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Chapitre 7 : Une promesse entre eux

Chapitre 7 : Une promesse entre eux

« Bon … Earnos ? Tu as parfaitement compris ce que tu dois faire ? » demanda un homme aux cheveux blonds, le regardant attentivement alors qu’un enfant de quatre ans acquiesça de manière positive. L’enfant tenait dans ses deux mains une foreuse qui semblait presque aussi grande que lui. Earnos répondit avec entrain :

« Je dois suivre le monsieur qui sera toujours devant moi ! Et je creuse tout ce qui dépasse dans le trou qu’il va creuser, c’est ça, Papa ? »

« C’est exactement ça … Bon, tu peux faire attention à lui hein ? Vérifie toujours qu’il est derrière toi, ça ne me plairait pas de ne pas le revoir. » s’adressa le père à un homme d’une trentaine d’années, ayant la tenue d’un Dardargnan bien qu’elle soit recouverte de terre, froissée et salie. L’homme ne semblait pas être une lumière ni très éveillé, mettant une main devant sa bouche avant que le père d’Earnos reprenne : « Et interdiction de dormir au beau milieu du chemin ! Earnos, tu peux le surveiller au cas où ? »

Oui oui oui ! Il recommença à hocher la tête, acquiesçant tandis que son père le laissait seul avec cet homme. Bon alors ? Qu’est-ce qu’il allait faire ? Un sourire aux lèvres, le jeune garçon âgé de quatre ans attendait les paroles de l’adulte.

« Bon … Ce qu’on va faire … Tu vas me suivre, et puis … On va y aller … Ah … J’ai pris un truc tout simple … On va creuser sous la ville … Parait qu’il faut faire quelques tunnels pour les futures installations d’eau. »

« D’accord, d’accord. On commence quand alors ? » demanda le jeune garçon avant que l’homme ne lui tapote doucement le crâne, recommençant à bâiller.

« Te presse pas … Pas du tout même … On va y aller doucement. »

Bien sûr ! Mais ils allaient creuser un tunnel non ?! Alors, ils allaient commencer tout de suite ou non ? … … … La réponse était non. Il fallut une bonne demi-heure de route pour qu’ils se trouvent à l’endroit où ils allaient travailler. L’homme fit vriller sa foreuse avec une extrême lenteur, lenteur avec laquelle il s’était déplacé sur le chemin les menant au lieu de travail. Puis enfin … La foreuse percuta le sol, l’ouvrant peu à peu.

« Tu me suis dans deux minutes … Tu continues le chemin et tu ne te perds pas … Fais attention quand tu creuses derrière moi, il y a d’autres tunnels … C’est un véritable labyrinthe souterrain là-dessous. »

« Euh … Euh … Et je vous suis comment ? Si vous partez avant moi, monsieur ? » questionna le jeune garçon aux cheveux blonds, un peu apeuré à l’idée de le suivre avec autant de distance. Pour toute réponse, l’homme reprit :

« A la vitesse … où je vais … Tu devrais pas avoir de mal à me suivre. »

Oui mais … L’homme n’attendit pas, replongeant dans le sol avant de disparaître à l’intérieur. Deux minutes … Deux minutes … Mais euh … Euh … EUH ! Mais mais mais …

« MONSIEUR ! Ça fait combien deux minutes ?! » s’écria Earnos.

Aucune réponse de la part du Dardargnan, le jeune garçon marchant à gauche et à droite en attendant. Il ne savait pas combien de temps cela faisait deux minutes, il ne savait pas compter mais ça ne devait pas être court non ? Il savait juste qu’avant minute, il y avait seconde. Mais après, à part ça, ce n’était pas simple du tout.

« Euh … Monsieur ! J’arrive ! » hurla l’enfant une nouvelle fois avant de plonger dans le trou, une bonne dizaine de minutes s’étant écoulées depuis le moment où l’homme était rentré.

Bon ! Il avait sa petite foreuse en main, commençant à retirer toutes les petites imperfections qu’il voyait dans le tunnel en face de lui. C’était vraiment un travail très mal fait bien qu’on pouvait apercevoir de la bonne volonté dans l’accomplissement. Oh … Une volonté un peu lente si on connaissait l’homme.

« Monsieur ? Vous êtes où ? Monsieur ? »

Aucune réponse une nouvelle fois. Ne pas avoir peur … Ne pas avoir peur … C’était normal … Il avait juste à suivre la galerie … Et puis, l’homme viendrait le chercher si il ne le voyait pas hein ? Hein ? C’était normal ça hein ? Hein ? Alors … Euh … Euh … Il allait arrêter de creuser et attendre … Sauf qu’il ne savait pas pourquoi mais les tunnels semblaient si étroits.

« Ah … Ah … Ah … Monsieur ? Vous êtes où ? Monsieur ? Vous pouvez venir me chercher ? Monsieur ! Monsieur ? MONSIEUR ! »

Il n’avait pas peur ! Il était capable de creuser un tunnel ! Il devait juste suivre les autres ! Juste … Juste … Ah … Ah … Voilà qu’il se mettait à accélérer le mouvement, s’arrêtant subitement alors qu’il voyait plusieurs chemins. Lequel prendre ? Lequel ? Lequel !

« MONSIEURRRRRRRRRRRRRRRRRRRR ! PAPAAAAAAAAAAAAAAAA ! »

Voilà qu’il commençait à être sérieusement effrayé et apeuré. Creusant à droite et à gauche, il ne savait même plus où il devait se rendre. Perdu … Il était perdu … Il était vraiment perdu. Il s’arrêta au beau milieu d’un tunnel, bafouillant tandis que ses yeux se remplissaient de larmes :

« PAPAAAAAAAAAAAA ! MAMANNNNNNNNNN ! »

Il voulait les revoir ! Mais mais mais … Peut-être qu’en prenant un autre chemin ? Peut-être qu’en retournant dans tous les sens ? Ou en criant ? AH ! Non ! Non ! Il devait creuser partout et tenter de sortir de là ! Ailleurs, dans une maison, une femme était en train de lire quand le sol ne se mette à trembler.

« Qu’est-ce que … Ca ne va pas recommencer ?! »

Elle s’était levée aussitôt tandis que des pointes brunes sortirent de son dos, prêtes à être utilisées. Elle ne supportait plus cela ! Les personnes creusant le sol sous ce quartier devenaient vraiment insupportables et surtout incompétents. Elle déplaça la table juste au bon moment alors que le sol s’ouvrit.

« Cette fois-ci, vous allez avoir de mes nouvelles … »

« MOUINNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN ! MAMANNNNNNN ! PAPAAAAAAA ! »

Hein ? Quoi ? C’était pas le genre de voix à laquelle elle se serait attendue. D’une main bandée de gris, elle stoppa aussitôt la foreuse sans aucune difficulté, ne semblant ressentir aucune douleur tandis que l’enfant ouvrait en grand ses yeux.

« Où … Où est-ce que je suis ? » bafouilla t-il, les yeux larmoyants en tournant sa tête à droite et à gauche. La femme ne s’adressa pas à lui, ne faisant que refermer le trou créé en remettant de la terre dessus.

… … … … Il ne pouvait plus partir et il ne savait même pas où il était. L’être en face de lui semblait être une femme mais il ne voyait rien à cause de la cape brune autour d’elle. Et puis, elle s’éloignait alors qu’il cherchait une sortie. Où est-ce qu’il devait aller ? Il avait encore plus peur maintenant … Très très peur même.

« … … … … … Sincèrement, je ne sais pas ce qui leur passe par la tête mais de mon temps, ils n’étaient quand même pas aussi … idiots. »

Hein ? Elle venait de parler ? Et elle était revenue. Il se recroquevilla sur lui-même, remarquant qu’il n’avait plus du tout sa foreuse en main. Elle … Elle s’approchait de lui ! Il mit ses mains devant ses yeux comme pour se protéger avant que la voix ne lui dise :

« Vraiment … Je n’y crois pas … Je suis aussi effrayante que ça ? Quel est ton nom ? »

Effrayante ? Il ne voyait que des bandelettes donc oui … Elle était effrayante pour lui, très effrayante même mais … mais … Elle avait une belle voix. Il retira ses deux mains de ses yeux, regardant la femme avant de dire d’une voix faible :

« Earnos … Madame … Je m’appelle Earnos … »

« Tu es un foreur, n’est-ce pas ? Et quel âge as-tu ? » demanda t-elle avec toujours la même douceur qu’auparavant, Earnos répondant :

« Quatre ans … madame … Quatre … C’est ce que mon papa, ma maman et mes sœurs disent. Moi … Je ne sais pas combien ça fait quatre. »

« Vraiment … désespérant tout ça … Je m’appelle Douély. Tu sais que ce que tu as fait était … une bêtise ? » dit-elle alors qu’il hochait la tête très rapidement. « Mais ce n’est pas une aussi grosse bêtise que celle que de t’avoir fait travailler. Quel est l’idiot qui t’a fait travailler alors que tu n’as que quatre ans ? Il faut vraiment être irré … »

« C’est … moi … Madame Douély. »

« Hein ?! Quoi ?! C’est toi qui a voulu travailler alors que tu n’as que quatre ans ?! » demanda t-elle en s’écriant à moitié alors qu’il baissait la tête d’un air gêné et attristé. « Mais qu’est-ce … Attends un peu … Tu as vraiment voulu travailler à partir de l’âge de quatre ans ? Mais regardes-toi Earnos. Tu es si petit … Si fragile … Tu n’es même pas un enfant, tu es encore qu’un bébé ! »

« C’est pas vrai ! Je ne suis pas un bébé ! J’ai pleuré juste parce que je m’étais perdu et que le monsieur que je devais suivre est parti sans moi ! Je ne suis pas un bébé ! Je suis un grand garçon et Papa et Maman m’ont dit que c’était gentil de travailler maintenant ! »

« … … … … … Bien entendu. Et tu travailles depuis quand ? »

« C’était ma première fois aujourd’hui … Snif … Snif … Papa va être pas content … car je me suis trompé … Que j’ai mal creusé … et que j’ai fait une grosse bêtise. Snif … Snif … »

Il allait recommencer à pleurer mais il eut un petit tapotement sur le crâne, l’arrêtant avant même de débuter. Il écarquilla ses yeux alors qu’il apercevait ceux de couleur brun juste en face de lui. Oui … Elle était à quelques centimètres de lui, son visage bandé près du sien.

« La première fois … Dis moi … Et tu te perds ? C’est très mal parti, n’est-ce pas ? Tu veux peut-être tout me raconter depuis le début ? »

Pourquoi pas ? Enfin … Oui … D’accord. Et cinq minutes plus après, sans aucune explication concrète ou alors impossible à comprendre pour son âge, il se retrouvait assis sur les genoux de Douély, la femme semblant l’écouter attentivement. Il expliquait qu’il voulait aider ses parents depuis qu’il était capable de marcher, qu’il avait vu ses deux sœurs travailler très dur avec leur mère et qu’il voulait faire de même.

« Mais … Mais … Mais … J’ai tout raté et dès le débuuuuuuuuuuut ! »

« Arrêtes donc de pleurer … Un grand garçon ne doit jamais montrer ses larmes. » chuchota t-elle avant de lui caresser ses cheveux blonds.

C’était bizarre … Il ne connaissait pas du tout … cet endroit … Il ne savait même pas où il était et cette femme était une inconnue ou presque. Elle se nommait Douély mais … mais … Bizarrement, il ne pleurait plus maintenant qu’elle lui parlait. C’était … C’était …

« Dites … Madame Douély … »

« Tu peux juste m’appeler Douély, ce n’est pas un problème. »

« Vous êtes quel genre d’insectes ? J’en ai jamais vu des insectes comme vous ! »

Il avait dit cela sur un ton un peu plus enjoué qu’auparavant, rassuré par la présence de la femme avec lui. Il en avait même oublié complètement son travail. Pourtant, il remarqua le petit voile sombre dans les yeux bruns de la femme alors qu’elle murmurait :

« Je suis une Munja … Notre espèce est repliée sur elle-même et nous ne sortons guère de notre quartier. Pourquoi cette question ? »

« AHHHHHHHHH ! Vous êtes une Munja ?! Papa et Maman disaient que … » s’écria le jeune garçon avant de s’arrêter aussitôt, touchant les bandelettes avec un peu de recul et d’effroi, reprenant : « Euh … Ils disaient que … Qu’il ne faut jamais s’approcher de vous … C’est vrai ? Pourquoi ? »

« Car nous avons des pouvoirs qui en inquiètent bon nombre. Néanmoins, je tiens à te signaler une chose. Si tu ne devais pas t’approcher de nous, tu as particulièrement raté cela. »

Hein ? Il pencha la tête sur le côté alors qu’elle désignait l’endroit où il était assis. Il se mit rougir violemment, comprenant ce qu’elle voulait dire. Il était assis sur elle-même alors qu’il ne devait pas du tout s’en approcher. Comme pour s’excuser, il vint dire :

« Enfin … Moi … Je ne comprends pas … Vous êtes pas effrayante du tout … Enfin, vous avez juste beaucoup de … papier autour du visage et partout … Pourquoi vous vous cachez ? »

« Je ne me cache pas … C’est ainsi que vivent les Munjas. » répondit-elle avec amusement.

« Mais ça doit être bizarre … Vous avez un vrai nez derrière le papier autour de votre tête ? » demanda t-il une nouvelle fois alors qu’elle ne pouvait s’empêcher de rire.

« Bien sûr ! J’ai aussi de vrais yeux, une vraie bouche, je suis comme toi. Ce n’est pas du papier mais des bandelettes pour me protéger. »

« Wahhhhhhhhhh ! Dites, dites ! Vous voulez me montrer votre visage ? » dit Earnos avec un peu d’entrain alors qu’elle faisait un non de l’index gauche.

« On ne peut montrer notre visage qu’aux personnes en qui nous avons réellement confiance. » chuchota t-elle alors qu’il baissait la tête d’un air déçu. C’était normal qu’elle ne veuille pas … Mais il aurait quand même bien aimé la voir.

… … … … … Après plusieurs minutes à ne rien dire ou faire, le garçon semblant bien installé sur Douély, elle se leva, serrant le garçon contre elle, reprenant la parole :

« Earnos ? Sais-tu ce que l’on va faire ? Dorénavant, puisqu’il semblerait que tu manques un peu de tout, je vais devenir ton éducatrice. Ainsi, je veux te voir au minimum une fois par semaine chez moi. A toi de décider quel jour tu veux venir. Lorsque tu seras avec moi, tu passeras quelques heures et tu apprendras bon nombre de choses. Néanmoins, il faut aussi que tu mettes du tien. Tu dois arrêter de pleurer à n’importe quel moment. Je suis sûre que tu es capable de forer des galeries parfaitement. Là, tu vas devoir t’en aller car ils doivent sûrement s’inquiéter pour toi. Ne pleures pas, dis-leur que tu as préféré faire ton propre tunnel car tu as perdu de vue l’adulte avec toi et ça sera bon. Mais à partir de là, tu ne dois plus pleurer, avoir peur, t’inquiéter à cause de ton travail ou des autres, d’accord ? Enfin … Si vraiment, tu te sens mal … Tu peux venir, je serai là. »

« Pour … Pourquoi vous faites ça pour moi ? »

« Hum ? Pourquoi ? Et bien … Tu veux vraiment le savoir ? » répondit Douély avant de lui caresser vivement sa chevelure blonde. « Car je te trouve vraiment trop mignon comme bout de chou. Tu me rappelles quelqu’un que j’ai connu il y a fort longtemps. »

« Ah ? C’est vrai ? Qui ? Qui ? » interrogea Earnos en gesticulant un peu sur les jambes de la Munja qui s’était rassise, celle-ci arrêtant de s’amuser avec ses cheveux blonds.

« Ce n’est rien d’important … Et puis, ça remonte à très longtemps. Tu peux juste te dire que tu es un garçon très chanceux. »

Il l’était car il avait rencontré une jolie dame ! Enfin, il pensait gentille dame mais si une dame était gentille alors elle était jolie ! C’était ses pensées d’enfant mais … Il était content d’avoir rencontré Douély ! Sans elle, il ne sait pas ce qui se serait passé … Pas du tout. Dans un geste pour lui montrer toute sa gratitude, il se serra contre la femme, un petit rire sortant de ses lèvres tandis qu’il disait d’une voix enjouée :

« Merci beaucoup, madame Douély ! Merci pour tout, tout, tout, tout ! »

« Hum … Mais de rien, Earnos … Alors ? Tu me fais une promesse ? Tu ne vas plus pleurer pour rien … Tu vas devenir un grand foreur mais pas seulement … Je vais tout t’apprendre … L’écriture, le calcul, l’histoire, la géographie … Comme si tu étais à l’école … Sauf que tu auras ton professeur particulier. »

« Ah bon ? Et ça sera qui ? L’école ? Maman et Papa m’ont dit que mes grandes sœurs ne pouvaient pas y aller car ça coûte trop cher et qu’on n’est pas assez riches pour ça. »

« Ne t’en fais donc pas … Les plus grands insectes ne sont pas nés rois ou généraux … Non, ceux qui écrivent l’histoire de ce royaume sont tout un peuple … Et parmi ce dernier, il existe des insectes d’exception … » répondit Douély sur le ton de la confidence comme si elle lui livrait un très grand secret.

Ah … Euh … Il ne comprenait pas tout mais il savait que c’était juste très important. Il se leva finalement de ses jambes, reprenant sa foreuse tandis qu’elle semblait réfléchir à quelque chose. Une motivation … Car des paroles, c’était quelque chose … Mais cela ne pouvait être que du vent … Alors que si elle faisait cela.

« Earnos ? » demanda Douély alors que le jeune garçon se tournait vers elle. « Oui, madame Douély ? » questionna le jeune garçon. « Si tu viens me voir quand tu le peux, si tu écoutes mes paroles, que tu réussis tes cours, peut-être que lorsque viendra tes dix ans, alors, voilà ce que je te ferais pour toi. » termina t-elle en lui soufflant un message dans le creux de l’oreille.

… … … … … Cela sonna comme un déclic chez le jeune garçon. Il avait l’impression de recevoir un privilège des plus importants ! Quelque chose qui n’allait jamais se reproduire durant toute sa vie ! Il poussa un cri ravi avant de dire :

« C’est vrai ?! Vraiment vrai ?! Quand j’aurai dix ans … Je … »

« C’est ma promesse. Mais saches que pendant ces années, il ne faudra JAMAIS me décevoir d’accord ? Et c’est long, six ans à attendre, très long. Tu penses pouvoir tenir aussi longtemps ? » chuchota t-elle alors qu’il hochait la tête d’un air nerveux, la femme rigolant avec tendresse en l’observant affectueusement.

Comme pour lui montrer qu’elle ne plaisantait pas, elle s’était mise à agir, le jeune garçon semblant émerveillé devant ce qu’il voyait. C’était … C’était sûr … Non ! Il était sûr d’une chose avec ses yeux d’enfant de quatre ans : même sa maman n’était pas comme ça ! Et pourtant, sa maman était vraiment, vraiment, vraiment très très bien ! Mais là … Ce n’était pas du tout la même chose ! C’était bien différent ! Il eut un sourire ravi, se préparant à repartir pour aller travailler. Oui ! Il allait travailler ! Il allait travailler avec entrain pour pouvoir tenir cette promesse et surtout ne jamais décevoir Douély.

Chapitre 6 : Professeur sentimental

Chapitre 6 : Professeur sentimental

« Maman, je m’en vais pour le reste de la journée. » murmura le jeune garçon, un petit sac de cuir sur le dos tandis que sa mère se tournait vers lui.

« Earnos … Ton père et moi, nous avons déjà parlé de tout ceci. Tu sais très bien que nous n’aimons guère l’idée que tu ailles dans ce quartier et encore moins dormir chez l’un d’entre eux. » souffla la femme aux cheveux rouges, l’air inquiet peint sur son visage.

« Maman, ce n’est pas dangereux. Elle est très gentille et puis, je te promets que je serai déjà au travail dès demain, je te le promets réellement. »

« … … … De toute façon, quoi que je dise, tu ne m’écouteras pas. »

Il hocha la tête en réponse à sa mère, celle-ci se penchant en avant tandis qu’il venait l’embrasser sur les deux joues. Ses deux sœurs aînées s’approchèrent de lui tandis qu’Earnos vint les embrasser et enfin à ses deux sœurs moins âgées que lui. Il se tourna vers son père qui était assis sur un canapé, lisant le journal.

« Papa … Je serai présent demain dès le début du travail. Je te le promets. »

« Fais donc … Fais donc … De toute façon, Forsak ne devrait pas trop t’en vouloir si tu as une dizaine de minutes de retard au vu de tout le travail que tu abats chaque jour. »

« D’accord. Alors, je m’en vais maintenant. Elle m’attend sûrement. » répondit le jeune garçon en terminant la conversation, quittant finalement la demeure familiale.

Quelques minutes plus tard, il marchait à travers les ruelles du village. Ah … Les bâtiments étaient tous différents quand on les regardait bien. Cela dépendait principalement des habitants. Certains avaient des murs entourés de lierre, d’autres semblaient être faits en pierre, d’autres en bois … Et pourtant, il n’y avait aucune différence de classe sociale … Les maisons en bois côtoyaient les maisons en pierre ou celles recouvertes de lierres.


Enfin … Si … Il y avait bien une classe sociale à part … Une partie du village qui était rejetée … Et il venait d’arriver dans celle-ci. Des hommes et des femmes encapuchonnées dans des ruelles peu éclairées … Aucun cri pour vendre des fruits, aucun rire d’enfant, non … C’était un silence complet, mortuaire et ténébreux … Pourtant, il n’était pas inquiet ou apeuré, pas le moins du monde.

« Pourquoi est-ce tu es revenu ? Ta présence n’est pas requise ici … Tu es trop jeune pour avoir besoin de nous … » murmura soudainement une voix tremblante à sa droite, un corps recouvert d’une cape brune s’adressant à lui en tremblant.

« Laisse-le tranquille. » répondit une seconde personne mais à sa gauche cette fois-ci, emmitouflée de bleu. « C’est le même enfant que d’habitude. Son existence ne nous concerne pas, comme sa présence en ces lieux. Vas t-en, jeune garçon. Tu connais le chemin. »

« Merci bien. Elle ne m’attend peut-être pas. Cela sera une surprise de ma part. » chuchota Earnos alors qu’il accélérait le pas quand même. Il passa à travers les ruelles assombries et isolées, ne se préoccupant plus des autres personnes.

Et voilà qu’il arrivait devant une modeste maison. Aucune vitre sur les fenêtres, elle ne faisait qu’un unique étage et était entièrement constituée de pierre. Elle ne semblait pas très grande mais largement assez pour une personne vivant seule. Il s’approcha de la porte, l’unique chose qui semblait être faite de bois ici. Il toqua plusieurs fois, une voix féminine se faisant entendre, assez lugubre et sombre :

« Qui est-ce donc ? Veuillez décliner votre identité. »

« C’est moi, madame Douély. Je suis venu pour la soirée comme d’habitude. » murmura le jeune garçon sur un ton neutre alors que derrière la porte, les pas semblaient se déplacer avec vitesse pour se diriger vers l’entrée.

« Ah ! Earnos ! Je ne savais pas que tu venais aujourd’hui ! » répondit la voix féminine alors que le ton avait changé complètement, bien plus chaleureux qu’auparavant.

La porte s’ouvrit, un bras complètement bandé le tirant subitement vers l’intérieur avant même que la porte ne se referme aussitôt. Il se retrouva enlacé tendrement par une femme qui devait mesurer environ un mètre quatre-vingt, portant une épaisse cape brune sur l’intégralité de son corps. Il était impossible ou presque de voir ses habits puisqu’elle ne portait qu’une robe de même couleur que sa cape et seules des bandelettes grises étaient visibles lorsque la robe et la cape ne cachaient pas son corps.

« Je croyais l’avoir dit … pourtant. Pardon, madame Douély. » reprit-il alors qu’elle le séparait de ses bras, bougeant un doigt d’un air négatif.

« Non, non … Je t’ai déjà signalé quelque chose à ce sujet. Pas de madame, ni de mademoiselle. Tu dois m’appeler … » commença la femme avant qu’il ne reprenne :

« Professeur Douély ? C’est comme ça que je dois vous appeler ? »

« Non, non et non ! Enfin … Il est vrai que je suis ton professeur … mais non … Tu peux m’appeler tout simplement Douély. » termina t-elle finalement.

Douély ? C’était … difficile de parler ainsi à une grande personne. Très grande même. Il faisait à peine la moitié de sa taille … Non, quand même pas, il ne fallait pas rêver … Il faisait bien un mètre vingt quand même ! Donc il n’était pas si petit … que ça.

« As-tu mangé ? Tu as préparé tes affaires pour la nuit ? » demanda la femme alors qu’il restait parfaitement stoïque, murmurant :

« Je repars dès demain … Très tôt puisque je dois aller travailler. »

« Je m’en doute bien. Bon … Par contre, tu n’as pas l’air de t’être lavé depuis des jours. Tu connais la maison, pendant ce temps, je vais préparer de quoi manger pour nous deux. »

Il hocha la tête de haut en bas, prenant son sac avec lui alors qu’ils partaient vers deux directions différentes. Lui-même allait prendre un bain dans ce qui ressemblait à un gigantesque tonneau rempli d’eau chaude. Il semblait grandement apprécier celle-ci, faisant quelques bulles dans l’eau alors que la femme capuchonnée pénétrait dans la pièce, enjouée :

« Allez ! Hop, hop ! Je viens te laver derrière les oreilles, Earnos. Retourne-toi ! »

« Vous … n’avez … pas à le faire … Douély. Je sais très bien me laver tout seul. » marmonna le jeune garçon bien qu’il se retournait aussitôt, sentant deux mains très douces qui passaient dans ses cheveux. C’était le seul instant où elle retirait les bandages et il sentait bien la différence avec les mains de sa mère, des sœurs ou alors même d’Herakié et de la princesse Terria. Il fallait dire qu’à force de travailler avec les fleurs et toutes ces choses, les mains de sa mère et de ses sœurs s’égratignaient avec l’usure du temps. Il eut subitement la tête enfoncée dans l’eau, n’ayant pas eut le temps de reprendre sa respiration avant qu’elle ne soit ressortie. Il toussa légèrement, bafouillant :

« Mais mais mais … Vous auriez pu … »

« Te noyer ? Tu ne penses pas que c’était voulu ? Pas de vouvoiement. Et tu sais ce que ce mot veut dire, je n’ai pas arrêté de te l’expliquer. » répliqua la femme.

