Chapitre 33 : Une unique dirigeante

ShiroiRyu
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Chapitre 33 : Une unique dirigeante

« On devrait peut-être se renseigner non ? Du moins, aller dans une taverne ? »

« Si on veut des informations, nous n’avons pas trop le choix de toute façon. »

« C’est exact. Ne perdons pas plus de temps alors. Le temps, c’est de l’argent ! Enfin, presque … ce n’est pas comme si nous avions un souci financier. »

« C’est exact, Clari. Bon, alors, c’est décidé. »

« On y va ? » demanda une dernière fois la femme aux couettes blondes, sourire aux lèvres tandis qu’Elen hochait la tête positivement. Bien entendu, bien entendu. Ca ne servait à rien de se presser. Ils n’avaient pas le feu au lac non plus hein ? Encore que … si c’était un lac constitué d’un liquide inflammable, c’était surement possible.

« Mais qu’est-ce que j’imagine moi ? »

Elen se secoua la tête négativement, se disant que ce n’était pas une bonne chose. Des fois, elle avait des idées vraiment sinistres. Vouloir faire un lac de feu, ça ressemblait presque à un flot de lave provenant d’un volcan. Brrr ! Des fois, elle était presque folle.

« Ça vous convient ? Ça ne semble pas très mékalarmien comme endroit donc on ne devrait pas avoir trop de problèmes, j’imagine. »

Difficile à dire tant qu’ils n’étaient pas à l’intérieur. La petite troupe pénétra dans le bâtiment, quelques têtes se tournant vers eux. Elen poussa un soupir de soulagement. En vue des différentes races présentes, elle n’avait pas trop à s’en faire.

« Installons-nous à une table et commandons donc à manger et à boire. »

Sérest avait pris la parole. Bien entendu, cela n’avait pas pour but de leur ordonner de le faire mais c’était la meilleure solution. Il ne fallait pas trop se faire remarquer, bien qu’avec le prince Royan dans les parages … enfin, celui-ci avait camouflé sa chevelure bleue pour éviter de se faire repérer trop facilement.

Pendant qu’ils attendaient de pouvoir prendre commande, Elen tendait l’oreille pour écouter des brides de conversation. Sur quoi est-ce qu’ils allaient tomber ? Un petit coup d’épaule sortit la jeune demoiselle de sa rêverie avant qu’elle ne regarde la serveuse :

« Alors, pour vous, qu’est-ce que ça sera ? »

Euh … Elle était salement peinée. Elle n’avait pas réfléchit à la question. Bon, euh … alors, alors, alors … qu’est-ce qu’elle voulait faire ? Ah oui ! Hum, elle commanda un morceau de viande ainsi qu’un peu d’alcool. Elle en avait besoin en vue des évènements qui les attendaient, sans que Tery ne soit là pour les partager avec eux.

« Arrêtes donc de faire la tête, tu sais bien que ça n’allait pas nous tomber dans la main, non plus, n’est-ce pas ? Arrête donc de te morfondre à ce sujet et patientes un peu, Elen. Ca ne sert à rien de se presser. Je sais que c’est dur. »

« Tu le sais, tu le sais … tu ne sais pas grand-chose, Clari mais bon, merci. »

Elle ne pouvait que remercier la jeune femme à la même couleur de cheveux qu’elle. Depuis qu’ils étaient tous partis et surtout qu’elle était éloignée de Tery, elle pouvait se montrer très désagréable, elle le savait parfaitement. Donc … merci à elle de la supporter.

« Voilà, maintenant, on peut se mettre à manger bien tranquillement. »

Facile à dire mais pas à faire, n’est-ce pas ? Elle n’avait pas très faim mais se força néanmoins à manger d’un bon appétit. Car oui, ça ne servait à rien d’avoir l’estomac non-rempli sauf à l’entendre grogner sans raison.

« Bon appétit à vous. Rappelez-vous juste pourquoi nous sommes là. »

« Ne t’en fait pas, Elen. Nos oreilles sont grandes ouvertes. »

Elise lui avait répondu avec un petit sourire, mangeant calmement de son côté. Dire que c’était elle qui aurait le plus de problèmes si on trouvait ses origines et pourtant, elle ne s’inquiétait pas le moins du monde. Elle avait une grande volonté contrairement à ce que l’on croyait. Elle devait faire pareil. Encore que bon … elle avait Royan de son côté.

« C’est mignon en un sens même si ça ne se remarque pas. »

« De quoi est-ce que tu parles, Elen ? Mignon ? Qui ? » demanda Clari tandis qu’elle ne lui répondait pas. C’était mieux de ne pas lui déclarer ses pensées.

« Rien de bien important. Juste une idée absurde dans la tête. Mais bon, on ferait mieux de se taire pour le moment. Surtout en vue de ce que l’on fait ici. »

Qu’elle évite de le dire trop fort aussi hein ? Car de base, ils étaient là discrètement. Bon, bien entendu, un groupe de six personnes ne passait pas inaperçu mais voilà, il ne fallait pas exagérer non plus. Ils ne faisaient rien de mal.
Les minutes s’écoulèrent sans qu’aucun n’ouvre la bouche pour prendre la parole. Le tout était d’être patient. Quand ils seront fondus dans l’auberge, les discussions reprendront comme si de rien n’était et alors, ils obtiendraient quelques informations des plus précieuses.

« Nous recherchons quoi exactement au fait ? Comme informations ? » demanda Elise alors que Sérest murmurait avec douceur :

« Des informations sur la créature légendaire de Mékalarma. »

« Mais rien d’autre ? Car si c’est le cas, nous n’avons peut-être que peu de chance de trouver ce que nous recherchons, n’est-ce pas ? »

« Peu de chances ne veut pas dire pas de chance du tout. Nous devons faire de notre mieux pour obtenir le plus d’informations, voilà tout. »

« C’est vrai. De toute façon, c’est la première auberge que nous visitons. »

Du moins, depuis qu’ils étaient en Mékalarma. Ca ne pouvait pas leur faire du mal de toute façon. Est-ce qu’ils allaient prendre une chambre ? Ils n’en savaient trop rien de toute façon. La femme ailée avala un morceau de sa viande avant de souffler :

« Pour aujourd’hui, je pense que nous en avons assez fait. Si ça ne vous déranges pas, je vais aller prendre les chambres. Est-ce que vous voulez tous des chambres séparées ? »

« Pour ma part, cela me semble logique que j’en ait une à moi seul. Sérest et Séran, la question ne se pose pas normalement à leur sujet. »

« Oh ! Pour ma part, je vais demander deux lits dans une même chambre. J’ai envie de discuter avec Elen aujourd’hui, si ça ne la dérange pas. »

« Hein ? Euh, oui, pourquoi pas ? Je ne dis pas non à une discussion entre filles. Ca peut être quelque chose d’agréable. Vas pour cela. Elise, tu veux peut-être venir aussi ? »

« Vous voulez bien ? Je … euh … D’accord ! J’accepte ! »

C’est surtout pour que la jeune demoiselle ne se sente pas délaissée. Alors une chambre à trois lits, ça doit être possible à trouver dans une auberge comme cela. Finalement, après une dizaine de minutes, chacun à la clé nécessaire avant qu’ils ne se séparent.

« On se retrouve demain avant le déjeuner. On mange alors un morceau puis on reprend la route, d’accord ? Aucun souci ? » demanda Elen en regardant les autres.

« Aucun problème. Je serais sûrement le premier debout. Je compte me coucher tôt. » déclara Royan en haussant les épaules, montant le premier à l’étage.

« Bonne nuit, pr … » commença à dire Elise avant de s’arrêter. Il valait peut-être mieux ne pas évoquer le fait qu’il était prince, ça serait problématique. Et surtout, ils auraient de gros ennuis et risqueraient d’être gêné dans leurs recherches. D’ailleurs, en parlant de recherche, c’était le vide complet malheureusement aujourd’hui.

« Je ne m’attendais pas à ce que tu me proposes cela, Clari. »

« Ah bon ? Pourtant, c’est une banalité. Je me rappelle l’avoir déjà fait avec Tery auparavant. Oh, maintenant, ça commence à dater quand nous étions encore dans l’armée. »

« Mais surtout, de quoi est-ce que tu veux parler ? Car je n’en ait aucune idée, je l’avoue. »

« Nous pourrions parler de Tery, Manelena et Royan. Mais aussi de ce que l’on doit faire. Vous pensez que nous allons avoir des difficultés à combattre cette créature légendaire ? »

« Je ne sais pas trop. C’est vrai que nous n’avons pas Tery et Manelena mais nous t’avons quand même si y a un souci, Elise. » répondit Clari alors que la demoiselle aux cheveux auburn hochait la tête, bredouillant :

« Ne pensez quand même pas trop de bien de moi. Je ne suis pas aussi forte que Tery hein ? Je n’avais qu’une vie banale, il y a moins d’une année, vous savez. »

« Dis-toi que Tery ne s’était jamais entraîné avant que je le rencontre. Tout cela n’est qu’une question d’entraînement et de patience. Je suis sûre que tu as des capacités. » murmura Elen en lui souriant, voulant bien la rassurer par ses paroles.

« J’espère que c’est vrai. Mais bon, de toute façon, je ne suis plus seule. »

« Oui, si tu as besoin d’aide, nous sommes dans les environs, comme auparavant. Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet. Nous nous débrouillerons si nécessaire. »

« Merci, je vous fais confiance. Tery et vous m’avaient permis de rester en vie … et de contrôler ces cornes. Sans vous, qui sait ce que je serais devenue ? »

« Surement une ennemie à abattre. Enfin, ça n’a pas beaucoup changé. » déclara Clari tout en rigolant, reprenant la parole : « Mais au moins, tu n’es plus seule, comme tu l’as si bien dit. Nous sommes là pour t’épauler. »

La femme aux cheveux auburn sourit faiblement, hochant la tête pour remercier les autres demoiselles présentes dans la chambre. Finalement, la soirée allait se débrouiller sous les meilleures auspices de toute façon.
Les trois femmes discutèrent pendant des heures, ne se préoccupant pas de la nuit qui tombait. Néanmoins, le lendemain matin, lorsqu’elles descendirent, elles avaient le sourire aux lèvres bien que le réveil avait été sacrément difficile d’après ce qu’il était possible de voir chez elles. Elen mit une main devant sa bouche, touchant l’une de ses mèches de cheveux.

« Je crois que je suis plus fatiguée que prévue. »

« Cela vous apprendra à discuter toute la soirée, Elen. J’ai put vous entendre à travers les murs. Du moins, des murmures, rien de plus. »

Elise avait piqué un léger fard aux propos du prince, ayant presque ouvert la bouche pour dire quelque chose mais Royan avait infirmé ce qu’elle pensait. Pfiou ! Tant mieux.

« Comme nous n’avons rien obtenu comme informations, nous partirons dès la fin du déjeuner. » dit Séran alors que les autres personnes acquiesçaient en silence.

« Ah quand même … ce sacré bordel avec la nouvelle dirigeante en Mékalarma. »

« Tout ça parce qu’il s’agit de la créature légendaire, tout ça. Je vous jure, c’est n’importe quoi. C’est vraiment n’importe quoi, n’importe quoi, je te dis ! C’est tout simplement n’importe quoi. Comment est-ce que je vais faire ensuite ? »

« Pour vendre tes marchandises ? C’est quoi le rapport entre la nouvelle dirigeante et ça , J’en vois aucun hein ? Je sais pas ce que tu t’imagines aussi. »

« Mais je me fais des idées, c’est tout, t’en fais pas. Je crois que l’alcool de bon matin, c’est peut-être pas la meilleure chose que j’ai faite de ma vie. »

« A force de proférer des bêtises de la sorte, tu vas me couper l’envie de boire ! »

« Hahaha ! T’en fait pas, je t’en payes un second verre ! »

Les deux hommes, visiblement déjà bien éméchés alors que la journée ne faisait que débuter, continuèrent de déblatérer alors qu’un sourire se dessinait sur les lèvres d’Elen.

« Visiblement, nul besoin d’aller chercher des détails. On vient de les obtenir. »

« Souvent quand l’alcool coule, les langues se délient. Mais donc, l’actuelle dirigeante de Mékalarma … serait la créature légendaire ? Est-ce possible ? »

« D’après mes souvenirs, Royan, elle est humanoïde contrairement aux autres. Donc, ça doit sûrement être possible. Je n’y ait pas réfléchit, je dois l’avouer. »

Les personnes se regardèrent longuement. Ainsi, elles avaient une réponse par rapport à tout ça. Maintenant, ce n’était pas vraiment très rassurant Ce fut Sérest qui vint dire :

« Cela va rendre bien plus difficile la tâche de réussir à se rapprocher d’elle. Je pense que ça va retarder nos retrouvailles malheureusement. »

« Hein quoi ? Hors de question ! Qu’importe si c’est … grrr … pas ici mais non. »

Elen se contrôlait difficilement tandis que les autres n’ouvraient guère la bouche pour ne pas la contredire. Elle avait prévenu au départ : le plus vite ça serait terminé, mieux c’était ! Et elle ne comptait pas changer de ligne de conduite maintenant.

« Je veux retrouver Tery au plus vite. Et ce n’est pas elle qui m’en empêchera. Compris ? »

« Le message est bien passé, Elen. Néanmoins, je te conseilles de faire attention. Je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée que de se mettre encore Mékalarma à dos. »

Elle haussa les épaules comme pour bien prévenir que ça ne la dérangeait pas le moins du monde. Le plus important, c’était qu’elle retrouve Tery le plus rapidement possible. Et ça, qu’importe la méthode à utiliser pour y arriver !

« Le message est bien passé, Elen. Néanmoins, nous devrions nous en aller. »

Ce n’est pas que c’était un problème mais il fallait avouer que si. Clari fut la première à se mettre debout tandis qu’ils quittaient l’auberge après deux bonnes minutes. Comme ils avaient déjà payé tout ce qu’il fallait, ils n’avaient aucune raison de rester plus longtemps en ces lieux. Elen s’étira pendant quelques secondes avant de dire d’une voix enjouée :

« Et maintenant ? Que faisons-nous ? »

« Nous nous en allons. Nous avons de la route. Maintenant que l’on sait où elle se trouve, il n’y a pas cinquante endroits où elle peut se rendre. »

C’est vrai. La créature légendaire ne peut qu’être là-bas … vers la capitale de Mékalarma. C’est en cet endroit qu’elle loge pour pouvoir établir son pouvoir. La femme aux cheveux blonds passe une main dans ces derniers avant de soupirer :

« Ne perdons alors pas plus de temps, ça sera mieux. »

Elle fit les premiers pas mais Sérest et Séran passèrent devant elle, montrant par là qu’ils allaient les guider comme d’habitude. Pourquoi changer une telle chose ? Finalement, la marche fut à nouveau assez longue et éreintante tandis qu’ils discutaient entre eux :

« Si on considère qu’il s’agit de la créature légendaire de Mékalarma, nous devrions déjà nous poser la question si l’un d’entre vous sait maîtriser l’élément de la terre non ? »

« Hum, je me débrouilles mais sans plus. Tery aurait été parfait avec ses golems mais bon, avec la mesure de sécurité que nous avons pris, il vaut mieux ne pas y penser. » répondit Clari après la question d’Elen basée sur l’élément.

« Il faudra juste faire vraiment très attention au prince Royan, non ? »

« Mademoiselle Elise, je ne suis pas faible à ce point, vous savez ? Il ne faut pas croire que je suis chétif et tremblant. Ne vous inquiétez donc pas, je me débrouillerais parfaitement. »

« Je ne suis pas vraiment sûre. Je resterai à vos côtés néanmoins. Par mesure de sécurité. »

« Est-ce que j’ai vraiment l’air d’avoir besoin d’une garde du corps ? » demanda l’adolescent aux cheveux bleus, la jeune femme penchant la tête sur le côté comme pour bien montrer que ce n’était pas ça qui la préoccupait, loin de là même.

« Je ne sais pas ! Peut-être non ? Ce n’est pas une si mauvaise idée quand même ? »

Il haussa tout simplement les épaules, sans réellement répondre à la jeune femme aux cheveux auburn. Elle voulait se montrer gentille et appréciable. Il n’allait pas refuser une telle aide. Il poussa un petit soupir, signalant qu’il était d’accord pour ça alors que Clari avait un énorme sourire aux lèvres, tapotant doucement le sommet du crâne de Royan comme pour lui dire que c’était un brave garçon et qu’il avait tout compris. Il voulut demander « tout comprendre mais quoi ? «  mais en la regardant, il comprit que cela devait être sûrement une bêtise donc autant ne rien demander plutôt que de s’ennuyer avec ça.

« De toute façon, nous ne sommes pas encore proches d’y arriver. Il y a beaucoup de marche à accomplir pour que nous puissions arriver à la capitale. »

« Et même là-bas, nous allons devoir nous préparer et imaginer un plan pour pouvoir réussir à atteindre la créature légendaire. Autant dire que ça ne sera pas aisé, loin de là. »

« Nous ne pensions pas que ça l’aurait été de toute façon. » répondit Elen après les paroles de Sérest puis de Séran. Ils ne se font pas d’illusions à ce sujet de toute façon.

« Mais donc, comme il s’agit de Park, comment peut-on contrer ses pouvoirs élémentaires de la foudre sans avoir Tery à nos côtés ? » demanda Clari avec lenteur.

« Ce n’est pas aussi simple que ça, loin de là. Nous devrions d’abord espérer le trouver. Ensuite, nous verrons quoi faire. » termina de dire Royan, signe que la conversation était maintenant finie. Ils devaient accélérer le rythme.

Un rythme assez rapide mais nécessaire s’ils ne voulaient pas perdre trop de temps de toute façon. Comme quoi, s’ils patientaient un peu trop, cela pouvait mal se finir. Park était sûrement au courant qu’il allaient venir pour elle. A partir de là, la situation en Mékalarma n’allait pas être plaisante. Ah … de toute façon, ils n’étaient pas parti pour que tout cela soit quelque chose de plaisant. Ils allaient devoir se battre, c’était la seule chose à retenir.

« Nous devrions nous préparer mentalement au combat, n’est-ce pas ? »

« Je ne peux pas vraiment te dire à ce sujet, je dois l’avouer, Elen. Je crois que Park est aussi spéciale que les autres créatures légendaires mais je ne sais pas encore en où. Peut-être que Sérest ou Séran auraient une réponse à nous donner ? »

« Nullement pour le moment. Il va falloir passer par une étude de la situation avant de foncer tête baissée sur l’adversaire, vous ne pensez pas que ça serait mieux ? »

« Nous ne prétendons pas le contraire, loin de là. »

Comme quoi, même Sérest et Séran ne pouvaient pas forcément connaître toute la vérité sur cette histoire. Elen haussa les épaules comme pour bien montrer que ça ne la dérangeait pas. Il suffisait alors tout simplement de patienter, non ?

Une nouvelle journée se passa bien plus rapidement et facilement que la précédente. Néanmoins, aujourd’hui, il ne fallait pas espérer dormir dans une auberge. Ah … est-ce que Tery avait reçu sa lettre ? Est-ce qu’elle allait en avoir une bien assez tôt ?
Les tentes étaient déjà montées alors qu’un petit feu de camp était préparé. Il n’y avait pas de foudre aujourd’hui. Tant mieux en un sens, cela permettait d’éviter à se préoccuper de ça. Elle observa le ciel dont les nombreux nuages cachaient les étoiles.

« Je n’aime vraiment pas cet endroit. Je le trouve tout simplement vide de sens et sans intérêt. Comment est-ce que les Mekalarmiens peuvent l’apprécier ? »

Cela dépassait sa compréhension. Elle poussa un profond soupir. Ca ne lui plaisait pas. Ca ne lui plaisait pas le moins du monde mais il était l’heure de se coucher. Elle était la dernière debout. Elle avait du mal à dormir sans Tery, c’est pourquoi elle était toujours celle qui s’occupait du feu avant de l’éteindre. Elle mit une main devant sa bouche, commençant à bailelr avant de se redresser pour se diriger vers la tente.
A l’intérieur, Clari et Elise dormaient déjà depuis longtemps. Elle s’installa dans son coin, s’emmitouflant sous les tissus alors qu’elle cherchait déjà à rejoindre le pays des songes. Elle n’était pas partisane de la mort des créatures légendaires mais en même temps, elle savait qu’il fallait l’accomplir. Elle comprenait cette décision de devoir les tuer.

« Mais à quoi est-ce que tout ça va nous mener ? »

L’arrivée des Démons ? D’après Ernold, c’était tout simplement impossible. Il fallait bien plus que la mort des créatures légendaires pour pouvoir y arriver. Mais voilà, quelles étaient les limites à ne pas franchir ? Et surtout, en vue de ce qu’était Tery, qu’est-ce que tout cela allait emmener si … les créatures légendaires disparaissaient complètement ?

Chapitre 32 : Sa propre force

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Chapitre 32 : Sa propre force

« Non, non et non. »

Assis le lit, le jeune homme aux cheveux bruns observait ses mains avec inquiétude, semblant réfléchir à quelque chose dont il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il fit apparaître ses lignes sur sa main, poussant un léger soupir.

« Ca ne sert à rien du tout. Si je n’arrives plus à concentrer ma haine … non, ce n’est plus ça. »

Il le savait. Depuis le départ, les lignes d’Alzar ne se basaient pas sur la haine d’une personne. Normalement, tout le monde pouvait contrôler ses lignes d’Alzar. Le seul souci, c’est que beaucoup se laissaient manipuler et absorber par les pouvoirs. A partir de là, il n’y avait alors qu’une seule et unique solution :

« Soit s’y soumettre, soit y résister. Je pense que c’est ce que Manelena m’a fait comprendre la première fois. AH ! Manelena ! Je devrais aller la voir ! Elle doit dormir encore. »

Il quitta la chambre, se dirigeant vers celle de Manelena avant de rentrer discrètement à l’intérieur. Elle dormait encore, comme il le pensait. D’ailleurs, oui, elle semblait si paisible. Une partie de ses cheveux argentés cachait son visage tandis qu’il avait le sourire aux lèvres. Bien entendu, la belle au bois dormant ! Oui, oui !

« On ne croirait pas que derrière ce visage d’ange se cache une furie. »

Il se chuchotait cela, amusé par ses propres propos tout en regardant longuement la demoiselle qui était allongée dans son lit. Il voyait son corps qui se soulevait, sa respiration se faisant plus imposante. Elle dormait bien.

« Je ferais mieux de la laisser tranquille plutôt que de la déranger. Je ne suis pas un monstre. »

Mais ça ne changeait rien au fait que bon … il n’était pas très motivé à aller se promener seul. Puis, il avait envie de penser à autre chose qu’à ses soucis de contrôle de ses pouvoirs. Il s’apprêtait à partir de la chambre, mais un marmonnement le stoppa.

« Je peux savoir ce que tu fais ici, Tery ? »

« Simplement prendre de tes nouvelles, Manelena. Il commence à se faire tard. »

« Ne te moques pas de moi, je n’entends personne dans les rues. Il n’est même pas l’heure du déjeuner. Tu as intérêt à avoir une meilleure explication que ça sinon … »

« D’accord, d’accord, j’avais envie de t’embêter … surtout que je m’ennuyais et que j’ai envie de penser à autre chose que mes petits soucis. »

« Et c’est quoi ces petits soucis que tu évoques ? »

Elle se redressa dans le lit. Elle ne portait que son haut de toile blanche. Ah … elle était vraiment une belle femme, il ne pouvait pas se le cacher. Mais voilà, il en aimait une autre. Puis bon, Manelena n’était pas intéressée par lui … ou alors, peut-être que si ?

« Des fois, c’est vraiment compliqué. Enfin bref, ne t’en fait pas, ce n’est pas important. »

« Si tu es venu en sachant ce que tu risquais, c’est que ça doit l’être. Tu parles ou tu meures. Qu’est-ce que tu préfères choisir ? Je suis sympathique, je te laisses décider. »

« Je voulais juste parler des lignes d’Alzar, c’est tout. »

« Oh, si ce n’est que ça, tu peux t’installer et on va en parler alors non ? Qu’est-ce que tu veux dire exactement ? Racontes-moi tout, ça sera plus simple. »

« Comment est-ce que je peux t’expliquer ça en espérant me faire comprendre correctement ? Bon, je te promets rien du tout car je ne veux pas que tu crois que je me plantes. »

Elle haussa un sourcil aux propos de Tery, celui-ci venant s’asseoir sur le lit aprè qu’elle lui ait demandé de fermer la porte à clé. Elle n’était pas là pour se montre en spectacle. Le jeune homme aux cheveux bruns toussa légèrement, reprenant ensuite la parole d’une voix lente :

« Alors, c’est … comment je peux t’expliquer cela correctement. Manelena, j’ai l’impression que les lignes d’Alzar ne nécessitent pas que nous utilisions la haine pour cela. »

« Qu’est-ce que tu racontes ? Tu sais aussi bien que moi que nous avons un point commun : une haine féroce envers notre père non ? »

« Oui mais ce n’est pas ça … c’est juste qu’avec mes cornes, tu sais, j’ai commencé à comprendre un peu comment tout cela se passe. Les lignes d’Alzar sont puissantes, très puissantes, contrairement à celles de Zéliia qui sont plus versatiles. Mais voilà, le fait que tant de puissance rend fou n’importe qui ou presque. »

« Je ne vois pas où tu veux en venir, Tery. » murmure la femme aux cheveux argentés, remontant la couverture sur elle, restant assise sur le lit.

