiote… Elle ne comprenait rien… Rien du tout… Elle ne savait pas tout ce qu’il avait fait…

Le lendemain… Ils étaient repartis… Et le voyage dura moins longtemps que prévu… La raison ? Le campement s’était déplacé pendant les quelques jours… Chose tout à fait normale pour montrer l’avancée de la situation dans le royaume de Shunter. Il restait auprès des quatre autres personnes, pénétrant dans le campement. Tout de suite, ils furent emmenés dans la tente de la maréchale, celle-ci se trouvant assise sur son fauteuil alors que les quatre gardes s’éloignaient pour laisser les cinq personnes devant la maréchale. Celle-ci les observai longuement, attendant que l’un d’entre eux lui ramène l’objet.

« Nous avons échoué… Tout cela par la faute du jeune homme ! » s’écria soudainement Salazar en désignant Tery du doigt. Toutes les têtes se tournèrent vers lui

« … … … … … Salazar, je ne te pensais pas ainsi… Mais je vais te laisser continuer. »

La maréchale avait pris la parole, bien que ses deux mains serraient avec plus d’insistance le fauteuil. Elle n’avait guère apprécié les premières paroles et cela était tout à fait normal.

« Pourquoi je dis ça ? Et bien, c’est tout simple ! Nous pensions qu’il avait manipulé la fille du chef de clan mais visiblement, il fut lui-même manipulé par cette dernière… Ou alors… C’est tout simplement un traître à Shunter et il prévenu cette fille… »

Il ne disait rien du tout, baissant la tête en prenant une profonde respiration. Oui… Il aurait dû s’en douter… Comme si ils allaient le protéger… C’était chose normale… n’est-ce pas ?

« Elle s’appelle Perrine… Et elle possédait le médaillon que l’on recherchait oui… » murmura t-il d’une voix lente alors que la maréchale se levait de son fauteuil.

« Et où se trouve ce médaillon dorénavant ? »

« Sûrement encore chez eux… maréchale… Nali… »

Soit… Elle allait rester d’un calme olympien… Elle prit une profonde respiration à son tour, se positionnant en face de lui alors que les quatre autres personnes reculaient légèrement. Elle alla dire d’une voix étrangement calme :

« Pour un acte de trahison… Généralement, c’est la mort… Et je pense que tu es parfaitement conscient que ce que tu as commis n’est pas qu’un simple acte de trahison… envers moi… Mais envers Shunter… Ce médaillon était très important… »

« Je le sais très bien… maréchale Nali… Je ne vous demanderai pas de me pardonner… Pas cette fois… Je sais très… bien… Ce que j’ai fait cette fois… »

Il alla mettre ses deux genoux au sol, la tête dirigée vers les solerets noirs de la femme. Il n’osait même pas la regarder en face… Cette fois… Il savait que ce qu’il avait fait… n’était pas pardonnable… Elle fit un petit geste de la main, annonçant aux quatre autres personnes de son groupe de partir avant de dire :

« Normalement… Je ne comptais pas l’utiliser pour l’un d’entre nous… Mais cette fois… Je pense que tu ne me laisses pas le choix, Tery. Venez par là et embarquez-le. »

Les quatre gardes qui se trouvaient devant l’entrée de la tente pénétrèrent à l’intérieur, s’approchant de Tery avant de le relever. Elle reprit :

« Je vais moi-même m’occuper de ton interrogatoire, Tery. Je ne dirai même pas que je suis déçue… car je n’avais pas une grande estime de toi… Je pensais qu’avec des compagnons de ce genre, tu pourrais t’améliorer… Mais non, tu as empiré… jusqu’à aller trahir ton royaume… et moi-même… Avant de te tuer… Je vais moi-même m’occuper de ta torture… Tu ne ressembleras à plus rien dorénavant. »

Chapitre 11 : Une mauvaise surprise

ShiroiRyu
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Chapitre 11 : Une mauvaise surprise

« Tery… Pourquoi est-ce que tu te lèves si tôt ? Il doit être à peine six ou sept heures… du matin… Tu ferais mieux de dormir encore un peu… »

« Je n’en ai pas envie… Je préfère me mettre debout dès maintenant. »

« Fais comme tu veux… Mais ne t’éloigne pas… pour aujourd’hui… On doit se préparer. »

« Je ne pars que quelques heures cette après-midi… Puisque de toute façon, tout sera prêt pour ce soir… Continues de dormir, Clari. »

« Je préfère te voir parler comme ça… que de te voir dans cet état… comme hier quand tu es rentré… Je n’aime pas te voir en colère… C’est embêtant… et ça ne te va pas. »

Qu’est-ce que ça voulait dire ? Bah… Elle jouait tout simplement un jeu… Elle le savait bien… Il s’était levé du lit dans lequel ils dormaient, tremblant légèrement avant de passer de l’eau sur son visage… Oui… Voilà… Il allait se balader en ville en fait… dès maintenant… C’était mieux… Il préférait ne pas rester… Il ne savait pas comment l’expliquer mais il trouvait que l’atmosphère était mauvaise… Surtout après ce qu’il avait entendu hier.

« Je ne vous donne pas tous les détails du plan… Mais nous avons trouvé grâce à Clari l’endroit où se trouvait le médaillon… A partir de là, ça ne sera pas très difficile… comme objectif… On doit tout simplement le récupérer le plus rapidement possible. »

« Comment faisons-nous cela ? On y va discrètement ? » avait demandé Oros après les paroles de Salazar, celui-ci tournant son visage vers l’homme.

