Archives par mot-clé : Romans

Chapitre 24 : Perdition

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 24 : Perdition

« Ce truc… est vivant ?! » s’écria l’un des soldats, Tery lui répondant avec un peu d’ironie :

« Finement remarqué mais je pense surtout qu’il est bien plus intelligent que l’on ne le pense. Du moins… Cette impression avec son œil me met mal à l’aise. »

« On va voir déjà si il réagit à mes attaques ! »

L’une des rares femmes de son groupe avait prit la parole. Elle bandit son arc, pointant une flèche en direction du glumarx. La flèche se dirigea vers la créature, pénétrant dans son corps de gelée verte. Quelques secondes plus tard, elle disparue en intégralité alors que la femme poussait un grognement de dépit. Elle dit dans un soupir :

« Déjà, on sait très bien que les attaques à distance ne marchent pas ! »

« Merci bien… Mais est-ce que nos lames peuvent passer à travers son corps ? »

« Si on n’essaye pas, on ne sauras jamais ! J’y vais ! » répondit une voix masculine après Tery.

« NON ! Attend un peu ! Il ne nous a pas encore… »

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que déjà l’un de ses hommes s’élançait vers le glumarx, une épée longue à la main. La réaction de la créature fut rapide et brève : alors que l’homme s’avançait vers elle, elle ne bougea pas, la lame tranchant la gelée verte comme si de rien n’était. Et dès le moment où la lame s’extirpa, le glumarx bondit sur l’homme, le recouvrant entièrement alors que la terreur se lisait sur le visage du soldat.

« Il faut aller l’aider sinon… » bafouilla la femme qui avait tiré auparavant, Tery criant :

« C’est déjà trop tard ! Ca ne sert à rien ! Entourez le glumarx pour qu’il ne s’enfuie pas ! »

« Mais mais mais… Et… Qu’est-ce qu’on… » tenta-t-elle de dire.

« J’ai dit qu’on ne faisait rien ! Tu ne comprends pas ? Regarde ! »

Il s’énervait légèrement, non pas parce qu’ils n’écoutaient pas ses ordres mais parce qu’il avait les nerfs à vif. Il fallait le comprendre… Il voyait devant lui, l’un des membres de son groupe en train de se décomposer…Et c’était un spectacle vraiment répugnant à observer. Heureusement qu’il avait déjà eu cette vision, il y a quelques instants avec les cadavres car sinon, il n’était pas sûr que son estomac tienne le coup. Tout le monde s’était remis en place, le glumarx restant à nouveau parfaitement immobile, son œil vagabondant de haut en bas, de gauche à droite en observant les alentours et le groupe. L’un des hommes demanda :

« Et maintenant, lieutenant ? On ne peut pas rester comme ça, les bras croisés ! »

« Je réfléchis ! L’un de vous sait utiliser la magie du feu ? Il faudrait voir en lui envoyant une petite flamme en sa direction ! Ensuite, vous allez vous cacher derrière un arbre au cas où ! »

« Je m’en occupe, c’est mon domaine ! »

Ah ! C’était la femme avec son arc, enfin, celle qui lui avait demandé d’avoir un carquois. Elle prit l’une de ses flèches, des veines rouges apparaissant sur ses deux mains alors qu’elle bandait son arc. La flèche s’enflamma subitement alors qu’elle tirait sur le glumarx. Rapidement, Tery lui prit le bras, la traînant derrière un arbre à côté de lui alors que les autres personnes faisaient de même.

« Ca risque de produire une petite explosion ! » dit-elle pour expliquer son attaque.

« Parfait, c’est ce que je voulais. On va voir si il aime se faire dissiper ! »

La flèche enflammée se planta dans le corps gélatineux et vert du glumarx avant d’exploser en même temps que lui. L’œil tomba au sol alors que tout le reste était éparpillé sur les arbres et autres. Au contact avec l’écorce des arbres, celle-ci tomba alors qu’il prenait la parole :

« Je crois qu’on peut dire qu’on a accompli parfaitement la mission ! »

« Euh… Lieutenant, y a un souci. La gelée bouge encore. » murmura la femme à côté de lui.

« Hein ? Quoi ? Comment ça ? Elle bouge encore ? »

C’était quoi ce délire ? Heureusement qu’il restait poli mais Olin avait totalement raison ! Le glumarx était en train de se réunir à nouveau autour de l’œil. Quelques instants après, la créature était à nouveau elle-même mais l’œil était dirigé vers eux… et il ne semblait pas vraiment heureux. Ca pouvait se comprendre : qui aimerait se faire exploser ? L’œil se referma légèrement et il s’écria :

« Bon et bien, retour au plan de départ ! On doit trouver un moyen de l’abattre ! »

« Mais comment ? Même l’explosion ne lui a rien fait ! » répondit la femme archère.

« D’abord… Je vous conseille de courir ou d’esquiver ! » hurla un homme.

Pourquoi ça ? La réponse ne tarda pas. L’homme qui s’était adressé à tous se mit rapidement à genoux en se protégeant la tête. Quelques secondes plus tard, un pic vert traversa l’arbre, le fauchant avec facilité. L’homme roula sur le côté, tenant une masse faite de métal à la main alors que le tronc d’arbre tombait.

« Je crois qu’il n’a vraiment pas apprécié notre tentative pour l’abattre. » murmura Tery.

« Auparavant, il se serait enfui mais maintenant… Je pense qu’il veut nous tuer. »

« Bonne déduction ! Faites vraiment très attention ! On y retourne ! » dit-il après la femme.

« Faudrait peut-être d’abord me lâcher… lieutenant. » reprit l’archère avec neutralité.

Oups ! Il retira sa main du bras de la femme avec l’arc, se mettant à courir pour retourner à l’endroit où le glumarx restait sans se mouvoir. Il était maintenant sur ses gardes et il n’allait pas hésiter à attaquer. Peut-être qu’à partir de là, ils pourraient trouver son point faible mais lequel ? Il voulait éviter de nouvelles morts ! Déjà une, c’était beaucoup trop ! On parlait quand même de son groupe là ! C’était bien différent des autres groupes !

« Et bien mon grand, on en fait une tête ! »

« Lieutenant Tery, c’était drôle ça ! Il n’a même pas de tête ! »

« Héhéhé ! Merci Olin, bon on s’en occupe et on tente de l’éliminer. »

Plus facile à dire qu’à faire mais ils avaient la motivation. Du moins, lui et Olin semblaient être sur la même longueur d’ondes, chose qu’il n’avait pas ressentie depuis les jours heureux où il se trouvait avec l’Ombre. Il avait ses griffes aux mains, Olin son épée longue. Les autres avaient aussi leur propre arme. L’un d’entre eux avait même un maul. Il se demandait s’il venait réellement de son sac en cuir brun. JAMAIS il n’aurait pu porter une telle chose sur son dos. Bon, il devait rester concentré sur le glumarx et ne penser à rien d’autre !

« J’écoute toutes vos propositions pour trouver son point faible. » demanda-t-il.

« On pourrait le faire exploser à nouveau ? Et ensuite assécher les morceaux avant qu’ils ne se réunissent ? Mais quand même… Comment fait-il pour se rassembler ? »

« Et pourquoi ne pas viser son œil ? Il semble ne pas aimer qu’on tente de le toucher. »

« Son œil ? Mais oui ! Pourquoi on n’y a pas pensé ! Hey… Est-ce tu pourrais tenter de lui renvoyer une flèche mais en tentant de cibler son œil ? » répondit Tery après ces phrases.

« Je vais essayer mais je ne promet rien ! » murmura l’archère.

La femme banda à nouveau son arc après avoir sortie une flèche de son carquois. Cette fois-ci, la flèche ne s’enflamma pas. Le trait de bois quitta l’arc, se dirigeant pour s’enfoncer en plein dans le glumarx à l’endroit où l’œil se trouvait. Celui-ci remarqua rapidement le danger et se déplaça à toute vitesse à l’intérieur de la masse gélatineuse. La riposte ne tarda pas, un morceau de gélatine se tendant en direction de la femme, prenant la forme d’une pointe pour aller la transpercer. C’était la même technique utilisée pour tenter de les tuer derrière l’arbre ! Il n’avait pas le temps de crier de se mettre à l’abri ! C’était déjà trop tard ! Enfin… Il pensait ça mais l’un des hommes hurla :

« Ne t’approche pas de nous sale bête ! »

L’épée bâtarde qu’il avait dans ses deux mains venait trancher le trait gélatineux en son milieu, l’empêchant de continuer sa route pour atteindre la femme. Celle-ci était tombée en arrière après l’aide de l’homme. Elle… Elle avait failli y passer sur ce coup ! Elle devait le remercier mais trois pieux de gélatine verte venaient se planter dans le torse de l’homme à l’épée bâtarde, celui-ci poussant un cri en crachant du sang. Le corps fut soulevé, l’homme étant pris de soubresauts avant d’être projeté contre un arbre, un craquement sinistre résonnant au moment même où le cou rencontrait l’écorce. Il… Il… venait de perdre un second membre ? Il tourna son visage au moment où un autre homme hurlait :

« SALOPARD ! JE VAIS TE CREVER ! »

« Non arrête ça ! ARRÊTE ! Ne fais pas… » commença à dire Tery.

Mais l’homme ne l’écoutait pas. C’était celui avec le maul. Tery cria à tous de reculer et de s’éloigner le plus vite possible de cet endroit avant qu’il ne soit trop tard. La femme à l’arc s’était relevée avec difficultés, Olin la soulevant pour la tirer vers lui. Le maul s’abaissa dans le glumarx, le faisant exploser une nouvelle fois sauf qu’une bonne partie de la gélatine verte vint percuter l’homme et son arme. Lentement, sa peau s’était mise à fondre, le rendant de plus en plus difforme au fur et à mesure des secondes qui passaient. Eux ? Ils avaient réussi à avoir le temps de se cacher à nouveau derrière des arbres. Trois… Ils étaient déjà trois à être morts ! C’était beaucoup trop à ses yeux ! Il devait arrêter tout ça !

Déjà, le Glumarx se réunissait à nouveau, les particules de gelée verte allant englober le troisième cadavre et son corps. C’était affreux… tout simplement affreux. Il devait faire quelque chose mais quoi ? Viser l’œil ? Ce n’était pas une mauvaise idée. NON ! Il en était sûr même ! C’était la meilleure idée possible ! Mais comment ? Le moral des autres et le sien étaient au plus bas. Ils n’avaient déjà plus l’envie de se battre. Ils avaient été envoyés à l’abattoir, c’était ça ? La maréchale Nali était parfaitement au courant de tout ça ! Il ne devait pas se mettre en colère mais… mais il…

« Lieutenant Tery… Si vous le voulez, je peux vous servir de barrage. » murmura Olin.

« Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes Olin ? Tu ne vas pas te sacrifier ! On a déjà assez de morts comme ça, ce n’est pas pour en rajouter ! »

« Oui mais… Je me disais que peut-être, je pourrais créer des petites barrières d’eau… Ca permettrait de nous protéger des jets de gélatine. » tenta de s’expliquer l’imposant homme.

Des barrières d’eau ? C’était donc un manieur d’eau ? En y pensant, ça ne pouvait pas être une mauvaise idée en fin de compte ! Maintenant, il fallait quand même réussir à éliminer le glumarx ! S’en protéger était une chose, le tuer en était une autre. Mais avant, il devait répondre à Olin, chose qu’il fit :

« Bon… On accepte ton idée mais ne prend pas de risque inconsidéré. On a très bien vu le résultat avec… enfin… Je ne connaissais pas tous les noms. Bref… Fini de parler ! On le termine et dites vous que ce n’est qu’un mauvais moment à passer, un très mauvais moment. On est tous dans le même bateau là… »

Il avait un peu de démotivation dans la voix, signe qu’il n’y croyait pas vraiment lui non plus. Mais… Mais… Il devait remonter le moral des autres, pas le sien ! Lui… Peut-être qu’il devait penser à l’Ombre ? Se dire qu’un jour, il allait la retrouver et lui montrer ses progrès ? Son avancée dans l’armée, tout ça ! Il… voulait qu’elle soit fière de lui ?

« Mais quel idiot, je suis ! » s’écria-t-il à voix haute.

« De quoi vous parlez, lieutenant Tery ? » demanda Olin, un peu étonné.

Il ne devait pas penser à CA maintenant ! Elle était morte pour lui, MORTE ! Elle avait essayé de le tuer, elle ne l’avait pas fait, la prochaine fois, il y avait de fortes chances qu’ils soient ennemis ! Combattre l’Ombre ? Ah ! C’était une idée intéressante s’il arrivait à être à sa hauteur… Chose peu crédible à son goût. Il ne se sentait pas le cœur à se battre… mais à survivre maintenant ! Il devait utiliser la magie ? Il avait ses gants donc pas d’inquiétude à avoir à ce sujet. Mais après… Est-ce que sa magie allait être suffisante ? Il fallait plusieurs années d’entraînement avant qu’il ne retrouve un rythme acceptable et ça… C’était par contre loin d’être gagné ! Ils étaient sept… L’un tenait une épée longue, une avait un arc, lui avait ses griffes, et les quatre autres personnes encore en vie ? La seconde femme tenait un petit maillet dans sa main droite, les trois autres hommes tenant chacun une hache de différente taille, l’une étant même soulevée à deux mains. Il comprenait pourquoi ils avaient évités de trop se précipiter sur le glumarx. Ils échouaient… et ils étaient morts. Ils réussissaient… et le corps était déchiqueté en deux ! Enfin… Faire exploser la créature était trop dangereux. S’ils pouvaient la trancher en plusieurs parties, laissant l’œil tout seul, alors après… Ils arrivaient à atteindre l’œil et à l’éliminer !

« Lieutenant, on a plus rien à perdre, non ? » dit l’une des hommes armés d’une hache.

« Hein ? Qu’est-ce que tu me racontes par là ? » demanda Tery en le regardant.

« Je veux dire… Même si on tente de s’enfuir, on se fera tués par cette chose. »

« C’est pas une raison pour penser comme ça ! On va s’en sortir ! »

« Je ne dis pas le contraire mais… Puisqu’on doit tout donner… Autant utiliser la magie dans ce cas précis ! Venez m’aider mes frères ! » s’écria le même homme.

Les trois hommes portant des haches étaient frères ? Mais… Ils étaient là depuis quand ? Ils avaient au moins la trentaine d’années chacun ! Leurs bras s’étaient mis à laisser apparaître des veines vertes, un vent commençant à se soulever alors qu’ils hurlaient les uns après les autres, chacun soulevant sa hache :

« Notre puissance est le vent ! Nous sommes issus de ce dernier ! »

« Que tous craignent la colère de la tempête ! »

« Notre souffle s’abattra sur nos ennemis ! »

L’homme tenant la hache à deux mains alla l’abattre en plein milieu du glumarx, l’œil de ce dernier bougeant pour aller dans un des deux morceaux de gelée verte. Celle qui ne contenait pas l’œil s’était mise à réagir pour tenter de tuer l’homme mais un petit mur d’eau se forma, sortant du sol pour faire obstacle à la gelée. Olin… Olin s’y mettait aussi ! Ils devaient travailler en équipe s’ils voulaient réussir à battre ce monstre ! Le second homme, tenant deux petites haches dans ses mains coupa en plusieurs parties le glumarx, l’espace libre où l’œil pouvait se déplacer se réduisant de plus en plus. Enfin le troisième homme tenait une hache de guerre, le bout étant pointu pour frapper en estoc si nécessaire. Le dernier coup fit sortir complètement l’œil du glumarx d’en-dehors de sa gelée protectrice, Olin commençant à transpirer à grandes gouttes avec tout ce qu’il accomplissait pour tous les protéger.

« Lieutenant Tery ! Tuez-le vite ! Je… Je… » murmura-t-il avec faiblesse.

« Pas besoin d’en dire plus ! Tu peux viser avec ton arc au cas où je rate ? »

Tery s’était tourné vers la femme qui tenait l’arme en bois, celle-ci sortant l’une de ses flèches tandis qu’il courait vers l’œil qui… était capable de léviter ? Il se trouvait à un mètre au-dessus du sol, commençant à s’enfuir en sachant que tout tournait très mal pour lui. Le jeune homme aux cheveux bruns s’était mis à sa poursuite, ses deux griffes ripant l’une contre l’autre. Il n’avait même pas besoin d’utiliser sa magie ! Quel imbécile ! Il oubliait que les autres étaient plus doués que lui en magie ! A lui de donner le coup de grâce même si au final, il n’avait pas servi à grand-chose ! Il n’avait pas à avoir honte ! Les trois longues lames de sa griffe droite se plantèrent dans le dos de l’œil, celui-ci s’immobilisant dans les airs comme paralysé. De longues secondes passèrent alors que l’un des hommes s’écriait :

« REGARDEZ ! C’est en train de fondre ! Ca disparaît ! »

« La gelée verte fume… Il se passe quoi là ?! » dit l’archère.

Visiblement, l’heure des surprises n’était pas prête d’être terminée. Tout ce qui composait le glumarx était en train de fondre comme neige au soleil. Lui ? Il gardait toujours l’œil au bout de ses griffes. Ils venaient… de réussir à battre le glumarx. Il était mort ! Ce monstre était mort ! Il était pris d’un rire incontrôlé, rapidement suivant par Olin bien que les autres personnes restaient plus sobres dans leurs réactions.

« Même si l’œil est traversé… Je pense que l’on doit le garder avec nous… » finit-il par dire.

« C’est la preuve que le glumarx n’est plus qu’un mauvais souvenir. » chuchota l’archère.

« Lieutenant Tery, héhéhé… Je dois le prendre dans mon sac ? » demanda Olin.

Pfiou… Il devait se calmer, reprendre son souffle et son calme. Le mettre dans le sac ? Il approcha la griffe au bout de laquelle l’œil se trouvait, émettant un petit rictus de dégoût en voyant le liquide qui s’en écoulait. Il alla dire d’une voix un peu plus sereine :

« Il vaudrait mieux que l’on le garde avec nous… dans nos mains… Cet œil ne semble pas être fait de la même matière que la gelée sinon… mes griffes auraient fondue. »

« Je ne touche pas à cette chose ! C’est répugnant ! » s’écria l’archère.

« Pareil pour moi, j’ai eu ma dose d’émotions ! » répondit la seconde femme.

« Je vous jure, ces femmes. Bon… Je le prends, c’est bon ! »

L’homme qui tenait une hache à deux mains la positionna dans son dos pour la porter correctement. Il s’approcha de Tery, tendant ses deux mains gantées de cuir vers lui. Le jeune homme déposa l’œil du glumarx dans les mains de l’homme, lui demandant par là son prénom en même temps. Celui-ci lui répondit qu’il s’appelait Lars et que ses frères s’appelaient Malam et Verk. Eux, il ne risquait pas de les oublier !

« Bon… Je crois qu’on peut dire que la mission est accomplie. » signala Tery.

« Qu’est-ce que l’on fait… pour les autres ? » demanda Malam.

« Ils sont… morts… Et il n’y a même pas de restes de leurs corps… On ne peut pas les emmener avec nous sinon… J’aurais bien accepté qu’on prenne leurs cadavres pour leur donner un enterrement décent. »

Il avait dit ça comme si ça paraissait évident, toutes les têtes se tournant vers lui à ce moment. Les deux femmes murmuraient entre elles alors que les trois hommes émettaient un petit sourire. Olin s’approchait de lui, tapotant une fois son dos. Qu’est-ce qui se passait ? Il ne voyait pas ce qu’il avait dit de mal. Il murmura faiblement :

« Bon… On se dépêche et on quitte la forêt ? Je préfère ne pas traîner plus longtemps ici. »

« Je suis d’accord. On en a assez faits… Dire qu’on a réussi à le battre… » dit l’archère.

« C’est à peine croyable ! La maréchale sera contente ! » s’écria Verk.

Et lui donc ! Il allait enfin en savoir plus sur ses fameuses lignes noires qu’il possédait ! Le groupe réduit de trois personnes s’était remis en route, marchant dans la forêt pendant de longues minutes. L’euphorie était légèrement visible sur leurs visages : oui, ils étaient tristes d’avoir perdus quelques compagnons mais ils étaient heureux d’être en vie !

Après une bonne quinzaine de minutes, ils arrivèrent à la sortie de la forêt, l’une des deux femmes regardant autour d’elle pour voir où ils étaient par rapport à Midès. Elle signala qu’ils étaient sortis par le côté ouest de la forêt se situant au sud de Midès. Quoi de mieux que de devoir faire un détour pour retourner devant l’entrée Sud de Midès ? Le groupe marcha à nouveau pendant quelques minutes, suivant le chemin jusqu’à ce qu’une voix railleuse se fasse entendre, leur demandant de s’arrêter. Un groupe… Un groupe sortait des bois, armes en main. Rapidement, Tery remarqua qu’il était composé que de nobles, ces foutus aristocrates qui se prenaient trop au sérieux. L’un d’entre eux prit la parole :

« Je vous l’avais dit ! Ces gueux font le travail pour nous et nous récupérons les lauriers. »

« On va pas tourner autour du pot : Qu’est-ce que vous nous voulez ? » demanda Tery.

« C’est fort simple : Donnez nous l’œil du glumarx et nous vous laissons en vie. »

C’était donc une menace et un vol ? De quoi aggraver leurs cas si la maréchale Nali ou toute personne hiérarchiquement bien placée était mise au courant. Néanmoins… Ils étaient trop fatigués pour se battre et surtout… L’autre groupe était plus nombreux. Il jeta au regard à ses membres, cherchant leurs réponses muettes dans leurs yeux.

« Vous toucherez pas à notre œil ! C’est le lieutenant Tery et nous qui avons réussi à battre le glumarx ! Pas vous ! Vous n’avez rien fait ! » s’écria Olin, l’homme lui répondant :

« Tiens… La grande perche s’est exprimée ? Nous devons donc vous éliminer ? »

Et voilà ! Il n’avait même pas le temps de souffler avec ses compagnons que les ennuis lui retombaient dessus. Olin avait bien parlé mais tous étaient fatigués, tous sauf lui. Il n’avait pas utilisé sa magie mais en ce qui concerne son état physique, il était épuisé. Au final, les choix n’étaient pas si grands que ça : ils allaient devoir donner cet œil durement gagné à cette bande de nobles sans scrupules. Tout ça pour rien…

Chapitre 23 : Glumarx

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 23 : Glumarx

Un cri d’agonie et voilà que deux griffes se plantaient dans la gorge d’un Gnomold solitaire, un Gnomold bien stupide pour s’être cru capable de venir tuer un groupe de dix personnes à lui seul. Tery poussa un léger soupir alors qu’un homme lui demandait :

« Et ça ne fait même pas cinq minutes que nous sommes rentrés dans la forêt ! Par contre, lieutenant, pourquoi vous n’avez pas utilisé la magie ? »

« Pourquoi faire ? Si on peut terrasser un Gnomold sans la magie, alors il faut le faire. La magie nous épuise et puisque nous ne savons pas à quoi ressemble un Glumarx, il vaut donc mieux éviter de se fatiguer inutilement. » dit-il directement.

« C’est pas bête comme réflexion ! » répondit le soldat en hochant la tête.

C’était pour ça qu’il s’entraînait… pour ne plus paraître bête. Il eut un petit rire, faisant un geste de ses griffes pour retirer le sang ruisselant dessus et le projeter sur le sol. Il se tourna vers une femme qui devait avoir vingt-cinq voir trente ans grand maximum. Elle avait une petite hache dans sa main droite et il alla lui dire :

« Est-ce que tu pourrais couper ses deux pattes ? »

« Hein ? Mais pour… Ah oui, c’est une bonne idée. » murmura la femme.

« Est-ce que quelqu’un a un sac avec lui ou je ne sais quoi qui pourrait récupérer les deux pattes et les mettre à l’intérieur ? »

« Y a la maréchale qui m’a filé un sac, ouep ! Elle m’a dit que ça nous servirait à mettre la preuve comme quoi le Glumarx est mort. »

Il se tourna vers la personne qui venait de lui adresser la parole. Un grand gaillard aux cheveux noirs et qui devait bien mesurer dans les un mètre quatre-vingt dix. Il devait avoir deux ou trois années de plus que lui et dans ses yeux bruns, on ne pouvait pas dire que l’on apercevait de l’intelligence. Il désigna un sac en cuir qu’il tenait sur son épaule gauche, sa main droite étant occupée par une épée longue.

« Et bien, tu veux bien ouvrir ton sac ? » demanda Tery calmement.

« Aucun souci, lieutenant ! C’est comme vous le voulez ! »

Il déposa le sac au sol, l’ouvrant d’une main alors que Tery se mettait à observer la femme pour voir où elle en était dans son découpage de main. C’était du travail assez barbare mais c’était toujours mieux que lui lorsqu’il avait utilisé les masses des gnomolds pour séparer les mains du reste du corps. Quelques instants plus tard, les deux pattes furent jetées dans le sac, l’homme aux cheveux bruns le récupérant en signalant qu’ils pouvaient repartir quand le lieutenant le voudrait. Tery hocha la tête une première fois, prenant la parole :

« Maintenant que l’on sait qu’ils nous attendent à chaque coin derrière un arbre, on se méfie et on reste sur nos gardes. On devrait éviter de se faire blesser par ces Gnomolds. Si vous en repérez un, on évite de le tuer et on l’ignore sauf si il se montre agressif. »

« Ce n’est pas forcément une bonne idée, lieutenant Tery. Si on le laisse partir, peut-être qu’il ira prévenir ses comparses et ils nous tendront un piège quelques mètres plus loin. »

« Ou alors, il tombera tout simplement sur un autre groupe et il se fera tué. Nous sommes très nombreux aujourd’hui, il n’y a pas à s’inquiéter à ce sujet. »

Il eut un grand rire alors qu’il demandait à tous de se remettre en route pour trouver le Glumarx. Le fait d’entendre le mot lieutenant de la bouche des membres de son groupe, et cela sans ironie, lui faisait plus que plaisir. En considérant aussi qu’ils semblaient être assez efficaces et capables de se battre, il n’avait rien à craindre. Le Glumarx serait de l’histoire ancienne dès qu’ils le trouveraient.

Pendant une quinzaine de minutes où ils entendirent de nombreux bruits de pas autour d’eux qui s’éloignaient, le groupe continuait d’avancer, chacun y allant de son petit mot pour essayer de rendre l’atmosphère moins pesante. Tery n’était pas très doué pour faire rire et il le remarqua à ce moment. Contrairement à l’Ombre, les autres n’étaient pas vraiment du genre à apprécier les petites blagues. En y réfléchissant bien, jamais il n’avait dit de blague à l’être encapuchonné et pourtant… Il semblait aimer rire.

« AHHHHHH ! AU SECOURS ! AU SECOURS ! AU… » hurla une voix.

« D’où ?! D’où venaient ces cris ?! » cria l’un des hommes du groupe.

Chacun se mit sur le qui-vive, tournant son visage aux alentours pour voir d’où sortaient ces cris affreux. L’un de ces compagnons lui désigna un endroit du doigt et il s’était mis à trembler. Il tenta de se contrôler et de donner une contenance. D’une voix un peu tremblante, il prit la parole, cherchant ses mots :

« Allons… Allons-y ! Ils ont besoin de nous ! »

Il s’était mis à courir sans se retourner, ne cherchant pas à s’arrêter. Il savait que s’il s’arrêtait, alors il perdait son courage qui animait ses jambes. Il devait continuer ! Il devait… Il devait quoi… Il se retrouva au beau milieu d’une clairière, son groupe arrivant derrière lui. Poussant un léger soupir, il demanda :

« C’est bien d’ici que provenaient les cris ? »

« J’ai une bonne ouïe et pour moi, c’est le cas. Mais… » répondit l’un des hommes.

« Il n’y a personne. Que tout le monde commence à chercher des indices ! Ils ne doivent pas être très loin ! Je me demande si le Glumarx… » s’arrêta de dire Tery.

