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Chapitre 10 : Un étrange intérêt

ShiroiRyu
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Chapitre 10 : Un étrange intérêt

« Décision stupide, bien entendu. »

Aucune nouvelle pour ce que venait de lui envoyait Novon. Il haussa simplement les épaules en regardant la lettre, comme si de rien n’était. Rien de bien terrifiant, pour ne pas changer. Il avait fait ce qu’il avait à faire, il n’avait pas besoin de changer autre chose.

« Qu’importe qu’elle soit stupide ou raisonnable, c’est celle que j’ai choisi. »

Novon lui avait encore lancé une sorte de faux ultimatum. Cela faisait plus de trois ans qu’il était maintenant ici, dans le royaume des insectes. Le temps passait rapidement et il ne l’avait guère remarqué. De toute façon, il n’y avait qu’une chose qui l’intéressait à l’heure actuelle.

« Et ce quelque chose peut venir toutes les semaines. »

Car oui, malgré les apparences, les dires et les actes, tout cela avait été finalement bien reçu. Earnos pouvait venir en cours une fois par semaine et à partir de là, pouvait alors espérer avoir un peu d’éducation. N’était-ce pas le plus important ?

« Si on m’avait dit cela en le regardant, je ne l’aurais pas cru. »

Et pourtant, c’était une très bonne nouvelle. C’était aussi cela qui était assez dérangeant en soi. Quoi donc ? Tout simplement le fait qu’un simple enfant du royaume des insectes prenait des cours, pire ! Etait même plus doué que certains enfants nobles alors qu’il n’avait pas de cours quotidien. Comment cela était possible voire crédible ?

Tout simplement car il avait compris que l’enfant utilisait les autres jours pour apprendre par lui-même … ou par ses parents. Ses parents ne devaient pas être n’importe qui d’ailleurs pour avoir ne serait-ce qu’une éducation. Être capable de lire et écrire n’était pas à la portée de n’importe quel insecte. Simplement, ils vivaient dans la précarité.

« La vie n’est pas rose pour tout le monde. »

Lui-même, malgré les années qui s’écoulaient, avait toujours certains regards haineux qui se tournaient vers lui. Sauf qu’il en faisait sa force. De plus, Earnos n’avait toujours pas saisi qui était la personne encapuchonnée à côté de lui.

« A me demande s’il est réellement intelligent ou parfois très candide. »

Installé contre un mur du château, le garçon aux cheveux violets croisé les bras, la tête baissée en direction du sol pour mieux l’observer. C’était ainsi, n’est-ce pas ? Ainsi et pas autrement. Il ne fallait pas espérer. Mais en même temps, si personne n’espérait, nul ne pouvait alors vouloir un meilleur avenir.

« C’est pourquoi je continue de me battre pour ma race et celles des différents insectes. »

S’il abandonnait le combat dès maintenant, il n’aurait alors plus aucune chance dans le futur. Il ne pouvait pas se le permettre, il se le refusait. Bon, c’était l’heure d’aller en cours. Les autres élèves n’allaient pas attendre sur lui non plus.

« Encore du retard, Olistar. Comprenez-vous que vous ne pouvez pas faire comme vous le désirez ? Et ne cherchez pas l’excuse de la lettre. »

« Cela n’est pas une excuse mais une raison. Bien que cette raison ne soit pas suffisante pour mon retard, je tiens néanmoins à me faire pardonner. »

« Retournez vous asseoir à votre place et que je ne vous entende plus pour le reste de l’heure qui arrive, est-ce bien compris, Olistar ? »

Il hocha la tête avant de voir le visage d’Earnos. Celui-ci n’était guère dédaigneux ou mauvais. Non, maintenant, il l’ignorait complètement ou presque. L’enfant était concentré uniquement sur le tableau noir alors que le professeur reprenait.

« Earnos, est-ce que tu veux bien venir au tableau pour lire cette partie ? »

« Euh … Euh … Oui. Comme vous … voulez, professeur. » dit l’enfant aux cheveux blonds, tenant le livre en main, marchant d’un pas machinal vers le professeur. Même s’il savait que le professeur ne lui voulait guère de mal, il avait encore un peu le trac.

« Prends donc tout ton temps, quitte à ce que tu sois plus lent que les autres. »

« Non, non. C’est bon. Je vais le faire, professeur. Alors … Le Royaume … des Insectes …. est coupé en plusieurs parties. Ces parties sont … »

Et voilà qu’il se jetait dans la gueule de la mante religieuse. Il commença à réciter le texte, ayant appris à lire il y avait à peine quelques mois. Souvent hasardeux, souvent hésitant, il essayait néanmoins de faire de son mieux et cela se voyait comme cela s’entendait. L’enfant aux cheveux blonds continua jusqu’à ce que le professeur tape dans ses mains :

« C’était parfait ou presque, Earnos. Je te dirais tes erreurs à la fin du cours. Tu peux retourner t’asseoir maintenant. Hmm .. .Olistar, à toi de continuer. »

Le jeune Rapion se leva à son tour, nullement dérangé par les dires du professeur, livre en main. Il continua à la suite d’Earnos, n’ayant aucune difficulté contrairement au précédent garçon, celui-ci replongeant son nez dans le livre. Une petite voix à côté de lui vint lui dire sur un ton qui se voulait doux et gentil :

« Ne t’en fait pas, c’est Olistar. Même s’il donne l’impression de savoir tout sur tout, ça reste quand même un garçon comme nous autres. »

« Je sais bien mais je peux voir la différence d’éducation entre lui et moi. J’ai tellement de retard par rapport à lui que … »

« Je t’arrête tout de suite. On a tellement de retard par rapport à lui et ça, c’est tout le monde. Il est beaucoup trop fort et intelligent contrairement à nous. »

Il ne savait pas si cela se voulait rassurant mais il fit un léger sourire à la personne encapuchonnée comme pour la remercier de ce qu’elle venait de dire. D’ailleurs, il ne tarda pas à le lui exprimer, d’une voix légèrement enjouée :

« Je m’en doute, j’ai put le remarquer pendant que je me suis battu avec lui. Merci. »

« Oh tu sais, j’ai pas dit ou fait grand-chose hein ? Je dis juste ce qui me passe par la tête, rien de plus, hahaha … Tu pas à t’en faire. »

Il ne s’en faisait pas mais cette personne encapuchonnée était bien sympathique même si en plusieurs mois, il n’avait jamais su qui c’était. Par contre, la princesse avait espacé de plus en plus ses visites jusqu’à ne plus venir. Que cela l’embête serait un comble mais il trouvait qu’elle avait rapidement abandonné la bataille.

« Bof, de toute façon, pas comme si ça m’intéressait réellement dans le fond. »

Il avait haussé les épaules avant de replonger dans l’écriture de ce que le professeur avait marqué au tableau. Le tout était de rester bien concentré sur ce que le professeur disait et tout alors allait très bien se passer. Néanmoins, la personne encapuchonnée lui murmura :

« Dis, est-ce que tu peux m’aider un peu ? J’ai vu que tu étais plus fort que moi pour ça. »

« Ah ? Euh … Soustraction … alors, euh … Comment dire … Ah oui, je vois comment je vais t’expliquer. Tu connais l’ordre des chiffres ? »

« Du genre 0, puis 1, puis 2, puis 3 ? »

« C’est ça. Ben la soustraction, tu vas dans le sens inverse. Puis tu fais le nombre de pas pour savoir le chiffre. Du genre, regarde, 9 moins 6, tu fais le nombre de pas qu’il faut pour te rendre de 9 vers 6. Ça fait un pas donne 8 puis deux pas donne 7 puis trois pas donne 6. Donc 9 moins 6, ça fait trois. Tu vois ? »

« Mais quand y a deux chiffres ? Comment qu’on fait ? Surtout si l’autre est plus grand que le premier, comment qu’on fait ? Euh, déjà deux chiffres. »

« Deux chiffres ? Euh ben là, c’est plus compliqué. Tiens, on va faire ça pour faire plus simple. Euh … 10 ! Tu vois ce que c’est ? Ben 10 moins 3, il faut faire ça. Tu mets le 3 et le 0 du 10 sur la même. Pour aller de 3 à 0, il faut combien de pas ? »

« Euh … Je comptes ! Alors, il me faut … un … deux … trois … puis arrivé à neuf, on continue jusqu’à zéro. Sept pas ? »

« Donc tu fais que le 1 du 10 n’existe plus et il reste alors ? »

« Sept pas ! C’est bien ça, Earnos ? Mais c’est plus simple quand tu expliques. Mais maintenant, euh … si je me trompes pas beaucoup trop. Alors euh … si on fait 10 moins 5, ça fait un … deux … cinq ? C’est ça ? Mais si on met 10 mais le 3 à la place du 0, ça fait dix plus trois mais aussi maintenant, on fait ce 10 avec un 3 à la place du 0 et qu’on retire 7, on fait comment alors ? Tu veux bien me dire car je comprends pas tout ? »

« Euh … ben la même méthode ! On compte du 7 jusqu’au 3, ça fait donc … six pas ! Ca fait donc un 6 ! Et le 1 du 10 plus 3 disparaît donc ça fait 6, voilà tout ! Tu as compris ? C’est plus simple comme ça ou pas ? Tu me le dis hein … »

« Je crois un peu mais bon, c’est plus loin que le professeur nous dit. »

Ah bon ? Il avait juste imaginé ça dans sa tête. D’ailleurs, toutes les têtes étaient tournées vers eux, le professeur toussotant légèrement avant de demander ce qui se passait. Earnos se recroquevilla sur place. Il ne voulait pas se faire disputer par le professeur et …

« C’est de ma faute, professeur. J’ai demandé à Earnos de m’expliquer les soustractions. C’est plus simple quand il raconte, lui. Il devrait montrer au tableau et … »

« Mais chut, tais-toi, je ne veux pas aller au tableau et j’ai pas envie que … »

« Oh ? C’est vrai cela ? Et bien, Earnos, viens donc expliquer à tes camarades. Toute idée est bonne à prendre, montres-nous donc. »

Olistar regardait le jeune Aspicot qui se relevait, un peu décontenancé. Il lui chuchota d’y aller franchement et surtout de ne pas avoir peur. Earnos s’exclama :

« Je … Je n’ai pas peur ! Euh … professeur, je peux prendre la craie ? »


Le professeur donna le bout de craie à Earnos, celui-ci commençant à expliquer le système de pas qu’il avait fait. Le professeur avait déjà montré au sujet de mettre sur une même ligne les dizaines et les unités mais les « pas » étaient quelque chose d’assez facile à comprendre, et cela pour tout le monde. Lorsqu’il eut terminé, le professeur vient applaudir légèrement.

« C’est en cela que tu fais preuve d’ingéniosité, Earnos. Si tu arrives à résoudre un problème d’une autre façon, toute aussi facile voire plus que celle donnée par le professeur, n’hésite pas à en parler à tes camarades. Tu peux retourner à ta table. »

« Mais professeur, c’est vraiment plus simple ! Ca ressemble à la marelle ! » s’exclama un élève, signalant le jeu qui consistait à tracer des cases au sol avec des chiffres.
Et voilà que tous les élèves étaient en train de parler avec le professeur, celui-ci n’étant visiblement plus enclin à continuer son cours mais expliquer la méthode d’Earnos. Le regard du garçon aux cheveux violets fixait l’enfant-Aspicot. Il savait maintenant pourquoi il restait ici, dans le royaume des insectes : Pour Earnos. Cet enfant avait éveillé en lui un intérêt qu’il n’arrivait pas à expliquer. Un intérêt bizarre … peut-être malsain.

Chapitre 9 : Revenir à la maison

ShiroiRyu
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Chapitre 9 : Revenir à la maison

« Earnos ? Est-ce que … »

« Tu n’es pas accompagnée par l’autre ? Et tu n’as pas de foreuse dans les mains ? »

« Non mais je voulais savoir si … euh … est-ce que tu veux aller à l’école comme les autres enfants ? Dis ? Est-ce que tu veux ? »

« Est-ce que tu te moques encore de moi ? Je te promets que si tu continues comme ça … Tu te moques encore de moi ! Tu sais parfaitement que je fais ça car mes parents ont pas les sous pour ça ! Et que je veux les aider ! Tu crois que je peux faire ça ? »

« Je me moques pas de toi ! Mais l’école, c’est super amusant ! Et super plaisant ! Je suis sûre que tu aimeras vraiment ! Et puis, personne ne payera car ça sera gratuit ! »

« Arrêtes tes bêtises ! Sans mon travail, on aura des problèmes pour mes parents ! »

« Il faut que j’aille demander à tes parents alors si c’est vrai. »

Elle s’apprêtait déjà à quitter le chantier mais Earnos était arrivé à sa hauteur, posant ses mains sur ses épaules. Le regard rubis furieux était maintenant en train de la fixer. Avec rage, il vient dire d’une voix énervée, très énervée :

« Ne t’avises pas de faire quelque chose de la sorte, compris ? »

« Mais si je veux t’aider, j’ai le droit non ? Je suis la princesse de Shunter ! Et pui euh … »

« JE NE TE SUIS PAS REDEVABLE ALORS DISPARAIS ! »

« Snif … Tu vas voir ! Tu viendras à l’école ! Même si ce n’est qu’une journée, tu viendras ! Et tu auras pas le choix pour la peine ! Pas du tout ! Que tu vois comment c’est ! Tu verras alors à quel point c’est super chouette ! Moi-même, je savais pas avant ! » s’écrit la jeune fille aux cheveux blonds, les larmes aux yeux mais en colère comme lui.

