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Chapitre 40 : Surarmée

ShiroiRyu
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Chapitre 40 : Surarmée

« C’est moi ou depuis quelques jours, Clari semble avoir la forme ? »

Royan avait fait finalement cette remarque alors que Tery haussait les épaules, un sourire aux lèvres. Il répondit avec amusement avant que Clari ne le fasse :

« Le fait de m’aider doit surement jouer là-dessus. Elle apprécie de rendre service, rien de plus. On ne peut pas le lui reprocher ça maintenant, hahaha. »

« D’ailleurs, encore ce soir, il faudra recommencer, Tery. »

« Oui, oui, Clari. Pfff … »

Il poussa un petit soupir attendri. C’est sûr que maintenant, ce qu’il avait dit pour pouvoir discuter avec elle, devait se réaliser. Car oui, elle ne le laisserait pas s’échapper de la sorte et surtout, ça paraissait beaucoup plus crédible si on leur posait des questions.

« C’est si difficile que ça, Tery ? » demande Elen.

« Pas tellement, c’est juste très long. Bizarrement, à chaque fois que j’ouvre un livre sur les golems, j’ai l’impression de remarquer plein de petits détails qui n’étaient pas présents auparavant. C’est donc une nouvelle lecture à chaque ouverture. »

« Est-ce que je pourrai rester éveillée moi aussi ? Pour t’aider ? »

« Hein ? Euh … je ne sais pas trop. Il ne vaut mieux pas, Elen. C’est déjà assez compliqué en soi. Si en plus, on tente de m’aider de tous les côtés alors qu’une seule personne suffit … Mais merci quand même hein ? »

« D’accord, je comprends, j’ai compris. »

La petite voix qu’il entendit lui fit signe qu’elle avait compris … oui … mais pas forcément dans le bon sens, ce qui était quand même bien problématique en soi. Il poussa un petit soupir une nouvelle fois, reprenant :

« Tu m’aideras à bien d’autres choses, Elen. »

« Non mais attends, ce n’est pas bien grave hein ? Je veux dire, ça ne me dérange pas. »

« Ne t’en fait pas, je ne vais pas dévorer ton homme chaque soir, bout par bout. Je te le laisses en entier, n’est-ce pas Tery ? »

« Ne dit pas de choses comme ça, elle risque encore de se faire des idées inutiles et … »

Il se retrouva coincé sous le bras de Clari, celle-ci l’étreignant sans aucune gêne devant les yeux étonnés des autres personnes alors qu’il ne pouvait que se laisser faire. Elle avait vraiment retrouvé la forme, c’était une très bonne nouvelle et il s’en réjouissait mais quand même, doucement, bien plus doucement, ça sera mieux. Et surtout bien plus calmement aussi, ça pourrait mieux l’aider, bien mieux l’aider, il le reconnait.

Mais au moins, elle était en pleine forme. Et ils étaient s’étaient dirigé vers Honoros. En quelques jours, ils avaient rapidement mis les pieds là-bas. Le plus étonnant … restait le fait qu’ils étaient toujours sur le pied de guerre.

« Royan ? Qu’est-ce qui se passe exactement ? »

« Maintenant que nous avons ravivé les instincts guerriers d’Honoros, il est normal que l’armée du royaume continue son travail. »

« Oui mais quand même, c’est assez impressionnant, je crois. Mais bon, ça m’embête. S’ils nous interrogent, comment est-ce que nous réagirons alors ? »

« Je suis le prince de Traslord. Ma présence est connu mais je leur dirai que vous êtes mes gardes. Tant que vous n’utilisez pas votre magie, ils ne se poseront pas de questions. Manelena, veuillez surtout ne pas faire sortir votre armure comme par magie. Car c’est un peu votre marque de fabrique et alors là, je ne pourrais rien faire pour vous. »

Manelena hocha la tête positivement pour signaler que le message était très bien passé. Aucune utilisation de son armure … sauf si cela s’avère nécessaire. Elle regarda Tery pendant quelques secondes. Humpf … lui aussi son visage n’était pas inconnu. Par contre, pour Clari, elle passerait inaperçu. Pareil pour Elise.

« Que raconteras-tu à notre sujet s’ils nous reconnaissent, Royan ? »

« Que vous êtes à mon service et qu’en dépit des apparences, vous n’êtes pas ceux qu’ils pensent que vous êtes. On met rarement la parole d’un prince en doute. Surtout quand il s’agit du seul et unique membre de sa lignée encore en vie. »

« … … … C’est un bon argument, je pense. »

Ce fut les seuls mots de Manelena alors qu’ils continuaient de marcher. Bien entendu ici, il n’était pas question de froid, loin de là. C’était plutôt l’opposé. D’ailleurs, Tery poussa un petit éternuement, reniflant légèrement alors que Royan disait :

« Un rhume ? Le froid et chaud peut provoquer ce genre de désagréments. Lorsque j’étais plus jeune, je me rappelle avoir eu une forte fièvre. »

« Tiens donc ? Ainsi ? Comme ça ? Rien d’autre ? »

« Que veux-tu que je te dise, Tery ? Néanmoins, il faudra quand même surveiller ton état. A chaque royaume où nous allons, il faut que tu nous emmènes que des problèmes, visiblement. » répondit avec lenteur Royan.

« J’irai te soigner, encore une fois. Un vilain rhume, c’est plus facile qu’un mal de mer. »

Elen eut un petit sourire alors que le jeune homme se laissait faire, docile. De toute façon, il n’avait visiblement pas trop le choix. Il se laissa prendre le bras par Elen alors qu’elle le tirait à elle, le forçant à marcher au rythme qu’elle décidait. Obéissant et sage, le jeune homme se laissa complètement faire.

« On n’y va doucement, encore une fois ? »

« Encore une fois, encore une fois … j’ai l’impression d’être un assisté. »

Il disait cela avec lenteur tout en espérant qu’on évite de trop le regarder. Question de principes, il se sentait toujours aussi ridicule dans ces moments précis. Il poussa un profond soupir désabusé, regardant autour de lui.

« Elen, s’il te plaît, je n’ai pas envie d’avoir honte. »

« Je ne te porte pas dans mes bras non plus, Tery. Tu n’as pas à t’inquiéter à ce point quand même. » répondit avec douceur la femme masquée de blanc.
Tiens, c’était bizarre ou alors, c’était lui ? Il remarquait plusieurs fissures sur celui-ci. C’est vrai qu’il lui semblait être le même depuis tellement de mois. Peut-être que le masque se faisait vieux ? Il ne savait pas combien de temps est-ce que cela durerait ?

« Elen ? Je voulais te demander au sujet … de ton masque ? »

« Qu’est-ce qu’il y a, Tery ? Je ne le retirerai pas devant les autres, je te préviens. Je ne me sens pas encore prête pour ça, désolée. »

« Je ne t’ai jamais forcée et je ne commencerai pas maintenant. »

« Je le sais bien … je veux juste te prévenir. J’y réfléchis bien trop souvent déjà. »

Ah bon ? C’était un peu étonnant mais en y réfléchissant, pas illogique. Il savait qu’elle n’aimait plus autant que ça son masque. Rien de bien … surprenant ? RAH ! Ça ne voulait rien dire ce qu’il pensait là. Il se laissa entraîné par Elen alors qu’ils devaient trouver un endroit pour dormir, rien que ça.

« Nous pouvons quand même dormir dans une auberge, Royan ? »

« Normalement, il n’y a aucun problème. Tant que nous restons discrets, cela devrait passer. »

« Je crois qu’on va te laisser tous nous diriger, avec Manelena. »

Il avait finalement terminé de parler, se disant que c’était vraiment la meilleure chose à faire pour l’heure. Royan avait surement quelques connaissances autour de lui, même s’il était le prince. D’ailleurs, ils n’étaient pas entourés de soldats, pas du tout. Ils devaient vraiment faire confiance à Elen à Traslord pour laisser se passer tout ça.

« Autant d’armées quand même … est-ce qu’ils cherchent à protéger le phénix ardent ? » demanda Tery après quelques secondes.

« Je pense pas que le phénix ait besoin de garde … mais bon, ce n’est qu’un avis personnel mais si le phénix a l’esprit aussi échauffé que les soldats d’Honoros. Il vaut mieux alors éviter tous les problèmes par rapport à lui. Du genre que Tery et Elise ne s’approchent à aucun instant de lui ou alors ne se montre. Ça semble créer vraiment d’énormes soucis. »

« J’ai cru le remarquer … »

Le jeune homme rétorquait cela avant de se remettre en route avec le reste du groupe. Trouver une auberge pour la nuit ne devrait pas être très difficile. Non … Mais quand même, le nombre de soldats autour d’eux était beaucoup trop important. Beaucoup plus qu’il ne le croyait au départ … pfiou.

« Ne t’en fait donc pas, Tery, tu n’es pas en danger. S’il le faut, je me chargerai de ta protection personnelle, Tery. »

Elle émit un petit rire sous son masque blanc avant de le forcer à se rapprocher d’elle. Il était tout simplement inquiet et ça se comprenait. Il avait provoqué auparavant la colère d’une créature ancestrale, ce qui n’était pas réjouissant, pas du tout même.

Il lui fallut quelques minutes de marche pour qu’il pense à autre chose. En même temps, Elen lui faisait la conversation à tous les deux pour qu’il puisse avoir un sujet différent en tête. Il ne pouvait que la remercier pour ça.

Trois chambres furent demandées à l’auberge, Elise ayant décidé qu’elle aimerait bien en partager une avec Manelena et Clari, pour mieux apprendre à les connaître. Les deux autres femmes ne semblaient pas dérangées par ça, hochant juste la tête positivement.

« Alors, mon petit Tery est tout simplement malade ? »

Elen avait retiré son masque, Tery observant par la fenêtre les citoyens qui passaient dans la ruelle à côté de l’auberge. Il toussa légèrement, ne disant rien de spécial. Elen s’approcha de lui, plaçant ses bras autour de son torse, se collant contre son dos.

« Dis-moi, Tery, tu aimerais vivre où plus tard ? »

« Près des montagnes, comme dans mon village natal. J’aime beaucoup les plaines, les montagnes, la forêt, enfin, toutes ces choses. »

« Oh ? Et tu voudrais combien d’enfants ? »

« Wow, wow, wow … »

Il avait juste le temps de se retourner qu’elle venait relever ses mains, les plaçant autour de son cou avant de le regarder tendrement. C’était pas la première fois qu’elle lui posait une telle question ? Il cligna des yeux, un peu gêné avant de dire :

« D’abord un ou deux, je pense une fille et un garçon, rien de plus. Enfin, sur ce point, je ne suis pas très original, je dois avouer. »

« Ce n’était pas une réponse originale que je voulais … juste une réponse sincère. C’est tout ce qui comptait à mes yeux, Tery, rien d’autre. »

« Ah bon ? Alors tant mieux car oui … enfin, je n’y pense pas encore maintenant, hein ? On est peut-être trop jeunes pour ça … et encore, avec le fait que nous bougeons toujours, difficile de penser à ça et de s’installer. »

« Il n’est jamais trop tard pour ça … et puis, c’est normalement le moment où tu me serres dans tes bras en t’excusant de m’avoir délaissée ces derniers jours. »

« Délaissée ? Allons, n’exagérons quand même pas, ma petite demoiselle, je sais bien que j’étais un peu occupé mais de là à … »

« Tu passes tous tes soirs avec Clari et elle se montre encore plus prévenante à ton sujet qu’auparavant. Vous ne faites pas que parler des golems, hein ? »

« Tu es jalouse pour rien, Elen. Tu te fais vraiment des films inutilement. Je te le confirme et je te l’assure, ma petite demoiselle. Vraiment … »

« Alors, tu peux me le prouver ici, non ? Tu n’aurais aucun problème à ça, n’est-ce pas ? »

« Pas quand tu te parles de la sorte et rien d’autre. »

Il la repoussa tendrement avant de s’éloigner et se diriger vers l’unique lit qui se trouvait là. Un lit à deux places, bien entendu. Il se coucha sur le lit alors qu’Elen serrait les poings. Elle le regarda avec un peu de colère, disant :

« Bien entendu, dès que je veux un peu d’amour de ta part, c’est tout de suite ta réponse. »

« S’il te plaît, Elen, ne fait pas l’enfant. Je suis quand même un peu malade et … »

« Je sais parfaitement que ce sont les femmes qui disent ça ! J’ai bien observé les couples dans les villes que je traversais et que nous traversions. Et tu veux savoir quoi ? C’est l’excuse des femmes de dire qu’elles sont malades ! »

Il ne comprenait pas le rapport mais lorsqu’elle s’approcha de lui pour se mettre au-dessus de sa personne, il comprit qu’elle ne plaisantait pas. Pas du tout. Mais il n’allait pas se laisser faire, pas du tout.

« Ne fait pas une chose que tu regretterais, Elen. »

« Je ne regretterai rien du tout en ce qui te concerne, Tery. Sache-le. »

« Et pourtant, je te conseille d’y réfléchir à deux fois avant d’agir de la sorte, Elen. Et je ne plaisanterai pas à ce sujet, je suis très sérieux. »

« Pourquoi … est-ce que tu me menaces ainsi ? »

« Je ne te menace pas. Je … tu n’as qu’à juste profiter du moment présent sans trop en demander. Ce que tu demandes ne se fait pas ainsi … il faut que ça soit naturel. Et ce que tu fais, ce n’est clairement pas naturel, voilà, c’est dit. »
Pas naturel ? Pas naturel ? Est-ce qu’il blaguait ? Tout était naturel entre eux ! Elle fit une profonde moue et revient poser son masque sur son visage. A ce moment précis, il entendit quelques craquements sonores. De nouvelles fissures. C’est bien ce qu’il voyait là ? Elle avait de nouvelles fissures sur le masque maintenant.

« Bon ben, puisque c’est comme ça, je vais aller prendre l’air pour la peine ! »

« Est-ce que tu me fais la tête, Elen ? »

« Non, non, tu ne vois pas que je suis plus qu’heureuse de me faire jeter par le garçon que j’aime ! Qu’il ne comprend pas mes sentiments ? »

« Je les comprends parfaitement, je les respecte et je te les retourne. »

« Oui, tu me les retournes. Au revoir ! »

Il poussa un profond soupir. Il regarda la jeune femme masquée qui quitta la chambre avec colère. Il ne pouvait rien dire ou faire, elle ne l’écouterait pas. Alors, il ne faisait que l’observer. Il se releva, regardant par la fenêtre tout en la voyant passer dans la ruelle.

« Je t’interdis de poser tes yeux sur moi ! »

Elle l’avait facilement remarqué ? Il put voir le visage masqué de blanc qui se tournait vers lui … mais aussi une main ? Puis subitement, un flot aqueux vint le frapper en plein sur le visage, le faisant tomber en arrière.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Vous croyez que c’est une amante du jeune homme dans l’auberge ? Elle n’a pas apprécié ses paroles ? »

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Je m’intéresse pas à ça moi … même si j’avoue que ça m’a bien fait rire. Il doit avoir une sacrée tête maintenant. »

« Dire que je peux les entendre. »

Il poussa un autre soupir, toujours couché sur le sol de la chambre d’auberge tout en regardant le plafond. Une petite Elen en colère était toujours quelque chose de spécial … mais est-ce qu’il avait peur de l’aimer ? Pour se comporter de la sorte ? Comme un idiot ?

« Je devrais me montrer … plus incisif dans mes actions. »

Se montrer plus agressif. Lui prouver qu’il l’aime ? Observer son corps … avec moins de tissu dessus ? La regarder … longuement étudier … son corps … Il commença à rougir violemment, gêné par cette idée. Elen complètement nue ? Lui aussi ? Sans rien faire d’autre ? Juste se regarder ?

« C’est quand même trop rapide et … non ! Je connais maintenant Elen depuis des années. Elle est ancrée dans ma tête après tout ce temps. Elle est … si importante pour moi. »

Il devait vraiment se noter ça. Il devrait vraiment tout faire pour lui montrer qu’il voulait avancer entre eux deux. Juste qu’il ne voulait pas presser le tout, c’était aussi simple que ça, rien d’autre. Voilà, c’était aussi simple que ça, rien d’autre … rien du tout.

Qu’est-ce qu’il devait faire alors ? Partir à sa recherche ? L’attendre ? Lui montrer son corps nu lorsqu’elle reviendra ? Non, il n’était pas un satyre. Il avait quand même un peu de décence, quoi, hein ?


Non, il était pieds et mains liés. Rien de plus, rien de moins. C’était triste à avouer. Il se remit debout, regardant brièvement par la fenêtre avant de chercher Elen. Impossible à la retrouver. Elle était vraiment partie avec fureur. Il soupira, encore et encore, inlassablement avant de se diriger vers son lit. Il se coucha dessus, observant le plafond.

« J’irai voir quoi faire quand elle reviendra … ou presque. »

Pour l’heure, il avait besoin de se reposer à cause de la fièvre qui l’envahissait. Ou c’était un rhume ? Quelle idiotie d’avoir un corps aussi chétif. Il avait vraiment honte des fois quand même, rien que ça. Rien que ça …

« J’espère qu’elle va quand même revenir rapidement. Elle me manque … et je n’aime pas la voir loin de moi, je suis bête. »

Plus que bête même. S’il ne voulait pas la mettre en colère, il n’aurait jamais dû lui parler de la sorte. Mais même s’il était un homme, il n’était pas une bête ! Ne pouvaient-ils pas prendre le temps ? Le temps d’y goûter, peu à peu ?

Enfin, de se calmer et d’aimer tranquillement, sans aucun empressement ? Sans aucune accélération ? Il ne pensait à rien d’autre que ça. Lui aussi avait des besoins amoureux … mais Elen lui en demandait trop par rapport à auparavant.

« Il faut qu’elle apprenne à gérer son temps … et ses pulsions. »

Il avait honte de dire ça de la sorte. Gérer ses pulsions, ça faisait croire qu’elle était comme une bête incontrôlable. Ce n’était pas du tout ce qu’il pensait d’Elen, loin de là même. Pfff … il se mit sur le côté, fermant les yeux pour chercher le sommeil.

Deux heures plus tard, il rouvrit ses yeux, entendant la porte … Elen était de retour ? Qu’est-ce qu’il devait faire ? Qu’est-ce qu’il devait faire ? Faire semblant de dormir ? Il entendit le masque qui tombait au sol puis sentit Elen qui venait se coucher auprès de lui. Sans un mot, elle le força à se retourner alors qu’il fermait les yeux.

« Tu es à moi, rien qu’à moi, Tery Vanian. »

Il sentit ses lèvres sur les siennes. Elle n’allait quand même pas … faire des choses regrettables non ? Il attendit qu’elle termine le baiser mais ça n’arrivait pas. Ca faisait deux bonnes minutes … deux longues minutes et il se décida à rouvrir ses yeux … pour voir ceux rubis de la jeune femme.

« Alors … on faisait semblant de dormir ? »

C’était ça qui lui faisait peur. Quand elle était dans cet état. Ca devenait de plus en plus récurent … et ça devenait vraiment malsain. Comment est-ce qu’il allait pouvoir se sortir de ce pétrin maintenant ? Il était à sa merci.

Chapitre 39 : Une famille

ShiroiRyu
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Chapitre 39 : Une famille

« Je ne pensais pas qu’ils t’auraient laissé partir aussi facilement, Royan. »

« Elen a réussi à se montrer très convaincante lorsque les ministres n’ont pas accepté cela. Il faut dire que cela commence à faire quelques temps que je voyage avec vous tous. »

Tery se tourna vers la femme masquée, celle-ci émettant un petit rire. Il valait mieux ne pas demander comment, il devait juste lui faire confiance. Puis bon, ils venaient à peine de débuter leur voyage vers Honoros.

« C’est les ministres qui m’ont demandé de m’y rendre. Il paraitrait d’après les informations qu’une étrange créature gigantesque s’y trouve. »

« Etrange et gigantesque. Ça correspond à la description de Lavon. » dit Clari dans un petit rire alors que Royan hochait la tête positivement.

« Kalan, le Phénix Ardent, il n’y a aucun doute à ce sujet. »

« Ce qui n’arrange en rien toutes nos idées malheureusement. Mais jusqu’à ce que l’on arrive, on aura surement le temps de se préparer à dialoguer avec lui. »

Elen avait pris la parole à son tour tandis que Tery regardait Manelena. Celle-ci ne parlait que très peu. C’est sûr que rappeler qui elle était en plein palais royal de Traslord, ce n’était pas plaisant. Et donc, depuis leur départ, elle avait à peine ouvert la bouche.

D’ailleurs, c’était lui ou aussi Clari était un peu bizarre depuis le départ ? Même si ce n’était pas totalement visible par les autres, il avait compris à force de connaître Clari que quelque chose clochait. Elle semblait … moins joviale que d’habitude. Mais bon, il verrait ça plus tard, pendant la nuit.

Ils avaient encore beaucoup de marche à faire et il était surement hors de question de se trouver une auberge pour la nuit. Ils allaient donc tous dormir à la belle étoile, que cela plaise ou non à tout le monde. Mais néanmoins, ils n’étaient pas partis les mains vides. Puisqu’ils avaient un prince avec lui, les ministres avaient tout fait pour qu’il soit plus que bien équipé. Même pour leurs armes ou leurs tenues.
Nul ne savait ce qui les attendait mais néanmoins, ils avaient beaucoup à faire. Enormément à faire même. La soirée ne tarda pas à se présenter, engloutissant les cieux dans l’obscurité alors que Tery préparait le repas. Pendant que chacun mangeait, il murmura :

« Ce soir, je ne compte pas dormir tout de suite. Je vais étudier les livres sur les golems. Je me suis un peu étonné sur ce coup et donc, je voulais me renseigner. Par contre, Clari, j’aurai besoin de ton aide. Pas que je mette les connaissances de Manalena en doute mais comme tu me sembles plus douée pour m’aider dans la lecture, tu seras une aide très utile. Ca ne te dérange pas trop, Clari ? »

« Bien sûr que non ! J’en serai ravie ! Elen ? »

« Moi ? Tu es bien la dernière de qui je dois craindre quelque chose. » répondit la jeune femme masquée de blanc. En réponse à cela, Clari vint embrasser Tery sur la joue. « Ce n’est pas une raison pour le coller comme ça non plus ! »

« Héhéhé, je me disais bien que ça ne durerait pas aussi longtemps que ça. »

Clari eut un rire des plus joyeux, Tery se retenant de sourire. Il en était sûr maintenant. D’ailleurs, la soirée passa très rapidement et Elen lui demanda quand même de venir dans la tente. Elle chercha ses lèvres qu’il lui donna avant qu’elle ne dise :

« Ne fait pas de zèle quand même hein ? »

« Si je suis fatigué, j’irai tout simplement me reposer sur toi, d’accord ? »

« C’est une proposition qui me plait grandement. »

Elle eut un petit sourire aux lèvres alors que Tery quittait maintenant la tente. Clari était assise sur le sol, le regardant, la tête penchée sur le côté. Elle murmura avec amusement :

« Alors, tu as été dire bonne nuit à ta jeune demoiselle ? »

« Ne parles donc pas comme ça d’Elen, tu le sais parfaitement. Mais bref, Clari … »

« Oui ? Tu viens me faire une déclaration d’amour ? Tu n’as pas un peu honte ? Tu es déjà lié à quelqu’un non ? »

Il tapota doucement le crâne de Clari tout en souriant. Celle-ci parut perturbée par le geste de Tery, attendant de voir ce qu’il allait faire. Il reprit la parole d’une voix douce :

« Sinon, comment est-ce que tu vas ces derniers jours ? »

« Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Normalement, tu ne me poses jamais une telle question. »

« Je ne sais pas … car tu as triste mine peut-être ? »

Triste mine ? Elle ? Elle le regarda en haussant un sourcil avant de voir qu’il ne plaisantait pas. Ah … Elle poussa un petit soupir attendri avant de s’approche de lui, plaçant sa main sur la sienne. Elle murmura :

« Ah bon ? Je fais cette impression ? »

« Et pas qu’un peu, Clari. Alors, qu’est-ce qui te tracasse ? Tu veux bien me le dire s’il te plaît ? Si ça ne te dérange pas. »

« Je ne sais pas pourquoi je te le dirai … Tentes de me convaincre ? »

Il haussa un sourcil mais ne fit rien du tout. Il caressait juste doucement la main de Clari, celle-ci se laissant faire avant qu’il continue de dialoguer :

« Car je suis inquiet pour toi, est-ce que c’est une raison suffisante ? »

Elle avait maintenant un énorme sourire aux lèvres alors qu’elle se penchait vers Tery, venant le serrer dans ses bras. Elle colla le visage du jeune homme contre sa poitrine, le regardant pendant de longues secondes.