Il valait mieux éviter d’y penser maintenant. Le groupe se sépara, chacun partant de son côté pour trouver un morceau de tissu, un corps ou quoi que ce soit qui permette d’identifier qu’il y avait bien eu des humains ici. Dans son cas, il essayait de ne pas avoir trop peur. Il se demandait s’il allait trouver un cadavre et si c’était le cas… Quelle serait sa réaction ? Rapidement, de la sueur s’écoula de son front alors qu’il se mettait à haleter. Ne plus penser à ça… Il devait arrêter de penser à tout ça ! C’était du passé : il n’allait pas se retrouver nez à nez avec un corps ruisselant de sang ! C’était complètement stupide de raisonner comme ça ! Il quitta la clairière, faisant attention où il mettait les pieds. Il se prit une branche au niveau du visage, gémissant de douleur.


D’autres cris se firent entendre et il était maintenant séparé du reste du groupe. D’après ce qu’il avait put… cerner, ce n’était pas l’un des membres de son groupe mais ça venait du nord de sa position ! Il devait… Il devait prendre son courage à deux mains ! Il s’était mis à courir le plus vite possible, se dirigeant vers l’endroit d’où provenait le cri. Moins d’une minute plus tard, il se retrouvait dans une zone à moitié entre la clairière et les bois.

« Il y a quelqu’un ?! Hého ! Quelqu’un m’entend ?! »

Aucune réponse, il aurait du s’en douter… sauf un bruit saugrenu comme si des bulles éclataient autour de lui. Il positionna correctement ses deux griffes, ripant l’une contre l’autre pour prévenir la personne ou la chose qu’il était prêt à se défendre ! Le bruit s’éloigna alors qu’il restait parfaitement immobile puis finalement… Plus rien…

« Lieutenant Tery ! Lieutenant Tery ! Où est-ce que vous êtes ? AHHH ! »

Il se tourna subitement, voyant l’homme aux cheveux noirs qui arrivait… et qui glissait au sol, tombant majestueusement dans l’herbe en poussant une plainte. Comment il avait fait pour arriver à ça ? Un examen minutieux lui montra qu’il venait de glisser dans une… bave et du sang ? Tery alla lui dire d’une voix troublée :

« Tu ferais bien mieux de te relever. Il y a … »

« Hééééé ! C’est quoi ce truc ?! C’est gluant ! » s’écria l’homme avec surprise.

« On ne sait pas ce que c’est alors dépêches toi ! Et les autres ? Ils sont… Ils sont où ? »

« Mais moi, je sais pas ! Et puis bon… »

L’homme aux cheveux noirs se redressa, observant quelques instants le sang puis la bave avant de jeter un coup d’œil à son sac pour voir s’il n’avait rien perdu. Heureusement, ce n’était pas le cas et il poussa un petit soupir de soulagement alors que Tery lui demandait :

« Au fait, je me disais… C’est quoi encore ton nom ? »

« Olin pour vous servir lieutenant, je suis un nouveau soldat qui s’est inscrit à l’armée de Midès y a deux semaines ! On m’a dit que c’était le métier qui me conviendrait le mieux ! »

« Je n’en doute pas un seul instant. Bon maintenant… Commençons à trouver des indices car là… Nous sommes plutôt mal partis. » murmura Tery calmement.

Autant dire la vérité : ils n’avaient aucune information, ils entendaient des cris, bref que des choses peu réjouissantes. Si on remarquait aussi les traces de sang et de bave, on pouvait se faire une idée : la créature avait vraiment faim, très faim… et il y avait des chances que suivre les traces de bave mènerait à l’endroit où elle se trouvait. Ou non ?

« Qu’est-ce qu’on fait, lieutenant Tery ? On va chercher les autres ? »

« C’est la seule piste que nous avons pour le Glumarx. On ne doit pas la perdre ! Je vais continuer de ce côté, toi tu vas voir où sont les autres et tu leur dis qu’on vient sûrement d’avoir des morts en plus sur le dos. »

« Comme vous le voulez ! Faites attention, lieutenant ! »

Il observa Olin qui partait de son côté alors que lui-même se dirigeait en suivant les traces de bave et de sang. Peu à peu, il recommençait à entendre les bruits singuliers de la créature. Il en était sûr, c’était le Glumarx ! Il s’arrêta subitement alors que des voix parlaient entre elles, des tremblements se faisant ressentir :

« C’était quoi ces cris, chef ? Je je… »

« La ferme et continue d’avancer ! Tu restes devant les autres ! »

« Mais je ne veux pas être un éclaireur ! On m’a raconté que tous ceux qui voyaient un Glumarx n’en revenaient jamais vivants ! »

« On sera le contre-exemple. Avance ou je me sens forcé de te botter les fesses si tu continues à geindre comme un gamin ! »

« ATTENTION CHEF ! UNE BANDE DE GNOMOLDS ! »

Des cris ressemblant à ceux des animaux, des lames qui s’entrechoquent, il évitait maintenant de s’avancer alors qu’il écoutait les différentes voix. Il n’osait pas bouger, il ne devait pas aider les autres groupes, seulement le sien ! Plusieurs minutes s’écoulèrent où il entendit des ordres hurlés par celui qui semblait être le lieutenant ou sous-lieutenant de son groupe tandis que des rires les accompagnaient, des rires à moitié animale.

Enfin, après une quinzaine de minutes, il n’y eu plus aucun bruit et il ne savait pas qui avait gagné : les Gnomolds ? Ou alors le groupe de soldats ? Il ne se considérait pas lâche pour autant ! C’était ça : si un groupe disparaissait, cela faisait un rival en moins. Il devait ramener une preuve comme quoi il avait tué le Glumarx, pas laisser les autres !

« Qu’est-ce que… »

Il s’arrêta subitement de parler, entendant à nouveau les bruits étranges d’il y a quelques minutes. Maintenant, il en était sûr, le Glumarx était là ! Mais pourquoi en ce moment et pas pendant le combat ? Est-ce qu’il avait peur de la foule ? Du combat ? C’était peut-être une créature qui préférait voler les cadavres. Il allait en avoir le cœur net ! Il s’avança à pas de loup vers la direction d’où provenait le bruit. Après quelques secondes, il arriva devant un spectacle affligeant… puisqu’il n’y en avait pas ! Il n’y avait aucune trace de cadavres ! Aucun corps n’était présent ! Il n’y avait que des traces de sang et de bave. Il entendait le bruit qui s’éloignait mais il en était sûr cette fois-ci : le Glumarx était passé par là et il… avalait les cadavres. Il n’y avait pas d’autres réponses à ce qu’il voyait !


Il devait prévenir les autres… ah mais non ! Olin s’en occupait déjà mais alors qu’est-ce qu’il devait faire ? Si cette créature était nécrophage, alors il n’avait pas à s’inquiéter mais… En un sens, cela restait quand même terrifiant de se dire qu’elle était aussi efficace pour faire disparaître les corps. Il valait mieux ne pas la combattre seul et il comprenait maintenant pourquoi la maréchale Nali préférait envoyer une grosse troupe rien que pour cette créature. Déjà avec les Gnomolds mais si en plus, il y avait cette… chose alors les soucis allaient s’accumuler les uns sur les autres.

« Lieutenant Tery ! Lieutenant Tery, vous êtes où ? » cria la voix d’Olin.

« Non mais tais-toi un peu imbécile ! Tu veux nous faire repérer par les Gnomolds ?! »

« Mais le lieutenant m’a dit que… » reprit Olin.

« Ce que le lieutenant a dit, on s’en fout royalement ! » dit à voix haute un homme.

« Mais non ! Le lieutenant m’a dit de tous nous réunir ! »

« Et où est-il ? Pfff… Ce n’est qu’un gamin en plus ! » termina de dire une voix féminine.

Et bien… C’était très joli ce qu’il entendait sur lui. Enfin, il aurait du s’y attendre. Il se dirigea vers l’endroit d’où provenaient les voix, passant quelques secondes à marcher sur les feuilles et les branches cassées. Il observa son groupe dirigé par Olin, remarquant que celui-ci était bien plus qu’impressionnant. Malgré le fait qu’il était l’un des plus jeunes, il arrivait à se faire respecter. Il fallait dire qu’il avait les muscles et la taille qui aidaient à ça.

« Pardon, pardon, pardon. Je suis là. Je vous ai enfin retrouvés. » s’écria Tery.

Il se présenta à son groupe, Olin le désignant du doigt avec un grand sourire tandis que les autres n’étaient pas forcément ravis de le voir. Enfin, qu’importe leurs réactions, ils avaient une mission à accomplir et il devait leur parler à ce sujet. Il toussota légèrement :

« Bon… Maintenant, que nous sommes tous réunis, on peut repartir à la chasse au Glumarx. »

« Lieutenant, vous avez trouvé des informations ? Ou vous l’avez trouvé ? »

« Je n’ai pas réussi à suivre sa piste correctement MAIS… »

Mais… Il leur expliquait ce qu’il avait réuni comme informations : ainsi, le Glumarx s’emmenait à chaque fois qu’un combat se terminait et surtout… Il dévorait les cadavres. La seconde information n’était pas très importante et autre point intéressant : il ne savait pas à quoi il ressemblait. Enfin, il reprit la parole :

« Donc l’idée que l’on va mettre en place, c’est tout simplement de trouver une scène de combat. On les laisse se battre et… »

« Ce n’est pas un acte un peu lâche ? » osa dire l’un des hommes.

« Où ça ? S’ils savent se débrouiller, c’est tant mieux pour eux. Enfin… Tout ce qu’il faut, c’est un cadavre ou plusieurs cadavres. Après, on s’éloigne de quelques mètres de ces derniers et on attend. Ca sera comme un appât. »

« Ca pourrait marcher mais bon… Je ne suis pas d’accord avec vos méthodes. Mais comme vous êtes le lieutenant, je n’ai pas à discuter vos ordres. » répondit le même homme.

« Alors c’est parfait ! On se met en route ! » termina d’annoncer Tery.

Il reprit le commandement de sa troupe, remarquant qu’il ne manquait personne, chose qui l’étonna puisqu’ils avaient été séparés pendant un bon nombre de minutes. Pourquoi son acte serait-il lâche ? Il ne faisait qu’utiliser le décor et les évènements extérieurs à son profit, ce n’était pas de la lâcheté mais de l’ingéniosité. Enfin, il n’avait pas à trop se questionner à ce sujet : ils devaient trouver le Glumarx dès que possible.

Une bonne quinzaine de minutes passèrent jusqu’à ce que des bruits résonnent aux oreilles de la troupe. Instinctivement, il leva la main en l’air, se tournant vers les autres membres. Murmurant doucement, il leur dit :

« On avance… Et on ne fait pas un bruit, d’accord ? »

« Ok, lieutenant. J’ai bien compris le message. »

Olin lui répondait et il ne savait pas s’il devait sourire ou pleurer. Il n’était pas particulièrement stupide, de son point de vue, mais s’il lui demandait de ne pas parler, c’était pour une bonne raison. Enfin, qu’importe, il n’allait pas lui répondre maintenant. Plusieurs gestes de la main et il indiquait aux autres de le suivre. Ils arrivèrent à une scène de bataille entre un groupe de six Gnomolds et trois personnes… qui ne semblaient pas être de l’armée. Rapidement, les Gnomolds prirent le dessus, perdant l’un de leurs membres alors que les autres se mettaient à fouiller les cadavres. Ils s’exclamèrent les uns après les autres :

« On se dépêche ! On se dépêche ! »

« Elle va se ramener ! Elle est attirée par le sang ! On se dépêche ! » cria l’un d’entre eux.

« Prenez les armes ! On se dépêche ! » s’exclama un troisième avant de voler les cadavres.

« Je prend les bourses ! On se dépêche ! On se dépêche ! »

Celui qui ne s’était pas exprimé semblait être le chef de la petite troupe. Sans même sourciller, il abandonna le cadavre de son compagnon à côté des trois humains avant d’annoncer au reste de la troupe qu’ils devaient partir le plus vite possible. Quelques instants plus tard, ils avaient disparus et nul ne faisait de bruit bien que tout le monde restait immobile.

« Ca arrive… Je suis sûr que ça arrive… Entendez ce bruit… »

« J’entend rien moi… Tu es sûr que… C’est quoi ? »

Celui qui venait de lui répondre s’était tue alors qu’il tendait l’oreille. Les autres firent la même chose alors que Tery gardait ses yeux verts posés sur les quatre cadavres. Enfin… Il sentait que la créature se présentait à eux. Enfin… Les arbres à droite des cadavres étaient pris de tremblements alors qu’il entendait Olin s’exprimer :

« Mais c’est quoi cette chose ? C’est… C’est… »

« Un Glumarx. Je crois qu’on a trouvée notre cible. » murmura le jeune homme.

Et quelle cible… Il fallait se l’avouer : Il n’avait jamais pensé à une telle créature. Comment la définir ? Verte ? Ah … Ca, ce n’était pas difficile à remarquer. Mais après ? Comment le représenter ? Visqueuse ? C’était peut-être le bon mot. Cette créature ressemblait à une gelée verte et difforme qui mesurait dans un mètre de hauteur. A l’intérieur de la gelée, une sphère blanche de dix centimètres de diamètre bougeait, comme si elle était vivante. Tery chuchota pour lui mais à voix basse :

« C’est donc ça, un Glumarx ? Mais ça n’a même pas de tête. Comment est-ce que l’on est sensé affronter un tel monstre ? Qui n’a même pas réellement de forme. »

Il se demandait d’où venait alors cette référence et cette citation car bon… Le Glumarx n’avait même pas de tête ! Enfin bon, l’heure n’était pas aux remarques et il continua avec son groupe d’étudier ce que la créature allait faire. Celle-ci se dirigeait vers les quatre cadavres, s’immobilisant alors qu’elle s’en rapprochait de celui du gnomold. Subitement, elle se leva en partie, venant recouvrir complètement le cadavre du gnomold avant que des bruits de succions se fassent entendre… et qu’un spectacle peu ragoûtant se fasse voir.

« Hé… Hé… Je… Je ne rêve pas ou… » commença à murmurer Tery.

« J’aurais pas du manger ce matin… Je me sens mal… » dit l’un des soldats, mettant une main sur sa bouche alors que les autres évitaient de prendre la parole. C’était tout simplement horrible et pourtant … Pourtant …

Il n’avait pas vraiment de mots pour exprimer le dégoût en observant ça. Le cadavre du Gnomold était en train de se liquéfier et de se décomposer, sa peau et ses poils disparaissant dans le glumarx, laissant apparaître la peau à vif avant que celle-ci ne se déchire. Sous la peau… Les muscles… Sous les muscles… Les os… Tout était en train de fondre comme neige au soleil à l’intérieur du corps du Glumarx.

« Qu’est-ce qu’on fait ? On l’attaque maintenant ? » osa demander Olin.

« Laissons le terminer… son repas. » répondit Tery, cherchant à garder son calme.

« Son repas… Je n’irais pas m’en prendre une part. » dit un soldat faiblement.

« Ensuite, dès qu’il a terminé, on l’entoure et après… » reprit le jeune homme.

« On fait quoi ? On saute sur lui ? » demanda à nouveau Olin.

Il valait mieux éviter… En y réfléchissant bien, s’il était capable d’engloutir des corps entiers, il était même conseillé de ne pas le toucher mais alors quoi faire ? Ils devaient rapidement trouver un moyen de combattre cette créature. Le glumarx en avait déjà terminé avec trois cadavres et il se demandait même si son appétit n’était jamais rassasié. Et au passage… C’était lui ou alors le glumarx prenait un peu de volume à chaque fois ? Peu en hauteur mais surtout en épaisseur. Le dernier corps fut englouti et il fit un grand geste de la main pour signaler qu’il était temps de passer à l’action. Poussant un cri, accompagné par son groupe, il entoura rapidement le glumarx, celui-ci terminant son repas avant de s’immobiliser. La sphère blanche vola de gauche à droite à l’intérieur de la gelée verte puis s’arrêta subitement en se tournant vers Tery. Un œil… C’était un œil qui l’observait.

Chapitre 22 : Une mission pour tous

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 22 : Une mission pour tous

Trois semaines s’étaient écoulées… Trois longues semaines où il avait décidé de faire de son mieux, chose bien plus difficile qu’il n’y paraissait. Lorsqu’il était revenu, lorsque les autres l’avaient vu, ils avaient préféré ne rien dire mais il voyait dans leurs regards moqueurs qu’il était plus bas que terre pour eux. Le comble pour un lieutenant par rapport à ses soldats, non ? Et encore, ça ne s’arrêtait pas à ça.

Il suivait parfaitement les entraînements comme les autres et en ce qui concernait l’art du combat, et bien, il fallait l’avouer : il se débrouillait pas mal du tout. Contrairement à ce que les soldats pensaient, il arrivait facilement à se hisser parmi les meilleurs de la troupe, chose qui était quand même importante puisqu’il était leur supérieur. Donc en ce qui concernait le combat, en plus d’avoir un style assez particulier avec ses deux griffes, il était donc un combattant assez doué dans l’ensemble.
Par contre au niveau de la magie… Il valait mieux en rire qu’en pleurer. Il était des plus pitoyables et risibles comparé aux autres. Même un débutant aurait mieux fait ! Heureusement que l’autre lieutenant, Alfan Ronar, était là pour gérer le groupe de magie car lui à côté, il faisait pâle figure. En fait, par sa faute, la première semaine, ils avaient été obligés de réunir les deux groupes car il devait s’entraîner à la magie.
Du côté de la maréchale Nali, celle-ci expliqua qu’elle avait bon nombre de choses à faire et elle était partie pendant environ dix jours. Lorsqu’elle était revenue, elle annonça qu’elle prenait le commandement du groupe pour éviter de nombreuses disputes. Heureusement qu’elle était là car il fallait avouer que certaines personnes lui rendaient la vie dure mais il s’accrochait. Et puis, il y avait l’autre lieutenant qui venait l’épauler aussi. Il n’avait rien dit au sujet de son petit séjour au cachot mais d’après le sourire qu’il avait fait, il semblait qu’il connaissait aussi cet endroit, du moins, qu’il ne lui était pas inconnu.
Après le retour de la maréchale Nali, tout s’était accéléré et c’était une bonne comme une mauvaise chose : l’entraînement avait été des plus spartiates et tout le monde était tellement exténué qu’aucun ne tentait de se moquer de lui. Et encore, si l’un avait la force de se moquer de lui malgré le fait qu’il était son supérieur, les paroles de la maréchale le remettait sur le droit chemin et il connaissait très bien la maréchale de ce point de vue.

Enfin… Les trois semaines s’étaient passées et d’ici une dizaine de jours, elle allait partir avec ses informations. Lorsqu’il lui avait demandé si il s’était assez amélioré pour obtenir des informations sur ses lignes noires, elle lui répliqua que ce n’était pas le cas et que c’était même très loin d’être ça. Pfff… Il se demandait ce qu’il devait être pour elle. C’était vraiment éreintant un tel entraînement mais enfin… Avec tout ça, il avait appris une chose importante.

Laquelle ? Ce n’était pas très difficile… C’était simplement le système de grade utilisé dans le royaume de Shunter et disons… que sans vouer un culte à la maréchale Nali, il avait maintenant une estime très forte pour elle. C’était difficile de se l’imaginer mais pourtant, il avait en face de lui la personne la plus importante de l’armée de Shunter et ça… C’était vraiment quelque chose qui le mettait en émoi. Pourtant… En écoutant la voix de la maréchale Nali, il avait l’impression qu’elle n’était pas si vieille que ça. Tout cela l’avait incité à s’améliorer encore plus que de raison pour arriver à un statut tout aussi important que celui de la maréchale. Ah… Oui… Il devait faire encore mieux que d’habitude s’il voulait se mettre à la hauteur de la femme en armure de plaques noire.

« Tery Vanian. Tery Vanian. TERY VANIAN ! »

Il sursauta en entendant la voix de la maréchale, sortant de ses rêves alors qu’elle se trouvait devant lui. Quelques rires se firent entendre alors qu’il se rappelait où il se trouvait : toutes les troupes l’entouraient, lui, ainsi qu’Alfan Ronar. Il y avait d’autres lieutenants et d’autres groupes et il reconnu facilement certains de leurs membres… Voilà donc les nobles prétentieux qui étaient de retour. Et visiblement, eux aussi n’avaient pas oublié son visage. La femme à l’armure de plaque noire reprit :

« Comme je le disais avant que certains d’entre vous se dissipent… L’armée de Midès va avoir besoin de tout le monde d’ici les prochains jours. Nous avons remarqué qu’un Glumarx traînait dans les environs de la forêt avoisinant notre capitale. Nous avons reçu la mission de l’exterminer et c’est pour cela que vous êtes ici. »

« Maréchale, j’ai une question. » demanda l’un des soldats.

« Posez là, je verrais si elle mérite une réponse ou non. »

« Pourquoi la milice de la ville ne s’occupe t-elle pas de ça ? »

« Car la milice est là pour faire régner l’ordre la ville et non en-dehors de cette dernière. De plus, ils ne sont pas habitués à combattre des monstres mais plutôt des humains, ce qui est normalement le contraire de la majorité d’entre vous, n’est-ce pas ? »

Ahem… En y réfléchissant bien, heureusement qu’il n’avait pas posé la question à la place de l’autre personne. Mais bon… Glumarx… Glumarx… Il ne savait même pas à quoi ressemblait un Glumarx. Il savait simplement que c’était une insulte souvent utilisée dans son village et chez les gnomolds mais voilà… Encore une occasion de se ridiculiser mais seulement s’il ouvrait la bouche, or, ça n’allait pas être le cas. La maréchale Nali continua :

« Pourquoi autant de personnes en ce lieu ? Car la forêt autour de la ville est grande, très grande et cela n’est pas une surprise pour vous tous. De plus, rechercher un Glumarx n’est pas si facile que ça et plus de monde il y aura, plus facile ce sera. Vous allez vous séparer par groupe de dix. Les lieutenants seront automatiquement responsables des groupes dans lesquels ils se trouveront. Pour les autres groupes, l’un d’entre vous se nommera sous-lieutenant parmi les dix personnes. Je vous laisse vous débrouiller pour cela. »

« Ne serait-il pas mieux que ça soit vous qui vous vous occupiez des nominations ? » questionna l’une des femmes soldates.

« Pourquoi cela ? N’êtes vous donc pas assez responsables et matures pour la majorité d’entre vous ? N’êtes donc pas capables de vous débrouiller seuls ? »

« Mais… Enfin bon… Si c’est ce que vous désirez. »

Discuter avec elle n’était jamais une bonne chose, du moins, pas quand elle était en fonction… C’est-à-dire la majorité du temps. Il laissa les groupes se former, attendant qu’il ne reste que quelques membres isolés pour créer son propre groupe de dix. En y jetant un œil, les nobles étaient avec les nobles, les… paysans avec les paysans. Quoi de bien nouveau ici bas ? Rien du tout… Rien du tout… Dommage. Bon, c’était ainsi et il n’allait pas s’en soucier plus que ça. Maintenant, il fallait voir qui il avait attrapé dans ses filets. Voir quelle bande de bras cassés il avait réunie. Bon… Au moins, tous semblaient avoir dans la vingtaine d’années. L’un avait peut-être son âge tandis que le plus vieux portait une barbe de plusieurs jours. Tous des fainéants, c’est ça ?

« Est-ce que tous les groupes sont formés ? Les lieutenants et les sous-lieutenants, présentez vous devant moi. Ensuite, que chaque groupe se mette en ligne derrière son lieutenant. »

« Obéissez aux ordres de la maréchale ! »

Chaque lieutenant venait de crier la phrase, Tery le faisant en dernier avant de se mettre devant la maréchale Nali, exactement en face d’elle. Il émit un petit sourire bien qu’il se demandait si elle faisait de même ou non. Quelques instants plus tard, les groupes étaient à nouveau formés mais par ligne et la maréchale Nali reprit :

« Maintenant que vous êtes tous correctement alignés, vos lieutenants vont aller chercher les armes qui vous correspondent. D’ici une quinzaine de minutes, tout sera prêt et vous pourrez alors enfin partir à la recherche du Glumarx. Que les lieutenants m’accompagnent et je ne veux aucune discussion pendant que nous ne sommes pas là. »

Elle claqua une fois des doigts, se retournant avant de se mettre en marche pour se diriger vers l’armurerie. Les lieutenants et les sous-lieutenants se mirent à la suivre, Tery étant en queue de file, il jeta un dernier regard à son groupe, se demandant ce qu’ils pouvaient utilisés comme arme. En y réfléchissant bien, c’était à peine s’il connaissait leurs noms. C’était assez pathétique mais bon… Ca ne faisait même pas un mois qu’il était là, il ne pouvait pas tout savoir. Et puis, il ne faisait pas toujours des efforts.

« Tery Vanian, attrape ce sac. » déclara une voix féminine.

« Hein ? De quoi ? AHHHHH ! » dit-il en avant de se retourner.

Il se prit un sac de cuir au niveau du visage, tombant en arrière alors qu’il entendait des rires autour de lui. Il aurait du réagir plus tôt ! Il se releva en gémissant, observant le sac qu’il avait sur lui. Il était assez lourd quand même ! Enfin bon, heureusement pour lui, il avait ses propres griffes donc il n’avait pas à se soucier d’un poids supplémentaire. Par contre, c’était lui ou la maréchale Nali lui avait envoyé le sac ? Il n’avait même pas remarqué qui avait fait ça. Il était perdu dans ses pensées… encore une fois. Il observa les autres lieutenants et sous-lieutenants : ils étaient tous… si âgés. Enfin, certains avaient dans la quarantaine, d’autres étaient plus jeunes mais il restait quand même le cadet parmi les gradés. Il poussa un léger soupir désabusé, se disant qu’il était encore très loin de leurs niveaux.

« Tery Vanian… Si ton groupe arrive à battre le Glumarx, je te parlerais de tes lignes noires. »

Hein ? De quoi ? Il posa son regard sur la maréchale Nali, se demandant s’il n’avait pas rêvé. Et où étaient les autres ? Ils étaient déjà partis ? Il devait vraiment arrêter de penser trop souvent ! Ca allait lui créer de gros ennuis dans le futur. Ses yeux verts se posèrent sur la femme en armure de plaques noire, cherchant à voir si elle lui mentait ou non. Mais qu’il était bête : la maréchale Nali ne lui mentirait jamais ! Pas sur quelque chose d’aussi important que ça ! Battre le Glumarx ? Ca allait être chose faite ! Il pouvait le faire s’il le voulait ! Il en avait les capacités ! Avec entrain, il lui dit :

« Merci ! Merci encore, maréchale ! Je vais… »

« Rejoindre ton groupe car tu es le dernier à traîner dans une partie de l’armurerie. Et il y a d’autres personnes qui aimeraient récupérer leurs équipements » coupa t-elle sèchement.

« Oups… Bon, j’y vais. Enfin, il faut que je distribue les armes maintenant. Par contre… Pourquoi ne pouvons-nous pas prendre d’armure ? »

« Car elles seront inutiles contre le Glumarx et vous ralentiront. »

« Je suis stupide de demander ça mais… C’est quoi, un Glumarx ? » osa t-il poser.

Elle poussa un léger soupir, l’empoignant pour l’éloigner de l’armurerie et le faire sortir. Il avait quel âge ? Dix-huit ans ou alors dix ? A poser des questions aussi niaises et ridicules, cela commençait à l’agacer. Enfin bon… Lorsqu’ils se retrouvèrent dehors, elle lui dit :

« Tu n’as pas besoin de le savoir. Dis-toi simplement que c’est cela, la prise de risques. Tu dois être préparé à combattre l’inconnu. »

« Pourquoi je le sens mal, maréchale ? » murmura le jeune homme.

