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Chapitre 38 : Le tuer

Chapitre 38 : Le tuer

« Où en est DornRek, Bal ? »

« Gigana vient de l’empêcher de partir en créant la barrière héhéhé. »

« Mais cela n’empêchera pas la fin. »

Malar se relevait, passant une main dans ses cheveux blonds avec un grand sourire. Tout se préparait comme prévu… Il était plus puissant, bien plus puissant que nul ne l’avait été. Cet imbécile de DornRek ne comprenait pas ce qu’il allait faire. Les Rois… Dès l’instant où il allait les combattre…

« Et le reste ? Est-ce qu’elles sont positionnées ? »

« Elles ont même réussies à faire ce que vous avez demandé. »

« Ohhhhh… Intéressant, très intéressant. Maintenant, laisse moi… J’ai des choses à régler et je n’ai plus besoin de toi. »

« Comme vous le voudrez, maître Malar. »

Bal créa une fissure derrière lui, disparaissant dans les ténèbres en regardant une dernière fois Malar de ses yeux rouges. Quelques instants plus tard, une ombre apparue devant lui, prenant la parole d’une voix féminine :

« Que dois-je faire maintenant ? »

« Hum… Laisse moi y réfléchir. Les Cavaliers sont toujours là donc tu ne m’es d’aucune utilité ici. Tu as accompli ton ancienne mission avec brio alors pourquoi ne pas te demander d’aller te rendre dans la salle des trois sceaux ? Il se pourrait que d’ici quelques jours voir quelques heures, des invités arrivent là-bas. »

« Comme vous le désirez… Et contre eux, est-ce que… »

« Tu pourras tout utiliser même la plus terrible de tes attaques, ce n’est pas un souci. »

« Soit… Si c’est ainsi… Ils ne comprendront même pas ce qui se passera. »

L’ombre disparue aussi rapidement qu’elle était venue, Malar la laissant se retirer. Tout était si facile… quand on se trouvait au-dessus des autres. Il tournoya ses doigts de la main droite dans le vide avant d’ouvrir la bouche. Lentement, une sphère blanche sortie de sa bouche, venant se déposer dans sa main droite.

« Hummmm… Qu’est-ce que je vais en faire de toi ? Et pourquoi pas ça ? »

Une lueur verte était maintenant sortie de sa bouche, accompagnant l’autre dans un ballet assez lugubre. Peut-être qu’il n’était pas encore temps de jouer avec les pouvoirs que Giradès lui avait confiés. Des pouvoirs qui dépensaient les frontières… Il éclata subitement de rire en avalant les deux sphères. Dès l’instant où Xano se prétendait un peu trop sûr de lui…

« Ahh ahhh ahhh… »

« A tes souhaits, Xano. »

Tyrania prononça la phrase avant même qu’il ne se mette à éternuer. Il passa une main devant sa bouche et son nez, fermant les yeux lors de ce moment. Il tendait sa main dégoulinante vers Tyrania qui lui fila une violente baffe dans les dents.

« Non mais pour qui tu me prends ? Pour une serviette ? »

« Mais non, je voulais de quoi m’essuyer. »

« Et tu crois que j’ai ça ? T’es vraiment inutile quand tu t’y mets. »

Elle poussa un soupir, plongeant la main dans sa robe avant d’en retirer un mouchoir. Elle le tendit à Xano, le jeune homme le récupérant pour se laver les deux mains. Après quelques secondes, il le redonna à Tyrania qui émit un petit rictus de dégoût.

« T’es vraiment dégueulasse, Xano. Bon ! Arrêtons de parler et continuons notre chemin. Je sais où me rendre pour nous diriger vers la capitale. »

« Moi aussi si Tyrania se trompe mais je ne pense pas que ça sera le cas. »

Luna rigola légèrement, venant marcher à côté de Xano et de la jeune femme aux cheveux dorés. Chacun parlait de choses futiles et sans importance, le Joker Blanc tentant par là de ne plus penser à cette idée de famille. Lorsqu’il avait vu le regard rubis de Luna, il avait tout de suite compris le petit problème avec elle. Il ne devait pas l’ignorer mais il ne devait pas y répondre aussi. Du moins… Après…

« Qu’est-ce que tu regardes, Xano ? Si tu mattes la poi… »

Tyrania lui tira l’oreille subitement, le ramenant à la réalité. C’est vrai qu’il avait observé Luna mais pas au niveau… de ça ! Il s’était mis à rougir à la grande colère de Tyrania, celle-ci lui filant une nouvelle claque alors qu’il gémissait de douleur.

« Elle est revenue… »

« Elle n’était jamais partie à mon plus grand désespoir. AIE ! »

« Non mais tu vas te taire un peu ?! Ca ne t’a pas suffit ? Je dois t’en mettre combien pour que tu arrêtes de déblatérer des conneries. Si je devais gagner un pokédollar à chaque fois que tu ouvres la bouche pour rien, je serais devenue milliardaire en moins d’une année. »

« Beuhhhhh… Ce n’est même pas vrai ! »

Tout le monde éclata de rire et même Shala eut un faible sourire aux lèvres, le faisant disparaître rapidement alors qu’elle voyait venir Pandora. Qu’est-ce que l’adolescente lui voulait ? Elle n’avait rien à lui dire ! Elle ne voulait surtout pas lui parler ! Ce n’est pas qu’elle détestait ça mais…

« Vous… »

« Tutoies moi sinon je ne t’adresse même pas la parole. »

« Heu… D’accord…Vous ne parlez pas beaucoup mada… mademoiselle Shala. »

« Les paroles sont d’argent et le silence est d’or. »

Pandora baissa la tête, gênée par les propos de la femme aux longs cheveux violets. Elle ne lui laissait même pas le temps de placer une phrase. Peut-être qu’elle devait retourner vois Galpha. Oui c’était la meilleure chose à faire. Sans un mot, elle s’éloigna de Shala pour se présenter devant l’autre adolescente. Nelya posa ses yeux saphir sur Shala :

« Tu as été trop brutale avec elle. Elle voulait simplement parler avec toi. »

« Et si j’en ai pas envie ? »

« Tes pensées te trahissent, Shala. Rappelle toi ce que je suis. »

L’ancienne Atout tiqua légèrement, se rappelant qu’elle ne pouvait même pas protéger ses pensées puisque Nelya était devenue bien plus puissante qu’elle. Elle ne devait pas s’énerver pour ça mais quand même… Elle lui murmura d’éviter de l’ouvrir à quiconque, elle ne voulait pas que les autres sachent à son sujet et ses sentiments affectueux par rapport à Pandora. Si ils apprenaient qu’elle voulait protéger l’adolescente.

Deux à trois heures passèrent et ils se rapprochent de plus en plus de la capitale. Comme les Rois l’avait signalé, aucun soldat ne se trouvait sur leur chemin… A croire qu’ils n’existaient pas. Heureusement que Xano et son équipe étaient habitués à vivre en-dehors des villes. Nelya se téléporta subitement, apparaissant devant le Joker Blanc en murmurant :

« Arrêtez vous ! Quelqu’un s’approche de nous. »

« Nous l’avons remarqué aussi, Nelya. Tu n’as pas à t’en faire. »

Nelya s’était mise à reculer pour laisser place à Xano. Celui-ci avait annoncé que dorénavant, la première ligne pour les combats serait uniquement composée de lui. Lentement, une créature s’approchait d’eux… Habillée de vert et de blanc, sa peau était complètement blanche alors qu’elle semblait difforme comme si la taille de son corps ne correspondait pas au reste. Il était facile de se dire que la créature avait été humaine il fut un temps mais maintenant… C’était bien différent.

« C’est quoi ce truc ? »

« Je ne sais pas mais on va vite s’en régler. Ca ne ressemble même pas à un pokémon ! »

« Tout le monde peut participer, elle ne semble pas très dangereuse ! »

Ainsi… Elles pouvaient se battre ? Super ! Pandora faisait apparaître une sphère d’énergie ténébreuse et maléfique tandis que Galpha s’était mise à cracher un puissant jet d’eau. Xano leur criait de ne pas trop en faire et de ne pas attaquer tout de suite mais c’était déjà trop tard. La sphère et le jet d’eau allèrent frapper la créature qui s’écroula en arrière. Ca avait été aussi simple que ça ? Xano et son groupe baissèrent leurs gardes alors que le jeune homme s’approchait de la créature verte et blanche.

« Restez en arrière au cas où ça serait un piège. »

« Mais… Et toi ? »

« Je ne fais que voir, ne te préoccupe pas de moi ! Alors elle est encore vivante ? Ce n’est pas possible qu’elle soit mise dans cet état à cause de Pandora et Galpha. »

C’est vrai qu’il était tellement habitué à des ennemis résistants qu’au final, il ne remarquait même pas qu’il devenait de plus en plus fort. Il en était de même pour ses Reines et les autres. Il était à la hauteur de la créature, la touchant du pied avant de faire un saut en arrière. Elle bougeait très légèrement… et une voix humaine sortie de sa bouche :

« Ahhhh… Ahhhh… Joker… Blanc… Traître… »

« Traître ? Si tu es un envoyé de Giradès, je… »

« Sale… té. Tu as… fait… je ne sais… pas quoi avec mon… corps… mais ça ne marchera… pas. Je ne te laisserais… pas me posséder ! »

« Mais de quoi tu parles ?! Je ne sais même pas qui tu es ! »

« NE FAIS… PAS SEMBLANT ! »

La zone se gela subitement autour de la créature alors qu’elle se redressait, haletante et essoufflée. Après les coups reçues, son corps semblait s’être dégonflé et Xano la regarda avec surprise. Ce visage… même si il était bien plus laid… Il arrivait à le reconnaître ! Qu’est-ce qui s’était passé ?!

« Orvonix ?! Mais tu… »

« De ta faute ! Tu m’as… attaqué par derrière ! C’est… vrai que nous sommes ennemis… mais je ne… t’ai mal… jugé. »

« Ne raconte pas n’importe quoi. Tu as quoi ? C’est une maladie ? »

« Tu m’as inséré un truc ! Toi ou l’une de ces femmes ! Tu as voulu me faire perdre le contrôle de mon corps mais ça ne marche… pas comme ça avec moi ! Je sais garder mon calme et mon esprit ! Mais je crois que je vais abandonner… pour te tuer. »

« Mais nous n’avons rien fait ! Je voulais discuter avec Gigana pour trouver un terrain d’entente. Laisse nous passer. »

« Impossible… Cette fois… Je vais retourner ce que tu as… fait contre toi ! »

Orvonix s’écroula au sol, son corps pris de convulsions, de nombreuses boursouflures faisant leurs apparitions. Xano s’était éloigné du corps d’Orvonix, cette scène lui rappelant celles avec le virus Ivoil bien que ça n’y ressemblait pas vraiment. Il se retrouvait à la hauteur de Tyrania et de Luna, murmurant :

« Faites vraiment très attention. Je… Dites… Vous ne savez rien hein ? Je ne pense pas me tromper si je me dis… vous n’avez rien à voir avec ça. »

« Non… Ce n’est pas l’une d’entre nous… Et je ne pense pas que ça soit le cas pour Pandora ou Galpha : Elles ne sauraient pas faire quelque chose comme ça. Peut-être que… »

« Si nous ne nous faisons pas confiance, nous n’avancerons pas. Tyrania, s’il te plaît, ne dis pas de tels propos. »

L’ancienne Feunard poussa un léger soupir, annonçant par là qu’elle allait se taire plutôt que de continuer. Elle n’appréciait pas Aliréna et ne le cachait pas néanmoins Xano avait raison : Elle n’avait aucune preuve alors il valait mieux ne rien dire. Luna transforma ses deux mains en griffes blanches. Ces griffes semblaient différentes de celles auparavant. Elles brillaient maintenant d’un bel éclat et Xano lui fit la remarque. Luna se tourna vers lui :

« Je m’occupe de ça ! En tant que Reine de Carreau, c’est un peu mon rôle non ? De plus… Je suis la plus puissante d’entre nous hihi ! »

« Tyrania, vas l’aider au cas où. »

Les deux femmes se regardèrent pendant quelques secondes avant de s’élancer au contact de la créature qui avait été Orvonix il fut un temps. Celle-ci mesurait maintenant deux mètres cinquante de hauteur, des sortes de tentacules vertes sortant de son dos… Ce n’était pas vraiment des tentacules mais des racines… Et le corps de la créature semblait maintenant être recouverte d’écailles. Deux yeux violets observaient Tyrania et Luna qui fonçaient vers elle. Xano prononça aux autres femmes :

« Vous ne faites rien, on ne va pas risquer plus de monde. Shala, tu n’as pas d’âme d’Atout en toi. Pandora et Galpha, je veux être sûr que vous soyez en sécurité. Aliréna, tu te charges de les protéger si c’est nécessaire. Nelya… Si l’un d’entre nous a des problèmes, tu le téléportes près de toi. Je vais aller aider les filles ! »

« Aucun souci. Fais moi confiance, Xano. Je ne te décevrais pas. »

« Je l’espère bien, Nelya ! Pandora, Galpha, prenez soins de vous ! »

Les deux adolescentes rougirent faiblement alors que Xano s’éloignait en faisant apparaître ses deux ailes de coton. Aliréna avait accepté d’un hochement de tête tandis que Shala détournait le regard : Tsss ! C’était bien beau de lui rappeler qu’elle était devenue trop faible comparée aux autres ! De toute façon, un jour ou l’autre, elle allait remettre la main sur son âme d’Atout et son… statut d’Arme. Rien que le fait de penser à ça… Instinctivement, elle se plaça devant Pandora et Galpha, faisant apparaître ses deux ailes de coton. Aliréna eut un petit sourire en remarquant ce geste que Shala aurait voulu paraître invisible et anodin, ce qui n’était malheureusement pas le cas. Nelya restait fixée sur la bataille qui se déroulait devant elle, prête à téléporter dès qu’il y avait un problème.

Le problème était… qu’il n’y en avait pas ! Le combat était rapidement à la faveur du trio : Xano et Tyrania crachaient des flammes, Orvonix poussant des cris stridents et affreux de douleur. Sachant qu’il dominait la glace et les plantes, cela lui causait une souffrance des plus dures et Luna n’arrangeait en rien la chose. Ses griffes blanches déchiraient violemment les racines vertes alors qu’elle volait avec aisance sans se faire toucher une seule fois.
Le combat fut vite expédié et Orvonix était dans un sale état, couché sur le sol. Il semblait avoir repris ses esprits et son corps avait maintenant à nouveau une forme humanoïde. Néanmoins, les blessures causées semblaient importantes, bien trop pour le laisser vivre plus longtemps. Xano cria à Nelya de s’approcher pour qu’elle le soigne. L’ancienne Xatu eut une aura rose autour d’elle, les plaies se refermant… pour se rouvrir automatiquement.

« Ca… Ca ne sert à rien. Et puis… Pourquoi me guérir ? Tu es un… »

« Je n’ai pas voulu te combattre ! Je ne veux pas tuer si c’est inutile et si… »

« Tu parles… comme les Rois. Vous… Vous ressemblez assez. Je… Ce n’était pas toi… Tu n’aurais… pas réussi à faire une telle abomination. »

« Calme toi… Qu’est-ce qui s’est passé alors ? »

« Je… Quelque chose… Maintenant… que… Je vais… mieux… Ahaha… Une graine… Quelqu’un… m’a planté une graine… Elle… m’a rendu… fou. »

« Mais si ce n’est que ça, tu vas mieux non ?! »

« Non… Pas du tout… Je ne sais pas qui… Mais il est redoutable… Il m’a aussi empoisonné en même temps… Il est doué… très doué… Héhé… Dis ? Tu veux… voir Gigana ? »

« Pourquoi cette question ? Et arrête de parler ! »

« Fais juste attention… à elle. C’est tout… Et les Rois… Tu ne… »

Il cracha du sang, poussant un nouveau cri strident alors que Nelya s’alertait sur son état de santé. Le poison se propageait de plus en plus rapidement et Orvonix plaçait sa main sur son cœur, comme si il voulait planter ses doigts dans sa chair.

« Les Rois… Les Rois… sont tout pour… le… Dieu Originel. Je veux… seulement… qu’elles… qu’elles sourient… Bal… Enfoiré… Je suis sûr que… c’est de sa faute… »

Puis plus rien. Le douzième Atout venait de s’éteindre et Xano fronça le regard. Une lueur bleu ciel sortait du corps d’Orvonix, se dirigeant pour s’enfoncer en Nelya. Bal… Il ne le connaissait pas plus que ça mais il savait parfaitement que ce type était avec Malar. Ainsi… Bal était responsable de la mort d’Orvonix indirectement ? Il devait se dépêcher de parler à Gigana et aux autres Rois ! Malar venait de les abandonner.

« Nous partons maintenant… Nous n’avons pas le temps de nous attarder. »

« Je vais quand même l’enterrer. C’était un Atout. »

Xano prit une profonde respiration, fermant les yeux alors que Shala prenait le corps d’Orvonix pour l’emmener loin d’ici. Son cœur lui interdisait de croire que Shala avait put tuer Granor avec autant de sauvagerie. Encore un Atout mort… et une plaie dans son cœur. Il souffrait à chaque fois, il souffrait de plus en plus.

Chapitre 37 : Bien plus simple

Chapitre 37 : Bien plus simple

« Xano… Xano… Réveille toi. »

Elle le poussa très légèrement, une main sur son épaule. Il ronchonna, se tournant sur le côté pour ne pas la voir. Elle alla l’embrasser sur la joue, en fait, ce n’était même pas un baiser mais un petit souffle chaud. Il ouvrit faiblement ses yeux vairons alors qu’elle lui murmurait avec tendresse :

« Xano… Dis moi tout. Tu as eut un cauchemar ? »

« Pourquoi ça ? Pourquoi… »

« Tu ne m’as pas écouter hier ? »

Elle fronçait les sourcils, rapprochant son visage du sien alors qu’il était couché sur le sol. Lentement, elle passa le reste de son corps au-dessus de lui alors qu’elle reprenait :

« Est-ce que tu as fait un cauchemar, oui ou non ? »

« Mais mais… Je… Oui… J’en ai fais un. »

« Raconte moi tout. J’y étais encore ? »

« Exactement… Tu étais dans mon cauchemar et … »

« Qu’est-ce que je te faisais ? Si tu me dis que je couchais avec toi et que c’est un cauchemar, je risque de TRES mal le prendre, Xano. »

« NON ! Ce n’est pas ça… mais tu m’étranglais en me secouant sauvagement. »

« Et quelle en était la raison ? Car je ne ferais pas cela sans raison. »

« Je… crois que c’était à cause d’Aliréna. »

« AH ! Mais alors… »

Elle tapa dans ses mains avec un grand sourire alors qu’il ne comprenait pas où elle voulait en venir. Elle poussa un petit rire démoniaque, collant son front contre le sien. Elle était… si proche de lui. Son odeur… Ses lèvres… et pourtant… Il se refusait complètement à l’imaginer autrement qu’à sa fille ou à sa sœur. Mais qu’est-ce qu’elle voulait dire ? Le rire qu’il avait entendu ne lui plaisait guère et il avait raison ! Elle lui dit en souriant :

« Mais ce n’est pas un cauchemar, ça ! C’est tout simplement la vérité ! »

« Hein ? Comment ça ? La vérité ? Qu’est-ce… »

« Si je vois que tu fais un truc mais pas seulement avec Aliréna hein… Alors si tu fais un seul truc de franchement pervers et que tu le fais à dessein et que ce n’est pas par inadvertance… Je serais forcée… de te castrer. »

Il couina subitement alors qu’elle venait écraser son entrejambe de sa main droite. Il poussa un gémissement de douleur alors qu’elle retirait sa main, marmonnant dans un sanglot :

« Ca fait mal, Tyrania ! C’est vraiment vache … Snif… Tu ne peux pas savoir… »

« Je ne sais pas, c’est vrai… Mais comprends-tu, Xano… Je sais maintenant où est ton problème, ce n’est pas pour ça que tu es devenu parfaitement pur hein ? Rien ne t’empêcherait de profiter d’autres corps… »

« MAIS SI ! Je … Je… S’il te plaît… »

« Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Ne le répète à personne… au sujet de… »

« Alors, embrasse moi. Je te fais simplement du chantage. »

Mais elle ne comprenait pas ou quoi ? Maintenant qu’il n’était plus véritablement forcé de l’embrasser, elle devait bien savoir à quel point c’était gênant. Embrasser… quelqu’un de sa famille, c’était affreux comme sensation ! Il la regarda d’un air apeuré, cherchant par là à trouver un moyen d’éviter de l’embrasser.