« Tu étais vraiment inquiet puisque tu as même menti aux autres hein ? Si tu veux tout savoir, ça me manque … de t’embêter, voilà tout. »

« Ah bon ? De m’embêter ? Juste ça ? Et pourquoi ça t’embête tant ? Enfin non, ça t’ennuie ? Enfin, non, ça te manque. »

« Car tu es mon petit Tery à moi et à personne d’autre. »

« Moui … j’en suis pas si convaincu que ça. A voir si je me montre docile. »

Mais il ne bougeait pourtant pas de sa place actuelle, se laissant caresser les cheveux. C’est bizarre, vraiment plus que bizarre mais ça le dérangeait pas, plus. Peut-être que ça lui manquait aussi ? Il regarda Clari, disant :

« Pourquoi est-ce que tu te comportes comme ça avec moi, Clari ? Je peux savoir ? »

« Tu veux vraiment savoir ? Vraiment le savoir, Tery ? Attention hein ? C’est pas forcément très joyeux … je te préviens. »

« Je veux le savoir, c’est tout. Ne me fait pas peur si tu rigoles comme ça quelques minutes après, je ne tomberai pas dans … »

« Mon grand frère décédé. » coupa-t-elle alors qu’il s’immobilisait.

Il se rappelait que rarement, elle avait parlé de sa famille. En fait, il ne connaissait rien … sauf qu’elle avait des antécédents nobles mais … aussi au sujet de son frère. Par contre, il n’était pas sûr qu’elle … avait dit qu’il était mort ? Il la regarda, remarquant qu’elle ne plaisantait pas. Elle avait juste un petit sourire triste aux lèvres.

« Qu’est-ce que tu sais exactement de moi, Tery ? »

« Pas grand-chose car tu n’en parles jamais … Je crois juste que tu m’avais parlé de ton frère mais … pas dit qu’il était mort. »

« Rien d’autre ? Je pensais quand même en avoir dit bien plus. Comme quoi … Si tu veux tout savoir, je suis issue d’une famille noble … et très fière. »

« Ce qui contraste avec ton caractère actuel … si je peux me permettre, Clari. » répondit le jeune homme aux cheveux bruns alors qu’il se laissait caresser les cheveux. Elle le força à se déplacer pour qu’il puisse mettre sa tête sur ses jambes.

« Oh, j’en étais fière aussi de ma famille et aussi de mon grand-frère hein, tu sais ? Je l’ai toujours été, rien de plus. »

« Mais alors, qu’est-ce qui s’est passé ? Tu veux quand même m’en parler ? »

« Autant que tu le saches mais attention, c’est un secret hein ? Interdiction de le dévoiler. »

Il hocha la tête positivement alors qu’elle souriait, cherchant à prendre son courage à deux mains pour pouvoir continuer à parler. Lui ? Il était définitivement muet. Il continuait tout simplement à l’écouter.

« Alors, qu’est-ce que je peux te dire ? »

« La famille dont tu es née ? Tu as donc un grand frère … enfin avait. Mais à part ça ? »

« Juste un grand frère qui avait cinq ans de plus que moi. Je n’ai jamais eu d’autres personnes à part lui et mes parents. Sans être née avec une cuillère dans la bouche, enfin si … Oh, je suis un peu perdue dans tout ça. »

« Tu as tout ton temps alors prends-le. Rien ne presse hein ? Ne soit pas pressée, d’accord ? »

« D’accord … d’accord … alors comme je n’avais qu’un grand frère, pour te dire, j’étais admirative de lui, vraiment. Tu sais, les enfants sont souvent en admiration devant leurs parents ou leurs aînés. Moi, c’était vraiment mon grand frère. Il était gentil, il était beau, il était fort, il était vraiment parfait. Et il jouait toujours avec moi quand j’étais encore qu’une enfant. Alors, tu sais … c’est plaisant, enfin très plaisant. »

« Tu étais pas un peu amoureuse de ton grand frère ? »

« Un amour d’enfant. Comme une fille aime son père car il est son idéal. Mais moi, c’était mon grand frère. Je le reconnais pleinement. »

Elle disait cela tout en souriant et rigolant un peu. Il remarqua ses joues rougies par la gêne. C’est surement quelque chose qui est encore ancrée en elle, difficile à ignorer et oublier. Elle regarde Tery avant de caresser son front :

« Vraiment, mon grand frère était mon idole. J’étais juste … je ne sais pas comment l’exprimer concrètement. Je suis bête, hahaha. »

« Non, non, tu ne l’es pas. Pour une fois, tu ne l’es pas. C’est même ça qui est vraiment très étrange. Et puis, tu avais tes parents et un grand frère. Tout le monde n’a pas cette chance. »

« Oui, c’est vrai … Mais bon, on passe maintenant à ce qui est malheureux, mon petit Tery à moi ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Euh … si ça te mets mal à l’aise, je ne préfère pas et … »

« Tu voulais tout savoir, non ? Alors, je vais le faire. Je vais te le dire, ça sera beaucoup plus simple. Tery, de quel élément je suis ? »

« Elément ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Ah … euh, tu as les lignes de Zélisia non ? »

« C’est exact, Tery. C’est exact … mais voilà, tu as une petite idée d’où est-ce que je veux en venir ou non ? Tu vois le problème ? »

« Non … pas vraiment ? Ton frère aussi avait les lignes de Zélisia ? »

« Non … Tery. Alors qu’il était admiré apprécié et tout … qu’il était surement la descendance digne de ma famille, celle sur laquelle on compterait pour la future génération … à l’âge de douze ans, on a appris qu’il avait les lignes d’Alzar. »

« Les lignes d’Alzar ? Comme les miennes ? »

« Tout, du jour au lendemain, a changé. Lui qui était si souriant, si agréable, si aimé, peu à peu, tout le monde s’éloignait de lui. Tu sais, Tery, le problème des lignes d’Alzar, c’est qu’il n’y a personne pour aider à les contrôler. Personne n’a jamais eu l’idée de créer, je ne sais pas, une guilde ou une organisation du genre, qui aide les jeunes enfants avec les lignes d’Alzar à les contrôler. La haine est un sentiment comme un autre ? Non ? Il suffit juste de la focaliser sur quelque chose et alors, tout est résolu. Mais non, personne n’a jamais pensé à ça. Personne. Bien entendu, il est plus facile de rejeter que de chercher des solutions ! »

Il la voyait qui s’exprimait avec zèle et colère. Il n’en avait pas du tout l’habitude, pas du tout même. Il chercha à prendre sa main pour la calmer, chose qu’il arriva parfaitement en la regardant avec une certaine tendresse.

« Tu veux continuer ou c’est bon ? »

« Je veux continuer, je veux que tu saches pourquoi je ne te laisserai jamais tomber à cause de tes lignes d’Alzar et de tes cornes de démon ! »

« Fais-donc alors … mais sois plus calme, d’accord ? »

Elle s’immobilisa pendant quelques instants avant de chercher son souffle. Il avait encore une fois entièrement raison mais bon … Elle devait reprendre la discussion, ou plutôt son récit.

« Mon frère commença à dépérir au fur et à mesure. Pourtant, il avait toujours un sourire pour moi. Sauf que les brimades et surtout … ah … … … »

Elle ne parlait plus maintenant, restant complètement muette pendant de longues secondes avant de reprendre d’une voix lente :

« Tery, tu sais … les enfants et les adolescents sont si jeunes … alors quand ils prennent des décisions radicales et lourdes de sens, cela choque, cela choque grandement. Sais-tu ce qui fut le pire pour mon grand frère ? D’être renié par nos propres parents. Un échec, un désaveu … il n’avait même pas le soutien de mes parents dans ce moment difficile. »

« Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Je l’ai retrouvé mort … il s’était pendu, sans un mot, sans un message. Je n’avais même pas dix ans à cette époque, je n’étais encore qu’une enfant. Je n’avais jamais compris à quel point mon frère … souffrait autant. Je ne savais pas. »

« Tu n’étais qu’une enfant, tu le dis toi-même. Tu n’as pas à te juger responsable de sa mort, Clari, pas du tout même ! »

« Ca ne change rien … devant le fait accompli. Je n’ai rien pu faire pour le sauver. »

Il remarqua quelques larmes. Il n’avait pas l’habitude de voir Clari. Pas du tout même. Il passa ses bras autour de Clari, la serrant fortement contre lui alors qu’elle commençant à sangloter, bredouillant :

« Alors j’ai tenu … pendant dix ans … plus de dix ans … j’ai tenu pendant dix longues années alors que pour mes parents, j’étais maintenant leur préférée, celle sur qui la famille comptait. Je me suis entraînée pendant des années, j’ai utilisé mes pouvoirs … tu imagines ? Zélisia ? Il n’y avait pas de plus grand honneur pour eux ! Mon frère n’existait plus ! Juste une petite tombe anonyme mais même pas dans le domaine familial ! Et quand je suis devenue majeure, j’ai tout fait pour rejoindre l’armée de Shunter et j’ai coupé les ponts. Ils n’ont jamais reçu une lettre de ma part, jamais. S’il n’existait plus pour eux, alors mon frère sera toujours présent en moi … mais pour moi, ce sont mes parents qui sont morts. »

« Je … je vois ce que tu veux dire par là. »

« Désolée, fin du récit, fin du voyage. »

« Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Ca ne me dérange pas du tout, Clari. Enfin, je suis content d’en savoir un peu plus et … »

« Puis maintenant, j’ai un autre frère. Un petit frère qui a déjà une petite amie et qui me cause aussi beaucoup de tort. »

Elle l’empêcha de partir, venant coincer sa tête contre sa poitrine. Ce n’était même pas avec l’attention de l’embêter, non, il savait tout simplement que c’était … pour le remercier de l’avoir écouté, tout simplement.

« Clari … s’il te plaît … tu peux me lâcher si ça ne te dérange pas trop ? »

« Ca me dérange et j’en ai pas vraiment envie, Tery. Encore cinq bonnes minutes. »

« Cinq minutes, pas plus, je te préviens. »

Mais il n’est pas vraiment sûr qu’elle veuille l’écouter. Il regarde à gauche et à droite. Bon toute façon, il n’y a personne. Il se laisse enlacer par la jeune femme aux couettes blondes. Elle est calmée maintenant, vraiment calmée.

« Ca ne te dérange pas, Tery ? D’être comme un petit frère ? »

« C’est plutôt gênant … et tant que tu ne le cries pas sur les toits … et par contre, je te préviens, je ne t’appellerai pas grande sœur. »

« On va dire que nous sommes frère et sœur de cœur, qu’est-ce que tu en dis ? »

« Frère et sœur de cœur ? Ça me convient. »

« Alors, c’est décidé ! Je vais te relâcher et te laisser dormir avec Elen. »

Elle se leva après avoir arrêté l’étreinte entre eux deux. Elle lui fit un petit sourire, se dirigeant vers la tente où se trouvait déjà Manelena en train de dormir. Pourtant, avant de disparaître à l’intérieur, elle murmura :

« Merci pour tout, Tery. »

« De rien, si ça t’a réconforté et permis d’y voir plus clair … tant mieux. »

« Tu m’aimes bien, Tery ? » demanda t-elle alors qu’il semblait surpris par la question de Clari. Il la regarda, faisant un petit sourire avant de répondre :

« Je pensais que c’était évident à force. Je me suis peut-être trompé ? »

« Tu es vraiment un gentil garçon, tu le sais ? Et cela malgré que tu possèdes des lignes d’Alzar et que tu as des cornes de démon. »

« Il faut bien que je prouve que je suis le contraire de ce que je suis. Ohla … je dois un peu fatiguer pour dire des phrases de la sorte. »

« Tu ferais bien d’aller te coucher Tery, Elen t’attends surement. »

« Oui, je vais le faire … et je préfère quand tu souris, Clari. C’est bien mieux quand tu es joyeuse et heureuse … ça te ressemble beaucoup plus à mes yeux si tu veux tout savoir. »

Il disait cela avec tendresse alors qu’il se dirigeait vers sa propre tente. Il remarqua la rougeur sur les joues de Clari alors que celle-ci pénétrait dans sa tente. Il fit de même de son côté, regardant Elen endormie. Bien entendu, elle avait retiré son masque … et s’était mise sur le dos, la couverture juste au-dessous de sa poitrine. Il croyait presque … que c’était une invitation à ce qu’il se couche sur elle pour l’embrasser.

« Bah … si ça en est une … »

Il était de son devoir de l’accepter. Il souleva la couverture, se plaçant au-dessus d’Elen alors que celle-ci marmonnait d’avoir perdu un peu sa source de chaleur. Tendrement, il se coucha sur elle, évitant d’y imposer tout son poids. Il l’embrassa sur le coin des lèvres, lui murmurant avec tendresse :

« Bonne nuit Elen, j’aurai besoin d’une longue nuit de sommeil. »

« Dodo … Tery … dodo … »

« Tu ne dors pas, Elen ? Tu n’as quand même pas veillé à ce que je … Ah ! »

« Dodo Tery avec moi … gros dodo. » marmonna a jeune femme aux cheveux blonds, venant le serrer contre elle alors qu’elle avait encore les yeux fermés.


Ah zut, elle dormait encore et … oooh … comme un automatisme en fait. Elle était en train de le garder contre elle pour ne pas le lâcher. Ce n’était pas déplaisant, pas du tout même. Il plongea dans une profonde somnolence à son tour.

Chapitre 38 : Ce qui est fait est fait

ShiroiRyu
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Quatrième axe : Mi-ange, mi-démon

Chapitre 38 : Ce qui est fait est fait

« Tery … Tery … Tery. Si tu ne réveilles pas, je t’embrasse. »

Il garda les yeux fermés mais il tendit légèrement ses lèvres. Quelques secondes plus tard, d’autres vinrent se poser dessus, le baiser durant un instant des plus précieux. Il décida d’ouvrir les yeux, remarquant le beau visage d’Elen qui l’embrassait. Elle avait aussi ouvert les yeux, ses beaux yeux bleus. Elle retira ses lèvres, chuchotant :

« J’espère que tu as très bien dormi, Tery. C’est le cas, n’est-ce pas ? »

« J’ai dormi avec toi donc bon … je ne pense pas connaître quelque chose de … Pourquoi est-ce que tu rougis autant, Elen ? »

« Hein ? Euh oh … je … Comment dire. C’est un peu embarrassant mais comme je me suis réveillée la première, j’ai … remarqué que … »

« Dis-moi tout ? »

Il regardait surtout où elle posait les yeux et il comprenait. Elle fixait sa propre poitrine. C’est vrai que pendant la nuit, enfin avant la nuit, elle avait tout simplement … enfin, c’était étrange mais bon. Il reprit avant même qu’elle ne lui réponde :

« Ne t’en fait pas, ça ne m’a pas dérangé et puis bon, je crois bien que c’était toi qui voulait que l’on avance non ? Avec … Enfin bon … je te promets, je n’ai pas pu voir en détails. J’ai juste pu sentir ton cœur contre le mien, ça te convient ? »

« Je … Dit comme ça, c’est moins gênant, c’est vrai. Tu crois que … je pourrais aussi le sentir ce soir puis les autres soirs, Tery ? »

Elle rougit légèrement et il comprenait ce qu’elle voulait impliquer. Il hocha la tête avec tendresse pour bien montrer que cela lui paraissait logique et normal. Quoi de mieux non ? Il la regarda avec tendresse avant de caresser ses cheveux, disant :

« Bien entendu mais bon … un jour, je pense que j’aurai le courage de sentir ton cœur par moi-même, sans que tu y sois « forcée ». »

« Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire par là, Tery ? Je n’ai pas compris. »

« Elen, juste que … si tu veux, la prochaine fois, c’est moi qui … »

« Qui… ? » chercha-t-elle à savoir alors qu’il n’arrivait pas à exprimer ce qu’il voulait par des mots. Avec lenteur, il posa ses mains sur les bretelles de son justaucorps, commençant à faire descendre celle de droite à mi-hauteur. Il s’arrêta mais elle était maintenant rouge comme une pivoine. Ah ! Elle … enfin, elle voyait maintenant. Elle se gratta la joue, Tery lui remettant correctement sa bretelle avant de chercher à se lever. Mais elle restait au-dessus de lui, prenant ses bras pour qu’il puisse les placer autour de ses hanches. Elle le regarde avec affection, murmurant tendrement :

« Juste quelques minutes de plus, Royan a dit que nous serons bientôt arrivés. Tu vas pouvoir retoucher la terre ferme, content ? »

« Je peux donc rester couché en attendant ? Et toi ? Tu restes ici ? »

« Seulement si tu le désires, Tery. Mais tu as peut-être faim. Attends, je pars mais je reviens vite hein ? C’est juste que …oh et puis zut. Je reviens vite ! »
Elle a un petit rire des plus charmants avant de quitter la chambre. Quelques minutes plus tard, elle revenait avec de quoi manger, Tery s’étant mis assis correctement sur le lit pour la réceptionner. Elle se plaça à côté de lui, commençant à manger à ses côtés.

« Ils sont contents de savoir que tu vas bien, Tery. »

« Ah ? Pourquoi ? J’étais censé ne pas aller bien ? Enfin bon, ce n’est qu’une question de perception. Je suis toujours aussi malade en bateau, hein ? »

« Je le sais, je le sais parfaitement, Tery. Tiens, fais aaaaaaah. »

« Aaaaaaah. » fit-il en s’exécutant sans aucune réticence, Elen commençant à le nourrir. C’était quand même différent de ce qu’il pensait. Même si c’était un mouvement des plus communs et banals, que ça soit fait par une autre personne rendait le tout beaucoup plus intime et gênant. Mais il appréciait beaucoup.

Les minutes s’écoulèrent et il termina son assiette. Sans aucune hésitation, il demanda à Elen de se placer à son tour correctement pour qu’il vienne la nourrir. Elle commença à rougir, détournant légèrement la tête en balbutiant :

« Tu sais, je n’ai pas vraiment besoin de ça, Tery et … »

« Hey ! Si tu as fait ça, je peux aussi hein ? N’exagérons pas non plus. Chacun son tour, Elen. Allez, tu t’installes bien et je te nourris. Tu dois aussi manger. »

« D’accord, d’accord. Aaaaaaaah ! »

Voilà qu’elle ouvrait sa bouche mais il la regarda pendant quelques secondes avant de l’embrasser tendrement. Elle eut un petit mouvement de surprise mais se laissa faire. Puis lorsqu’elle voulut parler, il enfouit la cuillère dans la bouche d’Elen.

« Et voilà, on appâte la demoiselle puis elle se laisse docilement faire. »

« Docilement, docilement … Je … AH ! » dit la femme aux cheveux blonds, ne pouvant continuer à s’exprimer puisque Tery vint lui enfouir une seconde cuillère dans la bouche.

« J’espère que c’est bon quand même, n’est-ce pas ? »

Elle hocha la tête positivement, un grand sourire aux lèvres alors qu’il continuait. Assis l’un contre l’autre, ils fermèrent les yeux après le repas, laissant le temps s’écouler avec lenteur. Ils n’avaient plus qu’à patienter en attendant que le bateau arrive à destination.

Les minutes s’écoulèrent puis les heures. Pourtant, ils ne bougèrent pas de la place. Réfugiés sous la couette, ils se collèrent l’un contre l’autre en se murmurant quelques mots doux. Après ce qui s’était passé hier, ils avaient besoin tous les deux de se retrouver et de se reconnaître, l’un comme l’autre.

« Hey, vous deux ! Nous sommes arrivés ! »

Plusieurs coups à la porte et voilà qu’il cherchait à se redresser subitement. Sauf qu’il ne le pouvait pas. La raison était simple : Elen était sur lui, allongée de tout son corps et à moitié assoupie. Pourtant, il fallait bien se lever quand même.

« Elen ? S’il te plaît. Faut se réveiller. »

« Hmm … Pas envie, Tery. Je suis bien au chaud là. J’ai pas envie de bouger. »

« Fais quand même un petit effort pour moi, s’il te plaît. » marmonna le jeune homme aux cheveux bruns alors qu’elle gesticulait contre lui.

« Nan ! Pas envie ! Sauf si j’ai peut-être un petit bisou. »

« Vraiment, Elen … tu es terrible. »

Il poussa un petit soupir avant de venir l’embrasser tendrement, la jeune femme aux cheveux blonds se laissant faire. Elle était vraiment bien plus douce et agréable quand elle n’avait pas son masque. Il l’appréciait bien plus. Elle ouvrit les yeux après quelques secondes, retirant ses lèvres pour bouger de Tery.

« Où est donc mon masque ? Ils nous attendent tous. »

« Il est là, il est là. Regarde donc sur le côté. »

Il lui tendit l’objet blanc, le fixant pendant quelques secondes. Sincèrement, il la voyait maintenant couramment sans son masque. Elle ne pouvait pas le retirer définitivement ? Il n’osa pas lui poser la question, la laissant remettre son masque sur son visage.

« Et alors, Tery ? Tu me dis de me lever mais toi-même, tu ne bouges pas. »

« Ah ? Oups, c’est vrai, attends, attends, bon, il faut que je remette mon haut. »

Il commença à chercher ce dernier mais Elen le lui tendit, un peu gênée et amusée. Elle lui demanda ce qu’il y avait, il répondit qu’il ne savait pas vraiment. Il était juste un peu perturbé par tout ce qui se passait.

« Qu’est-ce que l’on va faire maintenant, Elen ? Tu sais, avec la mort de Lavon … on ne risque pas forcément d’être très apprécié non plus hein ? »

« On n’a fait que se défendre. Et en même temps, le prince était avec nous. Si on commence à s’inquiéter de tout et de rien, on n’en est pas sortis hein ? »

« Oui mais bon, je ne penses pas que ça soit un bon argument ça pour nous défendre. »

Elle haussa les épaules, venant prendre son bras entre ses mains avant de sortir de la chambre avec lui. Le jeune homme fut soulagé de voir qu’ils étaient bien arrivé à bon port et surtout que la bateau ne naviguait plus. Lorsqu’ils retrouvèrent le prince, Tery s’approcha de lui, demandant d’une voix un peu perturbée :

« Royan ? Je suis vraiment désolé au sujet de Lavon. Ce n’était pas du tout mon but et … »

« Ce n’est pas grave … c’était nécessaire. Maintenant, il nous suffit juste d’attendre les conséquences d’une telle action. En espérant que ça ne soit pas aussi grave que cela pourrait le paraître. Bref … comment est-ce que tu vas ? »

« Mieux que je ne le pensais. Il semblerait que j’ai encore eu une absence hier. Ca devient assez grave. Mais sinon, Elise se porte comment ? »

« Bien, malgré le fait que cela aurait pu devenir dramatique avec … son problème. » répondit l’adolescent en regardant brièvement autour de lui. C’est vrai que contrairement au cas de Tery, les gens ne savaient pas pour Elise.

« Tant mieux si ce n’est pas le cas alors. Tant mieux … oui … »

« Tu sembles un peu perturbé, non ? »

« Disons que la mort de Lavon ne me plait pas. Même si dans le genre zélé, il était plutôt doué. Juste parce que … je suis un … démon. »

« Juste, juste, tu es quand même quelque chose ou quelqu’un … issu d’une race qui semble avoir créé d’énormes problèmes dans le passé. Sauf que tes actions sont loin d’être belliqueuses, comme j’ai pu le dire à mademoiselle Elise. »

« D’ailleurs, c’est la seule que tu appelles mademoiselle, il y a une raison ? »

« Le fait que nous ne la connaissions pas encore assez, voilà tout. »

Tery haussa un sourcil mais ne chercha pas à continuer la conversation. Ils furent tous emmenés avec une escorte vers le palais du prince. Normalement, ils en avaient pour plusieurs heures de route et Tery sombra une nouvelle fois dans le sommeil, sa tête déposée contre l’épaule d’Elen.

« Il dort beaucoup non ? Ce n’est pas un peu étrange ? »

« Je pense que c’est la fatigue causée par le combat contre Lavon. Il risque d’être épuisé pendant encore quelques jours. Donc il va falloir éviter de trop en faire justement. Si Tery devient trop lourd, tu me l’envoies et je le réceptionne. »

Hein ? Quoi ? Manelena avait bien répondu mais c’était la dernière phrase qui était intrigante. La femme au masque blanc fixa Manelena à travers ce dernier. Qu’est-ce que ça voulait dire exactement ? Elle pouvait s’expliquer ?  Pourtant, elle ne continua pas à parler, regardant maintenant par la fenêtre du carrosse qui les emmenait.

