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Chapitre 27 : Déjà vu

ShiroiRyu
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Chapitre 27 : Déjà vu

« Pfiou ! Dire que ça va progresser bien plus vite que prévu, si ce n’est pas une bonne nouvelle, ça. Heureusement que ce village avait ce qu’il fallait et nous a proposé ses services, tu ne crois pas, Royan ? »

« Ils ont été un peu prompts à accepter mais j’imagine qu’ils n’ont pas vraiment pensé qu’ils avaient le choix en nous regardant. »

« Pourtant, je me suis présentée comme la princesse Elise. Cela a sûrement joué un peu quand même sur leur décision, non ? »

Il hocha la tête, comme si cela sonnait une évidence. Le souci, c’est qu’il avait considéré la décision d’Elise d’un peu trop dangereuse à son goût/. Et sauf qu’il n’avait pas réussi à le lui dire. À partir de là, il était maintenant un peu tard pour revenir en arrière.

« Espérons juste que tout se passe bien, c’est tout ce que je désire. »

Il chuchotait ça pour lui-même, évitant que quelqu’un ne l’entende. Avec leurs discussions de ces derniers jours et tout le reste, il n’avait pas l’esprit tranquille. Et cela le taraudait plus qu’il ne le pensait. Il voulait bien en parler à Elen mais il y aurait un petit risque qu’elle en discute ensuite avec Elise et il ne voulait pas qu’elle soit froissée qu’il ait gardé ça pour lui. Les sentiments amoureux des femmes, c’était vraiment compliqué.

Pour autant, ce n’était pas pour cela qu’il devait la prendre avec des pincettes. Le jeune homme aux cheveux bleus retourne auprès d’Elise, prenant une profonde respiration avant de placer ses mains sur ses épaules.

« Elise, je voulais te dire quelque chose d’assez important. »

« Hmm ? Oui ? Je t’écoute, Royan. Pourquoi tu as cet air si peiné en me regardant ? »

« C’est juste que… je ne veux pas que tu sois vexée mais, je tenais à te dire que tu as peut-être faire une idiotie en parlant au village. »

« Hein ? Idiotie ? Mais comment ça ? Je veux bien que tu dises ça mais seulement si tu me donnes des explications, Royan ! Car là, je vois pas de quoi tu parles ! »

« Tu as clairement annoncé à tous et à toutes que la princesse Elise était en vie… mais surtout non-loin du village. Plus nous descendons, plus nous nous rapprochons de la capitale, c’est bien ce que tu as dit, n’est-ce pas ? »

« Oui oui, c’est exact mais… où veux-tu en venir ? »

« Tout le monde dans le village ne veut pas forcément que la princesse Elise soit en vie. »

« MINCE ! Tu crois vraiment qu’il y aurait des gens qui… » commença à dire Elise alors que Royan hochait la tête positivement. Elle déglutit, regardant Royan, bien plus inquiète maintenant. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle avait commis une erreur aussi grossière sans même y faire attention. Elle… Elle venait peut-être de tous les condamner.

« Tu n’as pas à t’en faire, Elise. Nous pouvons régler cela. »

« Qu’est-ce que tu racontes, Royan ? Ils ne sont même pas au courant qu’ils vont peut-être tous mourir par ma faute d’ici les prochaines heures ou les prochains jours ! »

« Personne ne viendra décéder tant qu’ils sont sous ma protection. Et surtout pas à cause de certains démons qui veulent nous mettre des bâtons dans les roues, compris ? »

« Co… Compris, Royan. Je suis… Je suis vraiment désolée. »

À force d’être trop enjouée avec son idée, elle en avait totalement oublié les règles de sécurité élémentaires. Et voici où ils en étaient maintenant ! Tout ça parce qu’elle n’avait pas pris ses précautions ! Ah… Non, elle ne devait pas pleurer. Mais pourquoi est-ce qu’elle craquerait maintenant et pas avant ?

« Elise, va donc voir Elen pour te calmer. Cela sera beaucoup mieux que de traîner sur place, comme un chien en cage. »

« Tu n’es pas obligé de me parler, comme ça, Royan ! »

« Hein ? Mais, je ne t’ai pas crié dessus, Elise. Allons, Elise. Tu n’as pas à t’en faire, je t’ai promis que j’allais te protéger, je tiens toujours mes promesses, tu le sais non ? »

Elle n’ose pas lui répondre verbalement. Elle n’ose pas relever son visage vers lui. Elle est juste… là. Elle pensait avoir bien fait depuis le début mais ce n’est pas le cas en fin de compte. Elle s’était trompée sur toute la longueur.

« Ce n’est pas bien de dire ça, Royan. Je pensais pas que… Je ne pensais pas que j’allais pleurer, pas comme ça. Pas devant tout le monde. »

« Eh bien, ça arrive. Je vais aller expliquer la situation. Quant à toi, va voir Elen ; »

Il finit par enfin la relâcher, la jeune femme aux cheveux auburn retournant penaude auprès d’Elen, commençant à expliquer ce qui s’était passé. Elle s’attendait à des réprimandes de la part de la demoiselle aux cheveux blonds, mais celle-ci s’occupait de son enfant, déclarant que ça arrivait à tout le monde de faire des erreurs. Elle-même n’avait clairement rien à dire à ce sujet, loin de là même.

Elle était très mal placée alors que des gaffes, elle ne pouvait plus les compter tellement elles étaient nombreuses. Et certaines avaient été très dangereuses pour le groupe. C’est pourquoi, définitivement, elle allait plutôt lui dire que tout allait s’arranger et cela malgré ses erreurs. Elle pouvait apprendre de ces dernières hein ?

« Nous allons commencer à explorer les environs. Certains sont déjà en train de creuser. Je pensais avoir compris que nous ne le ferions pas avant d’être bien installés mais on dirait qu’ils veulent faire du zèle. Je trouve ça un peu gênant de vouloir faire un tunnel alors que nous devons encore nous déplacer pour retrouver Tery et les autres. »

« Pourtant, ce n’est pas si étrange, Elen. »

Peut-être qu’elle ne l’avait pas expliqué correctement mais elle et Tery, à l’époque, alors qu’ils voyageaient et exploraient les environs de la capitale après avoir été reçus là-bas, avaient remarqué que la capitale démoniaque était au plus profond des souterrains mais aussi au centre de ces derniers. Comme une gigantesque cuve qui emmenait tout dans le fond.

Ainsi, au plus proche de la capitale, les zones n’étaient pas si élargies que ça et vu qu’ils avaient marché pendant un bon bout de temps depuis qu’ils étaient ici, même en creusant le tunnel à côté d’eux et en explorant les environs, ils devraient très vite retourner au point de départ. Elen se gratta la joue, comme légèrement embêtée, murmurant :

« Mais si vous faites cela, ça ne veut pas dire que les démons de la capitale risquent de nous trouver bien plus facilement eux aussi. »

« Non, j’y ai pensé sur le coup mais la majorité est si prétentieuse et narcissique qu’après avoir découvert les environs, il n’y a généralement aucune garde qui patrouille dans les environs. Il faut comprendre qu’ils ont un mode de vie qui est « Dévorer ou être dévoré. » Si des personnes se perdent dans les alentours, c’est triste pour eux mais les monstres ne se priveront pas de les écharper. »

« Oui mais cela veut dire que nous aussi, Elise. Et les brigands ou autres ? »

« AH ! Les Brigands, étrangement, avec Tery, nous n’en avons pas vu tant que ça. Peut-être que les monstres étaient d’anciens démons hors-la-loi qui se sont transformés ? Mais de ce côté-là, nous n’avons pas à nous en faire, la discrétion est assurée ! »

« D’accord, tant mieux, c’est plus rassurant maintenant que tu le dis ainsi. »

Elise avait retrouvé le sourire. Il lui en fallait peu à cet instant précis et elle était perplexe à l’idée que son comportement était très irrégulier ces derniers temps. Mais au moins, maintenant qu’elle avait été un peu complimentée par Elen, elle allait observer les travaux sur le tunnel. De base, il n’allait pas être très compliqué.

Les « architectes » du groupe avaient signalé comment ils allaient réaliser ce petit tour de passe-passer. De base, ils allaient tout simplement creuser en ligne droite, installer un espace assez grand pour y entreposer des outils et quelques emplacements pour les soins et autres. Puis ensuite, ils allaient commencer à creuser pour monter… puis recommencer et ainsi de suite. Cela ne servait à rien de faire un long tunnel qui allait uniquement monter jusqu’à la surface. Ceux qui voudront le traverser avaient besoin de plusieurs endroits où se reposer.

Et vu qu’ils n’allaient pas laisser la nature travailler à leur place, il fallait imaginer tout cela comme si seuls les démons et les surfaciens allaient traverser ce tunnel. Après une rapide réflexion, ils en avaient conclu que ce projet n’était pas uniquement un simple tunnel mais quelque chose de bien plus grand et important, ils étaient en train de préparer une véritable voie qui pourrait être commerciale, vivable et autres. Dans les souterrains, les villages démoniaques n’avaient aucune route qui permettrait de les faire se rejoindre entre eux. Via l’instinct, les démons savaient plus ou moins quelle route prendre pour arriver à une nouvelle destination. Ainsi, le projet qu’ils étaient en train de monter était quelque chose en son genre pour toute la race démoniaque. Avec la fusion des connaissances du monde de la surface et des démons, ils pouvaient envisager de grandes choses !

En parlant de grandes choses, cela voulait dire aussi qu’ils allaient pouvoir vraiment… créer tout ceci. Il fallait juste du temps, cela n’allait pas prendre quelques jours, c’était sûrement un projet titanesque, qui allait nécessiter des mois et des mois mais… Ah… Tiens ? Royan et Elen ne sont pas là ? Ah oui, c’est vrai ! Ils avaient dit qu’ils partaient en patrouille avec quelques soldats pour être sûr qu’ils ne soient pas dérangé pendant qu’ils travaillaient.

« J’imagine que tu ne m’as pas demandé de rester sur mes gardes juste pour le plaisir, Royan. Et surtout sans Elise, n’est-ce pas ? »

« Depuis qu’elle a prévenu par mégarde à notre sujet, je ne suis pas rassuré. Tu peux dire que c’est une mauvaise prémonition mais ainsi, je ne suis pas… enfin… »

« Pas besoin d’en dire plus. Je suis un peu rouillée, alterner entre la marche et m’occuper de mon enfants, s’il y a besoin de se battre, ça ne sera pas un problème. Mais… tu te rappelles de ce qu’Elise a dit sur les démons qui habitent les strates les plus profondes ? »

« Qu’ils sont bien plus puissants que ceux proches de la surface, oui. »

« Alors, à partir de là, tu comprendras que si nous tombons sur des démons néfastes, il ne faudra pas hésiter sur les coups. »

Il n’était pas le roi de Traslord parce qu’il était candide. Et Elen était la mieux placée pour savoir cela, non ? Elle avait été là… quand ses frères avaient été… Hmm, il secoua la tête négativement. Il n’avait aucune raison de se rappeler de ces mauvaises choses.

Oui, c’était le passé et le présent était la seule chose dont il devait se préoccuper. Mais pour ça, il fallait être sûr qu’il avait un futur qui lui serait accessible. Plongé dans ses pensées, il s’arrêta au même moment que les membres de son groupe.

« Eh bien, eh bien. Visiblement, les informations étaient fondées. »

« Dommage qu’on ait éliminé la démone qui nous a donné les dites-informations, haha. »

« Comme quoi, il est très laid de rapporter. Enfin, on ne va pas bouder notre plaisir. Cela doit être le groupe dont on parle depuis des semaines. Ils sont donc bien arrivés parmi nous. Dame Halyza se ravie que l’on fasse un peu de nettoyage. La traînée à moitié démone doit être dans les environs et… »

Le démon qui avait parlé tourna la tête juste au bon moment alors qu’une entaille ensanglantée se dessina sur sa joue, Royan ayant des lignes bleues sur son visage et sa main tendue vers le démon.

« Moins d’insultes. Il n’y a pas besoin d’imaginer pourquoi vous êtes ici. Vous venez de le dire par vous-même, non ? Alors, combattons jusqu’à ce qu’il ne reste plus… »

« Hum ? Dites, votre équipement et tout le reste, ils viennent de quel clan d’Honoros ? » coupa Elen en fronçant les sourcils. Derrière elle, quelques soldats, issus d’Honoros commencèrent à fixer les démons, clignant des yeux en remarquant que la jeune femme aux cheveux blonds disait la vérité. C’était bien ça !

« Il s’agit du clan des Slypian. Un clan connu pour faire preuve d’une grosse cruauté et manipulation pour obtenir ce qu’il désire. Nous pensions qu’il avait disparu depuis quelques mois… mais en fait, ils œuvraient pour ces démons. »

Sur le coup, Elen ne pouvait que confirmer par la pensée les propos du soldat. Elle ne connaissait pas tous les clans d’Honoros mais il était vrai qu’elle remarquait un emblème ressemblant à une tête de serpent de face, comme si l’emblème lui-même venait observer sa future victime.

« Bon, comme l’a dit dame Halyza, aucun survivant. Nous n’avons pas besoin de vous autres de toute façon, vous nous êtes inutiles. TUEZ LES TOUS ! »

Et voilà que l’assaut avait débuté. Pour autant, dès le premier démon qui fonça vers eux, une flèche dorée, teintée de lumière vint se nicher dans son crâne, la lumière prenant une tournure orange avant que la tête du démon n’explose sur le coup, le tuant net tout en repoussant ses comparses. Elen avait fait apparaître son arc, regard froncé :

« Désolée de ne pas l’être. J’ai cru entendre quelques insultes sur une amie qui m’est très chère. J’imagine que vous comprendrez que je ne pouvais pas laisser une insulte être impunie, n’est-ce pas ? Qui est le suivant ? »

Et bien entendu, aucun rire ou pointe d’amusement dans la voix. Non, elle ne semblait même pas se moquer de leurs adversaires. Ses démons n’étaient pas là pour plaisanter. Ils désiraient se battre jusqu’à la mort et elle allait leur offrir ce qu’ils désiraient. Elle observa Royan qui avait sorti lui aussi son arme ainsi que les autres soldats.

« LYNCHEZ-LES ! IL NE DOIT EN RESTER AUCUN ! OCCUPEZ-VOUS DE CETTE ARCHÈRE ! » hurla une nouvelle fois celui qui semblait être le commandant de cette petite troupe encore que dans les faits, ils étaient au moins aussi nombreux qu’eux… voire même peut-être plus vu qu’il y avait pas mal de personnes restées en arrière.

Les deux troupes se rencontrèrent, Elen reculant déjà. En tant qu’archère, cela ne servait à rien de combattre au contact. Comment elle pourrait faire pour se défendre de toute façon ? Mais elle gardait un œil sur Royan, au cas où tout tournerait plus mal que prévu. Elle ne voulait pas avoir à rapporter sa mort à Elise. Cette dernière risquerait de devenir folle et démente… comme Tery avec Clari.

« Hors de question de revivre ça une nouvelle fois. »
Elle ne permettrait pas à Tery de revivre une horreur de la sorte. Ni Tery, ni Elise, ni personne parmi ceux qu’elle aimait. Même Manelena ! Elle tira une flèche dans l’air, en direction des troupes ennemies. Si elle arrivait à abattre ce « commandant » avant les autres démons, peut-être qu’ils arrêteraient leur combat.

Non, autant ne pas se bercer d’illusions. Ces imbéciles étaient là pour un unique but : servir leur princesse Halyza et sûrement pour une belle somme d’argent vu qu’ils n’avaient aucune réticence à accomplir leur objectif.

« Mais c’est quoi cette force ?! »

Elle avait entendu un soldat crier à côté d’elle, se faisant projeter en arrière, une longue entaille ensanglantée tracée à la diagonale sur sa poitrine. L’armure avait été traversée avec une telle facilité que cela en était déconcertant. Cet équipement sur leurs adversaires ne semblait pas pourtant être des plus impressionnants.

Et pourtant, et pourtant … Il était en même temps bien plus efficace qu’il ne le serait aux mains d’un surfacien. Est-ce que les démons étaient capables d’améliorer l’équipement qu’ils portaient ? Non, si c’était le cas, cela rendrait le combat tout simplement impossible ! Ce n’était que le fruit du hasard !

« Ne vous laissez pas dominer par la peur ! Des démons, on en a déjà souvent affrontés ! De plus, nous en avons parmi nous ! Ils vous aideront à savoir combattre ceux qui veulent nous empêcher de retrouver nos compagnons ! »

Elle ne savait pas si cela allait vraiment donner du courage aux membres du groupe mais il fallait tenter un maximum. Mais plus le combat perdurait, plus elle remarquait que bon nombre des membres étaient en train de finir blessés, voire même morts pour une partie.

Comment faire pour les contrer ? Comment y arriver ? Elle-même était la seule à être vraiment efficace mais elle ne pouvait pas lutter contre une armée entière. Alors qu’elle remarquait que les démons entouraient Royan et trois soldats qui tentaient de le protéger, une vive lueur blanche traversa la zone tranchant net plusieurs démons ennemis alors qu’elle arrivait à voir la forme de cette lueur. Une hache à double lame ? Et pourquoi est-ce qu’elle sentait la puissance de Zélisia dans celle-ci ?

« Pfiou ! J’étais pas sûr que ça allait marcher mais tant mieux ! HEY ! Tu peux faire de même ! Tu vas tenter quoi ? »

« On va voir si la magie fonctionne quand on la fusionne ! »

Magie fusionnée ?! Comment ça ? Elle tourna son visage pour voir deux Mélakarmiens. C’est vrai ! Elle avait presque totalement oublié leurs existences mais ils avaient récupéré des Mékalarmiens. Ces hommes-reptiles… mais ils avaient des écailles blanches et la magie de Zélisia déferlait dans leurs corps avec une aisance certaine.

Le second Mékalarmien à côté du premier qui réceptionna sa hache, vint faire quelques signes d’une main, en direction d’un groupe de démons ennemis qui était habitué à attaquer à distance, la foudre venant s’abattre sur eux. Mais à contrario d’une foudre normale, celle-ci était imprégnée d’une magique qu’elle connaissait que trop bien.

« Une foudre… divine ? C’est possible ça ? »

Pour elle, c’était une évidence que d’utiliser ses flèches pour les imprégner de la magie de Zélisia mais même la magie, il était possible de faire ça ? Et quelle efficacité de la part des mékalarmiens, elle arriva à leur hauteur, se plaçant non-loin d’eux, arc bandé :

« Je vais me charger de votre protection ! Continuez vos attaques ! Aucun démon n’arrivera à vous approcher ! Visez ceux à distance ! »

« Vous en faites pas, c’est considéré comme déjà fait ! Euh… Par contre, on voulait pas se cacher, c’est promis ! »

« Mais de quoi vous parlez là ?! Sans vous, nous n’aurions aucune chance de pouvoir battre ces démons ! On vous doit sûrement la vie ! Mais pour ça, il faut que l’on termine ce combat et le plus vite possible ! »

« Ah ! Bon ben, euh, on s’expliquera après alors ! »

Pour des Mékalarmiens, ils étaient loin d’être prétentieux ces deux-là. C’était surprenant mais pas déplaisant. Surtout qu’ils faisaient honneur à leur race. Et cette fois-ci, la roue venait de tourner. Comme quoi, il suffisait juste d’un peu d’élan pour pouvoir permettre à leur groupe de prendre l’avantage.

Ils avaient été chanceux, chanceux d’avoir deux porteurs de Zélisia avec eux. Elle-même comprenait ce que ça voulait dire : Les démons supportaient difficilement Zélisia, étant en conflit permanent vu que tous ne pouvaient que posséder les lignes d’Alzar. Cela devait alors se faire aussi ressentir dans leur métabolisme.

Ah… Pfiou… Pfiou… Les autres membres de l’armée pouvaient souffler un peu mais hors de question pour elle et les deux Mékalarmiens d’arrêter le combat maintenant. Il fallait continuer jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de leurs adversaires.

« ROYAN ! J’ARRIVE ! TA FEMME EST À TA RESCOUSSE ! »

« Elise ?! Mais qu’est-ce qu’elle fait ici ? Elen ! On ne l’avait pourtant pas prévenue non ? Enfin, quelqu’un est sûrement parti pendant le combat pour les prévenir ! »

Mais au point que les renforts puissent arriver ? Ils combattaient depuis combien de temps ? Et leurs adversaires semblaient infatigables ! Enfin, malgré tout, ils périssaient quand même entre leurs mains, ce qui était une bonne chose pour leur propre survie.

Et avec l’arrivée des renforts mais surtout une Elise qui est rentrée en combat comme une furie en voyant son « chouchou » blessé, l’hécatombe se fait ressentir dans les troupes adverses. En même temps, Elise n’était pas une princesse démoniaque pour rien. Elle avait passé beaucoup de temps avec Tery sous terre. Et Royan qui venait se placer à côté d’elle et des deux Mékalarmiens. Il n’avait plus besoin de combattre.

« J’ai l’impression qu’ils se sont tellement améliorés pendant qu’ils étaient seuls. »

« Ce n’est pas le moment d’être jalouse, Elen. Disons plutôt que pour survivre à deux, dans un tel endroit, on devrait plutôt être heureux qu’ils soient devenus bien plus forts. »

« Oui, enfin, dans les faits, on va dire que sur le coup, tu serais complètement à la ramasse si un jour, elle décide de se mettre en colère. D’ailleurs, tu as pas remarqué qu’elle avait un comportement un peu trop… expressif ces derniers jours ? »

Hmmm ? Elle aussi l’avait remarqué ? Il pensait être le seul à avoir vu ce genre de petit changement chez Elise. Si elle avait une explication, il était prêt à l’entendre mais pour ça, il fallait d’abord en terminer avec ce combat.

Chapitre 26 : De futures voies

ShiroiRyu
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Chapitre 26 : De futures voies

« Hum… J’ai l’impression que notre allure est ralentie depuis quelques jours, tu ne trouves pas, Royan ? » demanda Elise alors qu’ils marchaient au beau milieu d’une troupe composée de soldats et artisans. Certains étaient démoniaques, d’autres surfaciens, mais c’était un curieux mélange qui n’était pas déplaisant à voir.

« Je n’ai pas eu cette impression en particulier, je dois avouer. Pourquoi est-ce que tu penses une telle chose, Elise ? Tu peux l’exprimer ou non ? »

« Je pourrais mais je ne suis pas certaine que ça soit… nécessaire. C’est peut-être moi qui me fait des idées. Rien d’autre. »

« Peut-être ? Mais en même temps, tu n’as peut-être pas si tort que ça. J’ai aussi cette sensation que nous sommes ralentis. J’imagine que cela doit être à cause des créatures que nous rencontrons. Les éclaireurs sont sur le qui-vive pour éviter qu’elles ne causent des ennuis. Pour beaucoup, ils ne connaissent pas ces monstres. »

« Et même parmi les démons, si tu as entendu, ils ne sont pas tous forcément au courant. »

« Ah… Nous verrons en temps et en heure. J’ai déjà la sensation que nous sommes à des milliers de mètres sous terre, c’est affreux. »

« Oh, je suis certaine qu’on ne doit pas être si loin de la vérité. D’ailleurs, c’est étrange, j’ai toujours pensé plus que nous nous enfoncions, plus il ferait chaud et étouffant. »

« Je pense qu’il doit s’agit des roches autour de nous. Et de ces cristaux lumineux. De même, vu qu’il y a de l’eau souterraine, cela doit aussi réguler la chaleur. Et peut-être que moi-même, indirectement, avec mes pouvoirs, je refroidi les environs. »

Tout cela n’était que des probabilités mais Elise semblait s’y accrocher, hochant la tête alors qu’ils reprenaient encore et toujours la route. Elen parlait beaucoup moins, trop focalisée sur son enfant. Depuis qu’elle était une mère, elle semblait abandonner une bonne partie de ss idées farfelues mais pour combien de temps ?

« Hey, Royan, tu crois que ça serait une bonne idée si je… »

Elle se rapprocha de lui, commençant à lui parler dans l’oreille, avec discrétion. Le jeune roi de Traslord cligna des yeux, commençant à lui demander si elle pensait vraiment ce qu’elle disait, Elise répliquant :

« Bien entendu, c’est simplement qu’à l’heure actuelle, les voies utilisées sont toujours les mêmes, elles sont là depuis je ne sais combien de temps. »

« Oui mais là à envisager d’en créer une nouvelle pour que nous puissions retourner à la surface quand nous le désirons, c’est un peu fou, tu sais ? Et surtout, nous ne savons même pas où nous risquons de nous rendre, tu le sais ? »

« Mais à côté, cela ferait un endroit dont nous seuls connaîtrions le chemin. Je pense vraiment qu’il faudra en discuter avec tout le monde ce soir, pendant le repas. »

Elle voulait absolument avoir raison, hein ? Enfin, elle voulait absolument proposer cette idée et il était certain qu’elle trouvera du monde pour cela. Le jeune homme à la chevelure bleue ne fit qu’un petit sourire en direction d’Elise, comme pour lui signaler qu’il était d’accord avec elle..

« Pourquoi pas ? Nous n’avons rien à perdre avec tout cela, n’est-ce pas ? »

« C’est justement pour ça que je veux le proposer ! Car si ce n’est pas accepté, on fera comme d’habitude. Si c’est accepté, eh bien, on aura le temps d’y réfléchir car ça ne sera pas pour tout de suite de toute façon, hein ? »

« C’est vrai. Si tu veux, tu peux déjà en parler à Elen pour voir ce qu’elle en pense personnellement ? Car cela la concerne un peu non ? »

« Hmm… Tu as raison, Royan. Je vais te laisser tranquille pour quelques minutes alors ! »

Et la voilà maintenant déjà partie, comme si de rien n’était. Il la regarda faire comme si de rien n’était. Il ne pouvait s’empêcher de soupirer avec une petite pointe d’amusement. Comment est-ce qu’elle allait faire des fois, hein ?

« Elen ? Dis moi, est-ce que je peux te parler , »

« Bien entendu, Elise. Pourquoi est-ce que tu me poses la question ? Si tu as peur de me déranger par rapport à ma fille, ne t’inquiète pas, elle dort actuellement. »

« Elle est vraiment si mignonne, je tenais à te le dire. »

« Hmm ? Je le sais bien, c’est ma fille et son père est remarquable aussi. Elle ne pouvait qu’être mignonne, hein ? Hahaha. Mais que veux-tu plus précisément ? »

« Eh bien, j’ai parlé d’une idée à Royan et il semblait plutôt d’accord avec moi. Néanmoins, comme je veux en parler à tout le monde, je voulais d’abord avoir ton avis à ce sujet. Tu veux bien m’écouter ? »

« Bien entendu, bien entendu. Alors, dis moi tout. Je suis toute ouïe. »

« Hmm… J’avais envisagé la construction d’un tunnel nous ramenant à la surface. »

« D’accord… Mais à part ça ? Car ce n’est pas que ça non ? Pourquoi est-ce que tu veux faire un tunnel plus exactement ? Il y en a d’autres non ? »

Et voilà qu’Elise commença à expliquer plus précisément ce qu’elle voulait dire par là. La démone aux cheveux urburns évoqua les mêmes points qu’avec Royan. Après quelques minutes à parler de tout ça, Elen était maintenant vraiment songeuse.