« Ty… Tyrania, ce n’est pas une bonne idée. Tu le sais bien… Je t’en pries, ne m’oblige pas. C’est malsain de faire ça. »

« Ca… C’est ce que TU penses mais moi, savoir que tu m’embrasses, c’est me montrer que tu m’aimes. Sois content, j’aurais put te demander d’aller plus loin que ça. »

« Co… Comme quoi ? »

« Ne fais pas l’innocent et embrasse moi idiot ! »

Il n’avait pas le choix. Il posa ses deux mains sur son dos, l’enlaçant avant de l’embrasser goulûment. Il avait ses yeux grands ouverts et celui de Tyrania l’était tout autant. Il allait l’embrasser tellement violemment qu’elle n’allait pas lui redemander un second baiser avant bien longtemps ! Malgré le dégoût qui s’exprimait au fond de son être, il alla mettre sa langue dans sa bouche, nouant leurs deux langues alors qu’il roulait sur le côté pour se mettre sur elle.
Ohhhh… Ne pas hésiter à prendre les devants… C’était une bonne chose. Il se collait contre elle et elle compressait sa poitrine contre le jeune homme. Si il voulait jouer à ça, ils allaient être deux. Peut-être s’était-il moqué d’elle hier en lui disant cette histoire d’inceste et d’autres choses complètement irréelles. Elle lui prit la tête de ses deux mains, le forçant à continuer ce baiser. Elle retira finalement ses lèvres mais ça ne s’arrêtait pas à la : Maintenant, elle jouait avec la langue de Xano mais en-dehors de leurs bouches. Il était rouge de gêne, bien plus que la jeune femme. Il arrêta le baiser en disant :

« C’est bon, tu l’as eut ! Maintenant… »

« On en fait un second, tu vas pas t’arrêter en si bon chemin ! »

« NON ! On rentre ! Lève toi et on retourne voir les autres ! »

« Il n’est que l’aurore… On a tout le temps de s’embrasser et de régler ton problème. Xano Likan, je vais me répéter mais sache que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te soigner et faire que tu arrêtes de penser de cette manière. Je ne sais pas quel est l’imbécile qui t’a rentré ça dans le crâne mais si je lui met la main dessus, il risque de souffrir pendant quelques années voir pour le reste de son existence. »

« Tyrania… Tu sais… Ce n’est pas que je te déteste non plus hein ? Simplement, je crois que j’ai besoin de temps… »

« Assez parlé ! On rentre puisque c’est ce que tu veux mais tu sais que tu m’énerves ? »

« Désolé Tyrania… Je sais que tu aimerais tant que tout soit aussi simple… »

« Tu es simplement un imbécile. »

Ils s’étaient remis debout alors qu’elle lui serrait la main avec tendresse. Si elle n’embrassait pas ou si elle n’était pas aussi proche, c’était le genre de choses qu’il aimait vraiment en elle. Si ça allait plus loin, alors… Rah ! Il s’énervait contre lui-même en pensant à ça ! Il souleva la main de Tyrania, venant la baisser avec délicatesse. Elle fut complètement sous le charme, murmurant des « Allons, Allons. » en rigolant. Si ça n’allait pas plus loin que ça, alors il ne s’imaginait pas que Tyrania était quelqu’un de sa famille.

Une bonne quinzaine de minutes plus tard, Tyrania les guidant, ils retrouvaient les deux tentes là où elles étaient. Aliréna était déjà debout, un sourire sur ses lèvres en revoyant Xano et Tyrania. Visiblement, elle n’allait pas poser de questions mais elle savait déjà quoi penser de toute cette histoire. Devait-elle mettre de l’huile sur le feu ?

« Alors… Comme ça… Est-ce qu’il t’a raconté son très gros souci ? »

« Que veux-tu dire par là, Aliréna ? Je ne vois pas… de quoi tu parles. »
« Simplement en rapport avec la famille… »
Il devenait blême et livide en entendant le mot famille. Comment… Comment était-elle au courant d’une telle chose ? Pourtant, il était sûr de n’avoir rien dit ! Il se tourna vers Tyrania en tremblant, se disant qu’elle n’allait plus lui faire confiance. Il lui avait pourtant annoncé qu’elle était la seule à être au courant alors si…

« Bon ma cocotte, on va mettre les points sur les i. »

La phrase résonnait comme un début de combat. Tyrania quitta la main de Xano avant de se rapprocher d’Aliréna pour se retrouver en face d’elle. Elle la jaugea du regard, craquant les os de sa nuque de gauche à droite.

« Soyons claires… Soyons brèves… Soyons précises… Je ne sais pas comment tu fais pour connaître exactement Xano et tout ce qui se passe dans sa tête mais… Si je vois que par malheur, les quelques soucis de Xano sont entendus par de nombreuses oreilles indiscrètes, je me verrais contrainte et forcée… d’écraser ta petite tête entre mes deux mains. »

Le sourire sur les lèvres d’Aliréna s’éclipsa pendant quelques secondes alors qu’elle observait Tyrania. La femme en face d’elle ne semblait pas plaisanter mais qu’importe… Le message était bien passé. L’ancienne Feunard reprit la parole :

« Est-ce bien compris ? »

« Parfaitement. Tu n’as pas de soucis à te faire, Xano et moi ne sommes que de bons et très anciens amis… voir un peu plus que ça. »

Tyrania haussa un sourcil : Elle… Cette femme… Qu’est-ce qu’elle espérait en disant de telles choses ? La rendre folle de rage ? Toute cette frustration qu’elle avait accumulée pendant des semaines, toute cette colère… Y en a une qui allait sentir passer tout ça sur sa face puisque c’était ce qu’elle voulait.

« Ohhhhh ! Mademoiselle Aliréna veut jouer avec le feu… Mais il y a un soucie avec ça : Lorsqu’on joue avec le feu, on se brûle. »

Une petite boule de feu se mit rapidement à tournoyer autour de Tyrania pour se diriger vers Aliréna. Celle-ci observait la boule de feu avant de l’éteindre en l’étouffant entre plusieurs racines. Tyrania ne se laissa pas démonter pour autant, des boules de feu apparaissant en grand nombre derrière elle.

« Hey mais mais mais… Les autres dorment ! Calmez vous ! »

Il se plaça derrière Tyrania, traversant les boules de feu avant de fermer les yeux. Il plaça ses mains sur le corps de la jeune femme aux cheveux dorés pour l’enlacer et la calmer, espérant qu’avec ça, elle allait éviter de se battre. Un petit cri se dit entendre :

« Xa… Xano. Tu as vu où tu places tes mains ?! »

« Hein ? Que quoi ? ARGGGG ! ? Ne me tape pas ! Ne me tape pas ! »

Il retira subitement ses deux mains de la poitrine de Tyrania, reculant tout en tremblant. La jeune femme se retournait vers lui, faisant disparaître les boules de feu sans plus s’intéresser à Aliréna. Celle-ci haussa les épaules :

« C’est bizarre de dire une telle chose et pourtant… Avec tout ce que moi et Xano avons vécu… Enfin bon… Il va être l’heure de préparer de quoi se ravitailler pour la matinée. »

« Alors Xano… Comme ça, on profite d’une faible femme pour abuser d’elle ? »

« Mais mais… Mais non ! Je n’ai rien fait de malsain ! Je suis… »

« Désolé, c’est ça ? Hihi. »

Elle posa un doigt sur son nez, le poussant très légèrement avant de se coller contre lui. Il hoqueta de surprise en sentant Tyrania, comment… Elle était pourtant en colère et elle allait vraiment tuer Aliréna si il ne l’avait pas arrêté mais alors… Pourquoi ? Elle approcha sa bouche de son oreille droite, venant la mordiller avec tendresse avant de murmurer :

« Toi… Tu te compliques trop la vie, Xano. »

« Mais non ! Ce n’est pas ça ! »

« Alors qu’est-ce que c’est ? Aller va ! Tu te crées des embrouilles mentales pour rien. »

Elle déposa un petit baiser sur sa joue avant de s’approcher des quelques bûches sur le sol. Elles étaient déjà calcinées pour certaines et il en fallait en prendre des nouvelles. Elle s’éloigna des deux tentes alors qu’il allait s’asseoir près du feu éteint. Aliréna ressortait de la tente, venant se mettre assis à ses côtés :

« Et bien… Quelle femme cette Tyrania. Un peu agressive par moment. »

« Mais à quoi ça te sert de dire de telles choses ? Je ne crois pas t’avoir… »

« Xano, Xano, DornRek… Je sais bien plus de choses que je ne veux le faire croire. Enfin, ça tu étais au courant mais ce que je veux dire : C’est que toi et moi… avons un passé commun, voilà tout. Tu ne t’en rappelles peut-être pas mais toi et moi étions très proches, bien plus que des amis si tu vois ce que je veux dire. »

« Bon… En fait, je crois que je vais aller chercher du bois avec Tyrania. Ca sera mieux. »

Il se releva en laissant Aliréna, se disant qu’il valait mieux s’éloigner d’elle. Il ne savait pas à quoi elle jouait avec lui mais il ne devait pas répondre à ses phrases. Il prit le même chemin que Tyrania alors qu’elle l’observait. Le soleil planait maintenant au-dessus du ciel alors qu’ils revenaient après une demie-heure. Luna, Pandora et Galpha s’étaient levées, chacune venant embrasser Xano sur la joue pour le saluer.

« Vous avez bien dormies, mesdemoiselles ? »

« On s’est couchées un peu tard… moi et Galpha. On parlait de pas grand-chose. »

« Pour ma part… Xano, tu n’as pas dormi avec nous ? Je ne t’ai pas senti contre moi hier. Enfin, je ne veux pas dire par là que… »

« C’est bon, c’est bon. J’ai compris Luna. Ne t’en fais pas, je n’ai pas dormi ici. J’avais besoin de dormir un peu ailleurs. J’avais quelques soucis en tête. »

« Et tu les as réglés ? »

« En quelque sorte… En quelque sorte. Aller, vous êtes déjà levées et les deux flemmardes dorment encore. Installez vous. »
Les trois filles hochèrent la tête tandis qu’il venait vers Aliréna. Ensemble, ils préparaient de quoi se rassasier pour la matinée, Tyrania assise à côté de lui sur la droite, Aliréna sur la gauche. Il n’aimait pas vraiment l’ambiance qui était présente entre les deux femmes mais il ne préférait rien dire. Il discuta avec Luna et les deux adolescentes, parlant de tout et de rien. Puis en observant plus longuement la femme aux jolies franges blanches, il lui dit :

« Mais tu es vraiment en beauté Luna, ce matin. »

« Hein ? Que ? Comment ça ? Xanooooo ! »

Elle s’était mise à rougir, subitement gênée par les propos de Xano. Elle baissa la tête, triturant ses cheveux blancs en regardant le sol. Galpha et Pandora rigolèrent ensemble en jetant un regard à Luna tandis que Tyrania avait un petit sourire.

« Je ne me demande si ce n’est pas à cause de Granor. »

Il se releva, se dirigeant vers Luna avant de s’incliner. Si il se mettait à faire une fausse drague ou alors à être un peu plus libéré, cela lui permettait d’oublier un peu ses propres soucis. Il prit la main de Luna en s’agenouillant, allant l’embrasser. Il lui dit :

« Vous êtes devenue la plus puissante des femmes dans ce lieu. J’espère… que vous vous occuperez de bien vouloir me protéger. »

« Tu… as vraiment besoin d’aide ? Hier, contre les Rois, tu semblais… »

« Je ne pourrais rien faire tout seul alors tu es avec moi ? »

« Bien sûr ! Mais… Euh… Tu sais… Je voulais te parler de quelque chose… »

« Et c’est quoi ? »

« Je te le dirais… Après, si tu es d’accord. »

Il hocha la tête avant de se redresser, quittant la main de Luna dans la sienne. Il revint vers Tyrania qui lui tira l’oreille pour lui dire qu’elle n’appréciait pas vraiment ce genre de comportement de la part du jeune homme. Luna gardait sa tête baissée, ne mangeant que très peu alors que Pandora et Galpha allaient vers elle.

Pendant qu’ils déjeunaient, Nelya et Shala firent leurs apparitions, chacune saluant tout le monde avant de s’asseoir entre les deux groupes formés. Xano observait toute la bande, comptant le nombre de personnes présentes : A part lui, il avait ses quatre Reines, l’Excuse et deux Atouts. Ils étaient donc huit ? C’était quand même un nombre assez important.

« Xano… Je ne sais pas si tu l’as remarqué… Mais tu as regardé le ciel ? »

« Que se passe t-il ? »

Nelya lui désigna le ciel et il put voir ce qui se passait… Même si ce n’était pas vraiment visible, quelque chose de translucide et gigantesque semblait être apparu parmi les nuages.

« Quelqu’un… a installé une barrière derrière nous. Nous ne pouvons plus faire marche arrière. Nous allons bientôt mener le dernier combat. »

« Ou non. Je trouverais le moyen de discuter avec Gigana même si… »

Il préféra se taire : Il n’avait rien contre Shala et celle-ci ne niait pas son acte. Ils allaient se remettre en route et demander à parler avec Gigana. Il était sûr qu’il y avait un moyen de s’arranger malgré la mort de Granor. Du moins, il l’espérait. Il ne se voyait pas tuer les Rois, vraiment pas. C’était si… affreux.

Chapitre 36 : Immobiliser

Chapitre 36 : Immobiliser

« Comment vas t’elle ? »

« Assez mal… Plutôt très mal même… »

« Mais aucune envie de vengeance ou autre ? »

« Non, simplement des sanglots mais elle vient de s’endormir. »

L’être à la robe blanche et à la capuche de même couleur se tenait devant Ekriné. Celle-ci venait de sortir d’une chambre en baissant la tête. Elle poussa un léger soupir avant de serrer les dents. Comment… était-ce possible ? Une telle barbarie…

« Nous avons fait de même à leurs amis de l’autre monde. »

« Mais vous aviez une bonne raison ! »

« Et eux… N’ont-ils pas une ? Néanmoins, cela m’étonne. Retournons voir Miviari et les autres pour mettre les choses au point. »

Elle n’était pas sûre, loin de là même. Déjà que ses sœurs étaient revenues sous leurs véritables formes, cela voulait dire que… Et puis… Miviari était revenue tâchée de sang argenté. Quelque chose se passait ici et ça commençait à prendre des tournures qu’elle n’appréciait pas. Une dizaine de minutes plus tard, tout le monde était présent : Les trois Rois à part Rocagiri ainsi que les quatre Atouts.

« Vous savez parfaitement pourquoi je vous ai réunis ici. Nous devons parler… de ça. Miviari, pourrais-tu nous expliquer parfaitement ce qui s’est passé ? »

« Alors je vais vous raconter depuis le moment où j’ai été envoyée. Comme vous le savez tous, les trois Rois ont eut pour mission de s’occuper du Joker Blanc en utilisant leurs formes mêlées à la puissance de Gigana. Quand à vous autres Ekriné, Orvonix et… Granor, vous deviez vous reposer à cause du combat que vous avez mené et que vous avez perdu. »

Ekriné et Orvonix baissèrent leurs têtes, préférant ne rien dire. Heyrisi avait même évité de mâcher du chewing-gum pour cette réunion. Néanmoins, elle gardait les bras croisés à hauteur de la poitrine, le regard fixé sur Miviari sans pour autant réellement s’intéresser à ce qu’elle disait. La personne aux cheveux rouges, blancs et bleus reprit la parole :

« Lorsque que les Rois sont partis, nous avons remarqué très rapidement que Granor les avait suivis. Ainsi, il n’avait pas respecté les paroles de Gigana et je fus envoyée à votre recherche pour le ramener et le rapporter. Ce n’était pas aussi facile que prévu… »

Ce fut au tour d’Iglaré et de Sterivia de baisser leurs têtes. Les deux filles se sentaient responsables de la mort de Granor et à juste cause : Elles avaient laissé le treizième Atout les accompagner malgré les recommandations de Gigana. Miviari continua :

« Néanmoins, vous étiez déjà assez éloignés et j’ai eut du mal à vous retrouver et lorsque ce fut le cas… Vous n’étiez plus que trois. Je vous ai demandé de rentrer aussitôt chez Gigana en prétextant que cela allait chauffer pour vous mais vous m’avez parlé de Granor et de ce qu’il avait dit. C’est là que j’ai commencé à m’inquiéter. »

Miviari, inquiète ? Malgré sa tentative de donner du bonheur à tout le monde, elle était capable de ressentir de telles choses ? Chacun avait son regard dirigé vers elle, attendant qu’elle énonce la suite de l’histoire.

« Granor… n’était pas n’importe qui. Malgré le fait qu’il représentait la puissance brute d’un Tyranocif, il n’avait pas leurs caractères. Nous avons tous une forme de pokémon si nous le désirons et nous savons très bien à quoi correspondait celui de Granor mais… Il n’était pas destructeur et violent contrairement à ce que l’on pouvait penser. Il était aimant et protecteur envers Gaiarma et Rocagiri. Vous savez tous aussi bien que moi que Granor n’aurait jamais osé lever la main ou crier sur l’une d’entre vous et encore moins sur celle qu’il considérait comme sa fille. Si il faisait une telle chose… Cela voulait dire qu’il y avait un problème à l’horizon. J’ai donc décidé de me mettre à sa recherche. C’est à ce que moment que je l’ai vu… Cette femme aux ailes de coton. »

« Elle se nomme Shala et est l’Arme du Dieu Originel. »

Gigana accentuait les informations de Miviari alors que chacun se taisait. La femme aux longs cheveux blancs plaça sa main sur sa robe, la plongeant à l’intérieur avant d’en sortir un morceau de coton blanc. Rien qu’à le voir, il était facile de deviner qu’il était très doux.

« Comme vous le savez… Shala est une Altaria… Du moins peut avoir l’apparence d’une Altaria. Or… Les Altarias et les Tyltons sont les seuls à avoir du coton dans leurs ailes. »

« Continue… Qu’est-ce qui s’est passé après ? »

« J’ai donc décidé d’aller voir l’endroit d’où provenait Shala et c’est là que j’ai découvert le corps sanguinolent de Granor. J’ai tout de suite su que ça ne servait à rien, il était déjà mort… et dépossédé de son âme. Néanmoins, j’ai découvert ce morceau de coton près de lui et j’ai tout de suite fait mes suppositions, c’est pourquoi je suis rentré… Mais je ne pouvais pas laisser son corps ici, cela aurait été abject de ma part. Je l’ai ramené pour qu’on puisse le déposer à côté de Gaiarma. »

« Si seulement il était là… Il pourrait… »

Gigana murmurait quelques paroles entre ses lèvres mais ne préféra pas continuer. Elle semblait si inquiète et troublée. Elle se releva, la conversation étant terminée dorénavant. Sterivia et Iglaré faisaient de même et elle se tourna vers les deux Rois. Elles se raidirent subitement, se rappelant qu’elles avaient désobéie à Gigana.

« Iglaré, Sterivia… Pour votre punition pour ne pas m’avoir écoutées… »

« Oui… grande sœur ? »

« Vous irez vous recueillir sur la tombe de Granor, ça sera plus que suffisant. Heyrisi, Miviari, suivez moi, je vais avoir besoin de vous. »

La femme aux cheveux roses se leva de sa chaise, le regard froncé. Encore du travail pour elle ? Enfin bon… Elle ne pouvait pas refuser. Miviari s’était déjà dirigée pour suivre Gigana tandis qu’elle faisait de même. Iglaré et Orvonix s’approchaient des deux Rois, leur disant qu’ils allaient venir avec elles.
Après quelques minutes de marche, ils se retrouvaient dans un vaste champ fait d’herbes, une route de terre toute simple les guidant vers l’endroit où étaient enterrés les Atouts déjà morts, que ce soit Birébot, Zipou ou…

« Rocagiri ! »

Sterivia et Iglaré venaient de crier le nom de leur sœur. Devant les deux Rois et les deux Atouts se trouvaient une unique tombe faite en marbre. Deux statues de glace représentant Granor et Gaiarma étaient posées derrière cette tombe… et sur cette dernière… se trouvait Rocagiri. Elle était couchée sur la tombe, les yeux fermés.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Sterivia, Iglaré… Chutttt… »

Ekriné venait de demander aux deux filles de se taire alors qu’elle s’approchait de Rocagiri. Elle posa une main sur son front avant de la soulever avec délicatesse. Orvonix ne disais rien, le visage tiré entre la tristesse et la tendresse.

« Elle s’est simplement endormie. »

« Ah… Tu es sûre ? J’ai eut… »

« Sûre et certaine. Regarde bien : Sa poitrine se soulève. Elle respire. »

« Restons quelques minutes ici… Le temps de prier pour eux. »

Ekriné restait en retrait, Orvonix ayant pris la parole pour dire aux deux Rois de s’approcher de la tombe. Sterivia et Gaiarma restaient parfaitement muettes, fermant les yeux en posant les paumes de leurs mains l’une contre l’autre. Elles allaient régler ce souci… même si elles étaient devenues moins puissantes.

« Alors… Miviari et Heyrisi, nous allons sceller ce royaume pour qu’il n’ait plus d’attaches avec les trois autres. »

« Est-ce… vraiment une bonne idée ? »

« Nous allons simplement immobiliser le groupe du Joker Blanc. »

« Oui mais après cela ? Qu’allez vous faire ? C’est très difficile de retirer cette barrière ensuite. Vous allez devoir vous reposer pendant plusieurs années après ça. »

« Ai-je vraiment le choix ? Nous n’avons pas de temps à perdre… »

« Mouais… Allez, on le fait. »

Bien qu’elle ne semblait pas motivée, Heyrisi commença tout de suite à se concentrer, une aura blanche apparaissant autour d’elle tandis que Miviari faisait de même. Gigana releva les manches de sa robe blanche, deux fines mains apparaissant. Toute la pièce dans laquelle elles se trouvaient se mit à trembler.

« Quelle puissance… Gigana. Nous n’avons pas l’habitude de voir une telle chose. »

« Les cristaux ont été détruits… Je récupère simplement ce qui était mien. »

« Je me suis donc trompée, je m’en excuse. Cela ne prendra pas des années de repos après l’installation de cette barrière. »

Le silence régna finalement après les paroles de Miviari. Les trois femmes restaient parfaitement immobiles, chacune se concentrant sur la tâche qui était sienne. Elles devaient isoler ce royaume des autres !