Elle se tenait la joue avec son coude posé sur le rebord, continuant de regarder le paysage qui défilait devant ses yeux sans rien rajouter, rien du tout. Elen marmonna dans sa barbe quelques mots incompréhensibles, Clari disant :

« Royan, est-ce que tu as une idée de ce que l’on va faire ? »

« Hein ? Hum ? Que disais-tu, Clari ? Désolé, je t’écoutais à peine. »

Ce n’était pas dans les habitudes du prince de se comporter de la sorte, d’avoir l’air distant. Ou plutôt ailleurs ? Elle regarda ce qui pouvait le rendre ainsi mais elle comprit très rapidement. Elle reprit avec une pointe d’amusement :

« Alors, Elise, qu’est-ce que cela fait de voyager dans un carrosse ? »

« C’est vraiment surprenant. J’en avais déjà vu, pas aussi beaux que celui-là bien entendu, mais je n’étais jamais monté dans l’un d’entre eux. »

« Normalement, nous utiliserons le même moyen de locomotion pour nous déplacer jusqu’à nos frontières. Ensuite, nous remarcherons comme auparavant. Préparez-vous au cas où, mademoiselle Elise, les marches peuvent être très longues. »

« D’accord, d’accord. Merci de m’avoir prévenue, prince Royan. »

« Je ne fais que mon devoir, rien d’autre. » répondit l’adolescent aux cheveux bleus, observant maintenant le décor comme Manelena.

Seule Clari continuait d’observer tout le monde alors que le silence s’installait entre eux. Pendant le reste du trajet, Tery continua de dormir comme si de rien n’était, le visage calme et apaisé alors qu’Elen gardait le sourire aux lèvres.

« J’espère que nous arriverons bientôt quand même. »

« Ce n’est plus qu’une question de minutes, Elen. » dit l’adolescent après les paroles de la femme masquée, celle-ci poussant un petit soupir, se déplaçant de telle sorte que la tête de Tery soit posée sur ses genoux, tête qu’elle caresse.

« Je l’espère, je suis un peu pressée de rentrer. »

Enfin, rentrer était un bien grand mot. Ils n’avaient pas de domicile où se rendre. Et ils avaient encore tellement à voyager et à découvrir… mais bientôt, enfin, très bientôt, ils allaient pouvoir se reposer tous les deux.

« Notre petit nid douillet à nous deux. »

Elle marmonnait ça devant tout le monde, remettant Tery correctement à côté d’elle avant de se mettre en boule à moitié sur lui, l’enlaçant et le serrant contre elle. Elle allait aussi se reposer, tiens. Ça lui ferait du bien. Elle observa brièvement une dernière fois les autres personnes avant de se mouvoir sur lui puis de retirer son masque. Elle le déposa juste à côté d’eux, mettant bien sa cape et sa capuche de telle façon que seul Tery pourrait la voir.

« On devient entreprenante ou je rêve, Elen ? »

« Rien du tout. C’est juste que c’est gênant si je veux coller mon visage contre le sien. Puis tant que vous ne le voyez pas, ça me convient. »

« Tu sais, les images sont toujours présentes hein ? Ce n’est pas comme si cela allait être surprenant si on te voyait sans ton masque. »

« Hein ? Quoi ? Elen a déjà retiré son masque auparavant ? Je ne l’ai jamais vu. » dit Elise avec une petite pointe d’étonnement dans la voix.

« Je ne le montrerai pas, bonne nuit ! »

Elle s’exclame avant de foncer dans le sommeil, même s’ils sont en pleine journée, ça ne la dérange pas. Quelques instants plus tard, elle dort, sa tête enfouie contre le torse de Tery alors que Clari pousse un léger soupir avant de reprendre :

« Vraiment, je vous le jures. Des fois, elle réagit d’une façon aussi absurde que ça en est aberrant mais bon … »

« Comme si tu étais un exemple pour nous tous, Clari. » rétorqua le prince.

« Tu n’es pas obligé d’être aussi sec avec moi, Royan. »

« Seulement quand c’est nécessaire, rien d’autre. »

Elle haussa les épaules, ne semblant pas vraiment se soucier de ce qu’avait dit Royan à son sujet. Elle sifflota avec amusement alors que le carrosse continuait son bonhomme de chemin. Quelques heures plus tard, Tery fut réveillé comme Elen. Il remarqua que celle-ci ne portait pas son masque et le lui mit avant qu’elle ne s’éveille.

« Allez, debout, debout, Elen. On est arrivé. »

« Déjà ? C’était franchement très rapide quand même. »

Mais elle n’allait pas se plaindre. Quelques instants après, ils sont tous sortis du carrosse, accompagnés par une vingtaine de soldats. Le regard haineux de certains envers Tery le fit frissonner mais il préféra ignorer le tout, continuant d’avancer.

« Ne t’en fait pas, Tery. Si l’un d’entre eux s’approche de toi, je le projette à quelques mètres. On ne te touchera pas. »

« Je me sens tout de suite plus rassuré, Elen … mais non, pas de bêtises de ce genre. On ne va pas créer encore plus de conflits. »

« D’accord, d’accord, comme tu le veux, Tery. »

Question de sécurité. Surtout que les gardes étaient bien plus nombreux qu’eux … et qu’en même temps, il n’avait vraiment pas envie de se battre inutilement si ce n’était pas nécessaire. Ils avaient déjà créé assez de problèmes non ? Enfin, à ses yeux. Peut-être que pour Elen, ce n’était rien du tout mais il s’en voulait encore terriblement pour Lavon. Il n’avait pas pensé à cette éventualité de le tuer aussi sèchement. Surtout qu’ils n’avaient pas appris grand-chose. Plongé dans ses pensées, il continua de suivre le prince jusqu’à être emmené dans une immense pièce où déjà siégeaient une bonne cinquantaine de personnes.

« Voici mes ministres et leurs divers suppléants qui m’aident à gérer Traslord quand je suis là … ou qui s’occupe de mon pays quand je ne le suis pas. »

« Impressionnant. » dit Tery avec étonnement alors que Royan reprenait :

« Comme je vais repartir avec vous, il est normal que je les prévienne de la conduite à suivre. Voilà tout, c’est aussi simple que ça. »

Peut-être mais pas forcément pour tout le monde. Tery observa les environs, c’était assez classique mais quand même. Ca restait toujours aussi impressionnant pour quelqu’un comme lui qui vivait dans un petit village.

« Prince Royan, nous ne pouvons pas nous permettre de parler de sujets importants devant des personnes d’autres royaumes. Surtout en ce qui concerne la maréchale … »

« L’ancienne maréchale. » rectifia Tery bien que l’homme qui parlait continuait comme si de rien n’était, ne semblant pas s’intéresser à ses propos.

« La maréchale Nali. Ou plutôt la princesse de Shunter : Manelena. »

« Ca me semble logique. Je suis désolé mais pourriez-vous attendre hors de la salle ? » s’adressa Royan en parlant à Tery et ses compagnons.

« Euh oui … Il y a une salle où on peut se reposer ? J’ai encore un coup de barre. » dit Tery, Royan haussant un sourcil avec suspicion.

« Tu es extrêmement fatigué ces derniers jours. Tu devrais peut-être aller voir l’un des médecins royaux pour qu’il puisse t’ausculter. »

« Peut-être, je ne suis pas sûr que ça se passe ainsi. »

« Fais-le donc … tant que nous sommes ici. »

« D’accord, d’accord, Royan. Je te fais confiance. » répondit le jeune homme aux cheveux bruns. Il n’était pas vraiment confiant par rapport à ça néanmoins … malgré ses dires.

« Je vais l’accompagner, je connais un peu ton palais, Royan. »

« Fais donc, Elen. Quant à vous trois, je vais demander à un soldat de vous emmener dans une salle de repos pour vous aussi. »

Royan se tourna vers des gardes, répétant ce qu’il venait de dire alors que chacun se séparait en plusieurs groupes. Lui-même avait beaucoup à faire aujourd’hui, énormément même. Ils ne pouvaient pas repartir sans être préparés.

Chapitre 37 : Un sceau brisé

ShiroiRyu
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Chapitre 37 : Un sceau brisé

« Roi Théor, on vient de nous signaler des tremblements de terre d’une grande puissance dans Omnosmos. Leurs origines restent inconnues à l’heure actuelle. »

« Hum. Soit, soit …si ce n’est pas important … »

L’homme assis sur son trône fit un petit geste de la main pour montrer que cela ne l’intéressait qu’à moitié pour le moment. Depuis cette gigantesque bataille, il était changé … comme différent. Mais cela, il ne fallait pas être un génie pour le remarquer.

« Je … vais me retirer, roi Théor. »

Encore une fois, un simple mouvement de la main et voilà qu’il laissait l’autre homme partir de la salle du trône, seuls quelques gardes restant présents pour surveiller leur monarque. Il avait perdu toute sa motivation et il semblait passablement ennuyé et démotivé par tout ce qui l’entourait. Pourtant, une seule personne ne trouvait pas cela dérangeant.

« Roi Théor ? Le premier des cinq monstres s’étant réveillé vient de tomber. »

« Cela a un rapport avec les médaillons, n’est-ce pas ? Ce n’est plus important, dorénavant. »

« Ca l’est, roi Théor, ça l’est. Bien que cela ne soit pas aux premiers abords. »

« Qu’est-ce que tu sais encore ? » dit l’homme aux cheveux noirs.

Aucune réponse ne vint de la part du grand prêtre pendant plusieurs secondes, Puis finalement, celui-ci sembla réfléchir et déclara ensuite :

« Je ne pense pas que cela soit intéressant mais il paraitrait qu’Omnosmos est lié à ces cinq créatures. Mais aussi les médaillons. »

« Nous n’avons plus ces médaillons, je suis désolé de te le rappeler au cas où. »

« J’ai appris que les médaillons avaient été volé après la fin de cette guerre. Néanmoins, rien ne fut déclaré que c’était nous qui en étaient responsables. Tant mieux car après les récents évènements, avoir à nouveau les autres royaumes sur le dos est déconseillé. »

Surement et puis, il n’avait pas la tête à ça. Pas du tout même. Cela se voyait parfaitement sur son visage. Il regarda le grand prêtre pendant quelques instants avant de faire un simple mouvement de la main, comme à son habitude.

« Qu’importe, les médaillons ne sont plus ici et cela ne nous concerne plus. Cette puissance est devenue inutile avec le temps maintenant. »

« Roi Théor, je pourrai toujours tenter de faire quelque chose pour les retrouver. » dit le grand prêtre alors que l’homme aux cheveux noirs se redressa de son trône.

« Nous avons perdu ma … le maréchale Nali à cause de cette guerre. Je pense que pour l’heure, il vaut mieux se montrer discret, très discret mais fais ce que tu estimes être le mieux pour le royaume. Si tu peux me laisser seul maintenant … »

« Comme vous le désirez, roi Théor. Je me retire. »

Le grand prêtre s’inclina respectueusement devant son monarque avant de faire quelques pas pour s’éloigner. Dans les couloirs, alors qu’il était seul, il rentra une main dans la manche de sa robe, retirant plusieurs objets d’une belle couleur bleutée.
« Hahaha … vraiment. Ils sont donc détruits ? »

Les trois médaillons dans sa main vinrent se briser et tombèrent en morceaux. Au sol, ils devinrent poussière alors que le grand prêtre avait un petit sourire aux lèvres. Cela avait été si facile de les reprendre à ces imbéciles. Heureusement pour lui, le roi n’avait pas été suspecté car il n’était pas responsable de cela.

« Il suffit de voir ce qu’ils vont faire d’autre maintenant. »

Ce n’était pas à lui de se mêler de tout ça. Il traversa les couloirs, allant on ne sait où. Généralement, ce que le grand prêtre faisait était classé secret, même pour le roi. Nul ne savait où il se rendait, nul ne savait ce qu’il préparait, seul dans son coin.

« Tery ! Tery ! S’il te plaît ! Réponds-moi ! S’il te plaît ! »

« Ne cries pas aussi fort, je ne suis pas … en train de mourir non plus. Tu es embarrassante comme femme, Elen. »

Il cherchait à repousser la femme masquée de blanc alors que ses cornes rétrécissaient au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient. Les deux golem de glace étaient tombés en morceaux tandis que Tery était dans un triste état, parcouru par des brûlures partielles mais néanmoins bien présentes.

« Elen, portes-le. Nous retournons sur le bateau. Je ne sais pas ce que nous avons fait mais espérons que la mort de Lavon ne va pas créer trop de chamboulement. »

« D’a… d’accord. Tery ! Pas de discussion ! »

Sans crier gare, ses lignes blanches apparurent sur ses bras et mains avant qu’elle ne soulève avec aisance le jeune homme. Celui-ci poussa un petit cri de surprise, cherchant à se débattre mais n’y arrivant pas du tout. Quelle force de la part de la jeune femme !

« Quand même, Tery. C’était vraiment fou de ta part ! Ne m’inquiète plus comme ça hein ? » dit la femme aux couettes blondes, un petit sourire aux lèvres bien qu’il remarquait la tristesse dans ses yeux. Elle avait vraiment été inquiète par sa faute.

« Désolé … Clari. J’éviterai la prochaine fois. »

Elle eut un petit sourire avant de se placer à côté d’Elen, Manelena faisant de même de son côté. Il était temps pour elles de retourner sur le bateau, accompagnées par Tery qui avait fini par ne plus avoir ses cornes sur le sommet du crâne. Il avait fermé les yeux, visiblement bien trop exténué pour rester encore conscient après tous les derniers évènements.

Lorsqu’il se réveilla, ce fut pour se retrouver au beau milieu d’une pièce. Sa chambre, n’est-ce pas ? Il tourna son visage, remarquant celui d’Elen, démasqué comme si de rien n’était. Elle était là, assise, un livre en main. Qu’est-ce qu’elle … était belle. Mais qu’est-ce qui s’était passé exactement ? Il ne se rappelait pas totalement. Il avait crée des golems de glace puis après, c’était le brouillard.

« Ahem … bonjour, Elen. »

« Tery ! Tu es finalement réveillé ?! » s’exclama-t-elle, refermant aussitôt son livre avant de se pencher vers lui pour l’embrasser longuement. Il poussa un petit gémissement de douleur, Elen retirant ses lèvres aussitôt.

« Pardon ! J’avais oublié que malgré les soins apportés, ton corps risque de ne pas supporter les attouchements. Pardon, pardon. »

« Hein ? Pourquoi est-ce que je suis blessé de toute façon à la base ? »

« Comment ? Tu ne t’en rappelles pas ? »

C’était étrange. Ce n’était pas la première fois. Enfin non … c’est vrai qu’elle avait remarqué que Tery n’avait pas été lui-même pendant son combat contre Lavon. Elle devait peut-être tout lui expliquer non ? Ca serait bien mieux comme ça.

« Et puis, je suis de retour sur le bateau ? Et Lavon ? Où il est ? »

« Il est mort, terrassé de tes mains. »

Hein ? Comment ça ? Il cligna des yeux pour comprendre ce qu’elle venait de dire. Elle avait bien déclaré que … qu’enfin, il avait … tué Lavon ?

« Et comment j’ai fait ça ? Comment est-ce possible ? Tu blagues hein ? »

« Non, non, je ne suis pas d’humeur à ça, Tery. Pas du tout. Tu l’as tué avec tes pouvoirs démoniaques, grâce à tes cornes, voilà tout. »

« Mes pouvoirs démoniaques … je vois. » murmura faiblement Tery en détournant la tête. Encore une fois, il n’avait pas été conscient de ses actes. Comment est-ce qu’il pouvait réagir correctement alors hein ? C’était juste stupide, complètement stupide.

« Ne t’en fait pas, tu as été merveilleux sur ce point, tu n’as vraiment pas à t’en faire, Tery. »


C’est pas vraiment un point qui le motivait. Il ne savait même pas ce que cela impliquait. Et il avait l’impression qu’il avait commis une effroyable erreur en tuant Lavon. Sauf qu’il n’était même pas conscient pour ça, voilà le gros problème ! Comment est-ce qu’il devait faire exactement hein ? Comment ? C’était ça la question ! Il n’en avait aucune idée ! Aucune ! Il ne devait pas réfléchir, il ne devait pas y penser. Il poussa un profond soupir désabusé, s’effondrant dans son lit pour observer le plafond. Le visage d’Elen se plaça au-dessus du sien alors qu’elle avait une mine inquiète. Elle voulut ouvrir la bouche mais il l’en empêcha, mettant deux doigts sur ses lèvres. Non, il n’avait pas envie d’en parler.

« C’est donc comme ça. Je ne me suis rappelé de rien pour ne pas changer. »

« Tu n’as pas à t’en vouloir, Tery. C’était quand même très important. »

« Et je ne dois pas m’en vouloir ? » rétorqua-t-il aux propos d’Elen, cherchant à voir si elle venait de comprendre ce qu’elle venait de dire.

« Hein que quoi ? Oh zut ! Je me suis mal exprimée, Tery. Je ne voulais pas dire du tout ça. J’espère que tu me comprends quand même. »

Lui, il la comprenait mais elle, il n’était pas sûr qu’elle, elle se comprenne. Oui, pas sûr du tout même. Hahaha. Enfin, non, ce n’était pas drôle. Il ne devait pas se moquer d’elle. Et puis, la revoir sans son masque, au naturel, c’était quand même …

« Et si tu venais t’installer à côté de moi, qu’est-ce que tu en dis ? »

« Avec grand plaisir, Tery ! Un énorme plaisir même. »

Elle émit un petit amusé avant de s’asseoir sur le lit. Elle sembla songeuse pendant quelques secondes avant de lever la couverture puis de s’y engouffrer comme si de rien n’était. Il la regarda en haussant un sourcil avant de poser sa main sur la sienne. Il la prit contre lui, la serrant légèrement avant de dire :

« Qu’est-ce qui s’est passé exactement, s’il te plaît ? »

« Je n’en sais trop rien, Tery. Dès que tu as ces cornes, tu deviens vraiment différent. Comme une autre personnalité. Mais en même temps, Manelena avait dit que la première fois, cela n’avait pas été différent. Tu étais resté conscient. Je n’y connais rien ! Si seulement l’Oracle était encore vivant, il aurait pu nous répondre. »

« Mais ce n’est pas le ca et on ne doit pas penser à ça, voilà tout. »

« Tu as raison, Tery. Je suis désolée de m’être focalisée là-dessus. »

« Pas de ta faute. Tu restes un peu avec moi, Elen ? Les autres ne risquent pas de nous déranger, non ? N’est-ce pas ? »

Hein ? Pas du tout même ! Elle émit un petit sourire avant de coller sa tête contre son torse. C’était si bon … vraiment bon. Elle n’avait rien contre cette idée, n’est-ce pas ? Hahaha. Elle commença à ronronner de contentement alors qu’il lui caressait ses cheveux blonds. Elle le força à se coucher sur le lit, elle montant sur lui.

« Hey, hey, hey … Elen, je suis un peu fatigué aussi hein ? »

« Alors, rien n’empêche le fait que tu reposes, non ? » dit-elle dans un petit éclat de rire avant de recouvrir son cou par de nombreux baiser tous aussi rapides les uns que les autres. Il poussa un gémissement de plaisir, les baisers remontant peu à peu alors qu’il se laissait faire. Puis sans même qu’il le remarque, ses propres mains glissèrent le long du dos d’Elen, agrippant ses fesses, ce qui la fit pousser un petit cri surpris. Il retira aussitôt ses mains, confus et gêné, Elen le regardant, les joues rougies.

« Tu sais … Tery, je … »

« Pardon, Elen. Je n’ai pas contrôlé mes mains. Je ne sais pas pourquoi, je … »

« Qui a dit que tu avais besoin d’être désolé ? » dit-elle avant de reprendre ses mains pour qu’il puisse les placer là où elles étaient auparavant. « Tery, je t’aime, tu m’aimes. Il n’y a aucune honte à ça. Tu peux continuer. »

« C’est peut-être trop rapide de ma part, je crois. »

Elle émit un petit rire tendre avant de venir l’embrasser, restant sur lui. Elle le força un peu à caresser ses fesses à travers le tissu rouge du justaucorps qu’elle portait. Elle poussa un petit gémissement de plaisir, dévorant ses lèvres alors qu’il sentait qu’elle appréciait cela … et lui aussi. Peut-être que … non. Pas sur un bateau, quand même pas.

Et puis, qu’est-ce qui lui prenait de penser à ça ? Il se laissa dévorer les lèvres par Elen, y répondant en faisant de même. AIE ! Il avait quand même un peu mal, bien mal même. Alors qu’il fermait les yeux pendant ces petits moments, il sentait qu’elle devenait un peu plus insistante, ses baiser glissant du visage pour descendre jusqu’au cou puis au torse. Comme il avait été blessé, c’était normal qu’il avait quelques bandages mais surtout qu’il soit torse nu mais là, c’était peut-être trop rapide.

« Hey, hey, hey, Elen. Un peu de calme hein et … »

« Quoi, Tery ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

Il rouvrit ses yeux, clignant plusieurs fois pour être sûr de ne pas rêver. Elen ? Pourquoi est-ce qu’elle … ses yeux étaient rouges ? Et le sourire qu’elle lui faisait avait quelque chose de charmeur et envoutant. Il hocha la tête négativement comme pour effacer cette image mais elle gardait les mêmes yeux rouges.

« Mais ne détourne pas le regard, Tery ! Tu sais bien que je ne veux que tu ne voies que moi et personne d’autre ! Allez ! »

Elle plaça une main derrière son crâne avant de le tirer vers elle, collant ses lèvres sur les siennes, sa langue venant jouer avec celle du jeune homme. Ohla ! Qu’est-ce qui lui prenait ? Elle commençait à caresser son torse avec ses mains alors qu’il avait les yeux grands ouverts. Et elle aussi ! Ses yeux rubis … c’était surprenant ! Il la repoussa légèrement, bredouillant :

« El… Elen. S’il te plaît. C’est un peu rapide, non ? Enfin trop ! »

« Ne dit pas n’importe quoi, Tery. Ce n’est jamais trop rapide ! Puis zut ! Tu vas voir ! »

Elle s’assit correctement sur son ventre, le forçant à la regarder alors qu’elle ne portait que son justaucorps sur elle. Il est obligé de la fixer alors qu’elle descend les bretelles de tissu de son habit, Tery déglutissant. Sachant qu’Elen … est plutôt bien faite de sa personne, il ne peut pas s’empêcher de la fixer. Il ne peut pas ! C’est juste magnifique. Mais ça lui rappelle une précédente scène et …

« Tery ? Elen ? Elen ? Comment est-ce que Tery va ? » demanda la voix de Clari en toquant à la porte, celle-ci étant fermée visiblement.

« Il va très bien ! On s’amuse tous les deux ! Tu peux nous laisser tranquilles maintenant ! »

Qu’est-ce que … HEY ! Ca ne se disait pas comme ça ! Il la regarda avec effarement alors qu’elle recommençait à lui sourire avec ses beaux yeux rubis.

« Alors, où est-ce que toi et moi en étions, mon amour ? »

« A quelque chose d’un peu trop précipité et que je ne peux pas vraiment accepter, je suis désolé, Elen. C’est beaucoup trop oppress… »

Elle l’empêcha de terminer sa phrase en prenant son visage à deux mains, cherchant à sucer ses lèvres pendant de longues secondes. Lorsqu’elle les retira, elle avait déjà ses mains posées sur son justaucorps mais Tery l’arrêta.

« Non Elen, tu le dis bien quand ça me concerne alors je fais pareil. Tu n’es pas dans ton état normal … alors arrête s’il te plaît. »

« Mon état normal ? Mais je suis dans mon état normal ! »

Non pas vraiment, il ne pouvait pas dire ça. Mais la dernière fois, elle s’était tout simplement écroulée sur lui après ça. Là, elle restait pleinement consciente ! Qu’est-ce qu’il devait faire dans une telle situation ? Qu’est-ce qu’il devait faire ?

« Pas de raison que tu sois le seul à avoir le haut du corps sans habit ! Et hop ! »

Il ferma les yeux subitement alors qu’elle baissait le justaucorps. Il ne venait pas de rêver hein ? Il ne venait pas de rêver, n’est-ce pas ? Elle avait vraiment faire ça ?

« Snif … Tery, regarde-moi s’il te plaît ! Regarde-moi ! Je ne suis pas aussi jolie que Manelena, c’est ça ? Tu préfères Manelena hein ? J’en suis sûre. Elle a de plus gros seins que moi et puis, elle a de longs cheveux gris, puis elle a aussi les lignes d’Alzar comme toi. Puis, elle est aussi plus grande que toi, snif. »

Qu’est-ce que ça voulait dire ? Qu’est-ce qu’elle … enfin non ! C’était pas … AH ! Elle venait de se coucher sur lui et difficile d’ignorer sa poitrine ! Sur ce point, elle n’avait rien à se reprocher. Pour sa taille actuelle, le corps d’Elen était vraiment parfait. Gloups … il pouvait aussi sentir deux petites pointes qui caressaient son torse mais surtout … les pleurs d’Elen sur sa joue. Il devait rouvrir les yeux … MAINTENANT !

