Chapitre 30 : En colère

ShiroiRyu
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Chapitre 30 : En colère

Que Swar guide son bras … comme auparavant. C’était ce à quoi il avait pensé avant que la bataille commence. Mais, maintenant, il n’était pas si sûr que ça soit la meilleure chose à faire. Enfin bon … Il devait juste rester concentré … et faire attention … C’était le plus important. Ces créatures n’étaient rien comparées au Tengalice qu’il avait dû affronter. Enfin, il aimerait bien penser de la sorte mais c’était faux. Chaque ennemi était mortel. Un faux pas et c’était fini de lui. Il le savait parfaitement.

« Fais surtout gaffe aux œufs. On va éviter que tu sois blessé dès le début. » cria l’un des hommes tandis qu’il hochait la tête négativement. Hors de question de rester en retrait. En plus, il ne savait pas pourquoi mais il y avait quelques œufs qui l’intriguaient. Il se sentait … proche d’eux. Pourquoi ça ? Il n’avait aucune explication raisonnable en tête.

Mais il avait obéit quand même. Car ces fichus Skelenox tentaient de passer outre le nombre restreints de combattants et de pokémons pour tenter d’attaquer les chariots. C’est pourquoi, lui, accompagné de deux conducteurs et de leurs Ecremeuh, restaient en arrière pour protéger les œufs. Oui, comme il n’y avait que peu de Skelenox qui passait, il y avait peu de chance qu’il soit blessé. C’était logique et normal. Par contre, ce qui le surprenait, c’est que les Ecremeuh étaient capables de blesser les Skelenox.

« Comment ça se fait que les pokémons arrivent à frapper les spectres ? Enfin … Avec leurs pattes, ça ne devrait pas être possible non ? »

« Certains pokémons comme ceux qui combattent avec leurs poings et leurs pieds sont des fois capables de toucher les spectres. On a fait un élevage d’Ecremeuh spécialisées là-dedans. C’est pour combattre ce genre d’éventualités. » répondit l’un des deux conducteurs à côté de lui, une Ecremeuh brisant en morceaux le masque d’un des Skelenox. Celui-ci poussa un cri avant de disparaître, laissant son habit noir au sol.

C’était à lui de rentrer aussi en action ! Il fonça vers l’un des Skelenox bien trop près des œufs. D’un geste rapide de la lame, il vint la planter dans l’un des yeux du masque, la créature hurlant avant de faire la même chose que la précédente, c’est-à-dire disparaître. Ca allait … Ca allait plutôt bien … Ces petites créatures n’étaient pas si effrayantes. Pas autant que ça … Il s’était fait du souci pour rien.

« Tu ne vois même pas ce qui se passe avec toi, Kéran. »

« Swar ? Il ne faut pas que tu parles quand ils sont là … mais de quoi tu parles ? »

« Si je ne dois pas parler, je ne parle pas. » murmure calmement l’épée avant de plonger dans son habituel mutisme. Et voilà … Il avait l’impression qu’elle boudait.

« Bon … Je suis désolé, Swar. Je ne voulais pas t’offusquer. Mais dès que l’on peut parler discrètement, tu m’expliqueras ce qui se passe ? »

« … … … Nous verrons si tu en vaux la peine, Kéran. Termine ce combat tout d’abord. » dit néanmoins Swar alors que l’adolescent acquiesçait d’un hochement de tête. Comme elle désirait ! Il allait faire de son mieux pour la contenter ! Il accéléra le rythme de ses attaques, repoussant maintenant les Skelenox sans chercher à les tuer. Il laissait ça aux conducteurs et à leurs Ecremeuh. Lui, il était là pour protéger !

Pourtant, il combattait avec une extrême précaution. Il évitait de donner, ne serait-ce qu’un coup sans faire exprès dans les chariots. Mais quand même … Si c’était aussi fragile, pourquoi les transporter de la sorte ? C’était tout simplement stupide non ? Il n’y avait pas un moyen plus sûr ? Peut-être pas … Déjà qu’il voyait mal comment se déplacer d’une ville à une autre sans qu’il y ait de problèmes…

Autant ne pas se faire d’illusions, ce n’était pas aussi simple que ça. Il devait juste rester concentré, c’était le plus important. Le reste pouvait attendre. Les Skelenox se réduisaient en nombre d’après ce qu’il remarquait … ou plutôt combattait. Ils étaient de moins en moins nombreux à passer outre le barrage crée par les hommes de l’Enceinte.

Finalement, il fut celui qui porta le dernier coup à l’ultime Skelenox encore en vie … du moins, si on pouvait dire cela de la part d’un spectre. Le corps tomba au sol avant de s’évaporer en partie, laissant juste place au drap noir qui composait le Skelenox habituellement. Maintenant, ils allaient pouvoir souffler. Y avait-i des blessés ? Des morts ?

« Euh … Ca s’est mal passé ? » demanda-t-il alors que le chef lui répondait :

« Tu crois qu’on a des pokémons psychiques avec nous pour quelle raison ? On n’en a d’autres comme mon Ouvrifier mais à la base, on ne craint rien d’une petite attaque de la sorte. Y a rien eut de grave ou de dangereux. »

« Ah … C’est donc une bonne nouvelle … Tant mieux. »

Il poussa un petit soupir soulagé. Il aurait préféré éviter des morts … Il faut dire qu’il n’en avait pas l’habitude, bien qu’il ait déjà assisté à des morts de son côté. Pfiou … Bon … Il allait pouvoir souffler un peu. Moins de dix minutes plus tard, les hommes récupérèrent les draps qui composaient les Skelenox. D’après ce qu’il avait écouté, ces draps permettaient d’étudier les pokémons spectres.

« Nous pouvons reprendre la route. Normalement, vue ce que les spectres viennent de se prendre, ils ne devraient plus nous causer de souci pour le reste du chemin. »

« C’est … aussi simple que ça ? Je ne veux pas dire que la mission était facile … Mais il suffit de les combattre une fois et c’est tout ? »

« Généralement, c’est comme ça pour les spectres sauvages. Les créatures ténébreuses, c’est pareil mais bon … Elles sont un peu plus collantes et revanchardes. » répondit le chef.

« D’accord. Merci de la réponse. Au moins, ça me permet d’en apprendre un peu plus à ce sujet … C’est tout ce que je voulais savoir. »

Ils remontèrent dans les chariots, l’Ouvrifier du chef terminant de balancer les troncs d’arbre sur les côtés pour laisser le chemin librement. Finalement, les chariots recommencèrent à avancer tandis que tout le monde s’installait correctement. Lui-même était encore une fois avec le chef tandis qu’il se demandait s’ils allaient avoir une seconde pause ou non. Avec les évènements, il n’en était pas du tout sûr maintenant.

Pourtant, au bout de deux nouvelles heures, alors que certains observaient les rares égratignures causées par les pokémons spectres, il fut décidé d’une nouvelle pause. La seconde et dernière pause d’après ce qu’il avait compris. Ils remangèrent un morceau et burent un peu pour retrouver des forces.

« Maintenant que nous avons fait la seconde pause, la ville n’est plus très loin ? »

« Wow … Mais tu n’arrêtes pas un jour ? » dit le chef en mettant sa main devant lui.

« Hein ? Pourquoi vous me dites ça ? Qu’est-ce que j’ai fait ? »

« Dès que tu l’ouvres, c’est pour poser une question. » reprit le chef, lui rétorquant cela après qu’il … vient de poser une question. Ah … Oui … C’était exact.

« Pardonnez-moi. C’est simplement que je n’aime pas les mauvaises surprises. »

Il plongea dans son mutisme, comme le faisait habituellement son arme. Il valait mieux se taire sur le coup et ne plus l’ouvrir jusqu’à la fin du voyage. Voilà, c’était dit ! Et il n’allait pas abandonner sa parole sur ce coup ! Ou plutôt son silence.

« Fais pas la tête hein ? Tu vas être un peu notre tête de turc pour quelques temps. Puis après deux ou trois mois, ça passera sur un autre nouveau. » dit le chef pour le rassurer.
Pourtant, il ne se sentait pas le moins du monde rassuré. C’était par sa faute si ça c’était passé ainsi. Il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même sur le coup. Il évita de soupirer, baissant la tête en attendant que tout se passe calmement. C’était ça … Il allait manger sans rien dire. Ensuite, ils repartiraient tous en route vers cette ville.
Car … S’il faisait une bêtise, il y avait des chances qu’il ne récupère pas un œuf pour l’élever et avoir son premier pokémon. C’est pourquoi il préférait la mettre en veilleuse et patienter calmement. C’était la meilleure chose à faire. Il mangea, ne prenant la parole que pour remercier celui qui lui tendait à boire et à manger. Se taire … Absolument se taire.

« Aller, les gars, c’est la dernière ligne droite. Après, on pourra se reposer pendant quelques jours avant de faire le chemin inverse ! Par contre, il se peut que tu restes là-bas pour t’entraîner, Kéran. » annonça le chef.

Il allait ouvrir la bouche mais aucun son n’en sortit. Il baissa la tête, hochant positivement celle-ci pour dire qu’il avait compris. Mais, ça le peinait au fond. Ca voulait dire que s’il restait là-bas, il n’y avait que peu de chances qu’il retrouve Sélia. Bien sûr … Elle n’était pas au même endroit que lui. Plus dans la même ville.

« Tout le monde monte dans les chariots. Plus aucun arrêt alors vous avez intérêt à avoir fait ce que vous aviez à faire. »

Ouais … Bien entendu. Lui-même n’en avait pas très envie donc bon … Ca ne changeait pas grand-chose. Il se dirigea vers son chariot, grimpant à l’intérieur avec l’impression de n’avoir fait que ça de la journée. Finalement, les chariots se remirent en route pour le dernier bout de chemin à accomplir. Plus aucune interruption … si bien entendu, rien ne se mettait en travers leurs chemins une nouvelle fois.

Mais bon, maintenant, il avait à nouveau un petit malaise qui l’envahissait. Sans explication, ni raison … Il se sentait mal … Ils étaient maintenant le dernier chariot et rien ni personne ne se trouvait derrière eux. Pourtant … Pourtant …

Quelque chose clochait mais quoi ? Il n’y avait personne … Mais pourtant, il avait cette étrange impression de ne pas être seul. Que quelqu’un les espionnait. S’il posait la question, il allait encore avoir le droit à des remontrances.

Autant ne rien dire. Il se leva tout simplement, se dirigeant vers le bord du chariot pour mettre la tête dehors. Pour éviter que les œufs tombent, de la toile était mise en arrière, formant un petit mur de tissu comme le serait l’ouverture d’une tente. Question de prudence … On ne voulait pas qu’un seul d’entre eux se brise par accident.

« Fais gaffe quand tu ouvres hein ? Si tu veux prendre l’air, y a pas de soucis mais les œufs sont précieux. » dit le chef alors qu’il ne lui répondait pas.

Rien … Il n’y avait rien du tout … Seuls les arbres et le chemin tracé dans la terre. D’ailleurs, les arbres se ressemblaient tous à force de les regarder. Néanmoins, quelque chose clochait, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.

« Le décor … C’est bizarre mais ce chemin me semble bizarre. » se dit-il à lui-même, étant la seule personne à qui il adressait la parole pour le moment.

« Je te laisse rechercher par toi-même. Je sais déjà ce qui se passe. »

« Au moins, tu viens de me donner un indice, Swar. Ce n’est pas normal ce qui se passe ici. » chuchota-t-il à son épée, celle-ci ayant parlé sur le même ton.

« Ce n’était pas le but voulu. Néanmoins, je vais me taire puisque sinon, ton supérieur risque de se poser quelques questions à ce sujet. »

Oui, c’était mieux. Pendant ce temps, il allait chercher ce qui clochait. Dans le décor, il y avait un problème. Mais la verdure, le chemin de terre, tout était normal … La charrette aussi roulait correctement d’après ce qu’il voyait au niveau des roues. Bref, rien, aucun souci de ce côté-là, ça voulait dire que …

« BON SANG ! Mais bien sûr ! » s’écria-t-il subitement. Le chef se redressa aussitôt.

« Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu cries ? »

« Chef ! Regardez ce que je vais faire ! Y a un gros problème ! »

Sans aucune hésitation, il sauta du chariot en marche, sans même se faire mal ? Mais attendez, il y avait un souci … Le saut n’était pas dangereux en vue de la vitesse … Mais pourquoi est-ce qu’il ne s’éloignait pas ? Cela voulait dire …

« Mais les chariots n’avancent pas ou quoi ?! »

C’était ça le problème ! C’était ça qu’il avait remarqué ! Le terrain ne changeait pas derrière eux … Car ils n’avançaient pas ! Voilà le souci ! Alors qu’il s’apprêtait à s’éloigner du chariot pour voir d’où venait le problème, Swar cria :

« FAIS ATTENTION, KERAN ! »

L’épée sorti de son fourreau mais l’adolescent fut projeté contre un arbre, secoué et à moitié sonné. Si l’aura autour de l’épée n’avait pas été présente pendant quelques secondes, il aurait sûrement eut le dos brisé par la déferlante … psychique.

« On se fait attaqué ! Tous en position ! L’ennemi est inconnu ! » hurla le chef en descendant du plateau mais cette fois-ci, il avait fait mal appel … à une sorte de chien noir ? Et avec des cornes grises ? Un Démolosse ? Les yeux de la créature étaient complètement blancs, comme dénués de vie se dirigèrent vers la forêt. Rapidement, des flammes sortirent de sa gueule, des petits cris se faisant entendre :

« NOAD … NOAD ! NOAD ! »

Des œufs calcinés, par groupe de six, sortirent des flammes alors que plusieurs arbres étaient en train de se consumer. Un pokémon ? Ah oui, c’était un seul pokémon ces Noeunoeuf. Il avait oublié. Mais le cri à côté … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Plusieurs graines vinrent percuter le chariot, transperçant la toile tandis que de nombreuses créatures bipèdes et recouvertes de feuilles sortirent des côtés. Elles possédaient plusieurs têtes, toutes semblant avoir leur propre émotion. Des Noadkokos ?

« Faites attention aux œufs ! Ils sont là pour eux ! »

Le chef avait pris les commandes des trois chariots alors que tous sortaient, leurs pokémons en avant. Cette fois-ci, ils allaient être forcés d’utiliser les grands moyens. Pourquoi est-ce que des pokémons psychiques étaient présents ? L’adolescent se secoua plusieurs fois la tête pour tenter de retrouver la raison.

« Kéran. Cela est plus problématique. Vérifie rapidement les œufs dans le chariot. Lève-toi, c’est un conseil car sinon, je ne te garantis pas la vie sauve. »

« Mais qu’est-ce qui s’est passé, Swar ? » demanda-t-il alors qu’il se relevait. C’était quoi ce carnage ? Il avait été inconscient pendant cinq minutes mais ce spectacle n’avait rien à voir avec celui d’auparavant !


Tout partait n’importe comment. Les chariots étaient troués de partout, montrant les œufs de pokémon qu’ils continuaient. D’ailleurs, certains œufs étaient écrasés au sol, des créatures non-encore totalement formées baignant dans le liquide qui les recouvrait. Purée ! C’était tout simplement horrible ! Et il y avait aussi … L’un des conducteurs qui était mort ? La tête faisait un tour de 180 degrés par rapport au reste du corps. Mais il n’était pas le seul. Plusieurs Noeunoeufs étaient écrasés, des Noadkokos calcinés … et divers autres pokémons. Il y avait aussi des oiseaux qui ressemblaient à des sphères vertes avec un bec et un plumage rouge dans les airs. Comment pouvaient-ils voler avec de petites ailes ? Mais leurs yeux étaient roses et il voyait de nombreux œufs qui lévitaient ! Il n’y avait que des pokémons psychiques autour d’eux ! Ils étaient là pour les voler ?! Ou plutôt récupérer leurs œufs !

Chapitre 29 : Mission à risques

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Chapitre 29 : Mission à risques

« Aller ! Faut qu’on parte maintenant sinon, on n’arrivera pas avant au beau milieu de la nuit. J’ai clairement pas envie de me faire attaquer par les pokémons de la forêt. »

Comme auparavant, ce fut l’homme âgé d’une quarantaine d’années qui avait pris la parole. Par duo, chaque personne grimpait à l’intérieur d’un des chariots. Comme ils étaient six pour trois chariots, cela semblait logique. Comme il était qu’un simple débutant, il se retrouvait en compagnie du chef, ce qui était tout aussi logique.

Assis contre le bois du chariot, il avait ses bras croisés, regardant brièvement l’épée à sa ceinture. Ils n’étaient toujours pas au courant que l’arme qu’il possédait était … possédée justement. Hahaha … Il aurait aimé rire de cette réflexion mais il valait mieux pour lui qu’il la mettre en veilleuse s’il ne voulait pas avoir de problème.

« Donc … T’es un petit nouveau ? Comme ils ne nous donnent pas trop de renseignements, je vais te poser quelques questions. Qu’est-ce que tu foutais avant de venir ici ? » demanda l’homme calmement tandis que Kéran sursautait. Il s’adressait à lui ? Ah bien sûr, il était seul avec lui … D’ailleurs … Les œufs de Pokémons, ils étaient quand même sacrément grands. Il n’avait pas remarqué ça au départ … Mais comme ils étaient entourés par eux … Il pouvait maintenant les étudier. « Hey ! Je te parle ! T’as pas l’air très éveillé ! »

« Hein ? Zut ! Euh … Oui, je suis le nouveau … Enfin, je m’appelle Kéran. J’ai l’impression de me répéter … Et ce que je faisais avant ? Et bien, j’accompagnais une jeune femme qui combattait des pokémons spectraux et ténébreux. Ca fait huit ans environ que je faisais ça. Nous avons réussi tous les deux à combattre le Tengalice qui se trouvait au sommet du mont il y a quelques semaines et après, j’ai décidé de rejoindre l’Enceinte. »

« Pourquoi as-tu rejoint l’Enceinte et non la Sainte Alliance ? Normalement, les petits jeunes comme toi sont plus du genre à rejoindre ceux qui sont sur le devant de la scène et appréciés par tout le monde … que les autres comme nous. »

« J’ai un petit … problème personnel qui fait que l’Enceinte me convient mieux. » marmonna Kéran en détournant le regard.

« Oh ça … Chacun a ses petits problèmes, ouep. Tu fais bien alors … Personne ne saura ce que tu as fait ici … ou te jugeras … Enfin, tant que c’est pas trop horrible non plus. »

Hein ? Quoi ? C’était pas du tout ce genre de problèmes ! Qu’est-ce que l’homme était en train de s’imaginer hein ? Qu’il avait commis un meurtre ou fait autre chose ? Ah non et non ! Il valait mieux tout de suite régler cette histoire avant que … Euh … Non … Il valait mieux se taire et ne pas parler de son épée en fin de compte.

« De toute façon, ce n’est pas très important. » murmura Kéran pour changer de conversation.

« Oh ça … Chacun sa vie privée. Sinon, t’es pas un peu anxieux ? » demanda une nouvelle fois l’homme alors que Kéran regardait dehors. Ils venaient de quitter la ville ? Ah … Maintenant qu’il en parlait, il avait une petite boule au ventre.

« Je pense que ça passera, enfin, j’espère. » répondit-il en cherchant à garder son calme.

Mais bon … Il était quand même un peu … malade sur le coup. Il avait l’impression que ça risquait de très mal se finir … Enfin, ce n’était qu’une impression, pas forcément la réalité. Mais après … Si c’était aussi simple la vie, il le saurait. Ah … Il aimerait bien parler avec Swar … Contrairement aux autres personnes, il avait un peu cette impression de pouvoir discuter de tout et n’importe quoi avec lui.

« Normalement, y aura une ou deux pauses sur le chemin. Ca sera que dix-quinze minutes, de quoi s’abreuver et manger un morceau. »

« Merci de m’avoir prévenu, monsieur. » répondit-il à l’homme qui voyait parfaitement que ça n’allait pas vraiment pour lui.

Il avait surement une sale tête, il ne le cachait pas. Mais bon … Peut-être qu’en pensant à autre chose ? Qu’est-ce qu’il allait faire ? Il devait trouver un moyen de passer le temps … Peut-être qu’en attendant que la première pause arrive, il pourrait dormir ? Il s’adressa à l’homme pour lui poser la question. Celui-ci lui répondit :

« Ouais … C’est sûr que sur le moment, ça n’a pas l’air bien dangereux … Et donc, on peut avoir l’impression qu’on en glande pas une … mais c’est pas trop le cas. Reposes-toi si tu veux, je ne pense pas que tu seras le seul. »

« Merci … Merci bien. » termina de dire Kéran, se logeant près des œufs tout en évitant pour autant d’en écraser un par inadvertance. Le sommeil … Il devait chercher le sommeil maintenant. Bizarrement, il n’eut aucun mal à s’endormir.

Dans le rêve qu’il faisait, il avait l’impression de se trouver ailleurs … dans un autre monde. Bizarrement … Il ne savait pas comment l’expliquer … mais cet endroit … Avec de gigantesques tours … Il ne comprenait pas ce qu’elles représentaient. Enfin, il ne cherchait pas à trouver une explication à cela en même temps.

Loin de là … Mais bon … Pourquoi est-ce qu’il rêvait de ça maintenant ? C’était un endroit bizarre. La dernière fois, il s’était endormi en rêvant de sa vie passée. Enfin, lors de sa rencontre avec Sélia. Ici, ça semblait être la même chose ou presque non ? C’était … bizarre … vraiment bizarre même. Il faut qu’il arrête de penser à ce mot bizarre.

Mais quand même, c’était un drôle de rêve. Ces bâtiments gigantesques. On dirait des habitations. Mais il ne se rappelait pas de ça. Du moins, il n’en avait jamais vu auparavant. Peut-être avait-il une imagination débordante ? Et qu’il ne connaissait pas avant aujourd’hui.

Non ! C’était juste stupide d’imaginer une telle chose ! Mais quand même … Il n’avait jamais connu de tels rêves. Des rêves où il avait l’impression d’être conscient et de pouvoir se mouvoir sans aucune restriction. D’habitude, les rêves, on avait plus l’impression de subir. Et là … Il se demandait si ce n’était pas l’inverse … ou plutôt se considérer comme acteur.
Il rouvrit ses yeux alors que l’homme vint le secouer pour le réveiller. Il était l’heure de la pause. Combien de temps avait-il dormi ? Deux heures ? L’homme lui dit qu’il avait été plus que surpris par ça. Le sommeil dans lequel il s’était plongé avait été si … profond que ça en avait été étonnant. A croire que personne ne pouvait le réveiller. Néanmoins, c’était quand même le cas et il devait descendre du chariot pour manger un peu s’il avait faim.

Obéissant aux ordres de son supérieur pour cette mission, il quitta le chariot comme les autres, allant retrouver les différents hommes dont les conducteurs autour d’un feu. L’un des conducteurs lui tendit une cuisse de Doduo déjà cuite. De la viande ? Enfin, ce n’était pas le grand luxe car les Doduos étaient assez durs … à mordre. Néanmoins, il n’allait pas se plaindre de ça, loin de là même !