« Besoin d’aide ? Héhéhé… »

« Que fais-tu ici ? Nous sommes occupées… »

« Giradès m’a envoyé… pour vérifier l’avancement. »

Une fissure se produisit derrière elle, une longue chevelure brune faisant son apparition ainsi que deux yeux rouges au regard moqueur. Bal sortit de la fissure dimensionnelle, observant la situation avec un grand sourire en reprenant de sa voix infantile :

« Je suis réellement…Comment dit-on…désolé d’apprendre la mort de Granor. Il aurait put être un bien plus puissant Atout si il n’avait pas eut ce caractère. »

« Comment es-tu au courant de sa mort ? »

« Giradès sait tout… Et je suis son humble serviteur. Tu ferais mieux de continuer avec ta barrière, elle risque de lâcher héhéhé. »

« Elle est terminée. »

Les tremblements s’arrêtèrent subitement alors qu’elle se tournait vers lui pour l’avoir en face d’elle. Miviari était restée immobile, haletant légèrement tandis qu’Heyrisi prit un chewing-gum pour faire passer la fatigue de ce qui venait de se produire.

« Les nouvelles sont mauvaises… Très mauvaises : Xano n’est toujours pas mort… PIRE ! Tu n’as même pas réussi à tuer… »

« Tu te trompes : Six Atouts sont morts. »

« Mais il y a combien de temps ? Si tu parles de Kéli et des autres, ils sont morts depuis déjà pas mal de temps. On veut de l’efficacité quotidienne ! »

« Ne me parle pas comme cela… Nous avons perdu des membres… »

« Te rebellerais-tu ? Tu sais ce que tu encoures héhéhé. »

« Nullement. Simplement, nous avons nos méthodes et nos manières. Tu n’es qu’un enfant en terme d’âme vécue. Tu ne sais pas comment se déroule ce monde… J’ai annoncé que j’occuperais du Joker Blanc. En échange… »

« Héhéhé… Oui, Giradès vous laissera tranquilles et vous pourrez recommencer à attendre comme des gamines. »

« Ne te moques pas de nous, Bal ! »

La voix de Sterivia venait de résonner derrière lui, le jeune garçon aux cheveux bruns se retournant pour apercevoir les deux Atouts ainsi que les trois Rois. Miviari s’approcha rapidement d’Ekriné en tendant les deux mains, venant serrer Rocagiri dans ses bras. La plus jeune des Rois était en train de dormir un peu plus calmement.

« Je vais la ramener dans sa chambre. »

« Je ne moques pas… Je ne fais que constater. Combien de millénaires avez-vous attendu qu’il revienne ? Il n’est plus là, il a disparu, pouf ! »

« Un jour, il reviendra pour nous ! Il nous en a fait la promesse ! »

« Ohla ! Mais c’est que l’on s’énerve… Vous n’avez rien compris, rien du tout ! Vous voulez que vous je vous le dise clairement ? »

« Bal… Ta gueule. »

Orvonix se présenta devant le jeune garçon, un souffle d’air froid traversant la pièce. Il ne plaisantait plus et Heyrisi semblait apprécier le spectacle. Un sourire traversa le visage de Bal, le garçon au visage pâle reprenant la parole :

« Et pourquoi cela ? Un problème, monsieur avec le cerveau gelé ? »

« Tu en as trop dit. Arrête toi là et pars d’ici tout de suite. »

« Et si je ne veux pas ? »

Trois manches rouges sortirent subitement du dos de Bal, entourant le corps d’Orvonix sans que celui-ci ne puisse se libérer. Rapidement et avec violence, le corps du jeune homme aux cheveux blancs fut éjecté contre un mur tandis que Bal s’écriait avec un grand rire sadique :

« Pourquoi devrais-je me taire ?! Les Rois sont des imbéciles ! Elles croient vraiment que le Dieu Originel reviendra vous chercher ?! Il vous a abandonnées ! Il n’avait plus besoin de vous ! Mettez vous ça dans le crâne ! Vous n’avez été que des jouets dont il s’est débarrassé dès qu’il ne s’amusait plus avec vous ! Vraiment, vous pouvez avoir mille, dix mille ou un million d’années, vous restez toujours de pauvres enfants ! »

« Bal… Il est l’heure que tu nous quittes. »

« Et si je ne veux pas ? »

Ses trois manches rouges avaient disparu alors qu’il se présentait devant Gigana. Celle-ci s’était rapprochée de lui, une aura blanche l’entourant alors qu’elle reprenait :

« Je ne te laisses pas le choix. Je te somme de partir… »

Hum… Ca sentait le roussi. Il remarquait bien que Gigana ne plaisantait pas. Il rigola longuement alors qu’une fissure apparaissait dans le sol, juste au-dessous de ses pieds. Déjà son corps pénétrait à l’intérieur de la fissure tandis qu’il murmurait :

« N’oublie pas Gigana… Le Joker Blanc… ou ce qui t’es si précieux. »

La fissure se referma très rapidement, Bal ne laissant plus de traces de sa présence dans ces lieux. Sterivia et Iglaré s’approchèrent de Gigana, cherchant un peu de réconfort. L’aînée des Rois poussa un profond soupir avant de dire :

« N’écoutez pas ce que cet imbécile a dit. Le Dieu Originel reviendra, il me l’a promis personnellement. Pendant ce temps, nous restons ici. Allons nous préparer pour combattre le Joker Blanc. Normalement, il ne pourra plus nous échapper. »

« Tu ne vas pas combattre quand même ?! »

« Si je le dois… Je le ferais. »

« Je m’en vais. Je pars affronter Xano et ses compagnons maintenant. »

Orvonix forma subitement un mur de glace derrière lui, ne laissant pas le choix aux Rois de l’arrêter. Néanmoins, le mur éclata rapidement en morceaux, Gigana se retrouvant à sa hauteur. Lentement, elle l’intima :

« Tu restes ici, Orvonix. »

« Gigana, vous savez aussi bien que moi pourquoi je fais ça. Nous sommes à votre service mais le Dieu Originel nous a demandé il y a fort longtemps de vous tenir compagnie mais aussi de vous protéger, vous et vos sœurs. »

Une soudaine tempête de neige se produisit entre Orvonix et Gigana, le jeune homme disparaissant devant ses yeux. Il… ne l’avait pas écouté et il allait faire une imbécillité ! Rapidement, elle demanda à Heyrisi d’aller le retrouver. Au loin, à plusieurs centaines de mètres du sanctuaire où Gigana était installé, Orvonix réapparaissait dans une minuscule tempête de neige.

« Un nouveau cobaye. C’est fort intéressant. »

Quelque chose se planta subitement dans son dos. Qu’est-ce… que cette voix venait de dire ? Et cette odeur… Une drôle d’odeur… Ce parfum enivrant… Hummm ! Il devait résister… Mais… Ses yeux améthyste se refermèrent alors qu’il s’écroulait au sol. Lentement, des lianes apparaissaient autour de lui, l’emportant au loin.

Chapitre 35 : Juste une mise au point

Chapitre 35 : Juste une mise au point

« Où m’emmènes-tu ? »

« S’il te plaît… Suis moi… Nous retrouverons notre chemin de toute façon. »

Qu’est-ce qu’elle lui voulait ? Il avait remarqué facilement que le regard d’Aliréna sur Tyrania était différent… Un mélange de crainte et de respect. Est-ce que l’ancienne Feunard était revenue à la normale ? Des minutes s’écoulèrent et ils s’éloignaient de plus en plus de l’endroit où se trouvaient les tentes. Il était de moins en moins sûr de retrouver les tentes…

« Dis… Tu aimes les étoiles et l’espace, Xano ? »

« Pourquoi cette question ? »

Elle ne lui répondit pas, levant sa main droite pour pointer un doigt vers le ciel. Même dans ce monde… Les étoiles étaient présentes…Et la lune aussi… Mais bizarrement, il ne semblait pas plus intéressé que ça par la situation. Tyrania avait quelque chose à lui dire, qu’elle arrête de tourner autour du pot.

« Les étoiles sont belles… Elles semblent si lointaines… et si brillantes. »

« Les étoiles ne sont que… »

« Des boules gazeuses qui sont si éloignées de nous. Qui nous dit qu’elles n’ont pas déjà disparues au lointain ? »

Ses yeux vairons se posèrent sur la jeune femme : Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle lui donne une réponse de la sorte. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Il n’arrivait pas à prendre la parole, la jeune femme continuant :

« Même si c’est… stupide de penser ça, les étoiles sont éphémères… comme nos vies. Comparée à une étoile, ma vie est vraiment si… futile et rapide. »

« C’est quoi ça ? Tu désespères ? Je ne suis pas… »

« Xano… Ou DornRek… Aliréna m’a dit des choses à ton sujet. Elle semble très bien te connaître mais pourquoi… Tu ne t’en rappelles pas ? Est-ce que tu as déjà couché avec elle ? Réponds moi. »

« En quoi cela te concerne ? »

« Pourquoi me parles-tu comme ça ? »

Elle avait une voix triste et il se sentait légèrement pris de remords. Comment pouvait-il s’adresser à elle de cette façon alors qu’avant… Il l’embrassait avec affection. De plus, il ne faisait que parler avec Aliréna alors qu’ils ne se connaissaient pas plus que ça.

« Je m’excuse… Simplement… Non, je ne pense pas avoir fait quelque chose avec Aliréna. Du moins… Pas en tant que Xano. Tu es contente ? »

« Assez… J’avais peur que tu sois à nouveau volage. Tu as remarqué ? Luna recommence à t’aimer. Ce charme était peut-être un leurre mais certains sentiments restent vrais… »

« Ne me parles pas de ça. »

« Pourquoi ? Xano ? »

« Je n’ai pas envie d’en discuter. Ce n’est pas dur. Merci…Tu peux continuer à regarder les étoiles, je vais aller me coucher. »

« Reste ici s’il te plaît… »

Il s’apprêtait néanmoins à partir mais il eut un petit rictus de douleur en sentant sa main se faire tordre dans celle de Tyrania. Ses yeux se posèrent sur la jeune femme, elle avait pourtant toujours son regard triste. Qu’est-ce qui se passait ? Il soupira en murmurant :

« Bon… Je reste ici mais je ne suis pas un philosophe. »

« Pourquoi… est-ce que tu as peur ? »

« Comment ça peur ? Peur de quoi ? »

« Pendant le charme, tu ne semblais pas être réticent à être aimé. »

« Je ne vois pas où tu veux en venir. Je ne sais même pas pourquoi Aliréna a fait une telle chose et je m’en contrefiche. Là, je suis pleinement conscient et je n’ai pas peur d’être aimé ! Seulement… J’ai d’autres préoccupations en tête. »

« Tu as peur, voilà tout ! En tant que DornRek, tu ne devais pas être souvent aimé ! »

« Bien sûr que si ! Je couchais avec des centaines… non des milliers de femmes ! »

« Et tu en est fier ? »

Elle lui faisait une légère remontrance mais il ne la relevait pas plus que ça. Il s’était assis dans l’herbe alors qu’elle faisait de même. Elle gardait la main de Xano dans la sienne, serrant un peu moins fort. Elle voulait qu’il lui répondre ? C’est-ce qu’il allait faire.

« Fier de coucher avec différentes femmes pendant des millénaires voir plus que ça ? J’ai connu de ces positions et autres dont tu ne douterais même pas. »

« Sauf que toi et moi m’avons rien fait. »

« Tu marques un point. Néanmoins, je ne me sens pas fier de ça. Je n’ai même pas plus de souvenirs que ça. Je me rappelle de mes périodes en tant que DornRek… Ma trahison envers Giradès et… En y réfléchissant, je n’ai jamais connu les Rois. »

« Et pourtant, tu te fais du souci pour eux. C’est bizarre de se dire que ce ne sont que des enfants mais… Elles sont fortes, très fortes. »

« Ce sont des enfants ! Malgré les apparences, elles restent des enfants ! Tu n’as pas vu le regard de Rocagiri quand Granor est arrivé ? »

« Je n’y ai pas prêté attention plus sérieusement. »

« Elle… Je ne sais pas comment l’expliquer mais… J’ai eut mal… Très mal… Lorsque j’ai appris que Shala avait tué Granor même si elle prétend le contraire. Pourtant, tout ce sang argenté, ce n’est pas possible autrement. »

« Granor est mort, il faut l’oublier. Luna est devenue la plus puissante d’entre nous puisqu’elle a deux âmes d’Atout en elle. »

« Je ne vais pas oublier un mort ! Surtout quelqu’un qui visiblement n’était pas notre ennemi ! Je crois que j’ai assez parlé avec toi. Bonne nuit, Tyrania. »

Il se releva, retirant vivement sa main pour qu’elle ne puisse pas la serrer comme auparavant. Il n’avait pas de temps à perdre avec ça. Elle ne pouvait pas savoir ce qu’il pensait de tout ça. Lui-même avait du mal à se l’exprimer correctement ! Il avait cette sensation de se faire souffrir lui-même à chaque fois. Cette sensation s’était décuplée depuis son arrivée dans ce monde. Birébot, Gaiarma, Zipou et Granor, tous étaient des Atouts et ses ennemies et pourtant… Il s’apprêtait à partir, levant son pied droit mais s’arrêta subitement :

« Xano… Assis toi. »

Un courant électrique traversa son échine. Cette voix… Dure et froide… Comme un souffle glacé qui lui caressait le dos. Il avait beau faire l’intéressant ou se comporter assez sèchement ces derniers jours, cette voix l’effrayait toujours autant. Il se retourna lentement, tentant de contrôler ses émotions :

« Je vais aller… »

« Xano, assis. »

Comme dirigé par un automatisme, il se mit rapidement assis en face de Tyrania. La jeune femme avait le regard froncé, ses neuf queues étant apparues alors que son œil violet était dirigé vers Xano. Le jeune homme se mit à déglutir, tirant un col imaginaire pour dire qu’il se sentait très mal à l’aise. Il avait un peu profité de la situation depuis qu’elle était devenue si gentille et mielleuse mais le bon temps était terminé.

« Il se fait tard… Nous devrions vraiment… »

« Xano, tais toi. »

« D’accord ! »

Il s’écriait presque, se mettant à trembler comme un gamin. Oublié Granor, oubliée Rocagiri, oubliés les Rois et les Atouts, là, il avait un sérieux problème en face de lui. Un problème de taille. Tyrania ne semblait pas décolérer et ce n’était pas bon signe. Ses jambes étaient revenues à la hauteur de son visage, visage toujours fixé sur lui.

« Xano, qu’est-ce que tu ne comprends pas ? »

« Hein ? Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« N’as-tu rien remarqué ces dernières semaines ? »

« Sur le fait que tu me sautais toujours dessus ? Que tu étais vraiment très amoureuse ? Et très attachante ? Que tu venais te coller contre moi ? Je crois que si quelqu’un ne l’a pas remarqué, il doit être sourd et aveugle. »

« Oui… Mais à part ça, n’as-tu rien remarqué d’autre ? »

« Et bien… Je ne pense pas. »

« Tu ne t’es pas demandé ce qui s’était passé ? Pourquoi j’ai changé autant ? »

« Non… Je me disais que finalement, tu devenais plus féminine. »

Il ferma subitement sa bouche, mettant ses deux mains devant cette dernière alors que Tyrania poussait un léger grognement. Et pourtant… Elle ne s’emportait pas. Non, c’était différent. Ce n’était pas son ancienne Tyrania mais ce n’était pas celle qu’il connaissait depuis quelques semaines alors… Qui était cette femme devant lui ?

« J’ai tout entendu de ta conversation avec Nelya et les autres. Tu fais des cauchemars n’est-ce pas ? Des cauchemars où je t’étrangle et je t’agresse. »

« C’est… vrai. J’ai fais ce genre de cauchemars plus d’une fois. »

« J’ai donc décidé de me calmer et de prendre sur moi. Je voulais jouer à la femme qui veut montrer tout son amour à l’homme qu’elle aime. Des câlins, des caresses, des baisers… ou alors des petites choses érotiques comme le décolleté. »

« Tu… Tu avais prévu depuis le début ? Donc… Quand je t’ai… »

« Vu, j’avais ouvert intentionnellement ma robe mais toi… Je pensais que tu étais heureux de cette façon. Pourtant, nous n’avons rien fait et nous n’avons pas été très loin mais j’ai une question, Xano. Une question qui me taraude… »

Elle s’était mise à quatre pattes, s’avançant vers lui alors qu’il tentait de reculer. Cela aurait put donner une connotation perverse et sensuelle mais le regard qu’elle avait excluait cette idée. Elle reprit la parole :

« Est-ce que cette nouvelle Tyrania te plaisait ou non ? »

« J’avoue que… Je l’ai bien appréciée. Elle était assez spéciale et tendre. La sentir contre moi et la voir si mignonne, c’était spécial et vraiment bon. »

« Alors je vais te demander : Pourquoi tu me mens ? Je te fais peur et je suis dans tes cauchemars qu’importe le caractère que j’ai. Tu crois que je n’ai pas entendu ce que tu disais à Aliréna il y a quelques jours ? Avant qu’on quitte sa maisonnette. »

Il était encore pris en flagrant délit. A chaque phrase qu’elle prononçait, il reculait alors qu’elle avançait. Il percuta un arbre, ne poussant même pas un cri malgré la douleur qu’il venait de subir. Il était rouge… mais rouge de honte.

« Alors au final, je me suis dit : Et si au final, ce n’était pas lui le problème dans cette affaire. Qu’importe que je sois violente ou tendre, tu as toujours peur et tu es effrayé. Tu cauchemardes sur moi mais pas uniquement d’après ce que j’ai compris. »

« Tyrania… Tu peux t’éloigner s’il te plaît. »

« Je ne le ferais pas. »

Elle était finalement à sa hauteur, posant ses deux mains sur l’écorce de l’arbre. Il se trouvait au milieu d’entre elles et il tremblait. A chaque fois que Tyrania était devant lui et sérieuse, il réagissait toujours de cette façon, c’était presque maladif. Elle reprit :

« On va s’expliquer toi et moi. C’est quoi ton souci ? Les pokémons devenues femmes ne sont pas assez bien pour toi ? Tu te rappelles de moi en tant que Feunard ? »

« Non, ce n’est pas ça, c’est différent. Ca date d’après le charme donc ce n’est pas à cause de ça. Tu es une très jolie femme mais… Dès que tu m’aimes… Je dois m’enfuir. J’ai l’impression de faire une bêtise, une erreur monumentale. »

« Est-ce que par là, tu veux dire que je ne suis pas assez charmante ? Que je te dégoûte ou je te répugne ? Non pas en tant que femme, mais en tant… qu’être normale ? Car tu es un Dieu ou quelque chose de ce genre ? »

« Non ! Ce n’est pas ça ! Je n’ai pas dit ça ! Loin de là ! Ne me fait pas dire ce que je n’ai pas dit ! Juste que… »

« Xano… Je ne sais pas sur quel pied je dois danser avec toi. Je me demande même si des fois, tu ne me prends pas pour une imbécile. »

« Tu… Tu sais bien que ce n’est pas le cas. »

Elle rapprochait son visage à quelques centimètres du sien, soufflant sur ses lèvres. Elle ne semblait même pas rougir alors qu’il fermait déjà les yeux à moitié. Xano se sentait prêt à être embrassé même si il continuait de trembler. Vraiment… Il était si mal avec elle, il était comme un enfant face à sa mère… Enfant… Mère… Il reprit subitement la parole :

« Je pense que c’est mal de t’embrasser ou de coucher avec toi ! J’ai l’impression de coucher avec quelqu’un de ma famille ! Nous avons été jusqu’aux caresses mais je ne me sentirais pas prêt à coucher avec toi. Que ça soit toi ou une autre, je n’y arriverais pas ! J’ai l’impression que nous sommes tous issus de la même famille et que ça serait de l’inceste de commettre un tel acte ! Tu ne peux pas savoir à quel point je me dégoûte de me laisser faire par tes baisers. Oui, tu as raison, le problème, ce n’est pas toi mais moi, moi et moi ! Tu es contente ?! »

Il plongea sa tête entre ses jambes, se mettant à sangloter. Entre Xano qui combattait les Rois et celui-ci qui se trouvait devant elle, il y avait tant de différences mais… Elle était choquée. Oui, il y avait de quoi être choqué quand on entendait parler d’inceste de la bouche de quelqu’un que l’on apprécie. Il pensait ça ? Il pensait réellement ça ?

« Xano… Est-ce que tu blagues ? »

« Est… Est-ce que j’ai l’air de blaguer ? Je me sens sale de t’embrasser ! Tu n’imagines pas dans quelle situation je suis ! J’ai l’impression de tuer des personnes de ma famille à chaque fois qu’un Atout meure, j’ai l’impression de faire souffrir mes propres filles quand je regarde les Rois, j’ai l’impression… d’embrasser mon enfant quand je te vois. »

« Allons… Xano… Xano ? »

Il ne lui répondait plus, continuant de sangloter alors qu’elle restait devant lui. Maintenant, elle était triste, vraiment triste… Non pas à cause de Xano, mais à cause d’elle. Le jeune homme semblait dans un état de grande détresse et elle lui releva la tête. Les larmes s’écoulaient sur le visage de Xano. Du mucus s’écoulait de son nez mais avec un geste tendre et bien qu’impropre, elle alla l’essuyer avec sa manche de sa robe rouge.

« Xano… Tu es un grand garçon n’est-ce pas ? Tu sais très bien que ce que tu dis n’est pas logique. Tu n’es pas mon père, loin de là. Tu es tout simplement un jeune homme fort mignon mais qui n’a plus de famille. Je ne me serais pas douté que la mort de madame Elis resterait gravé en toi de cette façon… Ne t’en fais pas, d’accord ? »

« C’est… trop dur… »

« Est-ce que ma façon de t’embrasser te dégoûte tant ? »

Elle collait son front contre le sien, touchant leurs deux nez alors qu’il séchait ses larmes. Il l’observa dans les yeux, murmurant :

« Non… Enfin je ne crois pas mais c’est de moi… que le problème vient. »

« Alors apprécie pleinement ce baiser car tu es mon seul et unique amour. »

Elle alla l’embrasser longuement et délicatement. Il refusa au départ le baiser, se disant qu’après tout ça, c’était plus que malsain mais Tyrania n’avait pas l’air de vouloir arrêter ce moment. Elle le fit pencher sur le côté avant de le coucher au sol, retirant ses lèvres en se retrouvant sur lui.

