Chapitre 3 : Rien que la famille

ShiroiRyu
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Chapitre 3 : Rien que la famille

« Bonsoir … Perrine. » murmura le jeune garçon alors que les griffures sur sa joue disparaissaient peu à peu, ses marques s’étant mises à briller.

« Pars de là ! Que je ne te revois plus ! Je t’ai dit de ne pas revenir ! »

Une jeune fille qui devait avoir huit ou neuf ans se tenait en face d’eux. Elle avait deux oreilles caractéristiques des Goupix alors que six queues bien touffues ornaient son derrière. Des tresses, des couettes, toute sa chevelure semblait assez épaisse et généreuse, on pouvait même se demander si la majorité de son poids n’était pas à cause de toute sa fourrure. Elle portait une robe lui allant jusqu’aux genoux, un long nœud papillon blanc par-dessus elle alors qu’elle avait un regard rageur en direction de Personne.

« Nous avons retiré déjà l’argent, Perrine. »

« Tu es sourd ou tu le fais exprès ?! Je ne veux plus de ton argent ! Je ne veux plus te revoir ! Je ne veux pas que tu restes ici, assassin ! »

Des paroles bien dures pour une enfant de son âge mais … Cela se voyait dans son regard qu’elle haïssait le garçon en face d’elle. Le garçon qui accusait parfaitement le coup, observant simplement la jeune fille. Il déposa un porte-monnaie sur le sol, faisant quelques pas en arrière avant de reprendre :

« Voilà … Il y a tout l’argent de ce mois-ci. Cela devrait vous suffire pour ce mois encore … J’ai aussi quelques économies et primes qui traînent si cela n’est pas assez … Maintenant que je suis passé, je crois que je vais repartir. »

Il fit quelques pas en arrière, hochant la tête en direction de Lasty lorsqu’il se retourna alors que la jeune fille récupérait le porte-feuille. Elle le rentra dans l’une de ses poches, criant :

« Et maintenant, c’est comme ça ?! Tu t’enfuis comme toujours ?! Tu as tué mon grand frère ! Tu ne crois pas que c’est ton argent qui va le faire revenir ! Ne crois pas que c’est ton argent qui va te permettre de te faire pardonner ! »

« … … … … … Nous devrions y aller, Lasty. » répondit le jeune garçon en refaisant quelques pas, des flammes passant subitement à côté de Personne.

« Quand je te parle, tu m’écoutes, d’accord ?! C’est bien compris ?! Tu te retournes et tu me fais face, Personne ! »
Il tiqua légèrement, hochant la tête une nouvelle fois à Lasty. Non … Ce n’était rien du tout … Il se tourna vers lenteur vers la jeune fille, ses yeux rubis sur ceux de même couleur que Perrine. Des yeux complètement vides d’émotion …

« Que puis-je faire pour toi, Perrine ? »

« … … … … … Tu me parles encore comme si tu n’en avais rien à faire de ce que je te dis … et .. Je te promets que je te fais ravaler toutes tes dents ! »

« Si tu n’as pas besoin de moi … Il vaudrait mieux que je reparte … Je dois encore travailler pour mes prochaines missions. C’est une chose nécessaire si je dois vous nourrir. »

« Dois … Dois … TE MOQUES PAS DE MOI ! Comme si tu nous devais quelque chose ?! Je veux juste que mon grand frère revienne ! Et ça … Ca … Ca ne sera jamais possible par ta faute ! Et puis pourquoi est-ce que tu m’as dit ça la première fois que tu es venue ?! »

« … … … … … Car c’est véridique. »

« Véridique ou non, moi je m’en fiche ! Comme si tu étais vraiment désolé ?! Comme si tu étais vraiment triste qu’il soit mort ! Tu t’en fiches de nous ! Tu fais ça pour juste te donner une bonne conscience ! Mais tu n’es qu’un meurtrier et un tueur ! Tu as tué Malixo ! »

« … Personne … Il faudrait peut-être le lui … » commença Lasty alors que le jeune garçon fit un petit geste de la main pour lui dire de se taire. L’enfant n’avait pas besoin de savoir que le meurtrier direct était en fait la femme à côté de Personne et non lui-même.

« … … Tu vois ! Tu caches des choses ! De toute façon, tu n’en as rien à faire ! Comme tous les autres ! Comme toutes les grandes personnes ! Comme mes grands frères et mes grandes sœurs ! Ils ne sont plus là et ils nous ont tous abandonnés ! »

Hein ? Il haussa un sourcil. C’était la première fois que … Perrine parlait de sa famille dans son énervement. Lui ? Il n’avait jamais osé la voir … Il n’osait pas se présenter devant la famille … Car il n’avait pas à le faire … Car il n’avait pas à la regarder … Si il voyait cette mère … Cette femme … Ah … Ah …

« Qu’est-ce que tu regardes encore ?! C’est quoi cette fausse mine triste ?! »

« Rien du tout … Je peux partir maintenant ? »

« NON ! Tu restes ici et tu ne t’enfuis pas cette fois ! Tu viens ! » s’écria la jeune fille alors qu’elle prenait avec force sa main droite, le tirant avec elle.

AIE ! Elle lui faisait mal ! Elle le griffait à moitié mais il valait mieux ne rien dire car elle était visiblement très en colère à cause de lui. Il se laissa traîner, s’étant mis à trembler de tout son corps alors que Lasty suivait les deux enfants.

… … … Il n’y avait vraiment pas de quoi rire … C’était même à pleurer … Il y avait sept à huit enfants … Certains étaient même dans des berceaux. C’était affreux … Tous étaient des enfants pokémons. Et l’endroit où ils dormaient … C’était un endroit très propre et très bien nettoyé. Visiblement, tout le monde faisait des efforts mais ils manquaient tellement d’espace … Et il voyait une femme Lockpin qui donnait le sein à un bébé avec des yeux dorés et habillé d’une tenue violette et rose. Une petite queue à sonnette était visible au niveau des fesses du bébé, montrant par là que c’était un jeune Abo.

Ah … La femme Lockpin … C’était la mère de toute cette progéniture ? Elle devait avoir une quarantaine d’années et malgré son visage ravagé par la fatigue, elle semblait très calme et douce. Elle posa son regard sur lui et Lasty, leur adressant un petit sourire avant d’observer à nouveau son bébé qu’elle avait entre ses mains.

« Tous les autres nous ont abandonnés … Dès qu’un enfant a dix ou onze ans, il quitte la maison en disant à quel point il déteste cet endroit et cette vie. Moi, je ne suis pas comme ça ! » s’écria la jeune fille, s’arrêtant aussitôt avant d’entendre les pleurs d’un bébé.
Il se faisait légèrement tiré dessus sur les vêtements par deux enfants de trois ou quatre années. Ce n’était pas une vie … Il s’agenouilla devant les enfants, ces derniers lui demandant son nom. Il leur répondit, des petits rires se faisant entendre. Ils trouvaient son nom très drôle. Il fit un petit sourire aux enfants, Perrine revenant, un biberon et un bébé d’environ une année dans ses mains.

« AH ! Tu n’as pas intérêt à déranger, Personne ! T’es prévenu ! Je veux juste que tu vois ce qui se passe maintenant depuis … »

Elle s’arrêta dans ses paroles, tournant son visage vers sa mère. Celle-ci avait levé le regard d’un air curieux, penchant la tête sur le côté. Elle n’avait toujours pas pris la parole et il remarqua aussitôt qu’il avait oublié ses bonnes manières. Il bafouilla :

« Euh … Euh … Bonjour, je m’appelle Personne et elle, c’est Lasty. Je suis euh … un … »

Il n’osait pas le dire car ce n’était pas le cas. Il n’était pas …

« C’est un ami, Maman ! Tu n’as pas à t’inquiéter ! »

Un grand sourire orna les lèvres de la femme aux cheveux couleur crème, celle-ci faisant plusieurs hochements de tête positifs alors qu’il paraissait étonné.

« Est-ce qu’elle est … euh … »

« Muette, ça fait quelques deux ans environ. Le … géniteur de Clisa est le responsable. Une vilaine entaille au niveau du cou mais plus de peur que de mal. A part la voix, elle va très bien. » murmura la jeune fille avant d’entendre quelques toussotements de la part de sa mère. « Ah ! Prends donc Clisa pendant quelques minutes ! »

Elle venait de lui donner le couffin ainsi que le biberon, courant à travers les autres enfants avant de foncer vers la cuisine. Elle en revint avec un verre d’eau et plusieurs médicaments, les donnant à sa mère qui la remercia affectueusement d’une petite caresse sur le sommet du crâne. La jeune fille poussa un glapissement de joie, contrastant complètement avec la majorité de son comportement habituel.

« … … … … … »

Il ne savait pas quoi dire. Il n’avait pas sa place ici … Il ne voyait que des enfants en bas âge. Des enfants dont Perrine était l’aînée. Elle s’approcha de lui, récupérant le bébé avant de le remettre dans son berceau, posant son regard sur Personne. Elle fit un petit geste de la tête, demandant à Lasty et à Personne de l’accompagner dehors.

Il salua d’un hochement de main la femme et les enfants, tous ayant un grand sourire en le lui rendant. Lasty fit de même de son côté avant d’accompagner le jeune garçon et la jeune fille hors de la modeste demeure … Ah … Dire que c’était ici qu’ils dormaient … Cet endroit était un peu plus éloigné des autres. Sûrement que le jeune homme … avait trouvé des moyens pour les emmener ailleurs avant de …

« Maman est beaucoup trop gentille … Elle ne penserait même pas un instant que son fils aîné soit mort … par la main de l’enfant qu’elle a vu. »

« … … … … … Tu as une gentille famille. » répondit-il prestement alors qu’elle haussait un sourcil d’étonnement … Elle serra les dents, ses mains devenant des griffes avant de s’arrêter dans son élan. Non … Ca ne servait à rien …

« Ca ne le fera pas revenir … mais ne redit plus jamais ça ! Ma mère souffre énormément de tout ça ! Je suis toujours là quand elle donne naissance à un nouvel enfant ! Car ces hommes viennent quand même la … »

Hein ? Elle ne finissait pas sa phrase, se frottant les deux bras d’un air frénétique. Il y avait un problème … Il prit subitement ses deux mains, la jeune fille poussant un cri alors qu’il remontait ses deux manches, laissant voir des blessures.

« Mais c’est … » commença t-il alors qu’elle retirait aussitôt ses mains.

« Ca ne te concerne pas ! VAS T’EN ET NE REVIENS PAS ! »

Elle était folle de rage, il le voyait parfaitement. Il ne vint rien dire, s’éloignant de la maisonnette alors qu’à côté d’eux, un homme passait. Il semblait bien faire deux mètres, recouverte d’épais vêtements gris … et plutôt imposants … Comme son corps. Un Rhinocorne, c’est bien cela ? Il s’arrêta, entendant le cri de la jeune fille :

« NON ! VOUS N’IREZ PAS LA VOIR ! MAMAN EST MALADE ! »

« J’ai de l’argent pour cela. »

« ON N’EN VEUT PAS DE CET ARGENT ! NE VOUS APPROCHEZ PAS DE MA MERE ! » hurla la jeune fille avant qu’une violente baffe ne la fasse voler sur le côté.

« C’est pas une gamine qui va m’empêcher de m’octroyer un peu de plai… »

« Mais moi, si. »

Il avait été des plus directs, s’étant présenté devant le Rhinocorne avant de le projeter avec une trombe d’eau en arrière. L’homme tenta de se relever mais Lasty était au-dessus de lui, ses yeux rubis le fixant froidement :

« Je vous conseille … de vous éloigner d’ici … et de ne pas revenir … Je vous conseille aussi de prévenir tous les malandrins qui espèrent faire souffrir cette famille de ne plus remettre un pied en ce lieu sinon … Il pourrait s’avérer que je gèle complètement vos corps. »

Elle avait fait apparaître une magnifique serre de glace au bout de sa main droite, l’homme à l’épaisse protection grise hochant la tête en tremblant. Il s’était relevé pour s’enfuir d’un air pataud et cela malgré ses quelques blessures. Le jeune garçon s’approcha de Perrine, tendant sa main en lui demandant :

« Est-ce que … ça va ? »

« NE ME TOUCHE PAS, TOI ! Je pouvais me débrouiller seule ! »

« Je reviendrai dans une semaine. » répondit-il alors qu’elle fronçait les sourcils.

« Je t’ai déjà répondu … que … »

« Je reviendrai dans une semaine. » répéta t-il une nouvelle fois tandis qu’elle s’époussetait, se dirigeant vers la maisonnette en répondant :

« Fais comme tu veux ! Moi, j’en ai plus rien à faire ! »

« Et … Si ils recommencent, je les arrêterai. »

Elle s’immobilisa, s’étant mise à trembler alors que ses six queues de Goupix se redressaient subitement. Il venait de faire mouche dans ses paroles. Il l’observa rentrer chez elle, claquant la porte avec une légère violence alors qu’il demandait à Lasty de le ramener à l’Ultime Elément. Pour aujourd’hui, il en avait fini … Mais il n’allait pas se priver de revenir. Surtout pas après avoir finalement découvert le revers du décor qui n’était déjà pas très joyeux à la base. Oui … Il allait continuer à revoir cette famille … pour espérer que son cœur s’apaise.

Chapitre 2 : Un salaire bien mérité

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Chapitre 2 : Un salaire bien mérité

« Les flammes du pyromane ont ravagé ces forêts … Je me demande pourquoi fait-il cela ? »

« Les humains … comme les pokémons … La majorité d’entre eux se comportent comme des déchets. » répondit le jeune garçon alors qu’elle le déposait au sol, retirant ses deux mains d’autour de Personne. Ah … Ils étaient dans une forêt … ou plutôt ce qui en restait.
« … … … … … Et c’est ça le culte d’Arceus ? » murmura Personne, reprenant aussitôt : « Visiblement, je ne vois pas où est-ce que l’Unique Elément est pire qu’eux. Ils se valent aussi bien les uns que les autres. »

Elle ne lui répondit pas, reprenant ses mains pour les poser au niveau de son torse. Il ne devait pas penser ainsi. Depuis le temps, elle savait parfaitement qu’il avait une vision de plus en plus négative de ce monde mais … Tant qu’elle restait avec lui, elle pouvait lui redonner goût à la vie. Si seulement … Elle savait comment retrouver Crusaé et Metsubi.

« Nous devrions y aller, Lasty, non ? Le pyromane ne doit pas être vraiment très loin. » annonça le jeune garçon alors qu’elle hochait la tête d’un air positif. Il avait totalement raison. Parfaitement raison … Mais avant … Elle l’enlaça longuement, le jeune garçon rougissant violemment en bafouillant :

« Je peux savoir … Je peux savoir pourquoi est-ce que tu fais ça, Lasty ? »

« Juste pour que tu n’oublies pas ce que c’est la chaleur du cœur. »

Oui, c’était cela qu’elle faisait depuis plus d’une année et demie. Elle faisait tout pour qu’il n’oublie pas qu’il n’était pas seul. Elle s’était liée d’affection envers le jeune garçon, une affection bien particulière qu’elle n’avait jamais éprouvée envers d’autres humains ou d’autres pokémons. Peut-être était-ce parce qu’elle l’avait observé pendant plusieurs mois avant de venir le serrer contre elle ? Peut-être parce qu’il avait tellement souffert depuis la venue de Crusaé ? Elle ne savait pas réellement l’expliquer mais …

« Lasty … Il faudrait me lâcher un peu … Enfin … C’est gênant … »

« Il n’y a personne autour de nous donc ce n’est pas un problème, Personne. »

« Si si, c’est un problème pour moi … Enfin, c’est encore plus gênant car tu es une grande dame. C’est encore plus gênant à cause de ça. »

A cause de quoi ? Il ne lui répondit pas mais il était vrai qu’il était vraiment rouge. Enfin, c’était dans ces instants qu’il montrait clairement qu’il n’était encore qu’un petit enfant. Alors pourquoi avoir rejoint une telle organisation ? Ah … Elle en connaissait plusieurs des raisons mais elle n’allait pas les lui dire. Elle le souleva, s’envolant subitement avec lui.

« Allons à la recherche de ce pyromane cinglé et arrêtons-le avant qu’il ne soit trop tard. »

Il était tout à fait d’accord avec cette idée. Puisque la forêt avait déjà été réduite en cendres, cela voulait dire que le pyromane était bien plus loin … Mais nullement difficile à retrouver puisque déjà, de nouvelles flammes apparaissaient devant leurs yeux.

Elle descendit en piqué, s’arrêtant dans un anneau de flammes alors qu’elle pouvait apercevoir un homme d’une trentaine d’années, portant une bure de couleur brune alors qu’à ses côtés, deux adolescents aux habits orangés et à la queue au bout enflammé crachaient des flammes tout autour d’eux.

Le jeune garçon descendit des bras de Lasty, ses deux marques s’étant mises à briller. D’un simple geste de la main, il fit apparaître des trombes d’eau, éteignant aussitôt les flammes autour d’eux. Les deux Reptincels se tournèrent vers lui, l’homme faisant de même. Avant qu’ils ne puissent réagir, une gigantesque vague emporta l’un des deux Reptincels, l’envoyant contre un arbre, le jeune garçon prenant la parole :

« Maintenant que vous vous êtes calmés … Que vous n’êtes plus tout feu, tout flamme, je ne demanderai qu’une chose. Avez-vous écrit vos testaments ? »

« Hein ?! Quoi ?! Vous êtes de l’Ultime Elément ?! Depuis quand est-ce qu’ils emploient des gamins ?! Et tu penses vraiment qu’avec un seul pokémon, tu pourras … Attends un peu … »

L’homme venait de comprendre. Ce n’était pas la femme qui avait crée de l’eau … Mais le gamin n’avait pas l’air d’être un pokémon … Par contre, cette femme … Elle était bizarre … Il avait l’impression de l’avoir déjà vue dans le passé … Chez eux …

« Mais tu es … L’Artikodin ?! Qu’est-ce que tu fais ici ?! HEY TOI ! VAS-VITE PREVENIR LE CULTE ! » s’écria l’homme rapidement.

Hum ? Il posa son regard sur Lasty, la jeune femme hochant la tête d’un air positif avant de faire apparaître un pieu de glace. Elle planta le pieu dans le cœur de l’homme, celui-ci s’écroulant au sol dans une flaque constituée d’eau et de sang tandis que le Reptincel était déjà parti. Le second fut plongé dans un cercueil de glace alors que Personne courait pour rattraper le Reptincel, murmurant :

« … … … Tu penses pouvoir m’échapper ou non ? »

« Mais qu’est-ce que l’Artikodin fait avec toi ?! Comment c’est possible ?! »

« Tu n’as pas besoin de comprendre ce qui se passe … Tu n’es qu’un gamin. »

LUI ?! UN GAMIN ?! Il se serait arrêté pour le tuer mais le regard rubis du jeune garçon l’intimidait trop. Non, ce n’était pas qu’un enfant banal ! Il devait se méfier car sinon, il allait avoir énormément de problème !

Il cracha néanmoins des flammes derrière lui, Personne les arrosant même avant qu’elles ne l’atteignent, les éteignant avec une telle facilité que cela effrayait l’adolescent. BON SANG ! Il était impossible pour lui de le distancer ou quoi ?! Il devait … Il devait les prévenir … Même si … Ah … Ah …
Il ouvrit la gueule en direction du ciel. C’était la dernière chose qu’il allait pouvoir faire. Des flammes sortirent de sa bouche, explosant dans le ciel comme un ultime message. Une lame aqueuse vint le frapper au niveau du cou, l’adolescent s’écroulant au sol, mort par Personne. Hum … Les flammes … C’était plus problématique que prévu.

« Tu n’as pas à t’en faire, Personne. Ce n’est pas de ta faute … »

« C’est toi qui le dis, Lasty. C’est la première fois … depuis que je suis là … que j’ai fait une faute aussi grossière. Et maintenant, tu seras en danger par ma faute. »

« Tu ne pouvais pas savoir qu’il allait faire une telle chose. Et il peut avoir prévenu le culte d’Arceus de ma présence dans l’Ultime Elément, ça ne change rien. Je resterai avec toi. »

« … … … … … »

Il ne disait plus rien du tout. C’était toujours ainsi à la fin d’une mission. Enfin surtout quand elle était blessée ou mise en danger. Le jeune garçon plongeait dans son mutisme, ne prenant plus la parole alors qu’elle le regardait avec un grand sourire. Il était tellement mignon quand il s’inquiétait pour elle. Elle l’embrassa sur le front, les deux personnes s’étant envolées pour se rendre à nouveau en direction de l’Ultime Elément.

« En rentrant, nous irons reprendre un bain, Personne. »

« D’accord … La chaleur des flammes … Même si elle est brève … nous a fait sués … »

« C’est exactement ce à quoi je pensais. Tu es donc d’accord visiblement. »

Oui … Il était d’accord … Les deux personnes rentrèrent dans la base de l’Ultime Elément, annonçant que la mission avait été réussie avec succès. Tout de suite, ils retournèrent se laver comme dans la matinée pour finalement être prêts pour la fin du mois.

« La fin du mois … Hum … » marmonna t-il alors qu’il toquait à la porte d’un bureau, une voix lui demandant de rentrer, lui et Lasty.

« Ta visite mensuelle, c’est bien ça, Personne ? Tiens … Je ne sais pas ce que tu en fais mais comme tout le monde, t’as le droit à ton salaire. » répondit un homme en lui tendant un chèque que le garçon récupéra aussitôt.

Il s’inclina devant l’homme, quittant la pièce aussitôt avec Lasty alors que celle-ci prenait le papier à son tour, l’observant du regard tout en demandant à Personne :

« Tu veux y aller maintenant ou non ? »

« … Je veux y aller … tout de suite … Ca serait bien mieux, je trouve. »

Alors qu’il mette un autre habit. L’emblème, toutes ces choses, elle n’aimait pas quand il se présentait en tant que membre de l’Ultime Elément dans le civil. Elle l’aida à prendre des habits plus citadins, l’emportant à nouveau au-dehors de la base en le prenant dans ses bras.

« Quand même … Tu vois, Personne, c’est parce que tu es ainsi que j’estime que j’ai fait le meilleur des choix en décidant de t’accompagner. »

« … … Car cet argent, je n’en ai pas besoin ? » souffla le jeune garçon en rougissant un peu devant le compliment alors qu’elle souriait :

« Tu ne l’utilises pas pour toi-même. Allons leur rendre visite … Comme à chaque fin de moi. » répondit-elle en rigolant.
Ce salaire … Il n’en avait jamais eut l’utilité … mais il en avait demandé un … Ils étaient nourris et logés dans l’ultime élément … Alors pourquoi avait-il besoin d’argent ? Pour quelle raison ? Après plusieurs heures de vol, ils arrivaient aux environs d’une ville loin d’être resplendissante. Oh … Le voyage avait duré tellement d’heures que la nuit était déjà tombée mais ils n’étaient pas inquiets.