« L’idée de nouveaux tunnels et donc grottes seulement connus par nous est excellente ! Cela veut dire que Tery pourrait faire des allers et venues sans que ça ne pose de soucis. Mais à côté, combien de temps avant qu’ils ne soient découverts ? Est-ce que tu as déjà réfléchi à cela ou pas, Elise ? Car je pense qu’il faut le prendre en compte. »

« Pas vraiment. Ma priorité était de trouver une autre sortie car je dois avouer qu’avec certains démons et les gnomolds, je ne suis pas certaine qu’utiliser une des sorties officielles soit vraiment conseillé. »

« Non, disons que y a de fortes chances qu’ils nous attendent, que ça soit une race ou l’autre. Nous sommes un peu entre le marteau et l’enclume. »

Elise regarda la jeune femme aux cheveux blonds, clignant un peu des yeux, hébétée par ses propos comme si elle se demandait si c’était bien elle qui avait cité une telle expression. Devant le regard décontenancé d’Elise, Elen bredouilla :

« Rester pendant plusieurs mois sans rien faire ou presque, aux côtés de la mère de Tery et avec Manelena qui arrivait, ça m’a permis de m’instruire encore un peu plus. »

« D’accord, d’accord. C’est vraiment surprenant quand on y réfléchit bien, faut se dire. »

« Hey, je ne suis pas plus idiote qu’une autre personne, tu sais ? »

Elle avait fait une petite moue en direction d’Elise, celle-ci rigolant affectueusement. Bien entendu, bien entendu. Ce n’était pas ça qu’elle voulait dire à la base, loin de là. Elle s’excusa néanmoins envers Elen, ne voulant pas la vexer.

« Merci pour tout, Elen. J’espère que les autres membres du groupe apprécieront l’idée. Je vais la proposer ce soir. »

Et le soir ne tarda pas à arriver. Pendant que chacun et chacune s’installait pour la soirée, attendant l’heure du repas, Elise faisait les cent pas dans la tente qu’elle partageait avec Royan. Bien entendu, le couple dormait ensemble.

« Tu ne vas pas me dire que tu stresses, Elise ? Pas toi quand même. »

« Eh bien si, ça m’arrive. J’ai peur que beaucoup trouvent mon idée ridicule ou absurde. Je ne sais pas comment il me faudra réagir si c’est le cas. »

« Certains seront surpris et étonnés mais même si d’autres protestent ou considèrent que c’est une absurdité, tu ne dois pas t’en faire. Il faut accepter les remarques de tout le monde si elles sont fondées. Ceux qui se permettent de t’insulter sans explication ne méritent pas ton intérêt ou ton inquiétude. Et puis… Hum… Comment dire ça ? »

« Oui ? Royan ? Tu veux dire quoi ? »

« Eh bien, si tu es si inquiète, je peux me placer à côté de toi si cela peut te rassurer. Qu’est-ce que tu en dis ? Tu préfères au cas où ? »

« Je voudrais bien, Royan… si tu veux bien. »

S’il proposait cela, c’est bien pour accepter. Cela serait étrange comme concept que de refuser une idée qu’il proposait. Mais il garda cette pensée pour lui. Elise était comme rassurée maintenant qu’elle savait qu’il serait là. Il avait plus l’habitude qu’elle pour ça.

Et la voilà au beau milieu d’un cercle composé de démons, de citoyens de Traslord, Honoros, Claudiska et Shunter. Et elle ? Elle était droite et immobile. Et elle prenait la parole, surtout. Elle commença à s’exprimer, lentement mais sûrement. Elle n’expliquait pas qui elle était, n’ayant plus besoin de se présenter.

« Nous sommes un groupe unique en soi… ou presque. Nous sommes des êtres qui ont transcendé les espèces pour avoir un but commun. Ici, il n’y a pas de démons, de surfaciens, d’adeptes d’Alzar ou de Zélisia. Ici, aucun être ne cherche à exprimer sa différence et sa supériorité mais une chose nous sépare encore. Une seule, contrôlée par des membres de nos races qui ne sont pas forcément enclins à apprécier tous les efforts commis. »

Elle parlait peut-être avec un peu trop d’exagération dans ses propos. Elle ne voulait pas être trop pompeux mais elle sentait que si elle s’exprimait comme d’habitude, elle risquait de ne pas être prise au sérieux, chose qu’elle ne désirait absolument pas à cet instant.

« Cette chose, ce sont les voies qui nous permettent de lier la surface et les démons. Je ne vais pas parler au nom de tous les démons ici présents, mais tous pourront confirmer une chose : ces portes qui bloquaient les issues menant à la surface n’étaient pas créées par la magie d’Alzar et Zélisia. Non, ce sont des fabrications démoniaques, des preuves que d’un côté comme de l’autre, nul n’aurait accepté ceux qui s’étaient opposés à eux pendant de nombreux siècles. »

Elle continuait, encore et encore. Elle ne voulait pas s’arrêter de parler. Pas à ce moment, pas à cet instant. Si elle s’arrêtait, elle n’aurait plus alors le courage de continuer. Elle devait arriver jusqu’au bout de son monologue, de son discours :

« Il n’aura fallut que quelques mois, peut-être une année pour que nous, nous tous ici présents, comprenions que nous n’étions pas différents les uns des autres. Nos craintes, nos forces, nos relations, nous sommes tous pareils et c’est pour cela que je vais vous proposer quelque chose qui permettra d’affirmer encore plus nos relations. »

Elle en arrivait au point crucial de son discours, le moment le plus important. Elle sentait que tout le monde la regardait, attendant qu’elle prononce, qu’elle décrive son idée :

« Nous allons créer un tunnel. Un tunnel façonné non pas par les démons ou alors parcouru par les surfaciens pour attaquer les démons. Non, ce tunnel sera fait par nos mains et nos efforts conjoints. Ce tunnel sera la première voie qui réconciliera nos races. Et ce tunnel sera là pour nous ramener à la surface, sans qu’il n’y ait de gnomolds ou autres pour nous barrer le passage. Qu’en dites vous ? »

Elle ne s’attendait pas à des exclamations de joie et des applaudissements et heureusement rien de tout cela n’arriva. Les gens discutaient entre eux, comme pour savoir le point de vue de l’autre sur l’idée de la jeune démone aux cheveux auburn.

« Royan, c’est bon ou mauvais signe, ce silence ? »

« Il faut patienter, parfois. Tout le monde ne sait pas forcément les enjeux de ta proposition mais comme je te l’ai dit, qu’importe le résultat, je serais là pour te soutenir. »

Ah… Elle voulait se sentir rassurée par les paroles de Royan mais elles étaient inefficaces à l’heure actuelle. Avec cette boule dans l’estomac, elle avait l’impression que tout son corps allait lâcher d’un moment à un autre.

« Vu que je suis à la recherche de mon démon à moi, je trouve que c’est une excellente idée ! » s’exclama une voix qu’elle reconnaissait facilement, Elen s’étant levée. « De plus, Royan et Elise nous montrent bien toutes les possibilités de notre monde grâce à leur couple. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas construire ce tunnel ! »

Cela avait été le début des réactions. Chacun et chacune élevait sa voix, affirmant sa prise de position par rapport à l’idée d’Elise. Tous étaient majoritairement d’accord, certains étaient neutres mais ne refusaient pas l’idée. Non, il n’y avait aucune voix qui contestait son idée. Mais tous n’étaient pas forcément convaincus de la justesse des propos de la demoiselle.

« Et quand est-ce que nous devons préparer ces tunnels ? »

« Eh bien, je fais confiance à nos amis démoniaques pour nous dire quand nous sommes assez proches de la capitale. Sans pour autant être trop proches non plus, car je pense que ça ne sera pas de simples travaux. Durant le reste du voyage, le temps que nous trouvions l’endroit parfait, je vais vous questionner pour savoir qui serait capable d’oeuvrer pour ça pendant que les autres continueront à surveiller les environs. Néanmoins, je vais aussi vous demander à vous tous de me dire si quelqu’un s’y connaît en architecture et autres. Car creuser un tunnel, ça ne sera pas à la portée de tous et il nous faudra prendre nos précautions. De même, si nous trouvons d’autres villages dans les environs, il ne faudra pas avoir peur de dialoguer avec eux. Qui sait, peut-être que certains viendront nous rejoindre ? »

Maintenant qu’elle avait fini de proposer son idée, elle était comme ragaillardie par tout ça et commençait déjà à parler de tout et de rien, sans même se soucier. Royan garda un sourire aux lèvres avant de finalement la laisser seule. Il n’avait plus besoin de veiller sur elle, elle allait se débrouiller. Il retrouva Elen, venant s’asseoir à côté d’elle :

« C’est tout ce qui importait, n’est-ce pas ? »

« Tu as fait le bon choix. Je suis certain que Tery serait heureux de voir que nous pouvons nous débrouiller sans lui. »

« Quand tu parles comme ça, je ne suis pas rassuré, je suis désolé. Cela donne l’impression… qu’il va mourir et je ne veux pas penser à ça. »

« Ce n’était pas mon but, Royan. Je veux aussi le retour de Tery mais… si j’ai dit que j’appréciais son idée, ce n’est pas pour rien. Je crois vraiment en ces idées. »

« Moi aussi. Mais en même temps, je suis un peu inquiet. Malgré tout ce qui s’est passé, nous n’avons pas rencontré tant de démons que ça. Je ne sais pas, cela ne me rassure qu’à moitié. »

« Tu te fais trop de soucis mais pour une bonne raison. Néanmoins, si cela peut te rassurer, l’explication doit être en rapport avec les gnomolds. Je suis certaine que certains ont pris d’autres tunnels et sont déjà en train de descendre eux aussi. Cela ne m’étonnerait pas que des démons ont été envoyés pour les réceptionner à leur façon. »

« D’accord, donc nous ne sommes pas un groupe assez inquiétant pour qu’ils soient plus concernés par nous que par des gnomolds. En un sens, ça reste assez vexant, tu ne trouves pas ? » demanda Royan en regardant la femme aux cheveux blonds.

« Bof, tu sais, j’imagine que je pourrais m’en remettre. Ce n’est pas comme si leurs avis nous intéressaient non ? Je veux dire par là, on ne va pas aller se montrer devant eux pour qu’ils soient concernés par nos faits et gestes non, hein ? »

« Oui bien entendu, je vois où tu veux en venir. C’est juste que c’est étrange qu’ils préfèrent focaliser des gnomolds qu’un groupe comme nous. »

« Pas si étonnant ou étrange. On a bien vu que les gnomolds haïssaient les démons. J’imagine que ça doit être réciproque. Le pourquoi par contre ? On ne peut pas le savoir si aucune des deux races ne décide d’ouvrir sa bouche pour ça. »

« Ce n’est pas faux, tu as parfaitement raison. Je ne sais pas pourquoi je n’y ait pas pensé après tout ? »

« Car tu es trop focalisé sur Elise pour le moment. Il suffit de la voir pour comprendre que tu étais bien trop inquiet pour elle autant qu’elle l’était pour ses idées, voilà tout. »

Encore une fois, elle avait raison. Bien qu’il avait souvent vu les débordements d’Elen par rapport à Tery, il comprenait qu’elle parlait en tant que femme qui avait expérimenté tout ça. Une femme qui ne connaissait rien auparavant aux sentiments amoureux… comme Royan et Elise en ce moment même.


Elle tapota doucement le crâne du jeune adulte devenu plus grand qu’elle au fil des années avant de lui faire un léger sourire. Royan eut des petites rougeurs aux joues, marmonnant en repoussant à peine la main :

« Je ne suis plus un enfant, Elen. S’il te plaît, qu’est-ce que les soldats vont penser de moi si tu me fais ça en public ? »

« Ooooh, ils penseront que du bien. Souvent les rois et reines impressionnent par leurs auras, montrant par là qu’ils sont intouchables. »

« Je voudrais bien qu’ils gardent cette idée de moi et que je puisse alors ensuite… »

« Trop tard, Royan. Trop tard ! Tu es devenu un homme mais tu resteras toujours le petit frère du groupe. Désolé, c’est gravé dans la roche. »

« Pfff… Vraiment. Heureusement que vous n’êtes pas toujours là hein ? »

« Tu as parfaitement montré que nous te manquions bien trop pour que cela ne te fasse aucun effet, tu n’as pas besoin d’être gêné. »

Il ne l’était pas ! Il ne fallait pas qu’elle raconte n’importe quoi non plus hein ? Enfin, il n’allait pas le crier sur tous les toits. Elle exagérait vraiment quand elle le voulait. Cela se voyait qu’elle allait bien mieux.

« On ne devrait pas s’amuser aux dépends d’autrui. Surtout d’un membre de la royauté. »

« Tu seras un membre de la royauté à mes yeux quand j’aurais perdu la mémoire. Ce n’est pas encore prêt d’arriver, Royan, désolée pour toi. »

Il marmonna quelques paroles, disant que ce n’était pas vraiment juste, elle répliqua que oui, la vie était injuste. Mais maintenant qu’Elise s’était enfin calmée, ils allaient pouvoir retourner auprès d’elle et manger un bout comme les autres.

Un tel projet allait être enfin réalisé. Ce n’était pas un rêve. Bien sûr, elle avait évité de trop en parler avant de finalement se jeter à l’eau. Maintenant, elle s’en voulait presque d’avoir trop tardé à en parler.

Heureusement, elle avait pris son courage à deux mains et maintenant, elle sentait qu’elle allait bien dormir. D’ailleurs, Elen lui fit une petite remarque à ce sujet, ayant vu son air fatigué. Elle lui avait signalé d’aller se coucher, chose qu’elle fit bien vite.

Elen avait décidé de faire un petit tour de garde avec quelques soldats, songeuse. Elle s’imaginait un peu ce qui se passait à l’heure actuelle. Elle voudrait être aussi forte qu’Elise. Crier ce qu’elle désire et recherche. Elle l’avait dit quand elle avait retrouvé ses esprits, il y a plusieurs moi de cela.

Mais maintenant ? Elle en avait moins la force. Peut-être parce qu’il y avait eu de nombreux échecs par rapport à Tery. Que deux fois de suite, ils avaient échoué à se revoir correctement et à rester ensemble ? Il y avait tellement de raisons qui la faisaient reculer.

Mais bon… Avec ce tunnel, Tery ne serait pas qu’un lointain souvenir. Non, il sera définitivement près d’elle, ça sera du concret. Il n’aura pas à se faire d’illusions, loin de là. Elle est certaine qu’ils allaient être bientôt réunis, elle et lui.

Ah … Peut-être qu’elle devait trouver un projet plus concret ? Comme élever sa fille bien plus correctement qu’elle ne le faisait ? Elle n’avait aucune idée pour savoir actuellement, cela allait ou non. D’habitude, elle avait l’aide de la mère de Tery mais ici, elle devait apprendre à se débrouiller seule ou presque.

Car oui, heureusement, les femmes du groupe venaient l’épauler, du moins, celles qui étaient déjà mères de famille. Le plus surprenant à ce sujet restait les femmes démoniaques. Elles semblaient avoir à peine son âge et pourtant, certaines lui disaient qu’elles avaient déjà plusieurs enfants en âge de partir à la guerre.

D’ailleurs, l’une d’entre elles était justement venu avec son fils et sa fille. Et ils étaient présents ! En les regardant, elle avait bien remarqué les similitudes mais bon… Enfin, toute aide était bonne à prendre et elle avait accepté le coup de main de la part de cette femme.

C’était d’ailleurs grâce à ce coup de main qu’elle avait compris à quel point les démons étaient pareils que les gens de la surface lorsqu’il s’agissait d’élever leurs enfants. Du moins, à la base, car elle n’en savait rien pour leurs éducations. Bien que les deux enfants de cette démone semblaient la respecter et lui obéir. Ah, repenser à ça lui avait permis d’évacuer un peu ce stress avant d’aller se coucher. Elle allait bien dormir, auprès de sa fille.

Chapitre 25 : Une invitée non-annoncée

ShiroiRyu
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Chapitre 25 : Une invitée non-annoncée

« Eh bien ? Je pensais être rouillé mais il semblerait que je ne sois pas si usé que ça. Vous ne profitez pas un peu pour vous relâcher pendant mon absence ? »

L’homme à la chevelure noire avait le sourire aux lèvres. Rien de prétentieux, plus amusé qu’autre chose alors qu’il tenait deux petit labrys dans ses mains bien qu’une aura les entourait, signe qu’ils étaient dans un entraînement. Aux pieds du maréchal, plusieurs soldats étaient au sol, certains étant sonnés par les coups.

« Aie, aie, aie, ça faisait mal tout ça, quand même. »

« Difficile à croire qu’il ait moins le temps de s’entraîner ! »

« Hmm ? Mais je ne crois pas avoir dit cela. Même si je ne peux plus venir aussi souvent aux entraînements, il faut bien que je me maintienne de mon côté, vous savez, les gars. Sinon, je vais finir par me ramollir et ça, je veux éviter hein ? »

« Hey, mais ça, nous n’étions pas au courant ! »

« Eh bien, maintenant vous le serez, n’est-ce pas ? Allez, on se relève ! J’ai encore envie de m’entraîner de mon côté, ne me dites pas que vous êtes déjà fatigués hein ? »

« Dites ? Je peux participer, moi ? Hahaha ! »

Hmm ? Une voix féminine accompagnée d’un certain rire qu’il ne reconnaissait pas. Son regard se tourna vers une étrange femme… qui ne portait pas l’uniforme des soldats de Shunter. Pour autant, cela n’avait rien de si anormal puisqu’elle avait de nombreux attributs la désignant comme une citoyenne de Claudiska. Des membres de cette race existaient dans l’armée de Shunter mais ils étaient rares.

« Et vous êtes ? Car je ne crois pas que vous faites partie des soldats de Shunter. Voire même que vous êtes une citoyenne de cette ville. »

« AH ! Je me disais bien que j’avais complètement oubliée quelque chose ! Dire que ce n’est pas la première fois que l’on m’en fait la remarque en prime, hahaha ! Je m’appelle Krawnia, enchantée ! J’étais la personne en charge de la tour de Pirsey, tour qui culmine dans les cieux comme à son habitude, héhéhé ! »

La tour de Pirsey ? Là encore, on touchait un peu à la légende bien qu’elle était bien réelle. La femme ne semblait pas mentir, avec son aile de chauve-souris d’un côté, une de corbeau de l’autre… et ses yeux dorés. Elle avait une allure assez étrange, surtout avec ses longs cheveux noirs. Et il n’avait aucune explication mais il ne ne sentait pas à l’aise sous ce regard doré qui se posait sur lui.

« Pourquoi est-ce que la femme en garde de la tour de Pirsey se trouve ici ? »

« Eh bien, c’est simple ! J’ai cru entendre que beaucoup de gnomolds venaient par ici dernièrement mais surtout, je voulais retrouver quelqu’un ! Je n’ai pas l’impression qu’il soit là, c’est dommage, vraiment dommage. Aaaaah ! Où est-il ? »

« Qui donc ? Et donc que faites-vous par ici ? »

« Hum ? Je ne sais pas si je m’exprime correctement mais je pensais que si. J’ai signalé que je cherchais quelqu’un. J’ai remarqué quelques vilains gnomolds mais j’étais trop occupée à espérer le revoir que je ne me suis pas intéressée à eux. »

« Qui est cette personne que vous recherchez ? »

Il n’aimait pas particulièrement se répéter mais cette femme semblait assez folle. C’est pourquoi il restait quand même méfiant. Elle se tourna vers Hémurion, déclarant :

« Mais Tery Vanian, bien entendu ! Qui d’autre pourrait donc m’intéresser ? L’adepte d’Alzar, le tueur de géants, je ne peux que parler de lui ! »

« Tery ? Encore une personne ? Et qu’est-ce que vous lui voulez exactement ? »

« Mais l’accompagner, bien entendu ! Il ne pourrait en être autrement ! Ah… Les gens sont vraiment si simplets à Shunter. Bon, où est-ce qu’il est ? J’imagine que vous n’allez pas vouloir me le dire sauf si je dois me battre contre vous ? Vous ne seriez pas le premier, hahaha ! Et sûrement pas le dernier ! »

« Hum, je vois, je vois. Malheureusement, je ne peux pas vous dire où se trouve Tery Vanian. Il en va de sa sécurité. »

« Hein ? Tu le sais donc… et tu ne veux pas me le dire ? Mais c’est vraiment vilain de ta part, vraiment très vilain, tu sais ? »

« Ce n’est pas une question de vilenie de votre part. Tant que je ne sais pas quels sont vos objectifs réels, je ne peux pas vous permettre de vous guider. »

« Ah… Vraiment, au moins, cela change des autres excuses. Faudra pas trop se plaindre hein ? Bon bon bon ! Comment je vais faire alors ? Hmmm ? Faut donc faire comme si c’était un entraînement, c’est bien ça ? »

Elle semblait se désintéresser complètement de tout en réalité. C’était à peine si elle regardait Hémurion, l’air de lui demander s’il voulait vraiment se battre. Un soldat, légèrement plus grand que les autres, se rapprocha d’elle tout en disant :

« Vous inquiétez pas, maréchal Hérmurion ! Je vais me char… »

« Oh du balai, le gros. » coupa sèchement Krawnia tout en pointant une main vers le soldat, produisant une bourrasque qui le projeta contre un mur. Aussitôt, les autres soldats se positionnèrent en formation d’attaque, armes pointées vers elle. « Vous en faites pas, il est pas mort, juste un peu secoué et il aura mal au dos. J’ai pas que ça à faire, hahaha ! »

« Bon, visiblement, je sens qu’il n’y a pas d’autres alternatives hein ? Je ne voulais pas en arriver là… mais en même temps, si je refuse un duel qui protégerait Tery, je crois qu’elle m’en voudrait énormément. »

« Hmm ? Qui qui en voudrait à qui ? J’ai l’impression que tu me caches quelque chose. Va falloir s’exprimer plus correctement après ta raclée ! »

« Tu parles beaucoup mais dans ce duel, tu ne comptes pas utiliser tes lignes, j’espère ? Cela serait vraiment décevant si tu comptes revoir Tery. »

Il voulait gagner un peu de temps. Il n’avait aucune idée de son but réel à cette femme ailée. Il ne savait pas si celle-ci était une ennemie ou non. Elle ne semblait pas concrète et lucide le moins du monde. Il ne pouvait pas prendre de risque pour le moment.

Tenant fermement ses deux labrys dans ses mains, il observa Krownia avec attention, attendant de voir ce qu’elle allait utiliser comme arme dans ce combat. Elle sembla songeuse, se mettant à siffloter avant d’avoir un large sourire.

« Bon, ce n’est pas tout ça mais je vais faire pour que ça soit un peu accéléré hein ? Faudra pas m’en vouloir mais si je dois attendre encore un peu plus de temps pour le retrouver, je ne voudrais pas devenir complètement folle hahaha ! »

« Tu est certaine que ce n’est pas déjà le cas ? »

Il avait demandé sans ironie aucune, fixant simplement Krownia qui avait fini par faire apparaître un long manche entre ses doigts, une lame courbée se trouvant à l’un des deux bouts. Une faux. La lame était recouverte d’une légère aura bleue, signe qu’elle n’affecterait pas avec son véritable tranchant.

« Est-ce que je dois promettre de ne pas vous tuer ? Il vaut mieux prévenir que guérir, n’est-ce pas ? Cela serait vraiment dommage que le maréchal ne décède lors d’un simple entraînement hahaha ! Ce n’est pas ça ? »

« Il vaut mieux que tu te taises. »

Il avait arrêté de chercher à tutoyer cette… personne. Cela ne servirait à rien, aucun résultat ne pourrait être convenable pour un être comme elle. Elle utilisait une arme avec une allonge bien plus importante que ses haches. Il n’y avait alors pas cinquante solutions pour réussir à l’atteindre. Il suffisait de… foncer sur l’adversaire !

« Ooooh ? La seule prise de contact que je veux avec un homme, ce n’est pas avec ta personne. Tu m’excuseras de ne pas te laisser t’approcher ! »

Hein ?! Il s’arrêta dans son mouvement de course alors qu’elle venait de brandir sa faux pour tracer une ligne horizontale sur le sol, comme un chemin à ne pas traverser. À quelques centimètres de cette dernière, il pouvait remarquer la profondeur de la ligne.

« Tu caches bien ton jeu, n’est-ce pas, Krawnia ? »

« Hmm ? Mais je n’ai jamais cherché à ne pas dévoiler ma puissance. Ce n’est que comme ça que l’on se fait respecter dans ce monde, non ? Il faut écraser complètement toute volonté de recommencer à me provoquer en duel chez l’adversaire. »

« Tu es vraiment cinglée… même si c’était déjà connu depuis le temps. »

Et le temps était relativement court vu que cela faisait à peine quelques minutes qu’il connaissait cette femme. Il n’avait aucune idée de ce qu’elle allait emmener comme ennui mais une chose était certaine : il n’allait pas la laisser faire !

Maintenant qu’il avait plus ou moins jaugé l’allonge de l’arme de Krawnia à cause de l’attaque qu’elle avait faite, il savait comment réagir. Il se rapprochait de son adversaire une nouvelle fois mais avec un peu plus de sécurité dans les mouvements.

« Dis-moi, tu n’es pas maréchal pour rien hein ? »

Pourquoi est-ce qu’elle posait la question maintenant ? Il la regarda un peu de travers, amorçant un coup avec son labrys, coup qui était aussitôt paré. Malgré la force dans sa frappe, la lame ne vint même pas s’enfoncer dans le bois de la faux.

« Je me disais que tu étais un peu plus fort que la moyenne en fin de compte, hahaha ! Même si ça ne sera pas suffisant pas du tout ! »

« Il vaudrait mieux pour toi que tu te taises, jeune femme. Tu parles beaucoup trop. »

« Faut bien faire un peu de conversation ! Les autres ne s’en privaient pas, disant qu’ils allaient alors m’éclater, m’écarteler, me faire des choses et tout le reste. Mais toi, tu ne dis rien du tout. C’est presque vexant ! »

Le dialogue était inutile avec cette femme. S’il voulait rester concentré, c’était son problème. Il n’avait pas à chercher à dialoguer avec cette folle. Le souci, c’est qu’il ne pouvait pas envisager de la tuer. Il était certain qu’elle n’était pas… mauvaise envers Tery mais elle allait causer de gros problèmes s’il la laissait faire.