« C’est parce que nous nous sommes focalisés sur la haine envers mon père et le tien, que nous avons réussis à contrôler nos pouvoirs. Si nous nous focalisons, on ne se laissera pas emporter par la déferlante de puissance qui nous habite. »

« Tu sais que ce que tu racontes n’as aucun sens ou presque, Tery ? »

« Et pourtant, j’ai l’impression que c’est ça pour toute dire. Est-ce que tu penses que ça vaut le coup d’essayer ? Car entre nous, depuis combien de temps est-ce que tu utilises tes lignes d’Alzar ? Tu n’as pas put penser tout le temps à ton père, non ? »

« Il s’avère que des fois, j’avais tellement de rage et de colère envers la personne en face que ça me permettait d’oublier mon père pendant uqelques instants. »

« Tu confirmes donc mes dires, n’est-ce pas ? Tu vois où est-ce que je veux en venir ? »

« Je vois, je vois … même si je n’approuves pas tes dires, si tu veux tout connaître. Je ne pense pas que ça soit ce que tu penses, entre nous. Maintenant, si tu as fini, j’aimerai bien pouvoir faire ma toilette et m’habiller. Merci. »

« Oups ! Euh oui, d’accord ! Bien entendu ! Oui, oui, je suis d’accord ! Pardon ! »

Elle poussa un profond soupir, comme désespérée par les réactions du jeune homme qui se redressa, tirant la couverture avec lui sans faire exprès. Il s’écroula au sol, emmitouflé dans la couverture avant qu’elle ne marmonne :

« Sincèrement, tu es un imbécile par nature ou alors, tu le fais exprès ? J’aimerai bien le savoir. J’aimerai aussi savoir ce qui se passe dans ta tête. »

« Ah ça, tu préférerais plutôt ne pas le savoir, qui te dit que tu en réchapperais ? »

« Ne racontes pas de bêtises plus grosses que ta tête, non ? »

Il se releva, venant la regarder avant de détourner subitement la tête, rougissant violemment. Il rendit la couverture à la jeune femme, celle-ci se massant le front avant de murmurer :

« Ne t’en fait pas, ça ne sera qu’une chose en plus sur les raisons qui me pousseraient à t’écraser la figure, Tery. Et pour te dire, la liste est longue. »

« Oh ça, je te laisse t’habiller correctement non ? Je pars ? »

« Pourquoi ? Tu as envie de regarder ? Tu peux rester mais retournes-toi, je n’en aie pas pour longtemps. Juste de quoi m’asperger le visage, me coiffer un peu et ça sera bon. »

Il voulut ouvrir la bouche mais préféra se taire. Manelena se coiffait ? Comme une véritable femme ? S’il avait posé la question, il se serait pris une baffe monumentale dans les dents. Et là, pour le moment, ce n’était pas vraiment un signe de motivation.

Lorsqu’elle posa une main sur son épaule, il hocha la tête, quittant la pièce en premier, rapidement rejoint par Manelena. Descendant les escaliers pour aller manger un petit morceau, elle se plaça en face de lui tandis qu’elle lui demandait :

« Alors ? Pour aujourd’hui, quels sont tes projets ? Tu ne vas pas me faire croire que tu comptes sérieusement te concentrer sur ça ? »

« Je pensais étudier encore les golems pour tout te dire. Même si j’ai vraiment envie de voir si les pouvoirs sont liés à la colère. »

« Tu es vraiment un homme absurde. Tu veux que je t’accompagne pour les golems ? Je n’ai rien à faire de mes journées donc bon, autant épauler pour tout ça, non ? »

« Si tu le veux bien, ça ne me dérangerait pas vraiment. »

En fait, il était plutôt soulagé qu’elle se propose. Si cela dégénérait, il y aurait quelqu’un pour l’arrêter. Devant la mine enjouée du jeune homme, elle termina son repas sans chercher à comprendre la raison d’une telle réaction. Elle déclarait cela comme si de rien n’était. Ça n’avait vraiment pas grand chose de spécial de toute façon.

« Tu veux y aller quand ? Tout de suite après le repas, Tery ? »

« On peut digérer sur le chemin et prendre notre temps. »

Lorsque le repas fut terminé, ils quittèrent l’auberge ensemble. Pour l’entraînement avec les golems, les alentours de la tour des archimages étaient parfaits. D’après ce qu’il savait, cela lui permettrait d’avoir un terrain d’entraînement où il pouvait se donner à cœur joie. Manelena ne lui adressa pas la parole pendant la marche, ne faisant que regarder autour d’elle quelques fois, comme pour étudier les environ. Et lui ? Il n’avait aucun sujet de discussion, autant dire que cela ne lui permettrait pas vraiment de parler.

« Nous y voilà. Oh ? Y a déjà pas mal de monde en fait. »

« Tu pensais être le seul à vouloir t’entraîner, Tery ? »

«  Un petit peu. Enfin, vue l’heure à laquelle nous sommes arrivés, je ne devrais pas être si étonné que ça dans le fond. Je me demandes juste où se trouve la salle pour l’entraînement sur les golems. Je vais aller demander à l’une de ces personnes. »

« Par rapport à l’heure, si c’est une complainte envers moi, je t’embêtes pour rester polie. »

Il eut juste un sourire aux lèvres. Pourquoi se sentait-elle visée ? Est-ce qu’elle avait quelque chose à se reprocher ? Le jeune homme garda le sourire jusqu’à se diriger vers l’une des personnes qui entraînait les autres. Elle devait avoir une quarantaine d’années et tenait un bâton en main, un orbe se trouvant au bout de celle-ci.

« Pardonnez-moi ? Est-ce que je peux vous poser une question ? »

« Cela en fait une mais je vous autorise à en poser une seconde. Oh ? Votre visage ne m’est pas inconnu. Vous n’êtes pas un membre de ce groupe qui va souvent à la tour des archimages depuis quelques temps ? Je ne connais pas les noms mais … vous passez difficilement inaperçu de toute façon. Enfin bon, exprimez-vous. »

« Esr-ce qu’il y aurait un terrain d’entraînement pour l’invocaiton golémique ? »

« Wow ! Voilà une demande qui est pas banale. »

Les différentes personnes avaient arrêté ce qu’elles faisaient, se tournant vers le jeune homme. Manelena mit une main sur son front comme pour se dire que ce n’était pas possible. La discrétion n’avait jamais été le point fort de Tery mais des fois, il se surpassait. C’en était tellement aberrant qu’elle préféra ne pas ouvrir la bouche.

« Enfin bref, vous êtes donc en plus un adepte des golems ? Déjà que ça ne traîne pas à chaque coin de rue, on a pas vraiment de terrain pour cela. Bon, par contre, vous pouvez vous mettre dans un coin, y a bien une partie qui n’est pas occupée. C’est pour la création de golems ou alors d’autre chose ? »

« Euh ? Autre chose ? Comme essayer de faire combattre mes golems ? Je le pourrais si vous le voulez mais je ne sais pas trop leur puissance. Après, ça peut être une bonne méthode d’entraînement pour tout le monde non ? On peut rendre ça plus plaisant, vous en pensez quoi ? C’est une bonne ou une mauvaise idée ? »

« C’est … une excellente idée ! Ça évitera qu’ils se blessent entre eux ! »

L’homme semblait apprécier ce que Tery venait de lui dire. Celui-ci était déjà prêt, sortant l’un de ses livres avant d’attendre qu’on lui dise où se placer exactement. Là-bas ? D’accord, d’accord. Et ensuite ? Il faisait quoi ? Il attendait tout simplement ?

« Est-ce que vous pouvez nous faire une démonstration ? Beaucoup d’entre nous ont déjà vu des golems mais une petite piqûre de rappel ne ferait pas de mal. »

« Bien entendu, enfin, reculez un peu, je ne sais pas quelle taille je vais lui donner. »

« Ne sois donc pas si vantard que ça, Tery. »

Hahaha, ce n’était pas du tout son but alors qu’il passait une main derrière son crâne. Bon, ben euh … Ahem ! Il plaça son autre main sur le sol, se concentrant avant de faire apparaître trois golems qui devaient mesurer environ quatre-vingts centimètres, entièrement fait de terre. Les créatures frappèrent leurs torses du poing avant de se positionner en ligne.

« Est-ce que cela vous convient déjà ? »

« Wow, plusieurs golems ? Et ça ne vous épuise pas mentalement ? »

« Hahaha, non, pas vraiment. Je suis assez entraîné maintenant. Et puis, ils ne sont pas si grands que ça. Par contre, ils sont très agiles, attention ! »

« Vous pouvez aussi modifier leur condition physique ? J’ai entendu parler de golems élémentaires, enfin, qui ne sont pas de terre. »

« Ah oui, bien entendu ! Attendez un peu … hum … Quelqu’un aurait-il du bois ? Enfin, des planches ou autres ? Des branches, tant que j’en ait un petit stock. Je vais vous faire une petite démonstration ! »

Les trois golems tombèrent au sol, disparaissant comme si de rien n’était tandis qu’il attendait qu’on lui emmène du bois. Cela ne tarda pas, les autres magiciens semblant s’intéresser grandement à ça.

« Et voilà ? Et ensuite ? Qu’est-ce que vous comptez faire ? »

« Tout simplement cela, reculez un petit peu. On ne sait jamais si des épines pourraient vous faire mal s’il y a quelques projections. »

Les magiciens reculèrent, un peu inquiets après les propos de Tery. Oh, il n’avait pas voulut leur faire peur mais bon. S’approchant du tas de bois, des lignes noires se présentèrent sur ses mains. Et s’il tentait … de ne pas penser à son père ? Juste de se concentrer sur le golem. Celui-ci prit peu à peu forme, mesurant bien deux mètres de hauteur. Entièrement constitué de bois et de feuilles, les bras du golem avaient plusieurs épines comme l’avait prévenu Tery, celui-ci observant la créature avant de dire :

« Comme vous le remarquerez, il est entièrement végétal. »

« Mais n’est-ce pas une grosse faiblesse ? »

« Ca l’est … mais on peut transformer cette faiblesse en un point fort. Une autre démonstration ? L’un d’entre vous peut le faire flamber ? »

L’un des magiciens se présenta devant les autres, signalant qu’il allait le faire avant de créer une petite boule de feu. Au départ, au contact de celle-ci, le golem resta insensible, comme si la boule de feu ne l’avait pas atteint.

« Wow ! C’est vraiment unique et maintenant ? Euh, qu’est-ce qu’on fait ? »

« Recommencez, il ne se protégera pas cette fois. »

Se protéger ? Cela reviendrait à dire que le golem était doté d’une conscience propre. Est-ce que Tery comprenait ce qu’il voulait dire par là ? Les magiciens n’en étaient pas sûrs, Manelena non plus. Une nouvelle boule de feu fut projetée, le golem flambant subitement.

« Et maintenant, pour surprendre l’adversaire qui pensait en avoir fini avec ce golem, vous n’avez qu’à modifier sa composition et profiter des flammes. »

Les branches composant le golem furent réduites en cendres mais le golem n’était pas pour autant défait. C’était plutôt le contraire ! Tout son corps était flamboyant alors qu’il ouvrait la gueule, comme prêt à pousser un cri qui ne sortit pas.

« Un golem de feu ? Basé sur la magie de l’adversaire ? Mais mais mais … »

« Je peux faire la même chose avec l’eau. Si on décide de geler mon golem pour l’empêcher de se mouvoir, je n’aurais qu’à retourner cela contre mon adversaire en transformant le golem en golem de glace. C’est aussi simple que ça. »

« Aussi simple que ça ? Vous plaisantez ? Normalement, les rares adeptes de l’invocation de golem se cantonnent à celui de terre et vous … vous vous amusez à les modifier avec les éléments, à en créer plusieurs et tout le reste ! »

Il ne pensait pas que c’était si surprenant que ça en fait. Ce n’était pas comme si c’était un véritable miracle, non ? Pourtant, il était un peu gêné par tout ça alors que quelques magiciens s’approchaient du golem de feu, restant néanmoins à distance respectable pour ne pas se brûler. Manelena dit :

« Bon, maintenant que tu t’es assez donné en spectacle, Tery, peut-être qu’il vaudrait mieux que tu t’entraînes réellement ? Je crois que tu avais signalé que tu allais créer plusieurs golems pour qu’ils puissent se battre avec ? »

C’est vrai ! Il l’avait un peu oublié. Il émit un petit rire, le golem disparaissant au sol parmi les cendres du précédent alors qu’il réfléchissait. Bon ? Combien il pouvait en faire au grand maximum ? Il n’y avait pas pensé sur le coup.

« Est-ce qu’une dizaine vous conviendrait ou presque ? Je ne pense pas pouvoir en faire beaucoup plus de toute façon. Cela risque de m’épuiser grandement. »

Il avait encore dit une bêtise? Tout le monde le regardait, écarquillant les yeux devant ses paroles. Pourtant, il avait juste prononcé qu’il ne pouvait pas en faire trop non ? Ou alors peut-être qu’à leurs yeux, c’était déjà énorme ? Il avait peut-être sa propre force en fin de compte mais il ne l’avait jamais remarqué. Les golems … étaient sa voie.


Une voie bien étrange mais qui pourtant ne le dérangeait pas le moins du monde. Sourire aux lèvres, il faisait apparaître une dizaine de golems, mettant une main sur son front en sueur. Comme il le pensait, cela l’épuisait salement.

« Je ne suis pas sûr de pouvoir les maintenir très longtemps. »

« Ne vous inquiétez pas, on va faire de notre mieux. C’est super impressionnant ! »

Hahaha. Il s’empêcha de rire aux propos des autres. Pour une fois qu’on était pas effrayé par ses pouvoirs, il ne pouvait que s’en réjouir intérieurement. C’était plaisante comme sensation. Il se trouvait … bien ainsi. Oui.

« Stop, la représentation est terminée. Tery est épuisé. »

« Hein ? Que quoi ? Mais Manelena, ça ne fait qu’une demi-heure ! »

Le temps s’était écoulé tellement vite mais il l’avait à peine remarqué. Manelena s’approcha de lui, le soulevant avec aisance avant de reprendre la parole :

« Ça ne sert à rien que tu t’évanouisses en faisant du zèle. »

« Ce n’est pas ce que je comptais faire. Tu exagères un peu non ? »

« Je connais surtout tes limites. Les autres non. Bon, c’était bien sympathique de votre part de ne pas s’enfuir lorsqu’il était là. Je suis sûre que ça lui a fait plaisir, maintenant, on rentre. »

« Mais mais mais … attends un peu non ? Ce n’est pas possible ! »

Il peut parler, il peut raconter n’importe quoi, cela ne changera rien. Elle le tient par le bras, commençant à le tirer derrière elle pour être sûre qu’il ne cause pas trop de tort. Comme ça, au moins, elle est certaine qu’il ne tente pas de se dérober.

« Revenez quand vous voulez hein ? »

« Bien entendu ! Vous en faites pas, c’est bien noté ! »

« Alors revenez vite ! On vous attendra les prochains jours ! On est pas trop pressés mais ne prenez pas trop votre temps non plus hein ? »

Bien entendu ! Il n’hésitera pas à revenir demain et les autres jours. Au moins, il avait une occupation en plus de celle qui consistait à passer ses journées à la grande bibliothèque. Par contre, demain, il allait revoir Périk et Jésiana. Pour pas qu’ils ne croient qu’il était déjà las d’aller les voir alors que c’était tout le contraire. Manelena n’était pas visiblement encline à vouloir le lâcher aussi. Il la trouvait un peu étrange d’ailleurs.

Chapitre 31 : Insupportable

ShiroiRyu
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Troisième axe : Que la foudre s’abatte sur nos ennemis

Chapitre 31 : Insupportable

« Faites que Tery aille bien, c’est tout ce que je vous demande. Je ne veux rien de plus. »

« Elen, s’il te plaît, tu sais pertinemment que ton petit Tery adoré va bien. Ils ne vont pas bouger d’Omnosmos, voilà tout. Il n’y a aucune chance qu’ils soient en danger là-bas. Ils sont même protégés par le grand Archimage, tu l’oublies ou quoi ? »

« Oui mais c’est pas la même chose. J’ai peur par rapport à Manelena. » chuchota Elen avec inquiétude, comme à son habitude depuis qu’ils sont partis.

« Même si je pense que Tery n’est pas très doué pour comprendre les messages … et que Manelena n’est pas très douée pour les déclencher, je ne crois pas qu’il y aura quelque chose entre eux. Tery est dingue de toi, ça ne fait aucun doute. Je dirai que tu devrais même avoir honte de douter de son amour. »

« Je sais, je sais … mais c’est plus fort que moi, Clari. Heureusement que tu es là pour me comprendre sinon, je ne sais pas ce que je ferais exactement. »

« Pas grand chose ! Et oui, j’aime beaucoup de Tery donc je le comprends très bien. Il faut dire qu’il est si mignon avec son comportement parfois stupide. » déclara Clari dans un grand sourire, Elen la regardant avec un peu de suspicion, disant à son tour :

« Je n’ai jamais vraiment compris ce que ça veut dire avec toi. Qu’est-ce que tu es réellement pour Tery ? Du moins, comment est-ce que tu le vois ? »

« Comme un petit frère à adorer et à protéger mais je ne l’ai jamais caché non ? Tu ne vas pas commencer un interrogatoire quand même, non ? »

« Non, non ! Tu n’as pas à t’en faire à ce sujet ! Pas du tout ! C’est juste que parfois, je trouve ça super surprenant et que je ne sais jamais ce qui se passe par la tête. »

« Ah ça, bon nombre d’hommes et de femmes ont essayé, ils n’ont pas réussi. Dommage et désolée pour toi. Mais tu peux continuer d’essayer hein ? »

« Je ne m’y risquerai pas. Je tiens au calme de mon cerveau sans me complexer plus encore tout cela. Mais merci de la proposition. » termina de dire Elen en ayant un faible sourire aux lèvres. Il suffisait vraiment de quelques mots avec Clari pour que son cœur se calme. Elle se demandait vraiment comment elle faisait cela. Était-ce une autre forme de magie ?

« Vous avez terminé, toutes les deux ? Nous devrions avancer rapidement. »

« Oui, oui, Royan, ne t’en fait pas. Ce n’était qu’une petite discussion entre moi et Clari. Cela concernait Tery, tu dois t’en douter. »

« Oh, je fais plus que m’en douter. Je tiens juste à signaler que Sérest et Séran ont déjà bien avancé, c’est pourquoi je voulais vous prévenir d’aller un peu plus vite, voilà tout. On doit donc se dépêcher car sinon, ils partiront sans nous. »

Roh ! Pas besoin de faire une petite moue boudeuse hein ? Elles avaient toutes les deux parfaitement compris le message de l’adolescent aux cheveux bleus. D’ailleurs, au fil du temps, il devait être bientôt adulte non ? Ils ne pensaient jamais aux anniversaires.

Mais ça, ce n’était pas à eux de le deviner, ils n’avaient jamais posé la question. Peut-être qu’au détour d’une discussion, ils pouvaient en parler ? C’est vrai que ça ne serait pas déplaisant. Mais Royan allait-il être adulte ? Il l’était déjà par le caractère mais voilà, elle ne savait pas précisément son âge. Enfin, ce n’était pas à elle d’y réfléchir.

Sérest et Séran avançaient sans même chercher à converser. C’était bien dommage mais aucun ne leur en tenait rigueur. S’ils voulaient accélérer et résoudre ce problème de créature légendaire et mythique rapidement, c’était la solution la plus facile.

Mais bon, avant qu’ils n’arrivent jusqu’à Mékalarma mais qu’en même temps, ils mettent la main sur la dite créature. D’ailleurs, comme auparavant, ils allaient sûrement cacher Elise pour éviter les problèmes. Même si cela n’avait pas montré une réelle efficacité et que la créature était dans le domaine de Mékalarma, il valait mieux essayer.

« Est-ce que vous voulez bien accélérer au cas où ? »

Royan leur demandait cela, visiblement un peu anxieux à l’idée qu’ils se séparent tous à cause de la distance. Les demoiselles aux cheveux blonds hochèrent positivement la tête tandis qu’elles prenaient un rythme plus rapide pour leurs pas.

Avec facilité, le groupe retrouva Sérest et Séran, les deux personnes semblant les attendre depuis déjà quelques bonnes minutes, adossés à des rochers. Lorsqu’ils furent près d’eux, Séran se remit correctement debout, disant :

« Nous ferons une pause dans une ou deux heures. Nous avons beaucoup de marche à faire. »

« Comme vous le désirez, c’est vous qui guidez hein ? On va pas prétendre le contraire de toute façon. Bon, bon, bon, y a encore beaucoup à marcher alors. »

Clari rigola légèrement. Pourquoi pas hein ? Mais bon, deux heures de marche, c’était déjà pas mal. Et puis, visiblement, Royan avait beaucoup de choses à discuter avec Elise d’après ce qu’elle remarquait. Quant à Sérest et Séran, autant dire qu’ils n’avaient pas besoin de discuter tous les deux. Bon bon bon ! Tout cela voulait dire une chose :

« Elen ? Toi et moi, je crois qu’on va beaucoup parler durant le voyage. »

« Ah bon ? Pourquoi cela ? Il y a une raison spéciale pour ça ? »

« Pas vraiment, juste que j’aime bien cette idée de communiquer avec toi. Allez, je te laisse me raconter tout au sujet de Tery. Il doit bien avoir plein de petits défauts maintenant que tu le connais mieux que nous autres. Je veux tout savoir ! »

« Hein que quoi ? Mais mais mais mais … je ne sais pas du tout ! Je ne me suis pas posé réellement la question si tu veux tout savoir ! Je ne me la suis pas posée du tout en fait. Enfin, je veux bien te raconter ce que je sais mais à part ça, je sais pas tant que ça non plus. »

« Alors, je t’écoute. Dis-moi tout à son sujet ! Quel est son plus grand secret, ses plus grandes faiblesses, ses points forts, tout ça ! »

Elle savait pertinemment que Clari exagérait mais elle ne put s’empêcher d’avoir un sourire aux lèvres. Bien entendu, bien entendu. Comme elle le désirait. Bon ! Alors, au sujet de Tery, elle avait quoi à dire ? Des détails pas trop intimes non plus hein ? Il y avait des choses personnelles, très personnelles, qui ne concernait qu’elle et lui.

« Au moins, malgré vos petites disputes, vous semblez vous aimer réellement et tendrement. »

« C’est le but d’une relation saine. Il y a juste avec Manelena que ça pose problème. Je ne suis pas aveugle ! Ce sont juste eux qui ne veulent pas l’admettre. »

« Je pense surtout qu’ils sont un peu stupides et bloqués sur cette idée, entre nous. Mais bon, tu vois ce que je veux dire ? Ils ne veulent pas l’admettre. »

Ne pas l’admettre. Qu’est-ce qu’ils auraient à admettre ? Elle recommença à être anxieuse, posant une main sur son cœur. Ne pas être anxieuse, ne pas être anxieuse inutilement. C’était se faire du mal sans raison. Pourtant, Clari la regarda, chuchotant :

« Ca ne sert à rien de se voiler la face, Elen. Il faut aussi que tu l’admettes. »

« Je n’ai rien à admettre de mon côté. Entre Tery et moi, tout va bien, c’est ce qui compte le plus. Je n’ai pas à m’intéresser au cas de Manelena. »

« Je n’ai jamais pensé à cela, Elen. Il n’y a que toi qui s’imagine une telle chose. »

Voilà pourquoi Clari pouvait être agaçante. Elle semblait toujours très distante par rapport aux problèmes des autres alors qu’elle y mettait les pieds joints pour bien montrer qu’en même temps, tout cela l’intéressait. La jeune femme aux cheveux blonds et aux yeux bleus regarda son homologue à la coiffure arborant la même coloration.

« Je ne m’imagine rien du tout dès que cela concerne Manelena. »

« Alors pourquoi t’acharnes-tu sur elle ? Est-ce que tu as peur de perdre Tery à son profit ? Toi qui te sens si rassurée auprès de lui, pourquoi … »

« Car il s’agit de Manelena ! Que c’est une femme avec qui Tery a passé des mois entiers en sa compagnie. Une femme qui est actuellement une princesse déchue, prête à se sacrifier pour son royaume ! Une femme qui cache ses sentiments et qui pourtant, sous son armure, a un cœur qui bat pour Tery. Voilà tout ! »

« Tery ne partira pas vers Manelena. Il ne pense pas que ça soit une erreur d’être avec toi. Généralement, les premières fois ne finissent que rarement bien, mais pourtant, il faut s’accrocher et alors, on a la vérité qui apparaît devant nos yeux. Si tu commences à t’en faire pour de simples raisons, tu ne pourras jamais avancer malheureusement. »

« Je ne comprends pas un traître mot de ce que tu racontes, Clari. Tu t’en doutes ? » chuchota Elen avec un peu de dépit dans la voix, Clari soupirant faiblement.

« Ça ne fait rien, je pense qu’il va falloir que tu patientes, que tu patientes énormément puisque visiblement, tu as du mal. »

« Ça ne fait rien, cela m’importe peu dans le fond. Je ne cherches pas à voir comment régler le problème de Manelena mais déjà à régler les miens. »

« C’est vrai que tu en as énormément, n’est-ce pas ? »

« Ne soit pas ironique, tu sais pertinemment que je ne supportes pas du tout cela, Clari. »

« Je ne le suis pas. Je suis plus que sincère, contrairement à ce que tu veux croire. Comme tu le dis si bien, tu as d’énormes soucis aussi. »

« Oui, sûrement. Je ne sais pas pourquoi j’ai cette impression d’être prise pour une idiote de ta part. Ça doit être à cause du sourire, j’imagine. »

Ah ça, elle ne peut pas répondre à sa place de toute façon. Ce n’est pas à elle de lui dire à ce sujet. Elle est assez grande fille pour comprendre ça non ? Gardant toujours le sourire aux lèvres, elle prit un rythme plus rapide pour marcher.

Finalement, retournant auprès de Royan et Elise, voilà que les deux demoiselles allaient discuter avec eux. Cela leur permettrait au moins d’avoir un autre sujet de conversation que Tery. D’ailleurs, elle n’avait pas oublié une chose. Ouvrant son sac, elle en extirpa plusieurs lettres, les regardant longuement. Oui, elle pouvait écrire à Tery s’il le fallait.

Et avec ces lettres, elle était certaine qu’elles ne reviendraient pas ensuite. C’était l’unique solution qu’elle avait en tête pour éviter que les lettres ne soient récupérées par les mains ennemies. Bon, le souci, c’est qu’elle ne pouvait pas se permettre d’en envoyer trop souvent alors qu’elle en mourrait d’envie.