« Nous le ferons dans la nuit… Demain, je vais faire un petit tour pour prendre quelques informations mais dans la soirée, nous nous lancerons là-bas… »

Dire qu’ils étaient tous au courant depuis le début pour le médaillon… Il le sentait… Et maintenant… Il ne savait plus… qui était qui… réellement… La maréchale l’avait encore trompé… Lui avait menti délibérément… Qui était celui ou celle avec les lignes de la déesse Zélisia ? Il ne le savait pas du tout… Pas du tout…
« Enfin bon… Ce n’est pas comme si je pouvais faire quelque chose maintenant… »

Il avait prononcé ces quelques mots alors qu’il se retrouvait dehors… Dans la chaleur matinale… Car oui… Ici… Il faisait déjà une chaleur assez importante… Et cela, dès les premiers rayons du matin… Mais bon… C’était moins accablant que la chaleur de l’après-midi. Les mains dans les poches, il se mit à marcher à travers les ruelles, regardant les quelques passants… Tous étaient toujours plus grands que lui… Et les quelques citoyens du royaume d’Honoros qui faisaient sa taille… étaient en fait des enfants… ou presque…

« J’ai l’air d’un nain… C’est vraiment sympathique… Vraiment très sympathique… »

« Héhéhé… Tu es bien matinal… Je me disais aussi… Que tu n’arriverais pas à dormir… »

Cette voix ? C’était… Perrine ? Il tourna sa tête vers la gauche, voyant la jeune femme sortir d’une ruelle… mais accompagnée de deux hommes à la stature plus qu’imposante… et aux muscles saillants… Ils avaient même des épées attachées à la ceinture… Il allait mourir ? Maintenant ? Tout de suite ? Ah… Il n’était pas préparé mais avant…

« Perrine… Tu dois te mettre en sécurité… Ils attaquent ce soir… »

Pour toute réponse, elle fit un léger sourire amusée… Elle ne comprenait pas ce qu’il venait de dire ? Ils allaient l’attaquer ! Donc essayer de la tuer ! Voir même y arriver ! Ils devaient être sacrément… préparés… Alors elle devait se mettre à l’abri ! Mais la jeune femme ne semblait pas s’en soucier… Et les gardes ne semblaient pas s’inquiéter pour autant… Qu’est-ce que tout ça voulait dire ? Il s’exprimait mal ou quoi ?

« Et bien… Comment dire… Est-ce que tu veux que l’on aille se balader tous les deux ? Les magasins vont sûrement ouvrir assez tôt. »

« Mais je viens de te dire que tu es en danger et toi tu penses qu’à ça ?! Est-ce que tu te moques de moi ?! Tu risques même de… »

« Comment oses-tu parler de cette parler à la fille du chef ?! » s’écria l’un des soldats, posant sa main sur la garde de son épée, le jeune homme se mettant à reculer.

« Laissez-le tranquille… Ce n’est pas de sa faute… Tery… J’ai envie simplement de faire une petite promenade… Tu comprendras bien assez tôt où je veux en venir. »

Ben justement là… Il ne comprenait pas vraiment au final… Il émit un petit haussement de sourcil avant d’hocher la tête pour dire qu’il acceptait cela. La jeune femme se mit à marcher à côté de lui tandis que les deux soldats les suivaient, regardant autour d’eux. En parlant de regarder… Les rares têtes étaient tournées vers eux… Tous semblants surpris de voir Perrine avec lui… Pourtant, ils ne faisaient rien de spécial non ?

« Tiens… Bonjour mademoiselle Perrine et vous… Mais je vous connais non ? »

Perdu dans ses pensées, il n’avait même pas remarqué l’endroit où il venait d’arriver… C’était le marchand de pierres de feu ? Qu’est-ce qu’ils faisaient ici ? Il se tourna vers Perrine, lui demandant d’une voix lente :

« Tu veux t’acheter une pierre de feu ? Mais tu ne peux pas en avoir des dizaines voir des centaines ? Tu es quand même la fille du chef de cette ville non ? »

« Oh… Tais-toi et patientes un peu d’accord ? Tu verras bien ce que j’ai en tête… Hum… Pas cette pierre… Ni celle-là… Non, non et non… »

« Je ne sais pas ce que tu prépares… Mais tu devrais être plus prudente… »

Il poussa un profond soupir, regardant le marchand alors que celui-ci observait les actes de Perrine. Lui aussi ne savait pas ce qu’elle préparait… Mais bon… Elle semblait sûre d’elle-même. Enfin, après plusieurs minutes de recherche, elle poussa un cri ravi, désignant quelque chose du doigt… C’était quoi ça… En regardant de plus près, ça semblait à s’y méprendre à… Qu’est-ce qu’elle avait en tête cette femme ?

« Tu es enfin revenu de ta balade matinale, Tery ? » demanda Clari alors qu’il pénétrait dans l’auberge, la jeune femme étant seule à une table.

Il se dirigea vers elle, hochant la tête avant de s’asseoir en face. Il commanda de quoi manger, remarquant qu’il n’avait pas déjeuné au final tandis qu’il se demandait où était les autres personnes. Pourtant, elles devaient déjà être debout n’est-ce pas ?

« Est-ce que tu peux me dire où ils sont passés ? Si ça ne te dérange pas trop, Clari. »

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise, sincèrement ? Ils sont partis… de leur côté… Pour préparer pour ce soir. Je te l’ai pourtant signalé, non ? »

« C’est vrai… Pardon… J’ai complètement oublié… Et sinon, ça va ? »

Hein ? Si ça allait ? C’était quoi cette question de la part du jeune homme ? Elle se pencha en avant, posant une main sur son front comme pour prendre sa température. Il était malade ou quoi ? Il semblait presque trop gentil pour être crédible.