« … … Je devrais me préparer au cas où. »

« Cet accueil a toujours été le même … Je ne pense pas que cela changera, Personne. »

« TE VOILA A NOUVEAU ! JE T’ATTENDAIS ! »

… … … Qu’est-ce qu’il venait de dire à l’instant ? Une ombre sauta en sa direction, venant griffer son visage en l’ensanglantant. Il n’avait même pas cherché à l’esquiver, pourtant, il s’y attendait mais … C’était la seule chose qu’il méritait de toute façon.

Chapitre 1 : Seul dans son coin

ShiroiRyu
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Premier axe : De missions en missions

Chapitre 1 : Seul dans son coin

« Personne ? Il est l’heure de se lever … » murmura une douce voix alors qu’il poussait un petit grognement en signe de négation.

Deux personnes étaient couchées dans un même lit. L’une d’entre elle avait de longs cheveux bleus déployés tout autour de son visage, deux yeux rubis ornant son visage. Elle n’était guère très habillée, ne portant qu’un soutien-gorge et une culotte de dentelle bleue ciel, un petit ruban rouge ornant le milieu des deux sous-vêtements. Posés sur sa poitrine, le visage d’un garçon aux cheveux noirs semblait être comme apaisé et soulagé. Ses deux mains entouraient les hanches de la jeune femme comme pour la serrer contre lui.

« Je vais finir par croire que tu fais une fixation sur ma poitrine, Personne. Allez, il faut se lever. Tu ne peux pas rester ainsi toute la journée. » souffla la jeune femme une nouvelle fois, passant sa main dans ses cheveux noirs avec tendresse.

« On pourrait … rester ici … pour aujourd’hui. » répondit-il avec lenteur alors qu’elle poussait un petit soupir avec amusement. Oui … Mais non … Alors … Elle alla se lever, le garçon marmonnant quelque chose alors qu’elle rigolait légèrement :

« Tu t’accroches bien ? Car je vais nous emmener dans le bain. »

« Je suis accroché … Lasty. » répondit le jeune garçon alors qu’elle gardait un sourire aux lèvres. Oh … Elle n’était pas un canon de beauté et sa poitrine était plutôt petite voire moyenne mais le jeune garçon semblait désespérément accrochée à elle.

Gardant le garçon contre elle pendant qu’ils se dirigeaient vers la salle de bains, elle se déshabilla en première, Personne faisant de même de son côté avant de lui tourner le dos. Il s’était mis assis sur un tabouret. Elle prit un gant de toilette et du savon, frottant le second sur le premier avant de commencer à lui nettoyer le dos.

« Il faut que tu sois propre, tu le sais aussi bien que moi, Personne. »

« Je … le sais très bien, Lasty. Ensuite, c’est à moi de te nettoyer. »

« Bien entendu … Mais je te rappelle une chose pour que ça soit bien compris. Pas de … »

« Je ne fais pas un nettoyage de face. » répondit le jeune garçon, plus éveillé qu’auparavant alors qu’elle lui faisait un grand sourire. Bien très bien même !

Pourtant, quelques minutes plus tard, il savonnait le corps de la jeune femme au niveau du ventre, évitant soigneusement sa poitrine et son entrejambe alors qu’elle faisait de même de son côté. Ce n’était pas un manque de pudeur à leurs yeux mais simplement une marque de confiance entre les deux personnes. Ensuite, chacun alla laver soi-même son intimité avant de venir se sécher mutuellement. Finalement, une bonne vingtaine de minutes plus tard, ils étaient habillés tous les deux. La jeune femme avait son habituel kimono bleu tandis que le garçon portait des habits blancs, un emblème représentant un Artikodin sur la poitrine. Il avait une veste noire par-dessus son haut tandis que Lasty lui prenait la main, les deux personnes se dirigeant à travers les couloirs avant de se rendre en direction de la cantine.

A l’intérieur, plusieurs têtes se tournèrent vers eux, chacun observant le jeune garçon et la jeune femme aux cheveux bleus avec sa queue-de-cheval. Ils se dirigèrent vers une table isolée, quelqu’un parmi tous disant d’une voix enjouée :

« Salut Personne ! Comment ça va ?! »

Aucun son ne sortit de la bouche du jeune garçon, celui-ci commençant à manger tranquillement et en silence. Lasty fit de même de son côté, la voix ayant parlé plongeant dans son mutisme elle aussi. Oui … Cela discutait autour d’entre eux … mais pas avec eux.

«  Tu t’attendais à quoi franchement en le saluant ? Qu’il te fasse un geste de la main, un grand sourire aux lèvres et qu’il t’annonce : Ca va super et toi ?! »

« Non mais … C’est une simple formule de politesse quoi. Ce gamin a à peine dix ans et demi, ça fait un an et demi qu’il est là et tu ne le vois jamais avec quelqu’un d’autre à part sa pokémon. C’est sûr qu’en plus, il parait qu’il a des pouvoirs spéciaux. »

« Ouais, j’ai entendu ça mais je ne l’ai jamais vu de toute façon. Et puis, tu vois l’emblème qu’il a ? Et bien, c’est un Artikodin. Ca veut dire qu’il fait partie d’une unité spéciale pour la recherche des légendaires mais aussi qu’il en possède une avec lui. »

« Je le sais parfaitement … Enfin, avec ou sans lui, on n’a quand même pas avancé dans nos recherches. Les légendaires se font très très rares. A croire que la perte de l’un d’entre eux les a calmés aussitôt. Enfin … Ca n’arrange pas nos affaires par contre. »

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise hein ? C’est pas de la faute au gamin non plus. »

C’était un peu les discussions quotidiennes mais il fallait dire qu’il était le sujet de la majorité d’entres elles lorsqu’il intervenait. Un taux de réussite de 100% dans ses missions, une icône froide et solitaire, toujours accompagné de Lasty. Elle aussi semblait froide bien que ce n’était qu’une apparence. Lorsqu’elle était seule, elle saluait poliment les personnes qui s’adressaient à elle et elle avait déjà donné quelques gouttes de son sang pour des analyses. Le problème était ces dernières …
Analyser le sang d’une créature légendaire, ce n’était pas très simple, loin de là même. Et de l’autre côté, elle n’était pas dans l’ultime élément … mais du côté de Personne. Si Personne était du côté de l’Ultime Elément, alors elle était du côté de l’Ultime Elément. Ce n’était pas si compliqué que cela quand on y réfléchissait bien mais ça avait son importance.

« Personne ? Nous nous rendrons à la salle des missions. Nous allons sûrement en recevoir une très bientôt, d’accord ? » demanda la jeune femme.

« Bien entendu, nous n’allons pas rester les bras croisés à ne rien faire. » répliqua le garçon alors qu’elle faisait une petite moue dubitative. Tout de suite, il reprit : « Non, désolé, je ne suis pas … en colère, Lasty. Pardon … »

« Je l’espère, je sais à quel point ça te dérange … Mais sois patient … Tu seras récompensé. »

… … … Il se leva, arrêtant de manger. C’était toujours ainsi. Même si Lasty ne lui voulait aucun mal, des fois … Elle disait des choses qui faisaient mal … Mais ce n’était pas de sa faute. Il se dirigea vers la sortie de la cantine, Lasty ramenant les plateaux avant de se mettre à sa recherche. Elle vint le rejoindre rapidement, passant ses deux mains autour de son cou. Le jeune garçon déposa ses mains sur les siennes, baissant la tête en murmurant :

« On ne trouve rien du tout … Je ne sais même pas où elle est … »

« Sois patient … Personne … Sois patient … C’est tout ce que je peux te dire … Je suis vraiment désolée … de te faire autant de mal, Personne. »

« Hein ? Que quoi ? Mais non ! Tu … Tu … Ce n’est pas … de ta faute … Mais celle de Metsubi … Mais même elle … Je veux juste retrouver … Crusaé et Metsubi. Je ne sais même pas ce qu’elle est devenue. Mais … Et toi, Lasty ? Tu as deux sœurs non ? Je crois que tu me l’as déjà dit … Tu pourrais les retrouver non ? »

« Non … Elles ne comprendraient pas mes choix. Je préfère rester avec toi, Personne. C’est la meilleure chose que j’ai accomplie depuis que je suis née. Ne te préoccupe pas d’elles et allons récupérer notre mission, d’accord ? »

« Ah … J’y pense, nous sommes bientôt la fin du mois, non ? » demanda t-il alors qu’elle hochait la tête d’un air positif. Elle pouvait voir un début de sourire sur ses lèvres, un début qui disparut aussitôt. Ils se dirigèrent vers la salle des missions, plusieurs personnes tapotant sur des claviers avec un écran devant eux. Il s’approcha d’une femme avec une paire de lunettes bleues et rouges, toute habillée de gris.

« Ah … C’est donc toi, Personne ? Tiens, c’est pour toi. Ce n’est pas trop difficile mais ce qu’il faut faire, il faut le faire. »

Elle vint lui tendre une feuille qu’elle avait imprimée aussitôt en quelques secondes, le jeune garçon commençant à la lire avec un peu de difficultés. Lasty prit la feuille à son tour, tapotant un peu le crâne de Personne avant de dire :

« Il faudra suivre à nouveau des cours, Personne. »

Il hocha la tête d’un air positif, rougissant très légèrement avant de quitter la pièce. Ils se dirigèrent vers la sortie du complexe où ils vivaient depuis un an et demi, des personnes les saluant pour la réussite de leurs prochaines missions. Voilà que quelques minutes plus tard, il était en train de voler, ses deux bras entourant le cou de Lasty.

« Notre prochaine mission ne sera pas très difficile, Personne. Tu n’as pas réussi à lire, n’est-ce pas ? » demanda la jeune femme alors qu’il murmurait avec lenteur :

« Je ne sais pas vraiment lire … J’ai arrêté depuis la … mort de … »

« N’en dit pas plus. C’est pour cela que je n’arrête pas de te répéter que nous allons reprendre les cours. Je suis une créature légendaire, je peux donc te servir de professeur. Rina est très douée en ce qui concerne les sciences tandis que Fulgé connaît parfaitement les mathématiques. Personnellement, c’est plus les langues et l’histoire mon domaine. »

« … … … D’accord, Lasty. »

« Bon au sujet de la mission, c’est tout simplement arrêter un adepte un peu zélé du culte d’Arceus. Il parait qu’il est accompagné de deux Reptincels et adore les flammes. »

« Je pense que le froid va le calmer un peu … Lasty. »

« Personne, je te rappelle que si un jour, tu veux arrêter de les tuer, tu … »

« Je ne le ferais pas, je ne veux pas que tu aies de problèmes. Alors … Nous devons les tuer pour qu’ils ne rapportent pas ta présence dans les environs aux autres légendaires. Tu as trahit tout le monde … par ma faute. »

« … … Ce n’est pas ta faute, Personne. » chuchota t-elle alors qu’il voulait ne pas l’écouter.

Elle pouvait dire tout ce qu’elle voulait …Ca ne changeait … rien. Pour un malheur subit, il en donnait un aux autres. Il s’était couché sur le dos de Lasty, poussant un petit cri de surprise lorsque celle-ci fait une rotation sur elle-même. Elle était maintenant en train de voler sur le dos, lui faisant un grand sourire alors qu’il était collé contre sa poitrine.
Elle … Elle avait confiance en ses capacités pour voler hein ? Et puis aussi en ses capacités pour le réconforter. Depuis un an et demi, elle était la seule personne à qui il pouvait se confier … La seule personne qui était à ses côtés depuis … la mort de Malixo … la trahison de Metsubi … L’enlèvement de Crusaé. Il n’avait plus personne à part Lasty.

Chapitre 40 : Sous la carapace

ShiroiRyu
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Chapitre 40 : Sous la carapace

« Manelena, nous nous rendons à l’auberge tout de suite ? »

« Laisses-moi tranquille, Tery. Je n’ai pas envie de te parler maintenant, compris ? »

Il haussa un sourcil, se demandant ce qui lui prenait. Est-ce qu’il avait dit ou fait quelque chose de déplacé ? Normalement, non, ce n’était pas son genre mais bon … une telle réaction, c’était un peu déplaisant en soit. Il tenta un mouvement de la main mais elle le repoussa assez sèchement, le regardant avec colère :

« Tu n’as pas compris ce que j’ai dit ? Je veux me promener seule. »

« Mais pourquoi ? Est-ce que je t’ai fait quelque chose, Manelena ? Tu peux me le dire hein ? Je ne le prendrais pas mal du tout, loin de là. »

« Tu me fatigues. Tu n’as pas compris ce que j’ai dit ou quoi ? Je dois me répéter ? Laisses-moi tranquille ! Purée ! Juste une heure ou deux ! Ensuite, je reviendrais ! »

« D’accord, d’accord. Fais attention à toi, Manelena, c’est tout. »

Il ne pouvait pas vraiment dire autre chose de toute façon hein ? Il haussa les épaules, poussant un léger soupir désapprobateur, réfléchissant à tout ça. Il la regarda partir, n’osant plus l’arrêter maintenant. Ce n’était pas bon. Mais qu’est-ce qu’il allait faire de son côté ?


La question ne se posait même pas. Retourner à la bibliothèque pour prévenir les deux vieilles personnes de l’échec de sa tentative avec Manelena. Oh zut … c’en était tellement ridicule quand il y réfléchissait maintenant. C’était vraiment horrible à force. Comment ne pas s’en vouloir de cet échec en fin de compte ?

« J’ai mieux à faire que de perdre du temps, c’est peut-être pour ça qu’elle m’en veut. »

Il poussa un léger soupir, accélérant le mouvement alors qu’il réfléchissait à la situation. Bon, de ce qu’il savait, c’était juste un échec, ça ne voulait pas dire qu’ils ne pouvaient pas recommencer la prochaine fois hein ? Encore que … ce n’était pas forcément une bonne idée. Ils ne s’étaient pas tenus au courant de tout le reste ! Résultat ? Il en payait un peu le prix, il devait se l’avouer. De nouveau dans la bibliothèque, la surprise put se lire sur le visage du vieil homme, celui-ci arrivant aussitôt vers lui :

« Mais … comment ? Vous vous êtes trompés ? »

« Je n’ai pas vraiment compris Manelena en fait mais … elle a voulut rentrer. »

« C’est un peu court pour m’expliquer, non? Tu ne veux pas plutôt tout me raconter en détails ? Cela ne fait à peine qu’une journée voire deux au grand maximum. »

Il hocha la tête positivement, comme pour signaler qu’il était d’accord pour tenter de lui dire ce qu’il savait exactement. Le vieil homme écouta pendant de longues minutes, ne disant rien jusqu’à ce que Tery ait finit de parler. Quand ce fut le cas, le vieil homme prit une profonde respiration, comme s’il avait réfléchit longuement.

« J’imagine que dans le fond, malgré les apparences, elle n’a pas apprécié le fait que vous soyez rentrer aussitôt à Omnosmos. »

« Mais … c’est elle qui l’a voulu ! Pour ma part, j’étais à peine conscient ! »

« Mais est-ce que tu as réellement refusé le fait qu’elle abandonne ? Tu as préféré ne pas chercher à comprendre ou presque. Elle voulait que tu la retiennes. »

« C’est vraiment compliqué les femmes. » déclara au final le jeune homme aux cheveux bruns, passant une main sur son front. Beaucoup trop à ses yeux.

« Je n’ai jamais put prétendre le contraire, mais bon … c’est-ce qui fait leur charme non ? »

Le jeune homme hocha la tête doucement, comme pour confirmer ses propos. Il devait reconnaître que les réaction de Manelena lui plaisaient beaucoup. Maintenant, ça ne voulait pas dire qu’il avait succombé au charme de … à qui est-ce qu’il pouvait prétendre ça ? Il ne devait pas se voiler la face. La jeune femme était beaucoup pour lui.

« Un petit souci, Tery ? Ce soupir ne me dit rien qui vaille. Inquiet pour elle ? »

« Un petit peu, je dois avouer. Vous avez une idée pour savoir comment l’aider ? Enfin, un petit conseil car j’avoue que je suis complètement perdu. »

« Patience, c’est tout ce que je peux te dire. Patience et tu auras alors toutes les réponses aux questions que tu te poses, hein ? »

Si c’était aussi simple, il n’aurait jamais posé la question au vieil homme mais bon, il ne pouvait qu’abonder en son sens. Bon, ce n’était pas bien important au final, il avait fait ce qu’il désirait et c’était tout ce qui comptait.

« Je vais vous laisser, monsieur Périk. Dites bonjour à madame Jésiana de ma part. Et si vous voulez lui expliquer la situation, ça sera parfait. Je n’ai pas envie qu’elle me crie dessus. »

« Hahahaha ! D’accord, d’accord, je calmerais le jeu avec elle, promis. »

« Merci pour tout, messire. Je m’en vais. Bonne journée. » répondit le jeune homme, faisant un geste de la main avant de quitter la bibliothèque. Ca avait duré moins longtemps qu’il ne le pensait et … ah … zut. Il a oublié la longue discussion en fait.

C’est vrai que dans le fond, il avait profité de son temps, sans même réellement s’en rendre compte. Enfin, après tout, ce n’était pas aussi simple que ça, en y réfléchissant bien. Mais ça lui avait fait du bien de parler de tout ça. Direction l’auberge !

Là-bas, récupérant une chambre, devenue habituelle aux yeux de l’aubergiste, il attendait sagement sur son lit, un livre sur les golems en main. Il attendait juste les bruits de pas qui ne venaient pas jusqu’à ce que finalement, une voix ne hurle dehors :

« TERY ! BON SANG ! MAIS TU VAS SORTIR DE LA ?! »

Rapidement, il se releva de son lit, se dirigeant vers la fenêtre pour l’ouvrir et regarder à l’extérieur. Manelena était là, croisant les bras, furieuse. La nuit était déjà tombée et si elle continuait de crier, ça n’allait vraiment …

« ENFIN ! Ça fait dix minutes que je t’appelles ! Descends à l’étage et payes-moi une chambre ! L’aubergiste ne veut rien comprendre ! »

« Hum ? Je ne sais trop, Manelena. Bon, attends, je descends. »

« Et tu fais bien car sinon, je risquerais de m’énerver ! »

Il eut un petit rire qu’il évita de faire entendre à Manelena, finissant par descendre jusqu’à retrouver l’aubergiste, signalant qu’il voulait une chambre pour son amie. Oui oui, la folle furieuse qui était en train de revenir comme une démente dans l’auberge. Il la laissa récupérer la clé tout en évitant de recommencer à sourire.

« Bonne nuit à toi aussi, Manelena. Dors bien hein ? »

« Oui, oui, dors bien à toi aussi, Tery, dors bien. »

Elle marmonnait cela, visiblement irritée bien qu’elle voulait ne pas trop le montrer. Elle grimpa à l’étage, sans un regard vers lui tandis que le jeune homme aux cheveux bruns gardait le sourire en la voyant monter. Bon …

« Je vais retourner me coucher. Bonne soirée à vous. »

L’aubergiste haussa un sourcil, ne lui répondant pas tandis qu’il grimpait à l’étage à son tour. Bon, si ce n’était que ça, il allait directement dans sa chambre et …

« Tu montes enfin ? Qu’est-ce que tu attendais ? »

Manelena était là, devant lui,dans le couloir, les bras croisés. Elle tenait dans sa main une clé tandis que le jeune homme déclarait :

« Je ne sais pas, pourquoi est-ce que tu m’attendais en fait ? Il y a quelque chose de spécial ? Sans que je ne sois au courant ? Je ne suis pas sûr de tout saisir. »

« Arrêtes donc de parler de façon à ce que l’on te comprends à peine hein ? Tu n’es pas plus idiot que les autres. Si tu as le temps pour ce genre de bêtises, concentres-toi un peu. »

« Je ne vois pas où tu veux en venir par contre, Manelena mais rentres. Ca me fait plutôt plaisir de pouvoir te parler. »

« Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre. Avoir du plaisir à m’entendre. Tu es vraiment aberrant quand tu te mets à parler, Tery. »

Bof. A force, on s’y fait, non ? La jeune femme aux cheveux argentés l’accompagne tandis qu’il l’invite à rentrer à l’intérieur de sa chambre. Il referme la porte à clé derrière lui, une habitude tandis qu’elle hausse un sourcil. Non, elle se fait des idées, Tery n’est pas comme ça. C’est juste normal de sa part, rien d’autre. Elle vient s’asseoir tranquillement sur le lit.

« Bon alors, de quoi est-ce que tu voulais parler, Tery ? »

« Hein ? C’est pas plutôt l’inverse ? Tu ne voulais pas me parler ? Enfin, si tu m’as hélé de la sorte, enfin bref … si tu veux que je parles, il n’y a aucun souci hein ? Car oui, après tout, j’ai été inquiet pendant des heures, moi. »

« Inquiet pour quelle raison ? Car je t’ai dit que je voulais être seule ? Tu n’exagères pas un peu trop ? On dirait un animal qui ne peut se passer de sa maîtresse. »

« Non, n’exagères pas non plus, je ne suis pas à ce stade hein ? »

« Tu n’en n’es pas si loin que ça, dans le fond, quand on y réfléchit. » murmura Manelena en haussant les épaules. Le jeune homme poussa un soupir avant de dire :

« Je voulais surtout m’excuser sur le fait que je n’avais pas compris que tu voulais que l’on continue à voyager dans Shunter. Je n’ai rien fait pour te retenir et je tenais à m’excuser. »

« C’est donc ce que tu avais sur le cœur ? Est-ce que tu crois que je dois te pardonner ? C’est donc ce que tu recherches avec moi ou non ? »

« Disons que ce n’est pas le cas mais que je n’ai pas envie que l’on soit en froid pour ça, c’est tout, rien de plus, rien de moins. Je ne penses pas à mal hein ? »

« Je le sais, je le sais. Ne prends donc pas la mouche, Tery. Si tu veux tout savoir, la situation n’est pas reluisante à Shunter et ça m’agace. »

« Je n’en doutes pas un seul instant mais de là à dire que c’est de ma faute ou presque … tu comprends que ce n’est pas vraiment bon pour moi hein ? »

Elle grommela légèrement, voulant éviter d’être agacée par les propos de Tery. C’est vrai, c’est vrai, elle savait qu’elle s’était mal exprimée mais quand même. C’est pas uniquement de sa faute à elle non plus hein ? Faudrait pas trop pousser !

« Manelena, j’espère vraiment que les autres vont bien. Je n’ai pas envie que l’on retourne à Shunter maintenant tant que nous n’avons pas fini d’être à nouveau tous ensemble. »

« Elen te manque tant que ça, n’est-ce pas ? » vint dire Manelena, prenant une profonde respiration tandis qu’il murmurait que oui.