« Car tu n’es pas assez confiant. Tu es un lieutenant. Vas-y maintenant. »

Elle lui donna une légère tape dans le dos, le forçant à avancer pour se diriger vers son groupe alors qu’elle l’accompagnait. Des fois, il avait l’impression d’être un gamin désobéissant que l’on devait obliger à aller de l’avant pour progresser. C’était ça. En fait, c’était exactement ça. Bon… Il venait de perdre en quelques minutes la confiance qu’il avait réussie à avoir pendant quasiment un mois. Il était si volatile.
« Mettez vous devant moi et regardez à l’intérieur du sac pour voir si il y a ce que vous voulez. Si ce n’est pas le cas, signalez le moi et je retourne à l’armurerie. »

Il prit une profonde respiration, se tenant droit avant de déposer le sac devant lui. Il ouvrit ce dernier, les personnes de son groupe s’approchant les unes après les autres pour venir récupérer l’arme correspondante. Heureusement pour lui, aucun ne s’était plaint qu’il n’y avait pas l’arme qu’il cherchait et il eut un petit soubresaut de surprise en voyant que l’une femme avait pris un arc pour se battre. Un arc ?

« Où est-ce que je peux avoir un carquois ? Je ne peux pas tirer sans flèches. »

« L’Ombre ? » osa-t-il dire, un peu surpris … autant que la femme en face de lui.

« Comment ça l’Ombre ? Lieutenant, j’ai besoin d’un carquois. »

« Hein ? Que ? Ah oui. Désolé… Je retourne à l’armurerie, je vais demander des flèches et un carquois. Veuillez m’attendre ici. » balbutia-t-il avec confusion.

Pfff… Toujours à penser à autre chose à chaque fois. Il ne pouvait pas s’en empêcher, c’était maladif. Il reprit le sac bien plus léger, signalant à la maréchale qu’il devait repartir pour récupérer un carquois. Elle hocha la tête pour dire qu’elle était d’accord. Quelques minutes plus tard, il revenait avec un carquois et une vingtaine de flèches à l’intérieur. Il donna lentement l’objet en cuir à la femme, la regardant brièvement en se disant qu’elle devait être plus âgée que lui. L’Ombre aussi utilisait des flèches.


Après un court instant de réflexion, il tapa dans ses deux mains, signalant qu’ils allaient partir dès que la maréchale Nali leur en donnerait l’ordre. Les personnes de son groupe crièrent en même temps pour dire qu’ils le suivraient tandis qu’il attendait que la maréchale Nali prenne la parole. Celle-ci hocha la tête une première fois, observant les alentours avant de prendre la parole d’une voix calme :

« Nous allons quitter la caserne dès maintenant. Que les lieutenants et sous-lieutenants forment une ligne droite tandis que leurs membres se mettent derrière eux. »

Cela ressemblait presque à un défilé militaire mais il savait pertinemment que ce n’était pas le cas. Un premier pas, puis un second et ainsi de suite. Toute la troupe se mit en route, des bruits de pas résonnant dans la caserne alors qu’ils sortaient pour se préparer à chasser le Glumarx. Maintenant qu’il y réfléchissait, il avait un peu peur de ce qu’il allait trouver.
C’est vrai : en y pensant plus longtemps, le Glumarx devait être un monstre affreux pour qu’une garnison quasi-complète soit nécessaire. Il s’imaginait déjà une créature de plusieurs mètres de hauteur, avec de multiples appendices. Enfin, il n’avait pas à avoir peur ! Il avait bien affronté un scorpion géant hein ? Il était donc capable de battre ce Glumarx ! Confiance était le maître mot. Surtout que maintenant, la responsabilité de la survie de son groupe dépendait de lui. Hein ? Pourquoi il pensait à ça ?

Voilà qu’ils devaient se séparer en deux groupes alors qu’ils se trouvaient au milieu de la ville : la forêt s’étalait au sud et à l’ouest de Midès. Encore une séparation… Pfiou… Ca faisait beaucoup maintenant hein ? La femme à l’armure de plaques noire signala qu’elle allait diriger ceux en partance vers le Sud tandis qu’elle désigna un homme âgé d’une quarantaine d’années mais lieutenant pour s’occuper de ceux allant vers l’Ouest.

« Tery Vanian et les autres, vous m’accompagnez. » annonça la maréchale.
Bon au moins, il allait encore se faire guider, ça ne le gênait pas plus que ça. Il répondit par l’affirmative, signalant à son groupe de le suivre tandis que plusieurs autres équipes faisaient de même. Ils étaient plus qu’une centaine et lorsqu’il se retrouva devant la double porte permettant d’accéder au sud de Midès, il fit un léger sourire.

« Hey mais c’est… » commença à dire l’un des gardes.

« J’y crois pas ! Il l’a quand même fait ! »

« AHEM… N’oubliez pas la place à laquelle vous êtes. »

Le sourire de Tery disparu alors qu’il baissait la tête, légèrement confus. C’était eux… Ils gardaient toujours la double porte au sud de Midès. L’un des gardes lui fit un petit clin d’œil alors qu’il se poussait ainsi que les trois autres gardes. Ils passèrent au milieu d’eux, un peu honteux. Il aurait du demander une petite permission pour parler plus longuement. Même après un mois dans l’armée, on pouvait dire qu’il n’avait aucune relation.

C’était embêtant en un certain point. Ne jamais pouvoir parler aux autres et discuter avec eux. Bien entendu, il s’était amélioré en ce qui concerne la magie et pour le combat avec des armes, il se débrouillait très bien. Néanmoins… Le souvenir de l’Ombre lui revenait en mémoire et il se rappelait la souffrance qu’il avait subie lors de la tentative de meurtre qu’elle avait tentée contre lui.

Après cinq à dix minutes de marche, toute la troupe se retrouva sur un chemin en terre, la forêt se trouvant de part et d’autre devant eux. La maréchale Nali se retourna vers eux, demandant à tous de se maintenir bien droit alors qu’elle allait leur donner les dernières indications avant qu’ils ne se mettent en chasse.

« Bon… Ce que je vais vous expliquer sont les consignes élémentaires si vous voulez avoir la moindre chance de revenir en vie ici. »

« Où est-ce que vous voulez en venir ? On n’affronte qu’une seule créature non ? »

Encore une fois, quelqu’un venait de prendre la parole mais ce n’était pas lui, ni une personne de son groupe. En fait, il provenait de l’une des nombreuses équipes des nobles. L’homme devait avoir une vingtaine d’années et tenait dans sa main une épée longue. Il avait un grand sourire plein d’assurance alors qu’elle disait :

« Tu te trompes lourdement. Tu devrais même effacer ce sourire de ton visage puisque je vois que tu n’as rien compris. Votre cible est une créature mais ce n’est pas pour cela qu’il n’y a qu’elle dans la forêt. Quelqu’un a-t-il une idée de ce qui l’attend ? »

« Ca ne serait pas au sujet des Gnomolds, maréchale Nali ? »

Hum ? Elle se tourna vers Tery. C’était bien lui qui venait de prendre la parole ? Et de dire une chose correcte ? Et bien… Voilà qui pouvait sembler un peu étonnant. Elle aurait même esquissé un sourire que cela ne l’aurait pa ssurprise. Néanmoins…

« C’est exact, Tery. Je veux parler des Gnomolds. Vous savez parfaitement qu’ils vivent dans la forêt et que celle autour de Midès en est remplie. »

« Pourquoi ne pas lancer une gigantesque chasse pour les éliminer tous ? » osa dire un soldat.

« Car cela ne serait pas bon pour l’économie du pays. Je ne vous demande pas de comprendre les enjeux d’une telle chose mais sachez simplement que sans les Gnomolds autour de nous, nous aurions des ennuis financiers assez conséquents. »

Rapidement, il s’imaginait les raisons qui poussaient les humains de Midès à ne pas vouloir tuer les Gnomolds. Lui-même ayant dû en combattre, il était sûr qu’une bonne majorité des membres de la troupe s’était elle aussi battue contre eux. Néanmoins, est-ce qu’ils étaient au courant que les pattes de Gnomolds étaient utiles pour la guilde des magiciens ? S’ils ne lisaient pas les petites annonces, il y avait peu de chance. Néanmoins, maintenant… S’pls tuaient tous les Gnomolds autour de Midès, alors il faudrait aller chercher plus loin pour en trouver, le quota de pattes de Gnomolds descendrait alors progressivement, la guilde des magiciens ne pourra plus alors avoir son inventaire et préparer il ne sait quoi avec les dites pattes et puis… Pfiou ! Il venait de se donner un sacré mal de crâne à réfléchir à tout ça. Ca l’étonnait même d’être capable de raisonner ainsi. Peut-être que le fait d’avoir eu quelques soucis financiers avec l’Ombre lui avait permis de comprendre cela ?

« Est-ce que le message est bien passé cette fois-ci ? » demanda la maréchale.

Les personnes s’écrièrent en chœur que oui alors qu’il revenait à la réalité. Voilà qu’encore une fois, il s’était laissé aller à ses pensées. C’était maladif chez lui ! Il ne pouvait pas rester un seul instant concentré sur l’idée de base. Il cria à son tour le mot qu’ils avaient prononcés, plusieurs têtes se tournant vers lui. Aie… Il aurait mieux fait de réagir en même temps que les autres : il s’était encore donné en spectacle inutilement et stupidement.

« Bon… Qu’importe ce qui vient de se passer… Préparez vous et séparez vous à mon signal. Je ne veux pas vous vois revenir avant que vous me rameniez une preuve de la mort du Glumarx. Vous avez une dernière question ? »

« En ce qui concerne les Gnomolds que l’on rencontrera, on en fait quoi ? »

« A vous de vous débrouillez avec eux. Je ne vais pas vous chaperonner. Partez maintenant. »

Bon… Voilà qu’ils devaient se mettre en route. Il observa les nombreux groupes qui étaient en train de s’éloigner avant de demander au sien de le suivre. Ils pénétrèrent dans la forêt, le jeune homme aux cheveux bruns observant ses membres avant de dire :

« On évite de se séparer, d’accord ? Il vaut mieux éviter que l’on se disperse inutilement. »

« Aucun problème, lieutenant. C’est bien noté. Par contre, vous êtes sacrément jeune. Vous avez quel âge si ce n’est pas indiscret ? » demanda une voix derrière lui.

« J’ai eu mes dix-huit ans il y a quelques mois, pourquoi ? »

« Oh pour rien, pour rien ! C’est toujours bizarre d’avoir un chef plus jeune que soi. »

Il ne regarda même pas qui venait de s’adresser à lui. Il savait simplement que c’était un homme d’après la voix. Bizarrement, cela lui faisait plaisir d’entendre de telles paroles de la part de quelqu’un qu’il ne connaissait pas et qui visiblement ne le connaissait pas. Sinon… Il ne lui aurait jamais parlé ainsi. En-dehors de la forêt, la femme à l’armure de plaque noire passa une main sur son casque, le soulevant légèrement pour pouvoir observer le ciel. Il n’était qu’à peine le début de l’après-midi.

« Combien d’entre eux survivront ? Déjà qu’ils doivent apprendre à connaître un Glumarx avant même d’espérer pouvoir le combattre. Et ensuite… »

Et ensuite… C’était bien plus compliqué que ça. Néanmoins, c’était ça l’armée : Envoyer le menu fretin à une mort quasi-certaine. Certains y échapperont de près, d’autres deviendront plus forts grâce à ces combats… Et après tout cela ?

« Après tout cela … On verra ce que chacun deviendra. » murmura calmement la femme en armure noire, prenant une profonde respiration.

Chapitre 21 : Des règles

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 21 : Des règles

« Comment va le prisonnier ? » demanda une voix féminine.

« Il est à moitié inconscient mais on ne l’a pas trop amoché, madame la maréchale. »

« Est-ce que vous avez tout fait comme je vous l’avais demandé ? Je veux bien entendu parler de la torture : aucun écartèlement ou os brisé, je ne veux voir que des marques de fouet ou du sang sur son corps, rien d’autre sinon…  »

« Non, non ! Nous n’avons pas outrepassés vos règles ! »

Le garde se décomposait devant elle : comme s’il allait tenter de ne pas respecter les consignes qu’elle avait données à son arrivée en tenant ce jeune homme évanoui. Avec respect et une peur bien visible dans sa voix, il demanda :

« Pardonnez moi mais… Qu’est-ce que ce type a fait ? »

« En quoi cela te concerne ? » répliqua-t-elle aussitôt sèchement.

« Je n’ai rien dit ! Pardonnez moi ! Je… »

« Il a simplement été irrespectueux des règles établies. Voilà ce qui arrive lorsqu’on décide de le faire devant moi. Que l’on me conduise dans sa cellule. »

« Vous êtes sûre ? Ce n’est pas un espion de nos ennemis ou alors un traître ? »

« Emmenez-moi… Me suis-je faite mal comprendre ? » termina-t-elle de dire.

Bon, bon ! Il n’allait pas se la mettre sur le dos surtout qu’il savait pertinemment ce qu’on disait d’elle. Froide et insensible, elle avait ce titre de maréchale alors que d’autres le méritaient bien plus à ses yeux mais qu’importe… Elle avait démontré ses capacités mais avec une brutalité et violence que peu de gens pouvaient connaître puisque rares étaient ceux encore en vie chez l’ennemi pour le savoir.


Pendant quelques minutes, ils traversèrent des couloirs sordides, quelques plaintes et gémissements se faisant entendre bien qu’ils ressemblaient plus à des faibles râles qu’autre chose. Finalement, ils arrivèrent devant une porte faite de métal et avec une petite fenêtre grillagée pour permettre de voir la personne à l’intérieur.

« C’est ce que vous vouliez non ? On l’a mis dedans même si d’après ce qu’on a pu voir, il n’a pas l’air vraiment folichon. En fait, c’est à se demander si vous ne l’avez pas trouvé dans la rue en tant que mendiant. C’est qui au passage ? » demanda une nouvelle fois le garde.

« Abstenez vous de faire des commentaires et ouvrez cette porte tout en me donnant les clés. Je veux rester seule avec lui. J’ai à discuter avec cet imbécile. »

Comme elle voulait, c’était elle la patronne. Il prit son trousseau de clés, regardant laquelle correspondait à la serrure avant de la désigner à la maréchale Nali. Celle-ci lui prit le trousseau de clés sans le remercier, faisant un geste de la main pour qu’il s’éloigne. Elle pénétra à l’intérieur de la pièce avant de refermer la porte derrière elle.

« Alors, Tery, comment s’est passée ta première journée en prison ? »

Il ne lui répondit pas alors qu’elle avait dit ça sous un ton neutre, l’observant. Il était agenouillé sur le sol, torse nu alors que ses cheveux bruns cachaient un peu son visage. Elle marcha en sa direction, observant son dos avant de voir qu’il avait quelques marques de fouet. Aucune n’allait rester… pas pour l’instant.

« Tu n’es pas capable de répondre ? Pourtant, ça ne fait que quelques heures que tu es là. Tu sais, c’est vraiment dommage… que tu te comportes comme un imbécile fini. »

« J’ai mal… J’ai très mal… » murmura-t-il avec faiblesse.

« Il est sûr que lorsqu’on n’a point l’habitude de prendre des coups de fouet, ça laisse toujours une certaine surprise à la personne. Néanmoins, ne t’inquiète pas, tu t’y habitueras si tu continues sur cette voie. Sinon… Tu peux très bien commencer à respecter les règles. »

Respecter les règles ? Hey, ce n’était pas de sa faute si il avait eut un petit problème de déviance mais maintenant, c’était différent non ? Enfin, il allait devoir se calmer. Il ouvrit fà moitié ses yeux verts, observant la femme à l’armure de plaque noire. Elle avait toujours son visage couvert par son casque intégral et il lui demanda dans un petit gémissement :

« Ca vous arrive de retirer votre armure ? »

« Tu fais encore la forte tête ? La torture ne te convient pas ? La prochaine fois, je pense que tu garderas des marques à vie. Ca serait dommage… »

« Non ! Non ! Je ne veux… Je ne veux pas … »

Il s’arrêta, toussant un peu. Cet endroit était insalubre et il avait un peu de mal à respirer correctement. Il tenta de se redresser pour se mettre assis, y arrivant avec difficulté alors qu’on pouvait apercevoir sur son torse un magnifique D noir. Avec une légère pudeur, il tenta de camoufler sa lettre alors qu’elle disait :

« Je l’ai déjà vu donc ça ne change rien. De toute façon, j’ai vu des milliers de lettres alors bon… Tu peux retirer tes mains. »

« Oui mais non… Enfin… Je devrais obéir aux ordres. »

Il disait ça avec une légère ironie, la maréchale restant debout sans rien dire en le jaugeant du regard. Il n’avait rien de bien exceptionnel à part… cette marque. Ce n’était pas la lettre qui était intéressante mais la couleur de celle-ci. Une couleur noire si… parfaite.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Je sens votre regard… C’est au sujet de mes lignes noires ? »

« Cette lettre ne changera jamais de couleur. Tout est décidé depuis ton enfance. C’est pourquoi tu peux encore espérer qu’elle change de couleur mais n’y crois plus vraiment. Cela serait stupide de se focaliser là-dessus. »

« Se focaliser dessus, se focaliser dessus, vous en avez de bien bonne, j’aimerais quand même savoir c’est quoi ces fameuses lignes, moi ! » s’écria-t-il sans force.

Il poussa un petit soupir, reprenant peu à peu ses esprits. Il avait la gorge sèche avec toute cette histoire ! Zut de zut ! Il avait soif maintenant. Il posa son regard émeraude sur la maréchale Nali : il n’allait pas lui demander de l’eau quand même ?

« Tu sembles soucieux maintenant. Si tu as faim et soif, tu as de quoi te nourrir et t’abreuver. Ce n’est que du pain rassis et de l’eau mais tu ne mérites pas mieux. »

« Sympathique… Enfin, il ne fallait pas que je m’attende à autre chose. »

Il dirigea une main vers le morceau de pain, l’emmenant vers sa bouche avant de croquer à l’intérieur sous le regard de la femme. En y réfléchissant, elle n’avait pas répondue à sa question. Est-ce qu’il devait se montrer plus insistant ? Ca pourrait lui causer beaucoup plus d’ennuis et il fallait dire qu’il en avait déjà pas mal. Enfin, il était comme ça et on ne pouvait pas le changer ! Peut-être qu’il pouvait le dire d’une façon plus édulcorée ?

« Sauf si ça vous dérange… Pourquoi vous portez toujours cette armure noire ? A force, elle doit être assez lourde non ? Vous n’avez pas mal ? »

« En quoi cela te concerne t-il ? Je ne gère pas ta vie, ne tente pas de gérer la mienne. »

« C’est bon, c’est bon… C’était une question comme ça. »

« Je la retire quand je suis seule, voilà tout. Le reste du temps, elle est sur mon corps. Cela te satisfait comme réponse ? »

C’était mieux que rien. Il émit un petit sourire, finissant son morceau de pain rassis avant de boire quelques gorgées de l’eau se trouvant dans la cruche. Il se sentait un peu mieux : la maréchale Nali lui adressait la parole maintenant et il reprit :

« Je suis sensé rester combien de temps dans cette cage ? Un tel endroit me fait plutôt mal et je ne crois pas que ça soit bon pour mon corps. »

« Arrête de faire l’être espiègle, je n’apprécie guère ce genre de comportement. Pourquoi as-tu rejoint exactement l’armée ? Tu dois te douter qu’ici, il y a des règles et il faut les respecter. Ton comportement n’a rien à avoir avec un futur soldat. »

« Disons que… J’ai rejoins l’armée de Midès à cause de ce type là ! »

« Lequel ? Ce type n’est pas vraiment très descriptif. »

« Vous savez pas ? Le nain ! Il était là hier… ou avant-hier…  Et puis bon, je le trouvais un peu trop prétentieux et colérique. Il m’a quand même… »

« Tu insultes un supérieur dans son dos, Tery. » coupa la maréchale.

Il émit un sourire crispé, se disant qu’il allait avoir encore de gros soucis cette fois encore. Il se donna une claque sur le front, bafouillant quelques excuses en tentant de se faire pardonner. Mais quel imbécile, mais quel imbécile ! Il observa la maréchale, se disant que ça allait être sa fête encore une fois. Non ! Il ne voulait pas se faire torturé une nouvelle fois ! Il avait sa dose ! Il avait bien compris le message !

« Pour cette fois, je vais faire comme si je n’avais rien entendu. »

Hein ? Il retira la main qu’il s’était mis devant son visage pour éviter que le coup ne soit trop violent. Qu’est-ce qui se passait ? Elle n’allait pas le frapper ? Elle était malade ? Elle avait besoin d’aide ? Euh non… Ca ne se disait pas comme ça ! Il resta surpris, ne sachant pas comment réagir face aux paroles de la maréchale.

« Tu peux te relever ? Tu vas sortir d’ici et retourner voir tes camarades. »

« Mais vous n’allez pas me prévenir ? Me crier dessus ? Non pas que j’apprécie ça mais disons… Que je pensais que j’allais avoir plus que ça pour ce que j’ai fais. »

« Si ça avait été quelqu’un d’autre que moi et si tu n’avais été qu’un soldat comme les autres, tu serais en train de croupir et d’être torturé bien plus que ça. Profite de cette chance. »

« Je n’arrive pas à vous cerner, maréchale Nali. »

« Si tu t’efforces de me comprendre, la seule chose que tu te feras sera du mal alors arrête ça tout de suite et redresse toi. » répondit-elle calmement bien qu’un peu irritée.

« Je dois vous considérer comment ? Comme une ennemie ou comme une amie ? »

« ASSEZ ! Ne m’énerve pas alors que je te fais la grâce de pouvoir sortir d’ici ! »

« PARDON ! PARDON ET ENCORE PARDON ! » s’écria-t-il tout en reculant.

Il se releva, titubant légèrement pour retomber sur le dos de la maréchale Nali. Celle-ci ne bougea pas d’un pli comme si le fait qu’un homme lui tombe dessus n’allait pas la faire pencher en avant. Il tenta vivement de s’excuser :

« Pardonnez-moi ! Je me suis relevé un peu trop brusquement et je crois que… »

« ÉLOIGNE-TOI MAINTENANT ! »

Elle lui cria avec véhémence alors qu’il retirait ses mains de l’armure de plaques noire, tentant de bafouiller encore quelques excuses alors qu’elle reprenait bien plus calmement :

« Suis moi, tu ne dois pas savoir te guider hors d’ici et de toute façon, si un garde te repère sans moi, ça ne sera pas que quelques blessures dans le dos que tu auras. »

Glups… Il déglutit, essayant de s’imaginer qu’est-ce qui serait pire ? Un membre cassé ? Le supplice de l’eau ? Le mettre dans une arène contre des monstres imposants et terrifiants ? Il devait arrêter de réfléchir à tout ça ! C’était complètement stupide de s’imaginer toutes ces choses. Il allait simplement se faire peur avec ça ! Il accompagna la maréchale Nali, la suivant sous les regards des quelques soldats qu’il apercevait leur chemin.

Après une quinzaine de minutes, ils se retrouvaient en-dehors de la prison, jetant un œil pour la voir enfin. Dieu qu’elle était gigantesque : Elle devait bien faire une quinzaine de mètres de hauteur et il y avait tellement de fenêtres avec des barreaux et pourtant… Il n’y avait aucun cri, juste des râles. Il n’osait avouer à la femme qu’il avait un peu peur.

« Si tu arrêtes tes bêtises et que tu prends ton rôle de lieutenant très au sérieux, tu n’as même plus à t’inquiéter de cet endroit. Tu ne le reverras plus. »

« Une journée, ça me suffit largement. Par contre… Pour l’entraînement, on fait comment ? »

« J’ai peut-être été un peu… dure avec toi mais quand même, qu’est-ce qui te prend ? Pourrais-je savoir comment cela se fait que tu sois à peine capable de lancer de pitoyables sorts alors que tu as réussi à terrasser ce scorpion géant ! »

« Disons que… Je ne m’en souviens plus exactement. »

« Avec ces lignes noires, tu devrais être capable de bien mieux. »

Il baissa la tête, légèrement honteux de se faire gronder de la sorte par la maréchale Nali. En y pensant, il ne se rappelait plus exactement ce qu’il avait fait… Du moins… Il se rappelait du moment où l’Ombre était tombée au sol, évanouie à cause du scorpion et puis… de la flèche qu’elle lui avait lancée. Mais entre les deux, c’était le brouillard.

« Mais je ne sais rien de ces lignes noires. Vous ne voulez pas m’en dire plus ? »

« Je partirai dans un mois. Avant cela, essaye de te revaloriser aux yeux de toute la troupe que tu vas gérer avec Alfan Ronar. Si j’estime que tu es apte à apprendre quelques brides de la vérité sur ces fameuses lignes, alors, je te les dirais avant mon départ. Néanmoins, rappelles-toi de porter des gants pour que les gens évitent de voir tes lignes. Il en est de même pour ta tenue : évite les manches courtes. Tant que tu n’es pas capable de les contrôler correctement, personne ne doit savoir que tu as ces lignes en toi. »

« Mais qu’est-ce qu’elles sont ? J’aimerais savoir ! Déjà la dernière fois… »

La dernière fois ? Quelqu’un était déjà au courant pour ces lignes noires ? Pour un néophyte ou une personne qui ne s’intéressait pas à la magie élémentaire et à son histoire, ce n’était pas si dramatique mais si cette autre personne savait… Elle feint de ne pas avoir entendue la dernière phrase, lui disant :

« Dis-toi qu’elles sont comme un maléfice… ou comme l’œuvre d’un dieu. C’est à toi seul de voir ce que ces lignes deviendront. »

« Je ne comprend pas… Ces lignes ne sont donc pas mauvaises ? »

« Ne cherche pas à saisir la portée de mes paroles. Un jour, tu découvriras ce qu’il en est réellement. Ca sera à toi de tracer ton chemin à partir de tes pensées et de tes actes. »

Il n’arrivait pas à tout cerner mais il avait l’impression que la maréchale Nali en connaissait bien plus qu’il ne le pensait. Enfin, il n’allait pas l’interroger mais maintenant, il allait devoir donner son maximum s’il voulait en apprendre beaucoup plus sur ses fameuses lignes. Elles lui permettaient d’utiliser tous les éléments mais il y avait autre chose. Il en était sûr et certain mais pour tout connaître. Il allait devoir devenir bien plus fort. De toute façon, il commençait peu à peu à cerner les règles de ce monde : toujours être plus fort que les autres.

« Qu’est-ce que je dois faire maintenant ? » demanda-t-il calmement.

« Ce n’est pas à moi de te le dire. Evite simplement de te retrouver à nouveau dans le cachot. Les personnes comme toi n’ont pas à y loger. Tu vaux bien mieux que ça. »

« Je n’ai pas l’habitude de recevoir des compliments… surtout de votre part. »

« Ca ne fait qu’une journée que tu es ici et ce n’était pas un compliment, mais un constat. Arrête de te baser sur les dires des autres pour te donner une personnalité. »

« Ca, par contre, c’était plutôt méchant. » répondit-il aussitôt.

Elle se retourna vers lui pour voir s’il blaguait. Il devait apprendre à arrêter de considérer tout le monde autour de lui avec désinvolture sinon ça pouvait très mal se terminer. Elle se positionna devant le jeune homme aux cheveux bruns.

« Retourne avec les autres. Vue l’heure qu’il est, je pense qu’ils sont déjà en train de s’entraîner à nouveau. N’oublie pas mes paroles et ça sera déjà bien suffisant. »

« D’accord ! Mais rappelez-vous de ce que vous m’avez dit : si j’arrive à devenir un véritable lieutenant, vous m’en apprendrez plus sur mes lignes. »

« Je n’oublie jamais ce que je dis ou ce que l’on me dit, tu peux en être certain. »

Alors, il n’avait plus qu’à partir maintenant. Il fit cent mètres, puis deux cent mètres devant elle avant de revenir en sa direction. Un peu gêné, il lui demanda :

« Vous pourriez me guider ? Je ne sais pas comment m’y rendre. »

« Je préfère éviter de m’imaginer ce que tu deviendras pendant tout ce mois. »

« Je sens que ce n’est pas sensé me faire plaisir ce que vous me dites. »

Elle soupira longuement à travers son casque noir. Mais qu’est-ce qu’elle avait pour mériter un pareil subordonné ? C’était effarant comme cet homme n’était pas capable de se déplacer tout seul. A se demander comment il avait pu faire pour atterrir jusqu’ici ou alors tout simplement pour survivre. Car OUI… Elle se demandait comment il avait pu survivre au scorpion avec un tel comportement. Finalement, elle murmura :

« Bon… Suis-moi, je vais t’emmener avec ton groupe. »

« Sup… Merci beaucoup, maréchale Nali. »

Il devait se calmer. La maréchale Nali n’était pas quelqu’un de forcément mauvais : il fallait simplement éviter de la contrarier. Chaque personne a ses propres soucis et donc, il pouvait comprendre qu’elle était parfois un peu sur les nerfs. Il était loin d’être le seul à lui causer des problèmes et encore… Il n’était même pas sûr du grade de la maréchale. Peut-être qu’avec un peu de temps libre, il allait se renseigner sur les grades pour voir quelle était la position de la maréchale Nali par rapport au reste des troupes.