« C’est difficile de tenir le coup dans une pareille situation. »

« Si tu parles du fait de ne pas lui écrire tous les jours, tu peux patienter. Tery ne va pas s’enfuir comme un voleur pendant que tu n’es pas là. »

« Royan, ce n’est pas bien difficile pour toi. Tu es à côté d’Elise. Pour moi, c’est la première fois depuis longtemps que je suis aussi loin de Tery. »

« Qu’est-ce que c’est que ces insinuations en ce qui concerne mademoiselle Elise ? Je ne vois guère où tu veux en venir. »

« Non, rien, rien du tout. » soupira Elen. Elle avait l’impression de revoir Manelena mais peut-être que dans le cas de Royan, c’était vraiment sincère.

« La prochaine fois, j’avoue que je préférerai avoir quelques explications. »

Mais elle n’en avait aucune à lui donner. Question de principe, dira t-on. Ce n’est pas à elle de s’occuper de ça. Elle devait déjà écrire de son côté à Tery, elle n’allait pas se mêler des sentiments des autres alors qu’elle avait fort à faire avec son amour personnel.

Les deux heures de marche passèrent plus rapidement que prévu, Elen n’ayant guère la motivation de parler après la longue discussion avec Clari. Lorsqu’ils purent s’installer pour une bonne heure de repos, elle était partie dans son coin, commençant à écrire.
Qu’est-ce qu’elle allait pouvoir dire dans sa lettre ? Elle n’en avait strictement aucune idée malheureusement. Mais bon, le plus important, c’était de lui écrire et ça, elle savait faire. Et puis, elle commençait à avoir de petites idées en tête pour ça !

« Est-ce que j’ai encore mon miroir ? Même si je l’utilise plus depuis si longtemps. »

Elle jeta un œil dans son sac, commençant à fouiller dedans. Où étais donc ce petit miroir qu’elle utilisait auparavant ? Elle finit par le trouver après cinq bonnes minutes, le regardant longuement. C’est bien celui-là. Hahaha.

« Et maintenant ? Quelles sont les images que j’aimerai faire pour Tery ? J’en ait aucune idée. Je ne sais pas du tout. C’est vraiment gênant. »

Une pose aguicheuse ? Pour lui plaire ? Une pose classique et normale ? Elle aimerait bien savoir quoi faire mais voilà, elle en avait aucune idée. C’est surtout qu’elle voulait tout faire pour que Tery ne l’oublie pas pendant ce temps. Et qu’il lui signale qu’elle lui manquait terriblement. Comment pouvait-elle accomplir cela ? AH !

Hum, d’abord déjà remettre correctement le miroir pour qu’il fonctionne. Elle ne savait plus comment le faire marcher et même si ce n’était pas une science très difficile, elle devait refaire quelques tests avant. Alors, voilà ? Grand format, cela lui permettrait … hum.

Et ensuite ? Alors, elle devait faire ça, ça et ça. Maintenant, elle devait prendre la pose. Il y avait aussi une petite formule à dire. Mais bon, le souci, c’est que même si elle s’était assez éloignée, elle n’était pas sûre que ça soit assez discret.

Hmmm, bon, alors, une petite pose mais de quelle sorte ? Moue boudeuse ? Sourire ? Sourire tendre ? Position aguicheuse ? Enfin, cette dernière, ce n’était pas du tout son style. Mais bon ? Peut-être que ? Enfin, non ! Ce n’était vraiment pas son genre !

« Qu’est-ce que je peux faire ? Me positionner comme ça ? »

Un peu en avant, elle se penchait. Elle observa brièvement sa poitrine. Heureusement qu’elle avait ses épaulettes qui allaient jusqu’au sommet celle-ci pour lui permettre de bien la maintenir. Elle risquerait de se balancer un petit peu. Elle eut une petite idée qui vint la faire rouge, prenant une première image pour Tery.
Ah … hmm … euh … bon. Elle regarda bien à gauche et à droite, reprenant le miroir avant de s’éloigner d’une bonne centaine de mètres encore. Elle savait où se trouvait les autres donc elle n’avait pas à avoir peur de se perdre mais plutôt de se faire repérer.

Bon … ahem. Elle retira ses épaulettes, s’observant dans le miroir en rougissant violemment. Avec lenteur, elle se pencha une nouvelle fois, rouge comme une pivoine, ne sachant pas quoi faire. Elle savait parfaitement que la sensation était totalement différente, plus libre et que cela plairait à Tery. Elle espérait juste que ça soit lui et nul autre qui trouverait ça.

Finalement, après avoir pris cette seconde image, il ne lui restait plus qu’à écrire sa lettre et à mettre le tout dans l’enveloppe pour la voir s’envoler vers sa destination. Elle avait un peu peur de la réaction de Tery mais elle espérait que cela lui plairait. En regardant les deux images d’elle qu’elle avait faites, elle se gratta la joue.
Elle était … assez jolie, non ? Tery ne devait pas être déçu de la voir normalement, et de pouvoir l’aimer. Bien entendu, elle était loin d’être parfaite, elle se trouvait un peu petite mais elle était bien féminine non ? Et cela importait, n’est-ce pas ?

Enfin, cela importait à ses yeux. Pendant dix-huit ans, elle avait tout simplement ignoré son corps. Aujourd’hui, maintenant, elle pouvait le retrouver. Elle ne devait pas oublier cela. Elle était une belle jeune femme et elle devait en profiter.
Continuant d’écrire, elle disait tout ce qu’elle avait sur le cœur à Tery, ne lui cachant guère le fait qu’elle était bien triste sans lui et qu’elle voulait absolument le revoir le plus tôt possible pour être dans ses bras. Voilà tout ce qu’elle voulait à l’heure actuelle.

« Bon, je pense que ça ne sert à rien d’écrire une lettre trop longue. »

Surtout pour une première fois. Elle eut un faible sourire avant de mettre les images dans l’enveloppe ainsi que la lettre. Elle regarda le papier s’envoler dans les airs, partant en direction d’Omnosmos. Elle espérait que la lettre arriverait à bon port. Enfin, surtout qu’elle arriverait à Tery et non à quelqu’un d’autre. C’était pratique, très pratique. Mais des fois, les lettres pouvaient se perdre ou être alors interceptées, voilà tout.

C’est comme ça qu’elle voyait la chose. Bon ! Elle devait remettre ses épaulettes et aller retrouver les autres. Elle prit une profonde respiration, souriant doucement et tendrement à tout cela avant de se mettre en route. Bon ! Elle avait du travail, beaucoup de travail ! Mais le plus vite elle se dépêchait pour l’abattre, plus vite ils retourneraient à Omnosmos.

« Ah ? Tu as enfin terminé, Elen ? Nous t’attendions, tu le sais non ? »

« Je le sais parfaitement Clari mais tu n’as pas à t’inquiéter. »

« Oh, je ne m’inquiétais pas. Tu as put finir ce que tu voulais ? La lettre est bien partie ? »

« C’est le cas. Normalement, elle devrait arriver à bon bord facilement. Je ne sais pas combien de temps cela va mettre comme aller-retour. Tu en as une idée ? »

« Hum ? Je dirai une semaine au grand maximum. Mais ça, c’est uste ce que j’en pense hein ? Rien n’est confirmé ou infirmé hein ? »

Oui, oui, bien entendu. Elle remercia Clari d’un hochement de tête, regardant ce qui se passait. Royan et Elise continuaient de parler entre eux. D’ailleurs, Elise avait un livre sur les genoux tandis que Royan et elle s’amusaient à créer une petite flamme pour la demoiselle, une sphère d’eau pour l’adolescent. Sérest et Séran mangeaient paisiblement, sans rien dire. Ils n’avaient visiblement pas envie de se mêler de la conversation et elle poussa un soupir.

« Des fois, j’aimerai vraiment savoir si nous sommes unis ou non. »

Et elle ne parlait pas en cet instant de Tery et elle mais bien du groupe. Après, Sérest et Séran ne faisaient aucun effort pour rejoindre le groupe. Pourtant, ils avaient toujours la joie peinte sur leurs visages et ils répondaient avec le sourire.

Cela voulait donc dire qu’ils étaient loin d’être mécontents de la situation actuelle. Ils n’avaient pas à se plaindre de tout cela, oh que non. Bon ? Qu’est-ce qu’il y avait de bon à manger ? Elle observa la casserole avant de se servir puisque visiblement, ils avaient déjà tous manger pendant qu’elle n’était pas là. Elle ne se souciait pas de cela, ne leur en voulant guère alors qu’elle dégustait son repas en silence.

Finalement, l’heure de repos se déroula comme la marche : tranquillement, sans que rien ne vienne la déranger. Lorsqu’il fut le moment de repartir, elle se redressa, s’étirant légèrement avant de dire d’une voix lente :

« Bon, est-ce qu’il y a des auberges en Mékalarma ? Du moins, des auberges où nous sommes sûrs de ne pas se faire tuer pendant notre sommeil. »

« Je sais bien que Tery et Manelena n’ont pas fait une description élogieuse mais de là à penser qu’ils vont tous nous tuer à vue, il ne faut pas exagérer non plus. » signala Sérest dans un grand sourire tout en reprenant aussitôt : « Oui, cela existe pour répondre à ta question et nous allons tout faire pour en trouver une bien rapidement. »

« Nous ne sommes pas encore dans Mekalarma. Du moins, pas encore à l’intérieur même. »

« Je ne vois pas trop la différence. Le décor semble vide, vraiment vide. »

« Ah ça par contre, on ne peut rien y faire. » répondit la femme ailée dans un grand sourire, comme pour signaler que ce n’était pas à eux de s’occuper du décor.

Bon ben, autant prendre un rythme soutenu jusqu’à l’auberge non ? Bien qu’elle avait une marche rapide, elle laissait quand même le couple être devant les autres. Pourquoi ? Car visiblement, ils connaissaient ce monde autant que Tery et Manelena mais surtout car elle n’avait jamais réellement été à Mékalarma. Ça ne lui tentait pas trop à la base.

Les heures passèrent à une vitesse folle car ses pensées étaient fixées sur Tery et uniquement lui. Maintenant qu’elle avait commencé à accepter le fait qu’il n’était pas avec eux pendant plusieurs semaines, elle devait se montrer moins insupportable pour les autres.
Couchée dans le lit de la chambre de l’auberge qu’elle avait prise, elle regarda le plafond longuement, venant serrer le pendentif contre son cœur. Elle ne l’oubliait jamais. Elle ne pouvait pas l’oublier comme ça, d’un claquement de doigts.

« Tery est juste à moi … et non à Manelena. »

C’était sa première fois pour tellement de choses. Elle voulait croire jusqu’au bout que le jeune homme aux cheveux bruns resterait avec elle. Si par malheur, il devait l’abandonner, elle ne savait pas ce qu’elle ferait. Elle avait déjà peur de ce qu’elle était … et de ce qu’il était. Elle n’avait aucune idée de comment gérer toute cette situation. Elle espérait juste qu’avec la mort des créatures légendaires, tout se calme une bonne fois pour toutes.

Chapitre 30 : Le mage des golems

ShiroiRyu
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Chapitre 30 : Le mage des golems

« Oh ? Ils sont donc vraiment partis ? Qu’est-ce que cela fait d’être seul ? »

« On se débrouille, on se débrouille. J’espère que ça ne vous dérange pas que nous soyions dans les environs. Promis, je ne créerai pas de troubles. »

« Ce n’est pas à moi mais à ma femme que tu devrais dire cela. »

Le vieil homme eut un petit sourire aux lèvres alors que Tery répondait par le même geste. Rien que ça ? D’ailleurs, il allait la chercher dans la bibliothèque. Manelena avait décidé de le laisser seul tandis qu’il était parti vers la bibliothèque. Il n’osait pas signaler qu’en fait, il était anxieux et qu’il ne voulait pas rester seul à la taverne.

« Où se trouve madame Jésiana ? Je vais voir si je peux l’épauler. »

« Dans le rayon des livres à utilisation unique. Généralement, ce sont plus des index qui donnent des détails sur ces fameux livres plutôt que les livres en eux-mêmes. »

« Oh, je vois, je vois, merci beaucoup. Je vous laisse tranquille maintenant. »

« Oh, tu ne me déranges pas vraiment. »

Tery haussa les épaules, continuant de sourire avant de faire un demi-tour. Bon ! Il devait maintenant trouver la section où était madame Jésiana. Il ne perdit guère de temps à chercher, finissant par la voir alors qu’elle rangeait quelques livres.

« Est-ce que je peux vous aider, madame Jésiana ? Comme j’ai du temps, autant le dépenser à quelque chose de plus utile que de ne rien faire. »

« Oh ? Hmm … Tery. Te voilà donc. Mon mari n’a pas arrêté de me dire que tu passais dans la bibliothèque pendant les jours où je me reposais. »

« Il faut dire que … ben … je ne m’attendais pas vraiment à ce que ma présence vous indispose autant. C’est pourquoi je me montrais assez discret quand vous étiez là. Mais bon, j’espère que depuis, maintenant, ça va mieux. »

« Cela peut aller correctement, oui. Tu n’as pas à t’en faire. Ce n’était qu’une fatigue passagère. Tu n’es pas responsable de mon état de santé. Je ne suis plus toute jeune. »

« Je n’aime pas des paroles comme ça. Elles sont toujours un peu sinistres. Est-ce que je peux vous alors ? Si je range les livres avec vous, ça devrait être bon non ? Vous pourriez souffler un peu alors, qu’est-ce que vous en pensez ? Ça ne vous ferait pas de mal du tout ! »

« Je sais pertinemment que tu n’arrêteras pas de me demander cela si je te le refuse. Tu peux donc prendre ces quelques livres mais tu écoutes mes consignes. »

« Oui madame la cheffe bibliothécaire ! » s’exclama t-il alors qu’elle se tournait aussitôt vers lui. Hum ? Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? Qu’est-ce qu’elle lui répétait inlassablement ? Il pouvait le lui dire ? Elle était prête à l’écouter.

« La bibliothèque est un lieu de détente et de repos, Tery. »

« Je le sais bien mais bon … je suis un peu content d’avoir de la compagnie. Je n’avai pas envie de rester à Omnosmos pour me morfondre. Et puis, je me demandais : est-ce que je peux rester ici pour étudier les livres sur les golems ? »

« Nous n’avons guère cela. Du moins, ces livres sont déjà usés par autrui. »

« Non, non, je parlais des miens. Je sais que j’en ai beaucoup et qu »à force, je n’ai pas vraiment eut le temps de pouvoir tous les lire. »

« Hum ? Fais donc alors, fais donc. Mais je te rappelle que tu as signalé que tu voulais m’aider, n’oublies donc pas cela avant de penser à ces livres sur les golems. »

« Oui, oui ! Bien entendu ! Ne vous inquiétez pas à ce sujet ! Je n’oublie pas ce que je promets ! Je me dépêche d’ailleurs ! Vous allez voir ! »

Voilà qu’il faisait du zèle, la vieille femme poussant un léger soupir devant l’ardeur du jeune homme à travailler. Qu’il fasse quand même attention. On était jamais trop sûr de ce qui pouvait nous attendre si cela continuait. Il devait se méfier.
Pourtant, une bonne heure s’écoula et au final, aucun problème à l’horizon. Le jeune homme avait réussi à tout ranger, comme promis. Jésiana regarda le travail accomplit, hochant la tête alors que Tery reprenait son souffle, étant un peu fatigué par tout ça.

« Et vous faites cela tous les jours, c’est bien ça, si j’ai tout compris ? Wow … il en faut du courage ! C’est plus qu’épuisant avec tout ce qu’il y a à faire ! »

« Ce n’est pas une question de courage mais de volonté. N’étant pas une aventurière comme bon nombre de jeunes gens actuellement, il faut bien des personnes qui s’occupent de métiers plus normaux et plus basiques. Sans eux, comment les aventuriers vivraient ? »

« Je ne voulais pas être vexant ou blessant. » bafouilla Tery, pensant qu’il avait dit une bêtise en s’adressant à elle de la sorte. La vieille femme fit un geste négatif de la main.

« Je ne vois pas de quelle faute tu veux parler. Je n’ai plus besoin de toi, tu peux aller te reposer. Si vraiment, il y a un problème, je te le signalerais. Pour l’heure, je te conseillerais plutôt de trouver un coin tranquille pour ta lecture. S’il le faut, parles-en à mon marie, je suis sûre qu’il sera d’accord pour t’aider. »

« Merci encore. Il faut juste que je vois ce que je vais lire aujourd’hui ! »

« Cela ne me concerne plus dorénavant. Au revoir et merci. »

Au moins, elle l’avait remercié, c’était toujours ça. Il garda son sourire sur ses lèvres, cherchant alors à voir où il pouvait se rendre. Bon ! D’après ce qu’il avait compris, il devait d’abord se rendre auprès de Périk. Le vieil homme fit un grand sourire en le voyant revenir, attendant que Tery soit à sa hauteur avant de dire doucement :

« Il semblerait que ma femme t’ait fait travailler ardemment. Je m’en excuse. »

« Non, non ! Pas de votre faute, y a eut aucun souci, loin de là ! C’est même très simple ! Mais elle m’a dit que je pouvais trouver un endroit où lire tranquillement mes livres sur les golems. Est-ce que vous avez une idée d’où ça se trouve? »

« Il y a bien une section où certaines personnes peuvent lire en paix sans que d’autres ne poussent des cris à côté d’elles. »

Il fit un grand sourire en le regardant, Tery haussant les épaules en le lui rendant. Il ne voyait pas du tout de qui il parlait, bien entendu ! Est-ce qu’il avait un nom en tête ? Un exemple ? Car bon, sans ça, difficile de savoir par rapport à qui il parlait.

« Si tu veux bien me suivre, je vais t’y emmener. Tu as déjà tes livres sur toi ? Je n’en avais pas l’impression. Tu veux peut-être aller les chercher avant ? »

« Ça ne serait pas une mauvaise idée, je dirai. »

« Alors, je vais attendre que tu reviennes. Pendant ce temps, je vais continuer mon travail. Prends donc ton temps, rien ne presse. »

Il remercia la vieil homme, quittant la bibliothèque à toute allure avant de se rendre vers l’auberge. Prenant ses livres dans un sac, il se rappela qu’il pouvait toujours aller voir le grand archimage Ernold pour lui parler de ce qu’il comptait faire. Ca ne serait pas une idée déplaisante en y réfléchissant bien.

Quelques minutes plus tard, il demandait maintenant à pouvoir converser avec ce dernier, même pour quelques instants. A force, les gens commençaient à le connaître là-bas et les réticences étaient beaucoup moins grandes qu’auparavant.

« Oh ? Que me vaux le plaisir de ta visite, Tery ? »

« Comme vous le savez, Elen et les autres sont partis à Mékalarma donc je me dis que j’allais m’occuper d’une manière ou d’une autre. »

« Oh ? Mais d’ailleurs, où est-ce que se trouve la jeune demoiselle ? Manelena ? »

« Je ne sais pas vraiment, je dois avouer. Donc en fait, j’aimerai savoir si vous me conseillez ou non de continuer la lecture de ces livres. »

« Bien entendu. A quoi est-ce qu’ils ressemblent ? »

Il ouvrit son sac, sortant un livre déjà utilisé sur les golems. En le voyant, Ernold émit un petit rire avant de le récupérer, tournant les pages qui étaient vides à ses yeux. Refermant le livre, il le rend à Tery avant de déclarer :

« Sais-tu que posséder de plus en plus de livres sur les golems renforcera tes connaissances dans ce domaine ? Si tu en as donc une grande quantité, tu devrais pouvoir te débrouiller. »

« Oh, ne vous en faites pas à ce sujet, je suis très bien équipé de ce côté ! »

Il ouvrit son sac une nouvelle fois, montrant les nombreux livres qu’il avait avec lui. Ernold parut surpris, lui demandant d’une voix légèrement étonnée :

« Comment se fait-il que tu en possèdes autant ? Déjà en avoir deux ou trois relève du miracle. Alors en avoir une quantité aussi grande … »

« Disons que le souci de Mékalarma, c’est que leur précédent chef avait quelques livres avec lui. Quand nous avons réglé ce problème, j’ai récupéré ces derniers. De base, ce n’était pas mon intention mais comme cela allait être perdu sinon … »

« Oh, ne t’en fait pas, je ne juge pas une personne sur ça. Du moins, disons que cela est du passé et comme nous sommes seuls, je peux te déclarer que la mort d’un dictateur Mékalarmien est toujours une bonne chose. »

« Même si dans le fond, ça ne changera rien du tout malheureusement. Ces personnes sont trop ancrées dans leurs principes pour avoir une autre mentalité. »

« Et oui mais ce n’est pas à nous de changer tout un peuple. Malgré ma puissance et mon aura, je n’ai pas la force nécessaire pour cela. »

« Comme vous l’avez dit, ce n’est pas à nous de nous occuper de cela. Il faut que Mékalarma change mais de l’intérieur. Je ne vois pas d’autres solutions. »

« C’est exact. Mais bref, je crois que tu es occupé, n’est-ce pas ? » déclara l’Archimage, gardant son sourire aux lèvres alors que le jeune homme hochait la tête positivement.

« C’est exact. Je m’en vais dès maintenant. Merci encore. »

Il s’éloigna du grand archimage, pressé de retourner en direction de la bibliothèque. Néanmoins, dès qu’il fut sorti de la tour, il percuta une femme. Celle-ci ne bougea pas de sa position mais lui-même était presque tombé en arrière.

« Aie, aie, aie, mais c’est vraiment pas mon genre des fois ! Ça fait mal ! »

« Tu n’en as pas assez de te mettre en travers de mon chemin à chaque fois, Tery ? »

« Manelena ? Qu’est-ce que tu fais là ? Je venais juste voir le grand archimage. Je voulais voir si c’était une bonne idée au sujet de mes livres sur les golems. »

« Hum ? Et alors ? Qu’est-ce qu’il a dit ? Que tu y es autorisé ? Même si ce n’était pas le cas, tu n’aurais pas à lui obéir. Que vas-tu faire maintenant ? » souffla la femme aux cheveux argentés, détournant la tête pour ne pas avoir à le regarder.

« Je vais retourner à la bibliothèque. Messire Périk m’a dit que j’avais un endroit réservé pour lire au calme et être tranquille. Super, non ? »

« Disons que la première source de bruit dans la bibliothèque, c’est toi. Alors qu’importe l’endroit où tu te rends, tant que tu te tais, la bibliothèque est alors tranquille. »

Il eut un petit rire amusé par la remarque de Manelena, se grattant le derrière du crâne d’un air gêné. Disons qu’elle n’avait pas totalement tort, c’était un peu ce que les deux vieilles personnes avaient voulu lui signaler.

« C’est pas faux. Mais toi ? Tu veux venir ? Par contre, je pense pas que je peux te donner mes livres sur les golems puisque tu n’arriverais pas à les lire. »

« Et si je te demandais de me confier un livre que tu n’as jamais ouvert ? Le ferais-tu ? »

« Hmmm, pourquoi pas ? Je veux dire, ça serait plaisant de voir une personne que je connais maîtriser la même magie que moi ! »

« C’est pourquoi tu es quelqu’un d’aussi absurde, Tery. Généralement, la réponse que l’on donne dans ces cas précis, c’est non. Car les livres sur les golems sont très précieux et importants. Chaque livre te renforce et tu le sais parfaitement. »

« Mais si tu m’en demandes un, je te le donnerais volontiers quand même. »

« Tu es vraiment désespérant quand tu le veux. Bon, retires ce que j’ai dit et vas donc lire. Je vais t’accompagner puisque comme cela, je suis certaine que tu vas encore créer des problèmes. Alors bon, je … »

« Ou tu peux juste venir parce que tu en as envie, tu ne crois pas ? »

« Humpf. Avances donc au lieu de continuer à parler pour ne rien dire. Je n’ai pas que ça faire, loin de là. On a autre chose à accomplir. »

Ah oui ? Ils avaient ça à accomplir? Il ne savait pas du tout de quoi elle parlait mais ça devait être diablement important pour que ça soit le cas. Enfin bon, il retourna à la bibliothèque, accompagné par Manelena. En les voyant arrivé, le vieil homme les salua :

« Oh, je vois que tu n’es pas venu seul, Tery. Néanmoins, ce n’est pas un problème. Je vais vous emmener directement dans la pièce où vous pourrez alors réfléchir en toute tranquillité. Normalement, vous ne serez pas dérangés. »

« Il me faut quelques livres sur les créatures légendaires. Je pars les chercher après que je sais où se trouve cette pièce. »

Elle disait cela mais elle était restée très proche de Tery, ne le quittant pas des yeux avant de se laisser emmener par Périk. Celui-ci les guida pendant quelques bonnes minutes, montrant par là que la taille de la bibliothèque n’était pas à prendre à la légère.

« Et voilà. Je pense que c’est la moindre des choses après les services que tu nous as rendus, Tery. Manelena peut aussi rester. »

« Je l’espère. Je ne suis pas venue pour rien. » rétorqua la jeune femme aux cheveux argentés avant que Tery ne pose une main sur son épaule :

« Calmes-toi. Il ne pensait pas à mal quand il disait cela. Merci beaucoup, messire Perik. Nous allons en profiter un maximum ! Nous pourrons revenir ? »

« Bien entendu, bien entendu. Vous êtes là pour quelques temps si je ne me trompes pas ? »

« C’est le cas normalement. Nous devons patienter en attendant le retour d’Elen et des autres. J’espère tout simplement avoir de leurs nouvelles rapidement. »

« Oh, je vois, je vois. Soit, ma proposition est toujours là. Nous y sommes. »

Tery remercia le vieil homme alors que celui-ci avait terminé de les emmener jusqu’à l’endroit si calme et si tranquille d’après les dires de madame Jésiana. C’est vrai qu’en y réfléchissant bien, rien que le fait qu’il tourne une clé pour les emmener dans la pièce, c’est que celle-ci n’était pas accessible à tout le monde.