« Mais mais mais … Je ne peux pas m’adresser à vous comme ça car … »

Et voilà qu’il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que déjà il avait la tête enfoncée à nouveau dans l’eau. Lorsqu’il put la ressortir, il avait quelques larmes aux yeux, tournant son visage vers la femme. Il ne voyait rien d’elle mais il savait qu’elle était en train de sourire. Il la connaissait bien à force.

« C’était très méchant de votre pa … de ta part ! » s’écria t-il en s’étant arrêté brièvement pendant quelques instants, la femme semblant le menacer d’une main.

Snif … Elle était la seule à lui faire ça. Ses sœurs n’oseraient jamais faire une telle chose car il était l’unique garçon parmi les enfants. Donc, elles préféraient le « bichonner » comme elles aimaient le dire. Ainsi, il avait toujours vécu une vie sans aucun problème. Comme il n’allait pas à l’école, il n’avait aucun camarade. A part Herakié mais elle, c’était vraiment très spécial. Donc, bref, c’était une vie sans aucun souci et il n’était pas du genre à se plaindre car il n’avait aucune raison de le faire.

Une heure plus tard, il se retrouvait assis sur les jambes de Douély. Ils étaient assis derrière une table. Sur celle-ci, plusieurs livres étaient éparpillés un peu partout alors qu’il tirait un peu la langue. C’était sa façon à lui de se concentrer tandis qu’il tenait un morceau de bois avec une pointe au bout. Un crayon à papier.

« Nous continuerons avec un peu d’histoire et de géographie. Ensuite, tu iras te coucher, Earnos. Demain, je te réveillerai avant que tu partes. »

« D’accord, Douély ! Je suis bête car je ne sais jamais pourquoi je n’arrive pas à me réveiller quand je dors ici. »

Il avait une voix bien plus joyeuse qu’à son habitude, des petits éclats de rire se faisant entendre de la part des deux personnes. Il semblait heureux, vraiment heureux … Cela n’avait rien à voir avec ces journées au travail.

Ah … … … Elle passait sa main dans ses cheveux blonds, les caressant avec douceur. Ce n’était pas la vie d’un jeune garçon normal. Il était bien plus que cela. Il était destiné à quelque chose de bien plus grand que cela, elle s’en doutait car … Elle …

« J’ai terminé d’écrire, Douély ! Tu veux bien lire ? Me dire si j’ai faux ou non ? » coupa net le jeune garçon en tendant plusieurs feuilles.

« Bien entendu. Voyons … Voyons … Voyons … » murmura la femme alors qu’il restait sur ses jambes sans rien dire, attendant avec anxiété la réponse de Douély.

Constat ? C’était très bien selon les propres dires de la Munja. Celle-ci le félicita car il semblait avoir parfaitement retranscrit et appris tout ce dont elle lui avait parlé aujourd’hui. Même si il ne pouvait pas aller à l’école, la femme était celle qui s’occupait de lui dans ce domaine. C’était grâce à elle qu’il serait différent de ses sœurs et des autres Aspicots de son village et de ceux avoisinants.

Et là … Il était couché dans un lit plutôt grand. Les yeux rivés vers le plafond, il observait celui-ci alors qu’il entendait des bruits de pas dans le noir. Il savait parfaitement à qui ils appartenaient puisqu’il n’y avait qu’une unique personne qui pouvait marcher ainsi. Cette personne vint se coucher dans le lit à son tour, le jeune garçon bougeant légèrement alors qu’il se retrouvait à nouveau dans les bras de Douély.

« Pardon de te déranger à chaque fois, Douély. Tu as sûrement mieux à faire que de perdre ton temps avec un garçon comme moi. » chuchota t-il après quelques minutes.

« Je suis libre de perdre mon temps avec qui que je le désire. Surtout que j’ai une infinité de temps donc ce n’est pas un problème que d’utiliser celui à ma disposition avec toi. »

« … … … C’est juste que je ne suis qu’un enfant … Un Aspicot qui ne peut même pas aller à l’école car ma famille a besoin que je travaille. »

« Tu n’es qu’un enfant ? Et bien … Tu es un enfant très différent de celui que j’ai connu il y a quatre ans. Bien différent oui … Et c’est un compliment. » murmura la voix de la femme avant qu’elle ne le colle encore plus contre soi.

« … … … Je … … … J’ai un peu peur quand même, Douély. »

Peur ? Lui ? Sa voix avait été prise d’un léger tremblement tandis qu’il sentait la femme passer ses doigts dans ses cheveux blonds. Elle le laissait parler, semblant l’écouter avec une très grande attention.

« Ils disent tous que je suis très bien, que je serai un parfait Dardargnan. Ils ne se plaignent jamais de moi car je fais bien mon travail … Mais quand je me tromperai une fois ? Et quand j’échouerai ? Et quand je ne saurai pas faire ? Et quand je … »

« Calme … Calme … Earnos. » souffla Douély alors qu’elle entendait quelques petits sanglots. « Tu n’as pas besoin de réfléchir à tout cela. Tu es un enfant … Simplement un enfant … Et tu n’es pas parfait … Personne ne l’est. Si tu te trompes dans ton travail, alors tu t’es trompé. C’est tout … Ils ne vont pas en faire un drame. »

« Mais ils comptent sur moi ! Ils sont … Ils sont … »

Ce qu’ils étaient, elle semblait n’en avoir que faire. C’était pour ça … Parce qu’elle était là … Parce qu’elle n’était pas concernée par cette histoire de travail … Parce qu’elle n’était pas un membre de sa famille ou une amie … C’est parce qu’elle était éloignée de tout, si distante par rapport au monde qui l’entourait comme le sont tous les Munjas qu’il pouvait … lui exprimer ses craintes. Ne pas être à la hauteur de leurs espérances. Il n’avait que quatre ans lorsqu’il avait commencé à creuser son premier tunnel et même si il avait été accompagné ce jour-là … Il avait commis une énorme bêtise … Celle de s’être perdu. Mais tout n’avait pas été si noir à cet instant puisque c’était le jour où il l’avait rencontrée …. Elle … Douély.

Chapitre 5 : Avec ardeur et sans faillir

Chapitre 5 : Avec ardeur et sans faillir

« … … … Je ne devrais pas être là. Je devrais être en cours mais … »

Mais ce n’était pas le cas, comme d’habitude. La jeune fille aux cheveux blonds était cachée derrière un poteau de pierre, des bruits de lames résonnant autour d’elle. Oui … Elle était dans un endroit où elle ne devrait jamais se trouver normalement. Cet endroit ? C’était celui où les soldats du royaume s’entraînaient. Et elle … Elle était là pour les observer en cachette. Discrètement, elle repositionna son regard vers l’origine des nombreux bruits.

« Si je me fais repérer … Je risque d’avoir beaucoup de problèmes. » murmura t-elle une seconde fois avec lenteur tandis que ses deux yeux se dirigeaient vers un endroit plus précisément sur le terrain d’entraînement.

Une zone où des insectes assez jeunes s’affrontaient. Ils devaient avoir au minimum huit ans … Certains devaient en avoir onze ou douze mais pas plus. Tous avaient différentes armes, soit des épées, soit des dagues, soit des boucliers. Enfin, tous portaient une épaisse protection de couleur orange, bien qui ne semblait pas très lourde. Pourtant, à chaque coup donné par les armes, l’armure absorbait le coup sans aucune difficulté.

« Il se trouve où ? Où est-ce qu’il se trouve ? » se demanda t-elle à voix basse, cherchant quelqu’un parmi les combattants.

« AIEEEEEEEEEE ! Et zut ! » s’écria soudainement une voix à la gauche de l’endroit qu’elle observait. Un garçon d’onze ans, aux cheveux verts en bataille était au sol, deux épées courtes à côté de lui. Des murmures se firent entendre alors qu’un soldat reprenait :

« Pas de chance … Mais il fallait vraiment s’en douter. On ne l’affronte pas sans précautions. Et si on provoque le capitaine, il nous met face à lui … Ah … »

« Hahaha ! C’est parfait, Holikan ! Toutes mes félicitations ! Bon, comme tu as terminé avant les autres, il va falloir être patient, d’accord ? » annonça un homme âgé d’une trentaine d’années, portant une épaisse armure rouge, des ailes se métal sortant de son dos. Il avait une armoirie à la poitrine, représentant un insecte semblant correspondre à la forme de l’armure qu’il portait.

« D’accord, je crois que je vais étudier mes … » commença à parler un jeune garçon, son regard se tournant subitement vers la droite.
GLOUPS ! Elle était repérée ! Et en plus par celui dont elle ne voulait pas se faire voir ! Oh … Oh … Comment est-ce qu’elle devait réagir ? Comment ?

« Je vais plutôt aller me reposer dans un coin. Cela va prendre environ dix à quinze minutes, je pense que cet instant de repos sera suffisant pour moi. »

Gloups … Et voilà qu’elle voyait un jeune garçon âgé de neuf ans qui retirait ses deux griffes. Il avait des cheveux verts sombres assez courts. Deux yeux rouges qui la fixaient longuement … Ou plutôt le poteau derrière lequel elle était cachée. Elle devait s’éloigner le plus rapidement possible … Et vite ! Elle commença à faire quelques pas, espérant ne pas se faire repérée mais dès l’instant où elle s’était éloignée du poteau, une voix vint dire :

« Princesse Terria … Que vous ai-je dis ? Vous ne devez pas faire ce genre de choses. »

« Ah … Euh … Coucou Holikan. Je voulais juste voir comment ça se passait l’entraînement. » bafouilla t-elle, prise en faute alors que le jeune garçon aux cheveux verts était devant elle.

« Vous savez parfaitement que vous n’êtes pas autorisée à venir ici … »

« Oui mais bon … Les cours sont si ennuyeux … Et puis, je préfère quand même te voir t’entraîner. Tu en as battu combien aujourd’hui ? » demanda t-elle dans un petit sourire, espérant se faire pardonner en s’intéressant à lui.

« Hum … Je ne cherche pas forcément à savoir combien j’en bat. Je sais juste que cela me suffit d’obtenir la victoire face à eux. Ce n’est pas le nombre qui importe mais le résultat final. » répondit aussitôt Holikan, croisant les bras tout en rangeant ses armes auparavant.

« Tu parles encore bizarrement, Holikan. » marmonna la jeune fille aux cheveux blonds, un peu gênée par Holikan. Celui-ci était plus grand qu’elle mais il avait aussi du rouge aux deux joues, ne sachant pas réellement quoi dire.

« Pardonnez-moi, princesse, je ne voulais pas parler ainsi. »

« Ca ne fait rien du tout ! » dit Terria en rigolant, des murmures se faisant entendre autour d’eux avant que ça ne soit des petits cris.

« Princesse Terria ! Princesse Terria ! Où êtes-vous ?! Princesse Terria ! »

« Oups … Ils vont me trouver ! Caches-moi, Holikan ! » demanda la jeune fille en se cachant derrière le jeune garçon, celui-ci poussant un profond soupir, passant une main dans ses cheveux verts. Il reprit d’une voix calme :

« Princesse Terria, ce n’est pas une bonne chose. Vous savez que vous ne devez pas louper les cours. Je n’aime pas être partisan de ces petites frasques. »

« S’il te plaît … Aides-moi à me cacher … et je te donnerai un baiser ! » répondit-elle alors qu’Holikan détournait le visage, plus rouge qu’auparavant.

« Une princesse ne doit pas se comporter ainsi. C’est encore un écart de conduite. »

« … S’il te plaît. » murmura la jeune fille, les yeux rubis grands ouverts, brillant autant que le petit rubis sur son front alors qu’il se mettait à déglutir.

Elle n’avait pas honte d’utiliser de tels stratagèmes ?! Elle était la princesse du royaume ! Et elle faisait cela … sur lui … Surtout qu’elle savait parfaitement qu’il était faible à ce niveau.

« Bon … Je veux bien vous aider à vous cacher, princesse Terria. Mais bon … J’ai quand même ma réputation à tenir, vous le savez bien. » marmonna le jeune garçon, baissant la tête en guise de soumission.

« Merci beaucoup Holikan ! Je comprends pourquoi Papa parle de toi qu’en bien ! »


Le roi Tanator ? Elle venait tout simplement de l’achever à ce sujet. C’était l’argument imparable qui lui faisait pencher en sa faveur … et elle savait très bien l’utiliser et surtout au bon moment. Il tendit sa main droite vers la jeune fille :

« Voulez-vous bien me suivre, princesse Terria ? »

« Avec une très grande joie non-dissimulée ! » répondit-elle en posant sa main dans la sienne, le jeune garçon se mettant à courir à toute allure avec elle. La jeune fille était presque en train de voler pour pouvoir le suivre, ne pouvant faire que cela.

« AH ! J’ai cru la voir ! » s’écria la voix d’une Apitrini alors qu’il accélérait la cadence. C’était elle … ou alors … Ils allaient de plus en plus vite ? Telle une ombre, le jeune garçon se déplaçait dans les couloirs avec une telle vélocité qu’il disparaissait de la vue de tous et de toutes. Impossible pour eux de le rattraper !

« On … On peut arrêter s’il te plaît ? »

« Princesse ?! Vous vous sentez mal ?! »

Ils s’étaient arrêtés derrière le coin d’un couloir. La jeune fille s’était mise à tituber après avoir parlé, semblant complètement secouée. Elle vint atterrir dans les bras d’Holikan, celui-ci essayant de rester stoïque avant de poser ses deux mains sur son dos.

« J’ai juste un peu … le tourni … à force d’aller un peu partout … Ca ira mieux bientôt. » dit-elle, une main posée sur son cœur, ne sachant pas encore où elle se trouvait.

La voir … aussi faible … dans ses bras et voilà qu’il continuait de rougir. Il ne pouvait pas espérer grand-chose. Même si il était le favori du roi, même si il était considéré comme le fiancé de la jeune fille dans ses bras, il ne se leurrait pas mais …

« Princesse Terria, vous savez … que … Enfin … Je ne devrais pas vous le dire car il est beaucoup trop audacieux de ma part de dire une telle chose mais … » balbutia t-il.

« Tu m’aimes, c’est ça, hein ? Tu me le dis à chaque fois que toi et moi, nous sommes dans un coin tous les deux seuls. » murmura la jeune fille en relevant son visage, lui faisant un sourire.

« Oui … Enfin, je ne devrais pas … Je le sais très bien mais … » continua t-il de dire en bafouillant, la princesse répondant aussitôt sur un ton amusé :

« Mais moi aussi, je t’aime ! Enfin, je t’aime beaucoup Holikan ! Mais nous ne sommes encore que des enfants alors on s’aime comme des enfants ! »

« Ces paroles sont dures … mais très justes … Je ne peux pas nier que nous ne sommes qu’au début de notre vie. Pardonnez mes paroles. »

Il retirait ses bras, légèrement confus mais bien remis à sa place. La jeune fille ne parlait jamais réellement comme la princesse qu’elle était mais sa vision de l’avenir était très bonne. Elle se comportait comme une enfant … car elle en était une en ce moment. D’ici quelques années, son allure allait devenir royale et donc ses obligations allaient lui tomber dessus, les unes après les autres. Et pour cela …

« Princesse … Nous ferions mieux de retourner à nos obligations. Je dois continuer à m’entraîner pour vous servir lorsque vous deviendrez l’Apireine de ce royaume. »

« Pas tant que ma mère sera l’Apireine ! Et je veux que ça soit le plus tard possible ! » s’écria t-elle alors qu’ils sortaient maintenant de leur cachette.

« Pour ne pas remplir à vos obligations, princesse Terria ? » demanda t-il avec lenteur, posant une main sur sa bouche comme pour couper net ce qu’il venait de dire.

« Non … Car si un jour, je dois devenir l’Apireine de ce royaume, c’est que ma mère est trop vieille … ou soit morte … Je ne veux ni l’un, ni l’autre. Ma mère est une Apireine trop jolie pour que sa beauté s’évapore au fil des années ou trop rapidement ! »

« Pardonnez mes propos encore une fois, je ne voulais pas vous rendre triste. »

Il avait prononcé les derniers mots avec lenteur, voyant le regard triste de la jeune fille. Il savait à quel point celle-ci était attachée à sa mère … et avec les récents évènements, la reine n’était pas toujours présente. Pourtant, dès qu’elle le pouvait, il savait que la princesse allait toujours voir sa mère dès qu’elle avait un instant de libre.

« Maintenant … Je ne m’amuse plus du tout … Tu me raccompagnes, Holikan ? » chuchota t-elle avec une petite pointe maussade dans la voix. Il tendit sa main, la jeune fille posant la sienne sur celle du Yanma.

Il était temps … de la raccompagner. S’il fallait s’expliquer pour le fait qu’il se trouvait avec la princesse alors … Il s’expliquerait … Mais il était hors de question que la jeune fille soit triste tant qu’il serait là. Il allait lui apporter toute la joie possible.

Chapitre 4 : Tendre et violente

Chapitre 4 : Tendre et violente

« Merci beaucoup, Earnos. C’est du très bon travail. Tu en as terminé pour la journée. »

« Déjà ? Mais ça ne fait que quelques heures … » murmura le jeune garçon en réponse à un homme qui devait bien mesurer deux mètres de hauteur. Celui-ci avait deux longues couettes blanches mais cernées de … pics ? Le reste de ses cheveux était court et brun tandis qu’il semblait être puissant, très puissant d’après les muscles qui parsemaient son torse. Impressionnant … et inquiétant en même temps.

« Ouais mais non … T’es encore qu’un enfant de huit ans alors je te laisse quand même le reste de ta journée. Je ne suis pas tortionnaire … pas trop … HEY ! TOI ! AU LIEU DE REGARDER LES INSECTES QUI VOLENT, VAS BOSSER ! »

… … … … … Earnos resta muet après le cri du Scarabrute, le chef Forsak était toujours quelqu’un de très … Enfin … Qui avait la voix qui portait très très loin. Et lui dans tout ça ? Et bien … Il planta sa foreuse dans le sol, observant les fondations de la nouvelle tour. Oui … Une tour qui allait être crée grâce au tunnel qu’il avait creusé il y a de cela quasiment deux semaines. Deux semaines depuis la fois où il avait revu la princesse. Plus de nouvelles après tout ça mais ce n’était pas le plus important ou le plus dramatique.

Hum … Les morceaux de pierre qu’il avait créés aujourd’hui étaient tous déposés les uns à côté des autres. Ah … Les fondations de la tour devaient faire environ cinq mètres de hauteur et de nombreux matériaux étaient présents pour créer celle-ci. Du bois … Enormément de bois … Tout cela avait été emmené par les Insecateurs … De l’autre côté, il y avait bien un ou deux cube de fer d’environ trois mètres de hauteur, des personnes en armure rouge étant à côtés d’eux comme pour savoir le moment où ils allaient les découper. Enfin … Il y avait tout un tas de cailloux dont les siens. C’était ainsi que les tours étaient construites. En apparence extérieure, elle semblait être simplement faite de bois mais à l’intérieur, de nombreuses armatures étaient constituées de fer. Enfin, les escaliers avaient une base en pierre tandis que l’extérieur était composé de bois. Bref … Malgré les apparences, elle n’était pas faite uniquement de bois et tout cela simplement pour un souci de solidité.

« Bon … Ben … Je crois que je vais partir alors. »

Il se parlait à lui-même, extirpant son objet de travail du sol alors qu’il quittait le lieu. Bon … Il se trouvait à peine au beau milieu de l’après-midi. Qu’est-ce qu’il allait pouvoir faire ? Retourner à la maison ? Et faire quoi ? Est-ce qu’il allait lui rendre visite ? Il ne pouvait pas l’embêter tant que ça dans le fond. Elle était quand même occupée. Bon … Et bien … Visiblement … Il n’avait pas vraiment le choix.

« T’es venue me chercher mon amour ?! » s’écria une voix sur la gauche.

… … … … … Il n’avait même pas remarqué où il s’était dirigé. Une école … élémentaire bien entendu. Toute faite de bois elle aussi, elle était des plus imposantes car elle comportait plusieurs niveaux d’études. Mais bon … Là … le plus important … était le fait qu’il s’était rendu ici sans même le remarquer. Et surtout … Il voyait une jeune fille qui fonçait directement vers lui. Il devait se préparer à l’éviter.

« Non, non et non ! Tu ne t’échapperas pas cette fois ! »

Hein ? Sa foreuse vola sur le côté alors qu’il se retrouvait plaqué avec violence sur le sol. Il poussa même un cri de surprise, sans qu’il ne puisse bouger. Immo … bilisé. Il prit une profonde respiration, murmurant doucement :

« Herakié … Tu m’as fait mal. Très mal même. »

« C’était la seule façon que j’avais de faire pour que tu me regardes ! Te plains pas trop non plus ! J’ai été drôlement gentille, je trouve ! »

« Gentille n’est pas le mot que j’utiliserai … pour te définir. Tu as terminé les cours visiblement ? Tu ne veux pas rentrer avec tes copines ! »

« HAHAHAHA ! Arrêtes de plaisanter ! Tu sais bien que tu passes après elles ! » s’écria la jeune fille avant de lui donner un coup de poing dans le ventre, le faisant pouffer de douleur.

Ca faisait mal, bon sang ! La jeune fille se releva de lui, Earnos se redressant à son tour en se massant le ventre. Elle ne connaissait pas sa force. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’elle n’était pas mignonne, loin de là même. Âgée d’une année de moins que lui,, elle était munie d’un simple short bleu allant de pair avec son haut. Néanmoins, deux bracelets bleus foncés étaient présents, des pics en sortant alors qu’elle avait un ruban bleu … Bleu … Bleu … Bleu … Elle était toute habillée de bleu mais avait aussi des longs cheveux bleus, des yeux bleus … Et lui venait de s’en prendre un en plein dans le ventre, il était sûr.

« Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? Tu veux me dire que je suis jolie ? »

« … … … … … Sans façon. »

« HEY ! Tu pourrais quand même être plus sympa ! Tu me raccompagnes chez moi, dis dis ? Déjà que je t’ai pas vu depuis plus d’une semaine et demie ! Tu n’as pas arrêté de travailler sans même t’arrêter ! Moi, je ne pouvais pas venir te chercher chez toi car ta maman me disait que tu étais toujours très fatigué ! » marmonna Herakié alors qu’il soupirait.

Oui … Cela avait été un sacré mensonge … Mais c’était l’unique solution qu’il trouvait pour éviter que la jeune fille ne le colle trop. Mais bon … Ca ne servait à rien et comme d’habitude, il était toujours sincère dans ses paroles.

« Herakié … Je ne t’aime pas, tu le sais bien. »

« Allez, allez ! Ne dit pas ça ! Tu sais bien que tu m’aimes bien ! Sinon … Tu ne viendrais pas me chercher alors que tu rentres du travail hein ?! »

Il fut projeté en avant après un petit coup de main dans son dos, roulant pendant deux à trois secondes. Voilà … pourquoi il ne l’aimait pas. La jeune fille poussa un cri, légèrement apeurée alors qu’elle courait vers lui.

« Désolée, désolée ! Mais pourquoi est-ce que tu es aussi fragile ?! »

« Pourquoi est-ce que tu es aussi forte ? » rétorqua t-il en se redressant, gémissant de douleur alors qu’elle semblait un peu triste par le geste qu’elle avait fait.

« … … … Ce n’est pas de ma faute. Tu sais bien que ma Maman et mon Papa sont une Scarhino et un Scarabrute … C’est encore … ma faute en fait … » répondit la jeune fille, baissant la tête alors qu’il disait d’un air un peu confus :

« Hein ? Euh … Non … Ce n’est pas de ta faute. Ta maman est euh … Enfin, comment dire … Ce n’est pas important, enfin peut-être que si quand même … Mais non, ça, ce qui est arrivé à ta maman, ce n’est pas ta faute. »

« Ben … Elle est morte quand je suis née donc c’est de ma faute quand même. »

« Tu ne l’as pas voulu et tu n’étais qu’un bébé donc non, ce n’est pas de ta faute. » termina t-il d’un air assez sec.

Ca ne servait à rien de continuer cette discussion qu’il trouvait des plus ennuyantes. Il marcha sans regarder si Herakié le suivait bien que c’était visiblement le cas. Sa main gauche dans sa poche, sa main droite tenant sa foreuse, il observait les bâtiments autour de lui. Il ne voulait surtout pas perdre plus de temps maintenant.

« Dis ? Tu veux bien me prendre la main, Earnos ? »

« Pourquoi faire ? Tu es fatiguée ? » demanda t-il aussitôt alors qu’elle commençait :

« Non mais euh … Enfin … Si … J’ai beaucoup écrit et mon sac est assez lourd. »

Il s’arrêta, haussant un sourcil inquisiteur en la regardant. Elle se moquait de lui ou quoi ? Elle avait une force qui lui permettait de soulever cinq personnes comme elle et … Elle détournait un peu la tête de côté, la bretelle droite de son sac tombant comme pour inviter le jeune garçon à le prendre. … … … … … Il poussa un soupir.

« J’ai déjà ma main droite qui est occupée à tenir ma foreuse. Je peux prendre ton sac si tu le veux. » murmura le jeune garçon en tendant sa main gauche, la jeune fille lui mettant en un instant le sac sur le dos avant de prendre sa main gauche, rigolant :

« Ca, c’est parce que tu es vraiment gentil ! C’est pour te récompenser ! »

« Je n’ai pas besoin de récompen … Aie. » coupa t-il alors qu’il avait tenté de retirer sa main. Résultat ? Herakié la serra avec plus de force pour être sûr qu’il ne s’échappe pas.

« Tu disais quoi, Earnos ? Tu n’as pas terminé ta phrase, ce n’est pas bien du tout ! »

« Rien … Rien du tout. » grommela t-il, se disant intérieurement qu’il devait éviter à l’avenir de retourner devant l’école, c’était une question de survie !