« Dorénavant, dès que tu as un véritable souci, je t’interdis de m’insulter sinon, je serais… très en colère. Je vais arrêter de jouer les mijaurées et si quelqu’un me provoque, je le corrigerais tout de suite. Alors fais attention à ce que tu me diras et tu sais quoi ? Ce soir, on va dormir ici, dans l’herbe, et je t’interdis de me contredire. Tu as bien besoin de passer du temps avec moi pour arrêter d’avoir ces idées absurdes. »

Il n’appréciait pas vraiment l’idée de dormir dans l’herbe et sous le froid mais Tyrania ne lui laissait pas vraiment le choix. Ses deux mains posées sur le dos de la jeune femme, il ferma ses yeux vairons, cherchant à tout oublier au sujet de ce qu’il avait dit. L’ancienne Feunard l’observa pendant qu’il s’endormait peu à peu. Même si ce n’était qu’une couverture basique, ses neuf queues les entourèrent, formant une chrysalide de poils doux et soyeux sur elle et lui. Elle se logea plus précisément, posant sa tête sur le cœur de Xano pour être sûre qu’un jour, elle puisse l’atteindre.

Chapitre 34 : Trois enfants

Chapitre 34 : Trois enfants

« Une dimension ? Le Joker Blanc est capable de ça ? »

« Il doit l’être… puisqu’il est l’ennemi du Joker Noir. »

« Alors peut-être est-il plus puissant que prévu ? »

Les trois Rois parlaient entre eux tandis que Xano se tournait vers son groupe. Lentement, il s’approcha de Tyrania, passant une main sur sa joue. Elle trembla sur le moment, le regardant de son œil violet. Il murmura :

« Je croyais avoir dit que c’était à moi de m’en occuper… Est-ce que tu voudras bien me laisser gérer cette histoire ? »

« Non… Nous sommes toutes là pour t’aider. »

« Et si je te forces… à ne pas m’aider ? »

« Penses-tu être capable de ça, Xano ? »

Hum ? Il la regardait de ses yeux saphir. Même si… Ils étaient dans sa dimension, était-il vraiment le maître en ce lieu ? Et puis… Cet œil améthyste. Il était si… inquiétant ? Comment ça ? Tyrania, est-ce qu’elle ? Elle lui faisait un petit sourire difficile à étudier. Il détourna le regard avant de reprendre :

« Faites comme vous le voulez, de toute façon, ce n’est pas mon problème. »

« Sinon… Tu as de jolis goûts pour ta dimension. »

« Hum ? Pourquoi dire une telle chose maintenant ? »

« Je ne sais pas… J’en avais envie. Ca change de ces dimensions fleuries. L’Espace… C’est vraiment beau. Je me demande si il est possible de voir ailleurs un jour. »

« Pfff… Te voir autant dans la lune, c’est vraiment trop rare. »

« Hey ! Ne te moque pas ! »

Il ne se moquait pas. C’était bien la première fois que Tyrania semblait autant féminine… Pas féminine dans le sens où elle lui montrait son amour mais plutôt dans le fait qu’elle était capable de dire de telles choses. Finalement, il observa le reste du groupe, les femmes restant surprises par son caractère et cette dimension. Seule Aliréna ne semblait pas se soucier plus que ça de l’endroit où elle se trouvait.

« Rocagiri, Sterivia et Iglaré, je vais en finir avec vous. »

« Cela sera difficile… Très difficile. Si tu veux jouer à celui qui avait un secret, nous allons en faire de même. Rocagiri, Iglaré, on l’utilise. »

Utiliser ? Qu’est-ce qu’elles allaient utiliser ? Les sept trous qui étaient sur le corps des trois Rois s’étaient mis à s’illuminer et il fut stupéfait de voir que leurs blessures se refermaient peu à peu pour disparaître complètement. De plus, l’impression de puissance était bien plus forte qu’auparavant ! Sterivia reprit la parole :

« Le pouvoir de Gigana… Elle nous l’a confié pour développer notre force. Nous sommes biens plus terribles que tu ne le penses. Nous sommes là pour surveiller et gérer ce monde. »

« Je vois… J’aurais dut me dire dès le départ… que vous n’étiez pas aussi faciles à battre. Mais cette fois-ci, moi-même, je suis différent. »

Il cligna une seule fois des yeux et le temps venait de s’arrêter autour de lui. Les étoiles ne brillaient plus. Que ce soit les Rois ou le groupe de Xano, nul ne bougeait. Tout son corps était redevenu parfaitement normal : Aucune trace de symbiose. Néanmoins, la sphère enflammée qu’il faisait apparaître était bien réelle.

« Arrêter le temps demande beaucoup de mental, finissons en maintenant. »

Il envoya la sphère dans l’espace, juste au-dessus de la tête de Sterivia. Il savait que malgré le fait qu’il arrêtait le temps, cela ressemblait plus à une paralysie qu’à autre chose. Même si ils ne pouvaient pas bouger leurs yeux ou leurs membres, les Rois pouvaient voir ce qu’il comptait faire. La sphère avait pris une teinte violette et noire alors qu’elle se multipliait en une cinquantaine d’exemplaires.

« Voilà de quoi vous en faire baver pour un petit moment. »

Le temps reprenait son cours et c’était malheureusement trop tard. Toutes les sphères s’abattirent sur les trois rois, provoquant diverses explosions, un vent malsain repoussant le groupe de Xano. Seul ce dernier ne semblait pas avoir de problèmes. Une épaisse fumée noire était apparue à l’endroit des explosions, des toussotements se faisant entendre.

« C’était drôlement efficace… Vraiment… »

« Heureusement que Rocagiri était capable de nous servir de bouclier. »

« Oui mais regardez mes membres, ils sont assez amochés. »

La fumée disparaissait, laissant place aux trois Rois. Sterivia et Iglaré ne semblaient pas très affectées par les coups qu’elles avaient reçues tandis que des morceaux de pierre tombaient au sol. La créature humanoïde faite de roche avait un sourire aux lèvres malgré le fait qu’elle avait perdu ses deux bras. Elle reprit la parole devant Xano :

« Ca ne sert à rien. Les pouvoirs de Gigana sont bien supérieurs aux tiens. Regarde donc ça. »

Lentement, les morceaux de roche revenaient les uns après les autres sur le corps de Rocagiri, celle-ci faisant quelques mouvements avec ses deux mains avant de s’exclamer de joie. Elle projeta ses deux mains vers Xano, celui-ci restant parfaitement immobile avant de créer un champ de force autour de lui.

« Ridicule… et inutile. »

« Mes sœurs, déclenchons notre plus puissante attaque… »

« Ca ne sera pas sans moi cette fois ! »

Tyrania se rapprocha de Xano, suivie rapidement par toutes les femmes. Même Aliréna était de la partie alors que la dimension se distordait dans tout les sens. La puissance qu’emmagasinait les trois Rois devenait importante, bien trop importante. Xano poussa un léger soupir, faisant un geste vers le sol alors que sa dimension disparaissait. Adieu les étoiles et l’Espace, retour dans le monde réel. Nelya fermait ses yeux, murmurant :

« Que chacun reste groupé. Malgré la difficulté, je vais former de quoi nous défendre. »

« Ca ne servira à rien, vous pensez résister aux trois Rois ?! »

Sterivia et ses sœurs s’étaient réunies l’une contre l’autre, chaque créature chargeant son énergie en un point précis. Les trois points formaient un triangle tandis qu’une aura s’était mise à entoure Xano et ses compagnons. Chacune avec un air sérieux sauf Aliréna qui gardait son sourire comme peu ou non embêtée par la situation. Tyrania était proche de Xano, serrant sa main dans la sienne :

« Tu as peur, Xano ? »

« Arrête tes idioties. Je m’exprime très mal ou quoi ? Je ne suis pas un gamin ! »

« Non mais tu ne sais pas lire… »

« Comment ça, pas lire ? »

« Si nous nous en sortons… »

« CA ARRIVE ! »

Luna criait de toutes ses forces, de multiples Apitrinis faisant leurs apparitions devant le groupe. Ca plus la sphère de protection que Nelya faisait apparaître, ça devait suffire… n’est-ce pas ? Le rayon qu’avait crée les trois Rois était énorme… vraiment énorme. Il devait bien faire trois ou quatre mètres de hauteur et il se dirigeait droit sur eux !

« Que toi et tes Reines disparaissent, Xano ! »

Les Apitrinis se volatilisaient alors que le rayon percuta le champ de protection de Nelya. Celle-ci était rapidement en sueur, gémissant de douleur alors chacun tentait de faire de son mieux pour aider la femme aux longs cheveux bleus. Malheureusement, cette puissance dépassait tout entendement et la sphère commençait à se briser de plus en plus. Elle vola en éclats devant le regard apeuré des femmes.

« Assez… C’est suffisant. »

Puisqu’elles n’étaient pas capables de se protéger, c’était à lui de montrer ce qu’il savait faire. Une déchirure dimensionnelle se produisit subitement devant le rayon, Xano s’étant positionné pour faire front par rapport aux femmes. Le rayon semblait être aspiré et le jeune homme aux cheveux blancs passa une main sur son visage. Même lui… Il sentait qu’il n’allait pas faire le poids face à ça et pourtant… Il continuait de se concentrer alors que la voix d’Aliréna se faisait entendre :

« Allons, allons… DornRek. Laisse moi faire, c’est mon rôle. Galpha… Voudrais-tu me donner les trois cristaux que tu as montrés à Pandora et Luna ? »
Comme si c’était le moment ! Tyrania fronça les sourcils en voyant la jeune femme aux cheveux blonds qui tendait la main vers Galpha. L’adolescent aux yeux violets ouvrit sa bourse, sortant les trois cristaux de couleur rouge, bleu et argenté. Aliréna les récupéra en la remerciant, reprenant la parole :

« DornRek, annule ce faux trou noir. Tu n’arriveras pas à contenir cette puissance. »

« Et qu’est-ce que tu veux que je fasse au lieu ? »

Elle eut un petit sourire, tapant une fois du pied sur le sol. Un majestueux mur de lianes apparut devant le groupe, trois trous étant présents dans ce fameux mur. Xano regarda Aliréna, espérant qu’elle ne commettait pas de bêtises. La fissure dimensionnelle se referma subitement, le rayon venant frapper le mur de lianes en commençant à le désagréger.

« Désolée pour les Rois, mais le jeu est terminé. Il est l’heure pour les enfants de rentrer chez eux et d’aller se coucher. »

Elle envoya les trois cristaux dans le mur de lianes, les minéraux se désintégrant rapidement sous la puissance de feu du rayon. Trois cris déchirèrent la zone au moment où cette scène s’était produite, le rayon s’annulant. Dans un autre lieu, une main agrippa la robe blanche au niveau du cœur. Une petite explosion de chewing-gum et Heyrisi demanda :

« Y a un problème ? »

« Mes sœurs… sont en danger. »

« Miviari est en route, y a pas à s’inquiéter. »

« Elle n’arrivera pas à temps. Rocagiri… Sterivia… Iglaré… »

Pour la première fois, la voix de Gigana semblait inquiète, très inquiète. Ses pouvoirs… étaient revenus mais cela voulait dire que ses trois sœurs ne les possédaient plus. Dans la scène de combat, chacun était médusé par les personnes qui se tenaient devant eux. Trois petites filles étaient apparues à la place des créatures sensées être les Rois.

« Ste… Sterivia ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »

« Nous… avons repris nos corps originels. Gigana nous aurait quand même pas… »

« Et non, petites filles. Dommage pour vous mais j’ai simplement détruit les trois cristaux dans lesquels les pouvoirs de Gigana étaient enfouis. Sans eux, vous êtes bien plus faibles et surtout… Vos corps ne vont pas se régénérer d’aussitôt. »

« Les Rois… »

« Sont des enfants. »

Xano termina la phrase de Tyrania alors que tous observaient les trois Rois… ou plutôt les trois filles. L’une d’entre elle, la plus petite avait de longs cheveux bruns tressés, des yeux orange et une petite robe beige comme le sable. Elle lui allait jusqu’au genoux et elle portait deux imposantes roches oranges au niveau des oreilles. Elle devait être la plus jeune des trois et ce n’était pas difficile de savoir que c’était Rocagiri.

La seconde… semblait complètement nue mais ce n’était pas le cas. Elle avait des cheveux bleus assez courts mais portait surtout un vêtement translucide et linéaire sur le corps. Ce vêtement était fait de glace et deux longs cylindres se trouvaient au niveau de la nuque, sortant de cette dernière. Elle avait aussi un casque bleu sur le sommet du crâne. Elle portait en fait en fait une tenue brune sous cette armature de glace. C’était simplement Iglaré.

La dernière mais pas la moindre était facilement reconnaissable. Légèrement plus grande que les deux autres, elle avait deux pompons de même couleur que ses cheveux gris. Au bout de ces pompons se trouvaient deux longues et fausses oreilles qui faisaient penser à celle des lapins. Elle portait une tenue grise un peu trop courte puisqu’il était possible de voir sa culotte tandis qu’elle avait des yeux rouges. Finalement, Sterivia était présente devant eux.

Les trois filles semblaient étonnées, chacune regardant l’autre pour tenter de comprendre ce qui s’était passé. D’après les dires d’Aliréna, elles venaient de perdre les pouvoirs issus de Gigana ? C’était mauvais signe ! Néanmoins, peut-être que maintenant, elles allaient discuter tranquillement. Xano fit un pas vers elles, prenant la parole :

« Voulez-vous bien parler calmement ? »

« Non ! Nous n’avons pas à essayer de dialoguer avec l’ennemi. Ca ne sert à rien ! Tu ne fais pas le poids face à Giradès ! »

« Puisque personne ne semble vouloir se battre et que la discussion est terminée… »

Une ombre traversa le ciel, deux ailes de coton fendant l’air pour se diriger vers les trois filles. Shala présentait ses serres aux trois Rois, ces derniers ne pouvant pas se protéger à cause de la surprise. Autant s’en débarrasser maintenant au lieu de les combattre plus tard. Un pieu de pierre sortit subitement du sol, Shala se devant de s’éloigner pour éviter l’attaque.

« Désolé… Mais je m’occupe de ça. »

« Granor ! Non ! On avait dit que… »

« Si vous étiez en danger, je me montrerais. Or, c’est le cas. »

L’homme à l’armure verte faisait son apparition, sa queue tapotant le sol alors qu’il avait un sourire aux lèvres. Shala ne se laissa pas faire, elle devait profiter de l’occasion dès qu’elle le pouvait. Elle s’approcha des trois Rois mais Granor poussa un léger soupir, plantant une main dans le sol avant d’en extraire une pierre de grande taille. Il envoya cette dernière en direction de Shala tandis qu’il commençait à soulever les trois Rois. Sterivia et Iglaré sur ses épaules, il portait Rocagiri dans ses bras.

« Désolé pour vous mais je crois qu’il est temps de nous dire au revoir. »

« Toi, tu restes là ! »

Granor eut un grand sourire, frappant à nouveau dans le sol avant de créer une trentaine de pieux rocheux. Avec ce qu’il venait de faire, il avait de quoi gêner le groupe de Xano pendant quelques instants. Il se mit à courir avec les trois Rois sur lui, s’éloignant avec vélocité alors que Shala criait :

« Je vais le poursuivre ! Il ne va pas s’échapper ! »

« Shala, reviens, c’est bon ! »

Mais elle ne l’écoutait pas et déjà elle s’éloignait. Xano poussa un profond soupir, s’asseyant sur le sol alors que le reste du groupe faisait de même. Seule Tyrania observait les nombreux pieux avant de s’approcher d’eux. Elle en explosa une majeure partie avec facilité, retournant vers Xano pour s’asseoir à ses côtés.

« Granor… Gigana… »

« On n’a pas le temps de penser à ça. Ne vous inquiétez pas mesdemoiselles, je m’occupe de tout ! Elle peut nous poursuivre, elle ne me rattrapera pas. »

Oui… Ils avaient échoué mais combien de fois cela allait être le cas ? Cela faisait deux fois qu’il prenait la fuite. La troisième fois serait la mauvaise, il le pressentait. Il s’arrêta subitement, c’était quoi cette aura ? Il déposa les trois filles sur le sol.

« Qu’est-ce qu’il y a Granor ? »

« Avancez… et retournez voir Gigana. »

« Mais et… »

« FAIS CE QUE JE TE DIS ROCAGIRI ! »

La plus petite des trois filles recula, surprise d’entendre Granor lui crier dessus. Elle allait reprendre la parole mais Sterivia posa une main sur sa bouche. Iglaré hocha la tête pour dire qu’elles avaient bien compris le message. Les deux filles emportèrent leur plus jeune sœur, Rocagiri regardant Granor qui s’éloignait avec un petit sourire.

« Bon… Tu peux te montrer. Tu crois que tu es invisible ? »

Oui… Elle était bien là… C’est vrai qu’il était un Atout, un bon Atout… Mais ce n’était pas suffisant. L’armure de Granor éclata en morceaux, des entailles recouvrant son corps sans qu’il ne comprenne ce qui se passait… Cette femme… Elle cachait son jeu ? Depuis le début ? Qu’est-ce… Il n’arrivait même pas à la voir correctement mais… Ah ! Non ! Il devait tenir le plus longtemps ! Malgré ses blessures, il restait debout, haletant :

« Tu ne m’auras pas comme ça ! »

« Granor… Treizième Atout. Ce chiffre est porteur de Malheur. Or, le Malheur va s’abattre sur toi. Dommage pour ta fille… Si on peut l’appeler comme ça. Adieu. »

Une profonde entaille traversa l’intégralité de son corps. Granor poussa un dernier râle, son corps penchant en arrière. Cette vision… Cette image qu’il avait… Rocagiri… Et Gaiarma… Il… Ah… Ah… Non ! Il ne devait pas… Il ne devait pas… mais c’était si difficile. Sa bouche s’ouvrait, du sang s’écoulant de cette dernière alors qu’un rayon traversait le ciel, visant une cible qu’il n’arrivait pas à voir. Un morceau de coton blanc tomba au même moment que lui, ses yeux se refermant. Une lueur verte sortit du corps de Granor, s’envolant à un endroit où nul ne le savait exactement.

Une heure plus tard, tout le monde était assis autour d’un feu de camp sauf Shala. Celle-ci était tout de suite partie se coucher, du sang sur les vêtements alors que Luna avait remarqué une petite lueur verte qui s’était approchée d’elle avant de s’enfoncer. Elle comprit aussitôt ce qui venait de se passer… Granor était décédé… Nul ne parlait, chacun retournant dans sa tente les uns après les autres. Seuls Tyrania et Xano restaient assis, l’un devant l’autre.

« Les Rois… sont des enfants… Les Rois… sont des enfants. »

« Xano… Tu te fais du mal. Qu’ils soient des enfants ne change rien. »

« Mais si ! Ce sont… Ah… Tu ne peux pas me comprendre. »

« Et toi, me comprends-tu, Xano ? »

« Comment ça ? Où est-ce que tu veux en venir ? »

Elle se releva, passant à côté du feu avant de se rapprocher de lui. Alors qu’il s’attendait à ce qu’elle se jette sur lui, elle lui prit la main pour le forcer à se lever. Sans rien dire, elle le guidait en s’éloignant du feu et des deux tentes. Finalement, ils allaient peut-être discuter.

Chapitre 33 : Depuis quand

Chapitre 33 : Depuis quand

« Te battre contre nous trois ? »

« Ne te surestimes pas trop, Joker Blanc. »

Il gardait son sourire avant de le faire disparaître après quelques secondes. Deux boules de feu apparurent au-dessus de ses griffes. L’une s’envola en direction de Sterivia tandis que la seconde fonçait vers Iglaré. Les deux créatures humanoïdes donnèrent un simple coup dans les boules de feu pour les faire tomber à côté d’elles.

« Je ne me surestimes pas, simplement… Je n’ai pas envie de trop vous blesser. Vous, les Rois… Quel est votre rôle avec Malar ? »

« Nous n’avons pas à te le dire. Ce qui concerne nos relations avec Malar, nous ne pouvons pas te le révéler… Cela serait beaucoup trop simple. »

Xano soupira légèrement, se disant qu’au final, ça ne servait à rien de discuter. C’était à lui de se battre… Au moins, il connaissait sa force et si il voulait arrêter le combat, il le pouvait dès l’instant où il en avait envie. Nulle obligation de forcer les autres. Tyrania et Luna se présentèrent à ses côtés, la jeune femme aux cheveux dorés prenant la parole :

« Si vous ne voulez rien dire, alors… »

Elle fut repoussée avec violence ainsi que Luna. Xano venait de battre de ses deux ailes de coton, tournant son visage vers les femmes. Ses yeux vairons étaient posés sur Tyrania.

« Je croyais vous avoir dit de ne pas vous approcher d’eux ! »

« Ce n’est pas une raison pour nous bousculer, Xano ! »

« La ferme, Luna ! Vous ne pensez qu’à vous battre pour tuer à chaque fois ! »

« Et toi, tu fais quoi là ?! »

« J’applique une tactique, c’est différent, imbécile ! »

Luna s’était relevée la première, criant en direction de Xano qui s’était déjà remis en position. La femme aux franges blanches s’approcha de Tyrania pour voir si elle allait bien. Celle-ci s’était mise légèrement à pleurer, chose des plus choquantes. Luna serrait les poings tandis qu’Aliréna gardait son sourire en regardant Xano.