Le combat continua pendant plusieurs minutes, Krawnia semblant plus s’amuser qu’autre chose avec Hémurion, ce dernier n’étant pas pour autant en reste. Il tenait aisément face à Krawnia même si celle-ci n’était visiblement pas autant sérieuse que lui.

« Vraiment, tu te débrouilles bien ! Je ne pensais pas que ça existait des combattants aussi bons que ceux qui accompagnaient Tery ! »

« Je suis le maréchal Hémurion. Je suis l’homme qui gère les affaires du royaume de Shunter quand la reine Manelena n’est pas là. Si je dois tomber face au premier adversaire qui apparaît à l’improviste, je… »

« Bon ! J’en ai assez ! Cela ne m’amuse plus ! J’ai pas envie d’être obligée d’utiliser la magie alors que j’ai dit que je n’allais pas le faire ! »

« Est-ce que je considère que tu abandonnes le duel ? »

« On va dire ça comme ça ! Pfff ! Ce que c’est chiant, je voulais juste savoir où était Tery, moi ! Il n’est pas revenu après tout ce temps et avec ces démons qui sont apparus un peu partout, j’en avais assez de la tour, moi ! »

« Si tu te calmes et que tu évites d’être aussi agressif ou folle, je pourrais te répondre. »

Le fait qu’elle décide d’arrêter le duel alors qu’il savait pertinemment qu’il aurait perdu avec le temps, montrait qu’elle n’était pas complètement « cinglée ». Il y avait donc une possibilité de discuter avec elle, tant mieux.

« Je vais t’écouter alors. Où est-ce que Tery se trouve ? Il s’est passé quoi ? Toutes ces choses ! Je ne peux pas rester là sans rien faire ! Hahahaha ! »

« Hum… Si tu veux tout savoir, tu ne trouveras pas Tery à la surface. Il est malheureusement parti depuis des mois voire plus d’une année dans le monde souterrain. Je pense que tu es quand même au courant au sujet des démons, non ? »

« Tsss, oui, ces démons. De véritables plaies mais j’ai trop à faire pour me préoccuper d’eux ! Ce sont donc eux qui ont enlevé Tery ? Je vais leur faire payer ! »

« Non, non, ce n’est pas ainsi. Ah… Suis-moi, je ne peux pas forcément en parler à voix haute devant tout le monde. Il semblerait que tu n’es au courant de rien, ce qui n’est pas étonnant. Tu connais à peine Tery, tu ne peux pas tout savoir à son sujet. »

« Oh que si ! Je connais tellement de choses ! Mais il est disparu de mes radars depuis… ce que vous avez appelé l’ouverture qui a emmené les démons ! »

Ah… Vraiment. Ils allaient devoir reprendre tout depuis le début. Pour autant, cela ne le dérangeait pas. Au moins, elle n’allait pas causer plus de problèmes qu’il n’en faut. Il avait encore beaucoup à faire avec elle mais tant mieux… cela serait ennuyeux qu’elle cause plus d’ennuis avec son caractère.

L’invitant à manger avec lui à une table, il cherchait principalement à canaliser son « exubérance ». Il allait plus la considérer ça ainsi qu’autre chose. Cela serait beaucoup mieux pour cette future discussion.

« Alors, par où je dois commencer ? Tu étais au courant pour Tery qui se trouvait à Omnosmos ou non ? »

« Bien sûr que oui, hahaha ! Je sais aussi pour ses parents, il n’y a aucun doute. Héhéhé. Enfin, ses parents et ses grands-parents. »

« Mais comment tu peux connaître ce genre d’informations ? »

« Oooooh ! Les nobles et les rois ne sont pas les seuls à avoir certains réseaux d’informations, hein ? Héhéhé… Je suis au courant de beaucoup plus qu’on ne pourrait le croire ! »

« Hum ? Ah bon ? Comment cela ? »

« Héhéhé ! Simplement, ça ne concerne que Tery, les autres personnes, je m’en fiche complètement. Même s’il est un peu trop bien entouré depuis toutes ces années. »

Il fronça les sourcils, comme s’il cherchait à cerner cette femme. Il semblait plus ou moins comprendre ce qu’elle était exactement et ce n’était pas forcément rassurant. Oui, elle était peut-être atteinte d’une démence bien caractéristique.

« Bref. Tery Vanian n’a pas posé un pied à la surface depuis un bon bout de temps. Te donner un endroit précisément serait impossible. Pour autant, si tu veux vraiment le trouver, tu ne vas pas avoir d’autres solutions que d’aller dans les différents repaires d’où sortent les démons. Y en a un peu partout dans le monde dorénavant. »

« RAAAAAAH ! Qu’est-ce que c’est inutile cet endroit ! Je me doutais bien qu’en venant ici, je n’aurais pas ce que je voudrais, raaaaah ! »

« Eh bien, je suis désolé au nom du royaume de Shunter, de ne pas pouvoir répondre à vos attentes. Il vous faudra pour autant vous y faire. Si vous voulez donc retrouver Tery, il va vous falloir vous rendre dans l’une des grottes, comme je l’ai répété. »

« Mais cet endroit, j’imagine qu’il est gigantesque, non ? Pfff ! C’est vraiment navrant. »

Elle marmonnait et maugréait, visiblement mécontente des évènements avant de finir par se lever, se dirigeant vers la sortie de la salle pour se restaurer. Elle reprit d’une voix un peu plus forte pour qu’Hémurion puisse entendre :

« Je n’ai donc plus aucune raison de rester ici. Je vais m’en aller ! »

« Évitez de causer quelques ennuis sur votre chemin, d’accord ? Si je dois apprendre qu’il y a quelques morts malheureux, je serais alors obligé de réagir en conséquence. »

« Hmm ? Oh, sauf s’ils le désirent vraiment, j’évite de tuer inutilement. J’ai bien mieux à faire que de perdre mon temps avec quelques cadavres derrière moi, hahaha ! »

« Hmm, si tu le dis. Tu es prévenue. Tu peux disposer maintenant. »

« Oh ? Et si quelques soldats décident de me barrer le passage pour que je puisse m’en aller, je suis autorisée à leur donner une petite leçon ? »

« Ils ne sont pas aussi ridicules au point de réagir comme des enfants mal éduqués. »

« Donc, je peux leur donner une petite leçon si nécessaire ! Merci bien ! C’est tout ce que je voulais entendre, hahaha ! »

Mais ce n’était pas ce qu’il avait dit ! Il la regarda partir, plus affligé qu’autre chose par cette femme qui ne semblait rien comprendre. Enfin, bon débarras ! Plus vite elle ne sera plus dans le château voire le royaume, mieux ce sera !

« Et bonne chance pour toi, Tery, pour la supporter. »

Il avait dit cela à haute voix bien que personne ne pouvait lui répondre. Simplement, il se demandait comment s’était passé réellement leur rencontre car il n’était pas stupide. Il voyait parfaitement à quel point elle était accro au jeune homme.

Et ce genre de femmes pouvait être un vrai souci, surtout qu’il savait que Tery n’était pas seul, loin de là. Il était en couple et surtout, avec Manelena dans les parages, il n’était pas vraiment certain que tout se passe bien, loin de là.

Ailleurs, déjà bien loin du château de Midès, la femme aux différentes ailes s’était déjà mise à les déployer avant de décoller dans les airs. Visiblement un peu agacée par le fait de ne pas avoir retrouvé Tery, elle marmonna pour elle-même :

« Je vais juste devoir trouver l’un de ces fameux démons, l’obliger à parler pour me dire d’où il est venu… et ensuite, je n’aurais qu’à explorer cet endroit. »

Explorer … et éliminer quiconque se mettra en travers de son chemin. Ah non, c’était un peu extrême comme réaction, d’après la petite discussion qu’elle avait eu avec le maréchal Hémurion. Hmm… Maintenant juchée sur l’une des plus hautes branches d’un arbre, elle s’était mise à étudier autour d’elle.

Elle pouvait apercevoir des gnomolds qui rejoignaient leur groupe, quelques animaux qui en pourchassaient d’autres… mais rien qui ne semblait ressembler à un démon. Oh, elle s’était quand même renseigné par rapport à ces derniers. Ils avaient des cornes et des yeux rouges, petit détail supplémentaire : ils avaient aussi les pouvoirs d’Alzar.

« Ils peuvent être autant démoniaques qu’ils le désirent, ils ne remplaceront jamais Tery ! »

C’était même une évidence à ses yeux. ENFIN BON ! Elle allait se diriger vers un village. Elle ne manquait pas forcément de vivres et autres mais elle était toujours amusée par les réactions effrayée de ces personnes. Oui, ils étaient tous horrifiés à cause de ses ailes, c’est bien pour cela qu’elle était là, ici, seule… en attendant de retrouver Tery.

« Pfiou… J’imagine que je vais devoir allez étudier les alentours. Si ce sont des démons millénaires ou je ne sais quoi, ils ne doivent pas avoir une grotte proche de la capitale de Shunter de toute façon. Ils ont sûrement bien d’autres idées en tête, ah ! »

Surtout, elle ne pensait pas qu’ils seraient assez stupides pour se jeter à corps ouvert dans un monde inconnu. Elle ne pouvait pas prétendre ne pas les comprendre. Elle avait ressenti la même chose auparavant mais maintenant, c’était bien différent. C’était totalement différent… ce qui s’offrait à elle, c’était une existence auprès de Tery.

Un homme qui l’avait vraiment considéré pour ce qu’elle était. Elle ne pouvait pas oublier cet homme, c’était tout simplement impossible. C’était celui qui lui était destiné.et qu’elle attendait depuis qu’elle était née.

« Personne ne mettra la serre sur Tery sans passer par moi, il en est hors de question ! Si une femme tente de s’en mêler… »

Cette fois-ci, il n’y aura plus de gentille Krawnia. Même si nul n’était là pour l’observer, elle fit briller les serres qui remplaçaient ses pieds, signe que sur le moment, elle serait bien capable de mettre sa menace à exécution. Mais pour ça, il fallait déjà réussir à retrouver Tery, ce qui n’était pas une mince affaire.

Mais elle avait eu un indice précieux, à ne pas ignorer. Tery… Tery… Tery… Elle répéta ce nom gaiement avant de reprendre son envol au-dessus d’une première forêt. Elle allait très vite retrouver ce qu’elle recherchait, elle en était certaine. Les paroles d’Hémurion avaient été la dernière chose dont elle avait besoin.

Chapitre 24 : Prêts à tout révéler

ShiroiRyu
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Chapitre 24 : Prêts à tout révéler

« Maréchal Hémurion ! Maréchal Hémurion ! »

« Hmm ? Qu’est-ce qui se passe pour que vous soyez autant apeurés ? »

« Des gnomolds ! Toute une troupe de gnomolds cherche à voir la reine Manelena ! Qu’est-ce que nous faisons ? On ne peut pas les repousser ! Ce n’est pas ce que la reine désire ! »

« Hmm… Elle m’avait bien dit de me méfier d’eux et en vue de la situation actuelle, cela se comprend parfaitement. Avec les informations données par nos éclaireurs, ils sont sûrement au courant que nous ne sommes guère prêts à les pardonner et à faire comme si de rien n’était en vue de leurs actions. Néanmoins, laissez rentrer les gnomolds les plus importants, comme leur chef, leur message ou quelqu’un du genre. »

L’homme assis non pas sur le trône, il n’oserait jamais, mais sur un siège de très bonne facture, installé néanmoins dans la salle du trône, fit un petit mouvement de la main pour inciter le soldat à se mettre en action.

Celui-ci bredouilla quelques mots, hochant la tête vivement, soucieux et inquiet avant de s’éloigner à toute allure et vitesse, partant comme s’il avait un démon aux trousses, prêt à tenter de le tuer sans crier gare.

Quand même. La reine était une sacrée femme. Le nommer maréchal de la nouvelle armée de Shunter mais en même temps, éviter qu’il n’aille sur le devant de la scène face aux démons et aux gnomolds. Résultat, il avait plus la sensation qu’elle lui avait donné ce titre pour qu’il puisse la remplacer lorsqu’elle partait sur le terrain qu’autre chose.

« Elle est quand même plus maline qu’une simple combattante. J’imagine que c’est ça qui nous différencie, elle et moi. »

Il savait parfaitement qu’il avait été manipulé comme un débutant mais… s’il avait accepté ce poste, c’est qu’à ses yeux, il n’y avait aucun doute sur le fait que Manelena était la reine parfaite pour Shunter. Du moins, celle que le peuple méritait même si parfois, il se demandait si elle n’en faisait pas un peu trop par rapport à Tery Vanian. Il savait de qui il s’agissait et il s’était renseigné à son sujet… mais voilà quoi.

Enfin, malgré tout cela, il savait bien que la reine Manelena était encore assez jeune et il fallait bien que jeunesse se fasse. De plus, Tery n’était pas un mauvais parti même si quelques histoires sur ses origines avaient été sources de rumeurs, bien souvent fondées d’ailleurs. Oui, il semblerait qu’il soit un démon, mais qu’en même temps, sa famille soit originaire d’Omnosmos.

Enfin dans tous les cas, elle n’avait pas choisi le parti le plus aisé car il semblerait AUSSI qu’il soit en couple avec une certaine demoiselle. Ah… Les histoires d’amour, c’était vraiment très compliqué. Au moins, cela prouvait que la reine de Shunter n’était pas non plus une femme parfaite, chose que le peuple ne désirait pas forcément.

« Ils en mettent du temps. Ne me dites pas que les gnomolds sont incapables de décider par eux-mêmes pour une chose aussi simple que celle-là ? »

Car oui, il était plongé dans ses pensées mais ça ne changeait rien au fait qu’ils n’étaient toujours pas présents et que cela devenait inquiétant. Il s’apprêtait déjà à se lever, signe d’un léger agacement avant d’entendre et voir les portes de la salle s’ouvrir, un léger rictus se dessinant sur ses lèvres.

Il avait du mal, beaucoup de mal avec les Gnomolds. Il n’était pas le seul, les soldats aussi n’étaient vraiment pas très motivés par ces derniers mais la reine Manelena avait fait des efforts pour leur tendre la main et tous n’étaient pas si mauvais. Pour autant, les gnomolds qui se trouvaient devant eux, étrangement, aucun ne semblait faire le fanfaron ou chercher à leur tenir tête. Reprenant la place sur son siège, il déclara :

« Veuillez vous présenter et expliquer la raison de votre visite. »

« Hey, c’est toi qui parle ou c’est moi ? »

Ils étaient au final que deux gnomolds et d’après l’allure qu’ils donnaient, c’était vraiment à se demander s’ils avaient ne serait-ce qu’une once de charisme. Ils étaient deux êtres de petite taille, même parmi les gnomolds. L’avait une armure de cuir sur le corps et un cimeterre à la ceinture tandis que l’autre était un peu plus intellectuelle de ce qu’il pouvait remarquer. Avec ses petites lunettes sur le museau, un livre dont la reliure en cuir était usée par le temps dans les mains, Hémurion attendait de voir lequel des deux allait finir par se présenter. Après une bonne minute de ce spectacle, il finit par dire :

« Je n’ai pas tout mon temps pour vos chamailleries à tous les deux. Et je ne vais pas me répéter. Vous ne me semblez pas être des troubles-fête donc exprimez vous. »

« Bon euh, j’y vais ! Nous… Nous sommes là pour savoir ce que le royaume de Shunter a décidé à l’encontre des gnomolds par rapport aux actions de certains d’entre eux lors des dernières attaques contre les démons ! »

« Hmm ? Cela, n’est-ce pas ? Vous devriez donc avoir plus ou moins une idée, non ? »

« Nous… Nous préférons l’entendre de vive voix. Même si tous les gnomolds ne sont pas d’accord avec ce qui s’est passé, de nombreux chefs sont prêts à assumer leurs départs. »

« Hmm… Je voudrais déjà savoir ce qui est passé par la tête de vos compagnons gnomolds pour décider d’agir aussi stupidement après cette paix fragile qui était instaurée entre les différents pays et gnomolds. »

« Niark ! Euh… Pardonnez-moi, c’est une mauvaise habitude ! J’ai reçu des consignes comme quoi, si cela s’avérait nécessaire, je pourrais vous raconter l’histoire de notre race, dans les détails les plus sombres. »

« Je ne suis pas certain que cela m’intéresse maintenant. Je veux plus obtenir une réponse à la question que je viens de poser. »

« Bien entendu, bien entendu ! Euh… Alors, c’est simplement plusieurs clans dissidents qui se sont alliés avec les Mékalarmiens pour éliminer les autres nations et les démons en même temps. De ce que j’ai appris, il semblerait qu’ils aient des armes surpuissantes. »

« Cela, je pouvais déjà le savoir, plus ou moins. Ce n’est pas suffisant. Pourquoi les gnomolds n’ont pas cherché à arrêter leurs congénères ? »

« Vous pourriez poser la même question aux honoriens, non ? Les clans évitent de s’ingérer dans les affaires des autres clans. Question de bon sens pour éviter des guerres entre nous. »

Ce n’était pas le gnomold à lunettes qui avait pris la parole pour lui répondre mais l’autre, celui avec son armure en cuir. Il avait presque répondu avec un peu de dépit, comme si la question de la part d’Hémurion était aberrante.

« Hum. Au moins, vous ne tentez pas de vous dédouaner en vous faisant passer pour des victimes. Je pense que nous allons pouvoir alors discuter un peu plus sérieusement de toute cette histoire. Suivez-moi donc, la salle du trône n’est pas forcément la mieux placée et il faut que les différents conseillers et militaires puissent aussi vous entendre. »

« Non, non ! Nous ne sommes pas là pour parler à tout le monde mais seulement à la reine de Shunter ou alors à son maréchal. Vous êtes bien son maréchal, non ? »

« C’est exact… bien que ça soit un peu tard pour se poser la question, non ? »

Il avait répondu à son tour avec une petite pointe d’ironie bien qu’il s’agissait plus d’une taquinerie qu’autre chose. Quand les gnomolds ne se montraient pas hargneux, ils avaient tout d’une race assez amusante en soi.

« Oups ! Ah ouais, il a pas tort en fait ! Euh … Ben… Euh, ouais ! Enfin euh.. .Voilà quoi ! Si vous êtes bien son maréchal, on peut parler ! Enfin, on voulait vous expliquer pourquoi certains clans de gnomolds ont cherché à s’opposer à vous alors qu’auparavant, ils étaient de votre côté ! Enfin, du côté des différentes nations ! »

« Bah, ce n’est pas difficile que vous parlez des démons, non ? »

« Ouais, ouais, c’est bien ça ! C’est la faute aux démons, pas aux différentes nations ! Enfin, pas la faute aux démons spécifiquement, pas à tous les démons ! Enfin, nous sommes là justement pour tenter d’éclaircir le sujet ! »

« Et pourtant, vous semblez être encore embrouillés que moi sur le sujet. »

« Ah ben euh… C’est pas faux en même temps mais on nous a envoyé car nous étions doués ! Enfin, lui, l’est doué pour me protéger, moi pour parler ! »

« Ah oui, j’ai cru voir ça, je confirme. »

« Hey ! Faut pas se moquer de nous ! C’est vraiment sérieux ce qu’on est en train de dire ! Faut pas croire hein ! » s’exclama le gnomold à lunettes, sautillant sur place, tenant ses binocles pour éviter qu’elles ne tombent.

« Et depuis quand êtes-vous à cette position, l’un et l’autre ? »

« Euuuuuh… On peut y réfléchir un peu ? J’ai pas compté depuis longtemps ! »

Divertissant, comme deux petits animaux. Peut-être était-ce un peu prétentieux de sa part alors qu’il était un homme du peuple mais c’était vraiment ce qu’il pensait en voyant ces gnomolds qui devaient dans le fond être bien plus jeunes qu’ils ne voulaient le prétendre.

« Euh eh bien, de mon côté, ça doit faire quatre lunes ou cinq mais j’ai été éduqué par l’un des meilleurs druides gnomolds ! »

« Pour moi, cela doit bien faire un cycle lunaire. Enfin, le truc que disent les races comme vous pour le fait que ça fait un tour complet dans le monde. Vous appelez ça anniversaire pour les naissances, je crois bien ! »

« Donc une année environ, si j’arrive à saisir vos propos. Vous êtes assez jeunes en fin de compte, je ne m’y attendais pas. Comme quoi. »

« Mais mais mais ! C’est pas parce qu’on débute qu’on est pas à prendre au sérieux ! NIARK ! Les maréchaux, ça devrait pas se comporter comme ça ! »

« Ce n’est pas faux. C’est à moi de m’excuser. Mon comportement n’est pas tolérable et mes propos non plus. Néanmoins, j’ai bien pris conscience du fait que la majorité des gnomolds veut continuer à oeuvrer avec les différentes nations. Le message sera transmis à la reine Manelena quand elle reviendra. »

« Vous êtes sûr qu’elle reviendra ? »

« Elle est bien plus hargneuse et teigneuse qu’un gnomold. Si la reine succombait à une attaque de gnomolds et mékalarmiens, cela serait bien triste pour le royaume de Shunter. »

« Vous risque pas des ennuis en la décrivant de la sorte ? »

« Oh pas qu’un peu, mais bon… C’est vraiment une tête de mule, qu’importe ce que je dis ou je fais donc bon… «

« Euh… Donc, au final, qu’est-ce qu’il faut qu’on dise aux autres gnomolds, dites ? »

« Que Shunter n’est pas encore prêt à fermer toutes les voies diplomatiques à l’encontre des Gnomolds. Néanmoins, cela sera la dernière chance que l’on nous offrirons. Au prochain mouvement de la sorte, nous rentrerons dans une guerre avec pour but d’exterminer tous les clans des Gnomolds de Shunter. »

« Vous le pensez vraiment ? »

« Je le pense vraiment, oui. En tant que Gnomolds, vous ne devriez pas poser une telle question. Votre race est vraiment têtue et obtus quand elle le veut. »

« Euh ben d’accord ! Niark ! Je me demande si les autres avaient raison de nous choisir pour cette mission. T’en penses quoi, toi ? »

« Oh moi, j’en pense que tant qu’on sait qu’ils veulent pas nous tuer, ils seront contents là-bas ! Faut juste les prévenir que ça veut pas dire qu’ils ne nous tueront pas tout de suite ! »

« Allez, vous pouvez quitter la salle. Les soldats vont vous guider. D’ailleurs, je vais leur dire que vous pouvez passer par la cuisine pour prendre de quoi vous sustenter sur le chemin. »

« Niark ?! C’est vrai ?! On peut vraiment ? Z’êtes sympa comme faux roi ! »

Parfaitement. Il avait parfaitement compris le manège des gnomolds en envoyant ces deux… apprentis à lui. Il voyait parfaitement dans le jeu des gnomolds mais pourtant, il avait accepté de tomber dans ce petit piège. Les deux gnomolds quittèrent la salle du trône, visiblement enjoués alors qu’Hémurion avait bien prévenu les soldats.

Les Gnomolds savaient que pour une majorité de race, envoyer des débutants à peine sortis de l’enfance et adolescent, pourrait jouer sur les émotions du leur interlocuteur. Oh, il était raisonnable pour ne pas tomber dans le piège. Simplement, les gnomolds avaient bien montré leur désir de se faire pardonner.

Manenela avait été claire à ce sujet. Elle désirait absolument que tout se passe pour le mieux avec les gnomolds. Elle semblait avoir plusieurs coups d’avance et il comprenait pourquoi malgré le fait qu’il ait été chef des rebelles, il était bien en retard par rapport à elle et sur beaucoup trop de plans pour que cela soit possible à rattraper.

Ah… Et dire qu’il devait aussi préparer les réunions avec Traslord et les autres nations. Sauf Mékalarma. Autant il n’y avait aucun doute à ce sujet que Manelena envisageait de travailler sur le pardon avec les Gnomolds, autant pour les Mékalarmiens, elle n’exprimait aucune pitié envers ces derniers.

En un sens, il comprenait son point de vue. Les Mékarlarmiens étaient d’une grande intelligence, ayant souvent montré preuve d’une certaine ingéniosité. Mais malheureusement, les trois quarts du temps, elle était mise à mauvaise contribution, cherchant à éliminer les autres nations sans même laisser la possibilité de discuter.

Autant dire que pour le coup, là encore une fois, il était d’accord avec elle. Hum… Maintenant qu’il était à nouveau seul dans la salle du trône, il ressentait à nouveau un certain ennui. Ce silence était pesant et il marmonna pour lui-même :

« Tsss, quand même, c’est pas difficile de comprendre pourquoi elle préfère carrément aller sur le terrain. Que c’est barbant. »

Oh, bien sûr, des rois et reines qui aiment rester sur leur trône des jours durant, cela existait et c’était même bien plus fréquent qu’une reine comme Manelena. Mais il avait la sensation que le monde avait changé avec son ascension mais aussi aussi du jeune Royan sur le trône de Traslord. Il ne savait pas si cela était à cause des actions de Tery mais en quelques années, tout avait été bouleversé.

Et le bouleversement était global. Les créatures légendaires n’étaient plus des mythes, étaient mortes peu de temps après être apparues, les démons de certaines légendes rumeurs et légendes existaient pour de vrai, des forces surnaturelles étant présentes partout dans ce monde. Des guerres avaient eu lieu, des alliances avaient été formées, mais pas uniquement. Tout avait été tellement… rapide qu’il était possible de se demander si dans le fond, le monde entier n’était pas plongé dans un rêve permanent… ou un cauchemar.

« Ah… Maréchale Manelena, ou reine Manelena. Vous avez réussi à vous entourer d’une sacrée bande de personnes. »

Ah… Mais c’était une excellente chose. Simplement, lui qui avait été le chef des rebelles, il se demandait en fin de compte si c’était vraiment la position qu’il désirait actuellement. Celle de remplacer la reine en son absence.

« Je vais finir par croire que je me suis trompé de voie depuis le début. »

Pourtant, il connaissait ses propres qualités. Il n’avait pas guidé ces peuples issus des milieux pauvres et défavorisés, à cause des évènements causés par l’ancien roi, comme ça, juste pour le désir et par sa voix. Non, il était comme eux. Il avait subi. C’était juste… que pour lui, les évènements se rattachaient principalement à Shunter.

« Et de son côté, la reine Manelena voit ça de manière plus globale, sur l’ensemble de ce monde… mais aussi souterrain. Elle est impressionnante. »

C’était peut-être pour ça que le peuple lui faisait confiance. Dans le passé, le précédent roi avait été un excellent combattant mais lui-même avait appris de la part de la reine Manelena que le roi avait été manipulé lentement mais sûrement par le grand prêtre pendant de longues années, sans qu’elle-même ne puisse y faire grand-chose.