Des fauteuils en velours, quelques petites bibliothèques de part et d’autres, un petit feu de cheminée. Oh ! Le feu était crée par la magie puisqu’aucune fumée n’en sortait, diffusant alors une douce chaleur à l’intérieur de la pièce.

« Vous pouvez rester autant que vous le désirez, enfin, jusqu’à la fermeture, bien entendu. »

« Ça me semblait logique. Merci encore. »

Le vieil homme les salua, refermant la porte derrière lui. Néanmoins, Manelena quitta la pièce presque aussitôt, Tery la laissant tranquille. Elle avait dit qu’elle allait chercher un livre, il n’allait donc pas l’arrêter après ça. Il avait entendu.

Il s’installa sur le premier fauteuil, appréciant le contact sur son postérieur, s’y frottant pendant quelques secondes pour confirmer la douceur. Ah oui ! Bien bien bien ! Il n’avait pas vraiment à se plaindre de ça. Oh que non !

« Je peux savoir ce que tu fais ? »

La voix de Manelena le tira de ses rêveries. Elle venait à peine de partir ! Pourquoi est-ce qu’elle était déjà là ? Et c’était quoi ce regard dédaigneux qu’elle lui lançait ?Voir même empreint de pitié . HEY ! Il n’aimait pas ça !

« En fait non, je ne préfère pas. J’allais te demander si tu voulais que j’étudie un livre en particulier mais je pense qu’il vaut mieux que je choisisse par moi-même. »

« Mais hey ! Attends un peu, c’était la première fois que je touchais un tel … »

« Je ne veux rien savoir. Merci, au revoir. » disait-elle avant de s’éloigner à toute allure, refermant bien la porte derrière elle.
Le jeune homme poussa un profond soupir, presque de désespoir, se demandant ce qui lui avait pris par la tête de faire ça. Des fois, il méritait une bonne paire de claque dans la face pour avoir pensé à une telle imbécillité. Il se remit debout, commençant à lire en faisant les cent pas. Il n’osait plus vraiment s’asseoir maintenant. Manelena revint quelques minutes plus tard, des livres en main, haussant un sourcil en le voyant debout.

« Et maintenant ? Tu vas m’expliquer la raison ? Qu’on rigole ensemble ? »

« Je trouve que pour réfléchir, être debout, ce n’est pas une mauvaise chose aussi. »

« Bien entendu, bien entendu. A qui est-ce que tu veux faire croire ça ? Fais ce que tu veux en fait, je ne veux même pas savoir, je crois bien. »

« Mais je ne peux même pas m’expliquer, c’est bien ça ? »

« A peu de choses près, oui. Bon, voyons voir ce qu’il y a dans ces livres. » déclara Manelena dans un léger sourire avant d’aller s’asseoir.

« Si c’est compliqué sur un point, je peux venir t’aider hein ? Si tu le désires. »

« Ou sinon, tu te concentres sur tes livres sur les golems, Tery. Chacun ses priorités. Laisses-moi donc faire ma part du travail, d’accord ? »

« Je n’ai rien contre ça … mais je voulais juste te proposer un peu d’aide, voilà tout. »

Elle ne perdit pas son sourire, lui montrant par là qu’elle n’était pas fâchée. Le jeune homme finit par s’asseoir à son tour, plongeant dans ses livres avec dévotion et application. Alors, qu’est-ce qu’il y avait de bien au sujet des golems ?
Les minutes s’écoulèrent à une vitesse folle alors que le jeune homme ne voyait pas le temps passer. Étrangement, il prenait des notes, tirant la langue parfois tout en barrant ce qu’il marquait. Manelena, quant à elle, jetait parfois un œil à Tery.

« Si seulement tu avais la même concentration pour la majorité de ce que tu fais. »

« N’en demande pas trop non plus, Manelena. Mais c’est très étrange. Il y a tellement à connaître. Du genre, si je prend trois livres mais que je décide de les commencer un peu chacun, pourtant, quand j’en finis un, les deux autres me font découvrir des choses auxquelles je n’y connaissais guère. Pourtant, c’est en relisant que je trouve de nouvelles choses. Comment dire ça ? Les livres ne semblent pas être figés tant que je n’aie pas terminé de les lire. C’est étrange, tu ne trouves pas ? »

« Sûrement très étrange, Tery. Je n’y connais rien magie golémique, tu sais ? »

« Oui oui mais au moins, j’ai quelqu’un avec qui en parler. Tu te rappelles de ceux que j’ai crées depuis que j’ai commencé ? Enfin,à peu près. »

« Oui, je m’en rappelle bien. Même ceux qui furent capables de crier et d’hurler. Ce fut d’ailleurs une expérience assez troublante. Je ne m’y attendais guère. »

« Je suis en train de lire que je pourrais insuffler la vie à mes golems. Enfin, une certaine conscience. Car bon, la vie, je les « anime », c’est un peu pareil. »

C’était la première fois qu’elle entendait une telle chose concernant les golems. Jamais, elle n’avait entendu parler de golems capables de conscience. Mais surtout, si cela devait arriver … non, elle ne voulait pas y croire. Il fallait éviter de se prendre pour un apprenti-Dieu. Si Tery commençait à s’imaginer ça, elle serait la première le stopper.

Chapitre 29 : Une promesse

ShiroiRyu
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Chapitre 29 : Une promesse

« Sacrée matinée. » marmonna le jeune homme aux cheveux bruns.

Aujourd’hui était le jour où ils devaient partir, le laissant seul avec Manelena. Des journées étaient passées et c’était à peine s’il avait salué poliment Jésiana lorsqu’il avait revu la vieille femme dans la bibliothèque d’Omnosmos.

« Alors ? Tery? Tu ne seras pas trop triste sans moi ? »

« Hum, Clari, tu sais bien que si. » dit-il en souriant à la demoiselle aux couettes blondes, celle-ci rigolant de sa réponse tandis qu’il haussait les épaules.

« Tant mieux, tant mieux, c’est un peu le but de la manœuvre. Est-ce que tu apprécierais alors que je reste moi aussi ? Hum ? »

« Arrête donc tes bêtises, Clari. Tu sais bien qu’Elen et les autres vont avoir besoin de toi, n’est-ce pas ? Alors, s’il te plaît, fais attention à eux … mais aussi à toi d’accord ? »

« Bien entend mais avant que l’on parte d’ici quelques heures, tu ne veux vraiment pas … »

« Je vais faire de mon mieux, je ne peux que promettre cela. »

Elle continua de lui sourire, tapotant doucement son dos avant de s’éloigner. Bon ! Il devait prendre une profonde respiration et ensuite se préparer à aller remonter dans la chambre. Il tapota doucement son front, avant de frapper contre la porte.

« Elen ? C’est moi. Est-ce que je peux rentrer ? »

« Tu le peux, tu le sais parfaitement. Pourquoi est-ce que tu me poses la question ? »

« Je ne sais pas. Je ne suis jamais rassuré. » dit-il, pénétrant à l’intérieur de la chambre avant de refermer la porte derrière lui mais à clé. Elen était en train de se peigner devant un petit miroir. Ce n’était pas le grand luxe malgré la bonne auberge dans laquelle ils dormaient depuis déjà plusieurs jours mais bon … elle était assise sur un tabouret et observait le miroir.

« De quoi est-ce que tu veux parler ? Car tu sais parfaitement pourquoi tu es là. »

« Juste te dire de faire attention lors de ton voyage à Mékalarma. C’est dangereux, très dangereux, tu t’en doutes, n’est-ce pas ? Alors s’il te plaît … »

« C’est juste pour cela que tu es venu ? »

« Non, pas vraiment, loin de là. »

Comment est-ce qu’il pouvait expliquer cela à une femme qui ne daignait pas le regarder ? Il s’approcha, faisant deux pas en sa direction mais s’immobilisa aussitôt lorsqu’il vit que le corps d’Elen s’était mis à trembler. Non, il valait mieux ne pas avancer plus sans avoir pris ses précautions. Et maintenant ? Que comptait-il faire ? Parler ? Mais pour dire quoi ? Il n’en avait aucune idée. Il était pieds et mains liés à cet instant fatidique.

« Pars, Tery. Pars. » dit-il en coupant finalement le silence pesant qui venait de s’installer. Le jeune homme sursauta sur le coup, bredouillant :

« Hein ? Que ? Pourquoi ça ? Je n’ai pas fini de te parler, Elen. »

« Non, tu n’as justement rien à me dire. Tu le sais parfaitement. Vu comment tu parles, tu es juste incapable de m’adresser correctement la parole. Tu es venu là avec une idée que tu n’arrives pas à prononcer. Qu’est-ce que je dois penser alors ? Que je n’en vaux pas la peine ? Si tu n’arrives pas à t’exprimer, je ne peux plus rien pour toi. »

« Arrête donc ça, ce n’est pas là où je voulais en venir. »

Mais bon, elle n’avait pas totalement tort dans le fond. Il était juste là, sans savoir quoi faire ou dire. C’était vraiment gênant et embêtant. Il aurait bien aimé dire quelque chose mais rien ne sortait de sa bouche, aucun mot, aucune parole.

« Alors, qu’est-ce que tu veux me dire de si important que tu en perds la parole ? »

« Elen ? Est-ce que tu veux bien rester en communication avec moi ? Quand tu seras à Mékalarma ? Je veux dire par là : est-ce que tu voudras bien que l’on s’écrive, toi et moi ? J’ai juste cette question en tête, voilà tout. Si tu veux bien me répondre. »

« Je veux bien te répondre et oui, je compte t’écrire. Il faut bien que je te tienne au courant de notre avancée, n’est-ce pas ? Alors, je le ferai. »

« Ce n’est pas de ce genre de lettres dont je voulais parler, Elen. »

« Des lettres plus personnelles ? Pour que l’on se dise quoi, Tery ? Nous avons déjà tout dit, tous les deux, n’est-ce pas ? Tu ne crois pas ? »

Assez ! Il en avait assez ! D’accord, il avait dit une bêtise hier mais il voulait tout faire pour se faire pardonner ! Il s’approcha d’Elen et la força à se lever. Contrairement à ce qu’il croyait, elle se laissa faire et il poussa un petit soupir soulagé.
Pourtant, le soupir vint s’éteindre en vue du regard qu’elle lui lançait. Il devait continuer ! Et vite ! Il serra rapidement la jeune femme dans ses bras, lui caressant le dos avec tendresse. Comme elle ne faisait rien, c’était à lui de réagir proprement et correctement.

« Elen, s’il te plaît, note une unique chose qui ne changera jamais. Je t’aime. Je t’aime tant. »

« Prouves-le. Tu me prends dans tes bras mais ce n’est pas suffisant. »

« Et comment dois-je le faire ? Est-ce que tu veux bien me guider ? »

« Non, je ne te guiderais pas car ce n’est pas à moi de le faire. Tu dois te débrouiller seul. »

Dit de façon assez méchante, il savait qu’il n’avait pas trop le choix. Il vint rapidement embrasser la jeune femme aux cheveux blonds, la pressant un peu plus contre son cœur. Continuer encore à l’embrasser, encore et encore. Il n’allait pas arrêter le baiser.

Une minute, deux minutes, il arrêta de compter alors qu’il l’emmenait contre lui. Ne jamais la lâcher, lui montrer qu’il la désirait comme au premier jour. Comme si tout cela ne s’était jamais produit. Reculant peu à peu, il finit par tomber sur le lit, elle sur lui. Avec vivacité, il la retourna, échangeant leur position.

« Elen, tu es à moi et je suis à toi. Après tout ce temps passé ensemble, rien ne devrait nous déranger car nous savons aussi bien l’un que l’autre ce que nous sommes, non ? »

« Ce n’est pas avec des paroles que l’on me rassure mais avec des actes. »

« D’accord, d’accord, je vais te le prouver par les actes. »

Il avait dit cela, collant ses lèvres une nouvelle fois à elle avant de passer ses mains sur ses hanches, la regardant tendrement. Il se sentait mieux, en terrain conquis. Il était à elle, elle était à lui. C’était ça le plus important. Il avait fermé la porte à clef auparavant et il ne regrettait guère ce geste maintenant, il venait d’en trouver la raison.

Une heure plus tard, ils étaient tous les deux couchés dans le lit, les vêtements au sol. Elen avait la moitié du corps couchée sur Tery, respirant rapidement alors que le jeune homme avait le même souci mais un sourire aux lèvres. Sa main glissait le long du dos d’Elen.

« Préviens-moi quand tu seras à Mékalarma, n’est-ce pas ? »

« Et toi, je veux que tu me tiennes au courant par rapport à Manelena, d’accord ? »

« Je le ferai car je saisis le problème. Ça me semble normal et logique que tu t’inquiètes. »

« Hein ? Vraiment ? Comme ça ? Tery ? Pas de : « Tu te fais du souci pour rien. » Pourquoi est-ce que tu ne réagis pas comme d’habitude ? »

« Car je me suis dit que je serais terriblement jaloux si tu décidais d’ignorer mes suppliques si je te voyais en bons termes avec un beau jeune homme, voilà tout. Je ne veux pas te faire subir ce que je ne veux pas subir. »

« Je … enfin … je … Tery ! Enfin ! »

Enfin quoi ? Il eut guère le temps de poser la question qu’elle recommença à l’embrasser avec une ardeur renouvelée. Qu’est-ce qu’il avait dit de si spécial pour qu’elle se comporte de la sorte ? Tout ce qu’il savait, c’est qu’il étaient repartis pour un tour.
Quelques minutes après, haletant et en sueur, Tery avait sa main posée sur son cœur,cherchant à retrouver son souffle presque perdu. Elle avait été comme déchaînée pour cette fois et il avait du mal à retrouver ses esprits.

« Je t’aime tant, Tery. Grave cela dans ta mémoire, s’il te plaît. Je vais même faire mieux que cela. » chuchota Elen, commençant à embrasser son torse longuement, très longuement. Puis subitement, il poussa un petit cri, sentant un liquide qui s’écoulait sur son torse jusqu’au ventre. Que ? Du sang ? Elen l’avait mordu jusqu’au sang ? Elle avait relevé son visage, déposant un nouveau baiser sur ses lèvres, partageant le sang récupéré.

« Je t’ai imposé ma « marque », Tery. Tu es délicieux. »

Il ne savait pas vraiment quoi répondre quand elle parlait ainsi. En fait, il se sentait plutôt mal à l’aise maintenant. Mais, elle était redevenue celle qu’il aimait, c’était le plus important, du moins, à ses yeux, bien entendu.

« Fais attention à ne pas trop me blesser non plus hein ? Tu sais que je suis fragile. »

« Ne fait donc pas l’enfant, je sais à quel point tu es tenace et vivace. »

Hahaha. Qu’elle le complimentait de la sorte n’allait pas arranger la chose. Mais il savait qu’elle ne parlait pas uniquement de sa résistance aux coup et il vint ensuite rougir en pensant aux deux dernières heures qui venaient de s’écouler. Finalement, il dût se lever, heureux intérieurement et satisfait physiquement.

« Tu veux que je t’aide à te relever, Elen ? »

« Je pense plutôt que je vais aller me laver à nouveau. Est-ce que tu veux bien ? »

La question n’était pas pour venir l’accompagner mais tout simplement pour l’embrasser une nouvelle fois. Bien entendu ! Bien sûr ! Maintes fois si elle le désirait. Il était tellement heureux d’avoir retrouvé Elen qu’il pouvait l’embrasser pendant des heures. Continuant ce délicieux baiser pendant deux bonnes minutes, il quitta finalement le lit avant de se rhabiller. Bon ! Il était temps d’aller retrouver les autres. Ils allaient sûrement se poser des questions.

« Oh ? On dirait que quelqu’un a fait la paix avec sa petite amie. »


Bon ben, l’effet de surprise était loupé. On pouvait remercier Clari qui avait aussitôt dit cela lorsqu’il avait descendu les escaliers. Rougissant bêtement comme un enfant pris en fautes, il tenta de parler mais aucun mot ne sortir de ses lèvres.

« Oh ? Visiblement, tu n’as rien à dire à ce sujet, n’est-ce pas, Tery ? Elen va bientôt venir ? Nous devons partir dans la journée. »

« Elle … est partie se faire une beauté. »

Pfiou ! Cette fois-ci, il n’était même pas sûr de ses propres paroles. Pris en faute, il baissa la tête, se triturant les doigts. Qu’est-ce que lui avait pris de dire une telle chose ? Qu’est-ce que les autres allaient s’imaginer ? Tout simplement la vérité, c’est ça ? A quoi bon se poser des questions si tout le monde connaissait la réponse ?

« D’accord, d’accord. Il faut juste dire que vous avez mis quand même beaucoup de temps à discuter, toi et elle mais c’est donc résolu ? »

« Si tu veux bien arrêter là, Clari. Enfin, pour te répondre, oui, c’est résolu. »

« Tant mieux, tant mieux. C’est triste de vous voir vous disputer pour si peu. Je préfère quand vous êtes heureux tous les deux. » disait-elle alors qu’il la regardait. Elle était très sérieuse dans ses propos, il le savait. Elle était souvent moqueuse mais pas dans ce cas précis.

« Bon ! Entre nous, c’est bien beau mais qu’est-ce que l’on faire ? »


Clari avait reprit la parole, un sourire aux lèvres. Elle parlait de la situation à Mékalaarma. Qu’est-ce qu’ils comptaient faire ? De quelle façon ils allaient agir et tout le reste ? Elen descendit après une quinzaine de minutes, rayonnante de bonheur.

« Hum, visiblement, il semblerait que la joie et la bonne humeur parcourent cette table. »

Clari avait repris la parole tandis qu’Elen venait s’asseoir, demandant ce qu’elle avait loupé. Tery lui expliqua brièvement ce qu’il avait crut comprendre, Royan le rectifiant presque aussitôt pour éviter qu’il ne dise de bêtises.

« Bref, nous pourrions partir dans les heures qui suivent si ce n’est que ça. »

L’heure de départ avait été signalée. Il ne fallait maintenant plus qu’attendre. Tery ne chercha pas à passer les derniers moments avec Elen, voulant éviter de commettre une erreur une nouvelle fois. Il en avait assez fait ! Il ne fallait pas exagérer non plus.

« Bon, allons voir pour acheter quelques rations, qu’est-ce que vous en pensez ? Ce n’est pas une mauvaise idée d’acheter des fournitures et autres pour ce voyage. »

Clari avait eut une très bonne idée. Pourquoi est-ce qu’il n’y avait pas pensé au départ ? Ah ! Facile … car il n’avait pas envisagé cela, tout simplement. C’était bête et stupide mais ce n’était pas à lui d’y réfléchir puisqu’il ne partait pas.

« Alors ? On y va tous non ? Puisque si chacun fait ses petites emplettes ? Et si Elise veut dire au revoir aux deux bibliothécaires avant que l’on y aille ? »

« Hein ? Mais euh … ben oui ? Pourquoi pas ? C’est une bonne idée ! J’aime bien ! »

Elise était vraiment quelqu’un de spécial. Il le comprenait après les propos de Clari puis les siens. Au moins, elle appréciait grandement la vie en Omnosmos et les cornes de démon qui lui poussaient sur le crâne n’étaient qu’un souvenir vague.

« Tery ? Tu viens avec nous ? Même si tu ne pars pas, tu peux nous conseiller non ? »

« Et surtout, comme j’ai une partie de l’argent, je risque d’être assez utile. » répondit-il avec un grand sourire aux lèvres tout en hochant la tête positivement.

« C’est vrai que ça nous aiderait beaucoup. Manelena ? » demanda Elen bien que le ton était un peu moins joyeux. La femme aux cheveux argentés haussa un sourcil avant de soupirer.

« Oui, je viens aussi. Si tout le monde fait le mouvement, je ne vais pas éviter tout ça. »

« Tant mieux, tant mieux. C’est mieux à plusieurs, surtout avec tout le groupe. »

Il avait dit cela en tapant dans ses mains, montrant par là qu’il était plus qu’heureux par la situation actuelle. Bien qu’il était convaincu qu’Elen faisait tout pour ne pas se montrer antipathique envers Manelena, il appréciait le geste.

Quelques minutes passèrent mais ils étaient déjà sortis de l’auberge. Il tenait fermement la main d’Elen dans la sienne alors qu’ils étaient un peu en retrait par rapport au reste du groupe. Comme à leur habitude, Sérest et Séran étaient partis de leur côté, délaissant complètement le reste du groupe qui ne vint en tenir guère compte.

« Alors, de la nourriture, à boire, même si nous sommes capables d’en produire, c’est toujours mieux que tout ce qui est artificiel, non ? »

« Je confirme cela. Rien ne vaut un vrai repas bien cuisiné plutôt que manger un morceau de pain au goût d’herbe fraîche. »

Elen n’était pas obligée de relever ses propos hein ? Mais bon, au moins, elle avait le sourire aux lèvres en parlant de la sorte et ça, c’était le plus important pour lui. Appréciant ce qu’il voyait grâce à elle, la journée se passa plus tranquillement et les achats aussi.

Finalement, les heures s’écoulèrent à une vitesse folle, personne n’ayant remarqué que le temps était passé bien trop vite pour eux. Partir en pleine soirée, c’était mieux pour la discrétion et être sûrs qu’ils n’étaient pas suivis.

« D’ici combien de temps vous pensez être revenus ? »

« Je dirai un bon mois au minimum. Nous devons quand même voyager dans tout Mekalarma. D’après ce que je crois comprendre, rien de bien imposant et énorme pour cette créature légendaire. On aura pas affaire à un monstre colossal. »

« C’est peut-être ça le plus inquiétant. C’est quelque chose d’humain. »

Il disait cela et les paroles d’Elen ne le rassuraient pas vraiment. Bien entendu, ils avaient fait la paix, et ils se l’étaient montré plusieurs fois dans la matinée mais voilà, ce n’tait pas pour ça qu’il était calme et tranquille.

« Ecrivez-nous, c’est tout ce que je vous demande, rien de plus. »

« Ne t’en fait pas, on te tiendra au courant, Tery. Et puis, je serais là pour la protéger, tu ne crois pas ? Tu n’as vraiment pas à t’en faire. »

Clari pouvait tenter de le rassurer comme il le voulait, ça ne marchait pas comme ça. Il continuait d’avoir peur de toute cette histoire. Bien entendu, tout ne se passait pas forcément comme prévu et il le savait, mais voilà, s’il y avait un gros problème, comment allait-il faire ? Comment allait-il se débrouiller pour y arriver ? Et surtout comment allait-il l’aider ?

« Hum ? Bon, je vois ce qu’il faut faire dans une telle situation, n’est-ce pas ? »

Elen s’était rapprochée de lui, venant le serrer dans ses bras. Comme ça, voilà. Ça permettait de calmer les tremblements du jeune homme et c’était vraiment le plus important à ce moment précis. Les secondes s’écoulèrent jusqu’à ce que Manelena murmure :

« Vous avez terminé ? Plus vous retardez, plus vous mettrez du temps à vous revoir alors séparez-vous et rappelez-vous surtout une seule règle. »

« Les Mekalarmiens sont en grande majorité des types qui n’aiment pas les autres races. A partir de là, n’espérez pas trop finir ami-ami avec eux, d’accord ? »

Il avait complété la phrase de Manelena, celle-ci haussant les épaules alors qu’il quittait les bras d’Elen. Il déposa un rapide baiser sur ses lèvres, si soulagé de ne plus être en froid avec elle avant son départ. Ce n’était qu’une épreuve … qu’ils allaient facilement traverser.

« Bonne chance à vous, c’est tout ce que je peux vous dire. »

« Ça ne suffira pas mais bon, ce n’est pas bien grave mais bon, nous partons. »

Elen avait dit cela, frottant le dos de Tery. Est-ce que la jalousie était passée ? Il n’en savait rien du tout. La seule chose qu’il pouvait remarquer, c’est qu’il avait encore beaucoup à faire. La femme aux cheveux blonds quitta ses bras, lui souriant tendrement avant de se positionner non-loin des autres, reprenant la parole :

« Est-ce que vous êtes tous prêts à y aller ? »

« Aucun souci pour moi. Il va faire nuit, je pense que l’on ne pourra marcher que quelques heures avant d’avoir à se reposer. »

« Faites vraiment attention à vous, encore et encore, je le sais bien. »

Il ne pouvait s’empêcher d’être soucieux pour Elen et les autres. Bon, Sérest et Séran, il s’en préoccupait moins mais voilà, il n’était pas avec eux et ça le dérangeait. Il voulait les accompagner mais il savait qu’il n’y arriverait pas et surtout que ce n’était pas possible.

« Ne fait donc pas cette tête, Tery. Tu sais pertinemment que l’on peut se contacter par des lettres. On va surement faire la même méthode qu’avec ta mère : on écrira aux bibliothécaires et voilà, ça sera parfait, non ? Tu ne trouves pas ça ingénieux comme idée ? »

« Si, si, Elen. Si, si … enfin, juste … »

« On fera attention, oui. » soupira la femme aux cheveux blonds avec amusement. Pourquoi est-ce que pendant une journée, elle avait cru que Tery ne l’aimait plus ? C’était tout simplement impossible.

« Alors, vous pouvez partir. Oh … il vaut mieux que je m’éloigne plutôt que de regarder ça. C’est mieux sinon je ne vous laisserai jamais vous en aller. »

« Je vous jure, mais quelle fillette. Et c’est ça que je vais devoir surveiller ? »

« Essayes de le protéger du mieux que tu le peux sinon … » commença à menacer Elen alors que Manelena faisait un mouvement de la main pour lui dire s’en aller.

Il prit une profonde respiration, s’étant retourné jusqu’à ce que les bruits de pas s’éloignent peu à peu. Enfin après quelques minutes, il haussa les épaules, se dirigeant vers l’auberge en laissant seule Manelena. Celle-ci le regarda partir sans un mot, ne se préoccupant pas de lui. Elle haussa simplement les épaules à son tour, retournant à l’auberge sans discuter avec lui.