Et elle était partie sans rien dire, comme si elle en avait rien à faire des paroles de l’enfant. Le lendemain, un garde était venu le voir et le récupérer. Sa mère accompagnait le garde, légèrement inquiète mais souriante.

« Mais maman … je veux pas y aller ! Je dois continuer à travailler ! »

« Ordre de la princesse, mon petit Earnos. Mais ne t’en fait pas, j’ai contacté ton chef, il ne déduira pas cette journée de ton salaire. Il a même dit : « Si ça peut lui permettre de devenir un meilleur époux pour Herakié, pourquoi pas ? »

« Heiiiiiiiiiiiiiiiiiiin ? MAIS MAIS MAIS ! Je sais même pas ce que ça veut dire « époux » ! »

Et voilà qu’il fût emmené « de force » au château du Roi. Oh, il n’eut pas vraiment le temps de pouvoir visiter car il fût guidé jusqu’à la salle des classes mais visiblement, l’intérêt avait pris le dessus sur le reste et ce fût avec un peu d’étonnement qu’il rentra en classe.

« Hum ? Tu es l’élève particulier de la princesse ? Installes-toi, elle a même demandé à ce que l’on te donne de quoi écrire et autres. Maintenant pour une place … »

« Par ici. Il en reste une. » déclaré une personne encapuchonnée tandis qu’il haussait un sourcil. Hum, c’était lui ou il n’y avait pas la princesse ? Tant mieux en un sens, ainsi, il ne la verrait pas et il pouvait donc profiter de tout ça.

« Je m’appelle Earnos et je suis là juste pour une journée. Je ne sais même pas en quoi ça consiste exactement mais bon … j’espère que ça sera bien. »

« Si tu as une question, tu me la poses, c’est tout simple. »

Il s’était surprise à rougir en remerciant cet inconnu, sûrement une fille d’après sa voix. Et surtout, il ne remarqua pas qu’à travers la fenêtre, un enfant aux cheveux violets était en train de l’observer, lui, ainsi que son compagnon camouflé. Il tenait une lettre en main, accroupi sur une branche avant de soupirer :

« Qu’est-ce que la princesse a put s’imaginer ? Ah … Enfin, tant mieux en soi. »

« Alors, qu’est-ce que je dois faire ? »

« Tu vois comment additionner ces chiffres ? Ben alors, il faut faire ça et ça et … »

« Ah mais je sais ! J’ai déjà vu tout ça avec les personnes du chantier ! » s’exclama l’enfant, le professeur toussotant légèrement. « A vos souhaits. » dit l’enfant, visiblement bien poli même s’il ne comprenait guère la situation dans laquelle il se trouvait.

« Tu sais déjà faire tout ça ? Mais euh … »

La personne encapuchonnée sembla surprise par les réactions de l’enfant à côté d’elle. Mais ! S’il connaissait déjà les chiffres, elle avait rien à lui apprendre alors ! Bon, peut-être pour l’écriture, elle était sûre et certaine qu’elle allait réussir à l’amadouer de ce côté ! Oui !

« Il serait bon pour toi que tu te décides à rentrer, Olistar. Toute la tribu attend ton retour. »

Il avait lu à voix haute les écrit de Novon. Bien entendu, il s’en doutait qu’il voulait qu’il rentre. Il n’était pas le seul aussi … mais toute la tribu ? Il exagérait … et de beaucoup, de vraiment beaucoup. Mais bon, il était toujours ainsi.

« Je ne comptes pas rentrer, ne le comprendras donc t-il jamais ? »

« Défendre les saines valeurs des Rapions et Drascores dans ce royaume perdu ne te mènera à rien, réfléchis-y sérieusement, tu n’as rien à gagner là-bas. »

« Beaucoup plus que tu ne le crois, Novon. Mais pour ça, il faut donner sa chance. »

Sa chance à des êtres comme Terria ou Earnos. Une chance qui peut-être n’allait jamais se reproduire. C’est pourquoi il était décidé à rester là. La réponse à cette dernière lettre allait être plus que cinglante mais il allait falloir que Novon la comprenne bien.

« C’est à cette heure-ci que vous arrivez, Olistar ? »

« Je suis désolé mais du courrier d’une importance capitale fait que j’ai dût y répondre dans les plus brefs délais. Cela n’était donc pas de mon ressort que de ne pas rejoindre votre cours. »

« Humpf, allez vous asseoir, nous avons un nouvel élève très studieux, contrairement à vous. Vous feriez bien de suivre son exemple. »

Tiens donc ? Earnos ? Celui-ci n’avait pas relevé son visage, la langue sortie, son nez plongé dans la feuille qu’il tenait entre ses mains. Cette concentration absolue … hmm. L’idée de la princesse n’était vraiment pas mauvaise en fin de compte.

« Je m’y appliquerais dorénavant. Vous pouvez reprendre le cours. »

Cette lettre n’avait au final que peu d’importance en vue de la situation actuelle. Il avait eut la surprise de voir Earnos travailler avec acharnement dans un endroit qu’il ne connaissait pas. N’était-ce pas une récompense déjà bien suffisante ? Une raison pour qu’il reste ?

« Dis … tu as vu, Olistar ? Il est en fait très doué. »

Voilà que la personne encapuchonnée lui chuchotait quelques mots. Bien sûr. La princesse avait tout fait pour qu’il soit assis à côté d’elle. Ainsi, si elle l’aidait, il serait redevable envers elle et ils feraient la paix tous les deux. Olistar murmura à son tour :

« Je vois surtout que contrairement à nous, il écoute en classe et travaille. Faisons de même. »

« Comme tu le dis, on y va alors. »

Et voilà que les deux enfants écoutaient maintenant le professseur, celui-ci pouvant continuer son cours sans être dérangé. A la fin des quatre heures, alors qu’il était temps de partir, Earnos laissa les affaires sur le bureau ,disant calmement :

« Je n’ai pas besoin de les prendre avec moi puisque je ne reviendrais plus. »

« Pourquoi est-ce que tu dis cela ? Tu ne peux pas voir avec ta famille ? »

« L’école royale ? Un peu de sérieux. J’y ait été car ma mère voulait que j’accepte le cadeau de la princesse mais je sais que c’est pas pour moi. Mais au final, je commence à comprendre pourquoi Herakié aime tant que ça l’école. C’est amusant d’apprendre toutes ces choses. »

« Si c’est amusant, ce n’est pas mieux que de travailler ? »

« Je ne crois pas que vous pouvez comprendre. On n’a pas forcément trop le choix des fois. C’est pourquoi certains continuent de travailler alors qu’ils voudraient faire autre chose. Maintenant que les heures sont terminées, je retourne chez moi. Bonne chance. »

« Oh ? Earnos, c’est bien cela ? La reine Seiry m’a demandé de noter ton travail avant que tu ne partes. Cela ne m’a pris que quelques minutes mais tiens, voilà tes résultats. Elle voulait que tu montres cela à tes parents et au reste de ta famille. Ah … quelle monarque. »

L’enfant aux cheveux blonds récupéra les différents papiers avant de remercier le professeur, s’éloignant sans un mot. L’homme-insecte poussa un soupir avant de dire :

« Certains qui ont des privilèges ne comprennent pas la chance qu’ils ont de pouvoir en profiter. C’est en voyant ce jeune garçon que je me dis que pour certains, l’éducation est du gâchis pour les nobles. Quant à vous deux, n’oubliez pas de retourner en cours. »

Même si ce n’était pas avec lui. Olistar regarda Earnos partir, l’être encapuchonné faisant de même sans un mot, la tête baissée en direction du sol.

« Est-ce que c’était une mauvaise idée de ma part, Olistar ? Je voulais … rendre service. »

« Je n’en doute pas un seul instant, princesse. Nous devrions nous mettre en route si nous ne voulons pas avoir de problèmes pour plus tard. »

Elle était d’accord. Ailleurs, l’enfant aux cheveux blonds retourna chez lui, tendant les différentes feuilles que lui avait données le professeur. Sa mère voulut l’interroger mais il fit juste un geste de la main, murmurant :

« Maman, je vais juste me reposer un petit peu. »

Elle n’avait pas osé l’arrêter, regardant les résultats. Même si c’était la première fois, il n’y avait aucune faute. Le professeur avait écrit quelques remarques comme quoi Earnos avait été un élève très sage et attentif, posant les questions si nécessaires et surtout doté d’une compréhension assez importante. La dernière remarqua consistait en un avis général, demandant à ce qu’Earnos puisse venir au moins une fois par semaine pour suivre des cours. Le professeur écrivait qu’il ne savait pas la condition de l’enfant mais que cela était possible à envisager en discutant avec les parents et les autres professeurs.

« Et bien, et bien … Pourquoi pleures t-il donc ? Peut-être qu’il n’est pas au courant ? » murmura la femme Coxyclaque avec douceur, posant une main sur sa joue. Impossible à ignorer que l’enfant sanglotait, considérant que tout cela était impossible pour lui. Peut-être qu’elle allait devoir avoir une discussion avec son mari.

Chapitre 8 : Souvenir d’enfance

ShiroiRyu
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Chapitre 8 : Souvenir d’enfance

« J »ai l’air d’un véritable espion à me comporter de la sorte. Je suis risible. »

Mais tout cela le dérange complètement. Il y a une chose qu’il n’arrive pas à comprendre et cela l’embête. Il n’aime guère quand il n’a pas toutes les informations en main. C’est pourquoi il se trouvait une nouvelle fois à observer le jeune garçon aux cheveux blonds pendant son travail mais maintenant discrètement, pour que nul ne le remarque. Il n’avait pas besoin de se montrer aux autres, il travaillait en catimini.

« Rien de spécial pendant son travail. Alors où est le problème ? »

« HEY ! Earnos, l’heure de la pause, tu peux aller prendre une heure pour toi ! »

« Comme vous le voulez, je reviendrais alors. » déclara l’enfant aux cheveux blonds, arrêtant sa foreuse qui avait toujours une sale mine. Jusqu’au bout, il n’utiliserait pas la nouvelle, n’est-ce pas ? Malgré tous les efforts de Terria pour cela. Car oui, la jeune fille avait continuer à vouloir se faire pardonner.

« Autant d’efforts qui ne seront jamais récompensés, c’est désolant … vraiment désolant. »

Mais ce n’est pas à lui de faire justice, loin de là. Peut-être qu’en sachant ce qui se passait réellement, il pourrait alors savoir si la raison qui poussait Earnos à ne pas apprécier la princesse était légitime ou déplacée. Et quand il la saurait ? Il la garderait pour lui-même. Ce n’était pas à lui de décider ou de dire exactement ce qui s’était passé.

« Je vous jure … elle va encore venir me déranger, hein ? »

« Earnos, est-ce que … je peux parler ? »

La princesse Terria était cette fois-ci accompagnée par quelques gardes. Elle tenait toujours cette foreuse en main. La mine était attristée et dépitée. C’est vrai, il s’en voulait. Il n’était pas là pour elle dans ces moments plus que difficiles.

« Je n’ai rien à vous dire. Je n’ai pas de temps avec ces bêtises. »

« Mais est-ce que je peux dire quelque chose ? Laisser la foreuse ? S’il te plaît ? »

« Hors de question, tu risquerais de soulager ta conscience. Je m’en fiche, tu n’as qu’à la garder, c’est aussi simple que ça ! Maintenant, je retourne au travail ! »

« Princesse Terria, les ouvriers nous regardent. Vous devriez arrêter de venir, même si la reine Seiry elle-même vous y autorise. Cela ne sert à rien. »

« Oui mais non ! Je reviendrais, encore et encore ! Pourquoi est-ce qu’Olistar n’est plus là ? Au moins, il m’aurait aidé à comprendre … mais il a complètement disparu. »

Il la voyait passer à côté de lui alors qu’il évitait de se faire remarquer. Bête, c’est terriblement bête mais il ne veut pas revenir auprès d’elle tant qu’il ne sait pas. Mais cette fois-ci, il est bien décidé à découvrir la vérité … aujourd’hui !

« Je vous jure, elle va me coller encore longtemps ou quoi ? Si elle voulait vraiment se faire pardonner, elle n’avait alors qu’à se rappeler de tout ça et rien d’autre. »

Mais se rappeler de quoi ! C’est ça qu’il veut savoir ! Pourquoi est-ce que l’enfant fait autant d’efforts pour ne pas apprécier ceux de la jeune fille insecte ? Finalement, la réponse ne tarde pas à arriver, l’enfant murmurant :

« Si seulement elle se rappelait … qu’elle me connaissait depuis … autant de temps … depuis toutes ces années. Et cette promesse que j’ai faite à sa mère et à elle-même ? Ca montre qu’elle en avait vraiment rien à faire de moi. »

Hein ? Il connaissait la princesse depuis des années ? Mais il est si jeune ! Mais surtout, il est sûr que l’enfant dit la vérité. Pourquoi mentirait-il alors qu’il est seul ? Il n’est pas au courant qu’il est là, lui. Olistar se chuchota à lui-même :

« Donc … Earnos et la princesse se connaissent depuis tout ce temps. Ce n’est pas seulement l’acte en lui-même qui force Earnos à ne pas pardonner à Terria mais cet oubli. »

« Pfff, de toute façon, elle va finir par abandonner, ça sera mieux. »

L’enfant aux cheveux blonds tape dans le sol d’un petit geste du pied avant de se remettre au travail. La pause était terminée et il ne devait pas trop en profiter ! Il prit une profonde respiration, puis sa foreuse avant de l’activer. Pendant ce temps, Olistar s’était éloigné avec discrétion : il avait finalement obtenu ce qu’il désirait. Nul besoin de rester.