Une bonne vingtaine de minutes s’écoulèrent alors qu’ils arrivaient finalement à l’endroit où il habitait. Oui … Il n’allait même pas la raccompagner puisqu’elle habitait plus loin. Il ne fallait pas exagérer non plus ! Enfin … Bon … Il entendait des petits rires devant lui, ses yeux rubis se posant sur une fille d’environ douze ans et aux cheveux rouges : sa grande sœur.

« Et bien … Je me demandais quand est-ce que tu allais t’y mettre, Earnos. » dit Cassina en rigolant assez fortement, un bouquet de fleurs entre les mains.

« Bonjour Cassina ! Earnos a porté mon sac aujourd’hui ! Comme j’étais fatigué, il a voulut de lui-même ! Et puis, il m’a pris aussi la main ! »

« Je vois … Je vois … Et bien, Earnos … Je ne pensais pas cela de toi. »

« C’est bon, Herakié. Je vais rentrer dans le magasin de fleurs maintenant que je suis arrivé. Tu n’as pas besoin de moi pour continuer la route. » répondit-il sur un ton neutre, posant sa foreuse sur le sol avant de retirer le sac de son dos. Il le tendit à la Scarhino qui fit une petite moue triste tout en récupérant ce qui lui appartenait. Elle retira la main d’Earnos de la sienne, remettant bien son sac sur son dos avant de l’embrasser subitement sur la joue droite.

« Merci beaucoup Earnos ! C’était très gentil de ta part ! Tu reviens me chercher à l’école quand tu veux ! » annonça la jeune fille aux cheveux bleus sur un ton enjoué avant de courir et de s’éloigner, Earnos murmurant avec lenteur :

« Elle n’était pas … fatiguée du tout. »

« Earnos … Earnos … Earnos … Sincèrement, je me demande si des fois, tu réagis plus lentement que la moyenne ou si alors, tu as du mal à savoir quand une personne joue avec toi. » soupira Cassina tandis que le jeune garçon aux cheveux blonds reprenait sa foreuse, pénétrant dans la boutique de fleurs, sa sœur l’accompagnant tout en reprenant : « Et bien … Sinon … Visiblement, ça avance bien avec la petite Scarhino. Elle est mignonne non ? »

« Elle fait très mal surtout. » répondit le jeune garçon en soulevant un peu son haut, laissant apparaître le bas de son ventre et l’endroit où Herakié avait frappé. Une petite marque rouge était visible, Cassina rigolant une nouvelle fois.

« C’est sa marque d’affection. Tu sais parfaitement que ta future fiancée ne te veut pas de mal. Je suis sûre que d’ici quelques années, elle deviendra une femme très ravissante. »

« Et qui terrorisera le garçon qu’elle aime. Le pauvre finira dans un lit, son corps brisé en mille morceaux. » annonça Earnos avec ironie une nouvelle fois.

« Je crois que je vais devoir prévenir Maman et le reste de la famille que l’on va avoir un handicapé à vie d’ici quelques années. »

« … … … Ce n’était pas drôle, Cassina. Si elle était moins brutale, elle … serait attachante, je crois. » reprit le jeune garçon, sa sœur ne pouvant s’empêcher de rire à ses paroles.

Le jeune garçon avait beaucoup de mal à exprimer ce qu’il ressentait alors que c’était l’inverse du côté de la petite Scarhino. Ne dit-on pas que les opposés s’attirent ? Et ce n’était pas le cas des deux enfants ?

Chapitre 3 : Les serviteurs royaux

Chapitre 3 : Les serviteurs royaux

« Pardonnez-nous mais pouvez-vous nous dire votre nom et pourquoi vous étiez avec la princesse Terria, s’il vous plaît ? » demanda aussitôt un Apitrini plus grand qu’Earnos, possédant des yeux émeraude et une tenue allant avec ces derniers. Il avait un ton plus inquiet qu’autre chose dans sa voix.

« Je m’appelle Earnos et je suis un foreur travaillant pour Forsak. J’ai eu la surprise de voir atterrir la princesse par le trou que j’avais créé pour un tunnel. » répondit l’Aspicot sans même se soucier d’être autant entouré.

« Vous avez sauvé la princesse ? Princesse Terria ! Pourquoi n’avez-vous pas utilisé vos ailes lorsque vous êtes tombée ? Sans ce jeune garçon, vous auriez pu vous faire très mal ! »

« Car je n’y ai pas pensé, c’est tout. Pas besoin de me crier dessus non plus hein. » répondit-elle avec nonchalance alors qu’elle détournait le regard. Earnos avait déjà sa foreuse en main, l’activant sans rien dire tandis qu’elle reprenait : « Mais ! Tu ne vas pas recommencer à travailler quand même ?! »

« Princesse Terria, le roi et la reine vous ont déjà demandé de ne pas importuner tout le monde. Vos petits voyages sans surveillance causent beaucoup de troubles à vos serviteurs. »

« Oui mais … Maman est trop occupée ces derniers jours ! Je ne peux pas me promener avec elle comme auparavant ! » répondit-elle en faisant une moue boudeuse et triste, Earnos se dirigeant vers un nouveau rocher. « Tu ne me dis même pas au revoir ?! T’es vraiment un sujet des plus vulgaires, Earnos ! »

« Princesse ! Ne parlez pas comme ça ! Ce jeune garçon vous a sauvé la vie ! Et vous, vous l’insultez ! Visiblement, cet Aspicot était en plein travail, il est normal qu’il retourne … »

« Creuser des tunnels, c’est ce que je dois faire, oui. » coupa le jeune garçon aux cheveux blonds, une main posée sur ses lunettes. Il parlait avec une certaine neutralité, ses yeux rubis se dirigeant vers la jeune fille. « Pardonnez mes paroles. Je devais simplement recommencer à creuser des tunnels … La construction de la nouvelle tour va être bientôt préparée et il va alors falloir que je creuse des galeries pour que toute la roche s’effondre. Ensuite, il faudra alors transporter toute la pierre pour qu’il n’y ait plus qu’un terrain vague. Enfin, les autres personnes iront prendre du bois, les pierres brisées et aussi du fer … Et ils iront bâtir une nouvelle tour. C’est moi avec d’autres Aspicots qui iront forer pour faire des trous. »

« … … … … … »

Elle ne répondit pas, se donnant une claque sur le front. Elle venait d’avoir une forte migraine rien qu’à l’écouter. Les enfants autour d’elle semblaient aussi estomaqués qu’elle alors qu’Earnos observait à gauche et à droite.

Il semblait avoir dit quelque chose de mauvais ou quoi ? Pourtant, tous les regards étaient tournés vers lui comme si il venait de commettre une aberration. M’enfin … Ce n’était pas comme si c’était la première fois que ça lui arrivait aussi.

« Je crois qu’en fait, c’était mieux que je rentre, oui. Au revoir, Earnos ! » répondit la jeune fille en le saluant d’un geste de la main, s’éloignant avec la majeure partie des Apitrinis. Néanmoins, un seul garçon, âgé de neuf voir dix ans, resta en place, se mettant à suivre Earnos. L’Aspicot s’était déjà approché d’une nouvelle pierre des plus imposantes, l’Apitrini l’observant longuement faire, Earnos traçant une croix. Le jeune garçon aux cheveux blonds se tourna vers lui. Encore quelqu’un de plus grand que lui … Mais bon … Il n’était pas pour autant plus imposant qu’un autre Apitrini, il avait juste des yeux rubis comme les siens et une tenue qui allait de pair avec eux.

« Recules si tu ne veux pas avoir de projections. » annonça Earnos sans émotions.

« Il faut que je reste ici pour savoir ce qui s’est passé exactement avec la princesse Terria. J’ai besoin de savoir le maximum d’informations car il faut que je prévienne les autres Apitrinis. »

« Je creusais un tunnel et j’ai sauté dans le trou. Lorsque j’ai remarqué que ce n’était pas le bon endroit, elle est tombée dans mes bras en poussant un cri. Et puis … » commença le jeune garçon avant de s’arrêter, bougeant la tête sur la droite pour esquiver un morceau de pierre projeté par sa foreuse.

« … … … D’accord … … … Et après ça ? » demanda l’Apitrini, remarquant que le jeune garçon était des plus singuliers, Earnos s’arrêtant de forer.

« Nous sommes montés dans la tour joignant les deux strates. Elle m’a dit qu’elle était poursuivie mais je ne savais pas par qui. Ca lui prend souvent ? »

Hum ? Le jeune garçon aux cheveux blonds avait planté sa foreuse dans le sol, regardant longuement l’Apitrini en face de lui. Il venait de poser une question au sujet de la princesse ? Il était impressionné plus par le fait qu’il l’interroge que par le sujet de la question. Il arrêtait de parler de creuser des tunnels ? Pourtant, à force de l’entendre, il avait vraiment cru que …

« Je ne pensais pas que la princesse deviendrait comme ça. Elle était assez timide avant … » reprit le jeune Aspicot, relevant ses lunettes rouges de ses yeux, gardant une certaine neutralité dans ses paroles.

« Vous connaissez la princesse depuis combien de temps ? » questionna le garçon aux habits rouges, légèrement surpris par les paroles d’Earnos.

« Depuis que je suis né … Ben oui … Qui ne connaît pas la princesse au fait ? »

« Il est vrai … Je me suis mal exprimé … Cela est de ma faute, je le reconnais. » répondit l’Apitrini en hochant la tête pour s’excuser.

« Non, ce n’est rien du tout. Pourquoi est-ce que tu es resté ici au passage ? »

« Hein ? Mais parce qu’il me faut savoir qui la princesse a rencontré … C’est ainsi que ça se passe pour nous les Apitrinis. Nous veillons à sa sécurité. »

« Je ne fais que creuser des tunnels … Rien de plus réellement. »

« C’est-ce que j’ai cru voir … Enfin bon … Visiblement, il n’y a pas à s’inquiéter pour la princesse si elle n’a rencontré que toi. »

« Sûrement … Je ne sais pas du tout. » dit Earnos, ressortant sa foreuse comme pour se préparer à creuser une nouvelle fois L’Apitrini poussa un profond soupir en le regardant, se demandant si c’était vraiment ce qu’il voyait …

« Tu ne fais que ça de toutes tes journées ? Ca doit être vraiment ennuyeux. »

« Ca m’occupe … Et toi … Avec les autres Apitrinis, vous ne faites que surveiller la princesse, non ? Ca doit être vraiment ennuyeux. » répondit-il d’une façon légèrement ironique bien que cela ne semblait pas volontaire de la part du jeune garçon aux cheveux blonds.

« Il en est de notre devoir de la protéger. C’est pour cela que nous sommes les serviteurs royaux … Ceux de la reine et de la princesse en particulier. »

« Je vois … Je vois … C’est mon devoir de creuser des tunnels. »

« … … … … … D’accord, si tu le dis. Enfin, la prochaine fois que la princesse revient par ici car tu n’as pas l’air d’être franchement le plus intelligent des insectes, tu peux l’emmener vers le palais ? Et surtout ne pas croire à tout ce qu’elle dit ? »

« Tu viens de m’insulter, n’est-ce pas ? Enfin bon … Je ne vais pas me disputer pour aussi peu. Les bagarres sont vraiment inutiles de toute façon. » annonça Earnos sans plus s’intéresser que cela aux paroles de l’Apitrini. Il le savait parfaitement qu’il ne lui avait pas demandé son nom mais dans le fond … Est-ce que ça avait une importance ? Il y avait peu de chances qu’il le revoit lorsqu’il s’éloignerait de cet endroit.

« Oups … Pardon, ce n’était pas vraiment ce que je voulais dire. Je voulais simplement insinuer que la princesse manipule facilement les personnes autour d’elle. C’est pourquoi il serait normal que tu te fasses avoir. Mais la prochaine fois, fais vraiment attention hein ? »

« Est-ce normal de parler de la princesse de la sorte et dans son dos ? »

« Hein ? Mais non ! Attention, ce n’est pas un reproche mais un constat. Elle est toujours comme ça … Parce que la reine n’est pas toujours là pour elle. Elle est vraiment très accrochée à celle-ci … Enfin, je n’ai pas à vous dire tout ce qui se passe dans le palais royal. » murmura l’Apitrini sur un ton légèrement gêné. C’était pas un véritable secret mais bon, ça ne concernait pas non plus un jeune Aspicot.

« Bien entendu … C’est tout à fait normal. Par contre, c’est bon ? Tu sais que je ne suis pas dangereux pour la princesse maintenant ? »

« Bien entendu … Je pourrai le signaler aux autres Apitrinis avec certitude. Elle ne risque rien si elle revient par ici. Ce n’est pas comme si tu allais tenter de la kidnapper. » annonça l’Apitrini alors qu’Earnos haussait les épaules,

« Je n’ai pas que ça à faire et de toute façon, je ne le ferais pas après ce qui s’est passé il y a quelques années. Bon … Par contre, ce n’est pas que c’est ennuyeux mais si je ne creuse pas de tunnel, je risque de ne me faire crier dessus par monsieur Forsak. »

« Tunnel, tunnel, creuser, creuser … Tu n’as que ces mots à la bouche ! »

« Princesse, protéger, princesse, protéger. C’est la même chose pour toi. Nos personnes sont destinées à faire ce qu’elles doivent faire. On ne peut pas changer nos voies. La mienne est de creuser des tunnels. »

… … … … … A part la dernière phrase, le reste … semblait bien plus profond qu’il ne l’aurait cru entendre de la part du jeune garçon. Il avait quel âge d’après ce qu’il voyait ? Huit ans ? Et ce n’était qu’un simple Aspicot ? Comme quoi, il valait mieux ne pas juger un livre à sa couverture. Mais quand même … Sortir une phrase comme ça, c’était soit préparé à l’avance, soit alors appris par … quelqu’un.

« Est-ce que tu vas à l’école ? »

« Pourquoi est-ce que tu veux savoir ça ? Je ne vais pas à l’école puisque je travaille ici. Cela se voit pourtant non ? » répliqua Earnos en haussant les épaules, l’Apitrini respirant fortement comme un peu outré par le comportement de l’Aspicot.

« Je pense que je vais partir. Je n’ai plus rien à faire en ce lieu. »

« Soit … Bonne route, fais attention aux éclats de pierre. »

Oui, oui, c’est ça, c’est ça. Il fit un simple geste de la main pour le saluer avant de recommencer son travail. Son travail … Toujours son travail … Rien que son travail … Ce garçon n’avait que ça en tête ou quoi ?! C’était affreux … De se dire qu’il existait de telles personnes … sans une identité réelle … Comme des pantins … ou des marionnettes.

« Il faudrait peut-être que j’en parles un peu aux autres Apitrinis et aux personnes autour. C’est plus triste qu’autre chose … Ou alors, c’est tout simplement un cas précis. »

Ce qui n’était guère mieux car la reine elle-même irait se déplacer si c’était le cas. Elle n’aimait pas qu’un groupe ou une personne souffre … Alors si elle apprenait au sujet de ce jeune garçon. Enfin … Il allait en discuter avec les autres Apitrinis.

« Ils sont partis … C’est maintenant complètement vide. » murmura t-il dans le silence … Ce n’était pas souvent qu’il était distrait par quelque chose pendant son travail.
Il ne savait pas combien de temps s’était-il écoulé depuis l’apparition de la princesse mais c’était toujours du temps perdu. Allez … Il devait retourner à creuser d’autres tunnels. Ca ne se faisait pas tout seul.

Chapitre 2 : Une princesse volontaire

Chapitre 2 : Une princesse volontaire

« Où est-ce que tu m’emmènes ? Et puis, c’est quoi ton nom ? »

« Je m’appelle Earnos, princesse Terria. Suivez-moi si vous êtes poursuivie. » répondit-il sans cesser de courir. Néanmoins, il avait un gros problème, il ne savait pas du tout où il se trouvait. Pas du tout même … Il ne connaissait pas … Ah peut-être que si en fait ? Il regarda à droite et à gauche. Ils devaient se rendre dans la ville qu’il avait vue en atterrissant !

Earnos … Earnos … Earnos … Elle ne connaissait pas ce nom mais il était quand même un peu familier à ses oreilles. C’était bizarre, très bizarre … Mais peut-être qu’elle fabulait et qu’elle rêvait ? Oui, c’était sûrement ça. Il n’était pas possible pour elle de connaître un enfant Aspicot … même si il s’était montré assez galant au niveau de l’atterrissage, elle le reconnaissait parfaitement.

Voilà ! C’était parfait ! Enfin, ça dépendait du point de vue. Ils étaient arrivés au beau milieu de la ville. Une ville bien triste et vide d’après ce que l’on pouvait voir. Oh que oui … Il n’y avait pas âme qui vive ou presque. Les rares commerçants ouvraient leurs boutiques mais il n’y avait pas un Chenipan dans les rues. Tout le monde n’était pas aussi matinal que … Hey … Au passage … Comment se faisait-il que la princesse soit déjà debout ?

« Dites-moi … Pourquoi êtes-vous debout ? »

« Hein … Euh et bien … C’est juste … que je suis très matinale ! »

Elle n’allait quand même pas dire à cet Aspicot qu’elle préférait se lever aux aurores tout simplement pour ne pas … avoir de problèmes hein ? Par contre, ce nom … Ce nom … Elle ne savait pas pourquoi mais il était toujours ancré dans sa mémoire ! HI ! Il venait de reprendre sa main, lui demandant de le suivre alors qu’elle hochait tout simplement la tête.

« Tu en as du courage et de l’arrogance, tu le sais, Earnos ? »

« Pourquoi cela, princesse Terria ? Qu’est-ce qui vous pousse à me dire ceci ? »

« Et bien, tu es en train de tenir une main royale, là ! »

… … … Ah. Oui. Elle avait entièrement raison. Il retira sa main sans rougir, ne semblant même pas s’excuser pour sa conduite avant de regarder derrière eux. Au passage … Ils étaient poursuivis par quoi ou qui ? Car c’était bien de s’enfuir … mais de quoi ?

« Euh … Princesse Terria, une petite question si ça ne vous dérange pas. »

« Si tu t’excuses pour ton geste d’avant, je veux … »

« Je m’excuse de vous avoir pris la main mais sinon … Qu’est-ce qui vous recherche ou tente de vous kidnapper ? Car je ne sais même pas ce que c’est, moi … Vous me tombez dessus alors que j’étais en train de creuser un tunnel. »

« Euh … Je ne sais pas qui me poursuit mais oui, si tu ne m’aides pas, je vais être kidnappée ! La princesse ne peut pas être kidnappée ! »

« Non … C’est vrai … Mais bon … Je ne sais pas du tout quoi faire. Il va falloir que nous remontions à la strate supérieure. Là-bas, nous serons plus en sécurité et je connais mieux l’endroit. Vous m’accompagniez ? »

« Quand tu dis plus en sécurité, tu veux parler de quoi ? Il ne faut pas que les autres sachent que je suis là hein ? C’est un secret entre toi et moi ! »

« Et comment je suis sensé vous protéger tout seul ?! Je ne sais même pas qui vous poursuit. »

« Tu es intelligent non ? » demanda t-elle tandis qu’il hochait la tête d’un air négatif.

« Je ne suis pas intelligent. Je ne vais pas à l’école car les revenus de ma famille sont faibles. Alors non … Je ne suis pas intelligent. »

« Tu n’es pas du genre à te vanter hein ? Mais ne t’en fais pas, il suffit juste que tu nous emmènes dans un autre tunnel et je suis sûr qu’ils ne nous trouveront jamais ! »

Hum ? Ce n’était pas une mauvaise idée du tout. Il hocha la tête d’un air positif alors qu’il savait maintenant où se diriger. Dans chaque ville ou village, il y avait toujours un endroit … des plus spéciaux. Il s’agissait tout simplement d’escaliers en colimaçon dans une belle tour faite de bois et de pierre. C’était ainsi qu’ils pouvaient passer d’une strate à une autre … Mais alors pourquoi créer autant de tunnels ? Et bien, les roches n’étaient pas aussi fragiles qu’on pouvait le penser et créer des trous dans les sols ou plafonds selon le point de vue, ce n’était pas simple. C’était son travail !

« On va devoir monter à la strate supérieure … mais peut-être qu’ils nous attendent en haut ?! Tu ne va quand même pas me ramener à eux hein ?! » s’écria la jeune fille aux cheveux blonds alors qu’il haussait les épaules, répondant simplement :

« Vous m’avez dit que vous étiez poursuivie alors je vous sauve. »

… … … Elle lui faisait confiance. Elle n’avait pas le choix de toute façon ! Ils pénétrèrent à l’intérieur d’une tour de plus d’une cinquantaine de mètres de hauteur et là … Une question lui arrivait en tête. Si elle était tombée du trou, elle se serait brisé les os et puis, elle serait sûrement morte. Alors comment est-ce que le jeune garçon avait réussi à …

« Dis … Tu as fait comment pour atterrir à partir du trou creusé ? »

« Hein ? Ben … J’ai sauté comme vous, princesse Terria. Je ne vois pas le problème. »

« Tu as sauté ?! Et tu ne t’es pas fait mal ?! » s’écria t-elle avec surprise alors que le jeune garçon s’arrêtait de monter les escaliers.

« Nous devrions nous dépêcher … Dans cet endroit, nous pourrions être facilement bloqués. Je pense que mon père et mon chef doivent être inquiets. Enfin non … Ils savent que je creuse un tunnel. Dès que nous serons remontés, vous allez me suivre pendant que je creuserai les autres tunnels. Si vous m’accompagnez et restez avec moi, vous serez en sécurité. »

« Alors … Euh … Je n’aime pas vraiment les grottes car ça me pique les yeux. »

Il haussa un sourcil aux paroles de la jeune fille, faisant un sourire discret qu’elle ne comprit pas. Il savait sourire ? C’était la première fois depuis qu’ils discutaient qu’elle le voyait avec un sourire aux lèvres. Finalement, après quelques minutes de marche, elle vint s’asseoir sur les escaliers, essoufflée en disant :

« C’est trop … haut … beaucoup trop … »

« Vous êtes fatiguée ? Grimpez sur mon dos. » annonça t-il alors qu’elle rougissait un peu, se redressant aussitôt en s’écriant :

« Même pas en rêve ! Une princesse ne doit pas être prise de la sorte ! Et puis, je ne suis pas épuisée ! Je vais arriver tout en haut ! »

NA ! C’était quoi ça hein ?! Pour qui est-ce qu’il se prenait ?! Elle n’était pas comme ça ! Pas du tout même ! Elle ne savait pas comment il la jugeait mais ce n’était pas … Ce qu’il pensait ! Ils continuèrent de marcher, la jeune fille ne se plaignant plus du tout jusqu’à arriver au sommet de la tour, une porte s’y trouvant. Il l’ouvrit, laissant place alors à une vaste étendue d’herbe et de pierre. Il était possible de voir au loin de nombreux rochers de taille plus qu’imposante alors qu’il prenait la parole :

« Nous voilà arrivés dans la strate où j’habite. Je retourne forer des pierres. »

« HEY ! Mais je croyais que tu allais m’aider ?! Tu m’as menti alors ! »

« Non … J’ai dit que vous alliez m’accompagner, non ? Alors allons-y. »

Elle ne savait pas du tout quoi penser avec le jeune garçon. C’était quoi le plus important à ses yeux ? Son travail ou elle ? Elle fit une petite moue boudeuse, croisant les bras en l’accompagnant. Le jeune garçon se plaça près d’un rocher qui devient faire une vingtaine de mètres pour environ autant de longueur.

« Et tu vas faire quoi avec tout ça ? »

« Regardez, princesse Terria … Il faut d’abord tapoter contre la pierre. »

Tapoter contre la pierre ? Le jeune garçon collait son oreille contre celle-ci, donnant quelques coups de poing contre la roche. Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? Après une bonne minute, il s’arrêta finalement, prenant la foreuse qu’il avait mise dans son dos pendant le voyage. Son bras droit se distordit tandis qu’il créait une croix avec sa foreuse.

« Tu fais quoi avec tout ça ? » demanda t-elle une nouvelle fois sans comprendre.

« Je prépare l’ouverture de la nouvelle grotte. Veuillez reculer de plusieurs mètres. »

Reculer de plusieurs mètres ? D’accord … Elle l’écoutait car il semblait savoir ce qu’il faisait. Il tint sa foreuse à deux mains, ses bras semblant se tordre avant qu’ils ne viennent faire tourner la foreuse à toute vitesse. La foreuse percuta la pierre, de nombreux morceaux étant projetés autour du jeune garçon et derrière lui. HEY ! C’était dangereux ça ! Elle évita avec une certaine aisance les morceaux de pierre tout en criant :

« Fais attention quand même ! Tu vas me faire mal ! »

« Pardonnez-moi, princesse. Voilà … Regardez donc. »

Il désigna le trou qu’il avait crée au bout d’une dizaine de minutes. Il était peut-être profond d’environ cinq mètres mais sinon, au niveau de la hauteur, il devait faire trois à quatre mètres et pareil au niveau de la largeur.

« Bon … Maintenant, il faut que je vérifie que tout ne s’écroule pas. »

Il pénétra à l’intérieur de la minuscule grotte, la jeune fille ouvrant la bouche comme pour crier. Mais il était fou ou quoi ?! Si tout lui tombait dessus, il était fini ! Elle pénétra à l’intérieur de la grotte, arrêtant de croiser les bras alors que le jeune garçon forait un petit peu à droite et à gauche, semblant ne même plus se préoccuper d’elle.

« Je suis toujours là. » marmonna t-elle tandis qu’il se tournait vers Terria.

« Je le vois bien, princesse Terria. Je vais creuser plus profondément, veuillez quitter la grotte. Comme ça, vous serez cachée plus en sécurité. Ainsi, vous ne … »

« Je veux essayer cette foreuse. »

« Hein ? Quoi ? » demanda t-il, surpris par la demande de la princesse.

« J’ai dit que j’allais essayer ! » répondit la jeune fille aux cheveux blonds avant de prendre la foreuse des mains d’Earnos, tordant elle-même ses deux bras. Quelques secondes plus tard, elle était déjà en train de creuser, le jeune garçon l’observant faire. Puis subitement, au bout d’une dizaine de minutes, il la tira en arrière, la jeune fille poussant un cri de surprise alors qu’il la forçait à quitter la grotte.