Le grand prêtre. Cela avait été source de rumeur car il avait été rare qu’il se présente. Un homme qui se basait sur la religion de Zélisia. Dans les faits, il n’y avait jamais eu réellement de culte par rapport aux divinités. Certains priaient Zélisia dans quelques villes et villages mais il n’y avait jamais eu de culte officiel.

C’était pourquoi de son propre côté, il avait toujours trouvé cela suspicieux que le roi s’entoure d’un homme comme lui, sachant que le dit-homme ne cherchait même pas à prendre le pouvoir ou à mettre en avant la déesse Zélisia. Mais c’était lui qui avait été responsable de l’éveil des créatures légendaires.

« Et indirectement, c’est l’actuelle Reine qui avait aidé à cela via des médaillons. »

Oui. Elle devait vraiment lui faire confiance pour dévoiler des choses aussi importantes. Prétendre que ça ne lui plaisait pas serait un mensonge. La reine Manelena savait qu’elle pouvait compter sur lui. Qu’elle ne voulait pas cacher la vérité même sur des points assez personnels comme son amour pour Tery.

Elle lui avait demandé s’il aimait quelqu’un et il avait signalé que oui, mais que cette personne était morte depuis des années, à cause du roi indirectement. Celui-ci, de part ses actions de recherches et de fouilles des médaillons, avait causé beaucoup de tort dans de nombreux petits villages.

Et dès l’instant où certains pouvaient profiter de leur position de force, ils n’hésitaient pas. Que cela soit un noble ou un simple soldat. Hmm… Hmm, il valait mieux qu’il arrête d’avoir ce genre de pensées. Il ne gagnerait rien du tout à se rappeler ces souvenirs douloureux. Tout cela était maintenant du passé et derrière lui. Il devait se tourner vers l’avenir et tout faire pour qu’il soit radieux pour l’ensemble de Shunter et ses habitants.

« Hey, maréchal Hémurion, vous revenez quand sur le terrain d’entraînement ? »

« Hmm ? Est-ce une façon de s’adresser à celui qui dirige le royaume en l’absence de la reine Manelena ? » questionna l’homme dans sa trentaine, attendant quelques secondes avant de sourire à un soldat qui était accompagné par un autre. Plongé dans ses pensées, il se promenait dans les couloirs du château royal et avait fini par tomber sur ces deux personnes.

« Oh euh… Désolé ! C’était pas voulu, maré… »

« Ne vous inquiétez donc pas. Je ne fais que plaisanter. Et ça serait avec grand plaisir. Il faut que l’on se rappelle que l’ancienne maréchale n’hésitait pas à aller sur les têtes des soldats pour leur apprendre la discipline, non ? »

« Euh et plus encore. Mais enfin, la reine Manelena n’agissait pas de la sorte par pur désir sadique. Faudrait pas que vous fassiez ça comme elle en pensant que c’est une bonne méthode hein ? Vous avez pas du tout les mêmes enseignements et… »

« Je suis plus un soldat qu’autre chose. Si on espère de moi que je puisse faire apprendre quelque chose aux soldats, ils n’ont pas vraiment de chance. »

« Faut pas dire ça comme ça ! Vous êtes un excellent tacticien ! »

Tacticien, ce n’est pas entraîneur. Mais il voyait que le soldat, qui avait fait partie des troupes rebelles à l’époque de l’assaut sur Midès, n’allait pas changer d’avis. Hémurion poussa un petit soupir avant de répondre :

« Au point où j’en suis, un peu d’exercice ne peut pas me faire de mal. Nous allons nous y rendre alors ! Vous pouvez me guider ? »

Pas besoin de dire que même si cela faisait déjà quelques temps qu’il officiait en tant que remplaçant de la reine Manelena, il ne connaissait toujours pas totalement les lieux. Bien sûr, il avait tout visité mais… en même temps, malgré tout ça, il se perdait assez fréquemment. Ces bâtiments gigantesques étaient un certain luxe que des familles nobles adoraient mais ce n’était pas du tout son style.

« Ah mais avec joie ! Suivez-nous donc ! Je pense que les copains vont être contents de vous revoir. Vous pouvez moins venir. »

« Ah ça… Ce n’est pas à moi qu’il faut s’en plaindre. J’espère quand même que les nobles ne viennent pas vous… enquiquiner, n’est-ce pas ? »

« Oh non, de ce côté là, nous sommes assez tranquilles. Peut être qu’ils ont compris que ça ne servait à rien de s’opposer aux décisions de la reine ? »

« Disons que certaines mentalités ont changé. On va pas dire que tout est parfait dans le meilleur des mondes mais qu’il y a eu de grandes améliorations. »

Et maintenant, il avait fini de discuter avec les deux soldats, arrivant jusqu’au terrain d’entraînement. Hmm, oui ça lui ferait du bien. Il était un peu rouillé.

Chapitre 23 : L’amour du Dévoreur

ShiroiRyu
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Chapitre 23 : L’amour du Dévoreur

« Je n’ai pas de père, ma mère a été un simple objet bon être fécondé, je me demande à quoi je vais réellement servir dans ce monde ? »

« Tu ne va pas commencer à désespérer non plus, Tery. Ne t’inquiète pas pour ça. »

« Manelena, je voudrais bien te voir. Est-ce que tu vois ce que ça veut dire ? Que je suis juste… je ne sais même pas ce que je suis ! »

« Tery Vanian, imbécile qui se rapproche de ces vingt-cinq ans, je crois bien. J’ai arrêté de compter à force, je ne sais pas quelel date nous sommes. Tu es peut-être plus vieux maintenant. Mais bref, tu viens du village de Leskar, tu as une mère adorable bien qu’avec un très fort caractère quand elle le décide. Tu as passé la majorité de ta vie reclus dans ta maison depuis l’attaque de ton village par les gnomolds, ainsi que la mort de ton père qui a tenté de te livrer aux gnomolds pour survivre. »

« Je n’ai pas besoin d’un cours sur mon existence, Manelena, je… »

« Non, tu n’as pas à me couper la parole. Tery, tu as été libre de décider par toi-même pendant des années. Pourquoi est-ce que ça changerait maintenant ? C’est grâce à toi si je ne suis plus simplement la maréchale Nali mais… Manelena, la reine de Shunter. Tu m’as permis d’être différente, d’envisager une autre vie. »

« Oui mais la mienne était toute tracée… et quelle trace ! C’est tellement… »

« Je vais te forcer à la boucler, Tery ! »

Et cette fois-ci, c’était à nouveau à elle d’amorcer l’attaque. Sans prévenir, elle le coucha sur le lit, collant ses lèvres sur les siennes, bloquant ses bras pour l’empêcher de se mouvoir. Il chercha à se débattre pendant quelques secondes avant de se laisser succomber à cette étreinte des plus agréables. Le baiser continua pendant une bonne minute, Manelena n’étant visiblement pas prête à le laisser respirer puisqu’elle mêlait sa langue dans la bouche de Tery, faisant une intrusion digne d’une dévergondée.

« Je crois que c’est le bon moment pour que j’ai à te le dire, Tery Vanian. »

« De… De quoi, Manelena ? » murmura le jeune homme, encore un peu hébété, la femme aux cheveux argentés essuyant la salive de ses lèvres de quelques doigts, restant au-dessus de lui.

« Alors, je veux que tu te rentres ça dans le crâne. »

Elle avait fini par relâcher ses bras, prenant son visage à deux mains, ses yeux rubis plantés dans ceux émeraude du jeune homme. Son visage était si près de celui de Tery, il pouvait sentir son souffle contre ses lèvres :

« Je t’aime. C’est compris ? Je vais pas te faire un grand discours et te donner tous les détails qui expliqueraient pourquoi je t’aime mais il que ça reste coincé dans ton esprit : je ne vais pas aimer n’importe quel homme. Je ne vais pas aimer un ersatz ou une parodie de démon ou de personne de la surface. La personne que j’aime, ce n’est pas une amourette. »

« Tu avais dit pas de longs discours, Manelena et pourtant, ce que tu… »

« Tu ne sais jamais quand tu dois te taire. Bon sang, j’avais ce poids sur la conscience. Je ne suis même pas certaine de t’avoir signalé mes sentiments dans la bibliothèque de tes grands-parents à Omnosmos. Maintenant, c’est fait. »

« Mais comment est-ce que tu peux… et avec ce que l’on a appris, je… »

« Encore une fois, je n’ai pas attendu les révélations pour décider de t’aimer. Bien entendu, si cela avait des révélations horribles comme par exemple, je ne sais pas, que tu manges des bébés mékarlarmiens, là, je crois que j’aurais décidé de de tuer de mes propres mains. »

« Mais je suis le descendant ou je ne sais quoi… du Dévoreur. C’est un démon qui a causé tellement de… »

« Le Dévoreur est le Dévoreur. Ce n’est pas parce que tu as son sang que tu es obligé de suivre sa voie. Je suis peut-être mal placée vu qu’au final, je suis devenue la reine de Shunter alors que mon père m’a renié pendant tout ce temps mais ça ne change rien du tout ! Raaaaah ! Comment est-ce que je peux expliquer tout ça à monsieur tête de veau. »

Hein ? C’était quoi cette insulte ? Il cligna des yeux, se demandant si Manelena venait vraiment de l’insulter de cette manière ? C’était juste qu’il n’avait aucune idée de ce que ça voulait dire exactement. Il était vraiment perplexe sur le coup. Surtout que c’étiat une insulte vraiment… ridicule, non ? Il ne savait pas vraiment quoi penser.

« Tery ? Dormons tous les deux. L’empereur nous a dit que nous pourrons discuter à nouveau de tout ça. Oh… Et j’ai bien précisé dormir. De toute façon, nous serons tranquilles. »

Et voilà qu’elle déposait un nouveau baiser sur ses lèvres, s’installant à côté de lui avant de le prendre dans ses bras sans aucune gêne. Avec tout ce qui s’était passé, il ne savait pas exactement sur quel pied il devait danser mais dans tous les cas, il allait accepter la proposition de Manelena.

La tête nichée contre son corps, il trouva bien plus rapidement le sommeil qu’il ne l’aurait pensé. Manelena, quant à elle, restait éveillée, l’observant dormir. Parfois, elle avait quelques spasmes nerveux, ayant du mal à contrôler la colère qui l’animait, les traits de son visage se distordant sous la colère, puis quelques secondes plus tard, elle retrouvait un visage beaucoup plus serein.

« Ah… Ce qui est fait est fait… Si je m’attardais vraiment sur ma féminité, j’aurais vraiment commencé depuis des années. »

Et puis, ça ne servait à rien de continuer à penser à ça. Si elle… cherchait vraiment une raison à ça, elle allait à nouveau se plonger dans une colère sourde et stupide, qui ne mènerait à rien. Et puis, en voyant Tery dormir de la sorte, il était le parfait exemple de l’eau qui dort. Jamais, elle n’aurait imaginé qu’il soit capable d’un tel acte. Et même si cela avait été à dessein, ce qui avait été fait avait été fait. Oui, elle se répétait mentalement ce qu’elle venait de prononcer quelques instants plus tôt. Finalement, c’était à son tour de dormir d’un sommeil plus profond qu’elle ne le pensait.

Le lendemain, Tery avait demandé à retrouver le monarque pour pouvoir à nouveau parler de cette histoire. Il voulait plus de réponse, plus de détails, plus d’informations sur le Dévoreur. Moins de trente minutes s’écoulèrent et les voilà à nouveau dans le couloir menant aux quartiers personnels du Monarque.

« Que cherches-tu exactement comme informations, Tery ? »

« Tout ! Tout ce que je peux savoir sur le Dévoreur, dans ses moindres détails ! Pourquoi il se fait appeler ainsi ? Pourquoi il est ainsi ? Toute l’histoire ! »

« Hum… Devrais-je d’abord commencer par les bases. Le Dévoreur était un démon comme tous les autres. Il était issu de la race créée par Alzar, race unique de la part de cette divinité, contrairement aux autres races créées par Zélisia. La particularité du Dévoreur, je ne connais plus son véritable prénom, ce dernier n’ayant jamais été gardé malgré les nombreux empereurs et impératrices qui se sont succédé. Hmm.. .Où j’en étais ? Ah oui, la particularité du Dévoreur était une capacité d’assimilation particulièrement impressionnante. Comme vous le savez, nous autres, démons, pour devenir plus puissants, sommes capables de nous phagocyter les uns aux autres pour progresser. Bien entendu, si la créature est trop faible, cela ne changera rien. Mais dans le cas du Dévoreur, même la plus infime créature avait son importance mais surtout, il était sensiblement différent des autres démons. »

« Cela ne veut pas me dire… pourquoi ou comment je suis né de la part d’un simple morceau de peau ! Ce n’est pas normal et… »

« C’est pourtant ainsi que naissent les démons. Nous avons la même méthode que les autres races entre nous mais pour de meilleures chances de réussite avec les autres races, celle du lambeau de peau est la plus sûre. »

« C’est tout simplement aberrant et saugrenu ! Comment est-ce même possible que ça… enfin que ça se passe comme ça ! Vous êtes en train de me dire que… »

« Je ne vois pas où tu veux en venir mais cesse donc de me couper la parole. Alzar a voulu que sa race, bien que parfaite, puisse s’accoupler avec celles de Zélisia. Je n’ai pas besoin d’expliquer la relation si unique entre lui et Zélisia, entre amour et conflit. Deux êtres totalement différents et qui pourtant cherchaient à s’aimer. Les races qui existent dans ce monde sont leurs créations, toujours prêtes à s’opposer mais pourtant aptes à s’aimer si elles le désiraient. Tout n’est qu’une question de volonté. »

« Continuez plutôt sur le Dévoreur. Je sais déjà plus ou moins au sujet des deux divinités qui ne sont pas tant que ça des divinités, juste des êtres bien plus puissants que nous. »

« Oh ? Tu le penses aussi ? Soit… Bref, le Dévoreur était un démon exceptionnel, comme signalé. Ses capacités étaient au sommet des démons. Même s’il n’était pas considéré comme l’empereur, beaucoup ne pouvaient que le considérer comme le plus puissant d’entre nous tous. Et malgré ses possibilités de dévorer autrui, il n’utilisait que très rarement cette capacité. Car oui, le Dévoreur avait un défaut, un énorme défaut aux yeux des démons, mais peut-être des races toutes entières. »

« Et quel est ce défaut ? Pour que vous le mettiez autant en avant ? »

« Trop gentil. Il était beaucoup trop gentil. Tu te doutes pertinemment qu’un démon aussi puissant que lui va attirer bon nombre de problèmes, n’est-ce pas ? »

« Oui, la question ne se pose pas vraiment. Mais à part ça ? »

« Il a été souvent obligé de combattre mais la majorité du temps, il laissait la vie sauve à ses agresseurs, les renvoyant simplement parmi les leurs en leur faisant promettre de ne pas recommencer, d’une façon ou d’une autre. »

« Hmm… De la gentillesse ou de l’imbécilité, j’imagine que ça dépend du point de vue. » déclara Manelena entre ses dents, ses yeux rubis se posant brièvement sur Tery.

« C’est ce que beaucoup pensaient de lui. Néanmoins, les faits étaient là et il n’était pas possible de prétendre le contraire en voyant le Dévoreur. »

« Alors ? Qu’est-ce qui s’est passé exactement ? Pourquoi est-ce que je suis un morceau de chair du Dévoreur ? À part le fait que vous vouliez voir s’il était possible d’obtenir un descendant de cette… chose. »

« Tout d’abord, il me faut te prévenir au sujet du Dévoreur. Ce dernier avait aussi une autre particularité. En fait, il était remplit de contradictions. Mais c’était ce qui faisait son être en détail en fin de compte. »

« Comment cela ? Qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Qu’Alzar et Zélisia étaient bien meilleurs que ne le pensaient les différentes races de ce monde, que ça soit les démons ou celles de la surface. Le Dévoreur s’est attaché à une personne de la surface lors d’une bataille à laquelle il a été obligé de participer. »

« Attaché dans le sens… tombé amoureux ? Vous voulez dire ça ? »

« C’est exact. Ce terme était méconnu de la majorité des démons. Pour nous, il s’agissait plutôt de trouver des partenaires compatibles pour obtenir les meilleurs gênes dans nos descendances. Encore qu’aujourd’hui, cela n’a pas totalement changé. »

« Ah, il ne fallait pas trop s’en douter en vue du fait que la polygamie est autorisée chez les membres de votre race hein ? »

Manelena avait lâché cette réplique sur un ton plein d’ironie, l’empereur Malark se tournant vers elle, un sourire presque dissimulé dessiné sur ses lèvres :

« Et j’imagine que la place de l’amante ne semble pas vous déplaire, reine de Shunter. Les surfaciens ne sont pas si différents dans leurs mœurs en réalité. »

« Humpf ! Je ne peux pas donner tort à vos propos… en partie. Mais ne croyez pas que je vais me contenter de cette place que vous évoquez. »

« Je ne crois pas que je devrais me mêler de vos chamailleries royales mais… est-ce que l’on pourrait continuer sur le Dévoreur, s’il vous plaît ? »

« Hmm… Tu sauras presque tout ce que tu dois savoir à son sujet. Où en étions nous plus précisément, Tery ? »

« Vous plaisantez, non ? Nous en étions au fait que le Dévoreur aimait quelqu’un de la surface ! C’est pourtant quelque chose d’important ! Enfin, j’imagine ! »

« Tu imagines bien, oui. Le Dévoreur détestait les guerres et en vue de son amour pour cette surfacienne, tu dois te douter qu’il voulait éviter d’avoir à les combattre. Pourtant, en raison d’un certain évènement, il n’a malheureusement pas eu trop le choix et s’est alors retrouvé obligé de prendre part à cette guerre. »

« Et vous ne voulez sûrement pas nous dire pourquoi il a été obligé, non ? »

« Je pense que tu es apte à le deviner par toi-même, Tery. »

« À cause de son amour. Je ne suis pas certain que cela ait été bien vu par les démons et les êtres de la surface. Peut-être que certains ont menacé de s’en prendre à celle qu’il aimait car ils savaient que tenter de s’en prendre au Dévoreur lui-même était tout bonnement impossible. Est-ce que je me trompe ou alors, je suis proche de la vérité ? »

« Tu es bien plus proche de la vérité que tu ne le penses, Tery. C’est exact. Cet amour n’a plu à personne. Même dans la propre famille du Dévoreur, on considérait cela comme du gâchis alors qu’ils le laissaient faire tout ce qu’il désirait, chose normale en vue des ses capacités. »

« Si c’était si normal, il n’avait pas à se laisser faire. Il est en droit de faire ce qu’il désire. Surtout pour une raison qui ne le concernait que lui, sans mettre en péril les différentes races. Il avait le droit d’aimer qui il désire. »

« Tout le monde n’avait pas ce même mode de pensée, Tery Vanian. Autant Alzar et Zélisia, en vue de leurs statuts de divinité, cherchaient à ce que les gens acceptent cet amour. »

« Alzar, Zélisia… Qu’est-ce qui leur a pris d’agir de la sorte ? Depuis le début, ils se mêlent d’histoires qui ne les concernent pas. Ils font… n’importe quoi ! »

Et à tout écouter, et en se rappelant d’à peu près tout, il avait la sensation qu’ils étaient responsables de tous les malheurs qui lui étaient tombés dessus depuis ces dernières années. Oui, peut-être qu’Alzar et Zélisia avaient de « bonnes » intentions mais ces dernières étaient très problématiques.

« De ce que j’ai compris, à la surface, vous les considérez comme des divinités, mais pour nous autres démons, Zélisia et Alzar sont des êtres juste bien plus puissant que le commun des démons. Ainsi, nous pensons qu’ils sont imparfaits et sont donc aptes à commettre des erreurs. Beaucoup trop d’erreurs d’ailleurs. »

« Oui, enfin, des erreurs en vue de leur puissance, ce sont des erreurs qui peuvent causer la perte de plusieurs milliers de personnes et encore, je trouve que je suis bien gentil sur le coup. S’ils veulent si bien faire que ça, pourquoi est-ce qu’ils ne réfléchissent pas plus longtemps à leurs actes ? Pourquoi c’est si compliqué de leur part ? J’ai l’impression qu’ils font tout pour rater ou presque. Vraiment, ces deux idiots… »

« Certains des précédents monarques considéraient Alzar et Zélisia comme de gentils simplets avec de bonnes intentions et de grands pouvoirs. Le souci, c’est que des pouvoirs de la sorte, sans qu’ils n’aient conscience de ce qu’ils font, cela peut donner des résultats dramatiques. »

« Dire que nous sommes en train de parler de deux divinités comme s’il s’agissait de deux enfants turbulents. »

Manelena avait légèrement soupiré à cette idée. En même temps, tout cela avait un rapport avec le Dévoreur, ce n’était pas de la faute à Tery s’il était relié à ce dernier et qu’indirectement, Zélisia et Alzar revenaient sur le devant de la scène.

« Qu’est-ce que je peux apprendre réellement au sujet du Dévoreur, empereur Malark ? Je veux vraiment tout connaître à son sujet, son véritable nom, sa localisation, son histoire, son amour, tout… j’ai la sensation qu’il le faut. »

« Cela prendra beaucoup de temps, Tery Vanian. Trop pour que tu puisses rester ici en sécurité. Je sais parfaitement ce que tu comptes faire et d’ici peu, tu seras envoyé à nouveau en mission. Je recherche toujours ma fille pour qu’elle revienne parmi nous. De même, je vais devoir travailler à ce qui s’est passé concernant les surfaciens ne se reproduisent plus. »

« Vous pensez vraiment y arriver ? Vous m’avez pourtant dit que … cela était impossible. »

« Je n’ai pas dit impossible. J’ai signalé que cela allait prendre du temps, beaucoup de temps. Mais si ma fille s’est entichée d’un roi à la surface et que le rejeton du Dévoreur a aussi des sentiments pour des personnes de la surface, alors, je n’ai pas à m’y opposer. »

« Je tenais à vous remercier mais en même temps… »

« Une nouvelle mission à l’extérieur. Et cette fois-ci, si vous pouvez éviter d’échouer en partie, ma patience a ses limites. »

« C’est sûr qu’après tous les échecs à la suite, vous ne devez pas vraiment trouver cela très appréciable, je veux bien vous croire. »

Mais en avaient-ils fini avec le Dévoreur ? Il n’avait eu que quelques brides d’informations, ce n’était pas autant qu’il espérait. Mais peut-être que le fait que l’empereur avait détourné un peu le sujet pour justement éviter de continuer à discuter du Dévoreur ?

« Tery Vanian. Le fait que tu puisses crée des golems est une chose qui te rend unique dans ce monde. Cette femme nommée Clari, incarnée par ce golem, c’est elle la preuve que tu es issu du Dévoreur. La magie du Dévoreur était unique en soi. Il est impossible de ramener les morts à la vie, qu’importe la magie, qu’elle soit de Zélisia, d’Alzar, démoniaque ou de la surface. »

« Alors pourquoi… enfin pourquoi… Je sais bien que Clari est morte mais sous cette forme de golem, elle est presque considérée comme vivante, non ? »

« Presque est justement le terme qui différencie un être totalement mort ou non. Presque, c’est bien comme cela que tu peux définir cette femme-golem. Elle est morte et ne reviendra jamais à la vie. Presque, c’est ce que le Dévoreur ne voulait pas croire. »

« Comment ça ? Vous en avez trop dit et… »

« Reviens avec ma fille et je te conterai alors tout le reste. Cela devrait te suffire comme motivation, est-ce que je me trompe ? »

Le jeune homme aux cheveux bruns eut un léger rictus de dépit comme pour confirmer qu’il n’était pas vraiment enchanté à cette idée mais dans le fond, qu’est-ce qu’il pouvait y faire réellement hein ? Enfin, enchanté de devoir fonctionner de la sorte. Retrouver Elise, il en serait plus qu’heureux, Elen aussi d’ailleurs.

« Considérez que ça sera fait. Et par contre, pour le groupe, je vais sûrement vouloir le constituer moi-même, ça ne vous dérange pas, j’espère. »

« Je vois pourquoi tu me demandes une telle chose et tu connais aussi ma réponse à ce sujet. Vous avez la possibilité d’emporter démons et surfaciens avec vous. Peut-être allez vous devoir faire une nouvelle force, un peu plus grande que la précédente mais oui, tu peux emporter avec toi tous ceux qui étaient déjà présents auparavant. »

« Tant mieux alors. Je ne sais pas trop comment l’exprimer correctement mais je pense que c’est quelque chose de nécessaire donc… merci pour tout. »

« Tu es vraiment étrange, et plus proche du Dévoreur que tu ne veux le penser. Me remercier en vue de tout ce qui s’est passé est un concept vraiment tordu. Néanmoins, je ne suis pas dans ta tête. Pour l’histoire du Dévoreur, je vais replonger dans ces livres pendant votre absence à tous les deux. »

« Tiens, vous espérez me revoir dans un futur proche, empereur Malark ? » demanda Manelena avec une légère pointe d’ironie amusée.

« Cela me semble légitime, non ? De devoir envisager de futures rencontres avec l’une des reines surfaciennes ? Il semblerait que vous ayez encore beaucoup à apprendre sur la diplomatie, jeune reine de Shunter. »

« Hahaha ! Ah… Moi, jeune. J’ai bien trois ou quatre ans de plus que lui. » dit-elle en désignant Tery du doigt.

« Eh bien, vous n’êtes encore que des enfants à mes yeux. Et mes aînés ont bien le double voire le triple de votre âge, du moins, j’imagine. »

« Ah… Ouais, y avait ce petit détail. Tery, tu veux bien me remettre les chaînes s’il te plaît ? Il va falloir que nous ressortions tous les trois. »

« Je crois que pour beaucoup, l’inverse serait plus crédible. »

Elle rétorqua aux derniers propos de l’empereur que justement, c’était bien parce qu’elle-même n’avait pas envisagé que Tery fasse ça que ça l’avait surprise, et dans le bon sens. Alors que les gens la voient comme ça, toute penaude et enchaînée, c’était justement parfait pour l’image publique de Tery. Hmm… Quant à celle privée, c’était à elle de s’en charger… en tête à tête. Mais ça, c’était à elle de s’en occuper… et aussi à lui d’ailleurs un peu.