« Princesse Terria ? Je suis de retour. »

« Snif … Ah ! Te voilà! Tu disparais comme ça, sans même prévenir, et pendant des semaines ! Ma maman m’a prévenu à ce sujet mais ça change pas que ça se fait pas ! Pas du tout, Olistar ! Vraiment vilain ! »

Il avait remarqué les yeux rouges de la jeune fille mais il préféra ne pas en parler, il valait mieux. Pourquoi avoir plus de problèmes qu’il n’en faut ? Il s’inclina respectueusement, murmurant d’une voix lente et calme :

« Je tiens à m’en excuser mais je peux vous affirmer que je suis revenu … et que je ne comptes pas repartir à nouveau. Si cela peut vous rassurer dans mes intentions. »

« Snif, tu peux rester, je t’y autorise, oui. Mais la prochaine fois, tu me dis aussi pourquoi est-ce que tu pars ! Car là, même maman m’a dit que je devais pas te demander. »

« Je vous le promets, encore une fois, je peux me répéter si cela s’avère nécessaire. »

« Alors fais-le, maintenant ! S’il te plaît … snif. »

« Je vous le promets une nouvelle fois, princesse Terria, je vous servirais, comme le veut mon peuple et le royaume. Je continuerais de vous protéger qu’importe l’endroit où … »

« C’est bon, c’est bon ! N’en dit pas plus ! Je … désolée … je vais pas bien. »

« A cause d’Earnos, n’est-ce pas ? Cet enfant-Aspicot. Je sais que vous allez le voir tous les jours, avec cette foreuse. Vous êtes remarquable. »

« Je sais pas pourquoi je le fais, je sais pas du tout mais … j’ai l’impression que si je me fais pas pardonner par lui, je le regretterais toute ma vie. »

Et c’est chose normale mais il ne peut pas se résoudre à le dire à la princesse Terria. Il n’a pas à jouer les entremetteurs entre elle et le garçon-Aspicot. Il reprit d’une voix calme :

« Continuez sur cette voie, ne soyez pas la première à abandonner et je suis sûr qu’alors Earnos reconnaîtra tous vos efforts et qu’ils payeront un jour. »

« Tu le crois vraiment ? Vraiment de vrai ? Tu le crois, Olistar ? Merci … Ca me rassure un peu, j’ai toujours l’impression que tout ce que je fais est vraiment inutile, snif. »

« Ca ne l’est pas et ne laissez personne vous dire cela, est-ce bien compris ? Vous faites des efforts pour vous excuser et cela est juste remarquable. »

« Mais si lui-même ne le remarque pas … ça ne sert à rien, snif. »

Visiblement, elle est déboussolée et décontenancée. La petite Apireine humanisée a les yeux baissés tandis qu’elle serre la foreuse contre elle. Rien n’y fait, n’est-ce pas ? Il n’y a donc aucune solution pour la sauver ? Du moins, l’aider ?

« Mais promis ? Tu restes à mes côtés maintenant, c’est vrai ? »

« Bien entendu, princesse Terria. Est-ce que vous pensez que je serais du genre à renier mes promesses inutilement ? »

« Tu me fais penser à Holikan quand tu parles comme ça, c’est assez drôle, faut avouer ! »

« Oh ? Ce garçon-Yanma ? Il ne m’apprécie guère mais qu’importe, ce n’est pas un souci, princesse Terria. Néanmoins, séchez vos larmes. Voulez-vous peut-être venir en cours avec moi ? Même si je pense que les autres élèves vous dévisageront … sauf si on vous cache le front et aussi votre tenue ! Hmm … Non ? »

« Tu ferais vraiemnt ça ? C’est vrai que j’ai des professeurs particuliers mais c’est pas pareil que d’être entourée par d’autres garçons et filles ! On essaie, dis ? »

« On va essayer, princesse mais pour cela, il faudrait une cape et surtout que le professeur soit d’accord, je ne promets pas que ça sera simple, attention. »

« Ca ne fait rien, je te fais confiance pour que tu essaies, on va essayer ! »

Elle a retrouvé le sourire bien rapidement et cela lui suffisait. Bon, puisqu’elle allait mieux pour les prochaines heures et qu’il avait vraiment des cours d’ici une demie-heure, il pouvait utiliser ce temps pour trouver un déguisement pour la petite princesse. Il lui demanda de bien vouloir le suivre, chose qu’elle fit avec du zèle. Voilà, une capuche, de quoi cacher son front et aussi ses vêtements et c’était parfait. Elle était impossible à repérer pour les enfants.

Voilà. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous les deux dans une salle de classe. Le professeur n’avait rien remarqué, surtout qu’ils avaient préparé un petit message écrit par la reine elle-même, qui semblait être amusée par l’idée.

« Ahem. Aujourd’hui, nous accueillons brièvement un nouvel élève dans notre classe. Je vous demanderais de ne pas trop le déranger et l’interroger, merci bien. »

Un message préventif qui n’était pas forcément très utile en ces moments puisque c’était sûrement une occasion unique qui n’allait pas se reproduire. Pourtant, elle s’installa à côté d’Olistar, celui-ci sortant ses livres.

« Tu sais écrire, n’est-ce pas ? Alors, si tu veux, tu prends des notes. »

Elle était d’abord surprise par le ton employé par Olistar, surtout le tutoiement mais comme elle comprenait que c’était principalement pour ne pas qu’elle ne soit pas repérée, elle ne vint rien dire. Elle ne fît qu’hocher la tête avant de prendre les affaires qu’Olistar lui tendait.

« Bonne chance, je suis sûr que cela te plaira. »

Peut-être était-ce le début d’une nouvelle chose pour Terria ? Mais celle-ci était déjà pensive sous sa capuche : et Earnos ? Est-ce qu’il pouvait avoir des cours lui aussi ? Elle n’y avait jamais pensé avant maintenant. S’il travaillait, il ne pouvait pas aller en cours alors non ? Il ne savait donc ni lire, ni écrire. C’était vraiment dommage ! Elle devait arranger ça !

Chapitre 7 : Refus cinglant

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Chapitre 7 : Refus cinglant

« Alors, tu sais quoi faire, n’est-ce pas ? »

« Maman … j’ai juste peur … euh d’y ailler seule. Puis en même temps, j’ai pas vraiment de sous pour payer tout ça et … euh … »

« Ne t’en fait donc pas, n’oublie pas qui tu es, non ? Olistar t’accompagnera si nécessaire. Holikan aussi, ce n’est qu’un simple achat, non ? »

« Oui mais en même temps, je dois euh … aller m’excuser et je sais pas trop comment faire. Puis bon, s’il est pas content envers moi, je fais comment, maman ? »

« Oh ? Mais c’est à toi de le découvrir, ma petite fille adorée. Allez, vas-y. »

Elle lui confia une petite bourse d’argent, beaucoup trop pour une simple enfant tandis qu’Olistar se rapprochait déjà de la jeune fille en hochant la tête positivement.

« Je te charge de la protéger et la surveiller, Olistar. Je t’en sens capable, n’est-ce pas ? »

« Vous pouvez me confier sa vie, reine Seiry, vous ne serez jamais déçue. » déclara l’insecte aux cheveux violets en s’inclinant respectueusement devant elle.

« On y va, Olistar ? Euh … Je veux pas trop tarder car bon, je ne sais pas comment il va faire sinon ! Euh, enfin bon … enfin, tu veux bien, s’il te plaît ? »

« Bien entendu, princesse Terria. Si vous êtes prête à faire des efforts pour vous excuser, n’est-ce pas logique que de les récompenser ? Suivez-moi. »

Cette fois-ci, ils quittaient le château mais par la sortie officielle. Bien entendu, les gardes furent suspicieux mais la reine Seiry était présente pour leur dire de les laisser passer. Les deux enfants se baladèrent pendant quelques minutes, Terria regardant à gauche et à droite, soucieuse et inquiète, serrant la bourse d’argent contre sa poitrine.

« Je … je dois pas perdre les sous hein ? Il ne faut pas que je les perde. »

« Ne vous en faites pas, si quelqu’un tente quelque chose, il le regrettera amèrement. »

« Je le sais bien mais … s’il te plaît, pas de violence cette fois, d’accord ? »

« Je ne promets rien, cela dépendra de qui entreprendra une action ou non. Mais pour le moment, nous devons trouver un magasin … et donc vérifier pour une foreuse. Cela nécessite un magasin spécialisé, comme vous vous en doutez. »

« Qu’est-ce donc un magasin spécialisé, Olistar ? »

Bon. Visiblement, ce n’était pas vraiment un doute, plutôt le contraire. Il prit une profonde respiration, sans rien dire avant de se diriger vers les quartiers marchands. Mettant correctement la capuche sur le crâne de la jeune fille, il prit sa main avant de regarder autour de lui. Leur mission commençait maintenant.

Une mission ? Car oui, l’adolescent considérait cela comme une mission officielle de la part de la reine Seiry. Il ne fallut guère réellement de temps avant de trouver un magasin spécialisé dans les foreuses et autres outils.

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous, jeunes enfants ? »

« Vous n’auriez aucun problème à nous vendre une foreuse si nous avons l’argent nécessaire pour l’acheter, n’est-ce pas ? » demanda aussitôt Olistar, le vendeur haussant un sourcil.

« Ca se passe pas vraiment comme ça si je peux me permettre … Je vends pas à n’importe qui, surtout si ce sont des enfants. Il va me falloir une … »

« C’est pour un cadeau ! C’est un cadeau que je dois faire ! S’il vous plaît ! Il me faudrait une foreuse pour un enfant ! Un enfant Aspicot ! S’il vous plaît ! »

« Un enfant Aspicot ? Mais de quel âge ? Un enfant ? Vraiment ? »

« Il doit avoir mon âge ! Six ans ! Jai les sous, promis ! » s’exclama la princesse avant de sortir sa bourse rebondie, le vendeur haussant encore une fois un sourcil.

« Qu’est-ce que vous faites avec autant d’argent ? Bon, j’ai compris. Me regarde pas comme ça, toi, je vois parfaitement que tu me fusilles actuellement. »

« Une simple mesure de prévention pour éviter quelques ennuis. »

« Tsss, foutu enfant. Bon, suivez moi, d’après ce que tu m’as dit, j’ai plusieurs modèles qui devraiient convenir à cet Aspicot chanceux. »

Chanceux ? C’était une chance que d’avoir une foreuse ? Earnos était exténué et bien jeune pour travailler, non ? En quoi était-ce de la chance ? Elle n’arrivait pas à comprendre les propos de cet homme. C’était où cette chance ?

« Ne vous en faites pas, dites-nous juste les caractéristiques de chaque outil. Sans vouloir le meilleur du meilleur, le plus important reste que cela soit bien à prendre en main. »

« En plus, vous êtes difficiles pour des gamins, je vous jure. »

« Nous voulons simplement quelque chose qui convienne le mieux … Avoir trop est inutile si on ne sait pas s’en servir. »

« Comme tu parles bieeeeeeeen. » s’exclama Terria sous sa capuche alors qu’Olistar disait :

« Je ne fais que ce que j’estime être bon. Le marchandage, j’en ait l’habitude, je préfère alors me méfier des belles paroles et plutôt alors patienter. »

« Bon sang, ça n’a que six-sept ans et ça se prend déjà pour un adulte. J’ai l’impression d’avoir le plus chiant des clients du dernier mois. »

« Est-ce que vous pouvez me montrer tout cela, je vous pries ? » demanda Olistar.

Voilà, une heure plus tard, ils avaient cette foreuse en main. L’homme aurait bien tenté de l’arnaquer, cela n’aurait pas marché. Il fallait juste retourner au lieu de travail d’Earnos. Cela ne fût pas bien difficile tandis que Terria tremblait de tout son corps. Ils pouvaient le voir travailler au loin, seul et isolé. La foreuse qu’il avait en main était pitoyable et pathétique. Avec lenteur, Olistar plaça une main dans le dos de Terria.