« Mais qu’est-ce que tu fais ? Et pourquoi est-ce que tu me tu me tires comme ça ?! »

« … … … Ca va s’écrouler car tu creusais n’importe comment. »

HEIN ? MÊME PAS … Il la prit contre lui alors que tout le rocher semblait s’effondrer sur lui-même. … … … Elle baissa la tête, jetant la foreuse au sol avant de faire une nouvelle mine boudeuse. Earnos récupéra l’objet tout en disant :

« On ne se déclare pas Aspicot foreuse quand on le décide. »

« Je suis sûre que je peux l’être si je le veux ! C’est juste que j’ai fait une petite erreur. »

« PRINCESSE TERRIA ! PRINCESSE TERRIA ! »

GLOUPS ! Elle se tendit aussitôt, reconnaissant parfaitement la voix qu’elle venait d’entendre. Le jeune garçon et la jeune fille se retournèrent ensembles, cinq enfants âgés d’environ sept à dix ans courant vers eux. Ils avaient tous la particularité d’avoir des petites ailes dans le dos, la princesse aussi les possédant bien que visiblement, elle n’avait pas pensé un instant à les utiliser lors de la chute. Certains avaient des yeux verts, d’autres bleus, d’autres rouges. Et les habits allaient de pair avec leurs yeux bien qu’ils étaient tous assez simples. L’un des enfants vint dire en récupérant son souffle :

« Enfin … Enfin … Nous vous cherchions depuis plusieurs heures ! Vous ne devez pas quitter le palais sans nous ! Vous le savez très bien ! »

« Les kidnappeurs, n’est-ce pas ? » marmonna Earnos alors qu’elle rougissait aussitôt d’avoir été prise en flagrant délit de mensonge. Elle balbutia :

« Ils sont un peu collants donc bon … Enfin … Ce sont des Apitrinis. Ils sont toujours là avec moi ! Ils ne sont pas méchants mais … »

« Vous m’avez menti, princesse. » reprit-il tandis qu’elle ne lui répondait pas.


Roh … Ce n’était qu’un petit mensonge de rien du tout ! Rien de bien grave ! Hey ! Il n’allait quand même pas la regarder de cet air là ! Bon, elle s’en voulait un petit peu quand même.

Chapitre 1 : Un atterrissage en douceur

Première partie : Rencontres sur rencontres

Chapitre 1 : Un atterrissage en douceur

« Allez Earnos, c’est l’heure de se… »

« Je suis déjà debout, Papa ! » s’écria un jeune garçon âgé de huit ans. Celui-ci était déjà sorti de la chambre alors que le soleil ne s’était même pas encore levé. Visiblement, il était tôt, très tôt même … Le jeune garçon vint embrasser sur la joue sa mère, une femme des plus élégantes et belles aux cheveux rouges assez courts et à la magnifique robe.

« Bonjour Earnos … Je ne comprendrai jamais comment un enfant de ton âge peut être aussi débordant d’énergie à quatre heures du matin. »

« C’est parce que je suis comme ça ! Allez, je m’en … Ah ! Bonjour Cassina ! Bonjour Passy ! Déjà debout ?! » demanda le jeune garçon en s’adressant à deux adolescentes. L’une n’avait que douze ans mais elle avait une féminité qui rivalisait avec celle de sa sœur Passy âgée de seize ans. Celle-ci avait des cheveux rouges comme sa mère bien qu’ils lui aillent jusqu’au dos tandis que Cassina avait des cheveux blonds un peu en bataille.

« On va dire … qu’on a été réveillées par une personne un peu turbulente et agitée. De toute façon, nous devions nous lever assez tôt alors bon … Ce n’est pas plus grave que cela … Tu n’as pas à t’en faire de nous avoir réveillées, Earnos. » souffla Cassina en bâillant.

« Ah ? C’était moi la personne dont tu parlais ? » questionna l’Aspicot alors qu’il fit un petit sourire amusé, Passy lui donnant une petite tape sur le sommet du crâne. On ne devait pas se moquer de ses sœurs aînées ! Le jeune garçon cria légèrement de douleur avant de tirer la langue, reprenant la parole en s’adressant à son père :

« Bon ! Papa ! J’y vais d’abord ! Si je vois le chef Forsak, je lui dis que tu es sur la route mais que je voulais me dépêcher ! »

« Non mais attends moi un peu … Ah … Il est déjà parti. » souffla avec lenteur le Dardargnan alors que sa femme lui faisait un petit sourire :

« Il est excité … comme tous les jours … Je me demande sur quoi il est monté … Ca m’étonne quand même de sa part … Mais bon … A force, on s’y habituera, n’est-ce pas, mon amour ? »

« J’espère … Bon … Je ne vais pas tarder non plus. Il ne manquerait plus que Forsak m’enguirlande parce que je suis celui qui arrive en retard après son fils de huit ans. Passez une bonne journée dans la boutique de fleur, je vous revois ce soir les filles. »

« Hum … Il a oublié son petit déjeuner … Tu voudras bien le lui donner ? » annonça la femme aux cheveux rouges alors qu’il hochait la tête, l’embrassant tendrement en récupérant deux petits sacs de toile.

Bon … Où est-ce que son fils était passé ? Il ne le voyait pas donc il pouvait en déduire qu’il avait sûrement couru. Ah … Non mais vraiment … Des fois … Il se demandait pourquoi ce petit garçon était aussi vif. Il n’avait jamais su la raison qui le poussait à réagir aussi … follement. Enfin … Pas follement mais plutôt intensément à chaque seconde.

« … … Earnos … … Bon sang … Chef Forsak ? Où est-ce qu’il est parti ? »

« Tu parles de ton fils ? Et je vois que t’es encore arrivé après lui … Bon sang … Vous êtes les premiers à arriver au matin mais faut-il vraiment que le premier ouvrier sur le chantier soit un enfant de huit ans ? Je me dis que tout le monde devrait être honteux sur ce coup là. »

« … … Vous ne pouvez pas savoir à quel point je le suis. Je vais aller lui donner son repas. »

« Fais gaffe quand même … Il est encore en train de creuser dans son coin. Normalement, il devrait bientôt arriver à la strate inférieure. »

La strate inférieure ? Oh bon sang ! C’était quand même une chose très rare … Mais loin d’être impossible … Car le royaume des insectes n’était pas une simple ligne droite sur laquelle toutes les cités étaient installées. Non, cela était bien plus compliqué ! Il y avait plusieurs étages et donc l’endroit où ils creusaient actuellement, il y avait une cité sous leurs pieds, à environ une vingtaine de mètres de profondeur.

« HEY ! Earnos ! Fiston ! Tu m’entends ?! Bon sang … Je suis sûr qu’il a encore mis de quoi se boucher les oreilles ! »

Et c’était exactement ça. Le jeune garçon était en train de forer frénétiquement, ses lunettes rouges sur ses deux yeux alors que des éclats de pierre venaient frapper ses joues et son corps sans que cela ne l’affecte plus qu’autre chose. Il sursauta en sentant une main sur son épaule, s’arrêtant aussitôt avant de se retourner.

« Qu’est-ce que … Papa ?! Qu’est-ce qui se passe ?! »

« Je ne vais pas t’embêter plus longtemps … Travaille bien fiston. »

« Je vais faire de mon mieux comme chaque jour, Papa ! »

« Ca, tu vois, je n’en doute pas un instant, Earnos. »

Et voilà … Le Dardargnan quittait le tunnel que le jeune garçon était en train de créer, une ombre semblant se faufiler entre les matériaux et les nombreuses installations de la zone de travail. L’ombre semblait assez petite mais surtout des plus discrètes, comme si elle avait fait ce genre de chose depuis des années.

« Bon … Maintenant que Papa m’a dérangé, j’en étais où… AH ! »

Il fora un petit coup comme pour créer un X dans la roche, signe de l’endroit où il devait continuer son chemin. C’était la plus facile des choses à faire.

« Bon … Maintenant … On va terminer ça avant de manger tranquillement. »

Il remit ses lunettes rouges sur les yeux alors que déjà, ses deux bras se distordaient, le préparant à creuser comme un fou. Enfin … Un fou … C’était une façon de parler. Il dirait plutôt qu’il était zélé, très zélé ! C’était un mot un peu savant pour un enfant de huit ans mais il le connaissait ! Et oui ! Il n’était pas stupide comme garçon !

… … … Wow … C’était de plus en plus dur de creuser mais il sentait qu’il se rapprochait du « bord » du tunnel ! Bon ! Il allait forcer le tout ! Il poussa un petit cri de rage, pressant de toutes ses forces contre la paroi de pierre sous ses pieds, celle-ci se fissurant peu à peu alors qu’il reculait aussitôt. Quelques secondes plus tard, un trou s’était formé, un peu de lumière en sortant …. C’était bête … Mais cela ne l’étonnait pas de voir de la lumière à partir du sol, c’était loin d’être une chose surprenante.

« Bon … Il va falloir que je prévienne le chef … après avoir visité la strate inférieure ! »

Il poussa un petit soupir, installant sa foreuse sur le sommet de son crâne. Il n’avait aucune difficulté à ce qu’elle reste sur sa tête, celle-ci n’étant pas penchée en avant malgré le poids de la chose. Il se rapprocha du bord, observant à travers le trou.

« Personne visiblement … Je suis tombé dans un coin paumé de la ville au-dessous ? »


Il ne savait pas combien d’heures il avait passées dessus mais au moins, il ne devait pas être plus tard que sept voir grand maximum huit heures du matin ! Donc ça l’étonnait quand même. Les insectes étaient matinaux, quelle que soit l’espèce dont ils étaient issus.

« Je n’ai plus qu’à me laisser tomber … Je suis moyennement motivé mais bon … »

C’était ainsi et il n’avait pas vraiment le choix. Il prit une profonde respiration, se jetant tout simplement dans le trou. L’atterrissage fut des plus douloureux mais il ne poussa même pas un petit cri de douleur, se relevant tout simplement.

« Oui mais non … Visiblement, je me suis trompé d’endroit … Est-ce que mes calculs étaient faux ? » se demanda t-il en regardant tout autour de lui.

Il était en-dehors d’une ville. Non … Il était même à bien cent mètres de celle-ci. Qu’est-ce qu’il avait put faire pour se tromper aussi lourdement ? Ca ne lui ressemblait pas du tout.

« Bon et maintenant … Je suis sensé faire quoi ? Il n’y a pas de quoi remonter à la strate supérieure visiblement … Et zut … Le chef ne va pas être content du tout. »

Ce n’était pas normal qu’il se trompe. Il recommença à regarder autour de lui. Il y avait peut-être un indice … quelque chose qui lui disait qu’il avait bien creusé ? Ou alors … Hum … Il devait se rappeler de la grotte dans laquelle il avait creusée.

« Non … Normalement, tout est bon … C’est quand même bizarre … D’après ce que le chef m’a dit … J’ai creusé au bon endroit … Peut-être que c’est parce que la ville va s’agrandir ? »

C’était sûrement ça oui … C’était même là l’unique explication qu’il avait en tête ! Puisque les villes n’étaient jamais faites pour être réellement « immobiles », alors elles allaient s’expander … Enfin … Non … C’était pas le mot qui était bon, il était sûr qu’il pensait d’une façon bête … C’était quoi alors le mot utilisé ?

« HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ! Attention à celui ou celle qui est en bas ! »

Hein ?! C’était quoi cette voix ?! Il eut à peine le temps de relever la tête vers le trou qu’il avait creusé dans le plafond qu’il remarqua une robe jaune et noire … qui en tombait ?! Il aurait bien aimé bouger sur le coup mais … Il n’y arrivait pas … Il ne pouvait que la réceptionner. Il jeta sa foreuse sur le sol, tendant ses deux mains en avant pour accueillir une fille âgée d’environ huit ans.

« Wow … C’est la première fois qu’on me prend comme ça ! »

Hein ?! Il n’avait même pas pris la parole qu’il reconnaissait déjà la jeune fille en face de lui. Ses cheveux blonds assez courts, une robe bouffante jaune et noire avec des rayures … Mais surtout … Deux yeux rouges … allant de pair avec … le rubis incrusté dans son front. Un rubis assez … petit encore mais plus que beau.

« Tu ne sais pas parler ? Tu es mu … AIE ! »

Il venait de la lâcher à cause de la surprise mais elle avait quand même bien changé en trois ans … Sauf que visiblement, elle ne se rappelait pas de lui. Lui-même avait eu un peu de mal, il devait le reconnaître mais bon …

« Par contre, là, c’était moins gentil de ta part. Ouille. »

Elle se releva, s’époussetant alors qu’il continuait de l’observer avec un peu d’étonnement. Qu’est-ce que la princesse du royaume faisait ici ?! Il avait l’impression qu’elle était apparue au moment où il s’y attendait le moins. Depuis trois années … Il pensait à chaque fois revoir la reine et sa fille … Mais là … Sur le coup, pour cette journée, il ne s’était pas retourné une seule fois et voilà ce qui lui tombait du « ciel ».

« Bon … C’est dommage que tu ne saches pas parler sinon, tu aurais pu m’aider. »

« Je sais parler … C’est juste que je suis un peu étonné. » répondit-il alors qu’elle poussait un petit cri de surprise. Il parlait ! Il parlait pour de vrai !

« Il faut que tu m’aides alors ! Il faut vraiment que tu m’aides ! Je suis poursuivie par des personnes qui veulent me faire du mal ! »

Il haussa un sourcil suspicieux. Elle ? La princesse en danger ? Qui voudrait faire de mal au symbole du royaume des insectes ? C’était tout simplement impossible. Pourtant, elle semblait vraiment très sérieuse. Hum … Bon …

« Je veux bien vous aider. Si vous voulez bien me suivre, mademoiselle la princesse. »

… … … Oups. Elle avait été repérée très facilement visiblement. Elle baissa la tête en émettant un petit sourire confus. Dommage, ça n’allait pas être aussi simple que ça maintenant ! Bon … C’était ennuyeux mais elle allait devoir se débrouiller … HIIII ! Il venait de lui prendre la main, commençant à courir avec elle. Il l’emmenait où ?!

Chapitre 66 : Poursuivis

Chapitre 66 : Poursuivis

« Tu vois, Tery ? Je t’avais dit qu’en revenant, ils seraient réveillés. »

« Ce n’est pas faux. Simplement qu’au final, la nuit est déjà bien arrivée et j’ai l’impression qu’il va falloir aller se recoucher d’ici quelques heures. »

« Hors de question. Avoir trop de sommeil sera néfaste pour nos corps. Nous allons quitter la ville après avoir fait quelques achats … même si cela semble problématique vu que le marché doit être fermé depuius longtemps. » dit Manelena après les courtes paroles de Clari puis Tery. Les deux personnes se regardèrent pendant quelques secondes tout en souriant.

« Heureusement que nous avons pensé à tout, n’est-ce pas, Clari ? »

« Exactement, Tery ! C’est pour ça qu’il faut être deux pour tout cela ! Hahaha ! Tant mieux, n’est-ce pas, tu ne crois pas ? »

« Je ne sais pas trop mais dans le fond, on ne va pas s’en plaindre, non, » dit-il alors qu’il présentait les sacs au sol à côté de lui et Clari. « On a déjà tout fait de ce côté là. Bien entendu, ça sera recette maison mais on s’en contentera, non ? »

« Il le faut bien. Nous pouvons alors nous en aller après le repas du soir. On fera une longue marche jusqu’à finir par être épuisé et nous dormirons alors. Mais il va falloir réduire l’heure à laquelle nous nous réveillerons. Donc les premiers debout réveilleront les autres, compris ? Et pas de discussion à ce sujet. Et surtout, on ne s’enfuit pas comme des vauriens en laissant les autres en retrait, est-ce bien clair, Tery, Clari ? »

« Oui ma maréchale. » s’exclama à voix basse Tery en mettant une main sur le coeur.

« Arrête donc de te moquer de moi, tu sais particulièrement que je déteste ça n’est-ce pas ? »

« Je le sais mais ça ne veut pas dire que cela m’arrêterait, hahaha. »

« Continues comme ça, Tery et je te promets que tu vas souffrir et assez salement. Alors il vaut mieux pour toi que tu arrêtes maintenant. Et si tu penses que je sois grognonne car je viens de me réveiller, tu te trompes lourdement, compris ? »

« Je me trompes souvent pour pas grand-chose, malheureusement. Mais bon, il faut faire avec, n’est-ce pas ? Mais donc, mangeons, mangeons, Clari et moi, nous sommes épuisés. »

La jeune femme aux couettes blondes s’installa à côté du jeune homme, amusée par ses paroles alors que tous se réunissaient autour d’une table. Bien entendu, ceux qui venaient de se réveiller il y a peu n’avaient que légèrement faim tandis que Clari et Tery mangeaient comme des goinfres, parlant entre eux de ce qu’ils avaient visité dans la ville.

« On ne vous dérange pas trop, Tery ? Clari ? » demanda Royan avec lenteur.

« Pas vraiment non, mais merci de poser la question, ça fait plaisir que tu t’inquiètes à ce sujet si tu veux tout savoir. Mais bon, cette ville est vraiment spéciale. Je n’avais pas pris le temps de m’attarder sur l’architecture claudiskienne. C’est unique en soi. »

« Oui, c’est exact, Tery. Tu as remarqué comme ils aiment les bâtiment assez grands ? Et parfois sans porte au rez-de-chaussée, tout cela pour éviter que d’autres races ne viennent les déranger. En quelque sorte, faire leur nid. »

« Ce n’est pas forcément très accueillant de leur part mais ça reste très ingénieux. Après, il suffit qu’une personne sache manipuler l’élément de l’air et tout est résolu. »

« Ohla, Tery, tu te trompes lourdement. Entre manier l’élément de l’air et savoir l’utiliser pour s’envoler avec, c’est grandement différent bien que je ne pense pas que tu l’aies remarqué. Je suis désolée de te l’annoncer mais ce n’est pas du tout ça. »

« Oui … je me doutes en un sens mais bon … c’est compréhensible. Ah, j’ai été un peu trop vite en besogne par rapport à ça, merci beaucoup Sérest. » répondit le jeune homme aux propos de la femme ailée, celle-ci lui disant que ce n’était pas grand chose et qu’il valait mieux le corriger maintenant que trop tard, bien entendu.

« Le plus important est de ne jamais oublier, Tery. Rappelles-toi les éléments principaux : Feu, Eau, Foudre, Air, Terre. A partir de là, maîtriser ces cinq éléments est plus difficile qu’on ne le croit, beaucoup plus difficile. Il y a tellement à faire et à savoir à ce sujet. »

« Oui, oui, comme produire une simple flammèche et de la lave en fusion, c’est totalement différent et pas à la portée de tous pour le second point. »

« Tu as parfaitement vu où je voulais en venir, bravo, Tery. » répondit doucement Sérest. On aurait put croire à un cours rapide donné par la femme originaire de Claudiska.

« Hey ! Il le faut bien, Sérest. Si je ne sais pas les bases même de la magie, comment est-ce que l’on va faire plus tard, non ? Ce n’est pas aussi simple que ça. »

« Ce n’est pas réellement faux, il faut avouer. Mais bon … Nous sommes prêts alors ? »

Prêts ? Il cligna des yeux avant de comprendre où elle en venir. Ah oui ! Pour le départ ! Bien sûr qu’il était prêt ! Il termina son repas, attendant de voir si Clari avait fini aussi de son côté avant de signaler qu’ils pouvaient partir. De toute fçaon, comme ils avaient fait les différents achats, il n’y avait pas de raison de rester dans les environs.

« Au cas où, vous avez chercher à tendre l’oreille sur l’aigle bicéphale ? Aucune nouvelle à son sujet, j’imagine, n’est-ce pas ? »

« Pas le moins du monde, Royan. J’ai essayé mais rien à faire. C’est vraiment … impossible d’avoir des nouvelles de cette créature. En un sens, je dois avouer que ça a quelque chose de vraiment bizarre, trop bizarre à mon goût. »

« Ce n’est pas la première fois que tu fais cette remarque, Tery. » lui signala Royan une nouvelle fois, Séran prenant finalement la parole, bien que souvent muet :

« Si nous n’avons aucun indice, nous pouvons considérer que nous allons avoir beaucoup de mal à avancer. Il suffirait d’une simple nouvelle pour décoincer tout cela … mais si nous n’avons guère cela, nous allons tout simplement stagner sans avancer. »

« Facile à dire mais malheureusement bien loin à faire. Si nous stagnons, c’est qu’il y a quelque chose dans l’engrenage qui nous ralentit. Mais pour ça, il va falloir que l’on découvre Claudiska dans sa globalité si nécessaire. »

Il savait que peu étaient d’accord avec ses paroles mais il ne fallait pas se voiler la face. Ils pédalaient dans la semoule depuis déjà trop longtemps. Combien ? Deux semaines ? Sans rien du tout ? Ça devait être dans cette durée approximativement.

Prêts à partir, le petit groupe quitta l’auberge puis la ville, Tery jetant un dernier regard à cette dernière. Il connaissait son nom mais il savait que dès le lendemain, il l’aurait déjà mise dans un coin de sa cervelle et l’aurait abandonnée.

Enfin bon, ce n’était pas le moment de penser à une telle chose. Ils avaient encore beaucoup à accomplir. Hors de la ville, il remarqua que le vent était froid. En y réfléchissant, avec la hauteur, vu qu’il s’agissait de quelques îles dans les nuages, c’était logique. Du moins, il n’avait aucune explication à donner mais il savait que cela concernait tout simplement le ciel. Plus ils allaient en hauteur, plus il faisait froi.

« Tery … Est-ce que tu as senti cela ? »

Manelena était arrivée à sa hauteur, le jeune homme et Elen tournant brièvement leurs visages vers elle. La femme aux cheveux argentés reprit en murmurant :

« Visiblement, nous sommes surveillés. Et je ne pense pas que ça soit pour discuter avec nous, rien de bien spécial … ah, cela va me faire du bien. »

« Ne sois pas menaçante s’ils ne le sont pas, Manelena. On ne sait pas si ce sont des voleurs de bas étage ou alors des personnes qui sont envoyées spécifiquement pour nous. »

« Dans l’un ou l’autre cas, tout ce que l’on peut dire, c’est que ça ne va pas être très appréciable alors arrêtes tes bêtises et prépares-toi à te battre, compris ? »

Pfff. Il poussa un profond soupir. Ce n’était pas réellement son genre de chercher l’affrontement mais là, elle ne lui laissait guère le choix. Il se prépara mentalement à la rencontre, continuant le mouvement de marche pour faire comme s’il ne savait rien. Il valait mieux ignorer le tout pour l’instant.

« Est-ce que les autres sont au courant ? »

« Je pense que oui, ils ont remarqué le problème, eux aussi. Mais toi, on est jamais sûr donc il valait mieux te prévenir plutôt que de rester là sans rien faire. »

« Bien entendu, bien entendu. Vraiment, il faut absolument chercher l’affrontement. Je n’arrive pas à croire cela. Mais bon, qu’importe. »

Il haussa les épaules comme si de rien n’était alors qu’il mettait une main sur son front. Bien entendu, un peu de sport n’allait pas leur faire du mal mais voilà … Se battre contre des humains, c’était étrange, il avait perdu l’habitude. Et puis, dans le fond, il ne s’était pas tellement battu que ça dernièrement … à part les créatures légendaires.

« Est-ce qu’ils ont des allures de brigand ou non ? »

« Nullement, il semblerait plutôt que ça soit des assassins. Encapuchonnés, emmitouflés, on peut à peine voir leurs visages. Je me demande depuis quand ils sont là. Si c’était depuis le bateau, ils auraient normalement attaqué depuis quelques jours. »

« Oui et non. Nous étions tous les jours ensemble dans la nuit. Et vu que nous sommes sur nos gardes constamment … encore que maintenant aussi, nous le sommes mais il semblerait qu’ils ne sont pas très doués, tout simplement. »

Tery avait posé la première question avant que Sérest ne lui réponde, accompagne par Manelena. Celle-ci fit apparaître quelques éclairs sur sa lame avant de se retourner subitement, pointant l’arme en direction du groupe derrière eux. Aussitôt, l’un d’entre eux poussa un hurlement strident avant de tomber au sol, raide mort.

« Et voilà une bonne chose qui est faite. Qui est le suivant ? »

« Tsss, pourtant, on l’avait prévenu mais il a fallut qu’il ne se préoccupe guère de ça. Quel idiot ! Entourez-les pendant que les renforts arrivent ! »

Les renforts ? Ils sont déjà une dizaine d’après le groupe alors pourquoi est-ce que ça se passe ainsi ? Ce n’est pas sympathique, loin de là. Et ils vont vraiment chercher à les entourer ? Comme si elle était dans son élément, Manelena eut un léger sourire avant de dire d’une voix amusée :

« Vous allez vraiment affronter deux Démons, plusieurs adeptes de Zéliia et d’Alzar avec aussi peu de monde ? Même avec dix fois plus de personnes, vous ne pourriez rien contre nous, c’est aussi simple que ça. »

« Il suffit simplement de se focaliser sur l’un d’entre vous et de vous empoissonner ! »

Tiens donc ? Des assassins qui répliquent ? Bien qu’ils ne soient pas des débutants, prévenir de ce qu’ils comptaient faire n’était pas vraiment l’idée du siècle néanmoins. Enfin, ce n’était pas bien grave, ils avaient beaucoup mieux à faire.

« Tery, est-ce que tu veux leur faire une petite frayeur ? Tes capacités liées à la terre peuvent les impressionner, n’est-ce pas ? »

Hahaha ! Il voyait de quoi elle voulait parler ! Aussitôt, il plaça ses deux mains dans le sol, trois golems d’un taille humaine faisant leurs apparitions tandis que lorsqu’il extirpait ses deux mains, des surfaces rectangulaires et épaisses se trouvaient sur ses bras.

« Si vous êtes en danger, n’hésitez pas à venir à mes côtés, compris ? » dit-il en s’adressant à Elen et aux autres bien que la première avait déjà fait apparaître son apparaître son arc. Quant à Elise, ses cornes étaient présentes tandis que Royan manipulait l’eau.

« Venir nous combattre à Claudiska, ils sont vraiment assez fous, n’est-ce pas mon amour ? » vint dire doucement Sérest, se plaçant à côté de Séran alors que des lignes noires apparaissaient sur son corps en même temps que des lignes blanches sur celui de Séran.