« Et bien … Alors, paraitrait que tu t’es endormi durant tout le trajet ? » demanda l’un des hommes de son groupe. Il devait avoir vingt-cinq ans, donc quand même bien plus vieux que lui. Enfin, ce n’était pas le plus important et il n’allait pas se mettre à étudier toutes les personnes autour de lui. « Fais gaffe à pas finir comme un Ramoloss. Là, c’est assez tranquille mais je te déconseille de dormir pour le reste du trajet. »

« Oui bien sûr. Je ne vais quand même pas me reposer … »

« Laisse-moi finir au cas où. C’est simplement que si tu montres que t’es juste un glandeur, ça ne va pas le faire pour les autres. On risquerait de te refiler un Ramoloss justement parmi les œufs disponibles. Je ne suis pas sûr que ça soit ce que tu veux. »

« Pas vraiment … Enfin, je connais de nom ce qu’est un Ramoloss et son expression « Être lent d’esprit comme un Ramoloss ». Mais après, j’en ai jamais vu. » dit le jeune homme avec appréhension alors que l’autre reprenait :

« Ouais ben un conseil, mieux vaut que t’évites d’en avoir un. Déjà qu’en tant que débutant, tu risques sérieusement d’en baver … Si en plus, tu récupères un Ramoloss, autant que tu quittes l’Enceintes car ton existence sera foutue. »

C’était vraiment pire que tout ou quoi ? A l’écouter, on aurait pu le croire. Gloups … Il termina sa cuisse, buvant un peu d’eau tout en refusant l’alcool qu’on lui avait tendu. Bon … Ça voulait dire que pour sa première mission, il devait absolument montrer le bon exemple. S’il s’était endormi, ce n’était pas une bonne chose, loin de là.

Pendant le reste de la pause, il resta muet, ne faisant qu’hocher la tête négativement ou positivement lorsqu’on lui posait une question. Il avait envie de parler avec Swar … Vraiment envie ! C’était bête mais c’était comme ça ! Swar le jugeait sans cesse mais … ses paroles n’avaient aucune incidence sur ce qui se passait autour de lui.

« Aller ! On repart ! On garde les mêmes duos et on remonte dans les chariots ! Faites gaffe aux œufs car si un seul se brise par votre faute, vous risqueriez de le regretter amèrement ! Vous êtes prévenus tout le monde. » répondit le chef des six personnes, les trois conducteurs étant déjà prêts à partir.

Ne pas briser ne serait-ce qu’un œuf … C’était déjà une bonne chose à faire, non ? Eviter de casser un œuf. Surtout si l’un de ces derniers pouvait être le sien. Donc, attention, il devait se calmer et ne pas faire d’erreur. Il se dirigea vers le chariot sur lequel il était monté au début de la mission, se promettant de ne pas s’endormir.
Pour cela, il trouva une méthode plus que simple : il allait frotter ses épées. Devant un tel geste, le chef lui expliqua comment faire, signalant à quel point il trouvait l’épée contenant Swar plus que belle et réussie. La seconde n’était pas en reste néanmoins.

« Où est-ce que tu as récupéré ces épées ? Chez le marchand de notre ville ? »

« Euh … La première … Je l’ai trouvée dans une grotte pendant l’une de mes missions avec la jeune femme que j’accompagnais. La seconde, je l’ai achetée. » dit l’adolescent en espérant ne pas trop en faire à force de parler.

« La première, tu l’as trouvée dans une grotte ? Mais pourtant, elle me semble être en bon état … Sans aucune rouille ou autre. » dit l’homme, tendant la main en espérant avoir l’épée pour l’étudier de plus près. Néanmoins, Kéran n’en fit rien et l’homme arrêta de tendre la main.

« C’est vrai que maintenant que vous en parlez … C’est étonnant qu’elle ne soit pas rouillée ou alors fissurée … C’est à croire qu’elle n’a jamais servi. »

« Hum ? Peut-être … Est-ce que je peux la voir ou non ? » demanda une nouvelle fois l’homme, mais en évitant de tendre la main.

« Je ne pense pas que ça soit une bonne idée. Elle est quand même assez dangereuse … et je préfère la garder à côté de moi. Je suis vraiment désolé. L’autre arme ne me pose pas de soucis par contre. » répondit Kéran avec un peu de gêne.

« Comme tu veux. Je ne vais pas te forcer, c’est ton arme à la base hein ? »

« Merci beaucoup. » termina de dire l’adolescent, regardant les œufs pour ne plus avoir à discuter avec le chef du groupe. Les œufs … Est-ce qu’il aurait la chance d’en voir éclore un avant la fin du voyage ? Il n’y avait que peu d’espoir. Pendant qu’il réfléchissait à cela, il remarqua que le chariot s’arrêta, le chef demandant :

« Hey ? Qu’est-ce qui se passe ? C’est pas encore l’heure de la pause non, »

« Y a un petit problème … La route est bloquée par des troncs d’arbre. » dit le conducteur alors que le chef répondait aussitôt :

« Quoi ? Des troncs d’arbre ? Bon sang ! J’espère que ce sont pas encore ces imbéciles de la Sainte Alliance qui ont décidé de se mêler de ce qui ne les regarde pas ! Kéran, suis-moi ! »

De toute façon il devait obéir aux ordres alors bon. Il descendit du chariot, accompagné par le chef alors que les autres membres de l’Enceinte firent de même. A eux six, ils regardèrent les troncs d’arbre qui bloquaient le passage. Le chef s’en approcha, posant une main dessus.

« Ce n’est pas du travail fait par des humains … Ce ne sont pas les membres de la Sainte Alliance qui sont alors derrière tout ça. »

« Tsss … Pourtant, ça serait bien leur genre. » murmura l’un des hommes.

« Ca veut dire que nous avons un autre problème sur le dos, les gars. Poussez-vous de là, je vais faire appel à mes pokémons pour nous virer les troncs d’arbre. Ouvrifier ! »

OH ! Un pokémon ? Il allait en utiliser un ? Il vit le chef mettre la main à la ceinture, en sortant une noigrume de couleur grise. Il la jeta au sol, une créature en apparaissant. Fier et fort comme un roc, le pokémon posa la poutre qui était apparue avec lui … avant de tout simplement soulevé un tronc d’arbre pour le jeter sur le côté.

« Bon sang, il est costaud votre pokémon ! » s’écria Kéran avec surprise.

« C’est normal … Il fait partie des plus forts pokémons qui existent … Enfin, pour l’instant, il n’a pas encore fini son évolution mais quand ça sera le cas … »

Quand ça sera le cas … quoi ? Il attendait la suite de la réponse mais rien ne vient. L’Ouvrifier continua son travail, soulevant un second tronc d’arbre puis un troisième avant de s’arrêter subitement dans son geste pour le jeter. Avec violence, il projeta le tronc d’arbre en avant, un cri se faisant entendre :

« SKELE ! SKELE ! »

« Des pokémons spectres ?! ATTENTION TOUT LE MONDE ! On se fait attaquer ! »

C’était le chef qui avait pris la parole, comme à son habitude. Aussitôt, les conducteurs descendirent des chariots à leurs tours, les Ecremeuh se mettant sur leurs deux pattes. Elles allaient aussi se battre ? Wowow … Il ne savait pas quoi dire mais c’était bizarre, franchement bizarre. Encore plus que d’habitude.

« Les œufs sont à protéger à tout prix ! Ils sont sûrement venus pour ça ! » reprit le chef alors que dans les airs, plusieurs petites créatures au corps volatile noir mais avec un masque blanc firent leurs apparitions. Ca avait été un piège, n’est-ce pas ? Il pouvait poser la question mais il n’était pas sûr qu’il ait une réponse.

Il commença à sortir Swar, prêt à se battre lui aussi. Il devait protéger les œufs, c’est cela ? Alors, ça ne devait pas être si difficile que ça. Néanmoins, lorsqu’il sortit son épée, l’un des hommes vint lui dire avec une petite pointe d’amusement :

« Hey … Sauf si tu as l’une de ces foutues épées élémentaires que la Sainte Alliance possède, tu ne risques pas de pouvoir blesser un spectre avec ça hein ? Sauf si tu as de la chance et qu’il prend une forme physique au moment où tu frappes. »

« Je préfère tenter quelque chose que ne rien faire. »

« Hahaha ! Bien, bien … Fais comme tu veux … De toute façon, ces foutues armes de la Sainte Alliance, on aime bien en prendre un peu chez eux. Il faut bien que l’on s’équipe nous aussi hein ? » répondit l’homme avant de brandir un fléau dans sa main droite.


Hey ? Ils n’allaient pas tous utiliser des pokémons ? Quand il les regardait, il remarquait qu’il n’y avait que trois hommes, le chef compris, qui avait des noigrumes. Tiens donc … Certains étaient aussi des débutants ? Dire qu’il n’avait même pas vu la différence. Il chuchota faiblement, espérant que Swar l’entende :

« Swar … Je ne suis pas sûr d’avoir déjà essayé … Mais est-ce que tu peux toucher des spectres grâce à cette épée ? »

« Je le peux. Tu n’as pas à te soucier de ça. » répondit l’épée. Enfin une parole réconfortante.

Chapitre 28 : La protection des oeufs

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Chapitre 28 : La protection des oeufs

« Kéran. Il est l’heure de se lever. » murmura la voix de Swar alors que l’adolescent ouvrait ses yeux faiblement. Il poussa un profond grognement, Swar reprenant : « Lève-toi. Ne me force pas à te tailler les cheveux pour te forcer à bouger. »

« Hum … Et pourquoi est-ce que tu es aussi collant, Swar ? Je ne peux pas me reposer tranquillement ? Pourquoi est-ce que tu me réveilles maintenant ? Je peux pas dormir … »

« Car tu as sûrement quelque chose d’important à faire, tu ne t’en rappelles pas ? Aujourd’hui est la première mission à laquelle tu participes. Il faut alors que tu te prépares. C’est aussi simple que cela pourtant. Est-ce que tu vois où je veux en venir maintenant ? » dit calmement l’épée tandis que Kéran se levait de son lit.
Il passa une main dans ses cheveux, mettant l’autre sur sa bouche pour cacher le bâillement qui l’animait. Bon … Il devait alors se préparer s’il avait compris hein ? Il se dirigea vers le miroir qui était déposé au-dessus d’un lavabo. Cette pièce faisait un peu tout en soi : salle de bains, toilettes, cuisine, salle de repos. Bref … Il avait de la place mais il ne fallait pas espérer que ça soit découpé en plusieurs parties. Sauf pour les toilettes et la douche. Se trouvant dans la salle de bains, ou plutôt, l’ensemble douche- toilettes, il commença par se laver, faisant la discussion avec l’épée qui se trouvait juste à côté de lui, posée sur le lavabo.

« Swar … Est-ce qu’ils m’ont dit en quoi consistait ma mission ? » demanda Kéran.

« Outre le fait que tu risques d’avoir ton premier pokémon, rien d’autre n’est sorti de cette conversation hier. Du moins, si on pouvait appeler ça une conversation … »

« Ce type n’était pas une lumière si tu veux mon avis. J’ai l’impression que ça l’embêtait plus qu’autre chose de m’adresse la parole. Je suis aussi affreux que ça ou quoi ? »

« Hum … Sur le premier point, nous sommes d’accord. Le second, de même. Le troisième point, cela dépend de la vision de la personne. D’après ce que je pense, tu n’es pas spécialement beau … mais en même temps, tu n’es pas repoussant. » annonça l’épée.

« … … … Wow. J’aime bien recevoir des compliments de ta part. »

Il rigola tout en finissant de se doucher, appréciant cette petite chose au beau matin. Il sortit de la douche, récupérant la lame et de quoi se sécher avant de retourner dans la chambre. Nu comme un ver, il semblait bien moins pudique lorsqu’il était seul.

« Bon … Est-ce que l’on sait par contre quand est-ce que tout se déroule ou non ? »

« Normalement, après le déjeuner. » répondit Swar alors que l’adolescent se donna une claque sur le front avant de crier :

« Mais alors, j’aurai pu dormir encore un peu plus ! Pourquoi est-ce que tu m’as réveillé maintenant ? RAHHHHHHH ! Que c’est rageant ! »

« Et pourquoi est-ce que tu restes habillé comme au jour de ta naissance ? Si quelqu’un rentrait, il serait plus que surpris. » répondit l’épée au tac-à-tac.


AHEM ! Qu’est-ce qu’elle voulait dire comme au jour de sa naissance ? Quand on naissait, on n’était pas vraiment … OUPS ! Quel idiot ! Il s’habilla en vitesse, rougissant un peu bien qu’il n’avait pas à être gêné devant … une épée quoi.

« Bon … Voilà, ça te convient comme tenue ou pas, monsieur Swar ? »

« Du monsieur ? Pour qui me prends-tu ? Mais oui … Tu sembles être acceptable pour aller faire ta première mission. De même, tu n’as pas besoin de mon approbation normalement. »

« Hum … Oui, tu as parfaitement raison. Disons que je commence à m’habituer à ta présence, c’est tout. Dans le fond, tu n’es pas un monstre … pour l’instant. » dit Kéran calmement.

« Je ne sais pas si je dois prendre cela comme un compliment ou non. » annonça l’épée alors qu’il venait la récupérer pour la mettre à sa taille. De l’autre côté, il avait son épée basique

« Tu devrais pourtant. C’est rare que je t’en fasse un mais c’est le cas aujourd’hui. J’ai quand même le droit de te complimenter non ? » demanda Kéran tandis qu’il s’apprêtait à sortir de sa chambre. Néanmoins, il attendit que Swar parle.

« Si cela t’enchante. Je n’en vois pas l’intérêt car qu’importe les flatteries que tu me feras, si un jour, je dois prendre possession de ton corps, je le ferai. »

« … … … Faut vraiment que j’arrête d’être sympa avec toi. » marmonna l’adolescent, ouvrant la porte de sa chambre avant d’en sortir.

Voilà … Bon … Il avait alors le temps de déjeuner avant que ne commence sa mission. Mais sûrement avant, il allait avoir des informations sur ce qu’il allait devoir faire non ? Pourtant, lors du petit-déjeuner, rien ni personne ne vient vers lui pour lui parler.

Et puis … Il ne pouvait pas réellement discuter avec Swar en même temps. Pfff … Il fallait dire que pour se faire des amis, il n’était pas tombé au bon endroit. Sélia lui manquait déjà fortement … Tiens ! Il pourrait même se contenter de Katérina à ce sujet ! Enfin, non … Katérina était quelqu’un de très appréciable. Du moins, c’est ce qu’il se disait au fond de lui.

« Tu m’as l’air assez perturbé, Kéran. »

« Swar … Chut … Ne parle pas ici. » chuchota l’adolescent alors qu’il terminait son petit-déjeuner. Sans mentir, il préférait avoir à parler avec Swar qu’avec personne. Il n’était peut-être pas si … spécial en fin de compte. Il poussa un profond soupir avant de se lever de table. Il pouvait quand même quitter le bâtiment tant qu’il était à l’heure du rendez-vous. Or … Comme ça se déroulait après le déjeuner …

Il sortit de l’édifice de l’Enceinte aux Esclaves, prenant un bon bol d’air frais avant de soupirer. Non mais vraiment … Qu’est-ce qu’il allait devoir faire aujourd’hui ? Est-ce que ça allait être une mission plutôt courte ou longue ? Il n’avait vraiment aucune information. Mettant de la distance avec le bâtiment, il commença à prendre la parole :

« Euh … Swar … Je n’ai quand même que peu confiance … en tout ça. Tu sais … Plonger dans quelque chose d’inconnu … dont je ne sais vraiment rien … »

« Hum ? N’est-ce pas un peu tard pour penser de la sorte ? » répliqua l’épée.

« Sûrement … Oui … Peut-être … Je ne sais pas vraiment. Swar. Dis … Tu étais un pokémon ou une personne auparavant ? Juste pour savoir comment je dois te parler. »

« Hum ? Comment tu dois me parler ? Que veux-tu dire par là ? Fais attention à ce que tu comptes exprimer, tu pourrais rapidement le regretter. »

« Ah non. Je ne te parlerai pas moins bien si j’apprends que tu es l’un ou l’autre. C’est juste que … si tu avais été humain, tu aurais peut-être pu mieux me comprendre. » dit l’adolescent, plus que confus par ses propres paroles.

« J’ai été quelqu’un … Qu’importe le physique que j’arborais. Aujourd’hui, j’en possède un autre. C’est tout ce que tu as à savoir à mon sujet, Kéran. Néanmoins, pour te répondre, tu n’as qu’à arrêter de trop penser. Du moins … Tu n’as pas l’habitude d’une telle utilisation de tes facultés mentales. Alors … Lorsque tu commences à t’embrouiller inutilement, fais le vide dans ton esprit et n’hésite pas. »

Ne pas hésiter ? D’accord … Mais ne pas hésiter à quoi ? Il allait encore lui poser la question mais il n’était pas sûr que ça soit une bonne chose. Bon … Au moins, il avait discuté avec Swar. Et en attendant, il allait tout simplement regarder le mur de pierre en face de lui. Pendant une bonne trentaine de minutes, il resta adossé à un mur, continuant de réfléchir à rien … De ne pas réfléchir justement. Du moins, c’est qu’il essaya sans réellement y arriver. Ce n’était pas aussi simple que ça en fin de compte.

« Pourquoi est-ce aussi compliqué, Swar ? » demanda-t-il une nouvelle fois.

« Car tu ne fais pas d’efforts … Je ne t’adresserai plus la parole de la journée. Débrouille-toi seul dorénavant. Tu devrais en être capable. »

« Hey ! Mais attends un peu quand même, Swar ! HEY ! »

Et voilà que l’épée s’était plongée dans son mutisme. Tsss ! Sale bête ! Ah non … Sale arme ! Bon … Maintenant qu’il avait perdu son temps à ne rien faire, il allait retourner dans l’Enceinte. Tsss … Fichue arme ! Pénétrant dans le bâtiment, il retourna dans sa chambre pour faire passer le temps. Pourquoi est-ce qu’il n’avait pas pris un livre ou deux ? Enfin … Sélia lui avait appris à écrire et à lire, du moins, plus que correctement puisqu’il n’avait pas pu terminer réellement son éducation avec ses parents.
Assis sur son lit, il resta à nouveau fixe pendant un bon bout de temps, jusqu’à ce qu’il entende des bruits de pas tout autour de lui. Il se leva pour se diriger vers la cantine, engloutissant son déjeuner bien qu’il n’avait rien fait réellement de la matinée. Voilà … Maintenant, il allait pouvoir commencer sa première mission.

Mais où se rendre ? On ne lui avait pas donné de point de rendez-vous ! Pourquoi est-ce qu’il l’impression d’être pris pour un abruti ? Ou alors un débutant ? Bon le second point était véridique, il ne savait rien du tout mais quand même ! Ce n’était pas une raison pour se moquer de lui à ce point quoi ! Bon … Il allait juste suivre les groupes de membres de l’Enceinte vers les endroits où ils allaient se rendre. C’était aussi simple que ça et surtout plus qu’efficace. Il trouverait bien l’endroit où se rendre ensuite !

Et cela ne tarda pas ! Sa méthode sembla fonctionner parfaitement puisque dès le premier groupe, il sut qu’il était au bon endroit. Toutes les têtes se tournèrent vers lui alors qu’il regardait qui était présent. Ils étaient six d’après ce qu’il comptait. Tous des hommes, plus âgés que lui. Bon, il n’avait pas à être anxieux, il n’y avait pas de quoi l’être normalement.

« Bon … Vous êtes visiblement tous réunis. Vous pouvez saluer le petit nouveau qui vient d’arriver. Tu peux donner ton nom ? » demanda un homme qui devait avoir plus d’une quarantaine d’années mais dont l’expérience était facile à deviner … en vue de la balafre sur le côté gauche de la nuque.

« Je m’appelle Kéran et je viens d’arriver. C’est ma première mission aujourd’hui. »

« Ca risque de pas être la plus simple si tu veux mon avis. Ca dépend de la chance que tu as. Tu estimes avoir de la chance ou non ? » reprit l’homme.

« Euh … Disons que ça peut aller je crois … Je ne pense pas être chanceux … Enfin, pas plus que ça. » répondit Kéran, un peu perturbé par la question.

« Hum … Donc, ça risque de mal se passer. Prenez au cas où vos pokémons. De toute façon, vous n’avez pas à vous en séparer, c’est clair ? »

Les quatre autres personnes s’écrièrent en même temps que oui alors qu’il restait muet. Bon … D’après ce qu’il remarquait, cet homme allait être sûrement leur chef parmi les six hommes dont lui. Bon … Et bien … S’il pouvait quand même savoir ce qu’ils allaient faire ?

« Dites … Cette mission, est-ce que vous voulez m’en parler plus en détails ? »

« Bien entendu. Nous allons tout simplement escorter des œufs de pokémon psychique dans une autre ville. A partir de là, il se pourrait que l’un d’entre eux te soit confié. Tu pourras alors élever ton premier pokémon. »

AH ! C’était donc ça ? Ca allait lui permettre d’avoir son premier pokémon de la sorte ? Enfin, avoir un pokémon qui vient de naître ? Et le voir grandir et toutes ces choses ? C’était donc comme ça que ça allait se passer ? BIEN ! Maintenant, il était vraiment encore plus motivé ! Il demanda une nouvelle fois :

« Quand est-ce que nous partirons alors ? »

« Hum ? D’ici au milieu de l’après-midi. Néanmoins, tu peux déjà te rendre aux écuries de l’Enceinte aux Esclaves. Là-bas, ils se préparent pour le voyage. Comme ça, tu te familiarise avec les pokémons que nous utilisons pour le déplacement. » répondit l’homme âgé environ d’une quarantaine d’années.

« Je vais le faire tout de suite ! Où se trouvent les écuries par contre ? »

Il fit un signe de la tête vers la droite, lui disant néanmoins à côté qu’il fallait qu’il quitte le bâtiment par derrière pour ne pas se tromper de chemin. Il remercia l’homme avant de quitter la pièce. S’il pouvait voir de nouveaux pokémons, il n’allait pas se priver !

Il quitta le bâtiment en suivant les consignes données par l’homme. Marchant le long des murs, il finit par trouver la fameuse écurie dont avait parlé l’homme. C’était donc ici … que les pokémons se trouvaient ? Du moins, ceux qui allaient tirer les chariots ? Car c’était ce qu’il avait en face de lui. Trois chariots qui étaient prêts à partir à tout moment. Il s’approcha d’eux, trois hommes discutant entre eux avant de s’arrêter. Les têtes se tournèrent vers lui, l’étudiant de haut en bas alors que l’un d’entre eux disait :

« C’est pour ? Tu ne viens pas ici juste pour visiter non ? Je n’ai jamais vu ta tête par ici. »

« Je m’appelle Kéran et je suis un nouveau membre. Et en fait … Je visite … Mais parce que je vais devoir partir avec les chariots dans quelques temps. »

« Ah ? La mission du petit nouveau … Bon … Par contre, t’as pas l’air très vif. Tu sais au moins utiliser ton coupe-papier que tu as à ta ceinture ? » demanda l’un des deux autres hommes, Kéran acquiesçant d’un hochement de tête. « Bon … T’es venu faire quoi ici alors ? Car c’est pas pour maintenant non ? Fais pas trop de zèle sinon tu finiras pas l’année. »

« Je suis venu voir les pokémons … Enfin, ceux des chariots, pas les œufs. »

« Ah … C’est donc pour ça. Bon … Suis-moi. » termina de dire le troisième homme en lui faisant un geste de la main pour qu’il l’accompagne.