« Non… Tu n’as pas de fièvre… T’es sûr que tu vas bien ? Tu sembles vraiment pâle… »

« Je suis peut-être un peu trop fatigué… de me disputer avec vous tous… Pour des broutilles… A force, je dois me tuer la santé… »

« Tu ferais mieux de te reposer pour ce soir… Car d’ici demain, nous ne serons plus là. »

Hum ? C’était elle qui lui proposait ça ? Il la regarda avec étonnement, Clari gardant sa main posée sur son front avant de la passer le long de sa joue. Il trembla légèrement, la retirant d’un geste un peu intimidé avant de reprendre :

« Qu’est-ce qui se passe avec toi ? Depuis quand est-ce que tu te comportes comme ça ? »

« Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Viens… Je vais t’aider à monter les escaliers. »

Il… Il… Il ne comprenait pas ! Elle se moquait de lui n’est-ce pas ?! Il n’aimait pas quand elle se comportait comme ça ! Il recula, se levant de sa chaise mais elle faisait de même, se rapprochant de lui. Il fit quelques pas en arrière, tremblant un peu alors qu’elle reprenait :

« Tu vas aller te reposer… D’accord ? Accroche-toi à moi… »

« Qu’est-ce qui te prends ? Je sais très bien… Puis zut… »

Il se laissa finalement faire… Il n’osait surtout pas commettre une bêtise… Si il faisait des gestes trop… suspects… Ils poseraient des questions… Et cela ne serait guère une bonne chose pour lui… Il se laissa emmener dans la chambre par Clari, celle-ci le forçant à se coucher sur le lit alors qu’il poussait un profond soupir.

« Reste là pendant quelques heures et redescends quand tu veux. Il y aura toujours quelqu’un pour t’attendre, d’accord ? » alla dire la jeune femme aux tresses blondes en le regardant. Il ne fit qu’hocher la tête, attendant qu’elle parte de la chambre pour passer une main devant ses yeux. Sincèrement… Sincèrement… Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Pourquoi est-ce qu’il avait accepté ça ? Il allait avoir… de sérieux ennuis… Pire que ça même…

« Je suis vraiment trop con… quand je m’y mets… Vraiment trop… La maréchale va me tuer… Si je survis d’ici là… »
Car oui… Il n’était même pas certain de survivre avec toutes ses bêtises… Oui… Même pas certain… Pourquoi est-ce qu’il réagissait comme ça ? Pourquoi est-ce qu’il se mettait dans des situations impossibles comme aujourd’hui ? Il ferma les yeux, n’étant nullement fatigué ou malade… mais simplement en train de réfléchir à tout ça…

Plusieurs heures plus tard, il fut réveillé par Clari, n’ayant même pas remarqué qu’il s’était endormi. Ouvrant faiblement les yeux, il la regarda quelques instants, la jeune femme aux cheveux blonds lui faisant un léger sourire.

« Alors ? Tu as bien dormi ? Ca va mieux ? Nous t’attendons en bas… Il n’est que le début de l’après-midi au final… Si tu veux, on descend… »

« Je vais vous rejoindre… Tu veux bien rester là quelques minutes ? »

Il s’aida à sortir à du lit en tenant la main de la jeune femme, celle-ci passant rapidement l’autre main sur son front pour prendre sa température. Elle murmura :

« Ca a l’air d’aller mieux… Viens… On va se préparer pour ce soir… »

Il avait l’impression de se retrouver face à une autre personne… Comme si celle d’hier… n’était pas la même… C’était vraiment… bizarre… Comme si ce n’était pas elle…

« Euh… Enfin… Voilà ! On peut descendre… »

Il avait dit cela d’une voix nonchalante, repassant un peu d’eau sur son visage alors que Clari partait déjà. Il alla la rejoindre en bas, arrivant à une table où ils étaient tous réunis. Tout de suite, il remarqua que l’ambiance était assez tendue… Et tous l’observaient… inquiets de savoir si il allait bien ou non… Mais pour quelle raison ?

« Ca va… C’était juste une légère fatigue… J’ai du mal dormir cette nuit… »

« Soit… Nous avons terminé de notre côté… Clari te fera un petit récapitulatif… Par contre, nous allons devoir nous séparer… d’ici quelques minutes… Comme tu peux t’en douter, tu iras avec Clari tandis que de notre côté, nous ferons l’autre partie du plan. »

Salazar s’était adressé à lui alors qu’il n’avait même pas posé de questions. Soit… C’était comme ils le voulaient. Après quelques minutes, ils se levèrent et quittèrent l’auberge, se séparant comme Salazar l’avait signalé… Ils étaient déjà équipés… Lui-même avait son sac sur le dos, ses griffes aux mains… Du moins, il les cachait tandis que Clari portait son imposante épée dans son dos.

« Tu n’as pas trop le trac, Tery ? Ne t’en fait pas, ça sera vite réglé cette affaire et on retournera dans notre royaume. J’ai du mal à supporter cet endroit… La chaleur devient trop forte pour moi… Et je crois que pour toi aussi… Si je ne me trompe pas. »

« Tu parles de ma fièvre ? C’est peut-être ça… Ou trop d’émotions… »

Trop d’émotions ? Elle le regarda d’un air légèrement étonné avant d’émettre un petit rire, le jeune homme ne cherchant pas à comprendre la raison de cet éclat. Le reste de la journée se passa comme celle où ils s’étaient considérés comme un couple… A marcher à travers les ruelles marchandes pour regarder les différents articles.

La soirée arriva rapidement, du moins, un peu trop à son goût… Il avait le trac… Il tremblait même légèrement mais Clari lui faisait un grand sourire alors qu’il n’était au courant de rien… Elle ne lui avait rien dit du tout… Et pourtant… Il aurait vraiment aimé savoir… Alors que la nuit se mettait à tomber, que les citoyens rentraient chez eux, que les boutiques fermaient, elle se tourna finalement vers lui.