« Faisons-leur une petite démonstration alors ? »

« Bien entendu. Tu prépares le terrain ? » demanda une nouvelle fois la femme ailée alors que Séran frappa le dol de son poing. Comme s’il avait fait cela maintes et maintes fois, un cube de plusieurs mètres de hauteur fût extirpé du sol avant d’être déposé sur le côté. Tery écarquilla les yeux, voyant maintenant Sérest qui s’envolait, commençant à se déplacer à vive allure autour des différents assassins et du reste du groupe.

« Mais qu’est-ce qu’ils sont en train de fabriquer tous les deux ? »

« Chut … Laisses-les donc nous montrer un peu leurs capacités. C’est bien la première fois qu’ils tentent de nous en mettre plein la vue. »
Et c’était mieux que ça. Comme si elle ne faisait qu’un avec le vent, Sérest balayait chaque assassin, les faisant tomber dans le trou cubique qu’avait crée Séran. Tery se secoua la tête, se demandant s’ils allaient vraiment ça … Et le résultat ne tarda pas à confirmer ce qu’il pensait. D’un coup de poing, Séran poussa le cube pour qu’il s’engouffre dans le trou, aucune supplique ne sortant de celui-ci, étouffée par la terre qui venait les écraser.

« Et voilà … Maintenant que ceci est fait, nous devrions nous mettre en route. D’après ce qu’ils ont dit, d’autres vont intervenir, n’est-ce pas ? Et ce n’est pas vous qui disiez que cela manquait un peu d’action ? »

Sérest émit un petit rire après ses paroles, Séran se frottant les mains couvertes de terre avant de se les frotter sur son haut, le salissant par la même occasion. Le regard de la femme ailée le fit se statufier pendant quelques secondes avant qu’il ne dise :

« Ben quoi ? C’est pas ma faute hein ? Et puis bon, c’est juste un peu de terre. »

« Juste un peu de terre ? Fais attention à toi, Séran. » répondit avec calme Sérest bien que l’on pouvait voir que le comportement de son mari l’insupportait. Etrange, elle n’avait jamais réagit de la sorte auparavant ? Peut-être parce qu’ils n’avaient pas le temps de s’en préoccuper auparavant, non ?

Bah, de toute façon, ça ne dura que quelques minutes avant qu’ils ne soient à nouveau côte à côte pour la suite du trajet. Néanmoins, ils avaient décidé de quitter les routes et d’éviter de laisser des traces au sol. Par contre, les autres assassins allaient sûrement trouver le cadavre de celui qui avait été électrocuté par Manelena, ce qui n’était pas réellement une bonne chose. Mais bon, pour la discrétion, de toute façon…

« Je pense qu’ils vont continuer de nous poursuivre. De même, je pense qu’il vaut mieux ne pas s’attarder sur les prochaines villes pour les jours qui suivent. » déclara Tery alors qu’ils s’enfonçaient dans le bois le plus proche.

« Nous n’aurons pas le choix lorsqu’il faudra changer d’île pour aller ailleurs. C’est ainsi et pas autrement. Si c’était aussi simple que cela, nous n’aurions aucun problème. J’imagine que ces assassins ont été envoyé par les différents royaumes voire peut-être uniquement celui de Shunter pour nous barrer la route … et surtout nous forcer à revenir, Tery. Toi et moi, les autres, je ne pense pas qu’ils les intéressent. »

« Y a de fortes chances que ça soit ça, oui. C’est bête mais c’est ainsi. Ils ont la rancune tenace et même au bout de plus d’un an, ils ne vont pas abandonner la bataille. »

« BAH ! Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? Ils peuvent continuer, ça ne me dérange pas. Ce n’est pas comme s’ils étaient vraiment effrayant au final. »

« Peut-être ? Si ce sont tous des assassins de cet acabit, nous n’avons rien à craindre. »

« Je me demande s’ils pensaient vraiment pouvoir nous arrêter ? Enfin, s’il s’agit bien d’assassins du royaume de Shunter, cela ne m’étonnerait pas que mon père et ses généraux aient une quelconque idée en tête et pas forcément des plus plaisantes. »

« Qu’est-ce que tu voudrais qu’il imagine exactement ? Il n’y a pas trente-six solutions. Soit nous aurons affaire à des adeptes de Zélisia et Alzar, soit il ne faut pas espérer pouvoir se confronter à nous. Je ne sais pas ce qui est le pire pour eux. »

« Dans tous les cas, ils n’ont pas fini d’en baver. C’est bien triste mais ils devaient s’y attendre en devant accomplir une telle mission. De toute façon, vu qu’ils sont six pieds sous terre et non pas au sens figuré, ce n’est pas comme s’ils allaient pouvoir y réfléchir longtemps. »

« C’est bon, on ne vous dérange pas trop, on vous laisse tous les deux tranquille avec vos petits secrets ? C’est vrai que vous êtes liés par la force du destin, non ? » dit Clari après que Manelena et Tery n’eurent cessé de continuer à discuter entre eux.

« Je te rappelle que tu es aussi … hmm, tiens, tu es sûrement aussi ciblée Clari. Enfin, pour les mêmes raisons que nous, mademoiselle la « déserteuse ». »

« Tout ça parce que j’ai décidé de te suivre, qu’est-ce qui m’a pris ? Que vas t-il m’arriver ? »

La femme aux couettes blondes fit semblant de se lamenter, passant une main sur ses yeux pour essuyer de fausses larmes sur ces derniers. Il pouffa d’amusement avant que Clari ne perde son sourire, tournant la tête à gauche puis à droite.

« Je crois que nous avons trop parlé. Ils sont derrière nous. »

« Déjà ? Mais comment ils ont fait ? Nous avons continué de marcher non ? »

« Ils sont juste un peu plus malins qu’on ne le pensait. Et je pense qu’ils ne sont pas seulement originaires de Shunter mais aussi issus des autres royaumes. Ce ne sont pas des officiels mais des personnes qui travaillent pour des guildes ou autres. Nos têtes sont mises à prix, il ne faut pas oublier cela. On est donc une cible de choix. »

« Arrêtez de parler tous les deux. Je suis sûre qu’ils utilisent le vent pour pouvoir écouter nos paroles et nos bruits de pas. A partir de là, pas d’autres solutions. Soit on se déplace furtivement, ce qui risque d’être difficile, soit on se retourne, on les attends et on s’occupe d’eux. Mais je pense qu’il va y avoir de plus en plus de monde. » marmonna Manelena avant de voir ce que les autres en pensaient. Royan surveillait Elise, celle-ci continuant d’être inquiète pour si peu bien qu’en raison de ses cornes sur le crâne, elle était bien plus forte que le jeune prince de Traslord. Sérest et Séran ne se souciaient de rien visiblement.

« Bon au moins, cela nous remettra en forme et nous préparera pour ce qui nous attends, n’est-ce pas ? Allons-y alors. »

Le jeune homme aux cheveux bruns pencha la tête sur le côté, faisant craquer son cou. Il avait d’autres idées en tête mais pour l’heure, ce n’était visiblement pas le moment d’en parler. Avec lenteur, il plaça une main sur le sol, une autre sur une souche. Il lui fallut une bonne minute pour que deux golems de taille humaine ne fassent leurs apparitions. L’un était fait intégralement de bois, des pointes étant visibles sur son corps tandis que l’autre était plus basique, fait uniquement de roche.

« Cela devrait les occuper, j’imagine. C’est la meilleure chose à faire de mon côté. »

Il avait dit cela tout en fixant droit devant lui. Ce n’était pas qu’il allait trouver cela dérangeant mais au final, s’il pouvait être plus tranquille et ne pas avoir à trop se forcer, autant accomplir un maximum, n’est-ce pas ?

« Je pense que cela suffira. On sait combien ils sont ? Enfin, Clari ? Tu as une petite idée à ce sujet ? Avec tes connaissances dans le vent ? Je ne savais pas que c’était réellement possible … oh peut-être Sérest aussi ? »

« Encore une dizaine mais là, ça sera difficile de reproduire le même schéma qu’auparavant. Surtout dans une forêt … et cela ne m’étonnerait pas qu’ils aient compris ce qui s’est passé chez leurs compagnons d’armes, du moins, s’ils sont alliés ce qui n’est jamais vraiment sûr avec eux … bien que cela ne me regarde pas de toute façon. »

Il avait dit cela alors que tous se mettaient en position. Est-ce qu’ils devaient se séparer ? Chacun était capable de se débrouiller mais en même temps, s’ils restaient tous ensemble, cela serait beaucoup plus simple pour les autres. Bon …

« Séparons-nous en plusieurs groupes de deux. L’un protégera l’autre au cas où. Ca sera bien mieux. Manelena, tu vas avec Elen, Sérest avec moi, Clari avec Royan et enfin Elise avec Séran. J’ai essayé de faire que chacun a la carrure pour accompagner l’autre. Bonne chance ! Allons-y dès maintenant, ça sera mieux ! »

Et surtout, même s’il ne l’avait pas avoué, il avait murmuré aux golems de suivre les deux groupes. Manelena et Elen étaient accompagnées par le golem de bois tandis qu’Elise et Séran avaient le droit au golem de terre.


Le mieux était quand tout se passait ainsi … bien posément. Mais surtout, Sérest le regardait avec un petit sourire, battant des ailes pour se déplacer à ses côtés tandis qu’il se demandait ce qu’il avait, elle lui murmura :

« Je ne pensais pas que tu me choisirais comme compagne. C’est étrange. »

« Tout simplement car il est bon pour certains de se rapprocher et de discuter. Surtout Manelena et Elen, ça ne peut plus durer entre elles. Et après la démonstration de force que tu as fait avec Séran, j’avoue que je suis intéressé par ces capacités. »

Oh ? Ce n’était que ça ? Elle eut un grand rire. Pourquoi pas alors ? C’était intéressant.

Epilogue : Le cœur en paix

Epilogue : Le cœur en paix

« Debout, la marmotte ! Il est l’heure de se lever ! »

« Mais… Quelle … Quelle heure est-il ? »

Il était couché dans le lit de la jeune femme bien que celle-ci n’avait pas dormie avec lui. Il fallait bien avouer que la tentation avait été grande mais elle s’était retenue et s’était couchée sur le canapé malgré les protestations du jeune homme. Celui-ci ouvrait ses yeux rubis, l’observant en émettant un faible sourire.

« Bonjour… Mais pourquoi me réveillez vous maintenant ? »

« Car c’est l’heure ! Il est six heures du matin ! »

« Six heures ? Oh et puis zut… »

Il referma ses yeux, recherchant le sommeil mais elle tira sur les draps, le faisant se recroqueviller alors qu’il portait uniquement un caleçon rouge et un t-shirt de même couleur. Sans même savoir si il allait se faire mal, elle le poussa sur le côté, le faisant tomber du lit tête la première alors qu’il émettait une plainte :

« Je souffre… beaucoup, mademoiselle Tyrania. »

« D’abord, tu ne m’appelles pas Mademoiselle mais Tyrania. Et ensuite, si je t’entends encore en train de me vouvoyer, je te donne une claque. »

« Mais je ne compte pas m’accaparer encore plus votre gentillesse. Dès que je serais complètement réveillé, je m’en irais. »

Hein ? De quoi ? S’en aller ? Et puis quoi encore ?! Il s’était redressé et elle l’observa avec un petit sourire. Elle voyait quand même qu’il était bien musclé sous sa tenue, quelque chose qui l’attirait plus que tout. Elle prit la parole :

« Pourquoi tu t’en irais ? Tu peux rester ici aussi longtemps que tu le désires. »

« Ah… Mais je ne veux pas abuser, made… Tyrania. Vous avez sûrement un petit ami ou des personnes que vous connaissez non ? Elles iraient se poser des questions. »

« Non, je n’ai pas de petit ami et je n’en veux pas. Quand aux personnes, je n’ouvre à aucune d’entre elles. Tu es une exception alors tu peux rester ici. Au passage… Je pensais avoir été claire sur le vouvoiement. Tu te moques de moi ?! »

« Non ! Non ! Surtout pas ! Est-ce que… Vous avez une douche ? »

« Juste une baignoire. Viens, je t’y conduis. »

Dès qu’il passa devant elle, elle lui donna un coup de pied dans les fesses, c’était la punition pour le fait de l’avoir encore vouvoyé. Elle allait le dompter et lui expliquer tout ce qu’il y avait à savoir sur elle et lui, quitte à ce que ça prenne des années !

« Heu… Vous… Non… Tu es vraiment certaine que toi et moi… »

« Si je te le dis, c’est que c’est vrai ! Tu ne me crois pas ? »

« Non, ce n’est pas ça. C’est juste que c’est bizarre… »

« Comment ça ? Exprime toi mieux. »

Il portait maintenant un pull noir ainsi qu’un jogging de même couleur, comme si Tyrania avait gardé des vêtements masculins à sa taille depuis tout ce temps. Elle lui tendait une tasse de chocolat avant de retourner dans la cuisine, le jeune homme lui tournant le dos.

« C’est quand même bizarre que tu me dis que toi et moi, nous sommes ensembles. Je ne sais pas comment le dire clairement… mais tu sembles un peu violente, tu n’es pas vraiment le style de femmes que je préfère quand même. »

« Ah bon ? Et donc ? Je ne suis pas assez jolie pour toi ? »

Elle lui déversa le contenu d’un pot de confiture à la fraise sur les cheveux, Xano se relevant en hurlant. Il s’était tourné vers elle en disant :

« Non mais tu es folle ?! Pourquoi tu as fait ça ?! »

« Car tu es n’es qu’un ingrat. Je t’offre le gîte et le couvert alors que je pourrais te mettre à la porte. Tu te permets des remarques désobligeantes alors que j’essaye d’être gentille avec toi. Ne me pousse pas à bout, Xano. »

« D’accord, d’accord ! Pardonnez… Pardon, Tyrania. »

Elle poussa un léger soupir, le prenant par le bras pour qu’il se lève de sa chaise. Direction la salle de bain… à nouveau. Les deux personnes dans la pièce, elle lui demanda de pencher sa tête en avant tout en lui demandant :

« Dis… Tu aimes les cheveux longs ou les cheveux courts ? »

« Chez toi ? Je ne sais pas… Je ne t’ai jamais vue avec des cheveux longs. »

« Je parlais plutôt pour toi. Tu ne veux pas plutôt que je te les coupe ? Après un bon shampooing hein ? C’est à toi de voir. »

« Vas pour les cheveux courts. Peut-être que ça m’ira bien. Un peu comme les tiens. »

« Tu insinues que j’ai une coupe à la garçonne ? »

Mais non, mais non. Elle voyait tout du mauvais côté. Il poussa un cri en sentant l’eau froide qui aspergeait ses cheveux et son visage. Ah ! La scélérate ! Elle allait le payer ! Il lui prit le pommeau de douche, l’arrosant subitement à son tour pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Rapidement, le principal objectif de la salle de bain avait disparu, chacun tentant d’arroser le plus l’autre pour le faire abandonner.

« A… A… A… ATCHOUM ! »

« Et c’est ça : Plusieurs jours à dormir sur le canapé, le corps trempé à cause de la scène du bain et voilà le résultat. Bon… Je ne suis pas aussi doué mais tiens… »

Il lui tendit avec affection une tasse de chocolat chaud, la jeune femme aux cheveux dorés le remerciant en émettant un petit sourire. Il avait maintenant les cheveux aussi courts qu’elle et ils étaient coiffés de telle façon qu’on dirait qu’il avait un rideau blanc derrière lui.

« Les Feunards sont bien plus sensibles aux effets de l’eau qu’on ne le croit, n’est-ce pas ? »

« Oui… C’est vrai… Mais j’aime beaucoup l’eau. »

« C’est pour ça que tu as décidée d’habiter près de la mer ? »

« Bien sûr ! J’aime énormément la mer ! Et je n’ai pas peur de me mouiller. »

Il rigola faiblement, attendant qu’elle boive son chocolat en la regardant. Cela faisait déjà une semaine qu’il était revenu mais pourtant, rien ne s’était passé entre eux. Rien du tout… Même pas un simple petit baiser. Elle n’osait pas lui demander cette petite chose puisqu’il était amnésique. Elle termina de boire, demandant d’une voix faible :

« Xano… Tu es vraiment sûr… que tu ne te souviens de rien ? »

« Je… Hum… Bien sûr. Je m’excuse… Je ne sais pas si tu dois t’attendre à grand-chose. »

« Pardonne moi de t’avoir posée la question. »

« Ca ne fait rien ! Je t’aime bien, tu sais. »

Il lui tapota ses cheveux dorés, la jeune femme aux cheveux blonds baisant la tête en rougissant subitement. Ce qu’elle voulait… C’était le verbe aimer sans le qualificatif à côté. Elle voulait simplement… qu’il l’aime.

« Est-ce que demain, nous pourrons sortir un peu ? Je n’ai pas pris l’air depuis longtemps. »

« Bien sûr. On va devoir se ravitailler, tu pourras m’aider. »

« Alors, il se fait tard. Je vais aller me coucher. Tu ne veux vraiment pas… »

« C’est bon. Je n’ai pas de soucis. Bonne nuit. »

« Je ne devrais vraiment pas te laisser dormir sur le canapé. Bonne nuit. »

Il alla subitement l’embrasser sur la joue droite, la jeune femme rougissant encore plus qu’auparavant. C’était… la première fois depuis son retour qu’il lui témoignait un geste d’affection. Peut-être qu’il n’avait pas vraiment perdu la mémoire ? Ou alors c’était parce qu’elle était plus faible à cause de son rhume ? Elle éternua une fois, le regardant partir vers sa chambre avec un faible sourire.

« A… A… A… ATCHOUM ! »

Snif… Ca ne servait à rien… Elle n’arrivait pas à dormir dans son état. C’était désolant mais en plus, cette couverture ne la recouvrait pas assez : Elle gesticulait dans le canapé et elle allait se casser la figure un moment ou alors à un autre. Elle se releva, titubant en posant une main sur sa tête, la couverture à ses pieds. Avec difficulté, elle se pencha pour reprendre la couverture et s’en entourer. D’un pas lent, elle se dirigea vers sa chambre, la porte grinçant alors qu’elle pénétrait à l’intérieur, demandant d’une voix faible :

« Xano… Tu dors ? »

Aucune réponse… Elle ne devait pas le déranger. Il n’avait pas besoin de se préoccuper de ces petits soucis maladifs. Elle s’apprêtait à refermer la porte avant de remarquer que Xano avait ses yeux grands ouverts, ses deux rubis semblant briller dans le noir.

« Bien sûr que non. Je me préoccupais un peu de ta maladie. »

« Est-ce… que… je peux dormir avec toi ? Pour cette nuit ? »

« Ce n’est pas mon lit donc je n’ai pas à décider. »

Elle prit la réponse du jeune homme aux cheveux blancs pour un oui, marchant d’un pas lent vers le lit alors qu’il se redressait subitement. Quelques secondes plus tard, Tyrania se penchait en avant, prise de malaise. Comment avait-il su ?

« Mer… Merci Xano. Je… crois que je suis un peu trop fatiguée. »

« Ca ne fait rien, ce n’est pas de ta faute. Viens donc par là. »

Il était tombé sur le lit, la jeune femme dans ses bras. Il l’installa délicatement sous les couvertures, passant une main dans ses cheveux dorés en lui disant de se reposer. Elle remarqua qu’il la tenait contre lui, une main sur son dos.

« Ne bouge plus, tu me sembles avoir une fièvre et je ne crois pas me tromper. »

« Co… Comment tu as que j’allais être pris de vertige ? »

« L’instinct peut-être ? Il n’y avait qu’à regarder tes pas. »

Pfff… L’instinct ? Elle tenta de rire mais toussa légèrement, lui demandant de lui pardonner car elle l’envahissait avec ses microbes. Pour toute réponse, il la colla un peu plus contre lui, sa tête posée contre son torse alors qu’elle ressentait à nouveau cette chaleur qui lui avait tant manquée. Xano… était contre elle… Son Xano… Elle poussa un petit glapissement de joie, une larme s’écoulant sur la joue alors qu’il haussait un sourcil en l’écoutant. Quelques instants plus tard, il caressa son dos et ses cheveux, la laissant s’endormir avec un visage ému. Lentement, elle s’endormit dans ses bras, respirant son odeur si particulière qui la faisait chavirer. Elle était sûre d’être soignée très rapidement avec lui à ses côtés, elle en était sûre et certaine. Elle murmura une bonne nuit, ses yeux fermés alors qu’il faisait de même de son côté, l’embrassant une fois sur le front.

« Promenons nous dans les bois, tant que le loup n’y est pas. »

Elle marchait, guillerette alors qu’il regardait la nature autour de lui. Des arbres, toujours des arbres autour d’eux. C’était magnifique comme décor et voir la jeune femme aux cheveux dorés s’amuser ainsi lui faisait chaud au cœur. Elle semblait si heureuse depuis qu’elle avait passé plusieurs nuits à dormir avec lui en attendant que sa fièvre et son rhume disparaissent.

« Et bien, Xano ? Tu ne bouges plus trop. Tu es fatigué ? Tu veux que l’on se repose ? On a encore beaucoup de chemin à faire avant d’arriver. »

« Non, non… C’est bon ! Ne t’en fais pas pour moi. »

Elle s’était remise en marchant, sautillant presque comme une enfant qui se baladait dans la forêt. Finalement, après une bonne demi-heure à l’intérieur, il annonça qu’il valait mieux faire une courte pause. Ils se dirigèrent vers un coin où il y avait de l’herbe. Comme il avait un sac sur son dos, il s’était retourné pour le déposer et l’ouvrir alors qu’elle disait :

« Xano… Est-ce que tu es heureux de vivre avec moi ? »

« Bien sûr. Pourquoi je ne le serais pas ? Même si au départ, on a eu quelques disputes, vous êtes… Tu es une personne très agréable. »

« C’est vrai ? Tu le penses sincèrement ? »

« Bien sûr… Prends donc cette bouteille. Si on reste sous ce soleil sans s’hydrater, on va mourir de chaud. Tiens Ty… »

Il s’arrêta subitement de parler, lâchant ses deux bouteilles d’eau alors qu’elle s’était mise assise devant lui. La bouche grande ouverte, il observa la jeune femme aux cheveux dorés sans réellement comprendre ce qui lui arrivait. Le soleil… la rendait cent fois, non, mille fois plus belle. Elle avait la jambe droite sur la jambe gauche, ses deux oreilles et ses neuf queues de Feunard étant apparues alors qu’elle le regardait avec un petit sourire, une teinte de rouge sous les yeux pour montrer sa timidité. Elle lui demanda :

« Xano ? Tu ne vas pas bien ? Tu sembles… perdu. »

Il s’approcha d’elle sans rien dire, comme hypnotisé par ce qu’il voyait. Elle le voyait venir vers elle, le jeune homme aux cheveux blancs se mettant à genoux devant elle, ses deux mains posées sur les siennes alors que son visage n’était qu’à quelques centimètres d’elle. Instinctivement, elle ferma les yeux, rougissant encore plus alors qu’il faisait de même. Elle… Elle était sûre que quelque chose allait gâcher ce moment. Il y avait toujours un problème à l’horizon qui l’empêchait de savourer pleinement cet instant. Et pourtant… Et pourtant… Il venait sceller ses lèvres sur les siennes alors que leurs mains se caressaient lentement et avec tendresse, la jeune femme aux cheveux dorés se retrouvant couchée dans l’herbe alors qu’il continuait de l’embrasser sans interruption. Pour une fois, rien ne les empêchait et c’était tout ce qu’elle voulait. Il se retrouva sur elle alors qu’elle ouvrait les yeux. Le jeune homme la regardait longuement et finalement… Elle se demanda si il avait vraiment perdu la mémoire, si c’était vraiment le cas. Le goût de ses lèvres, elle l’avait perdu pour finalement le retrouver. Elle passa ses deux mains dans son dos, continuant ce baiser qu’elle voulait tant.

« On arrête un peu ? On a autre chose à faire quand même. »

« Je confirme… Je me lève puis toi ? »

« Tu ne te rappelles de rien ? Rien du tout ? Même pas un petit souvenir ? »

Qu’elle était têtue quand elle s’y mettait. Il la regarda tendrement avant se coller sa tête contre sa poitrine, la jeune femme poussant un cri gêné :

« Non ! Rien du tout ! Ce que c’est doux ! »

« Hey ! Arrête un peu ! Tu en profites, Xano ! »

Plus le temps passait, moins elle était sûre de la véracité de ses dires. Elle le laissa bouger sa tête contre ses seins pendant une vingtaine de secondes avant de le forcer à se relever. Quelques minutes plus tard, ils remarchaient, main dans la main, l’autre tenant une bouteille d’eau. Il fallut une bonne heure de marche pour qu’ils arrivent enfin devant la magnifique demeure contenant plusieurs jardins de Gigana et de ses sœurs. Ekriné se présenta devant eux avec un léger sourire :

« Qu’est-ce que je peux faire pour vous deux ? »

« Nous aimerions voir les quatre filles si c’est possible. Maintenant qu’elles n’ont plus de soucis à se faire, je pense que ça ne devrait pas être trop difficile. »

« Soit… Suivez moi… Je me demande si elles sont encore en train de s’amuser avec lui. »

S’amuser avec lui ? De qui parlait-elle ? Est-ce que cela voulait dire que… Le Dieu Originel était quand même revenu ? Il n’avait pas disparu ? Suivant Ekriné, les deux personnes observaient les alentours avant que Gigana ne leur fait face.

« Mademoiselle Gigana… Xano et Tyrania voulaient vous voir. »

« C’est le cas actuellement. Est-ce que je pourrais leur parler ? En privé ? »

« Aucun problème. Je serais à la position habituelle. »

Elle s’inclina devant Gigana alors que l’adolescente aux cheveux blancs émettait un petit sourire en voyant Tyrania et Xano, main dans la main. Elle se retourna, l’invitant à la suivre pour commencer la discussion.

« Je vois donc que Xano est revenu. Tu dois être contente, Tyrania. »

« Ca ne se voit pas ? Et vous ? D’après Ekriné… »

« Disons que c’est un peu différent de ce que l’on pourrait croire. Je vais vous montrer ce qu’il en est réellement. Vous comprendrez par vous-même. »

« Bonjour, mademoiselle Gigana sinon. »

Hein ? Il venait de dire son nom ? Il s’en souvenait ? Il se souvenait de Gigana mais pas d’elle ? Une minuscule pointe de jalousie alla l’envahir alors qu’ils arrivaient dans un majestueux jardin, l’adolescente aux cheveux blancs tendant la main droite. Quelques oiseaux se posèrent dessus alors qu’elle se remettait à marcher pour guider le couple.