« Allez-y, princesse Terria. C’est le moment de montrer que vous avez du courage. Vous en êtes capable, vous pouvez le faire, n’est-ce pas ? »

« Je ne sais pas vraiment, tu ne veux pas le faire ? C’est toi qui … »

« Princesse … Veuillez ne pas m’agacer inutilement, je vous pries. » rétorqua Olistar avant de la pousser un peu en avant. Elle eut un petit cri couvert par la foreuse d’Earnos, se rapprochant inexorablement de lui jusqu’à ce qu’il s’arrête.
Il se retourna vers la jeune enfant encapuchonnée, observant la foreuse entre ses mains avant de pencher la tête sur le côté. Il avait la mine des mauvais jours et demanda :

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? C’est une zone interdite, vous savez ? Vous risqueriez d’être blessé. Vous feriez mieux de vous éloigner. »

« Ea … Earnos ! Pour toi ! » s’exclama la jeune fille en dévoilant son visage, gênée et confuse. Aussitôt, un rictus se fit voir sur les lèvres d’Earnos alors qu’il regardait maintenant la foreuse avec dédain. Avec rage, il repoussa la foreuse en s’exclamant :

« C’est quoi ça ?! De la pitié ?! Vous foutez pas de moi et partez ! Je ne veux pas vous revoir ici ! Et reprenez votre foreuse pourrie ! »

« Cela est un cadeau pour réparer nos erreurs, Earnos. »

« TOI AUSSI, TU ES LA ?! » hurla alors Earnos avant de brandir sa foreuse et de l’actionner en direction d’Olistar. Celui-ci ne fût guère impressionné avant de venir récupérer la foreuse que la princesse voulait offrir à Earnos. Il haussa les épaules, se rapprochant de Terria avant de lui dire de revenir, cela ne servait à rien de discuter. Ils reviendront dans quelques jours si nécessaire mais il était hors de question qu’ils abandonnent cette bataille. D’ailleurs, maintenant, il avait réussi à piquer sa curiosité. Cet enfant-Aspicot ne donnait pas l’impression d’être revanchard et matérialiste … quelque chose clochait dans sa réaction.

« Snif … Maman, ça n’a servit à rien du tout. »

« Oh ? Il n’a pas accepté tes excuses ? Vrament ? Mais qu’est-ce que tu lui as dit ? »

« Ben … maman, je lui ait dit que j’étais désolée, que c’était pour m’excuser, me faire pardonner mais il m’a pas vraiment écouté et il était encore plus en colère quand y a eut Olistar, snif … Olistar qui n’a rien fait de mal non plus ! »

« Pardonnez moi reine Seiry, princesse Terria, je dois m’en aller. J’ai quelque chose d’important à faire, j’espère que vous comprendrez ma démarche. Je m’en vais tout de suite. Princesse Terria, ne vous inquiétez pas, ce n’est que passager. »

La mère et la fille le laissèrent partir bien que Terria se demandait ce qui se passait. Rapidement, il avait quitté le château une nouvelle fois pour retourner alors à cet endroit si particulier … l’endroit où Earnos travaillait … encore.

« Il n’est pas ainsi. Ce n’est pas dans son comportement habituel. »

Il se répétait encore et encore cela … sans même se sentir peiné par toute cette histoire. Alors pourquoi est-ce qu’il s’en préoccupait autant ? Quelque chose clochait avec lui ? Mais pourtant, il n’arrivait pas à trouver quoi. Etrange, c’était étrange.

« Mais je finirais bien par trouver pourquoi il se comporte ainsi. »

Fierté personnelle ? Nullement, il n’était pas ainsi. C’était simplement un renseignement, comme il avait l’habitude de vouloir en obtenir. Ce n’était donc pas un mal, loin de là mais est-ce que les gens allaient comprendre cela ?

« De toute façon, comme s’ils avaient à être au courant. »

Voilà la seule réplique qui s’inscrivait dans sa tête. Si cela dérangeait quelqu’un, qu’importe ! Il n’était pas là pour se préoccuper des autres mais seulement de ce qui avait réellement une importance. Et à l’heure actuelle, l’importance résidait dans ce jeune garçon aux cheveux blonds. Qu’est-ce qu’il allait faire après le travail ? Mais aussi, pourquoi … il détestait autant la princesse Terria ? Surtout après une telle excuse de sa part. Earnos avait sûrement compris qu’elle était sincère et confuse … n’importe qui aurait accepté.

Chapitre 6 : Comment faire ?

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Chapitre 6 : Comment faire ?

« Mais mais mais … Olistar ? Qu’est-ce que je dois faire ? »

« Nous devons rentrer au palais avant qu’il ne soit trop tard. Suivez-moi maintenant … »

« Snif … Snif … Ma foreuse, ma foreuse est cassée. Papa et maman … ils me l’avaient offerte pour mon anniversaire. Snif .. Snif … Ils vont être tristes. »

Mais pas autant que lui. Le garçon aux cheveux violets regardait l’enfant aux cheveux blonds au sol, tentant de récupérer les morceaux de sa foreuse. Elle était brisée, il n’y avait presque aucune chance qu’il arrive à la réparer.

« De base, cet outil est de mauvaise facture. Il se serait rapidement brisé par un choc trop violent. Tu ne perds rien dans le fond. »

« Olistar ? Mais mais … ça ne se dit pas, ça ! Surtout si c’est un cadeau ! » bredouilla la jeune fille aux cheveux blonds, le regardant avec étonnement. Earnos avait relevé son visage, ses yeux complètement vides d’expression alors que ses paumes étaient ouvertes.

« Un simple outil ? C’est un cadeau ! UN CADEAU DE MES PARENTS ! »

Cette fois-ci, il avait vraiment ressenti la colère de l’enfant voire même un peu de haine de sa part. Olistar se retourna vers l’enfant-Aspicot, remarquant alors les deux dards qui sortaient de ses poignets. Par rapport à ceux d’un adulte, ils étaient ridicules mais il n’était pas aveugle, il voyait bien un liquide vert qui suintait au bout des dards.

« Tu veux tenter de m’empoisonner, n’est-ce pas ? »

Alors il vaut mieux prendre ses précautions. D’un geste nonchalant, il fit un pas sur le côté, esquivant les mains d’Earnos avant de le prendre par le bras. D’un petit mouvement du pied, il souleva le corps de l’enfant au-dessus du sien pour le projeter tout simplement sur le sol.

« Et voilà chose faite. Cela devrait normalement te calmer. »

L’enfant blond resta au sol, parfaitement immobile tandis qu’Olistar retournait à côté de la princesse Terria. Celle-ci voulut ouvrir la bouche, bafouillant :

« Oli… Olistar mais … c’était pas de sa faute. Il était en colère et … »

« Non, ce n’était pas de sa faute mais la colère qui l’envahie est peut-être très dangereuse. Par mesure de précaution, j’ai préféré m’en occuper. Maintenant, veuille me suivre, princesse Terria, nous n’avons que trop durer en ce lieu. »

« Sn … Snif … Je me vengerais ! Je me vengerais ! Vous verrez tous les deux ! Princesse ou pas ! Je me vengerais tous les deux ! Je vous le promets ! »

Une promesse de vengeance ? L’enfant violet s’arrêta une nouvelle fois dans ses mouvements. De la vengeance à son âge ? De la vengeance ? Pour un simple objet ? Non … Il valait mieux ne pas trop se concentrer sur ça. Bon, il devait partir avec la princesse Terria.

Quelques heures plus tard, _il se retrouve face à la princesse Terria, au beau milieu des jardins royaux. Celle-ci est assise sur un banc, tremblante de tout son petit être :

« Vraiment ? Dis … Dis … Euh … Tu crois qu’il me pardonnera un jour ? »

« Vous pensez encore à ce qui s’est passé, princesse Terria ? Il n’y a que peu voire aucune chance que vous le revoyez. Ce royaume est gigantesque. »

« Mais si cela doit arriver ! Comment est-ce que je dois réagir ? Snif … Je voulais pas que ça se passe comme ça ! Pourquoi ça s’est passé comme ça, Olistar ? »

« Car vous avez manipulé cet enfant en jouant sur ses sentiments. Cela n’est pas très correct de votre part mais ce qui est fait est fait. Vous ne pouvez pas revenir en arrière. Vous pouvez juste tenter de l’oublier ou tout faire pour réparer le passé. »

« Olistar ? » demanda la jeune fille, un peu soucieuse du ton employé par le Rapion. Celui-ci a la tête baissée en direction du sol, regardant l’herbe verte. Il finit par relever son visage, fixant la jeune princesse aux cheveux blonds avant de dire d’une voix qui se veut calme :

« Oui ? Y a t-il y a un problème ? Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que je dois faire quelque chose pour vous ou non ? Si ce n’est pas le cas, je pense qu’il est bon pour moi de partir. »

« Hein ? Mais tu ne vas pas me laisser seule ! Tu ne vas pas me laisser seule alors qu’il faut que l’on trouve une solution hein ? Hein ? S’il te plaît ! »

« Princesse Terria, vous n’oseriez pas mettre la faute sur ma personne, je l’espère ? »

Le regard violet qu’il posa sur l’enfant la statufia sur place. Elle eut un petit trémolo, reniflant légèrement avant de sangloter. Elle bredouilla :

« Mais mais mais … Je ne sais pas quoi faire moi ! Snif ! »

« Il vous faudra trouver par vous-même. Je ne peux pas toujours être là pour vous. »

« MAIS MAIS MAIS … Olistar ! S’il te plaît ! Je suis sûre que tu as une idée pour m’aider ! »

« Je vous conseille simplement d’en parler avec votre mère. Elle est capable de vous dire quoi faire. Mais pour cela, il vous faudra du courage pour avouer ce que vous avez fait. Et surtout, n’essayez pas de mentir à votre mère. Vous savez parfaitement que ce n’est pas bon. »

« Parler à maman ? Mais mais mais … elle va me gronder ! »

« Et vous pensez que vous ne le méritez pas ? A vous de réfléchir à cela. Maintenant, je dois moi-même aller me laver et ensuite aller en cours. Bonne journée à vous, princesse. »

Elle voulut ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais rien ne sortit de ses lèvres. Olistar n’avait aucune pitié pour elle. Elle se savait en faute ! Elle le savait mais ce n’était pas une raison pour se comporter comme ça ! Ca donnait l’impression qu’il n’avait aucun sentiment ! Comme au moment où il avait parlé à Earnos au sujet de sa foreuse.

« Snif … Je vais aller voir maman, elle me dira quoi faire, oui. » se chuchota t-elle avant de se frotter les yeux pour essuyer ses larmes. Elle quitta les jardins royaux, ne remarquant pas le jeune garçon aux cheveux verts adossé contre une colonne. Il s’éloigna à son tour lorsqu’il la vit disparaître dans un couloir.

Finalement, elle se retrouvait devant la porte la chambre royale, gardée par deux soldats insectes. Ces derniers la saluèrent, évitant de commenter les yeux rougis de l’enfant. Elle toqua faiblement à la porte avant de l’entrouvrir, jetant un œil à l’intérieur. La reine Seiry était en train de se faire brosser les cheveux devant un miroir, tournant son visage vers sa fille en voyant son reflet dans le miroir :

« Et bien ? Que se passe t-il ma fille ? Tu sembles avoir vécu des choses éprouvantes. »

« Maman … J’ai peut-être fait une grosse bêtise aujourd’hui … »

« Oh ? Viens donc tout me raconter et en détails. Mesdemoiselles ? Si vous voulez bien me laisser avec ma fille, refermez donc la porte derrière vous. »

« Comme vous le désirez, reine Seiry. Nous viendrons terminer votre coiffure dès que tout cela sera terminé. Si vous le voulez, nous pourrons nous occuper de votre fille aussi. »

« Qu’est-ce que tu en penses, Terria ? Est-ce que tu voudras la même coiffure que maman ? »

« Euh … Ben oui mais après que je t’ai parlé car c’est très important ! »

La reine Seiry fit un petit geste de la main pour leur signaler de quitter la chambre, chose que les femmes insectes firent dan les secondes qui suivèrent. Enfin, la jeune fille plongea sa tête dans la robe de sa mère, recommençant à sangloter.

« Et si tu commençais par le début, qu’est-ce que tu en penses, non ? Ça ne serait pas une mauvaise idée ? D’ailleurs, tu ne serais pas partie hors du château aujourd’hui ? »

« Ben si … enfin … comme d’habitude mais euh … ce n’est pas ça la grosse bêtise ! »

« Oh ? Il y a pire que cela ? Que de t’enfuir sans aucun garde, ma fille ? Je t’écoute alors, que je vois ce que tu veux dire. Où est donc Olistar ? Il était avec toi, n’est-ce pas ? C’est lui qui t’a trouvé, j’imagine non ? Ou alors, est-ce que je me trompes ? »

« Non non ! Maman, tu ne trompes pas du tout, promis ! Mais euh … Comment dire, c’est un peu compliqué, je dois t’avouer ! Mais euh … »

« Alors, dis moi exactement ce qui s’est passé. Qu’as-tu fait après avoir réussie à t’enfuir du château encore une fois ? Je me demande si tu n’aurais pas un passage secret par hasard. »

L’enfant sursauta, regardant sa mère de ses yeux rubis. Com… Comment est-ce qu’elle savait cela ? Pourtant, à part le sourire de la monarque à la chevelure dorée, aucune parole ne vint chercher cette fameuse informations que l’enfant n’aurait eut aucun mal à divulguer.