« Je m’en veux de ne pas être parti avec eux. Mais en même temps, je voulais passer un peu de temps avec toi. Pour mieux apprendre à te connaître, c’est tout. »

« Tery, fais attention à ce que tu dis, ça peut prêter à confusion, tu le sais ? Je n’ai pas envie de te prévenir à chaque fois que tu déclares une telle chose. »

« Je me doutes. Ah … mais bon, tu comprends parfaitement que ce n’est pas ainsi que je voyais les choses hein ? Pas que tu t’imagines que je pense à des bêtises ou autres. Ce n’est pas du tout mon intention et ça ne le sera jamais. Je ne suis pas comme ça. »

« Oui, oui, oui, oui et oui ! C’est bon! Pfiou ! »

Sans continuer de parler, elle finit par s’écrouler sur le lit, bras tendus sur les côtés tandis qu’elle ferme les yeux, sans chercher plus longtemps à discuter avec lui. Il l’observa pendant quelques secondes, émettant un long bâillement sonore.

« Je vois, je vois… humpf. Euh Manelena ? »

Aucune réponse de la part de la jeune femme. Il se rapprocha d’elle, vérifiant si elle dormait ou non mais elle avait les yeux grands ouverts, fixant le plafond avant de murmurer :

« J’en ait juste marre, Tery. Vraiment marre. Je ne peux rien faire en étant seule, on peut pas se rendre là-bas qu’à deux. Il y a une révolution qui gronde, c’est le bordel en Shunter et je suis couché sur un lit en train de me plaindre. »

« Attends qu’ils soient de retour et nous partirons aussitôt, compris ? D’accord ? Qu’est-ce que tu en penses ? Ça ne te sembles pas une mauvaise idée ? »

« Mais je m’en contrefous de ça ! Tu n’as pas l’air d’avoir compris ou quoi ?! Ca sera trop tard ! Trop tard, Tery ! TROP TARD ! »

Elle se redressa dans le lit, comme enragée et énervée. Il avait pas l’air de saisir le gros problème dans toute cette histoire hein ? HEIN ? C’est ça ? Elle en avait assez qu’il ne comprenne jamais rien ! Rien du tout !

« Manelena, il faut que tu te calmes, c’est mieux. S’il te plaît. Ca ne sert à rien que tu t’emportes, tu vas juste te faire encore plus de mal. »

Il tentait de murmurer cela, voulant alors la contrôler. Il posa ses mains sur les épaules de Manelena, la prenant dans ses bras. Etrangement, elle se laissa faire, tremblant de tout son être. Il avait bien une idée sur la raison qui la poussait à réagir de la sorte mais il ne voulait pas parler, pour ne pas la brusquer. Elle ne pleurait pas, elle enrageait tout en contenant sa colère à l’intérieur d’elle-même pour ne pas se laisser déborder.

« Manelena, ne t’en fait pas donc pas, tout vas finir par s’arranger. »

Même si c’était difficile à croire vu l’amertume et la haine qu’elle lui portait, elle tenait fermement à son père bien qu’elle ne voulait pas le reconnaître. Il allait tout faire pour pouvoir l’aider, tout … car il le voulait. Comme d’habitude, c’était toujours plus compliqué qu’on ne pouvait le croire mais pourtant … pourtant … il allait tout faire pour trouver une solution. Mais il ne pouvait pas partir maintenant.

« Sois juste patiente, d’accord, Manelena ? Je n’aime pas te voir dans cet état, pas du tout. Ça me donne l’impression que tu es une autre femme et je ne veux pas l’accepter. »

« La ferme, tu es pas capable de la boucler pendant dix minutes ?! »

Elle le repoussa sur le lit, le forçant à tomber de tout son long dessus avant qu’elle ne finisse par s’écrouler sur lui. Le jeune homme tenta de balbutier quelques mots mais aucun son n’arriva à sortir de ses lèvres malheureusement.

Et maintenant ? Maintenant que le temps passait, qu’est-ce qu’il devait faire ? Qu’est-ce qu’il pouvait faire plutôt ? Il n’en avait aucune idée. Manelena était couchée sur lui mais ne faisait aucun mouvement, il entendait juste sa respiration.

« Manelena ? Manelena ? Je ne peux pas bouger, Manelena. »

« Arrêtes, j’en ait assez. Tais-toi tout simplement et laisses-toi faire, c’est aussi simple que ça. Il ne t’arrivera rien de mal si tu te laisses faire. Chut. »

Ah oui ? Rien que ça ? Elle était un peu inquiétante rien qu’en se comportant ça. Enfin, inquiétante ? Ce n’était pas forcément le bon terme quand il y réfléchissait. Mais … Manelena ? Bon, hum, comment il pouvait faire ça ?

Une main se plaça sur la chevelure argentée de la jeune demoiselle comme pour la caresser. Doucement, très doucement, ne pas faire peur à la bête s’il ne veut pas finir complètement dépecé, n’est-ce pas ? Humpf. Doucement, très doucement.

« Ne t’en fait donc pas, dès qu’ils rentrent, on repart aussitôt, Manelena. »

Elle ne lui répondait pas, fermant les yeux pour sombrer dans le sommeil. Le jeune homme soupira, se demandant ce qu’il avait fait pour mériter une telle chose. Néanmoins, il n’allait pas vraiment se plaindre hein ? Ah … cette histoire le dépassait parfois. Il ferma les yeux, émettant un long bâillement à son tour. De toute façon, vu comment il était positionné, il ne fallait pas trop espérer quelque chose de sa part, pas du tout.

Lorsqu’il ouvrit les yeux, quelques heures plus tard, la matinée venait à peine de se lever mais ce n’était pas vraiment ça le problème. Il n’avait plus aucun poids sur le corps mais plutôt sur le côté. Manelena avait bougé pendant la nuit, se retrouvant à sa droite tandis qu’il poussait un petit soupir de soulagement. Il pouvait la laisser dormir encore un peu. Il se redressa dans le lit, humant l »air. C’est vrai. Manelena était une femme, une très belle femme mais voilà, il en aimait une autre. Et Manelena comme lui n’étaient pas assez stupides pour faire tout ça. C’était tout simplement absurde de s’imaginer quelque chose entre eux. Elen était tout pour lui. Derrière, il y avait Manelena et Clari.

Et ensuite ? Oh, bien entendu, sa mère était en première position dans son cœur. C’était son unique famille mais voilà … ah, il y avait bien Royan. Elise était assez attendrissante. Oh, il appréciait Ernold bien qu’il soit un Gnomold. Et que dire de madame Jésiana et monsieur Périk ? Difficile de ne pas les apprécier après tout le travail qu’ils ont accompli pour eux.
Oui, vraiment très difficile d’ignorer tout ça. Il posa une main sur son cœur avant de se remettre debout, regardant Manelena. Avec lenteur, il passa une main dans la mèche de ses cheveux au-dessus de son oreille droite, caressant sa joue.

« Difficile de croire qu’il s’agit de la même personne. Vraiment … celui qui arrivera à avoir son cœur aura une chance énorme. »

Mais pour ça, il fallait se battre, énormément se battre. Le jeune homme eut un petit sursaut, retirant sa main avec lenteur lorsqu’il remarqua le regard de Manelena qui était posé sur lui. Déglutissant légèrement, il vint faire quelques pas en arrière avant de murmurer :

« Bonjour, Manelena. Tu t’étais endormie hier, je ne voulais pas te réveiller, tu comprends ? »

« On va dire ça comme ça … est-ce que … j’ai été déplaisante ? »

« Pas du tout, Manelena. Si tu as encore sommeil, il vaudrait mieux que tu dormes. Bon, pour l’argent, par contre, on commence bientôt à être à court. » dit le jeune homme comme pour changer de conversation et vite fait.

Elle ne lui répondit pas, ne faisant que le fixer de ses yeux rouges encore plus longtemps. Comme si cela la concernait. Qu’est-ce qu’il voulait que ça lui fasse ? Bon, qu’est-ce qu’elle racontait intérieurement ? Qu’elle était en colère contre lui ? Donc que ça froissait sa sensibilité ? Non, c’était tout simplement n’importe quoi.

« On va voir pour trouver une solution. Nous irons à la bibliothèque de madame Jésiana et monsieur Périk. Ces deux … pourquoi est-ce que tu souris bêtement ? »

« Car je n’avais jamais remarqué avant maintenant mais tu dis aussi madame Jésiana et monsieur Périk. Est-ce de ma faute ? Ou alors, c’est parce que tu as peur de madame Jésiana comme moi ? Un petit peu hein … je t’avoue qu’elle me fait penser à ma mère. »

« Ce qu’il te faut comme femme pour te calmer, c’est bien une comme elles. Capable de te maîtriser et de mettre un terme à ta folie de vouloir bouger n’importe où et n’importe comment, voilà tout. Mais cela risque d’être très difficile pour Elen de se comporter de la sorte … après, peut-être que c’est possible hein ? Elle a aussi ses moments. »

« Euh, j’aimerai éviter qu’Elen devienne comme ma mère et madame Jésiana. »

« Et comme moi, peut-être ? Car je ne suis pas très tendre avec toi, parfois non ? »

« Hahaha … disons que bizarrement, chez toi, ça me gêne moins, je ne sais pas trop pourquoi mais je ne vais pas vraiment m’en plaindre hein ? »

Elle haussa un sourcil, ne voyant pas où il voulait en venir, loin de là. Est-ce qu’il était en train de la complimenter maladroitement ? Comme à son habitude ? Ça ne l’étonnerait pas vraiment en fin de compte.

« Merci pour hier, Tery. On va voir pour trouver un peu d’argent, oui. »

Il ne comprit pas où elle voulait en venir mais il ne vint pas se plaindre. La jeune femme se redressa, tout simplement, l’observant de ses yeux rubis. Elle avait une idée en tête ou quoi ? Après tout ce qui s’est passé, ça ne serait pas tellement étonnant.

« Si nous allons à la bibliothèque, je suis sûre qu’ils sauront nous trouver un endroit où nous pourrons obtenir un peu d’argent. »

Hey ! Elle se répétait. Visiblement, elle avait envie de les voir. Bon, puisqu’il en était ainsi, il n’allait pas se priver. Mais il ne pouvait que difficilement oublier ce qui s’était passé cette nuit par contre. Ca ne voulait pas dire qu’il allait s’embarrasser à la dérange avec ça. Il allait juste le garder dans sa mémoire … cet instant où elle s’était dévoilée à lui.

Chapitre 39 : Non-humaine

ShiroiRyu
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Chapitre 39 : Non-humaine

« Qu’est-ce que cela veut dire ? »

La dirigeante de Mékalarma se tourna vers la femme aux cheveux blonds qui venait de crier vers elle. Aussitôt, l’arme vint se déplacer dans la main, provoquant une légère bourrasque accompagnée de quelques flots électriques. Elen fit un pas sur le côté, évitant la bourrasque tout en faisant apparaître son arc

« Zélisia, n’est-ce pas ? Pourquoi donc ? Et elle est accompagnée.
Ausitôt, les gardes se placèrent autour de la dirigeant, Elen étant bien obligée de s’arrêter, sa magie se diffusant dans son arme tandis que les autres arrivaient après elle. Il n’y avait qu’Elise qui était restée en retrait, par mesure de précaution.

« Elen ? Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu es folle ou quoi ? »

« Clari, c’est bien toi qui me dit toujours d’aller de l’avant ! De toute façon, on sait que Park va nous attaquer,qu’importe ce que l’on fait ! Alors pour une fois, c’est moi qui lance les hostilités et non l’inverse ! Voilà tout ! »

« Pourquoi une adepte de Zélisia s’en prendrait-elle à moi ? Ou alors, est-ce que vous êtes ce fameux groupe responsable de la mort des autres créatures ? »

« Tu as facilement trouvé non ? Nous sommes là pour t’éliminer ! Et dommage pour toi, cette fois-ci, Tery ne m’accompagne pas ! Tu ne peux pas t’enrager ! »

La dirigeante de Mékalarma haussa un sourcil, ne comprenant qu’à moitié où voulait en venir la jeune demoiselle aux cheveux blonds tandis que d’autres soldats apparaissaient dans les ruelles, prêts à intervenir si nécessaire.

« Ce n’était pas franchement une bonne idée, tu le sais, Elen ? » demanda Royan bien qu’il soupirait ensuite. Il fallait néanmoins se douter qu’elle allait agir de la sorte.

« Je le sais parfaitement mais ce n’est pas comme si Park allait gentiment se laisser faire. On pourrait l’interroger mais … »

Elle s’arrêta dans ses propos, bandant son arc avant qu’une flèche n’apparaisse. Elle tourna sur sa gauche, fixant un soldat armé d’une arbalète, la flèche partant vers son crâne, le faisant exploser à son contact. Les soldats autour du cadavre reculèrent légèrement.

« Qu’ils ne bougent pas trop s’ils ne veulent pas mourir. Je me fiches d’eux, ils peuvent bien disparaître mais … tu es la seule qui m’intéresse, Park. »

« Pourquoi est-ce qu’une ade… non, trois adeptes de Zélisia, travaillent pour les démons ? Je vois qu’il y a aussi un adepte d’Alzar mais ce n’est pas si étonnant de son côté. »

« Tout de suite des jugements faussés, comme d’habitude avec les monstres légendaires ! Ne vous en faites pas, les légendes sont faites pour être détruites ! » hurla Elen, recommençant à concentrer sa magie mais Clari l’arrêta d’un mouvement de la main,

« Ne commets pas de folie. Tu ne remarques pas la situation dans laquelle nous sommes ? »

Elle le remarquait parfaitement, elle n’était pas aveugle. Ce n’était pas une raison pour continuer cela sans même chercher à réfléchir hein ? Il ne fallait pas la prendre pour une imbécile ! Si elle avait décidé d’agir de la sorte, c’est qu’elle savait ce qu’elle faisait !

« Souhaitez-vous réellement vous battre contre nous ? »

Celle qui règne sur Mékalarma les regarda d’un air absent, comme lointain. AH ! C’est maintenant que les créatures légendaires décidèrent de la jouer à la façon diplomate ? Tsss ! Elle ne tombera pas dans le panneau ! Elle n’était pas stupide !

« Je ne vois pas pourquoi j’envisagerais le dialogue avec vous. Les autres ne se sont pas privés pour s’en prendre à Tery et Elise alors que nous étions là pour parler. »

« Je ne suis pas les autres. Malgré ce que vous avez accompli en tuant ce soldat, je peux toujours envisager de communiquer avec vous. Il n’est pas trop tard. »

« Nous n’avons pas à discuter avec vous. Il était trop tard depuis quelques mois. Il ne fallait pas que vos compagnons cherchent à nous attaquer parce que nous avions Tery avec nous. »

« Pourquoi devrais-je subir les erreurs de ceux qui sont morts ? »

« Oh ? Tiens donc, étrange discours de votre part. Ca ne vous dérangeait pas d’attaquer Tery alors qu’il n’avait rien à voir avec vos histoires saugrenue de démons et autres hein ? »

Qu’importe si l’ironie n’était pas son genre, elle en abusait actuellement. Ces êtres se moquaient parfaitement de tout leur groupe, il était alors normal qu’elle réagisse en conséquence ! Qu’ils comprenaient parfaitement que l’on ne se moquait pas d’elle impunément ! Ni de Tery aussi d’ailleurs !

« La discussion est close avant même d’avoir débutée. Voilà ce que j’ai à vous dire. »

Stop. Elle en avait déjà assez d’eux. Elle n’était pas là pour écouter leurs suppliques, pas du tout même. Si elle voulait vraiment chercher les ennuis, elle irait les trouver mais pour l’heure, ce n’était pas le cas. Elle en avait déjà assez. Encore qu’en y réfléchissant, elle était en plein dedans à l’heure actuelle.

« Soit, puisque toute conversation est impossible … veuillez les éliminer, j’ai à faire. »

« Ne comptes même pas t’enfuir ! » hurla Elen avant tendre son arc, celui-ci étant prêt à faire son office. La flèche partit mais dériva d’un coup de vent alors que la dirigeante s’éloignait comme si de rien n’était . NON ! Ils n’allaient pas laisser faire ça !

« Vous pouvez vous occuper des soldats ? Je ne vais pas la laisser s’échapper ! »

« Elen, tu fais trop de zèle, tu ressembles à Tery, là ! Même quand il n’est pas là, j’ai l’impression de l’avoir à côté de moi ! C’est pour dire à quel point tu commences à être de plus en plus comme lui, Elen. Je ne sais pas comment il faut le prendre. »

« Comme tu le veux, Royan ! Si tu as le temps de parler pour ça, tu ferais mieux d’avoir le temps pour te concentrer sur le combat ! »

Elen lui répliquait cela sans réelle méchanceté mais ça faisait néanmoins mouche. L’adolescent aux cheveux bleus prit une profonde respiration avant de faire apparaître quelques javelots glacés. Problématique, très problématique en y pensant plus longuement. Il aurait mieux fait de ne pas participer à ce combat. S’il se prenait une attaque électrique, il allait normalement très bien la sentir.

« Mais pourquoi avons-nous laissé Elen prendre les devants ? »

« Tout simplement car elle est exaltée et motivée. Sans ça, nous ne sommes pas sûrs de nous en sortir. Bon par contre, mon petit Royan, tu restes près de moi ! »

Clari posa une main sur l’épaule de l’adolescent comme pour lui montrer qu’il n’avait pas à s’en faire s’il ne commettait pas d’erreurs. Elle se chargeait de sa protection si ce n’était que ça ! L’adolescent aux cheveux bleus poussa un nouveau soupir, s’adossant à Clari. Si ce n’était que ça, d’accord. Et Elen ? Où est-ce qu’elle se trouvait ?

Il tourna son visage sur la droite, regardant normalement où se trouvait Elise. Le sort d’invisibilité continuait de marcher pour elle. C’est pour ça qu’ils ne pouvaient plus la voir mais il était certain qu’elle était dans les environs. Il se sentait rassuré si elle était en sécurité mais ça ne voulait pas dire que c’était pour ça qu’ils étaient tirés d’affaire. Elen ? Où était Elen ? Si Tery apprenait qu’elle se mettait en danger, il allait se mettre dans une sacrée colère, il voulait éviter ça vu à quel point le jeune homme pouvait … être très expressif.

« Ils sont beaucoup trop nombreux. Qu’importe si nous possédons les pouvoirs de Zélisia ou Alzar, nous devons trouver un moyen de nous enfuir. »

C’était Sérest qui prônait la fuite. Après qu’ils aient trouvé leur cible ? Elen ne se préoccupa même pas de la regarder, signe qu’elle ne s’intéressait guère à cela. Puisqu’elle voulait s’enfuir, qu’elle le fasse ! Mais qu’elle n’oblige pas les autres à la suivre car il en était hors de question ! Elle avait beaucoup mieux à faire !

« Qu’est-ce que tu comptes faire hein ?! Ne cherches même pas à m’échapper ! »

Elle s’adressait à la dirigeante de Mékalarma, passant à côté des soldats en les ignorant superbement. S’ils comptaient l’arrêter, ils se trompaient lourdement. Elle avait beaucoup mieux à faire que de jouer avec des petits rigolos dans leur genre !

« Allez vous distraire avec eux ! Moi, j’en ai rien à faire de vous ! »

Un coup d’arc dans la tête d’un soldat qui s’avançait trop près, esquive la lame d’un autre parcourue par la foudre, elle n’avait aucun mal à faire tout ça. Ils pouvaient toujours essayer de la poursuivre, ils n’arriveraient pas à la rattraper, voilà tout !

Pfiou … est-ce qu’elle se sentait mieux maintenant ? Quelques minutes étaient passées tandis qu’elle réfléchissait à ce qu’elle venait de faire. Provoquer autant de problèmes, ce n’était pas vraiment la meilleure idée du siècle. Mais elle ne pouvait pas la laisser s’enfuir !

Il fallait qu’elle la stoppe ! Qu’elle l’élimine ! Ensuite, elle pourrait tout simplement partir retrouver Tery ! Et les autres ? Ils allaient se débrouiller ou non ? Elle espérait que c’était le cas car elle n’était pas derrière eux ! Où est-ce qu’elle était ? Est-ce qu’elle l’avait perdue de vue ? C’était impossible ! Elle la suivait avec aisance !

Alors comment avait-elle fait pour la perdre de vue ? Gauche ? Droite ? Rien du tout ? C’était tout simplement impossible ! Bon, il fallait qu’elle reste calme. Ca ne servait à rien de s’emporter inutilement après tout.

Du côté de Clari, Royan et les autres, ils s’étaient mis en cercle. Elise n’était toujours pas là et c’était tant mieux en un sens. Royan n’allait pas l’avouer directement mais il était hors de question que la jeune demoiselle ne se batte à nouveau, surtout en cet endroit.

« Évitez de quitter le cercle, d’accord ? Prince Royan, s’il le faut, nous protégerons avec un sort contre tout ce qui est attaque électrique mais n’hésitez pas de votre côtre à faire de votre mieux, d’accord ? On aura besoin de toute l’aide possible. »

« A part pour la protection, le reste n’est pas nécessaire. Je vais me débrouiller. »

Il n’avait pas besoin d’aide à ce point. Juste pour la foudre, c’était compliqué mais pour le reste, il pouvait réussir tout seul. Bon, contrairement aux personnes qui l’entouraient, il était normal, particulièrement normal. Était-ce un défaut ? Il n’y avait jamais pensé avant maintenant. Un défaut ? Ah … Pourquoi il y réfléchissait que maintenant ?


Ce n’était pas bon, ce n’était pas bon, ce n’était pas bon. S’il commençait à perdre sa concentration, comment allait-il pouvoir lutter alors ? Ce n’était pas bon, pas bon du tout. Les soldats étaient nombreux, un peu trop, ce qui était logique puisque cela consistait en une armée ennemie. Toute une armée … contre eux.

« Est-ce cela que Tery a ressenti lorsque les cinq armées se sont tournées vers lui ? »

« Je ne crois pas, Royan. C’était beaucoup plus imposant. »

« Je veux bien m’en douter … ce n’est qu’une armée et ils ne sont pas si nombreux que ça en fin de compte. Je n’aurais pas vraiment dût poser la question. »

Il se disait cela, semblant maintenant plus calme. Tery avait été seul contre tous. Comment pouvait-il alors craindre quelques troupes de Mekalarma ? C’était juste absurde. Il n’aurait jamais dût ne serait-ce que se poser la réflexion.

Des vagues aqueuses se formèrent autour de lui, prenant la forme de quelques serpents bien plus gros que la normale. Ce n’était pas son animal emblématique mais pour débuter, ça ne serait pas si mal. Clari lui fit un petit sourire, comme pour le féliciter tandis qu’il cherchait à l’ignorer. Il n’y avait pas tant besoin de faire tout ça non ?
Il allait bien. Il allait tout simplement bien. Il poussa un petit soupir de soulagement. Il avait finit par tirer un trait sur ce souci qu’il avait obtenu. Maintenant, ça allait mieux, bien mieux. Il n’avait rien à craindre. Il n’avait pas à avoir peur. Il était bien entouré, non ? Il n’avait donc pas à avoir peur ! Il pouvait se concentrer !