Il n’allait peut-être pas encore voir les œufs mais tant qu’il pouvait voir des pokémons, il n’était pas contre. Il fallait dire que dans son village, ce n’était pas chose commune d’en avoir un … Et si on ne comptait pas ceux spectraux ou ténébreux, il n’en connaissait pas tant que ça des pokémons.

L’homme le guida dans les écuries et tout de suite, une forte odeur vint piquer ses narines. PFIOU ! Ca ne sentait pas le savon ici ! Ni les fleurs d’ailleurs ! Mais il entendit plusieurs meuglements, lui faisant tourner la tête vers leurs directions. Des Ecremeuhs ! C’était des Ecremeuhs ! Ca, il n’y avait aucune difficulté à savoir qui elles étaient !

« Ce sont elles qui vont nous traîner pendant plusieurs heures. » annonça l’homme, caressant le crâne de l’une des bêtes qui meugla de bonheur.

Mais comment elles allaient faire ? Elles marchaient d’habitude sur deux pattes, non pas quatre … Est-ce que pour tirer, elles allaient se mettre à quatre pattes ? Enfin, c’était une réflexion un peu stupide mais il tenta de rapprocher la main de l’une des bêtes.

« T’en fait pas … Elles ne vont pas te bouffer. Les Ecremeuh sont des créatures très sociales à la base. » murmura l’homme en voyant l’air inquiet de Kéran.

« Disons que … A part les pokémons de Sélia, j’en ai pas souvent touché … »
C’était là qu’il remarquait que son existence était loin d’être joyeuse et remplie pour quelqu’un de son âge. On ne pouvait pas dire qu’il avait été très … épanoui par tout ça. Peut-être qu’après la première mission, tout allait s’accélérer plus que rapidement et il … allait découvrir un tout autre monde ? Enfin, déjà avec Katérina, il fallait avouer que le monde au-dehors de son village était bien spécial.

Chapitre 27 : Un nouveau départ

ShiroiRyu
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Chapitre 27 : Un nouveau départ

« Coucou Sélia. » murmura l’adolescent alors qu’il apercevait la jeune femme qui l’attendait, assise à l’extérieur d’un café. Elle se leva, puis l’embrassa sur les joues.

« Bonjour Kéran. Tu as l’air … en pleine forme d’après ce que je crois voir. »

« Euh … Oui … Et toi aussi … Ca a l’air d’aller très bien. » répondit l’adolescent en voyant le regard attendri de la jeune femme. Elle l’invita à s’asseoir en face d’elle mais la première chose qu’il remarqua, c’était les deux nouvelles noigrumes à sa ceinture. Elle reprit avec un petit rire amusé par la situation :

« Et bien, Kéran ? Tu ne veux pas plutôt relever le regard ? »

« Pardon, Sélia. Je … C’était à cause des noigrumes … Tu as de nouveaux pokémons ? »

Elle hocha la tête en gardant son sourire avant de héler une serveuse. Elle commanda à boire de son côté, invitant l’adolescent à faire de même de son côté. Il était gêné … tellement gêné. Ca ne faisait même pas une semaine qu’ils étaient séparés et surtout … Quand il voyait la réaction de la jeune femme, il se demandait si tout ça n’était qu’une …illusion. Il resta muet pendant deux bonnes minutes, la jeune femme l’observant elle aussi sans un mot. Finalement, les consommations arrivèrent, Sélia buvant tranquillement tandis qu’il avait la tête baissée.

« Et bien … Tu ne parles pas vraiment, Kéran, n’est-ce pas ? Ca n’a pas l’air d’aller ? »

« Euh … Ca va très bien. Et toi ? Ca … donne quoi d’être là-bas ? Dans la Sainte Alliance ? J’aimerai bien savoir ce que tu fais de tous tes jours. »

« Hum ? Et bien, pour l’instant, simplement de l’entraînement. Mais je partirai sûrement en mission très bientôt. Les deux pokémons que j’ai avec moi en plus de mon Archéodong, j’ai pu les choisir après mes entrainements. »

« Ah. Mais … Je vois … Euh … C’est une bonne chose alors ? » murmura-t-il, détournant le regard alors qu’elle n’avait de cesse de l’observer.

« Kéran. Tu es prié de me regarder dans les yeux quand tu me parles, d’accord ?  Ca serait très sympathique de ta part. On dirait que tu es perturbé. »

« Un peu gêné … Sélia. Euh … Je peux te dire pourquoi ? C’est juste que … Comme on s’est disputé un peu avant de se séparer et que … Tu peux remarquer que je ne pense pas … à quitter mon organisation et toi, la tienne … Je ne sais pas vraiment comment parler avec toi. J’ai l’impression que tu te forces à parler gentiment. »

« Me forcer à te parler de la sorte ? Oh … Kéran. Vraiment … Parfois, tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez hein ? »

Elle émit un petit rire attendri alors qu’il rougissait violemment. Voilà qu’elle le considérait encore comme un enfant. Pourquoi est-ce que ça se passait toujours comme ça ? Enfin non … Mais qu’est-ce qu’il avait dit pour qu’elle parle ainsi ? Elle semblait avoir totalement oubliée les disputes d’il y a une semaine. Non … Ce n’était pas exactement ça.

« Je suis toujours mécontente de ta décision. Je suis toujours inquiète de tes choix. Mais … Tu as décidé de vouloir grandir, éloigné de moi. Je ne peux pas t’en empêcher, Kéran. Ca me fait mal de te savoir seul … Tellement mal … Mais je tente d’être moins protectrice. Je veux juste que tu sois heureux et en sécurité … mais en même temps, tu veux être seul. »

« Je ne veux pas être seul, Sélia. Je n’ai jamais dit ça. J’ai juste pensé que c’était la meilleure chose à faire, que de rejoindre l’Enceinte aux esclaves. Si un jour, je vois que je n’ai plus ma place parmi eux, je quitterai l’organisation et je tenterai de rentrer dans la Sainte Alliance. »

« Oh ? Ca veut donc dire que j’ai encore des chances de t’avoir à mes côtés ? »

« Bien entendu ! Je ne compte pas me séparer définitivement de toi. » répondit-il aussitôt avec entrain alors qu’elle rigolait.

« Tant mieux, tant mieux alors ! C’est une très bonne nouvelle pour moi ! Visiblement, tu ne risques pas de m’oublier et inversement. Tu sais … Kéran … Une semaine sans toi, je ne pensais pas dire ça un jour, mais c’était quand même très long. A force de vivre ensemble, je m’étais habitué à ta présence. »

« C’est vrai que c’est un peu triste … sans toi. Mais bon … Il faut bien que je prenne sur moi. Je veux devenir quelqu’un sur qui tu peux compter. »

« Et n’est-ce pas déjà le cas ? Je te fais pleinement confiance. » murmura doucement Sélia, un coude maintenant sa tête sur la table tandis qu’elle l’observait avec douceur.

Il hocha la tête négativement sans lui répondre. Pourtant, il lui fit le même sourire avant de boire ce qu’il avait commandé. Si … la confiance régnait vraiment entre eux deux, rien de tout cela ne serait arrivé. Elle perdit son sourire, tournant son doigt autour de son verre d’un air songeur. Finalement, elle poussa un petit soupir avant de reprendre :

« Tu as parfaitement raison. Je ne devrais pas te mentir à ce sujet … Mais c’est si difficile … Et je pense qu’il faudra attendre … Que le temps s’écoule pendant de longues journées voir semaines … avant que je ne pense te donner toute ma confiance par rapport à tes capacités. Mais qui peut nous dire si tu n’auras pas perdu celle de mon cœur ? »

« Ton cœur ? Je … Car tu as peur que je change tellement dans l’Enceinte ? Tu sais … J’ai pu voir toutes ces choses. Enfin, ce qu’ils font. »

« Hum ? Et alors ? Qu’est-ce que … cela donne ? » demanda la jeune femme aux yeux rubis, ces derniers le fixant ardemment, attendant sa réponse avec une certaine aigreur.

« Je n’ai pas encore fait ces séances de torture et de violence gratuite. J’apprends juste les bases … Ce que cela permet … Ce que cela donne … Ce qu’il faut faire. Mais ça ne me plaît pas vraiment … Pas du tout même. »

« Alors pourquoi est-ce que tu as décidé de rejoindre l’Enceinte ? Tu pourrais partir dès maintenant non ? Ce n’est jamais trop tard ! » dit-elle avec plus d’entrain en vue de la réponse de l’adolescent qui la satisfaisait plus que tout. Pourtant, encore une fois, Kéran hocha la tête négativement. Ce n’était pas du tout cela.

S’il voulait en apprendre bien plus sur les pokémons ténébreux et spectraux, il n’avait pas le choix. C’était le meilleur endroit pour les étudier … Mais son but n’avait jamais été la violence gratuite. Il n’était pas ainsi … Enfin, il n’avait pas le caractère pour une telle chose. Ca ne lui plaisait pas le moins du monde.

« Sinon, d’ailleurs, comment dire … Bientôt, j’aurai aussi mon premier pokémon. Ça sera forcément un pokémon psychique. »

« Hum ? Mais ça sera un pokémon déjà entraîné ? »

« Je ne crois pas … Enfin, d’après ce que j’ai cru comprendre …Ca sera un pokémon qui vient de naître. Ainsi, la liaison entre lui et moi sera parfaite et il ne désobéira jamais à mes ordres. Enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre. »

« Un pokémon qui vient de naître, s’il voit un humain, sera souvent lié pour la vie à ce dernier. C’est exact. C’est ainsi que ça marche la majorité du temps. Cela concerne surtout les pokémons psychiques qui sont à la base, des créatures anormalement plus intelligentes que les autres grâce à leurs pouvoirs mentaux. »

« Je ne savais pas … du tout cela … Dis ? Ca veut dire que ton Archéodong … Tu l’as eu aussi à la naissance ? Enfin, quand il est né ? Car c’est bizarre comme pokémon non ? »

« Hum ? Non, non ! Enfin … Je ne sais pas vraiment … quoi te dire. Mais mon Archéodong était au départ un Archéomire. Mais c’est un pokémon très rare. Il n’existe que très peu de pokémon constitués majoritairement de métal. »

Oh ? Il était subitement plus qu’intéressé par le sujet. Surtout que maintenant, ils ne parlaient plus des deux organisations et c’était tout ce qu’il voulait. Ah … Pfiou. Il poussa un soupir de soulagement, remarquant l’air un peu gêné de la jeune femme. Qu’est-ce qu’il avait dit ? Elle n’aimait pas parler de son pokémon ? Pourtant, c’était la première fois qu’ils en discutaient, ça pouvait être un bon sujet de conversation.

« Pourquoi est-ce qu’il est très rare ? Enfin, pourquoi il y a aussi peu de pokémons métalliques ? C’est bizarre, je ne l’avais jamais remarqué auparavant. »

« Oh … Ca … Je ne sais pas moi-même. Mais il paraîtrait que les pokémons métalliques peuvent vivre des centaines voir des milliers d’années. Tu imagines ce que cela veut dire, Kéran ? » demanda la jeune femme avec un regain d’intérêt.

« Peut-être que ton Archéodong est en fait un pokémon très très ancien alors ? »

« Oh … Je ne sais pas … Je ne parle pas le langage des pokémons mais peut-être, oui … Et alors, il pourrait nous raconter tout ce qui s’est passé il y a de cela des siècles ? Ca serait vraiment une source d’informations plus qu’importantes ! »

Ils éclatèrent de rire tous les deux alors qu’ils s’imaginaient déjà avoir un savoir auquel ils ne verraient sûrement aucune utilité sur le moment. Mais c’était quand même … bizarre que les pokémons de métal soient aussi rares que ça. Mais bon, ce n’était pas une impossibilité non plus. Il ne connaissait pas réellement le monde autour de lui.

« Est-ce que tu sais en quoi va consister ta première mission, Kéran ? »

« Euh … Pas vraiment … Je sais juste que ça passera en-dehors de la ville mais après … Je ne sais pas du tout … Je dois te l’avouer. »

« Hum … Une mission en extérieur. Ca n’a rien d’étonnant. Vous êtes quand même du genre à éliminer les créatures ténébreuses et spectrales … Vous en trouvez dans la ville mais principalement dehors. Surtout si vous comptez en capturer … »

« Je ne sais pas du tout. Je ne peux pas te répondre, Sélia. Pardon. »

« Ce n’est pas bien grave … Je te demande juste de ne pas te salir les mains … de ne pas devenir comme eux … même s’ils t’entourent. C’est pour ça que je ne voulais pas que tu ailles là-bas. Tu es tellement différent d’eux, Kéran. » chuchota doucement comme pour bien l’inciter à partir de cette organisation le plus tôt possible.

« Les gens changent … Sélia. Je ne sais pas du tout ce que je deviendrai mais … Ne t’en fait pas. Moi, je ne risque pas de t’oublier si tu as peur de ça. »

« Oh … C’est exactement de ça dont j’ai peur. Après toutes ces années passées ensembles, j’avoue que je n’aimerai pas que toi et moi … Nous soyons de parfaits inconnus plus tard. »

« Il en est hors de question de mon côté ! Je ne veux surtout pas de cela ! » s’écria t-il alors que plusieurs regards se tournaient vers eux.

Elle eut un grand sourire avant de se lever. Les consommations étaient déjà payées, ils n’avaient donc pas à rester plus longtemps ici. Elle tendit sa main, invitant l’adolescent à la prendre. Avec un peu de gêne, il serra la main de Sélia dans la sienne avant qu’ils ne quittent le café où ils s’étaient retrouvés.
Maintenant qu’ils marchaient dans la ville, ni l’un, ni l’autre ne prit la parole. La jeune femme était beaucoup plus attentionnée qu’auparavant. C’était pour cela qu’il était beaucoup plus … gêné par elle. Maintenant … qu’ils étaient à distance, il pouvait remarquer à quel point … Enfin, maintenant, il pouvait voir comment elle était … Sans la regarder de ses yeux de « petit frère ». Et c’était ça qui était gênant.

« Elle est plus jolie … comme ça. » chuchota-t-il à lui-même.

« Hum ? C’est un compliment que je viens d’entendre, Kéran ? »

« Hein ? Quoi ? Je … Je … Je n’ai rien dit ! Je peux te le pro… » commença à reprendre Kéran avant qu’elle ne le stoppe d’un doigt sur ses lèvres.

« Merci de reconnaître ça. Ca me touche, Kéran. Tu sais … La prochaine fois qu’on a du temps libre, je peux aussi essayer de porter une autre tenue. Il est vrai qu’avec mon armure sur le corps la majorité du temps, je ne suis pas très … féminine. »

« Si, si ! Euh … Mais en même temps, c’est vrai que je ne te vois pas souvent sans ton armure. Enfin … Quand on allait dehors. A la maison, ce n’était pas pareil. »

« C’est bien de ça dont je parlais. Bon … Nous verrons cela plus tard de toute façon. » dit-elle comme pour terminer la conversation.

Ils allaient devoir se séparer tous les deux. Peut-être que plus tard, il la reverrait dans une tenue différente ? Plus … citadine ? Il ne savait pas. Néanmoins, il fut l’heure pour les deux personnes de se quitter, la jeune femme venant l’embrasser sur les joues avant de le laisser seul. Lui ? Il allait retourner tout simplement à l’Enceinte.
Lorsqu’il pénétra dans le bâtiment, il se dirigea aussitôt vers sa chambre avant d’être arrêté par l’un des membres de l’Enceinte. Il ne connaissait même pas son nom et sincèrement, ça ne l’intéressait pas le moins du monde. Pourtant, il l’écouta lui dire :

« Tu es Kéran non ? Enfin, l’un des nouveaux. »

« C’est exact … Qu’est-ce que je peux faire ? Normalement, aujourd’hui, j’avais ma journée donc ça ne doit pas être un problème si … c’est pour cela que vous m’arrêtez. »

« C’est pas ça, tu peux te la fermer deux secondes ? Juste pour te dire que ta première mission est prévue pour demain. Donc, tu dois te préparer et tous ces trucs. »

« Euh merci de m’avoir prévenu alors. Vous pouvez dire aux autres que je serai là demain dès la première heure. Je suis pressé de voir ce que c’est comme première mission. » dit le jeune homme aux cheveux argentés alors que l’autre en face de lui pouffait :

« C’est rien de bien énorme. Ne t’imagine pas cinquante mille trucs. Ca sera un truc bateau. »

« Est-ce que je peux déjà savoir ce que c’est alors ou non ? »

« Pas du tout. Moi, je me la ferme et j’obéis seulement aux consignes qu’on me donne. Aller … Je me barre d’ici. T’es prévenu, j’ai fait mon boulot. »

« Euh … D’accord. Salut alors. » osa dire Kéran en regardant partir l’autre jeune homme avant de soupirer. C’était quoi ce type ? Pfff … Bon … Il retourna vers sa chambre, s’écroulant sur son lit en tentant de réfléchir à la mission de demain.
D’après ce qu’il avait cru comprendre, ce n’était pas une mission difficile, loin de là. Peut-être était-ce tout simplement pour faire ses preuves ? Et montrer ce dont il était capable ? Il y avait de fortes chances qu’après ça, il reçoive alors son premier pokémon non ? Ca allait lui faire bizarre … Depuis des années, les seuls pokémons qu’il avait connus étaient ceux de Sélia. Et maintenant, on lui parlait d’en avoir un à lui ? Quand même … Il se demandait à quoi ressemblerait le pokémon qu’il allait recevoir.

« De toute façon … Je verrais ça demain. Bon … Swar, j’ai remarqué que tu n’as pas parlé de la journée. Je vais me reposer quelques heures. »

Aucune réponse de la part de l’épée ? Bon … Elle faisait ce qu’elle voulait. Ce n’était pas son souci pour l’heure. Il ferma les yeux, cherchant le sommeil en se remémorant ce qui s’était passé aujourd’hui. Ah … Avec Sélia, c’était quand même spécial maintenant … Oui …Très spécial. Ah … Qu’est-ce qu’il allait devenir dans le fond ? Il ne savait pas.

Chapitre 26 : Violence et abus

ShiroiRyu
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Second axe : Perdre sa candeur

Chapitre 26 : Violence et abus

« Alors ? Comment est-ce que tu te sens ? » dit l’épée calmement.

« Je ne sais pas vraiment … J’ai un peu peur … Je le reconnais. Maintenant, Sélia et moi, nous ne nous verrons plus … ou alors que très rarement. » murmura l’adolescent aux cheveux blancs, regardant l’édifice en face de lui. Il serrait un papier à la main, cherchant à garder son calme bien que la situation ne s’y prêtait guère. Ce bâtiment … en face de lui … C’était celui où tout allait se dérouler, n’est-ce pas ? Du moins … à partir de maintenant. Bien qu’il se trouvait en ville, il n’y avait guère d’autres bâtiments dans les alentours, comme pour bien le démarquer du reste … ou alors tout simplement pour le considérer comme un paria.

« Hey ? Toi ! Qu’est-ce que tu fais ici ? » cria une voix alors qu’il tournait son visage vers l’endroit d’où elle provenait. Un homme … Une trentaine d’années environ. Il n’avait pas l’air d’un garde en vue de sa tenue mais bon … Il valait mieux se méfier au cas où.

« Hein ? Euh … Je suis bien dans l’Enceinte aux Esclaves non ? »

« C’est le cas … Tu le fais exprès de ne pas savoir où tu vas ou quoi ? »

« Euh si si … C’est juste que voilà … On m’a dit de ramener la tête du Tengalice avec moi pour que l’on puisse me faire rentrer. Je viens rejoindre l’Enceinte aux esclaves. »

« La tête du Tenga … Tu parles du monstre qui se trouvait en haut de la montagne ? C’est toi qui viens de le buter ? Ah bon sang ! Je me disais bien que ce trou dans les nuages, ce n’était pas commun ! BON ! Suis-moi, je vais t’emmener jusqu’au chef qui t’expliqueras rapidement comment ça se passe ici. »

« D’accord … Merci beaucoup. » murmura Kéran avec un peu d’appréhension. Aller … Il venait de passer la première étape … Ce n’était pas si difficile que ça en fin de compte, n’est-ce pas ? Ils n’allaient pas tous le dévorer ou autre ! Loin de là même …

Il pénétra dans le bâtiment, accompagnant l’homme tandis qu’il entendait plusieurs cris … mais non-humains. Enfin, pour la majorité d’entre eux. Il ne savait pas ce qui se passait mais rien qu’à l’idée d’y penser, il en avait froid dans le dos. Brrrr ! Bon … Il ne devait pas y penser … Ce n’était juste … qu’un mauvais moment. Pourquoi est-ce qu’il avait voulu rejoindre l’Enceinte au départ ? Il ne se sentait plus trop en confiance maintenant. L’homme s’arrêta devant une porte, toquant plusieurs fois jusqu’à ce qu’une voix dise :

« Qui est-ce ? J’avais demandé à ce que l’on ne me dérange pas pour le reste de la matinée. »

« Euh … Chef … On a une nouvelle recrue il paraîtrait. »

« AH ! Le jeune homme qui a déglingué ce foutu Tengalice ! Vas-y ! Fais-le rentrer maintenant au lieu de me faire perdre mon temps ! »

« Rentre … Il a l’air de bonne humeur pour une fois. » annonça l’homme en ouvrant la porte pour qu’il puisse pénétrer dans la pièce. Il acquiesça avant de partir.

C’était un bureau … Tout ce qu’il y avait de plus simple contrairement à ce qu’il pensait … C’était vraiment … Un bureau … Avec des commodes avec des nombreux livres et autres. Par contre, la seule chose un peu … saugrenue à côté, c’était peut-être ce qui était planté dans les murs. Des trophées de chasse. Il y avait de nombreuses têtes de pokémons dont il n’était pas sûr de connaître leurs origines. Gloups …

« Ah … C’est donc toi ? Tu m’as l’air un peu maigrichon … Mais le type des inscriptions m’a clairement dit de me méfier de ton apparence. »

Hein ? Quoi ? Il tourna son visage vers la personne qui venait de lui parler, un peu perdu. Ah … C’était un homme … d’une cinquantaine d’années. Il portait des vêtements de cuir noir, avait des cheveux de même couleur et une moustache assez touffue. Par contre, il remarquait surtout la balafre juste au-dessous de l’œil droit.