« Mais bon, ce n’est pas le sujet de la conversation, n’est-ce pas ? »

« Alors maman … Ben, je suis partie me promener du côté des foreurs. Tu sais, ce sont les insectes qui ont de grosses machines dans les mains. »

« Et qui creusent des galeries pour des nouveaux quartiers pour de futurs insectes. »

« Oui mais euh voilà … Je me suis cachée et je suis tombée sur un garçon-insecte ! C’était un Aspicot en fait ! Il a été très gentil avec moi ! »

« Alors ? Quel est le problème ? Tu peux me le dire ? Quel est le nom de ce jeune insecte ? »

« Earnos ! C’est un garçon-Aspicot ! Il était très jeune ! Comme moi en fait ! »

« Un jeune Aspicot … je vois, je vois … mais cela n’explique pas ce qui s’est passé pour que tu considères que ça soit une grosse bêtise, n’est-ce pas ? »

« Ben euh … Alors, je vais te raconter la suite. »

Mais déjà l’enfant n’osait plus lever les yeux, pour regarder sa mère en face à face. Il fallait dire qu’elle était terrorisée ou presque par ce qu’elle allait révéler. Déglutissant, elle prit une profonde respiration malgré son jeune âge … avant de recommencer à pleurer.

« Ma fille ? Je pensais que tu allais me donner la raison. Ne trouves-tu donc pas le courage ? »

C’était de ça dont elle manquait ! Du courage ! Du courage de lui dire la vérité ! Du courage d’affronter les réactions de sa mère après ce qu’elle avait fait ! Voilà tout ! Elle n’était qu’une enfant, il ne fallait pas l’oublier, non plus. Juste une petite enfant de rien du tout. Peut-être une princesse mais … dans des moments comme ça, la royauté n’avait aucune importance.

Chapitre 5 : Forger l’histoire

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Chapitre 5 : Forger l’histoire

« Princesse Terria ? Ne me forcez donc pas à vous chercher. »

Hum … Huit ans. Cela en faisait maintenant un peu plus de deux ans qu’il était là pour surveiller la princesse Terria. Le souci, c’est qu’elle avait encore disparue. Le souci, c’est qu’elle était devenue bien plus douée dans ses parties de cache-cache.

« Est-ce qu’elle aurait quitté le château ? Si tel est le cas, il vaut mieux que je m’effoce de confirmer cela avant de me mettre en route. »

Un rapide coup d’œil, une course assez folle dans les couloirs, quelques gardes le saluant en lui disant qu’il a encore perdu la princesse de vue. Bien entendu, il essaie d’ignorer d’Holikan qui cherche encore à le provoquer inutilement.

« Humpf. Bon, voilà qui est bien problématique. Si elle a réussi à s’enfuir, le royaume est beaucoup plus grand que cela. Malheureusement pour elle … Je ne suis pas simple à échapper. Elle va bien finir par comprendre son erreur. »

« Ah ? Qu’est-ce que tu fais, Olistar ? Tu quittes le château ? »

« Un petit achat à faire, je reviendrais dans l’heure qui arrive si vous voulez rassurer les autres soldats. Je ne serais donc pas très long. »

« Fais donc, tu tiens généralement tes promesses de toute façon. »

« Je ne vois pas pourquoi j’en ferais si je ne suis pas capable de m’y tenir. »

Les deux soldats haussèrent les épaules avant de le laisser s’échapper, le jeune garçon aux cheveux violets quittant le château pour se mettre à courir à travers les ruelles.

« Elle va devoir comprendre qu’il n’est pas bon d’agacer un Rapion. »

Elle était si facile à trouver … et cela, elle ne s’en rendait pas compte. Une petite Apireine qui voletait dans les ruelles, ça ne passait pas inaperçu. Bien entendu, nul n’osait croire ce qui se passait mais quelqu’un de mal intentionné pouvait la faire souffrir terriblement. Le souci était qu’elle ne s’en rendait guère compte et que cela pouvait finir de façon dramatique. Ah … Il ne peut rien dire de mauvais sur elle, elle veut juste s’amuser.

« Mais son amusement peut lui coûter la vie ! »

Voilà le problème ! Et cela, elle ne le comprends pas. Il doit se dépêcher avant qu’il ne soit trop tard. S’il ne fait pas attention, cela peut devenir très grave. Il ne peut pas se permettre une telle chose. Il ne peut pas laisser cela se produire.

« Je vais devoir la retrouver, elle est peut-être en danger. »

Il ne veut pas se faire de fausses frayeurs mais ne pas prévoir le pire dans une situation comme celle-ci, ça peut résulter par la mort de la princesse. Si cela devait arriver, il valait mieux alors ne plus rien espérer pour la paix entre le royaume et les peuples du désert.

Pourtant, il n’eut guère réellement de mal à la trouver, contrairement à ce qu’il aurait pensé et pour cause : elle était tout simplement devant lui, accompagnée d’un garçon aux cheveux blonds tenant une foreuse. Un rapide coup d’oeil lui fit comprendre qu’il s’agissait d’un Aspicot, l’un de ces insectes devenant dans le futur un Dardargnan.

« Comme le destin est vraiment étrange. »

« Qu’est-ce qu’il raconte ? Bon, euh … reculez, princesse Terria ! »

« D’… D’accord ! » s’exclama la petite fille aux cheveux blonds alors qu’il haussait un œil. Qu’est-ce que cet Aspicot comptait faire ? Se battre contre lui ? Réellement ? Sans vantardise ou prétention, c’était tout simplement de la folie que de vouloir le provoquer.

« Il vaut mieux me rendre la princesse Terria sans combattre. »

« Je ne suis pas du genre à écouter les ordres d’autrui, sauf celui de mon patron ! »

Patron ? Cet enfant était donc bien déjà un jeune travailleur ? A un si jeune âge ? Il avait à peine cinq ans, autant que la princesse Terria. Comment est-ce qu’il pouvait travailler ? Non, c’était stupide de penser de la sorte, vraiment stupide.

« Je ne suis pas mieux que lui en vue de l’âge que j’ai maintenant. »

« Qu’est-ce que tu racontes ? Si tu comptes faire du mal à la princesse Terria, il faudra me passer sur le corps ! Et je te préviens, ça fait des années que je tiens ma foreuse ! Je sais me battre avec ! Tu auras de sacrées surprises ! »

« Cette foreuse ne me semble pas très résistante. »

« Ne raconte pas n’importe quoi et recule ! Je n’hésiterais pas un instant ! »

« Tu risques surtout de te faire mal … je ne veux pas te blesser, jeune Aspicot. »

Ce n’est pas de la prétention ou autre mais cet enfant n’a aucune idée de ce qui se tient en face de lui. D’ailleurs, le plus étrange est peut-être bien le fait que cet enfant ne semble pourtant pas hésitant un seul instant par rapport à la protection de la princesse.

« Tu n’es pas un ennemi, n’est-ce pas ? »

« Je suis l’ennemi de ceux qui tentent de s’en prendre à la princesse Terria ! »

« Tu te trompes d’adversaire. Arrête ceci dès maintenant et je te promets que tu ne souffriras pas si tu décides de t’en prendre à moi. Que comptes-tu faire ? »

« Que tu croies m’impressionner mais je ne tomberais pas dans ce piège. »

Jeune et impétueux, tout le contraire de lui. Il le vit qui commença à courir vers lui à toute allure avant qu’il ne fasse un simple mouvement de la main pour l’esquiver et l’éviter avec une aisance des plus certaines. Il se faisait du mal : qu’il arrête maintenant non ?

« Assez, je ne me répéterais pas une seconde fois. Princesse Terria ? »

« Je … Je … Earnos, fais attention à toi. »

Hum ? Voilà, c’est étrange, très étrange. Elle le connaît mais surtout, le ton indécis de la princesse Terria risque de lui coûter cher, très cher. Est-ce qu’elle finit par s’en rendre compte ou non ? Car il n’en a pas l’impression. Il esquive une nouvelle fois le jeune enfant aux cheveux blonds, faisant un bond sur le côté.

« Stop … Earnos. Je ne veux aucun mal à la princesse Terria et il semblerait que vous non plus. Il vaut mieux éviter les confusions, n’est-ce pas ? »

« ASSEZ ! Ne tente pas de m’avoir par des paroles bizarres ! Si tu parles comme ça, c’est que tu es bizarre ! Je ne tomberais pas dans le piège ! »

Cet enfant n’est pas vraiment une lumière, n’est-ce pas ? Mais pourtant, il y a quelque chose dans son regard ou dans ses gestes qui le rend spécial mais quoi ? Il n’en a aucune idée, c’est peut-être ça qui le dérange dans le fond.

« Bon … Je pense qu’une leçon s’impose visiblement. »

« Qu’est-ce que tu comptes faire ? Je ne peux pas aller à l’école. Tu te vantes en plus d’avoir une éducation par rapport à moi ? Tu es vraiment un monstre. »

L’enfant parle bien pour un Aspicot travailleur. C’est toujours aussi surprenant en soi. Mais pourtant, ça l’embête moins, beaucoup moins. Il doit avoir une bonne éducation de la part de ses parents. Ses parents, cette arme, tout … Humpf.

« Que cela disparaisse en morceaux. »

Une main se pose sur la foreuse en marche, une seconde puis plus rien. L’objet de métal tombe en morceaux au sol tandis que le Rapion fixe l’Aspicot, celui-ci étant interloqué. Olistar regarde ses mains avec lenteur, clignant des yeux :

« Hum ? Ce n’est pas dans mes habitudes pourtant. Je ne me comportes pas de la sorte. »

« Ma foreuse. Ma foreuse … c’est ma foreuse. »

« Je ne voulais pas en venir jusque là mais visiblement, tu ne m’a pas laissé le choix. »

Sa première impression avait été la bonne. Cet enfant n’était pas dangereux, loin de là. Le problème résidait plutôt dans la jeune fille derrière cet Aspicot.

« Princesse Terria, pourquoi avez vous fait cela ? Si vous aviez décidé de l’arrêter, tout aurait put se terminer sans en arriver à cette extrémité, vous le savez ? »

« Je voulais … je voulais juste m’amuser, Olistar. Je ne pensais pas que ça arriverait à ça ! Je te le promets ! Je te le promets vraiment ! Earnos, tu me crois aussi, hein ? Je ne voulais pas que ça se casse ! Olistar, t’es une vraie brute ! Tu as cassé sa foreuses ! »

« Mon cadeau … de papa … mon cadeau … de maman. J’avais promis que j’y ferais attention. J’avais promis de ne pas le casser. J’avais promis … snif. »

Un cadeau de ses parents ? Hum, cela expliquait pourquoi il était en pleurs maintenant. C’était parfaitement compréhensible de sa part de réagir de la sorte. Pourtant, le regard embrumé par les larmes était maintenant furieux.

« Un jeu ? C’était juste un jeu ? Tu trouvais ça amusant ?! »

Il s’était dirigé vers la princesse Terria mais déjà, le Rapion s’était interposé entre eux deux, faisant rempart de son corps. Pourtant, l’enfant continua son chemin en criant :

« TU TROUVAIS CA DRÔLE HEIN ?! DE T’AMUSER GRÂCE AUX MALHEURS DES AUTRES ! SALE APIREINE POURRIE GÂTEE ! »

« Ne compte pas lui faire de mal, tu … »

Ce fut un coup de poing qui vint atteindre le Rapion, celui-ci n’ayant pas pensé un seul instant à ce que l’enfant cherche à le frapper lui mais Terria sous le coup de la colère. Un peu sonné et éberlué, sa tête pencha sur le côté jusqu’à ce qu’il réagisse correctement.

« Remercie ton garde du corps qu’il soit là ! Je ne veux plus jamais te revoir ! »

Comment … avait-il put se faire toucher ainsi ? Est-ce que pendant un court instant, l’enfant en face de lui avait été impossible à lire ? Comment est-ce possible ? Normalement, il devait être capable de se défendre du moindre fait et geste. Surtout de la part d’un Aspicot qui n’avait aucune expérience dans l’art du combat.

« Mais mais mais … Earnos ! Je peux te refaire une foreuse ! Je suis … »

« TAIS-TOI J’AI DIT ! JE NE VEUX PLUS T’ENTENDRE ! »

Pendant qu’il se concentrait, il avait complètement oublié la dispute entre les deux enfants plus jeunes que lui. S’il ne faisait pas attention, cela pouvait très mal se finir. Il valait mieux qu’il reste sur ses gardes au cas où. L’Aspicot pouvait avoir un geste malheureux et regrettable. Il valait mieux alors être sûr.

Chapitre 4 : Le chevalier personnel

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Chapitre 4 : Le chevalier personnel

« Hum ? Elle a encore décidé de se cacher ? »

Ce n’était pas possible. Est-ce qu’elle avait des ressorts à la place des pieds ? C’était la question qu’il se posait alors qu’il grimpait à une colonne, observant les environs. Ce fût lorsqu’il remarqua un buisson qui bougeait qu’il sauta pour atterrir devant.

« Princesse Terria. Veuillez cessser ces bêtises, je vous prie. »

« Pfff, ce n’est vraiment pas drôle ! Pas drôle du tout ! Tu me retrouve à chaque fois ! »

« Je dois le faire, ce sont les consignes de la reine Seiry, votre mère. » déclara calmement l’insecte bien que cela pouvait paraître plus qu’embêtant.