« Royan ! Fais attention à toi ! Ils attaquent par le ciel ! »

Clari avait tourné son visage vers lui alors qu’il n’était pas aussi concentré qu’il ne le pensait au final. Il leva son regard vers les cieux, remarquant que la foudre cherchait à s’abattre sur lui. Sérest s’était déjà envolée, prête à la subir mais la foudre disparue aussi vite qu’elle était apparue. Un hurlement se fit entendre, un soldat mékalarmien tombant en cendres.

« Je ne pouvais pas rester là sans rien faire. Je m’en occupes, prince Royan ! Mettez-vous à l’abri ! » s’écria une voix reconnaissable, celle d’Elise.

Celle-ci était finalement sorti de sa cachette, ne pouvant laisser Royan se faire blesser voire pire ! Des cornes de démon sur le crâne, elle avait déjà commencé à faire un véritable massacre autour d’elle, hurlant une nouvelle fois :

« ELOIGNEZ VOUS TOUS DE MOI ! Je ne vais pas me contrôler ! »

Elle préférait les mettre en garde. Elle n’était jamais certaine d’arriver à contrôler ses pouvoirs. Pourtant, quand c’était avec Tery, elle n’avait pas autant de difficultés mais là … là … ça lui faisait horriblement mal au crâne. Et surtout cette envie de tuer ne voulait pas disparaître ! C’est pourquoi elle allait tout simplement commettre un massacre parmi les ennemis ! C’était ainsi … et pas autrement.

« Je vais m’occuper d’eux, je vais tout faire pour qu’ils disparaissent ! Allez retrouver Elen avant qu’elle ne soit mise en danger ! »

« Mademoiselle Elise, si je ne suis pas à côté de vous, comment pourriez-vous éteindre vos flammes ? » s’écria l’adolescent aux cheveux bleus alors qu’elle éclatait d’un rire sinistre.

« Ce n’est pas à vous de vous préoccuper de cela. Je m’en sortirais. »

« Je suis le seul à décider ce que je veux accomplir ou non. » déclara l’adolescent alors que Clari soupirait ! Bon, ça voulait dire quelque chose. De très simple.

« Je vais rester avec vous deux. Sérest, Séran ? Vous pouvez tenter de retrouver Elen et éviter qu’elle ne commette de bêtises ? Ça serait tout simplement parfait. »

« Nous nous en occupons. Cela ne devrait pas nous poser de problèmes normalement. »

Le couple s’éloigna, esquivant les différentes attaques de la part des soldats mékalarmiens tandis que Royan s’apprêtait déjà à courir vers Elise. Pourtant, Clari l’arrêta d’un mouvement de la main, lui disant dans un grand sourire :

« Hep hep hep, ne te presses donc pas trop. »

« Qu’est-ce que tu fais, Clari ? Je ne peux pas … »

« Si tu ne te calmes pas, tu ne vivras pas, c’est bien ça le souci en fait. » vint dire tout simplement la demoiselle aux couettes blondes, grand sourire aux lèvres comme si cela cherchait principalement à rassurer Royan.

« Et qu’est-ce que cela doit me faire plus exactement ? »

Elle le prit par le bras, l’attirant à elle avant d’utiliser ses lignes de Zélisia. Presque aussitôt, elle traversa les soldats, aussi vive et rapide que le vent avant d’arriver aux côtés d’Elise, déposant l’adolescent près d’elle. Elle reprit son épée à deux mains, soufflant :

« Et maintenant, on va passer aux choses sérieuses, d’accord ? »

Elle disait, un grand éclat de rire accompagnant ses paroles tandis qu’elle observait les personnes en face. Quoi ? Elle les effrayait ? Roh ! Si peu, si peu ! Elle n’était pas vraiment un monstre ! C’est juste que pour elle, Zélisia, cela faisait depuis si longtemps, contrairement à Elise qui connaissait encore qu’à peine ses réels pouvoirs.

Du côté d’Elen, celle-ci n’avait pas perdu plus de temps. Elle avait décidé de sauter sur les toits des maisonnées pour trouver sa cible mais celle-ci l’attendait, tout simplement, tenant son arme en main. Cette foutue dirigeante … avec son corps écailleux de lézard humanoïde.

« Disparaissez tout simplement et ça sera beaucoup plus simple pour tout le monde. »

« Tu es vraiment une femme très véhémente. Comment cela est-ce possible ? »

« Tout simplement car vous avez touché à celui que j’aime ! Car il est un démon ! »

« Un démon qui te manipule. C’est dans la nature de ces démons. Tu regretteras de lui accorder ta confiance … mais c’est bien là le gros problème de ces espèces soi-disante intelligentes. Vous pensez pouvoir tout comprendre. »

« Je n’ai pas dit cela et je suis la seule à décider ce qui est bon ou non pour moi ! Compris ?! Ne vous mêlez pas de ce qui ne vous regardes pas ! »

Elle s’exclama avec rage et colère, comme à son habitude alors qu’elle pointait déjà une flèche en direction de la dirigeante. Celle-ci n’avait pas encore fait un mouvement pour l’attaquer mais Elen était sur ses gardes. On parlait d’une créature légendaire.

« Park est mon nom. Vous ne pouvez pas me battre même à plusieurs et simplement parce que vous le désirez. Ce n’est pas ainsi que ça se passe dans la vie réelle. »

« Je n’ai pas besoin d’écouter des paroles aussi stupides ! »

La flèche partit en direction de la cible, s’enflammant complètement pour ressembler à un trait de feu. La mékalarmienne fit un mouvement de la dague, balayant la flèche pour la faire s’envoler dans les cieux. La dirigeante soupira, pointant l’arme maintenant vers Elen :

« Foudroyons ton corps pour que tu puisses te calmer. »

« Je ne suis pas si sûre que cela doit se passer ainsi. » vint dire calmement une voix derrière la mékalarmienne, la faisant se retourner. Une être ailée se tenait face à elle : Sérest. Et un tremblement se produisit aux pieds de la mékarlarmienne, la faisant sauter sur le côté avant que le toit ne s’effondre sous elle, qu’importe s’il y avait des personnes qui habitaient dessous.

« Il ne faudrait pas m’oublier non plus. »

Un imposant homme : Séran. L’honorien tenait fermement un imposant marteau à deux mains parcouru par des lignes oranges, pouvant produire des flammes. Il était le plus à portée de Park, celle-ci regardant le sol effondré à ses pieds. Un mauvais mouvement et le reste du toit allait rejoindre les décombres plus bas.

« Vous pouvez être trois contre moi, cela ne changera rien, le savez-vous ? »

« C’est à nous d’en décider, compris ? On va juste t’éradiquer comme ça, il ne restera plus qu’un seul être à affronter ! Tery n’aura alors plus rien à craindre ! »

« Idiotie … vous ne pourrez pas lutter malgré tout ce que vous tentez de faire. Ce n’est que de la pure folie de votre part. Vous comprendrez bien vite votre erreur. Et vous qui espérez réussir à atteindre le dernier, vous vous retrouverez devant une impasse. »

« Ca, tu ne peux pas le savoir puisque tu seras morte ! » continua de répliquer Elen, ne semblant nullement inquiète par rapport à la suite des événements.

Pourtant, elle ne savait pas où était les autres. Néanmoins, si Sérest et Séran étaient là, cela voulait dire qu’il y avait Clari avec Royan et Elise. Elle pouvait se sentir rassurée par rapport à tout ça. Elle avait entièrement confiance en Clari par rapport à la situation actuelle. Elle n’avait pas à s’en faire pour Royan et Elise.

« Sérest, comment envisagez-vous d’abattre cette créature légendaire ? »

« Park est assez spéciale en soi. Comme tu as put le remarquer, ses formes différènt par rapport à ce que l’on ait à son sujet. »

Elle pouvait pas prétendre le contraire mais … cela voulait dire qu’elle était capable de modifier son corps comme elle le désirait ? Peut-être qu’elle était éveillée depuis bien plus longtemps que prévu en fin de compte !

Non, ce n’est pas le moment de se déconcentrer. Une mauvaise erreur et tout pouvait très mal se terminer. Sérest et Séran comprenaient qu’ils étaient moins forts sans Tery et Elise, ce n’était pas pour autant qu’aucun n’avait une idée pour abattre Park.

« Faites comme d’habitude, Sérest, Elen ! Cherchez tout simplement à l’éradiquer et il y aura de fortes chances que ça marche, comme d’habitude ! »

Séran avait haussé la voix tandis que les deux femmes acquiesçaient d’un hochement de tête. Ce genre d’idées, c’était bien comme ça que le groupe fonctionnait depuis des mois voire des années. La réflexion, ça ne menait à rien de bon !

« Puisqu’il en est ainsi ! Que l’on l’attaque en triangle ! »

Elen avait finalement terminé la dernière consigne alors que le couple acquiesçait en silence. Sérest utilisait ses ailes pour rester en hauteur tandis que Park tournait sur elle-même. A trois, ils pensaient pouvoir avoir une chance à elle ? Pure folie et idiotie.

Chapitre 38 : Impossibilité

ShiroiRyu
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Chapitre 38 : Impossibilité

« Bonjour, Manelena. Comment vas-tu ? Tu as bien dormi? »

« On va dire que oui, ça aurait put être pire. Mais j’étais tellement fatiguée hier que je me suis écroulée sur mon lit sans même réellement me poser de questions. »

« Oh, je vois, je vois ! Tant mieux alors en un sens ? Cela veut dire que tu as trouvé le sommeil très rapidement. C’était un peu ce que je voulais aussi. Mais … ça va sinon ? »

Il finissait par s’installer en face d’elle alors qu’elle murmurait que oui. La matinée allait se terminer d’ici une heure ou deux mais les deux jeunes gens étaient finalement réveillés. Il évita de parler de la séance d’hier soir, par rapport à la danse même s’il devait reconnaître qu’il avait été émerveillé par la prestation de Manelena.

« Il me faudra rendre la robe à madame Jésiana. Tu m’accompagneras, Tery ? »

« Et qu’est-ce que je dois dire pour le costume ? Mais oui, je viens avec toi, Manelena. »

« De toute façon, tu n’avais pas trop le choix alors bon … Prépares-toi, nous y allons dans moins d’un heure. Et interdiction de venir te plaindre. »

« Je ne vois pas pourquoi j’irais me plaindre mais bon, d’accord, sans aucun problème si tu veux tout savoir. J’espère juste que ça ne te dérangeras pas trop quand même. »

« Qu’est-ce que tu racontes ? Tu es qu’à moitié réveillé ou quoi ? Je ne vois pas de raison que ça me dérange. Pfff … » marmonna la femme aux cheveux argentés, massant son front. Elle termina son petit-déjeuner avant de se lever de sa chaise, remontant à l’étage.
Lui de son côté, profitait tout simplement de son repas, n’ayant pas la motivation nécessaire pour se dépêcher inutilement. Quand il eut terminé, il vint remonter à son tour à l’étage, observant les différentes portes. Ah … Manelena était dans l’une d’entre elles, non ? Enfin, il n’allait pas la déranger. Il vint récupérer le costume, le pliant correctement avant de le mettre dans un sac pour ne pas le froisser.

« Tu as fini, Tery ? » demanda Manelena de l’autre côté de la porte.

« C’est le cas, Manelena ! On peut y aller alors ! » s’exclama le jeune homme, sortant de la chambre alors que Manelena l’observait d’un air inquisiteur. « Qu’est-ce qui se passe ? J’ai une tâche ou autre ? Dis-le moi hein, si c’est le cas ! »

« A part ton existence, je ne penses pas que tu sois une tâche mais bon, allons-y au lieu de perdre plus de temps, ça sera mieux. »

« D’accord, d’accord, rien ne presse non plus hein ? »

Il disait cela, ignorant superbement les insultes de la jeune femme alors qu’ils quittaient l’auberge tous les deux. Plusieurs minutes de marche et les voilà devant la bibliothèque, pénétrant à l’intérieur pour trouver les deux propriétaires. Cela ne fut pas bien difficile puisqu’ils discutaient entre eux. Ils s’en approchèrent, Tery s’adressant à Perik :

« Bonjour à vous, messire Perik et madame Jésiana ! On vient vous rendre les affaires que l’on vous a empruntées hier. Merci encore. »

« Oh ? Et comment s’est passé votre soirée ? » demanda presque aussitôt le vieil homme.

« Disons que des pieds ont été écrasé. Les miens comme les siens. » rétorqua Tery tout en émettant un grand rire, Manelena lui écrasant le pied droit pour qu’il se taise. Elle tendit la robe à Jésiana, murmurant avec lenteur :

« Merci pour votre robe. Elle était très élégante. Rien à voir avec cet excès de froufrous qu’arboraient les autres femmes dans ce genre de soirées. »

« Je m’en doutes. Néanmoins, merci du compliment. Je pense qu’il faut que je te demandes ton avis à toi plutôt qu’à Tery, n’est-ce pas ? »

« Il vaudrait mieux. Qu’est-ce que vous voulez savoir ? J’y répondrais. » déclara Manelena alors que la vieille femme poussait un soupir, demandant tout simplement :

« Était-ce ennuyeux ? Ces mondanités ne sont plus de mon âge. »

« Ca l’était. Il n’y a bien que Tery qui a réussi à me divertir pendant tout cela. Et d’une façon plus que banale pour lui, on va dire. Néanmoins, ce qui est fait est fait. »

« Et comment as t-il réussi à te divertir ? A part en cherchant à écraser tes pieds ? »

« Disons qu’il n’est pas mauvais quand il s’y met sérieusement mais à part ça, heureusement qu’il était là pour égayer la soirée. »

« Il ne s’est pas rendu ridicule en public, j’espère ? » demanda la vieille femme alors que le jeune homme aux cheveux bruns s’exclamait que non ! Hey ! Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il avait une si mauvaise réputation à leurs yeux ou quoi ?

« J’aimerai bien éviter que l’on dise du mal de moi hein ? »

« Nous ne disions pas de mal de toi, Tery. Nous ne faisions qu’évoquer ton incapacité chronique dans ce monde … bref, rien de nouveau. »

« C’est vraiment une drôle de femme, n’est-ce pas hein ? Mais au moins, le plus important, vous vous êtes amusés tous les deux ? » questionna Périk alors que le jeune homme hochait la tête avec joie. Il ne pouvait pas prétendre le contraire !

« Mais bon, maintenant que nous nous sommes amusés, nous allons nous rendre à Shunter en attendant que les autres reviennent, voilà tout ! »

« Hein ? Qu’est-ce que tu viens de raconter, Tery ? » bredouilla Manelena, visiblement décontenancée par les propos de Tery, ne semblant pas s’y attendre le moins du monde.

« On va tout simplement se rendre à Shunter maintenant, Manelena. Je pense qu’il est temps que l’on voie ce qui se passe là-bas, ça ne t’intéresse pas ? »

« Mais qu’est-ce que tu racontes ? Encore ces derniers jours, tu ne voulais pas le faire et maintenant, tu décides qu’il faut le faire ? »

« Disons juste que j’ai réfléchit et qu’après hier, ma décision était prise en fait depuis longtemps. Il faut juste que l’on se promette de ne pas rester trop longtemps là-bas hein ? Car Elen et les autres vont pas nous attendre indéfiniment non plus. »

« Grumpf, je vois, je vois … je vois où tu veux en venir. »

« Tant mieux alors ! Si ça ne te déranges pas, on pourra y aller le plus rapidement possible ! Dès ce soir ou demain hein ? Car je pense qu’il faut se reposer. »

« Et vos projets liés aux Démons ou aux Golems, les oubliez-vous ? » demanda Jésiana tandis que le jeune homme répondait presque aussitôt :

« Non, non, loin de là ! D’ailleurs, est-ce qu’il est possible d’emprunter des livres ? Nous vous les rendrions le plus tôt possible, bien entendu hein ? »

« Hum ? Emprunter des livres est une possibilité mais généralement, ils restent dans Omnosmos, une simple mesure de sécurité. Nous verrons cela plus tard. Je vais ranger ce que vous nous avez emprunté. »

La vieille dame récupéra l’habit de son mari, le mettant par-dessus sa robe avant de s’éloigner sans plus de conversation. Lorsqu’elle fut assez loin, le vieil homme vint chuchoter :

« Ne vous en faites pas, elle est plus qu’heureuse par rapport à tout ça. Elle est ravie de voir que Manelena a apprécié sa robe. Vous étiez très beaux tous les deux, hier. »

« Merci beaucoup, monsieur Périk. Même si je ne suis pas vraiment du genre à aller à ces fêtes, le plus important, c’est que Manelena ait oublié ses soucis pendant quelques heures, c’est ce que je voulais le plus au final. »

« Tu sais que tu parles à voix haute et que tu dis clairement tes objectifs, Tery ? »

« Je n’ai aucune honte dans ce que j’ai fait, Manelena, si c’est cela qui te perturbe. Je suis désolé de te l’annoncer de la sorte, hahaha. »

« Et en plus, tu t’en vantes hein ? »

Une petite claque derrière la tête et il eut un petit rire aux lèvres malgré que cela ne faisait pas forcément du bien. Pourtant, il se tourna vers elle, tout sourire avant de dire :

« Tu sais bien que je n’aime pas vraiment mentir … après, on peut cacher la vérité, ce n’est pas forcément un problème hein ? »

« Des fois, il vaut mieux parfois se taire plutôt que de l’ouvrir. Tu sais bien de quoi je veux parler, n’est-ce pas ? » murmura la jeune femme, prête à lui administrer une autre claque alors qu’il faisait semblant de se protéger du coup qu’elle allait lui administrer.

« Bref, nous allons vous laisser, je suis désolé mais … »

« Ne partez pas sans cela. » soupira une voix derrière Tery et Manelena, la vieille femme refaisant son apparition, quelques livres dans les mains. Elle les tendit à Tery. « Si cela peut instruire une personne, les livres se doivent d’être partagés. Mais attention, ils sont très précieux. Si je vois qu’ils sont abîmés, je te promets une lente et douloureuse agonie. »

Le jeune homme ouvrit la bouche comme pour tenter de parler mais aucun son ne vint en sortir. Il ne savait pas s’il devait prendre au sérieux les propos de madame Jésiana mais il vint quand même déglutir, par principe et précaution. Elle faisait peur quand même.

« Le message est très bien passé, madame Jésiana. Je vous promets d’y faire très attention. »

« Tant mieux alors, il ne t’arrivera rien de mal. Manelena, tu le surveilles s’il te plaît. »

« Je le ferais sans aucun problème, madame Jésiana. Nous allons partir avant qu’il ne décide de changer d’avis, ça sera bien mieux. Merci pour tout. »

« De rien, maintenant partez avant qu’il ne soit trop tard. »

Les deux personnes hochèrent la tête tandis que les vieilles personnes les regardèrent partir avec lenteur. Finalement, lorsqu’ils furent seuls, Jésiana poussa un profond soupir, murmurant que Tery allait finir par l’user plus vite que toutes ces années à travailler dans la bibliothèque et encore ! Si ce n’était que ça hein ? Mais bon … ce n’était pas déplaisant.

Finalement, ils partirent deux heures plus tard d’Omnosmos, se mettant en route. Manelena l’avait menacé, lui déclarant qu’ils ne feraient aucune pause ou presque, sauf pour dormir. Le jeune homme avait tout simplement haussé les épaules, comme pour montrer que ce n’était pas bien grave. De toute façon, ils retournaient à Shunter mais pas à Midès, cela, il en était hors de question. Ils étaient là pour prendre des nouvelles de Shunter, pas se mêler de tout ça hein ? La femme avait marmonné qu’elle le savait parfaitement, visiblement agacée que Tery lui réexplique pourquoi ils étaient présents en Shunter.

« Je ne sais pas stupide, Tery, tu saisis ? »

« Je saisis parfaitement mais ce n’est pas une raison pour oublier. Puis bon, on va pas se disputer maintenant non? Tu as vu tous les livres que m’a donnés madame Jésiana ? C’est impressionnant ! Certains semblent très anciens et je crois que je ne les aies jamais vus. »

« Oh ? Et alors ? Qu’est-ce que tu veux que je te dises ? »

« Ben je sais pas ? Que c’est chouette ? Non ? Je veux dire, tu ne trouves pas ça super ? Ça va me faire un peu de lecture ? Je sais pas ? Tu veux pas me complimenter ou autres ? »

« Non, je n’en ait pas la motivation. Je veux surtout que l’on trouve des informations sur la situation à Shunter, voilà tout. Le reste, je m’en contrefous complètement, voilà. »

« D’accord, d’accord, Manelena. Comme tu veux, je pensais qu’après hier, tu serais un peu plus ouverte mais comme souvent, je me fais des illusions, n’est-ce pas, hein ? »

« Arrêtes de faire l’enfant, Tery. Tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas ça. »

« Oui, je m’en doutes hein ? Mais bon, j’aime bien me distraire de la sorte, tu ne m’en veux pas trop néanmoins ? Nous allons trouver une auberge. Là-bas, nous nous renseignerons hein ? »

« Comme tu veux, Tery, comme tu veux. De toute façon, nous avons un peu de temps devant nous, non ? Du moins, nous n’avons pas le feu, je crois bien. »

« Non, non, enfin, je crois. Je ne suis pas sûr ! Et zut, je suis perturbé avec tout ça maintenant, moi. Je crois qu’on doit faire une petite pause, désolé. »

Elle haussa les épaules, lui signalant qu’il faut alors qu’il fasse encore du chemin car l’auberge est bien loin normalement. Le jeune homme soupira, marmonnant qu’il n’était pas très motivé à marcher, implorant Manelena de le porter. Elle le fixa avec étonnement :

« Répètes un peu pour voir ? J’ai cru mal entendre, Tery. »

« Euh non, rien du tout, Manelena, rien du tout. J’ai juste affreusement mal aux pieds, je disais ça en blaguant, ne me lances pas de regard courroucé, je plaisantais. »

« Mouais, mouais, mouais. Ne pense pas que ça se passera comme ça hein ? Je préfère te prévenir au cas où et … bon … grimpes. »

Hein quoi ? Il cligna des yeux, surpris alors que Manelena venait s’accroupir. Qu’est-ce que ? Il rougit comme un enfant pris en faute, regardant autour de lui. Mais qu’est-ce qu’elle faisait ? Et si les gens les remarquaient hein ? Est-ce qu’elle y pensait ? HEY ! Il …

« Décides-toi avant que je ne changes d’avis, Tery. C’est quand même moi qui t’ait dit que je voulais à Shunter. Je peux au moins faire ça en contrepartie. »

« Mais ça va me rendre complètement ridicule ! Je … enfin bon … » bafouilla le jeune homme alors qu’elle émettait un grand sourire mais qui n’avait rien de bon.