« Blessure de guerre, dira t-on. Mon premier combat contre ces foutus spectres il y a de cela plus de trente ans maintenant. Je m’appelle Féhnor et toi, d’après ce que je lis, c’est Kéran ? »

« C’est ça, monsieur Féhnor. » murmura l’adolescent.

« J’espère que t’es pas l’un de ces petits prétentieux qui viennent sortir des bras de leurs mères pour avoir une vie pleine d’aventures. Surtout que si c’est le cas, tu t’es gouré d’endroits, je tiens à te prévenir qu’ici, ce n’est pas joyeux. »

« C’est … bien l’Enceinte ici non ? Donc, pour les pokémons spectres et ténébreux … »

« C’est exact. Bon, toute façon, tu nous as rejoints pourquoi ? Car tu as sûrement une bonne raison, n’est-ce pas ? T’es pas là pour t’amuser … Surtout si tu as réussi à tuer ce Tengalice qui nous rendait complètement dingues, qu’importe ce qu’on tentait de faire contre lui. »

« Euh … C’est parce que j’ai un petit problème avec les spectres … ou du moins … Les créatures ténébreuses. Disons qu’ils ont ravagé mon village il y a quelques temps … Et il y a environ huit ans, j’ai perdu ma famille à cause d’eux. »

Il n’osait pas dire que c’était tout simplement à cause de Swar car il restait toujours indécis à son sujet. L’homme l’observa pendant quelques secondes avant d’hausser les épaules. Il reprit la parole tandis qu’ils quittaient la pièce :

« Chacun a ses raisons … Au moins, t’es pas là pour la gloire et la célébrité. Sinon, t’aurais été dans cette saleté de Sainte Alliance. »

« Je n’ai pas ma place parmi eux … Je ne crois pas que j’aurai mes chances toute façon. »

« Tsss … A se faire passer pour des gentils garçons et gentilles filles … Bon … Toute façon, t’es pas là pour m’entendre déblatérer à ce sujet. Je te montre comment que ça se passe ici, puis dans dix minutes, je retourne m’occuper d’affaires plus importantes. » annonça Féhror alors que Kéran ne faisait qu’hocher la tête.

« Je vous suis donc … Par contre, en arrivant, j’ai entendu de nombreux cris. »

« Ah ? Ca ? Autant te montrer tout de suite, comme ça, on ne perd pas de temps. »

Autant lui montrer quoi ? Ils marchèrent dans les couloirs, l’adolescent tendant l’oreille. Ils se rapprochaient des cris … Des nombreux cris même … d’après ce qu’il pouvait entendre. Gloups … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Avec nonchalance, l’homme ouvrit la double porte faite de bois pour le laisser rentrer en premier.
C’était quoi ça ? Des chaînes, des menottes … Et plusieurs ustensiles comme des fers, des pinces et autres. Et sur les nombreuses tables d’opération … Des pokémons ? Que des pokémons spectres et ténébreux. Mais comment était-ce … possible ? Comment pouvaient-ils les capturer de la sorte ? Devant son appréhension, Féhror lui dit :

« Ce sont des chaînes faites d’un métal bien particulier dont une partie de sa composition est faite du sang des créatures ténébreuses et spectrales. »

« Ah … C’est donc pour cela que ça semble marcher sur eux ? » osa t-il dire alors qu’il évitait de regarder plus longtemps ce spectacle. Pourtant, il ne pouvait pas détourner ses yeux … puisqu’il n’y avait que cela autour de lui ! D’ailleurs … Il … C’était … C’était quoi ça ? Il cligna plusieurs fois des yeux alors qu’il voyait un Grahyena, le ventre ouvert, les yeux complètement blancs. Affalé sur une table d’opérations, il ne semblait plus vivant, pourtant, son ventre se soulevait, signe qui montrait tout le contraire.

« Oh … Tu vas assister à quelque chose de commun … mais en même temps qui met parfois plusieurs jours avant que ça n’arrive. La soumission d’une créature ténébreuse à nous. Vois-tu ses yeux blancs ? Cela veut dire qu’il n’est plus en état de lutter. Sortez une noigrume, vous autres ! C’est l’heure de le capturer ! »

Une noigrume ? C’est ce qu’ils utilisaient aussi ? Il observa une noigrume de couleur entièrement noire que tenait un homme. Celui-ci la lança sur le Grahyena, la créature disparaissant à l’intérieur comme si de rien n’était. Féhror reprit :

« Et lorsque le Grahyena sortira de cette noigrume, il sera complètement dominé par l’homme ou la femme qui l’a capturé. De même, nous … »

« Mais je me disais … Elles peuvent parler non ? Ces pokémons … Enfin ces créatures … Qu’est-ce qu’elles disent après que vous fassiez tout cela ? »

« Oh … Elles ne parlent plus vraiment à force. Disons qu’à force de briser leurs corps physiques, leurs esprits ne sont plus capables de raisonner correctement. C’est triste … Mais c’est ainsi que ça se passe à l’Enceinte aux esclaves. Oh … Peut-être qu’au départ, pour une bonne partie des nouveaux venus, ça semble horrible … mais tu t’adapteras, j’en suis sûr. »

« J’espère en être aussi sûr que vous. Qu’est-ce qu’il y a d’autre à visiter ? Je vous suis au cas où … Je n’ai pas vraiment envie de me perdre. »

Il murmurait cela tout en serrant fortement son arme. Ce n’était pas du tout ça qu’il avait envie de faire à Swar ! Pas du tout même ! Non, non et non ! Loin de là même … Pas du tout … Ah … Gloups … Il se sentait mal pour son arme. Il allait devoir se faire pardonner envers Swar. Si celui-ci croyait qu’il comptait faire … des choses comme ça … C’était tout simplement impardonnable ! Pas envers une créature qui lui avait sauvé la vie !

Donc … Voilà … Ce n’était pas vraiment folichon mais … Il devait avouer qu’il s’en était douté lorsqu’il avait décidé de rejoindre l’Enceinte aux Esclaves. Le reste de la visite se passa bien plus facilement. Il fallait dire que la cantine, les dortoirs, les salles d’entraînement et toutes ces parties habituelles et surement communes à bon nombre d’organisations, c’était beaucoup moins violent qu’au début.
Il lui fut alloué une chambre tandis qu’il remerciait l’homme qui s’éloigna finalement après avoir terminé la visite guidée. Ah … Une chambre rien que pour lui ? Il s’était attendu à ce qu’il dorme avec d’autres personnes mais il semblait qu’il était un peu privilégié ? Peut-être à cause de la tête de Tengalice qu’il avait décidé de laisser dans le bureau après l’avoir montrée à Féhror …

« Hum … Tu as l’air plus que tourmenté. Le voyage n’est plus aussi idyllique ? »

« Je ne sais même pas ce que ça veut dire ce mot. Mais oui … Enfin … Swar … Ne crois pas que je te ferais ça hein ? Enfin … T’es un monstre … mais … »

« De toute façon, tu n’en aurais pas la possibilité. » coupa aussitôt l’épée.

Oui. Il le savait parfaitement … Il n’était pas bête au point de croire qu’elle lui laisserait le choix … son épée hein ? Il se coucha sur le lit, regardant le plafond avant de fermer les yeux. Des menottes … Des chaînes … Il avait aussi vu des fouets non ? Et des pics ? Et aussi des cruches d’eau … mais dont de la fumée en sortait. De l’eau bouillante … Il passa une main sur ses yeux clos, cherchant à retirer ces images de sa tête.

Non … Ca ne servait à rien … Rien du tout. Il n’y arrivait pas. C’était plus dur qu’il ne le croyait. Ces images étaient ancrées dans sa tête ! Il ne pouvait pas se les retirer comme ça ! Bon sang, bon sang, bon sang ! Est-ce qu’il avait fait le mauvais choix ? Non … C’était comme ça qu’il pouvait essayer de se débarrasser des spectres et des pokémons ténébreux. C’était le meilleur choix à faire … Mais en même temps … S’il avait décidé de rejoindre la Sainte Alliance, il aurait eu alors la chance de rester avec Sélia.

« Tu ferais mieux de te reposer pour l’heure qui vient. Il semblerait que tu ne sois pas déjà de service pour te battre. Tu en as de la chance, visiblement. »

« J’espère ne pas à avoir … à faire ça. Ca m’embêterait vraiment. Je ne suis pas aussi violent ! Enfin … Peut-être que ça peut être une bonne chose … »

« Une bonne chose ? Pourrais-tu expliquer ces paroles incongrues ? »

« Euh … Ben tu sais … Je suis trop gentil donc … Si je fais ça … Peut-être que .. »

« J’aurai plutôt dit que tu es trop stupide. » coupa une nouvelle fois l’épée. « Si tu penses qu’en faisant souffrir les autres, tu t’aideras, tu ne t’es alors pas trompé d’endroit. C’est bien ici que tu trouveras ton « bonheur ». »

« Je te sens un peu ironique dans tes paroles, Swar. Je ne pensais pas à mal … »

« C’est ainsi que commence les plus grands et terribles dictateurs. »

Hein ? Comment ça ? Dictateur ? Il n’était pas comme ça ! Mais encore une fois, elle parlait de quelque chose qu’il ne connaissait pas du tout. Vraiment … Swar avait combien de siècles ? Car il devait sûrement en savoir des choses. Il rouvrit ses yeux, se redressant dans le lit avant de dire avec calme :

« De toute façon … Je ne vais pas abandonner après une journée. Ca serait ridicule. »

« On dit que le ridicule ne tue pas … Mais il peut s’avérer que ça soit le cas … surtout quand tu te ridiculiseras devant les autres membres de l’Enceinte. »

« Je ne pense pas me ridiculiser devant eux. » répliqua l’adolescent aux yeux bleus. Tssss … Ce n’était pas parce qu’il avait dit … une petite chose de rien du tout, qu’elle devait alors lui parler comme ça ! Il n’était pas non plus un animal hein ?

« Entre ce que tu penses et ce que tu fais … Il y a tellement de différences dans la majorité des cas. Si j’avais un corps physique et de l’argent, je parierai là-dessus. » murmura calmement l’épée comme si de rien n’était.

« Oui et bien, tu as ni l’un, ni l’autre, Swar ! Et je ne pas compte pas quitter l’Enceinte dès mon arrivée. Je suis désolé pour toi mais tu vas devoir supporter tout ça pendant … »

« Désolé ? Pour moi ? Supporter ? Qui avait le teint pâle en voyant une petite torture ? »

« Tais-toi, Swar ! Ca ne sert à rien de … »

« De te lancer dans une discussion avec moi où tu espères avoir le dessus alors que tu sais parfaitement que ton vocabulaire limité ne te permet pas de combattre ma verve. C’est exact, je suis heureux de remarquer que tu reconnais tes capacités verbaless. »

… … … Il jeta tout simplement Swar au sol, feignant l’ignorance alors qu’il retombait sur le lit. Oh … Il avait sûrement raison, il en était même sûr. Mais ce n’était pas pour ça qu’il était obligé d’écouter ce que ce type avait à raconter, loin de là même. Il poussa un long bâillement, mettant sa main devant la bouche.

« Kéran. La prochaine fois que tu fais cela. »

« Hum ? Oui ? La prochaine fois ? Que je fais quoi ? »

« La prochaine fois que tu me jettes comme une vulgaire arme, ne t’avise plus d’essayer de dormir. Tu risquerais de te trouver avec une épée plantée dans le ventre. » continua de dire Swar sur un ton un peu irrité.

« C’est pas de ma faute. Tu me parles comme à un gamin attardé. Tu crois que je vais te laisser m’insulter comme ça continuellement ? »

« Tu n’as qu’à arrêter de te comporter comme tel et mes paroles ne seront plus aussi cinglantes. » termina de dire l’arme alors qu’il faisait juste un geste de la main pour dire qu’il n’en avait rien à faire. Pourquoi est-ce que des fois, il s’imaginait que cette arme était sympathique ? C’était tout le contraire avec elle !

Chapitre 10 : Un étrange intérêt

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Chapitre 10 : Un étrange intérêt

« Décision stupide, bien entendu. »

Aucune nouvelle pour ce que venait de lui envoyait Novon. Il haussa simplement les épaules en regardant la lettre, comme si de rien n’était. Rien de bien terrifiant, pour ne pas changer. Il avait fait ce qu’il avait à faire, il n’avait pas besoin de changer autre chose.

« Qu’importe qu’elle soit stupide ou raisonnable, c’est celle que j’ai choisi. »

Novon lui avait encore lancé une sorte de faux ultimatum. Cela faisait plus de trois ans qu’il était maintenant ici, dans le royaume des insectes. Le temps passait rapidement et il ne l’avait guère remarqué. De toute façon, il n’y avait qu’une chose qui l’intéressait à l’heure actuelle.

« Et ce quelque chose peut venir toutes les semaines. »

Car oui, malgré les apparences, les dires et les actes, tout cela avait été finalement bien reçu. Earnos pouvait venir en cours une fois par semaine et à partir de là, pouvait alors espérer avoir un peu d’éducation. N’était-ce pas le plus important ?

« Si on m’avait dit cela en le regardant, je ne l’aurais pas cru. »

Et pourtant, c’était une très bonne nouvelle. C’était aussi cela qui était assez dérangeant en soi. Quoi donc ? Tout simplement le fait qu’un simple enfant du royaume des insectes prenait des cours, pire ! Etait même plus doué que certains enfants nobles alors qu’il n’avait pas de cours quotidien. Comment cela était possible voire crédible ?

Tout simplement car il avait compris que l’enfant utilisait les autres jours pour apprendre par lui-même … ou par ses parents. Ses parents ne devaient pas être n’importe qui d’ailleurs pour avoir ne serait-ce qu’une éducation. Être capable de lire et écrire n’était pas à la portée de n’importe quel insecte. Simplement, ils vivaient dans la précarité.

« La vie n’est pas rose pour tout le monde. »

Lui-même, malgré les années qui s’écoulaient, avait toujours certains regards haineux qui se tournaient vers lui. Sauf qu’il en faisait sa force. De plus, Earnos n’avait toujours pas saisi qui était la personne encapuchonnée à côté de lui.

« A me demande s’il est réellement intelligent ou parfois très candide. »

Installé contre un mur du château, le garçon aux cheveux violets croisé les bras, la tête baissée en direction du sol pour mieux l’observer. C’était ainsi, n’est-ce pas ? Ainsi et pas autrement. Il ne fallait pas espérer. Mais en même temps, si personne n’espérait, nul ne pouvait alors vouloir un meilleur avenir.

« C’est pourquoi je continue de me battre pour ma race et celles des différents insectes. »

S’il abandonnait le combat dès maintenant, il n’aurait alors plus aucune chance dans le futur. Il ne pouvait pas se le permettre, il se le refusait. Bon, c’était l’heure d’aller en cours. Les autres élèves n’allaient pas attendre sur lui non plus.

« Encore du retard, Olistar. Comprenez-vous que vous ne pouvez pas faire comme vous le désirez ? Et ne cherchez pas l’excuse de la lettre. »

« Cela n’est pas une excuse mais une raison. Bien que cette raison ne soit pas suffisante pour mon retard, je tiens néanmoins à me faire pardonner. »

« Retournez vous asseoir à votre place et que je ne vous entende plus pour le reste de l’heure qui arrive, est-ce bien compris, Olistar ? »

Il hocha la tête avant de voir le visage d’Earnos. Celui-ci n’était guère dédaigneux ou mauvais. Non, maintenant, il l’ignorait complètement ou presque. L’enfant était concentré uniquement sur le tableau noir alors que le professeur reprenait.

« Earnos, est-ce que tu veux bien venir au tableau pour lire cette partie ? »

« Euh … Euh … Oui. Comme vous … voulez, professeur. » dit l’enfant aux cheveux blonds, tenant le livre en main, marchant d’un pas machinal vers le professeur. Même s’il savait que le professeur ne lui voulait guère de mal, il avait encore un peu le trac.

« Prends donc tout ton temps, quitte à ce que tu sois plus lent que les autres. »

« Non, non. C’est bon. Je vais le faire, professeur. Alors … Le Royaume … des Insectes …. est coupé en plusieurs parties. Ces parties sont … »

Et voilà qu’il se jetait dans la gueule de la mante religieuse. Il commença à réciter le texte, ayant appris à lire il y avait à peine quelques mois. Souvent hasardeux, souvent hésitant, il essayait néanmoins de faire de son mieux et cela se voyait comme cela s’entendait. L’enfant aux cheveux blonds continua jusqu’à ce que le professeur tape dans ses mains :

« C’était parfait ou presque, Earnos. Je te dirais tes erreurs à la fin du cours. Tu peux retourner t’asseoir maintenant. Hmm .. .Olistar, à toi de continuer. »

Le jeune Rapion se leva à son tour, nullement dérangé par les dires du professeur, livre en main. Il continua à la suite d’Earnos, n’ayant aucune difficulté contrairement au précédent garçon, celui-ci replongeant son nez dans le livre. Une petite voix à côté de lui vint lui dire sur un ton qui se voulait doux et gentil :

« Ne t’en fait pas, c’est Olistar. Même s’il donne l’impression de savoir tout sur tout, ça reste quand même un garçon comme nous autres. »

« Je sais bien mais je peux voir la différence d’éducation entre lui et moi. J’ai tellement de retard par rapport à lui que … »

« Je t’arrête tout de suite. On a tellement de retard par rapport à lui et ça, c’est tout le monde. Il est beaucoup trop fort et intelligent contrairement à nous. »

Il ne savait pas si cela se voulait rassurant mais il fit un léger sourire à la personne encapuchonnée comme pour la remercier de ce qu’elle venait de dire. D’ailleurs, il ne tarda pas à le lui exprimer, d’une voix légèrement enjouée :

« Je m’en doute, j’ai put le remarquer pendant que je me suis battu avec lui. Merci. »

« Oh tu sais, j’ai pas dit ou fait grand-chose hein ? Je dis juste ce qui me passe par la tête, rien de plus, hahaha … Tu pas à t’en faire. »

Il ne s’en faisait pas mais cette personne encapuchonnée était bien sympathique même si en plusieurs mois, il n’avait jamais su qui c’était. Par contre, la princesse avait espacé de plus en plus ses visites jusqu’à ne plus venir. Que cela l’embête serait un comble mais il trouvait qu’elle avait rapidement abandonné la bataille.

« Bof, de toute façon, pas comme si ça m’intéressait réellement dans le fond. »

Il avait haussé les épaules avant de replonger dans l’écriture de ce que le professeur avait marqué au tableau. Le tout était de rester bien concentré sur ce que le professeur disait et tout alors allait très bien se passer. Néanmoins, la personne encapuchonnée lui murmura :

« Dis, est-ce que tu peux m’aider un peu ? J’ai vu que tu étais plus fort que moi pour ça. »

« Ah ? Euh … Soustraction … alors, euh … Comment dire … Ah oui, je vois comment je vais t’expliquer. Tu connais l’ordre des chiffres ? »

« Du genre 0, puis 1, puis 2, puis 3 ? »

« C’est ça. Ben la soustraction, tu vas dans le sens inverse. Puis tu fais le nombre de pas pour savoir le chiffre. Du genre, regarde, 9 moins 6, tu fais le nombre de pas qu’il faut pour te rendre de 9 vers 6. Ça fait un pas donne 8 puis deux pas donne 7 puis trois pas donne 6. Donc 9 moins 6, ça fait trois. Tu vois ? »

« Mais quand y a deux chiffres ? Comment qu’on fait ? Surtout si l’autre est plus grand que le premier, comment qu’on fait ? Euh, déjà deux chiffres. »

« Deux chiffres ? Euh ben là, c’est plus compliqué. Tiens, on va faire ça pour faire plus simple. Euh … 10 ! Tu vois ce que c’est ? Ben 10 moins 3, il faut faire ça. Tu mets le 3 et le 0 du 10 sur la même. Pour aller de 3 à 0, il faut combien de pas ? »

« Euh … Je comptes ! Alors, il me faut … un … deux … trois … puis arrivé à neuf, on continue jusqu’à zéro. Sept pas ? »

« Donc tu fais que le 1 du 10 n’existe plus et il reste alors ? »

« Sept pas ! C’est bien ça, Earnos ? Mais c’est plus simple quand tu expliques. Mais maintenant, euh … si je me trompes pas beaucoup trop. Alors euh … si on fait 10 moins 5, ça fait un … deux … cinq ? C’est ça ? Mais si on met 10 mais le 3 à la place du 0, ça fait dix plus trois mais aussi maintenant, on fait ce 10 avec un 3 à la place du 0 et qu’on retire 7, on fait comment alors ? Tu veux bien me dire car je comprends pas tout ? »

« Euh … ben la même méthode ! On compte du 7 jusqu’au 3, ça fait donc … six pas ! Ca fait donc un 6 ! Et le 1 du 10 plus 3 disparaît donc ça fait 6, voilà tout ! Tu as compris ? C’est plus simple comme ça ou pas ? Tu me le dis hein … »

« Je crois un peu mais bon, c’est plus loin que le professeur nous dit. »

Ah bon ? Il avait juste imaginé ça dans sa tête. D’ailleurs, toutes les têtes étaient tournées vers eux, le professeur toussotant légèrement avant de demander ce qui se passait. Earnos se recroquevilla sur place. Il ne voulait pas se faire disputer par le professeur et …

« C’est de ma faute, professeur. J’ai demandé à Earnos de m’expliquer les soustractions. C’est plus simple quand il raconte, lui. Il devrait montrer au tableau et … »

« Mais chut, tais-toi, je ne veux pas aller au tableau et j’ai pas envie que … »

« Oh ? C’est vrai cela ? Et bien, Earnos, viens donc expliquer à tes camarades. Toute idée est bonne à prendre, montres-nous donc. »

Olistar regardait le jeune Aspicot qui se relevait, un peu décontenancé. Il lui chuchota d’y aller franchement et surtout de ne pas avoir peur. Earnos s’exclama :

« Je … Je n’ai pas peur ! Euh … professeur, je peux prendre la craie ? »


Le professeur donna le bout de craie à Earnos, celui-ci commençant à expliquer le système de pas qu’il avait fait. Le professeur avait déjà montré au sujet de mettre sur une même ligne les dizaines et les unités mais les « pas » étaient quelque chose d’assez facile à comprendre, et cela pour tout le monde. Lorsqu’il eut terminé, le professeur vient applaudir légèrement.

« C’est en cela que tu fais preuve d’ingéniosité, Earnos. Si tu arrives à résoudre un problème d’une autre façon, toute aussi facile voire plus que celle donnée par le professeur, n’hésite pas à en parler à tes camarades. Tu peux retourner à ta table. »

« Mais professeur, c’est vraiment plus simple ! Ca ressemble à la marelle ! » s’exclama un élève, signalant le jeu qui consistait à tracer des cases au sol avec des chiffres.
Et voilà que tous les élèves étaient en train de parler avec le professeur, celui-ci n’étant visiblement plus enclin à continuer son cours mais expliquer la méthode d’Earnos. Le regard du garçon aux cheveux violets fixait l’enfant-Aspicot. Il savait maintenant pourquoi il restait ici, dans le royaume des insectes : Pour Earnos. Cet enfant avait éveillé en lui un intérêt qu’il n’arrivait pas à expliquer. Un intérêt bizarre … peut-être malsain.