Une bonne demi-heure après, ils se retrouvèrent devant le bâtiment où il logeait avec les autres hommes et femmes. Il était assez épuisé par la marche : Il fallait se dire qu’il avait été légèrement torturé et que son corps réclamait un peu de repos. Positionné devant la porte qui allait le mener à l’intérieur du dortoir, il regarda la maréchale Nali avant de dire :

« Merci encore pour m’avoir sorti de ce cachot. »

« Je croyais t’avoir prévenu : Je n’ai pas fait ça pour toi. » répondit-elle sèchement.

« Mais pourtant, sans vous, j’y serais encore à l’heure actuelle. »

« Tu es désespérant, Tery Vanian. Nous nous reverrons dès demain. »

« Mais je ne dois pas aller rejoindre les autres ? » demanda le jeune homme.

Elle s’était déjà retournée pour s’apprêter à partir. Il en faisait trop, beaucoup trop. C’était désolant de voir à quel point il pouvait être fatiguant à force. Elle prononça :

« Pour aujourd’hui, repose-toi. De même, tu es consigné dans ta chambre pour la journée. »

« On dirait une mère qui parle à son fils… Ce n’est pas franchement joyeux. »

Elle tapa du pied sur le sol, un bruit métallique résonnant alors qu’il sursautait. Il n’avait pas dit une bêtise hein ? C’est sûr que considérer la maréchale Nali comme sa mère et en faire la comparaison, ce n’était pas forcément une bonne idée. Elle reprit :

« Ce n’est pas une punition. Je te rappelle que tu m’as signalée que tu avais rejoint de force l’armée de Midès. C’est une chose que je n’apprécie pas réellement. Ainsi, pendant la journée, tu vas te mettre à réfléchir à ce sujet. »

« Mais pourquoi faire ? Je n’en vois pas l’utilité. » marmonna t-il.

« Tu ne vois pas pourquoi tu as rejoint l’armée de Midès ! Tu sais au moins ce qui t’attends là-bas ? Réfléchis-y un peu ! Nous verrons bien si tu comprends la portée de ton acte en venant ici. Il est temps d’arrêter de se comporter comme un gamin. L’armée, c’est la guerre alors je te laisse imaginer les conséquences, Tery Vanian. »

Elle s’éloigna sans lui laisser le temps de répondre. Il en avait beaucoup trop dit encore une fois. Bon… Il devait réfléchir à tout ça. Se dirigeant à l’intérieur du dortoir, il alla dans sa chambre, se couchant sur son lit. Il poussa un petit gémissement en sentant les blessures sur son dos : Ces coups… Ces coups… Ouille, ouille, ouille. Réfléchir à tout ça : La guerre, c’était donc la mort… La mort… de ses ennemis, la mort de ses camarades, SA mort. En y pensant plus longuement, il aurait pu trouver un autre métier bien plus tranquille mais sur le coup, il avait eu besoin d’oublier l’Ombre. Dire qu’il pensait que ça avait été la meilleure solution, il se trompait lourdement. Maintenant, il devait corriger ses erreurs.

Chapitre 20 : Début

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 20 : Début

« Hey ! Debout ! » hurla une voix avec force.

Un coup violent à la porte et il se réveilla subitement, se redressant dans son lit. Qu’est-ce qui se passait ? C’était la guerre ! Un autre coup et la voix reprit sur le même ton :

« Non mais debout ! Bordel ! C’est lui le futur lieutenant ? »

« Je crois mais… C’est un nouveau. » murmura une seconde voix après la première.

« Un nouveau ! Mais merde quoi ! Comment un nouveau peut avoir le même grade que moi ? Il n’est pas encore debout à cette heure-ci ! »

« Je suis… réveillé. Et je vous entends … parfaitement. »

Il avait dit ça d’une voix machinale comme si il ne croyait pas en ses propres mots. Ce n’était pas de sa faute s’il ne savait pas comment ça marchait ici. Et au passage, il était où ? Un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite. Ah… C’est vrai. Maintenant… Il était dans l’armée de Midès. Une nouvelle vie. La voix reprit encore plus forte :

« Si t’es réveillé, rapplique en bas d’ici cinq minutes grand maximum ! BORDEL ! Ca sert à quoi d’être lieutenant si c’est pour feignasser ? »

« Ce n’est pas de ma faute ! Je ne savais pas ! » hurla-t-il sans conviction.

« Je ne savais pas, je ne savais pas, fous toi pas de ma gueule ! »

« Bon… J’arrive dans cinq minutes, le temps de me passer un peu d’eau sur le visage. »

« Ouais, ouais ! CINQ Minutes ! » termina de dire la voix de l’autre côté de la porte.

Ca commençait très bien dis donc. Il quitta son lit, se levant en passant une main devant sa bouche pour éviter de trop bâiller. Vraiment… Quel bordel. Il était quelle heure ? Il ouvrit sa fenêtre en même temps que les volets… remarquant qu’il faisait à peine jour. Le soleil venait de se lever ? Il prit une profonde respiration avant de murmurer pour lui-même :

« Il n’est même pas six heures je suis sûr. Ah … Je n’ai pas l’habitude, moi. »

Il se passa rapidement de l’eau sur le visage, se disant qu’il devait donner une bonne impression en allant voir les autres. Enfin… C’était déjà loupé pour l’instant. D’après ce qu’il avait cru comprendre, l’autre personne était plutôt en colère.

« Rien à faire, je m’excuserais plus tard. » marmonna-t-il.

Il s’observa dans le miroir, regardant s’il avait une coiffure potable ou non. Bon… Ca allait… Il devait se dépêcher. Ca allait faire cinq minutes et il préférait ne pas entendre l’autre lieutenant lui crier dessus à nouveau. Une fois, c’était bien suffisant. Il allait devoir apprendre à se lever bien plus tôt s’il voulait une telle chose. C’était loin d’être plaisant bien que ça faisait comme une alarme humaine. Ce n’était pas le temps de plaisanter !

« Te voilà ? C’est quoi ton nom ? » demanda un homme d’une trentaine d’années.

« Tery Vanian. J’ai été envoyé ici après les entraînements d’hier. »

« Donc t’es un nouveau ? Comment t’as pu devenir un lieutenant ? »

Pfiou ! Il en avait des questions à lui poser ! Il passa une main dans ses cheveux, encore à moitié endormi alors qu’il observait les personnes. Elles étaient bien une cinquantaine. Il y avait quelques femmes, chose étonnante à ses yeux mais elles ne semblaient pas provenir du même bâtiment qu’eux. Il observa l’homme qui s’adressait à lui. Un homme âgé d’une trentaine d’années, aux cheveux bruns comme lui et au caractère assez rude, chose qui contrastait avec le fait qu’il semblait faire sa taille et qu’il avait autant de muscles que lui.

« Cette femme avec l’armure de plaques noire. » murmura le jeune homme calmement.

« Une femme avec une armure noire ? » reprit l’autre lieutenant.

« C’était la maréchale… Nali je crois. » compléta Tery.

Des fous rires se firent entendre de la part des hommes et des femmes comme si il venait de dire une chose des plus hilarantes. Vraiment, il ne voyait pas ce qu’il y avait de si drôle dans ses propos. Enfin bon… Il ne s’attendait déjà pas à grand-chose de la part de ces personnes. L’homme aux cheveux bruns reprit en tentant de calmer les rires :

« La maréchale Nali ? Tu blagues n’est-ce pas ? Qu’est-ce que crois ? Qu’elle viendrait nous voir ? Nous ? T’es un de ces foutus nobles ? »

« NON ! Je ne suis pas un noble ! C’est pour ça qu’on m’a envoyé ici ! » hurla Tery.

« Envoyé ici ? T’étais avec les nobles d’hier ? Les nouvelles recrues fringantes ? »

Nouveaux éclats de rire alors qu’il baissait la tête. Non mais, ils peuvent aller se faire voir hein ? Il ne fallait pas abusé non plus ! Il n’avait rien de mal à ce qu’il sache ! Qu’est-ce qu’ils avaient tous à se foutre de lui ? Il dit d’une voix un peu énervée :

« Oui j’étais avec elles ! J’ai tué le scorpion dans Litan Deseria et on m’a emmené avec eux ! Il y a un problème à ça ? Car je commence vraiment à en avoir marre de … »

« T’échauffe pas gamin ! T’es celui dont on parle dans les rumeurs ? » coupa le lieutenant.

« Comment ça ? Les rumeurs ? Où est-ce que vous voulez en venir ?! »

Voilà, c’était parti, il s’énervait pour un rien mais c’était de leur faute ! Maintenant, ils ne rigolaient plus et ils le regardaient étrangement. C’est vrai qu’il n’avait pas la stature d’un héros ou d’un homme avec cent kilos de muscles mais voilà quoi !

« Disons que depuis hier, lorsqu’on a vu le nain qui s’affolait et qui rigolait, on s’est tous posés des questions. On a parlé à un garde et il nous a raconté qu’un jeune avait réussi à se débarrasser de la vilaine bébête dans la grotte. C’est donc toi ? »

« C’est exact ! Je suis celui qui l’a tuée ! Je vais devoir le répéter combien de fois ? »

« T’es vraiment pas crédible dans ton rôle. Enfin bon… T’es sûr de ne pas raconter des bobards toi ? Comme si la maréchale Nali allait se ramener ici, surtout pour… »

« Il y a un problème ici ? » annonça une voix au loin.

L’homme s’arrêta subitement alors que toutes les têtes se tournaient pour voir la femme à l’armure de plaques noire. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Tous étaient étonnés de l’apercevoir mais seul Tery ne semblait pas vraiment heureux de savoir qu’elle était ici.

« Il… Il ne mentait pas ? Il disait que c’étiez vous qui l’aviez nommé en tant que lieutenant. »

« C’est exact. Je suis même là pour être sûr que son commandement sera respecté. »

« Il le sera ! J’vous le promets ! Bon les gars, on va commencer par quelques tours de piste pour vous échauffer. Moi et… C’est quoi ton nom ? »

« Tery Vanian. » murmura tout simplement le jeune homme aux cheveux bruns.

« Et Tery Ragian, on va se mettre en bout de file et prend un rythme régulier. Tous ceux que l’on dépasse feront un tour supplémentaire ! »

Il devait y aller lui aussi ? Il observa la femme en armures de plaques noire, se demandant pourquoi elle était ici à part pour leur dire qu’il était le nouveau lieutenant. Enfin bon, il ne comprenait pas tout et comme d’habitude, il nageait en plein mystère. A force, il allait devoir s’y faire. Le groupe fit un tour devant lui et l’autre homme, celui-ci lui disant :

« Bon, on y va. Suis ma cadence et évite de trop ralentir. Ces types profiteront de la moindre faiblesse de ta part. Et c’est clairement pas ce qu’on désire. »

« D’accord… Je vous suis, enfin, je vais essayer. »

Il espérait que les nombreux entraînements avec l’Ombre allaient lui être profitables. Lorsque le dernier homme passa devant lui et l’autre lieutenant, tous les deux se mirent à courir. La femme à l’armure de plaques noire observa le petit manège pendant une dizaine de minutes, ses bras croisés au niveau de sa poitrine.

« Bon… On va accélérer un peu la cadence. » murmura l’autre homme.

« D’accord ! Aucun souci ! Je peux facilement continuer. » répondit-il.

Et bien… Visiblement, tous ses efforts étaient récompensés. Il pensait avoir beaucoup de mal que ça mais non, il arrivait à suivre le rythme de l’autre lieutenant bien qu’il était déjà un peu épuisé. Il évitait néanmoins de le montrer, rattrapant les dix derniers alors que la femme à l’armure de plaques noire tapa dans ses deux mains pour dire que c’était terminé. Même si ce n’était pas elle qui avait lancée la course, elle venait de l’arrêter. Une majorité de personnes se penchèrent en avant, les derniers faisant un nouveau tour alors qu’il tentait de reprendre une respiration décente et normale.

« Bon. Après que tout le monde se soit amusé à courir, nous allons commencer la phase d’entraînement qui concerne l’utilisation de la magie ! Pour ceux qui ne s’en rappellent pas et je sais que c’est le cas, la magie et l’art du combat avec des armes sont deux choses différentes mais complémentaires ! Vous pourrez être doué dans l’un ou l’autre, rares sont ceux qui soient doués dans les deux et encore plus rares sont ceux capables de maîtriser les deux en même temps ! » s’écria le lieutenant.

« Bien que je sois un lieutenant qui débute, je vous dis clairement que je ne suis pas là pour plaisanter ! Veuillez vous mettre en plusieurs groupes suivant ce par quoi vous voulez commencer ! L’un s’entraînera aux armes, l’autre à la magie ! Nous commencerons quand chacun aura décidé à quoi il veut s’entraîner. Essayez de faire deux groupes de même taille si c’est possible. Maintenant, commencez ! »

Il avait pris la parole tout de suite après l’autre lieutenant, celui-ci le regardant d’un air étonné comme si c’était bien lui qui s’était exprimé. Si il était du même grade que lui, c’était normal qu’il s’adresse lui aussi aux autres soldats non ? Il passa une main dans ses cheveux bruns, vaguement gêné par les murmures qui se faisaient entendre. Il avait peut-être un peu trop ouvert la bouche encore une fois. L’autre lieutenant prit la parole :

« Mouais… Faites comme il vient de dire, j’ai à parler avec lui ! On va discuter lui et moi, je sens que ça va être intéressant. Suis-moi Tery. »

Les soldats commencèrent à se réunir et à discuter entre eux alors qu’il se mettait à suivre l’autre lieutenant donc il ne connaissait même pas le nom. Ils furent rapidement accompagnés par la femme à l’armure de plaques noire. Celle-ci ne semblait pas très loquace contrairement à hier. Au bout d’une dizaine de mètres, l’homme s’adressa à lui :

« Bon d’abord, je sens qu’on va pas partir du bon pied si on continue comme ça. Je me présente : Alfan Ronar. Je suis là depuis deux années et toi ? »

« Il s’est inscrit juste hier. C’est moi-même qui ai décidé de le nommer à ce poste. »

« Juste hier ? Sauf votre respect, maréchale Nali, je trouve que c’est une décision prise un peu trop rapidement à mon goût. » dit Alfan en se tournant vers la maréchale.

« Je sais très bien ce que je fais. Il n’est qu’une jeune pousse mais il sera rapidement capable de diriger d’autres hommes si vous l’aidez, Alfan. »

« Vos paroles m’honorent bien que je reste quand même intrigué par votre choix. »

« Au passage, puisque je suis là pendant un mois, il se peut que je supervise l’entraînement aux sorts voir au combat de votre groupe. » annonça la femme en armure en noire.

« Mais nous ne voudrions pas vous accaparer trop de temps, madame la maréchale. »

« Ca ne sera pas du temps perdu. » répondit-elle, bien qu’elle ne semblait pas s’adresser à lui.

Il vit le regard de la maréchale qui se posait sur lui et il se sentit soudainement mal à l’aise. Vraiment… Qu’est-ce qu’il avait de si spécial ? Peut-être que… ses veines noires étaient le sujet qui intéressait la femme ? Ca devait être sûrement ça ! Il n’y avait pas d’autres possibilités de toute façon. Il sentait qu’il venait de trouver la réponse à ses questions ! Du moins, à une partie de ses questions. Il poussa un léger soupir d’apaisement, chose qui n’échappa pas aux deux personnes à côté de lui. La femme demanda :

« Tu sembles heureux d’apprendre cela ou je me trompes ? »

« Non, non. Disons que… D’un côté, ce n’est pas plus mal non ? Vous semblez expérimentée et plutôt puissante donc ça ne peut être qu’une bonne source d’apprentissage. »

« Hum… Bien rattrapé mais ça ne sera pas suffisant. » répondit la maréchale calmement.

Il émit un petit sourire gêné alors que la femme restait parfaitement immobile. Les groupes étaient formés et Alfan lui demanda de quel groupe il voulait s’occuper. Maintenant, il paraissait bien embêté par tout ça. Il dit :

« Bon et bien, tu préfères lequel ? Je te laisse choisir, ensuite, je prendrais l’autre groupe. »

« Il va prendre celui des combats tandis que toi, tu vas t’occuper des sorts. »

C’était réglé : ce n’était ni lui, ni Alfan, qui avait décidé, c’était elle. Alfan haussa les épaules, se dirigeant vers son groupe alors qu’elle allait vers l’autre qui allait s’entraîner à la magie, Tery la suivant sans rien dire. Elle reprit la parole en annonçant :

« Pendant toute la durée où je serais présente, ça sera moi qui vous entraînerait aux différents sorts et au combat. Je vous conseille de donner votre maximum sinon il y a de fortes chances que vous passiez le reste de votre vie à surveiller les portes des villes perdues dans le royaume de Shunter, chose que je vous déconseille. »

« Oui, madame la maréchale ! »

Tout le monde s’exclama en même temps, faisant un salut militaire digne de ce nom alors qu’il se mettait devant les autres pour suivre leur exemple. Quelques minutes plus tard, ils se dirigèrent vers une nouvelle salle. Maintenant qu’il avait commencé avec quelques combats hier, il allait devoir s’entraîner aux sortilèges. Dégâts en perspective selon lui.

« Que chacun se mette avec un compagnon qui utilise le même élément. Tery, toi, tu me suis dans un coin de la salle. C’est moi-même qui vais t’entraîner. »

« J’ai l’impression d’avoir déjà vécu ce moment. » murmura le jeune homme.

« Ah bon ? Et qui était ton maître de sortilèges ? »

« Je préfère éviter d’en parler si cela ne vous dérange pas, maréchale Nali. »

Elle signala que c’était bon et qu’elle ne lui poserait pas plus de questions. Néanmoins, il était sûr qu’elle … aller chercher à savoir. Comme elle était au courant pour ses lignes noires sur ses mains, il devait bien se demander si l’Ombre savait pour celles-ci. La réponse était oui… L’Ombre était au courant… Il le savait ! Tout ça à cause de ses lignes noires ! Il espérait qu’avec la maréchale Nali, il allait en apprendre plus sur ces dernières.

« Hum… Nous sommes assez éloignés. Dorénavant, tu porteras des gants pour éviter que les autres ne remarquent tes lignes noires. » lui dit-elle avec neutralité.

« Maréchale Nali… Vous semblez bien connaître ces lignes noires. Qu’est-ce qu’elles sont ? »

« Pourquoi tiens-tu à le savoir ? Tu n’es pas au courant de que ces lignes représentent ? »

« Et bien, j’ai toujours pensé que c’était parce que je n’avais pas d’élément de prédilection mais au final, je me dis que ce n’est pas ça. »

« Ce n’est pas correct. Je t’en dirais plus suivant tes progrès. Nous allons voir où tu en es précisément. Donne ton maximum en me visant. » termina t-elle de dire.

Elle n’avait pas peur qu’il lui fasse mal ? C’est vrai qu’en y réfléchissant, elle avait quand même une sacrée armure sur le corps. Bon, autant faire de son mieux. Il jeta un regard derrière lui pour voir ce que les autres accomplissaient comme prouesses avant de déglutir. Il allait se ridiculiser devant la femme, il en était sûr. Il n’y connaissait pas grand-chose à la magie ! Il fit jaillir une petite flamme au bout de sa main droite, des lignes noires apparaissant sur ses doigts. Il projeta la flamme sur la maréchale Nali, celle-ci ne faisant pas un simple geste pour l’arrêter. La flamme percuta son armure de plaques noires avant de disparaître. Elle énonça d’une voix claire :

« Et c’est tout ce que tu as ? »

« C’est tout ce que j’ai… » murmura le jeune homme, baissant la tête.

« Quel qualificatif dois-je donner à ce semblant de magie, Tery ? »

Il baissa la tête, honteux avant de se dire que ce n’était pas forcément une bonne chose que d’avoir dévoilé ses lignes noires à la maréchale Nali. Celle-ci poussa un léger soupir avant de dire d’une voix dure mais forte :

« Qu’est-ce que je dois faire de toi ? Peux-tu me le dire ? »

« Ce n’est pas à moi de décider. Je ne fais qu’obéir aux ordres. »

« Je ne vois même pas la peine que je te parles de tes lignes noires dans ces conditions. Peut-être que je t’en dirais un peu plus lorsque tu ressembleras à quelque chose. »

« Mais… Mais… Mais où est-ce que vous allez ? » bafouilla le jeune homme.

« Où je vais ? Voir simplement ce que les autres accomplissent. Je n’ai pas besoin de m’encombrer d’une personne inutile. Tu es loin d’être satisfaisant et peut-être que ces lignes noires font de toi quelqu’un de potentiellement intéressant mais à côté, tu n’es rien. Peut-être qu’un jour, je t’en parlerais. Mais là, tu n’en vaux pas la peine. »

Hein ? Mais de quoi ? Comment ça ? Hey ! Elle partait sans rien dire, le laissant en plan alors qu’il sentait la colère l’envahir. Non mais cette femme se prenait pour qui ? Inutile ? Si elle n’était pas sa supérieure, il… Il… Il aurait fait quoi ? Il se serait jeté sur elle comme un chiffonnier ? C’était à voir. Il la regarda partir, bouillonnant d’énervement alors qu’il se demandait ce qu’il devait faire maintenant. Il s’écria sans même comprendre :

« NALI ! Où est-ce que vous comptez aller comme ça ? »

La femme à l’armure de plaques noire s’arrêta subitement en même temps que les nombreux combats. Il mit une main devant sa bouche, comprenant enfin ce qu’il venait de faire comme idiotie. La maréchale Nali se retourna lentement, ses bruits de pas métalliques se faisant entendre alors qu’elle revenait vers lui. Déconfit, il balbutia :

« Euh… désolé… Je crois que ma langue… a fourché. Comment dire… Je ne pensais… »

« De l’insubordination ? C’est cela que je relève chez toi, Tery ? »

« Non, non… Je vais comment dire… » tenta-t-il de dire en cherchant ses mots.

Elle se retrouva devant lui et il la trouvait bien plus impressionnante maintenant qu’elle était en face de sa personne. Comment dire… Elle était même imposante. Il sentit les gantelets noirs qui craquaient en se refermant.

« Est-ce que tu as une simple idée de ce que je représente dans l’armée de Shunter ? »

« Euh… Une haute position ? Enfin… Quelqu’un de respecté ? »

« Et est-ce que tu me respectes en ce moment ? »

« Disons que… mes mots ont dépassées mes pensées mais oui … Je vous respecte. »

« Tery Vanian, dans l’armée de Midès, non, dans l’armée de Shunter, il y a des règles à respecter. L’une d’entre elles est de toujours s’adresser respectueusement à son supérieur. Sais-tu ce que cela veut dire ? »

« Que je vais avoir mal ? » osa-t-il dire bien qu’il fermait déjà les yeux.

Elle hocha la tête d’un air négatif alors qu’il n’arrivait pas à voir son visage. Le poing refermé alla le frapper au niveau du ventre, le faisant tomber à genoux alors qu’il s’était mis à cracher puis à vomir. Cette force… Déjà qu’il pensait que l’autre nain avait été violent sur ce coup, celui-ci était encore plus barbare ! Il s’était même mis à cracher du sang alors qu’il était soulevé par le col de sa tenue, traîné au sol. La voix de la maréchale se fit entendre dans la salle, plus personne n’osant esquisser ne serait-ce qu’un geste. Elle dit :

« Bon… Vous allez vous entraîner entre vous pendant que Tery ira faire un petit tour dans les cachots pour qu’il comprenne exactement quelles sont les règles en vigueur ici. Que chacun retourne à ses occupations ! ROMPEZ ! »

« OUI, MADAME ! » s’écrièrent les soldats avec appréhension.

Voilà qu’il s’était mis définitivement à dos la maréchale Nali. Quel imbécile mais quel imbécile ! A chaque fois, il fallait qu’il commette une bêtise. C’était tout lui ! Ahhh ! Qu’il bénissait presque les jours où il était avec l’Ombre.

Chapitre 19 : Refus d’obtempérer

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 19 : Refus d’obtempérer

« Tu vas la montrer ta magie ? Je vais te forcer à la dévoiler ! » s’écria son adversaire.

Il pouvait toujours rêver ! Il ne voulait pas l’utiliser ! Surtout pas devant eux ! A défaut de se moquer de lui, ils allaient être effrayés, ce qui n’était guère mieux. Il ne voulait pas finir une nouvelle fois par combattre une personne à qui il tenait. Dans ce cas précis, il ne tenait à personne alors l’affaire était réglée mais quand même.

« Tery, je t’ordonne d’utiliser ta magie maintenant. » annonça la femme en armure noire.

« Mais… Mais… Je ne peux pas ! C’est impossible ! » s’écria le jeune homme.

« APPLICATION MAINTENANT ! »

Bon… Il devait lui obéir… ou alors combattre son adversaire sans faire apparaître ses veines noires. Pourquoi n’avait-il pas de gants et des longues manches ? Un peu comme l’Ombre ! Ca aurait été bien plus simple de cette façon ! Personne n’aurait remarqué ses lignes noires ! Il fit une roulade se le côté, évitant les flammes générées par la lame d’Onan. Les flammes ne semblaient même pas faire souffrir l’homme. Etait-il ignifugé à ses propres flammes ? Peut-être. Il ne pouvait pas vraiment se poser de questions pour l’instant.

« Alors, tu ne veux pas l’écouter ? Si tu continues, tu vas perdre le combat. »

« Comme si la victoire m’intéressait. Ce n’est qu’un… combat d’entraînement ! »

« L’occasion rêvée de montrer ce que nous valons aux yeux des autres ! »

Ainsi… Il combattait simplement pour impressionner les autres personnes ici ? Tss ! Raison de plus pour ne pas se montrer en spectacle ! Ripant les lames de ses griffes les unes contre les autres, il courut en direction d’Onan, essayant de ne plus se préoccuper de la flamme crée par sa lame. Il y avait bien un moyen de le contrer mais il allait souffrir pour ça. De sa griffe gauche, il alla frapper la lame chauffée par le feu du jeune homme aux cheveux blonds.

« C’est risqué, tu ne crois pas, non ? Tu vas te faire mal. » murmura Onan en souriant.

Et c’était le cas, il serra les dents pour ne pas crier de douleur en sentant les flammes qui venaient lécher sa griffe qui ne fondait pas pourtant. C’était du bon travail d’artisan mais ça n’allait pas lui suffire à gagner le combat ! De sa griffe droite, il tenta de frapper Onan au niveau du visage mais la lame vint se planter dans la rondache, le jeune homme reprenant :

« Et maintenant, on va s’amuser à rapprocher les flammes près de ton visage, mendiant ! »

« Fais ça et je te promets que je t’écrase ! » hurla aussitôt Tery.

L’écraser ? C’était drôle de l’entendre dire ça alors qu’il faisait son maximum pour ne pas hurler à la mort. Il voyait Tery qui tentait de retirer ses griffes de sa rondache mais il faisait plusieurs gestes pour le gêner. Voilà ce qui allait lui en coûter de se lancer à corps perdu contre quelqu’un qui sait manipuler le feu ! Peu à peu, la distance entre les flammes de sa lame et le visage d’Tery diminuait avant qu’un cri ne se fasse entendre :

« Le combat est terminé ! Onan, arrête ça maintenant ! Tu as gagné ! »

« Pfff, ce n’est pas drôle. Ca n’a pas duré dix minutes. » murmura Onan.