« Que cet imbécile crève devant son assurance. »

« Shala… Il ne faut pas dire ce genre de choses. Vous qui êtes des Reines, vous devenez de plus en plus fortes après chaque jour qui s’écoule mais pour lui… Tout est différent. Il stagne car ses pouvoirs latents ne sont pas révélés. Il n’arrive même pas à utiliser ses propres pouvoirs correctement. »

« Je me contrefous de ce qu’il arrive ou de ce qu’il n’arrive pas à faire. »

« Ce n’est pas sympathique de dire cela. »

« Toi qui est si forte et si maligne, montre leur donc à quel point tu as réussi à nous arrêter moi et Xano la dernière fois. »

« Pourquoi cela ? Xano ne veut pas que nous nous mêlions de ce combat. »

Aliréna restait parfaitement immobile après ces paroles alors que le combat venait de commencer. Xano s’était très vite rapproché des trois Rois pour éviter que les femmes ne soient prises par une attaque mal placée. Sa griffe droite rencontra la main glacée d’Iglaré tandis qu’il transformait ses deux pieds en deux serres acérées. Donnant un coup de serre en arrière pour parer l’attaque de Sterivia, il ouvrit la bouche en regardant le ciel, crachant un souffle de feu en direction de Rocagiri. Celle-ci passa facilement à travers les flammes grâce à sa peau faite de roche, s’écriant :

« Tu as mal choisi ton moment pour faire le fier. »

« Ce n’est pas mon but. La seule chose qui m’intéresse est de vous blesser suffisamment pour pouvoir discuter entre nous comme des gens responsables. »

« Cela n’arrivera pas. Si nous te tuons, Malar sera satisfait et ce monde sera en paix. »

« C’est une idée chimérique que de penser que je suis mauvais ! Malar est celui… Non, Giradès est celle qui a tout organisé depuis le début ! »

« Dans ces mondes… Il y a toujours quelqu’un de plus puissant que nous. Il faut accepter le fait que nous ne pouvons rien faire contre quelqu’un de plus fort et il faut nous résigner à accomplir ce qu’il nous demande. »

« En courbant le dos et en s’inclinant comme des esclaves ?! Vous êtes vraiment arriérées ! »

« Il faut arrêter de croire que tout est aussi simple. »

Alors que Rocagiri arrivait à sa hauteur à partir du ciel, il retira son poing et son pied de Sterivia et Iglaré avant de faire un saut sur le côté. Rocagiri retomba à l’endroit où il s’était trouvé quelques secondes après, les trois créatures se mettant en à le pourchasser. Iglaré allongeait ses doigts faits de glace pour tenter de le trancher vif tandis que Rocagiri expulsait ses deux mains non rattachées à son corps pour les envoyer en direction de Xano. Sterivia de son côté s’était mise à créer une sphère de liquide métallisé avant de l’envoyer dans le ciel.

« Allons… Tyrania… Ne t’en fais pas… Je vais aller lui dire ces quatre vérités quand il reviendra. Allez, arrête de pleurer. »

« Pourquoi ? Pourquoi hein ? Snif… Pourquoi faut-il toujours… »

« Car il n’est pas capable d’aimer correctement voilà tout. »

Aliréna avait perdu son sourire en se tournant vers Tyrania et Luna. Toutes les femmes s’étaient mises à attendre que celle aux cheveux blonds prenne la parole pour continuer. Celle-ci observa tout le monde avant de dire d’une voix mystérieuse :

« Je sais bien plus de choses à son sujet que vous n’en saurez jamais voilà tout. Xano ou plutôt DornRek n’est pas capable d’aimer véritablement. Dès l’instant où vous lui montrerez de l’affection, il se sentira mal… très mal. Très mal mais dans quel sens ? Disons que même si je n’arrive pas à lire ses pensées, je connais parfaitement son comportement. Vous ne pourrez jamais atteindre son cœur puisque même moi, je n’y suis pas arrivée. »

« Qu’est-ce… que tu racontes ? »

« Xano est différent de vous, de moi, de Juperus et des autres… Voilà tout. »

Il brisa les longs doigts glacés d’Iglaré, faisant plusieurs sauts en arrière pour éviter les deux mains de Rocagiri. Il donnait des coups dans ces dernières pour les repousser tandis qu’il s’était mis à créer un puissant vent dans le ciel au-dessus de lui. Il faisait tomber la sphère de métal à ses côtés, prenant une respiration plus rapide.

« Vous n’y arriverez pas de cette façon ! »

« Tu ne fais que t’éloigner, esquiver et te défendre. Tu ne cherches même pas à nous attaquer… ou du moins tu ne peux pas. »

« Ah bon ? Et qu’est-ce que tu penses de ça ? »

Il préparait une sphère enflammée d’environ un mètre de diamètre entre ses deux mains. Sterivia pointa sa main en direction de la sphère de métal qui était au sol à côté du jeune homme. De nombreux pics en sortirent, la plupart se logeant en Xano qui cracha du sang. Les deux mains de Rocagiri arrivaient presque à sa hauteur tandis que les doigts glacés et allongés d’Iglaré se mettaient à léviter au-dessus du sol. Tyrania sécha ses larmes avant de s’écrier de toutes ses forces :

« Xano a besoin de moi ! Je vais l’aider ! »

« Tu ne feras rien du tout… »

Des lianes apparurent subitement à partir du sol, venant paralyser les quatre Reines ainsi que Pandora et Galpha. Tyrania se retourna vers Aliréna pour comprendre ce qui venait de se passer, Shala s’exclamant :

« Tu es donc bien de leurs côtés ! »

« Nullement… Simplement… Xano n’a pas besoin d’aide, il se débrouille très bien. »

« Comment ça ? Xa… Xano est… »

Tyrania arrêta sa phrase au beau milieu alors qu’elle apercevait le sourire de Xano… Un sourire ensanglanté. Subitement, il se mit à fondre avant de disparaître devant le regard étonné des trois Rois. Qu’est-ce…

« Désolé pour vous mais même si j’ai oublié depuis tout ce temps à créer des clones vraiment parfaits, je commence à m’y remettre. »

« Sterivia ! Attention ! »

Il apparu dans le dos de la créature humanoïde de métal, ses yeux roses posés sur elle. Il s’était téléporté dès l’instant où il avait commencé à créer cette boule de feu ?! Il n’avait jamais eut l’intention de l’envoyer ?! Tout le corps de Xano s’enflamma subitement, Tyrania se disant qu’il venait d’utiliser cette technique qu’elle n’appréciait guère lorsqu’ils étaient en symbiose… Une technique très forte… mais très dangereuse mentalement.

« Voilà déjà un petit cadeau de ma part. »

Sterivia n’avait pas le temps de se retourner que la griffe droite de Xano alla la frapper au niveau du visage, les flammes passant du corps du jeune homme à celui de la créature faite de métal. La serre droite du Joker Blanc se referma alors qu’il repoussait avec férocité Sterivia. Celle-ci roula sur le sol tandis que Rocagiri disait :

« Une tactique de clonage… Intéressante idée mais très limitée. Tu t’enfonces de plus en plus dans ta propre déchéance, Joker Blanc. »

« Sterivia, arrête de bouger. »

Les flammes autour du corps de Sterivia se gelèrent subitement, éclatant en morceaux tandis qu’Iglaré était venue à ses côtés. Les flammes avaient entièrement disparues et seule la créature faite de métal semblait avoir quelques blessures à cause de Xano. Le jeune homme quand à lui semblait légèrement essoufflé :

« Alors… Est-ce suffisant pour discuter ? Ou vous voulez continuer jusqu’à ce que l’une d’entre vous disparaisse ? »

« Ne fais donc pas le fier, Xano… Nous nous laisserons pas abattre aussi facilement. »

« Je veux simplement voir si il y a un moyen de pouvoir éviter de s’entretuer ! »

« Et pourquoi cela ? Pourquoi voudrais-tu éviter de nous tuer ? »

« Car vous êtes les souverains de ces royaumes. Vos morts causeront plus de tords que de bien, je ne me trompe pas hein ? »

Les trois créatures se regardèrent brièvement : Ce qu’il disait était vrai… Mais c’était simplement un euphémisme de penser une telle chose. Iglaré se positionna devant les deux autres créatures, reprenant la parole :

« Les personnes qui habitent ce monde vivent en paix. Bien entendu, il n’existe pas que des bonnes personnes, il y en aura toujours des mauvaises mais nous pouvons annoncer que nous vivons en harmonie. Pourquoi cela ? Car notre but n’est pas de faire la guerre ou de nous disputer. Nous sommes tous régis par un seul être : Le Dieu Originel. Celui-ci nous a donné la vie et ce monde est le sien. Il existe trois mondes : Le domaine céleste où Juperus et Giradès se trouvent, le monde terrestre, celui d’où vous venait et enfin le monde de l’après-mort, celui où vous vous trouvait exactement. »

« Et vous êtes ceux qui dirigent ce monde… »

« Plus exactement, c’est Gigana qui le dirige mais nous sommes là aussi pour l’épauler. »

« Alors… Vous comprenez que je n’ai pas envie de vous combattre. Sans vous, ce monde court à sa perte. Arrêtons là ce combat inutile… »

« Si nous ne te tuons pas, Giradès reviendra et ne se privera pas pour nous tuer. Nous parlons d’un être qui dépasse tout entendement. »

« Je suis là pour la combattre. Laissez moi la rencontrer et je l’éliminerais. »

« Tu dis des absurdités… Tu ne fais pas le poids. Pourquoi devrions-nous te faire confiance ? Tu n’es pas assez fort pour ça. »

« Nous verrons bien… Laissez moi voir Gigana. »

« Non. Nous vivons dans ce monde depuis des millénaires et nous exécutons diverses choses pour permettre que ce monde soit sécurisé. Nous n’allons pas prendre de risques inutiles pour tes paroles. Je m’excuse d’avance… mais le combat continue. »

Iglaré transforma ses deux mains en de longues pointes glacées alors que Sterivia observait ses quelques blessures. Rien de bien grave. Ses deux mains se transformaient à son tour prenant la forme d’une masse à la place des doigts. Rocagiri de son côté reculait, plantant ses deux mains détachées dans le sol. Elles disparurent sous ce dernier.

« Il se sent mal ! Libère nous, Aliréna ! »

« Rien n’est terminé… Il n’a pas changé depuis tout ce temps… »

« Aliréna… »

Tyrania venait de baisser le visage, les lianes entourant son corps pour l’immobiliser comme les autres. La jeune femme aux cheveux blonds s’approcha de Tyrania, chacun se demandant ce que Tyrania allait faire. Aliréna demanda :

« Qu’est-ce qu’il y a Tyrania ? »

« S’il… te plaît. Libère moi. Xano est en danger… Vraiment en danger. Il va avoir des problèmes si je ne l’aide pas. Tu es avec nous ou contre nous ? »

« Je suis de votre côté mais si vous continuez à toujours le défendre, il ne pourra pas se débrouiller tout seul et il se reposera trop sur vous. »

« Et… alors ? Peut-être que les autres Reines n’aiment plus Xano… au point de vouloir le défendre à tout prix… mais c’est mon cas. Relâche moi s’il te plaît. »

« Je pensais avoir été claire, Tyrania… Je refuse tout simplement. »

« S’il… te plaît. »

Hum… Il y avait une drôle d’odeur… Une odeur de brûlé… Les lianes autour du corps de Tyrania commencèrent à rougir puis à se consumer de plus en plus. De nouvelles lianes apparurent mais les flammes étaient de plus en plus importantes et Aliréna recula. Les neuf queues de Tyranis étaient apparues ainsi que ses deux oreilles de Feunard. Elle avança tranquillement, passant à côté d’Aliréna en murmurant :

« Merci beaucoup. »

La femme aux longs cheveux blonds tomba au sol à cause de la surprise. Comment… C’était possible… Sa condition… Son rôle d’Atout… Et pourtant… Tyrania venait d’arriver à déchirer les lianes… C’était quoi cette… femme ? L’ancienne Feunard se rapprochait de plus en plus de Xano, celui-ci ne la remarquant pas.

Ah… Ah… Il était crevé… Non, il n’était pas mort de fatigue mais il fallait reconnaître qu’avec son clone et son corps qui s’était enflammé, il s’était mis dans un sale état. Néanmoins… Il n’était pas prêt à abandonner ! Les trois Rois étaient encore loin d’être battus ! Il ouvrit la bouche, se préparant à créer un rayon de glace mais il s’envola rapidement dans les airs, évitant les deux mains de Rocagiri.

« Vous pensiez vraiment que j’allais tomber dans le piège ? »

« Non… Pas dans celui-ci mais dans l’autre ! »

Hum… La foudre… Il entendait la foudre ! Il leva ses yeux roses en direction du ciel, apercevant un éclair qui se dirigeait à toute vitesse vers lui. Il se téléporta rapidement, arrivant à la hauteur d’Iglaré, celle-ci ne semblant pas surprise par la présence de Xano devant elle. Ses deux mains se mirent à grandir et à s’allonger, formant une carapace ouverte autour du jeune homme.

« Puisque Rocagiri a échoué et que Sterivia a obtenu le même résultat, c’est à moi d’en terminer. Joker Blanc, au revoir. »

« Pas avant de te laisser une trace de ma présence ! »

Il n’était pas comme Tyrania mais ça ne le gênait pas de faire une telle chose. Il fit apparaître une sphère enflammée dans sa main droite. A cette distance, il était impossible pour Iglaré d’y échapper. Il pouvait bien lui envoyer la sphère mais il n’était pas sûr que cela marche assez efficacement alors… La sphère s’était mise à grandir, la distance entre eux se réduisant tandis que la carapace de glace se refermait sur Xano. Une violente explosion se produisit, la carapace de glace volant en éclats tandis qu’Iglaré était repoussée à plusieurs mètres en arrière, couchée sur le sol. Ses deux mains avaient entièrement disparues tandis que Xano haletait, un genou au sol. Il se blessait de plus en plus mais il était certain d’avoir toucher assez violemment. Une main se posa sur son épaule droite, le jeune homme se retournant pour apercevoir Tyrania. Il allait prendre la parole mais elle fut la première :

« Xano… Après ça, on discutera toi et moi. On a des choses à se dire. »

« Je t’ai pourtant dit… »

Il s’arrêta en observant son œil violet qui était dirigé vers lui. Il baissa la tête avant de se relever. Ca ne servait à rien… Il était vraiment faible… beaucoup trop faible… Il allait encore avoir besoin d’aide pour se battre. A chaque fois… Aliréna venait de relâcher les autres Reines qui s’approchaient à leurs tours du jeune homme. Nelya avait ses yeux roses alors qu’elle commençait à le soigner. Déjà les brûlures disparaissaient mais il tremblait :

« Toujours là… Vous êtes toujours là… à venir me sauver malgré les dangers… Je ne suis pas un boulet … Je ne suis pas inutile… »

« Personne ne pense ça, Xano. Simplement… Tu es moins puissant que nous. »

« Ah oui ? C’est vrai… Je ne suis qu’un frêle humain, Tyrania. C’est vrai… Mais pour qui vous me prenez ?! JE SUIS DORNREK ! Je n’ai PAS BESOIN DE VOUS ! »

Les femmes reculèrent alors qu’une aura noire s’était mise à apparaître autour de Xano. Ses yeux roses redevenaient vairons alors que ses cheveux blancs flottaient dans les airs. Le décor autour d’eux s’était mis à se brouiller alors qu’il reprenait :

« Les Rois… Vous n’avez pas voulu m’écouter ? C’est ça ?! Vous pensez vraiment que je ne suis pas capable de combattre Giradès ?! »

« Qu’est-ce qui lui prend ? »

« Xano ! Arrête tes bêtises et contrôle toi ! »

« LA FERME TYRANIA ! Ton amour dégoulinant me répugne ! A croire que j’ai besoin d’être chouchouté et cajolé pour être heureux ! Vous pensez que je suis fait de porcelaine hein ?! Vous êtes pareils que les Rois ! Vous pensez toutes ça ! »

Le décor continuait de se modifier, les trois Rois se réunissant. Les deux mains d’Iglaré se reformaient autour d’elle tandis que Rocagiri avait de nouveau ses deux mains au bout de ses bras bien qu’elles n’étaient pas raccordées. Les trois créatures semblaient surprises par ce qui se passait mais ce n’était rien comparé à la surprise des Reines et du groupe de Xano. Shala fut la première à faire la remarque :

« Nous… rentrons dans une dimension. »

« Comment ça ? Comme celle de Drimali ou alors de Riza ? »

Aliréna hocha la tête pour répondre par l’affirmative à la question de Tyrania tandis que Shala fronçait les sourcils. Un vent mauvais avait commencé à se soulever… L’œil rouge de Xano était devenu bleu comme l’autre tandis que ce fut subitement le noir complet. Il n’y avait plus rien… Plus rien du tout. Puis des petites lumières apparurent autour de la scène : Des étoiles… Le décor était parcouru par des étoiles. Xano se maintenait entre son groupe et les trois Rois, les deux mains tendues. Il lévitait au-dessus du sol, prenant la parole d’une voix lente et grave :

« Bienvenue… dans mon monde. »

Chapitre 32 : Paix et joie

Chapitre 32 : Paix et joie

« Xano, si tu manques d’espace, serres toi contre moi. »

Tyrania lui disait ça d’une voix légèrement enjolivée alors qu’Aliréna et Luna dormaient déjà. La jeune femme aux franges blanches lui tournait le dos tandis qu’Aliréna faisait de même avec celui de Tyrania. Xano et l’ancienne Feunard étaient face à face tandis qu’elle lui tendait les bras. En amour, elle était devenue bien plus agressive depuis l’arrivée d’Aliréna. Il avait préféré ne rien dire à ce sujet.

« Pas besoin, tu n’as pas à t’en faire. Dis moi, tu n’es pas inquiète ? »

« A quel sujet donc ? »

« Par rapport aux Rois. Ils sont bien plus forts qu’Ekriné et les autres. Vous avez déjà eut quelques soucis avec les Atouts alors les Rois… »

« Tu réfléchis beaucoup trop. Tu devrais arrêter de te torturer l’esprit comme ça. »

« Mais tu ne comprends pas : Qu’est-ce que tu penses de tout ça ? Les Rois, leurs actes, ce monde… J’ai la sensation de faire une bêtise. »

« Mais où ça ? Les Rois sont nos ennemis, il n’y pas à s’en douter. »

« C’est Malar notre adversaire, pas les Rois. Nous devons faire ça… pour venger nos mères, ton clan… et Ryusuke ainsi que les autres. »

« Ils travaillent pour le Joker Noir donc pour notre ennemi alors logiquement, ce sont nos ennemis. Je ne vois pas pourquoi tu te tracasses. »

« Pour rien… Pour rien… »

« Tu ne veux pas venir dans mes bras ? »

Elle réitérait sa question alors qu’elle ouvrait ses bras. Il la regarda d’un air étrange, se demandant si elle plaisantait ou non. Bien entendu qu’il aurait accepté… Il AURAIT accepté… Mais là, il ne se sentait pas d’humeur. Comme si il venait de l’ignorer, il reprit la parole d’une voix triste :

« Les Rois… ont l’air d’être aimés et appréciés. Et si… Ils étaient manipulés par Malar ? Ca ne serait pas la première fois. »

« Tu veux venir dans mes bras oui ou non ? »

« Mais j’en ai rien à faire ! Tu peux arrêter de parler de ça un peu ?! Je suis sérieux moi ! Tu ne penses qu’à moi ou quoi ? Je pensais avoir été clair la dernière fois ! »

« Tu vas réveiller les autres… et la dernière fois, tu n’étais pas sérieux. Tu l’as toi-même dit… et puis… Maintenant, on s’aime non ?  Je trouvais ça normal de dormir dans les bras de l’autre pendant les nuits mais toi… Tout ce qui t’intéresse, c’est ta mission. »

« Bonne nuit, c’est bon, j’ai réussi à me prendre la tête avec toi alors que tu es bien la dernière personne avec qui je voulais me battre. »

« On peut continuer à discuter si tu veux. »

Elle ne cherchait même pas à s’énerver mais c’était lui qui commençait à exploser de rage. Il serra les dents en observant Tyrania. Celle-ci lui fit un petit sourire tendre pour lui montrer qu’elle était vraiment prête à l’écouter. Où est-ce qu’elle était son autre Tyrania ? Celle qui n’aurait pas hésité à le claquer ou à le frapper après ce qu’il venait de dire.

« Et à quoi ça servirait ? Est-ce que tu comprendrais que j’ai une morale ? Que je trouve que ce que l’on fait est mauvais ? Il n’y a jamais ou trop rarement des ennemis sans aucun but autre que celui d’asservir le monde ou de le détruire. Chacun a ses raisons cachées et donc, je me met à la place de mes adversaires. Pourquoi font-ils ça ? Est-ce qu’ils doivent protéger quelqu’un ? Sont-ils réellement mauvais ? »

« Je me demande… pourquoi tu penses à tout ça ? »

« Je ne sais pas justement ! Ca m’arrive à chaque fois que je combats quelqu’un, je ne peux pas m’empêcher d’être triste pour lui… Car il est mon ennemi et que je dois accomplir mon but et donc que je sois obligé de l’affronter. Je trouve ça vraiment stupide… »

« Ca l’est. Depuis quand doit-on éprouver de la compassion pour quelqu’un qui veut te voir mort? C’est tuer ou être tué ici. Je resterais là pour te protéger, tu es parfois un peu trop bête de penser des choses comme ça. »

Elle lui tapota tendrement le sommet du crâne, Xano continuant de serrer les dents en regardant Tyrania. Il se retourna vivement pour être de dos, la jeune femme aux cheveux dorés semblant surprise par ce geste.