« Toi… et moi… Nous allons nous rendre simplement chez cette Perrine… »

« Mais il y a des gardes ! Est-ce que son médaillon est si important ? »

« Bien plus que tu ne veuilles le croire… Enfin… Ce n’est qu’une supposition mais… Bon… La maréchale nous l’a annoncé avant de partir. »

« Et dire qu’elle m’avait signalé qu’il n’y avait qu’une personne… avec moi qui était au courant… J’ai l’air d’un véritable imbécile maintenant… »

« Mais non… Simplement… Tu n’es pas digne de confiance. »

Pas digne de confiance ? Il émit un petit rire ironique comme si il connaissait parfaitement cette situation… Oui… Il n’était pas digne de confiance… Pas du tout même… Clari lui donna une petite tape dans le dos avant de dire d’une voix amusée :

« Ne t’en fait pas pour ça… La maréchale ne fait confiance en personne. »

« Sauf à vous quatre visiblement… Ca lui servait à quoi de me cacher ça ? Je ne sais pas garder un secret ? Je ne sais pas… »

Il s’arrêta de parler, baissant la tête alors qu’elle ne comprenait pas cet air triste. Elle alla l’embrasser rapidement sur la joue alors qu’ils étaient au beau milieu d’une rue qui se vidait peu à peu. Ils n’étaient plus très loin de la demeure où Perrine et sa famille vivaient.

« Qu’est… Qu’est-ce que… Tu fais là ?! Maintenant que c’est terminé, tu peux arrêter ça ! »

« Et pourquoi ? Rien ne m’en empêche… Pas du tout même…Je fais ça car j’en ai envie, d’accord ? Et que cela te pose un problème ou non… Ca m’importe peu. »

« T’es vraiment stupide… quand tu t’y mets… »

Il s’était mis à rougir faiblement, sans réellement pourquoi alors qu’ils continuaient leur chemin. Après quelques minutes de marche, elle lui dit de la suivre discrètement, lui désignant quelques gardes alors qu’ils étaient aux environ de la demeure de Perrine… Toujours aussi vide aux alentours… Enfin il remarqua qu’il y avait des petites bâtisses… Enfin… Plus pour entreposer des objets ou autres plutôt que pour y faire vivre quelques personnes. Il se tourna vers Clari, celle-ci posant un doigt sur ses lèvres. Hum ? En jetant un petit regard sur le côté, il vit une ombre qui se faufilait près des murs de la maison, attendant le bon moment avant de sauter sur les gardes… pour planter deux dagues dans le cou ?

« Mais c’est… Salazar ? Est-ce que je me trompe ? »

« Il va faire le ménage pour nous… Regarde comment il agit… »

Comment il agissait ? Ce n’était pas forcément très difficile… Puisqu’en fait… L’homme sautait à mi-hauteur dans les airs pour pouvoir planter ses armes dans les cous des soldats. Les secondes s’écoulaient, l’homme restant en place alors que le reste des gardes arrivait l’un après l’autre… Il n’avait aucun mal à les prendre par surprise… et à les tuer…

« Hum… Oros et Eliza sont partis nous chercher d’autres petites choses… »

« Est-ce qu’ils vont bien ? Tu en es sûre ? »

« On n’a pas le temps de parler, Tery… On doit avancer, ça va être à nous. »

Ca allait être à eux ? Il regarda la jeune femme, celle-ci lui disant de la suivre alors qu’ils se mettaient en route, passant à côté des nombreux cadavres de gardes. Salazar était déjà en train de jouer avec un étrange outil ressemblant à une simple aiguille mais de couleur orangée… Et surtout qui laissait émettre de la fumée… Plusieurs petits mouvements à l’intérieur de la serrure et un petit déclic se fit entendre.

« Voilà… C’est ouvert maintenant… Dépêchez-vous… D’ici dix minutes, nous serons positionnés. Tery, tu guides Clari à l’intérieur. »

« D’accord… Enfin… Oui… »

Il ne savait pas où il devait la guider… Mais il n’appréciait guère ce qui était en train de se passer. Il était véritablement en proie à l’inquiétude… Commettre une bêtise… Il allait commettre encore une bêtise ! Clari le prit par le bras, ouvrant la porte de l’autre avant de le faire pénétrer à l’intérieur.

« Emmènes-moi à l’endroit où dort Perrine ! Je suis sûre que tu es au courant ! Et vas-y discrètement… On doit éviter de se faire repérer… »

« Aucun souci… Suis-moi alors s’il te… »

« Hum ? J’entends du bruit… Qui est-ce… »

Il écarquilla les yeux de surprise, la lame de l’épée de Clari venant de faire un demi-tour rapidement pour… trancher en deux ce qui ressemblait à un servant… ou ce qui avait été un servant… Comme lui, l’homme avait ouvert en grand ses deux yeux, le haut de son corps venant tomber à côté de l’autre moitié. Le mur et la porte par laquelle l’homme était venu étaient maintenant tapissés de sang tandis que Clari poussait un profond soupir. Vraiment… Comme si elle n’avait que ça à faire. Elle se tourna vers Tery, lui donnant une petite claque sur la joue pour le faire réagir alors qu’il essayait de reprendre conscience de l’endroit où il était. Clari alla lui dire dans un souffle :

« Arrête de rester immobile et vient plutôt m’aider, tu dois me guider vers la chambre de Perrine au plus vite. Elle a le médaillon que l’on recherche. »

« D’accord, d’accord… Mais si on peut éviter de la tuer, je te prie… »

« Hum ? Et pourquoi ça ? Je ne vois pas pourquoi je le ferai… Enfin… On verra en temps et en heures… J’aimerai que tu m’y emmènes maintenant… On n’a pas de temps à perdre justement. » répliqua t-elle sur un ton sec.