« Tu penses donc que l’armée et le combat sont des jeux ? »

La voix impériale de la femme en armure de plaques noires résonna aux oreilles d’Tery qui semblait légèrement sonné par tout ça. Onan s’excusa, les flammes disparaissant en même temps que ses veines rouges. Non, non, il ne pensait pas que c’était un jeu, loin de là ! Tery était tombé à genoux, reprenant son souffle alors qu’il entendait les pas métalliques de la femme. Il ouvrit la bouche, prononçant :

« Pour… Pourquoi ? Je pouvais encore … encore combattre ! »

« La ferme ! C’est à moi de te poser une question ! Pourquoi tu as rejoint l’armée si ce n’est pour te battre ?! Peut-être que tes camarades seraient morts à cause de ton inactivité ! »

Elle vint le frapper dans les côtes, le faisant rouler au sol tandis qu’il cracha en gémissant. Ca faisait sacrément mal un soleret ! Onan eut le droit à quelques félicitations de la part des autres nobles, le remerciant d’avoir remis Tery à sa place. Le jeune homme aux cheveux blonds signala que ce n’était pas grand-chose, que c’était normal mais la femme se retourna subitement avant de reprendre d’une voix irritée :

« Bark, Palio, mettez vous sur le terrain ! MAINTENANT ! »

« Mais il y a ce… » commença à dire l’un des nobles.

« EXECUTION J’AI DIS ! » hurla la femme en plaques noires.

Ohla ! Elle était furieuse ou quoi ? Les deux hommes se positionnèrent devant, attendant qu’elle lance le début du combat. Tery ne s’était toujours pas relevé mais fut soulevé par le col comme un vulgaire pantin. La main gantée de plaques noires alla l’éjecter en-dehors de la zone de combat tandis qu’elle reprenait :

« Commencez le combat ! Vous avez intérêt à le faire DES MAINTENANT ! »

Elle ne se préoccupait pas du combat, continuant de s’approcher de Tery pour le relever une nouvelle fois, le plaquant contre un mur alors qu’il se laissait faire. Elle lui murmura :

« Toi, dès que c’est terminé, tu ne perds rien pour attendre. Je vais m’occuper de ton cas. »

« Je n’ai simplement pas… envie d’utiliser ma magie. »

« PAS ENVIE ? Non mais de quel droit te permets-tu de ne pas avoir envie ! »

Elle lui donna une violente claque, la joue de Tery commençant à saigner à cause du gant de métal. Elle le laissa finalement assis contre le mur, ne se préoccupant plus de lui. Elle retourna vers les autres personnes pour observer le combat à leurs côtés. Ca ne faisait même pas une journée… et il se l’était déjà mise sur le dos.

« Non mais tu fais quoi là ! » s’écria la femme en armure noire avec énervement.

« Dé… Désolé mais il m’arrive parfois de perdre le contrôle de mon eau. »

« Alors ne l’utilise pas si c’est pour te louper comme ça ! Sur un terrain, tu risquerais de créer des dommages collatéraux et de blesser tes compagnons ! »

« Pardon cheffe ! Je ne recommencerais plus ! » répondit le soldat en s’excusant.

« C’est bon, le combat est terminé. Tu as perdu ! »

Vraiment, ils trouvaient qu’elle était bien moins sympathique depuis qu’elle s’en prenait à eux. L’énervement qu’elle ressentait à l’égard de Tery ne faisait qu’accentuer sa colère et ses cris. Au final, c’était eux qui subissaient par la faute du jeune homme aux cheveux bruns ! A la fin, il allait en baver et ça n’allait pas être joli.

« Bon ! Que la finale entre les deux derniers combattants se fasse ! Après ça, je vous expliquerais ce qui va se dérouler. » annonça celle qui les dirigeait.

Il allait bien mieux maintenant. Il pouvait observer les deux « champions » qui combattaient avec ardeur. Les autres avaient quelques égratignures et blessures mais ils semblaient plutôt contents d’eux. Lui ? Il était resté assis contre le mur, ne s’étant pas relevé. Pourquoi faire ? Il n’allait pas retourner vers eux et taper la discussion.

« T’as fini de rester cloîtré ? Ou tu veux de l’aide ? »

« Vous… ne regardez pas le combat ? » dit-il en se redressant, surpris par la femme.

« Pourquoi ça ? J’ai déjà pris ma décision vous concernant, toi et les autres. Relève-toi et vas les rejoindre. C’est bientôt terminé. Et plus vite que ça. »

Elle semblait s’être calmée et il poussa un petit soupir de soulagement. Tant mieux… remit correctement debout, ayant retiré ses deux griffes. Il marcha en direction des personnes de son groupe sans pour autant leur adresser la parole. Il pouvait quand même entendre les murmures qu’ils avaient entre eux :

« Ca ne lui a pas suffit la raclée qu’il a pris. Il en redemande. »

« Il va être bon pour se faire malmener héhéhé. » chuchota un second homme.

« Vous avez finis de parler ?! Taisez-vous un peu ! »

Ah… Finalement, elle n’était pas calmée et plusieurs regards se tournèrent vers Tery, celui-ci faisant semblant de les ignorer comme si ça ne le concernait pas. Il n’avait rien à se reprocher. Si cette femme s’énervait pour un rien et aussi facilement, en quoi il était responsable ? Bon, il faisait un peu son indifférent et sa tête de mule mais il savait très bien qu’il était la raison de l’énervement de cette femme. Simplement, il ne voulait pas se prendre la tête plus longtemps avec cette histoire. Il observa la fin du dernier combat, remarquant que les deux jeunes hommes maniaient aussi bien la magie que l’arme.

« Vous vous demandez à quoi ces nombreux combats ont servis, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas pour évaluer nos compétences ? » osa demander un homme.

« Si c’était uniquement pour ça, vous comprendriez mes choix mais malheureusement ce n’est pas que ça ! Ces combats m’ont permis de vous épuiser et ainsi de vous maîtriser. Dorénavant, vous savez à quoi vous attendre si vous vous permettez de déroger aux règles. »

Même si elle ne visait pas particulièrement Tery, tout le monde voyait de qui elle parlait. Il y eut quelques toussotements amusés alors qu’elle faisait les cent pas devant les seize hommes qui se tenaient devant elles. Certains étaient légèrement blessés, d’autres presque indemnes mais celui dans le plus sale état était Tery. Malheureusement, ce n’était pas le résultat des deux combats qu’il avait menés mais plu de la femme en armure noire.

« Ainsi, je vais donner les noms des quatre personnes qui auront la possibilité de gérer une petite troupe car ici, le but n’est pas simplement de savoir se battre mais aussi de faire que tout le monde revienne en vie. Pour ça, il faut savoir commander, or ce n’est pas le cas de tout le monde. Bon… Voilà les noms… »

Lentement, elle prononça le nom du vainqueur de ce minuscule tournoi puis du finaliste perdant. Enfin, le troisième nom était celui qui avait perdu en demi-finale contre le vainqueur du tournoi et le dernier… était quelqu’un éliminé au second tour. Ce quelqu’un était…

« Tery Vanian. Voilà, les quatre noms sont donnés. »

« Hein ? Mais… Pourquoi lui ? » demanda l’un des hommes, plus que surpris comme le reste.

« Quelqu’un conteste t-il mon choix ? Si c’est le cas, qu’il vienne me le dire en face. »

« Non mais… Expliquez nous, pourquoi ce paysan ? »

« Je t’entends parfaitement, tu sais. » murmura Tery calmement.

Il soupira bien qu’il était aussi surpris que les autres. Qu’est-ce qu’il avait fait de spécial ? Rien ! Rien du tout ! Il voulait aussi comprendre la raison qui poussait cette femme à le choisir comme l’un des…chefs ? Il se présenta devant la femme, s’apprêtant à parler mais ce fut elle la première à répondre :

« Je n’ai pas à m’expliquer. J’ai donné les quatre noms, vous allez bientôt rejoindre les autres groupes et enfin, on vous affectera vos dortoirs. Mettez vous en file indienne devant moi et déposez vos armes et boucliers dans le sac. Tery, tu viens m’aider. »

« Mais pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fais ? »

Il ronchonna légèrement, se disant qu’elle allait lui en faire voir de toutes les couleurs. Il allait devoir se montrer bien plus gentil et obéissant car sinon, il sentait bien les nombreuses corvées qui allaient lui tomber dessus. En plus, si on rajoute les coups qu’il s’était pris, il allait finir estropié en moins d’un mois, peut-être un nouveau record ? Il s’installa à côté de la femme dans son armure de plaques noires, tenant le sac pendant que chacun passait devant lui pour déposer les armes et les rondaches utilisées. Chacun émettait un petit sourire en le voyant fatigué et exténué par tout ça. La femme en plaques noirs dit :

« Maintenant que toutes les armes sont entreposées, vous pouvez sortir de là. Continuez toujours tout droit, vous devriez pouvoir rejoindre les autres. »

Il s’apprêtait à partir, ayant terminé son travail mais la main de métal se posa sur son épaule pour lui signaler que c’était loin d’être fini entre elle et lui. Il observa les personnes s’éloignaient en portant leurs regards sur lui. Il allait encore souffrir, il en était sûr. Lorsqu’il ne resta plus personne, la femme à l’armure de plaques noires reprit la parole :

« Maintenant, tu vas me montrer ta magie terrestre. »

« Heu… Nous allons être en retard. » murmura-t-il avec un peu d’appréhension.

« Ici, c’est moi qui parle, d’accord ? Tu as assez fait l’histrion, maintenant tu… »

« Mais sincèrement, je préfèrerais ne pas la montrer. »

Il reçu un violent coup de poing au niveau de la joue droite, venant l’entailler une nouvelle fois avant qu’il ne se retrouve au sol. Ca faisait vraiment trop mal ces choses ! Est-ce que cette femme ne pouvait pas comprendre les réticences qu’il avait à montrer ses lignes noires ?! Il se releva en passant une main sur sa joue, disant :

« Pourquoi… vous voulez savoir si je suis capable d’utiliser la magie ? »

« Ce n’est pas en ça que je me pose des questions mais plutôt sur ton refus d’obéir. Tu as quelque chose à cacher et dans l’armée, il vaut mieux ne rien cacher si tu veux rester en vie. Les traîtres ne font pas long feu. Comprends-tu maintenant ? »

« Mais je ne suis pas un traître ! Simplement… »

« Je ne te demande pas de me créer des rochers de deux mètres de diamètre mais de voir si tu es réellement capable d’utiliser la magie. Les mensonges peuvent causer énormément de pertes… que ça soit matérielles, physiques ou mentales. »

« Bon, bon… Je veux bien vous montrer mais je vous en prie, ne me jugez pas ! »

« Te juger ? Sur quoi ? » demanda-t-elle, un peu étonnée.

Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Sa dernière phrase venait de lui faire porter une réelle interrogation sur le jeune homme qu’elle voyait. Celui-ci trembla légèrement, tentant de se donner une contenance qu’il n’avait pas. Il devait se concentrer pour faire apparaître une pierre dans sa main, ça devrait suffire à cette femme. Enfin … Il espérait.

Lentement, des traits noirs apparurent sur son bras droit alors qu’il fermait ses yeux verts. Pendant quelques secondes, de la poussière se réunissait autour de lui avant de former une pierre d’une taille de cinq centimètres sur cinq bien qu’elle avait un aspect proche d’une forme sphérique. Il poussa un léger soupir, montrant le résultat de sa magie à la femme à l’armure de plaques noires. Maintenant, il avait plutôt peur … de sa réaction.

« Voilà… Vous avez la preuve que je sais utiliser la magie. »

« Oui… C’est bon, vas rejoindre les autres. » répondit-elle avec neutralité.

« Vous… Vous n’avez pas de questions à me poser ? Enfin des choses à … »

« A quel sujet ? Vas les rejoindre maintenant ! »

« D’accord, cheffe ! Je me mets tout de suite… Ah ! ZUT ! »

Il poussa un petit cri alors qu’elle se retournait vers lui. Il s’était déjà dirigé vers la sortie mais il revenait vers la femme. Qu’est-ce qu’il y avait encore ?! Il s’excusa plusieurs fois, lui signalant qu’il avait oublié son sac pour y mettre ses deux griffes.

« Je vais… J’y vais maintenant. » dit Tery en tremblant légèrement.

« C’est bon, reste ici à m’attendre. D’après ce que j’ai remarqué, tu es loin de briller par ton intelligence. Tu risquerais de te perdre même en ligne droite. »

« Ce n’est pas très sympathique. Enfin … C’est peut-être vrai car je ne connais rien ici. »

« Je suis ta supérieure. Je ne suis pas faite pour être sympathique. »

Elle souleva avec facilité le sac qui contenait les nombreuses armes ayant servies pour l’entraînement d’aujourd’hui. Elle lui demanda de passer devant elle tandis qu’ils se mirent en route. Ils quittèrent la salle côte à côte, le jeune homme aux cheveux bruns ne prononçant aucune parole tandis que la femme ne disait rien. Elle ne paraissait pas surprise par ses veines noires et il se demandait pourquoi…

« Vous êtes tous là ? Vous avez terminé depuis quand ? »

Les quatre gardes qui avaient gérée l’inscription avec la femme se positionnèrent à ses côtés. Elle observa les différents papiers qu’ils lui tendirent avant de hocher plusieurs fois de suite la tête. Après plusieurs minutes, elle tapa dans ses mains pour que tout le monde se taise.

« Bon ! Maintenant que tout est terminé, vous êtes déclarés officiellement comme des membres de l’armée de Midès mais ce n’est pas uniquement cela. Aujourd’hui, c’était une phase d’entraînement armée. Mais nous n’avons pas besoin de personnes qui ne pensent qu’à blesser et à tuer, nous avons aussi besoin de personne utilisant principalement leurs magies à des fins plus ou moins utiles. C’est pourquoi dès demain, nous commencerons différents tests pour vous répertorier dans certaines classes. Certains seront peut-être plus utiles en tant que couverture arrière ou alors en tant que première ligne. Tout n’est pas si simple et tenir une arme dans votre main ne fait pas de vous un combattant. Nous allons vous conduire dans vos chambres et le réveil se fera à l’aube, aux environs de cinq heures. »

Elle tapa une nouvelle fois dans ses mains, ordonnant aux quatre gardes de conduire les nouveaux membres de l’armée dans leurs dortoirs. Elle murmura à l’oreille d’un des gardes en ciblant Tery de son regard. Alors qu’il se mettait à suivre le groupe, le garde à qui elle s’était adressée prit le bras de Tery pour le tirer hors du groupe.

« Toi. Tu me suis. On va t’emmener dans un endroit qui correspond plus à ta classe. »

« Ma classe ? Qu’est-ce que… » commença le jeune homme à dire.

« Tu n’as pas à poser de questions. Les types comme toi n’ont pas une place dans les dortoirs les mieux lotis ! Tu ne t’en doutais quand même pas ? »

« Je ne comprend pas. Enfin … Je dois mieux … me taire et vous accompagner. »

Il suivit le garde, ne voulant pas désobéir aux ordres bien qu’il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire d’autre. Les personnes comme lui… C’est vrai. Il n’était pas un noble contrairement aux autres. Il n’allait donc pas se retrouver avec ces derniers dans les dortoirs. En y réfléchissant bien, ce n’était pas forcément une mauvaise chose quoi. Il n’allait pas avoir à les écouter et surtout à les voir ! Pendant une dizaine de minutes, ils marchèrent jusqu’à ce qu’il entende des voix au langage bien moins développé que celui auquel il s’était habitué pendant la journée. Ils étaient arrivés devant un long bâtiment avec deux étages.

« C’est là que tu habiteras dorénavant. Tu as déjà toutes tes affaires et ces personnes proviennent du même endroit que toi : la basse société. Certains sont fils d’artisan, d’autres de simples fermiers, ils ne savent peut-être même pas se battre. »

« Su… per. Je vois… C’est l’endroit rêvé. » ironisa le jeune homme.

« Tu feras certainement moins le fier quand tu verras à quoi ils ressemblent puisque tu vas les côtoyer pendant longtemps, très longtemps. »

« Comment ça ? Où voulez vous en venir ? » demanda Tery, un peu plus inquiet.

« Tu sauras bien assez tôt. Comme ce que m’a dit la maréchale Nali, tu devras sûrement t’occuper d’un petit groupe d’entre eux. Bonne chance héhéhé. »

C’était une bénédiction ou une malédiction ? Qu’est-ce que cette femme lui voulait pour le faire autant souffrir ? Il ne comprenait pas du tout ses actions ! Des fois, il pensait qu’elle le tirait d’affaire, des fois, c’était tout le contraire. Vraiment… Il se posait trop de questions des fois ! Ils pénétrèrent à l’intérieur du bâtiment, des cris se faisant entendre alors qu’ils montaient à l’étage, Tery tenant son sac sur son épaule. Passant au second étage, ils se retrouvèrent devant une porte avec un chiffre marqué dessus. Il ne se préoccupa pas de le retenir, remarquant simplement qu’il se retrouvait tout au fond du couloir.

« Voilà l’endroit où tu pourras dormir, c’est toujours mieux que les chambres à plusieurs. Une partie de cet étage est réservée à ceux qui commanderont le reste des troupes. Ce n’est pas parce que tu as été choisi que tu seras absent des tests demain. Aller, prends ta clé et espérons que tu vivras plus longtemps qu’un trimestre. » annonça le garde avant de s’éloigner.

Réjouissant… Il récupéra la clé que l’homme lui tendait, s’engouffrant à l’intérieur de sa chambre avant de s’enfermer. Il jeta le sac au sol, ne regardant même pas ce qui se trouvait autour de lui. Il vint atterrir sur son lit, remarquant qu’il était loin d’être mauvais. L’armée… C’était si compliqué. Ces histoires de commandement, de classes, toutes ces choses lui donnaient mal au crâne. Dormir… serait une bonne chose pour oublier.

Chapitre 18 : Acte délibéré

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 18 : Acte délibéré

Il n’allait pas lui laisser le temps de prendre les devants. Dans un combat, c’était le premier qui attaquait qui avait l’avantage sur son adversaire ! Sans hésitation, il courut vers son adversaire, les lames de ses deux griffes venant rencontrer les dagues du jeune homme à la moustache noire. Celui-ci s’exclama :

« Diantre ! En voilà des manières de commencer un combat ! »

« Désolé mais je n’ai pas de temps à perdre. » répondit Tery calmement.

« Allons, allons… Tu es bien pressé, faquin. » termina de dire le jeune homme.

Hacko fit quelques gestes avec sa dague droite, soulevant la griffe de Tery en ayant un sourire aux lèvres. Il allait montrer à ce gueux la façon de se battre des nobles ! Ce n’était que dans les livres que les gens riches et bien aisés ne se battaient qu’à la rapière ! Les autres personnes rigolèrent en voyant Tery qui se démenait pour se battre.

« Et bien ? Y a-t-il un souci ? Peut-être devrais-tu rentrer dans ta cambrousse ? » demanda Hacko avec amusement, Tery répliquant violemment :

« Tu vas voir ce que ma cambrousse va te montrer ! »

C’était ça le problème avec les nobles ! Ils se croyaient toujours au-dessus des autres à cause de ce qu’ils avaient dans le sang ou comme titre. Il fallait les remettre sur le droit chemin tout de suite ou alors ils allaient abuser de leurs rangs dès qu’ils le pouvaient. Il fit un petit saut en arrière, recourant rapidement vers son adversaire aux cheveux noirs. Ce qui s’ensuivit fut un enchaînement de coups de griffes et de dagues, chaque arme rencontrant l’autre en émettant un bruit métallique. Hhaco lui demanda :

« Où est-ce que tu as appris à te battre ? Dans les tavernes ? »

« Non mais avec un excel… » commença à dire Tery avant de s’arrêter.

Oh et puis zut ! Pourquoi parlait-il à cet homme ? Un combat ne se résolvait pas avec des paroles mais avec des actes ! Par surprise, il alla placer son pied droit dans le ventre d’Hacko, lui extirpant un cri de douleur en le faisant se pencher en avant. Voilà une bonne chose qui était faite. Il reprit la parole sur un ton provocateur :

« Si tu veux voir la méthode des tavernes, c’est comme ça qu’on résout nos problèmes. »

Il lui donna un coup de pied dans la tête, le faisant tomber en arrière alors des huées se firent entendre de la part des autres personnes. Pfff ! Rien à faire ! Il n’était pas fait pour être célèbre ou être apprécié, il n’était pas venu pour ça ! La femme à l’armure de plaques noire leva la main droite pour leur intimer de se taire, prenant la parole :

« Tery Vanian, tu es prié d’utiliser uniquement tes armes. »

« D’accord… Je ne le ferais plus. » murmura Tery, un peu par dépit.

« Sale gueux, tu as réussi à me mettre en colère ! » s’écria Hacko, se remettant bien.

Tant mieux, c’est ce qu’il voulait ! Même si il avait faillit se causer pas mal de soucis en se faisant interpeller par la femme en armure de plaques noire, il avait réussi à faire ce qu’il désirait. Le jeune homme aux cheveux noirs s’était relevé, un peu de sang s’écoulant de ses lèvres. Il n’y avait pas de protection sur les pieds, chose tout à fait normale puisqu’à la base, ils n’étaient pas sensés les utiliser.

« Qu’attends-tu pour venir ? » demanda Tery.

Il avait dit ces quelques paroles sur un ton nonchalant et légèrement prétentieux, de quoi énerver encore un peu plus l’homme qui courut vers lui. Lorsqu’il fut à sa portée, il fit un pas sur le côté, tendant son pied droit pour le faire tomber au sol une nouvelle fois.

« Est-ce que c’est autorisé ? » questionna le jeune homme aux cheveux bruns.

« Nullement. C’est mon dernier avertissement. » répondit sèchement la femme en armure.

« Bon, et bien… Qu’il se relève alors. »

Pfff ! Il devait arrêter de se comporter comme un idiot s’il ne voulait pas se faire virer dès le premier jour de l’armée de Midès. Enfin… Il devait se concentrer un peu plus sinon, il allait se créer quelques soucis et ce n’était pas une bonne idée. Hacko se releva, encore plus furieux qu’auparavant et poussa un cri de rage en courant vers lui.

« L’énervement, ce n’est pas la meilleure des solutions. » annonça Tery.

« La ferme ! Un miséreux comme toi ne devrait même pas se trouver ici ! »

Miséreux, gueux, faquin, il en avait un vocabulaire des plus développés. Sauf que dans l’armée, un vocabulaire développé ne servait à rien. De sa griffe droite, Tery para le coup de dague qu’il allait recevoir. Il recula sous l’impulsion mais il avait un sourire aux lèvres : le combat était maintenant gagné d’avance, il en était certain ! Sa griffe gauche alla frapper Hacko dans sa hanche droite, lui arrachant un nouveau cri de douleur.

« Dites… Le combat se termine comment ? » questionna Tery en s’adressant à la femme.

« Quand je le décide. Si tu ne gardes pas un œil fixé sur le combat, il risque de s’achever bien plus tôt que prévu. » annonça t-elle sur le même ton sec qu’auparavant.

Comment ça ? AH ! Il plaça ses deux griffes en croix, comprenant ce que la femme voulait dire par là. Les dagues tentèrent de le frapper au niveau du torse avec la ferme intention de le tuer. Heureusement qu’il y avait de quoi le protéger hein ? Il repoussa le jeune homme aux cheveux bruns, arrêtant de sourire à l’idée qu’il allait emporter ce combat. Maintenant, s’il avait bien compris, c’était cette femme qui pouvait arrêter le combat quand elle le désirait. Alors, il allait devoir donner son maximum ! Il se mit à sautiller sur place, attendant qu’Hacko revienne vers lui avant de se pencher en avant tout en avançant. Grâce à cette tentative, il arriva à esquiver le coup de dague qu’il aurait pu recevoir mais surtout à frapper son adversaire une nouvelle fois dans la hanche droite.

Mais qu’il arrête de bouger ! Il pouvait lire cela sur le visage exaspéré de l’homme en face de lui. Bon, il était temps d’en terminer même si la femme ne voulait pas annoncer la fin du combat. Il se retourna pour faire face à son adversaire après le coup qu’il lui avait donné. Il avait une idée pour terminer le combat mais celle-ci allait être plus difficile que prévue surtout maintenant que son adversaire était en colère. Qui disait en colère disait un maximum de force dans les bras et dans les jambes.

« Bon… On va essayer ça. » chuchota Tery.

Il se marmonnait à lui-même les techniques qu’il comptait appliquer pour battre son adversaire. Ce n’était pas si compliqué à imaginer, le pire était de le mettre en œuvre. Pendant plusieurs minutes, il para les nombreux coups qu’il recevait, haletant au fur et à mesure que le combat continuait. Son adversaire aussi semblait essoufflé mais il ne le montrait pas. La rage qu’il avait en lui ne voulait pas s’apaiser.

« C’est long… Très long… Et le paysan ne fait que se protéger. »

« Il a peut-être finalement compris qu’il ne faisait pas le poids contre un vrai noble ? »

« Veuillez vous taire. Je ne me répèterais pas une seconde fois. » hurla la femme en armure de plaques noires, énervée par les propos des personnes autour de la scène de combat.

Pffff ! Il n’avait personne de son côté, donc pour les acclamations lorsqu’il allait gagner, il allait devoir repasser un autre jour ! AH ! C’était le moment ! Il para une nouvelle fois la dague droite de son adversaire avec sa griffe gauche mais il avait réussi à insérer la lame de l’arme entre celles de sa griffe. D’un geste très rapide, il donna un violent coup sur la gauche, arrachant la dague de son adversaire pour la faire percuter la tête de l’un des autres hommes.

« HEY ! Attend un peu que… » commença à dire l’homme qui s’était pris la dague.

« Tu restes ici et tu te tais. Il l’a fait par inadvertance. Le combat continue. »

Par inadvertance ? Elle n’en était pas si sûre mais elle n’allait pas laisser quelqu’un s’immiscer au beau milieu de ce combat. Maintenant, Hacko n’avait plus qu’une dague qu’il tenait dans sa main gauche. Il était encore plus furieux qu’au départ, énervé par l’acte que venait de commettre Tery envers lui.

« Deux dagues, une dague, ça me suffit ! Je vais te montrer l’art du combat ! »

« De la part de quelqu’un qui n’a pas réussi à me toucher, je ferais mieux de me boucher les oreilles que de t’écouter ! » rétorqua Tery avec amusement.

L’homme prit la parole mais ne termina pas sa phrase, s’élançant vers Tery pour lui faire ravaler ses paroles ! Il allait lui montrer qu’il ne fallait pas plaisanter avec un noble ! Il était au-dessus de lui, il était riche, beau, séduisant, il pouvait courtiser les femmes les plus magnifiques du royaume de Shunter ! Ce paysan en face de lui, comment allait-il terminer sa vie ? Avec une fermière, en cultivant son blé et en nourrissant ses vaches ! Voilà ce qui l’attendait ! Il donna un coup d’une rare violence en direction de Tery, celui-ci pouffant lorsqu’il le reçu au niveau du torse. Lui, il avait encore de la ressource ! Tery répliqua aussitôt en le frappant au niveau du front, tentant de bloquer la seconde dague avec sa griffe.

Quand est-ce que le combat allait le terminer ? Il commençait à être épuisé par tout ça ! Un combat contre un autre humain était tout aussi éreintant voir encore plus que de combattre un Gnomold. Bon… Puisque la femme ne voulait vraiment pas arrêter ce combat, il allait mettre toutes ses forces dans les prochains coups. Rapidement, il traça une ligne diagonale vers Hacko, celui-ci ayant encore le réflexe de parer avec sa dague. Néanmoins, il n’avait rien pour parer l’autre griffe qui alla le frapper au niveau du ventre, le faisant pouffer à son tour ! Il lui rendait la monnaie de sa pièce ! Il allait en terminer maintenant !