« Pfff, ma mère, ma mère, je la vois encore moins souvent que toi ! Je sais même pas où elle est ! » déclara encore une voix dans les buissons avant qu’une petite être aux cheveux blonds n’en sorte. Elle se retira les quelques feuilles sur sa robe aux rayures jaunes et noires.

« Ce n’est pas de ma faute, princesse. Que comptez-vous faire aujourd’hui ? »

« La même chose que toutes les après-midi, Olistar ! »

« C’est à dire, princesse ? » murmura Olistar, prenant appui sur ses deux jambes alors que la petite Apitrini avait bourdonner ses ailes avant de décoller dans les airs.

« Tenter de t’échapper ! Héhéhé ! Je suis sûre d’y arriver maintenant ! »

« Je ne crois pas, princesse. Il vaut mieux que vous stoppiez là. »

Un rapide mouvement et voilà qu’il se mit à bondit de colonne en colonne, poursuivant la princesse qui passe en zigzaguant autour des dites colonnes.

« Tu ne m’attraperas jamais ! Nanana ! Non non ! Tu ne m’attraperas pas ! Hahaha ! »

« Je ne suis pas si sûr que cela, princesse. »

Il ne trouvait pas cela forcément drôle mais la princesse s’amusait de cette situation, commençant à voleter à toute allure pour tenter de l’esquiver. Humpf, il ne pouvait pas lui faire du mal et maintenant, les soldats les laissaient passer.
Au départ, ils avaient été très réticents mais maintenant, ils comprenaient que c’était la façon à la princesse Terria de se distraire quand sa mère n’était pas dans les parages. Il fallait dire que voir un Rapion en cet endroit était insolite et inquiétant mais dans le fond, tous s’y étaient fait … tous ou presque. Une voix assez forte cria :

« PRINCESSE TERRIA ! Arrêtez cela tout de suite, je vous prie ! »

La jeune fille aux cheveux blonds et aux yeux rubis s’immobilisa presque aussitôt, marmonnant qu’elle n’avait pas envie de s’arrêter mais elle savait qu’elle n’avait pas le choix.

« Pfff, coucou à toi aussi, Holikan. »

« Princesse Terria, qu’est-ce que j’ai appris de la part des Apitrinis ? Que vous étiez encore en train de courir et de faire une échappée sauvage. »

« Pfff, je sais, je sais Holikan, tu n’as pas besoin de me le rappeler hein ? »

Elle tira la langue légèrement en direction d’un enfant qui devait avoir au grand maximum sept ou sept ans. Cela faisait combien de temps qu’il était auprès de la princesse Terria en tant qu’ambassadeur ? Une bonne année non ? Il se rapprochait lui-même des sept ans et cet enfant Yanma, aux cheveux verts et aux yeux rouges était plus jeune que lui.

« Et je vois que vous êtes encore accompagnée par … ce Rapion. »

« Arrête de l’appeler comme ça ! Il a un prénom comme toi et moi ! Il s’appelle Olistar ! »

« Cela m’importe peu, princesse Terria. Je ne le considère pas comme un membre du royaume des insectes. Maintenant, si vous voulez bien me suivre … »

« Je n’ai pas envie de te suivre et je ne le veux pas … mais j’y suis obligée. Au revoir. »

« Au revoir, princesse Terria, je retourne à mes obligations scolaires. »

« Et toi, n’oublie pas une chose : JE suis le chevalier personnel de la princesse Terria, pas toi ! Est-ce bien compris ? Que ça te rentre dans le crâne ! »

« Nul besoin d’être agressif. J’ai compris ta position de mâle dominant envers la princesse. »

« Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ? Enfin bon … Princesse. »

Le jeune garçon se pencha en avant, tendant sa main en direction de la princesse aux cheveux blonds. Celle-ci poussa un soupir avant d’y déposer la sienne, murmurant :

« Si tu peux juste éviter de te mettre en colère juste parce qu’il y a Olistar. »

« Je ne me mets pas en colère inutilement, princesse Terria. Je ne fais que de simples mises en garde pour qu’il comprenne sa position. »

« Sa position fût donnée par la reine Seiry, ma mère. Alors attention à tes paroles. »

Il s’arrêta sur ses gestes, baissant la tête avant de prendre une profonde respiration. Comme la princesse le désirait. Elle avait raison de le mettre en garde. Trop souvent, il laissait place à ses sentiments alors que ce n’était pas une bonne chose. Ce n’était pas ainsi qu’il devait espérer pouvoir réconforter la princesse. Des efforts, il devait faire bon nombre d’efforts pour alors être entendu par elle. Il vint reprendre la parole, lui signalant qu’il allait tout faire pour bien se faire valoir aux yeux de ses parents. Encore une fois, la princesse soupira en levant les yeux au ciel. Olistar les regarda partir, sans chercher à interrompre leur route. De son côté, il allait faire ce qu’il avait dit : aller suivre les cours. Cela lui permettrait alors de mieux comprendre le royaume des insectes … même si certains d’eux étaient très spéciaux.

« Je me demande pourquoi est-ce qu’ils veulent tous la guerre. »

Que ça soit du côté des Rapions et Drascores comme Novon ou alors de ce Holikan. Qu’es-ce que la guerre leur apporterait à part de nombreuses morts ? Est-ce qu’ils se rendaient compte des agissements qu’ils tentaient de produire ? Vouloir la mort était une chose, arriver à l’emmener en était une autre et ça, ils ne voulaient pas comprendre.

« Olistar, veuillez suivre ce cours, je vous prie. La reine Seiry elle même vous a recommandé. J’espère pour vous une concentration maximale. »

« Ne vous inquiétez pas, je vous écoute et j’écris. »

C’était normal que de respecter le peuple où il vivait. Même si la culture était différente de la sienne, ça ne voulait pas dire qu’il devait la refuser. Voilà la différence : Accepter et tolérer les différences des autres. Chose que bon nombre d’insectes ne pouvait pas encore admettre. Chose sur laquelle la reine Seiry travaillait depuis des années.

C’est pour ça qu’il respectait la reine. Pour toute son œuvre, pour tout son travail. Pour tout ce qu’elle a encore à accomplir. Cette femme est l’incarnation même de ce qu’il veut devenir plus tard. Une sorte … d’idole ? Non, il ne devait pas exagérer. Elle était juste une lumière dans cet océan d’obscurité.

« Olistar ! Qu’ai-je dit ? Je veux voir si vous écoutiez ! Répétez mot par mot ce que j’ai prononcé il y a de cela quelques minutes. »

« Les insectes, malgré le royaume qui les héberge, vivent en petites communautés. Ces communautés sont basées sur les différentes espèces d’insectes qui existent dans le royaume. C’est pourquoi mon espèce, comme les Rapions et les Drascores sont exilés du royaume à cause d’une histoire ancestrale liée au royaume. »

« Hum, nous allons dire que c’est à peu près cela. Quelle autre espèce a été exilée ? »

« Le terme « exilée » est incorrect puisque les Libegons et leurs enfants sont partis d’eux-mêmes par rapport à toute cette histoire. »

« Ahem … disons que c’est une version de l’histoire que nulle ne connaît réellement. Je ne sais pas ce que la reine Seiry vous a mis en tête, Olistar. »

« Cela est un récit des anciens Drascores que nos vénérables nous racontent chaque soir parmi tant d’autres. Il y a aussi ceux issus de la haine des Drascores et des Dardargnans. »

« Hmm … Tu sembles bien connaître ton sujet. Est-ce que la reine Seiry est au courant ? »

« Elle ne m’a jamais posé la question mais je pense que non. »

« Intéressant. Je lui en parlerai alors. Les cours sont terminés. Pour demain, je veux que tu m’écrives une page sur ce que tu appelles la fameuse haine des Drascores et des Dardargnans. Tu peux t’en aller maintenant. » déclara la femme insecte, une Dardargnan au regard rubis derrière une paire de lunettes. Le jeune Rapion la salua avant de quitter la pièce.

Alors … d’après ce qu’il avait appris aujourd’hui, c’était encore et toujours un peu d’histoire. Bien entendu, la version du royaume des insectes contredisait celle des Drascores. Il n’y avait aucun doute à ce sujet, pourquoi cela aurait-il changé en fin de compte ?

« La princesse va sur ses cinq ans voire ses six ans. Hum ? »

Et lui-même allait vers ses huit ans. A partir de là, tout ce qu’il avait commencé et préparé pouvait tout changer en un instant. Ah … Elle allait grandir et devenir alors plus intelligente pour tenter de lui échapper. C’est pourquoi il allait devoir se préparer mentalement à tout ce qui allait l’attendre car elle n »allait pas lui laisser une minute de répit. Couché sur le lit de la chambre qu’on lui avait laissé, il regarda le plafond pendant de longues secondes.

« Je ne sais pas si c’est ce que le Vénérable désirait en m’envoyant ici. »

Novon par contre, malgré la lettre mensuelle, continuait de tout faire pour qu’il revienne. Pourquoi est-ce qu’il voulait se forcer à ça ? Ca ne menait à rien, ça ne lui attirerait que des ennuis que de vouloir l’obliger à revenir. Novon lui manquait légèrement. Il avait toujours été là pour lui dans les moments difficiles, depuis … cet instant.

« Je ferais mieux de ne pas me déconcentrer de mon rôle. »

S’il commençait à avoir des pensées absurdes, ça serait alors la première marque de faiblesse … et il ne pouvait pas se le permettre. Les faibles n’avaient pas leur place dans ce monde et cela, il l’avait appris à ses dépends. Les faibles n’avaient aucun avenir prévu pour eux.

Chapitre 3 : Bien jeune pour cela

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Chapitre 3 : Bien jeune pour cela

« Qu’est-ce que les Rapions et les Drascores ont pensé en nous envoyant ce Rapion ? »

« Il est si jeune ! Il est sûrement à peine sorti des jupes de sa mère ! »

Ne pas bouger. Rester immobile. Le Rapion garde la tête basse, un genou au sol alors qu’il est dans la salle du trône. La reine Seiry et le roi Tanator sont tous les deux déjà présents ainsi que plusieurs généraux et nobles. Les paroles fusent dans tous les sens.

« Allons allons ! S’il vous plaît ! Un peu de calme ! Qui sommes-nous pour juger les Rapions et les Drascores ? S’ils nous envoient ce jeune enfant, c’est qu’ils ont une raison, n’est-ce pas ? Quel est ton nom, jeune Rapion ? »

« Olistar, madame la reine Seiry. »

Il n’avait toujours pas relevé le visage. Ce n’était pas à lui de le faire. Il devait attendre que la reine Seiry lui ordonne de se relever et il le ferait. Cela ne tarda pas puisqu’il entendait maintenant la reine Seiry qui s’avançait doucement en disant :

« Quel âge as-tu, Olistar ? Un Rapion aussi jeune mais pourtant courageux au point de partir de son village natal est surprenant. »

« Cinq ans, bientôt six, madame la reine Seiry. »

« Six ans déjà ? Et si tu décidais de marcher à mes côtés ? J’ai tellement de questions à te poser. Mais d’abord, je veux que tu me montres ce visage. Pardonnes-donc aux nobles de cette cour. Nous manquons parfois d’éducation dans nos propos. »

« Ce n’est pas grave, reine Seiry. »

L’enfant releva enfin son visage, voyant celui de la reine Seiry. Malgré le fait qu’elle avait une trentaine d’années, elle était si belle et radieuse. Une véritable déesse pour les insectes. Il ne pouvait pas le renier. C’était impossible à ignorer.

« Reine Seiry … est-ce que j’ai le droit de marcher à vos côtés ? »

« Pourquoi n’en aurais-tu pas le droit si je te le proposes ? »

« Je ne sais pas, je ne connais pas les mœurs de la cour. »

« Alors, il va falloir les apprendre. Viens donc. Si je te le proposes, c’est bien parce que je suis d’accord pour que tu marches à mes côtés, n’est-ce pas ? »

« Comme vous le désirez, reine Seiry. »

Finalement, il se devait d’accepter la proposition de la reine. S’il refusait, il sentait qu’il se ferait encore plus d’ennemis que maintenant. Et ce n’était pas ce que son peuple voulait. Il se redressa, se tenant droit et fier pour que la reine Seiry n’ait pas honte de lui … ni de son peuple. Que son peuple n’ait pas honte de lui, oui.

« Alors, que sais-tu faire exactement ? »

« Je ne sais pas lire, je ne sais pas écrire. Du moins, je ne connais pas le langage du royaume des insectes donc je ne veux rien promettre, reine Seiry. »

« Hum? Etrange … » murmura la femme aux cheveux blonds, un rubis planté dans son front bien que cela ne semblait guère la faire souffrir. Elle vint s’accroupir devant Olistar, posant ses mains sur ses épaules. « Est-ce que tu peux me répéter cela ? »

Comme elle désirait. Qu’est-ce qu’il y avait de si bizarre dans son langage ? Il ne voyait pas où elle voulait en venir mais puisque c’était la reine Seiry qui lui demandait. Il se répéta avec nonchalance, n’osant pas détourner ses yeux du visage de l’Apireine.