Chapitre 22 : Un simple morceau de chair

ShiroiRyu
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Chapitre 22 : Un simple morceau de chair

« Vous plaisantez, n’est-ce pas ? Dites-moi simplement que vous plaisantez, même si c’est pour juste me mentir et me rassurer. »

« Cela ne servirait à rien de te mentir. Pourquoi se voiler la face, Tery ? Il était temps que tu l’apprennes. Il y a tellement de points communs entre toi et le Dévoreur. »

« Je n’ai rien à voir avec lui ! RIEN DU TOUT ! C’est compris ?! Et vous me dites que je n’ai même pas été conçu normalement ?! Je dois le prendre comment ?! »

« Tery, s’il te plaît, il vaut mieux que tu te calmes. Il vaut mieux attendre que l’empereur s’exprime plus correctement à ce sujet. Je suis certaine qu’il a beaucoup à nous dire, non ? »

« Je veux bien lui expliquer plus en détails ce qui le concerne mais peut-être vaudrait-il mieux laisser rentrer la femme-golem. Je sens qu’elle est derrière la porte et qu’elle n’hésiterait pas à la détruire ou du moins tenter si je ne l’arrête pas maintenant. »

« Clari… C’est quoi le rapport avec Clari ? »

Clari. C’était vrai. Depuis qu’il était de retour ici, il avait presque oublié sa présence. En fait, il l’avait même totalement occultée… mais elle était toujours là. La femme-golem, malgré tout ce qui s’était passé, n’avait jamais vraiment disparu. Elle était même présente pendant ce qu’il avait fait à Manelena. Comment… Maintenant… Comment Clari aurait réagit ? Elle l’en aurait empêché non ? Mais la femme-golem n’avait rien fait.

« Tu peux rentrer, création dotée d’une âme. »

Dotée d’une âme. Comment ça ? Manelena haussa un sourcil. La femme-golem possédait une âme ? Tery ne lui avait jamais parlé de ça, non ? Alors pourquoi est-ce que…

« Tery, qu’est-ce que tu as fait exactement à Clari ? »

« Je ne sais pas… mais… mais lorsqu’elle est morte, je sais que j’étais tellement enragé envers ce monde, je sais plus… je sais… juste une sphère… quelque chose de sphérique. Je l’ai avalé. Et quand j’ai réussi à créer ce golem, je sais que la sphère était partie et… »

« Il s’agit tout simplement de l’implantation de l’âme dans un corps de golem. Mais il est vrai que c’est la première fois que j’assiste à cela. Il n’y a bien que dans les livres sur un certain point précis que l’on peut en entendre parler. »

L’empereur avait laissé place à la femme à la peau de pierre noire, celle-ci se rapprochant de Tery. Comme à son habitude, son visage était figé dans la pierre et pourtant, ses yeux exprimaient une certaine inquiétude et tendresse.

« J’imagine que tu le veux un peu pour toi, c’est ça, Clari ? »

Manelena relâcha le jeune homme, la femme-golem ouvrant juste à peine les bras comme pour inviter Tery à s’y engouffrer. Celui-ci, décontenancé et perturbé, vint s’en approcher, jusqu’à ce que les bras se referment au niveau de sa taille, le collant contre le corps d’onyx.

« Et si nous commencions depuis le début, qu’en dites-vous ? »

« Je voudrais bien, on dirait que Tery s’est enfin calmé. »

« Il va falloir m’excuser hein ? Je sais pas trop… comment je dois prendre ce genre de nouvelles. Vous pouvez commencer, empereur Malark. »

Manelena jeta un œil au jeune homme, évitant de faire une remarque sur le fait qu’il semblait être bien plus calme dans les bras de cette femme-golem que dans les siens. Il n’y avait aucune raison pour que ça soit de la jalousie mais… elle était un peu perturbée, oui.

« Alors tout d’abord, tu dois te demander pourquoi tu es de la famille du Dévoreur, n’est-ce pas ? Du moins, de sa lignée ? »

« Vous avez dit… que je n’étais qu’un morceau de peau. Mais le Dévoreur est un ancien démon millénaire, du moins, qui existait depuis des millénaires. Normalement, il est mort depuis tout ce temps, non ? »

« Non, il n’est pas mort. Il ne l’a jamais été. Malgré la puissance de Zélisia et Alzar, les deux divinités n’ont réussi qu’à le sceller et à le rendre comme mort. Il se trouve dans un lieu gardé secret, seulement connu par l’empereur ou l’impératrice actuelle. Il y a une interdiction de révéler cet emplacement à quiconque, une interdiction que chaque membre de la royauté, depuis des générations, a accepté d’obéir. »

« C’est étrange… quand on sait que la famille royale comme les nobles, aime bien se mettre des bâtons dans les roues puisque bon, l’assassinat, toutes ces choses, c’est assez commun non ? Alors comment cela se fait-il que les empereurs et impératrices acceptent d’obéir ? »

« Par peur. Car la découverte du Dévoreur instaure la peur en eux et même moi, je crains ce dernier. Lorsque l’on me l’a présenté, la première fois, j’ai compris à quel point la différence entre lui et moi était abyssale. »

« Dans ce monde souterrain où la force fait loi, vous voulez dire que même « mort », le Dévoreur peut aisément vous éliminer ? »

« Comme je l’ai déjà exprimé, il n’est pas réellement mort. Il est en léthargie… et donc, il est encore vivant, bien qu’il ne puisse plus rien faire. Mais simplement par sa présence, il peut vous écraser et vous réduire à l’état de larve. C’est pourquoi le commun des démons n’est pas au courant même de son existence et ceux qui connaissent son histoire ne savent guère qu’il est encore envie. »

« Mais alors, je… Pourquoi avoir fait ça ? Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Quelle est la raison qui vous a poussé à faire cela ? »

« Le fait de voir si cela était possible. » déclara tout simplement l’empereur, Tery clignant des yeux pour se demander s’il avait bien entendu ou non.

« Si cela était possible ? Vous… plaisantez, hein ? Qu’est-ce qui vous pousserait réellement à faire ça ? Ce n’est pas possible de juste décider une telle chose pour une futilité comme ça ! »

« Donner naissance à un démon via la chair ou le sang de ce dernier, bon nombre de familles démoniaques le font quand il n’est plus possible pour eux de procréer via les moyens conventionnels. Dans le cas du Dévoreur, chaque démone qui avait reçu sa chair pour permettre d’enfanter est morte dans d’horribles souffrances. »

« Et… vous avez donc essayé via une personne de la surface, c’est ça ? »

« Comme tu le sais, il est possible qu’en de très rares moments, vraiment infimes, les sceaux qui bloquaient les sorties du monde démoniaque vers la surface s’affaiblissent et laisser passer les démons les plus faibles. »

« Je le sais, sinon, je ne serais pas là, Elise non plus d’ailleurs. »

« Nous avons simplement pris des démons proches de la surface, dont les pouvoirs étaient si minimes qu’on pouvait considérer qu’ils étaient inexistants. »

« D’accord et donc, sans même savoir si le projet avait réussi, vous avez décidé de faire de même quelques années plus tard avec Elise, c’est bien ça ? »

« Les demi-démons existaient à une époque très reculée, lorsque nous n’étions pas séparés des personnes de la surface. Là aussi, ce n’était qu’un test de ma part pour savoir s’il était possible de créer à nouveau des demi-démons. »

« Satisfait du résultat ? » demanda Tery avec une pointe d’ironie qu’il ne chercha pas à dissimuler devant le monarque.

« Très. Vous êtes les deux preuves vivantes qu’il est possible de renouer des liens avec la surface et le passé. Ce qu’aucun empereur démoniaque n’avait tenté auparavant, je l’ai testé et je l’ai réussi. Je ne pouvais être plus satisfait. »

Le ton était neutre, complètement neutre. Comme si tout cela n’était que le fruit d’un désir scientifique préparé depuis si longtemps. L’empereur serra doucement le poing, non pas énervement, reprenant la parole :

« J’ai posé bon nombre de questions à Elise pendant qu’elle était là. Son mode de développement, comment ses pouvoirs se sont déclarés, ses envies de chair démoniaque, elle ne savait pas quoi répondre mais il valait mieux qu’elle n’apprenne pas les raisons de sa naissance. Elle est beaucoup moins stable que toi, tu l’as remarqué, non ? »

« Moi ? Quelqu’un de stable ? Alors que je peux entendre une voix qui me dit d’haïr toutes les races de ce monde ? C’est une blague, n’est-ce pas ? »

« Nullement. Cette voix, j’ai enfin compris de qui il s’agissait et c’est bien là le problème. Mais maintenant, tu es libre d’apprendre si tu le désires à qui elle appartient. »

« Pas besoin, j’ai aisément compris de mon propre côté. C’est ce… Dévoreur. Ou plutôt, je dois l’appeler comment ? Père ? Je suis le fils d’une créature ancestrale ? »

« Sans jouer avec l’ironie dans ta voix, je ne peux que confirmer tes dires. »

« Qu’est-ce qu’il me veut exactement ? Car bon, il est entièrement responsable de mon état et de mes sauts d’humeur. Je suis certain que… des fois, il peut me contrôler. »

« Te contrôler complètement ? Cela m’étonnerait. Du moins, ce n’est pas dans ses capacités. Du moins, de ce qui est marqué dans ces livres ancestraux. »

« Et peut-être que vos livres ne sont pas complets ? Qu’est-ce qui vous fait penser qu’ils détiennent toute la vérité ? »

« Tu es devenu bien plus agressif depuis que tu es dans cet endroit, Tery. Est-ce la proximité avec le Dévoreur qui te met dans cet état ? » questionna l’empereur, visiblement peu réceptif au fait que le jeune homme lui parlait de la sorte.

« Non, je le suis à cause de tout ce que je viens d’apprendre ! Est-ce que vous pensiez que j’allais sauter de joie en apprenant tout ça ?! Et qu’est-ce que vous voulez que je fasses maintenant hein ? Qu’est-ce que vous voulez faire avec tout ça ?! »

« Voir tes réactions, te faire apprendre un peu plus tes origines, ce que j’ai comme projet et ce qui va donc se passer. »

« Des projets ? Comment ça ? Qu’est-ce que vous avez en tête ? » demanda le jeune homme aux cheveux bruns, s’enfouissant un peu plus dans les bras de la femme d’onyx, celle-ci ayant relevé son regard figé en direction de l’empereur.

Il avait aussitôt ressenti une légère aura courroucée de la part de la créature de pierre ayant l’apparence de Clari. Et pourtant, il gardait le sourire, nullement inquiet par la situation.

« Sais-tu pourquoi j’ai laissé cette femme-golem venir ici plus exactement ? »

« Pour vous moquer encore un peu plus de ma personne, non ? »

« Nullement. Ce n’est pas dans mon intérêt et je n’ai rien à y gagner. Non, je veux simplement voir la preuve que tu es bien son descendant… et cette créature de pierre est la preuve que je ne pouvais qu’attendre. Elle est parfaite… »

« Clari est « née » comme je l’ai expliqué lors de l’attaque contre les armées de la surface, il y a de cela quelques mois. »

« Et c’est exactement ce à quoi je m’attendais personnellement dès l’instant où j’ai senti ce que tu pouvais être.exactement. Le Dévoreur avait la particularité d’être le démon à l’origine de la magie de création des golems. »

« Vous racontez n’importe quoi ! Je ne suis pas le seul à pouvoir créer des golems ! »

« Mais peut-être que la reine à tes côtés pourra répondre à cette question : as-tu déjà vu des golems aussi développés que ceux de Tery ? »

« Non. Je savais que certaines personnes, très rares, possédaient deux ou trois livres… mais même ainsi, elles étaient incapables de faire des golems aussi diversifiés que les tiens, Tery. »

« Aussi diversifiés… comme ceux de sang, ceux issus des végétaux et le reste ? »

« Oui, Tery. Et on ne parle même pas de ce golem qui te tient dans ses bras à l’heure actuelle. C’est la plus belle représentation de tes capacités. »

« Je ne sais pas si on peut vraiment dire ça… comme ça. C’est assez perturbant. Belle représentation ? C’est vrai que… Clari est jolie sous cette forme. »

Il était peut-être temps d’y aller ? Du moins, de faire quelque chose pour cela ? Il ne savait pas trop quoi dire exactement. Plus maintenant. Il avait obtenu plus de réponses que nécessaire à des questions qu’il ne s’était jamais posé.

« Empereur, est-ce qu’il est possible de partir d’ici maintenant ? Je ne suis pas vraiment sûr de me sentir très bien. Il vaut mieux… que je m’éloigne d’ici. »

« Hmm ? Tu es fiévreux ? Est-ce que le Dévoreur est en train de te parler ? »

« Non, non. Je crois que c’est le surplus d’informations. Je n’avais pas vraiment prévu que ça se passe ainsi. Je suis désolé. »

« Il est vrai que tu n’étais pas prévenu de ma part à ce sujet. Je n’avais pour but de te faire une mauvaise surprise, loin de là. J’espère que tu comprendras cela de ma part. »

« Je le sais bien. Il fallait de toute façon que ça sorte un jour. Le plus tard aurait été le mieux mais je ne peux pas vous en vouloir de me prévenir ainsi. Je suis fautif, je dois l’avouer. »

« Ouais mais non, Tery. Tu n’es fautif de rien du tout. Je ne pense pas que l’empereur imaginait que tu réagirais de la sorte. Du moins, s’il annonce que c’est le cas, je ne vais pas apprécier mais je suis certaine que ce n’est pas son genre, n’est-ce pas ? »

« J’ai beaucoup mieux à faire que de m’amuser à ces enfantillages. La vérité se devait d’être révélée et maintenant que je t’ai emmené ici, Tery, nous pourrons continuer la suite de nos discussions dans la salle du trône. »

« Vous n’avez pas peur que quelqu’un puisse écouter ce que vous dites là-bas ? » demanda Manelena tout en chuchotant à Tery de lui remettre ses chaînes. Elle allait devoir reprendre son rôle, n’est-ce pas ?

« Ils ne sont pas assez fous pour cela. De même, j’ai déjà pris quelques mesures par rapport à ma salle pour que rien ne puisse être entendu à l’extérieur. De même, je suis capable de ressentir les présences dans cette pièce. Cela me permet d’être certain que nul intrus ne tente de s’immiscer sans que je ne sois au courant. »

« Ah oui, je vois, tout est prévu du début jusqu’à la fin, n’est-ce pas ? Enfin bon… Merci Tery, je vais rejouer mon plus grand rôle : celle d’une pauvre esclave. »

« Je crois que je vais aller me reposer, empereur Malark. Ou au moins, aller marcher un peu. Je crois que ça sera mieux. Si ça ne vous dérange pas, je viendrais vous poser d’autres questions plus tard. Après que j’ai retrouvé quelques couleurs. »

Car oui, il n’était pas stupide. Il savait qu’il devait être bien pâle avec toute cette histoire. Il ne se sentait vraiment pas bien du tout… et il ne pouvait rien faire pour changer ça. La porte fût refermée derrière le monarque alors qu’ils recommençaient à marcher dans les différents couloirs. Manelena était derrière Tery, Clari était aux côtés du jeune homme et l’empereur menait la marche jusqu’à ce qu’ils sortent des quartiers privés de Malark.

« Nous pouvons nous séparer maintenant, Tery. Tu viendras me voir quand tu te sentiras mieux. Il n’est pas une mauvaise chose. Simplement, il n’a pas eu une histoire facile. »

« Je… je voudrais bien dire que je le sais bien mais… je n’y connais rien. Vous me raconterez tout ça la prochaine fois, d’accord ? »

« C’est exact. Tu es vraiment blanc au visage. Si tu te sens mal, tu passeras voir un soigneur. Il pourra s’occuper de t’aider à dormir. Quant à toi… » termina de dire l’empereur, tournant son visage vers Manelena qui avait à nouveau son visage d’esclave effrayé. « Tu as pris la voie la plus difficile possible. Tu auras beaucoup de difficultés à l’avenir. »

« AH ! Je suis née avec des difficultés ! Je suis la fille unique d’un ancien roi. Alors qu’il pensait avoir une autre descendance, il s’avère que ma mère est morte à cause des méfaits d’un démon s’étant fait passé pour un prêtre de notre religion. À côté de cela, il me faut rajouter le fait que je possédais les lignes d’Alzar, rien que ça ! »

« Hmm… D’après ce que Tery m’a dit, le fait de posséder des lignes d’Alzar était un mauvais présage à la surface, c’est bien ça ? »

« Était ? Ça l’est toujours, rien n’a changé par rapport à ça ! Enfin bon, je ne vais pas tergiverser plus longtemps à ce sujet. Simplement, je sais dans quoi je me suis lancé et même si ça sera plus que difficile, je ne vais pas abandonner cet imbécile. Lui-même tente de s’en sortir, donc bon… Sinon, je peux vous demander quelque chose pour lui ? »

Elle se tourna vers Tery qui était toujours un peu blême. Il avait vraiment très mal accusé le coup par rapport à cette révélation. Elle s’inclina respectueusement devant le monarque, laissant à nouveau paraître son visage inquiet devant ce dernier et Tery. Oui, il fallait éviter que trop de regards se posent sur elle. Pour autant, elle commença à chuchoter à peine quelques mots, l’empereur haussant un sourcil avant de faire de même, Manelena finissant par hocher la tête comme pour signaler que c’était parfait. Il était temps maintenant d’y aller et vint terminer la discussion d’une voix faible :

« Je vais raccompagner mon maître dès maintenant. Maître Tery, veuillez me suivre, je tiens à vous prier d’accepter cette main qui est là pour vous. »

Et même si elle avait des chaînes, sa main vint chercher doucement celle de Tery, lui montrant par là qu’elle était complètement dans son rôle. Lentement mais sûrement, Tery vint se mettre à se déplacer en direction de sa chambre.

À l’intérieur de celle-ci, le jeune homme aux cheveux bruns s’était assis, sans un mot, le regard tourné vers le sol. Manelena referma correctement la porte derrière eux. Dire que la chambre était à nouveau en parfait état, comme si de rien n’était.

« Tery, est-ce que tu peux me retirer cela ? Je voudrais voir si ce que l’empereur m’a dit s’avère exact ou non. Je voudrais voir si ça marche. Cela nous faciliterait beaucoup la vie si on veut rester discrets. Enfin, c’est pour nous deux. »

« D’accord, Manelena. Désolé, ce n’est pas la forme. »

Il cherchait des excuses mais la réalité était là, devant lui. Il retira les chaînes de Manelena, celle-ci poussant un soupir apaisé en se frottant les poignets. Qu’on le veuille ou non, il fallait quand même avouer que ça lui faisait le plus grand bien.

« Bon et maintenant… Faisons cette petite chose que j’ai demandé à l’empereur. »

Elle n’était pas certaine d’y arriver du premier coup mais si elle ne tentait pas, elle ne pouvait pas alors savoir. Elle commença à incanter une formule que le jeune homme ne connaissait pas, celui-ci relevant la tête. Il sentait un courant d’air dans la pièce mais pourtant, il n’y avait aucune trace de vent ou autre. Lorsqu’elle avait terminé, elle se dirigea vers la porte, finissant par l’ouvrir avant de la refermer après être passée de l’autre côté.

« Maître, est-ce que vous m’entendez ? Maître ? »

Aucune réponse de la part de Tery. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres avant qu’elle ne rentre à l’intérieur de la chambre à nouveau. Le jeune homme la regarda, un peu étonné, attendant de voir ce qu’elle allait dire :

« J’ai juste demandé quel sort il avait lancé dans la salle du trône pour que personne ne puisse entendre ce qui se disait à l’extérieur. Heureusement, en vue de la taille de cette pièce, il n’y avait pas trop à s’inquiéter non plus. »

« Euh… D’accord, mais ensuite ? Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? »

« Pour que nous puissions discuter tranquillement, sans que l’on ait à craindre qu’on nous entende. Tu pensais quoi d’autre, Tery ? Enfin bon… Maintenant que je suis certaine que tu n’as rien entendu quand j’ai crié de l’autre côté, on va pouvoir parler. Tu vas pouvoir vider ton sac avec moi à côté, d’accord ? »

« Je ne suis pas certain que ça soit une bonne idée mais puisque tu le veux tant. »

Il poussa un profond soupir avant qu’elle ne lui dise qu’elle ne lui laissait pas vraiment le choix sur le coup. Il allait mal et elle comptait bien lui redonner le moral et le sourire. De n’importe quelle façon.

« Par où tu voudrais commencer, Tery ? Dis-moi ce que tu penses de toute cette histoire. Si y a des zones d’ombre, si tu as d’autres questions, tout ça. »

« Mais ça servirait à quoi ? Tu en sais autant que moi, Manelena. »

« Fais plutôt ce que je te dis, c’est un conseil. Tu verras où je veux en venir ensuite. »

Bon, comme elle désirait. Il n’était juste pas certain de la manœuvre. Mais elle semblait si convaincue, il ne voulait pas la décevoir. Il avait eu sa dose aujourd’hui.

Chapitre 21 : Pensée et vérité

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Chapitre 21 : Pensée et vérité

« Pfff… Sincèrement, pourquoi est-ce que je devrais en parler maintenant ? Et ici ? En quoi est-ce que cela a une importance, empereur Malark ? »

« Je veux savoir ce qu’il y a de si bien dans cette surfacienne pour que tu sois prêt à tout cela pour lui permettre de s’en sortir. Tu sais aussi bien que moi qu’elle allait sûrement se faire tuer dans les jours qui suivent si tu n’avais pas agi de la sorte, n’est-ce pas ? »

« Je… Enfin… Je… C’était la solution à laquelle je ne voulais pas penser, empereur Malark. C’est vraiment un choix auquel je ne voulais pas me résoudre. »

« Mais pourtant, c’est bien ce que tu as fait, n’est-ce pas ? »

« C’est le cas. Enfin, pour répondre à votre question, pour Manelena, c’est assez compliqué. Je la connais depuis maintenant plusieurs années. Elle est apparue toute en armure noire, j’ai été étonné mais impressionné de voir qu’une femme pouvait être maréchale dans une armée. C’est quand même le plus haut grade, j’ai cru comprendre. »

« Je ne sais pas comment fonctionne les différentes armées dans ce monde mais j’imagine que cela doit être plus ou moins le même partout. Dans notre cas précis, nous fonctionnons aussi de la sorte bien que mon conseiller militaire a aussi un rôle très important. Tu peux continuer tes propos, Tery Vanian. »

« Euh… Alors, j’en étais où ? Ah oui, euh, la différence entre Manelena et les autres, c’est qu’en rejoignant l’armée de Shunter, je me suis confronté à bon nombre de nobles qui pensaient pouvoir aisément me malmener. Elle, de son côté, ce n’était pas vraiment ça. Je veux dire, elle ne juge pas une personne sur ses origines mais ses compétences. Même si je dois avouer que j’ai eu la vie dure, je n’arrivais pas vraiment à m’en plaindre concrètement. »

Mais maintenant ? Est-ce qu’il devait encore continuer à parler ? Car vraiment, c’était un peu gênant, est-ce qu’ils s’en rendaient compte ? Surtout que Manelena était bien installée sur son dos, l’air de rien, avec un petit sourire aux lèvres.

« Il y avait autre chose de vraiment fabuleux, c’est qu’elle menait un double jeu. Enfin, fabuleux, disons que ça dépend du point de vue mais elle aimait participer directement à la bataille. Vous savez, elle n’hésitait pas à se mettre en avant, à combattre en première ligne, à participer aux missions les plus dangereuses. »

« Hmm, hmm… Mais est-ce vraiment cela qui t’a emmener à la voir de la sorte ? De ce que je peux comprendre, tu sembles plus la respecter comme une figure d’autorité que comme une femme, est-ce que tu n’es pas d’accord ? »

« Euh, je crois que c’est plus compliqué que ça, empereur Malark. Comment je pourrais vous expliquer ? Ah oui, je disais que Manelena était le genre de femmes qui aime participer directement aux conflits pour les résoudre mais elle a aussi un grand sens du devoir… et bien qu’elle se soit forgée une carapace au fil des années sous son armure noire, ce n’est pas pour autant qu’elle était complètement insensible. »

« Je ne suis pas certaine que je vais apprécier la suite de la conversation. »

C’était la femme aux cheveux argentés qui venait de couper brièvement la parole à Tery mais elle ne pouvait pas vraiment l’en empêcher. Elle avait attendu ce petit discours depuis si longtemps, maintenant, elle voulait l’entendre jusqu’au bout.

« Manelena a toujours mis son pays avant sa propre personne. Elle n’a pas hésité à se laisser donner en sacrifice pour que son armée, son père, son pays, tous ceux qui préféraient ignorer son véritable rôle et son existence, toutes ces personnes, puissent vivre alors que nous avions quatre armées qui se confrontaient à nous ! »

« Hmm ? Quatre armées ? Est-ce l’histoire de ces fameux médaillons et créatures légendaires ? Est-ce qu’il y a un rapport avec cela, Tery ? »

« C’est un peu avant l’éveil de ces créatures légendaires mais ça a un rapport avec tout ça, oui. Vous ne vous trompez pas. Néanmoins, il n’y a pas que ça. Je veux dire, quand j’ai compris qu’elle n’avait pas peur de cela, qu’elle était prête à mourir, j’ai voulu lui offrir une autre vie. C’est à ce moment que j’ai compris que je n’étais pas humain. »

« Ah oui, les cornes démoniaques, elles n’apparaissent qu’en de rares moments pour ceux qui n’y sont pas habitués et surtout qui sont des demi-démons, comme toi. »

Il hocha la tête aux propos de l’empereur. C’était ça … même s’il se demandait pourquoi est-ce que l’empereur s’amusait à lui couper la parole à chaque fois ? Encore que ce n’était pas véritablement un jeu mais bon…

« Enfin à cet instant, je ne me suis pas préoccupé de ce que j’avais en face de moi, de ce que le monde entier voulait, ma priorité était Manelena et personne d’autre. Je voulais qu’elle soit heureuse, qu’elle vive pour elle. Même si cela n’a pas été facile, je pense que j’ai réussi plus ou moins mon objectif. La voici maintenant devenue la reine de Shunter. Même si on peut aisément voir qu’être reine ne l’empêche pas de se mettre en danger sur le terrain. »

« Disons que je ne m’attendais pas à ce que les gnomolds et les mékalarmiens travaillent ensemble pour tenter de tous nous enterrer, ou du moins, les démons. »

« Mais est-ce que vous êtes satisfait de ma réponse ? Empereur Malark ? »

« Je ne pense pas. Tu dis t’être voué à cette femme mais tu en aimes une autre ? Cela est assez perturbant, tu ne crois pas ? Tu ne sais pas te décider ? »

« Ah mais non ! Euh… Enfin… C’est qu’Elen est mon premier amour. Manelena, je ne sais pas vraiment si… enfin, j’imagine que oui. Je l’aime aussi. Je ne sais pas si c’est le même genre d’amour qu’Elen vu que ce n’est pas un premier amour mais je ne veux pas qu’il lui arrive quelque chose de mal, je veux qu’elle soit heureuse, je veux être à ses côtés et qu’elle sache que je vais veiller sur elle. Je ne suis pas vraiment l’homme parfait, bien loin de là mais je veux lui faire comprendre que je suis là pour elle. »

« Et cela malgré les nombreuses fois où tu l’as abandonnée ? Comme cette Elen ? Quand tu as décidé de briser après tout ce temps le sceau qui empêchait le monde de la surface et le monde souterrain ? Est-ce que tu es certain qu’une telle promesse est légitime quand on connaît cette situation ? Qu’en dis-tu exactement, Tery Vanian ? »

« Que même si beaucoup de promesses sont brisées, l’important n’est pas la finalité mais le fait que la personne croit en cette promesse et s’y accroche. Qu’elle sache que si cette promesse trouve une fin, ce n’est pas parce que je le voulais mais que je n’ai rien pu faire pour empêcher ça. »

« Je pense que j’ai obtenu ce que j’ai désiré. Ce n’est pas à moi de décider si ces paroles conviennent ou non à la personne à laquelle elles étaient adressées. »

Ah, oui. C’était vrai. Lentement mais sûrement, le jeune homme se tourna vers Manelena pour lui faire face, attendant de voir ce qu’elle allait dire. Celle-ci avait un visage neutre bien qu’on pouvait aisément remarquer qu’elle se forçait.