« Grimpes sur mon dos maintenant. Que tu sois ridicule n’est qu’un juste retour des choses non ? Tu ne crois pas ? Alors, je ne te laisses pas le choix. »

« D’accord, d’accord, mademoiselle qui me menace sans me laisser la possibilité de m’en sortir hein ? J’ai compris le message, je suis pas encore assez bête ! »

Avec lenteur, il vient grimper sur le dos de Manalena, celle-ci plaçant ses mains sur ses fesses pour bien l’agripper tandis que lui-même s’accrochait à son cou. Aussitôt, il fut pris d’une envie profonde de se terrer pour ne plus jamais sortir de cet endroit. Qu’est-ce qu’il avait honte mais qu’est-ce qu’il avait honte, bon sang !

« Promis, la prochaine fois, je fermes ma bouche, ça sera bien mieux. »

« Heureuse de te l’entendre dire. Par contre, ne comptes pas descendre de mon dos avant que nous soyons arrivés. Je vais tout faire pour que tous te remarquent. Et j’espère bien que tu auras honte de ce que tu as proposé et que tu iras le répéter à Elen, tiens. »

« Je ne répèterais rien de tout ça, tu es folle ou quoi ? Je veux descendre ! »

« Descends et je te coupe les jambes avec ma lame. Tu sais que j’en suis parfaitement capable. Surtout si cela indique que tu m’as menti au sujet de tes jambes. »

« Je n’ai pas menti. Je suis un peu fatigué mais bon … pardon, Manelena. J’ai juste pas l’habitude de tout ça, je dois t’avouer. Ne m’en veut pas trop. »

« Je t’en veux terriblement, Tery. Terriblement. Tu peux même l’entendre dans ma voix. »

Il ne vient plus rien dire, restant plongé dans son mutisme. Même si c’était pour rire, il savait parfaitement que ça avait été une proposition ridicule. Fermant les yeux, il se laissa transporter par la jeune femme, sombrant peu à peu dans le sommeil sans s’en rendre compte. Lorsqu’il se réveilla, quelques heures plus tard, il était couché sur un lit, le remarquant à cause du plafond au-dessus de sa tête ainsi que du moelleux sous son dos.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Je peux le savoir ? »

« Tu t’es tout simplement endormi sur moi. Je n’arrive pas à croire que tu te comportes encore comme un gamin, Tery. Vraiment. Dormir comme si on faisait une sieste ? Soit t’es un vieillard, soit tu es un enfant. »

« Manelena ? Où est-ce que tu es ? » demanda t-il avant de tourner la tête sur la gauche, la femme aux cheveux argentés étant assise, tenant un livre en main.

« Je suis là, où voudrais-tu que je sois d’autre hein ? Je n’allais pas partir sans toi de toute façon, tsss … bon, ces livres sur les golems, c’est vraiment d’un ennui. »

« Je ne peux pas te reprocher de penser de la sorte, ça l’est pour beaucoup de personnes. Néanmoins, je trouve un intérêt très important à tout … »

« Nous repartirons vers Omnosmos dès que tu seras sur pied, Tery. Ça ne sert à rien de rester plus longtemps ici de toute façon. »

« Hein ? Comment ça ? Pour quelle raison ? Je pensais que nous devions nous rendre là-bas ? Enfin, à Shunter, pourquoi est-ce que tu as changé d’avis ? »

« Car cela ne sert plus à rien, je viens de te le dire. Malheureusement, tout ce que j’ai appris ne fait que confirmer mes propos. Et on ne peut pas rester trop longtemps en cet endroit. »

« Mais essaies donc de m’expliquer un petit peu non ? »

« Des rumeurs comme quoi de nombreux complots sont fomentés mais pas seulement. On parle aussi de nombreuses rébellions qui se font entendre. Bref, comme souvent, un peu partout, c’est plus que compliqué, pour ne pas changer. »

« Et tu veux vraiment rentrer maintenant ? Tu en es certaine ? On peut y réfléchir. »

« Nous ne sommes pas assez pour ça. Pfff, tout ça pour rien. »

Elle marmonna, visiblement déçue par la suite des événements tandis que le jeune homme ne peut qu’hausser les épaules, comme pour tenter de la rassurer même s’il sait que ça ne fonctionnera pas de la sorte. Il la regarda pendant quelques secondes avant de pousser un profond soupir, murmurant doucement :

« Désolé de m’être endormi. Mais promis, la prochaine fois, on prendra plus notre temps, d’accord ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Je n’ai pas besoin d’une promesse pour ça. Ça ne me dérange pas tellement dans le fond. Le mieux sera de patienter au cas où. Tu vas mieux ? »

Elle était étrangement calme. Il répondit que oui, ça allait mieux. De toute façon, il n’avait plus mal aux pieds et en même temps, ce n’était pas si grave, non ? Il avait juste visiblement bien besoin de repos, rien de plus.Il quitta le lit, regardant Manelena avant de dire :

« On mange juste un morceau et on peut repartir. Dire que j’ai l’impression que ce que l’on vient de faire était particulièrement inutile. »

« Un peu comme la majorité du temps mais bon, on ne va pas s’en plaindre. »

« On pourrait mais bon, ça serait trop habituel. Bon ben … »

Il ne chercha pas à terminer sa phrase, quittant la chambre pour aller manger un morceau plus bas. Le jeune homme ne prit guère la parole jusqu’à avoir terminé, regardant Manelena.

« Est-ce que … la situation est si dramatique que ça ou non ? »

« Disons que oui, tout simplement, ça sera plus facile à définir. »

Ce n’était vraiment pas très rassurant quand elle parlait de la sorte mais comme elle n’avait aucune motivation et lui, ce n’était pas forcément beaucoup mieux … ah ! Tout ça pour ça au final ? Rien que ça ? C’était vraiment dommage.

« Je suis finalement prêt, Manelena. On peut y aller si tu veux. »

Elle ne poussa qu’un léger soupir, comme pour montrer qu’elle était légèrement agacée mais que ce n’était pas à cause de lui. A nouveau sur la route, ils plongèrent dans leur mutisme tandis que le jeune homme aux cheveux brun évitait de dire ce qu’il avait sur le cœur. Il fallait avouer que cela avait été un échec plus que cuisant et qu’il voulait mieux ne pas trop y penser en fin de compte. Mais … qu’est-ce qu’elle avait appris exactement ?

« Manelena ? Tu voudras que l’on retournes à Shunter quand même ? »

« Peut-être. Je ne sais pas. Pas pour le moment. Je pense que j’ai eut ce que je voulais ici pour le moment. Il vaut mieux se concentrer sur la dernière créature légendaire. »

Ce n’était pas vraiment une réponse mais il ne chercha pas à en savoir plus. La femme aux cheveux argentés était au moins aussi déçue que lui. Mais bon … tout ça … pour ça ? C’était tout simplement horrible à mettre en perspective.

Chapitre 37 : Une créature nommée Park

ShiroiRyu
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Chapitre 37 : Une créature nommée Park

« Elen, arrêtes donc d’attendre une lettre qui n’arrivera pas aujourd’hui. »

« Mais je ne sais pas ! Tery m’a dit qu’il m’écrirait rapidement pour me donner de ses nouvelles. Combien de temps doit-on mettre avant que la lettre n’arrive ? »

« Je ne peux pas t’aider, Elen, tu le sais parfaitement non ? Alors, il vaut mieux que tu ne poses pas trop de questions que tu attendes, tout simplement. »

« J’aimerai bien mais je n’y arrives pas ! » s’écria Elen sur un ton presque désespéré tandis que la femme aux couettes blondes haussait les épaules en soupirant.

« Même s’il est vrai que nous sommes arrivés dans la capitale de Mékalarma, il vaut mieux pour toi d’ailleurs que Tery ne t’envoie pas de lettres maintenant. Il se pourrait qu’elles soient toutes surveillées. Si tel étiat le cas, cela nous mettrait en danger. »

C’était au tour de Royan de lui faire la morale. Comme si elle avait besoin de ça ! Vraiment!La femme aux cheveux blonds émit un petit grognement, signe qu’elle voulait qu’on la laisse tranquille. Si elle voulait des nouvelles de Tery, elle les aurait, compris ? Elle n’allait pas se laisser marcher sur les pieds comme ça ! Sans même se battre ou lutter ! Et puis quoi encore ? Elle se dirigea vers la fenêtre de la chambre où elle logeait avec Elise et Clari. Ils étaient tous réunis pour pouvoir discuter calmement de la situation. Sauf que voilà, elle, elle n’était pas calme, loin de là et que ça ne va pas s’arranger.

« Bon, ce que nous pensions va se réaliser néanmoins. Park est dans les alentours. »

« C’est le cas, Séran. Mais pour l’heure, nous devons trouver le moyen de l’atteindre. Dans la capitale, comme nous nous en doutions, c’est encore plus sécurisé qu’auparavant. »

« Il fallait s’y attendre en un sens. Ca n’allait pas être simple et ils veulent nous le montrer. »

L’homme provenant d’Honoros marmonna quelques paroles, signe qu’il était légèrement agacé par la tournure des évènements mais ça, ce n’était pas à montrer aux autres. Park, tous savaient ce qu’elle était : une femme avec une arme.

« Si elle est aussi imposante que dans les légendes en terme de taille, cela risque d’être très difficile non ? Le fait qu’elle soit humanoïde aussi, n’aidera pas au combat. Surtout si elle est capable de contrôler ses émotions contrairement aux autres. Déjà que le précédent … » chuchota Elen avec lenteur, voulant éviter de s’en rappeler.

« Pour aujourd’hui, nous en avons assez fait. Attendons demain pour voir ce que la situation emmène. Peut-être que ça ne risque pas de nous plaire, il y a de fortes chances. »

« Ca me semble être une bonne idée. Séran, nous y allons ? Nous allons nous reposer en attendant de voir demain. Bonne soirée à vous tous. »

Sérest avait récupéré le bras de son homme tandis que les autres les regardaient quitter la chambre. Depuis la petite scène concernant les démons, Sérest était redevenue la même. Ce n’était pas bien étrange en un sens mais … c’était assez … déplaisant ?

« Est-ce que nous continuons à parler ou dois-je retourner dans ma chambre ? »

« Oh, tu veux déjà partir Royan ? Tu as peur quand tu es entouré de filles ? »

« Ne racontes pas n’importe quoi, Clari. Je ne suis pas ainsi et je ne le serais jamais. » rétorqua l’adolescent aux cheveux bleus, devenant peu à peu un jeune homme au fil des mois qui s’écoulaient en leur présence.

« Alors, si tu n’as aucun problème, nous pouvons donc continuer sans aucune gêne ou ennui ! Tant mieux, tant mieux, tant mieux ! Oui, oui, oui ! »

« Qu’est-ce que tu racontes donc ? Tu ferais presque peur à réagir de la sorte, ce n’est pas vraiment très rassurant, Clari. » répondit Royan alors qu’elle émettait un grand rire, signe que ça ne la dérangeait pas le moins du monde qu’elle se comporte comme ça devant lui.

« Bon bon bon ! Qu’est-ce que l’on peut parler ? Oh ! De Tery, n’est-ce pas ? Puis aussi d’une autre personne, tu ne crois pas, Elise ? »

« S’il te plaît, Clari, je préfère éviter que l’on parle de ce sujet ! » s’exclama la jeune demoiselle aux cheveux auburn, rougissant un peu après cela.

« Évites de l’embêter, Clari. Elle est encore assez jeune dans le groupe. Même après quelques mois, elle ne risque pas de beaucoup te connaître correctement. »

« Oh ? Que c’est mignon ! Tu protèges Elise ! Je penses que l’on va avoir un autre sujet de conversation bien assez tôt. Hahaha ! »

Il haussa un sourcil, comprenant ce que cela voulait dire. Il poussa un léger soupir avant de se relever, signalant qu’il allait se reposer lui aussi. Elise fit une petite moue dubitative, regardant Clari qui ne semblait pas être dérangée par ce qu’elle venait d’accomplir. La demoiselle aux couettes blondes lui chuchota quelques mots, Elise finissant par hocher la tête positivement, la baissant ensuite, comme défaite sans pouvoir réellement expliquer pourquoi.

« Bonne soirée à vous toutes. Espérons que demain soit un travail plus fructueux. »

« On ne peut que l’espérer ! Ca ne sera pas si simple que ça, Royan. Bonne nuit à toi et à demain donc. » s’exclama Clari tandis qu’Elen faisait juste un geste de la main, se dirigeant vers la fenêtre pour regarder dehors en soupirant.

« Elen ? Est-ce que ça ne va pas ? » demanda Elise, un peu inquiète tandis que Royan fermait la porte derrière lui, laissant les trois femmes seules.

« Non, non, aucun souci. Essayez de parler entre vous, s’il vous plaît. Moi, je vais juste attendre la lettre de Tery, rien de plus, rien de moins. »

Elen poussa un profond soupir, montrant par là qu’elle n’avait vraiment guère envie de parler avec les autres. Elise fit une petite moue, discutant avec Clari pendant une bonne heure tandis qu’Elen n’avait pas bougé de sa position. Finalement, elles allèrent se coucher tandis que la demoiselle aux yeux bleus regardait le plafond, finissant par s’endormir.

« Bon, aujourd’hui, on tente de se rapprocher de telle façon qu’il est possible d’avoir des informations sur Park. Si nous avons un moyen de savoir où elle compte se rendre, ça serait parfait pour espérer pouvoir l’arrêter. »

« Qu’importe, Sérest. Nous ne sommes pas là pour nous cacher de toute façon. Les gens savent où nous devons nous rendre. Pourquoi devrions-nous perdre autant de temps ? Si nous la voyons, profitons-en pour l’éliminer sans perdre plus de temps. »

Les visages se tournèrent vers Elen, celle-ci ayant clairement signalé qu’elle n’aurait aucune pitié pour leur adversaire. Elle ne comptait pas s’arrêter là. Quitte à ce que cela consiste à prendre des risques inconsidérés. Royan soupira :

« On va éviter de commettre plus de massacres qu’il n’en faut, Elen. Je te rappelles que je suis le prince de Traslord. Ce qui implique que si je commets des actes aussi graves, je risque d’avoir de sérieux problèmes et mon peuple aussi. »

« C’est un peu tard pour parler de ça non ? Fallait y penser avant de commencer à agir de la sorte ! Maintenant, qu’est-ce que tu comptes faire ? »

« Vous suivre comme d’habitude. Je peux vous protéger mais j’espère que vous ne tuerez aucune personne innocente avec vos folles actions. Et je parle bien de tout le monde, n’est-ce pas ? Je ne veux pas que l’on finisse mal avec toute cette histoire. »

Elle haussa les épaules, montrant par là que pour elle, un Mékarlamien en valait un autre. C’était vraiment aberrant de la voir réagir de la sorte. Car ce n’était pas ce qu’elle était réellement. Au final, la question qu’il fallait se poser était : est-ce Elen qui permettait à Tery de se contrôler ou alors l’inverse ? Peut-être que Tery était son catalyseur.

« Et si nous changions un peu de sujet, qu’en pensez-vous ? J’avais quelques questions qui me trottent dans la tête depuis des semaines, Elen. »

« Hum ? Hein ? Comment ça, Clari ? Qu’est-ce qu’il y a de si spécial ? »

« C’est au sujet de tes lignes d’Alzar ! Tu ne veux pas que l’on tente d’en découvrir un peu plus à ce sujet ? Est-ce que tu arrives à les faire apparaître quand tu le désires? »

« Pas vraiment, non. Je ne sais pas trop contrôler ces pouvoirs. C’est étrange mais c’est totalement nouveau pour moi et je ne m’y attendais pas le moins du monde. »

« C’est peut-être pour ça que tu te comportes de la sorte ces derniers temps. Comme tu n’arrives pas à canalyser cette colère habituelle chez les personnes possédant les pouvoirs d’Alzar, tu es prêt à commettre des actes horribles. »

« Qu’est-ce que tu racontes, Clari ? Des actes horribles ? Tu ne parles quand même pas de cette histoire avec la dirigeante de Mékalarma hein ? »

« Pourtant, c’est le cas, Elen. Tu ne le vois peut-être pas contrairement à Tery ou Manelena qui ont appris à se contrôler mais dans ton cas, c’est malheureusement bien plus dangereux qu’on ne pourrait le penser. Il faudrait que Tery ou Manelena t’expliquent tout ça. »

« Sauf qu’ils ne sont pas là et que ce n’est pas aussi grave que ton ton l’implique. »

Elle poussa un profond soupir. Elle n’avait pas envie de se battre aujourd’hui donc il valait mieux changer de sujet. Enfin si, elle avait envie de se battre mais si Clari commençait à lui parler sérieusement, ça n’allait pas être possible ! Ce n’était pas son genre ! Ce n’était donc vraiment pas très nette comme histoire ! Elle refusait ça !

« Si tu penses cela, je ne vais pas te contredire, n’est-ce pas ? »

« Ca serait mieux quand même que ça soit le cas. C’est encore pire si tu fais semblant de m’ignorer, Elen. Ca ne va rien arranger les choses, tu le sais ? »

« Je le sais, oui. Mais je vais bien, malgré mes lignes d’Alzar auxquelles je ne m’attendais pas. Je ne sais même pas ce que je suis réellement au final donc bon … »

Ce n’était pas forcément pour ça qu’elle allait être rassurée hein ? Quittant l’auberge où ils avaient tous dormi, ce fut Elen qui prit les devants mais Sérest l’arrêta d’un mouvement de la main avant de faire apparaître ses lignes d’Alzar.

« On va d’abord se rendre discrets non ? Un peu de magie d’illusion. »

D’illusion ? Elen se retourna vers elle, la voyant devenir translucide, presque invisible même … sauf qu’elle arrivait néanmoins à la remarquer. Qu’est-ce que ça voulait dire ? C’était avec ça qu’elle comptait régler tous les problèmes ? Enfin, éviter qu’ils ne se fassent repérés ?

« Pourquoi est-ce que tu ne l’as pas utilisé auparavant ? »

« Car pour autant de personnes, cela m’épuise grandement. De plus, seuls ceux qui ont subi ce sort peuvent nous voir et inversement. Tu as de la chance que je sois assez solide pour que le sort perdure pendant une bonne heure ou deux. Par contre, il ne faudra pas me demander un service comme me battre ou autre, j’en serai incapable. »

« Ce n’est pas grave, c’est moi qui m’en occupera. »

Elen n’avait pas laissé place à la suggestion. Elle voulait régler le compte de Park le plus tôt possible pour ensuite retourner à Omnosmos. Elle ne savait pa pourquoi, elle avait juste une mauvaise impression, un goût horrible dans la bouche.

Comme si Tery n’était pas en sécurité avec Manelena. Elle était presque sûre et certaine que cette femme allait faire ça ! Non ! Manelena … grrr … Pfiou ! Qu’est-ce qui lui prenait ? D’habitude, elle ne s’emportait pas aussi violemment mais là, elle avait des envies de meurtre assez violentes ! Elle prit une profonde respiration, cherchant alors à se calmer.
Ca ne servait à rien de s’emporter, ça n’allait mener à rien de bon. Il fallait juste un peu patienter et voilà, tout cela serait résolu bien plus facilement, c’est bien ça non ? Elle hocha la tête positivement, comme pour se donner raison sans avoir besoin de s’expliquer aux autres. Et maintenant qu’ils étaient sous couvert d’illusion, qu’est-ce qu’ils allaient faire ?

« Ah oui, l’illusion est parfaite pour ne pas se faire repérer hein ? Mais … »

« Il vaut mieux ne pas bousculer d’autres personnes ou percuter des objets sinon, ils peuvent savoir qu’il y a un problème. C’est aussi simple que cela. C’est une très bonne magie néanmoins, Sérest. » coupa doucement Royan, félicitant la femme ailée.

« Il est bien rare d’avoir des compliments, surtout venant de toi, Royan. Je l’acceptes pleinement alors. Merci bien. » répondit Sérest avec un grand sourire tandis qu’ils se mettaient en route dans la capitale. Bien heureusement, Sérest prévint qu’il était possible de voir si d’autres usaient de la même magie et qu’il y avait quelques chances que ça soit le cas avec les mesures de sécurité actuelles.

« Ce n’est pas une question d’avoir des compliments ou non. J’approuve simplement ce mode d’action, beaucoup plus discret que ce qu’avait prévu Elen. »

« Pfff ! Mais de quoi est-ce que tu te plains ? Ce n’est pas comme si je faisais quelque chose de dangereux, non ? Il ne faudrait pas trop exagérer non plus hein ? »

« Je ne me plains pas, pas du tout. Je réfléchis simplement à tout ça, rien de plus, rien de moins. Ce n’est pas comme si nous devions éviter de tuer tout le monde, non ? »

« Grumpf. Jai l’impression que tu m’en veux depuis que je t’ai proposé cette idée, Royan. Enfin, que je l’ai citée pour tout le monde. »

Elle haussa les épaules tandis qu’ils traversaient les rues. Néanmoins, même ainsi, la sécurité était de mise. Ils regardaient à gauche et à droite, Sérest désignant parfois quelques gardes qui n’avaient pas leurs visages tournés vers eux.

« Vous voyez le petit flou autour d’eux ? Cela veut dire qu’ils profitent du même sort que nous. C’est donc eux que nous devon évités … car si nous les éliminons, le sort sera annulé et donc leurs corps réapparaîtront aux yeux de tous, ce n’est pas ce que nous voulons, non ? Si je ne me trompes pas, n’est-ce pas ? C’est cela ? »

« C’est exact, c’est pour éviter ces problèmes que nous sommes en train d’utiliser tes pouvoirs, Sérest. Néanmoins, plus nous parlons, plus nous perdons de temps. »

« C’est exact. On va donc accélérer le mouvement en fait ! »

Elen semblait aller un peu mieux, plus motivée qu’auparavant. Elle prit les devants, ayant parfaitement compris comment elle devait alors se déplacer. Si la personne mourait, cela voulait dire qu’elle allait se faire repérer mais si …

« Dis-moi, si la personne s’évanouit, comment est-ce que ça se passe exactement, Sérest ? »

« Hum ? Normalement, le sort devrait se maintenir puisque malgré l’inconscience, le corps est toujours en vie. Je n’ai pas essayée à ce sujet mais comme ce sort est utilisé pour cacher des corps blessés d’un monstre ou autre, ça ne serait pas étonnant. Le mieux serait de tester cela par nous-même et au cas où, prévoir une cachette pour le corps s’il réapparaît. »

« D’accord, on va tester ça mais bon, je vous rappelles que de base, on doit trouver Park hein ? Et pas seulement s’amuser à qui mettra le plus grand nombre de soldats inconscients. »

« Nous n’avons pas dit cela, Elen. Attention à ne pas raconter n’importe quoi. »

Elen poussa un soupir. Elle n’avait pas besoin qu’on lui fasse la leçon. Elle avait parfaitement compris le message la première fois hein ? Pas besoin de le lui répéter. Finalement, ils cherchèrent un soldat isolé, recouvert de flou autour de lui.

« Il a l’air bien sur les nerfs. Est-ce que l’on s’en prends à lui ? » demanda Elise tandis qu’Elen murmurait que oui, c’était une cible parfaite !