« C’est bien ce que je pensais. Ah … Pauvre enfant. Tu parles comme si tu avais déjà tout d’un adulte. C’est vraiment malheureux. »

« Je ne suis pas malheureux, reine Seiry. Je peux vous le confirmer. »

« Ce n’est pas de cela dont je parle. Bref, continuons à marcher, j’ai temps à parler avec toi. »

« Reine Seiry, est-ce normal que vous soyez auprès de moi ? Ne faut-il pas que vous soyez auprès de votre peuple ? Je ne suis que l’ambassadeur des Rapions et des Drascores. »

« Malheureux, vraiment malheureux. » soupira la monarque en soulevant le Rapion. Celui-ci, surpris, se laissa faire avant qu’elle ne le serre contre son coeur. « Tu es de mon peuple, Olistar. Ne l’oublie jamais. Ce n’est pas parce que certains insectes ne sont pas d’accord avec ce principe que je suis ainsi. »

Chaleur. Cette chaleur … Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait plus ressenti. Il hoqueta d’étonnement mais resta parfaitement immobile alors qu’elle reprenait avec tendresse :

« Tu es un Rapion, tu es un insecte, tu es donc une personne issue de mon peuple, Olistar. La raison de ta présence en ce lieu est que nous allons travailler ensemble pour que tous et toutes puissent le comprendre. Est-ce que tu es là pour m’aider ? »

« Je suis là pour servir le royaume des insectes mais aussi mon peuple. »

Finalement, elle le retira de ses bras, l’enfant poussant un léger soupir avant que la reine Seiry ne pose une main sur son crâne, caressant ses cheveux violets.

« Alors, il est bon que toi et moi restions souvent ensemble. Nous avons beaucoup à faire. Il se peut que tu sois avec moi pour de nombreuses années. Est-ce que tu te sens prêt à cette tâche, Olistar ? A m’accompagner dans tous mes déplacements ? »

« Je suis là pour cela, reine Seiry. Mon devoir est de vous servir. »

« Me servir, me servir … Ah . Oui, c’est cela. Mais je vais éviter que tu deviennes comme quelques nobles de ce royaume. Continuons alors notre marche, j’ai beaucoup à savoir à ce sujet. Il faudra que tu me racontes tout par rapport à ce que tu es, d’accord ? »

Il hocha la tête positivement sans pour autant prendre la parole. Pourquoi est-ce qu’il se sentait épié ? Quelqu’un en voulait à la reine Seiry ? Subitement, il fit un pas sur le côté, tournant sur lui-même avant de se jeter en avant pour s’approcher de l’ombre.

« Que voulez-vous à la reine Seiry ? »

Le dard était déjà apparut dans son dos, au niveau des fesses, dressé et menaçant alors qu’il regardait qui avait osé tenter cela. Il haussa un sourcil en voyant un visage juvénile, d’une enfant encore moins âgée que lui.

« Ma … Maman ! Maman ! »

Qu’est-ce que … Il cligna des yeux. L’enfant aux cheveux blonds devait avoir trois ans au grand maximum. Ses cheveux blonds et sa petite marque rouge sur le front ne laissaient planer aucun doute sur ses origines. Et les sanglots accompagnant la course en direction de la reine Seiry non plus. La princesse du royaume ? Aussitôt, il s’écria :

« Pa … PARDON ! Reine Seiry ! Je ne savais pas ! »

« Allons, allons, ne t’en fait pas. Ce n’est pas grave. Terria ? Terria ? »

« Maman ! Il m’a fait peur, le vilain garçon ! Il m’a fait peur ! »

« C’est fini, ma fille. C’est fini. Olistar, je dois te remercier. » murmura la reine Seiry alors qu’il clignait des yeux. Le remercier ? Pour … Pour quelle raison ? Comment est-ce qu’elle pouvait le remercier après ce qu’il venait de faire. Est-ce qu’elle se moquait de lui ? « J’ai put voir aussitôt à quel point tu étais réactif et prêt à me sauver. »

« Je n’ai fait que ce que je pensais être bon .Rien de plus, reine Seiry. Mais mon excès de zèle m’a emmené à faire une décision irréfléchie. Je devrais être plus prudent néanmoins. »

« C’est le cas, il faut le reconnaître. Néanmoins, tu n’as pas à t’en faire. Je suis sûre que Terria est déjà prête à te pardonner, n’est-ce pas, Terria ? »

« Je … sais pas trop. C’est quoi ton nom ? » demanda la petite fille en regardant Olistar avec de grands yeux rouges, brillant comme la pierre inscrite sur le front de sa mère.

« Olistar, princesse Terria. Je suis l’ambassadeur des Rapions et des Drascores. »

Il s’inclina devant la jeune fille, comme pour expier sa faute mais aussi à cause de son rang. Elle ne comprit pas le geste avant de rigoler faiblement :

« Tu parles bizarrement, Olistar ! On dirait presque une grande personne ! »
Il ne savait pas pourquoi mais il se sentait un peu vexé par les propos de la jeune fille. Enfin bon, elle n’était qu’une enfant et … ah. Voilà le souci en fait. Elle était qu’une enfant mais lui aussi. Elle venait de le lui rappeler. Un peu confus et embêté, il se remit correctement debout pour regarder la reine. Celle-ci semblait maintenant avoir une idée en tête mais laquelle ? Il pencha la tête sur le côté, attendant qu’elle prenne la parole à son tour.

« Oh, je vois, je vois … Soit ! »

Hein ? Juste ça ? La reine allait juste parler de la sorte ? Cela rajoutait à la confusion ambiante mais bon … la jeune fille aux cheveux blonds restait dans les bras de sa mère. Elle semblait parfaitement l’adorer.

« Au moins, l’amour familial est présent. » murmura t-il à voix basse, la reine se tournant vers lui comme pour savoir de quoi il parlait.

Le sourire sur les lèvres de cette dernière resta figé pendant un long moment. L’idée qu’elle venait d’avoir lui semblait parfaite ! Néanmoins, le problème allait être de convaincre une autre personne à ce sujet. Hum …

« Je vais devoir vous laisser les enfants. Olistar ? »

« Oui, reine Seiry ? Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? »

« Est-ce que tu peux rester auprè de ma petite fille adorée pendant que je retourne à mes obligations ? Je pense que cela l’occupera et puis, ça sera ta façon de te faire pardonner. Qu’est-ce que tu en dis ? Est-ce que tu te sens capable de cette tâche ? »

« Je l’accomplirais sans faillir, reine Seiry. »

Il posa sa main sur son coeur, la jeune fille aux cheveux blonds le regardant étrangement, clignant des yeux comme pour se demander ce qui se passait exactement. Enfin, avec son jeune âge, elle ne savait pas trop mais bon, sa mère venait de lui dire de rester aux côtés de ce garçon plus grand qu’elle.

Chapitre 2 : Refus de le voir partir

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Chapitre 2 : Refus de le voir partir

« Olistar ! Olistar ! Je peux savoir ce que tu as décidé de faire ?! »

« Oh ? Tu es là ? On t’a déjà mis au courant non ? Je ne devrais pas me répéter. »

« Mais mais mais … T’es super jeune ! C’est juste n’importe quoi ! Pourquoi est-ce qu’ils t’envoient là-bas ? C’est pas normal ! T’as à peine cinq ans ! Peut-etre six ! »

« Car j’ai gagné le tournoi auquel tu as décidé de ne pas participer, c’est tout. Enfin, la mêlée générale, rien de plus, rien de moins. »

« Mais … pourquoi tu as accepté ça ? Est-ce que je dois te rappeler ce que le royaume des insectes a fait aux Rapions et aux Drascores ? Mais surtout à nous ? »


L’enfant aux cheveux violets pose son regard sur l’autre qui lui fait face. Bien plus grand que lui, il doit avoir une dizaine d’années alors que ses cheveux de même couleur sont plaqués sur son visage, une mèche cachant son œil gauche.

« Je me le rappelle parfaitement. C’est pour cela que je vais là-bas. Pour éviter que les erreurs du passé ne se reproduisent dans l’avenir. »

« Mais tu n’es … tu n’as que cinq ans ! Juste cinq ans ! Rien de plus ! Rien de moins ! Pourquoi est-ce que tu n’acceptes pas ça ? Ce n’est pas à toi de le faire ! »

Les yeux violets de l’enfant se posent sur celui du garçon plus grand que lui Ils le toisent avec lenteur, comme pour tenter de le cerner avant que l’enfant ne soupire. Il se retourna pour reprendre la route, chuchotant :

« Ma décision est prise. Nul ne pourra m’en empêcher, Novon. »

« Mais tu .. Je vais en parler avec le chef du village. Ça sera bien plus facile de le convaincre que c’est juste complètement stupide et bête ! Un enfant de cinq ans ! »

« Il ne t’écoutera pas. Je pars dans la soirée normalement. »

« RAAAAAAAH ! » s’exclama le Rapion âgé de dix ans alors qu’Olistar haussait les épaules. Novon était son principal ami dans le village. Il fallait dire que tous les deux avaient quelque chose en commun mais … cela, il avait préféré le mettre de côté. Ce n’était pas très intéressant et dans le fond, ça n’aurait mené à rien. Il n’avait plus le temps pour ces sottises.

« Je dois me préparer … quelques affaires. »

Quelques affaires. Rien que cette idée a de quoi faire sourire. Le tout fût facilement mis dans un baluchon alors qu’il quittait sa petite demeure. Près de la sortie du village, il attendait, il attendait, encore et encore. Mais au bout de deux heures, Novon était revenu, en colère.

« Le chef du village et le vénérable n’ont pas voulu m’écouter ! »

« Ce n’est pas étonnant. Tu n’as pas participé à cette mêlée générale. »

« Mais réfléchis un peu, Olistar ! Tu seras loin de tout le monde, loin de moi ! »

« Ce n’est pas comme si j’avais quelqu’un à qui je tiens, Novon, à part toi. »

« Si tu tiens à moi, pourquoi est-ce que tu ne m’écoutes pas ? C’est de la folie ! Aller au royaume des insectes ne te créera que des problèmes, rien de plus ! Ils ne méritent pas que l’on se déplace pour eux ! Il vaut mieux tous les éradiquer ! »

« Tu racontes encore des choses déplaisantes, tu ne t’en rends pas compte. »

« Je m’en rend plus que compte, justement ! C’est pour ça que je tente de t’arrêter ! Pour que tu ne fasses pas de bêtises ! Ils ne nous accepteront jamais et même si la plupart des Rapions veulent la paix, il ne faut pas oublier tout ce qui s’est passé ! »

« Ta haine t’aveugle, Novon. S’il te plaît, laisses-moi tranquille. Je partirais, que tu le veuilles ou non, ma décision est prise et je ne comptes pas revenir en arrière. »

« Tu es un imbécile. Tu ne comprends pas à quel point tu fais souffrir les autres. »

Souffrir les autres ? Il ne s’en rendait jamais compte. Pour lui, rien ne lui importait. Rester dans ce village ne le dérangeait pas … mais en même temps, le quitter non plus. Voilà tout, c’était aussi simple que cela et il ne voyait rien d’autre.

« Maintenant que tu as terminé, est-ce que tu peux partir ? J’attends ceux qui vont m’emmener. Je n’ai pas que … »

« Est-ce que tu pourras au moins essayer de m’écrire de temps à autre ? Que je tentes de te convaincre par les mots puisque je n’y arrive pas avec la parole. »

« Il me faudra apprendre l’écriture donc … oui. »

« Alors bon voyage même si je n’accepte pas que tu partes. » déclara finalement le Rapion avant de s’éloigner sans plus de conversation entre eux.

C’est fini ? Il abandonnait enfin ? Le garçon poussa un soupir, fermant les yeux. Il commençait à avoir froid. Pourtant, il ne dormait pas. Quelques heures passèrent et enfin, on chercha à le réveiller mais dès l’instant où la main s’approcha, ses yeux s’ouvrirent :

« Nous pouvons y aller dès maintenant, je vous attendais. »

« Tu es bien pressé. Tu sais que ce voyage sera très long ? Peut-être d’un ou deux mois ? »

« Je le sais, le vénérable m’a prévenu à ce sujet. »

« Et tu n’as que ça comme objets personnels à prendre? » demanda l’un des Drascores en regardant le baluchon avec étonnement. « Tu sais que tu risques de partir pour quelques années hein ? Tu reverras personne. »

« Ce n’est pas grave. Est-ce que nous pouvons y aller dès maintenant ? »

« Tu es bien pressé … rien ne t’oblige à aller aussi vite. »

Pourtant, l’enfant prend les devants par rapport aux deux Drascores. Ce n’est même pas de l’entrain qui est peint sur son visage, rien du tout. Il avance juste plus vite que les deux hommes qui se mettent en route.

Ils marchèrent, marchèrent, marchèrent … et cela sans interruption. L’enfant aux cheveux violets ne semblait pas vouloir s’arrêter et ce furent les deux adultes qui demandèrent une pause, reprenant leur souffle tout en disant :

« Hey mais t’es … intenable en fait, non ? »

« Pourquoi dites-vous cela ? Nous n’avons fait qu’une partie du voyage. »

« Qu’une partie du voyage, oui. Nous sommes loin, très loin d’être arrivé. Nous devons ménager ton corps, tu n’es qu’un enfant. »

« Je peux encore marcher quelques heures. Je n’ai guère faim aussi. Vous ne devriez pas vous préoccuper trop de ma personne. Je peux encore me déplacer. »

« Mais pas nous. Laisses-nous souffler une dizaine de minutes, peut-être une heure en fin de compte et nous reprendrons alors la route. »

« Comme vous le désirez. » déclara l’enfant avant de chercher un rocher. Il s’y installe derrière, en plein ombre avant de fermer les yeux, bras croisés. Il semblait s’être endormi bien rapidement car au bout de cinq minutes, son corps se soulève légèrement.