Il n’avait pas du tout confiance en la jeune femme sur ce coup… Mais il ne pouvait rien dire du tout… Rien de rien… Il baissa la tête, commençant à monter les escaliers tout en se disant qu’il ne connaissait pas réellement où se trouvait la chambre. Il allait laisser faire son intuition. Il jugea les portes à gauche et à droite de leur chemin, cherchant par là la pièce qui pourrait… AH ! Vite vite… Il devait se rappeler… Elle était au troisième étage… Et ensuite… Par rapport à la fenêtre… Ca devait être cette place…

La double porte s’ouvrit légèrement, laissant place à une chambre assez coquette où se trouvait même un petit coin pour permettre à Perrine de se faire belle grâce à quelques accessoires. De l’autre côté, les fenêtres de plutôt grande taille étaient fermées mais les rideaux nullement tirés. Il pouvait voir la lune dans le ciel… Et il pouvait entendre un léger souffle se faire entendre… Il tourna son visage, voyant une personne couchée dans le lit sans réussir exactement à voir qui était à l’intérieur.

« Elle ne doit pas le porter sur elle, Clari… On devrait chercher dans ses commodes. »

« C’est la meilleure chose… Tu devrais quand même aller vérifier… »

Oui… Enfin… Il n’était pas plus convaincu de cette manière… Ahem… Il regarda Clari qui s’approchait des commodes, les ouvrant pour fouiller à l’intérieur sans rien trouver. Ensuite, elle s’approcha d’une boîte à bijoux posée sur l’une des commodes tandis que lui-même restait immobile. Il n’osait pas s’approcher… Il avait peur…

« J’ai cru entendre du bruit… »

« MERDE ! C’est quoi ça ?! Un cadavre ?! Il y a des INTRUS ! »

« Et … AH ! Je l’ai trouvé ! Tery ! »

Le jeune homme se retourna vers Clari, celle-ci tenant le pendentif que Perrine avait habituellement autour du cou. Plusieurs gémissements se firent entendre, Tery observant le corps qui bougeait dans le lit… Hey… Ce corps… Est-ce qu’il n’était pas trop grand pour… Qu’est-ce que ça voulait dire…

« ILS SONT ICI ! Ils sont dans la chambre de la fille du chef ! »

AH ! Qu’est-ce qu’ils devaient faire ?! Il s’alarma, se tournant vers Clari pour écouter ce qu’elle allait dire. Elle était la cheffe… parmi eux deux… Il le reconnaissait.

Chapitre 10 : Chacun pour soi

ShiroiRyu
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Chapitre 10 : Chacun pour soi

« Comment… est-ce que je peux faire ? Comment est-ce que je peux faire ? »

Il faisait les cent pas dans la chambre, étant seul puisque Clari avait décidé de discuter avec Salazar… Ah… Ils étaient tous au courant pour le médaillon ? Et surtout Salazar… Il devait sûrement connaître son effet… Ou du moins… L’importance qu’il avait. Cela faisait deux jours qu’il cherchait quelque chose pour ce médaillon.

« De toute façon, je m’en fiche… Je vais trouver un moyen… de faire ça discrètement. »

Oui… C’était la meilleure solution… à ses yeux… Car… Ainsi… Perrine ne risquerait aucun problème… Oh lui, de son côté, il était sûr d’en avoir ! Mais de toute façon, ce n’était pas la première fois, alors bon…

« La maréchale va aussi me sauter à la gorge… Je dois être masochiste dans l’âme. »

Il émit un petit rire pour lui-même, réfléchissant à la situation… Aller directement voir Perrine et lui parler du pendentif et de ce qu’elle risquait ? Echanger son pendentif avec un autre ? Mais comment ? La tuer en l’emmenant dans un coin ? NON, NON ET NON ! Rien ne marchait… Pourquoi est-ce qu’elle le laisserait rentrer ? Qu’il sache, ils n’étaient pas amis… Pas en vingt minutes. Hého… Non… Ce n’était pas une bonne idée… Mais d’un autre côté, il n’avait rien d’autre en tête. Il ne savait pas quoi faire…

« Je ne veux surtout pas la mettre en danger… »

« En danger, qui ? » demanda une petite voix rieuse derrière lui alors qu’il se retournait, apercevant Clari qui lui faisait l’un de ses sourires habituels.

« Ca ne te concerne pas… Alors tu peux partir, s’il te plaît ? »

« Je crois avoir le droit de rentrer dans la chambre où moi-même et mon mari dormons. Alors… Tu te fais du souci pour moi, Tery ? »

« Et qu’est-ce qui te fait dire ça, Clari ? Je ne vois même pas quelle idée saugrenue t’es venue en tête pour penser une telle chose… »

« Oh… Tu parlais de ne pas la mettre en danger… Et je ne vois que moi. »

« Tu t’imagines des choses. La seule personne pour qui je me ferai du souci, c’est… »

« C’est ? » demanda t-elle d’une voix douce alors qu’il s’arrêtait dans ses propos.

Bof… C’était Elen… Il ne le niait pas… Il n’avait aucune information à son sujet… Depuis leur séparation… Est-ce qu’elle s’en était sortie vivante ? Indemne ? Est-ce qu’elle était retournée vers ce foutu Oracle ? Et ce dernier… Qu’est-ce qu’il lui avait encore ordonné comme consigne ? Enfin bon… Il ne devait pas penser à elle… Pourtant, cela devait se lire sur son visage car Clari fit une petite moue boudeuse avant d’émettre un léger grognement, croisant les bras tout en tapant du pied sur le sol. Il se tourna vers elle pour l’avoir en face à face, arrêtant de penser à Elen tout en lui demandant du regard s’il y avait un problème. Elle lui répondit avec un peu d’énervement dans la voix :

« Tu penses à une autre fille ! Si c’est cette Perrine, sache que… »

« Sache que quoi ? Si c’était elle, tu n’as rien à dire ou à faire, est-ce que c’est clair ? »

« Si c’est clair ? Depuis quand est-ce que tu me parles comme ça, Tery ? » annonça t-elle avec colère en croisant les bras au niveau de sa poitrine, le jugeant du regard comme pour lui dire d’essayer de la contredire ou de jouer le prétentieux devant elle.