Avec vivacité, ce fut Clari qui attaqua en première, arrivant dans le dos du soldat. Elen l’oubliait mais la maîtrise élémentaire du vent était le domaine de la femme aux couettes blondes. D’un coup sec dans la nuque, faisant attention à ne pas commettre d’erreurs pour prévenir les autres soldats qui passaient dans les environs, Clari vint tenir le corps de l’homme évanoui dans ses bras avant de se diriger sur le côté, l’emmenant dans une ruelle. Elle observa les contours de son être, remarquant que le flou restait présent.

« Bon, confirmation ! Ca marche parfaitement ! Tant mieux en un sens hein ? Qu’est-ce que l’on fait alors ? On continue ? Ou on avance alors ? »

« On va juste faire attention à ce que l’on fait, c’est tout. Nous nous rapprochons. Et en plus, regardez, c’est l’heure où les citoyens sortent aussi. »

Comme si cela allait vraiment les aider ? Elen marmonna quelques paroles, signe qu’elle était agacée. Leur but était le bâtiment où se rendait habituellement la dirigeante de Mékalarma ! Ils allaient bien finir par l’entrapercevoir non ? Mais avec cette garde renforcée, autant dire que tout cela était plus qu’inutile ! Pire ! Ils allaient devoir faire une pause car Sérest signala que toute une troupe comme eux était en train de se déplacer.

« Est-ce qu’il y avait un déplacement prévu aujourd’hui ? »

« Je crois que oui, c’est du moins ce que j’ai put entendre dans les alentours. Est-ce que nous devons profiter de ça, Sérest ? Ca serait notre unique occasion, non ? » questionna Royan tandis que la femme ailée chuchotait que oui.

« Si nous arrivons à avoir la dirigeante qui s’isole, il faudra se lancer à l’attaque aussitôt. »

Mais pour ça, il faudrait qu’elle s’isole hors, il n’y avait aucune chance que ça soit le cas malheureusement. Elen grogna tandis que des murmures se firent entendre ainsi que de nombreux bruits de pas. Caché dans une ruelle, le groupe remarqua que de nombreux citoyens, majoritairement des mékalarmiens partaient tous en direction de la droite.

« Elle va faire un déplacement ! Notre nouvelle dirigeante va faire un déplacement ! Je pensais qu’avec les rumeurs, ça ne serait jamais le cas ! »

« Ne racontes pas n’importe quoi. Les rumeurs ou non, ça ne change rien. De toute façon, vu notre puissance de frappe, il faudrait être fou pour s’en prendre à notre dirigeante. »

« Pourtant, c’est bien ce qu’ils ont fait à Shunter y a quelques années. Même que nous avons perdu de précieux livres sur les golems hein ? Bon on se dépêche ! Je veux pas rater ça ! »

« Ouais ouais ouais … on y va, on y va. »

Les discussions allaient bon train tandis qu’Elen se tournait vers les autres. Il fallait en profiter, non ? Au lieu de rester sur place. Comme ça, ils allaient pouvoir voir à quoi ressemblait la dirigeante. Ils n’avaient aucune information … mais en même temps … ils avaient surtout cherché l’endroit où elle se trouvait. Après, il suffisait de voir l’arme qui accompagnait la dirigeante pour savoir de qui il s’agissait.

« Regardez tout autour de vous. Visiblement, nous ne sommes pas loin. Il semblerait que cette personne soit dans les alentours. »

Elen répétait tout simplement les propos des autres mais bon, cela ne changeait pas grand-chose au final. Le plus important était le fait que la dirigeante de Mekalarma allait se montrer et qu’ils devaient absolument en profiter.

« Sérest ? Séran ? Vous savez à quoi ressemble la nouvelle dirigeante ou non ? Car sinon, on risque d’attaquer n’importe qui et … »

« Il suffit de ressentir la puissance qui émane de l’arme que possède la personne. Il ne faut pas oublier que Park était l’unique créature légendaire humanoïde qui se battait avec une arme. A partir de là, normalement, nous ne devrions pas avoir trop de mal. »

Séran n’avait pas totalement tort. Répondant aux propos d’Elen, il avait tout simplement dit la chose la plus logique qu’il soit. De plus, tous les soldats de Mekalarma étaient dans les environs. Et il devenait de plus en plus difficile de ne pas se faire repérer.
Combien de temps allait-ils devoir tenir pour finalement l’apercevoir ? Visiblement, peu de temps puisque les propos des environs s’accentuèrent, des citoyens accélérant le mouvement pour se rendre à l’endroit où la dirigeante se trouvait.

« Huu, on devrait peut-être se dépêcher non ? »

« Non. De toute façon, on ne doit pas trouver une place pour être aux premières loges. Rappelez-vous que nous sommes invisibles. Donc déjà, à la base, comme personne ne nous voie, cela sera très difficile de trouver un endroit où on pourrait observer la situation et agir en conséquence et … »

« La voilà ! » s’écrit Elen subitement avant de désigner une Mékalarmienne entourée par une dizaine de soldats. Hein ? C’était aussi simple que ça ? Visiblement oui puisque la mékarlarmienne était reconnaissable entre milles.
Des écailles vertes sur la totalité du corps, elle était plus grande que ses congénères, devant bien mesurer deux mètres cinquante de hauteur, ce qui était anormal pour un mékarlarmien. Son corps pourtant, était loin d’être musclé ou autre mais le plus important n’était pas sa tenue qui était quelconque pour une personne de son importance malgré sa stature mais plus l’arme qui était accrochée à sa ceinture. Une dague ? Une simple dague ? Dont émanait une puissance terrifiante ? Pourtant, avec Park, ce n’était pas un …

« J’Y VAIS MAINTENANT ! J’EN AI ASSEZ ! » hurla soudainement Elen.

Chapitre 36 : Une beauté cachée

ShiroiRyu
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Chapitre 36 : Une beauté cachée

« Pourquoi est-ce que je dois faire ça ? Et surtout, pourquoi vous faites cela ? »

« Oh ? Moi ? Car on m’a dit que cela serait intéressant. La jeunesse devrait parfois profiter du temps qu’il possède. Est-ce si déplaisant que ça ? »

« Je n’ai pas dit cela … Jésiana. Enfin, madame Jésiana. » soupira la femme aux cheveux argentés. Elle n’aimait pas cela, loin de là. Pourtant, elle avait les cheveux attachés en un seul chignon formé dans le dos de son crâne.

« Voilà, au moins, ta coiffure est parfaite, Manelena. Tu devrais te regarder. »

« Je n’en ait pas besoin. Je sais parfaitement le résultat, je vous fais confiance. Je trouves ça vraiment impertinent de sa part de vous demander ça ! »

« Et que dois-je dire de mon mari ? C’est bien lui qui a accepté toute cette histoire. Et moi, je n’ai fait que suivre ses belles paroles. »

« Mais comment est-ce que Tery a put imaginer une telle chose ? Normalement, il doit le faire avec Elen ! Pas avec moi ! Ce n’est pas logique ! »

« Évites donc de trop te tracasser par rapport à cette histoire, d’accord ? Il vaut mieux que tu profites de ta journée, enfin de votre soirée. Bon, normalement, cette robe est un peu vieille mais elle devrait faire l’affaire. Je n’avais jamais remarqué à quel point tu étais aussi grande. »

La femme aux cheveux blancs se releva, se regardant dans l’imposant miroir en face d’elle. Jésiana était à ses côtés, un léger sourire aux lèvres. Sa robe était plus que convenable, contrairement à ce qu’elle pensait. Elle demanda :

« Est-ce que tu veux bien te tourner sur toi-même ? »

« J’avais peur que cette robe en dévoile trop … mais il semblerait que non. Je n’aurais jamais dût m’inquiéter à ce sujet. Tant mieux en un sens. »

« Et cette couleur, elle est loin d’être criarde, n’est-ce pas ? Le but n’est pas d’attirer le regard de tous les hommes mais simplement de l’un d’entre eux, n’est-ce pas ? »

« Je ne vois pas où vous voulez en venir, Jé… madame Jésiana. »

« Oh, je penses que tu le remarqueras par toi-même plus tard. Je n’ai pas à me faire du souci à ce sujet. Montres-moi donc une nouvelle fois ? Est-ce les manches ne sont pas trop longues ? Hum … pour le décolleté en V, tu es un plus fournie que moi à cette époque. Cela tire un peu le tissu mais bon, ce n’est pas un problème. »

« Mais pourquoi est-ce que Tery ferait une telle chose ? Qu’est-ce que cela lui apporterait ? Je ne comprends pas le moins du monde. »

« Tu n’auras qu’à lui poser cette question par toi-même. Je ne pense pas que tu aies besoin d’un éventail. Profitez-bien de votre soirée à tous les deux. »

A tous les deux ? Elle n’arrivait pas à croire que c’était Jésiana qui venait de dire cela. Mais surtout que c’était elle dans cette tenue. C’était donc ça la surprise de Tery ? Lorsqu’il lui avait demandé de parler avec Jésiana et de se rendre à la bibliothèque, elle n’aurait jamais cru cela et pourtant … c’était le cas. Tery .. quel idiot.

« Est-ce que Manelena est prête ? De notre côté, c’est bon. » vient dire une voix derrière la porte, celle de Périk alors que sa femme répondait aussitôt :

« Encore une minute ou deux, pour finaliser un peu tout ça. »

« Je me demandes vraiment ce que vous avez préparé toutes les deux. Enfin bon, Tery est impatient de voir Manelena, il le dit lui-même. »

La jeune femme aux cheveux argentés resta interdit. Elle n’avait rien entendu. Rien du tout. Elle ne voulait rien entendre. Elle ne bougea pas, laissant Jésiana terminer son œuvre. Elle ne voulait rien entendre, rien voir, rien de tout cela n’existait. Pourquoi avait-elle accepté aussi vite ? Sans même réfléchir à la conséquence de ses actes.

« Je suis vraiment une idiote d’avoir voulu que ça se passe ainsi. »

« Oh ? Je me disais la même chose avec Périk à cette époque. Comme quoi, certaines femmes ne sont pas si différentes, malgré les décennies qui s’écoulent. Voilà, tu es parfaite. »

« Pourquoi est-ce que je n’ai pas attendu avant de donner ma réponse ? Pourquoi ? »

« Car cela est venu de ton cœur, directement. Maintenant, vas-y. »

La vieille femme tapota doucement le dos de Manelena, l’invitant à sortir. Celle-ci se montra plus que réticente, n’arrivant guère à avancer alors qu’elle posait sa main sur la poignée de la porte. Ne pas avoir peur … et ne rien regretter. Pour une soirée seulement ?

« J’y vais, madame Jésiana. Merci pour tout ce que vous avez fait. Je tenterais de tout faire pour que vous ne le regrettiez pas. »

« Ce n’est pas pour moi que tu dois faire cela mais pour toi. Profites de ta soirée. »

Elle hocha la tête positivement comme pour dire qu’elle allait essayer de faire de son mieux. C’était bien l’unique chose qu’elle avait en tête. Ah … Profonde respiration, profonde respiration. Elle ouvrit la porte, sortant rapidement en ignorant Tery et Perik.

« Nous y allons dès maintenant, Tery. Et dépêches-toi, je n’ai pas de temps à perdre. »

« Hey ? Mais attends ! Je devrais peut-être te compliment non ? Sur ta robe et … »

« Si tu le fais, je ne te promets pas que tu resteras en vie d’ici la fin de la soirée. »

« Euh bonne soirée monsieur Périk ! Bonne soirée madame Jésiana ! » s’écrit le jeune homme alors que Manelena l’a pris par le bras, le tirant hors de la bibliothèque. Il fait déjà nuit dans Omnosmos, pourtant, le jeune homme n’observe guère le ciel en ce moment.

« Bon, où est-ce que l’on doit se rendre ? J’espère que tu n’as pas prévu la calèche car je te préviens, je t’écrabouille les pieds avec les chaussons que j’ai. »

« Tu es très belle, Manelena. » dit-il tout simplement alors qu’elle resta interdite. Se tournant vers lui pour être sûre de bien avoir entendu, elle prit une profonde respiration. Le jeune homme était plus que sérieux dans ses dires.

« Qu’est-ce que tu racontes là ? Je tiens à te rappeler que je n’apprécie pas cet humour. »

« Pourquoi est-ce que je plaisanterais ? Sincèrement ? »

« Car pourquoi est-ce que tu dirais une telle chose ? En ce qui me concerne ? »

Le jeune homme poussa un profond soupir à son tour, regardant la demoiselle aux cheveux argentés. Cette robe noie bouffante lui allait parfaitement. Il n’y avait pas les épaules nues, le décolleté était visible mais non exagéré, loin de là, seulement à cause des formes de la demoiselle. Les manches étaient longues et il n’y avait aucun froufrou ou autre. Elle touchait le sol et les manches … en fait, non, le truc principal, c’est que tout était en noir.

« Arrête de me regarder comme un morceau de viande, je ne supportes pas ça. »

« Ce n’était pas mon intention, Manelena, je peux te le garantir. Juste, le noir te vas vraiment bien et je crois que … »

« Tery, une seule remarque à te faire. » coupa sèchement Manelena, venant subitement le prendre par le col avant de le soulever au-dessus du sol. « Tu ne comptes pas t’amuser dans le dos d’Elen, n’est-ce pas ? Tu ne serais pas un salaud de la pire espèce comme les autres soldats, non ? Car des personnes de la sorte, pendant que leurs femmes sont loin, j’en ai rencontré bon nombre quand j’étais dans l’armée. Et certains ont même essayé de m’avoir dans leur lit, ils ont fini dans une tombe. Alors expliques-moi ce que tu fais. »

« J’ai déjà tout écrit à Elen. Je ne lui caches rien, rien du tout ! »

« Alors pourquoi est-ce que tu fais ça ? Qu’est-ce que ça t’apporte ? »

« Simplement un peu de joie pour toi. C’est tout. Ces derniers jours, tu étais vraiment morose, Manelena. Je ne vais pas cacher le fait que je t’apprécies énormément. »

« Tu fais donc ça pour moi tout en sachant que je n’aime pas danser et m’habiller de la sorte. Est-ce que tu es naturellement stupide ? »

« Tu poses encore la question après tout ce temps passé à mes côtés ? » demanda le jeune homme aux cheveux bruns, sourire aux lèvres alors qu’elle le relâchait.

« Plus vraiment. Profitons de la soirée. Je ne voudrais pas que la robe de madame Jésiana soit gâchée mais nous marchons. La calèche, c’est beaucoup trop. »

« D’accord, d’accord. Mademoiselle Manelena ? » dit le jeune homme, tendant sa main vers elle tout en lui souriant une nouvelle fois. Elle posa sa main dans la sienne, répondant :

« Messire Tery, je suis à vous pour toute une soirée. »

Les doigts se croisèrent doucement, le jeune homme guidant alors la marche comme si de rien n’était. Direction ce qu’il avait prévu pour elle et lui ! Sur le chemin, les têtes se tournaient vers eux mais Manelena faisait tout pour les ignorer. Le jeune homme, quant à lui, ne regardait que devant sa personne. Des rires et de la musique résonnaient dans les rues, signe qu’ils se rapprochaient inexorablement de l’endroit où il avaient rendez-vous.

« Nous sommes arrivés, Manelena. J’espère que tu n’es pas trop anxieuse. »

« Qu’est-ce que tu racontes donc. Je ne peux pas être anxieuse, pas du tout. »

Alors pourquoi est-ce qu’elle savait qu’elle serrait un peu plus fortement les mains de Tery ? Car elle l’était terriblement. Ce n’était pas fait pour elle. Pas du tout. Tery avait sortit deux tickets, les présentant à la personne chargée de l’accueil.

« Bonne soirée messire, madame. Profitez donc de celle-ci. »

« Du madame … j’ai vraiment l’air d’une dame, Tery ? Tu en penses quoi ? »

« Que c’est le cas. Tu es magnifique. Par contre, je préfères te prévenir, je ne sais pas danser du tout. J’espère que tu ne m’en voudras pas. »

« Tu ferais mieux de préparer tes pieds aux miens car je ne suis guère mieux. »

Elle eut un petit sourire amusé, semblant finalement se détendre. Le jeune homme regarda les différents apéritifs et autres consommation sur les tables, souriant à son tour.

« Est-ce que tu as un peu faim avant Manelena ? Je t’avoue qu’enfiler cette tenue puis me préparer pendant des heures, ça m’a ouvert l’appétit. »

« Allons-y alors. Je ne dirais pas non à quelque chose pour me désaltérer, je l’avoue. »

Ensemble, ils se dirigèrent vers une table, prenant un verre chacun avant de commencer à se servir un liquide rouge. Le jeune homme le ramena à son nez, commençant à le renifler avant de le porter à sa bouche. Il émit un petit rictus de surprise avant de dire :

« Je ne connaissais pas du tout comme alcool. C’est sûr que c’est bien différent de ce que l’on boit d’habitude. Et toi, Manelena ? »

« Ce n’est pas si mauvais, il faut reconnaître. Oh ? Regardes-moi donc cela. »

« Hey, attends moi un peu, j’en veux aussi, Manelena ! »

Ils ne se préoccupaient pas des regards autour d’eux. C’est sûr que leur comportement était bien différente de l’élégance qui caractérisait la noblesse présente en cet endroit mais qu’importe, ils s’amusaient tous les deux. Commençant à manger doucement, les deux personnes n’avaient guère un intérêt pour les personnes qui les entouraient. Puis subitement, ils s’immobilisèrent tous les deux, une douce musique commençant au violoncelle.

« Hum ? Est-ce que mademoiselle Manelena me ferait l’honneur ? »

« Sincèrement, Tery, je ne suis pas sûre que cela soit une bonne chose. » dit-elle avant de remarquer qu’au final, chacun n’avait pas libéré la main de l’autre, même pendant qu’ils mangeaient tous les deux. Elle ne vint rien dire, déposant son verre avant de tirer Tery en arrière comme pour lui signaler qu’elle était d’accord dans le fond.

« Alors, essaies voir de suivre mon mouvement, d’accord ? Et ne t’avises surtout pas de commettre une erreur car il y a de fortes chances que je ne te pardonnes pas sinon. »

« Je le sais, Manelena, je le sais. Bon, alors, gauche, droite ? »

Il disait cela mais il n’avait aucune idée de comment tout cela doit se passer. Légèrement décontenancé, le jeune homme aux cheveux bruns observa les personnes autour d’eux. Alors, ce qu’il devait faire, c’était ça … ça et ça !

« Hum ? Tu décides de mener la danse, Tery ? »

« Je tentes, ça serait plus juste comme affirmation, Manelena. Dis-moi si je te fais mal. »

« Ne t’inquiète pas. Si c’est le cas, je n’hésiterais pas à te faire subir la même chose, non ? Moi aussi, je ne suis guère douée. Quand même, quelle idée de nous emmener ici. »

« On ne peut pas prétendre que c’est ennuyeux non ? C’est peut-être une occasion unique dans notre vie, Manelena. Autant en profiter. »

Pfff ! Elle ne répondit pas à cette affirmation, ne pouvant réellement la contester de toute façon. Le jeune homme savait parfaitement ce qu’elle pensait de tout ça, non ? Pourtant … et pourtant, elle ne pouvait prétendre le contraire. Elle se sentait calme et sereine. Aucune idée obscure ne venait la perturber, aucune pensée triste ne venait la déranger.

« Ce n’est pas si mal, oui. Pour une fois que tu as eut une bonne idée. »

« Puis-je inviter cette charmante demoiselle à partager une danse avec moi ? »

Ils s’arrêtèrent tous les deux alors qu’un individu d’une trentaine d’années, habillé encore plus élégamment que Tery ou la majorité des personnes ici présentes, tendait sa main vers Manelena. Celle-ci la regarda sans rien dire avant de murmurer :

« Malheureusement, c’est impossible. Cet homme est mon unique partenaire pour la soirée et inversement. Néanmoins, merci de votre proposition. »

« Oh, soit, c’est ma foi fort dommage. Je vous laisse profiter de cette soirée entre vous. »

L’homme s’éloigna tandis que Tery n’osait pas ouvrir la bouche. Manelena venait tout simplement de refuser une danse pour rester avec lui ? C’était flatteur, très flatteur. Il eut un petit sourire niais qui n’échappa pas à la jeune femme aux cheveux blancs. Celle-ci souleva légèrement sa robe avant de la mettre par-dessus le pied droit de Tery, venant l’écraser du sien. Celui-ci se retint de crier de douleur, regardant Manelena.

« Ne t’imagines donc pas des choses, compris ? »

« Le message est très bien passé mais … la méthode est douloureuse, aie, aie, aie. »

« Cela t’apprendra à avoir le sourire le plus débile que tu m’aies jamais offert. Compris ? »

Oui, oui. Il ne se répétera pas. Il poussa juste un petit gémissement de douleur, se tortillant sur place alors qu’elle reprenait la danse bien sagement. Le jeune homme la regarda, voulant marmonner quelque chose sans que cela n’arrive.

« Quelle agréable soirée, il faut avouer, n’est-ce pas ? »

« Ne te moques pas de moi, Manelena. Mes pieds pleurent encore par ta faute. Tu es une diablesse de me faire souffrir de la sorte, tu le sais ? »

« Je le sais parfaitement. C’est peut-être pour ça que j’apprécie cette soirée, non ? »

Pff ! Quand elle parlait comme ça, il avait l’impression qu’elle adorait la situation. Bon, si tel était le cas, il ne pouvait pas lui en vouloir alors. Il poussa un petit soupir amusé alors que les danses continuaient, le jeune homme se sentant un peu ailleurs.

« On danse depuis presque deux heures, Tery, est-ce que tu l’as remarqué ? »

« Pas du tout, je dois t’avouer. Ca fait autant de temps que ça ? Je ne suis pas fatigué. Et toi ? Est-ce que tu as envie de rentrer, Manelena ? »

« Pourquoi pas ? Je pense que nous avons assez profité de la soirée, oui. On y va. »

Elle disait cela avec un peu d’entrain alors qu’il gardait sa main, la tirant hors de cette salle. Finalement, l’air frais leur faisait un bien fou, le jeune homme s’étirant un peu avant de se mettre en route, tout sourire !

« C’était comment à tes yeux ? »

« Un peu mollasson, ce n’est pas mon genre d’événement, la nourriture était très bonne mais cette musique … et que dire de ces personnes. Le monde de la noblesse n’est vraiment pa fait pour moi, loin de là. Je me … »

« Humpf, c’était donc une mauvaise soirée en fin de compte. Il fallait s’en douter en un sens. Désolé Manelena, ce n’était pas voulu que je gâche ta soirée. » murmura le jeune homme avant qu’elle ne place sa main au-dessous de son épaule droite, l’attirant à elle pour un geste plus familier que le croisement de doigts entre leurs mains.