« Je ne suis pas stupide. Simplement, je ne pense pas pareil que vous. Je ne suis pas un humain ou un pokémon, il faut s’en rappeler ! »

« Je… ne voulais pas te vexer, Xano. »

Elle se rapprocha de lui, posant ses deux mains sur son torse en collant sa poitrine contre son dos. Elle allait l’embrasser sur le cou pour qu’ils puissent dormir tous les deux l’un contre l’autre mais il retira ses mains, la repoussant avec une légère violence.

« C’est bon. Ce qui est fait est fait. »

« Mais laisse moi dormir contre toi au lieu de bouder… »

« Je ne boude pas. J’ai dis que c’était bon, me force pas à me répéter. »

Elle déposa à nouveau ses mains sur son torse, l’enlaçant avec tendresse. Cette fois-ci, il se laissait faire, fermant les yeux pour ne plus penser à tout ça. Cette Tyrania était trop différente de l’autre et lui… Est-ce qu’il changeait ? Il se faisait trop de soucis par rapport aux Rois. Depuis la venue de Miviari, il n’arrêtait pas de se poser des questions.

« Je ne sais pas si nous aurions dut accepter… »

« Je penses pareil pour ma part. »

« Vous n’avez pas à vous en faire mesdemoiselles. Je ne combattrais pas, je vous le promets. Je reste juste en retrait au cas où. »

Trois personnes encapuchonnées mesurant un mètre soixante-dix se tenaient devant l’homme à l’armure verte. Granor avait un petit sourire aux lèvres alors qu’une troisième voix féminine se faisait entendre :

« Tu me le promets vraiment, Granor ? Je ne veux pas que… »

« Je le jures sur mon honneur d’Atout. En plus, j’ai bien besoin de me mettre de votre côté. Si le Roi Gigana apprend ce que j’ai fais… »

« Ca va chauffer pour toi hihi. »

Rocagiri rigola légèrement alors qu’ils se remettaient en route. Cela faisait plusieurs jours qu’ils marchaient tous ensemble, sachant que Granor était venu avec elles en cachette. Malgré les paroles de Gigana, il avait préféré rester près de Rocagiri et des deux autres Reines. Il savait qu’en rentrant, cela allait très mal se terminer pour moi mais qu’importe, il ne pouvait pas les laisser seules sans protection !

« Granor, tes yeux veulent dire : J’ai menti, je m’occuperais du Joker Blanc tout seul. »

« Hein ? Mais non, ne dites pas cela mesdemoiselles ! »

« Et pourtant… Je te rappelle ce que l’on s’est dit : Tu n’interviens pas un seul instant pendant le combat. Nous nous chargeons de lui, il ne pourra rien faire contre nos formes semi-humaines. Alors… Tu ne bouges pas et tu te mettras à l’abri. »

« Je ne me montrerais même pas. Que vous êtes dure, mademoiselle Rocagiri. »

« Granor… Je ne veux pas que tu sois en danger, c’est tout. »

Il haussa les épaules, arrêtant de sourire. Il devait arrêter d’inquiéter Rocagiri et les deux autres Rois mais surtout Rocagiri… Elle était vraiment spéciale… comme Gaiarma. La femme aux cheveux bleus tressés lui manquait mais il restait toujours son Roi donc il devait garder le moral et montrer qu’il était capable de le défendre.

« Nous allons bientôt franchir la frontière du royaume de Gigana. D’après nos informations, le groupe du Joker Blanc se trouve dans mon royaume. »

« Exactement Sterivia mais ils se dirigent vers nous donc… »

« On va simplement les attendre très tranquillement et éviter qu’ils ne posent un pied dans le royaume de Gigana, voilà tout. L’idée est satisfaisante ? »

« Oui mais… Nous devrions quand même bouger. Si Miviari ou Heyrisi partent à notre recherche pour reprendre Granor… »

« Dire qu’on va désobéir aux règles, je n’aime pas ça. »

« Nous faisons tout pour cette promesse ! »

Les trois Rois se mirent en triangle, chacun sortant une main de sous la manche brune. L’une avait un teint mâte, l’autre une main entièrement grise et faite de métal tandis que la troisième était bleue et semblait constituée de glace. Les Rois étaient d’accords sur le plan.

« Alors, quelles sont vos impressions après quelques journées avec moi ? »

« Tu m’as fait découvrir un nouveau pan de la cuisine. Il faudra m’apprendre tes secrets ! »

Aliréna et Xano rigolaient ensembles. Le groupe de huit était décomposé en trois lignes : Tyrania, Aliréna et Xano étaient devant Luna, Pandora et Galpha qui étaient elles-mêmes devant Shala et Nelya. Un alignement habituel en soi. Tyrania ne disait rien, baissant la tête en ayant un regard légèrement triste.

« Luna ? Nous y sommes bientôt ? »

« Tu sais bien que ça prend du temps mais oui, nous y arrivons dans la fin de l’après-midi. Alors, Galpha, raconte moi comment ça se passait encore dans cet endroit préhistorique. »

« Et bien… Même si je vivais seule, je me débrouillerais comme il le fallait. On ne dirait pas en me regardant mais je suis capable de manier l’eau à ma guise donc comme tous les pokémons préhistoriques sont souvent faits de pierre, ils n’appréciaient pas vraiment ma présence. Si ils se rapprochaient un peu trop de moi, je leur donnais un petit coup d’eau sur la tête et ils partaient ! »

« Mais… Ils sont deux à trois fois plus grands que ceux que l’on connaît habituellement ! »

« Ah bon ? C’est vrai ? Tu sais… Je ne suis jamais réellement sorti de cet endroit. Je ne connais même pas le monde d’où vous venez et tout les pokémons qui y habitent. »

« Bah ! Dès que ça sera terminé, on reviendra dans l’autre monde. »

« Tiens, tu veux voir ce que j’ai trouvé au passage ? Je ne l’ai pas encore montré à quiconque mais bon… Comme vous êtes avec moi, regardez. »

Elle ouvrit la petite sacoche qu’elle avait sur le côté, sortant trois magnifiques cristaux. L’un était entièrement rouge, l’autre entièrement bleu tandis que le troisième était d’une couleur argentée. Luna et Pandora poussèrent des cris de joie comme deux gamines. Ces cristaux étaient vraiment magnifiques ! Shala fronçait les sourcils, chose que Nelya remarqua, prenant la parole par télépathie :

« Quelque chose semble te troubler. Voudrais-tu le raconter ? »

« Cela ne te concerne pas, Nelya. Je ne veux rien dire et n’en parler à personne. »

« Soit… Comme tu le désires… Mais je tiens à te signaler que tu t’éloignes de plus en plus de nous. Ne commet pas d’impairs. »

Elle ne lui répondit pas, ses yeux améthyste posés sur Pandora. Elle observait l’adolescente aux cheveux bruns et dorés. Elle n’avait toujours pas réussi à trouver une explication valable à cet excès de colère qui l’avait poussé à s’énerver contre Ekriné. Qu’est-ce que Pandora avait comme rapport avec elle ? Ou alors il y avait autre chose… Elle n’arrivait pas à se concentrer maintenant ! L’adolescente semblait si heureuse et joyeuse… et au fond d’elle, elle était contente pour la première Atout. Après tout ce qu’elle avait subie…

« Mais qu’est-ce que je me dis moi ? »

C’est vrai quoi ! Elle n’avait pas à penser aux autres ! Surtout pas ! Même si… Pandora méritait bien de vivre comme ça. Au moins, il y en avait une qui était contente. Mais pourquoi avait-elle considéré Xano comme son grand frère ?! Ce n’était pas logique ! Xano n’avait aucun charme, c’était le pire des salopards et puis… et puis… Elle commençait à faiblir mentalement et ce n’était pas bon.

« Alors, Shala et Nelya ? Vous traînez ? »

« Jok… Xano, je marche assez lentement. Tu devras t’y adapter, que tu le désires ou non. »

Il poussa un léger soupir aux dires de Nelya, s’arrêtant pour les laisser rattraper leurs retards. Il continuait de parler avec Aliréna alors que Tyrania gardait son air triste dans son œil violet. C’était au tour de Luna de le remarquer et la jeune femme aux cheveux blancs chuchota à Pandora et Galpha qu’elle avait quelque chose à dire à Xano. Elle se présenta devant le jeune homme aux yeux vairons, celui-ci semblant surpris par la présence de Luna.

« Il y a un problème ? Un souci ? »

« Parle avec Tyrania un peu. »

« C’est quoi cet ordre ? Pourquoi ça ? »

« Tu as besoin d’une raison pour parler avec elle ? Depuis quand ? »

« Il n’y a aucun problème, Luna. Laisses-le discuter avec Aliréna. »

Tyrania émit un petit sourire à la jeune femme aux cheveux blancs, celle-ci étant stupéfaite par ce qu’elle voyait. Tyrania lui souriait ? A elle ? Ca n’allait pas se passer comme ça. Elle leva son pied droit avant de dire :

« Si tu as besoin d’une raison pour parler avec Tyrania, j’en ai pas besoin pour CA ! »

Elle écrasa avec violence le pied droit de Xano qui poussa un cri de douleur avant de sautiller sur place. Tout le monde fut surpris par le geste de Luna qui s’avançait vers Tyrania en lui prenant le bras. Le groupe était à nouveau découpé mais maintenant par duo. Luna et Tyrania dirigeaient le reste tandis qu’Aliréna observait les deux femmes d’un air amusé. Elle s’approcha de Xano pour voir si son pied ne lui faisait pas trop souffrir.

« Et bien Tyrania ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Comment ça ? Tout… va bien… Tout va très bien. »

« Arrête de me mentir, tu sais que ce n’est pas le cas. Raconte moi tout. »

Tyrania l’observa de son œil violet. Elle savait très bien que malgré le charme… Luna pensait encore un peu à Xano. Pourquoi devait-elle lui parler ? C’est vrai… Mais bon… De toute façon, elle n’avait pas grand-chose à lui dire.

« Sincèrement, je n’ai pas de problèmes. Tu devrais continuer à parler avec Pandora et Galpha. Elles sont gentilles n’est-ce pas ? On dirait des petites sœurs qui ne connaissent pas vraiment le monde. Vraiment… »

« Tu n’es pas toi-même depuis je ne sais combien de semaines. Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu es devenue si affectueuse envers Xano mais lui te maltraite presque. »

« Il ne me maltraite pas. Simplement, je pense qu’il a besoin d’un peu d’espace. »

« Mais… Auparavant, tu n’étais pas comme ça. Remets le en place ! »

« Pourquoi cela ? Si je l’aime, je dois montrer mon amour et non ma haine. »

Ce n’était pas les paroles de l’habituelle et ancienne Feunard. Luna hocha la tête pour dire que la discussion était terminée. Elle se retourna pour avoir en face d’elle, Aliréna et Xano, passant à côté d’eux sans un mot. Elle revint aux côté de Galpha et Pandora, s’excusant pour cette petite interruption.

« Pfff… Je parlerais à Luna ce soir, là, on a perdu un peu trop de temps. »

« Nous y sommes bientôt, Xano. »

Plus facile à dire qu’à faire, trois ombres étaient apparues sur leurs chemins. Les trois êtres encapuchonnés restaient immobiles. Tyrania émit un très léger grognement, faisant un saut en arrière pour prévenir Xano et les autres. Tout le monde s’arrêta, le jeune homme fronçant les sourcils. Mais ce fut Aliréna qui prit la parole en premier :

« Iglaré, Sterivia et Rocagiri. Gigana a donc décidé de vous envoyer. »

« Aliréna… Nous savons très bien la raison de ta présence aux côtés du Joker Blanc mais nous ne pouvons excuser ta trahison envers ce monde. »

« Je n’ai jamais trahie Gigana et ce monde simplement… Mes objets sont un peu différents des vôtres même si… Je sais qu’au final, cela n’emmènera rien de bon. »

« Aliréna… Recule… Pandora et Galpha, c’est pareil pour vous. Je ne veux pas vous voir combattre. En fait, vous reculez toutes, j’en fais mon affaire. »

Il posa une main sur son visage, un sourire dessiné sur ses lèvres. Neuf queues apparaissaient au niveau de ses fesses, un cristal rouge se trouvait sur son front. Ses deux mains devenaient deux griffes blanches et noires tandis qu’une paire d’ailes de coton sortait de son dos. Lorsque ses yeux se découvraient après le passage de sa main, ses pupilles étaient devenues complètements roses.

« Je suis prêt. »

Les trois robes brunes tombèrent au sol… faisant découvrir une créature humanoïde entièrement faite de métal. Ses oreilles étaient allongées verticalement et semblaient plus grisées et noires que le reste du corps. Il en était de même pour ses épaulettes et ses brassards. Sept trous se trouvaient au niveau du torse. Sterivia étant à la droite de Rocagiri, Iglaré était donc à sa gauche. Entièrement faite de glace, la créature humanoïde mesurait un mètre soixante-dix comme les deux autres. Elle avait de longs doigts qui semblaient pouvoir s’allonger ainsi que deux talons au niveau des pieds. Des ailerons se trouvaient sur le dos de ses bras, trois piques se trouvant sur sa tête. Deux morceaux de glace sortaient de son dos tandis qu’elle avait sept trous au niveau du ventre. Malgré leurs formes, il n’était pas difficile de savoir que les trois personnes devant lui étaient des femmes.

Chapitre 31 : Le royaume central

Chapitre 31 : Le royaume central

« Bisoux, Xano. »
ARGGGGG ! Il recommençait à avoir cette sensation d’étouffement, cette sensation qu’il pensait avoir perdu au fil des semaines. Il ouvrit ses yeux vairons, apercevant le visage de Tyrania près de sien. Il était sûr qu’elle n’avait pas parlé puisqu’elle était en train de dormir contre lui. Elle était jolie… vraiment très jolie. Il amorça un geste pour lui caresser ses cheveux dorés mais s’arrêta subitement.

« Tu es déjà réveillé ? Ce n’est que l’aurore, DornRek. »

Il se retourna pour apercevoir le visage souriant d’Aliréna. Surpris par cette dernière, il sursauta légèrement, un petit ronchonnement se faisant entendre de la part de Tyrania. Il tenta bien de s’expliquer par des gestes mais il n’y arriva pas. Il souleva Tyrania, la déposant délicatement sur le canapé. Il se releva, se maintenant devant Aliréna.

« Disons… que j’ai eut quelques cauchemars. »

« Oh… Tu veux en discuter ? Personne n’est réveillé. Nous pouvons nous rendre dans la cuisine si tu le désires. »

« Je crois que ça serait une bonne chose. »

Elle l’invita à le suivre, le jeune homme se dirigeant à sa suite vers la cuisine. Lui tirant une chaise, Xano laissa Aliréna s’asseoir en première avant de se placer en face d’elle sur la table. Plusieurs minutes s’écoulèrent et aucun ne prit la parole. Le jeune homme semblait assez gêné alors qu’Aliréna restait immobile, un sourire aux lèvres qui en disait bien plus qu’elle ne pensait.

« Et bien ? Qu’attends-tu ? Exprime toi donc. »

« Je ne sais pas où en venir exactement… C’est quand même assez personnel. »

« Allons DornRek, tu es bien timide. Je ne vais pas te manger, tu le sais bien. »

Elle déposa sa main droite sur la sienne, le jeune homme la laissant faire pendant quelques secondes avant de la retirer subitement. Il était encore plus gêné maintenant. Le pire dans toute cette affaire, c’est qu’il avait l’impression de tromper Tyrania rien qu’en regardant Aliréna. Cette femme aux longs cheveux blonds semblait lui donner du remord sans qu’il n’arrive à l’expliquer correctement. C’était vraiment gênant comme sensation.

« Tu as peut-être soif ? Faim ? »

« Je ne suis plus un enfant, Aliréna ! Euh non… Pas. »

« Je veux simplement que tu sois en parfaite santé. Raconte moi tout. Quels étaient tes cauchemars qui hantent tes nuits ? »

« Tu vas te moquer… Ce ne sont pas vraiment des cauchemars mais autre chose… Disons que… Je me réveille à chaque fois… quand j’ai une sensation d’étouffement. »

« Et qu’est-ce qui provoque cette sensation ? »

« Tu vas te moquer… »

Il répétait ces quelques mots en baissant la tête. Il avait une forte bouffée de chaleur alors qu’elle reprenait sa main dans la sienne. Cette fois-ci, il ne la retirait pas mais il ne lui répondait pas. Sans le forcer, elle attendit patiemment qu’il continue, chose qu’il fit après deux minutes de réflexion.

« Lorsqu’une… femme est vraiment proche de moi… ou qu’elle me montre qu’elle m’aime, je crois que j’ai du mal à respirer. Je veux dire : J’ai l’impression que je n’arrive pas à aimer ou à apprécier une personne si elle me montre de l’affection. Avec Tyrania, je pouvais dormir tranquillement auparavant. »

« Et pourquoi cela ? »

« Car même si elle m’a déjà embrassé, elle n’était pas aussi…collante ou délurée. Enfin non, pas délurée. Un jour, il faudra bien qu’elle et moi… »

Il s’arrêta subitement, se disant qu’il parlait beaucoup trop au sujet de ses rapports amoureux avec Tyrania. Et pourtant… Pourtant, il avait envie d’en parler avec la jeune femme aux longs cheveux blonds, celle-ci lui donnant l’allure d’une confidente. Il reprit :

« Enfin… Mes cauchemars sont composés d’étouffements à cause d’un baiser trop long ou alors que ma tête soit enfouie dans une poitrine. Purée… J’ai honte. »

Elle eut un petit rire, ses yeux bleus se posant sur la porte de la cuisine entrouverte. Elle sentait qu’il y avait quelqu’un qui les espionnait derrière celle-ci. Il était temps de légèrement s’amuser. Elle se releva, s’approchant de Xano avant de placer sa tête contre sa poitrine.

« Comme cela, DornRek ? »

« Mais que… que…Que fais-tu ?! »

L’ombre qui était dans l’entrebâillement de la porte disparue subitement alors qu’il extirpait sa tête de la poitrine d’Aliréna. Il se releva, rouge de confusion avant de s’exclamer :

« Mais qu’est-ce qui t’as pris ? Je je… »

« Je voulais simplement savoir si c’était cela qui te gênait. A ce que je vois, ça semble être le cas. Donc d’après ce que tu m’as annoncée, tu sembles mourir asphyxié dans tes rêves à cause… des femmes ? »

« Oui… Oui… C’est ça. Mais bon… J’ai l’air stupide comme ça. Je n’ai pas peur des femmes hein ? Que ça soit clair… Je n’ai pas peur de coucher avec elles non plus ! »

« Ohla. Je n’ai jamais pensé cela… Pourquoi tant de secrets dévoilés maintenant ? »

« Tu te moques de moi, Aliréna. Ce n’est pas sympathique. »

« Hihihi… Mais si tu connais ta maladie, c’est le premier pas vers la guérison. »

« Si seulement c’était aussi simple que ça. Je t’envierais presque d’être aussi optimiste. »

« Tu veux bien aller réveiller ta déesse ? Je vais préparer le repas et ensuite… Nous partirons tous ensemble en direction du royaume central. »

« Co… Comment ça ? Tu viens ? »

« Je t’expliquerais ce qui va se passer quand tout le monde sera présent. »

Il haussa les épaules, se demandant pourquoi elle allait venir cette fois-ci avec eux alors qu’auparavant, elle ne se privait pas pour dire… Attend un peu. Elle avait finalement décidé de les rejoindre ? Elle était de leur côté ? Mais il ne savait même pas son numéro même si… Au niveau de la puissance, il devait la craindre. Mieux valait l’avoir comme amie qu’en tant qu’ennemie. Il quitta la cuisine, se rapprochant de Tyrania. La couverture était remontée sur elle juste au-dessous de la poitrine. Elle avait encore laissé quelques boutons ouverts durant son sommeil. Vraiment… Elle était mignonne comme ça.

« Tyty. Petite Tyty, il est temps de se réveiller. »

« Hummmmmm ! L’est trop tôt. »

Elle se retourna dans son sommeil, lui tournant le dos pour ne plus être dérangée. Il eut un petit sourire, passant son visage au-dessus d’elle avant de reprendre :

« Tyty, la petite Tyrania à son Xano, il est l’heure d’ouvrir ses yeux. »

« M’appelle pas comme ça… C’est gênant… et non. Il ne fait même pas jour. »

« Et qu’est-ce qui pourrait te réveiller ? »

Elle ne lui répondit pas comme si la réponse était évidente à ses yeux. Il rapprocha sa bouche de l’oreille droite de la jeune femme, venant la mordiller tendrement alors qu’elle poussait un petit râle de plaisir. Lentement, il retira ses dents de l’oreille avant de laisser glisser ses lèvres le long du cou de Tyrania. Celle-ci s’était à trembler, ouvrant son œil violet valide. Elle trouvait ça assez délicieux comme réveil.

« Xano… J’ai quelque chose à te demander. »

« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

Il arrêta de baiser son cou, s’approchant d’elle pour avoir son visage en face du sien. Il attendait sa question mais elle le prit subitement par le dos du crâne, l’emmenant contre elle avant de dévorer ses lèvres avec délectation. Elle ne le lâcha pas un seul instant pendant le baiser. Celui-ci se déroula en trois phases : La première où il tentait de se retirer par surprise, la seconde où il savourait pleinement les lèvres de Tyrania et la troisième… Où il commençait à manquer d’oxygène. Il se débattit, ouvrant en grand ses deux yeux alors que Tyrania l’observait. Elle avait tellement de force qu’il n’arrivait pas à s’échapper.