« Je dirais que c’est plutôt pas mal comme déclaration. Je crois que le mieux aurait été d’allier le geste aux paroles pour la peine. »

« Je ne suis pas comme ça et je ne le serais jamais, Manelena. Tu dois t’en douter non ? »

« C’est bien pour cela que c’est assez sidérant que je puisse entendre cela de ta part. Enfin bon, c’est aussi comme ça que je t’ai toujours connu. Je ne peux pas y faire grand-chose, n’est-ce pas, Tery ? Et vous-même, empereur Malark, maintenant que vous avez entendu ma réponse, est-ce que vous êtes satisfait de celle-ci ? »

« Disons que vous êtes deux cas très problématiques… et que l’avenir vous réserve quelque chose de bien sombre et funeste. »

« Qu’est-ce que vous êtes en train de raconter là ? »

« Je ne pensais pas qu’il était déjà temps de te le signaler, Tery mais… je sais de quelle lignée démoniaque tu es issu. »

Hein ?! Il s’était aussitôt retourné vers l’empereur, les yeux grands ouverts. Est-ce qu’il avait mal entendu ou alors, l’empereur Malark lui-même venait de dire… mais…

« Je croyais que ce n’était pas le cas ! Vous disiez ne pas savoir, empereur Malark ! Comment donc… De quelle façon vous… »

« J’ai mes propres connaissances dans ce domaine et même les renifleurs royaux ne peuvent pas deviner tes origines puisque… cette odeur si particulière n’est connue de personne, sauf de chaque monarque. »

« Mais mais mais… Je veux dire pourquoi me l’avoir caché ? Qu’est-ce que vous aviez à y gagner ? Est-ce que cela risque de mettre à mal la monarchie ou quelque chose du genre ? »

« Tu ne me sembles pas être le genre de démon attiré par le pouvoir. C’est même pour cela que c’est plus inquiétant que toute autre chose. »

« Qu’est-ce que vous voulez dire par là, empereur Malark ? »

« Tout simplement que tu es très puissant, Tery. »

Euh… Manelena venait de prononcer une phrase bizarre. Lui, très puissant ? Bon d’accord, il était vrai qu’il n’était pas comme le commun des mortels mais de là à dire qu’il était très puissant ? Il ne savait pas trop. Elle lui donna une petite tape derrière le crâne avant de reprendre d’une voix un peu lasse :

« Le fait que tu sois très puissant mais non intéressé par la sphère politique, militaire ou autre fait de toi quelqu’un de libre. Et quelqu’un qui n’a aucun lien qui le retient peut devenir très dangereux s’il s’avère qu’il possède ta puissance. »

« C’était aussi son cas, il y a de cela quelques millénaires. Et plusieurs données concordent par rapport à toute cette histoire. »

« Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? » répéta une nouvelle fois le jeune homme aux cheveux bruns, un peu abasourdi par les propos du monarque.

« Je pense que le mieux est de faire une petite marche dans mes quartiers privés. Même mes serviteurs ou les personnes les plus proches, que cela soit militaires, politiques ou liées par la famille, n’y ont accès. »

« Euh, alors, pourquoi est-ce que nous y aurions le droit ? »

« Tu poses beaucoup de questions vraiment inutiles, Tery Vanian. Tu devrais te taire quelques fois, comme le fait si bien cette jeune reine de Shunter. D’ailleurs, en vue de votre relation si spéciale et unique, tu es autorisée à nous suivre. »

« Oh je pense que là, je peux vous remercier de cet honneur, empereur Malark. »

Pour la première fois, Tery vit Manelena qui s’inclinait respectueusement. Pourquoi est-ce que le ton avait changé en si peu de temps ? Il n’était vraiment pas sûr de tout saisir. En fait, il avait surtout l’impression que les deux membres de la royauté parlaient un langage qu’eux seuls étaient capables de comprendre.

« J’ai une petite question le temps que l’on arrive jusqu’à vos quartiers, empereur Malark. »

« Hmm ? Tu peux la poser, Manelena. » déclara l’imposant démon alors qu’il se levait du trône, passant à côté d’eux pour prendre les commandes de la marche.

« Ce que vous allez révéler sur Tery, est-ce que cela risque de le chambouler au point de lui faire perdre la tête ? Car je dois avouer que je suis un peu lasse de lui remettre du plomb dans la cervelle à force. »

« Tu es là pour cela… et Tery peut donc compter sur toi. Lui, n’a pas eu cette chance à son époque. Mais trêve de bavardages, je vais vous y emmener. »

« Nous vous suivons, empereur Malark. »

D’accord, ce n’était pas qu’une impression. Il était totalement à côté de la conversation. Alors que Manelena était capable de saisir les propos de l’empereur, lui, il se demandait vraiment ce qui se passait. Et pourquoi est-ce qu’elle s’inquiétait de sa santé mentale ?

« Que personne ne vienne nous déranger. »

Une seule phrase de la part de l’empereur et les deux soldats qui gardaient les portes de la salle du trône vinrent se raidir. L’un d’entre eux signala qu’il allait passer le message, bredouillant dans ses paroles avant de se mettre à courir aussitôt.

« Ah… Cela est bon d’instaurer la peur dans chacun, cela prouve qu’ils me craignent mais il faut avouer que des fois, cela est plus ennuyeux et fatiguant que prévu. Ou alors, je commence à être las d’être l’empereur. »

« Las d’être empereur ? C’est peut-être pour cela que vous étiez heureux d’avoir Elise ? »

« Ce n’est pas le sujet de cette conversation, Tery Vanian. Continu… »

« Je voulais savoir : est-ce que chaque membre de la fratrie d’Elise est… né d’une mère différent ? Vous évoquiez le fait que les démons pouvaient être polygames, non ? »

« C’est exact. Et pour répondre à ta question, je n’arrive plus à me rappeler si je l’avais évoqué mais oui, ils sont tous nés d’une mère différente, une démone que j’ai épousée, et une démone que j’ai éliminée de mes propres mains à cause de sa soif de pouvoir. Il n’y a bien que la mère d’Elise dont je ne sais rien. Je n’ai jamais pensé à lui poser la question. »

« De ce que j’ai cru comprendre, elle est devenue orpheline. Moi-même, dans le fond, mon père n’était pas véritablement mon père. Je ne sais pas trop comment vous avez fait pour qu’il y arrive… sans faire « cela » avec ma mère mais bon… »

« Cela est un étrange concept que je pourrais t’expliquer plus tard mais… Alzar nous a permis de nous développer avec chaque autre race d’une façon ou d’une autre. Je ne suis pas certain que vous pouvez tous vous développer entre chaque race, non ? »

« Je… ne me suis jamais posé la question, je dois avouer. Manelena ? Est-ce que tu es au courant si les Mékalarmiens et autres peuvent se reproduire avec nous ? »

« On ne peut pas plutôt changer de conversation ? C’est vraiment étrange et saugrenue comme réflexion hein ? Je tenais à le signaler ! »

Pour une fois que Manelena donnait un point de vue aussi « franc » sur un tel sujet, il valait mieux s’arrêter. L’empereur leva juste un sourcil, l’air de se dire que ce n’était pas si grave que ça tandis que Tery finissait par se taire. Au final, il n’allait pas savoir la réponse de si tôt visiblement. Après quelques minutes de marche, ils passèrent diverses portes, certaines gardées, d’autres non, jusqu’à plusieurs couloirs où ils étaient les seuls à se déplacer dessus.

« C’est vraiment un endroit dont vous êtes le seul à avoir accès, empereur Malark ? »

« Ces couloirs ont plusieurs millénaires. J’imagine que certains architectes ou autres employés ont été chargé de les entretenir, comme certaines salles mais pas toutes. Ce qu’il est devenu de ces employés et architectes ? Je n’en sais rien et cela ne m’intéresse pas. »

« Oh, d’accord, d’accord. Mais il faut avouer que c’est assez sinistre. »

« C’est le but de cet endroit. S’il était accueillant, beaucoup tenteraient d’y avoir accès mais non, je ne peux pas le permettre et je ne veux pas le permettre. »

« Mais pourquoi nous y donner accès alors que même vos enfants n’y ont pas le droit ? »

« Car tu es là, Tery Vanian. Tu es de sa lignée. Cela veut dire qu’il est peut-être alors temps de régler cette histoire. Je n’ai fait que suivre l’idée des précédents empereurs. Mais je ne pensais pas que cela arriverait un jour, du moins, pendant mon règne. »

« Mais qu’est-ce qui peut me rendre plus spécial qu’un membre de la famille royale ? »

« Tu vas très vite le découvrir. Nous sommes arrivés. »

Oh ? Ce n’était qu’une simple porte en bois. Elle semblait être usée et les murs autour démontraient un très grand âge. En jetant un bref coup d’oeil autour d’eux, Tery remarquait que le couloir était sûrement le plus ancien qu’ils aient parcouru. Ouvrant la porte qui s’était mise à grincer après avoir posé la main dessus, il pénétra dans la pièce, laissant Tery et Manelena rentrer à l’intérieur.

« Oh… Mais c’est… une bibliothèque ? »

C’était la première chose qu’il pouvait remarquer et signaler. C’était une magnifique bibliothèque, oui, très ancienne, mais remplie d’innombrables ouvrages. Oh, elle n’était pas aussi grande que celle de ses grands-parents mais il y avait des livres partout. Que cela soit à gauche, à droite, en hauteur, sur un bureau, vraiment partout.

« Ces livres contiennent le savoir ancestral des empereurs et impératrices depuis des générations jusqu’à l’époque où nous étions encore reliés à vous. »

« Euh, vous voulez dire… comme genre depuis des milliers d’années, c’est bien ça ? »

« C’est exact. Moi-même, j’ai déjà écrit plusieurs livres. Il nous faut être érudits pour que nous puissions transmettre notre savoir aux futures générations. »

« Mais un savoir basé sur quoi exactement ? Est-ce que vous pouvez nous le dire ? » finit par demander Manelena alors que l’empereur avait un faible sourire :

« Sur le royaume, ses habitants, les familles nobles, leurs avancées, leurs disparitions, toutes ces choses… mais la plus importante nous prend la majorité du temps. »

« Euh… Et quelle est la donnée la plus importante du royaume démoniaque ? » demanda à son tour Tery, sur un ton un peu fébrile.

« Le Dévoreur. »

Un simple mot et Tery sentait un puissant frisson l’envahir, comme si tous les pores de sa peau venaient de se redresser. Ce n’était pas la première fois qu’il avait entendu ce nom mais, de la bouche même de l’empereur, cela avait une connotation différente, plus sinistre. Et il n’était vraiment pas rassuré par tout ça.

« Le Dévoreur ? Vous parlez de ce démon ? Enfin, j’ai cru comprendre, je sais plus… »

« Des explications sur le Dévoreur seront données, Tery. Le plus important est ce que je vais te dire à ce sujet et… »

« Empereur Malark, je vois parfaitement où vous voulez en venir alors si vous voulez bien patienter un peu. Bon sang, Tery, tu peux pas me retirer ces chaînes ? »

Elle lui avait montré ses mains toujours reliées par la chaîne en métal et les bracelets du même matériau utilisé. Tery bredouilla quelques mots, venant prendre la clé qu’il avait dans sa poche pour débarrasser Manelena de ses chaînes. Dès qu’elle eut ses mains libérées, elle vient les placer sur les épaules de Tery, le regardant droit dans les yeux.

« Tery, ce que tu vas apprendre, il faut absolument que tu l’acceptes. Qu’importe ce que cela représente, d’accord ? »

« Euh, tu es un peu effrayante sur le coup, Manelena. Pourquoi est-ce que… »

« Viens par là, toi. J’ai pas envie que tu replonges dans les abysses. Une fois mais pas deux ce foutu truc. Vous pouvez le lui dire. »

Hein mais mais mais ! Il se retrouva calfeutré contre la poitrine de Manelena, le dos de son crâne bien amorti par les doux oreillers de la femme aux cheveux d’argentés. Si elle se montrait aussi gentille, c’est que c’était assez grave, n’est-ce pas ?

« Bon, nous n’allons pas tergiverser plus longtemps, Tery. Tu es issu de la chair même du Dévoreur. Tu es donc de sa lignée. »

« Attendez un petit peu quand même. Je voulais juste dire enfin… Je… »

« Tu n’es pas réellement son enfant. Du moins, pas de cette façon à laquelle tu penses. »

« Mais attendez un peu, empereur Malark ! » s’écria le jeune homme, retenu par les bras de Manelena au niveau de son torse.

« Tu es un morceau de chair, une engeance issue du Dévoreur qui a été emmenée jusqu’à une femme de la surface pour donner naissance. Tu es la première tentative de … »

« ASSEZ ! QU’EST-CE QUE VOUS ÊTES EN TRAIN DE RACONTER ? »

« Tu es ma première tentative de chercher non pas une porteuse démoniaque mais une porteuse de la surface. Et c’est visiblement ce qui a permis de te donner naissance. »

« MAIS MERDE ! VOUS M’ÉCOUTEZ ?! »

Manelena mettait un peu plus de force dans ses bras pour retenir, le jeune homme n’ayant visiblement plus de retenue face à l’empereur en face de lui. Le monarque démoniaque attendit quelques minutes, le temps que Tery s’épuise et finisse par à peine gigoter dans les bras de Manelena. Il n’était… qu’un morceau de chair.

Chapitre 20 : Le regard des autres

ShiroiRyu
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Chapitre 20 : Le regard des autres

« Tu vas avancer, oui ?! »

« Je le fais, maître Tery. S’il vous plaît, ne me frappez pas ! »

Il avait tiré ce qui semblait être une chaîne. Celle-ci emmenait jusqu’à un collier de métal alors que Manelena avait des menottes de métal aux poignets, forcée de garder la tête baissée. Ils étaient blessés, autant l’un que l’autre depuis les évènements d’il y a deux jours. Cela ne guérissait pas aussi rapidement que prévu.

La femme aux cheveux d’argent avait à peine son visage visible après les évènements, souvent camouflé par sa chevelure. Elle ne semblait exprimer aucune émotion, à part de la crainte par rapport à Tery. Les démons autour d’eux ne disaient rien du tout, ayant comme un sourire satisfait en vue de la situation.

« Vous avez complètement ravagé votre chambre ! Mais qu’est-ce qui s’est passé ?! »

« J’ai simplement remis à sa place une surfacienne impertinente. Je crois que j’ai été trop beaucoup trop clément en fin de compte. J’ai donc réglé ce problème. »

« Ouais, on a vu ça et on a entendu ça mais vous êtes blessé ?! Il faut la punir et… »

« Elle n’est pas dans un meilleur état. Elle a été déflorée, cela doit être visible parmi tout ce sang. Je pense qu’elle a déjà été assez punie. Et si je la brise trop, nul ne reconnaîtra qu’elle est la reine de Shunter. Je préfère la garder vivante. D’ailleurs, vais aller l’emmener se laver, ça serait bête qu’elle finisse infectée ! »

Cela avait été la première conversation de la journée après cette nuit fatidique. Quand tout s’était calmé, il avait pris Manelena par le bras, des haillons dans les bras ainsi que ses propres vêtements. Il avait été difficile de l’emmener dans un coin isolé pour se laver tous les deux, sans que les servants ne viennent les déranger.

Il avait alors rétorqué que c’était à sa propre esclave de faire le travail et que nul ne devait l’en empêcher sinon, il s’occupera personnellement de la personne qui osait le déranger. Et dans la salle pour se laver ? Eh bien, il murmurait quelques mots à Manelena, allant doucement laver le corps nu de la femme aux cheveux gris.

Et elle ? Elle faisait de même ? Elle ne parlait qu’à peine, comme songeuse. Oui, il était vrai que cela pouvait être gênant d’observer le corps de chacun, couvert d’entailles, de blessures et autres mais… cela ne dérangeait ni l’un, ni l’autre maintenant. Elle avait collé sa poitrine nue contre le dos de Tery, sa tête sur son épaule.

« La prochaine fois que tu fais un truc du genre, Tery, tu… »

« Je suis si désolé, Manelena. Tellement désolé, Manelena mais… je… ce n’est pas fini. Je vais partir de cet endroit malsain, je vais demander à ce que tout le monde nous rejoigne. Mais cela va prendre encore quelques jours, je suis… tu peux tenir le coup ? »

« Imbécile. C’est moi qui avait proposé de jouer le jeu. Simplement, toi, tu as été très loin. »

Elle pouvait dire même « trop » loin en vue de ses actes mais elle sentait à quel point il avait été aussi affligé qu’elle parce qu’il avait osé lui faire. Comme pour enfoncer le coup, elle poussa un soupir triste, déclarant :

« Et dire que je me réservais pour l’homme que j’aimais. Ma première fois, envolée. »

Elle sentit que le jeune homme venait de se raidir contre elle, se redressant comme s’il venait de subir un choc électrique. Elle l’entendit commencer à renifler et bredouiller avant qu’elle ne vienne placer ses bras autour de sa taille.

« Tu es définitivement un imbécile. La méthode était vraiment trop violente mais elle aura le mérite d’être efficace. Il ne faudra rien dire à Héraisty et aux autres, ça sera à eux de deviner à leur façon. Bon… Hmm… »

« Manelena, jamais rien n’effacera ce que j’ai fait sur toi. Comme tu l’as dit, tu étais… »

« Oh mais tu peux pas te taire un peu, Tery ? Sur le coup, je n’ai pas compris et j’étais vraiment prête à te tuer. En fait, je le suis toujours si j’avais su que tout cela était fait à dessein… et d’ailleurs ça l’est. Mais j’ai compris tes circonstances et même si tu as tellement exagéré, il me faut avouer que… Oh mais je sais comment tu vas te faire pardonner. »

« Hein ? Euh et comment, Manelena ? »

« Eh bien, quand nous serons plus tranquilles, tu n’auras qu’à me faire oublier cette soirée horrible d’une façon ou d’une autre, non ? »

Et s’il n’avait pas compris l’allusion, Manelena vient glisser un doigt le long de son torse, le faisant tournoyer doucement. Il déglutit légèrement, c’était un peu tard pour revenir en arrière maintenant mais…

« C’est d’accord, Manelena. Mais ce qui s’est passé hier, jamais en vrai, je ne l’aurais fait ! Je voulais juste que tu sois au courant, d’accord hein ? »

« Hmm ? Bien entendu, comme si en vrai, tu étais capable de commettre une telle atrocité. Encore que vu que ça s’est réellement produit, c’est que tu as une petite part dominatrice au fond de toi, Tery, tu ne crois pas ? »

« Je préfère ne pas trop y penser, Manelena. Ce n’est pas du tout moi, et tu le sais bien. »

« Tu peux dire ça à mon corps hein ? C’est lui qui a bien subi « ce que tu n’es pas » cette nuit, hein ? Pfiou, d’ailleurs, Tery, à ce sujet, je crois que… »

« Chut, chut, chut ! Manelena, stop, s’il te plaît ! »

Pourtant, c’est elle qui vient rire, très faiblement. Pfiou… Elle devait pourtant être enragée, énervée, vouloir étrangler Tery, mais le corps de ce dernier comme le sien était dans un triste état. Et surtout, elle continuait à embêter le jeune homme jusqu’à ce qu’ils aient fini de se laver. Il avait demandé de nouveaux habits, spécifiques pour elle, ainsi que des chaînes plus solides. Ils n’avaient pas encore fini toute cette histoire.

Et c’était pour cela qu’ils se promenaient dans les ruelles. Ils voulaient que le message passe parfaitement dans ces lieux, que chacun et chacune puisse observer ce qui se passait. Il évitait exprès le regard des démons qui avaient été avec eux pendant la montée puis la descente du monde souterrain.

Oui, il ne cherchait pas à converser. En fait, il « paradait » avec Manelena à ses côtés, Manelena qui était dans une tenue bien différente de celle de son arrivée. Oui, avec des habits qui lui donnaient vraiment l’impression d’être juste un objet sexuel bon à jeter s’il le désirait, dévoilant une bonne partie de sa poitrine, mais aussi de ses jambes.

Et Tery ? Le jeune homme arborait ses cornes, comme si de rien n’était. Manelena continuait d’avoir la tête baissée, gênée et honteuse, du moins, en apparence. De plus, il avait appris de bonnes choses au sujet de Manelena. Il n’avait pas été le premier à tenter de lever la main sur elle sauf qu’elle avait aisément annihilé les démons qui avaient tenté quoi que ce soit sur elle.

Contrairement à cette pauvre soldate qui n’avait pas eu de chance, Manelena était bien plus forte et il avait compris aussi que lui-même était plus puissant qu’il n’y paraissait. Les nobles démons de cette capitale n’étaient pas aussi forts qu’il ne l’aurait cru. Enfin, tout cela l’avait emmené à imaginer ce plan lorsqu’il avait compris que la vie de Manelena était en danger si elle continuait sur cette voie.

C’est pourquoi il avait agit d’une telle manière. C’était la solution de dernière chance. En venant punir Manelena de la sorte, la souiller, la mettre plus bas que terre, il faisait comprendre sa position aux yeux de tous les démons. Bien entendu, dans la réalité et en privé, c’était bien loin de tout ça. C’était bien différent.

Mais cette mesure extrême, il s’en voulait encore maintenant. Il allait s’en vouloir pendant des jours, des mois, peut-être jusqu’à la fin de sa vie. Bien entendu, il y avait le fait qu’il avait trompé Elen mais si ce n’était « que » cela. Il avait violé Manelena et ça, il ne pouvait jamais enlever cette tâche sur son être.

Il s’arrêta au beau milieu de sa marche quand deux soldats se dirigèrent jusqu’à lui, jetant un petit regard en direction de Manelena qui se cacha derrière le jeune homme. L’un des deux soldats s’adressa à Tery, lui disant :

« Tery ? Y a l’empereur Malark qui veut que tu ailles le voir. »

« Hmm ? Maintenant, j’imagine. Une royauté qui irait attendre un simple type comme moi, ça n’existe pas. Viens par là, toi. » dit-il en tirant un peu sur la chaîne reliée au collier de métal de Manelena, celle-ci poussant un petit cri.

« On peut ramener ton esclave si tu préfères. »

« Ah non, non. Cela devrait aller. Je vais justement la montrer à l’empereur pour qu’il voit ce que j’ai fait de l’ancienne reine de Shunter car il n’y a aucun doute que déjà en haut, ils ont sûrement trouvé un remplacement pour elle. »

« Comme tu veux, c’était qu’une proposition. » signala le second garde, visiblement déçu.

Pas besoin de demander pourquoi il était déçu spécifiquement. Comme le premier garde, il était aisé de voir qu’ils pensaient pouvoir profiter de Manelena si elle n’était pas avec Tery. Pourtant, il en était hors de question, le jeune homme cornu reprenant le chemin jusqu’au château impérial, arrivant devant la salle du trône, attendant qu’on le présente avant de pénétrer à l’intérieur.

« Vous voilà, tous les deux. Que tout le monde quitte la salle du trône. »

Hmm ? C’était donc relativement important pour qu’il demande une telle chose. Tery observa du coin de l’oeil les soldats qui quittaient la pièce. La salle du trône étant des plus imposantes, s’ils se dirigeaient jusqu’au trône, il n’y avait aucune chance que quelqu’un puisse les entendre.

« Bon, vous pouvez arrêter la comédie, tous les deux. Vous n’êtes pas crédible. »

« Ah ! Euh… Vraiment ? Vous pensez que… »

« Tery, le mieux aurait été de continuer à jouer le jeu justement pour le contredire et lui montrer qu’il a complètement tort. »

« Ah ! Donc, c’est un peu… tard, n’est-ce pas ? » dit Tery alors que Manelena poussait un profond soupir, ne pouvant pas vraiment croiser les bras en vue de ses chaînes.

« On va dire que oui, maintenant, il faut voir ce que l’empereur Malark nous veut. Pourquoi nous avoir contacté, empereur ? »

« La situation a plus ou moins dégénéré. Certains pensaient te retirer des « griffes » de Tery en prétextant que cela ne se fait pas à une surfacienne. Malheureusement pour eux, je déteste l’hypocrisie plus que tout et cela ne m’a pas dérangé de me débarrasser d’eux. »

« Je ne sais pas trop quoi dire, empereur Malark. Je ne peux pas vous remercier car la situation est vraiment affligeante dans la capitale. »

« Tu ne peux pas changer des siècles d’histoire juste par ta présence, Tery Vanian. Je te l’ai déjà dit et répété. Néanmoins, ton exaction par rapport à l’actuelle reine de Shunter a fait quelques émules. Les démons pensent que les autres démons de ton groupe font subir les mêmes sévices à leurs compagnons. »

« Je ne sais pas si c’est vraiment réjouissant que l’on me considère comme un violeur. »

« Non pas comme un violeur mais quelqu’un qui sait abuser de son autorité face aux races inférieures. Pour les démons, tu es comme un parasite aux yeux de beaucoup. Tu n’as pas l’allure et le comportement d’un démon. Du moins, c’était ce qu’ils pensaient avant que ton coup d’éclat ne se fasse connaître. En même temps, à voir votre état à chacun, j’ai l’impression que la reine de Shunter n’était pas au courant. »

« Et pas qu’un peu, je l’ai cogné pour lui faire comprendre comment on traite une femme. »

« Hum, tu es peut-être plus démoniaque que je ne le pensais, Tery. »

Sincèrement, il devait prendre comment la remarque de l’empereur ? Car oui, il semblait le complimenter mais il ne se sentait pas ravi sur le coup. Dans le fond, c’est vrai que maintenant, les autres démons devaient penser à des choses horribles de sa part.