Chapitre 28 : Une journée gâchée

ShiroiRyu
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Chapitre 28 : Une journée gâchée

« Elen n’a pas l’air d’être dans son assiette aujourd’hui. »

« Je le sais bien, Clari, je le sais bien mais … voilà, des fois, les gens ne vont pas bien. »

Remarque un peu stupide, il s’en doutait mais qu’importe, il avait dit ce qu’il avait sur le cœur. C’était le plus important puisqu’elle l’avait voulu. Elle ne devait jamais regretteer les paroles qu’il avait dû prononcer pour elle.

« Et si tu me racontais plutôt toute l’histoire ? »

« Il n’y a rien à raconter, Clari. Tu ferais mieux de te préparer non ? »

« Me préparer pour partir ? Oh, mon dieu, Tery. Tu me mets donc à la porte ? » disait-elle au jeune homme avec une fausse mine effarée.

« Roh, arrête donc de raconter des bêtises, c’est juste une petite crise passagère. Il n’y a rien de vraiment préoccupant ou de quoi s’en faire hein ? »

« Tu sais que lorsque tu parles ainsi, tu n’es pas très rassurant ? »

Elle eut une petite mine boudeuse alors qu’il poussait un léger soupir. C’est vrai qu’il avait déclaré que oui, il était attiré par Manelena. Mais entre être attiré et penser faire des choses avec elle, comme l’embrasser, c’était tout un autre monde. Il ne fallait pas tendre à exagérer

« Qu’importe, ce n’est pas bien grave. Par contre, ça l’est si tu ne me promets pas de protéger Elen pendant que je ne suis pas là, d’accord ? »

« Hum ? D’accord, d’accord, je lui servirai de garde du corps. Puisque monsieur ne veut pas venir la protéger de son propre corps. »

Il leva les yeux en l’air comme pour montrer que ça ne l’affectait pas le moins du monde. Il lui chuchota que de son côté, il allait se renseigner pour les guildes et qu’il réfléchirait aussi à un blason car oui, il fallait aussi cela pour eux !

« Je te laisse te charger de tout ça, Tery alors hein ? »

« Tu peux avoir confiance en moi, Clari ! Avec moi qui vais m’occuper de tout ça, tu n’auras rien à craindre du tout à ce sujet. »

« Me voilà doublement rassurée maintenant ! Câlin de réconciliation ? »

« Je ne crois pas que l’on se soit disputé mais pourquoi pas ? Viens par là, Clari. »

Il lui tendit ses bras mais ce fut elle qui l’attrapa vivement tout en rigolant, le forçant à se coller à elle. Qu’est-ce qu’il était bête des fois ? Il ferma les yeux, restant ainsi pendant quelques bonnes minutes. Heureusement qu’Elen n’était pas là sinon, il y avait des chances qu’elle se fasse encore des idées alors qu’il n’y avait rien d’alarmant dans tout ça. Il fallait dire qu’avec Clari, c’était autre chose entre eux.

« N’en profite pas trop non plus, hein ? »

« Tu sais bien que non, Clari. Je ne comprendrai jamais Elen en fin de compte. Qu’est-ce qu’il y a de si mal à ça ? Est-ce que toutes les femmes sont comme ça ? »

« Non, loin de là, mais reconnais que puisque c’est son premier amour et inversement, tu ne serai surement pas très sympathique avec le garçon qu’elle approcherait non ? »

« Je le sais bien, je sais bien. Je me fais du mal à réfléchir de la sorte. »

Il quitta finalement ses bras, remerciant Clari qui lui fait un sourire des plus tendres. Même si elle était rarement sérieuse, il savait qu’il pouvait lui faire pleinement confiance. Il signala qu’il allait parler avec Elen pour tenter de profiter encore un peu de cette journée. Dire qu’ils avaient retrouvé Clari et Manelena bien rapidement après l’interrogation d’Elen. Soit c’était un coup du destin, soit c’était tout simplement pas de chance, il ne savait pas trop. Mais bon, Elen était partie de son côté, Manelena aussi. Les deux femmes ne pouvaient vraiment pas se savoir. Il déclara à Clari, se préparant déjà à partir :

« Je vais aller retrouver Elen avant qu’il ne soit trop tard. Merci encore. »

« De rien, de rien, si tu as encore besoin de conseils, tu sais où me trouver. Enfin, peut-être plus d’ici une dizaine de minutes, je tiens à te prévenir. »

« Tu fais bien. Bonne après-midi, Clari. » disait-il sans se retourner, cherchant du regard où se trouvait Elen. Il la trouva bien facilement, adossée à un mur, les yeux dirigés vers l’horizon. Elle semblait si triste et désemparée. Lorsqu’il s’approcha d’elle, elle murmura :

« Restes s’il te plaît à deux mètres de distance, Tery. Je t’en prie. »

« Est-ce que tu veux quand même encore me parler ou pas ? »

« Je ne sais pas trop, Tery. Je ne sais pas trop. Est-ce que tu veux encore de moi ? »

« Hein que quoi ? Attends un peu, c’est quoi cette question, Elen ? » bafouilla t-il avec surprise alors qu’elle posait enfin ses yeux sur lui, ses beaux yeux bleus.

« Si tu peux simplement répondre à cette question, c’est tout ce que je te demande. »

« Elle ne devrait même pas être posée si tu veux tout savoir, Elen, car tu connais déjà la réponse. » dit-il en poussant un petit soupir, chose qui ne semblait guère être plaisant aux yeux de la demoiselle aux cheveux blonds.

« Si cela t’ennuie de me répondre, tu peux me le dire. »

« Mais non ! Ne raconte pas n’importe quoi, s’il te plaît. Pfff, est-ce que tu veux faire une pause ? » demanda le jeune homme, regrettant aussitôt ses paroles. Elle se redressa du mur, clignant des yeux avant de dire :

« Qu’est-ce que tu veux dire par là, Tery ? Tu peux t’expliquer s’il te plaît ? »

« Non, non, rien de bien important. Il vaut mieux oublier. »

Elle s’était maintenant approchée de lui, se collant presque à son corps, son visage au-dessus du sien. C’est vrai qu’elle était plus petite que lui, il l’oubliait des fois. Il déglutit lorsqu’elle l’observait de cette manière, reprenant la parole :

« Je t’ai demandé quelque chose. Exprimes-toi mieux, Tery. »

« Si nous ne savons plus où nous en sommes tous les deux, il vaut peut-être mieux faire une petite pause, rien de plus, voilà tout. »

« Nous ? Tu ne veux pas plutôt dire toi ? Car moi, mes sentiments n’ont pas changé depuis le premier jour où nous nous les sommes déclarés. »

« C’était une erreur de ma part, Elen. Je ne voulais pas. »

« De quoi ? Tes sentiments ou tes propos ? »

« Stop, Elen. Je veux profiter de cette journée avec toi et personne d’autre. Tu ne devrais même pas t’interroger à ce sujet. Je ne vois pas pourquoi tu mets ma parole en doute. » déclara Tery en croisant les bras, décontenancé par toute cette histoire.

« Essaies donc de deviner, Tery. Réfléchis-y pour une fois. Pourquoi est-ce que je dirai une telle chose en ce moment même ? Tu n’en as aucune idée ? »

« Bon, j’en ai assez. Je retire ce que j’ai dit, Elen. On va mettre une pause. Je pars de mon côté, fais attention à toi quand tu seras à Mékalarma. Ça sera mieux. »

« On se retrouvera à l’heure du déjeuner puisque nous ne partons pas tout de suite. Tu as l’air quand même bien pressé que je disparaisse de ta vie. »

« C’est bon, j’en ai assez pour la journée, j’ai eut ma dose. Bye. » dit-il sans même se retourner, s’éloignant d’Elen en serrant les poings. Il était en colère mais nullement contre la jeune femme aux cheveux blonds. Il était en colère contre lui-même.

Les mains dans les poches, il se promenait dans les ruelles d’Omnosmos mais ça n’avait pas la même saveur. Comment est-ce qu’il pouvait apprécier cela alors qu’il s’était disputé violemment avec Elen ? Qu’est-ce qui lui avait pris de proposer une telle chose ?

Mais surtout, qu’est-ce qui lui avait pris de dire ça au sujet de Manelena ? Il n’y avait rien entre eux et il n’y aura jamais rien. Pourquoi cela ? Car Manelena n’avait pas ce genre de sentiments et surtout, même s’il était conscient qu’il ressentait quelque chose pour elle, ce n’était pas de l’amour. Il en était convaincu. La raison était simple: il aimait Elen, il adorait Clari et il respectait Manelena. Bien entendu, cela ne voulait pas dire qu’il n’appréciait pas Elise mais elle était encore toute jeune dans leur groupe. Pour Royan, c’était différent, cela faisait du bien d’avoir un autre homme, ça lui permettait de souffler un peu. Bon, quant à Sérest et Séran, c’était encore bien différent. Ils étaient bizarres, franchement très bizarres mais pas méchants. Juste un peu louches avec toute cette histoire en ce qui concernait les créatures légendaires car oui, il trouvait ça étonnant qu’ils en savent autant.

« Je ferais mieux d’arrêter de me compliquer la vie pour des futilités de la sorte. »

Il s’immobilisa en pleine rue, observant le mur du bâtiment en face de lui. Elen lui manquait terriblement, et cela après quelques minutes. Ça lui rappelait quelques souvenirs qu’il aurait préféré oublier. Comme ces mois où ils ne faisaient que s’écrire.

« Qu’est-ce que j’ai fait comme bêtise mais qu’est-ce que j’ai fait ? Bon sang ! »

Il devait aller la retrouver mais en même temps, s’ils ne se disputaient jamais, comment pouvaient-ils encore prouver qu’ils s’aimaient ? Mais si en même temps, tout était fini ? Sur cette unique erreur ? NON NON ET NON ! Il devait juste garder son calme.

« Ca peut arriver, ça n’a rien d’étonnant. »

Il se répétait tout simplement ça dans sa tête. Ainsi, si tout allait bien, il n’y avait pas à s’inquiéter normalement. C’est comme ça qu’il devait réfléchir à la situation. S’il pensait trop différemment, ça lui jouerait des tours. Oui, oui ! Ah … mais Manelena ? Est-ce que cela plairait à Manelena qu’il se soit disputé avec Elen ?

Idiot ! Il était sûr et certain qu’elle ne pensait pas de la sorte. Manelena n’était pas ainsi. C’était juste lui qui était perturbé par toute cette situation. Pfff, il avait froid maintenant. Il ne se entait pas du tout rassuré par tous les événements. Qu’est-ce qu’il était bête mais qu’est-ce qu’il était bête ! Il s’en voulait terriblement de tout ça! Rien que le fait qu’Elen soit vraiment en colère contre lui le dérangeait plus que tout. Il n’aimait pas la tournure des événements !

Bon … alors, il n’y avait pas cinquante solutions. Il allait retourner à l’auberge. Marchant, les mains dans les poches, il se promena dans les rues d’Omnosmos, le regard baissé avant de percuter une poitrine qui le fit tomber en arrière.

« Aie, aie, aie … pardon mademoiselle, je regardais mes pieds ! »

« Je remarque ça, ça ne date pas d’hier que tu es aussi bête que tes pieds. »

Il aurait bien sursauté mais il était assis au sol. Manelena ? Comme par hasard ?Alors qu’il faisait tout pour se calmer, voilà qu’elle arrivait ? Est-ce que c’était une blague de mauvai goût ? Est-ce qu’on lui en voulait pour quelque chose ? Il avait besoin de savoir car personnellement, il était plus que perturbé maintenant.

« Est-ce que tu comptes rester au sol pendant une heure ou tu vas te relever ? »

Il se releva, oui, mais sans lui adresser la parole. Il fit un demi-tour sur lui-même, évitant alors de la regarder puis il décida de courir. Les seules paroles de Manelena furent :

« Qu’est-ce que … tu ne t’échapperas pas ! »

Difficile d’ignorer le bruit du métal derrière lui mais il ne s’en préoccuait pas. Il ne voulait pas être attrapé ! Il en était hors de question ! NON NON ET NON ! Il n’allait pas se faire avoir ! NON ! NON ET NON ! Il évitait de regarder derrière lui, essayant d’ignorer les cris de Manelena qui lui ordonnait de s’arrêter. Pourquoi il courait ?
Car il ne voulait pas la voir. Il n’avait pas envie de la voir maintenant. Non pas qu’il la détestait mais avec les troubles actuels, elle était tombée au mauvais moment. Il n’avait pas l’habitude de fuir mais dans une telle situation, c’était son unique solution.
Continuant de galoper à vive allure, il s’arrêta dans une ruelle obscure, reprenant son souffle. A force de courir comme un dément, il s’était fait un point de côté, aie, aie, aie. Bon, Manelena n’était pas là et il vérifiait quand même qu’il pouvait partir au cas où.

« Je déteste véritablement quand tu fais ça. »

Une ombre tomba devant lui, le plaquant contre un mur avec force, lui arrachant un râle de douleur. Une main gantée de métal s’était posée sur son épaule alors que Tery pouvait apercevoir la femme aux cheveux argentés en face de lui.

« Est-ce que tu veux serrer les dents avant que je te donne un coup de poing ? Je préfère prévenir. Ou alors, tu préfères peut-être expliquer ton cas ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Elen et moi, nous nous sommes disputés, voilà tout. »

« Allons bon, tu crois que c’est ça qui te permet de t’enfuir quand je t’adresse la parole ? Quand tu me percutes ? Prépares-toi, ça arrive bientôt. C’est pas la première fois que vous vous disputez donc tu ne m’auras pas de cette manière. »

« Non non, c’est complètement différent malheureusement. Cette fois-ci, il y a des chances que l’on fasse une grosse pause Enfin, tout ça, ça me perturbe plus que tu ne le crois. »

« Tu veux me raconter ? Ou tu préfères justement t’enfuir ? A toi de voir que je regarde si je continue mon mouvement ou non, qu’est-ce que tu en penses ? »

« Que je ne suis pas intéressé et qu’il vaut mieux que tu ne me demandes pas à savoir. Cela te concerne, c’est tout ce que je peux te dire. »

Elle finit par le relâcher avant de le fixer de ses yeux rubis. Il ne voulait rien lui dire, c’est bien ça ? Est- ce qu’il n’avait pas compris la situation dans laquelle il était ? Elle était en colère, très en colère et qu’il se soit disputé avec Elen ne changeait rien du tout.

« Et si je te force à parler ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Que je serai alors obligé d’utiliser la force, Manelena. Je t’en pries, j’ai pas envie de rire. »

« Et j’ai une tête à plaisanter alors ? Tu commences à t’avancer, Tery. »

« Et si tu arrêtais tout simplement de mal interpréter toutes mes paroles, tu ne crois pas que ça serait mieux aussi ? Qu’est-ce que tu en dis, Manelena ? »

Il s’éloigna, mais cette fois sans courir, quittant la ruelle sombre dans laquelle il s’était trouvé. Il entendit Manelena qui fit quelques pas derrière lui. Elle arriva à sa hauteur, marchant à ses côtés avant de prendre la parole :

« C’est vraiment si grave que ça en fait ? Tu ne fais pas dans l’exagération ? »

« Je n’ai pas la tête à ça, Manelena. Tout ça parce qu’il fut décidé que nous n’allions pas tous les deux à Mékalarma pour éviter les problèmes. »

« Et où est alors le souci ? Qu’est-ce qui lui prend ? Elle ne peut pas se séparer de toi quelques semaines ? Comme vous faisiez auparavant hein ? C’est à se le demander. »

« Nous nous envoyions des lettres mais bon, c’était avant. Maintenant que nous somme ensembles, ce n’est plus la même chose. »

« Je ne sais pas comment ça se passe. Il faut dire que les relations amoureuses, ça me passe par-dessus le crâne vu à quel point ça m’intéresse. »

« Tu devrais pourtant faire un petit effort. Enfin, non, ça ne sert à rien de forcer la chose si tu n’en as pas envie. C’est juste stupide d’agir de la sorte, je suis désolé. Je ne devrais pas t’obliger à ça, Manelena. Mais tu n’as jamais rien ressenti envers quelqu’un ? »

« Bien sûr que si. Mais c’était surtout de la haine, de la colère et du désespoir. »

« Ce n’est pas vraiment de ça dont je parlais. Tu es un peu désespérante sur le coup. »

« Et toi, ces trois sentiments que j’évoque, je les aies déjà eut pour toi. Donc comme ça, on a ce que l’on mérite, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Je me suis déjà disputé avec Elen, je ne vais pas le faire avec toi. Conversation stoppée pour ma part, désolé, je n’ai pas de temps à perdre avec ça. »

Elle haussa les épaules, comme pour lui montrer que ça ne la dérangeait pas le moins du monde. Il ne voulait pas parler ? Tant pis ! Elle n’avait pas que ça à faire de son côté, de toute façon. Elle avait beaucoup mieux. Ils retournèrent à l’auberge mais lorsqu’ils pénétrèrent à l’intérieur, le jeune homme s’était mis à trembler de tout son être, glacé d’effroi. Elen était assise à une table, seule, mais le regard tourné vers lui … et Manelena.

« Ah oui, je vois. Du moins, j’imagine. »

« Et ça va être comme ça pour ceux qui vont l’accompagner. Bref, tu comprends où je voulais en venir maintenant, Manelena ? Je vais encore me promener, je crois bien. »

« Je ne te savais pas aussi couard mais bon, fais comme tu veux. »

Ce n’est pas de la couardise mais juste une petite retraite. Mais il pensait que s’il s’éloignait, c’en était fini de lui et Elen. Il prit une profonde respiration, cherchant alors à se calmer avant de venir tout simplement s’asseoir en face d’Elen. Cette fois-ci, le grognement provenait d’elle et non de Manelena. La femme aux cheveux argentés avait décidé de s’asseoir ailleurs pour ne pas les déranger tandis qu’il commandait à boire.

« Est-ce que tu veux boire quelque chose aussi, Elen ? »

« Pourquoi est-ce que tu me demandes cela, Tery ? Après tout, ça t’importe peu non ? »

« Est-ce que tu veux boire quelque chose, Elen ? »

Elle le fixa de ses yeux bleus. Il n’en démordrait pas. Il n’avait pas envie de la perdre et peut-être que maintenant, il était troublé par ses sentiments, sa confusion et tout le reste mais tout ça l’importait peu, tant qu’il pouvait avoir Elen auprès de lui.

« Juste un peu d’alcool. Peut-être qu’une bonne âme s’occupera de moi. »

« Arrête de raconter des bêtises. Si je vois que tu ne supportes pas ça, je t’emmènerai dans notre chambre. Bon, je vais te prendre la même chose que moi. »

« Est-ce que tu penses vraiment que tu peux encore dormir avec moi ce soir ? »

« Je l’espère malgré notre dispute. Si ça te dérange énormément, je peux aller voir ailleurs. Demander une autre chambre s’il le faut. »

« Tu peux dormir avec moi, ne t’en fait pas. Je ne vais pas te jeter à la porte, je ne suis pas ainsi. Il ne faudrait pas tendre à exagérer non plus. »

« D’accord, d’accord. Merci beaucoup. Oh, nos boissons sont là. »

Dégustant sa consommation en silence, il jetait quelques regards furtifs en direction de la jeune femme aux cheveux blonds. Erreur, il commettait une effroyable erreur, il le savait. Mais il devait apprendre de cette dernière. Peut-être que dans le fond, il n’aimait pas autant Elen qu’il le croyait. Ca serait le bon moment pour prendre des notes sur leur relation à tous les deux, voilà tout. Comme ça qu’il devait le voir.

« Elle est bonne, n’est-ce pas ? Un peu fraîche non ? »

« C’est vrai. C’est vrai, elle est bonne, oui. Pfiou, ça me fait du bien au crâne. »

« Cette journée fut plus qu »éprouvante pour tout le monde, je crois bien. »

« Peut-être, je ne sais pas. Je n’ai pas de temps à perdre avec les autres. J’ai déjà assez de problèmes personnellement pour alors devoir me mêler de ceux des autres. »

« Je vois, c’est un peu pareil pour moi. Je vais aller sûrement attendre les autres ou voir à la bibliothèque. Vous partez quand ? »

« Je ne sais pas, je ne l’ai pas encore décidé de mon côté. Il faut voir avec les autres. Comme je ne suis pas la seule à partir vers Mékalarma, je n’ai pas à décider. »

« Ne partez pas trop longtemps non plus, d’accord ? Revenez vite. »

Il aurait voulut dire : « Reviens vite. » Mais il n’était pas sûr que ça soit le bon moment pour prononcer de telles paroles. Avec lenteur, il la regarda, terminant son verre de son côté. L’humeur était maussade et il jeta un bref regard à Manelena. Clari était revenue, accompagnée de Royan et Elise. Peut-être que le reste de la soirée se passerai plus tranquillement. C’est tout ce qu’il pouvait espérer dans le fond.

Chapitre 27 : Conflit personnel

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Chapitre 27 : Conflit personnel

« Alors ? Tu vas nous expliquer ton choix ou alors, on va devoir t’extirper les vers du nez, Tery ? Tu préfères quelle méthode pour arriver à ce résultat ? »

« Hum ? J’ai le choix avec « aucune » ? Car ça ne me tente pas vraiment que tu me fasses ça si je peux me permettre hein ? Je tiens à ma santé. »

« Alors, tu nous racontes c’est quoi cette connerie que tu as balancée hier ? »

« Comme signalé, nous allons en parler devant le grand archimage, ça sera bien mieux. »

« Si tu as peur de tes propres paroles, tu ferais mieux d’abandonner cette idée. »

« Et si tu me laissais m’expliquer, ça serait beaucoup mieux. Maintenant, on arrête de parler et on va le voir, comme je m’évertue à le répéter depuis déjà vingt bonne minutes, Manelena. » soupira Tery, visiblement de plus en plus agacé par les paroles de l’ancienne maréchale.

« Écoutes un peu Tery pour une fois, ça ne te ferait pas de mal. »

Elen avait repris les propos du jeune homme aux cheveux bruns, les autres faisant de même. Comme elle était seule contre tous, la femme aux cheveux argentés vint se taire, définitivement muette et ne parlant plus alors pour les prochaines minutes. Minutes qui s’écoulèrent bien rapidement jusqu’à arriver devant la tour des archimages.

« Nous aimerions voir le grand archimage, je vous prie. »

Les gardes ne firent aucune formalité cette fois. Ces derniers temps, il fallait avouer que Tery et ses compagnons avaient été souvent vus avec Ernold. De là à faire que certaines rumeurs parlaient de magouilles et manigances avec les démons, il n’y avait qu’un pas. Heureusement pour eux, Omnosmos n’était pas le genre de cité où de telles fabulations avaient court. Ils arrivèrent jusqu’au gnomold, celui-ci semblant les attendre, leur demandant de prendre place pendant qu’ils allaient alors discuter tous ensemble.

« Alors, que puis-je faire pour vous ? »

« C’est au sujet de Mékalarma. J’aimerai éviter de m’y rendre personnellement cette fois. »

« Oh ? Et pour quelle raison? Si ce n’est qu’à cause de tes origines démoniaques, tu sais parfaitement que si c’est nécessaire, tu peux te cacher non ? »

« Oh, c’est l’une des raisons mais il n’y a pas que ça. Mekalarma me hait mais pas de la même façon qu’ils haïssent les autres peuples. Ce royaume me déteste depuis que j’ai tué leur dirigeant pour récupérer les médaillons. J’aimerai aussi que Manelena reste ici. Ce n’est pas beaucoup mieux de son côté puisqu’elle était présente à ce moment. En plus, en vue de ses origines, elle et moi, cela sera tout simplement impossible de ne faire ne serait-ce qu’un pas là-bas sans nous faire repérer puis poursuivi. J’espère que vous comprendrez où je veux en venir par rapport à mes propos, grand archimage Ernold. »

« Je vois, oui, je vois parfaitement ce que tu veux dire par là. » marmonna Ernold.

La plus surprise par rapport aux propos de Tery était bien entendu Elen. Elle ne s’était pas attendue à ce que le jeune homme propose à Ernold de rester ici mais surtout, elle parlait de Manelena ! Pourquoi est-ce qu’elle, elle devait rester ici hein ? D’ailleurs, la femme aux yeux rubis semblait maintenant songeuse.

« Je ne suis pas vraiment d’accord avec ça, Tery. » commença t-elle à dire avec lenteur. « Manelena n’hésite pas à cracher dans ton dos, à t’accuser et surtout à ne te fait aucunement confiance. A partir de là, te laisser seul avec elle, c’est de la folie. »

« C’est une raison de plus, Elen. Elle sera bien obligée de me faire confiance. »

« Je partirai vers Shunter au lieu de rester ici si je ne pars pas vers Mékalarma. Les raisons de Tery ne sont pas mauvaises, loin de là. Sauf que de mon côté, je ne vais pas perdre mon temps à ne rien faire en Omnosmos. »

« Je suis sûr qu’il y a des activité assez nombreuses pour une personne comme vous, mademoiselle Manelena. Vous devriez reconsidérer vos propos. »

« Je ne vais pas chercher à considérer ou non mes paroles. Je sais ce que je veux faire et je ne changerai pas de point de vue. Je retournerai à Shunter et je verrai alors par rapport à la situation, voilà tout. Rien de plus, rien de moins. »

« Hors de question que tu ailles seule là-bas, Manelena. Il vaut mieux que nous y allions tous plutôt que chacun de son côté. »

« Ce n’est même pas une question d’y aller tous ou non. Je me contrefous de vos avis. Comme je ne vais pas à Mékalarma puisque Tery l’a décidé, je fais alors ce que je désire faire, que cela dérange ou non, ça m’importe peu. »

« Et cela t’embêterait alors d’écouter ce que l’on te dit, Manelena ? »

Tery n’avait pas décidé de démordre en direction de la femme aux cheveux argentés. Croisant les bras, il la fixait longuement, yeux dans les yeux. Puisqu’elle voulait créer des problèmes et du tort, il allait tout faire pour que ça ne soit pas le cas donc.