« Elen, qu’est-ce que tu racontes là ? Je t’adore … non, je t’aime, Elen. »

Elle était bien couchée sur lui, ses courts cheveux blonds caressant son cou. Elle ne le regardait pas mais il voyait ses yeux rouges, comme des rubis. Ca lui faisait mal de la voir dans cet état, très très mal même. Il devait faire quelque chose.

« Tu sais, Elen. Quand je ne savais pas que tu étais une femme, ça remonte maintenant bien à deux voire très années, le temps passe vite, hein ? Mais bref, je me suis demandé si je n’avais pas un problème. Je veux dire, j’éprouvais déjà quelque chose pour toi à cette époque. Oh bien entendu, je n’y connaissais rien du tout à tout ça … pour les émotions, toutes ces choses. Mais enfin bref, ne t’en fait pas, c’est toi que j’aime et personne d’autre. C’est vrai que Manelena, c’est spécial ce que j’éprouve pour elle mais la seule que j’aime, c’est la personne qui est couchée sur moi et personne d’autre. Tu m’entends, Elen ? »

« Snif, je t’entends … mon amour. Je t’entends. Moi aussi, c’était la première fois que je rencontrais un homme hors de l’orphelinat. Tu sais, à part des enfants, j’étais la seule quand je suis devenue adolescente voire adulte, à rester auprès de l’Oracle. Il m’a toujours dit que j’étais spéciale mais je n’ai jamais compris pourquoi. Je suis spéciale … pour toi ? »

« Oui, tu l’es. Tu es plus que spéciale mais … s’il te plaît, ne relève pas ton corps hein ? Je préfère te sentir contre moi. »

C’était surtout pour qu’il puisse éviter … de voir sa poitrine dans les moindres détails. Déjà, là, même couchée de la sorte sur lui, il ne pouvait s’empêcher d’observer le haut de ses seins. Elle avait une belle taille. Cela devait surement bien tenir dans la main, il en était convaincu. MAIS QU’EST-CE QU’IL ETAIT EN TRAIN DE PENSER LA ?! Horrible ! Il était dégoûtant ! Elen était en train de … ah non, elle ne pleurait plus. Elle respirait bruyamment et avait fermé les yeux mais ça semblait aller bien mieux. Ah … elle se reposait contre lui. Et puis, ce n’était pas déplaisant de sentir leurs deux corps, chair contre chair. Ce n’était pas du tout déplaisant. Hmm … il allait dormir aussi.

« Hahaha, ça me fait penser, Elen. Clari n’a même pas ouvert la bouche après ce que tu as dit. C’était étonnant de sa part. »

« Elle n’avait pas à parler de toute façon. On a le droit à un moment d’intimité, toi et moi. »

« J’ai l’impression surtout que tu ne recherches que ça de ma part. »

« Ce n’est pas vrai ! » rétorqua t-elle, se redressant avec lenteur. Il posa aussitôt ses yeux sur les siens. Ils étaient toujours rouges mais il vient l’embrasser tendrement, dévorant ses lèvres tout en caressant son dos et ses hanches. Il avait envie … de caresser autre chose mais il se retenait. Pas sur un bateau. Peut-être plus tard, dans une chambre d’une auberge.

« Elen ? » dit-il après avoir terminé de l’embrasser. « Un jour, on se prendra un petit coin de paradis à nous deux. Qu’est-ce que tu en penses ? Et puis, sans qu’il y ait les autres autour de nous. Tu en penses quoi ? »

« Je … je … c’est vraiment tout ce que je désires, Tery. »

Alors, tout était décidé ! Il remonta correctement la couverture sur eux deux, Elen venant se calfeutrer contre lui. Même si c’était des petits pas, ils avançaient dans leurs relations. Un jour, peut-être qu’elle et lui … allaient pouvoir s’aimer sans aucun problème, sans aucune restriction. C’est tout ce qu’il désirait au fond de son être. Tout ce qu’il voulait et rien de plus. Il lui murmura un bonne nuit bien qu’il ne savait pas quelle heure il était mais elle ne lui répondit pas, étant déjà profondément endormie. Quel ange il avait dans ses bras.

Chapitre 36 : Enragé

ShiroiRyu
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Chapitre 36 : Enragé

« Tery ? Tery ? Qu’est-ce qui se passe ? »

« Laisse-moi faire. C’est fini pour lui. »

Elle trembla légèrement, sursautant en entendant la voix de Tery. Ce n’était pas celle habituelle. Un peu trop calme et stoïque. Rien à voir avec son comportement d’avant. Elle n’appréciait pas, elle n’appréciait pas du tout même.

« HEY ! Lavon ! Finit de plaisanter tous les deux ! »

Le cri de Tery se fit entendre autour de lui, même pour la créature au loin. Tous se tournèrent vers le jeune homme, celui-ci courant à toute allure sur la glace comme s’il n’avait aucun problème pour se mouvoir par rapport à avant.

« Ne me dites pas que … et si ! » marmonna Manelena, remarquant les cornes en spirale sur le crâne de Tery. C’était bien ce qu’elle avait remarqué !

Comme la dernière fois, non ? Non, ce n’était pas la même chose. Là, il semblait vraiment mauvais, très mauvais même. Et il valait mieux trouver un moyen de l’arrêter plutôt que de laisser faire. Elle se tourna vers Clari, disant :

« Bon, tu vas venir m’aider On regarde la situation mais prépares-toi au pire. »

« Au pire ? Comment ça ? »

Hum ? Elle avait toute son attention dès le départ ? Etrange, très étrange. Mais elle n’allait pas se permettre de perdre ça. Elle reprit la parole :

« Si Tery devient trop dangereux, on le met hors d’état de nuire. »

« Hein ? Hors de question de le tuer ! Tu racontes n’importe quoi, Manelena ! » déclara la femme aux cheveux blonds avec étonnement.

« Je n’ai jamais parlé de le tuer ! Tu es folle ou quoi ? Je voulais juste l’assommer si ça s’avère nécessaire ! Mais bon sang. Le tuer ? Tu es stupide ? »

« Je ne sais pas … j’avais peur quoi. Un petit peu peur ! Mais maintenant que tu le dis, c’est pas logique. Ca ne correspondrait pas à ce que tu veux. Comme si tu désirais la mort de Tery, hahaha. Je suis bête des fois. »

« Je te corrige, tu es stupide la majorité du temps. » rétorqua Manelena tout en poussant un profond soupir. « Je veux juste que tu sois prête à l’assommer si c’est nécessaire. On ne sera pas trop de deux voire même trois si Elen veut bien. »

« Ah ça … c’est moins sûr. Sauf si on lui explique la situation. »

Et encore, même comme ça, elle n’en était pas convaincue. Mais pour le moment, la seule chose à faire était de regarder ce que Tery allait faire, c’est tout. Elles ne pouvaient pas croiser les bras car la situation était des plus préoccupantes. Manelena dit à Clari qu’elles allaient se rendre auprès d’Elen, la femme masque étant tombée à genoux, abasourdie par le spectacle qui se déroulait devant ses yeux.

« Relève-toi au lieu de rester par terre. »

« Mais … Tery … Les cornes sont apparues à nouveau et … »

« Faut se préparer au pire au cas où. C’est pas plus compliqué que ça. Si ça dégénère, faudra juste penser alors à l’arrêter. »

« L’arrêter ? De quelle manière ? Comment ça ? De quelle manière ? Expliquez-moi mieux ! Je n’aime pas rester dans le secret comme ça ! »

« Tout simplement en l’assommant. Vous êtes toujours du genre à dramatiser ou quoi ? » dit Manelena en poussant un soupir alors que Clari aidait Elen à se relever. Vraiment, ces filles sont stupides ou quoi ? Elle n’a pas la violence dans le sang !

Maintenant qu’Elen était relevée, la femme aux cheveux d’argent reposait son regard sur Tery au loin. Il était vraiment en train de combattre seul le Léviathan des Abysses avec ses deux golems ? Sans qu’elles viennent l’aider ? C’était juste effarant.

« On attend quoi exactement, alors, Manelena ? »

« On attend juste que Tery ne soit plus en position pour se battre. Que ça soit à cause de la fatigue ou alors autre chose, c’est aussi simple que ça, Elen. On va pas l’assommer alors qu’il est en train de combattre. Ca serait juste stupide et risqué. On aurait alors un poids sur le dos et on aurait encore plus de mal à l’affronter. »

« D’accord, d’accord. » bredouilla la femme masquée.
Elle n’avait pas vraiment son mot à dire sur la question, pas du tout même. Enfin, c’était aussi stupide que ça, elle le savait parfaitement. Elle n’était pas douée avec ça, pas du tout même. C’est juste qu’elle était inquiète, plus qu’inquiète par la situation, rien de plus.

« On devrait quand même se rapprocher non ? » dit Clari avec lenteur alors que les deux autres femmes hochaient la tête positivement.

Elles partirent en direction de Tery, celui-ci combattant comme un dément contre le Léviathan des Abysses. Le combat avait pris une tournure des plus étranges puisque le jeune homme n’avait plus aucun mal à esquiver les attaques de son adversaire.

« Et alors ? C’est tout ce que tu as dans les entrailles, petit Lavon ? »

« Ces cornes. Je ne me trompe jamais ! JAMAIS ! Je ne te laisserai pas vivre un jour de plus ! JAMAIS ! Je ne te laisserai pas rester en vie ! »

« Pour ça, il faudrait déjà réussir à m’atteindre. » répliqua le jeune homme aux yeux rouges, faisant un saut en hauteur et sur le côté pour atterrir sur l’épaule de l’un de ses deux golems de glace. Avec amusement, il pointa du doigt l’imposante créature. « Créature légendaire ou non, je me demande ce qui se passerait si j’arrivais à te geler sur ton propre terrain. »

« Et tu penses en être capable ? Quel idiot ! Je vais t’écraser pour que tu ne causes plus aucun tort à ce monde ! DISPARAIS ! »

« Des paroles amusantes quand on sait d’où elles proviennent. Qui est-ce que tu essaies d’effrayer, hein ? Quand même pas moi, non ? »

Il s’amusait de la situation au dépit du danger dans lequel il se trouvait. Il fallait dire que depuis l’apparition de ses cornes, il n’avait pas été touché une seule fois par le Léviathan.

« Alors, comme ça, tu comptes tenter de me tuer ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns avec un sourire mauvais aux lèvres. « Je n’attends que ça de ta part. HAHAHA ! »

Il n’avait guère peur de son adversaire. C’était bien loin de là. En fait, il était même plutôt amusé par ce dernier, le regardant avec un grand sourire mauvais aux lèvres. Comme si tout cela l’inquiétait réellement. Hahaha ! Pour qui est-ce qu’il le prenait ? Ce n’était pas une créature pathétique et ridicule qui allait se mettre en travers de son chemin !

« Allez-y tous les deux. Ne vous préoccupez pas de moi. »

Il posa un genou au sol, perdant son sourire alors que les deux golems de glace fonçaient vers le Léviathan des Abysses. Tsss, si les créatures légendaires n’étaient pas encore réveillées, il en était un peu de même avec lui et ses cornes.

« Tsss ! Qu’est-ce que vous faites là toutes les trois ? »

Elles croyaient qu’il n’avait pas ressenti leurs présences ? Elles étaient loin d’être discrètes, très très loin même. C’était plutôt le contraire même. Il les regarda avec lenteur alors que Manelena prenait la parole :

« Tu n’as rien à voir avec celui qui m’a sauvé auparavant, Tery. »

« Tsss, c’était juste une erreur quand je me suis éveillé. Rien de plus. » répondit-il avec une petite pointe d’ironie dans la voix.

Une erreur ? Elle n’appréciait pas vraiment le langage du jeune homme, loin de là. Mais elle se retenait de lui en mettre une en pleine face. Elle allait contrôler … enfin SE contrôler. Même s’il ne le méritait pas vraiment.

« Et vous comptez faire quoi là ? Attendre que ça se passe ? »

« Tery, nous allons t’aider. » bafouilla Elen avec appréhension. Elle ne s’attendait pas vraiment à ce que Tery soit de la sorte.

« Si c’est de la même façon que ces dernières minutes, restez plutôt en retrait. Vous allez plus me gêner qu’autre chose. Bon ! Ça va mieux. »

« Ça va mieux ? » dit Clari en clignant des yeux. C’est vrai qu’il semblait épuisé par quelque chose. Pourtant, là, il n’avait aucune blessure ou autre.

« Ca va mieux ? Pourquoi ? Ca n’allait pas ? Ne raconte pas n’importe quoi ! Je vais me le faire ! Ca va être très rapide, hahaha ! »

Il éclata de rire avant de se remettre debout, ses bras pendants vers le sol alors qu’il avait les deux griffes au bout des mains. Il continua de regarder le monstre aux écailles bleues. C’est pas rien. Pas rien du tout comme adver …

« Tery ! S’il te plaît ! Reprends conscience ! »

Les deux mains d’Elen s’étaient posées autour de son ventre. Elle n’avait même pas pris son arc ? Elle comptait combattre comment ? Il observa les deux mains d’Elen, murmurant :

« Mais je suis conscient, je peux savoir ce que tu racontes encore ? »

« Tu sais parfaitement que ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ? »

« Tu racontes n’importe quoi, Elen. J’ai pleinement conscience de mes actes. Vous faites ce que vous voulez et … tu peux me lâcher quoi ? »

Il posait la question mais Elen gardait ses mains, commençant à le serre avec plus d’insistance. Il poussa un profond soupir avant de reprendre :

« Lâche-moi, je n’ai pas envie de te faire du mal inutilement, Elen. J’ai des griffes aux mains. Alors, lâche-moi. »

« J’en ai pas envie. » marmonna la femme masquée.

Elle pouvait arrêter de se comporter comme une enfant ? C’était bien parce que c’était elle, une connaissance, qu’il ne faisait rien de spécial. Il commença à se mouvoir, courant à nouveau vers le Léviathan. Si elle voulait tant s’accrocher à lui, il n’y avait aucun problème. Il l’entendit pousser un cri de stupeur alors qu’il accélérait à grande vitesse.

« Tu ferais mieux de t’accrocher Elen … »

« Hahaha ! C’est drôle, tellement drôle ! » dit-elle en rigolant alors qu’il était étonné. Elle s’était déjà accrochée à lui, passant ses bras autour de son cou.

« Je n’arrive pas à voir où ça l’est, pas du tout même. »

« Tu ne peux pas comprendre, Tery. J’aimerai que tu me portes plus souvent sur ton dos … si tu le veux bien la prochaine fois. »

Il avait plus que du mal à saisir les propos de la jeune femme masquée. Tsss. Il avait même un peu mal au crâne à force de penser à ça. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Pourquoi est-ce que malgré ses cornes, il se sentait ainsi ? Ce n’était pas normal ! C’était quoi cette femme sur son dos ? Elle n’était pas basique ! Enfin, elle avait les lignes de Zélisia, c’était peut-être ça ? Et surtout le fait qu’elle soit aussi proche de lui, hum … c’est intriguant, vraiment.

« Assez ! Puisque ma queue ne peut pas t’atteindre et mes attaques non plus, je vais venir par moi-même ! Fichu démon ! Je ne te laisserai jamais ouvrir la porte ! »

Cette porte ? Il ne voyait pas de quoi il voulait parler. Il pensait juste à le tuer, c’était le plus important pour le moment. Hahaha ! Et il comptait bien y arriver ! Mais d’abord, il fallait trouver le moyen de l’arrêter ? C’est bien ça ?

C’était très simple. Avec force et puissance, Tery frappa la glace à ses pieds. De nombreuses fissures commencèrent à apparaître devant lui. Le terrain se brisa sous le corps imposant du Léviathan, n’étant pas capable de le soutenir.

« Surpris ? Un petit cadeau de ma part ! »

Alors que le corps du Léviathan s’affaissait sous son poids, de la roche se forma autour du poing droit de Tery, prenant la forme d’une main aussi grosse qu’un être humain. Avec violence, la main se referma avant de venir frapper le Léviathan en pleine face. Le haut du corps du monstre pencha en arrière avant de s’affaisser sur le côté.

« Une bonne chose qui est faite. Ne pleure pas, ce n’est que le début. »

Sauf que la main rocheuse s’effondra en morceaux aux pieds de Tery. Tsss … ah … vraiment. Il était exténué et plus fatigué qu’il ne le croyait. Ce n’était pas une bonne nouvelle pour lui.

« Tery ? Je vais te soulager un peu, d’accord ? »

« Hein ? Quoi ? Elen ? Qu’est-ce que tu … »

Il avait complètement oublié la présence de la jeune femme sur son dos. C’était vraiment stupide de sa part quoi ! Il aurait pu faire bien plus attention à elle. Qu’est-ce qui lui prenait de penser à elle maintenant ?

« Ne t’en fait pas, je ne te ferai rien de mal. C’était vraiment merveilleux ce que tu as fait avec ce poing de pierre. Je ne pensais pas que tu pouvais créer ça. »

« C’est juste basique. Mais je suis un peu plus fa… tigué. »

Elle s’était mise à réfléchir à ce qu’elle devait faire. Descendre ? Non, ce n’était pas ça. Ce n’était pas le bon moment pour ça. Elle préférait plutôt rester contre lui. Il n’avait eu aucun mal à se battre malgré elle. Elle était peut-être un peu folle et surtout insouciante de faire ça alors qu’il se battrait bien mieux sans elle. Mais non. Elle prit la main gauche de Tery, posant la sienne dessus avant que des lignes blanches ne se présentent.

« Je vais tenter de te soulager de cette fatigue, d’accord ? »

« Et comment est-ce que tu comptes… AH ! »

Cette magie bénéfique. Si douce et chaleureuse. Il ressentait vraiment la tendresse d’Elen … et de Zélisia dans son corps. Il se sentait vraiment bien. NON ! Il ne devait pas se sentir bien ! Le Léviathan des Abysses se redressa, sévèrement blessé au crâne. Le poing avait été d’une efficacité mortelle sur lui et le sang noir qui s’écoulait de son visage était la preuve que le coup l’avait affecté plus que la normale.

« Même si … même si je meure, les autres seront alors réveillés et conscients de ce qui s’est passé ! Tu ne t’en sortiras pas ! VOUS NE VOUS EN SORTIREZ PAS ! Toi et ces traîtres qui ne comprenez pas ce qu’ils font ! »

« Je pense qu’ils savent parfaitement ce qu’ils font. Ce qui te dérange, c’est que ça ne va pas dans le sens que tu veux, voilà tout. »

Il n’allait pas chercher à converser avec cette créature absurde. Il savait parfaitement comment ça se passait de toute façon ! Ils avaient bien vu comment se comportait cet imbécile de Lavon ! Et donc, ils allaient s’en débarrasser maintenant !

Enfin lui ! LUI SEUL allait s’en occuper ! Il remarqua que Manelena et Clari restaient en retrait, comme pour observer la situation. Tsss, qu’est-ce qu’elles complotaient toutes les deux ? Il devait se méfier mais il n’aimait pas le regard de Manelena sur lui.

« Tery ! Fais gaffe à toi ! » cria Elen dans son dos alors que les deux golems de glace vinrent frapper le Léviathan, celui s’étant empressé de profiter de la déconcentration du jeune homme pour chercher à l’avaler et ainsi le tuer.

Qu’est-ce qu’elle était en train de dire ? Faire attention à … AH OUI ! Il n’allait pas si bien que ça… Il en avait assez là ! Il allait éliminer ce Léviathan une bonne fois pour toutes ! Il murmura à Elen de descendre de lui alors qu’une aura sombre se formait autour de lui. Ses cornes en spirales semblèrent grossir alors que des veines noires se présentaient sur la globalité visible de son corps.

Il allait le tuer ! Il allait lui montrer comment on tue une créature comme lui ! AH ! Il allait lui montrer comment s’occuper de lui ! IL ALLAIT LE LUI MONTRER ! AH ! Elen était descendue de son dos, comme convenu alors qu’il murmurait quelques mots.
Il sentait que ça allait l’épuiser, peut-être même l’affaiblir pour plusieurs jours ou semaines mais … ce risque était beaucoup trop grand. Et c’est bien pour ça qu’il allait le faire ! S’il ne prenait aucun risque, il ne pouvait pas espérer battre Lavon. Celui-ci, comme enragé, brisa finalement les deux golems d’un violent coup de queue alors que Tery était maintenant seul face à lui. Le monstre cria :

« Tu penses que je vais tomber dans un piège aussi grossier ? Tes compagnons seront tués eux aussi pour avoir décidé de te protéger ! Mais toi … je vais te digérer et t’avaler ! »

Ou plutôt l’inverse non ? Il ne chercha pas à répondre à Lavon, voyant le Léviathan qui aviat ouvert sa gueule tout en prenant de la hauteur à la verticale pour que son corps tout en entier puisse avaler le jeune homme et ensuite plonger dans l’eau.
« TERY ! ÉVITE-LE ! TERY ! »

Il entendait la voix d’Elen qui lui criait de faire attention mais il ne bougea pas. Les yeux fermés, un sourire aux lèvres, il se laissa engloutir par le Léviathan tout en tendant la main vers les cieux. La glace se brisa sous ses pieds, le Léviathan pénétrant dans l’eau à sa suite alors que Clari tombait à genoux. Clari n’osa plus faire un seul mouvement alors que Manelena gardait les yeux grands ouverts. Qu’est-ce qu’il … venait de faire ?

Tery … Tery … Tery … Elle n’arrivait pas à le croire. Il n’avait rien fait pour l’éviter. Rien du tout. Il n’en avait rien à faire. Il n’avait pas bougé. Pour … pourquoi ? Pourquoi ? Lavons sortit de l’eau, poussant un hurlement :

« Non ! NON ! NON ET NON ! Ce démon … ce sang … c’est SON sang ! C’est SA chair ! »

Il était parcouru de tremblements ? Qu’est-ce que … Elen poussa un cri de surprise, des pieux de terre sortant du corps de Lavon et ensuite un gigantesque morceau traversa son crâne, le tuant sur le coup. L’imposant corps s’écroula sur la glace, la fissurant alors que la bouche du monstre s’ouvait.

« Te … Tery ? Tu … tu … »

Elle n’arrivait pas à croire ce qui se passait. Tery était en train de sortir du corps de la bouche de Lavon. Ses habits étaient fondus en plusieurs endroits et il avait de nombreuses brûlures sur le corps. Pourtant, il allait parfaitement bien.

Sauf qu’elle remarquait que ses cornes disparaissaient peu à peu. Elle courut vers lui, rejointe par Manelena et Clari. Le jeune homme s’écroula dans ses bras alors qu’elle ne comprenait pas … elle n’arrivait pas à comprendre. Mais le plus important était le fait qu’il soit encore vivant. Elle avait tellement envie de l’embrasser pour le remercier d’être là mais … elle préférait d’abord s’occuper de lui en vue de son état.

« AAAAAAAH ! Qu’est-ce qui se passe ?! Un tremblement de terre ?! »

Tout Omnosmos était en train de trembler. De nombreuses personnes tombèrent au sol, ceux provenant de Claudiska s’envolant alors que certains s’accrochaient à ce qu’elles pouvaient. Dans la tour des archimages, ces derniers étaient en pleine réunion.

« Qu’est-ce que ça veut dire ?! Nous n’avons jamais eu de tremblement de terre depuis des années ! Et il semble tout ce qu’il y a de plus naturel ! »

La dernière phrase n’était pas dite pour briser le silence. Oui, les mini-tremblements de terre, les pluies qui parfois pouvaient être diluviennes, les hausses de chaleur, tout ça était normal et logique dans Omnosmos. Certains magiciens étaient … plus stupides que d’autres. Mais ce tremblement de terre n’était pas la cause d’un magicien, ils en étaient tous convaincus

« On dirait que l’épicentre est … sous notre tour ! » s’exclama un archimage alors que le Gnomold semblait songeur.

« Rendons-nous au sous-sol. J’ai l’impression que cela provient de la porte. » déclara Ernold alors que tous se levaient.
L’accès interdit au public fut traversé alors qu’une lumière était visible sur une imposante double porte. Une lumière qui provenait d’une gravure représentant le symbole d’un Léviathan, entouré par trois autres petits symboles. Le symbole du Léviathan se fissura avant de tomber en morceaux. Il n’en restait plus que quatre.