« J’y crois pas. Il fanfaronne mais c’est le premier qui s’endort. »

« Ca reste un enfant hein ? Bon, par contre, les prochaines fois, faudra le forcer à faire une pause. Sinon, il ne tiendra jamais ces prochaines semaines. »

« Quand même, quelle idée que de prendre un enfant aussi jeune Je sais bien que … »

Le premier Drascore intima au second de fermer la bouche et de ne rien dire. Difficile d’ignorer que l’enfant ne dormait pas. Il avait légèrement tressaillit en attendant la suite de la conversation, chose qui n’arrive pas.

Quelques heures plus tard, les revoilà en route. Cette fois-ci, l’enfant avait décidé de rester non-loin des deux adultes. Ces derniers n’avaient aucun problème à le nourrir et le faire boire, lui montrant comment s’abreuver par rapport aux Cactus. Il n’avait fallut que quelques minutes pour que l’enfant comprenne exactement faire.

« Mais tu n’es pas un petit prodige par hasard ? Enfin, ça expliquerait pourquoi le vénérable te confie cette mission. » déclara l’un des deux Drascores tandis que le Rapion ne répondit pas, regardant uniquement devant lui comme si de rien n’était. Il ne voulait pas chercher la confrontation et il n’allait pas le faire. Ce mois allait paraître long pour les deux hommes, très longs, surtout que l’enfant n’était pas des plus éloquents ou souriants. Mais voilà, cela avait toujours été ainsi depuis des années.

« Nou y voilà ! Les portes du royaume des insectes ! Nous avons normalement prévenu par un Ninjask que nous arrivions ! Tu as bien tenu le coup. Par contre, lorsque tu seras là-bas, essaies alors de manger un peu, ça te fera du bien. Tu es chétif et ridicule. »

« Je verrais cela … tant que je reste en pleine forme. »

« Allez, bonne route et ne t’en fait pas, des Ninjasks nous font réceptionner les lettres que tu nous envois et inversement. Malgré la haine et le dégoût du royaume des insectes envers notre peuple et inversement, les Ninjasks sont toujours là pour transmettre le courrier. »

S’ils le disaient. Il les regarda partir sans aucune parole, haussant simplement les épaules alors qu’il se dirigerait vers les deux gardes. Ouvrant son baluchon, il en sortit un bout de papier, portant le sceau royal : un petit visage souriant avec un triangle rouge sur le haut intérieur du visage. Le tout était entouré par un hexagone.

« C’est donc toi le futur ambassadeur des Rapions et des Drascores ? Ben bon sang, ils les prennent au berceau. Suis-nous, on va t’emmener jusqu’à la Reine Seiry. »

Chapitre 1 : Au beau milieu du désert

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Chapitre 1 : Au beau milieu du désert

« Aujourd’hui est le jour où nous déciderons celui ou celle qui deviendra l’ambassadeur des Rapions et des Drascores pour le royaume des insectes. Sachez une chose : cette tâche ne sera pas aisée et bien que vous n’êtes que des enfants, il vous sera demandé des tâches normalement difficiles, même pour des adulte. »

Nul ne répondait au vieil homme aux cheveux violets. La mine usée par le poids des années, il regardait la dizaine d’enfants qui se trouvait en face de lui, reprenant la parole :

« Nous ne ferons pas de tournoi. Cela est beaucoup trop basique. Non, nous allons faire tout simplement une mêlée générale. Vous pourrez alors affronter qui vous le désirez, vous allier ou non et ainsi voir lequel d’entre vous survira à cette affrontement. Survivre est un bien grand mot, n’est-ce pas ? N’ayez pas peur, vous ne devez pas tuer vos adversaires. »

Quelques Rapions poussèrent un soupir de soulagement avant que chacun ne prenne place dans ce qui ressemblait à un cercle tout ce qu’il y avait de plus basique. L’âge moyen devait tourner aux environs de huit ans pour aller de cinq à douze ans au grand maximum.

« Vous pouvez commencer le combat … MAINTENANT ! »

Bien que le combat avait débuté, aucun Rapion ne fît de mouvement. Chaque enfant observait les autres, attendant que l’un d’entre eux débute les hostilités. Chose facile et raisonnable, nul ne voulait perdre le combat en premier.

« Puisque c’est comme ça, j’y vais, moi ! J’ai pas peur ! »

Un Rapion d’une dizaine d’années, les cheveux hirsutes, se jeta sur celui qu se trouvait à côté de lui, l’un des plus jeunes. L’enfant fit un pas sur le côté, donnant un croche-pattes pour faire s’écrouler son adversaire. Comme ce n’était pas suffisant, sa queue de Rapion, bien que petite et minuscule se planta dans le dos de son adversaire.

« Et voilà ! Un en moins ! Le poison va faire son effet ! »

« Il en faudra plus que ça pour tenter de m’empoisonner ! Tu vas voir ! »

Le carnage avait tout simplement débuté. Lorsque l’enfant d’une dizaine d’années s’était relevé, chacun avait déjà son adversaire choisie. La bataille venait de commencer ! Chaque Rapion cherchait à en affronter un, les plus petits se liguant ensemble s’il le fallait mais chacun faisait attention à ses alentours.

« Ils sont prometteurs. C’est vraiment une belle et future génération. »

« Où est donc Olistar parmi eux ? Je n’arrive pas à remarquer Olistar. »

« Par ici, tu peux facilement le trouver non ? Celui avec le dard un peu plus épais que les autres. Regarde donc un peu mieux, tu finiras par le trouver. »

Mais le plus simple était de voir tout simplement le jeune Rapion qui arrivait à se défaire de ses adversaires sans réellement se fatiguer. Car oui, cette mêlée était plus que ça, bien plus.

Oui, le Rapion, l’un des plus jeunes, se déplaçait avec aisance et agilité, esquivant les attaques de ses confrères et consœurs, n’ayant aucune difficulté pour repousser ses adversaires sans réellement s’épuiser. Après une vingtaine de minutes, il ne restait plus que trois Rapions. Chacun représentait une tranche d’âge : Le plus jeune âgé de cinq ou six ans, celui qui devait en avoir neuf et enfin le plus vieux du groupe avec une douzaine d’années.

« Laissez-vous faire tous les deux. Vous ne pourrez pas survivre hors du désert. »

« Ça, c’est à nous d’en juger, pas vrai, Olistar ? » dit le Rapion d’environ neuf ans.

« Cela m’indiffère légèrement, sans plus, dira t-on. Je ne suis pas vraiment inquiet à ce sujet. Mais ne perdons pas de temps, s’il n’y a pas de vainqueur d’ici dix minutes, aucun d’entre nous ne sera qualifié et ce n’est pas ce que nous voulons non ? »

« Toujours à parler ainsi alors que tu es le plus jeune du groupe hein ? Mais t’en fait pas ! HEY ! On y va à deux, tu en penses quoi ? »

« Hors de question ! Je me méfies de toi autant que d’Olistar ! Je suis pas bête ! »

L’enfant aux cheveux violets haussa les épaules comme pour montrer que ça ne le dérangeait pas qu’ils s’y mettent à deux contre lui. Pourtant, ce ne fut que l’enfant d’une douzaine d’années qui arriva en sa direction, aveuglant celui de neuf ans avec du sac. Le plus jeune des Rapion vint décocher un coup de pied dans la mâchoire avant que sa queue ne se plante dans le cou du Rapion d’une douzaine d’années. Sans plus attendre, il donna un coup de pied pour l’envoyer au loin mais surtout hors du cercle.

« Je me doutes que le poison ne serait pas assez efficace. Mesure de précaution. Maintenant pour ton cas, qu’est-ce que tu veux faire ? » s’adressa Olistar en direction du dernier Rapion encore conscient, celui-ci hochant la tête négativement.

« J’ai aucune chance hein ? C’est bien ça, Olistar ? Tu peux me le dire hein ? »

« Tu as tes chances si tu te débrouilles bien. Tout le monde a ses chances, il faut juste réussir à les attraper. Tu peux venir, je combattrais sérieusement contre toi. »

Il s’était mis en position d’attaque, sa queue de Rapion frappant le sol avec ferveur. Pourtant, l’enfant de neuf ans en face de lui hocha une nouvelle fois la tête négativement. Avec lenteur, il se dirigea hors du cercle jusqu’à ce que le vieux Drascore ne déclare :

« Ce combat est terminé ! Mes félicitations, Olistar. Te voilà devenu alors notre ambassadeur pour le royaume des insectes. Tu peux aller te reposer, tu l’as bien mérité. »

« Je ne comprends pas pourquoi il a abandonné maintenant. »

« Car il connaissait sa propre force et volonté. Il sait qu’il ne pouvait rien faire contre la tienne. Allez, je vais réveiller tes petits camarades. Tu n’as pas à t’en faire, tu ne partiras pas dans la journée qui vient mais sûrement le mois prochain. D’ici là, tu as de quoi te préparer mentalement à quitter le village. » compléta le vieil homme avant de s’éloigner, permettant au Rapion de faire de même de son côté. Il allait rentrer chez lui.

« Qu’est-ce que je vais me faire ce soir ? »

Pénétrant dans ce qui ressemblait à un igloo fait de pierre, il n’y avait alors qu’une seule et unique pièce. Assez spacieuse, il y avait de quoi vivre pour une seule personne, ce qu’il était. Il s’installa sur le lit fait de feuilles et de plumes tout en regardant le plafond.

« Ambassadeur des Rapions et des Drascores, n’est-ce pas ? »

C’était ce qu’il était devenu. C’était donc très important et merveilleux, n’est-ce pas ? Il avait accomplit quelque chose d’aussi important tout en étant seul. Seul, voilà ce qu’il était exactement, il était seul, tout simplement et rien d’autre. Tout simplement seul, sans que l’on ne lui pose de questions. Personne ne lui posait de questions.

« C’est comme ça. Demain, je verrais ce que je dois faire. »

Demain, oui. Il ferma les yeux, sombrant dans le sommeil en même temps que son ventre grondait, signe d’une absence de nourriture à l’intérieur de son estomac. Qu’importe qu’il grognait, il ne lui donnerait rien à manger.

Le lendemain matin, il se réveilla avant même que le soleil ne se lève. Il voyait l’aurore et cela était suffisant pour lui. S’étirant hors de son lit, il baissa les yeux, regardant son ventre pendant quelques secondes. Il valait mieux le nourrir maintenant.

« Sinon, il risque de me dé … »

« Ah ! Olistar ! Déjà debout ? Le vénérable du village voulait te parler ! »

« J’arrive tout de … » commença à dire Olistar alors que son ventre s’était mis à geindre de douleur. Le Rapion qui était venu le chercher eut un petit sourire avant de reprendre :

« Et il paraîtrait que ça soit le petit déjeuner est servi là-ba, pour le vénérable et son invité. »

« Je ne veux pas devoir quelque chose … Mais je ne peux pas être en retard. Je vous accompagne maintenant, il vaut mieux. »

Le Rapion adulte rigola légèrement, incitant alors Olistar à l’accompagner, ce qu’il fit. Les deux personnes marchèrent pendant quelques minutes dans le village, l’aube se levant peu à peu à l’ouest, Olistar l’observant pendant quelques secondes.

« J’espère que tu nous écriras souvent quand tu seras là-bas. »

« Il vous faudra vous tenir au courant au sujet de nos relations avec le royaume des insectes, c’est alors ce que j’accomplirais sans férir. »

« Tu n’es pas obligé de parler ainsi. Tu n’as que cinq ans, ne l’oublie pas, d’accord ? »

« L’âge n’a rien à avoir par rapport à tout cela, loin de là. » répondit Olistar avec neutralité, continuant de regarder le soleil pendant de longues secondes avant que l’homme ne lui rappelle d’avancer pour retrouver le vénérable du village.

Voilà, ils se retrouvaient maintenant dans un salon. Assis sur une chaise, Olistar attendait poliment la suite alors que le Rapion était parti. Quelques instants après, le vieil homme qui avait présidé au combat se présenta en face d’Olistar, disant :

« Te voilà donc … Je voulais parler avec toi de ce qui t’attendait. »

« Je suis prêt pour cela. Vous n’avez pas d’inquiétude à avoir. Je vous enverrais des écrits une fois par semaine. J’apprendrais l’écriture et la lecture du royaume des insectes. »

« Tu sais, elle n’est pas si différente que la nôtre. Tu partirais d’ici la fin de la semaine, je vais te donner quelques recommandations. »

Et voilà, pendant quelques longus heures, Olistar s’était mis à écouter le vénérable du village. Aucun mot, aucune parole, aucune phrase ne fût oubliée. C’était des choses qu’il devait encore inscrire dans sa mémoire car lorsqu’il partirait du village, qui sait ce qui l’attendrait ? Qui sait s’il allait revenir ou non ? Seul l’avenir le lui dira.