« Bref, empereur Malark, il n’y avait que ça dont vous vouliez me parler ? »

« Nullement, loin de là, Tery Vanian. Je sais ce que tu comptes faire et il est peut-être alors temps de te dire ce que je sais à ton sujet. »

« À mon sujet ? Comment cela ? Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »

Il était Tery Vanian. Il avait déjà eu la surprise d’être un démon, après toutes ces années. Qu’est-ce qu’ils allaient encore lui révéler d’assez sinistre ? Qu’est-ce qui allait encore être pire ? Est-ce qu’il n’avait pas assez souffert ?

« Mais auparavant, je voulais savoir une chose par rapport à ces surfaciens. Pourquoi eux ? Pourquoi non pas les démons ? Car depuis le début, tu sembles avoir fait ton choix. »

« Ce n’est pas une question de choix, empereur Malark. Je suis autant pour les démons que pour les surfaciens. Vous savez, tous les démons ne sont pas aussi… »

« Tu peux t’exprimer librement dans cette pièce. Nulle parole n’en sortira. »

« Aussi horribles que ceux qui se trouvent dans la capitale. Beaucoup de villages démoniaques ont des habitants très appréciables, qui sont là pour aider leur prochain. C’est juste que comme partout, dès qu’une personne a du pouvoir, elle en abuse, la grosse majorité du temps. Je ne suis pas pro-surfacien ou pro-démon, je veux autant la paix de l’un et de l’autre côté. Simplement, en revenant ici, avec la reine de Shunter, je pensais vraiment que ça serait un premier pas pour oeuvrer pour la paix, malgré tous les déboires. Et résultat ? Je… »

Il cherchait ses mots, les paroles qu’il fallait mais comment est-ce qu’il pouvait exprimer le fait qu’il avait tout simplement souillé la reine de Shunter ? Non, pire que ça, il avait souillé la femme qu’il aimait par ses actes. Il était impardonnable ! Il n’y avait pas de retour en arrière ! Il se prit une légère tape dans le dos, Manelena, malgré ses habits, avait une stature fière et droite, comme son véritable rang l’exprimait.

« Il ne faut pas abandonner pour aussi peu, Tery. L’empereur Malark sera sûrement d’accord avec moi sur le fait que ce n’est pas en abandonnant à la première difficulté que l’on peut forger un royaume. Je suis même certaine qu’il a bien plus de sang que la majorité des démons, est-ce que je me trompe ? »

« Cela ne concerne pas une surfacienne, Manelena. » rétorqua l’empereur bien qu’il n’infirmait pas les propos de la femme aux cheveux d’argent.

« Tout cela pour dire que ton idée reste bonne, Tery. Mais qu’il faudra sûrement « forcer » les plus puissants démons à se plier à ta volonté. Ici comme ailleurs, la loi du plus fort restera la meilleure. Je pense que ce que tu m’as fait a fait comprendre à certains démons que tu étais prêt à pas mal de « sacrifices » pour arriver à tes fins. Peut-être que tu as marqué quelques points dans certaines familles haut-placées. Et c’est ce qui dérange, n’est-ce pas ? »

Elle avait fini par reposer ses yeux sur le monarque, ne semblant pas réellement attendre de confirmation de la part de ce dernier même si celui-ci poussa un soupir agacé. Visiblement, il était un peu énervé par les remarques de Manelena, des remarques qui faisaient mouche à chaque fois. Elle n’était pas devenue reine par hasard.

« Ce qu’elle dit est vrai, Tery. Parmi les soldats qui étaient avec toi, bon nombre d’entre eux sont des fils ou filles de familles nobles. Parmi elles, certaines sont bien connues dans la capitale. Le fait est que ses familles ont envoyé leurs enfants te rejoindre dans le but de t’étudier et de se débarrasser en partie d’eux. Vu que leurs enfants sont revenus avec des surfaciens, les dit-enfants, qui n’étaient pas haut placés dans la hiérarchie familiale ont gagné un peu de grade dans ces dernières. »

« Euh… mais qu’est-ce que vous voulez dire exactement par là ? »

« Que ces familles sont intéressées par la surface et ses habitants. Que tes exactions ne sont pas passées inaperçues. Que ce que tu penses être inutile est tout le contraire au final. Tout est finalement lancé et si tu continues sur cette voie, alors, tu finiras par obtenir ce que tu recherches ici bas. Il te suffirait d’aller directement parler aux chefs des différentes familles ou du moins à leurs représentants pour comprendre ce que tu as fait. »

Il ne savait pas trop si c’était vraiment une bonne idée mais une nouvelle tape dans le dos de Manelena et voilà qu’elle déclarait à la place de Tery :

« Si tu dois te rendre dans de tels endroits, tu es prié de ne pas abaisser ta garde. Peut-être que vous avez des intérêts communs mais ces familles n’hésiteront pas à te bouffer tout cru si tu leur en offres la possibilité. Et bien entendu, comme je vais devoir t’accompagner, tu ne pourras pas t’abaisser à m’adresser la parole ou attendre que je vienne t’aider. D’ailleurs, empereur Malark, pourquoi vous me permettez de m’exprimer aussi aisément ? »

« Tu es vraiment impertinente comme femme, je suis certain qu’on te l’a souvent dit, n’est-ce pas ? » signala l’empereur Malark en fronçant les sourcils, peu habitué à ce qu’on s’exprime de la sorte envers lui dans sa salle.

« Disons que je n’ai pas été élevée avec des froufrous et des robes malgré mon statut de reine. Mon père m’a renié pendant pas mal d’années, il m’a fallut faire ma place dans l’armée sans que nul ne sache mes origines. Je ne vais pas vous raconter toute mon histoire. Pourriez-vous expliquer à Tery pourquoi vous faites tout ceci ? »

« Tu peux aisément lui expliquer par ta propre personne puisque tu es au courant de tout, il semblerait. Ensuite, Tery répondra à ma question te concernant. »

« Bon bon bon… Puisqu’il en est ainsi, Tery. Si tu veux tout savoir, l’empereur Malark est aussi prompt à faire changer les choses du côté des démons. Malheureusement, même avec son statut d’empereur, il ne peut pas tout accomplir. Je pense qu’il a décidé de t’aider de manière indirecte tout cela depuis l’apparition de sa fille issue de la surface. Est-ce que je me trompe, empereur Malark ? Vous avez vu qu’il était possible pour votre enfant de vivre à la surface, accompagné par de nombreux surfaciens, sans aucun problème. Votre enfant ! Issu de votre corps et de celui d’une femme de la surface ! D’ailleurs, à ce sujet, il faudra m’expliquer comment vous faites car ça a l’air d’être assez… saugrenu. »

« Humpf. Nous procréons de la même façon que les surfaciens. »

« Oh mais à la surface, vous savez, les mékalarmiens naissent dans les œufs. Les Claudiskins aussi, si je peux me permettre. Je ne veux pas parler de cette méthode. Vous semblez ne pas avoir besoin de… rapports pour ça. »

« Assez avec ces questions. Je n’y répondrais que lorsque la mienne aura eu une réponse. »

« Et de quoi il s’agit, empereur Malark ? » demanda Tery après quelques secondes d’hésitation, ne sachant guère réellement où se placer avec tout cela.

« Ta relation avec cette surfacienne. Je ne me fais pas d’illusions par rapport à Elise. Je sais pertinemment que toi et elle, il n’y a jamais rien eu et il n’y aura rien mais… cette relation entre toi et cette surfa… »

« Vous pouvez m’appeler Manelena, cela ne me dérange pas, Malark. »

Un grognement de la part de l’empereur se fit entendre, Manelena gardant son sourire aux lèvres alors que l’empereur reprenait la parole :

« Manelena. Quelle est ta relation avec elle ? Si ce n’était qu’une femme comme toutes les autres, tu n’aurais jamais commis de tels actes. De même, de ce que je sais avec ce que tu as raconté, tu es normalement déjà avec quelqu’un, n’est-ce pas ? Alors pourquoi cette femme ? Car il s’agit d’une reine ? »

« Hein ? Bien sûr que non ! Pas du tout ! Enfin, Manelena, ce n’est pas parce que c’est une reine, pas du tout, empereur Malark ! »

Et voilà que maintenant, il était gêné et confus. Comment est-ce qu’il allait expliquer cela correctement ? L’empereur attendait des explications visiblement. Surtout qu’il avait posé une question cruciale : Et Elen dans tout ça ?

« Par rapport à Elen, je compte vraiment lui expliquer la situation quand je pourrais enfin la revoir ! Il n’y a même pas besoin de se poser la question ! »

« Hum hum. Libre à toi. Beaucoup de démons sont dans la polygamie bien que cela soit beaucoup de non-dit. Une femme ou un homme principal et plusieurs amants ou amantes. Mais cela ne regarde qu’eux. »

« D’accord, d’accord. Euh, est-ce que la réponse vous satisfait ou pas ? »

« Pas vraiment, non, Tery. Je veux en savoir plus aussi. C’est l’heure de jouer cartes sur table. » annonça Manelena, se plaçant dans son dos.

« Hein ? Mais mais mais… Qu’est-ce que vous voulez que je dise ? Je ne sais pas moi ! »

« Pourquoi moi ? Et pas une autre femme ? »

Mais c’était quoi ce traquenard ?! Ils travaillaient de concert ou quoi ?!

Chapitre 19 : Un acte horrible

ShiroiRyu
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Chapitre 19 : Un acte horrible

« Manelena, les gens, tu as entendu ? »

« Je sais bien, Tery. Je sais bien, enfin messire Tery. Qu’allez-vous faire donc ? »

« J’en ai aucune idée malheureusement ! Je ne vois pas comment je peux régler ça. Les autres démons n’ont pas ce problème, j’ai demandé à Héraisty. »

« Ils sont habitués à l’échelle sociale instaurée ici. Et je pense que les soldats des différentes nations aussi. Mais toi qui a toujours été tête en l’air et du genre à ne pas te préoccuper de ces petites choses, autant dire que ce n’est pas viable. »

« Mais si je ne fais rien, tu risques d’avoir de gros ennuis et… je ne veux pas que ça arrive ! »

« Alors, tu n’as qu’à trouver une solution, maître Tery. Enfin, tu as compris ! » s’exclama t-elle alors qu’ils étaient tous les deux dans la chambre de Tery une nouvelle fois.

Des journées s’étaient écoulées depuis la soirée où ils avaient bu un peu plus que nécessaire. Lorsqu’il s’était réveillé, autant dire qu’il en menait pas large, surtout qu’il était dans une tenue déplorable et que Manelena dormait à ses côtés. Il avait eu peur d’en avoir trop fait et de ne pas s’en rappeler mais Manelena portait encore quelques habits.

Puis peu à peu, il s’était dit que ce n’était pas si grave, loin de là. Dans les faits, s’il y avait bien une personne qu’il faisait plus qu’apprécier, c’était Manelena. Cela ne datait pas d’hier, ce qu’il ressentait pour elle. Pourquoi le cacher ? Pourquoi ne pas le montrer ? Ici, c’était impossible. S’il devait le montrer aux autres démons, autant dire qu’on voudra sa tête sur un plateau et que certains n’attendaient que ça.

« Je vais trouver une solution, Manelena. Mais… Est-ce que tu me feras confiance jusqu’au bout dans ma décision ? »

« Hmm… Je ne… » commença t-elle à dire avec un air un peu suspicieux. Mais elle s’arrêta aussitôt en voyant le regard du jeune homme posé sur elle. Même si cela ne semblait être qu’un « jeu » quand elle se faisait passer pour son esclave, Tery réfléchissait réellement à tout faire pour que ça se passe le mieux possible.

« Qu’importe ce que je ferais, je veux juste que tu saches que ma priorité est ta sécurité, Manelena. Tu es vraiment la personne la plus importante pour moi en ces lieux. »

« Mais quel beau parleur que tu fais, Tery. Tu devrais raconter de telles inep… Ah bon sang, tu vas arrêter de me fixer comme ça ? »

C’était elle qui avait fini par détourner le regard, plus gênée qu’elle ne l’aurai cru. D’une voix plus tremblante qu’elle ne le voulait, elle murmura :

« Je veux bien te faire confiance. Malgré les apparences, ces actes stupides et tout le reste, je suis sûre et certaine que tu envisages tout pour que ça se termine bien. »

« Je ne sais pas du tout. C’est juste absurde et monstrueux. »

Absurde et monstrueux ? Cela voulait dire qu’il avait déjà son idée en tête ? Maintenant, elle le regardait à nouveau, interrogative. Elle savait qu’il tiendrait ses promesses, du moins, qu’il fera tout pour qu’elle soit en sécurité. Mais absurde ? Monstrueux ? Qu’est-ce que Tery avait exactement en tête ?

« Il me faudra vraiment beaucoup de courage pour ça. Je suis vraiment désolé, Manelena. »

« Mais tu vas attendre un petit peu ? Et me dire de quoi tu parles exactement ? Car là, tu fais juste plus peur qu’autre chose, Tery. »

Encore, elle, avoir peur, c’était un concept assez étrange mais en même temps ce n’était pas impossible. Elle n’était pas totalement insensible. En même temps, cela lui arrivait d’être… inquiète et c’était justement ce qu’elle ressentait en écoutant Tery.

« Tery, je veux juste que tu me fasses une promesse, toi aussi. Si tu ne la fais pas, je ne pourrais pas alors accepter ce tu as dit. »

« Et de quelle promesse il s’agit ? » demanda Tery, cherchant à comprendre ce qui lui arrivait vu qu’elle n’avait pas le même timbre de voix que d’habitude.

« Que ce n’est rien de dangereux pour toi. Pfff… Qu’est-ce que j’ai l’air en disant ça ? On dirait que je vais minauder comme une petite pucelle. »

« Je ne crois pas que ça soit dangereux pour moi. Mais c’est pour toi, Manelena. Il se peut que tu sois blessée, que tu sois meurtrie, que cela t’affecte à jamais. »

« Hum… J’ai été reniée par mon père pendant plus de deux décennies, je suis certaine d’être assez forte pour ce que tu risques de me préparer. »

« Je ne sais pas du tout, Manelena. Je… Pardon à l’avance. Je vais me préparer… et vraiment, s’il te plaît, pardonne-moi. »

Mais le pardonner de quoi ? Elle voulait lui poser la question mais elle avait vraiment une certaine appréhension qui vint l’habiter. C’était elle ou… Tery la mettait mal à l’aise ? Surtout qu’il la détaillait de haut en bas.

Il signala qu’il allait revenir dans quelques heures. Elle pouvait rester ici car si elle tentait de sortir sans qu’il soit à ses côtés, elle allait avoir de sérieux ennuis. Même si elle était brave, elle n’était pas complètement stupide.

Mais qu’est-ce qu’elle allait faire ? Pendant tout ce temps ? Car oui, elle avait une boule dans le ventre. Elle n’arrivait pas à l’expliquer mais elle qui y pensait depuis des journées, elle avait le sentiment que Tery la regardait comme… un prédateur ?

C’était un regard déplaisant, un regard qu’elle avait déjà vu si souvent depuis qu’ils se retrouvaient dans ce monde souterrain. Un regard carnassier où bon nombre de démons, qu’ils soient mâles ou femelles, semblaient chercher le moment où elle serait sans défense pour lui faire subir les pires sévices. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que Tery avait eu ce regard si horrible ? Est-ce qu’il comptait… non. Pas Tery. Ce n’était pas son genre.

Pourtant, quelques heures plus tard, il était revenu. Elle remarqua qu’il tenait deux paires de menottes dans les mains. Du moins, en vue de l’épaisseur des menottes, ça ressemblait plus à des bracelets joints par une chaîne en métal entre les deux bracelets. Avec deux paires, elle commençait à comprendre où il voulait en venir.

« Tu décides enfin de prendre cette histoire au sérieux, Tery ? »

Il avait refermé la porte derrière lui, tournant la clef pour être sûre qu’on ne vienne pas le déranger. Il tira les rideaux pour que nul ne puisse les observer dans la chambre, n’allumant qu’une bougie sous une cloche de verre pour diffuser une lumière à peine perceptible dans la pièce. Les menottes déposées sur le bureau, elle remarqua qu’il ne l’avait même pas regardé depuis qu’il était rentré. Et il n’avait même pas cherché à parler.

« Tery ? Tu pourrais au moins t’exprimer, tu ne crois pas ? »

« La ferme, Manelena. » répliqua sèchement Tery alors qu’il finissait par se débarrasser de son haut, lentement mais sûrement, jetant ce dernier au sol.


Il se retourna vers elle, dévoilant ses yeux rubis alors qu’elle avait un léger frisson qui vint la parcourir. Elle le sentait, elle sentait le même regard que les autres démons dans ce foutu royaume, dans cette capitale pourrie. Elle sentait que Tery avait exactement ce…

« Déshabille-toi, maintenant, Manelena. »

« Je ne suis pas vraiment certaine d’apprécier cette idée, Tery. » déclara t-elle avant de finir par se lever du lit, prête à se mettre debout. Mais une baffe cinglante vint la faire retomber dessus, Manelena écarquillant les yeux avant de se mettre à grogner, des lignes noires apparaissant sur ses bras.

« TERY ! TU VAS VITE COMPRENDRE QUE … »

Une nouvelle baffe mais cette fois, elle arriva à parer le coup. Mais le front de Tery percuta le sien, la sonnant à moitié, comme si elle avait reçu un coup de marteau sur la crâne.

« MAIS QU’EST-CE QUE TU FOUS, BORDEL ?! »

Hein ?! Elle sentait sa poitrine qui venait de se retrouver à l’air libre, ses yeux se rouvrant sur ceux rubis de Tery. Ce n’était pas les yeux d’un homme, ni d’un démon, mais ceux d’un prédateur. Elle se sentait si… petite face à lui. Mais il en fallait plus pour l’impressionner !

« Je te laisse une chance de te faire par… »

Il l’empêchait de finir sa phrase à chaque instant. Alors qu’elle avait senti que son haut s’était déchiré, il en était de même avec son bas, ses habits ayant été retiré comme s’ils n’étaient que du papier pour une main de Tery. Une main légèrement griffue, l’autre maintenant les deux bras au-dessus de la tête de Manelena, entourant ses poignets.

Comment ? D’habitude, il n’avait à peine une taille capable de faire le tour de son poignet alors les deux ? Et c’était quoi ces cornes sur son crâne ? Elles étaient différentes.

Elles étaient plus longues ? Comme celles de l’empereur Malark. Elle avait la sensation qu’elles faisaient partie intégrante de Tery, comme s’il avait toujours été un démon. Mais ce n’était pas l’heure de l’étudier, surtout pas ! Surtout qu’elle voyait l’excitation du jeune homme au niveau du bas-ventre.

« Dans d’autres circonstances, j’aurais été flattée mais pas là ! JE T’AI DIT DE DÉGAGER TERY ! TU VAS COMPRENDRE ?! »

Elle venait de lui envoyer son pied droit dans les bourses mais ce dernier avait été arrêté par la main libre du jeune homme. Non, ce n’était pas un homme à cet instant mais un monstre, elle le voyait bien. Elle comprenait ce qui risquait de l’attendre et déjà elle croisait les jambes pour l’en empêcher.

« Tu n’es pas décidée à te laisser faire, Manelena ? Tant mieux, je préfère quand tu tentes de résister, ça sera encore plus appétissant. »

Et voilà qu’il malmenait sa poitrine comme s’il pétrissait une pâte prête à être enfournée par le boulanger. Les seins de la femme aux cheveux d’argent étaient palpés, se faisant secoués à gauche et à droite alors qu’elle se retenait de gémir.

« JE VAIS TE BUTER, TERY ! JE VAIS VRAIMENT T’ECLATER TA FACE ! »

Elle commençait à gesticuler, sa magie se diffusant dans tout son corps. Elle ne savait pas ce qui était en train de lui prendre mais il allait le payer ! Elle allait lui faire regretter son existence ! De l’électricité vint par courir son corps mais aussitôt, elle poussa un cri de douleur. Elle venait … de se faire entailler par Tery ? Non, il avait formé une fine carapace de pierre autour de ses membres et de ses mains.

« Qu’est-ce que tu comptais faire, femelle ? M’électrocuter ? Je te connais depuis toutes ces années, je sais de quelle façon tu te bats, quelle est ta magie principale, tu crois que je n’ai pas pris mes précautions pour ce soir ? »

« Tery, si tu crois vraiment que je vais te pardonner ou que je vais passer l’éponge sur ce que tu tentes de faire, TU TE TROMPES LOURDEMENT ! »

Elle n’était pas qu’une adepte de l’électricité ! Elle était bien plus que ça ! Si elle ne pouvait pas le frapper de cette manière, ni utiliser la magie pour l’électrocuter et lui faire lâcher prise, elle avait bien d’autres façons d’y arriver !

« N’OUBLIE PAS QUI JE SUIS, TERY ! JE SUIS LA REINE MANELENA ! JE SUIS LA MARECHALE NALI ! JE SUIS UN BIEN PLUS GROS POISSON QUE TU NE POURRAS JAMAIS FERRER ! »

Et il allait très vite comprendre ce qu’elle était ! Il voulait utiliser la force ? Ils allaient être deux à ça ! Mais ce n’était plus un jeu, c’était un combat pour la survie ! Pour son intégrité ! Sans crier gare, elle commença à rouler sur le côté, emportant Tery avec elle pour qu’ils tombent tous les deux du lit. Étonné, le jeune homme relâcha à peine sa prise sur elle, chose dont elle profita aussitôt pour se libérer. Soulevant la table de nuit avec aisance, elle l’envoya sur Tery qui eut juste le temps de parer avec son bras.

« Tu veux vraiment te rebeller contre moi, Manelena ? Et qu’est-ce que tu comptes faire ensuite hein ? Qu’est-ce que tu crois que… »

C’était à elle de lancer l’assaut. S’il pensait qu’elle allait fuir, il venait de se planter royalement. Un peu comme son épaule et son coude dans le ventre de Tery, le faisant percuter le mur derrière eux avec une violence rare, toute la pièce s’étant mise à trembler sous le choc. Elle s’écria :

« Je vais te buter, Tery. Je vais te buter pour avoir tenté même de me toucher de la sorte ! »

Et dire qu’elle pensait s’abandonner à lui il y a quelques jours, avec l’alcool ? Comment est-ce qu’elle avait pu être autant aveugle ? Ce n’était pas la première fois qu’il la décevait mais elle, toujours aussi stupide à croire dans les sentiments de Tery, elle voulait lui pardonner !

« MAIS CETTE FOIS, JE VAIS T’EXTERMINER ! »

Et qu’importe si les soldats et autres allaient tenter de l’arrêter ou de la souiller ensuite, elle emportera Tery avec elle ! D’ailleurs, elle était certaine qu’en vue du vacarme produit, ils n’allaient pas tarder ! Si tel était le cas, elle allait tuer Tery et ensuite en exterminer un maximum pour…

… … … Pourquoi personne ne venait les arrêter ? Même en fermant la porte à clef, il serait facile de la défoncer. Pareil en passant par la fenêtre. Cela ne laissait pas passer la lueur des cristaux qui éclairaient les zones pendant la « nuit ».

« Qu’est-ce que tu ça veut dire ? Où est-ce qu’ils sont tous ? »

« Tu n’as pas l’air de comprendre ta position hein ? Ici, tu n’es rien, Manelena. Tu n’es que bon à être utilisée comme l’esclave que tu es et … »

Un coup de poing dans le menton et le voilà en train de cracher du sang. Aussitôt, bien qu’elle ne pouvait pas être aussi efficace que lui, elle vient créer des griffes de pierre. Elle aussi, elle avait appris à son sujet ! Elle savait comment il combattait ! Les griffes tracèrent des lignes en diagonale sur le torse de Tery, pas assez profondément pour que ça soit réellement dangereux bien que du sang s’en écoulait.

« Ben alors, mon grand, t’es déjà essoufflé ? Tu pensais quoi ? Que j’allais être une gentille petite biche qui allait se faire croquer ? VIENS DONC, TERY ! Je vais t’arracher les couilles pour te les faire bouffer ! »

Et pourquoi est-ce qu’elle haletait et qu’elle sensiblement plus excitée que prévu par cette bagarre ? C’était vraiment ça qu’elle désirait ? Non ! Pas le moins du monde ! Il fallait être complètement tordue pour espérer du plaisir dans un tel endroit et à un tel moment ! Peut-être l’exaltation du combat ?

« Tu as terminé les enfantillages, Manelena ? Maintenant, je vais être sérieux. »

« Tu crois que ce sont des gamineries, Tery ? TU ES EN TRAIN DE ME DIRE QUE JE DEVRAIS ME LAISSER FAIRE ?! »

Un grand sourire se dessina sur les lèvres de Tery, comme s’il était amusé par les propos de la femme aux cheveux d’argent. Elle n’avait aucune idée de ce qui trottait dans la tête de Tery mais si elle ne trouvait pas rapidement une solution, elle allait…

« Tu es dispersée, Manelena. Pourtant, tu m’as toujours dit de ne pas l’être dans un combat à mort, n’est-ce pas ? »

Il avait frappé violemment dans le ventre de Manelena, la faisant pouffer de douleur. Elle se retrouva à nouveau projetée sur le lit mais cette fois-ci, ce dernier avait des bracelets de pierre qui traversèrent le sommier et le matelas pour bloquer Manelena au niveau des membres et de la tête.

« TERY VANIAAAAAAAAAAAAN ! JE VAIS TE TUER ! »

Elle recommençait à faire parcourir de l’électricité dans son corps mais à cause de ces liens de terre, c’était inutile. Du moins, c’est ce qu’elle croyait mais elle avait une solution. Elle le regarda avec rage alors qu’elle le voyait se rapprocher d’elle, prêt à faire son œuvre. Ses mains pouvaient toucher l’oreiller sur lequel sa tête était posée. Elle le gela avant d’utiliser un peu de magie de vent pour envoyer l’oreiller glacé sur la tête de Tery, lui ouvrant encore plus le crâne. Tery poussa un râle de rage, ignorant ce qu’elle venait de faire. Avec les jambes écartées de force, elle sentait le membre de Tery qui frottait contre son antre.

Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle était autant en sueur ? Et pourquoi est-ce qu’il prenait autant de temps ?! Qu’est-ce qu’il était foutait ?! Elle allait tout faire pour l’arrêter ! Elle pouvait encore ! Si elle se concentrait, peut-être qu’elle pourrait faire apparaître son armure et … non, ce n’était pas aussi simple que ça.