« Gigana ! Gigana ! Regarde ce que j’ai fais ! »

Rocagiri se présenta devant l’adolescente, lui montrant une couronne faite de différentes fleurs rouges, bleues, blanches et grises. De très belles fleurs. Gigana posa une main sur la tête de Rocagiri, lui disant d’une voix douce :

« Elle est magnifique. Je ne pense pas que c’est pour moi. »

« Non ! Mais je t’en ferais après si tu veux ! »

« Vas la lui rapporter au lieu. Il doit être impatient. »

« D’accord ! Ah ! Bonjour Tyrania ! Et Xano ! Vous êtes enfin ensembles ? »

Tyrania ne répondit pas, détournant le regard alors que Xano lui répondait que oui avec un léger amusement. La jeune fille aux tresses s’éloigna en tenant sa couronne alors que Gigana se mettait à la suivre. Quelques instants après, une voix faible se fit entendre :

« Et c’est ainsi que se termine cette histoire. »

« Tiens… Papa ! C’est pour toi ! »

« Oh. ? Qu’est-ce que c’est ? »

« C’est une couronne de fleurs ! Tu veux bien te pencher ? »

Les trois filles étaient assises devant un arbre et devant une personne que Xano et Tyrania n’arrivaient pas à voir. Rocagiri s’était relevée, sa couronne dans les mains alors qu’ils pouvaient enfin apercevoir la personne à qui elle parlait. Xano ouvrit la bouche de surprise alors que Tyrania haussait un sourcil, étonnée par ce qu’elle voyait.

L’homme qui se tenait contre un arbre n’avait rien à voir avec Charkrowos. De longs cheveux grisâtres, des rides sur le visage et sur ses mains, il portait une robe aussi grise que sa chevelure alors qu’il avait les yeux à moitié clos. Une moustache assez bien touffue, il semblait avoir une cinquantaine d’années et bien avancée. Le vieil homme s’était penché alors que Rocagiri déposait la couronne dans ses cheveux. Il alla la prendre en la chatouillant au niveau des hanches, l’embrassant sur les joues pour la remercier.

« Elle est très jolie… Vraiment très jolie, Rocagiri. Merci beaucoup. »

« C’est parce qu’elle te va bien ! Elle ne pourrait pas aller à quelqu’un d’autre, Papa ! »

« Rocagiri, arrête de te l’accaparer un peu. On aimerait aussi lui faire des cadeaux ! »

Rocagiri tira la langue à Iglaré qui lui avait parlée tandis que les trois filles se jetaient dans les bras du vieil homme. Celui-ci demanda aux trois demoiselles de se calmer alors que Gigana approchait d’eux, accompagnée de Xano et Tyrania. Le vieil homme arrêta de sourire, Gigana prenant la parole :

« Tyrania… Xano… Je vous présente Charkrowos… Mon Père. »

« Bonjour à vous deux. Vous formez un très joli couple si vous voulez mon avis. Comme l’a dit ma fille Gigana, je m’appelle Charkrowos mais je ne me souviens que de ça… et de quelques petites choses sans importance. »

« Gigana, comment ça se fait que… »

« Qu’il est comme ça ? Je ne sais pas vraiment. Giradès et Juperus sont venues une fois, autant surprises que vous de le voir ainsi mais elles ont juste été se faire pardonner. Il ne semblait pas comprendre mais il a accepté leurs excuses. Elles ne sont plus revenues depuis. Je crois que c’est bon, Tyrania… Je crois qu’il est revenu pour de bon. »

« Ma fille… Est-ce que je peux parler à ce jeune homme s’il te plaît ? »

Ce jeune homme ? Xano ? Celui-ci posa son regard rubis dans celui de même couleur du vieil homme. Charkrowos se releva avec difficulté, les trois filles venant l’aider avant de lui tendre une canne. Même si on pouvait plutôt penser qu’il était leur grand-père, les trois filles ne semblaient pas se soucier de son âge. Tyrania observa Xano avant de lui dire :

« Et bien ? Tu attends quoi ? Que je te donne la main, Xano ? Vas le voir. »

« D’accord, d’accord. Où voulez vous que l’on aille, vénérable ? »

« Allons, allons, je ne suis pas si vieux que ça ! »

Charkrowos demanda aux trois filles de le laisser parler avec Xano, Rocagiri et ses sœurs acceptant avant de tourner autour de Tyrania et Gigana. Les deux hommes s’éloignaient peu à peu, côte à côte à l’horizon tandis que Sterivia disait avec un petit sourire :

« Hey, Tyrania ! Tu l’as déjà embrassé ton amoureux ? Depuis qu’il est revenu ? »

« En quoi ça te concerne, Sterivia ? Mais oui, c’est le cas et pas plus tard qu’aujourd’hui. »

« Vous attendez quoi alors ? C’est pour quand la suite ? »

« Sterivia, arrête d’embêter Tyrania. Merci… Tyrania. Et je devrais aussi remercier Xano pour tout ce qu’il a fait pour nous. Je crois que sans vous… Papa ne serait jamais revenu. »

Gigana essuya une larme discrète près de son œil droit alors que Tyrania observait le ciel. Oui… Sans Xano, rien de tout cela ne serait arrivé. Les mondes auraient été détruits, personne ne serait revenu, tout… aurait été saccagé. Xano était quelqu’un de vraiment formidable, dommage qu’il ait perdu la mémoire. Si cela n’avait pas été le cas, elle en aurait bien profité maintenant qu’ils étaient enfin seuls. Enfin bon… Maintenant… Xano l’avait embrassée à nouveau et donc, tout revenait à la normale.

« Je ne pensais pas vous revoir… Charkrowos. »

« Et moi donc, Xano. Et moi donc… Je vois que tu es vite revenu vers Tyrania, n’est-ce pas ? C’est bien… C’est très bien. Tu as le droit d’aimer. »

« Et de votre côté, vous avez enfin retrouvé Gigana et ses sœurs mais qu’est-ce qui… »

« Ce qui m’est arrivé ? Je ne le sais pas moi-même. Je croyais disparaître à tout jamais après t’avoir fait renaître mais au final… Me voilà dans un corps de vieillard. »

« Ce n’est pas forcément une mauvaise chose, n’est-ce pas »

« Où est-ce qu’elle le serait ? Maintenant… Je peux rester avec mes filles quand je le veux et quand je le désire. Et oui… Je suis immortel mais je n’ai plus de force, plus du tout. Je ne suis plus utile à personne. »

Il ne fallait pas dire ça ! Enfin… C’était vrai qu’il semblait être bien atteint par son âge et par son corps mais il était sûr qu’il était heureux, très heureux. Xano tapota délicatement le dos du vieil homme avant de dire d’une voix douce :

« Je ne voulais pas vous voir disparaître… Et vos filles non plus. Je crois que c’est ça qui a joué dans toute cette histoire. »

« Et toi ? Pour quelqu’un qui semble avoir perdue la mémoire, tu me sembles bien conscient de beaucoup de choses. Est-ce que Tyrania sait que tu fais semblant ? »

« Ca se voit tant que ça ? Je crois qu’elle se pose des questions mais non… Elle ne sait rien. »

« Tu penses vraiment que tu devrais lui cacher la vérité ? »

Il ne savait pas trop. D’un côté, il avait plusieurs raisons de faire tout ça. D’un autre côté, il ne voulait plus lui mentir mais c’était pour une bonne cause. Il reprit :

« J’aimerais la connaître depuis le début. Lorsqu’on ne s’aime pas, qu’on apprend des petites choses. C’est un peu stupide de penser comme ça. Enfin bon… Je crois que je vais tout lui dire d’ici aujourd’hui ou demain. »

« Et pourquoi pas devant Gigana et ses sœurs ainsi que moi-même ? »

Il était en train de lui préparer un piège. Il en était sûr. Néanmoins, il accepta, signalant qu’il serait bien qu’ils retournent près des cinq demoiselles qu’ils avaient laissées en plan. Les deux hommes arrêtèrent de sourire, marchant sans rien dire. Après quelques minutes, ils se retrouvaient en face des cinq personnes, les trois filles tournant autour de Tyrania qui était rouge de gêne. Qu’est-ce qui s’était passé pendant leurs absences ? Le vieil homme lui donna une petite tape dans le dos pour le faire avancer. Il tituba en s’approchant de Tyrania, celle-ci le regardant pendant quelques secondes avant de détourner le regard. Qu’est-ce qui s’était passé pour qu’elle soit dans cet état ? Il observa les trois filles qui ricanaient entre elles alors que Gigana s’approchait de son père, se mettant à sa hauteur sans poser une seule question. Elle n’avait pas à se mêler de cette affaire entre Tyrania et Xano.

« Xano ? Tu as parlé de quoi avec Charkrowos ? »

« Disons que… C’était sans réelle importance. Voilà Tyrania… J’ai quelque chose à te dire. Est-ce que tu veux bien m’écouter ? »

L’écouter ? Est-ce que ce que les trois filles avaient raison ? Est-ce qu’il allait enfin lui demander ce qu’elle voulait tant ? Elle baissa la tête alors qu’il continuait :

« Je prend ça pour un oui. Alors Tyrania… Ne me juge pas mais voilà… Disons que lorsque je suis revenu près de toi, je voulais voir quelle serait ta réaction si j’avais perdu la mémoire. Attention, ce n’était pas pour t’énerver ou me moquer de toi. Je voulais juste voir ce que tu ferais si c’était le cas et disons que… Tu as été parfaite. »

Hein ? Que quoi ? Il avait fait semblant ? Il n’avait jamais perdue la mémoire ? Elle releva son visage, surprise d’entendre ça de la part de Xano. Ca lui avait servit à quoi ? Est-ce qu’elle devait s’énerver ou réagir avec colère ? Non… Elle allait le laisser terminé avant. Ensuite, elle aviserait à son sujet.

« Alors… Je sais que ça ne va pas être très valorisant mais j’ai été surpris ! Je ne savais pas que tu cuisinais aussi bien, que tu étais capable de faire le ménage, de t’occuper d’une maison et toutes ces choses. Je te voyais bien plus en train d’attendre que ça soit moi qui fasse ça, je m’étais même préparé à ça lorsqu’un jour, tu découvrirais la vérité. Mais au final, je me suis complètement trompé ! Tu n’es pas nulle, acariâtre et embêtante. Tu ne flemmardes pas et tu es en fait quelqu’un de très bien. »

« A croire… que tu me connaissais très mal. »

Elle était déçue… Vraiment déçue… Tout ce cirque et ce manège pour ça ? Parce qu’il ne lui faisait pas confiance ? Les trois filles s’étaient trompées à son sujet, ce n’était pas possible autrement. Elle avait un goût amer dans la bouche alors qu’il reprenait :

« Oui… Je te connais très mal, vraiment très mal et c’est pour ça que je voudrais apprendre à mieux te connaître, dans les moindres détails. »

« Qu’est-ce… Ce que tu veux dire par là ? »

« Et bien… Disons que… Je crois te l’avoir déjà assez souvent dit dans le passé mais pas vraiment d’une manière officielle alors bon… Il serait temps. »

Il semblait gêné par tout ça, se grattant la joue en levant les yeux en l’air. Il voulait parler mais il n’y arrivait pas. Finalement, elle lui donna un léger coup de pied avant qu’il ne s’exclame avec douleur :

« Ca fait mal ça ! Qu’est-ce qui te prend ?! »

« Exprime toi clairement au lieu de tourner autour du pot ! »

« D’accord, d’accord ! Pas besoin d’être aussi violente. Voilà, je te le demande devant témoins : Est-ce que tu veux bien m’épouser et vivre avec moi ? »

Hein ? Que quoi ? Une bouffée de chaleur alla l’envahir alors qu’elle tentait de balbutier. Il ne manquait plus qu’il… AH ! Non ! Qu’il ne se mette pas un genou au sol devant elle ! Ce n’était pas propre ! Enfin non ! Ce n’était pas ça ! Elle entendait les ricanements des trois petites filles, les maudissant et les remerciant intérieurement. Elles avaient senti que le jeune homme voulait se déclarer à elle et elle n’avait préféré ne pas leur répondre bien que l’idée lui était passée par la tête. Il continua :

« Je comprends que tu ne voudrais pas me répondre tout de suite à cause de ce que je t’ai dis mais bon… Tu peux y réflé… »

« J’accepte ! J’accepte dès maintenant ! »

« Hein ? Mais tu n’es pas en colère ? Ou tu ne m’en veux pas ? »

Il s’était attendu à ce qu’elle s’énerve ou autre mais pas à ce qu’elle lui réponde aussi vite. Elle le força à le relever, lui prenant son visage entre deux mains avant de l’embrasser longuement devant tout le monde. Quelques instants plus tard, elle dit :

« Alors, je vais devoir m’appeler Tyrania Likan maintenant ? »

« Bien sûr ! Mais bon, là… Ce n’est pas encore officiel ! »

« Porter une robe de mariée… Toi, tu porteras une cravate rouge et une veste noire ! »

Voilà qu’elle partait dans ses fantaisies, se tournant vers les trois jeunes filles en se penchant vers elles. Quelques secondes après, elles étaient déjà toutes les quatre en train de discuter alors que Xano s’approchait de Charkrowos et Gigana, disant d’une voix calme :

« Je pense avoir fait le bon choix. Il était temps que je réponde à ses sentiments. »

« Je suis d’accord avec toi. Faire trop attendre n’est pas une bonne chose. »

« Charkrowos… Est-ce que vous voudriez être mon garçon d’honneur ? »

« Hein ? Que ? Moi ? »

Le vieil homme semblait surpris par la demande de Xano mais son regard se remplit de malice avant qu’il ne sourisse. Il lui répondit qu’il était d’accord pour une telle chose alors que Tyrania se présentait devant Gigana :

« Et toi ? Gigana ? Tu aimerais devenir mademoiselle d’honneur ? »

« Hein ? Euh… Je ne sais pas réellement en quoi ça consiste… mais pourquoi pas ? »

Bien ! Ils avaient déjà un garçon et une demoiselle d’honneur. Il ne manquerait plus qu’à prévenir la mère de Xano et ça sera parfait. Quand à son propre père, disons que… Ca ne sera pas franchement réalisable puisque ce dernier n’était qu’un Feunard. Qu’importe, tout allait être parfait pour ce jour là ! Il allait falloir prévenir tout le monde autour d’eux ! Même les quelques Taisos qui avaient aidés !

« Aie ! Mais ça fait mal ! Ca me pique ! »

« Il faut que tu arrêtes de bouger, Tyrania, sinon, comment tu veux que j’arrive à finaliser ta robe de mariage hein ? Ce n’est pas comme ça que je pourrais la terminer. »

« D’accord, d’accord… Pfff… C’est compliqué toute cette histoire ! »

Aliréna avait un fil dans la bouche, Oriane et Pandora la regardant faire alors que Tyrania ne tenait plus sur place. Dans ce monde, il n’était pas difficile de trouver les personnes capables de faire une robe somptueuse.

« Xano me manque… Je n’aime pas rester immobile. »

« Hého, coeur tendre, tu ne l’as plus vu pendant deux heures à peine. Tu pourrais bien patienter un peu non ? Quand même… Te marier alors que vous n’avez que dix-neuf ans. »

« Hé ho ! Xano et moi, on s’aime, c’est tout ce qui compte je crois, hein ? »

« Bien sûr et je suis contente pour toi. Bon… Ne bouge plus et je vais arrêter de te parler sinon Aliréna va me tuer sur place. »

Une racine sortie du sol, s’enroulant autour de la bouche d’Oriane pour la faire taire. La femme aux cheveux bleus tenta de la retirer mais sans succès alors qu’Aliréna se remettait en action. Pandora eut un petit rire alors que Tyrania soupirait.

« J’ai l’air d’un pingouin. Sincèrement, c’est pas mon truc le costume. »

« Fais un petit effort, Xano. On ne se marie qu’une fois. »

Il soupira, ayant un petit sourire après. Il ne savait pas pourquoi mais il se disait que Tyrania devait réagir comme lui en ce moment. Il se faisait prendre les mesures de son corps pour son costume alors que le vieil homme était avec lui. Quelqu’un pénétra dans le magasin, demandant à voir Xano. C’était un homme qu’il connaissait bien.

« Ryusuke ? Si je m’attendais à te voir… »

« C’est pas difficile. Devine pourquoi je suis là ? »

« Car tu t’es lancé dans le porte-à-porte ? »

« Hahaha. Gros malin. Non. Ce n’est pas du tout ça. Je suis venu pour voir comment tu te débrouilles avec ton mariage. Je me suis quand même marié à une pokémon moi aussi à la base donc je connais le sujet. »

Il haussa les épaules, se faisant gronder par l’homme qui prenait ses mesures alors que Ryusuke rigolait en l’observant. Oh que oui… Il était déjà passé par là. Ce mariage allait lui rappeler de bons souvenirs, il en était sûr. Il observa Xano avec un grand sourire, le jeune homme aux cheveux blancs faisant de même alors que Charkrowos restait immobile, attendant la suite des évènements. Et bien… Tout ça allait être mouvementé.

« Ronyl… Tu crois qu’un jour, toi et moi… »

« On se donnera en spectacle ? Non merci. Je ne sais même pas pourquoi je suis invité. »

« Mais merde, arrête d’être aussi coincé mon gars ! »

« Laisse le tranquille, Loxen. Ce n’est pas de sa faute si il est timide. »

« Timide ? Timide, moi ?! Non mais vous avez lu sa lettre ?! »

Il semblait assez énervé tout en désignant les quatre lettres que chacun avait reçues. Il était marqué dessus, Ronyl parlant à voix haute :

« Cher Monsieur Ronyl, blablablabla, Xano Likan et Tyrania sont heureux de vous confier à leur mariage le blablabla. Ce mariage se passera dans un environnement clos et en compagnie seulement de la famille et des amis. »

« Et alors, c’est où le problème ? »

« Depuis quand je suis son ami ?! Je ne crois pas m’être enregistré dans cette catégorie ! »

Il s’énervait tout ça pour ça ?! C’était assez pitoyable de sa part alors qu’il jetait la lettre au sol, Paria venant lui caresser le dos en lui murmurant de venir se calmer tandis que Loxen haussait les épaules, se tournant vers Frizy :

« Là, j’ai rien fait, Frizy mais quand même, avoue qu’il abuse là. »

« Tu parles de Ronyl ? Bien que ça soit rare, je suis d’accord avec toi. Ronyl… Tu devrais quand même venir au mariage. Peut-être que tu ne le considères pas comme un ami mais rappelle toi que sans lui, Paria ne serait jamais devenue une humaine. »

« Je te rappelle que lui et moi, on s’est battus et qu’on a tous faillis mourir ! »

« Et tu crois que ce n’est pas pareil pour moi ? T’exagères vraiment. A part Paria, t’es vraiment pas du genre social. A se demander comment je peux te supporter. C’est bon, je demande le divorce et je te quitte. »

Frizy et Paria le regardèrent avec étonnement alors que Ronyl l’observait longuement. C’était quoi cette phrase particulièrement stupide qu’il venait de prononcer ? Mais quel idiot parlerait de cette façon ? Il n’y avait qu’un imbécile dans les trois mondes pour s’exprimer ainsi et il l’avait en face de lui. Ronyl grogna avant de dire :

« C’est bon, c’est bon, je viens. Mais je ne veux pas être ridicule avec ma bosse dans le dos. »

« Mais tu n’es pas ridicule, Ronyl. Et si quelqu’un se moque de toi, je le corrige. »

Paria ? Elle ? Corriger quelqu’un ? Il aimerait bien voir ça de la part de la jeune femme aux cheveux bruns. Il émit un faible sourire, celui-ci disparaissant alors qu’il s’éloignait. Loxen tapa dans la main de Frizy pour dire qu’il venait de gagner cette bataille.

« C’est le jour J, Xano ! On doit se lever ! »

Elle alla l’embrasser tendrement sur les lèvres pour le forcer à se lever. Ils dormaient toujours ensembles mais rien n’avait été fait entre eux deux. C’était même loin de ça. Ils étaient restés au stade des embrassades bien qu’ils avaient déjà été dans des rapports plus profonds auparavant. Comme elle lui avait dit : Rien avant le mariage. Pour sa part, il avait accepté mais ce n’était pas pour ça qu’il n’aimait pas la serrer dans ses bras.

« Pourquoi le jour J ? Y a quelque chose de spécial aujourd’hui ? »

« Arrête tes bêtises et lève toi. Tu dois être en pleine forme car d’ici ce soir, tu ne pourras plus bouger, Xano. Tu seras tout à moi par les liens sacrés du mariage. »

« Tu sais très bien qu’il n’y a pas besoin de ces liens pour que je sois tout à toi. »

« Une simple mesure de précaution. »

Il se leva finalement, passant une main dans ses cheveux blancs alors qu’il regardait avec intérêt la jeune femme aux cheveux dorés qui lui tournait le dos. C’était le grand jour aujourd’hui ! Il avait fallu plus d’un mois pour que tout soit préparé et ils étaient finalement prêts à se marier ! Rien que le fait d’y penser le mettait dans un état proche de l’euphorie.

« Xano. J’espère pour toi que tu ne t’es pas recouché ! »

« Non, non ! C’est bon ! Pfiou… Dire que je vais devoir te supporter jusqu’à la fin de ma vie. C’est vraiment pas une bonne idée ça ! »

« Annonce moi que tu n’es pas content et on retrouvera ton corps ensanglanté au pied de l’église. Alors ? Qu’est-ce que tu dis ? »

« Que je t’aime, Tyrania. »

Bien, très bien, c’est ce qu’elle voulait entendre. Il quitta la chambre, passant dans la salle de bain pour se jeter un peu d’eau sur le visage. Il en avait besoin avec tout ça. Quelques minutes après, elle lui servait le déjeuner et la matinée passa tranquillement. Puis vint le moment fatidique… Un moment où elle s’était mise à pleurer alors qu’il la serrait dans ses bras. Il lui murmura avec tendresse :

« Allons… Arrête de pleurer. Ce n’est pas si grave que ça. »

« Oui… C’est vrai… Mais c’est l’émotion. »

« On ne voit plus pendant une demi-journée grand maximum. Sèche tes larmes et viens m’embrasser au lieu, grande nigaude. »

Elle répondit à sa demande, posant ses lèvres sur les siennes alors qu’il la serrait avec ardeur contre lui. Un petit baiser avant que la coutume ne veuille que le marié et la mariée ne se voient plus jusqu’à l’église. Il partit le premier, la laissant seule alors qu’elle se préparait de son côté. Chacun allait rejoindre son côté.

« Je me suis toujours demandé… Il n’y a pas de pokémon qui ressemble à un pingouin ? »

« Pourquoi cette question, Xano ? Ce n’est pas le moment d’y penser. »

« Car je crois que je lui ressemble ! »

Encore une fois, il n’appréciait pas vraiment sa tenue et il espérait en être débarrassé le plus rapidement possible. Il observa son nœud papillon alors qu’il était accompagné de Charkrowos et Ryusuke. Les deux hommes portaient une tenue de garçon d’honneur alors que Xano se demandait si sa mère allait être présente ce jour là. Ryusuke lui demanda :

« Un peu stressé quand même ? »

« Pas du tout ! Pas le moins du monde ! »

« Alors arrête un peu de trembler. »

« Sinon… Je me demandais : Où sont Clemona et les autres ? »

« Elles ont été voir ta future femme. Tyrania doit être morte d’inquiétude. »

Il haussa les épaules comme pour dire qu’il ne pensait pas que la jeune femme se mette dans tous ses états avant de se dire… que si lui était stressé intérieurement alors elle… Ca devait être pire. Il devait penser à autre chose !

« Est-ce que tout le monde est là ? Vraiment tout le monde ? »

« D’après ce que j’ai cru lire, c’est le cas. Mais quand même… Tu connais vraiment TOUTES ces personnes ? Y en a au moins quarante ou cinquante ! »

« Que veux-tu ? La rançon de la gloire ! Je suis une célébrité ! »

« Je préfère te signaler que si tu te loupes, tu finiras très mal. »

« Je crois que Tyrania ne me le pardonnerait jamais. »

Il baissa le regard, s’imaginant les pires choses qu’elle pourrait lui faire si il venait à rater son mariage. SALOPARD ! Ryusuke rigolait alors qu’il se décomposait devant ses deux : Cet enfoiré venait de lui mettre encore plus la pression ! Charkrowos toussa légèrement avant de dire d’une voix douce mais enrouée :

« Si vous voulez bien me pardonner, j’ai quelque chose à demander à mes filles. »

« Comme vous le voulez, nous vous attendrons, Charkrowos. »

Le vieil homme quitta la pièce, laissant Ryusuke et Xano seuls alors que ce dernier tentait de se donner une légère contenance. Ne pas écouter les absurdités de cet homme serait une bonne solution. AH ! Il devait boire un verre d’eau pour se concentrer et tout oublier ! Ca valait mieux ! Il ne devait pas se compliquer la vie à cause de Ryusuke ! Rah ! Il le détestait !

Plusieurs coups furent donnés à la porte, la jeune femme aux cheveux dorés demandant :

« Qui est là ? Je suis désolée mais je suis un peu occupée personnellement. »

« A enfiler ta robe ? Tu penses pouvoir rentrer dedans ? »

Hey ! Cette voix rieuse ! C’était Luna ?! La porte s’ouvrit pour laisser place à la jeune femme aux cheveux blonds. Pour l’occasion, elle avait décidée de s’habiller avec une robe une pièce moulante de blanche tandis qu’elle souriait à Tyrania. Derrière Luna apparaissait une femme habillée comme à son habitude… Une femme qui n’avait pas changée de tenue.