Chapitre 9 : Revenir à la maison

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Chapitre 9 : Revenir à la maison

« Earnos ? Est-ce que … »

« Tu n’es pas accompagnée par l’autre ? Et tu n’as pas de foreuse dans les mains ? »

« Non mais je voulais savoir si … euh … est-ce que tu veux aller à l’école comme les autres enfants ? Dis ? Est-ce que tu veux ? »

« Est-ce que tu te moques encore de moi ? Je te promets que si tu continues comme ça … Tu te moques encore de moi ! Tu sais parfaitement que je fais ça car mes parents ont pas les sous pour ça ! Et que je veux les aider ! Tu crois que je peux faire ça ? »

« Je me moques pas de toi ! Mais l’école, c’est super amusant ! Et super plaisant ! Je suis sûre que tu aimeras vraiment ! Et puis, personne ne payera car ça sera gratuit ! »

« Arrêtes tes bêtises ! Sans mon travail, on aura des problèmes pour mes parents ! »

« Il faut que j’aille demander à tes parents alors si c’est vrai. »

Elle s’apprêtait déjà à quitter le chantier mais Earnos était arrivé à sa hauteur, posant ses mains sur ses épaules. Le regard rubis furieux était maintenant en train de la fixer. Avec rage, il vient dire d’une voix énervée, très énervée :

« Ne t’avises pas de faire quelque chose de la sorte, compris ? »

« Mais si je veux t’aider, j’ai le droit non ? Je suis la princesse de Shunter ! Et pui euh … »

« JE NE TE SUIS PAS REDEVABLE ALORS DISPARAIS ! »

« Snif … Tu vas voir ! Tu viendras à l’école ! Même si ce n’est qu’une journée, tu viendras ! Et tu auras pas le choix pour la peine ! Pas du tout ! Que tu vois comment c’est ! Tu verras alors à quel point c’est super chouette ! Moi-même, je savais pas avant ! » s’écrit la jeune fille aux cheveux blonds, les larmes aux yeux mais en colère comme lui.

Et elle était partie sans rien dire, comme si elle en avait rien à faire des paroles de l’enfant. Le lendemain, un garde était venu le voir et le récupérer. Sa mère accompagnait le garde, légèrement inquiète mais souriante.

« Mais maman … je veux pas y aller ! Je dois continuer à travailler ! »

« Ordre de la princesse, mon petit Earnos. Mais ne t’en fait pas, j’ai contacté ton chef, il ne déduira pas cette journée de ton salaire. Il a même dit : « Si ça peut lui permettre de devenir un meilleur époux pour Herakié, pourquoi pas ? »

« Heiiiiiiiiiiiiiiiiiiin ? MAIS MAIS MAIS ! Je sais même pas ce que ça veut dire « époux » ! »

Et voilà qu’il fût emmené « de force » au château du Roi. Oh, il n’eut pas vraiment le temps de pouvoir visiter car il fût guidé jusqu’à la salle des classes mais visiblement, l’intérêt avait pris le dessus sur le reste et ce fût avec un peu d’étonnement qu’il rentra en classe.

« Hum ? Tu es l’élève particulier de la princesse ? Installes-toi, elle a même demandé à ce que l’on te donne de quoi écrire et autres. Maintenant pour une place … »

« Par ici. Il en reste une. » déclaré une personne encapuchonnée tandis qu’il haussait un sourcil. Hum, c’était lui ou il n’y avait pas la princesse ? Tant mieux en un sens, ainsi, il ne la verrait pas et il pouvait donc profiter de tout ça.

« Je m’appelle Earnos et je suis là juste pour une journée. Je ne sais même pas en quoi ça consiste exactement mais bon … j’espère que ça sera bien. »

« Si tu as une question, tu me la poses, c’est tout simple. »

Il s’était surprise à rougir en remerciant cet inconnu, sûrement une fille d’après sa voix. Et surtout, il ne remarqua pas qu’à travers la fenêtre, un enfant aux cheveux violets était en train de l’observer, lui, ainsi que son compagnon camouflé. Il tenait une lettre en main, accroupi sur une branche avant de soupirer :

« Qu’est-ce que la princesse a put s’imaginer ? Ah … Enfin, tant mieux en soi. »

« Alors, qu’est-ce que je dois faire ? »

« Tu vois comment additionner ces chiffres ? Ben alors, il faut faire ça et ça et … »

« Ah mais je sais ! J’ai déjà vu tout ça avec les personnes du chantier ! » s’exclama l’enfant, le professeur toussotant légèrement. « A vos souhaits. » dit l’enfant, visiblement bien poli même s’il ne comprenait guère la situation dans laquelle il se trouvait.

« Tu sais déjà faire tout ça ? Mais euh … »

La personne encapuchonnée sembla surprise par les réactions de l’enfant à côté d’elle. Mais ! S’il connaissait déjà les chiffres, elle avait rien à lui apprendre alors ! Bon, peut-être pour l’écriture, elle était sûre et certaine qu’elle allait réussir à l’amadouer de ce côté ! Oui !

« Il serait bon pour toi que tu te décides à rentrer, Olistar. Toute la tribu attend ton retour. »

Il avait lu à voix haute les écrit de Novon. Bien entendu, il s’en doutait qu’il voulait qu’il rentre. Il n’était pas le seul aussi … mais toute la tribu ? Il exagérait … et de beaucoup, de vraiment beaucoup. Mais bon, il était toujours ainsi.

« Je ne comptes pas rentrer, ne le comprendras donc t-il jamais ? »

« Défendre les saines valeurs des Rapions et Drascores dans ce royaume perdu ne te mènera à rien, réfléchis-y sérieusement, tu n’as rien à gagner là-bas. »

« Beaucoup plus que tu ne le crois, Novon. Mais pour ça, il faut donner sa chance. »

Sa chance à des êtres comme Terria ou Earnos. Une chance qui peut-être n’allait jamais se reproduire. C’est pourquoi il était décidé à rester là. La réponse à cette dernière lettre allait être plus que cinglante mais il allait falloir que Novon la comprenne bien.

« C’est à cette heure-ci que vous arrivez, Olistar ? »

« Je suis désolé mais du courrier d’une importance capitale fait que j’ai dût y répondre dans les plus brefs délais. Cela n’était donc pas de mon ressort que de ne pas rejoindre votre cours. »

« Humpf, allez vous asseoir, nous avons un nouvel élève très studieux, contrairement à vous. Vous feriez bien de suivre son exemple. »

Tiens donc ? Earnos ? Celui-ci n’avait pas relevé son visage, la langue sortie, son nez plongé dans la feuille qu’il tenait entre ses mains. Cette concentration absolue … hmm. L’idée de la princesse n’était vraiment pas mauvaise en fin de compte.

« Je m’y appliquerais dorénavant. Vous pouvez reprendre le cours. »

Cette lettre n’avait au final que peu d’importance en vue de la situation actuelle. Il avait eut la surprise de voir Earnos travailler avec acharnement dans un endroit qu’il ne connaissait pas. N’était-ce pas une récompense déjà bien suffisante ? Une raison pour qu’il reste ?

« Dis … tu as vu, Olistar ? Il est en fait très doué. »

Voilà que la personne encapuchonnée lui chuchotait quelques mots. Bien sûr. La princesse avait tout fait pour qu’il soit assis à côté d’elle. Ainsi, si elle l’aidait, il serait redevable envers elle et ils feraient la paix tous les deux. Olistar murmura à son tour :

« Je vois surtout que contrairement à nous, il écoute en classe et travaille. Faisons de même. »

« Comme tu le dis, on y va alors. »

Et voilà que les deux enfants écoutaient maintenant le professseur, celui-ci pouvant continuer son cours sans être dérangé. A la fin des quatre heures, alors qu’il était temps de partir, Earnos laissa les affaires sur le bureau ,disant calmement :

« Je n’ai pas besoin de les prendre avec moi puisque je ne reviendrais plus. »

« Pourquoi est-ce que tu dis cela ? Tu ne peux pas voir avec ta famille ? »

« L’école royale ? Un peu de sérieux. J’y ait été car ma mère voulait que j’accepte le cadeau de la princesse mais je sais que c’est pas pour moi. Mais au final, je commence à comprendre pourquoi Herakié aime tant que ça l’école. C’est amusant d’apprendre toutes ces choses. »

« Si c’est amusant, ce n’est pas mieux que de travailler ? »

« Je ne crois pas que vous pouvez comprendre. On n’a pas forcément trop le choix des fois. C’est pourquoi certains continuent de travailler alors qu’ils voudraient faire autre chose. Maintenant que les heures sont terminées, je retourne chez moi. Bonne chance. »

« Oh ? Earnos, c’est bien cela ? La reine Seiry m’a demandé de noter ton travail avant que tu ne partes. Cela ne m’a pris que quelques minutes mais tiens, voilà tes résultats. Elle voulait que tu montres cela à tes parents et au reste de ta famille. Ah … quelle monarque. »

L’enfant aux cheveux blonds récupéra les différents papiers avant de remercier le professeur, s’éloignant sans un mot. L’homme-insecte poussa un soupir avant de dire :

« Certains qui ont des privilèges ne comprennent pas la chance qu’ils ont de pouvoir en profiter. C’est en voyant ce jeune garçon que je me dis que pour certains, l’éducation est du gâchis pour les nobles. Quant à vous deux, n’oubliez pas de retourner en cours. »

Même si ce n’était pas avec lui. Olistar regarda Earnos partir, l’être encapuchonné faisant de même sans un mot, la tête baissée en direction du sol.

« Est-ce que c’était une mauvaise idée de ma part, Olistar ? Je voulais … rendre service. »

« Je n’en doute pas un seul instant, princesse. Nous devrions nous mettre en route si nous ne voulons pas avoir de problèmes pour plus tard. »

Elle était d’accord. Ailleurs, l’enfant aux cheveux blonds retourna chez lui, tendant les différentes feuilles que lui avait données le professeur. Sa mère voulut l’interroger mais il fit juste un geste de la main, murmurant :

« Maman, je vais juste me reposer un petit peu. »

Elle n’avait pas osé l’arrêter, regardant les résultats. Même si c’était la première fois, il n’y avait aucune faute. Le professeur avait écrit quelques remarques comme quoi Earnos avait été un élève très sage et attentif, posant les questions si nécessaires et surtout doté d’une compréhension assez importante. La dernière remarqua consistait en un avis général, demandant à ce qu’Earnos puisse venir au moins une fois par semaine pour suivre des cours. Le professeur écrivait qu’il ne savait pas la condition de l’enfant mais que cela était possible à envisager en discutant avec les parents et les autres professeurs.

« Et bien, et bien … Pourquoi pleures t-il donc ? Peut-être qu’il n’est pas au courant ? » murmura la femme Coxyclaque avec douceur, posant une main sur sa joue. Impossible à ignorer que l’enfant sanglotait, considérant que tout cela était impossible pour lui. Peut-être qu’elle allait devoir avoir une discussion avec son mari.

Chapitre 57 : Une famille si proche

ShiroiRyu
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Chapitre 57 : Une famille si proche

« Tery ? Comment est-ce que tu te portes ? »

« Y a pire, on va dire mais bon … Y a mieux aussi mais je ne sais pas ce qui s’est passé hier. Désolé de vous avoir effrayés de la sorte. Normalement, je devrais tenir le coup. »

Il avait présenté ses excuses aux personnes présentes autour de la table, Manelena chuchotant à Elen, chose qui choqua plus la jeune femme que les paroles de l’ancienne maréchale qui venait lui dire :

« Est-ce qu’il a encore … eut un cauchemar ou non ? »

« Non, non. Mais … enfin, je le surveillais de toute façon pour voir si cela aurait été le cas mais il n’a rien eut du tout. Il n’y a pas à s’en faire de ce côté. Il va bien, comme il l’a dit. »

« D’accord, tout ce que je voulais savoir, je n’ai rien besoin de plus. »

Et voilà, discussion écourtée bien trop rapidement. Le jeune homme ne chercha pas à savoir de quoi elles parlaient mais comme Manelena et Elen ne s’étaient pas disputées, cela avait été une surprise, une très grande surprise même. C’était étrange … mais non pas déplaisant en un sens, il devait le reconnaître.

« Si elles pouvaient continuer ainsi, ça serait tout simplement parfait. » se murmura le jeune homme en silence avant que Clari ne s’exclame :

« AH ! J’allais oubler ! Tery, il faut que tu retournes à la bibliothèque avant que l’on parte. Je me suis chargée de les prévenir que nous nous en allions. Visiblement, ils voulaient te dire quelque chose et ça semblait assez important. »

« Hein ? Euh, d’accord, merci, j’irais les voir d’ici une heure, après le petit-déjeuner. Quand nous aurons préparé nos affaires mais je me demande ce que c’est. Peut-être encore un livre sur les golems ? Pourquoi pas ? Bon, je n’ai pas encore fini les autres … »

« Tu penses tout de suite que c’est un cadeau, Tery. Tu deviens matérialiste, fais attention, ce n’est pas bon signe, loin de là. »

Pour toute réponse, il haussa les épaules comme pour signaler que ça ne le dérangeait guère vraiment. Il eut un petit soupir, il ne penser pas à mal hein ? Pas du tout. C’est simplement que voilà, il avait pris cette habitude de recevoir quelque chose de leur part.

« De toute façon, je ne comptais pas partir sans les saluer. Question de politesse. Après tout ce temps passé avec eux, je trouve ça normal que de les remercier. »

« Comme tu le veux, Tery, comme tu le veux. »

Royan ne semblait pas s’en soucier plus que ça tandis que les autres personnes n’étaient pas non plus concernées. Bon ben, si c’était comme ça, il pouvait y aller seul hein ? Il était encore capable de marcher sur ses deux jambes, autant que cela serve à quelque chose ! Il quitta l’auberge, rapidement rejoint par Elen qui lui demanda :

« Tu ne boudes pas, Tery ? On ne pensait pas à mal hein ? »

« Je le sais bien mais bon, avec les soucis de ces derniers jours, j’ai l’impression que je peux être irrité beaucoup plus rapidement que prévu. »

« Ne dit pas cela, c’est juste un mauvais moment, rien de plus ! Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet, tu restes toujours Tery, juste un peu plus fatigué, voilà tout. On y va ensemble ? »

« Pourquoi pas ? Si vous voulez bien me suivre, mademoiselle. » déclara le jeune homme en se penchant en avant, faisant quelques courbettes.

Elle prit son bras, venant se rapprocher de lui tout en rigolant. Quel idiot ! Il n’avait pas besoin de faire tout ça pour qu’elle soit attirée par lui ! Il devait le savoir à force, non ? C’était bête de sa part … mais voilà, c’était comme ça qu’elle l’aimait.

« Tery ? Elen ? Oh ? Les autres ne sont pas là ? Bonjour à vous. »

« Bonjour monsieur Périk. On m’a signalé que vous vouliez me voir et donc, je suis venu. Vous vouliez me dire quelque chose avant que nous partions ? »

Ils étaient rentré dans la bibliothèque, saluant le vieil homme à la réception, celui-ci leur souriant avec tendresse avant de les inviter à le suivre. Quelques minutes plus tard, ils étaient déjà face à Jésiana, celle-ci étant installée dans son bureau. C’était pas la première fois qu’ils se rendaient ici ? La vieille femme était en train de lire divers papiers et d’y écrire dessus avec une plume dont la pointe était trempée dans un flacon d’encre.

« Hum ? Oh … Vous êtes bien matinaux, je ne pensais pas vous voir aussi vite. »

« Disons que je me suis inquiété quand on m’a appelé. Vous saviez que nous allions partir bientôt donc j’ai préféré me dépêcher. Je pense que vous comprendrez tout cela. »

« Je le comprends, je le comprends, installez-vous tous les deux, j’ai à vous parler, oui. »

La vieille femme murmurait tout en désignant les fauteuils devant elle, replongeant alors dans ses écrits. Le vieil homme restait debout jusqu’à ce qu’elle relève la tête, s’exclamant :

« Les lecteurs ne vont pas trouver leurs livres tout seuls ! Du balai, Périk ! »

« Bon, visiblement, je ne saurais que plus tard ce qu’elle va vouloir vous dire. Nous nous reverrons plus tard, les enfants. »

Les enfants ? Le jeune homme eut un petit rire amusé à ces propos. C’est vrai qu’en y réfléchissant, ils pouvaient facilement passer pour des personnes issues de leur famille. Enfin, juste une impression car malheureusement, lui-même n’avait pas le caractère et l’allure qu’il fallait pour cela. Dommage mais c’en était ainsi.

« Je termine ce que j’ai commencé et je suis alors à vous, compris ? Patientez donc. »

« Prenez tout votre temps ! Je ne pense pas qu’ils nous attendent tout de suite. »

La vieille dame ne répondit pas tandis qu’Elen regardait autour d’elle. Le bureau de madame Jésiana était rempli de livres, comme la bibliothèque. Rien d’anormal à ce sujet, comment cela pourrait-il l’être ? Mais certains livres semblaient dater d’un âge très ancien.

« Est-ce ces livres sont des reliques ou autres, madame Jésiana ? »

« Hum ? Tu parles de ceux dont la reliure te semble abîmée, c’est ça ? C’est le cas. Certains de ces livres sont uniques et n’existent plus depuis longtemps. D’autres, il suffirait d’un mauvais mouvement pour qu’ils tombent en poussières. »

« Wow … C’est vraiment impressionnant. Comment est-ce tout simplement possible que vous ayez autant de livres ? Vous êtes collectionneuse ? »

« En quelque sorte. Dans ma jeunesse, il m’arrivait parfois de partir en quête d’un livre oublié mais ma famille ne le tolérait guère. Il faut comprendre que notre … mon nom est celui d’une ancienne famille noble réputée en Omnosmos. Nous sommes dans la capitale depuis des décennies voire des siècles. Cela n’était pas forcément bien vu pour une jeune femme de bonne famille que de partir à l’aventure. »

« Wow … Et vous possédiez des lignes de quel élément, madame Jésiana ? » demanda Tery en espérant une réponse, la vieille femme relevant le visage pour le regarder.

« Mais qu’est-ce que je raconte exactement ? Cela ne vous concerne pas, ce n’est que le passé. A partir de là, je ne vois pas pourquoi j’ai parlé de ce sujet. »

« Car vous en aviez envie dans le fond ? Mais c’est vrai que c’est surprenant que de vous imaginer vous battre et sortir d’Omnosmos. Aussi, que vous étiez … »

« TERY ! Tu te tais et dès maintenant ! »

Elen avait pris la parole pour l’empêcher de continuer sa phrase. Jésiana avait levé un sourcil comme si elle connaissait la suite de la phrase. Pourtant, elle ne vint rien dire, ses doigts serrant la plume qui glissait sur le papier.

« J’en ait bientôt fini. Laissez-moi quelques minutes et cela sera bon, d’accord ? »

« Prenez tout votre temps, madame Jésiana. Nous pouvons bien attendre une dizaine de minutes si nécessaire, n’est-ce pas, Elen ? Encore que les autres iront se questionner. Il se peut qu’ils viennent aussi à la bibliothèque. »

« Tant que vous ne créeez guère de problèmes, cela m’indiffère complètement. »

« Ne dites pas cela, madame Jésiana ! Vous aimiez bien aider Manelena non ? J’ai vu que vous discutiez souvent avec elle. »

« Aider ? Je ne faisais que lui indiquer l’endroit où devait se placer quelques livres. Tery, tu me déconcentres. Essaies donc de rester tranquille pendant quelques minutes encore. » termina de dire Jésiana alors que le jeune homme plongeait maintenant dans son mutisme. Elen s’empêcha de rigoler toute seule, amusée par la situation.

Enfin, après une bonne demie-heure où le jeune homme s’était retenu d’ouvrir la bouche, Jésiana arrêta d’écrire avant de se relever, se dirigeant vers l’une de ses étagères. Elle fixa plusieurs livres avant de les pousser, finissant par en prendre un.

« Voilà, je pense que ce dernier te conviendra parfaitement, Tery. »

« Je te l’avais dit que c’était un livre, Elen. » chuchota le jeune homme à Elen avant que la vieille dame n’arrive jusqu’à lui en déposant le livre devant ses yeux.

« Tu es prié de ne pas souffler quand je te parles, Tery. Tu manques vraiment d’éducation dans ces moments-là, on ne te l’a jamais dit ? »

« Si si, un peu trop souvent, madame Jésiana. Je m’excuse mais j’avais quelque chose à dire à Elen et je ne pouvais pas retarder cela, pardon. »

« Humpf … On va dire que je passe outre cela pour la première fois. Tiens, prends-donc ce livre, ce n’est pas sur les golems mais cela devait t’être assez utile, j’imagine. »

Ah bon ? Si ce n’était pas un livre sur les golems, à quoi est-ce que cela allait lui servir ? Il haussa un sourcil en voyant que le livre qu’elle lui avait donné était un très ancien mais semblait surtout évoquer la magie de la terre. Un livre pour lui permettre de s’améliorer dans ce domaine ? Ce n’était pas que dans les contes de fée que ça se passait ainsi ?

« Cela peut te surprendre pour la première fois mais bien que tu ne vas pas deviner comment lancer un sort en tournant les pages de ce livre, ils peuvent néanmoins t’être utile. »

« Merci beaucoup, c’est vraiment un chouette cadeau, je ne peux que vous remercier pour ce cadeau de départ. Ne vous en faites pas, j’en prendrais soin et je vous le ramènerais en bon état. Je vous le promets, d’accord ? »

« Hmm ? Me le ramener ? Pourquoi pas ? Ca ne me semble pas être une mauvaise idée. Si tu en es capable, je te féliciterais à ce sujet, oui. »

Elle avait été prise de court visiblement. Elle ne s’attendait pas à ce que le jeune homme lui dise qu’il comptait lui ramener ce livre. Elle s’empêcha de sourire avant de jeter un œil à la fenêtre. Il faisait plutôt beau aujourd’hui.

« Bon, tu n’as plus aucune raison de rester dans les environs. Tu peux t’en aller sinon, tu risques d’être en retard, n’est-ce pas ? »

« C’est pas faux, madame Jésiana ! Il faut que l’on se dépêche, Elen. On va dire au revoir à monsieur Périk et on retourne voir les autres. »

« Ne te presse pas, ne te presse pas, je pense bien que Claudiska peut attendre quelques minutes de plus non ? Ce n’est pas comme si nous étions attendus là-bas ? »

Hmmm, ça serait plutôt problématique si tel était le cas. La femme aux cheveux blonds avait réussi à le rassurer tandis qu’il s’était relevé à son tour. Bon bon bon ! Il quitta la pièce, saluant la vieille femme bien que celle-ci avait décidé de les suivre jusqu’à Périk.