« Oui… Oui… Oui… Bon… Je m’en vais… J’ai quelque chose à faire. » répondit-il en quittant la chambre, se dirigeant vers la sortie de l’auberge après avoir descendu les escaliers. Sur le chemin, il rencontra Salazar et les autres, les ayant salués d’un regard tandis qu’il mettait les mains dans les poches. Trouver la maison du chef…

« Pardonnez-moi, est-ce que vous pouvez m’aider ? »

Il devait tout simplement demander un renseignement aux citoyens. Il en avait arrêté un, la femme se retournant, cherchant d’où provenait la voix avant de baisser la tête, lui faisant un petit sourire en disant d’une voix calme :

« Oui ? Tu es l’une des personnes venant de Shunter, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que je peux pour toi, petit homme ? Tu as besoin d’un renseignement ? »

« Je cherche l’endroit où me rendre pour pouvoir voir le chef du clan. »

« Hum ? Et pourquoi cela ? Si ça ne vous dérange pas de me répondre, bien entendu. »

« J’aimerai discuter avec sa fille au sujet d’un point la concernant. »

La femme émit un léger rire avant de lui dire de bien vouloir la suivre. C’était si différent… de la vision qu’il avait d’eux… Par rapport au moment où il s’était battu contre eux… Il avait tué de ces personnes… Et pourtant… Pourtant… Elles étaient comme lui…

« Et bien… Cela risque de prendre un peu de temps mais nous serons arrivés d’ici une vingtaine de minutes. Par contre, évitez d’être irrespectueux… Et ne vous inquiétez pas pour les gardes. Ils sont bien plus présents car une armée venant de Shunter est à quelques heures ou jours de chez nous… Et donc, nous nous méfions… »

« Mais vous ne vous méfiez pas de moi ? Je suis peut-être un ennemi ? »

« Hum… Ce n’est pas dans notre caractère. Nous sommes combattifs et nous adorons les duels mais nous avons notre éthique et elle nous interdit de juger une personne sur ses origines… Cela serait très mauvais… Et nullement agréable n’est-ce pas ? »

« Je veux bien vous croire… Merci de votre confiance. »

Et voilà qu’il se sentait mal maintenant… Il n’aimait pas son travail de SOLDAT ! Il détestait ça ! Il n’était pas partant pour un monde tout gentil et tout mignon mais… Mais… Trahir ces personnes… Il détestait ça ! Ca lui faisait trop de mal ! Purée ! La femme remarqua tout de suite qu’il tremblait, comme gêné ou embêté par quelque chose mais ne posa pas de question pour éviter de le déranger plus que ça. Chacun avait ses petits soucis.

Plusieurs minutes passèrent jusqu’à ce qu’ils se retrouvent devant ce qui ressemblait à une demeure plutôt honorable, aussi grande que l’auberge mais bien mieux construite… Enfin, les murs étaient faits en pierre et il y avait bien cinq à six hommes qui semblaient faire un tour de garde… Tiens… Autour de la demeure ? Il n’y avait aucun autre bâtiment et il remarquait que maintenant qu’ils étaient assez éloignés du reste de la ville.

« Qui êtes-vous et que voulez-vous ? » demanda l’un des gardes en se présentant devant eux.

« Ce jeune homme voulait parler au chef de clan et je lui ai indiqué le chemin. Maintenant que vous savez où se trouve la maison, je vais vous laisser. »

« Merci encore pour ce que vous avez fait pour moi, madame. »

Il salua respectueusement la personne, celle-ci s’éloignant alors que le garde restait néanmoins devant lui, attendant la réponse. Tery se tourna vers lui avant de dire :

« Si il est possible… J’aimerai pouvoir parler à la fille du chef… Elle se nomme Perrine et elle est un peu plus grande que moi. Elle a des cheveux auburn et deux yeux rouges… »

« C’est bien la description de la fille du chef… Et pourquoi est-ce que tu voudrais la voir ? Surtout que tu n’es même pas de notre clan mais une personne venant de Shunter. »

« J’ai quelque chose d’important à lui dire… S’il vous plaît. »

« Hého… Même avec des politesses, ça ne sera pas aussi simple… Je ne peux rien pour… »

« Qui est-ce ? J’ai cru entendre une voix que je reconnais… »

Le soldat et Tery levèrent la tête vers une fenêtre se trouvant au troisième étage, le visage de Perrine se faisant apercevoir à travers celui-ci. Elle eut un sourire amusé en remarquant le jeune homme aux cheveux bruns, demandant :

« Et bien… Je ne pensais pas te revoir après la petite scène que ta femme a faite, avant-hier. Quelle est la raison de ta présence ici, Tery ? »

« Est-ce qu’il serait possible de vous dire deux mots ? Enfin… Si vous le désirez… »

« Hum… Je ne sais pas trop… Je suis quand même la fille du chef de clan… Il faudrait que je vois si je suis disponible… Tu veux bien attendre quelques secondes ? … … … … C’est bon, j’ai une place pour toi.  Vous pouvez le laisser rentrer. »

« Et bien… T’en as de la chance… Généralement, elle préfère éviter toute visite. »

Il haussa les épaules, faisant un petit sourire aux gardes alors que ceux-ci lui disaient de bien vouloir les suivre… C’est vrai qu’ils étaient tout simplement devant la double porte… Plutôt grande… Trois mètres de hauteur… Il pénétra à l’intérieur du bâtiment alors qu’il se demandait si ce qu’il faisait était la bonne solution… Pour lui… C’était le cas mais… Pour les personnes autour de lui ? La jeune femme descendit des escaliers alors qu’il voyait plusieurs servants… C’était donc ça une famille… noble… Ou du moins l’intérieur d’une maison de famille noble…