« Nelya… Tu aurais pu faire un effort quand même pour aujourd’hui ? »

« Pardonne moi Tyrania, c’est simplement que cette tenue… est celle dans laquelle je me sens le mieux. J’espère que tu peux comprendre. »

« Pas pendant le jour de mon mariage, on va te trouver autre chose ! Rocagiri, Sterivia, Iglaré, emmenez la autre part. Gigana et Luna restent avec moi ainsi qu’Oriane et ses sœurs. »

Nelya fut emportée par les trois jeunes filles, les quatre personnes quittant la pièce alors que la femme aux cheveux bleus semblait inquiète. Finalement, dès qu’elle partie, Luna s’approcha de Tyrania avant de se mettre à rire :

« Alors Tyrania, ça te fait quoi ? Tu vas te marier et tu es la grande gagnante ! »

« Tu n’es… pas jalouse, Luna ? Je t’ai pourtant… »

« Hého, ma grande. Si j’étais jalouse, j’aurais fait une scène dans l’église et je ne me serais pas présentée devant toi. Je te le promets ! Je ne suis pas comme toi ! De plus… Disons que j’ai déjà un autre chevalier servant. »

« Hein ? Qui… Qui donc ? »

Oriane semblait aussi surprise que Tyrania par cette nouvelle. Elle avait déjà trouvé quelqu’un d’autre pour remplacer Xano ? Ca avait fait assez vite dis donc. Avec un grand sourire aux lèvres, Luna reprit :

« C’est un homme un peu fou de jeux vidéos. Il n’a jamais décroché de sa console et je me demande même si c’est réalisable aujourd’hui. Il est déjà en train d’attendre dans l’église mais bon… Il me nomme sa princesse car il est encore dans ses jeux vidéo. »

« Jeux vidéo… Jeux vidéo… REK ! »

« C’est ça ! C’est bien Rek ! Par contre, même si je suis la princesse des Insectes et que ma mère est toujours la déesse supérieure des Insectes, je tente de le faire accepter parmi ces derniers. C’est assez difficile. »

Et pour cause : Rek était un ancien Etouraptor, un oiseau, un ennemi naturel des insectes donc. Tyrania ne put s’empêcher d’être légèrement émue. Elles étaient toutes là. Quelqu’un toqua à la porte, la jeune femme demandant qui c’était. La seule voix qu’elle entendit était celle d’un homme, puis accompagnée de deux voix féminines. Mais… Elle ne connaissait pas ces trois voix. Elle ne s’en rappelait plus si cela avait été le cas.

« S’il vous plaît, s’il vous plaît. S’il vous plaît. Veuillez tous vous asseoir correctement. La cérémonie commencera bientôt. Le prêtre va bientôt arriver. »

Gigana tapait dans ses deux mains pour que le calme s’installe alors que tout le monde respectait ses consignes. L’Eglise était assez grande, deux statues représentant Giradès et Juperus se trouvant de part et d’autre de l’autel alors que l’adolescente aux cheveux blancs étudiait les différentes personnes qui se trouvaient. Hum… Ils étaient bien tous présents. Bien sûr, il en manquait d’autres comme Luna, Nelya ou ses sœurs mais c’était normal. Par contre… Deux personnes venaient de pénétrer dans l’église : Deux femmes qu’elle ne connaissait pas. L’une d’entre elles semblait très âgée : Elle devait bien avoir soixante-dix ans et avait des cheveux gris… ainsi que des yeux argentés. Elle avait une certaine prestance indéniable et elle la regarda longuement. De l’autre côté, il y avait une femme aux longs cheveux bruns qui devait avoir la quarantaine d’années et il fallait reconnaître qu’elle était élégante. Elle se positionna devant les deux femmes :

« Pardonnez moi mais qui êtes vous ? »

« Nous ne sommes pas vivantes. Est-ce qu’il y a des places libres ? »

« Oui mais… Enfin… Vous savez que c’est un mariage privé. »

« Nous sommes envoyées par Juperus et Giradès. »

Elles connaissaient Juperus et Giradès ? Rien que le fait de dire leurs deux noms plus le fait qu’elles soient en ce lieu montraient qu’elles savaient ce qui se passait ici. Elle hocha la tête, leur désignant deux places au premier rang alors qu’elle quittait l’église. Il fallait maintenant trouver l’homme qui allait marier le futur couple.

« Lucate ? Est-ce que tu es prêt ? »

« C’est le cas, mademoiselle Gigana. J’ai tout ce qu’il faut. »

Il se présenta à elle dans une robe de cérémonie blanche, un chapeau cachant une partie de ses longs cheveux bleus alors qu’il attendait qu’Hosol arrive à son tour, celle-ci s’étant habillée en sœur. Les deux personnes allèrent à l’intérieur de l’église tandis qu’elle observait le ciel. Il faisait beau… très beau. Ca allait être une très belle journée.

« C’est à moi de me préparer aussi. Demoiselle d’honneur. Ah. »

Elle eut un léger sourire, s’éloignant de l’église pour se diriger vers la demeure où tout ceux qui étaient là pour aider le futur marié et la future mariée. Une bonne trentaine de minutes plus tard, Hosol s’était mise assise devant un piano à orgue, commençant à en jouer délicatement alors que tous les murmures s’arrêtaient. Tout allait commencer ! Lucate était déjà derrière l’autel, attendant que Xano et Tyrania arrivent, accompagnés de leurs garçons d’honneur et de leurs demoiselles d’honneur. Il fallait remarquer que même Loxen avait mis un chapeau haut-de-forme pour tenter de cacher sa coiffure afro et blonde.

La double porte s’ouvrit pour laisser apparaître un jeune homme aux cheveux blancs et aux yeux rouges. Habillé avec un costume noir et une cravate rouge ainsi qu’un nœud papillon de même couleur, il avait respecté les conditions de Tyrania. Charkrowos marchait derrière lui, ayant quitté sa canne pour la journée bien que l’on pouvait voir qu’il peinait légèrement à le suivre. Enfin… A côté de lui se trouvait une ravissante femme aux cheveux bleus courts et aux yeux dorés. Elle était si belle… que c’était à se demander si tout cela n’était pas irréel. La mère de Xano… Elis…

« Je la draguerais vo… »

Loxen se prit un coup dans le ventre pour qu’il se taise, Frizy portait un magnifique kimono blanc qui allait de pair avec son visage et ses cheveux. Tout était parfait… La musique continuait, le jeune homme et sa mère arrivant devant l’autel. Elis murmura à Xano :

« Bonne chance. Je suis fière de toi, Xano. »

« Et moi, je suis fier d’être ton fils, Maman. »

Elle lui fit un fin sourire, allant s’asseoir au premier rang à la droite de l’autel, à l’opposé de l’endroit où étaient assises les deux femmes avec qui Gigana avait parlées. Charkrowos s’installa à côté de Xano, lui tapotant une fois dans le dos alors qu’il tenait un petit coffret en écrin noir dans sa main gauche.

« La mariée va arriver. »

Ah ! Le clou du spectacle ! Il voyait que Luna et les autres femmes étaient présentes, déjà installées. Il y avait simplement les quatre sœurs qui n’étaient pas présentes ainsi que la mariée. La musique recommença à résonner dans l’église alors que les portes s’ouvraient à nouveau. Enfin… Elle arrivait. Il haussa un léger sourcil d’appréhension alors que plusieurs murmures se faisaient entendre. Qui était cet homme qui lui tenait la main ? Xano était surpris, très surpris. Il ne connaissait pas cet homme. Il avait une quarantaine d’années, de magnifiques cheveux rougeoyants avec des yeux argentés. Tout de suite, il fit la correspondance entre la fourrure de la Goupix qu’il connaissait et les yeux de l’homme. Mais le plus merveilleux était encore à venir.
Tyrania avait un long voile blanche qui cachait son visage mais il sentait qu’elle était heureuse… Très heureuse alors que l’homme aux cheveux rougeoyants tenait son bras en l’emmenant jusqu’à l’autel. Elle avait un bouquet de roses à la main tandis qu’elle laissait apparaître ses neuf queues de Feunard ainsi que ses deux oreilles. Le haut de son voile dans ses cheveux dorés était entouré de roses blanches et il en était de même pour le haut de sa robe de mariée. Elle avait les épaules nues et de longs gants blancs en dentelle et elle était resplendissante. Enfin derrière elle se trouvait Gigana qui portait une robe argentée et aux épaules recouvertes néanmoins tandis que ses trois petites sœurs tenaient le reste de la robe avec un grand sourire. Elle arriva à sa hauteur alors que l’homme aux yeux argentés le regardait en émettant un grand sourire. Il murmura quelque chose dans l’oreille de la jeune femme aux cheveux dorés, allant s’asseoir à côté des deux femmes. Il n’osa pas la regarder, droit dans les yeux, étant quand même un peu inquiet au sujet de cet homme et de ces deux femmes. Néanmoins, elle avait un grand sourire aux lèvres, signe qu’elle était heureuse bien qu’il releva un peu de tristesse. Lucate toussa légèrement, prenant la parole :

« Mes frères et mes sœurs, si nous sommes réunis aujourd’hui en cette église, c’est pour célébrer l’union de deux êtres par les liens sacrés du mariage. Xano Likan et Tyrania, vous avez vécues de belles choses ensemble et ce qui n’était au départ qu’une simple relation entre une pokémon et un dresseur s’est transformé en un sentiment bien plus profond et humain. Des épreuves, vous en avez traversées et vous en traverserez encore mais ensemble et unis. »

Un discours crée par Lucate ? Pour l’instant, tout était bon et il lui donnait un magnifique dix sur dix mais il fallait voir le reste. Est-ce que tout cela n’allait être qu’un simple amour volage ou quelque chose de bien plus grand ? Il n’osait pas prendre la main de Tyrania, n’osant même pas la regarder alors que Lucate continuait son discours. Après deux minutes, Lucate s’arrêta, tapant une fois dans ses mains avant de dire :

« Si les alliances veulent bien être données. »

Charkrowos et Gigana se levèrent, s’approchant de Xano et Tyrania en leur tendant un coffret en écrin. Ils ouvrirent pour y trouver une bague avec un rubis ni trop grand, ni trop petit. Lucate reprit en les regardant :

« Nous allons donc prononcer vos vœux : Xano Likan, est-ce que vous faites le vœu de toujours chérir cette femme, uniquement et rien que cette femme. Est-ce vous faites le vœu de vivre avec elle dans la joie comme dans la peine, dans l’allégresse comme dans la tristesse, de l’aimer que ça soit dans la vie ou dans la mort. Est-ce que vous voulez accepter Tyrania comme épouse ? Si c’est le cas, dites : Oui je le veux. »

Il prit l’anneau puis la main de Tyrania alors qu’il la regardait à travers son voile en rougissant. Il mis la bague à l’annulaire droite de Tyrania. Lentement, il murmura :

« Oui, je le veux. »

« Et vous Tyrania, est-ce que vous faites le vœu de toujours aimer cet homme, uniquement et rien que cet homme ? Est-ce que vous faites le vœu de vivre avec lui dans le bonheur comme dans la souffrance, dans l’utopie comme dans l’apocalypse, de l’aimer à chaque parcelle de votre existence ? Est-ce que vous voulez accepter Xano Likan comme époux ? Si c’est le cas, veuillez dire : Oui je le veux. »

Sans même réfléchir aux nombreuses questions, elle prit l’anneau, le mettant à l’annulaire droit du jeune homme avant de s’exclamer avec joie :

« Oui, je le veux ! »

« Alors, à partir de ce moment et à compter d’aujourd’hui, en la présence des nombreuses personnes en ce lieu, je vous déclare dorénavant mari et femme. Puissiez-vous vivre heureux. Vous pouvez maintenant embrasser la mariée. »

Oh que oui, il allait l’embrasser, relevant le voile en la regardant avec un léger sourire. Ils étaient tous les deux rouge de gêner : S’embrasser devant trois ou quatre personnes, c’était une chose. Devant toute une assemblée, c’était bien plus compliqué. L’histoire du courage, ils allaient s’en passer. Il embrassa longuement la jeune femme aux cheveux dorés alors qu’Hosol reprenait la musique à l’orgue, de nombreux applaudissement se faisant entendre.

« Tyrania… Je voulais te demander… »

« Que y a-t-il mon amour ? Ne me dit pas que tu as le trac. »

« Non, non… Ce n’est pas ça mais je me demandais : Qui sont ces trois personnes ? »

Il désigna du regard l’homme et les deux femmes assez âgés, Tyrania faisant un petit sourire triste. Oui, elle était un peu triste. Il lui passa une main sur la joue, tentant de comprendre ce qui se passait réellement. Elle lui murmura :

« C’est mon père… Ma mère… Et ma grand-mère. »

« C’est vrai qu’ils étaient morts donc nous les avons sûrement ramenés à la vie en même temps. C’est ça non ? Je devrais aller les saluer. »

« Ce n’est pas une bonne idée mais si tu en as envie, vas y. Pour ma part, je vais aller parler avec tout le monde. On se retrouve ici après. »

Le couple se séparait pour quelques minutes. Xano se dirigea vers le trio, ne savant pas comment s’adresser à eux. En fait, parler avec sa belle famille le stressait au plus haut point. L’homme se tourna vers lui, émettant un sourire :

« Et bien… Voilà mon futur genre. Que me vaux l’honneur de ta visite ? »

« Vous êtes bien Merak ? Le… père de Tyrania ? »

« C’est exact. Et voilà ma mère Kalix et ma femme Zyla. »

« Bonjour, mesdames. Je suis… »

« Xano Likan, nous avons entendu ton nom lors de la cérémonie. »

« Ah… Euh… Oui… C’est vrai. »

Il passa une main dans ses cheveux blancs, ne sachant pas quoi dire. Luna arriva, lui prenant le bras pour le tirer vers elle et qu’il l’invite à danser. Il se laissa faire, jetant un dernier regard aux trois personnes qui s’étaient mises à parler entre elles.

« C’est un bon garçon… Un très bon garçon même. »

« Je crois que ma petite-fille a très bien choisi son homme. »

« Vous parlez de moi ? »

Tyrania se positionna devant eux, les joues rougies par l’émotion. Voir sa famille… était quelque chose auquel elle ne se serait jamais doutée. La femme aux longs cheveux bruns serra sa fille contre elle avant de lui dire d’une voix douce :

« Je m’étais trompée… trompée sur toute la ligne. »

« Mais non… Ce n’était pas de ta faute, Maman. Si seulement… La possibilité de devenir une humaine avait été possible, tu aurais été heureuse. »

« Mais je le suis. Dis toi que si j’avais été une humaine, tu ne serais pas née. »

« Oui… C’est vrai… »

« Zyla… Il va être bientôt l’heure. »

« Vous… Vous partez déjà ? Mais ce n’est pas terminé ! »

Elle les regardait d’un air affolé, tendant ses bras en sanglotant. Ils… Ils ne pouvaient pas déjà partir. Pas maintenant ! Zyla et Merak allèrent la serrer contre eux, la jeune femme se retrouvant entre ses trois parents.

« Il le faut bien… Giradès et Juperus se fatiguent beaucoup trop. »

« D’accord… mais… Je… Je… vous… »

Elle n’avait pas besoin de terminer sa phrase. Ils comprenaient parfaitement ce qu’elle voulait dire. C’était si facile à comprendre. Xano remarqua ses pleurs, s’approchant d’elle en lui demandant si tout allait bien. Merak lui dit :

« Veille bien sur elle. Tu me le promets ? »

« Hein ? Euh… Oui… Mais… Vous partez ? »

« C’est exact, nous avons des obligations qui nous attendent ailleurs. »

« Je vous souhaite un bon départ et je veillerais sur votre fille comme sur la prunelle de mes yeux. C’est une promesse et je les respecte toujours. »

Soit… Ils n’avaient donc pas à s’inquiéter de ça. Merak posa ses mains sur les épaules de Xano avant de dire au revoir à Tyrania. Celle-ci alla dans les bras de son mari alors que le trio quittait la salle. Elle continuait de pleurer et il ne pouvait s’empêcher de la questionner :

« Raconte moi tout. Je n’aime pas te voir en train de pleurer. »

« Papa… Maman… Et grand-mère… Ils sont déjà morts… »

« Hein ? Comment ça ? Ils étaient bien vivants. »

« Ils s’étaient déjà réincarnés mais… Giradès et Juperus se sont entraidées et ont extrait les âmes de mes trois parents… pour leur redonner un corps physique et leurs souvenirs. Mais ce n’est pas permanent car leurs âmes ont maintenant une nouvelle vie et elles doivent retourner dans leurs nouveau corps. »

C’était donc ça… Leurs départs… C’était un cadeau de Giradès et Juperus. C’était l’un des plus beaux cadeaux que Tyrania pouvait avoir. Il la serra tendrement contre lui avant de lui demander d’une voix tendre et délicate :

« Est-ce que tu me ferais l’honneur de danser avec moi ? »

« Bien sûr… grand bêta. Et puis… C’est du passé. »

Du passé et ils avaient tout l’avenir devant eux. Il alla l’embrasser fougueusement devant tout le monde, quelques rires se faisant entendre alors qu’elle se laissait faire. Quelques secondes après, la musique revenait et ils commencèrent à danser. Elle se retint de crier en lui disant :

« Tu sais pas danser… Pas du tout. »

« Hey ! Ce n’est pas de ma faute si je ne suis pas doué. »

« Je le confirme, Tyrania. Fais gaffe ! Même Rek sait mieux danser que toi, Xano. »

« Hey, je peux pas être parfait hein ? »

Mais il l’était pour elle. Elle colla sa tête contre son torse, la musique devenant un slow, chaque couple se formant alors qu’elle fermait les yeux. De son côté, il regardait tout le monde. A sa grande surprise, il vit Nelya habillée d’une façon très élégante avec une jupe bleue lui allant jusqu’aux genoux. Mais surtout, sa surprise était fixée sur le ventre de la jeune femme. Celui-ci avait légèrement grossi.
Du côté de Ryusuke… On dira qu’il avait fort à faire. Il devait alterner ses danses entre Riza et Clemona, les deux femmes se disputant en rigolant pour savoir à qui allait être la prochaine danse. Il fallait remarquer qu’au niveau de la poitrine, les deux femmes ne s’étaient pas privées pour laisser apparaître un décolleté généreux. Finalement, ce ne fut aucune des deux femmes qui eut la prochaine danse mais Juperus qui était apparue devant le jeune homme en lui murmurant avec délicatesse :

« Il est aussi le père de mon enfant… Je pense donc que je pourrais avoir une danse avec lui puisque je viens à peine d’arriver. Ryusuke ? »

« D’accord, d’accord… Rahhhh… C’est quand même moche d’être un homme à femmes. »

Il se prit deux claques de la part de Clemona et Riza en même temps. Ce n’était pas des claques qui se voulaient violentes mais plutôt amusées. Qu’il se taise bon dieu ! Luna criait un peu sur Rek, l’homme à la mèche bleue continuant de jouer à sa console au lieu de l’inviter à danser. Sans même prévenir, elle alla éteindre la console devant les yeux écarquillés de Rek qui bégaya :

« Mais mais mais … Je … Je n’avais pas… »

« En tant que chevalier servant, tu te dois de m’inviter à danser ! »

Aie aie aie… Quelle plaie ! Enfin non… Pas une plaie ! C’était lui qui s’était invité dans la ruche malgré les dangers. Bon, faire un effort et tenter de danser avec elle. Il se redressa, prenant la main en lui souriant alors qu’ils allaient sur la piste. Xano termina de danser avec sa femme, lui demandant si il pouvait aller voir Nelya.

« Et pourquoi je ne voudrais pas te laisser partir ? »

« Je ne sais pas vraiment… Tu veux venir avec moi ? Je crois que… Nelya est enceinte. »

Elle parut étonnée des propos de Xano et elle jeta un regard vers la jeune femme aux cheveux bleus qui restait parfaitement immobile dans son coin, refusant poliment toutes les invitations. C’est vrai qu’elle avait pris du ventre. Bon… Ils pouvaient bien faire ça. Ils se dirigèrent vers Nelya, la jeune femme posant ses yeux saphir sur Xano et Tyrania :

« Toutes mes félicitations, vous deux. »

« Merci beaucoup, Nelya. Alors ? Combien de mois ? »

« Environ un ou deux. Je dirais plus aux alentours de deux mois. »

« Tyrania, je ne m’étais pas trompé ! Qui est le père ? »

« Il n’a pas de père. »

Aie… Ahem… Sujet délicat. Tyrania donna un petit coup dans la hanche de Xano, celui-ci détournant le regard. Il n’était pas très malin d’avoir parlé de ça maintenant. Quel imbécile ! Nelya reprit la parole en faisant un petit sourire :

« Non… Non… Il ne m’est rien arrivé de mal. Je n’ai pas eu une aventure ou autre. C’est simplement… un enfant comme toi, Xano. »

« Xano… Qu’as-tu fait à Nelya dans mon dos ? »

« Hey ! J’ai rien fait ! J’ai rien fait du tout ! »

« Non… Ce que je veux dire… C’est que je suis comme Elis : Mon enfant n’a pas de père. »

D’accord… C’était différent. Tyrania poussa un soupir de soulagement alors que Xano croisait les bras, attendant des excuses de sa part. Elle alla l’embrasser sur les lèvres, se faisant pardonnée tout de suite alors qu’il demandait à Nelya :

« Tu veux danser ou ton ventre t’en empêche ? »

« Je ne suis pas incapable de bouger non plus. Je ne sais pas danser seulement. »

« Tant mieux, on sera deux ! Pardonne moi Tyrania mais j’invite cette demoiselle. »

Elle fit un petit geste évasif de la main pour dire que c’était bon alors qu’elle étudiait toutes les personnes dans la pièce. Loxen… dansait comme un fou sur la piste, Frizy tentant de l’arrêter avant de le suivre dans la danse. Paria et Ronyl… dansaient tranquillement, chacun baisant la tête sans regarder les personnes autour d’eux. Ils étaient seuls dans leur monde. Une main se posa sur l’épaule de Xano à la fin de la danse :

« Et moi messire ? Ai-je le droit de danser ou non ? »

Dès qu’il tourna la tête, il eut un décolleté plongeant devant lui… ainsi qu’un visage avec des yeux verts et des cheveux de même couleur. Telle mère… Telle fille… Les deux avaient des proportions là où il fallait. Shymi… était devant lui.

« Heu… Bien sûr ! Enfin… Bonjour Shymi. Ca fait… longtemps. »

« Et oui ! Que veux-tu que je te dise ? J’ai perdu donc j’ai le droit au lot de consolation. »

« C’est-à-dire ? Une danse avec moi ? »

« Bien sûr. Enfin je crois… »

Il s’inclina respectueusement devant elle, lui prenant la main alors qu’une nouvelle danse commençait. Un petit regard vers Ryusuke et il voyait l’homme aux cheveux bruns en train de danser avec Drimali. La jeune femme aux cheveux bleus semblait aux anges. Tyrania quand à elle, elle n’appréciait pas vraiment le fait que Xano dansait avec Shymi mais elle préférait ne rien dire. Il pouvait faire ça.

« Shymi… J’y pensais mais… Tu m’as menti n’est-ce pas ? »

« A quel sujet ? Je ne vois pas de quoi tu parles. »

« Tu sais très bien où je veux en venir… Je parle de ce qui s’est passé. »

« De l’enfant ? Je suis désolée… Je ne pensais pas que… »

« C’est bon, c’est du passé mais la prochaine fois, ne mens pas. »

D’accord… De toute façon, pourquoi mentir ? Elle n’était plus enceinte et puis il était maintenant un homme marié. La musique s’arrêta, la jeune femme le remerciant d’un baiser sur la joue avant de s’éloigner et de retourner vers ses parents. Lui de son côté, il s’approcha de Tyrania, lui faisant un petit sourire :

« C’était Shymi. Je ne sais pas si tu t’en rappelles. »

« Oh que si je m’en rappelle très bien ! Bon… Il se fait tard non ? »

Elle tapa deux fois dans ses mains pour que les discussions s’arrêtent, signalant qu’elle allait faire un discours. Elle toussa une première fois, prenant la parole :

« Je vous remercie à tous et à toutes d’être venus pour mon mariage et aussi nombreux. Je ne vais pas m’attarder trop longtemps car je vais vous libérer. Je ne sais pas si je dois faire le traditionnel jet de fleurs car c’est peut-être un peu tard maintenant. Je me répète mais je tiens à remercier chacun d’entre vous pour le déplacement, même certains ont du traverser une dimensions pour venir jusqu’ici. Je ne parlerais pas plus que cela car même si pour certains, la nuit se termine bientôt, pour ma part, elle ne fait que commencer. Sur ce, je me dois de vous annoncer que Xano et moi allons vous quitter maintenant. Merci encore. »

Quelques discrets applaudissements se firent entendre alors qu’il rougissait. Elle venait de dire clairement que la nuit n’allait pas se terminer ce soir et cela… devant tout le monde. Puis des applaudissements plus nourris se firent entendre, Tyrania s’inclinant devant l’assemblée, invitant Xano à faire de même. Quelques instants plus tard, elle sauta dans ses bras, le forçant à la prendre à la manière d’une mariée.

« Désole mais nous devons vous laisser maintenant ! Bonne soirée à tous ! »

Elle salua les différentes personnes alors qu’il se dirigeait avec la sortie. Ahhhh ! Lorsqu’ils se retrouvèrent dehors, il lui demanda si elle était tentée qu’ils marchent pendant une ou deux heures avant d’arriver chez eux.