« Oh ? J’ai le droit de vous rencontrer ? Ma femme m’y autorise ? »

« Ne soit pas mauvaise langue, Périk, cela ne te correspond pas le moins du monde. » répliqua aussitôt Jésiana sur le même ton avant que Périk ne rigole, disant :

« Ce n’est pas faux, je suis le gentil dans notre couple, il ne faudrait pas que cela change. »

« Hmm ? Insinuerais-tu que je fais peur à autrui, Périk ? »

Périk ne répondit pas, tournant son visage vers l’autre couple, bien plus jeune qu’eux avant de regarder le livre dans les mains de Jésiana. Il eut un petit sifflement d’admiration :

« Ben zut, Tery, c’est moi ou tu es gâté ? »

« Plus que gâté même. Cela me fait penser. Madame Jésiana, est-ce que vous pouvez fermer les yeux pendant quelques secondes ? Promis, ce n’est rien de bizarre. »

«J’espère pour toi que ce n’est pas une plaisanterie. Tu sais parfaitement que je ne les supportes pas vraiment, n’est-ce pas ? »

Pourtant, elle s’exécuta, un peu soucieuse de voir ce qu’allait préparer le jeune homme aux cheveux bruns. Celui-ci vient déposer deux baisers sur les joues un peu ridées de la vieille femme qui rouvrit ses yeux subitement à ce contact.

«  Et voilà, c’est pour vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi. Cela me semblait logique au final, non ? Après tout ce temps passé ensemble. »

« Trop de familiarités, Tery. Nous ne sommes pas assez proches pour cela. »

« Elle ronchonne mais elle apprécie le geste, Tery. Fais attention à toi, d’accord ? » déclara Périk avant de serrer le jeune homme dans ses bras, étant à son tour d’être surpris par le geste. « Bien entendu, il en est de même pour les autres. »

« Ne vous inquiétez pas, à force, on commence à savoir se protéger, monsieur Périk. Au revoir à vous deux. » dit Elen avant de prendre le vieil homme dans ses bras puis de voir si elle pouvait faire de même avec Jésiana. La vieille femme soupira avant de tendre mollement les bras, Elen venant l’enlacer.

« Et vous, madame Jésiana, soignez-vous bien, d’accord ? »

« Humpf, je ne suis pas si chétive que ça malgré mon âge. Je suis une battante. »

« Oui,mais ça ne change pas que je pense que Tery serait triste si vous étiez encore malade à son retour. Bref, nous allons partir sans plus attendre. Tery, on y va ! »

« J’arrive, j’arrive ! Pas besoin de me presser ! » dit le jeune homme aux cheveux bruns tandis qu’il se dirigeait vers la sortie de la bibliothèque, livre en main. Quelques secondes plus tard, ils avaient franchi les portes sous le regard bienveillant du vieil homme et de sa femme. Celle-ci baissa la tête avant de fermer les yeux.

Les minutes s’écoulèrent avant qu’elle ne se décide à quitter cet endroit, se dirigeant alors vers son bureau sans un mot. Périk vient la rejoindre à son tour, murmurant :

« Pourquoi est-ce que tu ne lui as rien dit ? »

« A quoi est-ce que cela aurait servi ? N’as t-il pas une mission à accomplir ? »

« Cela ne change rien de tenter de paraître insensible, Jésiana. Après les lettres de sa mère, tu as rapidement reconnu son écriture, n’est-ce pas ? »

« Et elle aussi, elle n’est pas stupide, loin de là. » soupira la vieille femme une nouvelle fois avant de passer une main sur son front. « Je ne m’attendais pas … juste à le voir un jour. A chaque fois que je le regarde, j’ai l’impression de devoir rattraper tout ce temps perdu. Cela fait plus de vingt ans, vingt longues années. »

« Et il est toujours temps de réparer ces erreurs, non ? Tu ne crois pas ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Racontes-moi tout. »

« Je ne sais pas, tu peux faire un effort et lui demander devenir nous voir ? Il est vrai que cela fait une sacrée distance. Nous pourrions aussi envoyer quelqu’un et … »

« Arrêtes tes idioties. Tu sais aussi bien que moi qu’elle a une fierté personnelle très forte, comme toute les femmes de ma famille. Elle ne laissera jamais quelqu’un venir la prendre. Elle a décidé de tout abandonner il y a plus de vingt ans. »

« Mais ces vingt ans, on ne pourra jamais les récupérer. Ecrivons-lui une nouvelle fois pour lui demander de passer. Comme ça, il aura une surprise en revenant, non ? »

« Peut-être. Allons-y alors, ne perdons pas plus de temps. »

Elle avait pris la parole sur un ton monotone tandis qu’il gardait son petit sourire aux lèvres. Alors, il leur fallait du papier et de quoi écrire. Il allait trouver tout ça. S’ils n’avaient pas cela dans une bibliothèque, cela serait un peu ridicule. Laissée seule, Jésian passa une main sur sa bouche, la glissant sur son menton.

« Forte ou non … l’abandon fait mal, très mal. Je n’aurais jamais dû la laisser partir. »

Mais cet homme ne lui avait jamais inspiré confiance et au final … non. Elle ne devait pas y penser, elle ne devait pas s’y attarder. Ça serait trop bête que de stopper maintenant, beaucoup trop bête. Elle n’était pas ainsi.

« Ce qui est fait est fait … Même si son fils … est un démon, il a montré tous les traits d’un garçon exceptionnellement gentil et bon. »

Son mari passa une main dans ses cheveux, l’invitant alors à débuter cette lettre. Ils avaient beaucoup à mettre sur papier, non ? Et surtout ,ils allaient devoir passer beaucoup de temps sur chaque mot, chaque phrase, chaque paragraphe. Ils avaient vingt longues années à rattraper avec la destinataire de cette lettre qu’ils allaient écrire. Vingt longues années.

« Vous en avez mis du temps ? Encore un livre, Tery ? »

« Oui mais non pas sur les golems cette fois mais la magie terrestre. Un cadeau de madame Jésiana. On dirait qu’elle m’aime bien. Je vais pas m’en plaindre, hahaha ! »

« Oui, tu es plutôt bien vu par elle, tu ferais bien de tout faire pour que ça continue non ? »

« Oui, Elen, c’est pas faux. Bref, on part faire les courses alors ? Enfin, faire les achats nécessaires pour le voyage ? Car là, nous avons pas mal de chemin à faire pour arriver à Claudiska et encore, nous verrons là-bas ce que nous devons faire. »

« Comme … trouver des informations ? Ca me semble être un bon début, non ? »

Manelena avait haussé les épaules tandis qu’il souriait. Clari tapota le dos du jeune homme, récupérant le livre dans ses mains avant de l’ouvrir, faisant une petite moue. Elle murmura :

« Et bien … Je sens que ça ne va pas être simple pour toi, Tery, désolé de te le dire. »

« Ca ne fait rien, un cadeau est un cadeau tant qu’il n’est pas empoisonné. Visiblement, madame Jésiana attend beaucoup de moi, je ne vais pas la décevoir en abandonnant dès le premier problème rencontré hein ? Donc ne t’en fait pas, Clari, je commencerai à bouquiner dans la soirée, voilà tout ! »

« Tiens, le revoilà. Fais y attention hein ? Un cadeau, c’est un cadeau, comme tu l’as dit. Il est donc très précieux. » compléta la demoiselle aux couettes en lui rendant le précieux livre.

« Je le sais bien, ne t’en fait pas. J’y prendrais soin. »

Le jeune homme avait un petit sourire aux lèvres, visiblement heureux de la tournure des événements tandis qu’il regardait le reste du groupe. Le sourire ne passa pas inaperçu, Sérest finissant par lui demander :

« Et bien, tu me sembles étrangement joyeux, non ? Qu’est-ce qui te met dans cet état, Tery ? Je ne pense pas que ça soit le livre, n’est-ce pas ? Tu as appris une autre bonne nouvelle ? »

« Non non, juste que je suis bien content de nous voir tous réunis une nouvelle fois. On ne dirait pas mais c’était sacrément triste sans personne. »

« Hum ? Est-ce que tu insinues que rester avec moi est une plaie, Tery ? » déclara Manelena en croisant les bras, Tery répondant aussitôt :

« Bien sûr que si, tu étais même l’unique personne avec madame Jésiana et monsieur Périk qui arrivaient à me soutenir moralement par leurs paroles dans ces moment difficiles. Ne te dévalorises pas plus que nécessaire, Manelena. »

Ah ! Le fait qu’il dise que ça soit elle qui se dévalorisait mettait à mal alors la phrase qu’elle avait prononcé. Tsss ! Bien joué mais bon … Tery tapa dans ses mains, déclarant qu’il était temps de se mettre en route plutôt que de s’amuser à se lancer de petites piques. Le groupe se mit en marche, partant faire quelques achats nécessaires. Claudiska, les voilà !

Epilogue : Devoirs et sentiments

ShiroiRyu
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Epilogue : Devoirs et sentiments

« Mes félicitations, Pete… Et à toi aussi, Elizabeth. »

Le jeune homme aux cheveux bleus, dans sa parure royale, venait de baiser la main de la nouvelle mariée aux cheveux blonds, celle-ci étant resplendissante. Elle portait une magnifique robe blanche, de nombreuses roses se trouvant sur son voile et sur la robe tandis qu’il retirait ses lèvres de sa main. Elle lui fit un grand sourire avant de dire :

« Merci à toi d’avoir eut le temps pour notre mariage. Je sais à quel point il était difficile pour toi d’être présent, surtout avec tout ce que tu fais mais … »

« Ne t’en fais donc pas, je n’aurai pas loupé cela, qu’importe si le monde devait s’écrouler. Pete, et bien … Tu as intérêt à rendre heureuse cette demoiselle … ou plutôt dame dorénavant. » répondit le jeune homme en se tournant vers celui qui portait un costard bleu :

« Je m’attèle à cette tâche depuis … la fin de la guerre. »

« Bien entendu, vous pouvez prendre du repos pour le mois à venir. De toute façon, mes deux généraux n’ont pas besoin de trop en faire actuellement. »

Héhéhé. Pete fit un grand sourire à son tour alors qu’Arnaud leur demandait de sortir pour aller se présenter devant le peuple qui n’attendait que ça. Une petite voix se fit entendre derrière lui tandis qu’il observait le nouveau couple :

« Arnaud ? Est-ce que je peux te parler ? S’il te plaît … »

« Je suis désolée, mademoiselle mais je dois retourner au palais. »

Il avait répondu aussitôt, faisant apparaître ses deux ailes de coton avant de quitter l’église en s’envolant. La même voix murmura avec une grande tristesse :

« Mais c’était … pour discuter … Arnaud … Je ne suis pas une … C’était Lily. »

… … … Elle était elle aussi dans une magnifique robe de couleur violette, celle-ci mettant en valeur son corps et sa poitrine. Elle avait plusieurs parures dans ses cheveux roses alors que ses épaules comme ses bras étaient nus. Elle avait pensé pouvoir lui parler … mais depuis un an, c’était à peine s’ils discutaient tout les deux.

« Snif … Ca … Ca ne fait rien … J’aurai bien une autre occasion. »

« Mademoiselle Lily ? Pourquoi est-ce que vous pleurez ? Pourquoi ? C’est de la faute à mon grand frère. » demanda d’une voix lente, un jeune garçon aux cheveux rubis dans son costard.

« Ce n’est rien, Icare. Ce n’est pas de la faute d’Arnaud. Ton grand frère est quelqu’un de très occupé … Beaucoup trop occupé pour pouvoir m’adresser la parole. »

« Alors la prochaine fois que je reviendrai de chez vous, vous restez avec moi ! C’est d’accord ? Comme ça, vous pourrez lui parler ! » répondit aussitôt le jeune garçon alors qu’elle lui souriait avec affection. Il était si mignon quand il parlait ainsi.

Cinq jours s’étaient écoulés … Et comme si cela était habituel, un petit convoi venait de pénétrer dans le château, les gardes l’ayant laissé passer. Lorsqu’il s’arrêta, le jeune garçon aux cheveux rouges prenait la main de la jeune femme, lui disant :

« Dépêchez-vous mademoiselle Lily ! Il ne pourra pas s’échapper ! »

« Icare … Je ne suis pas sûre que cela soit la meilleure idée, sincèrement … Tu devrais arrêter cela. Je vais dire les formalités à ton grand frère et je repars. Je retournerai te prendre dans deux jours et puis, c’est tout. »

Il fit une petite moue boudeuse, signe qu’il n’était pas du tout d’accord. Ils se dirigèrent à l’intérieur du palais, tout ayant été refait au fil des années. Les deux gardes royaux les laissèrent passer à l’intérieur de la salle du trône, Arnaud étant assis sur celui-ci, un sceptre à la main. Il y avait bien une dizaine de gardes de chaque côté du tapis rouge conduisant jusqu’au trône. Le jeune garçon relâcha la main de Lily, celle-ci s’apprêtant à repartir.

« Grand frère ! Grand frère ! Mademoiselle Lily a quelque chose à te dire ! »

« Si c’est au sujet de ton éducation, je pense qu’elle pourra en discuter avec ses parents. Merci Lily, les gardes pourront te raccompagner pour tout ce que tu as fait. »

« NON ! GRAND FRERE ! Lily a autre chose à te dire ! » s’écria le jeune garçon.

« Je n’ai pas le temps pour une discussion, Icare. Vas donc dans ta chambre. Gardes … »

« GARDES ! Veuillez laisser mon grand frère et mademoiselle Lily tout seul ! » s’écria à nouveau Icare alors que les soldats étaient interloqués. Arnaud avait haussé un sourcil, étonné par ce qu’il venait d’entendre, Lily l’étant tout autant. Comme pour accomplir son geste, il s’approcha d’un garde, essayant de le pousser pour le faire quitter le trône. Il bafouillait à voix basse :

« Laissez mon grand frère tranquille … Mademoiselle Lily veut lui parler. C’est un ordre royal ! Vous devez m’obéir car je suis le prince. »

… … … … Le garde l’observa avant de sourire devant la petite mine du prince, commençant à se diriger vers la sortie avant de demander aux autres de faire de même. Arnaud s’était aussitôt levé, criant de toutes ses forces :

« JE VOUS ORDONNE DE RESTER EN PLACE ! »

« Désolé roi Arnaud, nous ne pouvons obéir qu’à un ordre royal en même temps. »

« Je … Je … Je… » murmura le jeune homme en serrant les dents.

… … … … … Voilà qu’ils étaient seuls. Il n’y avait plus que lui et la jeune femme aux cheveux roses dans l’immense salle du trône. On ne pouvait pas entendre un bruit alors qu’Arnaud revenait s’asseoir, tapotant les côtés de son trône en observant Lily. Il attendait … Mais la jeune femme aux cheveux roses ne rougissait pas bien qu’elle était gênée. Elle commença à faire quelques pas vers lui avant qu’il ne dise :

« Bon… Pourquoi est-ce que tu es venue Lily ? Si tu as quelque chose à me dire, c’est le moment. Tu n’auras sûrement pas une autre occa…. »

« La ferme. » murmura t-elle avec lenteur alors qu’il s’arrêtait dans son petit geste.

« Waouh … J’ai cru mal entendre. Est-ce que tu peux répéter, Lily ? » demanda t-il une nouvelle fois alors qu’elle continuait de marcher vers lui, reprenant aussitôt :

« Je t’ai demandé de la fermer, Arnaud. C’est pourtant très simple. »

Hum ? Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Pourquoi est-ce qu’elle se montrait aussi agressive ? Elle arriva à sa hauteur, le jeune homme ne montrant aucun tremblement alors qu’elle se positionnait bien en face de lui.

« … … … … … Soit, je ne dis plus rien. Tu peux parler puisque ce n’est pas une discussion mais un monologue que tu vas me dire. »

« LA FERME, ARNAUD ! » s’écria t-elle avant de sangloter, reprenant aussitôt : « Tais-toi ! C’est bon ! Jusqu’à quand est-ce que tu vas me faire attendre ?! »

« Te faire attendre pour … » demanda t-il sur un ton neutre alors qu’elle serrait les dents avant de bafouiller : « Me dire que tu m’aimes ! ESPECE D’IDIOT ! Ca ne t’a rien fait du tout quand Pete et Elizabeth ont décidé de sortir ensembles ! Ca se voit que tu n’étais pas amoureux d’elle autant que tu le pensais ! Tu as fait ton choix et … »

« Mon choix est mon peuple. » répondit sur un ton sec et légèrement cassant alors qu’elle écarquillait les yeux. Elle approcha son visage du sien, des larmes aux yeux bien qu’elle avait arrêté de pleurer. Elle murmura :

« Tu… Tu peux me le redire ? S’il te plaît ? J’ai cru mal … entendre. »

« J’ai dit que mon choix était mon peuple. Je ne veux pas que les erreurs du passé se reproduisent. Je suis désolé mais il faut que tu ailles te trouver un autre homme. Je ne suis pas fait pour toi … » répondit-il, s’accoudant à une partie de son trône.

« JE SUIS LIBRE DE CHOISIR LA PERSONNE QUI EST FAITE POUR MOI ! »

« Et moi de ne pas répondre à ses sentiments. » dit-il aussitôt.

« … … … … … POURQUOI EST-CE QUE TU FAIS CA ?! Pourquoi ?! Hein ?! Pourquoi ?! Est-ce que tu ne crois pas que l’on a assez attendu ?! Ca fait treize années ! TREIZE ans Arnaud ! TREIZE ! Plus de la moitié de notre existence actuelle ! »

« … … … … Et ? Je ne vois pas ce que l’on doit attendre. » répondit-il sur un ton neutre.

« Tu as raison … Oui … Héhéhé… Tu as raison, Arnaud. Je crois qu’on a assez attendu. Peut-être même trop attendu … Désolée de t’avoir dérangé … Je pensais sincèrement que puisqu’Elizabeth était maintenant mariée, tu étais réellement libre. Mais bon … Les sentiments ne se contrôlent pas, n’est-ce pas ? »

Elle colla brièvement ses lèvres sur les siennes, les retirant aussitôt alors que le jeune homme aux cheveux bleus restait de marbre. Elle n’avait pas à rester ici. C’était bon … Elle allait retenir … Non … Elle n’allait pas retenir ses larmes en fin de compte. Pourquoi retenir ses sanglots alors que le jeune homme lui disait clairement …

« Désolé Lily, je suis un salopard. Tu ne mérites vraiment pas de … »

« On ne mérite pas l’autre en amour ! On le désire et on l’aime, c’est tout ! »

« … … … Si ce n’est qu’une question de sentiments alors … Je … t’ai… » commença t-il alors qu’elle s’arrêtait dans ses mouvements de départ. « Je t’aime, Lily. »

« Alors pourquoi est-ce que tu fais tout pour éviter ça ? »

« Car j’ai un peu peur de tout ça. J’ai déjà tant de responsabilités … Je dois régner sur un royaume alors que j’ai à peine vingt-et-un ans, je dois rendre heureux mon peuple alors que je fais pleurer celle qui m’est proche. Si ce n’était qu’une question … de sentiments … Il y aurait longtemps que je t’aurai épousé, Lily. Mais à côté … Tu es une Milobellus, tu ne peux pas vraiment vivre hors de l’eau, n’est-ce pas ? Et moi, il est impossible que je puisse vivre sous l’eau durant toute ma vie… Et toi-même … »

« … …. Je suis la future reine des Milobellus donc je dois régner sur mon royaume sans le quitter. Tu es le roi des Altarias donc tu dois régner sur ton royaume. Je vois … ce que tu voulais dire … Arnaud. J’ai finalement compris … »

« Je ne t’ai jamais … détesté, Lily. Sincèrement… Je t’aime tant. »

« Répètes-moi ça à nouveau. » murmura t-elle alors qu’elle revenait en face de lui, se mettant à genoux devant lui pour être à sa hauteur.

« Je t’aime, Lily. Je t’aime énormément … Je t’aime comme un fou, comme un damné, je ne pourrai jamais réellement me passer de toi mais je me fais souffrir chaque nuit en sachant que tu n’es pas à côté de moi. Je t’aime de tout mon cœur. »

Il s’était mis à pleurer lui aussi, ses deux mains sur les accoudoirs de son siège tremblantes d’émotion. Elle émettait un petit sourire attristée, venant l’embrasser longuement alors que le jeune homme prenait son visage à deux mains, fermant les yeux pendant le baiser.
Leurs langues se joignirent en même temps que leurs deux mains, le jeune homme se relevant du trône pour s’écrouler sur Lily. Ils commencèrent à s’enlacer à même le sol, le jeune homme caressant le corps de la jeune femme alors que celle-ci ne se débattait pas le moins du monde, l’invitant même à continuer. Pourtant, elle l’arrêta pendant le baiser, le regardant d’un air fiévreux. Elle demanda en murmurant :

« Arnaud … Tu n’as pas … une chambre ? Pour que l’on … »

« Tu es vraiment … sûre, Lily ? Je … Tu sais … Ca ne mènera à rien ce que l’on fait … Alors je … je… Je ne veux pas que tu regrettes tout … J’ai ma chambre… » murmura t-il alors qu’elle se relevait, lui prenant la main pour qu’ils puissent se diriger vers la sortie du trône.

Main dans la main, ils passèrent devant les soldats qui sourirent avant d’être un peu … étonnés. Même Icare qui avait attendu depuis le début semblait un peu confus. Ils se tenaient main dans la main alors pourquoi… Pourquoi est-ce qu’ils pleuraient ? Aucun n’osa poser la question alors que roi Arnaud murmurait :

« Mademoiselle Lily et moi-même allons discuter ailleurs. Signalez aux conseillers que je serai occupé pour le reste de la journée. »

« Je … Je … Ca sera fait, roi Arnaud. » répondit l’un des soldats, éberlué.

« Lily … Si tu veux bien me suivre. » dit l’homme aux cheveux bleus.

Elle hocha simplement la tête d’un air positif, ne se préoccupant pas des regards des autres personnes alors qu’il la guidait vers la chambre où il dormait. Dès qu’il referma celle-ci, tournant la clé tout en restant face à elle, la jeune femme fit un léger sourire. Sa robe tomba au sol alors qu’elle tendait les deux mains vers lui, soufflant :

« Toute la journée … C’est bien cela, Arnaud ? »

« Toute la journée, Lily. Toute … Pour que l’on ne l’oublie pas. » répondit-il en commençant à se dévêtir, la jeune femme le laissant faire. Puis chacun à leur tour, ils s’effeuillaient, retirant le reste des derniers vêtements jusqu’à ce qu’ils soient nus. Le jeune homme la fit tomber sur le lit, tombant avec elle alors qu’ils croisaient les doigts. Leurs visages à quelques centimètres l’un de l’autre, ils s’embrassèrent avec tendresse.
Le lit bougea sous leurs caresses, le drap se tachant légèrement de rouge la première fois alors que chacun murmurait des mots doux à l’autre dans le creux de l’oreille. Oreille qu’elle mordillait et suçotait tandis que le jeune homme caressait toute son anatomie tout en accélérant ses gestes.