« Pourquoi je perdrai mon temps à cela, Tery ? Donnes-moi une bonne raison pour voir. »

« Peut-être pour le respect de tes interlocuteurs, non ? Je sais que ça paraît très dur à comprendre, surtout venant de moi envers toi, en vue de nos différends dans l’armée de Shunter mais là, tu te comportes comme une sale gosse égoïste. »

Quelques murmures se firent entendre dans la pièce. Elise tentait de dire quelque chose à Royan tandis que Clari faisait de même avec Elen. Manelena avait tiqué aux propos de Tery, commençant à s’approcher de lui d’un air menaçant avant de s’arrêter.

« Non, tu n’en vaux pas la peine, Tery. Je vais pas m’évertuer à perdre mon temps avec toi. »

« Et qu’est-ce qui en vaut la peine pour toi depuis quelques semaines, Manelena ? Dis-le nous pour qu’on puisse comprendre ce qui se passe dans ta tête. »

« Et pourquoi est-ce que tu chercherais à comprendre ça ? »

« Pour essayer d’éviter d’envenimer la situation à chaque fois que tu parles avec l’un d’entre nous. Ça me semble être une raison des plus valides non ? »

« Je hais quand tu parles comme ça, tu as compris ? Je hais réellement ça, Tery. Ça m’énerve au plus haut point car je n’aie pas la force de te contredire. »

« C’est un peu le but recherché, tu ne trouves pas ? »

« N’exagère donc pas. Je ne vais pas me laisser marcher sur les pieds par quelqu’un comme toi, non plus hein ? Que tu ne commences pas à croire cela. »

Il haussa tout simplement les épaules, légèrement amusé par le fait qu’il suffisait de lui parler de la sorte pour la calmer. Au moins, la situation semblait avoir perdu un peu de son excitation et c’était tant mieux. Maintenant que tout était bien plus calme, ils allaient pouvoir retourner à des occupations bien plus saines.

« Je pense qu’il vaut que vous réfléchissiez plus longuement à la situation. Les arguments de Tery sont plus que valides. Mékalarma est déjà une nation « belliqueuse » aux yeux des autres. Si on considère les actes de Tery et Manelena, cela serait de la pure folie. Je n’avais plus aucun souvenir de cette affaire. De plus, il ne faut pas espérer pouvoir discuter avec eux. Vous savez aussi bien que moi comment ils sont, n’est-ce pas ? »

Quelques hochements de tête se firent voir, signe qu’ils comprenaient la situation. Mékalarma était très loin d’être une nation accueillante. Puissante, avancée technologiquement, adepte des golems comme Tery, elle ne faisait que très rarement confiance aux autres nations, et souvent à raison. Il suffisait de voir Tery et Manelena.

« Cette situation reste compliquée. Si vous voulez bien me laisser, je vais réfléchir à ce qu’il faut faire et voir qui doit rester ici ou non. »

« Comme vous le désirez, grand archimage. De toute façon, c’est surtout pour avoir un conseil. Je ne pense pas que le groupe aime que quelqu’un d’extérieur nous guide. Si nous sommes réunis, ce n’est pas pour obéir forcément à une autre entité. »

Maintenant, c’était des regards écarquillés qui étaient tournés vers lui. Aujourd’hui, c’était sa journée ou quoi ? Il avait décidé de se mettre tout le monde à dos ? Surtout le grand archimage ? Clari vint lui prendre le bras avant de dire d’une voix amusée :

« Ne vous préoccupez donc pas trop de Tery. Il plaisante quand même un peu. »

« Non, non, il a parfaitement raison. Vous n’avez pas eut besoin de moi par rapport aux premières créatures légendaires. C’est à vous de décider ce que vous voulez. »

« Merci de votre compréhension, grand archimage. Cela fait rudement plaisir, je dois l’avouer. » déclara le jeune homme aux cheveux brun avant d’hocher la tête. Puisqu’il en était ainsi, aujourd’hui, ils n’allaient pas se diriger vers la bibliothèqie mais tout simplement se reposer. Surtout qu’il était sûr que les autres membres du groupe allaient le questionner.

Quittant le bureau d’Ernold, il fut rapidement tiré par Elen au niveau, celle-ci fronçant les sourcils tout en commençant aussitôt à lui parler avec rapidité :

« Mais qu’est-ce que ça veut dire, Tery ? C’est quoi cette histoire par rapport à Mékalarma ? »

« La vérité, Elen. Tu le sais parfaitement, non ? »

« Oui, oui, mais ça n’explique rien du tout. Manelena est assez forte pour venir. Toi, de ton côté, en vue de tes cornes, cela fait une raison de plus pour que tu restes ici. Mais elle, non. »

« Comme je te l’ai dit, en vue des recherches sur nos deux personnes, ça me semble normal que Manelena reste là. Je vois parfaitement ce qui te dérange. »

« Alors pourquoi tu ne fais rien pour arranger tout ça, Tery ? Pourquoi ?! »

Il baissa la tête. Il ne savait pas vraiment dans le fond. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il faisait ça ? Qu’est-ce qui le poussait à agir de la sorte ? Il n’en avait aucune idée ou presque. Il murmura d’une voix lente :

« Car je ne trouve pas cela aussi grave que tu ne le penses. J’ai juste l’impression que tu t’imagines des choses. Il n’y a rien de possible entre elle et moi. »

« Alors pourquoi est-ce que tu prononces cela avec un peu de tristesse et de regret dans la voix ? Hein ? Pourquoi, Tery ? On dirait que ça te dérange. »

« Ah bon ? C’est vrai ça ? » demanda t-il en écarquillant les yeux, un peu surpris de ce qu’elle venait de déclarer. Il ne chercha même pas à la contredire. « Je ne sais pas, je ne me suis jamais posé réellement la question. Puis c’est si peu crédible. Bref, sur ce point, je ne vais pas chercher à me disputer. Non pas car je m’enfuis, loin de là, tout simplement car je n’ai rien d’autre à dire, voilà tout. Désolé pour toi, Elen. »

« Désolé pour moi ? Ça revient presque à dire que tu me dois quelque chose, Tery. Arrête ces blagues douteuses, je n’aime pas du tout cela, compris ? »

« Pardon, encore pardon quand même. C’est ainsi et pas autrement. Si ‘ai l’impression d’avoir fait ou dit une bêtise, je dois m’excuser. »

Et zut, maintenant, il était un peu perdu. Il quitta la tour des archimages, jetant un regard derrière lui. Est-ce que tout le monde le suivait ? Il observa le ciel tout en soupirant. Manelena ? Est-ce que le fait qu’il « ignore » tout ça jouait sur la réalité percue par les autres ? Est-ce qu’il ignorait délibérément les signaux de Manelena ? C’est surtout qu’il ne s’imaginait pas Manelena de la sorte. Manelena était une femme forte, très forte, avec quelques moments de faiblesse, comme toutes les femmes.
Mais de là à considérer Manelena comme une femme amoureuse, non non. C’était beaucoup trop tôt pour ça. Comment croire que Manelena pouvait être amoureuse ? Même de lui. Surtout de lui en vue de leur relation qu’il n’arrivait pas à définir. Est-ce qu’ils étaient réellement amis ? Ennemis ? Il ne fallait pas oublier qu’elle était très méfiante envers lui depuis les paroles d’Onyr donc bon, c’était juste dingue de s’imaginer ça.
Ou alors, peut-être c’était justement ça le petit truc qui changeait tout ? Elle était inquiète pour lui et voulait espérer qu’il ne changera jamais les paroles d’Onyr ? Elle voulait se rassurer non ? Cela concorderait avec les paroles lors de cette nuit. Puis aussi l’enlacement. Elle était forte comme femme, très forte mais parfois, même elle se laissait aller à ses émotions. Oui, c’était exactement ça en fait.

« Tery ? Qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi est-ce que tu n’avances plus ? »

« Clari ? Oh, j’ai juste la tête un peu dans les nuages. Qu’est-ce que tu penses de tout ça ? »

« Tu fais comme tu veux, Tery. Tu es assez grand et adulte non ? Puis, dans le fond … » commence t-elle à lui dire avant de se rapprocher de lui, lui chuchotant : « Si tu restes ici, tu peux te renseigner tu crois ? Non ? »

« Je comptais le faire aussi tout en continuant d’aider à la bibliothèque car j’espère que madame Jésiana n’a aucun problème grave hein ? »

« Alors, c’est parfait pour moi. Je suis pressée que l’on se renseigne au sujet de cette guilde. Quand on se reverra, je veux le nom, les papiers et tout le reste ! N’oublie pas le blason. »

Il rigola, Clari faisant de même alors que le reste du groupe cherchaient à comprendre ce qui se passait chez eux. Les deux personnes avaient le sourire aux lèvres tandis qu’elles continuaient à parler, mais cette fois-ci de tout et de rien. Ça allait mieux, encore une fois, grâce à Clari. Qu’est-ce qu’il ferait sans elle ? Pas grand chose visiblement.

« Bon bon bon. Ah … Vous voulez que l’on s’installe à une table ou pas ? »

« Si c’est pour nous raconter tes malheurs, je ne suis pas sûre de vouloir les entendre, Tery. »

« Ne dis pas n’importe quoi, Manelena. Nous sommes des gens civilisés. Nous savons donc comment bien nous tenir, n’est-ce pas ? »

« Humpf ! N’exagère pas trop non plus hein ? Ca ne se passe pas toujours comme ça. » disait-elle en fronçant les sourcils, peu convaincue par les propos de Tery. Il haussa tout simplement les épaules avant de se diriger vers une auberge, même si Manelena ne voulait pas. Pourtant, lorsqu’ils s’installèrent à une table, elle était là, en face de lui.

« Maintenant, est-ce que nous parlons du souci avec Tery ou non? Et sa décision ? » demanda Clari, reprenant aussitôt : « Pour ma part, ça me semble logique et raisonnable de sa part. Pour Manelena aussi, comme nous étions tous les trois dans l’armée, je sais à quel point celle de Mekalarma va tenter de les tuer. Surtout qu’ils doivent être au courant que nous allons chercher à rencontrer leur créature légendaire nommée Park. Vous imaginez ? Leur armée sera encore plus puissante et sur le qui-vive. Ca serait de la folie pour Tery et Manelena que de vouloir partir à la recherche de Park. »

« Je n’ai pas envie de laisser Tery seul ici .Qu’est-ce qu’il va faire pendant ses journées ? Elles vont être très longues sans nous ! On ne peut pas faire ça. »

« Elen, tu pourras toujours m’écrire non ? Comme auparavant, c’est pas si mal non ? »

« Auparavant, nous … n’étions pas ensemble. C’est différent maintenant. »

« Considère cela comme une épreuve, c’est la seule chose que je peux te dire pour te rassurer. Enfin, si cela te rassure, bien entendu. »

Elle hocha la tête négativement, montrant par là que c’était loin d’être le cas. Il poussa un petit soupir, se disant qu’à force de ne parler qu’à Elen, il donnait sûrement l’impression de se montrer en spectacle avec elle pour le reste du groupe. Il posa sa main sur celle d’Elen, la regardant avec tendresse. Elle devait pourtant croire que ça serait possible.

« Il faudra juste en discuter tous les deux, seuls, Tery. »

« Comme tu voudras, Elen, vous n’êtes pas encore partis que je sache. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs, n’est-ce pas ? »

« C’est vrai. C’est tout à fait vrai, Tery. Je l’oublie parfois. Je fais un peu de zèle. »

Elle disait cela avec une certaine nonchalance comme pour tenter de calmer ses ardeurs présentes depuis leur arrivée et départ dans la tour des archimages. Maintenant, elle allait un peu mieux mais elle n’en restait pas plus rassurée qu’auparavant.

Pas vraiment. Elle se frotta les yeux. Mais qu’est-ce que Tery allait faire pendant toutes ces journées ? Car cela allait prendre plusieurs semaines, peut-être un bon mois ? Le temps qu’ils arrivent jusqu’à Mekalarma, qu’ils aient des indices sur Park et tout le reste.

« On retourne à la bibliothèque ou pas ? » demanda Elise après quelques secondes de silence.

« Toi, j’ai vraiment l’impression de me voir en version féminine. Tu as aussi tellement envie de rattraper ton retard dans les livres, n’est-ce pas ? »

« C’est ça en fait. Il y en a tellement, j’aimerai bien trouver un genre de livres qui me plairait et que je sais que je continuerais à me documenter. Tu vois ce que je veux dire ? »

« Comme moi avec les livres sur les golems ? Enfin, moi, c’est un cas spécial, surtout que les livres sur les golems sont assez spécifiques. »

« Oui mais bon, ce n’est pas bien grave. Je ne cherche pas forcément des livres sur la magie des golems à la base. Je ne sais pas encore. »

« N’oublie jamais ça, ça sera parfait pour plus tard. Bref, ton idée d’aller à la bibliothèque, je ne sais pas si elle va plaire. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

« Nous ne sommes pas tous obligés de nous rendre au même endroit hein ? Elle peut aller à la bibliothèque tandis que nous autres, nous faisons autre chose. »

« Je pense accompagner mademoiselle Elise à la bibliothèque. Une telle motivation ne doit pas être perdue en restant seule. » déclara Royan alors que Tery se retenait de sourire bêtement. Pourquoi pas ? Ils pouvaient bien y aller tous les deux non ? Les autres, quant à eux, pouvaient aller se promener ailleurs, comme ce qu’il avait déclaré.

« Vous avez donc compris? Nous nous retrouverons ici en fin de journée. »

« D’accord, d’accord, ça me semble être une bonne idée, je trouve. »

« Manelena, est-ce que tu viens avec moi et Elen ou non ? » demanda le jeune homme aux cheveux bruns, Elen marmonnant qu’elle préférait être seule avec lui.

« Je ne crois pas non .Je vais voir un peu en ville au lieu de m’énerver pour rien. »

« De mon côté, je vais avec elle, Tery. Ça serait bête qu’elle se sente toute seule et abandonnée, la pauvre petite Manelena. »

Il eut un petit rire amusé avant de pousser un soupir. Pourquoi pas ? Donc en comprenant bien, ils étaient tous séparés car oui, Sérest et Séran comptaient aussi se promener en couple, tranquillement, sans causer du tort. D’ailleurs, ils ne parlaient toujours que très peu alors que lui-même s’en voulait. Il pouvait peut-être faire un petit effort non ?

« Est-ce que tu viens, Tery ? »

« Oui, oui, j’arrive tout de suite. On peut y aller, ne t’en fait pas. »

Il lui prit la main dans un grand sourire, commençant alors à marcher avec elle après qu’ils soient sortis de l’auberge. Il allait lui faire oublier ce début de journée. Là, ils n’allaient pas se battre. Ah … cette journée allait bien se terminer.

« Tery ? Est-ce que tu te rends compte au sujet de Manelena ? Que tu ne la laisses pas indifférente ? Car dans tous les cas, je t’en voudrai terriblement si tu jouais avec ses sentiments, avec les miens et si tu faisais tout pour cela. »

Directement les pieds dans le plat, n’est-ce pas ? Cette fois-ci, le soupir n’était pas à cause de sa joie mais simplement de son désespoir. Il fixa Elen d’un œil torve avant de dire :

« Pourquoi est-ce que tu t’évertues à me parler de Manelena ? »

« Est-ce que tu as quelques sentiments pour elle ? »

« Je ne sais pas. Je dirais que oui. Elle ne me laissera jamais indifférente. »

Je l’entends glapir de tristesse. Elle ne s’attendait pas à ce que je sois aussi direct, n’est-ce pas ? Je m’immobilise pour me placer en face d’elle, mettant mes mains sur ses épaules :

« Ne t’en fait donc pas. Tu devrais te sentir rassurée car cela veut dire que mes sentiments envers toi sont plus forts que ceux que j’ai avec Manelena. »

« Je ne me sens pas vraiment rassurée. Pas du tout. »

Elle devait l’être pourtant. Mais il comprenait son insécurité. Qu’est-ce qu’il penserait s’il la voyait avec un autre homme ? Du moins, un homme qu’elle appréciait et avec qui elle était proche ? Il n’était pas sûr que cela soit possible, loin de là. Gloups.

Chapitre 26 : Viendra, viendra pas

ShiroiRyu
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Chapitre 26 : Viendra, viendra pas

« Pour aujourd’hui, tentons de trouver des détails sur Park ? »

C’était une meilleure chose que de partir sur des connaissances inconnues pour le moment. Les autres acceptèrent sa proposition tandis qu’ils se remettaient alors tous au travail. Trouver des informations sur Park était beaucoup plus simple que le reste. Il fallait dire que cette créature légendaire avait pour particularité d’utiliser une terme. Tous les livres de l’époque parlaient de ça. La femme qui s’y trouvait se battait avec une arme.

Elle n’était pas totalement humaine et cela voulait donc dire … qu’elle était quoi exactement ? Car d’après ses souvenirs, cela voulait dire que ça serait l’unique créature humanoïde parmi les cinq créatures légendaires. Cela lui donnait un statut spécial, qu’il ne pouvait pas omettre dans ses réflexions.

« Donc donc donc … on sait que Park est un humanoïde. Est-ce que vous pensez qu’il y a des chances que cette créature légendaire puisse communiquer plus facilement avec nous ? »

« Il ne faut pas trop espérer à ce sujet, je dirai. »

Au moins, Manelena était directe et franche, comme à son habitude. Il hocha la tête positivement, se disant que ce n’était qu’une idée stupide malheureusement. Comment cela en aurait-il put être autrement ? Enfin bon, maintenant qu’il s’était lancé dans la recherche d’informations sur Park, peut-être qu’il y avait un petit détail concernant l’aigle bicéphale ? HEY ! C’était peut-être une idée pas si stupide que ça en fin de compte ! Il reprit :

« On devrait voir pour les autres créatures légendaires. »

« Pour quelle raison, Tery ? » demanda Elen, aussi étonnée que les autres sauf Manelena.

« Au lieu de chercher des détails précis sur ce fichu aigle, Tery veut regrouper toutes les informations que l’on peut obtenir dans les autres livres. C’est une méthode comme une autre. Ça peut être très efficace comme complètement inutile. »

« Au moins, grâce aux paroles de Manelena, me voilà rassuré dans mon idée. Bref, vous en pensez quoi ? Ça vaut le coup d’essayer non ? »

« Pourquoi pas ? Ça ne me dérange pas même si j’espère juste qu’on ne va pas faire ça de toute la journée, on risque de s’abimer les yeux, Tery ! »

Au moins, il pouvait être sûr d’une chose : Clari le suivrait. Elen aussi visiblement. Royan et Elise signalèrent que ça ne les dérangeait pas, Manelena déclarait qu’elle n’avait rien d’autre à faire tandis que Sérest et Séran hochaient simplement la tête positivement.

« Bon alors, je vais demander à madame Jésiana des livres sur tout ça. Je crois qu’elle va défaillir car je suis sûr qu’il y en a au moins deux voire trois cents au bas mots. Et encore, je me doute que je suis bien loin de la vérité. »

« Et tu trouves cela drôle, je parie, n’est-ce pas ? » dit la femme aux cheveux argentés alors qu’il avait le sourire aux lèvres : ça se voyait tant que ça ? Hahaha ! Bien sûr que oui !

Il se releva, cherchant du regard la vieille femme, ne l’ayant pas encore vue de la journée. D’ailleurs, en jetant un œil autour de lui, il ne la trouvait pas. Il n’y avait bien que messire Périk dans les environs et il s’approcha de lui.

« Bonjour ! Comment allez-vous ? Dites-moi, madame Jésiana n’est pas là ? »

« Elle est un peu souffrante aujourd’hui. Je lui ait donné son jour de repos. Elle le mérite bien. Pourquoi cette question ? Vous aviez quelque chose à lui demander ? »

« Non pas spécialement, je peux aussi vous demander ce que je cherche. Enfin, juste, faites qu’elle aille mieux. Est-ce que vous allez avoir beaucoup de travail ? »

« Sûrement. Je ne suis pas seul, bien entendu, cette gigantesque bibliothèque n’a pas que deux employés mais … sans ma femme pour la journée, je sens que cela va être assez dur. »

« Est-ce que vous voulez de l’aide ? Je ne m’y connais pas du tout mais bon … »

« Oh ? Tu ferais cela pour nous ? Cela serait avec un grand plaisir mais tes amis t’attendent non ? D’ailleurs, j’ai crû remarquer que vous preniez plus de livres. »

« Nous cherchons des informations sur les créatures légendaires mais en réunissant toutes celles issues des autres et … zut. Comment est-ce que je peux dire ça ? Ah oui. En fait, on cherche des informations sur l’aigle bicéphale mais dans les livres concernant les autres créatures légendaires. Peut-être qu’il y a de petits détails que l’on a manqués. »

« C’est une méthode assez efficace si on arrive à l’utiliser correctement. »

« Merci bien, je m’en doutais un peu mais bon … qu’est-ce que je peux faire pour vous aider alors ? Vous me le dites ? »

« Hum, puisqu’il en est ainsi, il faut déjà que l’on aille prendre quelques livres et que tu ailles expliquer ce que tu comptes faire à tes amis. Éviter qu’ils ne s’inquiètent. »

« Je vais le faire, je vais le faire tout de suite. »

Le vieil homme le suivit tandis qu’il retournait auprès des autres. Expliquant brièvement ce qu’il comptait faire, Elen se releva elle aussi, disant :

« Pourquoi ne pas tous l’aider ? Nous n’avons pas les compétences de madame Jésiana mais tous réunis, cela devrait être équivalent non ? »

« Je vais rester ici pour continuer à lire. » déclara Elise dans un grand sourire. Depuis qu’elle avait débuté cela, elle ne semblait plus vouloir s’arrêter. Le jeune homme aux cheveux bruns poussa un petit soupir amusé avant de répondre :

« Je vois, je vois. Manelena ? Clari ? Sérest ? Séran ? Royan ? »

« Je vais rester avec mademoiselle Elise. » répondit l’adolescent aux cheveux bleus. Sérest et Séran signalèrent qu’ils allaient faire de même de leur côté.

« Oh moi, je pense que je vais venir vous épauler. Je ne sais pas, je pense que ça va être bien amusant. Manelena ? Tu viens aussi ? » demanda Clari alors que la femme aux yeux rubis la fixait, fronçant légèrement les sourcils avant de soupirer. Elle se releva, fermant son livre avant de faire un geste de la main comme pour signaler que le plus vite ils en auraient terminé, mieux ça sera. Ce n’était pas la motivation qui l’étouffait visiblement.

« Puisqu’il en est ainsi, je vous remercie tous. Ne vous inquiétez pas, ça ne sera pas si difficile si vous venez m’aider. Je vais vous montrer quoi faire. »

Oh que oui ! Tery était plus que motivé à épauler le vieil homme, un grand sourire aux lèvres alors que le vieil homme leur montrait plusieurs livres à ranger. Pour les conseils aux nouveaux arrivant, c’était plus compliqué. Il fallait connaître la bibliothèque par cœur, ses moindres recoins, tous ses rayons pour cela.

« Pour la journée, le mieux serait que vous alliez tout simplement ranger ces livres dans les rayons. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas bien difficile. Normalement, ces petits papiers sur le côté d’une pile de livres vous indique le rayon. »

« Bien entendu. ! On va le faire tout de suite ! »

Il s’exclama avec joie, tirant le petit chariot derrière lui. Il ne savait même pas pourquoi il faisait tout cela. Du moins, c’était du genre ennuyeux, très ennuyeux et pourtant, il n’arrivait pas à trouver un quelconque ennui. C’était étrange.

« Alors, ces livres-là ? Hum ? Ils vont par là ! »

Il ne devait pas courir dans une bibliothèque, il n’était plus un enfant. Avec amusement, il observait les différents livres qu’il avait en main, se demandant ce qu’ils contenaient pour la plupart. Bien entendu, ce n’était pas tous des livres de magie.

« Quand même, qui aurait put croire qu’il y en aurait autant hein ? »

« Tery ? Tu aimes donc autant que ça les livres ? » demanda Elen alors qu’il hochait la tête positivement, lui répondant dans un grand sourire :

« Bien sûr que oui ! C’est bête mais j’ai l’impression de devoir rattraper tout mon retard. »

« Tout ton retard ? Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire par là, Tery ? »

« Par rapport aux connaissances dans la littérature, voilà tout ! Avant que je te connaisse, je ne lisais pas vraiment. Puis bon, j’ai quand même eut de la chance par rapport au premier livre sur les golems. Tu imagines ? Comme récompense ? »

« Tout cela a commencé bien gentiment. Et maintenant, tu vois où nous en sommes ? » dit-elle avec une pointe de tristesse dans la voix.

« Sauver le monde, tout ça, hein ? Ne t’en fait pas, tu n’es pas la seule à vouloir quelque chose de plus calme et reposant. Malheureusement, je ne peux pas t’offrir ça en vue de ce que je suis réellement. Pardon, Elen. Ce n’est pas la vie que tu attendais avec moi. »

« C’est celle que j’ai décidé d’avoir, je ne la regretterai pas. »

Il évita de lui répondre, ne voulant pas l’embarrasser plus. Il ne voulait pas de cela, pas du tout. Il continua de ranger les livres, comme si de rien n’était. Il n’était pas motivé à se démotiver justement. Il avait mieux à faire, beaucoup mieux.

« Et un livre rangé, et deux livres rangés, et de trois. »

« Fais attention Tery. Il faut les ranger par ordre alphabétique et numérique. »

« Je le sais bien, Elen, je le sais bien. »

Il avait dit cela tout en gardant le sourire, une bonne heure s’écoulant alors que Tery observait ceux qui étaient encore de train de lire dans son groupe. Au moins, ils étaient concentrés, très concentrés. Ou presque.

« Manelena ? Tu penses qu’on ferait bien de partir vers Mékalarma ? »

« Pourquoi est-ce que tu me poses la question, je peux savoir ? »

« Juste que … je ne sais pas trop. Je n’ai pas envie de m’y rendre. »

Elle haussa un sourcil en écoutant ses propos, semblant ne pas s’y attendre du tout. Elle resta interdite, s’immobilisant avant de demander d’une voix calme :

« Et tu as une explication raisonnable pour cela ? »

« Ce n’est pas de l’ennui. Juste un mauvais pressentiment. Je ne sais pas. J’ai l’impression qu’il ne faut pas que je m’y rende cette fois. »

Elle préféra ne pas répondre, trouvant cela absurde et illogique bien qu’elle évitait de le lui dire ouvertement. Pourquoi chercher les problèmes si on pouvait les éviter ? Mais ce qu’il venait de dire n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde. A partir de là, c’était à son tour d’être maintenant songeuse par rapport à tout ça.