Chapitre 35 : Une voix

ShiroiRyu
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Chapitre 35 : Une voix

« Je lance l’assaut ! »

Il criait cela tout en commençant à courir sur la glace sauf qu’à chaque pas, il faisait aussi un saut. C’était beaucoup plus simple pour ne pas tomber, d’ailleurs, il continuait de glisser mais ce n’était pas un vrai problème. Il semblait se débrouiller plus facilement que prévu, ce qui était une très bonne chose !

« ARRÊTE, TERY ! C’est juste stupide ! »

Pourtant, il n’écoutait pas les propos d’Elen alors qu’il arrivait jusqu’à l’imposante queue du Léviathan des Abysses. Enfin, ce n’était qu’une partie de son corps mais il devait réfléchir à comment l’attaquer. Sauter dans les airs ? Il n’avait pas la puissance pour ça. Il n’était pas comme Clari à ce niveau. AH ! Il fit un saut en arrière, glissant et tombant sur les fesses alors que la queue du Léviathan tentait de le frapper.

« C’est un peu risqué en fin de compte ! »

Maintenant la queue du Léviathan se levait pour tenter de s’abattre sur lui. HEY ! Il n’allait pas se laisser faire ! Il roula sur le côté, poussé par un souffle de vent alors que la glace se brisait sous la queue du Léviathan.

« TERY ! S’il te plaît ! Un peu de sérieux ! » cria Clari alors qu’elle glissait … d’une autre façon que lui sur la glace. Elle utilisait le vent, n’est-ce pas ? Il espérait vraiment qu’un jour, il puisse se déplacer de la sorte. Elle s’approcha de lui, le prenant par le bras pour le soulever avant de le coincer contre elle. « On y va ! Il faut rejoindre les autres ! On ne peut pas risquer à faire des idioties comme ça ! »

« D’accord, d’accord. Désolé Clari. »

Il n’avait pas l’habitude de l’entendre parler de façon sérieuse. C’était donc une raison de plus de se concentrer surtout que la situation l’exigeait. Quand même ! Le Léviathan des Abysses était vraiment monstrueux ! Il fut à nouveau à côté de Manelena et Elen. Il jeta un regard en arrière. Le navire était à une distance respectable.

Il était donc en sécurité mais pour combien de temps ? Il devait y réfléchir sérieusement. Ah … il n’avait aucune idée en tête à ! Comment réussir à combattre ce Léviathan des Abysses ? Il fut agrippé par Manelena, celle-ci le tirant contre elle alors qu’elle portait son imposante armure noire sur le corps.

« Ne bouge pas et serre-moi bien. »

« Hein ? Qu’est-ce que … »

Il n’eut pas la possibilité de terminer sa phrase qu’il fut dans les airs, accompagné par Manelena, Elen et Clari. HEY ! Il n’était quand même pas stupide ! Mais une nouvelle fois, la queue du Léviathan des Abysses vint frapper la glace mais cette fois-ci, des éclats accompagnaient l’attaque. Les éclats de glace furent projetés dans tous les sens, tentant de les atteindre mais Manelena fit des mouvements avec son épée pour les protéger, elle et lui.

Elle le déposa au sol quelques secondes après, regardant voir s’il n’avait aucune blessure. Heureusement pour lui, c’était le cas. Il était en parfaite santé ! Mais pour combien de temps ? Il fallait attaquer au lieu d’éviter les coups !

« Faut lancer un assaut ! Normalement, les éclairs, c’est ta spécialité, non ? » dit Tery en s’adressant à Manelena, celle-ci haussant les épaules.

« Grâce à mon arme, oui. Mais cela ne veut pas dire que je me suis spécialisée là-dedans malgré mes lignes d’Alzar. Mais je vois ce que tu penses. Au moins, tu apprends à force. Les éléments de base nous seront utiles. »

« Oui, enfin bon, pas spécialement mais je sais que la foudre est efficace face à l’eau. »

« Ce n’est pas donné à tout le monde de le savoir. »

Il ne rêvait pas ou alors, elle était en train de le complimenter ? Rien que ça ? Ça fait vraiment toujours plaisir à entendre, des compliments. Surtout quand ça vient de Manelena ! Mais bon … lui-même, est-ce qu’il pouvait produire de l’électricité ? Il n’en était pas vraiment sûr dans le fond.

Puis zut ! Il allait lancer une attaque au lieu de traîner! Il attendit quand même que Manelena se mette en position, Clari et Elen à leurs côtés. ALLER ! Il faut attaquer maintenant ! Qu’est-ce qu’ils attendaient ? Que Lavon se remettre à s’en prendre à eux, c’est ça ? C’est stupide ! Complètement stupide ! Qu’ils avancent !

« BON ! On perd trop de temps ! J’en ai assez ! »

Cette fois-ci, il n’allait pas se rater ! C’est juste qu’ils ne bougeaient pas d’un poil ! Comment est-ce qu’ils étaient censé faire alors ? Personne ne se mettait en action ! Réfléchir … réfléchir. NON ! Pas besoin de réfléchir ! Tout son corps se recouvrit d’une épaisse armure de terre alors qu’il commençait à courir vers Lavon.

« Produire de la terre alors qu’il n’y en a guère autour de soi… démon. DEMON ! »

Encore avec cette idée de démon ? C’était fatiguant et lassant ! Il n’avait que ce mot à la bouche ! Il en avait vraiment marre ! Il poussa un râle de colère avant de prendre appui sur ses jambes. Il voulut sauter mais son armure était plus lourde que prévue. Il pesta contre lui-même, pointant sa griffe droite vers son adversaire.

Cinq pics de pierre quittèrent sa griffe, allant percuter le corps écailleux de Lavon sans pour autant traverser sa peau. Inutile ? Ça avait été vraiment inutile ? C’était quoi cette blague ? C’était quoi cette blague ? Il devait réussir à le blesser comment alors ? C’était tout simplement impossible alors !

« J’en ai marre de tous ces trucs stupides ! Venez m’aider au lieu ! »

« Tery ! Il faut surtout que l’on cherche comment passer outre ses écailles ! » cria Elen alors qu’il répondait que Lavon ne leur laisserait pas le temps ! C’était pourtant pas si compliqué à comprendre non ? Surtout que Lavon s’emportait peu à peu lui aussi !

Les secondes passaient mais rien ne se déroulait comme prévu. RIEN DU TOUT ! Il se tourna vers Elen, posant ses mains sur ses épaules avant d’hurler :

« ON ARRÊTE DE PARLER ET ON AGIT ! COMPRIS ?! »

« Mais mais mais … pourquoi est-ce que tu cries, Tery ? »

« IL VEUT NOUS TUER ! ET NOUS ! ON RESTE JUSTE SUR LA GLACE ! SANS RIEN FAIRE D’AUTRE ! TU CROIS QUE CA ME PLAIT ?! »

Elle était un peu effrayée par Tery. Clari et Manelena ne disaient rien du tout. Tery se comportait comme s’il était enragé. Ele posa une main sur son épaule, bredouillant :

« Tery, je dis juste qu’il faut que l’on trouve une solution mais que l’on soit calme. »

« Calme ? Calme ? Et comment est-ce que ça nous aidera hein ?! »

Il devait juste réfléchir ! Mais il en avait assez de réfléchir ! De quoi est-ce qu’il était capable réellement ? Ses attaques étaient inefficaces contre Lavon ! Et d’ailleurs, Lavon sortait maintenant de l’eau, tout son corps se retrouvant sur la glace. Gi … gigantesque. C’était immense ! Comment est-ce qu’il peut réussir à tenir sur la glace ? Ou alors, il crée toujours plus de glace sous son corps.

« Si on ne bouge pas, si on ne fait qu’éviter, vous voulez faire quoi ? Qu’on attende qu’il s’épuise ? C’est lui qui nous aura en premier ! »

« Et je peux savoir pourquoi tu te mets en boule ? Juste pour lui ? » rétorqua la femme aux cheveux argentés alors qu’il répondait aussitôt :

« Manelena, je te pensais plus réfléchie que ça ! Si tu ne comprends pas le problème, je ne peux rien faire pour toi hein ? »

« Je remarque surtout que tu fais de l’excès et du zèle, pour ne pas changer. D’habitude, tu aurais déjà cherché à créer un golem. »

Un golem ? Hein ? Ça peut être une bonne idée mais il n’y a pas de terre ici. Enfin ! Qu’importe ! Il allait quand même essayer ! Il posa ses deux mains sur le sol, cherchant à se concentrer. Bizarrement, il se sentait maintenant beaucoup plus calme. Il suffisait juste que Manelena prenne la parole pour que ça soit ainsi ou quoi ?

Mais bon, il devait se concentrer, se concentrer ! Et surtout éviter que l’autre ne vienne l’attaquer ! Il avait déjà assez de problèmes en tête ! Mais il devait faire confiance aux trois femmes. Elles se chargeraient alors de le protéger pendant qu’il préparait un golem. Mais un golem bien spécial !


Les minutes passèrent avec lenteur alors que Lavon projetait des éclats de glace sur eux. Mais Clari les repoussait avec son vent alors que Manelena et Elen restaient près de lui. Zut ! Il y était presque ! C’était la première fois qu’il tentait de créer un golem de glace ! Car oui ! Ce qui sortait du sol n’était pas de couleur brune, liée à la terre et à la pierre. C’était tout le contraire : d’un blanc immaculé, fin et brillant comme du cristal. Oui, on aurait pu croire qu’il était fait de verre. Peut-être était-ce le cas ?

« Un golem ? Encore une aberration issue des Démons ! Vous aviez besoin de serviteurs et … » commenca à dire Lavon avant que Tery n’hurle :

« MAIS BORDEL ! Tout ce que je fais est mauvais pour toi ?! »

« Tery, s’il te plaît. » bafouilla Elen avec appréhension. Tery était aussi énervé que Lavon même s’il ne le remarquait pas de son côté.

« Non Elen ! NON ! Il se fout de ma gueule ! Je maîtrise uniquement les golems, c’est ma spécialité et voilà comment est-ce qu’il réagit ! Je suis censé penser quoi ?! »

« Je ne sais pas, mais … ne t’énerve pas, d’accord ? »

Il était énervé ? Il donnait surement cette impression. Mais il n’en avait rien à faire ! Maintenant qu’il avait son golem, autant que celui-ci aille se battre ! Lavon ouvrit la bouche, projetant maintenant une puissante décharge aqueuse en direction du golem qui fonçait vers lui. Le golem de glace tendit sa main droite vers l’eau, la gelant subitement à la surprise de tous et de toutes. L’eau continua de geler jusqu’à ce que Lavon arrête son jet, reculant rapidement pour se retrouver dans la mer, seule la partie supérieure de son corps en sortant.

« De la magie ? Issue d’un golem ? Quelle sorte de démon est-ce que tu es ? »

Démon, démon, démon … Il n’a que ce mot à la bouche ! RIEN QUE CE MOT ! Il ne sait pas dire autre chose ? Visiblement non ! Mais au moins, il a reculé ! Hahaha ! Il fait moins le fier maintenant, le vilain serpent hein ?

« Tery, s’il te plaît, vraiment … »

« Elen ! Arrête de te répéter ! Ca ne sert à rien ! Rien du tout ! Regarde ! Il a peur de mon golem ! Il sait parfaitement ce dont je suis capable ! Il est en train de me craindre ! Il va voir ! Ce n’était qu’un golem ! Il va voir ce dont je suis capable ! »

HAHAHA ! Il va comprendre sa douleur surtout ! Il va comprendre tout ça ! Ah … ah … ah … Il avait maintenant bien mal au crâne ! Saleté ! Il reposa ses mains sur le sol, se tournant vers Manelena en lui disant :

« Tu peux encore me protéger, dis, Manelena ? Je vais en créer trois ou quatre autres. »

« Je refuse. Tu sais parfaitement que créer autant de golems t’épuise plus que mentalement. Je n’ai pas envie de te porter sur mon dos. »

« Clari le fera à ta place ! Ou Elen ! Enfin, protèges-moi, c’est tout ! »

« Hors de question. » rétorqua Manelena une nouvelle fois, ses yeux rubis se faisant voir malgré son casque noir sur son crâne. Elle fixa Tery avec colère, montrant bien par-là qu’elle ne l’écouterait pas. Plus à cause de son comportement que parce qu’elle n’en avait pas envie. Il ne voyait pas le problème ? Elle, elle l’avait bien en face actuellement !

« Fais comme tu veux, je préfère ne plus rien te demander ! »

Peut-être qu’en lui donnant un coup dans la nuque ? Non, elle ne pouvait pas se le permettre. Pas pendant un combat de la sorte, c’était beaucoup trop risqué. Mais s’il commençait à lui prendre la tête, elle n’aurait plus aucune hésitation. Qu’il le comprenne hein ? Mais bon, elle ne pouvait pas le lui dire en face. Pas maintenant.

« Elen ? Clari ? Vous pouvez m’aider ? »

Les deux femmes se regardèrent, l’une à travers son masque, l’autre l’air songeuse. Puis finalement, Clari se plaça correctement à côté de lui, prête à le défendre. Elle murmura :

« Tu comprends que je suis méfiante quand même, Tery hein ? »

« Oui, oui … t’en fais pas. Ça va aller, Clari. Ça va aller. Elen ? »

Elen ne lui répondit pas, ne faisant qu’hocher la tête positivement. Est-ce qu’elle lui faisait encore la gueule ? Il n’avait pas besoin de ça. Pfff ! Vraiment ! Il n’y avait que des ennuis autour de lui ! Il posa à nouveau ses mains sur le sol mais maintenant, des fissures apparurent sur la glace au loin. Elles arrivèrent à toute allure vers lui, le forçant à arrêter son action. Il sauta sur le côté, percutant Elen mais la gardant rapidement contre lui.

« Tu vas bien, Elen ? Tss ! Ce fichu Lavon ! »

« Je … je vais bien, Tery. Mais toi ? Si tu me parles normalement, c’est que … tu vas bien ? »

« Bien entendu ! Pourquoi est-ce que je n’irai pas bien ? C’est quoi cette question absurde hein ? » dit le jeune homme aux cheveux bruns.

Elle regarda brièvement. Avec les fissures, Manelena et Clari étaient éloignées d’eux. D’accord … elle pouvait se permettre ça. Elle retira son masque blanc, forçant Tery à la regarder pendant quelques secondes avant de reprendre :

« Ne me rend pas inquiète, s’il te plaît. »

Pfiou. Quand elle le regardait de la sorte, comment est-ce qu’il devait penser ? Comment réagir ? Pfff … Il se gratta la joue avant de placer la paume de sa main sur le crâne d’Elen. I faisait quand même attention à ne pas la blesser avec sa griffe.

« On va essayer d’accord ? Je préfère ne rien promettre mais oui … on va faire de notre mieux. Mais est-ce que ça te dérange pas que … Lavon doit être tué à cause de moi ? »

« Tery. Je t’aime mais je ne suis pas stupide. Ca ne me plaît pas mais j’agis par amour. Même si ça doit causer du tort et que je sais que ça en causera, je n’hésiterai pas à te sauver. »

« C’est peut-être alors stupide non ? » bredouilla le jeune homme, ne s’attendant pas à une telle parole de la part de la demoiselle aux cheveux blonds. Et qui la regardait avec ses beaux yeux bleus. Elle avait le sourire aux lèvres mais il adorait tellement la voir. Ah … il se sentait un peu apaisé. Elen, c’était sa déesse à lui. Comme elle ne portait pas le masque sur le moment, il déposa un rapide baiser sur ses lèvres.

« J’agirai aussi stupidement pour toi, promis. »

« C’est tout ce que je voulais entendre, hahaha. »

Elle eut un petit rire avant de remettre son masque sur ses joues rougies. Ce n’était pas le moment d’être déconcentré ! Elle le savait bien ! Lui aussi d’ailleurs. Les deux personnes se regardèrent pendant quelques secondes avant de reprendre :

« Je vais me charger de lui. Mon golem est quand même plus doué que je ne le pensais. »

« C’est vrai. Il agit en suivant ta volonté mais surtout il semble pouvoir produire de la magie. C’est étrange, Tery. Tu savais faire ça ? »

Il haussa les épaules pour bien montrer que ce n’était pas du tout le cas. Il n’était pas vraiment au courant de ses capacités, loin de là. Si c’était aussi simple … enfin non. Maintenant, il se sentait un peu plus calme qu’auparavant. Mais après, ça ne voulait pas dire que tout était résolu ! Il y avait ce Lavon à abattre !

Plus facile à dire qu’à faire néanmoins. Sa puissance était démesurée et même si le golem de glace était capable de geler ses attaques ou de les repousser, ça ne changeait rien au fait que le Léviathan des Abysses était toujours indemne ! Qu’importe les attaques utilisées, ils ne pouvaient rien faire pour réussir à le blesser !

C’était ça qui l’enrageait. Mais aussi les paroles de Lavon ! Le fait qu’il le considère comme le plus horrible des monstres ! Il était quand même humain ! Plus qu’humain même ! Il aimait une femme et même il avait des cornes, ça ne change pas ce qu’il est humain !


Raaaaah ! Voilà pourquoi il ne voulait pas que ce combat s’éternise ! Car il suffisait qu’il écoutait ce Léviathan pour perdre le contrôle de son corps ! Voilà tout ! RAAAAAAAH ! Il voulait que ça se finisse le plus rapidement possible ! C’était possible ?

« Je ne crois pas ! Bon ! Ca ne fait rien ! Je crée deux autres golems au grand maximum et ensuite, on va tous combattre ! Elen ? »

« Ne t’en fait pas, je vais veiller sur toi, Tery. »

« Tant mieux, me voilà bien plus rassuré maintenant ! »

Il tenta de rire mais il n’y arrivait pas. Il reposa ses mains sur le sol de glace, commençant à se concentrer pour les autres golems. Il ne voyait pas ce que Manelena et Clari étaient en train de faire. Est-ce qu’elles combattaient elles aussi ? C’était une bonne question, très bonne question même.

Il ne pouvait pas se déconcentrer maintenant. Il entendait juste les cris d’Elen et des autres. Mais bizarrement, il se sentait en sécurité. Comme s’il n’avait vraiment rien à craindre de ses alentours. C’était étrange mais amusant en un sens. Enfin, amusant, c’était stupide de penser de la sorte mais qu’importe. Il allait bientôt finir son second golem !

« ELEN ! VOILA DE L’AIDE QUI ARRIVE ! Vas-y vite ! »

Il avait ordonné cela à son second golem, deux fois plus grand que le précédent mais aussi deux fois plus fin. Il était constitué de la même matière que le premier. Bon ! Encore un autre … encore un autre. Il avait mal au crâne mais ça passerait surement.


Il posa une main sur son front, gémissant un peu de douleur bien qu’il évitait de le montrer à Elen. Hors de question de la traumatiser encore plus que maintenant. Il en était parfaitement hors de question. Il était calme. Il était serein.

« Tery ! Ne te force pas à créer un troisième golem si tu n’en es pas capable ! »

« Elen, j’ai réussi à en créer des dizaines lorsque je devais sauver Manelena ! Je suis parfaitement capable de faire ça ! »

« Tues-le … tues Lavon ! Tues-le ! »

Qu’est-ce que … Il regarda autour de lui, étonné. C’était quoi ça ? Il avait cru entendre une voix mais il n’y avait rien, ni personne. C’était étrange, vraiment très étrange même. Il n’appréciait pas du tout ce qui se passait.

« Elen ? Est-ce que c’est toi qui viens de parler ? »

« Mais non. A part pout te prévenir d’éviter de créer un autre golem. Tu sembles fatigué ! »

« Bon d’accord, ça ne fait rien. Désolé du dérangement, je vais me reconcentrer. »

Se concentrer, oui, c’était la meilleure chose à faire. Continuer comme si de rien n’était. Oui, c’était la meilleure chose à faire. Il se répétait ça, se demandant quand même si …

« Pourquoi perdre ton temps à utiliser des créations si fragiles ? Tu peux le tuer à mains nues. Tu en as la force. Ce n’est qu’une créature légendaire qui vient à peine de se réveiller. Il lui faudra des semaines voire des années pour être au maximum de sa puissance. »

« Qui est-ce ?! » s’écria le jeune homme alors que pourtant, aucun son ne sortait de sa bouche. La voix reprit :

« C’est si simple. Tu arraches les écailles, une par une et puis tu plantes ta main dans son être, tu le déchires de l’intérieur. Laisse-toi faire. Je vais te montrer. »

« Me montrer ? Qu’est-ce que vous racontez ? »

« La dernière fois était surprenant, très surprenant mais maintenant … ne perdons donc pas plus de temps à discuter. »

Discuter ? Qu’est-ce que … AH ! Son mal de crâne ! Il était encore plus violent qu’avant ! Il avait mal au crâne ! Plus que mal au crâne ! Il posa ses mains sur ses cheveux, recommençant à sentir les bosses. Les bosses ? Non ! Ce n’était pas des bosses ! Il se rappelait parfaitement ce que c’était ! Des cornes ! Des cornes !

Chapitre 34 : Affronter une créature légendaire

ShiroiRyu
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Chapitre 34 : Affronter une créature légendaire

« Reculez le bateau ! ET VITE ! »

L’adolescent commença à crier et à donner des ordres aux personnes autour de lui alors que déjà Tery se tenait le front. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il marmonna :

« C’est quoi ça ? Le Léviathan des Abysses ? Il a crié tellement fort qu’il m’a donné mal au crâne. Il ne peut pas être plus calme. »

« TERY ! On n’a pas le temps de penser à toutes ces imbécilités ! Il veut te tuer ! »

Le tuer ? C’était une blague hein ? Pourtant, quand même, Lavon semblait être devenu comme fou après qu’il l’ait vu. Et il remarquait aussi que Royan était aux côtés d’Elise pour voir si elle allait bien ou non.

« J’ai juste une petite migraine, rien de plus, prince Royan. » bredouilla la demoiselle aux cheveux auburn, encore un peu secouée.

« Une petite migraine ? Il faut que vous retourniez dans votre chambre. TERY ! Il faut faire pareil ! Que Lavon ne vous voies pas ! »

« C’est déjà bien trop tard pour ça ! Je ne crois pas qu’il va nous écouter pour qu’on lui demande pardon ! » hurle le jeune homme aux cheveux bruns alors qu’il repoussait légèrement Elen. « Ca va, ça va ! J’ai juste un peu mal au crâne ! »

Lui aussi avait un peu mal au crâne ? C’était quand même assez inquiétant en un sens mais il ne fallait pas commencer à se préoccuper de tout ça sinon ils ne s’en sortiraient jamais ! Il faut donc qu’ils soient concentrés !

« Je vais tenter de lui parler. »
Même si l’adolescent était de sang royal, il était facile de voir ses jambes qui tremblaient. Il n’était pas le seul. Les soldats et les membres du groupe. Tous étaient en train de trembler face à l’imposant monstre marin.

« Lavon ! Pourquoi est-ce que vous haïssez tant que les Démons ? »

« Ces êtres abominables ? Qui n’ont pas hésité à ravager ce monde lorsque Zélisia et Alzar étaient encore vivants ?! »

« Si ce sont des divinités, pourquoi dites-vous lorsqu’ils étaient encore vivants ? » bafouilla l’adolescent, espérant que la conversation emmènerait à plus de calme chez le serpent de mer à la taille gigantesque.

« Car ils ne sont des divinités que de nom. »

Et ensuite ? Rien du tout. Le Léviathan ne continua pas sa phrase alors que chacun et chacune était maintenant perturbé. Divinité que de nom ? Est-ce que cela voulait dire ce que chacun pensait avoir compris dans sa tête ? Difficile à confirmer.

« Mais assez parlé ! Je dois me débarrasser des démons ! »

« Est-ce que les démons sont si mauvais que ça ? » répéta l’adolescent, remettant la question d’Elen en avant car si c’était le cas … autant dire qu’il serait alors impossible pour le groupe de s’en tirer sans aucun problème.

« Les démons sont la pire engeance existante dans ce monde. Mais pas seulement, tous les tords et les problèmes qu’ils ont causé, tout ça ne peut pas être oublié ! »

« Mais les démons n’existent plus depuis des millénaires. En avoir que deux n’est pas si grave que ça, non ? » bredouilla Royan, continuant à discuter avec Lavon pour tenter de le calmer, chose qui semblait tout simplement impossible.

« Ce sont des engeances qui ont réussi à passer outre la porte. Ils ne doivent pas être les seuls. Loin de là même. »

Passer outre la porte ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Tery était pourtant un habitant de Shunter normal. Il avait un père et une mère non ? C’était étrange, vraiment très étrange même ce que le Léviathan des Abysses disait.