« Et bien… Tu sembles surpris ? Tu n’as jamais été dans une telle demeure ? »

« Disons… que… Bon… En fait… Oui… Mais ce n’est pas le plus important ! Je dois vous parler ! C’est au sujet de ce que vous avez autour du… »

« Et bien… Est-ce que je crois rêver ou ma petite fille Perrine reçoit de la visite ? Et je crois entendre la voix d’un jeune homme ! »

Et celle que lui venait d’entendre était forte et puissante… Sans pour autant être effrayante… Non… Elle était plutôt chaleureuse. Il tourna son visage vers d’où provenait la voix, apercevant un homme d’environ deux mètres trente et semblant avoir la cinquantaine d’années, cela se voyant par rapport à sa moustache et ses cheveux gris. Et puis… Sa musculature… Elle était si imposante… Il la voyait en regardant son haut brun qui laissait apparaître ses épaules et son torse nu en son milieu…

« Euh… Enfin… Bonjour… Monsieur le chef de clan… »

« Hum ? Mais qu’est-ce que donc… Est-ce que tu ne serais pas… »

L’homme descendait les escaliers à son tour, Tery apercevant une épée avec quelques joyaux autour de sa taille. Il s’approcha de lui, le jeune homme restant parfaitement immobile… Plus par crainte que par désir de se statufier…

« L’une des cinq personnes provenant de Shunter ? On m’a mis au courant dès le premier jour où vous êtes arrivés mais je n’ai pas eut le temps de venir vous voir… Je me nomme Alior et je suis bien le chef de cette ville et de ce clan…Et accessoirement, le père de Perrine. »

« Euh… Je me nomme Tery Vanian, en… enchanté de vous connaître. »

« Moi de même… Bon, je vais vous laisser. Je vais sûrement aller voir votre femme, votre père et votre frère ainsi que sa femme d’après ce que j’ai cru comprendre. »

« Euh… Bien… Faites comme vous le désirez. »

Il salua respectueusement l’homme alors que celui-ci quittait la demeure, accompagné de quelques gardes… C’était donc ça un chef de clan… Pourquoi est-ce qu’il s’était mis en tête qu’un chef de clan devait être impitoyable ? A cause de ses souvenirs par rapport aux Gnomolds ? Oui… Ca devait être sûrement cela…

« Et bien ? Est-ce que tu veux que je te fasse visiter ? Ou alors, tu veux tout de suite me prévenir de ce qui semble être si important… »

« Euh… Et bien… Je pense que ça peut attendre un peu… Je n’ai jamais visité… Alors… Pourquoi pas ? Je pense que ça serait une bonne chose… Enfin, j’espère. »

« Héhéhé… Ca ne prendra pas trop de temps… Du genre, une vingtaine de minutes. »

Alors bon… Il pouvait accepter cela… Enfin, il espérait… Un peu comme d’habitude… Il observa la jeune femme quelques instants avant de se mettre à la suivre, celle-ci commençant à marcher en direction d’une porte au rez-de-chaussée.

Alors… Voilà la salle à manger… Qui était aussi grande que l’ensemble de sa maison si on réunissait ses pièces… Puis… Bon… Une salle de réception… Une salle de bains… Des chambres… Il évitait de montrer sa mine dépitée mais visiblement, elle paraissait le remarquer et elle alla lui dire :

« Tu préfères que l’on aille discuter de tout ça où ? Dans le salon ? Nous ne serons pas dérangés… Je peux te le promettre, Tery. »

« Euh… Alors… Allons dans le salon plutôt si vous le voulez bien. »

« Vous pouvez me tutoyer si tu le désires… »

D’accord… Il préférait comme ça… La jeune femme lui souriait et elle n’avait pas l’air méchante… Mais il se méfiait quand même un peu… Mais bien moins qu’avec Clari… Peut-être parce qu’elle était moins grande ? Enfin… Bon… Ils allèrent dans la seconde salle qu’ils avaient visitée, Tery observant le plafond alors que Perrine reprenait d’une voix douce :

« Alors… De quoi est-ce que tu voulais me parler, Tery ? Ca m’avait l’air assez important. D’habitude, je ne reçois personne… car disons que mon père veut que je trouve un homme pour me fiancer mais bon… Ce n’est pas le problème… »

« Cela concerne votre… enfin… ton médaillon… Celui que tu as autour du cou. »

« Qu’est-ce qu’il y a avec lui ? Il y a un problème ? Il fait quelque chose de spécial ? » demanda t-elle tout en sortant l’objet pour pouvoir l’étudier plus en détails.

« Disons que… Je… Enfin… C’est assez dur… à en parler… Mais si tu continues de le porter, tu risques de te mettre en danger. »

« Hum ? Qu’est-ce que tu racontes là ? Me mettre en danger ? Ca fait depuis des années que je l’ai autour du cou et je n’ai jamais eut de problèmes. Tu vas devoir être bien plus explicite car là, j’ai du mal à te croire… »

« Disons que si tu ne fais pas ça, tu risques de mourir ! » alla t-il s’écrier légèrement en tapant des deux mains sur la table.

« Hum ? Et alors ? Je suis d’un royaume guerrier… Ce n’est pas comme si j’avais peur de mourir… Et pourquoi devrai-je mourir maintenant ? »

« Je… Je… Je… Enfin… bon… Comment dire… Fais-moi confiance ! Si tu le portes dans les prochains jours, tu risques d’avoir de sérieux ennuis ! »

« Hum… Sincèrement… Tery… Pourquoi devrai-je te croire ? Tu arrives comme ça, tu viens me baratiner avec de telles paroles et tu m’annonces que je vais mourir. Tu me caches quelque chose… C’est normal puisque l’on ne se connait qu’à peine… Mais pour dire ça… »

« C’est à cause de ce médaillon ! … …. J’ai été envoyé ! Nous avons tous été envoyés pour récupérer ce médaillon ! Nous venons de l’armée de Midès ! Tu comprends ?! Nous sommes là pour ce médaillon ! Car il est très dangereux et ils essayeront de te tuer pour le récupérer si cela s’avère nécessaire ! »

« Et pourquoi tu n’essayerai pas toi ? »

« Je… Je ne suis pas comme ça… Je n’aime pas les… choses de ce genre… »

« L’idée des fiancés et autre chose… C’était aussi un mensonge, j’imagine, n’est-ce pas ? » demanda la jeune femme en le regardant droit dans les yeux.