La première fois avait duré une bonne demi-heure, la découverte du corps de l’autre, les petits frissons à chaque doigt qui se posait sur la chair mise à nue, et la tendresse qui émanait de chaque geste. Puis le moment … de la première fois où leurs corps s’unissaient et fusionnaient pour créer l’alchimie parfaite.
Et puis, plus le temps passait, plus ils avaient peur que ce dernier ne leur laisserait pas d’autres choix, ce qui avait été tendresse devenait passion, la jeune femme ne retenant plus les cris qui sortaient de sa bouche.

Elle l’aimait et elle sentait aussi qu’il l’aimait alors pourquoi … Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’ils ne pouvaient pas le montrer aux yeux de tous et de toutes ? Pourquoi est-ce qu’il fallait que leurs statuts … bien qu’ils soient les mêmes … Snif … Elle ne voulait plus y penser mais… couchée dans le lit, dégoulinante de sueur avec le jeune homme à ses côtés, elle murmura :

« Arnaud … Si je te proposais de quitter ton royaume … et moi le mien… De partir et de vivre en ermite … Est-ce que tu le ferais ? »

« Non, Lily. Si nous n’étions … que de simples personnes ayant un statut moyen … J’aurai accepté … Mais pas avec ceux que nous avons. »

Ca ne faisait rien … Car elle se doutait de la réponse du jeune homme. Plusieurs heures s’étaient écoulées. Combien ? Ils ne savaient pas … Mais ils avaient vu la nuit qui était tombée, le jour se lever … Et maintenant, à nouveau la nuit. Ils n’avaient pas eut faim de la journée, s’étant aimés pendant des heures entières, s’étant dévorés l’un par rapport à l’autre.

« … … … Lily, il va être l’heure… »

« Jusqu’à demain matin, s’il te plait, Arnaud. Demain matin… » murmura la jeune femme, sa tête posée contre le torse nu d’Arnaud.

« … … … Je le sais très bien … Je ne vais pas te faire sortir en pleine nuit. » répondit-il tout en reprenant aussitôt : « Mais je voulais que l’on se prépare … mentalement. »

Elle comprenait ce qu’il voulait dire mais là … Elle voulait simplement profiter de ces instants avec Arnaud. Elle embrassa son torse, le jeune homme lui caressant le dos alors qu’il baisait ses cheveux avec tendresse.

… … … Les dernières heures où ils pouvaient être ensembles … réellement ensembles … Mais là, ils ne faisaient rien… Rien du tout. Ils ne faisaient que dormir, l’un contre l’autre, enlacés tendrement tout en se murmurant quelques douces paroles.


La nuit s’était déroulée rapidement, trop rapidement à leurs goûts … Et au petit matin, ils s’étaient aimés une dernière fois, chacun venant habiller l’autre tout en le caressant. Ils avaient passé la plus merveilleuse des journées dans les bras de l’autre.

« Grand frère ? Pourquoi est-ce que mademoiselle Lily repart ? Pourquoi est-ce qu’elle ne reste pas avec toi ? Tu l’aimes non ? »

« Oui … Mais on ne peut pas … Enfin merci beaucoup, Icare… »

« De rien grand frère mais … Si tu l’aimes … et elle aussi, elle t’aime … Pourquoi vous ne faites pas comme mademoiselle Elizabeth et monsieur Pete ? »

« L’épouser ? Ah … J’aurai bien aimé … J’aurai vraiment beaucoup aimé, Icare mais tu vois … On ne peut pas toujours choisir ce que l’on désire. »

… … … Lily était en train de s’éloigner, d’un pas vraiment lent. On voyait bien qu’elle ne voulait pas partir, qu’elle n’avait pas envie de le quitter mais … Le jeune homme détourna le regard de la jeune femme, posant ses yeux sur son petit frère.

« … … Icare ? Tu veux savoir pourquoi je ne peux pas être avec elle ? »

« Hein ? Ben oui ! Je veux bien savoir, grand frère ! »

« D’accord, alors je vais commencer à te le dire … »

Il s’était mis à genoux pour se retrouver face à son petit frère et surtout à la même hauteur, lui faisant un petit sourire tendre et délicat. Oh … Il était triste … Mais il devait lui dire … Icare était quand même assez grand pour comprendre un peu de ce qu’il allait dire.

« Alors … Comment est-ce que je peux t’expliquer cela … Tu sais à l’école, tu as des devoirs à faire et à rendre, n’est-ce pas ? »

« Oui, oui, grand frère ! C’est bien ça ! Même que des fois, c’est vraiment embêtant. »

« Et bien, moi, en tant que roi, j’ai aussi des devoirs et je dois toujours rester au palais pour devoir les faire et les accomplir. Lily, c’est pareil, elle doit aussi faire ses devoirs et les accomplir mais dans son palais. Donc normalement, elle ne doit pas quitter son palais trop longtemps et retourner dans son royaume. »

« Je … ne comprend pas grand frère. »

« … … Je ne peux pas quitter le royaume car je dois faire mes devoirs et Lily ne peux pas quitter son royaume car elle doit faire ses devoirs. »

« Alors ne les faites pas ! C’est pas dur à ne pas faire ! »

« Les grandes personnes doivent faire leurs devoirs … Surtout un roi et une princesse car cela concerne les deux peuples… »

S’ils ne pouvaient pas ne pas faire leurs devoirs, alors il y avait sûrement un autre moyen. Le jeune garçon était en train de réfléchir alors qu’Arnaud reposait son regard sur Lily. Ah … Il devait la retenir … vraiment la retenir avant qu’il ne soit trop tard mais … Mais … Ah … Il ne pouvait pas… Il serrait les poings, tremblant de colère contre lui-même.

« Grand frère ? Si vous étiez dans le même royaume, est-ce qu’il serait possible que vous ayez les mêmes devoirs ? Comme ça, vous serez quand même ensembles non ? »

« … … Ce n’est pas aussi simple que … cela. »

« Mais si c’est très simple ! Vous n’avez qu’à être qu’un seul royaume et non deux ! Si tout le monde est ensembles, vous pourrez faire vos devoirs ensembles aussi ! »

« Oui mais … Je suis un Altaria, Icare. Et Lily est une Milobellus. »

« Y a beaucoup d’Altarias qui s’installent près de la plage … Et ils peuvent vivre très longtemps sous l’eau ! Moi aussi, grand frère ! »

« … … … Un seul royaume … Mais c’est trop difficile. »

« Les devoirs sont pas difficiles, grand frère ! PAS DU TOUT ! C’est toi qui fait croire que tout est difficile ! Même si je ne crois pas y arriver, j’essaye quand même ! »

« … … … … Oui … Tu as tout à fait raison. Tu as même entièrement raison ! Merci Icare, tu es un vrai petit ange ! » s’écria soudainement le jeune homme aux cheveux bleus.

Il vint enlacer son petit frère dans ses bras avant de se redresser, courant vers Lily tout en hurlant son nom. La jeune femme aux cheveux roses se tourna vers lui, étonnée de le voir aussi joyeux jusqu’à ce qu’il arrive à sa hauteur.

« Lily ! Je viens avec toi dans ton royaume ! »

« Hein ? Que ? Comment ça ? Pourquoi ça ? Arnaud ? Je ne comprend … »

« Tu verras quand je serais devant tes parents ! J’ai eu … Non ! Icare a eut une idée en tête et même si elle est complètement folle et stupide, j’ai envie de l’essayer ! »

« Hein ? De quoi ? Comment ça ? Tu ne veux pas m’expliquer ? »

« Signalez que je pars vers le royaume des Milobellus pour une mission de la plus haute importance ! » s’écria t-il aussitôt à ses soldats alors qu’il prenait la main de Lily pour la tirer dans le convoi et rentrer avec elle. A l’intérieur, elle continua de le questionner :

« De quoi est-ce que tu vas faire ? Enfin non … Ce n’est même pas bien parlé … »

« Tu verras bien, Lily … Mais … J’espère qu’ils accepteront. »

… Ils ? Qui ? Elle ne voyait pas … Ou alors peut-être qu’il parlait de ses parents à elle ? Qu’est-ce qu’il allait leur demander ? Elle tremblait légèrement d’une certaine excitation avant de reprendre la parole :

« J’espère que ce n’est pas une bêtise, Arnaud … Promets-moi que ce n’est pas une bêtise. »

« Ca dépend du point de vue, mais l’idée vient d’Icare ! »


Oui mais bon … Cette idée provenait d’un enfant … Un enfant quoi ! Ce n’était pas autre chose ! Ah … Elle était un peu inquiète de la suite des évènements mais le jeune homme semblait relativement motivé … Puisqu’ils étaient seuls dans ce convoi … Il vint se positionner en face d’elle, l’embrassant longuement alors qu’elle ouvrait en grand ses deux yeux :

« … …. … Humpf ! Hmmm … Hm… »

Elle se laissait finalement faire, passant ses mains dans ses cheveux bleus. Tout cela n’avait pas été un rêve éphémère et il venait lui prouver encore une fois. Le convoi tangua légèrement pendant qu’ils s’embrassaient, signe qu’il y avait un peu de mouvement à l’intérieur avant qu’il ne retire finalement ses lèvres :

« Ne t’en fait pas … Je suis sûr … que ça marchera. »

« Mais de quoi ? Dis-le-moi ! Je n’aime pas quand tu me caches des choses ! »

« Tututut ! Tu sauras tout dans quelques heures … Lily, je t’aime vraiment. »

« Ben … Et bien … Moi aussi, hein ? » balbutia t-elle, gênée.

Tout avait été si rapide. Pendant une année, elle avait patienté et là … En une journée, tout s’était accéléré à une vitesse telle prodigieuse qu’elle avait du mal à y croire mais… mais … Arnaud lui disait qu’il l’aimait et c’était tout ce qu’elle voulait … Tout ce qu’elle désirait … Ah … Oui … Elle était déjà heureuse rien qu’en entendant ces quelques mots.

« Madame la reine, monsieur le roi, je viens ici demande la main de votre fille en mariage. »

… …. … QUOI ?! Sans même attendre l’acquiescement de ses parents, elle se jeta à son cou, l’embrassant sur plusieurs parties de son visage avant de dire :

« Oui, j’accepte ! Je le veux, Arnaud ! Je le veux ! »

« Calme … Calme-toi, Lily. Ce n’est pas fini quand même. » répondit-il dans un grand sourire alors qu’elle venait se loger contre son torse, si heureuse.

« Hum ? Que veux-tu en plus, Arnaud ? » demanda le roi.

« J’aimerai vous faire une proposition … d’unifier nos deux royaumes en un seul. Bien entendu, vous seriez le souverain et la souveraine de ce dernier, ayant beaucoup plus d’expérience que moi-même dans ce domaine. L’idée est que … Les Milobellus et les Altarias puissent vivre ensembles et en communauté. Nous sommes tous des dragons et je suis sûr qu’au fil du temps, il n’y aura plus aucun problème entre nos deux peuples. Et puis … »

« Il y a quelque chose de plus personnel là-dessous, n’est-ce pas ? » dit la reine en lui souriant, le jeune homme aux cheveux bleus venant rougir.

« Oui … Cela me permettra de ne plus avoir aucune contrainte pour épouser Lily… et vivre avec elle … Comme elle est la princesse des Milobellus, elle doit rester près de son peuple. Comme je suis le roi des Altarias, je dois rester auprès du mien. Alors si nos deux peuples s’unissent … Nous pourrons nous voir quand nous le voulons … et vivre ensembles. »

« Hum … Tu sais bien qu’il est très difficile de faire ce que tu proposes n’est-ce pas ? »

« Oui mais … Je pense que ça vaut le coup d’essayer. Et vous savez … Ce n’est pas mon idée … Elle ne vient pas de moi. »

« Hum ? Et de qui vient-elle donc alors ? » demanda le roi.

« D’Icare. Vous savez, je suis sûr qu’il deviendra quelqu’un de très intelligent et de très bons conseils dans le futur. On ne dirait pas mais il fera un bien meilleur prince que moi dans l’avenir ! » répondit le jeune homme avec un grand sourire.

« Icare ? Ah mais bien, cela change tout, n’est-ce pas ma mie ? »

« Exactement … Soit … Arnaud, je pense que nous allons accepter ta proposition mais avant de penser à unifier nos deux peuples, n’y a-t-il pas autre chose à unifier avant ? »

« Ah ? Et quoi donc ? » demanda le prince en regardant le roi.

« Vous deux bien entendu. » dit le roi en observant sa fille avec l’homme qu’elle aimait.

Héhéhé … Oui … Bien entendu … Il allait oublier le plus important. La jeune femme aux cheveux roses était ivre de joie, le jeune homme la gardant contre lui. D’abord, ils allaient devoir s’unir officiellement. Il avait assez perdu de temps, il devait se l’avouer.

Voilà … Le temps s’était écoulé … Un mois était passé depuis le jour où le jeune homme et le roi des Milobellus avaient fait un discours devant des plusieurs dizaines de milliers de personnes. Un discours où ils prônaient les relations et l’unification de leurs deux royaumes en un seul. Et alors, aujourd’hui, pourquoi y avait-il autant de monde devant une magnifique église qui semblait avoir été faite sur mesure ? Toute de glace, elle brillait au soleil bien qu’elle ne semblait pas être capable de fondre.
Oui … Toute une foule réunie attendait en-dehors de l’église, quelques soldats surveillant quand même au cas où il y aurait quelques problèmes au sujet d’une petite folie de la part de ces personnes. Mais bon … Tous étaient calmes et très impatients.

« Alors, là, c’est carrément énorme ! D’abord nos deux généraux Altarias mais maintenant … CA ! Je veux que tout le monde crie de toutes ses forces quand ils sortent ! »

« D’ACCORDDDDDDDDDD ! » hurla la foule en écoutant l’une des personnes plus que douées pour haranguer comme il le fallait.

A l’intérieur de l’église, un jeune garçon aux cheveux rouges et en costard venait tendre une petite boîte contenant les deux alliances alors qu’une femme aux cheveux verts et portant une magnifique robe se trouvait derrière lui, lui murmurant de reculer. L’un après l’autre, les deux personnes en face d’eux venaient mettre un anneau au doigt de l’autre alors que la voix du prêtre se fit entendre :

« Je vous déclare mari et femme par les liens sacrés du mariage ! Vous pouvez embrasser la mariée. »

Le jeune homme aux cheveux bleus releva le voile de la jeune femme dans sa robe rose. Il déposa ses lèvres sur les siennes, un tonnerre d’applaudissements se faisant entendre à l’intérieur de l’église.

« BON LES GARS ! CA M’A L’AIR BON ! Préparez-vous ! »

Lorsqu’ils quittèrent l’église, le brouhaha causé par le peuple autour d’eux avait de quoi rendre sourds. Pourtant, ils souriaient et saluaient la foule, chacun tenant la main de l’autre alors qu’elle murmurait avec lenteur :

« La prochaine fois … Evite de mettre autant de temps, d’accord ? »

« J’essayerai, tu sais très bien que je n’ai jamais été très doué pour cela. »

« J’espère que tu l’es quand même bien plus lorsqu’il s’agit de former une famille. »

« Je le pense … et je m’appliquerai à cela. »

Il était légèrement rouge de gêne, la jeune femme aux cheveux roses étant de même bien qu’elle émettait un petit rire tendre. Ses doigts croisaient ceux de l’homme qu’elle aimait. Plus de treize ans s’étaient écoulés depuis leur première rencontre mais finalement, ils étaient ensembles. Et cela pour de nombreuses décennies voir de nombreux siècles … Oui, ils allaient être les créateurs d’un nouveau royaume où ils seraient deux à régner, unis pour la vie.

Chapitre 29 : Pour le peuple

ShiroiRyu
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Chapitre 29 : Pour le peuple

« Arnaud … Qu’est-ce que … » demanda Lily en le regardant d’un air étonné, toute autant que l’était les trois autres personnes avec eux deux.

« C’est pourtant clair. Il y a douze ans, Pete a été banni du royaume par Loïc et son père. Il a dût vivre une vie presque misérable pendant presque six ans alors qu’il a sûrement plus de sang noble en lui que dans cet être pourri en face de moi. Puisque je suis le prince de ce royaume, j’ai donc les obligations mais aussi les pouvoirs qui vont avec. Donc si cela n’est pas encore rentré dans la tête de Loïc, je vais le répéter. Loïc, tu es banni et exilé du royaume. A partir d’aujourd’hui, tu peux te considérer comme un Altaria renégat qui n’a d’Altaria que le nom puisque tu n’as même pas la carrure qu’il faut pour cela. »

« … … Attends un peu … Arnaud … Tu vas voir … Tu vas voir comme je vais te le faire regretter, tu vas vite comprendre ta douleur ! Je vais te faire souffrir comme auparavant ! »

« Bien entendu … Bien entendu … Toi-même ? Ou alors plutôt tes larbins ? »

… … … Pete comme les trois femmes ne savaient pas du tout ce qui se passait. Le jeune homme aux cheveux bleus avait radicalement changé de comportement dès l’instant où il avait entendu les paroles de Loïc et surtout le fait que ce dernier avait survécu.

« Et pendant ce temps, les minutes s’écoulent sans que tu ne fasses aucun mouvement. C’est bien ce que tu es … Tu attends tout simplement que tout te tombe dans les mains, Loïc, et cela depuis le début. Ton père a échoué dans ton éducation. Je ne l’appréciais pas et je sais parfaitement que ses actes étaient dictés par un souvenir du passé mais contrairement à toi, je pense que l’on pouvait éprouver de la peine et de la compassion pour lui. Oui … Pour toi, je ne ressens que de la pitié car tu l’es … Tu es pitoyable comme personne. »

« ASSEZ ! BUTEZ-LE MAINTENANT ! »

Les soldats s’élancèrent vers lui et le reste de son petit groupe mais déjà, il s’était mis à rayonner, Pete et Elizabeth écarquillant les yeux.

« Qu’est-ce … Prince Arnaud ?! Depuis quand est-ce … »

« Arnaud ! Qui t’a appris cela ?! Est-ce que c’est toi-même qui a … »

« Je ne voulais plus être un fardeau pour ceux qui m’entourent … Je ne voulais plus être incapable comme je l’étais il y a douze années de cela … Alors, je me suis entraîné, encore et encore … Jusqu’à l’épuisement … J’ai appris à me battre mais aussi les cours. Je voulais être cultivé et raffiné … Car je suis le prince de ce royaume … Je ne peux pas être un boulet pour mes citoyens … Et je n’hésiterai pas à utiliser tout ce que je peux. »

« Oui mais … Tout ça demande beaucoup trop de préparation ! Nous devons te protéger pendant ce temps ! » s’écria Pete alors que Lily et Phoebe comme les Milobellus ne savaient pas quoi répondre. Seuls les Altarias, que ça soit d’un groupe ou de l’autre semblaient étonnés. Loïc s’écria à nouveau :

« Arrêtez-le avant qu’il ne termine ! S’il fait cela, tout est fichu ! C’est bien clair ?! »

« Oui mais … Seule la famille royale et quelques rares … »

« JE M’EN FOUS ! Vous voulez mourir ou quoi ?! TUEZ-LE ! »

Depuis … Depuis quand est-ce ce blanc-bec avait appris à se battre de cette manière ?! Ce n’était plus le même gamin d’il douze ans. Il avait grandit … et il osait même lui tenir tête maintenant ! Quelle bonne blague ! Il allait lui régler son compte !

« PROTEGEZ A TOUT PRIX LE PRINCE ! »

Voilà que chaque camp recommençait à se battre et tout cela pour une unique personne. Une personne qui voletait légèrement au-dessus du sol, ses yeux fermés alors qu’il tendait les deux mains sur les côtés, semblant chercher sa respiration. Lily combattait d’un air distrait, observant Arnaud du coin de l’œil avant de s’adresser à Elizabeth.

« Qu’est-ce qui se passe avec lui ? Qu’est-ce qu’il est en train de faire ? »

« … … … C’est une technique que même les plus aguerris des Altarias ne sont pas capables d’utiliser … Je ne pensais pas qu’Arnaud en serait capable … C’est de ma faute … Visiblement, je ne lui faisais pas assez confiance … »

« Tu n’es pas la seule dans ce cas, Elizabeth. Moi-même, je n’aurais jamais pensé que le prince Arnaud en serait capable ! » s’écria Pete avant de pourfendre l’un des soldats, ayant quelques blessures sur le corps malgré son armure.

« Mais … Mais … Mais … Arnaud ? » dit la jeune femme aux cheveux roses en tournant son visage vers le prince, celui-ci murmurant :

« Je vais en terminer définitivement avec lui… quitte à ce que j’utilise jusqu’à mes dernières ressources. C’est bientôt bon … »

« MAIS QU’EST-CE QUE VOUS FOUTEZ ! Crachez tout ce que vous pouvez ! Blessez-le ! Empêchez-le de faire son attaque ! »

Il commençait à perdre une certaine contenance mais il avait de bonnes raisons. Si Arnaud arrivait à faire cela … C’était la preuve qu’il pouvait gouverner le royaume … qu’il était au-dessus des autres … ah … Dire que lui-même avait déjà essayé ces dernières années … Cela avait toujours été un échec retentissant.

Et lui … Lui… Il avait appris cette technique ?! Elle devait sûrement imparfaite ! OUI ! Elle l’était sûrement même ! Il était hors de question qu’un minable comme lui soit capable de pouvoir faire une telle chose ! IMPOSSIBLE !

« Et alors ?! Je ne le vois pas tomber ! Ca veut dire quoi ça ?! »

Il commençait sérieusement à perdre patience ! Ils étaient plus nombreux mais pourtant, aucun soldat n’avançait ou n’arrivait à atteindre Arnaud ! Qu’est-ce qu’ils foutaient ?! Ce n’était pas dur pourtant de tuer quelques rebelles et soldats ! Tsss ! ET … Il allait s’en occuper réellement de lui ! Et tout seul puisque c’était ainsi !

« Tu vas voir … Tu vas voir, Arnaud ! TU VAS VOIR ! »

« Donnez-moi deux épées, s’il vous plaît … Je n’ai pas l’habitude mais qu’importe … » murmura le jeune homme aux cheveux bleus en tendant ses mains en avant, Lily récupérant deux lames tout en arrêtant le combat pour les lui emmener.

« Arnaud … … … … … » souffla t-elle en lui tendant les deux lames.

« Oui, Lily ? Que se passe t-il ? Tu as un problème ? »

« Hein ? Que ? Oh non ! Je … Je ne sais pas trop … comment dire ça … Mais tu disais … souvent que tu ne méritais pas d’être le prince des Altarias. »

« C’est exact … Mais je pense personnellement que je ferais un meilleur prince que Loïc. »

« Non non ! Ce n’est pas ça que je veux dire … C’est juste que … »

« Vas-y, exprime-toi, Lily tant que tu le peux. »

« … … … Non rien, Arnaud. Reste en vie, c’est tout. » murmura t-elle en lui faisant un petit sourire qu’il ne pouvait pas voir avec ses deux yeux fermés.