« Et vous êtes sûr de ne pas pouvoir les ignorer tous les deux ? Ils ne causent aucun tort. »

« Pour le moment ! Bientôt, ils commenceront à ravager tout ce qui se trouve sur leur chemin ! S’ils sont présents, c’est bien parce qu’ils tentent alors de me tuer ! »

« JE NE COMPTE TUER PERSONNE ! » hurla soudainement Tery.
Il en avait assez ! Même les créatures ancestrales le considéraient comme un monstre ! Et puis quoi encore ? Passant outre son mal de mer, il se présenta sur le bateau, fixant le Léviathan des abysses alors que Royant disait :

« Tery, je préfère m’en occuper. Laisse-moi gérer cela. »

« HORS DE QUESTION ! C’est qui pour nous juger hein ?! IL NOUS JUGE COMMENT ! Il crie que je veux le tuer mais c’est qui qui a attaqué le premier hein ?! »

« Car ton sang est celui des Démons. Tu peux dire tout ce que tu désires mais un jour, tu tueras tes proches, un par un, à cause de ton sang. »

« Ne racontez pas n’importe quoi ! Mes cornes de démon m’ont permis de sauver Manelena ! Manelena, dis-lui ! » crie le jeune homme aux cheveux bruns alors que Manelena s’approchait, se plaçant à côté de lui avant de dire :

« Je confirme ses propos et j’ai bien plus confiance en cet homme qu’en n’importe qui d’autre actuellement, surtout une soi-disante créature légendaire qui décide de nous attaquer sans crier gare. Il m’a sauvé la vie en n’hésitant pas à se mettre les cinq royaumes sur le dos. Si c’était vraiment un être démoniaque comme vous le prétendez, il ne se serait jamais préoccupé de ma personne, loin de là même. Donc non, je réfute vos propos et si vous décidez de vous en prendre à lui, il faudra me passer sur le corps. Ca serait la moindre des choses que je puisse faire pour payer ma dette envers Tery. »

Elle n’avait pas hésité à sortir son épée, des éclairs se zébrant déjà autour d’elle alors que ses yeux rouges fixaient le Léviathan. Royan la regarda avec incrédulité. Elle avait dit quoi ? Ce n’était pas le moment de provoquer le Léviathan des Abysses !

« Pourquoi est-ce qu’une humaine irait protéger un Démon ? »

« Pourquoi est-ce que j’irai protéger Tery, qu’importe ce qu’il est réellement ? Je viens de donner la raison. Je n’aime pas me répéter inutilement, c’est pourtant très simple. »

« Imbéciles. Vous osez donc le protéger malgré ce qu’il est ? Et il en est de même pour l’autre démone ? Vous pensez vraiment que je vais laisser vivre ce fléau ?! »

Elle s’en doutait parfaitement que ça ne serait pas le cas. C’est bien pour cela qu’elle n’avait aucune hésitation à se mettre en position de défense. Elle était certaine de ne pas réussir à le battre mais elle pouvait bien tenir le coup face à lui.

Mais combien de temps ? Elle regarda Tery, celui-ci était toujours un peu sous le choc et étonné, rien de bien surprenant. Avec ce qu’elle avait dit, il allait surement se faire des idées, comme à son habitude. Mais bon … avec ce qu’elle venait de dire, le Léviathan allait bientôt s’énerver réellement et le combat allait commencer.

« En tant que simples créatures humaines, vous ne pouvez pas comprendre les dangerosités de ce monde. C’est pourquoi nous sommes là pour vous protéger et vous sauver. Vous mettre en travers de notre chemin pendant que l’on les exécute … vous ne serez alors que des dommages collatéraux, est-ce vraiment cela que vous voulez ? »

« Oh ? Changement de ton alors ? Ce sont des menaces ? Pas très glorieux pour une créature qui veut soi-disant sauver le monde mais qui n’hésite pas à le saccager pour arriver à ses fins. » rétorqua Manelena, Elen criant :

« Manelena ! Arrête ça ! Ne l’énervons pas encore plus que maintenant ! »

« Je ne cherche pas à l’énerver mais à exprimer la vérité. S’il se sent dans un état d’énervement incompréhensible, ce n’est pas de ma faute mais de la sienne, c’est aussi simple que cela. Il m’ennuie. S’il n’a rien de mieux à faire que de vouloir nous causer des problèmes, je préfère encore qu’il parte. »

« Petite humaine arrogante. » commence à murmurer le Léviathan des Abysses alors que sa queue vient frapper l’eau, créant une vague qui s’écroule sur le bateau, aspergeant tout le monde sans que pour autant ils ne tombent.

« Arrogance ? Non, de la confiance en soi. Je n’ai rien à craindre d’une créature même si elle fait trente à quarante fois ma taille. Vos arguments sont invalides. »

« ASSEZ ! JE NE CHERCHE PLUS A DISCUTER AVEC VOUS ! Vous voulez vous mettre sur mon chemin ?! Alors disparaissez ! »

C’était ce à quoi elle s’attendait depuis le début. Maintenant, il s’était emporté et énervé. Les problèmes arrivaient à toute allure. Mais ce n’était pas forcément une bonne chose … mais il était hors de question pour elle d’abandonner Tery.

Pas après tout ça. Mais elle ne le dirait jamais ouvertement. Ou alors, c’était déjà fait ? Elle ne savait pas, elle ne savait pas du tout. Elle restait méfiante et soucieuse de tout cela. Mais pouvait-elle réellement penser autre chose ? Elle avait provoqué la colère du Léviathan des Abysses et ainsi, il n’y avait pas de retour possible.

Et Tery ? Et Elise ? Comment est-ce qu’ils allaient ? Elle jeta un œil vers eux, remarquant qu’ils se tenaient la tête. Il ne fallait surtout pas qu’ils perdent le contrôle de leurs corps sinon … ça risquait d’être un gros problème. Encore que pour le cas de Tery, bizarrement, elle était confiante. Peut-être à cause de tout ce qui s’était passé ?

« Tery ? Tery ? Qu’est-ce qui se passe ? Tu ne vas pas bien ? »

« J’ai un peu mal au crâne mais rien de spéciale. Regarde plutôt voir si Elise va bien. »

Il disait cela mais il n’était pas en pleine forme. De nombreux pics de glace foncèrent vers Tery mais le prince fit un mouvement de la main, les pics devenant tout simplement de l’eau avant même d’atteindre leurs cibles.

« Même un membre de la monarchie de Traslord se met en travers de mon chemin ? Jusqu’à quel point est-ce que la présence de ce démon vous a perverti ? »

« Ce n’est pas une question de perversion, sauf votre respect. Mais je voyage avec Tery et ses compagnons depuis des semaines et je peux vous dire que Tery est tout le contraire d’un démon. En fait, il est même en couple avec Elen, cette femme masquée de blanc. »

En couple, en couple, c’était quand même un peu exagérée non ? Elen s’empêcha de rougir sous son masque. Ce n’était pas vraiment le moment de penser à ça, loin de là même. Mais bon, ça ne la dérangeait pas que les gens pensent ça à leurs sujets. Elle ne prétendait pas le contraire, pourquoi le ferait-elle ?

« Jusqu’à pervertir la porteuse des lignes de Zélisia. Quelle puissance se cache sous ce démon ? » déclara le Léviathan des Abysses.

« MAIS J’EN AI ASSEZ ! Je n’ai rien perverti ! C’est Elen qui me saute dessus ! J’ai rien contre mais ne dites pas que je la rends comme ça ! »

Aïe ! Ce mal de crâne ! Il poussa un gémissement alors qu’un silence planait autour de lui. Quoi ? Le Léviathan des abysses s’était lui-même arrêté de bouger alors que Tery reprenait d’une voix un peu irritée :

« On peut me dire ce qui se passe quand même ? »

« Les rapports copulatoires entre un démon et une porteuse de Zélisia ne me concernent guère. Je vais y mettre un terme néanmoins. »

« Hein ? QUOI ? J’AI JAMAIS DIT CA ! N’inventez pas n’importe quoi ! » hurla le jeune homme aux cheveux bruns mais déjà d’autres pieux de glace fonçaient vers lui, prêts à détruire le bateau si cela s’avérait nécessaire. Il n’allait pas se laisser faire !

Il amorça un mouvement pour répliquer mais cette fois-ci, les pieux étaient beaucoup plus dangereux qu’auparavant. Il le ressentait ! C’était quoi cette blague ? Il n’allait pas tomber dans un piège aussi grossier ! Il fit un saut sur le côté, les évitant alors que les pieux s’enfonçaient dans le bateau, le traversant sans aucun problème. Mais aussitôt que des trous étaient apparus, des soldats vinrent les refermer avec de la glace.

« On ne peut pas combattre, prince Royan ! C’est quand même Lavon ! »

« On ne peut pas laisser Tery et Elise ! Il en est hors de question ! »

Le prince lui-même s’emporta un peu. Il était peu à peu décidé à se battre à son tour mais un long râle se fit entendre, tous se tournant vers Tery. Il murmura ensuite :

« Créature légendaire ou non, si elle m’attaque, je riposterai ! »

Et pour ça, il n’hésiterait pas à utiliser ses lignes d’Alzar ! Déjà, ses yeux devinrent rouges alors qu’il se focalisait sur son père. Ne pas oublier que sa haine devait juste être focalisé sur lui et personne d’autre. Sinon, il risquait de causer d’énormes problèmes. Il ne pouvait pas se le permettre ! Pas maintenant ! Pas alors qu’il y avait une créature légendaire en face !

« Il arrive à contrôler ses lignes d’Alzar ? Rien d’étonnant de la part d’un Démon ! »

Et alors ? Qu’est-ce que cela changeait ? Il ne se laisserait pas faire par cette créature ! Et puis quoi encore ! Il grimpa sur le rebord du bateau, se mettant accroupi. Elen cria :

« Mais qu’est-ce que tu fais, Tery ? C’est trop dangereux ! »

« Je n’aime pas que l’on cherche à me tuer ! Et surtout, ce Léviathan est comme les humains ! Il pense simplement au fait que je sois un démon sans même chercher à me connaître ! J’en ai assez qu’on me considère comme un monstre ! »

PLUS QU’ASSEZ MÊME ! Il n’hésiterait pas un seul instant ! Ses lignes noires parcourant tout son corps, il jugea de la distance entre lui et le Léviathan des Abysses. Une bonne dizaine de mètres. C’était important, très important même mais il n’en avait rien à faire ! Pourquoi est-ce qu’il s’en préoccuperait ? POURQUOI ?
Ce n’est que dix pathétiques mètres ! Il bondit en direction du Léviathan des Abysses, prêt à atterrir sur lui mais la distance était beaucoup trop grande ! Il allait tomber sur la glace ! AAAAAH ! Mais soudainement, il se sentit pousser des ailes, un grand éclat de rire se faisant entendre, Clari prenant enfin la parole :

« HAHAHAHA ! Tu croyais vraiment que j’allais te laisser tomber ? Flotte ! Et arrange lui le portrait à ce Léviathan, Tery ! »

« Merci, Clari ! » cria le jeune homme, se rappelant qu’elle maîtrisait bien plus l’élément du vent que les autres malgré ses lignes de Zélisia. Ca allait grandement l’aider ! Ayant à nouveau de l’élan grâce à Clari, il était maintenant à une distance raisonnable du Léviathan des abysses ! Si celui-ci ne l’attaquait pas, ça serait bien …

« Imbécile. Tu penses vraiment que je vais laisser faire cela ? »

La queue du Léviathan vient frapper de plein fouet le jeune homme, Elen poussant un cri de stupeur alors que Manelena faisait un petit sourire :

« Une belle vitesse de réaction, il faut avouer. »

« Petite insecte impertinent ! Voilà ce que je hais chez les Démons ! Ils sont tenaces ! »

Tery était bien accroché à la queue du Léviathan, queue dans laquelle il avait planté sans aucune hésitation ses deux griffes. Ainsi, ça allait calmer tout simplement le gigantesque monstre marin. Ou presque. Celui-ci commença à donner des coups de queue dans tous les sens, Tery se sentant secoué de toutes parts.

« Il faut aller l’aider ! » s’écria Elen, prête à bondir à son tour.

Mais comment faire ? AH ! Elle sait ! Elle saute et atterrit sur les plaques de glace, se tournant vers Royan avant de reprendre :

« Il faut que le navire s’éloigne de cet endroit jusqu’à ce que l’on en ait terminé ! »

« Tu comptes … vraiment affronter Lavon ? »

« Je n’ai pas d’autres choix ! Il s’en prend à Tery, je ne vais pas le laisser faire ! Manelena ? Clari ? Vous venez aussi ? Elise, reste avec le prince ! »

« C’est le mieux à faire. Je ne peux pas venir vous aider. Du moins, je ne peux pas lever la main contre Lavon. C’est trop me demander. »

« Pas de problèmes, u n’auras rien à faire, ne t’inquiète pas. » répond Clari alors qu’elle se prépare elle aussi à atterrir sur la plaque de glace.

« Je vais rester avec le prince. Je ne suis … je ne suis pas vraiment une combattante. »

« Alors oui, tu te mets en retrait. » déclare Manelena après les propos d’Elise, la femme aux cheveux auburn faisant un pas en arrière, inquiète et soucieuse.

Manelena et Clari arrivèrent à leur tour sur la plaque de glace alors que Tery était descendu du Léviathan des Abysses. Celui-ci, malgré son poids, était sur la glace, comme le quatuor.

« C’est plutôt résistant. On n’aurait pas cru au départ mais visiblement … »

« Clari, ce n’est pas l’heure de s’extasier sur ça ! » s’écrie Tery alors que la femme aux couettes blondes a un petit rire.

« Cela m’amuse, ça faisait bien longtemps. Peut-être depuis Claudiska. »

Claudiska ? Est-ce qu’elle parlait de la bête qui avait gardé l’un des médaillons ? C’est vrai que cela commençait à dater mais bon … Ce n’était pas nécessaire de s’en rappeler maintenant. Il avait bien mieux à faire comme éliminer une créature légendaire ?
Rien que ça ? Il était en pleine forme et pour le moment, il se sentait bien, il se contrôlait parfaitement. Enfin, tant qu’il ne sombrait pas comme la dernière fois … Mais ça, il ne le savait pas du tout. C’était compliqué.

« Tery ? Tu vas bien ? Dis-moi que oui. »

« J’ai réussi à éviter son attaque, cela devrait largement me suffire, non ? »

« Je ne sais pas trop, j’ai un peu peur quand même des conséquences, tu sais ? »
Difficile à expliquer réellement. Il ne pouvait pas l’exprimer correctement par des mots. C’était beaucoup plus dur que ça. Mais alors comment ? Comment exprimer tout ça ? Il ne se sentait pas mal, loin de là même.

« Ca peut aller, ça peut aller, Elen. Ne t’en fait pas pour moi. »

Elle s’inquiétait un peu trop pour lui mais il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. C’était normal pour elle. Ah … Bon ! Comment combattre ce Léviathan ? C’était quand même loin d’être simple ! Il n’avait aucune idée en tête pour réussir à combattre ce monstre ! Et surtout à le tuer ! Car il ne fallait pas espérer juste le blesser et s’en sortir en s’enfuyant. Non, loin de là même. C’était une idée stupide.

« Pour l’heure, on va surtout étudier comment il attaque. » dit Manelena.

« Vous pensez vraiment que je suis aussi simple ?! »

« Non mais je sais parfaitement que tu ne contrôles pas ta colère et ta force à cause de Tery. » répliqua Manelena, nullement effrayée par l’imposante créature.
Comment est-ce qu’elle faisait ça ? Il aimerait bien le savoir. Enfin, comment elle y arrivait surtout. C’était vraiment étonnant. Mais en regardant mieux, il remarquait qu’elle avait un peu de sueur froide qui s’écoulait de son front.

« Manelena, ne t’en fait pas, hein ? »

« M’en faire pour quelle raison ? Tu crois que je m’inquiète ? C’est juste que nous affrontons un monstre légendaire, rien de plus. »

« Je comprends, je comprends ce que tu veux dire, Manelena. » dit le jeune homme aux cheveux bruns, un peu anxieux.


Ca parle, ça parle mais pour l’instant, rien n’avance. Il n’était pas très sûr de la démarche à suivre. Difficile de se faire une idée. Ah … ah … ah … Puis bon, maintenant, il était accompagné. Mais se battre sur la glace ne serait pas simple. Il fallait faire attention à ne pas glisser sinon, ça risquait de faire très très mal. Pfiou … Pourquoi est-ce qu’il pensait de façon aussi absurde ? C’était vraiment stupide de sa part.

Chapitre 33 : Le Léviathan des Abysses

ShiroiRyu
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Chapitre 33 : Le Léviathan des Abysses

« Comment est-ce qu’en une seule journée, tout a pu autant changer ? »

« Bienvenue sur la mer. » répond Royan à Elen alors que celle-ci se trouve à côté de Tery. Le jeune homme est plus que nauséeux, une main sur la bouche pour se retenir de vomir. Malgré tout ce qu’elle avait fait, le résultat risquait d’être plus que déplorable.

« Ca n’explique pas comment une tempête peut s’abattre de la sorte ? »

Et pas qu’une petite tempête. Ils sont trempés jusqu’aux os ! C’est tout simplement monstrueux et impressionnant ! Comment est-ce que les habitants de Traslord font pour réussir à tenir le coup ? Elle-même a un petit haut le cœur par rapport à ça.

« Le Léviathan des Abysses est plus proche que nous le pensons, voilà tout. » dit une nouvelle fois Royan en réponse à Elen.

Tery cherche à regarder les autres personnes. Il y a quelques soldats, quelques marins mais surtout Manelena, Clari et Elise. Les trois femmes ont l’air d’aller bien et même Elise se porte mieux que lui. Qu’est-ce qu’il a honte …

« Ne me regardez pas, j’ai vraiment une sale mine. »

« Mais non, mais non, Tery. Ce n’est pas si important et grave. On n’y peut rien si ton ventre ne sait pas apprécier les vagues et la mer. »

Elen pose une main sur le ventre du jeune homme, cherchant à le masser alors qu’il gémit de douleur. Non non ! Qu’elle ne fasse rien du tout ! C’était bien mieux ! Il se sentirait bien mieux si elle ne faisait rien du tout ! Car là, il n’était pas en bonne forme.

« Mais laisses-moi m’occuper de toi, non ? »

« Je ne préfères pas pour tout te dire. C’est mieux que je reste allongé ou alors penché, ça sera bien mieux, oui. Oh … j’ai la tête qui tourne. »

Il se tenait fermement au bateau pour ne pas tomber. Vraiment, c’était horrible ! PLUS QU’HORRIBLE MÊME ! Comment régler ce souci ? Non, ce n’était pas le moment ! Pas du tout même ! Il commença à se tenir fermement sur ses jambes, tremblant de tout son corps alors que la sueur se mélangeait à la pluie sur son front.

« Si je me tiens comme ça, je devrais pouvoir résister à ce mal de mer. Ou alors, il suffit juste que je ne regarde pas la mer et ça devrait passer. »

« Mais sinon, l’eau est normalement capable de soulager l’âme d’une personne. » dit Royan.

« C’est joli ce que vous dites, prince Royan. »
L’adolescent hausse les épaules, se tournant vers Clari en croyant que c’était elle qui venait de dire là. La femme aux cheveux blonds fait un signe négatif de la main, montrant Elise. Hum … si c’est elle, il est déjà bien plus sûr de la sincérité des paroles entendues.

« Ca n’avait pas pour but de l’être mais merci quand même. »

« De rien, je le pense vraiment. OH ! J’ai la tête qui tourne. »

Elise émet un petit rire en posant une main sur son front. Contrairement à cette nuit, elle allait beaucoup mieux. Il suffisait de rester avec eux pour ça. Même si des fois, elle devait avouer qu’elle avait un peu peur.

« Royan ? Nous sommes bientôt arrivés, non ? » dit Clari en se plaçant à côté de l’adolescent. Celui-ci hoche positivement la tête, murmurant :

« Mais je pense qu’il vaut mieux peut-être qu’Elise et Tery restent cachés au départ. Nous ne savons pas sa réaction par rapport à tout cela. »

« Je crois que tu t’inquiètes inutilement. » déclara Clari en rigolant légèrement devant l’air soucieux de l’adolescent. Elle sait qu’il ne plaisantait pas mais bon … S’il commençait à faire la tête pour tout ça, ça n’allait pas vraiment le faire non plus.
« Beuuuuuuuuah ! »

Un cri leur fait détourner le regard de l’océan. Tery venait tout simplement de vomir au sol, recrachant le peu qu’il avait mangé ce matin. Ce n’était pas beau à voir, loin de là. Surtout qu’il ne s’était pas privé pour vomir sur Elen. Celle-ci pourtant, ne semblait pas être dérangée outre mesure par tout ça. Pour elle, ce n’était pas bien grave, loin de là.

« Je crois qu’il va falloir vraiment que Tery reste couché pendant toute la durée du voyage. »

« Dé … désolé Elen, je veux voir le Léviathan aussi. »

« Non et non. Je vais le ramener dans son lit. Ca sera bien mieux. Elise, tu ferais bien de faire pareil dans ta chambre. »

Elen soulève Tery, n’étant guère gênée par le vomi sur son armure et sa tenue avant d’emmener le jeune homme jusqu’à leur chambre. Là-bas, elle prend une bassine d’eau ainsi qu’un gant de toilette, venant éponger le visage de Tery.

« Au moins, tu ne t’es pas vomi dessus. »

« Je suis vraiment, désolé … vraiment. »

« Hum, je vais devoir me laver, Tery. Tu m’as sali mes vêtements. Heureusement, j’en ai en rechange mais il va falloir que je les nettoie. Pour l’armure, ce n’est pas un problème, ça partira rapidement. »

Il reste couché sur le lit alors qu’elle se lève. Qu’est-ce qu’elle fait ? Il la voit en train de retirer son armure, restant rien qu’avec son justaucorps. C’est vrai qu’il y a une étrange baignoire faite de glace dans un coin de la pièce. Et aussi des tuyaux qui laissent s’échapper de l’eau chaude et froide. Traslord est vraiment un royaume surprenant par rapport à l’utilisation que les citoyens font de l’eau.

« Ca ne te dérange pas trop si je me laves ici, n’est-ce pas ? »

Elle posait une question qui le fit rougir aussitôt. Malgré son mal de ventre, il avait pourtant les idées bien claires alors qu’Elen avait déjà descendu les bretelles de son justaucorps. Ça lui rappelait une scène d’avant, celle où elle s’était montrée très entreprenante.

« Je … je ne crois pas, Elen. »

« Et puis bon, nous sommes ensembles, tous les deux. Je n’ai aucune honte à ça. »

Lui non plus, lui non plus. Enfin, il croyait. Mais là, c’est quand même bien différent. Elen lui tourne le dos mais elle … elle est vraiment nue. Il la voit plonger dans l’eau et aussitôt, il n’y a plus rien de visible. Cette baignoire de glace est …

« Aaaaaaaaaaaaaah … qu’est-ce que ça fait du bien. Je crois que je vais continuer de vivre à Traslord après qu’on en ait terminé avec tout ça, Tery. Rien que pour ce genre de moments. »

C’est … plutôt gênant. Très gênant même. Il voyait juste les épaules nues de la jeune femme ainsi que son visage mais il ne pouvait pas s’empêcher de s’imaginer bien plus que ça. Elle tourna son visage vers lui, un fin sourire aux lèvres :

« Si tu allais mieux, nous aurions put … »

« Non, non et non ! C’est beaucoup trop rapide ! Ooooh ! »

Avant de s’exciter, il ferait bien mieux de se reposer. Une main sur son front, il ferma les yeux alors qu’il entendait l’eau qui s’écoulait du corps d’Elen, celle-ci s’étant levée de la baignoire. Elle demanda avec inquiétude :

« Ça ne va vraiment pas, Tery ? »

« Ne te présentes surtout pas dans cette tenue, Elen ! S’il te plaît ! Je vais assez mal ! »

« Et tu crois que … me voir… enfin, oui, c’est vraiment difficile. »

Elle replongea dans l’eau. Pendant une quinzaine de minutes, elle discutait avec lui pour lui faire la conversation alors qu’il gardait les yeux fermés, ne faisant que parler. Puis finalement, elle quitta l’eau de la baignoire, récupérant de quoi se sécher, s’enroulant à l’intérieur avant de s’approcher de lui.