« Oui… Je n’ai jamais eut de petite amie… Et je ne pense pas en avoir vu le caractère que je possède… » murmura t-il en baissant la tête.

« Est-ce que tu sais que tu viens de te dénoncer ? Et tes amis aussi ? »

« Que je risque d’avoir de sérieux problèmes, c’est ça ? Que… »

« C’est bon, j’en ai eut assez… Je crois qu’il vaudrait mieux pour toi que tu partes d’ici. »

« Je pense que je vais me préparer à mourir dans d’atroces souffrances… » murmura t-il d’un air dépité sans pour autant s’en vouloir de ce qu’il venait de faire.

« Si tu le savais… Il ne fallait pas le dire… Tu es bizarre comme garçon… Tu devrais sérieusement te méfier de ton caractère, il va te jouer de sales tours dans le futur. »

« Si j’ai un futur maintenant… »

« Nous verrons bien… Je suis au regret de te dire de partir une nouvelle fois… Surtout après de telles paroles… » termina Perrine en se levant, commençant à le guider vers la sortie de la salle puis de la villa. Là-bas, elle lui fit un petit sourire et un salut de la main avant de l’abandonner aux portes de la villa.

Il poussa un profond soupir, se mettant à gémir et à émettre une longue plainte triste alors qu’il se dirigeait vers l’auberge Quel idiot ! MAIS QUEL CON ! QUEL CON QUEL CON QUEL CON ! Il venait de faire foirer complètement la mission et pourquoi ?! POURQUOI ?! Car il… Il avait laissé ses sentiments prendre le dessus et voilà où ça le menait ! Il… Il… devait prévenir les autres ? Non… Il ne pouvait pas… C’était encore pire… Il en avait assez fait ! LARGEMENT ASSEZ FAIT !

Pourquoi est-ce qu’il se comportait comme le dernier des imbéciles ?! Il n’avait rien appris au cours de ces derniers mois ?! Il n’avait pas compris qu’il fallait mettre ses sentiments de côté pendant une mission ? Sinon… Sinon… On risquait d’échouer à cette dernière ? Comme… avec Elen ? Comme avec elle ? Comme… Avec la jeune femme aux cheveux blonds… et aux yeux bleus… Ah… Il aurait donné cher pour pouvoir la revoir aujourd’hui.

Mais bon… Maintenant… Ce n’était pas possible… Oui… Ce n’était pas possible… Il retourna dans l’auberge, évitant les regards inquisiteurs des autres membres du groupe avant de se diriger vers sa chambre… Enfin, il aurait aimé y aller… mais une main se posa sur son épaule, le forçant à se retourner pour voir Clari.

« Je crois que tu as quelque chose à nous dire… Comme l’endroit où tu étais parti… »

« Je ne sais pas… Tu pourrais facilement deviner non ? En y réfléchissant bien… »

« Ne me parle pas comme ça, je te préviens… J’ai la main lourde ces dernières heures à cause de quelqu’un. » continua de répondre Clari alors qu’elle l’obligeait à descendre les escaliers pour venir s’asseoir avec les autres. Là-bas, ce fut au tour de Salazar de lui demander :

« Est-ce que tu as une réponse à cette question ? Nous aimerions savoir où tu étais… »

« J’ai été tout simplement me balader en ville… Je suis fatigué de rester dans l’auberge… »

« Et tu penses sincèrement que c’est une bonne chose alors que nous sommes en Honoros ? Un territoire qui est en guerre avec Shunter ? »

« Oui… C’est une bonne idée… Car les citoyens ne sont guère réticents ou antipathiques par rapport à nous. J’ai put discuter avec certains d’entre eux… »

« C’est une tactique comme une autre… Réussir à attirer la sympathie des personnes autour de soi… Néanmoins… Tout sera terminé très bientôt… »

Co… Comment ça ? Il regarda avec étonnement Salazar, celui-ci ne s’étant toujours pas présenté sous sa capuche… Il alla l’interroger d’une voix lente :

« Vous voulez dire quoi par là ? Il y a quelque chose en préparation ? »

« Pendant que tu prenais l’air… Nous avons décidé qu’il était temps de terminer ce pour quoi nous avons été envoyé… Tout sera prévu pour demain soir… »

« D’a… D’accord… Donc nous allons devoir… tuer ? »

« Tu sembles surpris… Comme si tu ne t’y attendais pas ? »

« Non… Non… C’est bon… C’est bon… »

C’était bon… ou non… Brrr ! Il allait devoir tuer… Mais maintenant… Il jeta un regard à Clari, celle-ci ayant ses yeux complètement dénués d’émotion. Elle… C’était elle qui avait parlé de ça ? Ou alors Salazar ? Et les deux autres qui ne parlaient que rarement ! Oros ! Eliza ! Ils n’avaient rien à dire à ce sujet ?! C’était quand même important !


Mais non… Aucune réaction… Il serra les poings, se disant qu’avant demain… Il devait prévenir… Perrine… Il le ferait demain… Avant la soirée… Mais maintenant… Il devait se méfier d’eux… De tout le monde… Et tout le monde se méfiait de lui… Il n’était qu’un imbécile au final… Quelqu’un qui se causerait des ennuis par milliers.