« Mais si tu es trop fatigué… On ne pourra pas passer notre lune de miel. Alors, je veux bien que tu me portes jusqu’à la maison mais tu n’as pas intérêt à être épuisé sinon je te le ferais regretter ! J’ai bien été claire ? »

« Oui cheffe ! Au passage… Je me disais… Tu n’étais pas obligée de balancer ça en public. »

« De quoi ? Que cette nuit allait être la grande nuit entre toi et moi ? »

« Oui, y a de ça quoi. Je ne pense pas que notre vie… sur la chose les intéresse beaucoup. »

« Moi j’y pense : Luna et toi, vous l’aviez fait combien de fois ? »

« Mais en quoi ça te concerne ?! »

« REPOND c’est TOUT ! Je veux savoir ! »

Bon… Combien de fois l’avait-il fait avec Luna ? Ca remontait à fort longtemps aussi. Il ne s’en rappelait pas forcément. Bon… Si… C’était quelque chose d’assez spécial puisque ça avait été un nombre assez important. Elle lui tira la joue alors qu’ils marchaient dans la nuit, elle dans ses bras. Il cria un peu de douleur avant de dire :

« Dix ! Dix fois ! Voilà ! Pourquoi tu veux savoir ça ? »

« Car on arrêtera pas avant de le faire vingt fois, j’ai été claire ? »

« Mais tu veux ma mort ?! »

« Non je veux simplement ma dose d’amour que je n’ai pas reçue depuis toutes ces années et avec les suppléments. Je te préviens : Tu as intérêt à pas flancher une fois. »

« On peut pas étaler ça sur plusieurs jours ? »

« JAMAIS ! On le fera jour et nuit si il le faut ! On ira boire mais c’est tout ! Et peut-être un peu manger car je ne sais pas si on a faim après ça. J’y connais rien moi ! Et puis bon… Essaye d’y aller doucement la première fois, d’accord ? »

« Mais oui… Mais oui… Je te le jure… »

Il poussa un léger soupir amusé alors qu’elle avait ses yeux rubis posés sur lui. Elle pencha un peu sa tête en avant, tendant ses lèvres pour qu’il l’embrasse, chose qu’il fit avec tendresse. Maintenant, ils allaient pouvoir vivre heureux et ensembles, c’était tout ce qu’elle voulait. Après une bonne heure et demi de marche, ils se retrouvaient devant la maisonnette de la jeune femme… et maintenant la sienne.

« Comment vas-tu ouvrir la porte ? »

« Je peux la défoncer ? »

« Je t’autorise pas à faire ça ! N’abuse pas ! Tu dois être capable de l’ouvrir sans me déposer au sol. C’est la tradition ! C’est comme ça ! »

Pfff ! Quelle chieuse ! Mais… MAIS… MAIS… C’était SA chieuse ! La tenant complètement avec sa main droite, il ouvrit la porte de sa main gauche alors qu’elle poussait un sifflement admiratif avant de dire d’une voix amusée :

« Et bien…. Quel homme fort ! »

« Juste pour celles qui le méritent. »

« Et je le mérite ? J’aimerais bien sentir cette force. »

Ca n’allait pas tarder mais auparavant… Il devait la déposer sur le lit et ouvrir d’autres portes. Une… et deux ! Voilà qui était fait. Ils se retrouvaient devant le lit à deux places, la jeune femme aux cheveux dorés tendant ses bras, prenant une forte respiration pour bien soulever sa poitrine devant les yeux de Xano.

« Et après ? Que faisons nous ? Tu te jettes sur moi ? »

« On va essayer une approche plus douce non ? Par contre… J’ai une petite demande… »

« Et c’est laquelle ? Voyons voir ce que tu as prévu de bizarre. »

« Et bien… Je ne sais pas si je devrais avoir honte de te demander ça mais… »

Allons… Qu’il s’exprime au lieu de tourner autour du pot. Elle se redressa, se mettant assise en croisant ses bras au niveau de sa poitrine, lui disant de poser sa question au lieu de rester ahuri devant elle. Il murmura d’une vois gênée :

« Est-ce que tu… peux… garder tes oreilles de Feunard et tes neuf queues ? »

« Hein ? Que ? Tu parles de mes attributs de Feunard que je n’arrive pas toujours à cacher ? »

Oui, oui. C’était de ça qu’il voulait parler. Il hocha la tête pour lui signaler que c’était ce qu’il voulait. Elle poussa un petit soupir amusé, tendant sa main pour agripper sa cravate et le tirer vers elle. Elle le regarda longuement… avant de lui répondre qu’elle était d’accord et que ce n’était pas un problème. De plus, cela prouvait qu’il ne se préoccupait pas du tout de son apparence physique… ou alors qu’il avait des goûts prononcés pour le fétichisme.

Quelques minutes après, il se retrouvait couché sur elle, la recouvrant de baiser sur le visage alors qu’elle se laissait faire en poussant des petits rires. L’une de ces mains remontait le long de sa robe de mariée pour se faufiler sous cette dernière. La blancheur de sa robe n’était pas là pour rien : Elle désignait que la jeune femme était encore vierge au moment du mariage et qu’elle était prête à se donner complètement à son futur mari. Il lui descendit ses collants blancs, les jetant par-dessus le lit avant de faire de même avec ses gants, embrassant sa main droite en la recouvrant de petits baisers.

« C’est à qui cette petite main ? C’est à ma petite Tyrania. »

« Xano… C’est comme ça que ça doit se passer ? J’ai l’air un peu… ridicule. »

« Mais tu ne l’es pas, pas du tout. »

Il se coucha complètement sur elle, arrêtant de jouer avec ses mains alors qu’il lui demandait de le mettre torse nu. Bien qu’elle était gênée puisqu’elle savait que personne n’allait l’arrêter, elle tentait de faire son mieux, passant ses mains sur le corps du jeune homme avec une légère appréhension. Elle lui demanda :

« Est-ce… que je le fais bien, Xano ? »

« Mais oui, Tyrania. Mais oui… Bon… Attention… »

Il posa une main sur le haut de sa robe, s’apprêtant à l’abaisser pour dévoiler sa poitrine. Elle était rouge de gêne mais il lui murmura que ce n’était pas la première fois qu’il la voyait ainsi. Mais là… C’était différent hein ? Elle allait se donner à lui ! Et puis… Xano… Ahhh ! Xano allait enfin s’unir avec elle ! Elle se cacha la poitrine alors qu’il abaissait le haut de sa robe. Il put constaté qu’elle avait pris du volume à ce niveau, lui donnant un corps absolument divin. Il alla l’embrasser tendrement, lui murmurant :

« Et bien… Tu n’as pas à cacher ton corps. »

« C’est vrai mais… J’ai remarqué que depuis quelques mois, j’ai continué de grandir au niveau de … Voilà… Et tu ne m’aimes pas uniquement pour ça hein ? »

« Mais non, si ça avait été le cas, je me serais marié à Luna. Est-ce le cas ? Je n’étais même pas au courant de ça avant aujourd’hui. Promis ! »

« Alors… C’est bon… Tu peux voir… »

Elle retira lentement sa main, dévoilant ses deux seins devant les yeux de Xano. Celui-ci déposa un petit baiser sur chaque téton, mettant un peu sa langue dessus alors qu’elle poussa un gémissement de plaisir. C’était… C’était… Ah… Elle avait tellement attendu ce moment que chaque geste sur son corps lui passait un courant électrique. Elle se laissa faire alors qu’il descendait de plus en plus sa robe, la mettant complètement nue devant ses yeux. Elle alla dire d’une voix faible et chétive :

« Et toi ? Je… ne dois pas te déshabiller ? »

« Il ne vaut mieux pas si tu es intimidée… »

« Intimidée ? Moi ?! Non mais pour qui tu me prends ?! »

Elle détestait qu’il lui dise la vérité surtout quand elle ne l’acceptait pas ! Elle transforma ses deux mains en griffes, déchirant le pantalon de Xano pour le mettre complètement nue. Il sembla surpris, poussant un soupir avant de dire :

« Ce costume n’était pas le mien. »

« Maintenant… Tu es dans la même tenue que moi… »

C’était donc ça… Xano… dans son plus simple appareil… et bien en face d’elle. En le regardant de haut en bas, surtout en bas, elle poussa un petit glapissement confus avant de prendre le sexe du jeune homme en main. Rien qu’à le sentir vibrer dans sa main, elle se sentait si chaude… Une chaleur l’envahissait dans son corps.

« Hey… Je ne dois pas rester inactif ! »

« Laisse… Laisse moi gérer ça ! Je dois… montrer que je suis capable d’être aimée par toi. »

Bon… Qu’est-ce qu’elle devait faire après ça ? Elle n’y connaissait rien… En avant… En arrière… Les gémissements de Xano lui montraient qu’elle était dans la bonne voie mais il n’avait pas l’intention de se laisser faire. Il posa deux doigts sur son entrejambe déjà trempé, pinçant le bouton d’amour de la jeune femme.

« AHHHHH ! Xano ! Imbécile ! Imbécile ! »

Et bien… Ca n’avait pas duré… Il retira sa main avec un grand sourire alors qu’elle haletait, crispée comme si elle venait de subir un électrochoc. Une petite flaque de liquide venait de se former au niveau de son entrejambe alors qu’il disait avec amusement.

« Et bien… Une fois. Ca va être bien plus simple que prévu on dirait. »

« LA FERME XANO ! »

Elle le prit par les deux bras, le regardant avec férocité et amour avant de le tirer vers elle pour le faire tomber sur son corps. Elle l’embrassa longuement avant de lui coller sa tête contre sa poitrine, entourant ses hanches de ses deux pieds avant de lui dire d’une voix bien plus calme et fragile :

« C’est bon… Je suis prête… Mais vas y doucement. »

Du blanc au noir… De la démone à l’ange… Elle changeait de caractère tellement vite qu’il en aurait été déconcerté si il ne la connaissait pas. Or… Ce n’était pas le cas. Il sortit sa tête de sa poitrine, collant ses lèvres contre un téton pour le mettre dans la bouche et le mordiller avant de rentrer en elle lentement. Il retira ses lèvres pour aller lui mordiller son oreille de Feunard tout en donnant un petit coup puis un autre jusqu’à ce que son hymen se brise. Le glapissement de bonheur qu’elle avait fait à ce moment là équivalait à toutes les plus belles musiques qu’il avait connues de son existence. Il alla l’embrasser pour finalement la serrer contre lui, la jeune femme aux cheveux dorés pleurant légèrement.

« Mon amour, je t’aime vraiment plus que tout. »

« Et moi aussi, Tyrania… Moi aussi… Ce n’est que le second de la soirée. »

Elle fit un petit rire amusé, le serrant contre elle de tout son corps et tout son âme alors qu’il recommençait à la pénétrer. Maintenant, ils étaient mari et femme. Ce qui se passa le reste de la nuit ne les concerna qu’eux, est-ce qu’il avait réussi ou non ? Nul ne le savait à part Tyrania et Xano. Couchés l’un contre l’autre, nus mais recouverts de la couverture, elle lui souffla dans l’oreille avec affection :

« Xano… Je crois qu’après tout ce que nous avons vécus… »

« Nous avons le droit de vivre heureux et ensembles ? Dans notre monde ? »

« Je me sens… apaisée enfin… après tout ça. Merci pour tout. »

« C’est à moi de te remercier d’exister. »

Ils se serrèrent l’un contre l’autre, le jeune homme fermant ses yeux avec elle, leurs deux visages collés ensemble. Il alla lui faire un petit baiser esquimau en s’endormant, la tête de la jeune femme posée contre son torse. Oui… Leur monde… Rien qu’à eux… Un monde où seuls elle et lui existaient dorénavant.

Chapitre 99 : J’ai été heureux de te connaître

Chapitre 99 : J’ai été heureux de te connaître

« Xano, pourquoi être resté avec moi ? »

« Car si je n’étais pas là… Vous seriez mort, n’est-ce pas ? »

« C’est exact… Mais tu dois penser à toi aussi. »

« Je penserais à moi quand tout sera terminé. »

« Tout est terminé… Il n’y a plus personne à faire revivre… à part toi. »

Le vide… Le noir… Le néant… Il n’y avait rien à part deux voix qui se parlaient entre elles. Deux voix facilement reconnaissables : Celle de Charkrowos et celle de Xano. Les deux hommes étaient en train de discuter bien qu’ils n’avaient plus de forme physique.

« Je sais très bien ce qu’il en est : Si vous me faite renaître, vous disparaîtrez. »

« En quoi cela est-il un problème ? Ne veux-tu pas être heureux ? »

« Je le suis… Je le suis. Tant que je fais plaisir à tout le monde, tant que tous sont heureux… Je suis heureux et je ne vais pas vous abandonner. »

« Mais tu as une vie… »

« Et vous avez la vôtre aussi. Gigana et ses trois sœurs ! »

C’était une discussion de sourds. Aucun ne voulait accepter la réalité : Ils avaient tous les deux une chose qui leur disait de revenir… et une chose qui leur en empêchait.

« Xano… Je crois que tu as été beaucoup trop longtemps à mes côtés. »

« C’est normal, je suis une partie de vous ! J’ai vos idéaux et vos… »

« Mais c’est mal ! Tu ne comprends donc pas que tout ce qui est arrivé est à cause de moi ? De mes idéaux ? De ma personnalité ? Ne refais pas la même erreur que moi ! »

« Je sais très bien ce que je fais et je ne trouve pas que c’est une erreur. »

« Et Faran… Tyrania dans cette histoire ? Est-ce que tu y as pensée ? »

Oh… Tyrania… Il était sûr qu’elle compren… Non. Elle n’allait pas pouvoir comprendre et cela était normal. Il était certain qu’elle ne pouvait pas accepter ce qu’il était en train de faire. Pfff… C’était bas de parler d’elle en ce moment.

« Xano… Suis moi… Je vais te montrer ce qu’elle est devenue depuis la dernière fois. »

Lui montrer ? Comment ça ? Qu’est-ce qu’il allait faire ? Un flash de lumière et si il avait des yeux, il aurait pu voir… de l’herbe… Une plage… De l’eau… Et une maisonnette isolée de tous et de toutes ? C’est là-dedans que vivait Tyrania ? Il pénétra à l’intérieur à la façon d’un fantôme, accompagné de Charkrowos. Comme ils n’avaient pas de consistance physique, personne ne pouvait les voir. La première remarque de Xano fut :

« C’est vraiment propre ici ! C’est vraiment ici… »

« C’est exact. Elle habite en ce lieu. Continuons. »

Bien sûr qu’ils allaient continuer ! Ils se dirigèrent vers une autre pièce, pénétrant dans la chambre de Tyrania. Un lit double recouvert d’un drap rouge… avec une couverture en laine à l’intérieur. De nombreux rideaux, une lampe de chevet, un bureau en bois, tout était bien ordonné et rangé et il se demandait si c’était bien réel.

« On doit s’être trompés, ce n’est pas possible. »

« Pourquoi cela ? Il y a un problème ? »

« Ca ne peut pas être Tyrania qui vit ici. Je ne la vois pas aussi ordonnée ! »

« Il y a des choses que tu connais pas sur elle, loin de là. »

« Hey… Charkrowos… Enfin… Dieu Originel, j’ai vécu avec elle pendant plus de six ans, je sais quand même le caractère de Tyrania. »

« Ou peut-être que tu ne sais rien du tout ? »

Pffff ! Comment ça : Il ne savait rien du tout ? Et puis encore ! Ils quittèrent la chambre et il entendit subitement des bruits. Cela provenait de la cuisine ! Il demanda au Dieu Originel de la guider vers cette dernière où il vit la jeune femme aux longs cheveux dorés qui coupait quelques légumes. Elle avait un tablier par-dessus sa robe noire et bleue.

« Elle fait la cuisine ? Ou je rêve ? »

« Xano… Sincèrement… Comment considères-tu Tyrania ? »

« Et bien… Je la vois plus couchée sur un canapé en train d’attendre que je fasse le reste du travail et non pas l’inverse. »

« Et là, quel est ton sentiment ? »

« Ben… Je me suis trompé lourdement, je le reconnais. »

C’était bizarre de voir la jeune femme en train de préparer un repas. Elle passa à travers lui en tenant un couteau de cuisine, s’arrêtant devant le réfrigérateur en s’observant dans le reflet que lui montrait la boîte métallique.

« Pauvre fille… Tu es vraiment pathétique. Comme si il allait revenir… Je ne sais même pas pourquoi je devrais continuer à garder mes cheveux comme ça. »

Elle prit ses longs cheveux dans son autre main, tranchant d’un coup sec ces derniers pour lui redonner sa coiffure d’antan. Néanmoins… Elle gardait le couteau en main, le détaillant de tous les côtés comme pour l’étudier. Elle semblait si triste, mélancolique… et sérieuse.

« Mais qu’est-ce qu’elle fout ? Je n’aime pas son regard ! »

« Xano… Si elle meurt… Elle ne reviendra pas te voir. Je tiens à te le signaler… Son âme ira déjà dans un autre corps. Est-ce que c’est ce que tu veux ? »

« Hein ? Mais non ! Je ne veux pas ça ! HEHO ! TYRANIA ! TU M’ENTENDS ?! »

Il lui criait dessus, espérant qu’elle l’entende mais rien. Même en haussant la voix, elle ne bougeait pas d’un poil comme obnubilée par le couteau. Elle le présenta au niveau de son bras gauche, l’observant longuement.

« Je pourrais… toujours vérifier si c’est vrai ou faux. »

« ARRÊTE TOUT DE SUITE TES CONNERIES ! Repose ce couteau immédiatement ! »

Pourquoi n’avait-il pas un corps physique maintenant ?! Il devait la stopper avant qu’elle ne commette une bêtise ! Finalement, d’un geste désinvolte, elle jeta le couteau en arrière, celui-ci tombant dans le lavabo comme si elle avait déjà tout prévu. Elle soupira longuement, observant les cheveux dorés au sol avant de dire :

« Je vaux mieux que ça. Vraiment bien mieux… »

Elle quitta la cuisine sans un mot alors qu’ils disparaissaient complètement pour retourner dans le néant. Tout était redevenu complètement noir autour d’eux et Charkrowos prit la parole d’une voix lente mais assez dure :

« Alors Xano ? Quel est ton constat ? »

« Je reste avec vous ! Enfin non… Ou si… Ou non… »

« Tu ne sais plus quoi décider ? »

« Je sais que ce que je fais est bon. Si je vous abandonne, vous disparaîtrez ! Vous êtes beaucoup trop faible et moi aussi… Nous sommes tous les deux affaiblis. »

« Et alors ? J’ai encore la force… nécessaire pour te ramener mais seulement si tu le désires… Je n’aimerais pas te forcer contrairement aux autres. »

« Je ne sais plus quoi faire… vraiment plus… »

Il était tiraillé de tous les côtés, ce n’était pas normal d’être aussi complexé ! Il voulait retrouver Tyrania mais d’un autre côté, il avait tellement vécu avec le Dieu Originel… Il était une partie de son âme ! Il ne pouvait pas… le laisser seul en ne pensant qu’à lui ! Si il faisait cela, il serait vraiment… égoïste.

« Xano, tu devrais arrêter de penser à moi. »

« C’est bien simple à dire, moins à faire. Si je pars, vous n’existez plus. Vous pensez vraiment que Gigana et ses sœurs comprendront ? »

« Je pense que… ça ne sera pas le cas. »

« Alors vous voyez bien, vous êtes dans le même cas que moi. »

« ASSEZ ! JE SUIS LE DIEU ORIGINEL ET TU N’ES QU’UNE PARTIE DE MON ÂME ! EST-CE BIEN CLAIR XANO ?! »

Si il aurait eu un corps, il aurait tremblé de tout son être en entendant la voix colérique de Charkrowos. Qu’est-ce qui lui prenait ?! Il venait de lui faire sacrément peur !

« Si JE décide que tu dois retourner près de Tyrania, TU acceptes d’accord ?! »

« Mais mais… et vous ? Je… »

« Qu’est-ce que je viens de dire ?! »

« Je… Je… Je… Je… Dieu Originel, mais écoutez… »

« Prépares toi ! Je te redonne ton corps d’ici quelques minutes ! »

« D’accord… Je… veux… retrouver Tyrania. »

Il ne lui laissait pas le choix. Il devait accepter l’ordre de Charkrowos. Mais pour lui, qu’est-ce qui allait se passer ? Il n’allait plus pouvoir rester avec Charkrowos et donc… Son âme de Dieu Originel allait disparaître.

« Tu es prêt, Xano ? Par contre… Vue ma force, peut-être que… Tu n’auras plus ta mémoire… Je vais essayer de faire que tous tes souvenirs en ce qui concerne Tyrania et les autres restent en toi mais je ne peux rien te promettre. »

« Et… pour vous ? Est-ce que… je me souviendrais de vous ? »

« Tu es resté trop longtemps avec moi… Je crois que par rapport aux cinq fragments de mon âme, c’est toi… qui était le plus proche de moi. Je préfère éviter que tu te souviennes de moi, Xano. Cela vaut mieux pour toi. »

« NON ! Ne me retirez pas ça ! Ne me le retirez pas ! Je… »

Il fut coupé dans ses paroles alors qu’il se sentait disparaître pour rejoindre le monde de Gigana et de ses sœurs. Il allait retrouver Tyrania ? C’est ça ? Sa mémoire… allait-elle vraiment être détruite ? Il n’espérait pas… Vraiment… Il ne voulait pas les oublier. C’était impossible pour lui… Il… Il…

« Xano… Je crois… que mon rôle est terminé en ce monde. Si il y a une personne qui mériterait le plus d’être heureux en ces mondes, c’est toi. J’ai été heureux de te connaître. Je crois que… J’en ai assez fait. Pardonnez moi Gigana… Rocagiri… Sterivia et Iglaré. »

« C’est quoi encore tout ça ? Encore de la neige ? Ou alors quelqu’un qui apparaît ? »

Elle venait de poser son regard rubis à travers la fenêtre de la cuisine. Encore une fois, il y avait plusieurs sphères blanches qui tombaient au sol. Elle ouvrit la fenêtre, passant sa main pour remarquer que c’était bien de la neige qui disparaissait dans ses mains. Quelqu’un toqua à la porte et elle arrêta de regarder la neige. Qui ça pouvait bien être ? Elis ? Oriane ? C’est bon, elle avait sa dose maintenant.

« Qui c’est ? Je n’ouvre pas aux inconnus. »

« Je… Je… Je viens d’arriver et je suis un peu perdu. Il n’y a personne et… Vous êtes qui ? Il n’y a pas d’autres maisonnettes et… »

Pfff… Maintenant, elle avait affaire à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Si c’était un bandit ou un malfaiteur, il allait facilement se casser les dents. Elle n’avait rien à faire de toute façon. En tant que bonne samaritaine, elle n’allait pas le laisser dehors. Enfin… Elle connaissait sa voix… Du moins, elle l’avait déjà entendue quelque part.

« Il fait un peu froid dehors… Vraiment très froid… »

« C’est bon, c’est bon, j’arrive. »

Elle se dirigea vers la porte, ouvrant celle-ci en regardant la personne qui se tenait devant elle. La première chose qu’elle remarqua était ses yeux rubis… puis ses longs cheveux blancs… Et ensuite son visage… Elle restait sur le pas de la porte, l’observant longuement pour voir si il était bien réel.

« Est-ce… que je peux rentrer, mademoiselle ? »

« Xano ? Xano ? C’est bien toi ? »

« AIE ! Oui, je suis bien Xano ! »

Elle venait de lui pincer la joue pour être sûre de ne pas rêver. D’habitude c’était plutôt l’inverse mais dans ce cas, elle voulait être sûre qu’il était bien en chair et en os devant ses yeux. Elle poussa un cri de joie, sautant au cou du jeune homme pour le faire tomber au sol dans le début de neige qui s’était formé autour d’eux.

« Hey ! Hey ! Hey ! Mademoiselle… Calmez vous ! »

« Arrête de m’appeler Mademoiselle ! On rentre, il fait froid ! »

Elle le souleva, remarquant l’air surpris du jeune homme sans réellement le comprendre. Elle l’installa sur le canapé, lui disant qu’elle retournait en cuisine pour lui faire un repas bien plus chaud que prévu. Bon… Où était cette soupe ? Où est-ce qu’elle se trouvait ? Le bouillon… Voilà ! Après… Quoi ? Des légumes ou des vermicelles ? Il lui fallait quand même quelque chose de consistant ! Elle opta pour des vermicelles, un grand sourire aux lèvres alors qu’elle lui demandait si ça lui convenait. Il répondit que oui et quelques minutes plus tard, elle l’invita à s’installer à la table, la jeune femme se mettant en face de lui.

« Alors, raconte moi tout ! Tu ne bouges plus d’ici maintenant ! »

« Euh… D’accord mais… Vous êtes ? J’aimerais remercier ma bienfaitrice. »

« Comment ça, qui je suis ? Je suis Tyrania ! Farankard ! Une ancienne Feunard ! »

« Ah oui… Oui… Bien sûr. Vous êtes Farania. Merci pour votre hospitalité. »

« Arrête, ce n’est pas drôle, Xano. »

Elle le laissa terminer de manger, ne posant plus de questions en le regardant amoureusement. Ses neuf queues étaient sorties, battant l’air pour exprimer sa joie alors qu’il paraissait surpris par ces neuf queues. Après le repas, elle alla nettoyer l’assiette, lui demandant de s’installer sur le canapé car elle allait revenir dès qu’elle aurait terminé. Alors qu’il était assis, elle alla s’asseoir à côté de lui, lui prenant sa main gauche dans la sienne.

« Alors… Tu ne m’as pas dit. Enfin non… C’est bon… Je ne veux rien savoir. »

« Le Dieu Originel… Il est mort… »

« Ah… Je suis désolée… Sincèrement… Je lui en veux toujours de t’avoir ramené en dernier mais il paraît que c’était de ta faute aussi ! J’étais morte d’inquiétude après les paroles de Giradès qui me disaient que tu n’allais pas revenir ! »

« Mais pourquoi vous me tutoyez ? On se connaît ? »

« Xano… Ce n’est plus amusant du tout là. »

« Mais je ne plaisante pas, mademoiselle Tyrania ! »

Il… ne plaisantait pas ? Qu’est-ce qu’il y avait ? Il s’était pris un violent coup sur la tête ? Comment ça, il ne se souvenait plus d’elle ? Elle perdait son sourire alors qu’il retirait sa main. Elle avait besoin de savoir.

« Qu’est-ce qui s’est passé avec le Dieu Originel ? »

« Il m’a dit que… Je perdrais peut-être la mémoire. »

« Perdre la mémoire ? Il ne manquait plus que ça ! »

« Nous… nous connaissons donc ? »

« Bien sûr qu’on se connaît, imbécile ! Tu disparais et tu reviens amnésique ! »

Elle aurait du se mettre en colère contre lui… Elle aurait du… Mais ce n’était pas le cas. Elle s’écroula sur lui, le jeune homme lui demandant de se pousser alors qu’elle ne répondait pas à sa demande. Elle était simplement soulagée de le savoir près d’elle, qu’il soit amnésique ou non. Il était là et c’était la chose la plus importante à ses yeux à l’heure d’actuelle. Le reste pouvait bien attendre maintenant.