Ce va-nu-pieds… Il commençait sérieusement à le mettre en pétard ! Au diable les règles de noblesse ! Il allait lui faire regretter d’être né ! Du moins, c’est-ce qu’il avait en tête mais Tery ne lui laissa pas le choix. Il coinça son bras avec ses deux griffes, lui extirpant la dague pour la faire tomber au sol. C’était accompli d’une façon peu orthodoxe mais cela avait le mérite d’avoir réussi à le rendre désarmé ! Dès que la dague percuta le sol, la femme à l’armure de plaques noire prit la parole en s’écriant :

« Le combat est terminé ! Le vainqueur est Tery Vanian. »

« Pas possible, le paysan a gagné. »

« Peut-être qu’il sait se battre au final… » annonça un second homme après le premier.

Ahhhh ! Il préférait entendre ça ! Oui, il savait se battre et il venait de le montrer aux yeux de tous ces fils à papa. Avec une légère insolence et la tête haute, il se dirigea vers un coin isolé à quelques mètres du groupe. Voilà qui allait les faire taire ! Les hommes reprirent :

« Ou alors Hacko est vraiment trop faible. »

« Oui, ça doit être ça. Il n’y a aucune chance que l’un d’entre nous se fasse battre de la même façon. Aucune chance… C’est simplement impossible de toute façon. »

« Veuillez vous taire ! Que les prochains combattants se mettent en position. Enol contre Manar. Dépêchez vous, vous ne rentrerez pas dans vos dortoirs avant que ce petit tournoi soit terminé, qu’importe si ça doit prendre une journée ! » annonça le femme en armure noire.

Hein ?! Et zut… Il préférait rester poli intérieurement. Il n’avait pas envie que par inadvertance, il insulte la bouche grande ouverte. Il observa de ses yeux verts Hacko qui s’éloignait de la zone de combat, la tête baissée, les poings serrés. Pour lui, c’était une véritable déconfiture, il s’en doutait. Savoir qu’il avait été battu par un … paysan était une chose des plus détestables chez un noble. Il allait sûrement devoir le surveiller si il ne voulait pas avoir d’ennuis ou alors… tout simplement le faire pencher de son côté. Maintenant que les autres nobles allaient le critiquer, il allait peut-être se montrer moins arrogant. Avoir un allié dans un tel endroit, il était sûr que c’était une meilleure idée que de s’en faire un ennemi définitif. Dès qu’ils allaient avoir un peu de temps, il devait discuter avec lui !

« Tery ? Ramène-toi. Nous avons à discuter tout les deux. »

« Mademoiselle, comment faisons nous pour le combat ? » demanda l’un des hommes.

« Si l’un des deux fait tomber son arme ou a perdu de façon évidente, faites le prochain combat. C’est marqué sur cette feuille. » répondit-elle sèchement en tendant un morceau de papier. Un homme vint la récupérer avant de retrouver les autres.

Les nobles étaient tout de suite plus réceptifs dès qu’il s’agissait d’un haut gradé mais lui, il semblait ne pas s’y intéresser plus que ça. En fait, il était même plutôt inquiet de savoir qu’il devait suivre cette femme. Peut-être qu’il allait encore souffrir verbalement. En y réfléchissant, il avait ouvert sa bouche plus que de nécessaire pendant le combat. Il suivit la femme qui quitta la salle, quelques paires d’yeux tournés vers eux, un sourire tracé sur les lèvres des nobles. Ces saletés… Ils s’imaginaient la même chose que lui ! Lorsqu’ils se retrouvèrent dehors, elle prit la parole :

« Tery Vanian, propriétaire de l’un des livres sur la création des golems. »

« Hein ? De…De quoi vous parlez ? » demanda-t-il, surpris par la phrase dictée.

« Simplement du livre que tu as reçu en récompense pour la mort de Parkan, l’un des chefs Gnomolds qui sévissait dans la région autour de Midès. »

« Co… Comment vous êtes au courant ? »

« Des livres d’une rareté qui font qu’ils sont comptés en à peine un millier d’exemplaires ne passent pas inaperçus. Sachant qu’en plus, nous parlons d’un livre en rapport avec l’élément de la Terre, élément prédominant du royaume de Shunter et tu as l’explication sur le fait que je sache déjà tout ça à ton sujet. » reprit la femme en armure de plaques noires.

« Donc… C’est un livre sur la création de golems ? » questionna le jeune homme.

« L’as-tu au moins à peine ouvert ? A t’écouter, on ne dirait pas. »

Il hocha la tête d’un air négatif alors que la femme dans l’armure de plaques noire croisa les bras au niveau de la poitrine. Cet homme… Il avait un livre aussi précieux entre ses mains et pourtant, il n’avait même pas essayé de voir ce qu’il contenait ? Vraiment… Il était des plus stupides. Surtout que ce livre était plutôt recherché s’il était… vide.

« Bon… Qu’importe. Je te conseille simplement de lire ce livre dès que tu le peux. Apprendre à créer un golem est une chose des plus complexes quand on s’y attarde réellement. »

« Vous… Vous en avez déjà fait ? » osa-t-il poser comme question.

« En quoi cela te concerne ? Ecoute ce que je te dis et ça ira parfaitement. »

« Comme vous le désirez ! Mais pourquoi m’avoir emmené… »

« Car dès l’instant où tu inscriras ton nom sur ce livre, il t’appartiendra jusqu’à ta mort. Personne ne pourra apprendre l’art des golems à partir de ce livre sauf en te tuant. »

Bon… Il avait un livre plutôt précieux en main mais il ne se sentait pas pour autant super joyeux. Ce n’était pas qu’il n’appréciait pas ce… livre mais voilà quoi. D’après ce que la femme en armure de plaques noire avait dit, si les autres apprenaient au sujet de son livre, ça allait faire quelques ravages et il allait avoir quelques soucis.

« Je peux savoir ce que tu attends ? On rentre. » annonça la femme en face de lui.

« D’accord ! Désolé ! Je réfléchissais. » bafouilla Tery, cherchant à s’excuser.

« Un dernier conseil si tu veux tenter de vivre plus d’un mois dans l’armée : arrête de trop ouvrir ta bouche. Des fois, cela peut aider mais pas pendant un combat. Tu es tombé sur un noble qui ne savait pas contrôler sa colère. Contre un combattant aguerri, ça ne marchera pas. Ai-je été claire ? Ou pas assez ? »

« Très clair made… » dit-il avant de s’arrêter subitement.

Mieux valait éviter de l’appeler comme ça. C’est vrai qu’il parlait beaucoup trop, il le savait lui-même mais bon, il était comme ça. La tête baissée, il retourna avec la femme à l’armure de plaques noire à l’intérieur de la salle. Il s’installa dans un coin, ne faisant pas attention au reste des combats où chacun donnait son maximum pour arriver à impressionner cette femme dont aucun n’avait vu le visage. Elle tapa dans ses mains après trois quarts d’heure de combat, leur signalant qu’ils avaient dix minutes de repos.

« Tery Vanian, je peux savoir ce que tu fais ? »

Aie ! Elle était encore là ! Qu’est-ce qu’elle lui voulait pour le coller autant ? Enfin, ce n’était pas de la même façon que l’Ombre et… Et merde ! Il n’arrêtait pas de toujours tout rapporter à l’Ombre, ça en devenait énervant ! Il posa ses yeux verts sur le casque noir, reprenant :

« Je réfléchissais… Enfin, j’ai essayé de réfléchir. Je ne sais pas trop. »

« Sans même jeter un œil au combat ? Je pensais que notre petite discussion avait pourtant été comprise. Je vois que je me suis trompée. Relève-toi ! Tu es le prochain. »

Et voilà qu’il repartait pour le second tour ! En plus, il sentait qu’il avait énervé la femme à l’armure de plaques noire, sa voix semblant plus forte à chaque fois qu’elle s’adressait à lui. Les autres membres ricanèrent de leurs côtés, heureux de le voir se faire remettre à sa place par celle qui les dirigeait actuellement.

« Tery, Onan, mettez vous en face. » annonça la femme en armure noire.

« La chance du débutant est terminé. » murmura Onan en le regardant.

« Si tu le dis… Si tu le dis… » chuchota tout simplement Tery en haussant les épaules.

Il avait maintenant affaire à un jeune homme avec des cheveux blonds en bataille, deux yeux verts comme les siens et armé d’une épée courte ainsi que d’une rondache. Il sortit ses deux griffes, les remettant correctement sur ses mains en attendant le départ de la part de la femme qui gérait tous ces combats. Vraiment… Cela allait prendre bien moins de temps, du moins il l’espérait. Il avait plutôt envie d’arrêter tout ça et de voir ce qui se passe à côté. Malheureusement, il sentait qu’il n’allait pas vraiment avoir le choix avec cette femme.

« Tery contre Onan, vous pouvez commencer. » reprit la femme.

Zou ! Comme au premier combat, il allait prendre les devants ! Il s’élança vers son adversaire, les lames de sa griffe droite venant riper sur la rondache qu’Onan avait mise au niveau de son torse. Il para l’épée courte avec sa griffe gauche, repoussant légèrement Oran alors que celui-ci gardait un sourire aux lèvres. Un sourire mauvais pour lui…

Il fallait le reconnaître : le paysan savait se battre avec une arme. En plus, il utilisait des armes pas banales et assez difficiles à manipuler. C’était un bon point pour lui… Mais bon, l’art des armes n’était pas aussi facile que cela et surtout, il se couplait à autre chose. Le mieux était de l’épuiser pour l’instant et ensuite…

Ce type parait avec une aisance bien plus grande que le précédent. Il voyait bien qu’Onan était calme comparer à Hacko mais bon… C’était quand même assez difficile de le toucher. En fait, c’était pire que ça : il n’y arrivait pas ! Chaque coup porté contre Onan venait rencontrer la rondache tandis que la lame de l’épée courte percutait celles de sa griffe gauche. Le combat s’éternisait et ça faisait déjà cinq bonnes minutes qu’il combattait. Enfin, Onan prit la parole sur un ton amusé :

« Et si nous corsions la chose ? Tu sais te battre avec une arme pour quelqu’un qui vient d’une ferme… mais est-ce que tu sais te battre avec de la magie ? »

Hein ? De la magie ? Est-ce qu’il allait… Pas en combat d’entraînement ! Il n’oserait pas ! Et pourtant, des veines rouges apparurent le long des bras d’Onan avant que la lame de son épée longue ne s’enflamme subitement. Il donna un coup dans le vide mais il avait très bien senti son vêtement qui venait de se réchauffer. En fait, il avait même une marque de tissu brûlé au niveau du vêtement.

« Hey ! Ce n’est pas autorisé ça ! C’est de l’entraînement ! »

« Je ne crois pas avoir entendu de règle qui stipule qu’on ne puisse pas utiliser notre magie. »

« Mademoiselle mais… » dit Tery en tremblant, tournant son visage vers la femme en armure noire. Celle-ci lui répondit sèchement :

« Arrête de te plaindre et combat. S’il utilise la magie, fais-en de même. »

« Mais mais mais… » bafouilla le jeune homme, se disant que c’était impossible.

« Et bien quoi ? Tu ne sais pas utiliser la magie ? Si c’est le cas, tu ne mérites pas d’être ici. » annonça celle qui dirigeait les combats.

Mais pourquoi fallait-il qu’il soit tombé sur un type adepte des flammes ?! Si encore, cela avait été quelqu’un qui utilisait l’élément de l’eau, il ne se serait pas plaint mais là… Il risquait gros ! Et dire que ce n’était qu’un combat d’entraînement ! Mon œil ! Il détestait encore plus les sourires sur ces visages ironiques… et cette femme avec sa fichue armure de plaques noire ! Qu’est-ce qu’il devait faire ?! Utiliser sa magie ? Mais il ne pouvait pas ! Les veines noires avaient horrifiée l’Ombre encapuchonnée ! Alors … Alors … Si les autres apprenaient à son sujet, comment est-ce qu’ils allaient réagir ? COMMENT ? Il ne pouvait pas … Ce n’était pas possible ! Il allait devoir se battre sans !

Chapitre 17 : Bienvenue dans l’armée

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Seconde partie : Un même but

Chapitre 17 : Bienvenue dans l’armée

Un brouhaha fut omniprésent autour de lui. Il y avait tellement de monde que cela lui donnait mal à la tête. Ils étaient combien dans cette place ? Cinquante ? Cent ? Il passa une main sur son front, observant les alentours. Cet homme… Celui à qui il aurait aimé mettre son poing dans la figure… Il ne lui avait pas laissé le temps de dire quelque chose qu’il avait été embarqué de force dans cet endroit. Il lui avait dit d’attendre que d’autres personnes arrivent. C’était une immense place… avec des murailles autour d’elle. Une entrée, plusieurs sorties, quelques tours et de très nombreux bâtiments. Une sorte de mini-forteresse.

« TAISEZ-VOUS ! » hurla une voix qui semblait capable de tuer rien que par son écoute.

Elle résonna dans ses oreilles comme un cri strident. Le calme s’installa rapidement, chacun se tenant les oreilles en semblant souffrir pendant plusieurs secondes. Vraiment… C’était quoi ça ? L’armée ? Il en avait encore une autre vision devant ses yeux. La personne qui venait de parler avait une armure de plaques noire sur le corps mais le plus surprenant restait le fait que c’était une femme qui se tenait devant eux. Son visage n’était pas à découvert mais sa voix permettait de l’identifie :

« Si vous êtes ici, c’est pour une bonne raison ! Vous êtes moins inutiles que la majorité des soldats que nous recrutons ! Ne croyez pas que vous êtes meilleurs que d’autre ! »

Des nouveaux murmures se firent entendre mais la femme à l’armure de plaques positionna sa main devant elle, créant un puissant vent pour faire tomber les deux premières rangées d’hommes et femmes qui se tenaient devant elle. Le message était bien passé : soit ils arrêtaient dès maintenant leurs petites discussions, soit tout allait très mal se terminer. Heureusement qu’il était dans la dernière rangée, il n’avait pas à s’inquiéter.

« Maintenant que vous êtes tranquilles, nous allons reprendre. Si vous êtes ici, c’est que vous avez décidé de rejoindre l’armée de Shunter plus précisément celle de la capitale Midès ! Si vous êtes ici, c’est que vous avez des qualités, du moins, c’est ce que vous aimeriez croire, n’est-ce pas ? Votre mère et votre père sont sûrement des nobles qui espèrent que vous ayez quelques titres pour redorer leurs blasons ternis ? Ou alors vous venez d’une longue lignée de soi-disant héros ou mages ? » reprit la femme en armure.

Son ton était dur et froid mais bizarrement, il ne se sentait pas visé. En regardant les autres personnes qui se trouvaient autour de lui, il remarqua qu’il n’était pas si jeune que ça. Une bonne partie devait avoir son âge, une autre partie avec quelques années en plus à peine. Son regard se portait sur la femme qui se tenait devant eux : elle était entourée de quatre gardes qui n’esquissaient aucun geste tandis qu’elle disait ::

« Ici, nous ne sommes pas là pour plaisanter ! Si vous voulez partir, c’est le bon moment. Que ce message soit clair dans vos cerveaux ! Vous pourrez devenir célèbres et surtout rester en vie ailleurs. Je vous laisse cinq minutes pour décider de votre sort. »

Elle croisa les bras au niveau de la poitrine tout en émettant un bruit métallique. Elle observait les hommes et femmes qui se tenaient devant elle. Certains discutaient entre eux, d’autres commençaient à s’éloigner, se disant que finalement ce n’était pas une si bonne idée que ça. Lui, de son côté, il resta immobile et stoïque. Ce n’était pas que cela lui plaisait spécialement mais il n’avait pas le choix. C’était ça ou alors l’Ombre. Or… Après ce qui s’était passé, il n’avait pas vraiment envie de retourner voir l’Ombre. Celle-ci était peut-être déjà partie ? Avait-elle quittée la capitale ? Il ne devait plus y penser. Il releva son regard émeraude en direction de la femme en armure de plaques noires. Un petit coup d’œil lui montra que pendant sa réflexion, un bon quart des personnes présentes dans ce lieu venait de le quitter. Il fronça légèrement les sourcils, remarquant un homme qui s’approchait de la femme. Mais c’était … Attendez un peu. Oui, c’était ce petit homme : le recruteur ! Avec sa moustache noire et sa taille de nain, il semblait bien ridicule par rapport à la femme. Celle-ci dut se pencher légèrement pour écouter les dires de l’homme. Bien qu’il ne puisse pas entendre la discussion, il sentit le regard du recruteur qui se posait sur lui :

« Qui est-ce ? Venir me déranger… Cela a intérêt à être très important. »

« Mademoiselle, je vous promets que vous ne le regretterez pas ! Il a été capable de battre le scorpion cyclope dans Litan Deseria ! »

« Et qui te dit qu’ils n’étaient pas plusieurs ? Je n’ai pas besoin de quelqu’un qui ne sache pas se débrouiller seul. Alors ? Tes dires ? » annonça la femme dans son armure noire.

« Heu… Ahem… C’est vrai que sur le coup… » bafouilla le recruteur.

Il semblait bien différent de celui qui avait agressé verbalement et surtout physiquement Tery il y a quelques jours. Il était plus calme et raisonnable. En y réfléchissant, il n’avait pas pensé à demander au jeune homme si il avait réussi à abattre tout seul cette créature mais même à plusieurs… si ils étaient des débutants, cela aurait été mortel si ils n’y connaissaient rien.

« Bon… Nous verrons bien s’il vaut quelque chose pendant les entraînements quotidiens. Ils ont de la chance que je sois présente pendant ce mois. » dit la femme en armure.

« Et l’armée de Shunter ? Où en est-elle si ce n’est pas indiscret ? »

« Tu n’as pas à savoir dans le détail mais nous une bonne partie de nos troupes sont proches du royaume de Claudiska. Maintenant, tu peux disparaître. »

« Mais et pour … » commença à dire le petit homme.

« Tu poses beaucoup de questions. Nos magiciens s’en occupent, maintenant, éloigne toi, je n’ai pas que cela à faire. » coupa sèchement la femme en armure de plaques.

L’homme s’éloigna peu à peu tandis qu’elle regardait Tery. Malgré la distance, elle arrivait parfaitement à l’étudier : assez chétif, peu de muscles et ne semblait être très débrouillard d’après le physique. Sa tenue montrait clairement qu’il ne venait pas d’un milieu aisé. Hum… Si lui était capable de tuer le scorpion cyclope, alors le reste des futurs soldats devaient être des dieux du combat. Maintenant que tout était dit, que ceux qui hésitaient étaient partis, il était temps de se mettre au travail. Cela ne faisait que commencer et elle allait devoir tout leur expliquer depuis le début. Ce qui allait les attendre principalement.

« Je vois que quelques couards ont décidé de nous quitter. Tant mieux pour eux si ils ne veulent pas devenir célèbres puisque c’est la raison de votre présence ici. Si vous avez assez de courage pour rester ici, c’est peut-être car vous le méritez ? Nous allons débuter par quelque chose de simple puisque je suis devant vous. Vous allez vous présenter un par un en en arrivant jusqu’à moi tandis que les gardes à côté ainsi que moi-même noterons sur des papiers votre nom et diverses réponses que vous nous donnerez. Dès l’instant où le sceau sera imposé sur le papier, vous ne pourrez plus revenir en arrière. »

Bon… Il était en fond de file donc il n’avait pas à se poser de questions et attendre son tour tout simplement. Plus les minutes s’écoulaient, plus la troupe se réduisait. Chacun se plaçait derrière l’un des soldats suivant son élément qu’il dominait ou non. Au départ, il ne savait pas quels étaient les éléments que chaque soldat gardait mais lorsqu’il vit un cinquième soldat qui se présentait à côté des quatre autres, il comprit que la femme en armures de plaques n’allait prendre aucune recrue avec elle. De plus, d’après ce qu’il entendait, si on regardait de gauche à droite, les recrues étaient regroupées de cette façon : Ceux mêlés à l’élément feu, ceux mêlés à l’élément de l’eau, la femme en armure de plaques noires, les recrues de vent, ceux de la foudre et enfin ceux de la terre. Finalement, il était l’un des derniers, il n’en restait plus que cinq ou six après lui. Il se présenta devant la femme, attendant qu’elle prenne la parole. Elle demanda calmement :

« Nom, prénom et ville d’où tu proviens ? »

« Tery Vanian et je proviens du village de Leskar. »

Quelques murmures se firent entendre parmi les personnes autour d’eux. Ce type… Il venait d’un coin perdu ? Ils n’avaient jamais entendu ce nom même ou alors simplement dans les livres de géographie. La femme reprit la parole :

« Le village de Leskar est aux abord de la frontière sud-est de notre royaume. Cela fait combien de temps que tu parcoures notre royaume pour arriver jusqu’à Midès ? »

« Cela fait plus de deux mois que je marche. »

Il avait un peu menti sur la date, enfin il croyait. Il ne devait pas annoncer que l’Ombre avait été celle qui l’avait transporté jusqu’ici sinon il allait très mal finir. La femme resta stoïque tandis que les murmures s’arrêtaient peu à peu. Il était immobile devant elle, se demandant pourquoi c’était étrangement si long maintenant que c’était à son tour.

« Depuis quand es-tu devenu un adulte ? Depuis quand tu as ta marque ? »

« Il y a environ deux mois. » murmura-t-il calmement. Cela faisait vraiment aussi peu de temps ? Il avait du mal à y croire lui-même mais qu’importe.

Et voilà que les autres recrues discutaient à nouveau entre elles, la femme à l’armure tapant sur le sol avec violence tout en leur disant de se taire s’ils ne voulaient pas avoir de problèmes. Il s’était mis à légèrement trembler, se demandant s’il ne venait pas de commettre une bêtise. La femme lui demanda sur un ton neutre une nouvelle fois :

« Si j’ai bien compris, tu as donc décidé de rejoindre l’armée depuis que tu es devenu un adulte ? Me tromperais-je ou alors … »

« Nullement… mademoiselle. » murmura-t-il, confus.

« Et quels sont tes titres de noblesse ? » le questionna-t-elle.

Hein ? De ? Titres de noblesse ? C’était quoi ? Il la regarda d’un air incrédule, ne sachant pas quoi répondre. En fait, il ne savait même pas ce que c’était précisément. Dans son village, il n’y avait aucun noble, ce n’était même pas un grand village ! Ils étaient peut-être cent ou deux cents au grand maximum. Il bafouilla avec un peu d’appréhension :

« Je… n’en ai pas, désolé, mademoiselle. Je suis juste un homme très simple. »

« Ah ! Mais c’est un gueux ! » s’écria une voix masculine.

La réponse avait fusé très rapidement, la femme à l’armure de plaques noires se retournant pour voir qui venait de prononcer ça. Personne n’ouvrit la bouche et même si il n’était pas possible de voir le regard de la femme, il était facile de deviner que si elle savait qui venait de dire une telle chose, il allait passer un sale quart d’heure.

« Est-ce bien toi qui est responsable de la mort du scorpion cyclope ? »

Il ne répondit pas, la regardant d’un air hébété. Le coup du gueux avait été assez efficace : cela lui rappelait sa condition et maintenant, qu’est-ce qu’il devait dire ? Les autres recrues l’observaient avec un léger désarroi : s’il était celui qui avait tué cette créature, alors… Il n’était pas n’importe qui. Ca pouvait être sa fierté personnelle !

« Oui ! C’est bien moi qui ai tranché la tête du scorpion cyclope dans le désert de Likan Deseria. Il utilisait même l’élément de la terre. » répondit-il.

« Hum… Et quel est ton élément de prédilection ? »

« Celui de la terre si vous voulez tout savoir. » continua de dire Tery.

« Au moins, tu es bien de chez nous. Vas rejoindre le quatrième rang. »

Il passa à la droite de la femme, celle-ci posant sa main gauche de métal sur lui pour l’arrêter. Il ne comprenait pas où était le problème maintenant. Elle lui dit :

« Tu te diriges vers le second rang, je parlais du quatrième rang de mon point de vue. »

« Ah ! Euh… Bien entendu ! Encore désolé… » balbutia Tery.

Et voilà qu’il se rendait presque ridicule, des petits sourires se dessinant sur les membres de son rang. Finalement, après cinq minutes, tout le monde venait d’avoir ses places attribuées et une question se posait en lui : où avaient-ils marqués toutes leurs informations ?

« Maintenant que nous savons de quels éléments vous êtes, nous allons voir ce que vous valez. Nous n’en avons pas terminé, loin de là. Veuillez attendre ici pendant que moi-même et les gardes allons chercher des armes pour vous entraîner. »

« Aucun problème ! » s’écria le jeune homme aux cheveux bruns.

Tout le monde se retourna vers lui. Il avait dit ça comme si c’était normal. Malheureusement, ce n’était pas vraiment le cas. Il se trouvait dans l’armée de Midès maintenant… Et il y avait des règles à respecter. On ne parlait pas sauf si c’était d’une importance capitale. La femme à l’armure de plaques noires s’arrêta quelques instants avant de repartir. Maintenant qu’il n’y avait plus de gardes, chacun prit la parole.

« L’est pas vraiment très malin. Dire ça quand y a la maréchale à côté. »

« Faut dire que tu as remarqué sa tenue, il doit vraiment venir d’un village de pauvres. »

« C’est quoi son village encore ? Leskar ? Je ne connais pas. »

« Un village de mendiants, je crois savoir qu’il n’y a même pas un nobliau là-bas. »

« Vous savez, je peux vous entendre… » murmura Tery avec neutralité.

Et voilà… Il était entouré de types tous plus prétentieux les uns que les autres. Enfin, de types… Il y avait aussi quelques femmes : elles étaient en minorité, une vingtaine au maximum mais bon… Il n’était pas là pour faire la cour aux demoiselles ! Finalement, il laissa les autres qui discutaient entre eux, croisant ses bras pour réfléchir à la situation. Il n’était pas vraiment sûr que sa position soit vraiment si bonne.

Il marmonna plusieurs fois, se demandant ce qu’il était en train de faire. Il se parlait tout seul, à voix basse pour que personne ne puisse l’entendre. Il n’avait pas de solution. Il devait rester ici et devenir un soldat de Midès voilà tout ! Il serra les poings, fermant ses yeux verts en attendant que cette femme revienne. Il se passa plus d’une quinzaine de minutes avant que réapparaissent les six personnes qui étaient parties. Chacune traînait un sac qui semblait être assez lourd bien qu’elles n’éprouvaient aucune difficulté à les tirer.

« Bon. Remettez vous en rang correctement et choisissez l’arme avec laquelle vous vous battez le mieux. Ensuite, ramenez-la vers le garde qui se tient devant vous, il y jettera un sort qui empêchera toutes les lames de vous blesser. » annonça la femme en armure noire.

Bien… Ils allaient maintenant se battre. C’était normal… Il fallait bien les évaluer un jour ou l’autre. Cela ne le dérangeait pas plus que ça : s’il pouvait en faire taire quelques uns, c’était bien mieux qu’il ne l’espérait. Lorsque ce fût son tour, il fouilla à l’intérieur du sac, recherchant des griffes avant de voir qu’il n’y en avait pas.

« Un problème ? » annonça une voix à côté de lui.

Le garde venait de lui poser cette question alors qu’il se redressait. Comme la femme, il n’était pas possible de voir son visage caché par un casque. Son armure n’était pas en plaques mais faite intégralement de mailles. Tery passa une main derrière son crâne.

« Vous n’avez pas des griffes ? » demanda-t-il un air gêné.

« Des griffes ? Des katars, tu veux dire ? » reprit le garde en lui désignant deux armes.

« Non, non, des griffes comme celles là. » répondit aussitôt Tery.