« Hmmmmmm ! HMMMMM ! HMMMM ! »

Il tentait bien de la repousser mais elle avait retiré une main de derrière son crâne pour lui bloquer ses deux bras. Depuis qu’elle avait la puissance d’un Atout en elle, elle devenait vraiment redoutable ! Il sentait déjà son esprit qui vagabondait alors que finalement, elle quitta ses lèvres. Il tomba à genoux, toussotant avec violence.

« Je t’aime, Xano. »

« J’ai faillit mourir ! »

« Tu pouvais respirer par le nez. »

Elle marquait un point… Sur le coup, il n’y avait pas pensé, chose vraiment absurde alors que sa survie en dépendait. Elle quitta le canapé, lui tapotant le dos alors qu’il reprenait une respiration normale. Pour un baiser, c’en avait été un ! Le baiser de la mort… Tyrania se dirigea vers la cuisine, pénétrant à l’intérieur.

« Bonjour, Aliréna. »

« Bien le bonjour, Tyrania. Bien dormie ? Où est donc Xano ? »

« Il range la couverture. Sinon, comme ci, comme ça… »

Elle lui lançait un regard des plus éloquents, Aliréna lui répondant par un sourire qu’elle ne cachait pas à la vue de la jeune femme aux cheveux dorés. Xano vint à ce moment là, demandant un verre d’eau à Aliréna.

« Qu’est-ce qui s’est passé, Xano ? »

« De l’eau…Simplement de l’eau. Ensuite, je te dirais ce qui s’est passé. J’ai faillit m’étouffer et je suis au bord de l’évanouissement. »

« Mon Xano n’exagère t-il pas un peu ? »

Tyrania allait l’embrasser mais il l’en empêcha subitement. Elle le regarda pour chercher la raison de ce repoussement mais Aliréna tendit un verre à Xano. Il prit ce dernier, le buvant cul sec avant de reprendre la parole :

« Alors, Aliréna. Maintenant que Tyrania est réveillée, tu veux bien m’expliquer ? »

« Sur le fait que je vais vous rejoindre ? »

« Hein ? Comment ça ? Xano ? C’est vrai ce qu’elle dit ? »

Tyrania semblait surprise par les paroles d’Aliréna, se tournant vers Xano pour avoir une réponse. Un court instant, il lui semblait avoir revu l’ancienne femme aux colères flamboyantes mais il remarqua que ce n’était plus le cas. Finalement… Elle n’allait pas redevenir comme avant mais il était de plus en plus inquiet par ce qui se passait avec elle. Le charme avait disparu, ce n’était pas pour ça qu’il avait oublié. Il se rappelait exactement de tout ce qui s’était passé pendant ces années.

« Oui… Je crois qu’elle est sérieuse. Elle veut venir avec nous et elle sait se battre. »

Tyrania ne lui répondit pas, baissant la tête pendant quelques secondes avant d’accepter la présence d’Aliréna. Maintenant, c’était au tour des autres femmes d’accepter cette présence et peut-être que ça serait plus dur avec Shala… Enfin… Shala n’avait pas vraiment son mot à dire vu le caractère qu’elle avait depuis la fin du charme.


Heureusement pour lui, tout le monde était d’accord, même Shala. Il se demandait si cette dernière avait accepté simplement car elle connaissait la force d’Aliréna ou alors simplement car elle la trouvait sympathique ? Qui pouvait-elle trouver sympathique de toute façon ? Enfin bon, il n’était pas dans sa tête donc il n’avait pas à s’en faire.

« Et maintenant, puisque je viens avec vous, je pourrais m’occuper de tous les petits problèmes quotidiens, je sais faire la cuisine, la couture, bander les blessures… »

« Une vraie fée du logis. »

« Hihihi, exactement, Xano. Cela te gêne t-il ? »

« Aucun souci pour moi. Pour dormir, il va falloir par contre faire quelque chose. Nous sommes huit donc il… »

« On pourrait acheter une nouvelle tente ? Une troisième ? »

Chacun se tournait vers Tyrania qui venait de prendre la parole. Visiblement, elle avait une idée en tête. Avec un grand sourire, elle reprit :

« Luna, Shala et Nelya dans une tente. Galpha, Aliréna et Pandora dans une autre et enfin moi et Xano dans la dernière. »

« Nous n’aurons pas le temps d’acheter une troisième tente malheureusement. »

Aliréna poussa un petit soupir après cette remarque, l’œil violet de Tyrania se posant sur elle pour voir où était le souci. Ils pouvaient bien perdre une journée pour acheter une vulgaire tente pour d’autres personnes quoi. Ce n’était pas si difficile ! Sa main droite s’était mise à trembler alors qu’Aliréna continuait :

« Je pense que nous pourrons faire comme ça : Shala, Nelya, Galpha et Pandora dans une même tente. Pourquoi pas Luna ? Car je sais bien que Galpha et Pandora iraient bien mieux ensembles. Elles ont le même âge donc elles pourront discuter entre elles. Dans le cas de Shala et Nelya, c’est simplement qu’elles semblent être les plus sérieuses. Enfin, dans l’autre tente, il y aura moi, Luna, Tyrania et Xano. Quatre et quatre… D’après ce que j’ai cru comprendre, vous avez l’habitude de dormir à quatre donc ce n’est pas un souci, n’est-ce pas ? Et puis… Je pense que ces groupes sont les mieux disposés : Je verrais mal Shala bien vouloir dormir avec Xano sans l’étrangler. »

« Tsss… Elle a raison. Ce groupe me satisfait pour ma part. Nous pouvons partir. »

Tyrania tentait bien de les arrêter mais remarqua que ça ne servait à rien. Elle voyait même Luna qui rougissait très faiblement en regardant Xano. Elle n’était quand même pas retombée amoureuse de lui ? C’est vrai qu’en y réfléchissant, elle était sa fiancée autoproclamée par la reine Teli mais le charme dans tout ça ? Il ne marchait plus ! Le regard d’Aliréna rencontra le sien et elle fronça son œil violet.

« Nous ferions bien mieux de nous préparer. »

« C’est déjà notre cas. Il n’y a que toi qui sois à la traîne. »

Hu ? Une petite pique ? Il n’avait pas rêvé ? Tyrania venait d’envoyer une pique en direction d’Aliréna ? Xano observa la jeune femme aux cheveux dorés, celle-ci posant une main sur sa bouche pour s’excuser avant de s’écrier :

« Ca sera plus rapide si je viens te donner un coup de main. »

« Mangez bien pendant que nous préparoooonnnnnnss ! »

La main de Tyrania empoignait le bras d’Aliréna, la tirant hors de la cuisine d’une façon un peu brutale. Visiblement, personne ne s’était attendu à ce revirement de caractère aussi rapidement. Luna s’approcha de Xano, jouant entre ses doigts alors qu’elle prenait la parole d’une voix légèrement confuse :

« J’espère que cela ne t’embêtes… pas vraiment, Xano ? »

« De quoi ? De dormir avec toi ? Je vois pas où. On a bien dormis tous ensemble auparavant, ça n’a rien de bien différent maintenant. »

« Oui, c’est vrai. Désolée de t’embêter avec ça ! »

Il rigola faiblement en même temps qu’elle alors que Shala soupira faiblement. Les ennuis allaient arriver d’une minute à l’autre. Galpha et Pandora semblaient très heureuses d’être ensembles pour dormir tandis que Nelya ne disait rien. Il suffisait maintenant de se mettre en route dès qu’Aliréna en avait terminé.

.Lorsque Tyrania et Aliréna revinrent, la seconde femme avait quelques affaires dans un sac à dos de couleur vert ainsi que quelques marques au poignet droit. Xano les remarqua et Aliréna de même. Elle cacha subitement les marques avec l’une de ses manches avant de dire.

« Nous pouvons partir quand vous le voulez ! Je suis prête ! »

« Bon et bien… On fait comme ce qu’Aliréna a dit. »

Il ne semblait plus aussi sûr de cette expédition mais Tyrania lui pris la main, le tirant en-dehors de la maisonnette. Le reste du groupe alla les rejoindre, Aliréna faisant un dernier adieu à cet endroit magnifique. Maintenant… Ils étaient huit pour affronter les Rois et leurs Atouts. Ils se mettaient tous en direction du royaume central.

Chapitre 65 : Un sceau en sécurité

Chapitre 65 : Un sceau en sécurité

« Bon, maintenant, tu vas pouvoir ouvrir la bouche et nous dire ce qui se passe. »

« Cela concerne la grande tour entre Traslord et Claudiska. Vous savez, c’est un cadeau du premier au second, d’après mes souvenirs, c’est ça, Royan ? »

« C’est exact, Tery. Encore que oui, c’est un cadeau mais d’après les livres d’histoire, ce sont les deux peuples qui se sont entraidés pour l’ériger. »

C’est bien ce qu’il pensait, bon c’était parfait alors, ou presque. Ah … Pfiou, il avait encore beaucoup de choses à dire. Bien que Manelena l’avait lancé brusquement sur le sujet lorsqu’ils furent tous réunis en fin de soirée, il reprit la parole :

« Je me demandais : et si il se trouvait là-bas ? Je parle bien de l’aigle bicéphale. »

« Qu’est-ce qu’il ferait à Traslord ? C’est la créature légendaire et emblématique de Claudiska, ça me semble complètement illogique de résonner de la sorte. »

« Illogique, illogique, je te rappelles au cas où que même si tu dis cela, ça ne change pas grand-chose, Manelena. On parle du dernier être légendaire. »

« Et qu’est-ce qui te fait croire qu’il se trouverait là-bas ? Est-ce que tu as des preuves de ce que tu avances ? Car je ne vois rien de tout cela devant moi. »

« Je n’en ait pas … mais l’inverse est tout aussi vrai. Je vous aurais bien dit de nous rendre près de cette tour mais bon, nous nous en éloignons à l’heure actuelle. »

« De plus, Tery, je ne veux pas te contredire inutilement mais sache que la visite de la tour n’est autorisée qu’aux étages inférieurs. Pour grimper plus haut, il faut des autorisations et de très bonnes raisons en plus de ces dernières. » termina de dire Royan après les propos de Tery en réponse à ceux de Manelena. Le jeune homme poussa un profond soupir. Usé et presque désabusé, il se sentait déjà si faible par rapport à tout ça.

« J’aurais mieux fait de me taire, on va dire ça comme ça hein ? »

Il eut un petit sourire avant de placer une main sur son crâne. Pff, bien entendu, même Elen sur le coup n’était pas de son côté. Pour sûr, quelle idiotie de sa part. Il allait au devant de quelques désillusions. Le point positif de cette nuit ? C’était l’avant-dernière. Encore qu’il n’était pas sûr de réussir à dormir pour la dernière nuit. Le point positif de ce voyage, c’était bien entendu le fait qu’ils n’aient eut aucun problème avec la justice ou autres.

« Bref, vous pouvez oublier tout ce que j’ai dit, ça sera mieux. »

« Tu ne vas pas bouder, j’espère hein ? » demanda Elen alors qu’il faisait un geste négatif de la main pour bien signaler que ce n’était guère le cas.

« J’ai beaucoup mieux à faire de mon côté, je n’ai aucune raison à ce sujet. »

« D’accord, d’accord mais ne t’en fait pas, on garde cette hypothèse hein ? »

Bien entendu, bien entendu. Pourquoi est-ce que cela serait différent ? Il haussa les épaules comme pour bien signaler que ce n’était pas son problème. Il avait juste exprimé son idée, c’était fait. Maintenant à chacun d’en faire ce qu’ils voulaient. Il n’allait pas les forcer.

« Bon, encore une journée et demie à tenir et on pourra quitter ce bâteau. »

« Tery ! Ca me fait penser, tu as remarqué ? Tu n’es pas tombé malade une seule fois ! »

« J’ai put le remarquer, oui, c’est d’ailleurs une excellente nouvelle à ce sujet. Je ne vais pas aller m’en plaindre hein ? Hahaha … Allez, Elen, viens, on va se coucher. »

« Roh ! Tery ! Un peu de décence, je te rappelle que nous sommes là. » s’exclama avec amusement Clari, le jeune homme levant les yeux vers le plafond.

« Vraiment, Clari, s’il quelque chose de ce genre doit se passer, je ne compte pas le faire alors qu’il y a du monde autour de moi. J’ai justement ce que tu évoques. Bref, tu n’as pas à t’en faire, rien de tout cela. Je vais juste la prendre dans mes bras et la serrer contre moi. »

« Tery … J’aime beaucoup cette idée ! » s’exclama Elen. Bien entendu qu’elle n’allait pas dire non. Il n’en doutait pas le moins du monde, hahaha !

Rapidement, la lumière fut éteinte dans la pièce, seule celle de la lune éclairant la pièce alors qu’ils étaient tous couchés. Elen, bien calfeutrée contre lui, dormait déjà paisiblement dans ses bras, appréciant grandement la chaleur qui émanait de ces derniers.


Le lendemain, la journée se passa tranquillement, peut-être beaucoup trop aux yeux de certains. Mais le plus important était la nuit. Ils allaient « atterrir » dans celle-ci et Tery était déjà alors prêt à partir le plus tôt possible. Au beau milieu de celle-ci, le bateau fut parcouru de quelques tremblements sans que pour autant une voix ne crie qu’ils venaient d’arriver. Il se redressa dans son lit, Manelena étant déjà assise dans le sien. Sérest et Séran, quant à eux étaient déjà debout. Royan fixait le plafond tandis qu’Elise s’étirait. Elen marmonna dans les bras de Tery mais Clari fut la première à prendre la parole :

« Hmm ? Déjà arrivé ? Dommage, couper des patates et faire semblant de savoir cuisiner, je trouvais cela assez drôle en un sens. »

« Nous n’avons pas réellement le même genre d’humour, je tiens à te le signaler. »

« Je me doute, Tery ! Mais bon, il vaut mieux en rire qu’en pleurer, n’est-ce pas ? »

C’était une remarque qui n’était pas dénuée de bon sens. Bon. Il secoua légèrement Elen, celle-ci finissant par ouvrir les yeux avant de les frotter. Elle poussa un profond soupir avant de se redresser aux côtés de Tery.

« On n’aurait pas vraiment put attendre demain matin plutôt ? Ils nous ont autorisé à cela non ? Ou alors, ils nous auraient jeté dès maintenant ? »

« Je ne préfère pas connaître la réponse à cette question, c’est pourquoi il vaut mieux y aller dès maintenant sans réellement se poser de questions à ce sujet. »

Quittant la chambre en premier, le jeune homme regarda autour de lui avant de finir par arriver sur le pont. Prenant une bonne bouffée d’air, il continua d’inspirer et expirer plusieurs fois en attendant que les autres n’arrivent.

« Brrr, il ne fait vraiment pas chaud pendant la nuit. »

Elen vint se coller à lui tout en déclarant cela, Tery la gardant sans rien dire. Lui-même avait plutôt froid mais il ne se posa pas vraiment de questions. Le mieux serait de trouver un coin où manger et se réchauffer et comme généralement certaines auberges étaient ouvertes en pleine nuit, ça ne serait normalement pas trop difficile. Mais après, il fallait les trouver.

« Vous avez salué tout le monde avant de partir ? Pareil pour les remerciements ? »

« Tery, on est pas des gamins qui parcourent le monde car leurs professeurs le veulent. »

« Je le sais parfaitement Manelena. Ne t’énerve pas non plus. »

« Je ne m’énerve pas. Cela commence à devenir énervant et je risque justement de m’énerver car je commence à être lasser que chacune de mes paroles soit prise pour une agression, est-ce bien clair ? Alors maintenant, tu stoppes cela. »

« Tu vois ? Enfin bon, je dis cela, je dis cela mais ça ne nous fait pas avancer. »

Autant ne pas se mêler de toute cette histoire. Il descendit du bateau, lui-même ayant déjà salué les cuisiniers après le dernier travail accompli. Ah … Cela lui faisait un bien fou de pouvoir refouler le sol de ses pieds.

« Hmm … Je me demande sincèrement comment cela devrait se passer maintenant. Sérest ? Où est-ce que nous sommes alors ? Tu en as peut-être une petite idée ? »

« Je ne connais pas la ville mais d’après mes connaissances, nous sommes au minimum au centre de Claudiska, peut-être même assez à l’est. »

« Et à part cela ? Rien d’autre ? Enfin, c’est déjà bien … mais attends un peu. Malgré la distance, j’avais put voir cette tour, qu’est-ce que ça veut dire exactement ? »

« Qu’elle est vraiment immense et visible. Même si tu ne l’as jamais fait, je pense qu’à partir du centre d’Omnosmos, si nous allons dans l’un des plus hauts bâtiments de la capitale du monde, nous devrions pouvoir voir cette tour. »

« Ah … oui, vraiment immense, tu as parfaitement raison. » dit-il d’un air distrait, complètement déconcentré et ailleurs, une main posée sur son front.

« Mais de toute façon, ce n’est pas notre destination non ? Voyons voir s’il y a plus d’informations qui traînent dans ce coin plutôt qu’aux frontières, c’est bien pour cela que nous avons décidé de nous rendre ici, non ? »

« C’est le cas, encore merci à toi et à Séran, Sérest. Sans vous, je pense que je me serais perdu. La seule fois où je suis venu, c’était grâce à la maréchale Nali qui m’y avait envoyé. »

« Pas de problème, connaître le monde dans ses moindres recoins n’est pas à la portée de tous. Déjà connaître son propre royaume parfaitement me semble difficilement réalisable. Un peu comme si vous vouliez savoir les moindres secrets d’Omnosmos. »

« Vue la taille de la capitale du monde, j’ai presque l’impression qu’elle pourrait faire un royaume à elle seule si elle le désirait. »

« Si tous pouvaient penser de la sorte. Mais bref, ce n’est pas le sujet de la conversation, loin de là. Maintenant que nous sommes arrivés en pleine nuit, qu’est-ce que l’on fait, vous autres ? Pas trop fatigués ? Vous voulez que l’on trouve un endroit où dormir ? »

Sérest avait posé la question au reste du groupe, juste après les paroles de Tery. Celui-ci se frottait néanmoins les yeux, Royan mettant une main devant sa bouche. Même Manelena avait les yeux à moitié clos tandis que seuls Elise et Séran n’avaient aucun problème à rester bien éveillés. Elen et Clari dormaient presque sur place.

« On va trouver une auberge, ça sera mieux. Quitte à ne pas se réveiller avant le milieu de la journée, ça me semble être la meilleure chose à faire. »

« Comme tu le désires. » compléta Sérest, se mettant alors en route pour guider le groupe vers l’auberge la plus proche. Bien qu’elle ne connaissait guère la ville, son statut de femme-ailée lui permettait de questionner les soldats plus facilement. Ainsi, la découverte de l’auberge ne tarda guère et rapidement les chambres séparées furent prises. Sa tête enfouie dans la poitrine d’Elen, Tery trouva rapidement le sommeil réparateur.

Le lendemain, en pleine après-midi, il fût néanmoins le premier à se réveiller. Ayant été habitué ces derniers jours à veiller, le sommeil nécessaire était moins important que celui des autres. Délaissant Elen tout en déposant un baiser sur ses lèvres, il descendit à l’auberge, saluant l’une des serveuses et l’aubergiste avant d’aller prendre un peu l’air dehors.


Cette nuit, il n’avait pas eut la possibilité de mieux étudier la ville où ils se trouvaient. D’ailleurs, le nom ? Il n’en savait trop rien mais une brève écoute dans les paroles voisines et il n’eut aucun mal à l’entendre : Selestille. Joli nom, ça fait très nuageux. Du moins, il trouvait que cela collait bien au royaume de Claudiska.

« Bon bon bon … Ah … Vraiment … »

Pourquoi ne pas faire un peu de marche tant qu’il y était ? Les mains dans les poches, il se promena dans les rues de Selestille. Il y avait une chose qu’il trouvait dommage : Le fait que d’ici quelques jours, ils ne retournent pas dans cette ville. C’était bien de connaître la ville où ils se trouvaient mais cela n’allait durer qu’un simple temps.
Après, il n’aurait aucun intérêt à continuer de rester dans les environs. Ah … Bon … Et surtout, cet endroit était assez éloigné de la tour. Il avait l’impression qu’une bonne partie des réponses qu’il recherchait. Il avait cette impression.

« Mais bon … Je ne suis même pas sûr que ça soit une bonne chose que d’apprendre la vérité. Peut-être qu’au final, cela va me faire plus de mal qu’autre chose ? J’en sais rien, j’en sais rien, j’en sais rien, j’en sais rien ! Bon sang ! Pourquoi je réfléchis à ça dans l’après-midi ! »

Il venait à peine de se réveiller de la longue sieste que le groupe avait fait et sa seule pensée concernait cette tour et l’aigle bicéphale. Non, il ne réfléchissait à rien d’autre. Non, il n’avait aucune idée de tout le reste. La seule chose qui le perturbait était cette histoire. Ah … Les démons. Et surtout, il n’était plus à Omnosmos.

« Ils me manquent tous les deux. Ah ! Je vai aller leur écrire ! »

Qu’importe l’empire, il y avait toujours un endroit pour acheter une lettre et l’envoyer non ? Vagabondant une nouvelle fois sans se préoccuper des quelques regards autour de lui, il s’arrêta devant un bâtiment qui avait comme symbole une belle enveloppe avec des ailes.