Finalement, quatre heures passèrent à toute allure et le vieil homme leur proposa de se reposer pendant qu’il allait chercher quelques consommations. Ils avaient tous mérité de se reposer et ils se retrouvèrent autour d’une table de la bibliothèque, en-dehors d’une zone où les règles sévissaient. Le jeune homme vint interroger le groupe qui avait été plongé dans les livres, leur demandant des nouvelles s’ils en avaient. Royan fut le premier à parler :

« Rien de transcendant malheureusement. Même dans les livres portant sur les autres créatures légendaires. Ce n’est pas ici que l’on trouvera ce que l’on cherche. »

« Dommage, dommage. La seule méthode qu’il reste est donc d’interroger la dernière créature légendaire. Nous n’avons pas trop le choix. Quand je parle de dernière, je veux bien entendu parler de Park en Mékalarma hein ? »

« Logique. Mais cela veut dire que nous aurons alors un nouveau combat. »

Après les propos de Manelena, le silence plana. Même si messire Perik était parmi eux, ils parlaient ouvertement de tout cela. D’ailleurs, c’était bien Tery qui avait lancé le sujet. Pourtant, le fait que le vieil homme soit là ne le dérangeait pas le moins du monde.

« En parlant de Mékalarma, il est de mon devoir de vous prévenir par rapport à Shunter. Il semblerait que le roi est en danger. Du moins, que la rébellion gagne de plus en plus dans les nombreux conflits avec l’armée. Bon nombre de déserteurs rejoignent les rebelles. »

« Je ne pense pas que ça soit le bon moment pour parler de ça, monsieur Périk. »

Tery jeta un bref regard à Manelena après les paroles du vieil homme. Vraiment, non, il ne se sentait pas trop rassuré de parler de ça devant la jeune femme aux cheveux argentés. Pourtant, celle-ci resta de marbre, comme si ça ne la concernait pas le moins du monde.

« Pardon, pardon. L’habitude de parler des dernières nouvelles. »

« Ce n’est pas bien important. Tant que vous comprenez pourquoi, c’est tant mieux. »

« Je ne suis pas en sucre, Tery. Je peux parfaitement parler de Shunter sans piquer une crise de nerfs ou autre. Je ne suis pas comme toi, je te signale. »

« Je ne voulais pas que tu te sentes insultée ou autre hein ? Ce n’était pas du tout mon intention. Je ne veux pas que tu croies que je pense que tu es faible et fragile. Nous savons tous les deux que ce n’est pas du tout le cas, loin de là. »

« Alors pourquoi est-ce que tu te sens obligé de prévenir Périk à ce sujet ? Enfn messire Périk, puisque tu l’appelles ainsi, autant faire de même. »

Il ne savait pas s’il devait prendre cela comme un compliment ou autre. Mais bon, il valait mieux ne pas trop continuer à parler avec Manelena. Contrairement à ce qu’elle disait, elle n’était pas de bonne humeur d’avoir appris cela au sujet de Shunter. Lui-même n’était vraiment pas très rassuré par rapport à la suite des événements.

Mais bon, comment est-ce qu’il pouvait faire pour arranger le tout ? Ils n’allaient pas retourner à Shunter, même si Manelena l’aurait voulu. Mais pour le moment, il n’avait pas l’impression qu’elle soit motivée à cela.
Peut-être qu’il s’était fait des illusions ? Ca ne serait pas la première fois. Enfin bon, il était temps de terminer la journée non ? Ils avaient encore quelques heures devant eux jusqu’à la fermeture de la bibliothèque, cela voulait dire qu’ils n’étaient pas prêts d’avoir fini.

« Bon, bon, bon, il y a encore des livres à ranger non ? »

Il avait fini par changer de conversation pour être sûr de ne pas causer plus de problèmes à cause des paroles. Le vieil homme le regarda, hochant la tête positivement pour lui signaler de le suivre. Le jeune homme suivit la marche, jetant un bref regard en arrière pour voir si Manelena et les autres l’accompagnaient. D’ailleurs, il espérait que Royan et compagnie avaient aussi trouvé quelques informations par rapport aux créatures légendaires mais sur le coup, il ne se faisait vraiment que peu d’illusions à ce sujet.

Si le roi était en danger et cela malgré ses actes infâmes, elle devait aller le voir. C’était son père. Il était certain que cela lui avait fait horriblement mal de devoir commettre un tel acte en face des autres armées. Est-ce qu’elle ne ressentait rien pour son père ? Même si pendant toutes ces années, il avait caché cette vérité aux yeux de son peuple.

Non, en fait, c’était illogique et loin d’être raisonnable qu’elle aille revoir son père. Il fallait éviter cela mais bon, comme elle ne désirait pas retourner à Shunter, c’était tant mieux. Par contre, lui-même n’était vraiment pas motivé à aller à Mékalarma.

Finalement, la journée se termina et il devait se l’avouer : il était exténué. Il regarda les autres, leur demandant les informations qu’ils avaient obtenu. D’après ce qui était dit, à l’époque, les royaumes de Claudiska et de Traslord étaient en guerre totale. Pourtant, une voie de paix était apparue et avait permis alors aux deux peuples de vivre en parfaite harmonie. On pouvait même parler d’une cohabitation entre les deux créatures légendaires à cette époque. Intéresant, très intéressant.
Le reste par contre, c’était le calme plat, sauf si on comptait que Mékalarma, comme à son habitude, n’appréciait pas la venue des autres royaumes sur ses terres. Ainsi, avec Claudiska qui était son élément antagoniste à la base, ils avaient appris que les créatures légendaires ne s’apprécient pas entre elles. Mais la conclusion était là : ils ne savaient toujours pas où se trouvait l’aigle bicéphale. Résultat des courses ? Ils retournaient au début.

Salutant le vieil homme en lui demandant de dire à madame Jésiana de bien se soigner, Tery repartit de la bibliothèque, accompagnant le reste du groupe à l’auberge pour aller se sustenter. Ils allaient devoir prendre une décision en ce qui concerne Mékalarma. Ce fut lui d’ailleurs qui lança le sujet, déclarant :

« Est-ce que vous voulez que l’on se rende tous à Mékalaarma pour rencontrer Park ? »

« Tu en es certain, Tery ? Je veux dire, tu ne semblais pas motivé avant. »

« Et je ne le suis toujours pas, je dois l’avouer. Je ne trouve pas ça intéressant au point de m’y rendre. C’est trop dangereux pour moi et Elise. »

« Je veux bien m’y rendre. De toute façon, vivre dans un monde sans danger, ce n’est plus possible de nos jours. » dit Elise avec un grand sourire, montrant par là qu’elle s’était rapidement acclimatée aux autres après ce temps passé avec eux.

« Pour ma part, je suis désolé mais je ne compte pas vous suivre. Je vais rester en Omnosmos en attendant que vous reveniez, je préfère cela. Je pense que le grand archimage sera d’accord avec cela. Je m’en excuse encore une fois. »

« T’excuser ? Tu blagues hein ? Tu crois vraiment qu’il suffit de dire « je ne veux pas » pour que ça se passe comme ça, Tery ? »

« Manelena, si tu cherchais à comprendre, tu verrais que mes paroles ne sont pas faites pour être plaiantes. Je signale juste que je préfère rester en Omnosmos. Comme je n’ai pas envie de me battre avec toi ou quiconque d’autre, je pars directement dans ma chambre. Nous en reparlerons demain, devant le grand archimage, pour que vous puissiez comprendre. »

« Vas-y. Enfuis-toi, ce n’est pas comme si on avait l’habitude avec toi, Tery. Dès que ça ne te convient pas, il faut que tu … »

« Tu arrêtes ça tout de suite, Manelena ! Compris ?! » hurla soudainement Elen, frappant, se redressant de sa chaise. « Tery nous expliquera tout cela demain. Si ça ne te convient pas, tant pis, je t’ai déjà dit que tu étais libre de partir quand tu le voulais! »

Il ne se préoccupa pas de cette dispute cette fois. Ce n’était pas à lui de s’en mêler. Il ne fallait pas exagérer. Il en avait un peu assez qu’elles se bagarrent et se chamaillent tout le temps. Manelena pouvait dire tout ce qu’elle voulait, il savait la vérité à son sujet donc il ne s’en faisait pas le moins du monde.

« Bonne nuit à vous tous. Evitez de mettre du sang, Elen et Manelena. »

C’était sa seule remarque. Un peu stupide, il le reconnaissait parfaitement mais ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Il s’enferma dans sa chambre, venant se coucher sur le lit, la tête déposée sur le coussin.
Il avait juste sommeil et envie de dormir, rien de plus. Les yeux clos, il sombra à moitié dans le sommeil, entendant la porte s’ouvrir. Des lèvres se posèrent doucement sur sa joue, la voix d’Elen lui chuchotant avec tendresse et affection :

« Pardon, Tery. J’ai juste l’impression que Manelena dépasse les bornes à chaque fois. Tu comprends ce que je veux dire, n’est-ce pas ? Tu dors ? »

« Je dors. » marmonna le jeune homme, ne bougeant pas de sa position.

« Dommage, Tery. Dommage. » lui dit-elle avant de venir embrasser une nouvelle fois sa joue puis de mordiller tendrement son oreille. Il ouvrit subitement les yeux, ses yeux tournés vers elle. Hey ! Mais elle voulait s’amuser ?

« Pourquoi ? Est-ce que tu as une idée en tête ? Elen ? »

« Juste une envie de me reposer contre toi. Après toutes ces heures de travail, je ne pensais pas que ça serait aussi épuisant. Est-ce que tu veux bien me masser ? »

Si c’était demandé aussi gentiment, il n’avait aucune raison de refuser cela. Avec amusement, il plaça ses mains sur les épaules d’Elen, commençant doucement à appuyer dessus. Elle poussa un petit gémissement de plaisir alors qu’il continuait.
Bon, ça n’arrangeait en rien la situation mais qu’importe. Il avait dit qu’il s’expliquerait mieux demain et Elen n’avait pas trouvé cela nécessaire qu’il lui parle au sujet de son envie de ne pas aller à Mékalarma.
Une heure plus tard, il était couché avec Elen, nus tous les deux, la couverture sur leurs corps. Bien entendu, il savait que ça se serait terminé comme ça et il n’était pas du genre à se plaindre. Elen lui murmura quelques « je t’aime tant » avant de finir par s’endormir comme lui. Demain, il allait discuter avec le grand archimage pour lui expliquer la situation. Il y avait fort à faire mais qu’importe, il ne voulait pas y aller.

Chapitre 25 : Balade nocturne

ShiroiRyu
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Chapitre 25 : Balade nocturne

« Elen ? Est-ce que tu dors ? »

Question stupide mais il n’attendait pas vraiment de réponse non plus. Il observa la jeune femme aux cheveux blonds dans le lit, venant l’embrasser doucement sur le front avant de se lever, se rhabillant. Cela faisait deux bonnes heures et la nuit était tombée maintenant. Il quitta la chambre avec discrétion, faisant le moins de bruit posible avant d’observer le couloir de l’étage où ils avaient pris des chambres.

Bon, normalement, il n’allait poser aucun problème mais on n’était jamais sûr. Doucement, très doucement et … hein ? Il tourna son visage vers le bout du couloir. Quelqu’un était présent à la fenêtre, cachant les rayons de la lune. Manelena ? Il s’approcha d’elle mais alors qu’il était à mi-chemin, elle murmura :

« Tu n’arrives pas à dormir non plus, Tery ? »

« Disons que j’avais prévu une balade. Et comme je prévois mes balades, j’aime les exécuter. Je comptais partir une ou deux heures pour me promener. Comment il fait dehors ? »

« Froid. Sûrement. Je ne sais pas. » répond t-elle avec nonchalance, n’ayant pas quitté la fenêtre des yeux alors qu’il poussait un petit soupir.

« Est-ce que tu veux venir te promener aussi ? «

« Pourquoi pas ? C’est demandé si gentiment, je ne vois pas de raisons de refuser cela. »

Elle se releva et il pouvait la contempler. Dans la nuit, le fait qu’elle porte cette jupe de métal faisait briller les rayons de lune sur celle-ci. Et cette chemise blanc sur son corps ne laissait paraître que des formes royales. Si on rajoutait ça à ses yeux rouges et ses cheveux argentés, il comprenait toujours pas pourquoi elle n’avait personne dans sa vie.

« On y va ? Ou alors, tu comptes me regarder comme ça pendant longtemps ? »

« J’observais juste ton visage. Tu es peut-être une fille de la nuit ? » dit-il alors qu’elle haussait un sourcil inquisiteur, murmurant :

« Sais-tu au moins ce que tu viens de dire, Tery ? Je ne pense pas car tu n’aurais jamais fait un tel affront mais bon … il vaut mieux demander. »

« Tout simplement que tu es bien plus radieuse le soir ? Regarde un peu la lune, ça reflète parfaitement dans tes cheveux. »

« Pourquoi je n’attendais rien d’autre de ta part, Tery ? Les femmes de la nuit, ce sont les prostituées, tu sais, celles qui font du charme avec leur corps et … »

« Ohla, ohla, ohla ! Je pensais jamais ça de toi, je te le promets ! »

« Tu n’as pas besoin de me le promettre, je le sais parfaitement. Tu n’es pas de ce genre, Tery. Bon ? On y va ou tu comptes me faire patienter pendant quelques heures ? »

Oups ! Il prit la main de Manelena, la tirant derrière lui avant de se mettre en route. Autant ne pas perdre trop de temps donc ! Ils descendirent les escaliers ensemble, Manelena ne réagissant pas au contact de leurs mains, le laissant faire. Dehors, le jeune homme s’arrêta, observant la lune avant de dire :

« On y va alors ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« J’en pense seulement que je voudrai bien savoir où tu va m’emmener si ça ne te dérange pas trop de me le dire. Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Oh ? Je vais juste me promener. Je me sens en sécurité, ici, je ne sais pas pourquoi. »

« Nous possédons tous les deux lignes d’Alzar. Nous sommes en sécurité partout ou presque. Dans cette ville comme dans les autres, il y a toujours quelque chose ou quelqu’un qui attend dans un coin de rue, prêt à nous étriper. »

« C’est très rassurant, dis-moi. Et à part ça ? Bref, on y va et puis zut ! »

Elle poussa un petit soupir, regardant le sol à ses pieds. Pourquoi pas ? Il était en forme malgré l’heure tardive, elle n’allait pas lui reprocher ça. Et puis, elle n’était pas vraiment épuisée non plus. Ils se remirent en route tandis que la jeune femme ne disait plus un seul mot, masquant le faible sourire à ses lèvres. De toute façon, il n’y avaot personne pour les déranger ce soir. Autant qu’elle en profite pour se reposer.

« C’est dommage que les autres ne soient pas là. Enfin, c’est de leur faute, pas la nôtre. »

« Oui, oui, c’est vraiment très dommage »

Cela avait été dit avec ironie mais il préféra ne pas relever cette dernière. Les minutes s’écoulèrent et ils marchaient tout le temps dans les zones éclairées. Lorsqu’enfin elle décida de prendre la parole, ce fut pour dire :

« Je ne te savais pas aussi effrayé, Tery. »

« Effrayé ? De quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? Moi ? Je suis effrayé par quoi ? »

« Oh, ne fais donc pas l’innocent. Tu crois que je n’ai pas repéré ton petit manège ? Tu as peur de te faire égorger dans une ruelle sombre ? »

« Mais non, tu dis n’importe quoi. Je vais te le montrer. On prends celle-là pour aller en face. Tu vas vite comprendre ! »

Comme piqué au vif, le jeune homme serra plus fortement la main de Manelena, l’emmenant dans un coin où les lumières de la ville ne pouvaient atteindre. C’est vrai que c’était un peu sinistre quand même. Pourquoi est-ce qu’elle avait voulu ça ?

« Tery ? Si je suis seule avec toi, en ce lieu, est-ce que tu chercherais à me tuer ? »

« Que que que … quoi ? Qu’est-ce que ? »

« Oh non, je n’ai rien dit, Tery. Je disais : dans ce coin, certains pourraient chercher à nous tuer. Rien de bien étrange non ? Viens, on continue à fouiller de tous les côtés. »

Fouiller ? Quoi ? Les ordures ? Elle n’exagère pas un peu non ? Il la regarde mais elle a un sourire aux lèvres qui l’incite à prendre des ruelles dans ces ruelles juste au cas où. Heureusement, ce n’est pas un coin pour les ordures mais les rayons de lune passent à peine en cet endroit, éclairant uniquement leurs visages.

« Alors ? Qu’est-ce qu’il y a de bien dans cette ruelle ? »

« Rien de spécial. Ici, on peut commettre un meurtre sans que personne ne le remarque. »

« Je peux savoir ce qui se passe avec toi ? Parler de meurtres, j’ai pas vraiment l’habitude. Ca m’étonne de ta part. Ca ne va pas ou quoi ? Tu es venue te promener avec moi juste pour ça ? Si c’est le cas, il vaut mieux rentrer. »

« Tery, est-ce que tu chercheras à me tuer ? »

« J’en étais sûr que j’avais bien entendu la première fois ! Pourquoi est-ce que tu penses ça ? J’ai une tête de tueur en série ou quoi ? D’un criminel ? »

« Je ne parle pas de ça, arrête tes imbécilités. Je parle de tout le reste. De lorsque tu es sous cette forme démoniaque, incontrôlable ou presque. »

« Et moi, je suis déçu que depuis qu’Onyr t’a mis ça en tête, tu n’arrêtes pas d’y réfléchir. C’est vrai quoi ! En plus, c’est toi qui s’inquiète de ça ! Manelena, l’ancienne maréchale de Shunter ! Ce n’est pas Elen ou Elise, pas du tout ! Non, c’est celle qui est crainte et respectée par tous ses hommes. Du moins, à l’époque car maintenant, elle ne l’est plus. »

« Arrête tes idioties, je suis plus que sérieuse dans mes propos, tu ne le comprends pas ? Essaie d’être un peu sérieux pour une fois dans ton existence ! »

« Et ça te dérange tant que ça que je sois sérieux maintenant, Manelena ? » dit-il, se plaçant bien en face d’elle pour qu’elle puisse voir son visage.

« Toi ? Sérieux ? Si c’était le cas, tu aurais répondu à ma question. Est-ce que c’est le cas ? J’en suis pas vraiment certaine hein. D’après ce que je peux voir. »

« Ne raconte pas n’importe quoi. De toute façon ce qui est fait est fait. »

« Et où est-ce que tu veux en venir avec de tels propos qui n’ont aucun sens s’ils ne sont pas accompagnés ? Tery, est-ce que tu comptes me tuer ? »

« Le simple fait que tu te poses la question est déjà un aveu de faiblesse et de manque de confiance envers moi. Je n’ai pas envie de te répondre mais je le ferai : je ne compte pas te tuer, comme je ne compte pas tuer quiconque dans le groupe. Si tu n’arrives pas à te rentrer ça dans le crâne, Manelena, que tu sois ma maréchale ou ma princesse, je ne pourrai rien y faire. Autant que tu quittes le groupe maintenant plutôt que de continuer sur cette voie, c’est aussi simple que ça non ? Qu’est-ce que tu en penses ? Ça en vaut la peine pour toi ? »

« Est-ce que tu me fais une menace, Tery ? »

« Est-ce que ça a l’air d’être une menace à tes yeux, Manelena ? Je veux juste que l’on mette ENCORE une fois les choses au clair, voilà tout. C’est désolant d’en arriver là mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi tu imagines même l’idée que je puisse vouloir vous tuer. »

« Peut-être que tu ne le veux pas, mais inconsciemment, qui te dit que tu ne le feras pas ? »

« Si je suis incapable de garder ma conscience, je préfère encore que l’on me tue avant que je ne perde totalement cette dernière. Ca sera beaucoup mieux. Pourquoi je devrai encore vivre avec les regrets d’avoir tué mes proches ? Je préfère disparaître et les laisser vivre. »

« Et comment est-ce que tu peux certifier cela ? »

« Je ne le peux pas, c’est pour ça que je reste auprès de tout le monde. Pour que vous puissiez m’arrêter si cela s’avère nécessaire. Voilà tout. Je ne peux que vous faire confiance pour ça. »

« Faire confiance. Est-ce que tu me fais confiance aussi, Tery ? » demanda la femme aux cheveux gris alors qu’il hochait la tête positivement. La question ne devait même pas se poser mais il vint pourtant lui donner son avis par rapport à lui. « Je te fais confiance. Je pourrai même te confier ma vie car je sais qu’elle serait entre de bonnes mains. »

« Alors pourquoi est-ce que tu n’arrives pas à être rassurée par toute cette histoire ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui te dérange tant dans les paroles d’Onyr ? »

« Le simple fait d’imaginer que tu puisses vouloir nous tuer. Déjà cet aspect démoniaque, je n’ croyais pas. Je me disais : comment est-ce que possible que Tery soit ainsi ? »

« Puis la réalité est là, froide et sinistre, devant nos yeux. »

Il avait complété sa phrase mais elle ne vint pas le lui réprimander. Il passa une main sur son front, comme gêné, faisant quelques mouvements pour sortir de la ruelle. Elle vint le suivre alors qu’il observait le sol, mettant les mains dans les poches :

« Celui qui le vit le plus mal, c’est moi. Je ne pensais pas être considéré comme un monstre. Des fois, j’ai envie de retourner chez ma mère à Leskar et de ne plus sortir de chez moi, comme auparavant, lorsque mon père est mort. »

« Qu’est-ce que tu racontes là, Tery ? Je peux savoir ? Tu n’es pas un monstre. Bon, tu possèdes lignes d’Alzar et tu as cet aspect mythologique qui fait que personne ou presque ne te ressemble. C’est peut-être un coup du destin avec Elise mais à part ça … »

« Manelena, soyons un peu francs et sérieux. Je suis un monstre. Je le sais, c’est tout. C’est comme ça. Tant que moi je le sais … mais que les autres ne me le répètent pas, tant mieux. Je préfère encore garder ça au fond de moi, que les gens le remarquent mais n’en parlent pas. Ce n’est pas physiquement que ça fait le plus mal, pas du tout. »

Elle ne lui répondit pas. Le jeune homme avait baissé la tête, un peu déconfit. Lui qui voulait passer une bonne soirée à se promener dans les rues d’Omnosmos, il venait de se la pourrir.

Alors qu’il s’apprêtait déjà à retourner à l’auberge, Manelena lui attrapa son bras, venant placer ses mains autour de avant d’y déposer la tête. Elle murmura :

« On va éviter de parler, tous les deux. On continue la balade. Ça sera mieux. »

« Si tu le dis, Manelena. Je ne sais pas si c’est forcément mieux mais peut-être. »

Et zut, par sa faute, elle venait de gâcher la soirée. Elle n’avait pas put s’empêcher de proférer de telles bêtises. Maintenant, Tery n’avait que des idées noires en tête. Franchement, cela n’était pourtant pas si difficile de se la fermer et de juste patienter non ? Alors pourquoi est-ce qu’elle se sentait obligée d’en rajouter ? De mettre de l’huile sur le feu ? Sans un mot, elle stoppa Tery après qu’ils aient marché pendant une bonne dizaine de minutes dans le silence de la nuit. Elle prit le jeune homme dans ses bras, lui chuchotant :

« Tu sais, Tery. Ce n’est que de la peur à ton égard. Non pas envers ta personne mais envers ce qui t’arrive. Je ne peux pas rester là sans rien faire mais … je ne sais pas quoi faire. »

Elle avouait tout simplement son incapacité à pouvoir le tirer de là. C’était peut-être cela qui inquiétait le plus la jeune femme ? Il se retira des bras celle-ci, la fixant de ses ses yeux verts avant de dire avec le plus grand calme possible :

« Je préfère quand même quand tu es sincère, au moins, je n’ai pas à me questionner à ce sujet. Enfin, non, je raconte un peu n’importe quoi. Je ne sais pas quoi dire maintenant. »

« Alors ne dis rien, je te l’ai pourtant déjà répété non ? »

Peut-être. Mais bon … elle avait peur pour lui ? C’était donc à lui de la rassurer. Ce fut lui alors qui la prit dans ses bras. Ne comprenant pas le geste, elle tenta de s’en échapper pendant quelques secondes avant de se laisser faire. De toute façon, ces derniers temps, les nuits étaient assez froides. Se promener dans les rues d’Omnosmos à cette heure-ci n’aidait pas vraiment à la réchauffer alors pourquoi pas ?

« Les rues sont quand même bien désertes malgré l’heure. »

« A quoi est-ce que tu t’attendais à pleine nuit ? A un marché noir ou autre ? »

« Non non ! Je sais pas. Une aussi grande ville, on parle quand même de la capitale du monde et pourtant, la nuit, c’est si tranquille. »

« Que veux-tu que je te dise exactement, Tery ? Que ce n’est peut-être que ce quartier qui n’est pas très animé au départ ? On pourrait aller ailleurs. »

« Je ne suis pas vraiment motivé à bouger si je peux me permettre de dire ça. »

« Tss, pourquoi est-ce que j’en doutais ? Si ce n’est que ça, nous pouvons alors repartir, je n’ai aucune raison de rester dans ce coin sinistre. »

Hey ! Il devait lui rappeler que c’était elle qui avait voulut venir ici ? Lui-même n’avait rien demandé à ce sujet, il tenait à le signaler. Mais bon, il n’avait pas envie de se disputer.