Il prit son sac, l’ouvrant pour en sortir ses deux griffes. Celles-ci avaient pris une légère teinte noire depuis l’incident contre le scorpion cyclope. La femme à l’armure de plaques s’approcha du garde, lui demandant :

« Que se passe t-il ici ? Il y a un souci ? »

« Cette recrue m’a demandé si nous avions des griffes. »

« Des griffes ? Pour l’entraînement ? Hum… Ce n’est pas commun d’utiliser ce genre d’armes. Comment te bats-tu ? » questionna la femme casquée.

« En ambidextrie. Vous savez, c’est… » commença à dire Tery.

« Je le sais très bien. Tu utiliseras tes propres griffes. »

Elle s’éloigna alors que le garde prit les deux griffes de Tery. Il murmura quelques paroles qui lui rappelaient celles de l’Ombre, un souvenir assez douloureux même si cela ne faisait que quelques heures qu’il l’avait quittée. Une minute passa, puis une nouvelle et enfin le garde lui tendait ses deux griffes recouvertes d’une aura bleue.

« Plus long que prévu, comme ton arme est composée de plusieurs lames, il m’a fallut mettre l’aura sur chaque lame. Ca devrait être bon. »

« Merci… Mais après ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns avec interrogation.

« Tu patientes et tu attends. » annonça le garde avec nonchalance.

D’accord… Il valait mieux se taire et acquiescer. Il se mit dans un coin, en retrait par rapport aux autres recrues tout en jetant un œil à ces griffes. C’était… un cadeau de l’Ombre. Il ne pouvait pas l’oublier, c’était impossible. Pas après ces quelques mois avec elle. Elle lui avait appris à se battre et à utiliser la magie, lui qui avait décidé d’ignorer complètement ces deux choses après cet incident. Le femme en armure noire prit la parole :

« Vous êtes tous prêts ? Venez nous rejoindre, nous allons vous mettre deux par deux. »

C’est vrai… Il ne connaissait rien de l’Ombre mais elle avait essayé de le tuer. Ce genre de sentiments contraires ne lui plaisait pas ! Il aurait voulu rester avec elle mais il savait bien que ce n’était pas possible ! A cause de ces lignes noires, il se demandait si c’était une si mauvaise chose que ça. Il ne devait plus utiliser sa magie, ne pas la montrer devant les autres. Voilà tout… La femme à l’armure noire se positionna devant lui, les mains sur les hanches.

« Tu es sourd ? Ou alors dois-je te l’expliquer en face ? » cria t-elle.

« Hein ? De quoi ? » dit Tery en sursautant, surpris par ses paroles.

Il était perdu dans ses pensées mais le poing qu’il reçu au niveau du front le ramena directement à la réalité. Il poussa un gémissement de douleur, passant sa main sur son front en regardant la femme. Celle-ci semblait si… forte… En fait, il en avait peur mais pas de la même façon qu’avec l’Ombre. L’Ombre était puissante mais ce n’était pas cette impression qu’elle donnait alors que là, c’était si différent.

« Je te laisse vingt secondes pour rejoindre les autres. Si d’ici là, tu n’as pas bougé, tu visiteras en avant-première les cachots pour t’apprendre la discipline. »

« Oui ma… » commença-t-il à dire avant de s’arrêter.

Il valait mieux se taire. Les deux griffes positionnées sur ses mains, il se mit à courir pour rejoindre la troupe, regardant autour de lui pour voir les différentes armes que ces nobles avaient prises. Alors que lui avait des griffes, la majorité avait opté pour des rapières ou des épées longues. D’autres à la carrure plus impressionnante tenaient dans leurs mains des mauls ou des marteaux à deux mains, voire de puissantes haches. Enfin quelques rares personnes avaient des dagues ou des épées courtes dans leurs mains mais lui… était le seul avec des griffes à la place des mains.

« Maintenant que tout le monde est réuni, nous allons pouvoir commencer la séance d’entraînement pour évaluer vos aptitudes au combat. Pour éviter l’absurdité, nous allons vous réunir suivant les armes que vous possédez. »

Les combats allaient se dérouler en six endroits différents : endroits surveillés par les gardes et la femme à l’armure de plaques noires. Celle-ci demanda à Tery ainsi qu’une quinzaine d’autres personnes de la suivre. Ils quittèrent le reste des recrues, le jeune homme aux cheveux bruns jetant un dernier regard vers elles. Ils marchèrent pendant cinq minutes environ, pénétrant dans un bâtiment qui semblait vide. De nombreuses armes et armures étaient entreposées sur les côtés alors qu’au milieu se trouvait un terrain d’entraînement fait en bois avec quelques lignes blanches bien distinctes pour permettre de délimiter le tout.

« Préparez vous. Je vais vous mettre deux par deux. Ensuite, vous allez vous combattre jusqu’à ce que je décide que le combat soit terminé. Vous pouvez abandonner si vous le désirez mais je vous le déconseille fortement. Nous allons faire tout simplement un tournoi pour évaluer vos aptitudes. Pendant que les uns combattront, les autres pourront les étudier et voir leurs points forts et leurs points faibles. Y a-t-il des questions ? »

Bien entendu, il aurait aimé poser la sienne mais vu ses récents dialogues avec la femme en armure de plaques noire, il préférait éviter de l’ouvrir. En regardant les autres, il remarqua rapidement que tous tenaient différentes armes dans leurs mains : des katars, des épées courtes, des dagues, des poignards. Certains n’en tenaient qu’une seule tandis qu’ils avaient une rondache avec eux dans leur autre main.

« Tery Vanian ! Tu commences, cela t’apprendra à dormir à moitié. » cria la femme.

« Et mer… J’aurais mieux fait de ne pas venir. » marmonna t-il.

Il serra ses deux griffes, des petits rires se faisant entendre derrière lui alors qu’il avançait vers le milieu du terrain en attendant son futur adversaire. Enfin bon, il allait devoir faire de son mieux et montrer aux autres ce qu’il valait. Son regard émeraude se posa sur un homme qui devait avoir la vingtaine d’années. Des cheveux noirs, une petite moustache de même couleur, il faisait bien plus vieux à cause de cette dernière mais le reste de son visage était juvénile. Il avait deux yeux bruns et dans ses mains, il tenait deux dagues.

« Tery contre Hacko, commencez le combat ! » annonça la femme en armure noire.

Chapitre 16 : Deux êtres, deux chemins

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 16 : Deux êtres, deux chemins

Des cris d’animaux se firent entendre, de nombreux pas les accompagnant. Une fourrure albinos et une apparence proche du loup. La différence résidait dans les oreilles qui étaient accompagnées par des cornes en spirale comme celles des béliers. L’un des animaux s’approchait de Tery et de l’Ombre, reniflant les deux corps. Il était possible de voir que contrairement à ses compagnons, il avait une seconde tête qui était poussée à côté de la première. L’une avait les cornes qui se terminaient en avant tandis que sur la seconde tête, elles se terminaient en arrière.

« Reuk ! Reukkkkkkk ! » s’écria la bête à deux têtes.

La créature bicéphale donna un léger coup de patte dans chaque corps. Elle hurla une nouvelle fois avant de s’éloigner avec son groupe : l’odeur qui émanait des deux humains était plus que déplaisante…Une bonne demi-heure s’écoula et les yeux verts de Tery s’ouvrirent peu à peu pour regarder le ciel. Qu’est-ce… Il n’avait pas le temps de mettre ses réflexions en tête qu’il remarqua tout de suite l’Ombre encapuchonnée couchée à côté de lui. Il se releva avec surprise, voyant le masque blanc qui émit un petit bruit en tombant au sol. Ce masque… c’était… celui de l’Ombre ?

« Je… Attend un peu. » balbutia-t-il, cherchant à retrouver ses esprits.

Il devait reprendre ses esprits et se concentrer. Il avait une drôle d’odeur sur ses vêtements, une odeur qui lui faisait tourner la tête. AH ! Il s’en rappelait ! Il s’était évanoui après un combat contre l’Ombre mais… Il n’était pas mort et ils étaient sortis de la grotte. L’Ombre lui avait menti ? Mais sur quel point ? Son envie de le tuer ? Depuis le début ? Il ne savait pas et il se faisait mal au crâne à tant réfléchir ! Il s’en rappelait maintenant… Cette fumée verte… Il l’avait aperçue à la fin et après… Le trou noir. Est-ce que le scorpion cyclope avait sorti un gaz toxique avant de mourir ? Un poison ? Mais alors… Pourquoi était-il encore là ? Et surtout dehors… Et puis, l’Ombre encapuchonnée.

« L’Ombre, hey, l’Ombre ! Réveille-toi ! Aller ! »

Il lui cria dessus mais aucune réponse. Instinctivement, il se rapprocha d’elle, prêt à la retourner mais il s’arrêta avant d’accomplir le geste. Si le masque était sur son visage, alors qu’est-ce qui… recouvrait celui de l’Ombre ? Il déglutit lentement, se disant que si l’Ombre n’avait plus son masque et qu’elle était évanouie, alors… il pourrait voir ce qui se cachait sous ce masque. C’était le bon moment, n’est-ce pas ?

« Ca… ne se fait pas, j’en suis sûr mais… » murmura le jeune homme, se contrôlant.

Avec tout ce qui s’était passé, il était de plus en plus confus. Il poussa un petit râle d’énervement avant de prendre le masque blanc. Sans regarder l’Ombre, il tenta de lui remettre le masque blanc avec difficulté. Il eut la surprise de sentir les cheveux de l’Ombre entre ses doigts. Ils ne semblaient pas très longs mais pourtant, elle avait plusieurs mèches de couleur blonde. Il était de plus en plus pressé de savoir qui elle était mais… Il ne pouvait pas. Après une minute d’effort, il releva légèrement la tête de l’Ombre pour voir si le masque tenait correctement. Ce fut le cas et il soupira d’apaisement. Tant mieux.

« Maintenant, on fait quoi ? Je ne peux même pas lui faire confiance. Même pas en cette personne alors… Je … Je … »

Il n’avait plus qu’un choix à faire. Mais… Il n’allait pas abandonner l’Ombre ! Quelque chose en lui lui disait que c’était grâce à elle si il s’en était sorti vivant. Comment aurait-il pu quitter la grotte sinon ? Il installa les différents sacs sur son dos, remarquant que la tête du scorpion cyclope était toujours dedans. Oui… Voilà ce qu’il allait devenir. Il s’était décidé. Il soupira légèrement avant de placer ses deux mains sous l’Ombre. Encore plus surprenant qu’il ne le pensait, il s’écroula au sol après avoir soulevé l’Ombre.

« Mais… Elle est super légère ! » s’écria t-il, surpris.

Ce constat s’imposait. Il s’était attendu à ce qu’elle soit plus lourde et avait arqué ses jambes de telle façon alors quand il s’était relevé… Le résultat se trouvait là. Il était retombé au sol avec l’Ombre sur lui. Il se redressa aussitôt, soulevant l’Ombre en faisant attention maintenant. Enfin, ses nombreux entraînements portaient leurs fruits : il n’avait aucune difficulté à porter l’Ombre avec ses bras au-dessous. Encore une fois, elle lui avait sauvé la vie et il lui en était redevable mais après ça…Rien, plus rien du tout. Il ne lui faisait plus confiance, il n’avait plus confiance en l’Ombre.

« Ca sera la dernière chose que je ferais pour toi. Ensuite, tu disparaîtras de ma vie à tout jamais, l’Ombre. Je… te remercie de ce que tu as fait depuis le début. Tu… m’as aidé un bon nombre de fois, tu m’as permis d’utiliser la magie et les armes mais… ce que tu as fait est impardonnable. Je ne peux plus te faire confiance après ça. Je te raccompagnerais jusqu’à Midès mais après ça, ça sera terminé. Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu as tout brisé ? Je … Ca me plaisait contrairement à ce que je pensais au début. Je ne pensais pas que j’y arriverai. Depuis des années, j’ai évité d’apprendre la magie, le combat avec des armes, tout ! Pourquoi ? Pourquoi ?! »

Il lui parlait sans savoir si elle l’entendait ou non. Ah… La marche se déroula sans problèmes, il se rappelait le chemin à suivre et nul ne les dérangeait. Ils avaient encore l’odeur du scorpion cyclope sur eux et donc, personne n’allait tenter de s’en prendre à eux. Est-ce que l’Ombre allait s’en sortir ? Cette question le taraudait mais il n’avait aucun élément de réponse. Il avait rangé ses deux griffes dans son sac pour la porter.

Quelqu’un… s’occupait d’elle. Elle le ressentait… Elle ne pouvait pas bouger. Son corps luttait contre le poison malgré l’antidote et elle savait que cela allait mettre du temps à se soigner. Qui la portait ? Tery ? Après ce qu’elle avait tenté de faire ? Après tout ça ? Elle entendit ses paroles… mais ne pouvait pas y répondre. Son masque ! Est-ce qu’il… l’avait vu sans son masque ? Elle ne voulait pas ! Elle espérait que ce n’était pas le cas ! Elle ne voulait pas qu’il voit son visage ! Personne ne devait savoir si elle était une fille ou alors un garçon.

« Tu seras logée dans l’auberge en attendant que tu sois soignée mais moi, je ne serais plus là. Je m’en vais, l’Ombre. Je ne vais plus rester avec toi, tu m’avais laissé le choix auparavant. Je ne sais pas pourquoi tu voulais me tuer mais tu es clairement quelqu’un de stupide…et moi aussi. Je t’ai donné ma confiance mais toi… Tu ne fais qu’obéir aux autres sans avoir une propre réflexion. Tu devrais penser à peu à toi-même, à ce que tu veux réellement… Je sais que je n’ai pas de leçons à te donner mais… » dit-il avant de se stopper dans ses paroles.

Il ne termina pas sa phrase, fermant les yeux en s’immobilisant. C’est vrai quoi… Il s’était décidé à ne pas rejoindre l’armée de Midès mais maintenant, c’est-ce qu’il allait faire. Dire qu’il aurait bien aimé parcourir le monde avec l’Ombre, qu’il avait pensé tout oublier avec cette personne mais au final… Cela n’avait été qu’un tissu de mensonges. Comme cet homme… Il n’avait gardé qu’une chose de cet homme, un seul dicton : rembourser toujours ses dettes. Il avait une dette de vie envers l’Ombre.

« Nous y sommes arrivés. Nous voilà de retour à Midès. » murmura le jeune homme.

Il avait décidé de faire un détour pour ne pas avoir en face de lui les gardes d’auparavant. Il préférait revoir les autres, ceux qu’il connaissait. Quand il se présenta devant eux avec l’Ombre dans ses bras, il prit la parole avant même qu’ils ne parlent :

« J’aurais… besoin d’aide, monsieur Herk. Nous avons affronté le scorpion cyclope de Litan Deseria et… je crois que nous avons eu un peu de mal. »

« Bien sûr ! C’est normal ! Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Est-ce que… vous avez respiré le poison du scorpion ? Vous avez bien fait de vous enfuir ! Roan, vas chercher tout de suite un antidote du désert chez l’apothicaire ! »

L’un des gardes s’éloignait en courant dans la capitale tandis que Tery serrait l’Ombre contre lui. Les autres gardes s’approchaient de lui pour vérifier l’état du jeune homme alors que celui-ci prenait la parole pour les contredire :

« Nous… nous sommes pas enfuis. Nous avons… tué le scorpion cyclope mais… Je crois que son cadavre était empoisonné. »

Les trois gardes l’observèrent avec surprise. L’un d’entre eux allait rire mais le dénommé Herk, le plus vieux des trois lui donna un léger coup de coude dans les hanches. Le vieil homme âgé d’une cinquantaine d’années regarda Tery dans ses yeux verts pour voir s’il plaisantait ou non. Herk lui dit d’une voix lente :

« Et… Pourquoi l’as-tu tué ? Vous avez fait ça à dessein, n’est-ce pas ? »

« Je… veux rejoindre votre armée. L’armée royale de Shunter. »

Les trois gardes soulevèrent un sourcil interrogateur, étonnés de voir le jeune homme dire une telle chose. Ce n’était pas qu’ils ne voulaient pas… mais il était si jeune, c’était dommage de gâcher cette jeunesse maintenant, surtout pour une telle chose. Herk allait prendre la parole en caressant sa moustache grisonnante mais Roan revint avec un flacon contenant un liquide violet. Il semblait essoufflé et tout l’attirail qu’il avait sur le corps devait sûrement être l’une des raisons qui l’avait autant exténué.

« J’ai l’antidote ! Il paraît qu’il est sacrément efficace ! Vas-y, donne le à ton ami ! » annonça Herk alors que Tery murmurait :

« Est-ce que… je pourrais juste prendre la potion et l’emmener à l’auberge ? J’ai… à lui parler en privé. Et je ne suis pas sûr qu’il veuille que je retire son masque. »

« Hum… Comme tu le désires, Tery mais… Réfléchis bien aux conséquences de ton acte. Je parle bien de ce que tu comptes faire après cette histoire. »

Il hocha la tête pour dire qu’il avait bien compris le message d’Herk avant de rentrer dans la capitale. Accompagné de Roan qui déposa la potion dans l’un des sacs, il se dirigea vers l’auberge. Lorsqu’il se retrouva devant cette dernière, le jeune homme aux cheveux bruns remercia Roan tandis qu’il pénétrait à l’intérieur.

Sans même répondre à l’aubergiste qui l’interrogeait, il grimpa les escaliers, se dirigeant vers sa chambre. Déposant le corps de l’Ombre sur le lit, il ferma la chambre à clé. Il ouvrit son sac, regardant la tête du scorpion cyclope. Il émit un petit rictus à cause de l’odeur, refermant le sac pour en prendre un autre. Alors, c’était un flacon violet… Après quelques secondes, il trouva le flacon, l’ouvrant rapidement avant de déposer le flacon près de l’ouverture du masque blanc au niveau des lèvres.

« Bois ça et dès que tu vas mieux, je m’en vais. Si… seulement tu n’avais pas fait ça. Tu n’étais pas obligé d’obéir à cette fichue mission mais tu as tout foutu en l’air ! Vraiment… A quoi ça t’aurait servi de me tuer ? Je ne suis pas un héros ou quelqu’un de dangereux ou violent… mais toi… Tu n’as même pas cherché à me connaître. » murmura t-il.

Lentement, le liquide violet s’insinua à travers le masque alors qu’elle avalait le liquide. Elle toussa faiblement tandis qu’il s’éloignait un peu pour laisser l’Ombre respirer. L’antidote devait être très efficace car il sentait au fond de lui que maintenant, elle était guérie. Néanmoins, il se devait d’attendre qu’elle soit capable de se relever avant de partir.

Une trentaine de minutes s’écoulèrent et l’Ombre leva la main droite avec lenteur. Il était resté assis sur une chaise, attendant qu’elle puisse bouger. Finalement, c’était le cas d’après ce qu’il venait de voir. Ses yeux saphir s’ouvrirent à travers son masque et aussitôt, Tery se releva en prenant ses deux sacs : celui qui contenait la tête du scorpion cyclope et l’autre contenant ses affaires. Le haut du corps de l’Ombre se redressa pour regarder Tery.

« Tu as l’air d’aller mieux l’Ombre. Maintenant… Je peux y aller. » annonça t-il.

« Attend un peu, nous… nous pouvons discuter ! » s’écria-t-elle avant de gémir un peu de douleur. Puisqu’elle lui avait donné son masque, elle avait subi aussi les effets du poison.

« Je ne sais pas pourquoi tu ne m’as pas tué dans la grotte mais tu es trop hésitante. »

« Ne m’insulte pas ! Tu… Tu ne sais rien de moi ! »

« Et pourtant, j’ai essayé, j’ai souvent essayé mais tu as toujours refusée mes questions. Tu pouvais y répondre, rien ne t’en empêchait hein ? »

« Je ne t’ai pas tué ! Et j’aurais pu le faire ! Rien ne m’en empêchait ! » dit-elle avec frénésie, essayant de bouger du lit sans y arriver. Elle n’était pas encore en état de faire cela. Il poussa un profond soupir, se penchant en avant sur sa chaise, ses coudes posés sur ses genoux. Il l’observa de ses yeux verts, murmurant avec calme :

« Alors explique-moi… ce qui se passe. J’aimerai bien le savoir … »

Il vint ensuite s’asseoir sur le lit à côté de l’être camouflé dans sa cape brune. Elle l’observa de ses yeux saphir, elle avait encore une chance de le tuer mais… c’était le moindre de ses soucis. Elle toussa à nouveau, prenant la parole :

« Je ne peux rien dire… Ma mission ne doit pas être divulguée… Je recherche les médaillons des cinq éléments et si… Tu n’étais pas un Porteur, j’aurais aimé… que tu restes avec moi… mais c’est impossible ! C’est tout simplement impossible !

« Porteur ? C’est quoi ? Tu pourrais me le dire non ? » murmura le jeune homme.

« Tu vois tes veines noires ? Et bien c’est ça… Tu es capable d’utiliser tous les éléments mais… Tu es tout le contraire de moi et… Si je t’emmenais avec moi à cet endroit, tu seras sûrement tué par l’Oracle ou par moi. Tu es comme moi … tout en étant opposé. » annonça la personne masquée de blanc avec une pointe de tristesse.

« D’ac… cord. Bref, tu ne m’aides pas plus que ça. Nous n’avons plus rien à nous dire. » termina-t-il de dire avec neutralité.

Finalement, il se leva du lit, mettant les deux sacs sur son dos. Il s’apprêtait à s’en aller mais l’Ombre se redressa en s’écroulant au sol. Elle n’avait pas encore laissé le temps à ses deux pieds de réagir et de se remettre en pleine forme. Les yeux verts de Tery la regardèrent alors qu’il s’était immobilisé. L’Ombre lui demanda :

« Qu’est-ce que… tu vas faire maintenant ? Je… ne peux pas arrêter ma mission et… Un jour, je devrais te tuer. J’y serais forcé ! Et alors … Ce jour-là, je crois que … »

« Nous verrons bien si ce jour arrivera ou non. Tu sais quoi ? Je t’aiderais même à me retrouver. Prends ça. » annonça Tery en l’observant toujours au sol.

Il plongea la main dans l’une de ses poches, l’endroit où il avait rangé cet objet. Il retira la chaîne en or avec le cœur fait de pierre brune et brillante. D’un geste nonchalant, il envoya l’amulette vers l’Ombre encapuchonnée, lui disant d’une voix neutre :

« Je continuerais à progresser sans toi. Je deviendrais même quelqu’un de plus fort que toi. Je suis peut-être capable d’utiliser tous les éléments mais je me spécialiserais dans celui de la Terre. Un jour, peut-être, nous nous retrouverons et tu sauras que c’est moi. Garde cet objet avec toi, il te rappellera à quel point tu as été une idiote, l’Ombre. Ou alors un idiot … Je ne sais toujours pas ce que tu es … Et je ne pense pas que j’ai envie de le savoir dorénavant. »

Ne lui laissant même pas le temps de lui répondre, il quitta la chambre. En descendant les escaliers, il salua l’aubergiste, quittant cet endroit qui était si nauséabond à son nez maintenant. L’odeur malsaine qui y habitait ne lui plaisait guère. Dire… qu’il avait tout fait pour oublier ce moment, il fallait qu’il revienne le frapper en pleine face. Encore une… Encore une trahison bien entendu. C’était normal, c’était tout ce qu’il y avait de plus normal.

A genoux au pied du lit, l’Ombre encapuchonnée observa le pendentif qui se trouvait devant elle. Un objet pour se rappeler de lui ? Elle ne l’aurait pas oublié de toute façon mais… L’Oracle… l’avait tant fait souffrir avec cette épreuve. Se rapprocher de quelqu’un pour mieux s’éloigner. Etait-ce vraiment ce que l’Oracle voulait ? Et les dires de Tery avant son départ… Tout était perdu… Tout était définitivement perdu. Elle se sentait mal, plus que mal même à cause de ce qui s’était passé. Pourquoi une telle épreuve ? Méritait-elle un tel sort ? De telles choses ? Elle n’avait jamais eu le droit d’être heureuse de toute façon.

« Je le garderais… jusqu’à ce que je puisse te le rendre. » chuchota l’être encapuchonné.

Elle ferma ses yeux saphir sous son masque blanc. Sa main gantée de rouge vint récupérer le pendentif avec le cœur avant de l’installer sous la cape brune. Elle allait le mettre autour du cou mais nul n’allait le savoir à part elle. Elle poussa un profond soupir, se relevant pour vérifier ses propres affaires. Il lui avait laissé son sac et heureusement… En y pensant, est-ce que… Tery ! Elle ne savait pas si Tery avait vu son visage ! D’après la réaction du jeune homme, elle n’avait pas remarqué de changement… à part de l’amertume mais sinon… Rien de bien spécial. Il ne l’avait peut-être pas vu au final. Elle ne devait pas se soucier de ça.

Enfin … C’était plus facile à dire qu’à faire. Il le savait parfaitement. Il remit correctement son masque blanc sur son visage, sa cape sur son corps avant de se rapprocher de la fenêtre. De là, il observa la rue où se trouvait l’auberge avant de remarquer les différentes personnes. Hum … Bien entendu … Tery était déjà bien loin, n’est-ce pas ? Bien trop loin pour que cela serve à quelque chose d’essayer de le poursuivre.

« Est-ce qu’il compte réellement devenir un soldat de Shunter ? » murmura l’être encapuchonné avant de prendre son sac, quittant la pièce. Il descendit les escaliers, se dirigeant vers l’aubergiste qui parut surpris. Celui-ci lui dit :

« Et bien ? Tu n’es pas avec Tery ? Il est déjà parti depuis cinq à dix minutes. Ça ne va pas entre vous deux ? Depuis tout ce temps, ça m’étonne quand même. »

« Il y a eu … quelques petits problèmes. » dit la personne masquée.

« C’est vraiment dommage. Est-ce qu’il n’y a pas un moyen de s’arranger ? » annonça l’homme alors que l’être encapuchonné de brun hocha négativement la tête.

« Cette fois-ci, il y a de fortes chances que ça ne soit pas possible. C’est bête … mais c’est ainsi et je ne peux vraiment rien faire pour revenir en arrière. »

« Il y a toujours un moyen de réparer nos erreurs. Enfin, dans la majorité des cas, sauf quand c’est vraiment dramatique … comme la mort d’une personne. Enfin, je ne vais pas discuter de tout ça, ce n’est pas vraiment joyeux. »

L’Ombre murmura que oui, ça n’avait rien de joyeux. Mais bon … Est-ce que ça voulait dire qu’un jour … si elle revoyait Tery, il y avait une possibilité de réparer cette erreur ? Au fond d’elle, était-ce qu’elle désirait ? Il y avait des chances mais pour cela, elle allait quand même devoir faire quelque chose.

« Je dois m’en aller. Merci pour tout ce que vous avez fait. » dit l’être encapuchonné.

Peut-être qu’un jour … Suivant ce qui allait se passer, il reviendrait ici. Mais avant, il y avait plusieurs questions qui devaient obtenir une réponse. Et pour obtenir ces réponses, il devait retourner là d’où elle venait. Cet endroit où il avait reçu sa première mission à l’extérieur, loin des alentours. Il quitta l’auberge, le regardant pendant quelques secondes avant de se diriger vers la sortie de Midès. Il allait retourner là où se trouvait l’Oracle.

Le jeune homme aux cheveux bruns se dirigea avec vélocité en direction du bureau de recrutement. Le second sac contenant la tête du scorpion sur son dos, il voulait se dépêcher et en terminer avec toute cette histoire. Il ne devait pas renoncer maintenant, il avait fait son choix. Il avait décidé que c’était la meilleure chose à faire ! Il ne fallait pas reculer alors qu’il était proche du bureau. Aller ! C’était la dernière étape à faire ! Il pénétra à l’intérieur, regardant l’homme aux cheveux blonds qui était le même que la dernière fois. Celui-ci parut surpris de le voir, lui adressant la parole :

« Bonjo… Tu es le jeune de la dernière fois. Qu’est-ce que tu viens faire ici ? »

« Pardonnez-moi mais j’ai une chose plus qu’importante à faire. » coupa le jeune homme avant de passer à côté de lui, pénétrant dans l’autre pièce, là où se trouvait celui qui lui en avait fait bien bavé il y a pas mal de temps.