« Quand on est en bonne compagnie, ce genre de soirée passe bien plus facilement. Ne t’en ait pas, Tery. Grâce à toi, j’ai l’esprit un peu plus tranquille. Tu devrais… hum, non. Il vaut mieux attendre. Rentrons, il fait de plus en plus frais, Tery. » murmura la jeune femme aux cheveux argentés. Elle se colla un peu plus contre lui, sans aucune gêne ou réticence alors qu’ils se dirigeaient maintenant vers l’auberge où ils avaient leur chambre à chacun. La marche fut extrêmement lente, au plus grand plaisir des deux personnes.

« Et voilà … malgré l’heure, je pense que nous aurons quelques regards tournés vers nous. »

« Ca ne me dérange pas, Manelena. Pour ma part, je vais juste monter à l’étage et m’enfermer dans ma chambre. Je t’avoue que je suis extrêmement fatigué. »

« J’ai la même idée en tête personnellement. Bon, cela veut dire que nous n’avons qu’à nous séparer à ce moment précis, non ? »

« C’était le but recherché de toute façon. » répliqua le jeune homme dans un grand sourire jusqu’à ce qu’ils finissent par arriver à l’auberge.


A l’intérieur, quelques rares têtes se tournèrent vers eux mas ils ne vinrent rien dire, grimpant à l’étage, quelques sifflements se faisant entendre, Manelena comme Tery les ignorant complètement. Lorsqu’il arrivèrent devant leurs chambres, elle retira sa main de celle de Tery, ne l’ayant presque guère quitté de toute la soirée.

« Ferme les yeux, Tery. » ordonna t-elle, le jeune homme s’exécutant, un peu inquiet.

Il sentit les lèvres de Manelena qui se posèrent sur sa joue pendant quelques secondes, en un long baiser sonore avant de les retirer. Le jeune homme rouvrit ses yeux, les écarquillant pour être sûr de bien avoir compris ce qui venait de se passer. Mais voilà que Manelena était déjà de l’autre côté de la porte de sa chambre, disant tout simplement :

« Bonne nuit, Tery. Merci pour la soirée à et demain. Nous nous reverrons. »

Euh, logique non ? Qu’ils se reverront, c’est bien ce qu’il voulait à la base. Comment est-ce qu’il devait définir cette soirée en fin de compte ? Une pure réussite ? Car bon, Manelena avait l’air d’avoir grandement apprécié. Retournant dans sa chambre, il finit par se coucher sur son lit, fermant la porte à clé auparavant.

« Je crois que je ne devrais pas me préoccuper de tout ça. Elle a sourit, elle était heureuse et c’est le plus important à l’heure actuelle, oui ! »

Hahaha .Oui. Il poussa un petit soupir de soulagement. Il avait bien écrit à Elen qu’il comptait occuper Manelena pour lui faire retrouver le sourire. Le souci, c’est qu’il n’avait pas signalé de quelle façon il comptait faire ça.

« Le mieux serait que la prochaine fois, ça soit avec elle. Je suis sûr que madame Jésiana accepterait pleinement ça. Si elle a rendu service à Manelena, ça ne devrait pas la déranger pour Elen, j’en suis sûr et certain. J’en suis convaincu ! »

Oui oui oui ! Et oui ! Bon ! Maintenant qu’il se sentait un peu plus rassuré par tout cela, il pouvait alors s’endormir. Elen lui manquait terriblement mais … il devait s’avouer que s’il n’avait pas été avec elle, il aurait bien aimé courtisé Manelena. Mais voilà, Manelena était une femme … unique en soi. Il ne pouvait pas se l’imaginer avec quelqu’un, même lui.


Hahaha ! Dire qu’il avait déjà eut ce genre de pensées dans le passé mais voilà qu’elles revenaient. Manelena lui chamboulait vraiment toute son existence. Est-ce qu’elle s’en rendait compte des fois ? Car il n’en était pas vraiment convaincu au final.

Chapitre 35 : Attendre en public

ShiroiRyu
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Chapitre 35 : Attendre en public

« Embêtant, c’est vraiment très embêtant. Il n’y a pas d’autres solutions. »

« Vraiment aucune ? On ne sait rien d’autre ? C’est quand même gênant, non ? »

« Je ne te le fais pas dire. Néanmoins, si ça doit se passer ainsi, nous n’avons pas trop le choix. » murmura Clari une seconde fois après les paroles d’Elen.*

Les nouvelles n’étaient pas forcément rassurantes concernant la quatrième créature légendaire. Comme il fallait s’en douter, maintenant qu’elle était entourée par toute une garde, cela serait bien difficile de s’en approcher.

« Et surtout, on ne pourra pas pénétrer là-bas sans se faire repérer. C’est beaucoup trop risqué, n’est-ce pas ? Que devons-nous faire alors ? »

« Tout simplement réfléchir. Nous finirons bien par trouver une solution, non ? »

« Difficile à dire. On ne va que tourner en rond. »

Et surtout, tout donnait l’impression qu’ils ne faisaient rien, ce qui n’était pas faux. Ils n’étaient pas encore dans la capitale Mekalarmienne mais les rumeurs allaient bon train. Il ne fallait pas espérer pénétrer à l’intérieur sans une bonne raison. Même Omnosmos devait paraître bien pitoyable vue le périmètre de sécurité établi.

Tout cela à cause du petit incident avec Tery et Manelena. Tout cela commençait à dater mais cela était terriblement bien ancré dans l’espris des Mékalarmiens ! BAH ! Elen s’en fichait complètement : elle n’était pas là pour faire dans le social. Hein ? Depuis quand est-ce qu’elle ne se préoccupait plus autant des autres ? Etrange, très étrange.

« Je vais partir me promener un peu dans les environs. » déclara t-elle en se levant de sa chaise. Ils avaient trouvé une nouvelle auberge sur leur route en direction de la capitale de Mékalarma. Cela faisait quelques jours de plus et surtout, elle avait reçu une lettre de Tery qu’elle ne voulait pas partager avec les autres. C’était sa lettre !

Isolée après dix bonnes minutes de marche, elle ouvrit celle-ci, commençant à la parcourir. Tery allait bien, très bien. Il lui racontait comment il s’était entraîné avec des mages pour ses golems. Il avait surpris que tout le monde soit très réceptif à ses invocation et pensait continuer sur cette voie bien spéciale.

Et Manelena dans tout ça ? Il lui signalait qu’il voulait penser à la rendre un peu plus heureuse. Elle avait l’air assez perdue sans tout le monde et s’était isolée. Il trouvait cela dommage mais il ne pouvait pas empêcher la jeune femme d’être ainsi.

« Et moi ? Il pourrait aussi y penser un petit peu hein ? Je suis seule, sans lui. Il peut aussi m’envoyer quelques images de lui hein ? »

En parlant des images, il avait écrit aussi qu’il la trouvait superbe, comme à son habitude et qu’il aurait voulu bien plus que de simples images pour le rendre heureux. Dans l’esprit d’Elen, à ce moment précis, elle s’était imaginée leurs retrouvailles.

Des retrouvailles intenses dont elle ne pouvait s’empêcher d’y penser encore maintenant. Est-ce qu’elle devait se montrer un peu plus entreprenante dans les prochaines images ? Elle voulait que Tery l’aime car elle l’aimait de tout son être. Mais elle ne voulait pas passer pour une gourgandine ou une femme de petite vertu !

« Il se contentera donc de ce que je lui enverrais et de rien d’autre ! »

Elle s’exclama cela, prenant finalement de quoi écrire avant de se concentrer sur son objectif. Elle prit une bouffée d’oxygène, regardant le ciel. Ces nuages noirs, qu’est-ce qu’elle n’aimait pas Mekalarma. Tout était trop impersonnel, dénué de vie, d’émotions. Le peuple de Mékalarma était celui qu’elle appréciait le moins.
Quand les créatures légendaires parlaient des démons comme d’êtres affreux, elle avait toujours eut envie de répliquer que les Mékalarmiens étaient pires. Oh, ils ne faisaient pas souffrir mais ils étaient bouffis d’orgueil et de vanité. Si on considérait en plus leurs actions et leurs rapports avec les autres peuples, autant dire que ce n’était pas vraiment glorieux.

« Ah … je devrais plutôt me concentrer sur Tery. Les autres, on s’en fiche ! »

Et surtout qu’elle termine le plus rapidement cette histoire ! Il ne resterait alors plus qu’une seule créature légendaire. L’aigle bicéphale, bien entendu ! L’aigle dont ils n’avaient aucun détails. D’ailleurs, aucune rumeur à Claudiska en parlait.

« C’est comme s’il n’existait pas du tout. »

C’était étrange mais bon, pour le moment, sa première préoccupation, c’était l’élimination de la créature légendaire. Discuter ? Même pas en rêve ! Si chaque créature légendaire avait décidé de s’en prendre à Tery, elle ne voyait pas pourquoi Park serait différente des autres !  Elle ne tomberait pas dans un piège aussi grossier.

« Qu’ils meurent tous s’ils s’en prennent à Tery ! »

AH ! Elle savait parfaitement qu’elle faisait du zèle dès qu’il s’agissait du jeune homme. Elle le savait … et elle n’arrivait pas à le regretter. Poussant un profond soupir, elle chercha alors à se concentrer, réfléchissant à la lettre qu’elle devait écrire.

Bon, déjà, elle devait lui signaler qu’elle n’appréciait que moyennement qu’il fasse autant d’efforts pour Manelena. Surtout après leur petite discussion à tous les deux. Mais bon, tout ça semblait dénué de mauvaises intentions et puis, elle devait faire confiance à Tery malgré sa jalousie. Sa jalousie … car Tery appréciait énormément une autre femme.
Avec Clari, aucune illusion, elle savait parfaitement qu’ils étaient très proches, plus qu’avec elle et lui, mais ce n’était pas la même relation . C’était plus familial. Et oui, elle devait le reconnaître : elle appréciait énormément Clari. Elle était comme le rayon de soleil dans leurs vies : toujours à sourire, toujours à avoir a parole qu’il faut … ou presque.

Bon ! Cette lettre ! Elle se concentrait ou non ? Car elle n’allait pas s’écrire toute seule ! Un deux ! Un deux ! Prendre une profonde respiration, encore une. Elle cherchait ses mots sans forcément les trouver. Avec une image, il n’y avait pas besoin de paroles … normalement.

Mais voilà, elle ne pouvait pas faire que cela. Tery n’aimait pas les femmes stupides. Il lui fallait une demoiselle de caractère. Ou alors, il se contentait d’elle ? Se contenter ? Pourquoi est-ce qu’elle était obligée à chaque fois de se rabaisser ? Elle ne valait pas moins que Manelena hein ? Alors pourquoi toujours se rabaisser plus bas que terre ?

Bon ! Une ou deux images, un peu … plus ouvertes que celles d’auparavant et pour l’écriture ? Hum, signaler ce qu’elle avait appris au sujet de la créature légendaire ! Qu’elle était devenue celle qui dirigeait Mekalarma. Pas que ça, bien entendu ! Il y avait encore pire à côté, tout le reste ! Mais voilà, ça n’allait pas s’arranger.

« Juste le prévenir que la route va être longue …et qu’on ne va pas rentrer tout de suite. »

Rien qu’à cette idée lui faisait pousser un profond soupir. Elle arriva à terminer sa lettre après une bonne demie-heure, évoquant les dernières commodités tout en lui demandant de lui envoyer aussi quelques images ! A Omnosmos, il était forcément possible d’en trouver non ? Alors, qu’il fasse un effort aussi de son côté ! Chacun sa part du travail !

Finalement, la lettre se termina bien plus facilement qu’elle ne le croyait. Avoir des idées lui ouvrait aussi l’appétit ! Lorsque la lettre s’envola, elle retourna à l’auberge, retrouvant les autres. Clari lui demanda si tout était bon, la demoiselle hochant la tête positivement. C’était parfait de son côté et pour eux ?

« Oh et bien, tu sais, nous t’attendions un peu en fait. Tery ne viendra plus perturber ton jugement jusqu’à la prochaine lettre, c’est bon ? »

« C’est à peu près ça … même si la façon dont tu l’évoques n’est pas vraiment plaisante. »

« Roh, ne boudes donc pas, Elen. Tu sais parfaitement que je rigole non ? »

Elle haussa tout simplement les épaules comme pour montrer son indifférence, faisant néanmoins un sourire assurant. Bien entendu, elle n’était pas stupide, elle savait parfaitement que la jeune femme aux cheveux blonds comme elle ne pensait pas à mal.

« Bon, comme on s’en doutait, la sécurité est très relevée. Le vol des livres golémiques ainsi que la mort de l’ancienne dirigeante n’a pas vraiment laissé d’autres choix que d’accentuer tout ça. Ce n’est pas rassurant pour notre mission. »

Finalement, Sérest avait pris la parole, montrant par là qu’ils devaient passer aux choses sérieuses. Bien entendu, comme souvent, la discussion avait dérivé, ce qui n’était guère plaisant. Ils avaient fort à faire, très fort à faire.

« Nous nous rapprochons inexorablement de la capitale et pourtant, nous n’avons toujours pas de plan. Qu’est-ce que nous devons faire ? »

« Attendre ? Patienter ? Difficile à dire, il faut avouer. Je pense que le mieux à accomplir, c’est de voir si elle se déplace. Si elle sort de la capitale, nous pourrons agir en conséquence. En contrepartie, cela risque de durer plus longtemps que prévu. »

« Et si nous agissions pendant un discours ? » demanda Royan avec neutralité.

Toutes les têtes du groupe se tournèrent vers lui, comme pour lui demander s’il était sérieux ou non. L’adolescent aux cheveux bleus, bientôt jeune homme attendit que chacun se calme, bien que nul ne parlait, avant de reprendre la parole :

« La garde sera présente mais nous serons sûrs que la créature légendaire le sera aussi. »

« C’est risqué, beaucoup trop risqué. Je ne pense pas que l’on puisse faire ça. » déclara Elise avec lenteur. « Nous ne pouvons pas vous mettre en danger ainsi, prince Royan. »

« Si cela avait été un problème auparavant, mademoiselle Elise, ce n’est plus le cas. Depuis le temps, je suis habitué à avoir mal. »

« Si nous n’avons pas d’autres solutions, il faudra envisager celle-ci, oui. » soupira Séran, visiblement peu content d’imaginer une telle tactique pour arriver à leurs fins.

« Peut-être que Park partira en voyage diplomatique. Nous ne pouvons pas savoir ce qui est prévu dans les jours qui suivent, c’est pour cela que nous devons nous renseigner. »

« Ca ne sera pas une chose simple … et sans l’aide de Tery et Manelena, rien ne nous arrange réellement malheureusement. »

Visiblement, la situation n’était pas vraiment réjouissante. Commandant à nouveau de quoi boire pour oublier ce climat morose, le groupe plongea dans le mutisme, buvant les nouvelles boissons en silence, sans se parler et sans converser.

« De leur côté, Tery et Manelena partent aussi s’entraîner. »

« Ah bon ? Qu’est-ce qu’ils font exactement ? C’est vrai que tu as reçu une lettre mais tu ne nous as toujours pas dit ce qu’elle contenait. »

« Tery s’entraîne beaucoup trop sur les golems. Ils ont trouvé un terrain d’entraînement pour mages. Il m’a expliqué qu’ils étaient tous surpris mais ravis de le voir. Ca lui a fait chaud au cœur. Quant à Manelena, comme d’habitude pour elle. » marmonna Elen en réponse aux questions de Clari, celle-ci buvant une gorgée avant de rire.

« Oui mais à part ça ? Ils ont fait quoi d’autre ? »

« Ah … Manelena se plaint, pour ne pas changer, il n’y a rien de nouveau par rapport à ça. Comme si cela était vraiment intéressant à savoir. »

« Tu n’as vraiment pas l’air très enjouée, n’est-ce pas ? »

« Je ne le te fais pas dire. Je ne vois pas pourquoi je perdrais mon temps avec ces idioties en ce qui la concerne. Le plus important reste que Tery vas bien. »

« Oh et Manelena aussi, voyons, Elen. Tu ne vas quand même pas penser à mal d’elle non ? Tout simplement parce qu’elle est seule avec lui. Il ne se passera rien. »

« Si tu le dis, tu me permets de ne pas avoir confiance en ça ? »

« Je penses que je peux te le permettre, Elen ! »

Clari se retint de rire tout en regardant Elen. Bien entendu, bien entendu. Pourquoi est-ce que cela devait changer alors ? Ce n’était pas facile de modifier l’avis de quelqu’un sur une personne. Et malheureusement pour Elen par rapport à Manelena, il était bien forgé.

« Donc en récapitulant tout ce que l’on va faire, qu’est-ce que ça donne exactement ? »

« Nous allons tout simplement prendre notre temps par rapport à tout ça. Mais oui, si cela ne s’arrange pas, il faudra envisager l’idée de Royan. »

« Ce n’est qu’une solution en attendant d’en trouver d’autres. Nous ne sommes pas obligés de la suivre si nous finissons par en trouver des meilleures. »

« D’ici là, nous allons tout simplement mettre de côté la proposition de Royan et nous verrons quoi faire d’ici là. Pour l’heure, il faut que nous allions reprendre la marche. »

Finalement, Royan et les autres vinrent se relever. Auberge, marche, auberge, marche, c’était ainsi depuis des journées. Ils étaient vraiment des voyageurs, non ? Et dire qu’ils n’avaient pas encore de problèmes avec Mekalarma. Normalement, toutes les nations devaient être au courant de leurs actes non ? C’était donc étrange qu’ils ne réagissaient qu’à peine.

Voire pas du tout. C’était étrange et assez intriguant. Ils devaient préparer quelque chose mais quoi ? Personne n’en avait une idée tandis que la marche reprenait. La femme aux cheveux blonds poussa un soupir tout en disant :

« Il faudrait quand même que l’on accélère non ? »

« Si tout était aussi simple, nous n’aurions pas besoin d’aller combattre une créature légendaire, tu ne crois pas ? Mais bon … c’est vrai que j’ai l’impression de tourner en rond depuis quelques jours. Vous connaissez cet endroit, Sérest ? Séran ? »

« Pas plus que cela. Même pour nous, Mékalarma n’est pas vraiment un endroit que nous aimons visiter. Sincèrement, cet endroit est dénué de vie, c’en est si triste. »

Personne ne pouvait donner tort à la femme ailée. Des rochers à perte de vue, des nuages noirs dans le ciel, quelques rares bâtiments … et encore plus rares, des piliers métalliques. Ces piliers canalisaient les éclairs qui venaient s’abattre dessus avec une certaine violence.

« Et pourtant, Alzar sait que j’apprécie les éclairs mais regardez-moi tout ça. Qu’est-ce que vous voulez y faire ? Ca ne donne pas envie d’y vivre ! »

« Sérest, nous n’avons pas à nous préoccuper de cela, loin de là. »

« Je le sais bien, Séran. Je le sais bien. Mais voilà, à les voir, on se demande si ce ne sont pas eux les démons. Pourquoi est-ce qu’ils ne sont pas enfermés derrière cette double porte à Omnosmos ? Pourquoi ? Ce n’est pas normal. Dire qu’il y a d’autres entrées qui emmènent au monde démoniaque mais qu’elles sont toutes scellées comme la double porte à Omnosmos. C’est injuste que les démons soient enfermés alors que les Mékalarmiens font pires ! »

« Sérest … calmes-toi, s’il te plaît. » murmura Séran une nouvelle fois, l’imposant homme venant d’Honoros étant là pour la prendre dans ses bras.
Les autres personnes plongèrent dans leur mutisme. C’était la première fois depuis qu’ils les connaissaient … qu’ils parlaient ouvertement de leur attirance vers les Démons. Étrange et presque aussi inquiétant. Néanmoins, une chose était bien ancrée dans l’esprit de chacun : ils n’étaient pas vraiment en désaccord avec les propos de Sérest.
Entre Tery et Elise qui étaient deux démons puis les Mékarlarmiens, il était nullement difficile de savoir à qui allait la préférence dans le groupe. Mais de là à déclarer ouvertement que tous les Démons devaient être libérés, ce n’était qu’une chose dont ils évitaient de trop s’en mêler, oh que oui. Pfiou ! Ce n’était pas à eux de décider ça.

« Le mieux est de changer de sujet, qu’est-ce que vous en pensez ? »

« C’est mieux, oui, Elen. Sérest, tu as peut-être autre chose à dire non ? »

« Pour l’heure, pas vraiment, je n’ai pas envie de trop parler. »

« Comme tu le désires, Sérest. Comme tu le désires. »

Séran poussa un léger soupir, ne cherchant guère la confrontation avec sa femme ailée sur ce coup. Il valait mieux juste patienter un petit peu et attendre, voilà tout. L’imposant homme plongea dans son mutisme à son tour. Il était rare de les voir se disputer, comme quoi, même le plus heureux des couples pouvait avoir des problèmes.

« Les Mekarlarmiens nous créent vraiment que des ennuis même quand ils ne sont pas là. » marmonna Elen en soupirant, Elise disant presque aussitôt :

« Je ne les connais que de ceux qui venaient parfois dans l’auberge où je travaillais. Très rarement ils étaient polis. Ils semblent vraiment vouloir faire monde à part avec leur royaume. Je ne vois pas du tout ce que cela peut leur apporter de bénéfique. »

« J’aimerai bien dire que nous ne sommes pas là pour les juger mais au final, c’est le cas, ils font tout pour que nous réagissions de la sorte. »

« Et à quoi est-ce que cela leur servirait ? S’ils veulent se faire haïr, tant pis pour eux. J’aurai arrêté de les servir si cela n’avait pas été mon métier, pour dire. »

« On va continuer à dire du mal des Mékalarmiens sur tout le chemin, c’est ça ? »

La femme aux couettes blondes avait un petit sourire aux lèvres alors que nul ne cherchait à lui répondre. Ils avaient parfaitement compris le message de Clari. Ils n’avaient pas à perdre leur temps à dire du mal des autres.

« Maintenant que nous sommes tous d’accord sur la marche à suivre, que diriez-vous de simplement parler de tout et de rien ! Cela me fait penser : Elen, tu sais faire apparaître ton arc mais les autres ? Enfin, à part Royan car il ne peut pas le faire même si ça ne le rend pas plus différent que nous hein ? Tu m’en veux pas ? »

« Je ne vois pas pourquoi je t’en voudrais, qu’est-ce que tu as fait de mal pour que ça soit le cas ? Normalement rien du tout, non ? »

« C’est exact ! Rien du tout ! Hahaha ! Mais je préfère te demander. »

« Il vaut mieux alors ne rien demander et juste patienter, non ? Tu ne crois pas ? Que je ne sois pas capable de faire la même chose que vous n’ait pas un problème. »

« Chacun ses diversités ! Donc, bref, si j’ai compris, Manelena, c’est son armure mais le reste, je ne sais pas du tout ce que ça peut être par contre. »

«  Mais toi, Clari ? Tu ne nous as guère dit de quoi il s’agit. Je ne crois pas que tu l’aies montré en fait, depuis tout ce temps. » dit Elen alors que Clari faisait un petit geste du doigt :

« C’est un secret ! J’aime bien garder cette petite part de mystère qui me concerne ! »

Humpf ! Elen haussa un sourcil mais ne vint pas répliquer aux paroles de Clari. Pourquoi est-ce qu’elle le ferait ? Cela ne la concernait pas vraiment en un sens. Du moins, si Clari ne veut pas parler, pourquoi est-ce qu’elle la forcerait ?