« J’aimerai bien que ça soit le cas mais je ne peux rien promettre … comme d’habitude. »

Hum … Elle le savait parfaitement mais bon … Elle espérait tout simplement. A peine avait-elle reprise son arme que les paroles d’Arnaud se firent entendre :

« C’est bon … Je peux y aller … Poussez-vous maintenant. »

Il s’était encore mis à parler d’une voix neutre alors que les soldats et rebelles se poussaient, Pete et les trois femmes faisant de même. Arnaud était maintenant face à la petite armée de Loïc, les soldats étant blessés pour la plupart alors que Loïc s’était mis à trembler de rage.

Tout le corps du jeune homme aux cheveux bleus s’illuminait violemment, aveuglant la pièce avant qu’il ne trace un chemin droit devant lui, volant à une vitesse prodigieuse. Moins d’une seconde plus tard, il était penché en avant, à quelques centimètres de Loïc, du sang s’écoulant le long de ses deux lames avant qu’il ne murmure.

« C’est terminé … pour ton armée … et ton existence, Loïc. »

« Ah oui ? Je ne vois pas où ! Mon armée est encore debout ! » s’écria le jeune homme aux cheveux verts, des tremblements dans la voix, signe qu’il était impressionné par ce que venait de faire Arnaud.

Les soldats se retournèrent vers Loïc et Arnaud, prêts à tuer ce dernier avant que leurs armures ne se fissurent et que de nombreuses entailles parcourent leurs corps. Des giclées de sang volèrent un peu partout, les soldats s’écroulant les uns après les autres.

« … … … Il fallait s’en douter … » murmura Arnaud avant de poser un genou au sol, de la sueur s’écoulant de son front alors qu’il haletait.

Qu’est-ce … AH ! Il était exténué par ce qu’il venait de faire ! Sa technique n’était pas au point mais il avait quand même décidé de l’utiliser ! Et maintenant … Maintenant … Il était à la merci de Loïc.

« HAHAHAHA ! Idiot ! Tu as peut-être éliminé une partie de mon armée mais en fin de compte, tu seras celui qui va tomber de MES PROPRES MAINS ! »

Son épée en main, le jeune homme aux cheveux bleus à ses pieds, Loïc amorça un mouvement pour venir lui trancher la tête avant de crier de douleur.

« Je n’ai jamais dit … que je n’avais pas terminé ce que j’avais commencé. »

Qu’est-ce que … Deux profondes entailles vinrent parcourir les hanches de Loïc, lui faisant lâcher son arme alors qu’il se mettait à reculer.

« … Comment ça se fait … Comment ça se fait que tu arrives à me blesser ?! Alors que tu ne m’as même pas attaqué ! Tu es à genoux devant moi ! »

« Qui a dit que je ne t’avais pas attaqué avant que je ne m’écroule ? » murmura le jeune homme aux cheveux bleus avant de se redresser avec lenteur, bloquant le chemin à Pete et les femmes qui étaient venus pour tenter de l’aider. « Vous restez en arrière, vous quatre. »

« Qu’est-ce que … tu manigances, Arnaud ? Nous allons abréger son existence ! »

« C’est à moi … de m’en … OCCUPER ! »

Il venait de crier de toutes ses forces bien qu’il semblait exténué, le regard légèrement fiévreux. Cette technique …Voler en pique … était bien plus épuisant que prévu. Le jeune homme aux cheveux bleus prit l’épée que Loïc avait tenue, redéposant l’une des siennes avant de la lui envoyer à ses pieds. Le jeune homme aux cheveux verts le regarda avec étonnement, une main posée sur sa hanche droite alors qu’Arnaud reprenait :

« C’est quoi ce délire ? Qu’est-ce que tu fous ? »

« Pour les dernières minutes de ton existence … Essaye de te battre d’une façon honorable. »

« … … … TU TE FOUS DE MA GUEULE ?! HONORABLE ?! Ce n’est pas un foutu gamin comme toi qui va m’apprendre ce que c’est l’honneur ! Un gamin pleurnichard et braillard ! »

Pourtant, il récupérait son épée, le regardant d’un air haineux alors qu’Arnaud prenait une profonde respiration. Vraiment … Qu’est-ce que cela avait donné depuis toutes ces années…

« Terminons-en une bonne fois pour toutes. »

« Tu vas voir, espèce d’imbécile ! Ca sera la dernière erreur que tu commettras ! »

« Nous verrons cela. » répondit finalement Arnaud alors qu’il maintenait son épée avec difficultés dans sa main droite, observant Loïc qui avait un air rageur au visage.

Celui-ci s’était mis à courir vers lui, donnant un coup d’épée alors qu’Arnaud parait ce dernier. Il devait prendre l’ascendant sur le combat… Il devait le prendre … et le battre … Il était le prince d’un royaume déchu … D’un royaume qui avait tant souffert pendant six ans … Il était hors de question de ne plus rien faire ! Il n’en avait jamais assez fait !

Il fit reculer le jeune homme aux cheveux verts, évitant de gémir alors que les soldats et les quatre proches d’Arnaud restaient immobiles. Ils avaient envie de réagir … Ils en avaient tellement envie … La jeune femme aux cheveux roses faisait apparaître une petite flaque d’eau à ses pieds, celle-ci semblant se mouvoir pour se rendre vers Arnaud.

« TU FAIS CELA, LILY ET TU NE M’ADRESSES PLUS JAMAIS LA PAROLE ! »

« Hein ?! De … De … De quoi, est-ce que tu parles, Arnaud ? » dit-elle d’une voix faussement innocente mais surtout apeurée et étonnée.

« Ne fais pas semblant de ne pas avoir compris ce que je voulais dire ! »

« Tu devrais plutôt t’inquiéter de ce que tu as en face  de toi, PRINCE ! » s’écria Loïc en venant créer une entaille sur le bras du jeune homme, celui-ci serrant les dents.
AH ! Elle avait crié en voyant Arnaud se faire blesser mais là, elle n’allait pas rester là à ne rien faire ! Elle allait l’aider … Oui … Elle allait l’aider ! C’était le plus important à faire ! Ah… Comment dire … Elle allait … Non ? Pete venait de l’arrêter, tremblant lui aussi. Il voulait vraiment aller l’aider mais Arnaud n’aurait pas voulut.

« On doit rester là … et ne rien faire … »

« Et tu veux le laisser mourir, c’est ça ?! Tu as bien vu son état ?! »

« Est-ce que j’ai l’air de vouloir laisser mourir le prince, Lily ? » murmura Pete alors qu’elle voyait bien à quel point sa poigne était forte et puissante. Il enrageait intérieurement.

… … … Et alors ? Qu’est-ce qu’ils devaient faire ? Phoebe et Elizabeth n’avaient rien dit alors que les soldats tremblaient eux aussi. Pourquoi ce combat ridicule ?! Pourquoi est-ce qu’ils ne décidaient pas de tout simplement tous y aller ?! Quelques soldats s’avancèrent mais Pete s’écria :

« NE FAITES PAS UN SEUL MOUVEMENT ! »

« C’est complètement stupide ! On risque de perdre le prince à cause de sa vanité ! Ca ne sert à rien un tel combat ! Il n’a pas à se prendre pour un héros pour nous ! »

« Ce n’est pas une question d’héroïsme … ou de vanité … Mais simplement… de régler ses comptes. Ce n’est pas quelque chose qu’il a pensé sur le moment mais depuis des années ! Perdre maintenant est impossible pour lui ! » répondit Pete alors qu’il avait un tic nerveux. Depuis douze ans … Depuis tellement d’années … Arnaud avait ruminé de telles pensées … Il avait voulut régler cette ultime affaire … qui lui était bien plus personnelle que tous pensaient.

« Alors ?! On faiblit ?! Tu as toujours été affreusement faible ! Et cela depuis le début ! Tu veux jouer les grands et les durs mais tu t’es toujours caché derrière Pete ! »

« C’est pour cela … que je suis en face de toi aujourd’hui. »

« Hein ? Comment ça ? Tu veux dire que tu fais tout ça pour montrer que tu as changé ? HAHAHA ! IMBECILE ! Tu ne mérites vraiment pas d’être le prince ! Tu penses d’abord à tes sentiments personnels avant ceux de ton peuple ! »

Raison de plus pour lui prendre sa place ! Ses coups devenaient plus forts et puissants alors que depuis le début, Arnaud n’avait fait que parer les coups. Pourtant, le jeune homme aux cheveux bleus faisait quelques pas en reculant bien qu’il tournait autour de Loïc en même temps. Il y avait une chose que ce dernier n’avait pas remarqué … Une unique chose.

Pfff ! Mais qu’est-ce qu’il attendait pour crever ?! C’était pourtant pas si dur ! Il voyait bien que le jeune homme était en train de peiner ! Et lui, de son côté, il donnait des coups toujours plus puissants ! Alors pourquoi ?! Pourquoi il n’y arrivait pas ?! AH !

« Je sens que cela commence à faire effet … J’ai gagné, Loïc. »

« Ne raconte pas n’importe quoi, Arnaud ! Je ne suis pas terminé ! »

« Tu es exténué … Tu n’as même pas remarqué que je ne faisais que t’épuiser depuis le début. » continua le jeune homme en commençant à se déplacer plus rapidement qu’auparavant. Il ne semblait même pas être blessé ?!

Qu’est-ce que … Qu’est-ce … QU’EST-CE QUE CA VOULAI DIRE ?! Depuis quand est-ce qu’il était aussi intelligent ?! Non … Non … Ce n’était pas possible ! Ce n’était pas possible ! Il hurla de toutes ses forces avant de courir avec frénésie vers Arnaud, celui-ci prenant une profonde respiration avant de murmurer :

« C’est terminé, Loïc. Adieu. »

Aucun mouvement de la part d’Arnaud, il n’avait rien à craindre ! Ce n’était que de vaines paroles pour tenter de l’effrayer mais il n’était pas du genre à s’inquiéter pour rien ! NON ! Hors de question même ! HORS DE QUES…

Son épée tomba au sol, le jeune homme aux cheveux bleus ayant fait un pas sur la gauche. Une vilaine entaille sur sa hanche droite était apparue alors que sa lame s’était tout simplement plantée dans le cœur de Loïc. Il n’avait rien fait … C’était le jeune homme aux cheveux verts qui s’était empalé lui-même sur sa lame … Bien que cela n’avait pas été intentionnel. Loïc commença à cracher du sang, hurlant :

« POURQUOI ?! POURQUOI EST-CE QUE TU ES DEVENU COMME CA ?! »

« Je ne sais pas … Ce que j’ai vécu durant mon enfance et adolescence m’ont profondément changé. Si tout ce qui s’était déroulé avait pris une tournure différente, il y a de fortes chances que cela soit moi qui se trouverais à ta place. Mais ce n’est pas le cas … Et tu es l’un des acteurs de ces changements produits sur ma personne. »

« Sale… Saleté… Arnaud… Tu… Tu… Ah… Je… Je t’emporterai dans la tombe… Il est hors que toi… TOI… Toi… Tu arrives à me battre… »

« Et que comptes-tu faire ? Tu n’es plus en état de te battre. »

« Tu vas voir … Tu vas voir … JE VAIS TOUS VOUS ENTERRER AVEC MOI ! »

Il avait poussé un hurlement strident alors que toute la pièce s’était mise à trembler, le plafond se fissurant avant de partir en morceaux, laissant voir un ciel orangé.

« Ah… Ah… Il est vrai que … Que je n’ai pas réussi à apprendre cette foutue technique mais j’en ai dominé une autre ! UNE AUTRE BIEN PLUS PUISSANTE ! »

« Le météore … PARTEZ-TOUS D’ICI ! » hurla soudainement Arnaud avant que du sang ne s’écoule de ses lèvres, Loïc ayant planté à moitié sa main dans son ventre.

« ARNAUD ! » s’écria la jeune femme aux cheveux roses alors qu’il reprenait :

« NON ! Partez d’ici ! Pete ! Emmène-là avec toi ! Fais-là s’évanouir mais partez d’ici ! Prévenez toutes les armées ! Il est devenu complètement fou ! »

« Héhé… Héhéhé… Comme ça … Tu ne pourras plus… t’enfuir… » marmonna Loïc une dernière fois avant que ses yeux ne se ferment, un sourire ensanglanté aux lèvres. Il avait toujours sa main plantée dans le ventre d’Arnaud, celui-ci gémissant de douleur.

Pourtant … Les soldats comme le quatuor s’étaient approchés de lui, retirant la main enfoncée de Loïc dans son ventre alors qu’il les regardait avec neutralité. Ils n’avaient pas compris quoi ?! Et ils ne voyaient pas le gigantesque météore qui s’approchait ?! Ce n’était pas une banale attaque ! C’était une attaque qui avait coûté toute la vie de Loïc ! Toute une vite pour en détruire des milliers d’autres !

« Laissez-moi … Je vais m’occuper de ça … Je dois bien avoir assez de force … pour créer un second météore … pour contrer celui-là… et les faire exploser en milliers de morceaux inoffensifs pour nous tous. »

« Et comment est-ce que tu comptes faire ça, Arnaud ? » demanda Elizabeth en tremblant légèrement rien qu’à l’annonce de la plausible réponse.

« Tout simplement en l’imitant … Voilà tout. »

« HORS DE QUESTION ! » hurla Lily alors qu’elle s’apprêtait à le soigner. D’un coup sec, il la frappa dans le dos de la nuque, la faisant s’évanouir. Dommage qu’elle ait retiré son casque … Cela lui avait coûté cher.

« Je suis le prince Arnaud, il est de mon de voir de protéger mon peuple et de me sacrifier pour lui. Maintenant, disparaissez … Rebelles de mon ro… Non… Fiers soldats de mon royaume… Veuillez emporter la princesse des Milobellus avec vous… ainsi que les deux futurs généraux Pete et Elizabeth. De même, embarquez avec vous la générale Phoebe. Ceci est un ordre royal… que vous devez accomplir maintenant. »

… … … Les soldats se regardèrent longuement, que cela soit pour les Milobellus et les Altarias. Pete et Elizabeth se jaugèrent du regard avant de hocher la tête. Ils se dirigèrent vers Phoebe, murmurant quelque chose alors que la chaleur commençait peu à peu à monter à cause de l’approche de ce gigantesque météore.

« Vous êtes deux imbéciles … Et lui l’est encore plus. »

« Merci de nous dire ceci, Phoebe. Bon … Allez … Partons le plus loin d’ici. » répondit Pete alors qu’Arnaud observait le ciel en fronçant les sourcils :

« Environ une dizaine de minutes … Vous devriez avoir le temps de vous enfuir. »

« … … … Adieu, Arnaud. J’espère que tu le regretteras toute ta vie ce que tu as fait … Et ne me demande même pas de te faire pardonner pour Lily. »

« Je n’en pensais pas le moins du monde, Pete … Merci beaucoup. »

Tsss … Peu à peu, la salle du trône se vidait alors qu’il fronçait les sourcils … Il n’y avait plus que des cadavres autour de lui … Et il allait en devenir un lui aussi… La meilleure chose à faire était de créer un météore … Mais qui devait partir en direction du ciel … et non l’inverse… Cela allait être encore plus dur que prévu.

« Je dois le protéger … Je dois protéger mon royaume … Je dois le faire… Hahaha … Depuis quand est-ce que je suis aussi courageux hein ? »
Il s’était mis à rire nerveusement alors qu’il sanglotait. Il ne voulait pas mourir … Il ne voulait pas mourir du tout. Pas du tout … Ce n’était pas ce qu’il voulait… Il ne voulait pas mourir… Il n’avait pas envie… Mais bon… C’était son devoir… Déjà, le ciel orangé commençait à se zébrer d’éclairs, un météore quand même deux fois moins impressionnant que celui qui fonçait vers le château faisant son apparition.

« Ce n’est pas assez … Ce n’est pas assez … Il faut encore plus … Il faut … »

Il devait user plus de force ! Le sol continuait de trembler, la salle du trône se fissurant de partout alors que le plafond s’écroulait autour de lui, des éclats de pierres venant sur lui, l’entaillant un peu partout malgré son armure… Ah… Ah…

« JE VEUX PROTEGER MON PEUPLE ! » hurla t-il dans un sanglot bien qu’il sentait qu’il n’avait plus assez de force … Hein ? Pour… Pourquoi voyait-il trois météores de même taille contre celui de Loïc ?

« Et tu n’es pas le seul, prince idiot. » répondit une voix derrière lui alors qu’il tournait son visage … pour apercevoir Pete ? Et Elizabeth ? Les deux personnes lui souriaient, s’approchant de lui alors que la température était devenue impressionnante, de grosses coulées de sueurs glissant de leurs visages.

« … … … Nous le sommes autant que toi. » répondit Elizabeth aussitôt alors qu’ils se positionnaient à côté de lui, toujours en train de sourire. Oui… Ils étaient venus pour l’aider donc ils ne valaient pas mieux en fin de compte. Héhéhé.

… … Il ne répondit pas, les deux personnes à côté de lui. Il observa Pete puis Elizabeth, faisant un petit sourire triste avant de murmurer :

« C’est déjà trop tard pour nous trois … Vous le savez, n’est-ce pas ? Même si nous sauvons tout le monde … Il n’est pas possible … »

« … … On a mis un peu de temps, c’est de notre faute, Arnaud. » annonça Elizabeth.

« Et puis bon … Si je ne peux pas sauver le prince, pourquoi est-ce que je devrai encore vivre ? Je suis à ton service depuis tellement d’années … Il serait absurde que tu meures alors que je sois encore vivant. »

… … … Il ne lui répondit pas, fermant les yeux alors que le sol se fissurait peu à peu. Puis soudainement, une explosion se fit voir, puis une seconde et une troisième. Le gigantesque météore s’éloigna en même temps que les trois petits météores avaient été détruits par la puissance … Ils avaient …

« Réussi… Elizabeth… Pete… Nous avons… »

Il s’écroula sur le sol, observant le ciel orangé qui redevenait peu à peu bleu. Quelques secondes plus tard, deux corps venaient s’écrouler à côté de lui, chacun ayant un sourire aux lèvres. Ils avaient réussi … mais le ciel se constellait… de morceaux de petite taille … qui fonçaient à toute allure vers le château tout en s’enflammant. Des morceaux de météore qui allaient détruire tout ce qui se trouvait à l’intérieur du château … dont eux.

Comme une pluie d’étoiles, les météores tombaient sur le château, des pans entiers de pierre s’écroulant alors qu’il émettait un petit sourire. C’était fini… Il ferma les yeux, cherchant à discuter une dernière fois avec Elizabeth et Pete.

« Pete … Nous avons réussi … Nous avons vraiment réussi … »

« Oui, Arnaud … Prince Arnaud … Nous allons pouvoir … Non … Ils vont pouvoir enfin… »

« Elizabeth ? Comment vas-tu ? Pas trop fatiguée ? »

Aucune réponse de la part de la jeune femme aux cheveux blonds. Il tourna son visage vers elle, voyant ses yeux complètement clos, sa bouche légèrement ouverte. Elle l’était déjà ? Il commença à sangloter, bougeant faiblement sa main pour tenter de prendre la sienne alors qu’il faisait de même avec celle de Pete.

« Pete ? Merci … d’avoir été à mon service… pendant toutes ces années … »

« De rien, prince … De rien… Par contre, je vais … Un peu me reposer … si vous me le permettez … J’ai un peu sommeil… »

« Fais donc, Pete. Fais donc … Moi aussi, je crois que … »

Il ne répondit plus, aucun son ne sortant de ce qui restait de la salle du trône. C’était fini … pour eux … Complètement fini …. Ils n’avaient plus qu’à attendre.

Moins d’une heure plus tard, plusieurs équipes de Milobellus et d’Altaria commençaient à fouiller les ruines, dirigées par Lily.

« EXTIRPEZ-MOI TOUT SES CORPS ! ET VITE ! »

Elle ne voulait pas … Elle ne voulait pas y penser … Chaque corps retiré … lui faisait pousser un petit cri d’effroi … puis d’apaisement … Ce n’était pas celui d’Arnaud … Ni celui de Pete ou Elizabeth … Ce n’était pas l’un des trois … Puis vint le moment où ils extirpèrent le corps du général, Lily s’écriant avec force :

« QUE TOUS RASENT CETTE ZONE ! Ils doivent être vers là ! »

Oui … Oui ! Ils se trouvaient dans les gravats de la salle du trône donc dans la zone où Arnaud et les autres devraient se retrouver ! Le corps de Loïc … puis ceux de plusieurs rebelles et soldats … Ah … Ah … Ah…

« Mais qu’est-ce que … »

Un groupe de soldats avait du mal à extirper un corps, demandant de l’aide à plusieurs autres soldats avant de remarquer qu’il n’y avait pas qu’une main … mais plusieurs ! Ah … C’était sûrement Arnaud ! C’était … Non, c’était Pete … Il y avait Pete … Mais ah ! Dessous ! Il y avait Elizabeth … Et sous Elizabeth ? Le corps d’Arnaud ! Chacun s’était mis sur l’autre pour tenter de protéger les deux autres personnes alors que Lily s’était mise à sangloter. Rapidement, plusieurs personnes s’affèrent autour des trois corps, l’une d’entre elles disant :

« Ils respirent encore ! Ils sont vivants ! Venez vite emmener les soins ! »

Ils étaient sauvés ! Ils allaient être sauvés ! Sans même se soucier qu’il était dans un état grave, elle vint embrasser le jeune homme aux cheveux bleus, sanglotant en lui murmurant à quel point elle l’aimait et qu’elle était heureuse. Ah … Ah … Elle allait presque s’évanouir de joie. Tout était enfin terminé ! COMPLETEMENT terminé !

Voilà … … … Le temps s’était écoulé … Une année était passée depuis la mort du général et de son fils. Depuis la fin de cette tyrannie qui avait fait tellement de dégâts en plus de six ans … Et le château avait été reconstruit … Oui … Complètement reconstruit en moins d’une année ! Sauf qu’il ne fallait pas se rendre là pour retrouver une foule des plus nombreuses. Non … Ce n’était pas ici …

Que cela soit le peuple des Milobellus ou alors le peuple des Altarias … Tous étaient réunis en pleine ville … Entourant une magnifique et gigantesque église. Oui, la foule était si importante … et si imposante, comme si l’évènement à l’intérieur dépassait toute entendement.

« Ca va être vraiment merveilleux ! Dès que l’on entend ces mots, applaudissez ! »

Ces mots ? Oui, ils étaient tous d’accord. Il n’y avait rien d’autre à attendre de toute façon ! Déjà que tout le monde s’était réunit, que cela soit les soldats ayant participé à la bataille, les civils … Oui, tous et toutes étaient là. Puis vint le moment où dans l’église, une voix résonna :

« Je vous déclare mari et femme par les liens sacrés du mariage ! »