Pénétrant à l’intérieur, en vue de l’heure tardive, il eut la surprise de ne voir que peu de personnes. D’habitude, lorsqu’il jetait un œil à Omnosmos pour ce genre de boutiques, même de loin, sans rentrer dans le bâtiment, il avait toujours vu une bonne file d’attente, surtout lorsque la fermeture n’allait pas tarder. Enfin, il n’allait pas s’en plaindre.

« Bonsoir, j’aimerai de quoi écrire pour envoyer une lettre à Omnosmos. »

« Omnosmos ? Rien que ça ? Vous savez que vous allez avoir des frais en plus ? Déjà car c’est hors du royaume et ensuite car vous ciblez la capitale de ce monde. J’espère pour vous que c’est pour une bonne raison que vous avez décidé d’écrire pour quelqu’un là-bas. »

« Leur donner de mes nouvelles et inversement. Mais bon, ce que je vais écrire reste assez privé. Tant que je le peux, l’argent n’est pas réellement un problème. Et puis, il ne s’agit que d’une lettre, rien de plus, rien de moins. Je peux ? »

La femme lui tendit le papier et l’enveloppe après l’achat, lui montrant un coin où il pouvait écrire avant de passer à la personne suivante. Il se sentait salement rejeté sur le coup. A croire qu’il avait une allure de pestiféré, rien que ça.
Néanmoins, il prit son temps à écrire une lettre pour Périk et Jésiana. Il ne savait pas trop quoi ire mais bon, ce n’était pas vraiment un problème. Le plus important était juste de donner quelques nouvelles à ce sujet, quitte à paraître stupide.

Et voilà ! Après une trentaine de minutes, il avait terminé. Dès que l’enveloppe fut refermée, elle s’envola dans le ciel, prête à atteindre sa destination. Bonne nouvelle, ils en auront de sa part. En espérant que cela leur convienne.

« Retour à la case départ. Allons voir si les autres sont déjà réveillés. »

D’ailleurs, comme souvent, il allait être prêt à devoir à répondre à bon nombre de questions. Pfff, vraiment, des fois, il aimerait juste avoir un peu de temps pour se reposer. Mais bon ! Il retourna à l’auberge, remarquant que Clari était la seule debout. Pourtant, au final, il était déjà parti pendant une bonne heure.

« Oh tiens donc ? Voilà le vilain petit Tery qui est parti seul de son côté ? »

« Désolé, désolé, j’avais besoin de marcher un peu. Je ne connais pas cet endroit et tu sais bien qu’à force, les auberges commencent à me lasser et à m’user hein ? »

« Je veux bien te croire. Et si tu me racontais toutes tes mésaventures hein ? »

Hey ! A croire qu’il était parti pendant des années ! Il vint s’asseoir en face d’elle, tout souriant alors qu’il s’apprêtait déjà à lui parler. Alors, qu’est-ce qu’elle voulait exactement savoir ? Qu’il puisse lui répondre sans que cela la dérange.

« Où est-ce que tu es passé pendant cette petite heure ? Dis-moi out ! Livres-moi donc tous tes secrets, n’hésite pas un seul instant. »

« Oh mais j’ai juste été écrire une lettre hein ? Rien de plus, je ne sais pas à quoi tu t’attendais exactement non plus, Clari. Une lettre pour Jésiana et Périk. Je pensais que ça serait une bonne chose de les tenir au courant. »

« Tu ne t’es jamais dit que d’autres personnes risqueraient de les réceptionner pour les lire ? Surtout s’ils savent que tu écris encore des lettres ? »

« Si je commence à m’inquiéter de tout et de rien, autant rester enfermé dans ma chambre non ? Tu ne crois pas ? Je ne veux pas vivre dans une peur constante. »

« C’est plus que raisonnable comme raisonnement. De toute façon, tu te doutes que je n’ai aucun souci à te protéger complètement si cela s’avère nécessaire. »

« Je me doutes et je t’en remercie grandement, Clari. Enfin bref, on dit ça, on dit ça mais oui, tu n’as pas totalement tort pour la sécurité mais je m’en fiche. »

« Bonne réaction. Ne laisse jamais la peur prendre le dessus sur le reste, Tery. Ni d’ailleurs un autre sentiment négatif qui pourrait fausser ton jugement. »

« Je ne vois pas pourquoi tu dis ça mais bon, ce n’est pas bien grave. Enfin, tu as déjà mangé ou non ? Même si je pense que prendre le petit déjeuner en fin d’après-midi n’est pas forcément le plus conseillé, tu ne crois pas ? »

« Oh ? Qu’importe ! Mangeons correctement alors. Les autres sont encore plus épuisés que nous. Je vais finir par croire que la corvée de patates dans les cuisines n’était rien du tout pour nous deux, hahaha ! C’est assez étrange en un sens. »

« Étrange ? Disons que dans ton cas, le fait que tu sois super active aide complètement. »

Elle eut un petit rire avant qu’il ne lève la main pour appeler une serveuse à venir à leur table. Bon, comme ils avaient les chambres pour encore une journée ou deux, les repas allaient de paire avec le reste.

« Et n’oublie jamais, Tery, bon appétit, bien sûr. »

« Bon appétit à toi aussi, Clari. Ca me paraît étrange de me dire que je suis l’un des premiers debout. A force, j’ai pris l’habitude d’être dans les derniers. »

« La différence, c’est qu’Elen ne t’épuise pas, Tery. Voilà tout. Ton corps a aussi besoin de repos. Mais au moins, tu peux être sûr et certain de ses sentiments, hahaha. »

« J’en ait jamais vraiment douté si tu veux tout savoir à ce sujet. »

« Je me doute, je me doute, bon appétit, bien entendu ! »

Elle se répétait mais qu’importe. La tour, Elen, l’aigle bicéphale. Toutes ces choses dans sa tête risquaient de le rendre dingue s’il ne faisait pas attention mais qu’importe. Pour le moment, il n’avait pas eut un nouveau cauchemar pendant le voyage sur le bateau volant.

Ils mangèrent en silence alors que Clari le regardait avec tendresse. Les autres mettaient du temps à se réveiller. Cela faisait déjà plus d’une heure et demi, qu’est-ce qui leur prenait de mettre autant de temps ? Ce n’était pas normal. Il chuchota :

« On devrait pas aller les voir, Clari ? C’est inquiétant, non ? »

« Arrêtes donc d’avoir peur pour rien. Ils vont bien. Ils sont juste beaucoup plus épuisés que nous. Je te rappelle que tu es comme moi, survolté. »

« Euh, normalement, c’était l’inverse. Ma mère avait énormément de mal à m’extirper de mon lit. Je crois que c’est l’armée qui m’a changé sur ce point. »

Il ne devait pas se mentir. Auparavant, c’était tout simplement une lutte de tous les jours mais maintenant, c’était totalement différent. Sauf bien entendu quand Elen voulait qu’ils s’amusent tous les deux en pleine nuit, là, généralement, il finissait assez épuisé.

« Tu veux recommencer à te balader après le repas, Tery ? »

« Si tu évites de te faire passer pour ce que tu n’es pas, comme tu as si souvent l’habitude, je ne dis pas non. Il nous faudra bien digérer. Et aussi faire quelques achats. Heureusement que nous sommes assez nombreux et surtout que nous n’accordons pas vraiment d’importance à l’argent sinon qu’est-ce que ça serait problématique. »

« Tant que ça ? Et je ne vois pas de quoi tu veux parler, hahaha. »

La demoiselle aux couettes blondes haussa les épaules, sourire aux lèvres alors que Tery se levait déjà de table. Il se dirigea hors de l’auberge, jetant un regard en direction des fenêtres. Il ne savait pas où était celle d’Elen mais bon … ce n’était pas bien important. Tant qu’ils se reposaient tous. Mais bon, ils allaient être complètement déréglés.

« Nous y allons, mon amour ? »

AAAAAAAAAH ! Il poussa un profond soupir alors qu’elle venait déjà prendre son bras, le plaçant contre sa poitrine. Il se laissa faire, sachant pertinemment qu’elle s’amusait de sa réaction, chose qui n’arriva guère.

« Nous pouvons y aller, Clari. Je te jure, des fois, tu peux me rendre fou. »

« Fou de moi ? C’est bien ce que je recherche. » termina t-elle de dire en rigolant. De toute façon, comme couple, ils n’étaient pas très crédibles vu comment elle était plus grande que ui. Enfin, ce n’était pas beaucoup mieux avec Manelena. Pourquoi qu’il pensait à elle ?

Chapitre 30 : Ne pas mourir

Chapitre 30 : Ne pas mourir

« Gigana est assez mécontent. »

« Ca se comprend, nous avons échouée dans notre mission et en plus, nous n’avions pas prévenu Gigana et les autres Rois de nos départs. »

« Cela est faux… Gigana n’est pas mécontent pour cela. »

« Pourquoi alors ? »

« Ekriné… »

La femme aux cheveux noirs sursauta en entendant cette voix. Ce n’était pas celle de Gigana ?! Qu’est-ce…Qu’est-ce que son Roi venait faire ici ? Non… Elle allait être prise de remords avec tout ça ! Une forme bien plus petite qu’à l’accoutumée se présentait devant elle et elle se mit à genoux respectueusement, Miviari restant debout à côté d’elle.

« Roi Sterivia ! Je, je… Je tiens à m’excuser. Je ne voulais pas… »

« Peu importe, est-ce que tu vas bien ? »

« Je me suis occupée des soins. Si cela ne vous dérange pas, je retourne voir mon Roi. »

Miviari s’éloigna sans dire un mot de plus, Ekriné n’osait pas prendre la parole. L’être encapuchonné devant elle ne lui faisait pas peur mais elle se sentait mal vis-à-vis de lui. Son Roi… Elle avait faillit perdre la vie et si c’était le cas, alors qu’est-ce que… Deux mains se posèrent sur ses épaules. Elle releva le visage, écoutant la voix féminine qui se fit entendre :

« Je suis… »

« Contente de savoir que vous n’êtes pas en danger. Je tiens à me faire pardonner… J’ai agit imprudemment en emportant Granor et Orvonix avec moi. »

« Il est vrai que tu as commis un acte irréfléchi… mais je te pardonne. Tant que tu es encore avec moi, cela me satisfait. Nous avons déjà perdus… »

« C’est pour cela. Je ne voulais pas que d’autres personnes disparaissent. »

« C’est une bonne chose mais tu ne dois pas t’en faire. Si le Joker Blanc décide de nous affronter, nous irons le combattre. Vous en avez déjà tous assez faits pour nous. »

« Nous en ferons jamais assez. Le Dieu Originel nous a demandé de veiller sur vous pendant son absence. Il sentait qu’il y avait… Désolée ! »

Elle s’excusa subitement alors que Sterivia baissait le visage sous la capuche. Elle n’aimait pas se montrer… comme les autres Rois. Ce titre ne lui plaisait pas. Ekriné se releva, prenant les deux mains dans les siennes. Elle les serrait avec tendresse, chose stupéfiante quand on connaissait le caractère de la femme aux longs cheveux noirs.

« Birébot… n’est plus là. »

« Je suis sûre qu’il était heureux de mourir pour vous, Sterivia. »

« Je n’ai pas réussi à le rendre… plus humain avant… »

« Mais quand même, cette… Luna m’a fait sacrément mal ! Ils savent réfléchir ! »

La voix de Granor résonna derrière Ekriné, la femme se retournant pour l’apercevoir. Il avait une petite personne encapuchonnée posée sur son épaule droite comme si elle était très légère. L’homme souriait sous son armure de roche verte avant de reprendre :

« Sur le coup, nous avons tous été étonnés par la puissance des Reines mais la prochaine fois, ça sera bien différent. Il ne faudra pas hésiter à préparer un plan. »

« Vous n’allez quand même pas repartir ? »

Rocagiri qui était sur l’épaule de Granor venait de dire cette phrase avec une légère inquiétude. Dès qu’il s’agissait des Atouts, elle était plus expressive que les personnes pouvaient le penser. Granor rigola faiblement, murmurant :

« Il le faudra petite Rocagiri. Cette fois-ci, je combattrais avec le maximum de ma puissance et je n’hésiterais pas sur ma cible. J’ai mal jugé, voilà tout ! »

« Mais mais mais… et si… »

« Roh… Tu ne me fais pas confiance ? »

Il souleva Rocagiri, regardant la personne qui était sous la capuche. Il la tenait d’une main alors que l’autre se dirigeait vers le visage du Roi. Celui-ci se laissa faire, un petit soupir apaisé se faisant entendre avant qu’une petite voix reprenne :

« Si… Je te fais confiance, Granor mais déjà Gaiarma est morte alors… »

« Je t’ai dit que tu n’as pas à t’en faire. Maintenant que nous savons à qui nous avons affaire exactement, Ekriné, moi et Orvonix allons discuter entre nous pour un plan. »

« Qui a dit que j’en serais ? Je rigole, va ! »

« Orvonix, Orvonix, tu n’es plus blessé ? Arrête de t’en aller. »

Le jeune homme aux cheveux blancs était apparu à son tour, accompagné d’Iglaré. Celle-ci comme les deux autres Rois se cachaient sous une capuche brune et semblait bien plus petite qu’habituellement. Orvonix avait un grand sourire en faisant apparaître des petites statuettes de glace autour de lui, représentant les quatre Reines, Pandora, Galpha et Xano.

« Ils sont puissants, il faut le reconnaître. Nous avons pensé qu’à trois, nous pourrions les combattre mais nous nous sommes dispersés et ça a cause notre perte. »

« Nous devons axés nos efforts sur Xano ! »

« Avant cela… Je vous congédie tous pour une semaine de repos. »

Miviari et Heyrisi se présentaient finalement devant tout le monde. Au milieu d’elles, une forme plus grande que les trois Rois mais moins imposante que les Atouts se tenait debout. Celle-ci portait une robe et une capuche de couleur blanche : Gigana.

« Vous ne pouvez pas contredire cet ordre formel. »

« Mais le Joker Blanc va se rapprocher… »

« Qu’il vienne donc. Sterivia, Iglaré et Rocagiri, vous savez ce qu’il vous reste à faire. »

« Roi Gigana, vous ne pensez quand même pas ?! »

« Si… En attendant que vous vous reposiez, je vais les envoyer combattre. »

« C’est de la folie ! »

Ekriné semblait s’alarmer de la situation en regardant Gigana. Pourquoi une telle chose ?! Orvonix et Granor avaient perdus leurs sourires, s’approchant d’Ekriné. Même si ils ne parlaient pas, il était facile de comprendre qu’ils étaient d’accords sur la situation. Une petite explosion de chewing-gum brisa le silence pendant quelques secondes, Heyrisi ayant encore quelque chose dans sa bouche.

« Qu’est-ce qui est le plus fou ? De vous laisser mourir inutilement ? Ou alors de savoir que les Rois reviendront vainqueurs de ce combat malgré les dangers encourus ? »

« Mais… Je… Et si… Il leur arrivait quelque chose ? »

« Il ne nous arrivera rien. Pendant tous ces millénaires, vous avez veillés sur nous. Nous devons rembourser notre dette envers nous. »

Sterivia s’adressait à Ekriné, la femme aux yeux rubis posant un regard compatissant en sa direction. Dire… que les Rois étaient si jeunes… et pourtant si autoritaires et sûrs d’eux. Ils savaient ce qu’ils devaient faire, ils ne craignaient rien ni personne. Elle tapota la tête de Sterivia avant de se retourner sous le regard étonné d’Orvonix et Granor. Alors qu’elle commençait à partir, elle annonça :

« Je vais aller me reposer. Je n’ai pas besoin de rester ici. »

« Fais comme tu le désires, Ekriné. Granor, Orvonix, allez vous coucher aussi. »

« Je ne … »

« Tu pourras me raconter une histoire avant de dormir ? »

Il n’avait pas terminé sa phrase que Rocagiri posait une main sur le bas de son armure. Il baissa ses yeux rouges sur la petite personne avant de hausser les épaules. Il n’allait pas lui refuser un petit truc comme ça. Il souleva Rocagiri, la déposant sur son alors que des petites mains venaient enlacer son cou.

« Je ne dirais rien pour ce soir mais demain… J’aimerais que l’on discute de tout ça. Aller, Rocagiri, direction le lit ! »

« Et toi, Orvonix ? »

Le jeune homme aux cheveux blancs regardait partir Rocagiri sur le dos de Granor avec un petit sourire. Il posa ses yeux améthyste sur Heyrisi, Miviari et Gigana. Il semblait réfléchir à la situation avant de se mettre à rire faiblement :

« Vous savez aussi bien que moi que je n’aime pas être sérieux alors… »

« Pourtant, tu ne semblais pas apprécier mes dires, me tromperais-je ? »

« Boahhhhh ! On fait avec. Bon, je vais aller me reposer dans la chambre d’ami. »

Il salua Gigana, ses deux Gardiennes ainsi que Sterivia et Iglaré. Les mains dans les poches de son short vert, il s’éloignait sans plus tarder, sifflotant un air dont il avait le secret. Tout le monde resta de marbre mais quand Orvonix ne fut plus là, Iglaré prit la parole :

« Il est très affecté… Cela se sent. Nous devons partir quand ? »

« Dans la soirée… qu’importe ce qu’ils pensent. Je vous fais confiance… mais revenez en vie. Nous avons une promesse à respecter. »

Sterivia et Iglaré s’inclinèrent devant Gigana, partant à leurs tours alors qu’Heyrisi et Miviari ne disaient rien. Trois Rois allaient être envoyés sur les traces de Xano et de ses Reines… mais est-ce que ça allait vraiment suffire ?

« Vous êtes inquiète, Gigana. »

« Votre idéal de bonheur… Je ne sais pas si il verra le jour. »

« Il ne faut pas dire ce genre de choses. »

« Je suis restée là… depuis tellement de temps. J’attends sa venue… »

« Il reviendra, c’est une promesse qu’il vous a faites. »

« Mais serais-je encore vivant ce jour là ? »

Miviari ne répondit pas, le seul bruit qui se faisait entendre était celui du mâchonnement de chewing-gum d’Heyrisi qui n’avait pas prit la parole depuis le début de cette réunion. Pour elle, tout était clair comme de l’eau de roche : Ca sentait le roussi et le pétrin à des kilomètres à la ronde. Enfin, pas de quoi s’alarmer. Miviari enserra de ses bras Gigana comme pour l’annoncer qu’elle allait la protéger, qu’importe ce qui allait arriver dans le futur. Le Roi retira les bras de Miviari, se retournant pour avoir en face d’elle ses deux gardiennes. Elles ne devaient pas s’inquiéter.

« Ce geste ne restera pas impuni, Xano. »

« De quoi, Aliréna ? Au sujet d’Ekriné et les autres ? Oui, je sais que j’ai fais une bêtise mais sur le coup… Je n’ai pas réussi à réagir. »

« Miviari est quelqu’un de bon, très bon… Elle n’a jamais causé de tord à quiconque, du moins en le voulant. Elle cherche simplement à ce que toutes les personnes de ce monde soient comblées. »

« C’est une noble cause…Une bien noble… comparé à moi qui veut seulement récupérer l’âme de ma mère et éliminer Malar… »

Il poussa un soupir, une main posée sur les cheveux dorés de Tyrania. Celle-ci dormait sur ses jambes alors qu’Aliréna et Xano étaient assis sur le canapé. Le jeune homme semblait confus mais tentait de ne pas trop le montrer.

« Enfin… Ce qui doit être fait doit être fait. Tu as une information au sujet de l’Armure du Dieu Originel ? Car… J’ai déjà l’Arme et le Bouclier. »

« Aucune. Mais lorsque nous serons dans le royaume central, les trois clefs nous ouvriront la voie vers le domaine céleste. »

« Attend un peu… Le domaine céleste ? Ce n’est pas celui de Juperus ? Nous n’avons… »

« Et si, Xano. Le domaine céleste est coupé en deux parties : L’une gérée par Juperus, l’autre par Giradès. Giradès ne domine pas le monde dans lequel tu te trouves. »

« Je le sais bien… Je le sais bien. Je vais aller me coucher, Tyrania est morte de fatigue. »

« Tu l’aimes réellement ? Ce n’est pas juste une illusion ? »

Il hocha la tête d’un air négatif pour lui dire que cette femme qu’il avait sur ses genoux était plus qu’importante à ses yeux. Malgré tout ce qui se passait ici, il restait fidèle à cette femme. Il en avait décidé ainsi avant même que le charme se termine. Aliréna s’approcha du jeune homme, s’arrêtant avant de l’embrasser sur la joue. Elle lui tendit la main :

« Je ne devrais pas profiter d’un homme déjà pris. Donc une poignée de main ? »

« Arrête tes bêtises et embrasse moi. »

Elle rigola très faiblement alors qu’il montrait sa joue. Un petit grognement se fit entendre de la part de Tyrania lors du petit bruit singulier du baiser d’Aliréna envers Xano. Le regard amusé, les deux personnes posèrent un doigt sur leurs bouches pour dire qu’il valait mieux éviter de trop en faire. Il murmura un bonne nuit à la femme aux cheveux blonds, celle-ci le lui rendant. Alors qu’Aliréna se dirigeait vers sa chambre, Xano souleva la tête de Tyrania, celle-ci se réveillant en le regardant d’un air ensommeillé. A moitié dans les nuages, elle alla l’embrasser sur les lèvres très rapidement avant de s’écrouler sur lui, se rendormant alors qu’ils étaient très mal positionnés sur le canapé. Finalement, il n’allait peut-être pas bouger tant que ça. Il déposa la couverture sur eux, la serrant contre lui avec affection.