Il reprit la route avec elle, marchant lentement tout en jetant un bref regard autour de lui. Personne à ces heures, oui. Puis bon, il n’avait pas vraiment l’habitude que ça soit elle qui vienne le prendre dans ses bras. Au moins, il était rassuré sur un point : elle avait peur surtout pour lui et non à cause de lui. Finissant de revenir dans l’auberge, toujours ouverte qu’importe l’heure, il vint dire :

« Bonne nuit, Manelena. Dors bien quand même. »

« Et toi, oublies tout ce que je t’ai dit, ça sera mieux. Je n’ai pas envie que les choses se compliquent encore plus qu’elles ne le sont aujourd’hui. »

« Je m’en doute mais je ne compte pas oublier ce que tu as dit ou ce que tu as fait. J’espère qu’il en sera toujours de même pour toi. »

« Pourquoi faut-il toujours que tu n’en fasses qu’à ta tête ? Tu peux me le dire ? »

« Si tout était aussi simple dans la vie, elle n’aurait aucun goût, non ? Bonne nuit, Manelena. Dors bien et à demain, on aura du boulot, je tiens à te prévenir. »

« Merci de me le rappeler quand même. »

Il savait que cela avait été dit avec une petite pointe d’ironie mais il ne lui en voulait pas le moins du monde. Il hocha simplement avant de monter à l’étage, retournant discrètement dans sa chambre. Allant se coucher auprès d’Elen, il vint s’endormir bien rapidement.


Le lendemain matin, il fut réveillé par un baiser de la jeune demoiselle aux cheveux blonds tandis qu’il marmonnait quelques paroles. Aie, aie, aie, il était encore un peu fatigué. Combien de temps est-ce qu’ils avaient marché Manelena et lui hier ? Il n’en avait aucune idée. Il n’avait pas fait attention. Mais bon ! Ce qui était fait était fait !

« Tu veux bien te lever ou alors, tu préfères que je reste auprès de toi ? »

« La seconde solution me semble la plus plaisante. »

Il tendit ensuite ses bras, Elen venant déposer ses épaulettes sur la chaise, grimpant sur le lit pour arriver sur le corps du jeune homme, le drap entre eux. Il tira ce dernier, incitant alors Elen à venir se coller contre lui. Les baisers vinrent des deux personnes puis enfin, au bout d’une bonne dizaine de minutes, il décida qu’il était temps de sortir du lit.
Ils retrouvèrent les autres en bas, Manelena étant déjà debout. Elle ne fit qu’un simple hochement de tête en les voyant, continuant de déjeuner. Wow ! Elle ne semblait même pas un peu fatiguée, c’était quand même impressionnant en y réfléchissant bien.

« Bien dormi, Tery ? » demanda Clari alors qu’il s’installait à côté d’elle.

« J’ai un peu profité de la matinée mais sinon, oui, je n’avais pas vraiment à me plaindre, il faut avouer et toi ? Ça s’est bien passé ? »

« Oui, oui, il faisait plutôt beau cette nuit. On a une belle vue par la fenêtre. »

Hein ? Est-ce qu’elle aurait put par hasard les voir ? Il préférait éviter que ça soit le cas mais bon, peut-être qu’il se faisait des illusions et des idées. Il ne devait pas trop se compliquer la vie avec ça. Il mangea son petit-déjeuner bien tranquillement, saluant Sérest et Séran qui descendirent alors qu’ils avaient déjà bien entamé la matinée comme le repas.

« Que faisons-nous aujourd’hui ? » demanda Elen alors que Tery répondait aussitôt :

« On retourne à la bibliothèque sauf si vous avez une autre idée en tête. »

« Pourquoi ne pas aller en Mékalarma ? Que je sache, nous avons rencontrés que trois des cinq créatures légendaires non ? En attendant de trouver des indices sur l’aigle bicéphale, nous pourrions aller voir la quatrième. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

Qu’est-ce qu’il en pensait ? Il devait s’exprimer après les propos de Sérest ? Il préféra attendre les autres avis. Il trouvait cela un peu précipité. Il aurait aimé rester une semaine ou deux dans Omnosmos cette fois. Prendre un peu de « vrai » repos au lieu de partir sans même réellement souffler. Elen fut la première à déclarer :

« Pourquoi pas ? Je ne vois pas de problèmes de mon côté. »

« Le plus tôt sera le mieux non ? Et peut-être qu’ainsi, on aura des informations sur la cinquième créature légendaire ? »

« Rappelez-vous quand même les paroles du grand archimage : même si par malheur, les cinq créatures légendaires venaient à mourir, la porte ne s’ouvrirait pas. » dit Tery après les paroles d’Elen puis d’Elise.

« C’est vrai, mais bon, o nn’a pas grand chose à craindre de ce côté non ? »

« Je veux dire, Elise, que j’aimerai éviter que l’on fonce tête baissée dans un autre combat. Déjà que Mékalarma n’aime pas vraiment les étrangers et veut surtout nous tuer … à cause d’un petit incident qui date depuis quelques temps. »

Il avait regardé Manelena, celle-ci pouffant un peu. Bien que ce n’était pas son genre de sourire, elle en avait pourtant un aux lèvres avant de répondre :

« Cela leur apprendra. Que je sache, tu as récupéré quelques lignes sur les golems à cette époque, non ? Des livres dont tu commences à posséder une bonne quantité non ? »

« Je devrai peut-être retourner à la bibliothèque et demander à messire Périk s’il veut bien me donner un endroit où les entreposer. Normalement, je n’en ait besoin que d’un seul puisqu’ils sont tous liés entre eux. Comme j’ai déjà acquis les connaissances sur … »

« Pour le moment, nous allons voir ça, oui. »

Manelena n’avait pas laissé le temps à Tery de terminer sa phrase. Celui-ci la regarda, un peu surpris avant d’hocher la tête. Clari n’avait pas pris la parole, Royan non plus. Il en était de même pour Séran mais au final, tous étaient d’accord : ils allaient retourner à la bibliothèque et obtenir quelques informations avant le départ vers Mékalarma.

Chapitre 24 : Une enfance troublante

ShiroiRyu
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Chapitre 24 : Une enfance troublante

« Vous voulez refaire une petite pause ? Deux heures à lire tous ces livres doivent sûrement donner mal au crâne non ? Qu’est-ce que vous en pensez ? »

« Pourquoi pas ? Je suis pour, de mon côté. » déclara Elise en se frottant les yeux. On voyait bien qu’elle n’était pas habituée à passer autant de temps dans les livres.

« Alors faisons-le. Ne perdons donc pas de temps par rapport à tout ça, ça serait tout simplement ridicule. Une pause d’une quinzaine de minutes sera bon ; »

« Je pars me promener un peu dans la bibliothèque. » répondit le jeune homme. Ils n’avaient pas été dérangé par Périk et Jésiana, trouvant cela étrange.

« Je peux venir aussi, Tery ? » demanda Elen alors qu’il hochait la tête. Pourquoi est-ce qu’il refuserait ça ? Il n’en voyait aucune raison à la base.

« Bien entendu. Si tu veux bien me suivre alors. Et puis comme ça, si je crée des problèmes, j’aurai au moins quelqu’un pour m’arrêter. »

Il eut un petit rire alors que Manelena fronçait les sourcils. Elle marmonna de façon inaudible, replongeant dans son livre. Pour elle, il n’y avait aucune pause.

« Elise ? Royan ? Clari ? Vous restez ici aussi ? Ca ne vous dérange donc pas trop ? »

« Pas vraiment, ne t’en fait pas. Je continue de veiller sur mademoiselle Elise si elle a besoin d’aide pour un mot ou une sentence. »

« De mon côté, Tery, je reste avec Manelena. Jene voudrai pas qu’elle se sente seule. »

L’intéressée émit un petit grognement tandis que le jeune homme hochait positivement la tête Puisqu’il en était ainsi, autant y aller que tous les deux. Elen prit rapidement sa main, un grand sourire aux lèvres avant qu’ils ne partent tous les deux se balader dans la bibliothèque. Le jeune homme aux cheveux bruns regarda les différents rayons, disant :

« Autant de livres. Je ne pense pas qu’une vie entière suffirait pour tout ça, hein ? »

« Ça dépend de ta facilité à lire, je dirai. Mais je pense pareil, Tery. Ça me semble trop nombreux. Il y en a beaucoup trop pour nous. »

« Surement. Tu as envie de les compter ? Pour faire passer le temps ? »

« Vous n’avez visiblement que cela pour vous le faire perdre, n’est-ce pas ? »

Il sursauta un peu sur le coup, se retournant pour apercevoir alors la vieille femme. Celle-ci avait toujours le regard sévère en fixant Tery, reprenant la parole :

« Que faites-vous donc à vagabonder de la sorte, Tery ? Je vous avais pourtant prévenu, n’est-ce pas ? Cela me semble très étonnant après ce que je vous aie dit. Ne comprenez vous donc pas de simples paroles comme les miennes ? »

« Ohla, ohla, ohla. Euh, on ne faisait que se reposer. Pendant deux heures, on a lu, lu et encore lu, sans rien trouver. Il faut que l’on évite de trop fatiguer les yeux aussi, madame Jésiana. »

« Hum. Argument convaincant et recevable. Vous pouvez disposer. »

Heu ! Dit de cette manière, ça donnait l’impression qu’elle voulait juste se débarrasser d’eux. Ce n’était pas bien sympathique à entendre ça hein ? Il s’apprêta à partir mais Jésiana l’arrêta, lui demandant doucement :

« Tery, j’aurai quelques questions à vous poser. »

« Hein ? Euh ? Promis, je n’ai rien déchiré ou cassé dans la bibliothèque. »

« Quand tu évoques une telle chose, cela veut dire que tu as dans l’idée d’accomplir un tel méfait. Est-ce ainsi ou alors, peut-être me fais-je quelques suppositions des plus sinistres ? »

« Euh, non, non ! Nullement ! Enfin, eh, posez vos questions, madame Jésiana. »

« Comment était votre enfance ? »

WOW ! Il ne s’attendait pas du tout à une telle question. Pourtant, d’après le regard de madame Jésiana, il sentait qu’elle était sérieuse. Comment était son enfance ? Etait-ce à cause de la lettre de sa mère ? Elle leur avait parlé de ça ? Mais pour quelle raison ?

« Je ne sais pas trop ce que j’ai à dire à ce sujet. Qu’est-ce que je peux vous raconter exactement ? Je n’ai pas eut une enfance très chouette. »

« Je ne sais pas. Comment se comportait votre mère ? Votre père ? De petits détails sans importance, mais qui, pourtant réunis ensemble, peuvent former quelque chose. »

« Sincèrement ? Vous vous imaginez trop de choses en ce qui me concerne. Je suis vraiment très basique. Pour tout vous dire, et je pense qu’Elen pourra confirmer, je n’ai jamais utilié ma magie ou combattu avant d’être un jeune adulte. Elen est celle qui m’a sauvé la vie au début. C’était la première fois que nous nous rencontrions. »

« Oh que oui. Avec les gnomolds et tout le reste. Je me rappelle aussi de tes débuts, c’était un peu catastrophique. Et aussi les nombreux problèmes que tu me causais ! »

« Dire que ça fait déjà quelques années. Tellement de temps en fin de compte ? »


Trois ? Quatre ? Presque cinq ? En y réfléchissant bien, il ne fêtait même pas son anniversaire. Il n’y pensait pas le moins du monde. Il eut un petit coup de déprime.

« Je me sens presque vieux maintenant, avec toute cette histoire. » soupire le jeune homme tandis que la vieille femme continue de le regarder :

« Il n’y a aucune raison pour se comporter de la sorte. De telles paroles sont absurdes. »

« Disons que sur le coup, je viens de voir que le temps passe et … »

Il ne termina pas sa phrase, poussant un autre soupir tandis que Jésiana ne semblait pas vouloir s’arrêter, continuant de lui poser des questions auxquelles il devait répondre. Après quelques minutes, il demanda tout simplement :

« Pourquoi voudriez-vous connaître tout cela ? »

« De simples questions par rapport à ce que votre mère nous envoyait comme lettre. Elle est maintenant au courant que nous servons de facteurs entre vous deux. Il ne faudrait pas l’inquiéter inutilement, n’est-ce pas ? C’est pourquoi je me renseigne à votre sujet. »

« C’est vrai que ça serait bête de s’embêter avec ça mais bon, au moins, vous êtes rassurée ? »

« On va dire que oui, vous pouvez retourner avec les autres. »

Pourquoi est-ce qu’il avait l’impression d’entendre un professeur ou alors tout simplement sa mère lui adresser la parole ? Enfin bon, ça restaité étonnant mais bon, il n’allait pas embêter la vieille femme, surtout s’il voulait éviter de la mettre en colère inutilement.

Retrouvant sa place parmi les autres, il plongea une nouvelle fois dans les livres, ne se préoccupant plus du reste du monde qui l’entourait. Il fallait néanmoins reconnaître que malgré leurs lectures, ils n’en retiraient rien du tout ou presque. Les archimages avaient sûrement déjà lu tous ces livres et il se demandait si tout cela était bien utile encore en fin de compte. Il ne devait pas soupirer. Cela reviendrait à dire qu’il abandonnait la partie.

« Je ne peux pas faire ça ! On continue ! »

« Hmm ? Tu n’es pas obligé d’exprimer tes pensées à voix haute, Tery. » me répond Manelena en fronçant les sourcils. Je le sais bien mais au moins, entendre ma voix permet de me rassurer. Les autres sont si concentrés, même Clari ! C’est pour dire à quel point ce qu’ils font est quelque chose de très très important.

Clari lève parfois le regard de son livre pour le loger dans le sien avant de sourire. C’est vrai, ils n’ont pas encore parlé de cette idée de guilde aux autres. Ils pourraient toujours se renseigner non ? Ça ne serait pas une si mauvaise idée.

Mais oui, ce n’était pas du tout mauvais en y réfléchissant bien. Ca serait une sacrée bonne chose en fin de compte ! Ils étaient à Omnosmos, ils pouvaient alors avoir toutes les informations qu’ils désiraient ! Oui ! Il fera ça plus tard !

« Tery ? Auriez-vous encore quelques minutes à m’accorder ? »

« Madame Jésiana ? » déclara le jeune homme aux cheveux bruns, toujours autant surpris de voir que la vieille femme cherchait encore à lui faire la conversation.

« Il semblerait que j’ai d’autres questions à vous poser. »

« Bien entendu. Euh, je suis désolé, tout le monde, je vais parler avec madame Jésiana. »

« Fais donc. Pour qu’elle vienne jusqu’à t’interroger, c’est que cela doit être important. »

Même Manelena s’accordait à dire qu’une telle demande était exceptionnelle. C’est vrai qu’ils ne connaissaient pas trop la vieille femme mais rapidement, ils avaient appris comment était son caractère. C’est pourquoi cela restait étonnant. Il se leva, murmurant à Elen qu’il ferait vite avant de refaire quelques pas avec la dame d’un âge avancé.

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous, madame Jésiana ? »

« Toujours plus de questions à votre sujet. De ce que j’ai compris dans la lettre, vous aviez un père, n’est-ce pas ? Ou alors, je me trompe lourdement à ce sujet. »

« Non non ! Enfin, non … pas du tout. Mon père est bien mort. »

« Et le reste de votre famille ? A part votre mère ? N’avez vous pas d’autres personnes relatives ? Comme un frère ? Une sœur ? De grands-parents ? »

« Non. Pas du tout. Ma mère est tout ce qu’il me reste. C’est pour ça que je la protège. »

« C’est une noble qualité. Des fois, on ne remarque pas ces petits détail en observant une personne. C’est pour cela que ça surprend, et dans le bon sens du terme. »

« Hahaha. Je sais, je sais mais bon, ma mère vous en as tant dit que ça à mon sujet ? Je veux dire, j’ai l’impression quelle vous a tout raconté à mon sujet. »

« Nullement, c’est bien pour cela que je me renseigne. Donc, vous n’avez aucun grand-parent, que cela soit du côté paternel ou maternel, c’est bien cela ? »

« Rien du tout malheureusement. En même temps, à part le village de Leskar, je ne quittais jamais les environs et je n’ai jamais posé une telle question à ma mère. »

« Je vois, je vois. Soit, j’ai finalement eut tout ce que je voulais. Si vous voulez bien me pardonner, Tery Vanian. » dit la vieille femme avant de se retourner, s’éloignant à pas vif. Le jeune homme cligna des yeux, se demandant ce qui se passait exactement.

Et maintenant ? Qu’est-ce qu’il devait faire ? Il allait retrouver les autres, expliquant un peu ce qui s’était passé, rappelant aussi l’heure tardive. Ils allaient bientôt devoir partir de toute façon. Ils avaient encore beaucoup de travail à faire, ils reviendraient sûrement demain voire après-demain. Ils avaient beaucoup de jours devant eux.

« Quand même, c’est étrange non ? Comme réaction, vous ne trouvez pas ? »

« Ca l’est, mais pas au point de se prendre la tête par rapport à ça. Si tu as fini, nous pouvons nous en aller ? Je commence à avoir une sacrée migraine. »

« Oui oui, Manelena. Je vais juste remercier messire Périk et madame Jésiana pour leur accueil. Sans eux, nous aurions surement mis encore plus de temps à cela. »

Sauf que cette fois-ci, lorsqu’il se leva, tout le monde fit de même. Il n’avait pas besoin d’être seul pour cela non ? Le jeune homme s’en soucia peu, montrant par là que ça ne le concernait guère vraiment de toute façon. Ce n’était pas un problème à ses yeux.

Lorsqu’il voulut chercher le couple de personnes âgées, il ne trouva que Périk. Le vieil homme sembla songeur, remarquant finalement Tery et ses compagnons, surpris. Il observa par la fenêtre l’heure qu’il était avant de soupirer :

« Je vois, je vois, oui. Il est vrai qu’il est déjà bien tard, je le reconnais. »

« Je ne vois pas madame Jésiana, elle est déjà partie ? »

« Elle était plus fatiguée et exténuée que d’habitude. Vous avez un message ? »

« Dites-lui alors de bien se reposer. Elle m’a posé beaucoup de questions aujourd’hui, je pense qu’elle ne devait pas s’attendre à ce que je réponde à toutes ses questions. »

« Autant que ça ? Elle m’en a un peu parlé. Je pense que c’est bien pour cette raison. »

« J’espère que ce n’était pas trop usant. Pourtant, c’est elle qui est venue vers nous. »

« Je confirme les propos de Tery. Plusieurs fois, elle est venue l’interroger et lui demander de répondre à quelques questions. » déclara Elen après le jeune homme, celui-ci la remerciant de le servir d’appui dans ses dires. Cela faisait toujours plaisir à entendre de toute’ façon !

« Ne vous inquiétez donc pas, je suis sûr qu’elle reviendra en parfaite forme plus tard. »

« Je l’espère vraiment, je ne voudrai pas lui causer trop de problèmes non plus. »

« Je ne pense pas que ça soit le cas. Néanmoins, il est vrai qu’il va être bientôt l’heure de fermer la bibliothèque. Hum ? Ce regard soucieux est-il à cause de ma femme ? »

« Désolé, je sais que vous m’avez dit de ne pas m’inquiéter mais c’est comme ça, j’y arrive pas autrement. Ça m’embête, ça m’embête tellement. »

« Si vous voulez, je lui parlerez et demain, quand vous reviendrez, elle s’excusera. »

« Ah, non non ! Pas besoin qu’elle s’excuse ! Nous nous en allons maintenant, désolé. Bonne soirée à vous deux et à demain ! »


Il ne savait pas pourquoi mais il préférait partir et vite ! Il prit la main d’Elen, la tirant derrière lui tandis que les autres vinrent le suivre. Ils étaient tous un peu surpris de sa réaction mais lorsqu’il fut dehors, il murmura :

« Je n’avais pas envie de les déranger. Enfin, vous savez avec madame Jésiana, hein ? »

« Qu’est-ce que l’on doit savoir, Tery ? » rétorqua Manelena.

« Roh ! N’exagérez pas non plus ! Je veux parler du fait qu’elle est très sérieuse et qu’elle aime bien me réprimander. Je n’avais pas envie de créer encore plus d’ennuis que maintenant, c’est pourquoi j’ai demandé à ce que l’on partes maintenant. »

« Ce que je voudrais surtout savoir, c’est ce que tu lui as dit pour qu’elle se porte malade. »

Mais rien de spécial ! Pourquoi est-ce que tout de suite, elle s’imaginait des choses ? Il n’était pas un tortionnaire ou autre ! Il ne pensait pas à mal, il ne fallait pas exagérer. Ce n’était pas un monstre hein ? Il tenta de s’expliquer, racontant la petite discussion entre madame Jésiana et lui tandis que la jeune femme aux cheveux argentés semblait songeuse.

« Je vois, je vois, elle s’interroge sur ta famille car ta mère les as contactés directement. »

« Tu vois ? Rien de bien méchant ou étonnant, non ? Je ne comprends pas pourquoi ça semble si dérangeant en un sens. Mais bon, des fois, je ne suis pas dans la tête des autres donc je n’ai vraiment pas mon avis à dire à ce sujet. On retourne à l’auberge tout le monde ? »

« Pourquoi pas ? Ce n’est pas un peu pour ça que nous avons quitté la bibliothèque ? »

« Avant, nous pourrions toujours aller manger un morceau. Après, on peut aller se coucher. Enfin, chacun fait comme il le désire hein ? Je ne veux pas causer trop de problèmes. »

Tout le monde parut surpris des paroles de Tery alors que celui-ci passait une main derrière son crâne. Qu’est-ce qu’il avait dit de si louche ? Il n’y avait rien dit de mauvais pourtant non ? Bref, il n’allait pas s’interroger plus longtemps à ce sujet.

Ailleurs, dans la bibliothèque, le vieil homme terminait de fermer le bâtiment avant de passer par une porte dont seuls lui et sa femme avaient la clé. Quelques minutes plus tard, il était à l’étage, dans la partie logement de la bibliothèque, observant sa femme qui était assise sur un fauteuil, l’air songeur, plongée dans ses passées.

« On dirait que tu viens de trouver la Vérité. Celle que tu recherchais depuis des années. »

« Je n’en suis pas encore convaincue. Je ne crois pas que ça soit possible. J’aimerai pourtant que ça soit le cas mais rien ne le confirme. » chuchota Jésiana.

« Il faudrait quitter Omnosmos pour un bon mois. »

« Hein ? Mais tu imagines fermer la bibliothèque pendant tout ce temps ? Omnosmos ne le permettrait pas ! C’est impossible ! Tout simplement impossible ! »

« Et alors ? Que comptes-tu faire ? Nous pourrions toujours trouver quelqu’un pour nous remplacer, non ? Pendant ce laps de temps. Je suis sûr que c’est possible. »

« Je ne peux pas. » bredouilla la vieille femme, ne faisant que regarder devant elle.

« Après tout ce temps, tu penses vraiment que c’est le moment de ne pas vouloir ? »

« Ce n’est pas que je ne veux pas ! Ne mélange pas tout et … »

« Un peu de sérieux, mon amour. Nous avons assez perdu de temps non ? »

Elle ne répondit pas, préférant ignorer le visage de son mari. Ses mains tremblaient, son mari en posant une sur celle de droite pour tenter de la calmer. Il reprit avec douceur :

« Pourquoi devrions-nous attendre ? Nous pouvons continuer cela, non ? »

« Continuer quoi ? A lui écrire ? Tu penses vraiment que c’est utile ? Qu’elle s’en doute ? »

« Tu sais aussi bien que moi qu’elle est loin d’être idiote. »

« Je vais juste attendre. Nous n’avons pas besoin d’être pressés. »

« Comme tu le désires. Cela ne te ressemble pas d’être aussi peu courageuse mais ça se comprend après tout ce temps. Est-ce que tu préfères qu’il soit parti pour cela ? »

« C’est pour le mieux. Je n’ai pas envie de recommencer ce que j’ai fait aujourd’hui. »

« Cela me fait penser qu’il m’a dit de te demander de bien vouloir te reposer pour que tu sois en meilleure forme. Quel garçon sympathique, n’est-ce pas ? »

« Oui, il l’est. Mais ce n’est pas pour ça que je me montrerai plus gentille à son égard. Je n’ai pas à devenir plus sympathique juste parce qu’il l’est. »

Il ne répondit pas, ayant déjà obtenu sa réponse même si elle ne s’en rendait pas compte. Il s’éloigna, retournant dans son bureau car il avait encore beaucoup à faire. Le travail ne pouvait pas attendre ! La vieille femme resta assise, regardant devant elle, passant une main sur son front avant de se murmurer à elle-même :

« Pourquoi est-ce qu’il a fallut que cela arrive maintenant ? Après toutes ces années ? »

Elle n’arrivait pas à comprendre quel jeu du destin avait décidé de se lancer alors qu’ils vivaient paisiblement et tranquillement dans Omnosmos. Elle se releva de son fauteuil, allant se chercher de quoi boire. Pour ce soir, elle pouvait faire une exception et ne pas avoir peur de s’abreuver plus que de raison … ou presque.

Dans l’auberge, le jeune homme aux cheveux bruns ne s’inquiétait guère outre-mesure pour tout ce qui se passait autour de lui. Mangeant gaiement, accompagné par Elen et les autres, il discuta de leurs différentes recherches, remarquant que généralement, ils n’avaient malheureusement rien obtenu, ce qui était bien dommage en soi.

« Pour aujourd’hui, on va se reposer sauf si vous voulez une petite balade nocturne ? »

« Je suis désolée, Tery. Je suis un peu fatiguée. »

Elen avait refusé sa proposition mais il hocha la tête positivement. Ça se comprenait. Ils avaient énormément travaillé aujourd’hui, de quoi grandement les épuiser. Néanmoins, il avait besoin de marcher un peu. Sérest et Séran, qui étaient de retour, signalèrent qu’ils allaient se promener à deux, chose normale pour un couple.

« Ce n’est pas bien grave. Terminons alors de manger et de boire. »

Il était un peu déçu mais qu’importe. Il attendrait qu’Elen soit endormie pour faire sa propre balade nocturne. Il n’avait aucune raison de ne pas y aller, même si les autres ne le voulaient pas. S’il avait envie de se promener, il le ferait, hahaha.