Son corps, ce stupide corps, il semblait désirer ça après toutes ces frustrations à avoir Tery contre soi pendant des semaines. COMMENT EST-CE QUE SON CORPS OSAIT L’ABANDONNER DE LA SORTE ?! Elle poussa un nouveau cri de rage, à tel point que la fenêtre de la chambre commença à se fissurer derrière le rideau.

Il était rentré ! Il était vraiment rentré ! Il avait osé le faire ! Il avait osé la souiller ! Il n’y avait aucun retour en arrière ! Au moment où il était rentré, elle avait senti que les liens de pierre se faisaient moins forts… assez pour lui permettre de libérer ses poings, chose dont elle ne se priva pas.

Ses mains se dirigèrent vers le cou de Tery qui continuait son acte bestial mais elles continuèrent leur chemin pour arriver dans le dos du jeune homme aux cheveux bruns. S’enfonçant dans la chair de ce dernier, griffant son dos pour y laisser des traces sanglantes de son passage, ses pieds se libèrent pour venir enserrer le corps de Tery.

« Désolé, désolé, désolé, désolé… »

C’était à cause de ce mot répété, sans cesse, que ses mains avaient quitté la voie de la gorge de Tery pour finir par se nicher dans son dos. Cette rage accumulée dans ses doigts déchiraient le dos de Tery alors qu’il continuait la copulation bestiale, sans réel désir… ou alors, y en avait-il un ? Elle ne savait plus trop. Elle avait du mal à réfléchir correctement à la situation, surtout que son corps lui envoyait des spasmes de plaisir.

Des spasmes qu’elle avait du mal à refouler. Maintenant que la douleur première était passée, son corps continuait de réclamer sans cesse ce désir ardent qui bouillonnait en elle depuis tout ce temps. Mais quelque chose la dérangeait. Tery voulait lui faire mal, il voulait la marquer, par des blessures, des entailles, des blessures. Mais à chaque fois, cela n’avait jamais été trop profond, quitte à la blesser réellement.


Le lit était dans un triste état, en fait, on pouvait simplement envisager qu’ils étaient juste sur un matelas. La pièce était dans un triste état, avec la table de nuit brisée, de la poussière soulevée par les murs qui avaient tremblé et les débris de verre. On aurait cru à une véritable bataille dans le lieu.

Soudainement, sans prévenir elle s’arc-bouta en même temps qu’elle sentait le corps de Tery qui venait de se raidir. Une chaleur vint envahir son bas ventre en même temps que Tery continuait de murmurer le même mot, inlassablement. Et il vint finir par s’écrouler contre elle, sur ses seins nus. Un bref regard sur le dos du jeune homme et elle voyait qu’il était dans un triste état. Un peu comme elle dans le fond. Oui, ils étaient dans un état pitoyable.

Comme s’ils s’étaient livrés à une violence inouïe … et c’était le cas. Elle avait crié, elle avait hurlé, Tery lui aussi. Il s’était livré à un acte des plus horribles. Tout avait été ravagé alors… pourquoi est-ce qu’il pleurait contre son sein ? Comment osait-il être sans défense contre elle, ses cornes ayant disparu ?

Comment osait-il relever ses yeux émeraude, sans aucune malice ou perversité empreintes dessus ? Comment osait-il verser des larmes en la regardant ? Pensait-il vraiment qu’il allait être pardonné juste avec ça ? Pensait-il vraiment survivre à sa colère ?

« Pardon, Manelena. Pardon, pardon, pardon…. Pardon et encore pardon. »

Il avait posé ses lèvres sur les siennes, une fois, deux fois, trois fois. Il l’embrassait maintes fois sans qu’elle ne réagisse. Il l’embrassait avec une certaine ferveur, comme pour attendre quelque chose de sa part. Elle, de son côté, analysait toute la situation. Oui, elle avait été violée. Que son corps apprécie le traitement ou non, cela restait un viol.

Un viol de la part de l’être en qui elle avait une extrême confiance. Un viol qui avait souillé et terni son corps à tout jamais. Un viol dont jamais elle ne pourra laver l’affront maintenant qu’il avait été commis. Ses yeux rubis, rageurs, fixèrent Tery pendant de longues secondes, comme ignorant les baisers qu’il déposait. Puis toute rage vint quitter subitement le regard de Manelena mais aussi son visage et son corps. Les mains qui avaient griffé le dos de Tery, qui avaient martelé son corps, caressaient maintenant le dos ensanglanté du jeune homme.

« Dans la plus complète des ignorances… pour être le plus réaliste. »

Elle avait simplement soufflé cette phrase mais Tery ne l’écoutait plus. Il était avachi sur elle, son corps continuant à trembler un peu. Avec une fenêtre qui avait fini par tomber en morceaux à cause des évènements, normal qu’il avait froid. Elle-même n’avait guère chaud.

Observant plus ou moins ce qui restait des draps, elle vint les déposer sur leurs deux corps, elle-même restant assise dans le lit. Cette capitale démoniaque était pourrie jusqu’au bout pour avoir emmené Tery à réagir de la sorte. C’était une chose qu’elle ne pardonnerait pas.

Chapitre 18 : En profiter

ShiroiRyu
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Chapitre 18 : En profiter

« Je n’aime pas du tout l’ambiance actuelle, Manelena. »

« Hmm ? Cela ne me dérange pas tant que ça, loin de là. Je n’ai aucun souci. Je veux dire, on dirait que maintenant qu’il y a eu une morte, ceux qui doivent s’occuper de leurs esclaves sont beaucoup plus sur leurs gardes et il n’y a rien eu de mauvais cette dernière semaine. »

« Je sais bien mais ça ne change pas que je n’aime pas ces regards et autres sur ma personne. Et sur la tienne aussi hein ? »

« Oh ? Tu ne vas quand même pas me dire que tu es un peu jaloux de ce que les autres pensent de moi, Tery ? »

« Jaloux, je ne pense pas. Enfin, peut-être un peu quand même. »

Mais comment peut-il réellement expliquer ça ? Ce n’est pas aussi simple que de dire que c’est de la simple jalousie. En même temps, il a l’impression qu’il fait quelques envieux avec Manelena non-loin de lui.

« Je crois que ce sont les autres qui sont jaloux de moi, Manelena. »

« Oh ? Tu penses donc que c’est aussi simple que ça ? Hahaha ! Peut-être dans le fond. »

Il avait demandé à Manelena de jouer un peu son rôle d’esclave mais il avait l’impression qu’elle prenait ce rôle un peu trop à coeur. Car oui, elle était toujours bien habillée mais son allure hautaine avait totalement disparu. En fait, il avait l’impression de retrouver la jeune femme de l’époque où il était dans l’armée… avant qu’il n’apprenne qu’elle était réellement Manelena, la maréchale qu’il connaissait.

« Tu sais, tu n’es pas obligée de jouer le jeu quand il n’y a plus personne. »

« Oh, en vue des espions et autres, il vaut mieux plutôt que je reste ainsi. Et de ton côté, il faut que tu évites de trop parler de tout ça à voix haute hein ? »

Hmm ? Est-ce qu’elle était en train de lui faire un reproche ? Si tel était le cas, il devait alors avouer qu’il était plutôt content. Car oui, depuis qu’elle jouait son rôle, il n’y avait plus aucune once d’arrogance dans ses propos et c’était… vraiment perturbant.

Il y avait comme le fait qu’il… se sentait supérieur à elle. Il n’aimait pas cette idée de se considérer bien plus fort qu’elle, en position de domination. Oh, pas qu’il aimait quand elle le dominait hein ? Mais euh, c’était vraiment perturbant.

« Tery ? Hého, tu pourrais te réveiller ? Tu es dans ton monde ou quoi ? »

Elle venait de claquer des doigts devant lui, le faisant sortir de sa torpeur alors que le jeune homme aux cheveux bruns sursautait. Il entendit quelques grognements autour d’eux. C’est vrai qu’ils étaient au beau milieu d’une ruelle mais surtout les démons n’avaient guère apprécié le geste familier de la part de Manelena en direction de l’un des leurs, même s’il n’était qu’en partie démoniaque. Son statut était connu depuis tout ce temps.

« Pardon, Manelena. Je pensais à quelque chose qui n’est pas si important en fin de compte. Enfin bref, avec tout ça, on va plutôt voir ce que l’on va faire aujourd’hui, non ? »

« Je voudrais bien te proposer une séance d’entraînement si tu le désires, Tery. Qu’est-ce que tu en dis ? Tu es motivé à me maltraiter ? »

« Te maltraiter ? Euh vraiment, sincèrement, je veux te dire, Manelena, je ne suis pas… »

« Tery, essaie de te rappeler de ce que je t’ai dit, s’il te plaît. »

« Ah… J’ai compris le message. Oui, on va aller dans un coin pour s’entraîner et tu vas me servir de sac de frappe, Manelena. Faut bien que j’aille briser ton statut de reine de la surface, non ? Car j’ai l’impression que tu es trop prétentieuse. »

Il venait déglutir. Sincèrement, ce type de « jeu » n’était pas du tout son genre. Pourquoi il voudrait se sentir supérieur à Manelena ? Surtout qu’elle faisait une petite moue intimidée. Elle était plus grande que lui, elle avait plus de muscles que lui, elle avait un corps parfait, autant sur le plan de la beauté que sur l’entretien. Mais là, lui, vraiment, il le sentait pas du tout. Il ne se sentait pas du tout à l’aise, est-ce qu’elle arrivait à comprendre ça ?

Il n’avait pas la sensation que ça soit le cas. C’était même tout le contraire. Ou alors, non, elle le savait mais elle le poussait à être plus… dominant. Elle ne voulait pas qu’il soit mis en danger car il ne jouait pas son rôle de démon « propriétaire ». Elle avait bien compris qu’il avait un statut assez particulier, même dans l’armée des démons.

« Où est-ce vous voulez que l’on se rende pour que vous vous « occupiez » de moi, maître Tery ? » demanda Manelena d’une voix un peu suave.

« Hein que de quoi ? Euh … On va se rendre au château, ils ont des endroits spécifiques pour ça ! Et on va se dépêcher et vite ! »

Mais quelle idiote ! Elle était vraiment en train de jouer avec ses nerfs ! Si ça continuait ainsi, il risquait de ne pas se retenir ! Non ! Il devait se montrer raisonnable ! Il était un adulte, elle ne faisait que s’amuser de la situation alors qu’elle pouvait être potentiellement dangereuse. Ou alors, elle prenait justement très au sérieux le fait qu’ils étaient en danger de mort ? Et donc, elle continuait à faire ça… pour lui ?

Il ne savait pas sur quel pied danser avec elle ! C’était bien pour ça qu’il était complètement perturbé par la situation ! Heureusement, pour aller au château, il n’y avait eu aucun souci sur le chemin. Et dès qu’il se retrouva dans sa chambre, il poussa un profond soupir.

« Pfiou, on peut enfin souffler, Manelena. Tu n’es plus obligée de… »

« Maître Tery, qu’est-ce que je peux faire pour vous servir ? »

« Euh, Manelena, je voulais justement te dire que tu n’étais plus obligée de faire ton rôle. Sincèrement, ici, je ne pense pas que nous sommes écoutés. »

« Maître Tery, de quoi parlez-vous donc ? Pouvez-vous me l’expliquer ? »

« Manelena, s’il te plaît, tu n’as plus besoin de… »

« Maître Tery ? » répéta une nouvelle fois Manelena alors qu’il avait fini par s’asseoir sur son lit. Il était déjà vraiment épuisé par ce petit jeu qui ne l’amusait pas le moins du monde. Enfin, c’est ce qu’il cherchait à dire mais elle lui donnait l’impression de ne pas l’écouter. Et surtout, qu’est-ce qu’elle faisait là ?

Enfin, elle était venue s’asseoir à côté de lui et il s’était aussitôt raidit. Il n’avait pas l’habitude qu’elle soit aussi proche quand ils étaient éveillés. Car oui, durant leur sommeil, c’était une toute autre histoire. Sans aucune explication valide et correcte, il devait juste avouer qu’il finissait à chaque fois contre elle.

C’était peut-être instinctif ? Il voulait une présence féminine à ses côtés. Il avait eu ça avec Elen, il avait eu ça avec Elise et maintenant avec Manelena ? Mais voilà, c’était pendant qu’il dormait et ce n’était pas pareil que maintenant.

« Maître Tery, vous savez, je peux satisfaire tous vos désirs. Il me suffit d’une phrase et je serais alors toute à vous. »

Maintenant, il était en train de déglutir violemment ! Stop, il fallait qu’elle arrête ! Car là, il avait le joue aux rouges… euh le rouge aux joues ! Surtout qu’elle avait posé doucement sa main sur son genou droit, ce qui le fit un peu sursauter.

« Manelena, vraiment, tu devrais… »

« Hmm ? Mais dites-moi, avez-vous chaud, maître Tery ? Vous devriez retirer ces habits qui sont plus qu’encombrants. Laissez-moi donc me charger de ça. »

Elle… Elle allait vraiment dépasser les limites ! Car oui, son autre main venait de se poser sur son épaule et il s’était mis à déglutir grandement. Il fallait vraiment qu’elle stoppe tout ceci avant que ça ne dégénère et qu’elle…

« Eh bien, eh bien, on dirait que vous êtes vraiment rouge, maître Tery. Dites-moi… » chuchota Manelena, finissant par rapprocher sa bouche de son oreille pour lui murmurer : « À quoi est-ce que tu penses, petite canaille ? Est-ce que Tery Vanian ne serait pas en train de s’imaginer des choses que la décence ne pourrait proférer à voix haute ? »

« Manelena ! Tu as fini de te moquer de moi ?! » dit-il avant de placer à son tour ses mains sur les épaules de la femme aux cheveux argentés, finissant par la pousser plus violemment que prévu sur le lit, la couchant dessus. Il se retrouva à quatre pattes au-dessus de Manelena, ses yeux passant du vert au rouge alors qu’il s’était mis à haleter.

« Tery Vanian, qu’est-ce que tu fais, je peux savoir ? »

« Hein ? Eh bien, tu… je t’ai demandé d’arrêter mais tu fais tout pour ne pas comprendre ! » s’exclama Tery alors que le ton utilisé par Manelena était froid et sec, bien moins tendre et chaleureux que celui employé depuis quelques minutes.

« J’ai pourtant signalé que nous devions jouer la comédie mais tu gâches tout. »

Décontenancé, le jeune homme vint se retirer de sa position, finissant par se relever complètement du lit. Il déclara qu’il allait se passer un peu d’eau sur le visage, ailleurs, il ne savait pas où, comment et quand mais il quitta la chambre à toute allure, refermant bien la porte derrière lui pour être certain que personne ne tente de s’introduire dans sa chambre pendant son absence.

« Pfff, est-ce que je ne suis pas assez explicite ? Trop ? Il n’a pas compris ça ne me dérangeait pas le moins du monde ou quoi ? »

C’est vrai. Elle avait la sensation qu’il fallait envoyer de sacrés signaux à Tery pour qu’il comprenne le message derrière ses paroles et ses actes. Oh, elle n’était pas aveugle non plus hein ? La situation n’était pas pire qu’auparavant mais… elle n’était pas pour autant joyeuse. Hmm… C’était peut-être ça.

« Même moi, j’ai parfois besoin de réconfort ? »

Ce n’était pas un terme qu’elle aurait utilisé, il y a des années de cela. La main tendue vers le plafond, elle chercha à l’attraper avant de refermer le poing. Tout ça avait changé le jour où elle avait rencontré Tery. Elle referma ses yeux rubis, soupirant une nouvelle fois.

« Je voudrais aussi me faire étreindre, être aimée, j’imagine. »

Quel vœu stupide de sa part. Si elle ne le montrait pas concrètement à Tery, est-ce qu’il…. Non. Ce n’était pas à elle de faire plus de pas. Elle en avait déjà assez fait. Mais Tery avait déjà quelqu’un, hein ? Une jeune femme à la chevelure aux couleurs du soleil.

« J’imagine que vu la morosité dont je fais preuve la majorité du temps, je ne suis pas le genre à Tery. Encore qu’il ne disait pas non. »

Mais est-ce qu’elle n’avait pas eu cette impression de le forcer un peu ? Encore qu’elle l’avait pris par surprise à cette époque à Omnosmos, ce n’était pas comme si c’était lui qui avait voulu ce geste loin d’être anodin.

« Ah ! Je devrais arrêter de me mettre martel en tête. Ce qui est fait est fait ! »

Elle se redressa enfin dans le lit, finissant par se mettre assise. Elle était… amusée par les réactions de Tery mais en même temps, elle était agacée. Elle voulait l’inciter à prendre les devants mais… une petite part d’elle avait peur. Il fallait dire qu’elle n’avait jamais connu tout ça et que Tery avec Elen, elle n’était pas stupide. Il n’avait pas fallut qu’une seule fois pour qu’elle tombe enceinte.

Elle était franchement ridicule hein ? On parlait d’une vive douleur sur le moment et autre. Même si le sujet ne la concernait pas, les femmes dans l’armée de Shunter évoquaient parfois cela et il lui arrivait d’écouter du coin de l’oreille de telles conversations. Bon après, le fait qu’elles se soient envoyées en l’air et que c’était que du bonheur, c’était un sujet dont elle ne se sentait pas vraiment concernée.

« Mais cette vive douleur… dans le bas-ventre. Hmm… Après, en vue du comportement de Tery, ça ne fait aucun doute qu’il serait doux comme un agneau. »

Et que ça serait plutôt elle la louve dans ces moments, hahaha. Ou alors, est-ce qu’il cachait bien son jeu ? Difficile à dire puisqu’elle n’avait jamais « testé » cela chez Tery. Pfiou ! Quelle pauvre fille elle était ! Avec ses idées absurdes qui lui traversaient l’esprit.

« Je n’ai pas le caractère pour être comme ces femmes. »

Elle ne pensait pas avoir abandonné sa féminité, loin de là. Simplement, elle n’avait jamais vraiment chercher à la mettre en valeur. Sincèrement, elle n’allait pas prendre un corset en acier pour aller se battre contre l’armée ennemie ! Cela paraissait stupide mais elle avait eu vent de quelques spectacles où il y avait un mélange de danse et de combat.

Elle n’avait jamais vu ça directement mais elle savait que les femmes qui participaient à ces spectacles avaient plus de chair à l’air libre que l’opposé. Autant dire que dans un véritable combat, l’ennemi n’hésiterait pas à se focaliser dessus.

C’était peut-être pour ça qu’elle préférait quand même sa lourde armure noire qu’elle pouvait faire apparaître grâce à ses lignes d’Alzar. C’était d’ailleurs dans cette optique qu’elle avait alors donné « naissance » à cette armure. Il était vrai que Zélisia et Alzar permettaient une telle œuvre grâce à leurs magies.

Elen, de son côté, se focalisait principalement sur son arc. Tery ? Elle n’y avait jamais vraiment pensé mais était-ce ses griffes ? Non, pas à sa connaissance. Hmm… C’était assez étrange quand même. Qu’est-ce que Tery faisait donc ? D’ailleurs, il était un peu en retard non ? Il n’allait quand même pas tenter de s’enfuir hein ?

« Non, ce n’est pas son genre, je sais parfaitement qu’il n’est pas ainsi. »

« Manelena ? Est-ce que tu te parles toute seule ? C’est le premier pas vers la folie, tu sais ? »

« Hmm hmm, c’est que tu dis. Où est-ce que tu étais passé, Tery ? »

« Eh bien, je suis parti chercher à manger pour nous deux. Tu n’as pas un peu faim ? »

C’est vrai qu’il était revenu avec un plateau, deux assiettes qui laissaient s’échapper une légère fumée blanche, une miche de pain à partager pour eux, un pichet dont une petite odeur d’alcool émanait et des gobelets. Il déposa le tout sur le petit bureau qui lui était attribué dans sa chambre, faisant un léger sourire.

« Oh ? Tu n’es pas en train d’inverser nos rôles ? »

« Tu peux arrêter tes bêtises, Manelena ? Je voulais te ramener à manger car c’est ainsi et pas autrement, il ne faut pas s’imaginer mille choses. »

« Sauf que je suis certaine que les cuisiniers t’ont regardé avec un air mauvais ou au moins surpris quand tu leur as dit que tu ramenais deux plats, n’est-ce pas ? »

« Pour ça, j’ai juste prétendu que j’avais un très gros appétit et que deux assiettes seraient nécessaires. Et pour la bienséance, j’ai demandé deux couverts et… »

« Tery, tu ne sais pas mentir. Alors s’il te plaît, il vaut mieux que tu t’abstiens, d’accord ? »

« Désolé. Tu veux bien manger avec moi quand même ? »

AH ! Pourquoi est-ce qu’elle refuserait une telle proposition de sa part ? Elle soupira avec une légère pointe d’agacement mais vient prendre place à côté de lui. Elle avait déjà remarqué ça depuis qu’ils étaient ici mais les repas étaient pas si différents des leurs. Oh bien entendu, en terme de viande et légumes, ils ne possédaient pas les mêmes puisque la faune et la flore étaient différentes, mais sinon, la cuisson, le pain et tout le reste, cela avait plus ou moins la même forme.

« J’ai remarqué que tu as ramené du vin, Tery. Ou du moins, de l’alcool. »

« J’ai le droit à du vin de qualité. J’ai un statut assez haut placé en vue du fait que je suis l’un des chevaliers d’Elise, tu sais ? Bon, par contre, ce n’est pas le vin d’excellente qualité et tu sais parfaitement que je ne suis pas très porté sur la boisson. »

« Nous sommes deux alors, à ce sujet. Contrairement à mon père, les festivités, ce n’était pas du tout mon genre. »

Et peut-être qu’ils allaient commettre quelques bêtises ensemble ? AH ! Elle avait vraiment des inepties en tête, n’est-ce pas hein ? Elle regarda le pichet avec un petit sourire. Elle n’était pas crédible. Même si elle ne buvait que très rarement, elle possédait une certaine retenue qui l’empêchait de finir ivre. Elle connaissait plus ou moins ses limites. Tout simplement parce qu’elle voulait rester sur ses gardes à chaque instant.

« Oh, il est pas mauvais. Et la viande marinée est délicieuse. »

Tery mangeait et buvait sans même se poser de question. Vraiment, est-ce qu’elle appréciait Tery à cause de cette candeur dont il faisait preuve dans ces petits moments ? Il avait une femme à côté de lui, pas n’importe quelle femme. Il avait la reine de Shunter, qu’il connaissait depuis des années. Il se rappelait sûrement de ce qui s’était passé à Omnosmos et pourtant, il donnait l’impression de ne pas saisir la situation.

« Ah, eh bien, tu n’avais pas tort sur le vin, Tery. Il donne un peu chaud. »

Elle commença à tirer un peu sur le haut de son vêtement, battant la main devant elle comme pour faire un léger éventail. Bien sûr, elle utilisait à peine ce qu’il fallait de vent pour produire un léger souffle.

Hmm ? Elle jeta un bref regard à Tery, elle avait réussi à capter ses yeux qui la fixaient hein ? Et il était vrai qu’il était un peu rouge aux joues aussi. L’effet du vin… ou autre chose ? Peut-être qu’elle pourrait envisager d’ouvrir un ou deux boutons ? En même temps, il fallait bien qu’elle respire.

Pendant qu’il avait détourné le regard, elle avait aussitôt fait ce qu’elle pensait, ouvrant avec vivacité deux boutons de sa chemise. Oh, peut-être qu’elle en montrait plus que nécessaire ? Non, ça avait l’air d’aller. Surtout que tant qu’elle ne respirait pas trop fort, ce n’était pas si visible que ça. Bon, ils allaient terminer le repas ? Et ensuite ? Qu’est-ce qu’ils allaient faire ? Plusieurs idées se bousculaient dans sa tête.

« Aujourd’hui, c’était plutôt consistant, tu ne crois pas, Manelena ? »

« Il est vrai que j’ai eu plus qu’il n’en fallait. Leur pain est assez bourratif, Tery. »

Et maintenant ? Ils avaient terminé le repas. La pichet de vin n’était pas encore terminé mais il était bien entamé. Le souci ? C’est qu’elle avait encore pleinement conscience de ses actes. Elle avait refermé l’un des deux boutons car pfiou, ce n’était vraiment pas son genre.

« Et maintenant ? On devrait aller se coucher, non ? Je veux dire, pour digérer et tout ça. »

« À ce sujet, Tery, tu sais que me faire dormir dans le même lit que toi alors que je suis ton esclave, ce n’est vraiment pas une… »

« Bonne idée, je le sais bien mais je ne vais pas renier toute ma relation avec toi pour bien paraître aux yeux des autres démons. Je veux dire, ici, c’est ma chambre privée. Normalement, personne y a accès, j’ai le droit de faire ce que je veux dans ce lieu. »

« Oh ? Faire ce que tu veux ? Et de quoi as-tu envie ?

Elle avait fini par s’installer sur le lit, jetant du pied ses chausses et les chaussettes qui accompagnaient ces dernières. Assise à moitié sur l’oreiller, elle s’étendait de tout son long, Tery venant faire de même à ses côtés.

« Je crois que j’ai envie de terminer ce pichet. Je dois t’avouer qu’avec toute cette mise en scène à accomplir à chaque fois, je suis vraiment fatigué et usé par toutes ces bêtises. »

Ramenant le gobelet à ses lèvres, il vint le tendre à Manelena en disant qu’il allait terminer le pichet. Et alors ? Il avait tellement de désespoir que ça pour se laisser aller ? Car oui, il finissait le pichet en l’emmenant directement à ses lèvres.

« Quelle descente, Tery. Je ne te savais pas aussi porté sur l’alcool. On dirait bien que nous avons un petit secret maintenant, toi et moi. »

Il rigola en même temps qu’elle. Quelques minutes après, il était tout simplement avachi sur le lit, au-dessus des couvertures alors que Manelena avait fait de même en faisant attention à ne pas renverser les gobelets et le pichet. Observant Tery couché sur le lit, déjà à moitié en train de cuver, elle prit une profonde respiration.

Cela ne servait à rien. Elle ne pouvait pas réellement en profiter. Pas de cette manière. Par contre, il y avait une autre façon et elle n’allait pas s’en priver. Vu que Tery était en train de dormir, elle commença à se déshabiller, retirant son pantalon avant de faire la même chose avec Tery.
L’aidant à se débarrasser de son haut, elle garda néanmoins le sien, bien qu’elle avait rouvert quelques boutons. Elle pouvait presque être poitrine nue. Il suffirait de tirer de chaque côté de la chemise et… ce n’était pas le cas. Elle rentra dans les couvertures, forçant Tery à faire de même bien que ce dernier grognait un peu. Et sans aucune hésitation, elle vient caler la tête du jeune homme contre ses seins. Elle n’aura peut-être pas plus pour cette soirée mais c’était déjà franchement pas mal à ses yeux.