« Mon amour est souffrant, plus que souffrant. »

Elle lui murmurait d’ouvrir les yeux tout en l’embrassant faiblement. Il s’exécuta, ses yeux verts se posant sur la serviette bleue ciel enroulant le corps d’Elen. Elle était magnifique avec ses cheveux blonds et les deux mèches qu’elle commençait à faire pousser. Elle avait encore les cheveux trempés mais … oh ? Elle avait un décolleté fait avec la serviette. Vraiment, elle était plus petite que lui mais … sur ce point, elle rivalisait avec Manelena et Clari. Mais il ne devait pas regarder ça ! Il souffla à Elen de le laisser se reposer pendant qu’elle irait voir le Léviathan des Abysses, voilà tout. Elle l’embrassa une nouvelle fois puis se rhabilla. Elle vérifia une dernière fois qu’il allait bien avant de quitter la chambre. C’est vrai, elle ne devait pas trop se presser. Et puis, c’était plus compliqué que ça.

Elle retourna auprès des autres, remarquant qu’Elise n’était pas là. Royan lui dit qu’elle avait été se reposer. Ainsi, les deux « démons » n’étaient pas présents, c’est bien ça ? Elle n’aimait pas le terme de démon pour parler de Tery, pas du tout même.

« Hum … La tempête est beaucoup plus forte qu’auparavant. »

Royan fit cette remarque alors qu’il était vrai que le bateau tanguait dangereusement. Heureusement pour elle, Elen se sentait maintenant bien mieux sinon, elle aurait fini dans le même état que Tery depuis longtemps.

« Et qu’allons-nous faire ? Est-ce que Manelena va poser problème ? »

« Et pourquoi est-ce que je poserai un problème, Elen ? » dit la femme aux cheveux argentés, une partie d’entre eux cachant son visage à cause du vent.

« A cause de tes lignes d’Alzar, voilà tout. Arrête de m’agresser à chaque fois comme tu le fais avec Tery, c’est fatiguant à la longue. »

« Alors, arrêtes avec tes sous-entendus et exprimes toi clairement la prochaine fois, ça sera bien mieux si tu veux tenter de discuter. »

« Ne commencez pas à vous disputer pour Tery. » dit Clari, les deux femmes se tournant vers elle mais aussitôt, avant même qu’elles ne puissent répondre, Royant reprit :

« Hors de question de vous compliquez la vie, toutes les trois. Nous avons besoin que vous soyez calmes pour le Léviathan. »

« Lavon, d’ailleurs. Je me rappelle qu’il a un nom. Ça peut nous être utiles pour débuter une conversation. Qu’au moins, on sait à qui on s’adresse, non ? »

Elle marquait un point et elle s’était calmée bien plus rapidement que Manelena. Il fallait dire que cette dernière était irritée depuis qu’ils étaient montés sur le bateau. Clari s’approcha d’elle, murmurant d’une voix douce :

« Tu ne serais pas un peu anxieuse pour Tery par hasard ? Il faut dire que voir l’homme qui n’a eu aucun mal à s’en prendre à cinq armées dans cet état, ça te fait un choc. »

« Je ne suis vraiment pas d’humeur à plaisanter, Clari. Si tu continues, tu passes par –dessus bord, compris ? J’espère que le message est bien passé et … »

« Tu n’as qu’à aller le voir non ? Tu trouves une excuse et zou ! » dit la femme aux couettes blondes, amusée par la réaction de Manelena. Celle-ci s’apprêtait à répliquer mais l’un des soldats commença à crier :

« IL Y A UNE CHOSE GIGANTESQUE QUI FLOTTE DROIT DEVANT NOUS ! »

« Lavon. » murmura l’adolescent aux cheveux bleus, fronçant les sourcils. Même si l’obscurité était normale à cause de la tempête, il était quand même possible de voir au loin grâce à la magie de la foudre et des flammes mais tout cela sous verre pour éviter les accidents stupides. On n’était jamais trop prudent.

C’était bien lui. C’était bien cette immense créature qu’ils avaient en face d’eux. Un serpent de mer gigantesque, aux écailles couleur de l’azur. Ils n’eurent pas le temps de le détailler puisque dès qu’ils l’observèrent, une voix imposante se fit entendre :

« Que me voulez-vous ? »

Tout le monde commença à se regarder, impressionné par ce qu’ils venaient d’entendre. Lavon était doté de paroles ? Capable de s’exprimer ? Non, ce n’était pas impossible puisque ce n’était pas une créature ordinaire, on parlait d’un être légendaire, un être ancestral qui s’était réveillé après plusieurs millénaires quand même.

« Qu’est-ce que l’on fait, Royan ? » demanda Elen avec lenteur.

« Je vais tenter de communiquer avec lui si c’est possible. Peut-être qu’il m’écoutera. »

« Fais quand même attention hein ? »

Il hocha la tête positivement. Il n’avait pas vraiment le choix de toute façon. C’était ça ou alors, il risquait d’avoir de gros problèmes si Lavon se montrait plus agressif que prévu. Il fallait quand même espérer que ça ne soit pas le cas.

« Lavon ? Le Léviathan des Abysses ? Je suis … »

« De sang royal. » coupa la monstrueuse créature, commençant à nager à toute allure vers le bateau avant de s’arrêter à quelques mètres. Autour de Lavon, de nombreux icebergs étaient présents, crées visiblement par lui. Il y avait même de longues plaques verglacées et enneigées sur lesquelles il serait possible de marchr.

« Je … oui. Je m’appelle … »

« Royan. Je connais le nom des héritiers de cette lignée. Bien que je ne fus pas réveillé pendant des millénaires, cela ne veut pas dire que je n’ai pas une vue sur Traslord et ce qui se passe à l’intérieur. Des détails peuvent m’échapper mais ce n’est pas un problème. »

L’adolescent resta muet, n’étant pas habitué à ce que l’on lui coupe la parole de cette manière. Et puis, voir le Léviathan des Abysses juste à quelques mètres de lui, avec son long corps qui devait faire bien plusieurs dizaines de mètres …

« Il est quand même sacrément grand et impressionnant. »
Clari avait dit cela, sans rien. Ce n’était d’ailleurs pas le moment de plaisanter. Elle n’était pas d’humeur à cela. Surtout que le Léviathan était au moins deux fois plus grand que le navire du prince. Ils étaient peut-être cinq cents personnes dessus mais par rapport à ce monstre colossal, ils semblaient si ridicules et petits. Si chétifs … si faibles … si risibles. Mais au moins, Lavon n’était pas belliqueux.

« Je vois des porteuses des lignes de Zélisia. Mais aussi de l’une des lignes d’Alzar ? »
Lavon regarda les trois femmes dont celle masquée. Néanmoins, ses yeux globuleux et noirs, d’au moins la taille d’une tête humaine se fixèrent sur Elen. Celle-ci tressaillit, surprise de l’intérêt de la créature sur elle.

« Ton odeur me rappelle quelqu’un … mais je ne sais pas qui. »

« Je m’appelle Elen et je suis une porteuse des lignes de Zélisia. Je … » bredouilla la femme masquée, ne sachant pas réellement quoi dire face à une telle créature.

« Zélisia … et Alzar. Cela remonte à tellement de temps. Ces deux divinités qui s’affrontent sans cesse et qui pourtant sont proches, très proches. »

« Ah bon ? » dit Clari, relativement intéressée maintenant alors que le Léviathan des Abysses s’approche du bateau, créant toujours plus de glace autour de lui.

« Il est rare de rencontre autant de personnes spéciales en un seul et même endroit. Je pense donc que vous êtes venus pour me rencontrer, n’est-ce pas ? »

« C’est au sujet des médaillons. Nous avons appris que toutes les créatures ancestrales se sont réveillées mais comme vous pouvez le voir, on est accompagné du prince de Traslord. On pensait alors que cela serait bien plus simple de parler avec vous. » reprit Elen alors que Manelena restait étrangement muette et calme.

« Le sang d’une personne n’a aucune importance par rapport à ce que je pense d’elle. Qu’il soit de sang royal ou un simple paysan m’importe peu. Je l’ai signalé mais je n’y tiens guère. Néanmoins, oui, il semblerait que les quinze médaillons ont été réunis et nous ont alors sortis de notre sommeil ancestral. »

« Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? » demanda Elen, semblant être maintenant celle qui allait mener la conversation jusqu’au bout visiblement.

« Cela dépend de la personne qui possède ces médaillons. Si elle sait comment les utiliser à des fins mauvaises ou bonnes, cela peut tout changer. »

« Dites … je voulais vous poser une question au sujet des Démons. »

Aussitôt, après avoir entendu ce mot, le Léviathan se redresse, montrant par là sa taille immense alors que sa voix se fait bien plus forte :

« Qu’est-ce que tu veux savoir sur les Démons ?! Ils sont revenus ?! »

« Sujet sensible. » murmura Manelena, croisant les bras alors qu’Elen bafouillait :

« Juste savoir ce qu’ils sont exactement. Rien de plus. Je … voulais juste me renseigner. Vous semblez bien les connaître ? »

« Ces abominations ? Qui ne les connaîtrait pas ? La pire création d’Alzar ! L’erreur la plus stupide provenant de lui ! Comment est-ce qu’il a pu imaginer de tels êtres ? »

Le portait semblait loin d’être élogieux, très très loin même. Elen ne savait plus où se mettre, ne pouvant décemment pas parler de Tery maintenant. Mais alors comment faire ? Difficile, c’est vraiment très difficile même de discuter dans de telles conditions.

« J’aimerai savoir. Est-ce qu’ils sont tous mauvais ? Est-ce qu’ils se trouvent dans notre monde ? J’aimerai tout apprendre à leur sujet. »

« Ca se pourrait qu’ils soient dans notre monde, ça ne m’étonnerait guère. Si je suis réveillé, les autres doivent l’être aussi. Ainsi, nous devons nous préparer au pire. » répond Lavon avec lenteur alors que la femme masquée dégluti. Se préparer au pire ? A cause de Tery ?

« Qu’est-ce qui se passe ici ? »

Tery était sorti de la chambre, mettant une main sur son ventre, l’autre devant sa bouche. Il se sentait mal mais ça allait un peu mieux. Il avait à peine dormi mais il fallait dire qu’avec de telles secousses, il n’avait pas vraiment eu le choix malheureusement.

« Tery ? Rentre vite dans la cabine ! »

Elen courut vers lui pour le prendre par le bras et le tirer avec elle. Elle préférait éviter que le Léviathan des Abysses ne le voie. Elle ne savait pas du tout quelle serait la réaction de Lavon si celui-ci remarquait Tery. Mais surtout, elle ne voulait pas le savoir.

« Pourquoi est-ce que le bateau a tremblé comme ça ? »

Voilà maintenant Elise qui se présentait aussi à eux. Ce n’était pas bon signe, pas du tout même. Il fallait faire quelque chose avant qu’il ne soit trop tard mais quoi ? QUOI ? C’était ça le souci ! Elle ne savait pas du tout quoi faire maintenant !

« Démons ? Qu’est-ce que des Démons font ici ?! »

Des vagues de plusieurs mètres de hauteur commencèrent à se former en même temps que le corps du Léviathan des Abysses était en train de bouger. Tery comme tout le reste furent recouverts par l’eau, tombant à la renverse.

« Dire que je voulais le cacher mais … c’est trop tard. »

« LE CACHER ?! DES DEMONS ?! COMMENT EST-CE QU’UNE ADEPTE DE ZELISIA PEUT PERMETTRE CELA ?! LA PORTE NE SERA PAS OUVERTE ! »

« De quelle porte est-ce qu’il parle ? » murmura Manelena, se redressant.

« Il a l’air plutôt en colère, là. »

Clari fit la remarque alors qu’il n’était pas bien difficile de le remarquer. Oui, il était en colère et furax mais comment faire pour le calmer ? Surtout que maintenant, Tery et Elise étaient bien présents, impossible de les cacher.

Chapitre 32 : Que la tempête s’abatte

ShiroiRyu
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Chapitre 32 : Que la tempête s’abatte

« Non, non et non ! »

« Tery, ne fais pas l’enfant ! » s’écria Elen alors que le jeune s’accrochait à un poteau fait entièrement de glace. C’est vrai que le spectacle pouvait paraître ridicule, Elen tirant de toutes ses forces alors que le jeune homme ne bougeait pas d’un pli.

« Je ne veux pas ! J’ai eu ma dose pour l’année à venir ! »

« Se comporter de la sorte car tu n’aimes pas le bateau. Tu me déçois, Tery. »

Qu’il déçoive Elen, il s’en fichait éperdument ! Il était déjà monté sur un bateau récemment et plus il s’éloignait d’eux, mieux il se portait ! Manelena émit un grognement, commençant à s’approcher tout en disant :

« Pousses-toi. Tu es trop gentille avec moi, je vais te montrer comment on s’en … »

« Non ! C’est mon problème ! Je sais exactement ce que je dois faire ! »

Puisqu’elle ne pouvait pas utiliser la force, elle allait alors utiliser la douceur. Elle s’approche de Tery, passant ses bras autour de son ventre avant de se coller contre son dos. Elle murmura dans son oreille :

« Tery, si tu ne veux pas partir avec nous, tu seras laissé seul en arrière. »

« Ca ne fait rien, je peux bien attendre sans que ça ne me dérange. Ca ne me dérange pas du tout même. Loin de là même ! »

« Et donc, je devrais dormir toute seule, c’est ça ? J’aurai vraiment très froid. Traslord n’est pas vraiment un royaume très recommandé pour sa chaleur. »

Il commença à trembler en se doutant parfaitement de quoi elle parlait. Difficile d’ignorer le message caché derrière ses paroles. Et puis, c’est vrai qu’il ne verrait plus Elen et bon … Enfin, c’était peut-être une mauvaise idée que de rester ici. Il commença à serrer de moins en moins fort le poteau, Elen s’écriant :

« AH ! ENFIN ! TIENS, CA T’APPRENDRA ! »

Elle recommence à tirer avec ses lignes de Zélisia en renfort. Aussitôt, le corps de Tery tombe sur elle alors qu’elle s’écroule au sol. Rapidement, la femme enserre les jambes de Tery avec les siennes puis ses cuisses.

« Tu ne m’échapperas pas cette fois ! »

« Vous avez l’air ridicules, tous les deux. » soupira le prince alors qu’il était vrai que ce genre de spectacle n’était vraiment pas très glorieux.

« Je veux juste être sûre qu’il nous accompagne là-bas, c’est tout. Hors de question de le laisser en retrait ! Je refuse ça ! »

« Aie, aie, aie ! C’est bon, Elen ! C’est bon ! J’ai compris le message ! »

Depuis quand est-ce qu’elle utilisait ses lignes pour obtenir ce qu’elle désirait ? Puis bon, il n’avait pas vraiment mal, juste surpris. Elle le libéra et il vint l’aider à se relever. Pfiou … quand même. En arriver à ses extrémités, c’était un peu aberrant et stupide, Mais bon, il savait qu’Elen ne voulait pas le laisser seul. Et lui non plus, c’était réciproque.

« Tu en es certain ? Tu vas prendre le bateau avec nous ? »

« Je suis bien obligé non ? Et si je me sens mal ? »

« Je m’occuperai de toi, comme d’habitude, va. »

Proposition très alléchante. Il se surprit à rougir bêtement en pensant aux soins de la jeune femme masquée. Vraiment, d’ailleurs, ce masque, il commençait à ne plus le supporter. Depuis cet incendie dans l’orphelinat mais surtout le premier baiser entre eux deux, elle s’était bien plus ouverte aux autres. Ce masque était irritant.

« Qu’est-ce que tu fais donc ? »

Il remarqua qu’il avait posé sa main sur le masque d’Elen. Ohla ! Il allait commettre une bêtise ou presque, là ! Qu’il fasse quand même attention ! Il aurait presque commis une lourde erreur ! Il bredouilla :

« Rien, rien, un petit coup de barre. Je me retenais à la première chose qui était sous ma main, c’est tout, Elen. »

C’était une excuse pitoyable mais visiblement, elle s’en contenta puisqu’elle hocha la tête. Tout le petit groupe se dirigea maintenant vers un navire et non pas un bateau. Question de principe puisque cette fois-ci, la venue du prince était annoncée et donc, hors de question de laisser ce dernier seul sans surveillance.

« Comme si nous avions besoin de gardes du corps. »

Manelena marmonnait cela avec réticence, Royan haussant les épaules tandis qu’Elise clignait des yeux. C’est sûr qu’elle ne devait pas avoir l’habitude de tout ça. Mais elle murmura d’une voix lente :

« Nous allons monter sur un bateau  Je ne suis pas vraiment sereine avec ça. »

« Vous avez aussi le mal de mer ? Puisqu’Elen s’occupera de Tery, je vais faire de même avec vous et ma méthode pour passer outre le mal de mer. »

« Merci beaucoup, prince Royan. Vous êtes bien plus gentil qu’en apparence. » répondit Elise en rigolant légèrement.

« Je ne fais qu’aider ceux qui m’entourent, rien d’autre. Il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. » dit l’adolescent aux cheveux bleus en haussant les épaules.

« Si vous avez du temps à perdre pour parler, dépêchez-vous alors, moi, je n’en ai pas. »

Manelena était toujours aussi grognonne alors que le reste du groupe la suivait. Nul besoin de se cacher, sauf pour le prince qui préférait ne pas faire d’émules en public. Oui, il était de retour mais de là à se montrer à tous … cela serait problématique.

La petite troupe vint monter sur le navire de guerre que les ministres avaient affrété pour eux. Autant dire qu’il était imposant, plus qu’imposant et qu’ils auraient même des chambres individuelles si nécessaire mais bon, Elen avait déclaré qu’ils n’ont besoin que d’une chambre pour eux deux.

« Je pense que ça ne dérange pas quelqu’un. »

« Vous faites ce que vous voulez mais indiquez votre chambre que je ne prenne pas celle à côté. » rétorqua Manelena avec lenteur.

« Désolé, désolé … on fera attention, Manelena. »

« … Tu te moques de moi ou je rêve ? »

Hein ? Mais non, mais non ! Comme s’il avait que ça à faire ! Il ne se vantait pas ! Pas du tout même ! Si ça dérangeait Manelena, il préférait alors éviter les problèmes, c’est tout. Question de sécurité car il sait que Manelena n’aimait pas ça.

« Pas vraiment, Manelena. Tu pourrais le remercier qu’il se soucie de toi, ce n’est pas mon cas. Et oui. » disait calmement Elen en réponse aux propos de Manelena.

« Aucune dispute entre vous. »

C’est l’adolescent qui avait maintenant pris la parole. Il en avait assez de leur affrontement permanent entre les deux femmes. La faute à Tery aussi qui ne faisait rien pour arranger cela. Mais bon, les paroles semblèrent faire leurs effets puisqu’ils se calmèrent tous, surtout les deux femmes. Elise observa la situation en clignant des yeux.

« Vraiment, il suffit juste que le prince parle pour que vous obéissiez. »

« C’est un petit monarque, il ne faut pas l’oublier ! »

Clari eut un grand sourire aux lèvres avant de caresser le sommet du crâne de l’adolescent. Celui-ci émit un petit grognement mais se laissa faire, Elise disant à nouveau :

« Et le prince est contrôlé par mademoiselle Clari, c’est étrange. »

« Je rêve ou elle est en train de faire un ordre de grandeur entre nous tous ? » déclara Manelena, étonnée et un peu énervée.

« Désolée, je ne voulais pas vous causer de problèmes. C’est juste que c’est étonnant que le prince Royan écoute mademoiselle Clari mais que vous trois, vous écoutez le prince. »

« Personne n’écoute personne, sauf quand ça s’avère normal et ou nécessaire. » dit tout simplement Tery en haussant les épaules.
Quelle drôle d’idée de la part d’Elise mais en un sens, c’était partiellement vrai. Comme Royan était le plus calme et stoïque d’eux cinq, c’était normal de l’écouter lorsqu’il parlait. On pouvait être généralement sûr que ce n’était pas pour dire une bêtise, contrairement à Clari où il valait mieux se boucher les oreilles.
Les minutes s’écoulèrent et finalement le navire vogua, le groupe quittant la terre ferme. Aussitôt, Tery posa une main sur sa bouche, se sentant nauséeux. Il fallait s’en douter que ça ne serait pas guéri en un voyage mais là …

« Pardon, pardon ! Je dois m’occuper de Tery. Merci, merci … Poussez-vous s’il vous plaît. Alors, mon petit Tery, qu’est-ce qui ne va pas ? »

Elen avait demandé à ce qu’on lui laisse place, la femme aux cheveux blonds se penchant vers l’homme qu’elle aimait pour voir son état. Ce n’était pas vraiment très joyeux, loin de là. Elle eut pourtant un petit rire, faisant apparaître ses lignes avant de le soulever et de le prendre dans ses bras. Il poussa un petit cri de surprise, hoquetant.

« Qu’est-ce que … »

« Je vais t’emmener dans notre chambre, Tery. Interdiction de vouloir le contraire ! »

« C’est moi ou elle … est plus agressive ? » demanda Manelena alors qu’elle regardait partir la femme masquée avec Tery qui tentait de se débattre dans ses bras sans y arriver.

« Ah oui, c’est vrai que tu n’es pas au courant. Tery non plus d’ailleurs. Elen a explosé la table de la salle de Royan à cause de moi. Et d’un seul coup de poing. » répondit Clari en rigolant, un grand sourire aux lèvres.

« D’un seul coup de poing ? Elen faire ça ? Et qu’est-ce que tu as fait pour qu’elle arrive à ça ? Car je pense que tu as dû la pousser à bout. »

En fait, elle ne voulait même pas le savoir. Elle n’en avait … rien à faire, n’est-ce pas ? Elle n’en était pas certaine. Maintenant, elle avait envie de tester la force d’Elen, juste pour avoir un simple aperçu, rien d’autre. Mais Tery refuserait probablement ça et pas seulement lui, les autres aussi. Humpf !

« Je vais dans ma chambre, je vous laisse tranquilles. »

Sans attendre de réponse de la part des autres, elle s’éloigna d’eux, disparaissant dans les couloirs du navire. Clari haussa les épaules, se tournant vers Royan et Elise.

« Royan, tu sais au moins où ils nous emmènent ? »

« Normalement, oui, aucun problème de ce côté. Ils nous dirigent vers l’endroit où le Léviathan des abysses se trouvait dernièrement. »

« Espérons qu’il soit un peu social car sinon, on va avoir de gros soucis ! »

« Ma présence est-elle vraiment nécessaire ? Avec … ces cornes, je … »

« Nous avons bien Tery avec nous, cela ne cause aucun tort. » coupa l’adolescent aux cheveux bleus, ne laissant pas Elise terminer sa phrase.

« Oui mais je ne crois pas qu’il ait crée autant de dégâts et … »

« Il a réussi à se mettre les cinq armées sur le dos, à kidnapper la princesse de Shunter et à s’enfuir ensuite, vous pensez pouvoir faire mieux que lui ? »

« Ah non, non ! Ce n’est pas une question de faire mieux ou pire que lui ! Pas du tout même ! Je ne pensais pas ça de la sorte ! Pas du tout ! »

Elle tentait maintenant de s’excuser pour ses paroles mais Royan fit un petit geste de la main, montrant par-là que ce n’était pas bien grave, pas bien grave du tout même. Il reprit :

« Ne vous inquiétez pas pour vos cornes. Tery a bien réussi à se contrôler. On fera de même avec vous, il faudra bien qu’ils vous expliquent, Manelena et Tery. »

« Au sujet de Manelena, elle n’a pas l’air réticente à s’être faite enlevée par lui, non ? »

« C’est plus compliqué que ça mais dans l’idée même, c’est exact. »

« Leurs relations à eux trois ne m’a pas l’air simple. » termina de dire Elise en se grattant la joue droite, toujours aussi confuse.

Il fallait dire que tout cela n’arrangeait en rien la situation. Elle s’apprêtait à partir pour aller vers sa propre chambre, Clari demandant dans un grand sourire :

« Au passage, Royan, on a quand même plus d’informations sur le Léviathan ? Belliqueux ? Pas belliqueux ? Qu’au moins, on soit au courant. »

« Pour l’heure, à part pour répliquer, le Leviathan des Abysses ne fait que se déplacer dans l’eau sans causer de problèmes normalement. »

« D’accord, d’accord, je te fais confiance à ce sujet. Je vais dans ma cabine moi aussi. Bonne journée à tous les deux. Ne passez pas trop de temps ensemble. »
L’adolescent haussa un sourcil comme pour bien montrer qu’il ne voyait pas du tout où elle veut en venir. Laissé seul avec Elise, il remarqua que celle-ci était particulièrement gênée par le fait de rester avec lui.

« Je ne mords pas, je ne suis pas si différent d’un adolescent normal à part mon sang royal. » vint dire Royan en poussant un léger soupir.