Ah … Lui … Il l’avait en face de lui ! AH ! Il n’allait pas se priver de perdre un peu de temps dans cette affaire. Qu’il déguste peu à peu sa victoire sur cet homme. Ca lui mettrait un peu de baume au cœur après ce qui venait de se passer. D’ailleurs, le petit homme avait été surpris de le voir puis peu à peu, la surprise laissa place à la colère.

« Je peux savoir ce que tu fous dans mon bureau, gamin ? T’as intérêt à avoir une bonne explication car sinon, tu te retrouves au trou dans moins de cinq minutes ! » s’égosilla subitement l’homme avec rage, tapant du poing sur le bureau.

« Hum … Visiblement, je ne suis pas le seul à avoir subi vos foudres. A croire que cela est une habitude chez nous. » ironisa Tery, étrangement calme. Il se demandait si c’était les évènements récents qui lui donnaient une telle assurance. Néanmoins, il serrait son sac contenant la tête de scorpion avant de reprendre : « Je crois que c’est une habitude chez vous … d’avoir envoyé plusieurs jeunes personnes à la mort, n’est-ce-pas ? »

« Je ne te permets pas de me parler comme ça ! Toi, tu vas finir… »

« TENEZ ! VOTRE FICHUE TÊTE DE SCORPION ! » hurla soudainement Tery avant de déposer le sac sur le bureau, se fichant de la paperasse dessus. Il ouvrit le sac, une forte odeur en émanant alors que le petit homme fit une mine dégoûtée.

« La tête … de scorpion ? AH ! Tu dois parler de cette foutue mission pour virer les petits mioches de paysans et des citoyens sans le sou qui rêvent de gloire et de fortune. Pour que leurs parents soient fiers d’eux, hein ? Tu penses vraiment que je vais te c… MAIS BORDEL ! C’est quoi cette odeur ? » cria une nouvelle fois le petit homme, celui aux cheveux blonds étant venu dans la pièce après la petite percée de Tery. Le recruteur regarda le sac ouvert, le faisant pencher vers le sol avant que la tête du scorpion ne roule dessus.

« Oh bon sang … » murmura l’assistant du recruteur.

« C’est ce que vous vouliez non ? » marmonna Tery, le regard froncé. « Alors, laissez-moi rejoindre l’armée de Midès maintenant. J’ai tenu ma parole. »

« Hahaha ! Bordel ! Bien entendu ! Bienvenue dans l’armée de Midès ! » ricana le petit homme, comme satisfait de ce qu’il venait de voir.

Chapitre 15 : Plongé dans l’incompréhension

ShiroiRyu
Les derniers articles par ShiroiRyu (tout voir)

Chapitre 15 : Plongé dans l’incompréhension

« Maintenant… Maintenant… Je vais te faire payer ce que tu as fait ! » s’écria le jeune homme aux cheveux bruns avec rage. Il … voulait … Il voulait la détruire !

Elle l’attendait, elle n’avait pas à s’inquiéter, ce n’était qu’un simple humain. Un humain un peu bizarre, certes, mais un humain. C’était bien la première fois qu’il voyait un humain avec des lignes noires. D’habitude, elles étaient vertes, rouges, bleues, brunes ou jaunes mais JAMAIS elles n’avaient été noires. Le scorpion cyclope redressa sa queue, prêt à l’abattre dès le moment où il allait être à sa portée. La queue s’abaissa subitement alors que Tery se retrouva à quelques centimètres de la créature. Une giclée de sang noire vola dans la pièce, l’appendice tombant au sol alors que des cris sortaient du scorpion cyclope.
« Ce n’est que le début de ce que je te réserve. Tu vas souffrir, souffrir longuement et atrocement. Tu vas comprendre la douleur qui t’attend ! » hurla une nouvelle fois Tery, prêt éliminer toute trace de la créature en face de lui.

Qu’est… Qu’est-ce qui s’était passé ? Elle avait mal à la tête, si mal… Et pourtant, elle sentait qu’elle n’était pas blessée à cette dernière. Un peu de sang s’écoulait de ses plaies au bras. AH ! Elle se rappelait : elle était tombée inconsciente pendant quelques minutes. Elle tenta de se remettre debout mais n’y arriva pas, elle était encore un peu sonnée. Visiblement, la magie du scorpion avait quelques effets paralysants en plus d’être liée à l’élément de la terre.
« Te… ry ? Qu’est-ce que ça … veut dire ? » murmura-t-elle faiblement, surprise.

Elle venait de prononcer le prénom du jeune homme alors qu’elle l’observait en train de se battre comme un démon. Les deux mandibules du scorpion tentèrent d’agripper Tery alors qu’il était près de lui mais elles se heurtèrent à une résistance sous la forme de ses deux griffes. D’ailleurs, une aura noire les entourait.
Qu’est-ce que c’était que cette aura malfaisante qui émanait du jeune homme. Ce n’était pas Tery, ce n’était pas possible ou alors… Etait-ce qu’elle craignait ? Est-ce que les veines noires étaient finalement apparues à nouveau ? Elle n’arrivait pas à voir les détails à cette distance mais elle s’en doutait, ce n’était pas possible autrement.
L’une des mandibules se déchira alors qu’il venait de donner un coup de pied dans l’autre. Il fit un saut sur le côté pour esquiver le coup de l’unique mandibule restante. Blesser l’Ombre voir la tuer… Il allait se venger ! Depuis longtemps, il ne s’était pas senti aussi bien. Depuis longtemps, il avait perdu la volonté de se battre, d’apprendre, de s’entraîner et l’Ombre … L’Ombre lui avait redonné ce goût perdu ! Il allait la venger !


« Ne compte pas t’enfuir maintenant ! Je ne te laisserais pas t’échapper ! La seule solution qui te reste est de mourir, sale bête! »
Il s’écriait alors que la carapace du scorpion cyclope volait peu à peu en éclats. C’en était bientôt terminé de cette foutue créature. Elle allait mourir et disparaître, ensuite… Il allait s’occuper de l’Ombre. Mais avant… Il devait évacuer toute cette rage et toute cette haine qu’il avait en lui ! Et pour ça … Il devait juste détruire cette créature pour ça !

Cet homme… Qu’est-ce qu’il était réellement ? Il ne savait pas mais plus les secondes s’écoulaient, moins il avait de chance de vivre. Il devait s’échapper de là, tenter de partir avant qu’il ne soit trop tard mais l’homme était toujours devant lui, comme si il apparaissait au mauvais moment. Ce n’était pas possible ! Autant risquer le tout pour le tout et tenter de le tuer. Le scorpion se redressa sur ses deux pattes arrière, ses autres pattes prêtes à se planter dans le corps du jeune homme. Le tuer pour ne pas être tué !
« TERY ! Il va tenter de te tuer en utilisant toutes ses pattes ou en t’écrasant ! »

Cette voix… L’Ombre était consciente ? Elle allait bien ? Zut ! Pas le temps de réfléchir plus que ça ! Un petit rire sadique sortit de ses lèvres alors que ses deux griffes noires se logèrent dans le ventre du scorpion cyclope, rare endroit où il n’y avait pas de carapace. Ses griffes tournèrent plusieurs fois à l’intérieur du ventre alors que de nombreux soubresauts parcouraient le scorpion cyclope.
Ce rire… Elle ne s’était pas trompée. Ce n’était pas le rire d’un être humain normal. Il était déjà trop tard. Sortant une fiole remplie d’un liquide vert, elle l’ouvrit pour le boire d’une traite à travers son masque blanc. Elle se redressa comme si le poison n’avait plus d’effet avant de reprendre son arc. C’était ça … qu’elle devait faire. Elle n’avait pas le choix. Elle n’avait pas d’autres solutions pour Tery ! Qu’il lui pardonne mais … C’était pour la survie de ce monde. Elle devait le faire … avant qu’il ne soit trop tard.
Rien… Il n’avait rien pu faire avec l’arrivée de ce monstre. Oui, c’était un monstre, il n’y avait qu’à regarder ses yeux rouges. Mais… Il allait emporter les deux humains avec lui, c’était une certitude. Le scorpion cyclope tomba au sol alors que Tery fit une roulade sur le côté, son visage et ses habits recouverts de sang noir. Tery poussa des petits cris tout en continuant de planter ses griffes dans le cadavre du scorpion avant de se relever, se tournant vers l’Ombre, un sourire aux lèvres. Ce n’était pas un sourire maléfique mais tout simplement un sourire chaleureux. Ses yeux rouges redevinrent verts alors qu’il prit la parole :
« Ca… Ça va, l’Ombre ? Plus de mal qu’autre chose. Tu as vu ? On a réussi à l’abattre ! Tu sais ce que je vais faire ? Lui trancher la tête et la ramener devant ce type au bureau de recrutement. Je lui balancerais cette tête et je lui dirais que je ne suis plus intéressé pour rejoindre l’armée de Midès. Attend quelques secondes, je me dépêche. Tu peux ranger ton arc aussi. Maintenant, on ne va pas te fatiguer encore plus que prévu hein ? »
Elle ne disait rien… Rien du tout. Elle n’avait pas à regretter son geste. Ses pensées et ses actions étaient volages. Pendant le combat contre la créature, elle s’était décidée à trahir l’Oracle pour Tery. Elle s’était décidée à ne pas tuer un Porteur. Maintenant qu’elle l’avait vu en action, elle avait peur… peur des conséquences et c’était normal. Il n’était encore qu’un débutant, qu’un simple débutant, alors qu’est-ce qu’il allait devenir d’ici quelques années ? Elle ne le savait pas et elle ne voulait pas le savoir. Le tuer de ses propres mains, ne pas le faire souffrir, et tout serait réglé. Le jeune homme trancha la tête du scorpion avec difficulté, un sang vert et noir émanant du mésosome en même temps qu’une légère fumée. Il regarda le sang qui s’écoulait pendant quelques secondes, ouvrant son sac avant de vérifier que ses livres étaient dans un coin pour éviter que le sang de la créature ne les touche. Refermant son sac, il se redressa en se tournant vers l’Ombre avec un sourire.
« Nous pouvons y… » dit-il avant de se voir coupé la parole.
Une flèche dont émanait une aura blanche passa juste à côté de sa joue gauche, entaillant cette dernière alors qu’il ouvrait ses yeux verts de stupéfaction. L’Ombre se tenait devant lui, faisant apparaître des nouvelles flèches sur l’arc qu’elle bandait en sa direction. La personne masquée de blanc tremblait de toutes parts. En la regardant de plus près, il n’y avait que les deux mains qui ne tremblaient pas. Il lâcha le sac sur le sol alors qu’il murmurait un :
« Pour… Pourquoi ? Pourquoi … est-ce que tu fais ça ? »
Elle ne lui répondit pas, elle n’avait pas à répondre à l’un de ses ennemis. Quelque chose s’était brisée en lui à cet instant : une nouvelle fois… Encore une fois… Il y avait cru, il y avait cru sérieusement cette fois ! Mais non, le Destin revenait toujours pour faire son travail. Sans qu’il ne puisse comprendre, sans qu’il n’arrive à se contrôler, des larmes s’écoulèrent de ses joues alors qu’il s’était mis à crier, courant en direction de l’Ombre, ses griffes en avant.

Il… Il n’y croyait pas mais il ne pouvait pas se poser des questions. C’était lui ou l’ombre mais… Mais… C’était trop difficile ! Il arrivai vers l’ombre, ses deux griffes en position sur ses mains. La personne encapuchonnée restait parfaitement immobile, comme statufiée. Elle n’avait pas à hésiter un seul instant : c’était mieux comme ça.

Une nouvelle flèche partit pour se diriger vers l’épaule droite de Tery. Elle n’y avait pas insufflé de magie, elle ne voulait pas le faire exploser. Ce n’était pas de cette façon qu’elle devait le tuer ! Sa flèche fut arrêtée en plein vol par la griffe gauche du jeune homme, celui-ci ayant donné un coup avec son arme pour faire tomber la flèche.

« Qu’est-ce que … » balbutia l’être masqué de blanc.

La tête de l’Ombre pencha sur la gauche, la griffe de Tery s’enfonçant dans le mur à l’endroit où se trouvait sa tête il y a encore quelques secondes. Il n’hésitait pas un seul instant, c’était mieux comme ça. Elle ne devait pas avoir de remords à accomplir ce qu’elle avait à faire. Elle lui donna un coup de pied dans le ventre pour le repousser en murmurant :

« Voyons si l’élève a dépassé le maître. »

Il émit un petit râle de douleur, des veines noires réapparaissant sur son visage. Mais à la grande surprise de l’Ombre, les veines noires disparurent après quelques secondes. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Il était à nouveau debout, se dirigeant vers elle. Elle bandit son arc, trois flèches se présentant sur la corde.

« Pourquoi ne parles-tu pas ? Je te l’avais pourtant dit. » murmura la personne encapuchonnée de brun en regardant le jeune homme en face d’elle.

C’est vrai… Elle l’avait prévenu mais il ne l’avait pas écouté. Il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même sur ce coup. A donner trop vite sa confiance à une personne qui n’osait pas se montrer sans son masque, Il n’avait pas à lui répondre ! Il devait la tuer avant de se faire tuer, c’était comme ça depuis le début. Il revint vers elle en courant, s’écroulant subitement à cause d’une fissure qu’il n’avait pas vue. Les trois flèches passèrent au-dessus de sa tête, percutant le mur de pierre de la grotte.
Les yeux saphir de l’Ombre regardèrent le corps du scorpion cyclope, c’était quoi cette fumée verte qui émanait du cadavre de l’insecte mort ? Cela l’intriguait… Elle poussa un léger cri en sentant ses jambes qui quittaient le sol. Tery venait de lui faucher ces dernières alors qu’elle réfléchissait à la situation. Elle s’écroula sur le sol, son corps cognant contre la roche fissurée alors que Tery était à nouveau debout. Sa griffe droite dirigée vers le cou de l’Ombre, il lui criait :

« Expliques… toi. Explique à quoi ça te servait de me garder pendant plusieurs mois si c’était pour faire ça ? Expliques toi ! »

« Je… n’ai pas à m’exprimer à ce sujet. Tu n’as pas à savoir ma mission ! Malheureusement, tu as été relevé comme potentiellement dangereux… donc… »

La main droite posée sur son arc, l’arme en bois vint frapper la tête de Tery au niveau de la joue droite pour le déstabiliser un peu. L’Ombre encapuchonnée se jeta sur lui à hauteur du ventre pour le repousser tandis qu’elle reprenait ses distances.

« Je dois te tuer, voilà tout ! Est-ce que tu as d’autres questions à me poser ? » murmura-t-elle avec calme et indifférence alors qu’il semblait complètement perdu.

Elle se moquait de lui ! Il en était sûr et certain ! Le tuer, voilà tout ! Elle avait dit ça avec une telle facilité qu’il s’énervait encore une fois. Quelques gouttes de sueur s’écoulèrent de son front. Elles n’étaient pas apparues après la fin du combat contre le scorpion cyclope alors pourquoi maintenant ? Le pire dans tout ça, c’est qu’il ne pouvait pas utiliser la magie ! Est-ce que créer des flammèches allait l’aider à combattre ? Loin de là. Il n’avait que son arme pour se battre et c’était au corps à corps qu’il devait l’affronter !

Il n’abandonnait pas… C’était tant mieux mais d’un autre point de vue, elle aurait préféré qu’il se laisse faire, cela aurait rendu moins difficile la séparation. Une flèche plus grande que celles d’auparavant apparue. Elle la pointa en direction de Tery. Elle ne devait pas le rater… quitte à utiliser la magie élémentaire du vent pour dériver la flèche et la faire toucher le jeune homme aux cheveux bruns si celui-ci tentait de s’échapper. C’était quoi ces gouttes sur le front du jeune homme ? Instinctivement, elle lui demanda d’une voix inquiète :

« Tu te sens mal maintenant ? Ça n’a pas l’air d’aller. »

« En quoi ça te concerne ? Depuis quand un assassin s’intéresse aux problèmes de santé de sa future victime ? Je te préviens… Je ne me laisserais pas faire ! » répliqua-t-il séchement.

« Ce n’est pas pour ça que tu ne dois pas me répondre ! »

La fumée verte envahissait de plus en plus la grotte et elle sentait que la chaleur augmentait autour d’eux. Est-ce qu’il y avait une chance que… Non… Ce n’était pas possible de penser une telle chose maintenant ! Tery arriva à sa hauteur alors qu’elle était en pleine réflexion. Encore une fois, elle s’était laissé distraire ! Mais maintenant, elle allait contre-attaquer avant même qu’il ne la touche.

« Tu m’excuseras, Tery mais… C’est trop tard. » termina n’elle de dire.

La grosse flèche quitta l’arc dans ses mains, se dirigeant vers le jeune homme aux yeux verts. Celui-ci leva son bras gauche comme un simple automatisme, la flèche déchirant sa tenue juste au-dessous de l’aisselle. Une ligne de sang était apparue alors que les yeux saphir de l’Ombre semblaient surpris. Elle… Elle s’était ratée ? Pourtant… Elle était sûre d’avoir bien visée ! Et sa magie… Non, ce n’était pas ça, il avait réagit instinctivement pour survivre. Qui ne l’aurait pas fait à sa place ? Elle voyait maintenant Tery qui fondait sur elle.

Ah… Ah… Il avait réussi à esquiver cette flèche tirée à bout portant ! Il n’y croyait pas lui-même mais il avait bien réussi ! Comment avait-il fait ? Est-ce qu’il pouvait reproduire ce miracle ? Il ne le savait pas mais il n’avait pas que ça à faire. Maintenant qu’il était proche de l’ombre et que celle-ci semblait désarmée et sans défense, il pouvait parler avec elle. Sa colère à cause de la trahison de l’ombre avait disparu.

« Et si je te tuais… Et si je le faisais ? Sans raison… Simplement parce que l’on me l’a demandé. Je… te pensais capable de réfléchir plus loin que ça. » murmura-t-il calmement bien qu’il tremblait encore à cause de ce qui venait de se passer.

« Je… n’ai pas à discuter les ordres. On m’a demandé de te tuer il y a de cela presque dix jours voir plus mais je ne l’ai pas fait. » répondit l’être encapuchonné.

« Alors pourquoi tu le fais maintenant ? Qu’est-ce qui a changé ? »

« Toi. Toi, tu t’es montré sous ton vrai jour. » conclut l’Ombre.

Hein ? Il ne comprenait pas. Qu’est-ce que l’Ombre voulait dire par là ? Celle-ci faisait apparaître une nouvelle flèche sur son arc mais il donna un violent coup de griffe dans l’arc, l’envoyant au loin. Il était furieux car l’Ombre venait de se renfermer comme une huître, elle ne voulait plus lui parler mais il allait la forcer. Il s’essuya le front avec son bras, montrant un visage trempé par la sueur. Cela n’avait pas échappé à l’Ombre qui lui dit :

« Tu sembles vraiment mal en point. Très mal même. »

« Je t’ai pourtant dit que cela ne te concernait pas ! Tu veux me tuer alors à quoi ça te sert de savoir si je vais mal ou non ? Hein ? Dis-le-moi au lieu de tourner en rond ! »

« Je… Je ne sais pas. Simplement… Je me faisais un peu de souci. » murmura avec franchise la personne masquée, le jeune homme s’esclaffant de rire.

Elle se moquait de lui, l’Ombre se moquait de lui au dernier moment ! Comment devait-il le prendre ? Il éclata de rire une nouvelle foistout en restant concentré sur la personne devant ses yeux. Elle semblait pourtant sérieuse à travers ses yeux saphir. Il toussa légèrement… puis de plus en plus. Il commençait à avoir des difficultés à respirer normalement.

« Dis-moi… Ah… Tu veux me tuer ou non ? Toi ? Tu le veux ? »

Il lui posa finalement la question qui le taraudait depuis plusieurs minutes. Il n’avait pas remarqué la fumée verte qui s’était dispersée dans la grotte mais elle… Elle le savait bien et elle savait ce que cela voulait dire. Ses deux mains posées sur ses bras, l’Ombre lui répondit d’une voix triste alors qu’elle le regardait :

« Je… ne veux pas mais… J’y suis obligé et j’accomplirais ma mission coûte que coûte. Désolé, Tery, je ne voulais pas en arriver là, je ne voulais pas utiliser ma magie… »

Elle n’avait pas d’autre choix. Ses yeux saphir se fermèrent sous le masque blanc alors qu’elle se concentrait. Elle allait lui montrer la différence de pouvoir entre elle et lui. Une pierre se forma dans sa main droite puis la pierre s’allongea sous sa puissance. La création d’un pic de roche était une idée comme une autre mais c’était ce qui lui convenait le mieux.

« Et mer… J’ai la tête qui tourne. »

Il disait ça alors qu’il ne comprenait pas les paroles de l’Ombre. Il n’avait même pas remarqué la pierre qui s’était formée dans la main droite de la personne encapuchonnée. Il avait le regard fiévreux, les yeux à moitié clos. Il dandinait son corps sur place comme si il n’arrivait plus à le contrôler.

Ne pas réfléchir aux conséquences, ne pas se poser de questions. Les ordres de l’Oracle étaient absolus et il n’y avait pas de questions à se poser pour savoir s’ils étaient bons ou mauvais. Le regard assombri, l’Ombre ferma subitement les yeux, allongeant le pic de terre qu’elle avait crée dans sa main droite. Plusieurs secondes s’écoulèrent avant qu’elle n’ouvre pas les yeux, aucun bruit… puis un corps qui tomba sur le sol. Elle… Elle l’avait fait. Elle avait tué Tery, c’était sûr et certain. Elle rouvrit les yeux, voyant le corps du jeune homme sur le sol. Sa première réaction ne fut pas la bonne.

« Mais… Pourquoi ? Pourquoi… n’y a-t-il pas de sang ? » balbutia-t-elle.

Si elle avait visé le jeune homme en plein cœur, du sang devrait être visible ! Tery était couché sur le ventre, la tête penchée sur le côté. Elle ne le voyait pas mais elle le retourna pour l’avoir en face d’elle. De la sueur continuait de s’écouler de son front mais en quantité bien plus abondante. Il toussa de plus en plus et elle comprit ce qui s’était passé : le jeune homme s’était écroulé à cause de la fumée verte provoquée par le scorpion cyclope !

« Toxique ! Son cadavre… Tery ! Attend un peu ! Attend un peu s’il te plaît ! »

Voilà que ses sentiments s’inversaient : encore une fois, elle ne pensait plus à sa mission pour l’Oracle. Tery était dans un sale état et elle sortit une nouvelle fiole remplie de liquide vert de son sac. Elle fit avaler le contenu de la fiole à Tery, celui-ci se remettant à tousser mais avec un sourire apaisé. L’être masqué s’écria, presque pris de sanglots :

« Je n’y… Je n’y arrive pas ! C’est trop dur, Oracle ! Vous me forcez à accomplir quelque chose que je ne peux accepter ! »
C’est vrai… Elle n’y arrivait pas. C’était beaucoup trop dur pour elle. A chaque fois… A chaque fois, elle avait essayé de le tuer mais elle n’avait pas réussi ! Là, elle pouvait essayer… de le tuer. Il était seul et désarmé, plongé dans une demie-inconscience. Rien ne l’en empêchait sauf… Qu’elle ne le voulait pas et elle ne le pouvait pas. Il était si faible, elle avait l’impression d’abattre un nouveau-né et d’être une personne des plus cruelles !

Un nouveau toussotement et elle remarqua que l’antidote était inefficace… Du moins, il semblait avoir moins d’effet que prévu sur Tery. Pourquoi ? C’était pourtant le même liquide que celui qu’elle avait bu ! Est-ce que… Non… Non… Quand même pas ! Ce n’était pas ça ! Et pourtant, plus les secondes s’écoulaient, plus elle en était convaincue. Son masque… Son masque blanc filtrait l’air en plus de l’antidote. Elle n’avait pas le choix… Vraiment pas le choix. Malgré son mensonge au sujet de ce masque, elle devait le faire.

« Fais attention à ce masque, il est très précieux. » murmura-t-elle faiblement.

Elle avait une meilleure constitution que lui donc plus de chances de résister à ce poison. Lentement, elle passa deux doigts sur son masque blanc, le retirant en tremblant légèrement. C’était bien la première fois que quelqu’un pouvait voir son visage mais comme Tery était évanoui… Et puis, seul l’Oracle était au courant de qui elle était réellement, enfin presque. Les autres… Il ne savait rien au sujet d’elle. C’était aussi simple que ça. A part l’Oracle, personne ne connaissait son existence ou du moins ne savait ce qui se cachait sous ce masque et cette cape, ou presque. Vivre sans se montrer, voilà ce qu’elle avait fait depuis dix-huit ans.

« Attention à ne pas le faire tomber. » chuchota la personne démasquée à Tery.

Il murmura quelque chose qu’elle ne comprenait pas. L’Ombre déposa le masque blanc sur le visage de Tery, écoutant le souffle devenu régulier du jeune homme. Avec agilité, elle attacha les différents sacs sur le dos de Tery avant de se mettre à le soulever. Des lignes blanches apparurent sur elle. Maintenant, une course contre la montre commençait et elle devait se dépêcher ! Le nuage de fumée disparate envahissait complètement la grotte et elle s’était mise à tousser à son tour. Elle avait raison, elle avait compris… Ce poison était bien plus puissant que l’antidote qu’avait fourni le petit homme. Plus elle marchait, plus elle mettait de temps à avancer dans la grotte mais… elle n’abandonnerait pas ! Elle avait fait son choix ! Mentir à l’Oracle en lui disant que Tery s’était enfui et lui demander des explications à ce sujet.

« Tery… Je m’excuse… Je m’excuse vraiment de ce que je t’ai fait subir dans cette grotte. J’avais… prévu de te laisser mourir par le scorpion cyclope mais je n’y suis pas arrivé. J’avais… prévu de te tuer avec l’une de mes flèches sans utiliser la magie mais je n’ai pas réussi. J’avais… prévu tellement de choses et pourtant, aucune ne marchait. Je ne peux pas tuer la seule personne avec qui je me suis rapproché depuis toutes ces années ! »

Elle savait qu’il ne l’entendait pas… Elle le savait plus que bien sinon… Il aurait compris qui elle était. Tery était de plus en plus lourd, les pas de l’Ombre de plus en plus lents. C’était normal… Elle n’était pas surhumaine, son propre corps s’affaiblissait sous la fumée novice du poison provoqué par le scorpion cyclope après sa mort mais … Elle n’abandonnait pas.

Ah… Il se faisait transporté… Il était à peine conscient mais il n’entendait rien, il ne voyait rien mais il sentait qu’il était en train de se déplacer. Par qui ? Par quoi ? Où est-ce qu’on l’emmenait ? Il n’avait pas la force de se mouvoir et puis… Il avait du mal à respirer… comme si quelque chose se trouvait sur son visage. Il arrêta de réfléchir à tout ça, il devait se reposer mais… Il ne savait pas qui s’occupait de lui ? L’Ombre ? Ce n’était pas possible… Pas après ce qui s’était passé mais… Une part de lui-même lui disait de croire en ça, de croire en l’Ombre. Ce n’était pas elle qui était mauvaise mais cette personne dont elle avait parlé et qui lui avait donné cette mission. Le tuer ? Et pourquoi… Il retomba subitement dans sa quasi-inconscience. Trop de réflexions au final.

Non, c’était trop difficile, vraiment trop… Son dos s’était courbé alors qu’elle approchait de la sortie de la grotte. Rester lucide devenait une véritable épreuve de force mentale et elle sentait que d’ici quelques instants, elle allait lâcher prise. Enfin, elle retrouvait la lueur du soleil devant ses yeux saphir. Elle avait encore du chemin à faire, beaucoup de chemin mais… Ca serait sans elle. Son corps tomba sur le sol, Tery s’écroulant à côté d’elle alors qu’elle avait la tête enfoncée contre la pierre. C’en était trop… pour elle.