« Oh ? Tu n’es pas intéressée, Elen ? Je pensais que tu te motiverais à le trouver. »

« Disons que ça sera en temps et en heure. Peut-être qu’un jour, tu y seras forcée. »

« Oh ? Espérons que ce jour n’arrive pas si rapidement, ça serai bien triste, je dois avouer. »

« Qu’est-ce que tu racontes maintenant, toi ? »

C’était inquiétant et peu rassurant en un sens. Où est-ce qu’elle voulait en venir ? Là, elle était maintenant vaguement inquiète alors que Clari se grattait la joue, regardant droit devant elle comme pour ignorer les autres.

« Le plus important est qu’il suffit juste d’attendre un peu et tout sera alors bon. »

Comme si tout cela n’avait aucune importance. Comment est-ce qu’elle croyait qu’ils devaient réagir après avoir parlé de la sorte ? Elle avait eté un léger froid, contrairement à son habitude, dans la place. Elen se rapprocha d’elle, demandant faiblement :

« T’es sûre que ça va bien, Clari ? Je veux dire … pas de souci en tête ? »

« Pourquoi j’en aurais ? Aucun problème de mon côté et toi ? Tu vas bien ? »

« Oui, oui, je vais, je vais bien. Si tu es sûre que rien ne te dérange, je te laisses tranquille. »

Étrange, vraiment étrange. Elle n’aimait pas ça. La prochaine lettre qu’elle enverrait à Tery concernerait alors Clari. Elle ne pouvait pas laisser ça. Peut-être que Clari ne le montrait pas du tout mais … Tery lui manquait terriblement aussi. Elle ne voulait pas que la jeune femme aux couettes blondes commette une erreur qui pourrait s’avérer très grave si elle décidait de la mettre en application. Hors de question de rester sans rien faire.

Chapitre 34 : Penser à autre chose

ShiroiRyu
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Chapitre 34 : Penser à autre chose

« Manelena ? Manelena ? Où est-ce que tu es ? »

Cela faisait maintenant une bonne demi-heure qu’il avait quitté l’auberge, ayant remarqué que Manelena ne s’y trouvait plus. Regardant à gauche et à droite, espérant la trouver, il devait malheureusement reconnaître que c’était tout simplement impossible à ses yeux.

« Mais où est-ce qu’elle est passée, bon sang ? Ce n’est pas dans ses habitudes de se comporter de la sorte ! Je vais bien finir par la trouver ! »

Il avait peur qu’elle commette une bêtise. Une plus grosse que d’habitude car oui, contrairement à ce qu’elle aimait se répéter, elle était aussi peu douée que lui dès qu’il s’agissait d’éviter de faire des idioties. C’était d’ailleurs une partie de son charme. Le fait qu’elle ignorait que depuis qu’elle voyageait avec eux, elle avait perdu de sa superbe mais cela lui permettait alors de paraître bien plus humaine à ses yeux.

« Ah … mais ce n’est pas ça qui va m’aider à la retrouver. Mane … »

Il s’apprêtait à crier une nouvelle fois alors qu’il la voyait installée à la terrasse, une bière déposée sur la table. Quelqu’un s’apprêtait à s’asseoir en face d’elle, encore l’un de ces hommes qui pensait pouvoir la faire tomber entre ses pattes avec facilité.

« Manelena ? Qu’est-ce que tu fais de bien ici ? »

Il venait de couper l’herbe sous le pied de cet arriviste, la jeune femme aux cheveux argentés tournant finalement son visage vers lui, sans un sourire, ramenant la consommation à ses lèvres avant d’en boire quelques gorgées. Elle poussa un petit soupir avant de dire :

« Tu vas donc continuer de me chaperonner pendant combien de temps, Tery ? »

« Je ne comptes pas te chaperonner ou autre. Juste savoir ce que tu fais ici. Est-ce que je peux m’installer en face de toi ou non ? Je préfère te demander au cas où. »

« Tu ne devrais même pas poser la question. Qu’est-ce que tu veux que la serveuse te ramène ? Oh et puis zut, la même que moi. »


Sans lui laisser le temps de prendre la parole, elle héla la serveuse, demandant une nouvelle bière pour elle et Tery alors que le jeune homme venait s’asseoir. Boire autant à cette heure-ci ? Est-ce qu’elle se rendait compte que ce n’était pas forcément l’heure ? Devant le regard accusateur du jeune homme, elle marmonna :

« Arrêtes donc, je ne suis pas un monstre ou autre. Je supportes très bien l’alcool. »

« Je ne peux pas en dire autant de moi, malheureusement. » soupira le jeune homme aux cheveux bruns, remerciant la serveuse d’un petit sourire. Ele le lui rendit avant de le perdre lorsque ses yeux se posèrent sur Manelenea.

« Arrête donc de courtiser les autres femmes. Je te rappelles que tu es loin d’être célibataire, compris ? Au cas où tu l’aurais oublié, tu es avec Elen. »

« Je ne l’oublie pas mais remercier la serveuse me semble être une marque de politesse. »

Ou alors, il y a autre chose qui la dérange ? Comme le fait qu’il soit là et qu’il attendes toujours qu’elle lui explique ce qu’elle fait ici après avoir disparu de l’auberge. Les minutes s’écoulèrent mais la réponse n’arriva pas, Manelena buvant tranquillement tandis que Tery tournoyait son tour sur le bord de la chope.

« Manelena ? Qu’est-ce que … tu faisais alors ici ? »

« Est-ce que tu es de la milice pour connaître le moindre fait et geste de ma personne ? » répliqua t-elle presque aussitôt, sur un ton des plus cinglants.

« Non, je veux juste voir comment tu vas, c’est peut-être trop demander car j’ai le droit de me faire du souci pour ta personne, non ? Ou là encore, c’est peut-être un peu trop demandé ? »

Elle fronça les sourcils, visiblement agacée par les répliques du jeune homme. Pourtant, elle but quelques gorgées avant de soupirer, murmurant :

« Je me renseignais juste sur la situation à Shunter. A part quelques lourdeaux qui viennent me voir en espérant s’attirer mes faveurs, je n’ai rien eut. »

« Ils sont tout simplement fous. Je ne crois pas qu’un homme obtiendra tes faveurs de toute façon, Manelena. Sans vouloir paraître méchant. »

« Qu’est-ce que tu insinues, Tery ? Fais attention à toi. » continua de chuchoter Manelena, le regard fronça, ses yeux rubis posés sur lui alors qu’il soupirait. Comment expliquer tout ça sans se prendre un poing dans la figure ? Ah, il avait peut-être une idée.

« Qu’il faudrait un homme terriblement fort pour avoir de la valeur à tes yeux. A force, je commence à te connaître et je sais parfaitement que tu ne te contenteras pas d’un homme du peuple ou de quelqu’un de vraiment basique. Il te faut quelqu’un qui a de la poigne, du répondant, de la volonté. »

« Un peu la description de l’homme parfait, supérieur aux autres, non ? C’est donc comme ça que tu vois le prétendant qui aurait mon cœur ? »

« D’après mes connaissances, je dirais que oui. Est-ce que je me trompes ? »

« Je ne te dirais pas si tu as tort ou si tu as raison. » répondit sèchement Manelena. Ils avaient détourné le sujet et cela était parfait pour elle. Néanmoins, elle détourna légèrement la tête, murmurant pour elle-même : « Imbécile. »

« Hein ? Tu as dit quelque chose, Manelena ? » questionna le jeune homme, intrigué par les propos de Manelena, celle-ci hochant la tête négativement, terminant sa consommation avant de se mettre debout. Sans attendre que le jeune homme fasse de même, elle quitta la table, Tery finissant sa chope, cherchant à la rattraper. « Mais attends un peu, Manelena ! Qu’est-ce que tu fais ? Je voulais juste te parler, rien de plus ! »

« Et c’est déjà beaucoup trop à mes yeux de toute façon. Idiot du village. »

Qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter une telle insulte ? Il s’apprêtait à poser la question mais vint se retenir. La jeune femme avait bien mieux à faire que de perdre son temps avec lui, c’est bien ça ? Il se gratta légèrement la joue, marchant à côté d’elle.

« Tu sais, Manelena, j’ai aussi envie de retourner à Shunter mais surtout de ne plus bouger. »

« De ne plus bouger ? Comment ça ? Qu’est-ce que tu racontes là ? »

« M’installer au calme et ne plus rien faire. Juste passer mon temps à vivre normalement. Tu sais, au bout d’un moment, tu es las de tout mouvement. Tu n’as pas envie d’exister de telle façon que tu n’as pas à te déplacer ? Que tu n’es pas détesté et hait qu’importe l’endroit où tu es ? Que tu n’as pas à avoir peur de te faire tuer dès que tu sors de chez toi ? »

« Tery … tu penses vraiment à tout ça ? Vraiment ? »

Il hocha la tête positivement. C’était une habitude chez lui mais bon, il s’y faisait. Ça ne l’inquiétait pas le moins du monde à la base. Pourtant, Manelena l’empoigna par le bras, le forçant à la regarder avant qu’elle ne dise avec irritation :

« Je pensais qu’on avait déjà réglé ce souci de pessimisme auparavant ? Visiblement, la leçon n’a pas été comprise ou je rêve, non ? »

« Ce n’est pas du pessimisme ! Qu’est-ce que tu racontes ? Je veux juste vivre posément. »

« Tu regrettes ta vie actuelle ou quoi ? Qu’est-ce qui te dérange dans ce que tu vis ? »

« Ce que je suis sinon … je restes très heureux de te connaître mais aussi d’avoir connu tout le monde. C’est tout. C’est aussi simple que ça. »

« Qu’est-ce que tu baragouines encore ? Tu parles au passé comme si tu n’allais pas survivre à tout ça ? Tu n’es pas en train de t’imaginer … oh toi … »

Elle vint le frapper en plein visage mais l’empêcha de tomber en arrière, le tirant jusqu’à elle. Elle vit du sang qui coulait du nez du jeune homme mais ne s’en alarma pas. Elle avait frappé fortement, très fortement car elle avait décidé de ne pas retenir son coup face à cet imbécile. Elle continuerait si c’était nécessaire ! Autant de fois qu’il le faudrait !

« Et encore, je suis sûre que je peux faire bien pire, Tery. Tu survivras, je te le promets. Nous survivrons tous car je l’ai décidée. Tu resteras en vie, il n’y a pas d’autres choix. Tu ne peux pas mourir, compris ? Tu vas me répondre bien gentiment. Compris ? »

« Si tu veux bien me lâcher car tu me fais légèrement mal quand même, je tiens à te le signaler. Je n’aime pas souffrir inutilement. »

« Réponds-moi. Tu vas rester en vie non ? Tout le monde a besoin de toi. Si tu t’abandonnes à la mort sans même avoir lutté, tu n’es alors plus qu’un moins que rien, compris ? »

« Je ne suis pas comme ça et je ne le serais jamais, je tiens à te corriger. Tu t’inquiètes peut-être beaucoup trop pour ma personne. Je suis … j’allais dire humain comme les autres. »

Elle s’apprêta à le frapper une nouvelle fois mais il para le coup comme si de rien n’était. Dommage pour elle mais il n’allait pas se laisser faire. Il pressa un peu le poing pour le reculer avant d’émettre un léger sourire. Qu’elle arrêtait donc, c’était inutile.

« Manelena, laisses-moi donc vivre ma vie, ce n’est pas une fatalité. »

« Pourtant, tu l’exprimes comme si ça l’état donc bon, de qui est-ce que tu te moques ? »

« Je veux surtout savoir … ce que tu comptes faire, Manelena. C’est aussi simple que ça. Qu’est-ce que tu as comme idée en tête actuellement ? Dis-le moi. »

« Quelque chose qui ne te concerne pas, Tery. Je comptes juste retourner à Shunter. »

« Ah bon ? Et pourquoi ça ? A cause de … lui ? » demanda le jeune homme, peu surpris visiblement par les propos de la femme aux cheveux argentés.

« Pourquoi est-ce que tu cherches à le savoir alors que tu connais la réponse hein ? »

« Car j’aime bien avoir une confirmation. Ta décision est donc prise ? Pas de retour en arrière, tout ça ? Je préfère vraiment en être sûr. »

« Je veux surtout mettre un terme à la rébellion, voilà tout. »

« C’est de la folie, est-ce que tu t’en rends compte ou non ? Je tiens à te prévenir. »

Mais qu’importe, visiblement … elle n’y tient guère compte. Il poussa un petit soupir. Ce n’était pas vraiment ça qui allait arranger leurs relations, elle s’en rendait compte ? Mais voilà, comme c’était décidé, il marmonna :

« Je préférerais que tu attendes quelques jours, Manelena, c’est tout ce que je te demandes. »

« Ah bon ? Et pourquoi ça ? Qu’est-ce que tu comptes faire exactement ? Je peux savoir ? »

« Tout simplement t’accompagner ? J’ai reçu une lettre d’Elen, je lui ait répondue. Néanmoins, si tu peux attendre sa réponse et que je lui dises où nous allons, ça sera mieux. »

« Humpf, qui a dit que je voulais que tu m’accompagnes ? Je ne crois pas te l’avoir proposé de toute façon, non ? Cela ne regarde que moi au final. »

« Ou alors, tu ne vas pas à Shunter et tu réfléchis à tout ça plus posément, ça marche aussi non ? Tu ne crois pas ? Ça ne me semble pas si absurde. »

« Si absurde ? Qui est-ce que tu es pour me faire la morale ? Je peux le savoir ? »

« Je veux surtout te proposer une soirée d’ici un ou deux jours. Pour que tu penses à autre chose et moi aussi. Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Je verrais ça. Je te donnerais une réponse dans les heures qui suivent, d’accord ? » marmonna t-elle, cherchant à s’éloigner de lui. Bizarrement, elle y arriva.

Se retournant, un peu étonnée de la facilité à s’être débarrassé de Tery, elle le chercha du regard mais il avait complètement disparu après avoir obtenu sa réponse. Etrange, très étrange, qu’est-ce que ça voulait dire ? Elle regarda à gauche et à droite, cherchant à obtenir une réponse qui ne venait pas. Il n’était plus là ? Il était parti dans une ruelle.

« Tery ? Où est-ce que tu te trouves ? Je détestes les surprises. »

Aucune réponse de sa part. Elle émit un grognement. Plus que le fait qu’il la questionnait sans même se soucier de ce qu’il demandait, elle détestait ça ! Elle commença à regarder autour d’elle, se mettant en marche. Est-ce qu’il était retourné à la taverne ?

Si tel était le cas, il aurait put prévenir ! C’était vraiment une absurdité ! Il se moquait d’elle ou quoi ? Elle allait tout simplement le voir et lui dire ce qu’elle pensait de tout ça ! Elle retourna avec agacement en direction de l’auberge où ils avaient pris les chambres, commençant à grimper les étages avant qu’une voix ne le hèle :

« Hey ! Mademoiselle ! Si vous recherchez votre compagnon, il m’a laissé un message qui vous signaler de pas le chercher. Il reviendra dans la soirée ! »

« Et il n’a pas donné plus de détails par hasard ? C’est bien ça ? »

« Rien d’autre malheureusement, je m’excuse hein ? Mais s’il fallait me dire où exactement, il s’est un peu loupé sur le moment hein ? Dommage pour vous. »

Dommage pour elle ? Elle serra le poing avec force, presque prête à briser le bois qui se trouvait dans celui-ci. Elle descendit les escaliers qu’elle avait commencé à monter, quittant l’auberge. Oh ! Tery voulait lui faire des secrets ? Il allait vite comprendre que ça ne fonctionnait pas comme ça avec elle ! Mais pas du tout !

Où est-ce qu’il avait put se rendre ? AH ! Elle avait une idée même si ça lui déplaisait ! Là où il avait été faire le fier avec ses golems ! Elle savait qu’il était là-bas ! Elle s’y rendit avec vivacité, visiblement agacée avant d’interroger les sorciers.

« Le jeune homme de la dernière fois ? Non, il est juste passé en coup de vent pour préciser qu’il ne pourra pas venir pendant quelques jours. C’est vraiment dommage. »

« Et il n’a pas dit où il se rendait ou alors ce qu’il comptait faire ? »

« Pas vraiment, il a juste dit que c’était assez important. »

Mais qu’est-ce que … qu’est-ce qu’il était en train de foutre ? Elle commençait à en avoir par-dessus la tête de ces conneries ! Le pire était qu’elle n’avait aucune indication sur l’endroit où il se trouvait ! Qu’est-ce qu’il foutait ? AH ! Elle savait où il pouvait être ! Il n’y avait plus qu’un seul endroit qu’elle n’avait pas encore visité !

La tour des archimages. Si Tery n’était pas là, elle pouvait abandonner ou presque. Ah … ça l’énervait, ça l’énervait plus que tout. Elle n’arrivait pas à croire cela mais au final, elle ne devait pas se faire d’illusions. Pourquoi est-ce qu’il serait là-bas ? Elle prit une profonde respiration, pénétrant dans la tour avant de demander à voir le grand archimage.

« Il est indisponible pour le moment. Quelle est votre question si on peut y répondre. »

« Je ne penses pas qu’il sache de toute façon mais … vous auriez vu Tery ? Le jeune homme qui m’accompagne habituellement. S’il est passé par ici ou non. »

« Juste en coup de flèche. C’est la première fois que je le voyais aussi exalté. »

« Et bien entendu, je ne pense pas qu’il vous ait prévenu de l’endroit où il se rendait. »

« En fait, je sais juste que c’était par rapport à des tissus magiques mais à part, pas vraiment. C’est juste ce que j’ai put entendre au loin. »

« Des tissus magiques ? Je .. enfin bon, laissez tomber. Je vais aller voir par moi-même. »

Elle avait mal au crâne, quittant le tour des archimages en se disant que Tery devait s’être bien foutu de sa gueule en fin de compte. Elle n’aimait que moyennement tout ça. Visiblement agacée, elle retourna à l’auberge, venant s’asseoir à une table.

Nul homme ne tenta de la déranger. Il fallait dire qu’elle ne prêtait pas à la discussion en vue du regard qu’elle avait. Tery ! Bon sang ! Si elle le revoyait, il pouvait être sûr qu’elle allait lui en faire baver ! Et salement ! Hors de question qu’elle passe à côté de ça !

Même pas un message, même pas un coucou. Elle voyait Tery revenir seulement très tard dans la soirée. Elle n’arrivait pas à croire ça. Tery était parti toute une journée sans elle ? Et quand il était rentré dans l’auberge, il ne l’avait même pas vue ? Il avait décidé de monter à l’étage, tenant quelque chose entre ses mains qu’elle n’eut pas le temps de reconnaître.

« Pourquoi est-ce que je me sens si énervée ? »
Elle se murmurait cela, visiblement très agacée et enragée par le fait que Tery l’ignorait. Elle n’avait pas cette habitude que le jeune homme lui cache quelque chose … et ça l’énervait, voilà tout. Ça l’énervait plus que la moyenne même.

Alors, il avait intérêt à descendre et vite avant qu’elle ne s’emporte et s’énerve ! Finalement, une trentaine de minutes plus tard, c’était le cas, tout sourire. Elle se leva aussitôt, Tery perdant son sourire alors qu’elle se plaçait en face de lui :

« Tiens ? Coucou Manelena. Tu vas bien ? »

« Est-ce que je vais bien alors que tu as disparu de toute la journée, sans même me prévenir ? Tu veux vraiment savoir ma réponse ? »

« Oh, j’avais quelque chose de très important à faire, je suis vraiment désolé. »

« Désolé, désolé, tu vas pouvoir l’être, oui, surtout après que je me sois occupé de toi, Tery ! Ou alors, tu vas me dire ou tu étais ? Car tu n’étais pas à la tour des archimages, ni à l’auberge, ni à l’endroit où nous nous sommes entraînés. »

« Tu as vraiment fait tout ce chemin ? » demanda Tery avec étonnement.

« Et dire que je n’ai même pas été à la bibliothèque. »

« Pourquoi est-ce que tu aurais été là-bas ? Enfin bon … Euh … t’en fait pas, je ne serais pas parti sans toi hein ? J’avais juste quelques trucs à préparer, rien de plus. »

« Et c’est quoi ces trucs que tu dois préparer ? »

« Je ne peux rien dire, c’est secret ! Mais ça te concerne ! Bon, en fait, je pensais boire pour me désaltétrer mais je pense que je vais éviter. Tu risquerais de me tirer les vers du nez. »

« Comme si je voulais vraiment savoir quelque chose qui provient de toi, tss … »

Pourtant, elle était tiraillée entre essayer de l’ignorer ou tout simplement le forcer à parler. Le jeune homme ne lui ferait pas de coup dans le dos, n’est-ce pas ? Ce n’était pas son genre. Pas du tout … n’est-ce pas ? Elle le fixa pendant de longues secondes avant de soupirer :

« Ce n’est rien de dangereux, n’est-ce pas ? Tu me le promets ?

« Oh, je peux te le certifier que ce n’est rien de dangereux. C’est même tout le contraire ! »

« Alors si c’est le cas, tu n’as pas à avoir peur de venir boire un verre, voilà tout. »


Elle n’avait pas totalement tort en y réfléchissant bien. Il hocha la tête positivement, lui faisant un petit sourire pour lui signaler que pourquoi pas ? Finalement, il commanda à boire et à manger, Manelena faisant de même en s’installant en face de lui.

« Je ne mords pas … et je te fais confiance. »

« Tu le peux. Je suis sûr que ça te fera plaisir, Manelena. »

Elle haussa un sourcil. Comment quelque chose dont elle ne savait rien pouvait lui faire plaisir ? Il était capable de lire dans le futur ? Non. Alors qu’il ne prétendait pas connaître ses pensées sans même savoir ce qu’elle était actuellement.

« Est-ce que ça te convient ou non ? »

« Si ça me convient, Manelena ? Je suis content surtout de voir que tu ne m’en veux pas, loin de là. Mais promis, je sais que ça te ravira. »

« Comment est-ce que tu peux en être aussi convaincu que ça ? »

« Je sais pas … je te connais quand même beaucoup. Ca doit jouer un peu, j’imagine non ? »

Elle hocha la tête. Il marquait un point. Maintenant, elle n’avait plus envie de lui mettre le sien sur son groin. Etrangement, elle était soulagée. Terriblement soulagée par ce qu’elle ressentait et ce qu’elle voyait. Tery ? C’était à cause de lui ?

« Bon appétit, Tery. Manges-bien, tu dois en avoir besoin. » chuchota t-elle, le jeune homme la remerciant en lui souriant. Elle … ne comprenait que peu ce qui se passait avec elle.