« Oui mais désolé, c’était juste comme ça, à ce sujet. Rien de plus … enfin, je n’ai rien dit. Pardonnez-moi quand même, je ne voulais pas vous déranger de la sorte. Je crois que je vais aussi me rendre dans ma cabine. » bredouilla Elise avant de partir à toute vitesse, laissant le prince seul, celui-ci regardant l’eau devant ses yeux. Pour Elise, ce groupe était perturbant.

Mais bon, elle était sûre d’avoir fait le bon choix en acceptant de les accompagner. D’ailleurs, elle n’avait plus eu mal au crâne contrairement à ce qu’elle pensait. C’était bon … c’était vraiment une très bonne chose. Ah …
« Même le petit prince est quelqu’un de vraiment gentil. »

Elle a un petit sourire aux lèvres avant d’aller dans sa chambre. Ils sont tous bizarres mais agréables en même temps. Elle ne peut pas le nier. Elle est contente d’être là, avec eux. Enfin, c’est bien mieux que ce à quoi elle aurait pensé, hihihi !

« J’espère juste que Tery m’expliquera quand même au sujet de mes cornes. »

Elle ne sait même pas comment elles apparaissent exactement. Ce n’est pas par magie, loin de là. C’est plus problématique, elle le sait. C’est quand elle est en colère, enfin, elle croit. Elle n’en est même pas sûre. Pourquoi est-ce qu’elle ne peut pas comprendre par elle-même ? Non, ne pas s’énerver, ne pas s’énerver.

« C’est inutile de s’énerver pour des raisons aussi futiles. »

Elle se tenait la tête maintenant entre les deux mains. Elle était encore joyeuse il y avait quelques minutes ! Pourquoi avoir de mauvaises pensées maintenant ? Pourquoi ? POURQUOI ? Elle ne devait pas le faire ! Elle ne devait pas perdre le contrôle de son corps maintenant ! Ce n’était pas le moment ! Snif, snif, pour une fois depuis qu’elle avait commis cette folie, elle était heureuse. Qu’on ne lui retirait pas ça maintenant. Elle plongea dans le sommeil pour se calmer, s’endormant profondément.

« Elen, c’est moi ou tu en fais beaucoup trop dernièrement ? »

« Qu’est-ce que tu racontes donc ? Je suis normale, comme tous les jours. »

Il aimerait bien faire se faire des idées mais malheureusement, il sait que ce n’est pas le cas, pas du tout même. Une telle « agressivité » chez elle n’est pas banale. Pourtant, c’est toujours la même femme sous le masque blanc, n’est-ce pas ?

« Ca n’a pas l’air d’aller, Tery. »

« Je ne sais pas, Elen. Je ne sais pas. Tu crois qu’Elise va bien ? Je ne parle pas de son mal de mer hein ? Mais avec toute cette histoire … »

Il ne pouvait pas s’empêcher d’être un peu perturbé à ce sujet. Mais comment ne pas réagir autrement ? Il ne savait pas du tout, pas du tout, oui. Elen émit un petit ronronnement, frottant son visage contre le sien avec tendresse.

« Je t’aime tellement, Tery. »

« Moi aussi, Elen, moi aussi. » dit-il avant qu’elle ne murmure de le lui prouver. Elle tendit ses lèvres mais bizarrement, il n’y arrivait pas. Peut-être un peu trop d’amour ? Un amour qui l’étouffait plus que de raison ? Non, c’est stupide, vraiment stupide. Elen rouvrit ses yeux, le regardant avec étonnement avant de dire :

« Tu ne veux pas m’embrasser, Tery ? Est-ce que les paroles de Clari étaient vraies ? »

« Quelles paroles ? Qu’est-ce qu’elle a raconté encore ? »

« Rien de spécial. Rien du tout, ce n’est pas important. Je veux juste que tu m’aimes, c’est tout. Je pensais que c’était la meilleure façon de le montrer. »

Il y en avait des autres, beaucoup d’autres même. C’est juste qu’il avait l’impression que pour elle, il n’y avait que cela qui comptait. Enfin, ce n’est pas totalement vrai, ce n’est pas totalement faux non. C’est compliqué.

« Je me sens pas en pleine forme, Elen. Je vais me reposer. »

« Comme tu veux, Tery, comme tu veux. »

Elle ne se privait pas pour se réfugier dans ses bras, ces derniers autour d’elle alors qu’il fermait déjà les dieux. Ah bon sang … quand même, il n’avait pas envie de se priver d’Elen mais en même temps, vu comme elle exagérait de nombreuses fois, c’était peut-être mieux de calmer le jeu et toutes ces choses.

« Je peux quand même dormir avec toi hein ? Tu m’y autorises ? »

« Je n’ai pas besoin de te donner mon autorisation pour ça, Elen. Dormons ensemble. Mais les prochains jours risquent d’être ennuyeux, je te préviens. »

Elle n’en avait pas grand-chose à faire. Tout ce qui importait, c’était de passer du temps avec Tery, rien de plus. Elle ronronna contre elle, alors que Tery caressait ses cheveux blonds. Comme elle avait retiré son masque, ce n’était pas bien difficile de passer quelques fois ses doigts sur ses joues.

« Qu’est-ce qu’il y a, Tery ? Tu fais quoi là ? »

« Rien du tout … rien du tout. Tu as juste une peau vraiment douce. »

« Tu sais, je me fais belle tous les jours hein ? Je me demande d’ailleurs pour qui est-ce que je le fais, est-ce que tu as une idée ? »

Il ne répondait pas. Il connaissait parfaitement ce qu’elle voulait dire, il ne fallait pas être devin non plus. Mais pourtant, il la laissa faire, cherchant à plonger dans un sommeil réparateur. Il avait l’impression que chaque journée se déroulait de la sorte. Il se montrait distant avec Elen mais rien ne changeait.

« Tu dors, Tery ? Si c’est le cas, bonne nuit. »

Non, il faisait pour de semblant, bien entendu. Encore une fois, il ne répondait pas ou presque. Il souffla juste une bonne nuit à Elen, plongeant dans le sommeil quelques minutes plus tard. Grâce au remède d’Elen, il savait qu’il n’aurait aucun mal de mer pour au moins la journée de demain. Mais ce Léviathan des Abysses, il se demandait à quoi il ressemblait en vrai. Et puis, sa taille aussi. Léviathan, ça faisait penser à un gigantesque monstre.

Chapitre 31 : Enervée

ShiroiRyu
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Chapitre 31 : Enervée

« Quelques jours suffisent et nous voilà dans un palais royal. »

C’était la première remarque de Tery alors qu’ils se trouvaient maintenant dans l’endroit où Royan, pendant des années, avait trôné. C’est vrai. Une bonne semaine était passée et il était plus que satisfait d’Elise. Toute cette semaine, elle n’avait eu aucun problème, chose qui avait étonné en premier la jeune femme aux cheveux auburn.

« Pas si mal que ça la décoration d’un palais de Traslord. »

Clari fit une petite remarque anodine alors que le jeune homme haussait les épaules. Ils étaient tous les cinq réunis au même endroit, le prince ayant besoin de quitter la salle pour être seul. Clari avait voulu poser une question mais devant le regard de l’adolescent, elle-même avait préféré se taire, laissant Royan tranquille.

« Combien de temps est-ce que nous allons rester là ? »

« Je ne sais pas du tout, Elen. » répondit Tery à la jeune femme masquée de blanc.

« Quand même, je n’aime pas vraiment le regard des soldats sur nous. » reprend Elen alors que Tery fait un geste négatif de la main.

« Nous ne sommes pas la bienvenue, moi, Manelena et Elise, c’est normal. Il y a même des chances que nous devions nous en aller de ce palais. Il ne faudrait pas que Royan ait des problèmes à cause de nous non plus. »

« Il est hors de question que tu partes d’ici. Si c’est le cas, on te suivra. »

Non, elle ne fera rien du tout. Qu’elle le veuille ou non. Il ne faut pas non plus exagérer hein ? Ça ne sert à rien de créer plus d’ennuis si on peut régler ça calmement. Enfin, de façon plus posée. Mais bon, il est un peu content qu’Elen s’emporte de la sorte. Ces derniers temps, il la trouve un peu … distante.

Donc bon, savoir qu’elle réagit encore un peu de la sorte par rapport à lui lui fait un peu plaisir quand même, il faut le reconnaître. Mais bon, c’est peut-être juste lui qui se fait des idées depuis quelques temps ? Surement ça. Elen l’adore et c’est réciproque, plus que réciproque même. Hahaha … Non, il n’y avait pas de quoi rire.


Il fallait juste attendre que le prince revienne mais il restait anxieux à cause de toute cette histoire. Enfin, il n’était pas tellement rassuré par ce qui se passait autour de lui. Pfiou ! Compliqué, compliqué, compliqué ! Il s’étira longuement, mettant une main sur sa bouche avant de se lever. Aussitôt, un garde cria :

« Veuillez ne pas quitter cette place sans la permission du prince. Même si vous êtes ses invités, vous restez des personnes recherchées dans les cinq royaumes ! »

« D’accord, d’accord. Je ne veux pas lui créer d’ennuis. »

Il retourna s’asseoir sans un mot, se disant que oui, il n’était pas très apprécié dans cet endroit. M’enfin bon, ce n’était pas pour arranger la chose visiblement. Bon, qu’est-ce que Royan faisait ? Il en mettait du temps non ? Finalement, le prince arriva au bout d’une dizaine de minutes, les gardes faisant le salut impérial après son passage.

« Alors ? Royan ? Comment ça se passe ? »

« J’ai quelques nouvelles au sujet du Léviathan mais rien de bien concret. De même, je suis désolé, vraiment, Manelena et Tery, mais il va falloir que vous vous éloigniez de moi … pour le moment. Quand je ne serai plus enchaîné par mes obligations et surtout une sécurité bien trop grande, ça se passera mieux. »

« Pourquoi est-ce que … je ne suis pas aussi problématique ? »

« Car nul ne sait réellement ce que vous êtes. » dit calmement Royan, s’adressant à Elise, celle-ci baissant la tête en voyant le regard perçant de la part de l’adolescent.

« Je vais rester avec Tery au cas où ! Et ensuite, je … »

« Mademoiselle Elen, je vais avoir besoin de vous pour prouver que je suis en bonne santé et en sécurité. De même, pour aussi raconter votre version de tout ce qui s’est passé. »

« Hein ? Mais je ne peux pas permettre ça, je suis désolée mais non. Il faut que je reste avec Tery et ensuite, je … »

« Allons, Elen, la dernière fois, ce n’était pas aussi dramatique non plus. On ne va pas compliquer les choses en parlant comme ça non ? »

« Mais mais mais … »

Après tout ce qu’elle avait fait, c’était comme ça qu’elle était récompensée ? Tery s’approcha de Royan, celui-ci recréant les mêmes petites statuettes que la dernière fois avant que Manelena et le jeune homme aux cheveux bruns ne quitte la pièce. Quelques secondes plus tard, Clari vint dire en rigolant :

« Ahlala, je me demande quand même qu’est-ce qu’ils vont faire tous les deux. Peut-être qu’ils ont un secret bien à eux ? »

Un fracas des plus terribles se fit entendre, la table de glace se brisant en morceaux alors que tous reculaient. Elen se releva de sa chaise, disant :

« Royan, je veux bien t’accompagner. Plus vite on s’expliquera, plus vite on partira. »
« D’a… ccord. »

Même le prince était sous le choc alors que Clari s’approchait d’Elen, posant une main sur son épaule avant de dire :

« Tu sais, Elen, je rigolais, je pensais pas … »

« NE ME TOUCHES PAS ! » hurla la femme masquée de blanc, repoussant violemment celle à la même couleur de cheveux avant de bafouiller : « AH ! Pardon ! Je ne voulais pas … je … je … Royan ! Allons-y ! »

Elle quitta la salle en premier, sous le regard interloqué des personnes présentes alors que Royan se tournait vers Elise.

« Normalement, elle n’est pas ainsi, vous avez pu le remarquer, mademoiselle Elise. »

« Elle semble juste un peu … soucieuse, je crois. »

Royan hocha la tête avant de quitter la pièce à son tour. Tout cela semblait bien plus compliqué qu’on pouvait le croire. Mais pourtant, Elen avait bien eut ce geste malheureux. La preuve restait les morceaux de la table de glace.

« Je préfère en rire plutôt qu’en pleurer mais quand même … se mettre dans cet état, ce n’est pas normal pour elle. Pas du tout même. »

« Je pense qu’il ne faut pas se moquer des sentiments des personnes. »

Elise avait déclaré cela en s’adressant à la jeune femme aux couettes blondes, celle-ci haussant les épaules avant de répondre calmement :

« Ce n’est pas bien grave. Elle s’en remettra et puis de toute façon, ça sera bien plus facile pour se faire pardonner ensuite. »

Si c’était aussi simple que ça, elle avait l’impression que Clari ne comprenait pas vraiment la situation. Et puis voir Elen réagir de la sorte, c’est étonnant quand même. Enfin, d’après ce qu’elle connaissait depuis quelques jours, rien de plus.

« Pardon, Royan. Je ne sais pas comment je vais réparer cette table. »

« Ce n’est pas bien grave. Etant faite de glace et servant plus de décoration qu’autre chose, il est facile d’en refaire une exactement pareil. »

« Oui mais … je ne comprends pas pourquoi j’ai réagi comme ça. »

« L’agacement engendré par Clari a atteint ses limites. Maintenant, tu seras bien plus calme lorsqu’elle continuera avec cela. »

« Peut-être … mais qu’est-ce que je dois faire exactement ? Parler à vos ministres et autres ? »

« Leur expliquer qu’il n’y a rien eu de dangereux ou presque, que je suis en sécurité avec vous tous et que le cas de Tery et Manelena est plus difficile à expliquer qu’en apparence. Et que bref, non, ils ne sont pas dangereux pour moi. »

« Je vais avoir du mal à expliquer cela, je ne sais pas vraiment … parler en public. Je suis désolée … mais en plus, quand on se rappelle qu’ils ont aussi les lignes d’Alzar, il est normal que Traslord et les autres royaumes pensent ça de Tery et de Manelena, Vraiment, je ne suis pas sûre que ça soit une bonne chose, loin de là. »

« Qui vivra verra. Nous ne pouvons pas abandonner avant d’avoir essayé. Je n’ai pas envie de rester ici, loin de là. »

Il venait d’utiliser la même fin de phrase qu’Elen, celle-ci le remarquant mais préféra ne pas le signaler. De toute façon, qu’est-ce que cela lui apporterait hein ? Rien du tout. Rien de rien … et Tery qui était encore en train de vagabonder avec Manelena.

« Vos soldats sont vraiment stupides. »

« Je le sais bien … même si je n’en pense pas autant que ça. Ils sont surtout très protecteurs. Je suis le dernier monarque en vie de Traslord. »

« Et est-ce que tu étais en danger lorsque tu étais avec nous ? »

« C’est l’un de mes arguments pour montrer que Manelena et Tery ne sont pas dangereux. Nous devrions y aller. Le plus vite nous nous dépêchons, plus vite tu retrouveras Tery. »

« Je suis vraiment désolée pour la table. »

« Chacun a ses sauts d’humeur. Il fallait bien que toi aussi, tu en possède. Tu n’es pas forcément une gentille fille pure et calme. Il ne faut pas que Tery l’oubli. Il faut aussi qu’il arrête de traîner autour de Manelena. Je me demande s’il comprend parfois ce qu’il fait. »

« C’est exactement ça, Royan ! Il ne comprend pas qu’il n’a pas à tourner autour de Manelena s’il m’aime ! Ce n’est pas normal ! » s’écrit la femme masquée, étonnée un peu que Royan dise ça. C’est le genre de choses auxquelles elle ne s’attendait pas.

« Ca ne veut pas dire pour autant qu’il doit toujours te tourner autour. Sans l’enchaîner, lui laisser un peu de liberté, laisser discuter avec d’autres femmes, ça ne devrait pas être un problème. Ce n’est pas comme s’il te trompait dès l’instant où il s’adresse à une autre femme, n’est-ce pas ? Ou je me trompe ? »

« Comment est-ce que tu peux connaître autant sur ce domaine ? Avoues-tout ! Tu as déjà vécu une telle situation ! »

« Hum ? Tu te trompes lourdement, mais dans le monde de la royauté et avec la noblesse autour de moi, ce genre d’affaires est plus que courant. »

« Oh … désolée. Je voulais chercher à briser la glace en disant quelque chose de peut-être embarrassant ou drôle. »

« Briser la glace, ce n’est pas la version imagée que tu as fait il y a quelques minutes. » déclara l’adolescent aux cheveux bleus.

Heureusement qu’elle portait son masque car sinon, il aurait très vite remarqué à quel point elle était embarrassé par ses paroles. Il faut dire que là, il venait de faire un trait d’humour en lui rappelant un épisode bien trop proche.

« Ce n’est pas très drôle, Royan ! »

« Je le pensais pourtant. Dépêchons-nous, les nobles et les généraux sont inquiets. »

Pff. Oui ! Qu’ils en terminent vite avec tout ça ! Maintenant, elle était plus que confuse et gênée par les propos de Royan ! Encore de la faute à cet adolescent princier ! Une bonne heure plus tard, Elen sort de la salle du trône avec Royan, poussant un profond soupir.

« Ils sont éreintants, vraiment … »

« Que veux-tu que je te dise, Elen ? Cela a toujours été ainsi la politique. »

« Ce n’est vraiment pas fait pour moi si tu veux tout savoir. Enfin bon, de toute façon, ce nest pas un vrai problème. C’est résolu non ? »

« Ils décideront dans la soirée. Pour l’heure, il faut retrouver Tery et Manelena. Normalement, ils ne peuvent pas quitter le château malgré mes statuettes. Je me demande aussi où sont Clari et Elise. Je ne les vois pas. »

« Au sujet d’Elise, j’espère que ça ne te dérange pas de l’avoir parmi nous. »

« Pas vraiment, non. Même si le feu est l’antagoniste de l’eau, je ne suis pas du genre à renier les personnes des autres éléments. »

« Je ne parlais pas vraiment de ça mais bon … Je comprends parfaitement ce que tu veux dire. Ah … Tiens ? Il y a une bibliothèque ? » demanda Elen en s’arrêtant devant une double porte avec un petit panneau écrit dessus.

« Bien entendu. Que serait un palais royal sans sa bibliothèque ? » rétorqua l’adolescent aux cheveux bleus, haussant les épaules bien que cela ne fut pas dit méchamment.

« Je me demande quand même ce que valent les livres qui s’y trouvent. »

« Et pourquoi ne pas rentrer y jeter un œil ? »

Pourquoi pas, oui ? C’est une bonne idée de la part du prince. Ils pénétrèrent tous les deux dans la salle, Elen clignant des yeux sous son masque. C’est quand même sacrément important non ? Elle ne rêve pas ?

« Il y a ces pièces dans le château ? »

« La dernière fois, tu n’as pas réellement pu visiter, je crois. »

« C’est vrai. Mais … Ah ! Mais il y a Elise et Clari. »

La femme masquée désigna du regard les deux autres femmes qui étaient assises l’une à côté de l’autre. Clari semblait montrer un livre et quelque chose du doigt à l’intérieur. Qu’est-ce qu’elles sont réellement en train de faire là ?

« Elise ? Clari ? Quoi de beau ? » dit Elen tout en s’approchant d’elles, accompagnée par Royan qui restait un peu en retrait en les regardant.

« Oh, juste qu’Elise m’a dit qu’elle n’avait jamais réellement lu de livres dans sa jeunesse donc je me suis dit qu’on allait rattraper ce retard. »

« Rattraper ce retard, tu as de drôles de façon de le rattraper, Clari. Si Elise a besoin d’informations au sujet de l’histoire de Traslord ou alors, si elle veut des livres simplement pour se divertir, elle a un vaste choix. Elle sait lire quand même ? Vous savez lire ? »

« Oui même si je n’ai pas un niveau … très élevé, je ne comprends pas forcément tout. »

« Ne vous inquiétez pas à ce sujet, tout s’apprend avec le temps. Ces livres sont à vous autant que vous le désirez pour apprendre. »

Elen regarda Royan, celui-ci restant imperturbable à toute émotion. Pourtant, elle commençait à se poser quelques questions avant de dire :

« Il faut que je retrouve Tery. Vous savez où il se trouve ? »

« Pas du tout, désolée. Nous sommes là depuis que vous êtes partis tous les deux. »

« D’accord, d’accord. Royan, si tu veux bien rester ici, je vais partir à leur recherche. »

Elle ne lui laissait pas le choix. Elle n’attendit pas la réponse de l’adolescent, quittant la pièce avant de se diriger dans les couloirs. Peut-être qu’en cherchant du côté des jardins ? Même si les jardins du palais, elle s’en rappelait, étaient un peu spéciaux.

« Tu peux me dire pourquoi nous sommes assis là, Tery ? »

« Comme ça, au moins, les gardes nous surveillent et nous ne sommes pas obligés de bouger. Pfiou … Vraiment … c’est lassant d’être considéré comme un monstre. »

« Je ne suis pas comme tel. Il n’y a que toi hein ? » répliqua la femme aux cheveux argentés alors qu’ils se trouvaient dans les jardins, assis sur un banc fait entièrement de glace bien que celui-ci n’était pas si froid que ça.

« Merci bien de me le rappeler, Manelena, très sympathique de ta part. »

« Arrête de faire la tête, ce n’était qu’une remarque anodine. Je ne suis pas mieux que toi puisque je possède les lignes d’Alzar. »

Surement, surement. Il poussa un profond soupir avant de s’étirer longuement. Il espérait que le souci avec Royan serait réglé rapidement. Ils avaient à se rendre là où se trouvait le Leviathan. Même si bien entendu, il ne savait pas trop comment est-ce que cela se passerait. Il était quand même un peu inquiet.

« Ah ! Tery ! Te voilà ! Et … Manelena. »

« Elen ? Vous avez terminé ? » demanda le jeune homme aux cheveux bruns remarquant la demoiselle masquée de blanc qui s’approchait vers lui à pas rapides. Avant même qu’il ne se relève, elle vient s’asseoir sur lui, reprenant la parole :

« Nous en avons fini, je t’avoue que c’était quand même bien ennuyeux. Je ne suis pas faite pour parler avec ces personnes. »

« Je veux bien te croire mais tu sais, me sauter dessus devant tout le monde. »

« Ca ne te dérange pas quand même, non ? »

« Hum … Un tout petit peu quand même. »

C’était gênant quoi. Il soulève correctement Elen, la mettant assise à côté de lui alors qu’elle marmonnait quelques mots pour bien montrer son mécontentement. Mais bon, maintenant, il fallait juste que Royan leur dise où se trouve le Léviathan.

« Où se trouve le prince, Elen ? Tu n’étais pas avec lui d’ailleurs ? »

« Si, si mais je l’ai laissé à la bibliothèque royale, il y a aussi Clari et Elise là-bas. »

« On devrait peut-être aller les rejoindre ? » dit Tery alors qu’il s’apprêtait déjà à se lever, Manelena s’étant déjà mise debout.

« Ah non ! Tu restes avec moi, assis sur ce banc et tu ne bouges plus ! Manelena, tu peux aller rejoindre les autres si tu veux. »

« Je ne vais pas m’en priver. Ce spectacle me répugne. » marmonne la femme aux yeux rubis avant de s’éloigner. Elen a agrippé le bras de Tery, le forçant à rester assis.

« Elen, ce n’est pas très sympathique de ta part. »

« Je peux bien profiter de ta personne ailleurs que dans un lit non ? »

« Elen ! Ne dit pas ça à voix haute ! Les gens vont se méprendre quand même. »

« Se méprendre sur quel point ? » répliqua la femme masquée, tournant subitement son visage à gauche et à droite pour observer les alentours.

« Qu’est-ce que tu … Ah ! »

« Personne à gauche, personne à droite. » répondit Elen en rigolant, ayan couché Tery sur le banc. Elle retira rapidement son masque, venant l’embrasser comme pour dévorer ses lèvres avec ardeur. Le baiser continua pendant quelques secondes, le jeune homme se laissant pleinement faire sentant rapidement une chaleur monter en lui malgré le froid du banc. « Et voilà de quoi nous distraire tous les deux, hihihi. »

« El… Elen. » bredouille Tery, se remettant correctement alors qu’elle lui sourit avec tendresse, gardant son masque en main.

« Je te promets que le jour où je n’aurai plus besoin de ce masque est proche, Tery. Et dès que nous en aurons terminé avec ces médaillons, ces créatures mythiques, toute cette histoire, on pourra alors se reposer. » termina-t-elle de dire avant de déposer sa tête contre son épaule.